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LA PASSION SELON G.H. 7 au 25 octobre 2005, Théâtre de la Cité internationale MELODRAMA 14 au 16 octobre 2005, Théâtre 71 / Malakoff REPETITION.HAMLET 29 novembre au 6 décembre 2005, Théâtre de la Cité internationale enrique diaz

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LA PASSION SELON G.H.7 au 25 octobre 2005, Théâtre de la Cité internationale

MELODRAMA14 au 16 octobre 2005, Théâtre 71 / Malakoff

REPETITION.HAMLET29 novembre au 6 décembre 2005,Théâtre de la Cité internationale

enriquediaz

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La Passion selon G.H, Melodrama etRépétition.Hamlet sont présentés dans le cadre de « Brésil, Brésils », l’Annéedu Brésil en France (mars-décembre2005), organisée :au Brésil par le Commissariat généralbrésilien, le Ministère de la Cultureet le Ministère des RelationsExtérieures ; en France par le Commissariatgénéral français, le Ministère des Affaires étrangères, le Ministèrede la Culture et de la Communicationet l’Association française d’actionartistique.

Festival d’Automne à Paris156, rue de Rivoli, 75001 Paris01 53 45 17 00www.festival-automne.com

Théâtre de la Cité internationale21 boulevard Jourdan, 75014 Paris01 43 13 50 50www.theatredelacite.com

Théâtre 71 / Malakoff3 place du 11 novembre, 92240Malakoff01 55 48 91 00www.theatre71.com

La Ferme du BuissonAllée de la Ferme, 77186 Noisiel01 64 62 77 77www.lafermedubuisson.comEnrique Diaz est artiste associé à laFerme du Buisson – Scène Nationalede Marne la Vallée

Couverture, Melodrama. Photo, Lenise Pinheiro

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ENRIQUE DIAZ ET LA COMPANHIA DOS ATORES

Le metteur en scène brésilien En-rique Diaz, né en 1967 à Lima(Pérou), fonde très jeune, encompagnie de quelques cama-rades d’université, la Companhiados Atores de Rio de Janeiro. « À l’époque, l’acteur focaliseleurs interrogations. Enrique etses amis avalent Stanislavski,Meyerhold, Esslin et même De-croux. Questions obsédantes : dequelle manière est fait le théâtre ?Quel espace réserve-t-il au corps?Ils ne cessent d’ausculter le pluscomplexes des instruments scé-niques, pressés de comprendrepourquoi tel geste paraît soudainarrivée à maturation. »1

L’un de ses premiers spectacles,A Bao a Qu (d’après Le Livre des êtresimaginaires de Jorge Luis Borges,1990), révèle un travail où la re-cherche et le travail collectifl’emportent sur le seul respect dutexte. Pour Enrique Diaz, la ma-tière textuelle sert avant tout detremplin à l’aventure de l’inter-prétation. La vision du spectaclepasse par l’acteur, par le dessindes personnages et par un libreprocessus d’actualisation destinéà réduire la distance entre le spec-tateur et la représentation. Toutesles propositions d’Enrique Diazportent la marque d’un metteuren scène qui est également acteur. Le répertoire abordé est très ou-vert : pièces issues du répertoireclassique (Les Trois Sœurs de Tche-khov), contemporain (Cobaias deSata de Filipe Miguez), sans né-gliger la comédie (Seulement eux lesavent de Jean Tardieu, Uma Coisamuito louca de Flavio de Souza).Depuis 1988, Enrique Diaz dirigeaussi la compagnie Coletivo Im-proviso, née de la rencontred’artistes issus d’univers diffé-rents, lors d’un atelier pour ac-

teurs et danseurs dirigépar Enrique Diaz et Ma-riana Lima.Comme son nom l’in-dique, Coletivo Impro-viso utilise l’improvisa-tion et la multidisci-plinarité pour poser unnouveau regard sur desquestions liées à l’urba-nité. Ses quatorze dan-seurs, comédiens, musi-ciens, virtuoses del’improvisation fabri-quent des performancessur-mesure composéessur des thèmes donnés :privé-public, intérieur-extérieur, chute d’unechaise, déplacement leplus lent possible d’unobjet… Un exercice quipermet de passer del’improvisation à lacomposition.Le travail mené par En-rique Diaz a été salué parde nombreux prix : Mo-lière, Sharp, Shell etMambembe. Parallèlement, EnriqueDiaz a participé, en tantqu’acteur, à de nom-breux longs-métrages(Casa de Areia, 2005 ; Re-dentor, 2004 ; El Mundo bi-zarro, 2004 ; Carandiru,2003 ; As Três Marias,2002) et a dirigé le Tea-tro Ziembinski (Tijuca,Rio de Janeiro) de 1994à 1997, ainsi que l’Es-paço Cultural SérgioPorto (Humaitá, Rio deJaneiro).

