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INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS Groupement d’Intérêt Public 1 Rue Etienne Gourmelen BP 1705 29107 QUIMPER CEDEX Mémoire d’Initiation à la Recherche en Soins Infirmiers La « blouse blanche » Son éventuel impact dans la relation soignant-soigné UE 3.4 S6 « Initiation à la démarche de recherche » UE 5.6 S6 « Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles » UE 6.2 S6 « Anglais » LE GALL Laurène Promotion 2012/2015 Formation en Soins Infirmiers Formateur guidant : VANNSON Marie-Hélène

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INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS

Groupement d’Intérêt Public 1 Rue Etienne Gourmelen – BP 1705 29107 QUIMPER CEDEX

Mémoire d’Initiation à la Recherche en Soins Infirmiers

La « blouse blanche »

… Son éventuel impact dans la relation soignant-soigné

UE 3.4 S6 « Initiation à la démarche de recherche »

UE 5.6 S6 « Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et

professionnelles »

UE 6.2 S6 « Anglais »

LE GALL Laurène Promotion 2012/2015

Formation en Soins Infirmiers Formateur guidant : VANNSON Marie-Hélène

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INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS

Groupement d’Intérêt Public 1 Rue Etienne Gourmelen – BP 1705 29107 QUIMPER CEDEX

Mémoire d’Initiation à la Recherche en Soins Infirmiers

La « blouse blanche »

… Son éventuel impact dans la relation soignant-soigné

UE 3.4 S6 « Initiation à la démarche de recherche »

UE 5.6 S6 « Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et

professionnelles »

UE 6.2 S6 « Anglais »

LE GALL Laurène Promotion 2012/2015

Formation en Soins Infirmiers Formateur guidant : VANNSON Marie-Hélène

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Diplôme d’Etat d’Infirmier

Je déclare sur l’honneur que ce mémoire est le fruit d’un travail personnel, que je n’ai ni contrefait, ni falsifié, ni copié tout ou partie de l’œuvre d’autrui afin de la

faire passer pour mienne.

Toutes les sources d’information utilisées et les citations d’auteur ont été mentionnées conformément aux usages en vigueur.

Je suis consciente que le fait de ne pas citer une source ou de ne pas la citer clairement et complètement est constitutif de plagiat, que le plagiat est considéré comme une faute grave au sein de l’IFSI, pouvant être sévèrement sanctionnée.

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Note aux lecteurs

Il s’agit d’un travail personnel et il ne peut faire l’objet d’une publication en tout ou partie sans l’accord de son auteur.

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Remerciements

Dans un premier temps je tiens à remercier tout particulièrement ma formatrice référente du mémoire pour son aide précieuse tout au long de l’année et sans qui je n’aurais pas pu avancer.

Je remercie ma référente pédagogique qui m’a suivi tout au long de ces trois années.

Je remercie tous les professionnels de santé pour leurs conseils durant les stages.

Je remercie les infirmiers qui ont accepté de participer à la réalisation de mon enquête de terrain.

Je remercie mes parents pour leur soutien dans les moments de doutes et une pensée à ma mère pour les heures passées à corriger les fautes d’orthographes.

Enfin, je remercie mes amis et collègues de la promotion 2012-2015 pour les riches moments vécus dont je m’en souviendrais toute ma vie.

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Sommaire

Introduction ............................................................................................................... 4

1. Situation d’appel ................................................................................................ 5

1.1. Description de la situation ........................................................................... 5

1.2. Le questionnement ..................................................................................... 6

2. Le cadre conceptuel .......................................................................................... 7

2.1. L’évolution de la tenue professionnelle de l’infirmière ................................. 8

2.1.2. L’infirmière laïque .................................................................................... 8

2.1.3. Le temps des hygiénistes ........................................................................ 9

2.1.4. L’uniformisation de la tenue infirmière ..................................................... 9

2.1.5. De la blouse blanche à la tunique pantalon ............................................10

2.2. Les fonctions de la tenue professionnelle de l’infirmière ............................11

2.2.1. Le service hospitalier/clinique.................................................................11

2.2.2. Le service des admissions psychiatriques ..............................................11

2.2.3. Le domicile et le libéral ...........................................................................12

2.2.4. Les services psychiatriques types hôpital de jour, Centre Médico Psychologique (CMP) ...........................................................................................12

2.3. Les représentations sociales .....................................................................14

2.3.1. Définitions ..............................................................................................14

2.3.2. Les infirmiers et leur vêtement professionnel .........................................14

2.3.3. Le point de vue des patients ..................................................................15

2.3.4. L’éventuel impact de la blouse blanche sur les fonctions cognitives .......16

2.3.5. Le point de vue des soignants ................................................................16

2.4. L’identité professionnelle ...........................................................................18

2.4.1. Définitions ..............................................................................................18

2.4.2. La construction de l’identité et de l’identité professionnelle ....................19

2.5. La distance professionnelle .......................................................................21

2.5.1. La proxémie ...........................................................................................21

2.5.2. Les différents moyens pour garder une bonne distance .........................22

2.6. Synthèse du cadre conceptuel ...................................................................24

3. Enquête de terrain ............................................................................................25

3.1. Présentation du dispositif et des modalités d’enquête ................................25

3.1.1. Choix et construction de l’outil d’enquête ...............................................25

3.1.2. Choix des lieux et des populations .........................................................25

3.1.3. Traitement des données recueillies ........................................................26

3.2. Analyse des données recueillies ................................................................27

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3.3. Synthèse ...................................................................................................32

Conclusion ...............................................................................................................34

Bibliographie ............................................................................................................35

Sommaire des annexes ...........................................................................................37

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« Notre blouse blanche est une peau qui nous permet de faire des choses qu’on ne ferait sans elle. »

Elke MALLEM, Psychologue

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Introduction

Dans le cadre de l’unité d’enseignement 5.6 S6 « Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles », il nous ait demandé d’élaborer un travail d’initiation à la recherche en soins infirmiers à partir d’une situation vécue en stage qui nous aura posé un questionnement. C’est après la réalisation de mon stage de dix semaines au semestre 4 en hôpital de jour psychiatrique que j’ai su que j’allais travailler sur le thème du vêtement professionnel des infirmiers pour l’élaboration du travail de fin d’étude. La psychiatrie ne fait pas partie de mon projet professionnel mais c’est durant ce stage que j’ai vécu une situation qui m’aura confronté à la problématique de la distance professionnelle. Une distance professionnelle qui a « manqué » de par les quelques facteurs que j’expliciterai tout au long de ce mémoire. Dans un premier temps je décrirai la situation qui m’a amenée à réaliser ce travail de fin d’étude, je l’analyserai et y présenterai les concepts utilisés, puis après réalisation des différents entretiens, j’effectuerais une analyse de ceux-ci en lien avec mon intérêt professionnel.

Au début de la formation, je pensais que la tenue professionnelle n’avait pour seule fonction l’hygiène. Mais plus j’avançais dans le temps, à travers les différents stages, plus j’ai compris que ce n’était pas sa seule fonction. Le vêtement professionnel à travers sa fonction hygiéniste cache aussi une fonction d’identification, de protection et ramène alors à l’identité professionnelle.

J’ai alors décidé d’approfondir ma recherche sur ce thème afin de comprendre comment le simple fait de porter un vêtement peut avoir une influence sur notre façon d’être et d’agir avec les patients que nous soignons, l’influence qu’elle émet sur ceux-ci, la perception, la représentation, ce qui nous conduit alors à la relation soignant-soigné. J’aimerais comprendre cette notion d’influence dans le sens de favoriser la relation qui va s’établir entre le soignant et le soigné à travers une proximité, une distance plus ou moins importante.

De manière générale pour parler de la tenue de l’infirmier ou tout autre professionnel du secteur de la santé, nous avons tendance à employer le terme de « blouse », « blouse blanche », « blouse soignante ». Cependant, au vu des tenues que nous portons de nos jours (pantalon et tunique), nous ne pouvons plus vraiment parler de « blouse ». C’est pourquoi pour cet écrit j’ai choisi d’utiliser le terme de « tenue professionnelle ».

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1. Situation d’appel

1.1. Description de la situation

La situation que je vais décrire a été vécue lors de mon stage du semestre 4 en hôpital de jour psychiatrique. Au temps T de la situation, je me situe à ma septième semaine.

Nous sommes jeudi, jour de grande randonnée à l'hôpital de jour. Lors des grandes randonnées nous partons toute la journée avec le même groupe de patients. Il est 10h, après avoir préparé nos affaires et nos repas pour le midi je reste dehors avec les patients ; notamment Madame C. ; à attendre les infirmiers. Madame C., 34 ans est une patiente venant à l'hôpital de jour après avoir été hospitalisée en service d'admission pour problème de jalousie et de possessivité envers son mari, ayant entraîné des troubles du comportement. Madame C. vient à l'hôpital de jour depuis déjà quelques semaines ; son état s'est beaucoup amélioré. Cette patiente n'est pas psychotique, le contact avec elle est donc relativement facile, d'autant plus qu'elle n'est pas renfermée et vient facilement vers les soignants. Madame C. et moi-même échangeons beaucoup durant ses venues à l'hôpital de jour. Nous avons beaucoup de points communs. En effet, lors d’une discussion elle m’a dit qu’elle avait un diplôme d’aide-soignante. Après avoir discuté de cela nous avons alors constaté que nous avons fréquenté le même lycée et donc les mêmes professeurs. De plus Madame C. m’a confiée avoir fait une année en IFSI. Ce jeudi matin de grande randonnée, alors que nous parlions, je me rends compte que je me livre un peu trop et lui dit des choses que je ne devrais peut-être pas lui dire. Ce ne sont pas des choses intimes mais je n'échangeais pas avec elle comme je devrais échanger avec un(e) patient(e). A ce moment dans ma tête je fais trois bonds en arrière. Je me rends compte que la relation que j'entretiens avec cette patiente n'est pas de l'ordre de soignant-soigné mais plutôt de « copain-copine ». Je me suis sentie tout de suite un peu mal à l'aise. J'ai eu l'impression de n'avoir pas mis de limites dans ce que je pouvais me permettre de lui dire. Je n'ai pas mis de réelles distances professionnelles.

Madame C. n'agissait pas avec moi comme avec les infirmiers. Je pense qu'elle me voyait plutôt comme l'étudiante de deuxième année, une jeune à qui parler et avec qui elle avait des points communs, des sujets de discussions et non comme la future soignante. Madame C. s’identifiait surement à moi, elle se voyait en moi du fait du parcours professionnel similaire où elle s’est arrêtée à sa première année en étude d’infirmière. De plus, elle avait tendance à me tutoyer (elle était d'ailleurs reprise par les infirmiers).

Après réflexions, j'ai compris pourquoi nous avons l’une et l’autre eu ce comportement. Les points en commun que nous avions ont permis de créer une relation privilégiée, une relation qu’elle n’avait pas avec les infirmiers. Le contexte dans lequel nous étions (maison, repas tous ensemble etc..) a créé une relation qui n'existe pas ou du moins très peu en service hospitalier. En effet en hôpital de jour le contexte est propice à une proximité ; les patients sont accueillis dans une maison qui de l’extérieur ne ressemble en rien à un établissement de soins. De plus, avant de commencer l’atelier thérapeutique les patients sont accueillis autour de la table à manger avec un café pour ceux qui le désirent. Autrement dit, les moyens mis en place de cette structure

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instaurent une ambiance plutôt chaleureuse. Enfin, ne pas porter de tenue professionnelle a aussi pu favoriser un climat de confiance. En effet, le fait de ne pas avoir vu la différence entre le soignant (moi-même) et la patiente, celle-ci a pu se sentir plus à l'aise et pouvait donc s'ouvrir davantage. Bien que j’ai conscience du contexte particulier (soins de santé mentale) dans lequel s’est déroulée ma situation et donc du fait que la pathologie de la patiente a pu impacter son comportement et donc induit le mien, c’est sur la tenue professionnelle que je choisis de me focaliser pour ce travail de fin d’étude ; sans associer la psychiatrie car je pense que cette situation peut se dérouler dans d’autres structures de soins tel que le domicile par exemple.

1.2. Le questionnement

- Si j’avais rencontré cette patiente dans un contexte où je portais une tenue professionnelle, la relation aurait-elle été différente ? Elle-même, aurait-elle eu cette confiance, cette assurance dans sa façon d’être avec moi et/ou les autres infirmiers ?

- La tenue professionnelle ayant une fonction d’hygiène, mais aussi d’identification, n’aurait-elle pas également pour fonction de mettre une distance professionnelle, une « barrière » entre le soignant et le soigné ?

- Le vêtement professionnel à lui seul peut-il nous protéger de ce genre de situation ?

- Qu’est-ce qui ferait qu’en tant que soignant on puisse s’affranchir de ne pas porter de vêtement professionnel et cependant garder une distance professionnelle ?

C’est pourquoi je me suis questionnée sur le vêtement professionnel, sa fonction et son impact sur la relation dans le soin ; ce qui m’a décidé à réaliser ce travail de fin d’étude. A ce stade de ma recherche je pense que le port de la tenue professionnelle des infirmiers peut influencer, avoir un impact sur la relation qu'entretient l’infirmier avec le patient de même que le comportement du patient envers l’infirmier, ce qui m’amène alors à ma question de départ :

« En quoi le port du vêtement professionnel de l’infirmier(e) a-t-il une influence dans la relation soignant-soigné »

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2. Le cadre conceptuel

Au vu de la situation décrite et de mon questionnement, je vais m’intéresser à trois concepts : les représentations sociales, l’identité professionnelle et la distance professionnelle. J’ai choisi de travailler sur la distance professionnelle car c’est un concept qui fut un élément déclencheur à mon questionnement en lien avec ma posture professionnelle dans la situation décrite précédemment, c’est alors un élément clé quant à mon questionnement. Souhaitant me focaliser sur la tenue professionnelle de l’infirmière, il me semble intéressant d’aborder la notion de représentations sociales de celle-ci puisque c’est sur ce sujet que se base cet écrit ; il me parait alors important de traiter les représentations de la tenue par la société mais aussi par les professionnels de santé et les patients. Enfin, j’ai choisi de travailler sur le concept d’identité professionnelle car c’est cette identité qui influence ma posture professionnelle puisque tout soignant adopte une posture professionnelle qui lui est propre en fonction de son identité professionnelle.

Avant de commencer l’étude de ces trois concepts il me semble primordial de revenir sur l’évolution de la tenue professionnelle de l’infirmière depuis le temps des religieuses à aujourd’hui ; une profession qui d’année en année n’a cessé d’évoluer.