1 Jean-Louis Perrier, extraitde l’article publié dans Mou-vement nº36-37

LIGNES AÉRIENNES BRÉSILIENNES

Partenaire du Festival d’Automne à Paris

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DRAMATURGIE DE L’ESPACE

À sa manière éclectique et inventive, EnriqueDiaz apporte une variété de réponses auxquestions de la mise en scène, du jeu et dela scène. Sa recherche sur la « dramaturgiedes espaces » nourrit tout particulièrementce dernier aspect du théâtre. La Scène, uneidée, un lieu, un espace…

[…] Une démarche qui repose sur un enga-gement plein du comédien dans la vie duthéâtre : où la plus grande scène de repré-

sentation serait le monde, où leplus petit lieu de jeu serait lecorps. Entre les deux, tous les es-paces de jeu sont possibles, des pla-teaux traditionnels aux aires vir-tuelles en passant par moultcorridors... S’il y a un dénomina-teur commun aux scènes de Diaz,il doit se trouver au point d’inter-section entre les actes et les fau-teuils : c’est-à-dire que tout semble

pouvoir se jouer àl’endroit où les co-médiens expérimen-tent leurs actions etoù les spectateurspeuvent les éprouversimultanément – de-dans ou dehors, assisou debout... Toutpeut avoir lieuquelque part où le

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« quatrième mur » esttombé.Enrique Diaz prépareactuellement un ouvragepour évoquer les seizeannées d’existence de lacompagnie, préciser saréflexion sur « le cadreet la déconstruction, sonapproche de la création,de l’art, un sens du jeu -de ne pas être soi-même -, un chemincomme une pulsion vi-tale, une façon de voir etd’être là, une attitude,une action. » Enriquerappelle volontiersl’influence de ClariceLispector à chaque« étage de sa vie », maiségalement de Nietzche(L’Éternel Retour), de PinaBausch, toujours,d’AlainPlatel, aussi, et de Kan-tor, Boltanski, RebeccaHorn… Mais il insistepour dire que ses véri-tables muses sont danstout ce qu’il voit, tout cequ’il respire, tout cequ’il désire. On ajou-tera qu’il puise son ins-piration dans le théâtrelui-même, au sens actuel

du terme, en référence au lieu, àl’aire de jeu, mais aussi dans sonacception plus ancienne : « ausens grec le terme theatron ne dé-signe pas la scène – c’est la skênê– mais les gradins où s’assoit lepeuple ».1

Et enfin pour finir, on penseraque Diaz fait du théâtre de tout,et partout là où une scène invi-sible peut s’inventer.

Sylvie Martin-Lahmani *in “Du corps à l’espace,

Errance dans l’univers Enrique Diaz”FRICTIONS-théâtres

& écritures-N° 9Espaces et autres lieux

de représentationPrintemps-été 2005

1 Denis Guénoun, L’Exhibition des mots et autesidées du théâtre et de la philosophie, Circé/Poche,1998

* Critique et journaliste, Sylvie Martin-Lahmani écrit sur les arts de la scène dansplusieurs revues. Actuellement docto-rante à la Sorbonne, elle intervientcomme critique à l’université Lyon 2.

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LA PASSION SELON G.H.de clarice lispector

un tremblement de vieLa Passion selon G.H offre le récitd’une situation a priori irrepré-sentable. Diaz y a cependant dé-celé les éléments de théâtralité, ettrouvé la traduction scéniquepour l’illustrer : monter La Pas-sion... en montrant le labyrinthede nos pensées – mieux, en nousy invitant à l’habiter. Ce roman de l’écrivain et philo-sophe Clarice Lispector aborde laquestion du parcours mystique decelle dont on connaît peu dechoses : pas d’état civil mais unmétier, quelques habitudes, devagues traits d’humeur ou de ca-ractère. G.H. dont l’identité serésume à deux lettres gravéesdans le cuir d’une valise, dont onsait qu’elle habite un grand et belappartement au dernier étage -signe d’élégance -, dont on pensequ’elle est aimable parce qu’ellea des amis et des amants... G.H.qui se croit contenue dans le re-gard des autres, parlant de son« je » comme d’une femme exté-rieure, évoquant « sa vied’homme», recourant à de nom-breuses figures du dédoublementet de l’éclatement : «Comme si lachambre n’avait pas assez de pro-fondeur pour que j’y tienne touteet avait laissé dans le couloir desmorceaux de moi en proie à lapire horreur dont j’aie jamais étévictime : je ne cadrais pas. » Sil’on veut raconter l’histoire duroman, la dire factuellement ense limitant à l’action montrablesur scène, force est de constaterqu’elle tient en une phrase sibyl-line et énigmatique: G.H. voit uncafard dans l’armoire et sa viebascule. Ou encore : « un événe-ment anodin met en branle untremblement de vie ».