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2.1. L’évolution de la tenue professionnelle de l’infirmière

Au cours de son histoire, la profession infirmière et donc sa tenue professionnelle a changé en même temps que les représentations ont évolué mais aussi avec les mesures d’hygiène qui ont peu à peu commencé à voir le jour à l’époque de Louis PASTEUR1. La tenue professionnelle est donc associée aux représentations de la société ; son évolution est très bien explicitée dans l’ouvrage « De la robe de bure à la tunique pantalon» de Pierrette LHEZ. Dans cette partie mes sources proviennent pour la majeure partie de cet ouvrage.

2.1.1. Le temps des religieuses

Les infirmières exercent depuis des centaines d’années. Je tiens à préciser « infirmières » au féminin car au début cette profession était essentiellement exercée par des femmes ; les religieuses. Au début du 19e siècle les tenues n’étaient pas blanches comme nous les connaissons aujourd’hui mais noires pour rester proches de la tenue religieuse. Les infirmières portaient des tenues noires tandis que le médecin soignait en tenue de ville. En 1870, aucune règle d’hygiène n’existe. Les malades ne sont pas lavés. Les représentations de la sexualité à cette époque sont très taboues ; l’image du corps nu fait peur et se laver est alors un pêché. Il peut être difficile aujourd’hui d’imaginer que « le bain y représentait une pratique immorale »2. L’hygiène ne se limitera alors qu’au changement du linge. En effet « la saleté marque les bonnes

mœurs tandis que la propreté marque l’érotisme pernicieux »3 ; la religion considère le corps comme impur, sale et condamne son toucher. Il est d’ailleurs à noter que les religieuses n’y prodiguaient pas les soins que nous connaissons aujourd’hui. Elles avaient essentiellement un rôle de surveillance. Il en était de même pour les médecins qui effectuaient leur consultation à distance, évitant tout contact physique avec le patent.

2.1.2. L’infirmière laïque

C’est sous la Révolution française de 1789 que va naitre l’hôpital laïc et nationalisé mais c’est seulement la loi du 7 aout 1851 qui lui confèrera un statut de personne morale. Entre 1870 et 1900 nous pouvons voir deux types de personnage s’opposer autour de la tenue de l’infirmière ; les religieux et les républicains. Ces derniers exigeant un vêtement laïc débarrassant toute marque d’appartenance religieuse, et de l’autre les religieux souhaitant le maintien d’une tenue identique à celle de la sœur. Autrement dit un vêtement qui véhicule et garantisse la morale. Les partisans des sœurs ne sont pas séduits par l’infirmière laïque qui représente à leurs yeux la cupidité. Il faut se rappeler que depuis le Moyen-Age jusqu’aux années 1880, l’hôpital est desservi par des associations libres de sœurs qui se consacraient gratuitement au

1 Scientifique français, pionner de la microbiologie, inventeur du vaccin contre la rage (1822-1895) 2 LHEZ Pierrette « De la robe de bure à la tunique pantalon » InterEditions 1995 p24 ligne 3 3 Ibid p24 ligne 5

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service des malades par esprit de charité, et accessoirement en vue de « gagner le ciel ». De plus, les religieuses feront « l’objet de reproches tels que […] le non-respect des

règles d’hygiène »4 de par leurs tenues incompatibles avec les règles de l’asepsie.

2.1.3. Le temps des hygiénistes

Petit à petit la propreté devient une condition indispensable à la bonne hygiène de vie, le vêtement de l’infirmière doit être propre. Ce n’est qu’à la fin du 19e siècle que l’antisepsie5 commence à préoccuper la France. La femme soignante doit alors porter des vêtements aseptiques et la couleur claire, synonyme de propreté commence alors à se généraliser (l’apparence devient importante). La propreté témoigne en faveur de la bonne infirmière et à cette propreté va s’apprécier la bonne tenue du service. « Tant

vaut la surveillante, tant vaut le service »6. Autrement dit l’apparence de l’infirmière véhiculera la réputation du service. « Le portrait symbolique d’une nouvelle soignante commence à se profiler, non religieuse mais à son image ; elle est laïque, républicaine. Cependant l’extrême pudeur qui règne empêche que l’on raccourcisse la longueur de la

tenue bien qu’elle ne soit pas fonctionnelle »7 A la même époque, Louis PASTEUR met en évidence les microbes et démontre les mécanismes de contagion8. Plus de dix ans plus tard, en 1878, il présente ses travaux à l’Académie Nationale de Médecine et expose les nouvelles règles de l’hygiène hospitalière fondées sur l’antisepsie et l’asepsie9. Parmi elles, l’instauration du port obligatoire de tenues aseptiques.

2.1.4. L’uniformisation de la tenue infirmière

C’est au début du 20e siècle que le vêtement de l’infirmière s’uniformise. En effet la révolution vestimentaire de ce début de siècle est en lien avec une révolution moraliste de la société, elle-même liée à une nouvelle approche de la sexualité. Un certain Gustave MESUREUR10 fera publier le 1er Mai 1903 le nouveau règlement quant à la tenue vestimentaire dans les établissements de l’Assistance Publique. Pour lui ce serait une faute de laisser un personnel soignant revêtu de tenues amples. L’ensemble du vêtement professionnel de l’infirmière va devoir répondre à toutes les conditions de la propreté qu’exige l’asepsie (Cf. photos en Annexe I). En effet l’infirmière ne doit se couvrir que de vêtements simples. Cependant si la pudeur a depuis longtemps été taboue et qu’au 19e siècle la nudité intégrale était scandaleuse et provocante ; au 20e siècle le vêtement autorise la nudité de certaines parties du corps (les poignets et chevilles). Il ne sera raccourci que vers les années 1920.

Des années 1920 aux années 1970, le blanc restera le symbole du corps médical hospitalier et celui de la femme soignante. C’est au cours de cette période que se construit l’image sociale de l’infirmière. La couleur blanche est signe de propreté. La première blouse blanche étant portée par une infirmière de la Croix-Rouge lors de la

4 Revue de l’infirmière « Les racines du prendre soin » Oct 2007 n° 134 p19 ligne 4 5 Ensemble des procédés employés pour lutter contre l’infection microbienne de surface 6 LHEZ Pierrette « De la robe de bure à la tunique pantalon » InterEditions 1995 p43 ligne 25 7 Ibid 8 Transmission d’une maladie d’un sujet à une personne saine 9 Absence de germes microbiens susceptibles de causer une infection 10 Homme politique français fondateur de l’Association pour les réformes républicaines. Premier

président du Parti radical-socialiste (1847-1925)

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première guerre mondiale, c’est durant celle-ci que les infirmières deviennent laïques et s’engagent dans la société (plus de cent milles soignantes y ont prodigué des soins au front). La tenue se caractérise essentiellement par la coiffure, la blouse et le tablier. Elle se boutonne sur la partie médiane du corps et le cou se découvre. Puis le tablier va être supprimé pour ne former qu’un seul bloc robe-blouse.

2.1.5. De la blouse blanche à la tunique pantalon

Enfin apparait la fameuse tunique pantalon que nous connaissons aujourd’hui. Elle trouve son origine dans la tenue élaborée pour les kinésithérapeutes (Cf. photo en Annexe II). Les tuniques pantalons sont alors portées par de nombreux infirmiers. Cette fois-ci je ne précise plus au féminin puisque les hommes commencent peu à peu à rejoindre la profession. A partir des années 1970, grâce à l’arrivée des Jeans® le port du pantalon se généralise progressivement dans la société en général. Les femmes portent alors de plus en plus de pantalons et nous pouvons de ce fait voir une masculinisation du vêtement féminin. De plus, les nouveaux tissus supportent les lavages sans déteindre ; c’est ainsi que depuis les années 1970 nous pouvons voir différentes couleurs de tenues professionnelles se « promener » dans les hôpitaux et cliniques. Ces couleurs permettent de différencier les nombreux professionnels de santé exerçant dans les hôpitaux. Ainsi, la tenue rose est généralement portée par les sages-femmes et autres soignants du secteur de l’enfance, le bleu ou le vert par les soignants exerçant en bloc opératoire et bien souvent pour la majeure partie le blanc par les infirmiers et médecins. Ainsi par exemple à la clinique dans laquelle j’ai effectué mon stage de chirurgie, les infirmiers portaient des blouses mauves, les aides-soignants étaient de couleur rose, les agents de services hospitaliers en bleu ou encore les brancardiers en mauve. Des couleurs que des patients disent avoir trouvé « sympathiques », « plus gaies que le blanc ».

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2.2. Les fonctions de la tenue professionnelle de l’infirmière

L’évolution de la tenue est révélatrice de la fonction et des représentations qu’on lui attribue. Elle est liée à l’évolution de la profession, de la société mais aussi du travail de la femme dans la société. De plus, la femme a toujours eu le rôle de « mère » restant au domicile pour s’occuper des enfants tandis que l’homme avait le rôle du « travailleur » rapportant le salaire. Lorsque la profession infirmière commença, ce fut bénévolement que les religieuses travaillaient. A ce stade de ma recherche nous pouvons donc voir que les différentes fonctions de la tenue professionnelle de l’infirmière sont l’hygiène comme expliqué précédemment, l’identification mais aussi la protection. Dans cette partie je décrirai les différents rôles du port ou non de cette tenue en fonction de certains lieux d’exercices.

2.2.1. Le service hospitalier/clinique

Dans les services hospitaliers le port d’une tenue vestimentaire adaptée (pantalon et tunique) est obligatoire et nécessaire puisqu’elle a pour principale fonction l’hygiène. En effet le soignant est constamment en contact avec des germes, fluides biologiques etc. Elle permet alors une maitrise du risque infectieux liée à la transmission des micro-organismes présents de manière importante dans l’environnement. L’idéal est d’ailleurs de changer quotidiennement de tenue ; ce qui est assez difficile compte tenu du nombre de tenues par personne et de l’attente avant de les recevoir lorsqu’elles sont à la blanchisserie. Il existe actuellement des distributeurs de vêtements automatiques (cf. Annexe III) permettant de livrer des tenues quotidiennement aux soignants. L’inconvénient de ce dispositif est que les tailles ne sont pas adaptées pour toutes les morphologies.

La « blouse » en milieu hospitalier a aussi une fonction de reconnaissance. Elle permet pour les patients mais aussi pour les professionnels de pouvoir repérer leur profession. Si les soignants étaient habillés en civil nous ne pourrions alors pas distinguer qui est le soignant. De plus, sur chaque tunique est inscrit le nom, prénom ainsi que la fonction du professionnel (infirmier, aide-soignant, brancardier..) ce qui facilite une bonne distinction des différents professionnels.

2.2.2. Le service des admissions psychiatriques

Dans les services d’admissions psychiatriques, le rôle de l’infirmier est plus de l’ordre du contact relationnel plutôt que de la technicité. Dans ces services les infirmiers n’ont comme seule identification leur « blouse blanche ». Dans ce cas présent je peux préciser la notion de « blouse blanche » puisqu’ils ne portent pas de tunique pantalon ; ils portent leur propre pantalon ainsi que leurs propres chaussures. La tenue professionnelle dans ces services n’a pas pour fonction l’hygiène dans la mesure où ils n’effectuent que très peu de soins ; mais plutôt de distinction, d’identification voire même de protection, à savoir poser le cadre.

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2.2.3. Le domicile et le libéral

L’infirmier à domicile travaille en tenue civile. Dans le milieu du libéral c’est le soignant qui vient au patient et non l’inverse comme en structure hospitalière. De plus c’est au soignant de s’adapter au patient, à son milieu de vie. En effet, l’infirmier entre dans l’intimité même du patient puisqu’il entre dans son domicile. La relation qui s’établit entre un infirmier et un patient chez qui il intervient depuis nombre d’années est très privilégiée, intense. On peut donc dire que dans ces cas-là la distance professionnelle que nous mettons en milieu hospitalier est moins marquée du fait du contexte, du lieu et des échanges propices à une relation de confiance, de sympathie plus importante.

Avec la recrudescence de l’hospitalisation à domicile les infirmiers libéraux sont amenés à réaliser de plus en plus de soins techniques. On peut alors se demander pour quelles raisons ils ne portent pas de tenue professionnelle pour pallier au risque infectieux ; d’autant plus qu’ils vont de domicile en domicile. Ne pas porter de vêtement professionnel est-il fait pour instaurer un soutien, une relation privilégiée, une moindre distance professionnelle ?

Durant les différents entretiens que je mènerai, un de mes objectifs sera d’interroger un(e) infirmier(e) du domicile pour comprendre comment il/elle peut s’affranchir de ne pas porter de tenue professionnelle tout en maintenant une distance professionnelle ; du moins savoir quels mécanismes il/elle met en place pour la maintenir.

2.2.4. Les services psychiatriques types hôpital de jour, Centre Médico Psychologique (CMP)

Tout d’abord il est important de rappeler que dans les hôpitaux de jour et/ou CMP, les patients sont pour la plupart stabilisés dans leur pathologie. Ils vivent à leur domicile mais viennent selon le programme thérapeutique décidé avec le psychiatre plusieurs fois par semaine. Ils viennent également pour des entretiens programmés avec le psychiatre et l’infirmier. Ces patients qui ont pour certains souvent été hospitalisés en service d’admission n’ont pas forcément l’envie en venant à l’Hôpital de Jour (HJ) d’avoir cette impression d’être dans le service d’admission. C’est pour cette raison qu’il est important de favoriser une alliance thérapeutique11. L’infirmier représente alors une image rassurante, il est un support, une aide. Dans ces structures, les infirmiers n’ont pas de tenues professionnelles, ils travaillent en vêtements civils tout comme en milieu libéral. Dans la mesure où ils n’effectuent aucun soin technique (sauf si nécessaire), il parait alors normal de ne pas avoir besoin de porter de tenue professionnelle. Bien qu’expliqué précédemment, cette tenue peut avoir un rôle de reconnaissance ; dans le milieu psychiatrique de jour elle permet de maintenir ce lien, cette alliance thérapeutique.

En rapport avec la situation qui m’a amenée à réaliser ce travail de fin d’étude, il est vrai que ce non port de vêtement professionnel et donc cette identification absente aura permis pour nombre de patients de créer un lien de confiance plus ou moins important. Dans le cas de Madame C., hospitalisée dans le service des admissions, était au début de sa prise en charge en HJ loin d’être coopérente. Elle ne souhaitait pas de suivi, était dans le refus. Elle disait avoir « honte d’être hospitalisée en

11 Création progressive d’un lien de confiance sur lequel se fonde une relation d’aide et où le patient s’investit davantage

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psychiatrie ». C’est pourquoi je pense qu’au fur et à mesure de ses venues elle s’est sentie plus à l’aise, de par le contexte de l’HJ mais surtout du fait de ne pas nous voir (infirmiers et moi-même) en vêtement professionnel. Elle avait alors moins cette impression, ce ressenti d’être dans un milieu de soins malgré tout. Cependant en tant que soignante dans un contexte propice aux échanges, à une grande proximité, la distance y est moindre et il peut être alors difficile de poser un cadre.

En interrogeant un infirmier du milieu de l’HJ, je souhaiterais comprendre comment il maintient cette distance.

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2.3. Les représentations sociales

2.3.1. Définitions

Le terme de représentation sociale est définit selon Serge MOSCOVICI12 comme « une forme de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social ».

D’après les cours que nous avons pu avoir sur les représentations sociales on peut dire que ce sont des phénomènes à la fois individuels et collectifs prenant en compte des groupes plus ou moins élargis et qu’elles se construisent à partir des informations, des savoirs, des modèles de pensées reçus et transmis par la tradition, l’éducation et la communication. Une représentation est donc un ensemble d’idées, d’images, d’informations, d’opinions, d’attitudes, de croyances et de valeurs. Il n’existe pas une vérité mais uniquement des représentations de la réalité. Autrement dit une représentation n’est pas vraie ou fausse puisque chacun donne un sens à celle-ci en lien avec son vécu personnel. L’individu va construire ses représentations dans le rapport à l’autre ; il y a alors un impact des représentations collectives sur le sujet.

2.3.2. Les infirmiers et leur vêtement professionnel

Il existe plusieurs représentations collectives de la profession. Comme décrit précédemment où elle puise son origine dans les communautés religieuses, encore aujourd’hui les valeurs liées à la chrétienté n’ont pas disparu dans les représentations collectives. Il y a toujours cette notion de « dévouement », de « don de soi » lorsque l’on parle de la profession. Il n’y a pas moins de trois jours durant mon stage en cardiologie, une patiente m’a fait remarquer « qu’elle ne pourrait pas faire ce métier, que cela doit vraiment être une passion » ; « passion » un terme que l’on retrouve beaucoup pour désigner la profession.

De plus, l’infirmière apparait souvent comme « la figure soignante maternelle et intime

appliquant des soins techniques avec humanité et proximité »13 . En effet, les qualités relationnelles, d’écoute et d’accueil renvoient à la fois à la figure de mère « tendre,

généreuse, réconfortante et réparatrice » et à celle de la femme « source de désir et de

sexualité »14. Autrement dit, la profession est représentée comme étant liée à la nature de la femme et sa condition. « Les femmes soignantes sont les héritières d’un savoir élaboré autour de la fécondité au travers des soins pratiqués au domicile en lien avec la naissance, aux

malades ainsi qu’aux mourants »15.

D’un côté les représentations de l’infirmière renvoient à l’image rassurante et maternante ; d’un autre elle renvoie aux notions de pouvoir et de savoir. Ces derniers sont souvent énoncés lorsque l’on parle de l’infirmier. Ce qui engendre ce phénomène est sans doute la représentation de son vêtement, blanc pour la plupart du temps. L’on

12 Psychologue social, historien des sciences et l’un des principaux théoriciens de l’écologie politique (1925-2014) 13 Dossier Soins « Quelle est l’image de l’infirmière aujourd’hui ? » Nov 2005 n°700 p41 colonne 2 ligne 8 14 Ibid p45 15 La revue de l’infirmière « Les racines du prendre soin » Oct 2007 n° 134 p16 ligne 21

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peut dire que le blanc symbolise l’hygiène, qu’il a une image de pureté, de propreté et qu’il est l’ « emblème » de la science médicale, de progrès et du savoir. Quoi que dise un soignant à un patient, celui-ci aura plus tendance à l’écouter du fait de sa posture et du vêtement qu’il porte. Un autre soignant habillé en civil aura je pense moins d’impact sur les dires. Combien de fois n’ai-je pas entendu un patient me dire « c’est vous le soignant, c’est vous qui savez » ? Et pourtant encore étudiante je ne peux pas prétendre tout savoir.

Il existe également un versant plus négatif pouvant être véhiculé par la représentation de l’infirmière au cinéma (dans les films érotiques). En effet, « sa tenue la métamorphose

en objet sexuel »16 de par le port de sa « blouse » portée à même la peau.

2.3.3. Le point de vue des patients

Le syndrome de la blouse blanche ou « hypertension blouse blanche » est défini comme l’état d’une personne qui a une augmentation de la pression artérielle en présence du médecin. Le vêtement de l’infirmier ou plus communément appelé « blouse blanche » renvoie à aussi à cette notion de pouvoir, de savoir. On retrouve cela dans l’expérience de Stanley MILGRAM17 réalisée à l’université de Yale aux Etats-Unis entre 1960 et 1963 sur la soumission à l’autorité. En effet, dans cette expérience six cents personnes étaient recrutées par annonce de presse et pensaient participer à une expérience sur la mémoire. Dans cette expérience il y avait trois protagonistes (le sujet dit « naïf » qui n’est pas au courant de l’expérience et qui doit administrer des chocs électriques, l’expérimentateur qui a le rôle du médecin en blouse blanche et enfin le sujet complice qui a le rôle de l’élève qui est au courant de l’expérience et qui simule les chocs électriques reçus). L’expérience se déroule comme telle : le sujet naïf doit faire apprendre des mots à l’élève ; si celui-ci ne répond pas correctement, le sujet naïf doit lui administrer un choc électrique. L’expérimentateur en blouse blanche aux côtés du sujet naïf n’a le droit de dire que quelques phrases du type « vous devez continuer » afin de constater les effets de ses « ordres » sur l’impact du sujet naïf. Cette expérience fut pour le moins très intéressante et stupéfiante car si l’on compare les résultats obtenus, lorsque l’expérimentateur était présent aux côtés des sujets naïfs, 60% de ces individus auront délivré des chocs électriques allant jusqu’à 450 Volts alors que dans le cas contraire où l’expérimentateur n’était pas présent « seulement » 20% des individus en auront délivrés. On peut donc dire que cette expérience est révélatrice du poids de l’autorité symbolisé par la blouse blanche du médecin. D’autres expériences de ce type auront été réalisées dans différents pays et auront eu des résultats semblables.

Pour en venir à la profession infirmière, de manière générale la tenue professionnelle renvoie à la notion de soins, de maladie. Si nous prenons l’exemple de l’EHPAD18, selon l’ANESM19 les « représentations du public sont le plus souvent négatives et renvoient aux peurs de chacun liées à la vieillesse, au handicap, à la dépendance, à la perte de capacités

intellectuelles et à la mort ». L’EHPAD rappelle alors l’image hospitalière et donc la

16 Infirmière magazine « L’infirmière à l’écran entre bimbo et Méphisto » n°162 Juillet-Août 2001

p37 17 Psychologue social américain (1933-1984) 18 Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes 19 Agence Nationale de l’Evaluation et de la qualité des établissements et Services sociaux et Médico-Sociaux

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maladie et le soin. Or cette structure est une résidence, un lieu de vie qui doit rappeler au mieux l’ancienne vie du résident (chambre personnalisée avec photos, meubles..). De plus, les journées des résidents sont rythmées entre les toilettes, les repas, les traitements et autres soins si nécessaires (pansements..) ; les soignants sont alors confrontés au risque infectieux ce qui explique la nécessité du port de la tenue professionnelle dans un lieu de vie. Toutefois, on peut se demander la raison pour laquelle les infirmiers libéraux ne portent pas de vêtement professionnel dans la mesure où comme en EHPAD ils sont confrontés au risque infectieux. Ainsi dans certaines structures comme je l’ai indiqué précédemment où le port d’une tenue professionnelle n’est pas nécessaire, cela permettrait de casser cette image de soins, de maladie. Il semble également que cela aboutirait à une meilleure adhésion du patient au projet thérapeutique et instaure un climat de confiance.

2.3.4. L’éventuel impact de la blouse blanche sur les fonctions cognitives

Une étude réalisée par le Dr. Adam GALINSKY20 et publiée en 2012 dans le « Journal

of experimental social psychology » aurait démontré les effets du port de certains

vêtements sur le système nerveux cérébral en émettant l’hypothèse que l’habit aurait une influence dans les approches et interactions des individus. Pour lui, le comportement de l’individu changerait en fonction de la symbolique du vêtement porté. L’expérience a été menée auprès de 58 étudiants en leur faisant passer plusieurs tests dont le test de John STROOP21 qui se base sur l’interférence de certaines associations à l’autre et consistant à lire à voix haute une liste de mots désignant des couleurs avec pour chaque mot une couleur différente de celle désignée par le mot lui-même. Dans ce test la moitié des étudiants portait une blouse blanche tandis que l’autre moitié portait leurs tenues civiles. La première moitié aurait fait moitié moins de fautes que la deuxième. Le professeur affirme alors que « les vêtements peuvent avoir des

conséquences sur la psychologie et le comportement des individus qui les portent ». Bien sûr, ces résultats nécessiteraient d’autres expériences mais il est intéressant de voir que là encore la « blouse blanche » a eu un effet sur le comportement de l’individu.

2.3.5. Le point de vue des soignants

Il existe dans la région Poitou-Charentes une équipe pluridisciplinaire de rééducateurs et de spécialistes de la gérontologie qui propose des services d’accompagnement thérapeutiques aux personnes âgées en intervenant dans des EHPAD et des conseils spécifiques aux équipes. Cette organisation nommée « Resanté-vous » a fait le choix d’une tenue classique, civile, avec la recommandation de porter une tenue différente à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement. De plus, les professionnels du département des Alpes-Maritimes ont dans un rapport portant sur l’innovation de l’ « EHPAD futur », rédigés une proposition quant à la modification de la tenue des professionnels.

Différents témoignages de soignant travaillant dans des lieux de vies font ressortir des avis partagés quant au port d’une blouse blanche. A la question « Etes-vous favorable

20 Professeur à la Kellog School of Management de l’université de Northwestern aux Etats-Unis 21 John Ridley Stroop, psychologue américain (1897-1973)

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au port d’une tenue distinctive pour les soignants en EHPAD ? », 52% (476 votes) sont favorables contre 48% (448 votes). Autrement dit, la moitié des personnes sont pour et l’autre moitié contre. Parmi les soignants étant favorables, les arguments ressortant le plus souvent sont la notion d’hygiène et de distinction. Les avis contre le port de la « blouse blanche » en EHPAD font ressortir cet « effet barrière », le fait que la tenue rappelle la maladie. Beaucoup souhaiteraient maintenir une tenue professionnelle mais préféreraient une tenue plus gaie avec des couleurs. Durant les entretiens que je mènerais, je souhaiterais savoir quelles représentations ils ont de ce vêtement professionnel qu’ils portent, s’ils souhaiteraient comme dans cette organisation et les témoignages rapportés porter une tenue classique ou encore adopter une tenue colorée.

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2.4. L’identité professionnelle

2.4.1. Définitions

Avant d’aborder le concept d’identité professionnelle, il me semble judicieux de définir le terme d’identité au sens large.

Le terme d’identité vient du mot latin « idem », identique, « identitas », autrement dit « qui est le même ». On peut parler de paradoxe en terme d’identité puisque l’identité renvoie à « l’identique », c’est-à-dire de « même composition » mais aussi à ce qui est « unique » puisque chaque individu a sa propre identité. Le concept d’identité est utilisé dans de nombreux domaines tels que les mathématiques, la biologie ou encore les sciences humaines. C’est à partir de ce dernier que je vais développer ce concept. L’identité est définie selon Alex MUCCHIELLI22 comme « un ensemble de caractéristiques

qui permettent de définir expressément un objet ou un acteur ». Le Petit Larousse la définit comme le caractère permanent et fondamental de quelqu’un, d’un groupe, qui fait son individualité, son intégrité. Notre identité est alors façonnée par de multiples caractéristiques en perpétuel changement. De plus, l’identité ne va pas sans la notion de « soi ». Celle-ci est définie par René LECUYER23 comme « un ensemble de caractéristiques, de traits personnels, de rôles et de valeurs qui s’ancrent dans le concept

d’identité individuelle ». Ce même auteur a élaboré une typologie des caractéristiques et propriétés du « soi » en trois composantes : affective et émotionnelle, sociale et cognitive. Selon Alex MUCHIELLI il existe deux types d’identité individuelle : l’identité personnelle et l’identité sociale.

Selon Erik ERIKSON24 l’identité se définit comme « un processus le plus souvent inconscient par lequel un individu se juge lui-même et en même temps juge la façon dont les autres le jugent »25. « La représentation intervient dans le phénomène de reconnaissance. Sans reconnaissance, l’individu, le groupe n’a pas d’identité »26.

Lors de mes différentes lectures, un passage a retenu mon attention ; celui d’une étudiante infirmière de deuxième année évoquant le fait que son vêtement lui « donne le droit de soigner », lui procure un « certain pouvoir, celui de toucher l’autre, de voir sa nudité ». Selon elle le vêtement rassure, donne confiance. « La tenue protège, sécurise, en même temps qu’elle sensibilise. Elle est refuge et renvoie à un rôle, à une manière d’être, de se tenir ou de s’exprimer »27. « La tenue reflète aussi le changement d’un état, le passage d’un

Moi à un Soi, d’un Etre à un Paraitre »28. En « enfilant » notre tenue de travail, l’on peut dire que nous entrons dans une autre peau. En effet « il y a une différence importante entre l’Etre et le Paraitre. L’hôpital génère des comportements sociaux qui pourraient amener à se poser la question de savoir si, à l’intérieur de cette institution, on ne peut que paraitre et non

22 Professeur à l’Université Paul-Valéry de Montpellier jusqu’en 2009 et fondateur du département des Sciences de l’Information et de la Communication en 1989 23 Docteur en psychologie, professeur titulaire au Département de psychologie de l’Université de Sherbrooke (1900) 24 Psychanalyste américain auteur d’une théorie du développement psychosociale (1902-1944) 25 Groupe de recherche interprofessionnel sur la profession infirmière « L’identité professionnelle de l’infirmière » Le Centurion 1986 p32 ligne 14 26 Ibid p45 ligne 3 27 LHEZ Pierrette « De la robe de bure à la tunique pantalon » InterEdition 1995 p162 ligne 11 28 Ibid p162 ligne 18

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être »29. Autrement dit, « demander à une soignante quelle tenue elle aimerait porter revient à lui demander quelle soignante elle est, ou voudrait être. Le vêtement renvoie donc à

l’identité »30. Le port de la tenue professionnelle nous attribue un rôle, une façon d’être, d’agir (ceci est d’ailleurs possiblement un mécanisme inconscient). En effet, en arrivant en civil dans l’établissement de santé, je suis moi, Laurène, avec mon caractère, ma façon d’être, de penser et d’agir. Mais dès lors que je revêts ma tenue infirmière, mes Crocs™, que j’hôte mes bijoux et attache mes cheveux ma posture change, je passe du civil au professionnel. Lorsque nous sommes en civil nous avons chacun notre identité, notre style de vie, nos valeurs. Lorsque nous sommes en tenue professionnelle, nous sommes tous dans le même « panier », nous sommes tous infirmiers, nous sommes tous et agissons tous ou presque de la même manière. L’identité professionnelle infirmière reposerait sur différentes dimensions dont la dimension sociale puisque le « groupe professionnel se socialise par la conformité aux normes, règles, langage et codes de membres ». Autrement dit on peut dire que la posture professionnelle attendue des soignants est plus ou moins semblable ; même si rappelons-le l’identité est propre à chaque individu.