Quelle gageure pour unmetteur en scène detransposer scénique-ment cette non-histoire,cet effroi métaphysique,cette plongée dans lenéant. Clarice Lispectorrelate un parcours ini-tiatique parsemé de mi-cro-événements et jon-ché de métaphores. […]L’omniprésence des ob-jets – mis en vie par sonregard anthropomor-phique -, procure la cu-rieuse illusion que G.H.n’est jamais seule. Dansle livre, elle paraît en-tourée de démons inté-rieurs, phantasmes etautres projections quisuintent des murs, oubien s’écoulent de lachair blanche du ca-fard... C’est tout cela -ces choses d’un au-delà -qu’il s’agit de rendre àune matérialité scé-nique.

Théâtre de la Cité internationale7 au 25 octobre 2005

La Passion selon G.H. - A Paixão segundo G.H *

Texte original, Clarice LispectorAdaptation, Fauzi ArapMise en scène, Enrique DiazScénographie, Marcos PedrosoCostumes, Marcelo OlintoLumière, Guilherme BonfantiMusique, Marcelo NevesVidéo, Carolina JaborPréparation corporelle, Daniela ViscoConsultante du mouvement, Marcia Rubin Préparation vocale, Mônica Montenegro

avec Mariana Lima

20h30Sauf jeudi 19h30 et dimanche 17h30Relâche mercrediSpectacle en portugais surtitré en françaisDurée : 75’

Production Enrique Diaz et MarianaLima – Cucaracha Produçoes ArtìsticasCoproduction la Ferme du Buisson -Scène nationale de Marne la Vallée,Centro Cultural Banco do Brasil - RJProduction déléguée Made In Productionspour la Ferme du BuissonAvec le soutien de l’Onda

Enrique Diaz est artiste associé à la Ferme du Buisson – Scène Nationale de Marne la Vallée

* La Passion selon G.H, précédé de Les mots du regard deClelia Pisa, 1978, Éditions Des femmes - Antoi-nette Fouque

La Ferme du Buisson / Scène nationale de Marnela Vallée, Noisiel30 septembre au 4 octobre 2005www.lafermedubuisson.com

Théâtre Garonne / Toulouse, novembre 2005, Le Maillon /Strasbourg 22 au 26 novembre2005, Théâtre d’Angoulême 31 janvier au 4 février 2006

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CLARICE LISPECTOR

Clarice Lispector (Brésil, 1926-1977) est néeen Ukraine. Exilée très tôt au Brésil avectoute sa famille, elle s’est toujours considé-rée comme une Brésilienne, et plus exacte-ment, une Pernambucana (habitante del’état de Pernambouc). Elle écrit son premierlivre à 17 ans, où elle révèle déjà un rejet dela structure romanesque traditionnelle. LaPassion selon G.H. développe une expression ra-dicale. Plus que la psychologie des person-nages, c’est leur « métaphysique » qui l’in-téresse : « La réponse à un mystère esttoujours un mystère. »

trilogie biblique, représentéedans des lieux aussi divers que deshôpitaux, églises, prisons... AvecEnrique, acteur depuis l’âge dequatorze ans, metteur en scèneparmi les plus connus au Brésil,directeur de théâtre à ses heures,ils se sont passionnés pour l’écri-ture de Clarice Lispector, et ont,dans la foulée du travail new-yor-kais, créé La Passion... en six mois.En réfléchissant particulièrementà la relation du comédien à l’es-pace, ils ont inventé une articu-lation spatiale des propos, qui sedéroule dans quatre lieux.