L’identité professionnelle « recouvre un ensemble de sentiments tels que l’unité, la cohérence, l’appartenance, la valeur, l’autonomie ou la confiance qui s’organisent autour d’une

volonté d’existence »31. Elle est une nécessité sociale du service rendu, une reconnaissance dans la différenciation, un résultat d’une différenciation, une recherche de valorisation et un besoin de réalisation. Finalement l’identité professionnelle est une insertion sociale par une reconnaissance professionnelle.

Lors de mon stage en hôpital de jour je n’étais pas en tenue professionnelle ; je portais ma tenue personnelle, mes chaussures, mes bijoux et mes cheveux étaient détachés. J’étais donc moi, Laurène, malgré mon statut d’Etudiante en Soins Infirmiers (ESI) durant les heures de stages. Dans la relation avec les autres infirmiers, de même qu’avec les patients, je me comportais plus ou moins comme à l’extérieur en gardant tout de même une certaine posture professionnelle. Il n’y avait pas de Paraitre qui m’était imposé, je ne me sentais pas dans les conditions de ce paraitre soignant que je pouvais ressentir en service hospitalier.

2.4.2. La construction de l’identité et de l’identité professionnelle

La construction de l’identité d’un individu est un processus qui se déroule tout au long de la vie, elle est la résultante d’un ensemble d’interactions sociales. Elle est construite par étape, de la naissance à l’adolescence et se poursuit à l’âge adulte. L’identité est toujours en transformation puisque les contextes de références (biologiques, psychologiques, relationnels..) sont chacun en évolution du fait même des interactions. La recherche de l’identité passe par trois motivations :

- un besoin de réalisation qui s’exprime dans le domaine professionnel

- un besoin d’appartenance qui est du domaine affectif

- un besoin de pouvoir en tant qu’appropriation des compétences qui est du domaine cognitif

29 Ibid p164 ligne 22 30 Ibid p164 ligne 35 31 Revue de l’infirmière « Identité infirmière et professionnalisation » Oct 2007 n°134 p28 ligne 1

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Le mécanisme de construction de l’identité professionnelle est l’interaction de ces trois motivations. On peut mettre ce mécanisme en lien avec la pyramide d’Abraham MASLOW32 (cf. Annexe IV) qui est une classification des besoins humains où chaque individu passe par un besoin supérieur lorsque le besoin de niveau inférieur est satisfait. L’identité professionnelle se situerait alors dans la catégorie « besoin d’estime ». C’est par « l’instruction et l’initiation que tout individu intégrant une profession donnée fait sien les comportements construits qui lui sont enseignés et à partir desquels il

forgera son identité professionnelle »33. Notre identité professionnelle, posture professionnelle se construit alors tout au long de la vie professionnelle et à travers les expériences professionnelles. Tout au long de la carrière professionnelle de l’infirmière, l’identité professionnelle reste soumise à l’épreuve, elle peut être fragilisée ou consolidée par divers mécanismes influents (conditions exercices, situations inédites..).

En tant qu’ESI, mon identité et ma posture se sont construites et ont évolué durant les stages puisque je peux être confrontée à une certaine image du professionnel « idéal » avec les différents professionnels que j’ai pu côtoyer tout au long de la formation. On peut ressentir des difficultés à définir notre identité professionnelle idéale mais moins pour définir ce que l’on ne veut pas être.

Le vêtement de l’infirmière pouvant participer à cette identité professionnelle, à travers les différents entretiens que je mènerais, je souhaiterais savoir si selon eux, il fait partie intégrante de leur identité professionnelle.

32 Psychologue américain (1908-1970) 33 Revue de l’infirmière « Identité infirmière et professionnalisation » Oct 2007 n°134 p28 ligne 33

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2.5. La distance professionnelle

La distance est définie comme « la séparation de deux points dans l’espace, de deux objets

éloignés l’un de l’autre par un écart mesurable »34. Autrement dit ici on parle de distance physique. Il est difficile de définir la distance professionnelle ; en effet lorsque nous parlons de distance professionnelle nous avons tendance à l’entendre dans le sens d’une froideur. La distance professionnelle serait l’ « écart » mis entre deux individus afin de rester dans une relation purement professionnelle. Dans le cas d’une relation entre un soignant et un patient, cette distance permettra d’éviter l’aboutissement d’une relation trop fusionnel pouvant mettre en difficulté les deux individus.

2.5.1. La proxémie

Par définition la proxémie est l’étude des distances physiques qui s’établit entre des personnes prises dans une interaction, un échange de communication. Cette approche a été introduite par Edward T. HALL35 à partir de 1963. Selon lui il existe différents degrés de distances variables selon l’approche des deux individus dans leur interaction. Elles sont au nombre de quatre :

- La sphère intime : espace de 15 cm à 45 cm entre les deux individus (pour embrasser, chuchoter..)

- La sphère privée : espace de 45 cm à 1,2 m (pour les amis)

- La sphère sociale : espace de 1,2 m à 3,5m (pour les connaissances voire les personnes qui ne se connaissent pas du tout)

- La sphère publique : espace de plus de 3,5 m

Les quatre types de distances diffèrent selon les cultures. En effet dans les pays latins les distances entre les corps sont relativement courtes ; de même qu’en Afrique où elles sont si réduites que le contact physique y est fréquent. A contrario dans les pays nordiques le contact physique est très rare. Nous pouvons noter qu’en France pour se dire bonjour, les personnes qui se connaissent plus ou moins bien vont se « faire une bise » tandis que dans les pays anglo-saxons ils vont se faire une accolade ; chose qu’ici nous trouverions beaucoup trop « intime », « proche ». Il est vrai que nous avons chacun besoin de notre espace, notre petite « bulle » où rares sont les personnes qui peuvent y entrer. Lors de mon premier jour à l’hôpital de jour, j’ai été confrontée à cette « intrusion » dans ma « bulle ». En effet, lorsque le matin nous avons rejoint les patients pour les accueillir avec le café, je me suis assise à table à côté d’un patient au comportement très exacerbé. C’était mon premier jour et je n’étais pas très à l’aise. Lorsque le patient a remarqué mon tatouage sur le poignet, il a approché sa tête très près de la mienne en me demandant si « c’était un vrai ». Je me suis sentie assez mal à l’aise, je ne m’attendais pas à ce qu’il s’approche de si près. Face à cela j’ai reculé ma tête de la sienne et était un peu « crispée ». J’ai eu cette réaction car c’était mon premier jour et que je ne m’étais pas encore adaptée aux habitudes du lieu de soins.

34 PRAYEZ Pascal « Distance professionnelle et qualité du soin » Edition Lamarre 2009 p5 ligne 1 35 Anthropologue américain et spécialiste de l’interculturel (1914-2009)

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Mais cette situation fait donc bien écho avec ce qui est décrit précédemment ; les différentes sphères sociales sont importantes et omniprésentes dans le quotidien de chacun. De plus la distance va être différente selon l’image que l’on se fait de l’autre. Autrement dit si la personne parait froide, amicale, aimable etc. Ceci se voit tout à fait durant les stages et notamment dans ma situation avec Madame C. qui avait un contact amical, souriante avec moi.

Selon les études sur la proximité, il est inutile de parler fort en distance privée ou intime. Une voix normale suffit pour se faire comprendre. Cependant si on parle fort, cela permet de mettre une distance importante pour s’en éloigner. Le fait de parler fort en distance privée permet de faire comme si l’on était en distance sociale.

« Les techniques corporelles actuelles créent un nouveau corps à corps soignant-soigné qui

viole la distance relationnelle intime du malade »36. Par exemple lors d’une toilette ou encore lors d’un soin de sonde vésicale, le manque d’intimité du patient atteint son paroxysme. « Dans cette proximité des corps, seul le vêtement préserve une distance. Il ne serait pas impossible que derrière ces critères de fonctionnalités se cachent des motivations

plus ou moins conscientes de fuite par rapport au toucher. »37 Comme explicité précédemment, on retrouve bien cette notion de « barrière » imposée par le vêtement permettant ainsi de nous protéger durant les soins de proximité. Le métier d’infirmier impose une proximité de l’ordre de la sphère privée c’est-à-dire d’un espace entre 45 cm et 1,2 m de par les soins générés. La tenue professionnelle que nous portons en service hospitalier nous préserve alors d’une distance aussi importante que la proximité induite. Cependant dans les services de soins où les soignants n’ont pas de tenues professionnelles, et ce malgré parfois une proximité de l’ordre du privé, nous ne sommes alors pas « protégés » physiquement et psychologiquement par cela. Durant le stage en HJ, nombre de situations ont pu me confronter à ce « problème » d’absence de distance professionnelle. Lors des repas thérapeutiques par exemple où nous mangions tous ensemble côte à côte, ou encore les discussions durant les randonnées et avant cela à la préparation des repas. Ce sont autant de situations où la distance physique qui s’établit entre le soignant et le patient est de l’ordre du privé ; d’autant que les échanges induisent encore plus cette proximité. Dans ce genre de situation, nous pouvons nous demander quels mécanismes mettre en place pour pallier à ce manque de distance imposée par le contexte.

2.5.2. Les différents moyens pour garder une bonne distance

On ne peut pas dire qu’il existe de bonnes ou de mauvaises distances, mais certains mécanismes permettent toutefois de maintenir une bonne distance professionnelle.

On peut évidemment parler du vouvoiement ; en effet le fait de vouvoyer permet de respecter le patient mais aussi de garder cette relation assez distante pour ne pas entrer dans un processus de « copinage ». Dans notre contexte culturel actuel, de manière générale on ne tutoie pas des personnes que nous ne connaissons pas, de même hiérarchiquement on ne tutoie pas son supérieur. Il en va de même pour les patients. Dans le cas de ma situation, Madame C. avait tendance à me tutoyer ; bien que j’avais conscience qu’il ne fallait pas qu’elle le fasse, j’éprouvais la difficulté de lui dire « non vous devez me vouvoyer », elle était reprise par les infirmiers, ce qui

36 LHEZ Pierrette « De la robe de bure à la tunique pantalon » InterEditions 1995 p156 ligne 3 37 Ibid

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m’ « arrangeait » plutôt bien. Si j’avais dû la reprendre, j’avais peur de casser ce lien, cette alliance. En la reprenant, j’aurai eu ce sentiment de « pouvoir » sur elle, ce qui me gênait un peu. Face à cette patiente je faisais surement une projection, je pense que la relation n’était déjà plus de l’ordre de la relation soignant-soigné et il m’était difficile pour moi de revenir en arrière.

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2.6. Synthèse du cadre conceptuel

Au vu des recherches menées tout au long de cette première partie du travail, j’ai pu constater que mes représentations sur les fonctions du vêtement de l’infirmière étaient assez « restreintes » avant l’élaboration de ce travail de fin d’étude. En effet, j’ai constaté qu’en plus de la fonction d’hygiène, d’identification et de protection, cette tenue professionnelle pouvait aussi avoir une représentation de « pouvoir » ressentie par les patients mais aussi par les soignants, un ressenti semble-t-il inconscient. De plus, les différentes expériences que j’ai décrites auront conclu à un impact important de cette tenue professionnelle sur le comportement de celui qui la porte mais aussi de celui qui la perçoit. De ce fait, ma question de départ ne change pas puisque je pense toujours que le vêtement professionnel a un impact sur le comportement de l’un et de l’autre dans la relation entre le soignant et le patient.

Avec les différents professionnels que je vais interviewer pour la deuxième partie de ce travail, je souhaiterais connaitre leur ressenti quant à leur perception de la distance professionnelle, leur représentation du vêtement qu’ils portent au quotidien pour travailler et comment ils le perçoivent et si effectivement ce vêtement a une influence dans la relation qu’ils établissent avec les patients.

Rappel de la question de départ :

« En quoi le port du vêtement professionnel de l’infirmier(e) a-t-il une influence dans la relation soignant-soigné »

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3. Enquête de terrain

3.1. Présentation du dispositif et des modalités d’enquête

3.1.1. Choix et construction de l’outil d’enquête

Pour la réalisation de l’enquête de terrain, j’ai choisi de réaliser des entretiens semi-directifs afin d’en recevoir les réponses les plus complètes possibles puisque l’objectif de l’entretien semi-directif est de laisser l’interviewé s’exprimer librement tout en abordant une série de thèmes à l’aide de questions préalablement préparées.

Pour ce faire, j’ai construit un guide d’entretien38 abordant chaque concept pour lesquels j’ai élaboré un objectif bien précis. Dans un premier temps, avant d’aborder les questions je souhaite déterminer le profil du professionnel afin d’en définir l’expérience puisqu’à une même question les réponses peuvent différer en fonction de celle-ci.

Concernant les fonctions du vêtement professionnel de l’infirmier(e), mon objectif est de les identifier de la part des professionnels puis obtenir leur avis concernant son absence dans certains milieux de soins.

Au sujet des représentations sociales, mon objectif est d’identifier leurs représentations quant à la profession, au vêtement infirmier et leur avis sur ce qu’il pourrait véhiculer.

Mon objectif en abordant la distance professionnelle est de rapporter un témoignage, leur ressenti et connaitre les mécanismes qu’ils ont pu mettre en place pour pallier ou non à cette distance.

Enfin, aborder la notion d’identité professionnelle me permettra d’identifier l’éventuelle existence d’un lien entre le vêtement professionnel et l’identité professionnelle.