Sylvie Martin Lahmaniin “Du corps à l’espace,

Errance dans l’univers Enrique Diaz”FRICTIONS-théâtres & écritures-n°9Espaces et autres lieux de représention

Printemps-été 2005

Avant de mettre en scèneLa Passion selon G.H, Ma-riana Lima et EnriqueDiaz ont suivi une for-mation théâtrale à New-York. Pendant cinqmois, ils ont étudié avecla Siti compagnie unepratique inspirée du su-zuki- technique d’artmartial japonais qui pri-vilégie le contact avec lesol - et du view-point -travail à partir d’impro-visations, sur le temps etl’espace, la répétition, legeste et la forme, ainsique la notion de chemindans l’espace.Mariana,comédienne au sein duTeatro de Vertigen pen-dant une dizaine d’an-nées, avait précédem-ment joué dans une

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MELODRAMA

« Le mélodrame est victime d’unreproche majeur et général : il estpopulaire, boulevardier, vulgaire ;c’est la tragédie du pauvre ou ledrame du pauvre. […] Il n’est dé-crit qu’à travers deux figures sifréquentes de l’histoire littéraire,celle de la décadence et celle del’enfance : il est décrit tantôtcomme l’ultime décadence de latragédie, […] tantôt comme l’en-fance du drame romantique. » P. Frantz

Engouement populaire, rejet parles critiques : le mélodrame sus-cite historiquement des réac-tions tranchées. Le terme (dugrec mélos, air, chant, et drama, ac-tion, drame) naît en Italie auXVIIe siècle et désigne alors undrame entièrement chanté. Trèsvite apparenté à toutes les caté-gories usant de musique etd’autres effets dramatiques, cenouveau genre finit par éclore enune véritable esthétique au XVIIIe

siècle ; il se développe notammenten France, grâce à des auteurs telsque Pixérécourt, et sera par lasuite exporté. S’inspirant à la foisde la tragédie et du roman, le mé-lodrame s’affirme dès ses débutscomme un genre très compositeprivilégiant d’abord l’émotion etla sensation, avec un recours fa-cile au pathétique et aux conflitspsychologiques. Les thèmes de lapersécution, du complot, de la

Théâtre 71 / Malakoff14 au 16 octobre 2005

Melodrama

Texte, Felipe MiguezMise en scène, Enrique DiazMusique, Carlos CardosoScénographie, Fernando Mello da CostaCostumes, Marcelo OlintoLumière, Maneco QuinderéPréparation corporelle, Lucia AratanhaChorégraphie, Jayme Arõxa

avec Bel Garcia, Cesar Augusto, Drica Moraes, Gustavo Gasparani, Marcelo Olinto, Marcelo Valle, Susana Ribeiro

14 et 15 octobre 20h3016 octobre 16hSpectacle en portugais surtitré en françaisDurée : 120’

Production Cia dos AtoresAvec l’aide du Centre Culturel Banco do BrasilProduction déléguée Made In Productionspour la Ferme du BuissonAvec le soutien de l’Onda

Enrique Diaz est artiste associé à la Ferme du Buisson – Scène Nationale de Marne la Vallée

Le Parvis Tarbes 19 octobre 2005, Festival de théâtre franco-ibérique et latino-américaine,Bayonne 21 et 22 octobre 2005, TNP / Villeurbanne 15 au 19 novembre 2005

reconnaissance, del’amour y sont invaria-blement représentés et lafin y est toujours mora-lisatrice. Les person-nages en sont archéty-paux : les femmesincarnent les vertus do-mestiques, les enfantssont souvent abandon-nés et les jeunes gens ac-cablés de malédictionspaternelles.Le mélodrame connaîttrès vite un succèstriomphal, bénéficiant,dans le sillage de la Ré-volution française, del’émergence d’un nou-veau public populaire. Ilreçoit rapidement l’ap-probation des élites, quilui attribuent un rôleéducateur. La bourgeoi-sie y trouve la réaffirma-tion de valeurs fonda-mentales telles que leculte de la vertu, de la fa-mille et la remise àl’honneur de la pro-priété, quand l’aristo-cratie se satisfait de sonsens de la hiérarchie etde la reconnaissance dupouvoir en place.

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permet aux téléspectateurs de s’identifier auxpersonnages tout en s’évadant d’un quotidienfrustrant grâce à l’inévitable happy ending.

Produite après deux années de recherche, lapièce Melodrama de la Companhia dos Atoresest un panorama humoristique du genre mé-lodramatique sous toutes ses formes, del’opéra italien au théâtre classique français,en passant par les séries télévisées améri-caines. Il s’agit pour les acteurs de récréer surscène les clichés qui ont fait le succès du mé-lodrame dans l’industrie culturelle, tout enparvenant à un équilibre entre émotion etcritique, drame et comédie. Car si le mélo-drame peut facilement être tourné en déri-sion du fait de ses dialogues extravagants etde ses situations exacerbées, il n’en reste pasmoins un genre capable d’émouvoir.

nir le téléspectateur en haleine,le schéma narratif de ces feuille-tons latino-américains a fait sespreuves. Les telenovelas pro-duites par la société de produc-tion brésilienne TV Globo sontregardées par 80 millions de té-léspectateurs au Brésil et s’ex-portent dans 123 pays. Le scéna-riste Fernando Gaitán soutientmême que la telenovela est deve-nue « le principal moyen d’ex-pression du continent, dont lapénétration est plus forte que lecinéma, le roman ou le théâtre ». La clé de cette réussite est à cher-cher encore une fois dans la lo-gique et l’éthique mêmes du mé-lodrame : il s’agit toujoursd’évoquer des sentiments uni-versels, qui franchissent les bar-rières culturelles. La telenovela

Aujourd’hui encore,l’esthétique mélodrama-tique séduit les foules.Le succès internationaldes telenovelas sur lepetit écran en témoigne.Ces feuilletons, produitspour la plupart en Amé-rique Latine (enmoyenne 100 par andepuis 40 ans) mettenten scène des histoiresd’amour parseméesd’innombrables obs-tacles : barrières sociales,conflits de famille oud’intérêt… Avec unrythme enlevé, des in-trigues incroyablementcomplexes et un sus-pens relancé à la fin dechaque épisode pour te-

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RÉPÉTITION. HAMLETd’après williâm shakespeare

« The play is the thing wherein I’ll catch theconscience of the king. »**Le spectacle, voilà la chose oùj’attraperai la conscience du roi.

Cette phrase dite par Hamlet clôtle deuxième acte de la plus célèbrepièce de Shakespeare écrite il y aquatre cents ans. La « pièce à l’in-térieur de la pièce » est le piègetendu par Hamlet pour dénoncerl’intrigue que son oncle met enscène avec sa mère et le pousser,à l’insu de ce dernier, à avouerson fratricide. Ensaio.Hamlet, dirigé par EnriqueDiaz, nous montre que l’artificethéâtral atteint le réel parce qu’ilarrache au spectateur ses masquesquotidiens et le tire du sommeilde sa routine. Sur quelle scène vi-vons-nous ? Dans la rue,sommes-nous toujours authéâtre ? Quel personna agit ?La Companhia dos Atores pré-sente une interprétation. Demême que l’on ne fait pas d’ome-lette – ni d’Hamlet – sans casserdes oeufs, on ne fait pas dethéâtre sans casse : l’acteur brisedes résistances et des clichés, lanarration se déconstruit et le dé-cor se fragmente en mille pla-teaux pour faire apparaître l’es-sence réelle de la chose théâtrale :the play is the king (la pièce est le roi).Et, de façon aristotélicienne, lethéâtre reprend sa fonction : ilpurge les émotions (catharsis), ilétablit une distance esthétique-didactique à la façon brech-tienne, mettant cruellement lestripes à l’air (cf. Artaud), arra-

chées par le fil coupantde la poésie en action.Comment ? En mettanten scène l’inconscient etla réalité des pulsions, lethéâtre touche chez lespectateur les cordes del’intime-étranger, du re-foulé de son histoire etdes fantasmes les plus ef-frayants qui aspirent leplus à être satisfaits.Qui est Hamlet ? Noustous. Nous sommes tousacteurs et spectateurs dela tragédie du désir in-conscient. Et le désirpeut mener à la folie.Une folie réelle commecelle d’Ophélie, renduefolle par le rejet del’homme aimé ou unepseudo folie commecelle d’Hamlet qui faitsemblant d’être fou alorsque la folie l’habite réel-lement. Car il est perdudans son désir : le désirest-il le mien ou est-ilcelui de l’Autre ? Et sic’était un devoir ? Est-ceun impératif éthique ouune obligation du Sur-moi ?Ontologique-hysté-rique, le prince de Da-nemark ne veut pasperdre l’existence ; il re-cule devant le devoir-dé-sir de tuer le roi car, se-lon Freud, cet acte luirouvrirait la possibilitéde retourner vers le