3.1.2. Choix des lieux et des populations

Pour la réalisation des différents entretiens, j’avais dans un premier temps décidé d’en effectuer trois avec des professionnels infirmiers travaillant dans des secteurs différents afin d’avoir un recueil de données enrichi. J’ai donc choisi d’interviewer un(e) IDE du secteur hospitalier, un(e) IDE du secteur libéral et enfin un(e) IDE du secteur psychiatrique type HJ. J’ai choisi ces trois lieux afin de pouvoir constater les différences entre le milieu hospitalier et le milieu libéral quant au port et non port d’une tenue professionnelle avec en plus la comparaison des particularités de l’HJ psychiatrique de par les contextes puisque c’est de ce secteur que découle ma situation m’ayant amené à réaliser ce travail de fin d’étude. De plus, je souhaite interroger des infirmiers ayant un minimum de deux ans d’expérience professionnelle pour avoir des témoignages enrichis. Lors de la réalisation de mon premier entretien auprès d’un IDE homme du milieu hospitalier, je me suis rendu compte que les

38 Cf. Annexe V

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réponses qu’il m’apportait étaient relatives au fait que c’était un homme et donc qu’il était intéressant que j’interroge également une IDE femme. C’est pourquoi j’ai finalement réalisé quatre entretiens (deux du secteur hospitalier, un du secteur libéral et un du secteur psychiatrique HJ).

3.1.3. Traitement des données recueillies

Pour effectuer le traitement des données recueillies, j’ai effectué une retranscription complète des quatre entretiens39 que j’ai ensuite élaboré sous forme d’un tableau40 reprenant les citations répondant aux questions posées ce qui m’a permis d’avoir une vision globale pour en réaliser l’analyse et la synthèse qui vont suivre. Dans le tableau j’ai utilisé un code couleur m’ayant permis de visualiser directement les points de vues similaires et divergents.

39 Cf. Annexe VI 40 Cf. Annexe VII

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3.2. Analyse des données recueillies

Je vais dans un premier temps présenter les différents IDE que j’ai pu interroger, puisque dans l’analyse j’identifierais les IDE par un numéro puis je découperais question par question.

Le profil des professionnels :

Le premier infirmier que je nommerais IDE n°1 est un homme de 36 ans diplômé en 2003 travaillant en secteur hospitalier ayant essentiellement de l’expérience en médecine.

Le deuxième infirmier que je nommerais IDE n°2 est une femme de 50 ans diplômée en 1998 travaillant en secteur hospitalier ayant de l’expérience en long séjour, médecine et réanimation.

Le troisième infirmier que je nommerais IDE n°3 est une femme de 45 ans diplômée en 1993 travaillant en cabinet libéral depuis 2006, ayant de l’expérience aux urgences, en réanimation et au bloc opératoire.

Le quatrième infirmier que je nommerais IDE n°4 est un homme de 53 ans diplômé de secteur psychiatrique en 1984, ayant de l’expérience dans différents services de psychiatrie.

Les fonctions du vêtement infirmier :

Deux fonctions ont été répertoriées par les quatre IDE. Dans un premier temps, on retrouve la fonction d’hygiène, de propreté : « C’est déjà une tenue qui est pratique dans l’hygiène » (IDE n°1), « rôle d’hygiène, de protection au niveau des souillures »

(IDE n°4). Puis dans un deuxième temps on retrouve la fonction d’identification : « Identifie le personnel » (IDE n°3), « se repérer et être repéré » (IDE n°4), « identifie un soins » (IDE n°2).

Cependant, parmi les quatre IDE interrogés, seul un IDE travaillant en milieu hospitalier a mentionné la fonction de « barrière », de « protection ». En effet, l’IDE n°1 dit que la tenue professionnelle « permet aussi de mettre des barrières de la personne soignée et le soignant ». L’IDE n°2 mentionne le mot « barrière » mais renvoie finalement à la fonction d’identification en disant que le patient « sait qu’une blouse blanche qui entre dans la chambre […] ça veut dire soins ».

Au vu des recherches menées tout au long de ce travail, on retrouve bien les fonctions d’hygiène et d’identification. Ce sont deux fonctions qui ont été de suite abordées par les infirmiers, sans aucune hésitation. Parmi les quatre IDE, seul l’IDE n°1 travaillant en milieu hospitalier a mentionné la fonction de « barrière ». Les IDE n°3 et n°4 (libérale et milieu psychiatrique) exerçant en civil n’ont pas mentionné cet effet « barrière » que pourrait apporter le vêtement infirmier. Il est alors intéressant de constater que la fonction de protection n’ait pas été mentionnée par l’IDE n°4 ayant exercé dans divers services de psychiatrie.

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Les IDE exerçant en civil :

Les deux IDE exerçant en milieu hospitalier ont fait référence au milieu psychiatrique quant à cette absence du vêtement infirmier dans certains milieux de soins. Pour eux, travailler en civil est relié au fait qu’il n’y a pas ce besoin d’hygiène et de propreté car ce sont des soins à visée plus psychologique : « Créer une approche plus particulière par rapport au patient » (IDE n°1), « c’est plus du soin psychologique [...] il y a moins ce risque d’infection ».

Les IDE n°3 et 4 s’accordent en disant que « quand c’est un lieu de vie ça met des barrières » (IDE n°3) et que ce serait bien que dans les EHPAD par exemple il n’y ait pas de tenues professionnelles : « en maison de retraite je serais assez pour qu’il n’y ait pas de blouse » (IDE n°3). Toutefois, bien que l’idéal soit de travailler en civil en milieu de vie, ils mentionnent tout de même que pour certains soins le port d’une tenue professionnelle en libéral est nécessaire : « Je la porte pour certains soins » (IDE n°3), « peut-être que les infirmiers libéraux devraient porter la blouse blanche dans certains actes » (IDE n°4). On retrouve là encore cette notion d’hygiène que permet la tenue.

Puis, comme on a pu le voir dans les recherches, on retrouve cette notion d’alliance thérapeutique que permet ce non port du vêtement professionnel dans certains milieux psychiatriques types HJ lorsque l’IDE n°1 aborde le fait que ça permet de « créer une approche plus particulière par rapport au patient ».

Les représentations de l’infirmière par la société et les patients :

Les avis divergent beaucoup entre les quatre IDE interrogés. On retrouve cette notion de respect : « La population est plus dans le soutien » (IDE n°1), « Grande notion de respect » (IDE n°2). L’IDE n°2 évoque également un versant plus négatif, autrement dit la représentation fantasmatique de l’infirmière en disant qu’il y a une représentation à « connotation pseudo sexuelle ». On retrouve bien cette représentation de l’infirmière dans des films pour adultes.

Les représentations du vêtement infirmier :

Comme nous avons pu le voir dans la partie théorique, les notions de « pouvoir » et de « savoir » ont été rapportées en terme de représentation par les IDE n°2 et n°3 : « peut paraitre comme quelqu’un de supérieur », « ce qu’on dit a plus de poids que quelqu’un qui va dire la même chose et qui n’est pas en blouse » (IDE n°2), « laisse un peu le patient au-dessus » (IDE n°3). Il intéressant de constater que l’IDE n°2 me parle de la position du soignant et du soigné en citant cette notion de pouvoir que peut véhiculer cette tenue professionnelle en mentionnant le fait que « la blouse peut bloquer dans le soin parce que le soignant n’est plus au même niveau que le patient ». Comme les recherches l’ont montré, « la blouse blanche » pourrait véhiculer du « pouvoir » de par la représentation de savoir que peut avoir cette tenue. On retrouve ici ce lien « blouse blanche »/« savoir » comme les expériences de Stanley MILGRAM par exemple, expliquées dans la partie théorique, ont pu le démontrer. Le vêtement infirmier peut donc renvoyer à une position de pouvoir par rapport à la position du

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patient qui peut être vue comme de la soumission : « tu es dans un lit tu es entre guillemets diminué » (IDE n°2).

De plus, il est intéressant de constater que l’IDE n°1 interrogé qui est un homme fait ressortir le fait qu’il soit tout de suite identifié au médecin lorsqu’il entre dans la chambre d’un patient : « quand ils me voient arriver en plus en tant qu’homme, ils me disent que je suis médecin parce qu’ils me voient habillé en blanc ». Les patients peuvent donc souvent faire le lien avec le médecin lorsqu’ils associent le vêtement blanc et le sexe masculin. Pourtant, bien que la profession infirmière soit essentiellement féminine et qu’elle puise son origine dans les communautés religieuses, elle a bien évolué puisque de plus en plus d’hommes exercent en tant qu’infirmiers. En effet, selon une étude de la DREES41 portant sur la répartition des étudiants inscrits en 2009 en IFSI sur un total de 31 302 ESI en première année, 4977 sont des hommes ce qui représente environ 16 % d’ESI hommes ; et au premier janvier 2010, 13% d’IDE hommes exercent en France. De plus, le nombre de femmes rejoignant les études de médecine a bien évolué puisque la part des femmes dans la démographie médicale est passée de 24,5 % en 1984 à 40,3 % en 2010 soit près du double en plus de 20 ans. Mais malgré tout, la représentation du vêtement blanc porté sur un homme renvoie de suite au médecin et non à l’infirmier. Cette représentation est entretenue par les films dans lesquels les infirmiers sont représentés majoritairement par des femmes.

Enfin, l’IDE n°2 rapporte que le vêtement infirmier renvoie à « la notion de respect », « aspire le respect ». Pour l’IDE n°3, le vêtement infirmier ne représente « pas grand-chose », il est un « vêtement de travail ». Pour l’IDE n°4, il peut avoir un « côté rassurant », la « présence rassurante du soignant ».

La définition de la distance professionnelle :

Au sujet de la définition de la distance professionnelle, tous s’accordent sur le même point : l’IDE n°1 la définit comme le fait de « savoir mettre à l’aise les gens sans pouvoir non plus rentrer dans des choses trop personnelles », l’IDE n°2 comme la « distance que que t’apportes entre toi et le patient » et l’IDE n°3 comme le fait de « mettre suffisamment en confiance le patient pour qu’il puisse s’exprimer […] tout en gardant cette distance c’est-à-dire que nous sommes dans une relation soignant-soigné et non pas amicale ».

Les IDE n°3 et n°4 ont des avis contraires à propos de l’éventuelle distance que peut mettre le vêtement professionnel dans la relation soignant-soigné. En effet, l’IDE n°3 dit que « cette blouse par exemple met une certaine distance » tandis que l’IDE n°4 dit justement que « ce n’est pas la blouse qui fait la distance ». L’IDE n°4 ajoute également qu’ « en tant que soignant j’ai toujours conscience que je suis avec des patients » et que « ce n’est pas parce qu’il y a une promiscuité physique qu’il y a cette relation de copinage ». On parle alors ici de posture soignante à adopter. Autrement dit, c’est la posture que le soignant adopte qui fait qu’il entretient une distance professionnelle et ce, même si les contextes peuvent favoriser une approche. De même comme on a pu le voir dans les recherches où différentes sphères sociales existent ; dans la profession infirmière, bien qu’il peut y avoir des promiscuités

41 Direction de la Recherche des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques

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physiques de par les soins, ce n’est pas pour autant qu’il n’y a pas de distance professionnelle.

Le vêtement professionnel infirmier permet-il de mettre des « barrières » :

Sur les quatre IDE interrogés, les trois premiers s’accordent en disant que le vêtement professionnel permet de mettre une « barrière » dans la relation soignant-patient afin d’instaurer une certaine distance professionnelle. Cependant, les avis divergent au sujet de leur impact. En effet l’IDE n°1 me dit que « […] ça dépendra toujours des gens qui sont en face de toi, émotionnellement ils vont se lâcher un peu et ça va leur permettre d’évacuer » tandis que l’IDE n°3 au contraire pense qu’ils « […] ont tout de suite un peu de réticence à parler peut-être plus facilement ». Selon le premier, le fait de voir une tenue infirmière impacterait sur le patient dans le sens d’une ouverture à la parole puisque celui-ci saura que l’IDE est là pour lui, pour l’écouter et donc qu’il peut se livrer sans qu’il soit jugé. Selon le deuxième, au contraire le vêtement infirmier impacterait dans le sens d’un blocage à l’ouverture. Les deux points de vues sont sans doute liés au fait que ce sont deux milieux différents (hospitalier et libéral) et qu’en libéral la dimension du soin est totalement différente puisqu’on pourrait dire qu’« on fait presque partie de la famille » (IDE n°3) et que de ce fait, pour le patient, voir arriver dans son environnement un IDE en vêtement professionnel « casserait » ce lien particulier. De plus, l’IDE n°3 me parle du vouvoiement en terme de mécanisme permettant de maintenir une distance professionnelle ; elle me dit qu’elle a « reporté peut-être la blouse sur la façon de leur parler ».

La distance professionnelle différente en milieu libéral :

Les quatre professionnels ont tous émis sans hésitation les mêmes avis sur le fait que la distance professionnelle est différente en milieu libéral. Deux points ont été argumentés à ce sujet. Dans un premier temps, la dimension du soin qui est différente du milieu hospitalier favoriserait cela. En effet l’IDE n°1 argumente en disant que l’ « on se déplace chez les gens, on est chez eux, dans leur environnement » et que « la personne est peut-être déjà un peu plus en confiance chez elle, il y a d’autres liens qui peuvent se créer ». L’IDE n°2 me répond en disant que l’ « on n’est pas dans la même dimension du soin » et que « tu as des questions plus personnelles alors que tu vas pas être confronté à ça à l’hôpital ». Enfin l’IDE n°3 dit « oui tout à fait […] en milieu libéral il se tisse ce lien particulier puisque les gens vont vers les patients » et qu’ « on rentre dans l’intimité du patient ».

Dans un deuxième temps, la durée du suivi du patient, autrement dit du suivi à long terme pour la majeure partie en milieu libéral fait que la distance professionnelle est différente. Les IDE n°1 et n°3 ont émis ces points en disant successivement que « les relations sur du long terme vont être un peu différentes par rapport à des hospitalisations courtes » et que « oui […] c’est du long terme donc forcément il va se créer des liens, des affinités ».