Théâtre de la Cité internationale29 novembre au 6 décembre 2005

Répétition.Hamlet - Ensaio.Hamlet

D’après William ShakespeareMise en scène, Enrique Diaz Scénographie, Cesar Augusto, Marcos ChavesCostumes, Marcelo OlintoLumière, Maneco QuinderéMusique et son, Lucas Marcier, Rodrigo Marçal, Felipe RochaPréparation corporelle, Cristina MouraMouvement, Andrea Jabor

avec Bel Garcia, César Augusto, Felipe Rocha, Fernando Eiras, Malu Galli, Marcelo Olinto, Enrique Diaz

20h30Sauf jeudi 19h30 et dimanche 17h30Relâche mercrediSpectacle en portugais surtitré en françaisDurée : 120’

Production Cia dos AtoresCoproduction la Ferme du Buisson-Scène nationale de Marne la Vallée, Noisiel, La Filature - Scène nationale de Mulhouse Production déléguée Made In Productionspour la Ferme du Buisson.Avec le soutien de l’Onda

Enrique Diaz est artiste associé à la Ferme du Buisson – Scène Nationalede Marne la Vallée

La Ferme du Buisson / Scène nationale de Marnela Vallée, Noisiel20 novembre au 26 novembre 2005Réservation :01 64 62 77 77 ou www.lafermedubuisson.com

La Filature/Mulhouse 8 au 10 décembre 2005

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Ophélie, telle une chair-mort destinée à êtremangée (par ses vers et ses amours), reprend,trop tard, son rôle d’objet, cause du désir deHamlet, quand celui-ci récupère son phal-lus dans le miroir de l’autre : Laertes, frèrede la disparue, désespéré d’amour.Et à la fin ? Hamlet part, reste l’acteur ham-létien. A présent ce devrait être l’heure duduel, non ? Mais il n’y en a pas à la fin duspectacle. Ensaio.Hamlet se projette au-delà dela pièce. Et il incombe à chacun de nous detrouver des solutions moins catastrophiquesque de laisser une demi-douzaine de cadavresflottant sur la scène du fleuve dans lequelbaigne notre existence. Sur la scène du di-van passent des Hamlet et des Hamlettes quiposent leurs questions ontologiques et hys-tériques d’Ophélies et de phallus, de Ger-trudes et de Claudios, de Laertes et d’Ho-ratius, de passions et de mots.

Antonio Quinet*Article extrait du Jornal do Brasil

Traduction d’Yves Coleman

*Antonio Quinet, psychanaliste, et l’auteur de plu-sieurs ouvrages et collabore régulièrement avec desrevues de sciences humaines telles que Essaim etL’en-je lacanien.

dans un couvent comme il l’en-verrait dans un bordel.Et la question « être ou ne pas être » ne se réduit pas à « vivre oumourir ». C’est une questionontologique portant sur un choixéthique, une interrogation à pro-pos de l’être : être, oui, maiscomment ? Couard, vil, servile ?Plutôt mourir. Moi, comme vous,je joue Hamlet. J’entre un, je res-sors et apparais sous la forme deHamlet sur la scène de l’ « être oune pas être » sous les bourrasquesd’une mer agitée.Dans la pièce, ce thème surgitcomme une pluie de petites ballesde ping-pong, d’être et ne pasêtre. Hamlet est une pièce-rêve, etc’est pourquoi la CompanhiaDos Actores utilise le langage oni-rique. Entre le ludique comiqueet le pathos tragique, la petitevache qui vole au-dessus de la têted’Ophélie donne des ailes à sonimagination qui l’amènera à sapropre perte : Cry Me a River chantela tristesse de la mort liquide dela jeune suicidée noyée dans« l’eau-peine ».

« trou » de sa mère.Hamlet, enfouissant satête entre les jambesd’Ophélie pendant lareprésentation de lapièce-à-l’intérieur de lapièce, mime un accou-chement à l’opposé de lapénétration interdite.Cet Hamlet passé à lamoulinette oedipiennese retrouve explicite-ment dans la version deHeiner Müller (Hamlet-machine), contredisantainsi le conseil d’Aristoteselon lequel il vautmieux exclure de lascène tout ce qui est im-possible et monstrueux.Le résultat de cette divi-sion l’empêche de dési-rer Ophélie (qu’il aimaittant auparavant) car iln’est qu’un enfant em-pêtré dans la trame oe-dipienne lorsqu’il s’agitd’aborder une femme. Ill’insulte en la traitant deprostituée et l’envoie

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