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Le vêtement infirmier et l’identité professionnelle :

Parmi les quatre IDE, trois IDE (les deux du secteur hospitalier et celui du secteur psychiatrique) rapportent que le vêtement infirmier ne renvoie pas à l’identité professionnelle. L’IDE n°1 répond en disant que « pour moi la blouse dans cette identité professionnelle là il n’y a pas » et que « c’est pas ça qui a fait de moi ce que je suis », l’IDE n°2 dit que « c’est pas tant l’uniforme en lui-même qui te rend fier mais c’est la profession qui est rattachée justement à cette blouse ». Enfin l’IDE n°4 argumente en disant que « la blouse ne fait pas le professionnel » et que « ce n’est pas parce qu’on a une blouse blanche qu’on a de la compétence ».

Le choix de travailler en civil ou en vêtement professionnel :

Les deux IDE du milieu hospitalier émettent l’avis qu’ils préfèrent travailler en tenue professionnelle par rapport à la notion d’hygiène et de propreté : « je reviens sur le principal intérêt que ça a pour moi, c’est l’hygiène » (IDE n°1), « la blouse oui, en milieu hospitalier oui » (IDE n°2). L’IDE n°3 du secteur psychiatrique répond en disant que « la blouse c’est un outil de protection, pas un outil de qualification ». Enfin l’IDE n°3 du secteur libéral préfère travailler en civil puisqu’il n’y a pas de risque infectieux « je trouve qu’en civil c’est très bien ». L’IDE libérale porte cependant une blouse pour les soins à risque infectieux telles que les injections dans des chambres implantables par exemple « je la porte quand je travaille sur les chambres implantables ». Autrement dit, le choix de porter un vêtement professionnel ou non se base strictement sur la notion d’hygiène et de propreté.

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3.3. Synthèse

J’ai choisi d’organiser ma synthèse autour des objectifs définis pour les questions de mes entretiens auprès des professionnels.

Objectifs : Identifier les fonctions du vêtement infirmier et leur avis concernant son absence dans certains milieux de soins

Lors des entretiens deux fonctions principales ont été répertoriées, la fonction d’hygiène et d’identification. La fonction de « barrière » en terme de distance professionnelle a été mentionnée mais ce sont surtout les fonctions d’hygiène liées aux souillures et risques infectieux et d’identification pour les patients et les différents professionnels qui ont été abordés. Le fait de travailler en civil dans certains milieux de soins est directement lié à cette non nécessité des mesures d’hygiène strictes que l’on rencontre en milieu hospitalier. On retrouve donc bien cette première fonction d’hygiène. Dans les lieux de vies, le vêtement professionnel n’est pas nécessaire car il y a moins ce risque de souillure mais pour certains soins une tenue est tout de même portée (soins à risque infectieux de type chambre implantable etc..). De plus, il n’y a pas non plus ce besoin d’identification qui semble nécessaire en secteur hospitalier. Quant aux EHPAD, l’IDE libérale apporte son point de vue en disant que l’idéal serait que les professionnels adoptent le même système que le secteur libéral.

Objectifs : Identifier les représentations des interviewés quant à la profession, au vêtement infirmier et leurs avis sur ce qu’il peut véhiculer

De premier abord la profession infirmière et son vêtement renverraient à deux représentations « contraires » : un versant négatif qui a une connotation pseudo-sexuelle de par les représentations fantasmatiques de l’infirmière et un versant positif qui est celui du respect, du soutien. De même qu’un côté rassurant « la présence rassurante du soignant » (IDE n°4). Ensuite le vêtement professionnel véhiculerait une représentation de pouvoir de la part des IDE avec ce lien « blouse blanche »/ « savoir » qui ont pu être expérimentés dans diverses expériences. De même que la position du soignant debout et celle du patient allongé renverrait à une certaine domination/soumission pouvant être ressentie par le patient. Enfin, il est intéressant de constater que malgré les évolutions, le vêtement blanc du soignant porté sur un homme est tout de suite apparenté au médecin.

Objectifs : Rapporter un témoignage, le ressenti, et connaitre les mécanismes que les professionnels mettent en place pour pallier ou non à la distance professionnelle

Différents points de vue ont été émis quant au lien du vêtement professionnel et de la distance professionnelle dans la relation soignant-soigné. Un avis porte sur le fait qu’il peut mettre une distance et un autre qu’au contraire « ce n’est pas la blouse qui fait la distance » (IDE n°4). Le premier avis est émis par l’IDE n°3 travaillant en libéral. Le secteur libéral est une dimension du soin très différente de par l’environnement dans

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lequel se déroule le soin (au domicile du patient, c’est le soignant qui vient au patient et non l’inverse etc..). De ce fait le vêtement professionnel provoquerait un « effet barrière » dans la relation de soin puisque le statut de l’IDE libéral est très différent de celui de l’IDE travaillant en secteur hospitalier. Deux points ont d’ailleurs été argumentés quant au fait que la distance professionnelle est différente en milieu libéral. Dans un premier temps la dimension du soin par rapport à l’environnement comme décrite précédemment et dans un deuxième temps le suivi du patient au long terme, sur plusieurs années pour la plupart du temps, instaure à l’IDE une place privilégiée dans la vie du patient. Dans cette dimension du soin favorisant un lien très particulier, très « proche », le vouvoiement est un mécanisme utilisé pour maintenir une distance professionnelle.

Objectifs : Identifier l’existence ou non d’un lien entre le vêtement professionnel et l’identité professionnelle

D’après les différents entretiens menés, il n’existerait pas de lien direct entre le vêtement professionnel de l’infirmier et l’identité professionnelle de celui qui le porte. Comme les différents professionnels l’auront mentionné, le vêtement n’est qu’un outil de travail et non d’identification à la profession. C’est la posture soignante qui est construite tout au long de leur carrière qui fait leur identité professionnelle.

Mon évolution de questionnement :

Suite à ce travail pratique m’ayant permis de confronter mon questionnement à différents entretiens professionnels, une problématique différente de celle résultant de ma situation de départ vient voir le jour. Ma question de départ, de recherche était basée sur le fait que le vêtement professionnel de l’infirmier pouvait avoir une influence dans la relation soignant-soigné. A travers les différents entretiens réalisés, ce n’est pas tant la tenue que nous portons qui influence nos rapports mais notre posture soignante. C’est pourquoi j’ai choisi d’apporter une nouvelle question de recherche :

« En quoi la posture professionnelle adoptée par l’infirmier peut-elle impacter dans la relation soignant-soigné »

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Conclusion

Tout soignant peut être un jour amené à rencontrer une situation dans laquelle il sera confronté à une moindre distance professionnelle dans la relation soignant-soigné ; s’en rendre compte est déjà un grand pas dans le positionnement critique du soignant.

Mes représentations auront changé de même que mon questionnement aura évolué. En effet, au regard de la situation de départ où l’hypothèse émise était que la « cause » de la problématique était la tenue professionnelle, du moins cette absence de tenue professionnelle ; à ce jour on peut dire que ce n’est pas tant le vêtement mais bien la posture soignante qui fait que nous agissons de telle ou telle manière.

Avec du recul, je me suis interrogée sur le fait que j’ai peut-être reporté ce non port de « blouse blanche » sans envisager mon positionnement en tant que future soignante. Comme l’aura fait remarquer un des infirmiers interrogés, tant que nous avons conscience que nous sommes soignants, il n’y a pas lieu qu’une « relation de copinage » s’installe.

Ce travail d’initiation à la recherche réalisé tout au long de ma dernière année de formation m’aura alors confronté à mon positionnement en tant que personne mais également en tant que future soignante.

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Bibliographie

Ouvrages :

BIOY Antoine, BOURGEOIS Françoise, NEGRE Isabelle. Communication

soignant-soigné : Repères et pratiques. Saint-Etienne : Bréal 2003. 143p.

PRAYEZ Pascal. Distance professionnelle et qualité du soin. France : Lamarre

2009. 287p.

DULEY Philippe. La vraie histoire des infirmières. Chronique 2009. 144p

PAILLARD Christine. Dictionnaire humaniste infirmier. Approche et Concepts de

la relation soignant-soigné. Setes 2013.

BONARDI Christine, ROUSSEAU Nicolas. Les représentations sociales. Paris :

Dunod 1999. 121p

GRIPI. L’identité professionnelle de l’infirmière. Paris : Le Centurion 1986. 150p

LHEZ Pierrette. De la robe de bure à la tunique pantalon. Etude sur la place du

vêtement dans la pratique infirmière. Paris InterEditions 1995. 182p

RUANO BORBALAN J.C. L’identité : l’individu, le groupe la société. Editions Sciences humaines. 1998 393p

MUCCHIELLI Alex. L’identité. Collection « Que sais-je » 9e Edition 2013 122p

FORMARIER M. et JOVIC L. (sous la direction de) « Les concepts en sciences infirmières 2e édition » ARSI, Edition Mollet Conseil

Articles de revues :

MALLEME E. La distance professionnelle. Objectifs soins, Mai 2005, n°136 p 22-23

La revue de l’infirmière n°134 Oct 2007 Editeur Elsevier Massow.

Recherches en soins infirmiers : « Des représentations du métier à la construction de l’identité professionnelle » n°45 Juin 1996

Infirmière magazine n162 Juillet-Août 2001

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Ressources internet :

La rédaction d'Allodocteurs.fr. Expo : la blouse sous toutes les coutures. [en

ligne] (consulté le 20/09/2014) Disponible sur :

http://www.allodocteurs.fr/actualité-sante-expo-la-blouse-blanche-sous-toutes-

les-coutures-8489.asp?=1

« Sous toutes les coutures » - Exposition du Musée de l'AP-HP. APHP.fr Hôpital.fr L’hôpital à votre service. L’habit contribue fortement à véhiculer une

bonne image des professions. [en ligne] (consulté le 30.12.2014) Disponible sur : http://www.hopital.fr/Actualites/Actualites-medicales/L-habit-contribue-fortement-a-vehiculer-une-bonne-image-des-professionnels

Psychologie Sociale : La proxémie [en ligne] (consulté le 6.1.2015) Disponible sur : http://www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=141&Itemid=44

Psychologie sociale : la soumission à l’autorité [en ligne] (consulté le 26.2.2015) Disponible sur : http://www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=60&Itemid=2

IRDES. Démographies et activités de professions de santé [en ligne] (consulté le 7.4.2015) Disponible sur : http://www.irdes.fr/EspaceEnseignement/ChiffresGraphiques/Cadrage/DemographieProfSante/DemoMedecins.htm

FHP. Etat des lieux chiffré de la formation et de la population en exercices des infirmiers diplômés d’Etat. PDF. [en ligne] (consulté le 7.4.2015) Disponible sur : http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CCEQFjAA&url=http%3A%2F%2Fdocumentation.fhp.fr%2Fdocuments%2F16843P1.pdf&ei=_sEjVbeZB4vbapyigUg&usg=AFQjCNFm-XRsJDajO5oPR8l4GRnwMUmz1g&bvm=bv.89947451,d.d2s

Documents non publiés :

Cours

CORIOU N. Approche du concept des représentations sociales. Cours : Unité d’Enseignement 1.1 S1. IFSI QUIMPER sept 2012

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Sommaire des annexes

Annexe I : Les tenues infirmières .............................................................................. 1

Annexe II : Le vêtement de la kinésithérapeute ........................................................ 5

Annexe III : Le système d’approvisionnement des tenues professionnelles .............. 6

Annexe IV : La pyramide d’Abraham MASLOW ........................................................ 7

Annexe V : Le guide d’entretien ................................................................................ 8

Annexe VI : Le tableau de recueils des données .....................................................10

Annexe VII : Les retranscriptions d’entretiens ..........................................................15

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1

Annexe I : Les tenues infirmières

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2

Photo prise de l’ouvrage « De la robe de bure à la tunique pantalon » LHEZ Pierrette. InterEdition 1995

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3

Photo prise de l’ouvrage « De la robe de bure à la tunique pantalon » LHEZ Pierrette. InterEdition 1995

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4

Photo prise de l’ouvrage « De la robe de

bure à la tunique pantalon » LHEZ

Pierrette. InterEdition 1995

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5

Annexe II : Le vêtement de la kinésithérapeute

Photo prise de l’ouvrage « De la robe de bure à la tunique pantalon » LHEZ Pierrette. InterEdition 1995

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Annexe III : Le système d’approvisionnement des tenues professionnelles

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Annexe IV : La pyramide d’Abraham MASLOW

Pyramide d’Abraham MASLOW : hiérarchisation des besoins

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Annexe V : Le guide d’entretien

Guide d’entretien

Présentation de l’interviewé

Quel âge avez-vous ?

Quel est la date de votre DE ?

Pouvez-vous me dire votre parcours professionnel : les différents services

etc..

Les fonctions du vêtement professionnel de l’infirmier(e)

Selon vous, quelle est ou quels sont les fonctions de la « blouse

blanche » ?

Que pensez-vous du non port de la blouse dans certains milieux de

soins ?

o Relance : Par rapport au risque infectieux etc.. Même si lieu de

vie, en EHPAD port blouse

Les représentations de la « blouse blanche », de l’infirmière

Quelle est selon vous la représentation de l’infirmière par la société et les

patients ?

Quelle en est votre représentation ?

Que représente pour vous la « blouse blanche » ?

o Relance : Milieu de soins, infirmier, le savoir.. ?

Que pensez-vous que cette blouse puisse véhiculer de la part des

infirmiers envers les patients ?

o Relance : Syndrome blouse blanche, expérience Milgram

Que pensez-vous des blouses en couleur ?

La distance professionnelle

Comment définissez-vous la distance professionnelle ?

Pensez-vous avoir déjà eu le sentiment de n’avoir pas mis de distance

avec un patient ?

o Relance : Avez-vous eu l’impression de vous sentir trop

« proche » d’un patient ?

Si oui : Quels mécanismes ont-ils pu favoriser cela ?

Si non : Pensez-vous que la « blouse » a permis de maintenir cette

distance ? Quels moyens mettez-vous en place pour éviter d’entrer dans

une relation trop fusionnelle avec le patient ?

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Pensez-vous que la « blouse » permet de mettre une barrière dans la

relation soignant-soigné ?

Pensez-vous qu’en milieu libéral la distance professionnelle peut être

différente par rapport au milieu hospitalier ?

L’identité professionnelle

La « blouse » renvoie-t-elle à l’identité professionnelle infirmière ?

Pensez-vous que la « blouse » a joué un rôle dans la construction de

votre identité professionnelle ?

o Relance : La tenue professionnelle vous permet-elle de mieux

vous identifier au rôle d’ide ?

Conclusion

Si l’on vous proposait le choix de travailler en civil ou en vêtement

infirmier, quel choix feriez-vous et pourquoi ?

Avez-vous quelque chose à rajouter ?

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Annexe VI : Le tableau de recueils des données

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IDE n°1 : milieu hospitalier IDE n°2 : milieu hospitalier

IDE n°3 libérale IDE n° 4 en HJ psychiatrique

Le profil Homme, 36 ans. DE en 2003 Essentiellement médecine : Rééducation/Rhumatologie/Neurologie/Foyer logement

Femme, 50 ans, DE en 1998 Long séjour/Soins intensifs/Réanimation/Médecine

Femme, 45 ans, DE en 1993 Réanimation/Urgences/Bloc opératoire

Homme, 53 ans, Diplômé infirmier de secteur psychiatrique en 1984 Services chroniques/Admissions/Appartements thérapeutiques

Les fonctions de la « blouse blanche »

« C’est déjà une tenue qui est pratique, dans l’hygiène » « Il y a aussi cette fonction […] qui permet aussi de mettre des barrières, de la personne soignée et du soignant quoi » « On arrive beaucoup plus à identifier les gens aussi »

« Propreté » « Une blouse qui rentre dans la chambre […] ça veut dire soins » « Identifie un soin »

« Identifie le personnel » « Fonction de protection […] aux urgences par exemple (sang, charbon..)]

« Rôle d’hygiène, de protection au niveau des souillures potentielles » « Se repérer et être repéré au niveau des équipes »

IDE en civils dans certains milieux de soins

« Milieux de soins plus psychiatriques qui ont peut-être […] vis-à-vis de créer une approche plus particulière par rapport au patient »

« Les services comme la psychiatrie […] c’est plus du soin psychologique […] il y a moins ce risque d’infection » « La blouse peut bloquer dans le soin parce-que le soignant n’est plus au même niveau que le patient »

« Je la porte pour certains soins » « En maison de retraite je serais assez pour qu’il n’y ait pas de blouse » « Quand c’est lieu de vie,[…] ça met des barrières » « Je fais attention aux vêtements que je porte »

« Peut-être que les infirmiers libéraux devraient porter la blouse blanche dans certains actes « « Si la blouse est utilisée pour s’identifier en tant que soignant c’est sûr que ça pose problème. »

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La représentation de l’infirmière par la société et par les patients

« Métier qui n’est pas forcément très valorisant » « Par rapport à ça la population est plus dans le soutien »

« Bien vue » « Grande notion de respect » « Connotation pseudo sexuelle »

« En libérale c’est différent » « On change de statut complètement par rapport à l’hôpital » « En libéral c’est le patient qui choisit son infirmière » « On fait presque partie de la même famille »

« Elle a évolué » « Que ce soit l’infirmier, le policier, le pompier, tous ce qui peut représenter l’autorité de l’Etat est remise en cause et forcément qu’on a plus cette même appréhension de la part du patient »

La représentation de la « blouse blanche »

« Quand ils me voient en plus en tant qu’homme […] ils me disent que je suis un médecin parce qu’ils me voient habillés en blanc »

« Peut paraitre comme quelqu’un de supérieur » « Tu es dans un lit donc tu es entre guillemets diminué » « Notion de pouvoir » « La première fois que j’ai eu ma blouse blanche […] j’avais un sentiment de fierté » « Ca ne représente pas que la barrière pour les soins » « Notion de respect » « Ce qu’on dit a plus de poids que quelqu’un qui va dire la même chose et qui n’est pas en blouse blanche »

« Pas grand-chose » « Vêtement de travail » « Au niveau symbolique il ne représente pas grand-chose pour moi » « Protection à l’hôpital » « Ça met un peu des barrières » « Laisse un peu le soignant un peu au-dessus […] ont tout de suite un peu de réticence à parler peut-être plus facilement »

« Parfois on est pas identifié dans le groupe » (séjour voile) « Avoir un côté rassurant » « Présence rassurante du soignant »

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Définition de la distance professionnelle

« Savoir mettre à l’aise les gens sans pouvoir non plus rentrer dans des choses trop personnels » « On l’acquiert pas tout de suite » « On arrive mieux à la gérer au fur et à mesure de l’expérience »

« Distance que tu mets que t’apportes entre toi et le patient »

« Cette blouse par exemple met une certaine distance » « Je vouvoie tous mes patients […] J’ai reporté peut-être la blouse sur la façon de leur parler »

« Mettre suffisamment en confiance le patient pour qu’il puisse s’exprimer […] tout en gardant cette distance c’est-à-dire que nous sommes dans une relation soignant-soigné et non pas amicale » « C’est pas la blouse qui fait la distance »

Expérience de non distance professionnelle

« Il y a forcément un jour ou l’autre où ce sera trop proche » « Il y aura trop de parallèles par rapport à ta vie »

« Oui une fois quand j’étais ESI »

« La seule fois […] c’était pas tellement par rapport au patient, c’était par rapport à la famille »

« En tant que soignant j’ai toujours conscience que je suis avec des patients » « Ce n’est pas parce qu’il y a une promiscuité physique qu’il y a cette relation de copinage »

La blouse permet de mettre une barrière ?

« Ouais mais ça dépendra toujours des gens qui sont en face de toi » « Emotionnellement ils vont se lâcher un peu et ça va leur permettre d’évacuer »

« Oui je trouve que oui » « Barrière qui est je pense vraiment nécessaire »

« Oui je trouve que ça cloisonne un peu » « Pas forcément bien pour les lieux de vie » « ont tout de suite un peu de réticence à parler peut-être plus facilement »

« Eventuellement »

Distance professionnelle différente en milieu libéral ?

« On se déplace chez les gens, on est chez eux, dans leur environnement » « La personne est peut-être déjà un peu plus en confiance chez elle, il y

« On est pas dans la même dimension du soin » « Tu as des questions plus personnelles alors

« Oui […] c’est du long terme donc forcément il va se créer des liens, des affinités »

« Oui tout à fait […] en milieu libéral il se tisse ce lien particulier puisque les gens vont vers les patients » « On rentre dans l’intimité du

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a d’autres liens qui peuvent se créer » « Les relations sur du long terme vont être un peu différente par rapport à des hospitalisations courtes »

que tu vas pas être confronté à ça à l’hôpital »

patient »

Le vêtement infirmier renvoie-t-il à l’identité professionnelle ?

« Pour moi la blouse dans cette identité professionnelle là il n’y a pas » « C’est pas ça qui a fait de moi ce que je suis »

« C’est pas tant l’uniforme en lui-même qui te rend fier mais c’est la profession qui est rattachée justement à cette blouse »

« Oui un petit peu » « En service c’est différent il y a une sorte de hiérarchie qu’on a pas à la maison »

« Alors pour moi la blouse ne fait pas le professionnel » « Ce n’est pas parce qu’on a une blouse blanche qu’on a de la compétence »

Choix de travailler en civils ou en blouse

« Je reviens sur le principal intérêt que ça a pour moi, c’est l’hygiène »

« La blouse » « En milieu hospitalier oui »

« Je trouve qu’en civil c’est très bien »

« La blouse c’est un outil de protection, pas un outil de qualification »

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Annexe VII : Les retranscriptions d’entretiens

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Entretien n°1 : IDE Homme Milieu Hospitalier

Le profil de l’interviewé

- Moi : « Quel âge as-tu ? »

- IDE : « Alors moi j’ai 36 ans »

- Moi : « A quel âge as-tu eu ton DE ? »

- IDE : « J’ai eu mon DE en 2002-2003 donc je devais avoir 25-26 ans »

- Moi : « Est-ce que tu peux me dire brièvement ton parcours professionnel ? Les différents services que t’as pu faire ? »

- IDE : « Alors les différents services que j’ai pu faire donc euh depuis euh moi je suis rentré en 2003 donc du coup c’était ici sur l’Hôpital de XXXX, alors le parcours ça a été euh déjà faire partie du pool infirmier donc au XXXX. Donc là j’ai fait de la rééducation, de la rhumato, de la neuro, j’ai fait euh j’ai fait pas mal de services dans le pool là. Après j’ai été chez les personnes âgées au foyer logement pendant une plus longue période, euh j’ai été aussi aux explorations fonctionnelles et aux consultations externes donc là assez spécifiques aussi par rapport aux différents examens qu’il pouvait y avoir. Donc euh voilà j’ai fait exclusivement pas mal de médecines et donc là ça fait pas mal de temps que je suis en XXXX. »

Les fonctions du vêtement professionnel de l’infirmièr(e)

- Moi : « D’accord donc selon toi quelles sont les fonctions de la « blouse blanche » ? »

- IDE : « Il y a peut-être différentes fonctions. Une des premières représentations que j’ai moi de la blouse blanche, c’est déjà une tenue qui est pratique, dans l’hygiène. Pour moi en étant dans la fonction hospitalière, voilà dans les services c’est important qu’il y ait cet aspect d’hygiène. Après bien sûr il y a aussi cette fonction qui va être de la relation vis-à-vis du patient de la, comment dire, de la, comment dire, de là, ce qui permet aussi de mettre des barrières, de la personne soignée et du soignant quoi. »

- Moi : « Que penses-tu du fait que dans certains milieu de soins, les ide soient en civils ? »

- IDE : « Alors euh ben par rapport à ça quand on parle de milieu de soins il y a différents milieu de soins. Je pense qu’il y a des milieux de soins plus psychiatriques qui ont peut-être un peu moins, ben pas moins mais euh vis-à-vis de créer une approche plus euh plus particulière par rapport au patient voilà peut-être qu’ils ont peut-être plus besoins mais voilà je suis pas sûr mais en tout cas au niveau hospitalier je pense que c’est important d’avoir cette blouse. »

- Moi : « Pour l’hygiène.. ? »

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- IDE : « Que ce soit pour l’hygiène ou pour la relation que tu as avec les gens aussi. On peut pas, voilà faut mettre certaines barrières dans certains moments. Peut-être plus que d’autres même. Je pense que c’est important le port de la blouse. Là je verrais mal. On arrive beaucoup plus à identifier les gens aussi. C’est vrai que dans un service il y a beaucoup de personnel, donc euh ça tourne beaucoup donc c’est vrai que « ben là y a une blouse blanche il a une tenue il fait partie de l’hôpital » alors que si personne n’avait cette blouse blanche c’est vrai que ce serait plus difficile. »

Les représentations de la « blouse blanche », de l’infirmière

- Moi : « Pour toi qu’elle est la représentation de l’infirmière par la société et les patients ? »

- IDE : « La représentation du métier tout ça ? Ben c’est vrai que c’est un métier qui n’est pas forcément très valorisant par rapport aux soins et tout ça, mais justement par rapport à ça la population est plus dans le soutien car ce n’est pas un métier qui n’est pas forcément très très facile et que donc les gens qui font ce métier ont du courage. Mais après c’est peut-être ma représentation à moi mais ce que j’ai pu vivre dans les services, ils sont reconnaissant tout ça. Après les gens voilà, ça dépend de leur culture donc c’est vrai que chacun à sa représentation »

- Moi : « Et pour toi le vêtement infirmier, la blouse blanche qu’est-ce que ça représente ? »

- IDE : « Pour moi la blouse blanche c’est plus une question d’hygiène, c’est vrai qu’on est amené à travailler avec des éléments du sang, on peut se salir, voilà c’est important que ça reste dans un cycle d’hygiène et de lavage voilà. Et puis par rapport à l’outil qu’on puisse avoir par rapport à bien identifier les gens à savoir « tiens c’est quelqu’un de médical, paramédical » c’est-à-dire que les gens..pour dire justement les gens quand ils me voient en plus en tant qu’homme..quand ils me voient entrer dans une chambre ils me voient ils me disent que je suis un médecin parce qu’ils me voient habillés en blanc..et que voilà je suis un homme..et qu’ils font des parallèles comme ça. Il y a ça qui rentre en compte alors que si peut-être on avait pas de tenues..ben là.. »

- Moi : « Donc la blouse peut véhiculer, les patients peuvent percevoir la blouse comme tout de suite le savoir par rapport au médecin.. ? »

- IDE : « Il y a ça mais en plus de ça c’est dans cette relation là ce qui chinte un peu c’est que je suis un garçon. Ça évolue maintenant mais c’est vrai que..le »

- Moi : « Ca a toujours été des femmes qui étaient infirmières alors maintenant dès qu’ils voient un homme.. »

- IDE : « C’est ça, voilà c’est ça. Alors que c’est pas forcément vrai. Alors comme on dit l’habit ne fait pas le moine. » [rires]

- Moi : « Et les blouses en couleurs ? »

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- IDE : « Bah les blouses en couleurs, ouais, moi c’est pas..Ben on pourrait aller plus loin ouais vis-à-vis de ça ? Le médecin en blanc, l’infirmier en bleu.. Après il existe déjà ça avec les différents secteurs. En service c’est blanc, au bloc ça va être peut-être plus bleu. Mais euh non l’important après, je reviendrais toujours sur la même chose, l’hygiène c’est le plus important. »

- Moi : « D’accord, moi j’ai vu dans un stage où les différents professionnels avaient des couleurs, il n’y avait pas de couleurs blanche »

- IDE : « D’accord, oui oui on pourrait amener à faire ça pour voir justement à quel interlocuteur les gens s’adressent mais bon après à côté de ça c’est bien d’entrer dans une chambre et de savoir se présenter mais non l’histoire de couleur.. »

La distance professionnelle

- Moi : « Comment définirais-tu la distance professionnelle ? »

- IDE : « Alors la distance professionnelle déjà on l’acquiert pas tout de suite au moment du DE. On..on l’a mais on arrive mieux à la gérer au fur et à mesure des années, au fur et à me sure de, de..l’expérience. C’est vrai que dans certaines situations on peut être touché et donc ça ramène peut-être des émotions dans chacun et donc là-dessus c’est au fur et à mesure du temps qu’on commence à mieux gérer cette distance-là. Mais il est vrai que pour être bien dans ses baskets il faut en avoir une. »

- Moi : « D’accord donc la distance professionnelle serait du coup de ne pas rentrer dans une relation trop.. »

- IDE : « Non non c’est savoir mettre à l’aise les gens sans pouvoir non plus rentrer dans des choses trop personnelles. Que ce soit quand on sent bien que les gens veulent se, se, se livrer..Toi t’es là pour écouter, t’es pas là pour juger, tu écoutes. T’es pas là non plus pour dire moi j’ai besoin.. Après tout ça c’est l’expérience qui fait. Moi au début j’étais pas forcément à l’aise avec ça et voilà maintenant c’est quand même plus facile et je pense que c’est vraiment bien car dans certaines situations ce serait trop difficile et après pour faire ce métier c’est vrai qu’au fur et à mesure on écoute, on entend. Est-ce qu’on peut s’habituer à des choses difficiles ben c’est ça voilà faut relativiser pour essayer de bien faire son boulot plus tard »

- Moi : « Et est-ce que tu penses toi avoir eu le sentiment d’être trop « proche » d’un patient ? »

- IDE : « Inéluctablement. Il y a forcément un jour ou l’autre où ce sera trop proche. Il y a aura trop de parallèles par rapport à ta vie..y a des moments t’es obligés. C’est obligé et c’est justement là que ben hé on est pas des..on est des êtres humains hein.. Je veux dire l’émotion, les sentiments ils sont là donc du coup de mettre cette distance là des fois c’est difficile. On est des humains, on ne peut pas être des machines » [rires]

- Moi : « C’est un peu un transfert.. »

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- IDE : « Il y a ça ouais c’est ça mais après t’es pas tout seul dans une équipe, même si c’est pas fait dans une réunion tu peux faire un débrief tout de suite. Donc là cette distance-là tu vas pouvoir mieux la gérer tout de suite. »

- Moi : « Et est-ce que tu penses que la blouse permet de maintenir cette distance ? »

- IDE : « Ouais, ouais ouais. Ouais mais ça dépendra toujours des gens qui sont en face de toi. Tu pourras pas, y a des gens qui « les blouses tout ça » ne vont pas forcément en faire ça, je veux dire émotionnellement ils vont se lâcher un peu et donc du coup ils peuvent..justement que ce soit une blouse blanche « bam » ils vont se lâcher et ça va leur permette d’évacuer. Donc euh non la blouse blanche sert à beaucoup de choses. Mais c’est vrai qu’il y a des gens qui ne sont pas forcément très très à l’aise avec ça. Rien qu’à voir la blouse blanche ils sont angoissés.. »

- Moi : « Oui le syndrome de la blouse blanche »

- IDE : « C’est ça, ils ont des montés de tensions..alors qu’il y a rien de.. »

- Moi : « Et par rapport au milieu libéral, est-ce que tu penses que la distance professionnelle peut-être différente par rapport au milieu hospi ? »

- IDE : « Ben après le milieu libéral c’est pas forcément pareil. On se déplace chez les gens, on est chez eux, on est dans leur environnement, là c’est eux qui viennent dans notre environnement. Donc du coup ça doit être vachement plus anxiogène pour eux de venir ici à savoir toute la structure qu’il y a « les blouses blanches, les machins trucs » donc du coup cette relation là doit être un peu plus difficile ici. Après à savoir au niveau des infirmiers libéraux, moi j’ai pas eu l’occasion mais après il y a souvent là, on parle peut-être pas de blouse mais de valises, là ça pourrait montrer aussi.. mais je pense que c’est deux lieux qui sont différents. Pas les mêmes environnements. La personne est peut-être déjà un peu plus en confiance chez elle, il y a d’autres liens qui peuvent se créer. Ici les hospitalisations sont relativement courtes. Les soins à domiciles c’est plus de la longueur, du suivi. C’est pas forcément pareil. C’est pareil moi quand je suis resté une longue période dans le long séjour, d’accord on garde une distance vis-à-vis de la blouse, on sait qui on est tout ça, mais c’est vrai que les relations sur du long terme vont être un petit peu différente par rapport à des hospitalisations courtes.

L’identité professionnelle

- Moi : « Selon toi, qu’est-ce que l’identité professionnelle ? »

- IDE : « L’identité professionnelle…Euh alors en tant qu’identité professionnelle..Par rapport à la.. ?

- Moi : « Par rapport à toi, la profession »

- IDE : « Elle est inscrite sur ma blouse » [rires] « Non non mais

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- Moi : « Ce qui fait qui tu es. On a chacun notre identité à nous mais aussi notre identité professionnelle.. »

- IDE : « Euh ben moi l’identité professionnelle ça revient un peu à dire vis-à-vis de la représentation que j’ai de l’infirmière en générale, ben moi par rapport aux différents services et par rapport aussi justement à mon identité, c’est faire preuve de rigueur, être bien organisé, avoir justement euh ben d’écouter les gens, détecter des choses qui font que ça va pas. Après bien sûr on travail pas tout seul, pour moi cette identité là ben ça fait parti de la conception professionnelle que j’ai. Cet identité c’est la mienne, peut-être que je suis trop.. Moi j’aime bien quand c’est carré, quand c’est clair, quand c’est bien fait comme il faut. »

- Moi : « Et est-ce que justement le vêtement de l’infirmier renvoie à l’identité professionnelle ? »

- IDE : « Euh ben ouais justement je sais pas. Justement quand les gens te voient entrer dans une chambre ils pensent au médecin, donc c’est là que ça peut fausser les choses. Moi en tant qu’homme c’est ça qui peut..Mais bon après tu recadres les choses tu dis « voilà moi je suis infirmier ». C’est vrai qu’ils voient tellement d’interlocuteurs donc ils ne savent plus qui est qui.. Ils sont un peu perdu.. »

- Moi : « Oui pour l’identification c’est un peu.. »

- IDE : « Oui l’identification voilà c’est ça !. C’est vachement difficile our eux. Y en a ils connaissent les visages tout ça donc ils arrivent mais c’est pour moi la blouse dans cet identité professionnelle là il n’y a pas..

- Moi : « Dans le service que je disais, les ide étaient de couleur différente que les AS qui étaient encore de couleurs différentes que les brancardiers donc c’est vrai que l’identification était plus facile »

- IDE : « Oui voilà complètement. »

- Moi : « Pour toi, pour la construction de ton identité professionnelle est-ce que ça a joué ? »

- IDE : « Moi je pense que ouais..Si si »

- Moi : « Ca t’a permis de mieux t’identifier au rôle ide ? »

- IDE : « Euh ouais non, moi ça m’a pas..C’est pas ça qui a fait de moi ce que je suis. Je reviens sur le principal intérêt que ça a pour moi, c’est l’hygiène. Après je porterais une blouse bleu, une blouse verte.. C’est l’hygiène.

Conclusion

- Moi : « D’accord, est-ce que tu as quelque chose à rajouter ? »

- IDE : « Non non

- Moi : « Ben merci beaucoup »

- IDE : « Ben de rien »

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Entretien n°2 : IDE femme milieu hospitalier

Profil de l’interviewée

- Moi : « Quel âge as-tu ? »

- IDE : « 50 ans »

- Moi : « Quelle est la date de ton DE ? »

- IDE : « 1986 »

- Moi : « Peux-tu me dire brièvement ton parcours professionnel ? »

- IDE : « Long séjour pendant 1 an, ensuite soins intensifs, et puis entre deux ben services de coronarographie, j’ai fait un peu de réanimation aussi.»

Les représentations de la blouse blanche, de l’infirmière

- Moi : « Selon toi quelle est ou quelles sont les fonctions de la « blouse blanche », du vêtement infirmier ? »

- IDE : « Ca a une fonction à mon sens de..comment je vais dire..de..de propreté, de barrière, de..[blanc], d’impact vis-à-vis du patient parce qu’au moins il sait qu’une blouse blance qui rentre dans la chambre c’est forcément..fin ça veut dire soins. »

- Moi : « D’accord, l’identification quoi »

- IDE : « C’est ça. Ca identifie un soin, fin ça peut être aussi un soins psychologique, ça peut aussi être juste des paroles, une explications. Et puis ben aussi le symbole de barrière contre les microbes, de protection quoi.

- Moi : « Et que penses-tu de l’uniforme du vêtement infirmier dans certains milieux de soins ? »

- IDE : « Ben je pense que dans certains services de soins comme par exemple les services plus ciblés comme la psychiatrie par exemple où les gens peuvent être dépressifs etc.. C’est plus des soins psychologies donc il y a moins ce risque d’infection, et la blouse blanche par contre elle peut bloquer dans le soin parce que le soignant n’est plus à mon sens au même niveau que le patient. Je pense que dans ces services là il faut que le soignant il soit ben comme le patient quoi. Dans certains services, la blouse blanche peut paraitre comme quelqu’un qui est supérieur à toi puisque que toi tu es dans un lit donc tu es entre guillemets diminué. Il y a une notion de pouvoir. »

- Moi : « Et donc en psychiatrie.. »

- IDE : « Oui je pense essentiellement dans des services où les gens sont déprimés ».

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- Moi : « Mais par rapport au libéral, il y a quand même toujours ce risque infectieux »

- IDE : « Oui mais je pense que quand tu fais certains soins en libéral, pour faire certains soins j’hésiterais pas à dire « ben je viens avec une blouse ». Après forcément c’est pas la même dimension non plus puisque tu vas chez les gens donc encore une fois faut pas que tu te montres comme quelqu’un, fin qu’il est dominé, qui est supérieur à eux car c’est pas dans cette vision là que tu y vas mais euh comment je vais dire, fin pour un soin j’hésiterais pas. Faire un gros pansement, un gros pansement d’escarre. Oui j’hésiterais pas à mettre une blouse. »

- Moi : « D’accord. Selon toi quelle est la représentation de l’infirmière par la société et les patients ? »

- IDE : « Je pense que l’infirmière est bien vue par la société, les gens s’en font une grande image et il y a quand même une grande notion de respect vis-à-vis de notre métier je pense. Euh maintenant après il y a aussi une autre représentation, ben qui est complètement à l’inverse, négatif, euh par exemple fin avec une connotation pseudo sexuelle voilà hein.. Donc euh.. Il y a ces deux côtés. Mais quand les gens parlent sérieusement du métier, on est quand même, c’est une profession qui est respectée et reconnu comme telle. »

- Moi : « D’accord donc il y a deux représentations, le versant « respecté » et le versant « fantasmatique » euh »

- IDE : « [rires] Oui voilà voilà. Mais en fait la blouse blanche est apparentée à l’uniforme et puis c’est vrai que dans le temps c’était même pas des tenues pantalon tunique, c’était des blouses qui étaient quand même assez transparentes..moi j’ai connu cette époque..on mettait soit un short ou un jupon en dessous car c’était trop transparent quoi. Donc euh de ce fait là je pense que ça a aussi accentué cette connotation de fantasme vis-à-vis de.. »

- Moi : « Et toi ta représentation du métier de l’infirmière ? »

- IDE : « Je trouve qu’on fait un très beau métier. Soigner des gens. On fait un très beau métier qui est.. Ben.. C’est dommage pas suffisemment comment je vais dire..Rémunéré..Si je peux le dire.. Par rapport aux responsabilités qu’on a, par rapport aux horaires qu’on fait..Par rapport à tous les changements d’horaires qu’on accepte de faire et qui ont quand même un impact sur notre santé à nous.. Ben ça c’est pas assez pris en compte je trouve. Mais je trouve que oui, on fait un très beau métier. Je regrette pas malgré les inconvénients au quotidien..

- Moi : « Pour toi, le vêtement infirmier représente quoi ? »

- IDE : « [blanc] Pour moi ça représente..[hésitation, sourire]..la première fois que j’ai vraiment eu ma blouse blanche quand j’ai été infirmière j’avais quand même un sentiment de fierté, j’étais infirmière quoi. J’étais quand même très fière, fière de faire ce métier. Bon maintenant forcément..je la mets plus par automatisme et par nécessité. Mais je veux dire, je trouve que ça reste quand même une étiquette, une fierté de porter la blouse. Se dire voilà je suis infirmière, je soigne des gens, je sauve des gens..Ben ça ça représente.. »

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- Moi : « Ca représente donc le métier et.. »

- IDE : « Oui.. et tout ce que ça en découle. Mais ma représentation de la blouse blanche ça ne représente pas que la barrière pour les soins. Ca représente autre chose à mon niveau ».

- Moi : « Que penses-tu que ce vêtement puisse véhiculer envers les patients.. Comme tu disais le pouvoir tout à l’heure ? »

- IDE : « Ben oui quand les patients te voient arriver tu sens que ben voilà il y a tout le temps cette notion de respect qui arrive. Les gens vont éteindre leur TV. Ils vont arrêter de parler. Même les familles vont se bouger parce que LINFIRMIERE rentre, il y a quand meme cette notion de LINFIRMIERe arrive, donc respect on aspire quand même le respect et je trouve que ça c’est quand même valorisant. J’apprécie, et les gens nous écoutent, on sent qu’on a quand même un poids. Justement le fait de cette blouse blanche, ce qu’on dit a plus de poids que quelqu’un qui va dire la même chose et qui n’est pas en blouse blanche. Ca n’aura pas du tout le même impact. »

- Moi : « Et les blouses en couleurs qu’est-ce que tu en penses ? »

- IDE : « Pourquoi pas.. En revanche, le bas des manches d’une couleur différente pour l’infirmière ou l’aide-soignante euh ou l’AP etc.. Moi je trouve que c’est bien parce que ça permet au patient ou aux familles de savoir à qui ils s’adressent. Parce que des fois les patients ne savent pas si on est infirmière, aide-soignante.. Ils ne savent pas nous identifier, ils sont obligés de lire sur notre blouse ou de nous demander et ça je trouve ça dommage. Bon après des blouses entièrement de couleur je trouve pas nécessaire mais au moins avoir une démarquation. »

La distance professionnelle

- Moi : « Comment définirais-tu la distance professionnelle ? »

- IDE : « Pour moi la distance professionnelle c’est la distance que tu mets que t’apportes entre toi et le patient. Tu sais que tu dois rester professionnelle vis-à-vis du patient même si quelque fois le patient pose des questions « vous habitez où » etc.. voilà tu peux répondre vaguement mais tu après tu rentres pas dans les détails de ta vie privée avec le patient. Que lui te raconte sa vie privée d’accord ça pose pas problème mais que le patient te pose des questions sur ta vie privée que toi tu racontes ta vie, non on est pas là pour ça. C’est pas dans notre rôle là. »

- Moi : « Est-ce que toi tu penses avoir déjà eu le sentiment de n’avoir pas mis de distance suffisante avec un patient, t’être sentie trop proche ? »

- IDE : « J’ai eu ce sentiment une fois mais j’étais étudiante infirmière. Dans un centre pour handicapés physique où là on ne mettait pas de blouse. J’étais avec des jeunes qui avaient mon âge, et c’était difficile. Là c’était difficile. En plus quand t’es jeune, t’as pas d’expérience. J’avais pas de recul. »

- Moi : « C’est euh..l’âge qui a fait que c’était difficile ? »

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- IDE : « Ben en fait je pense pour être clair que je lui plaisais et que comme lui il était en fauteuil roulant, fin handicapé, ben j’avais un peu de difficulté à le..le repousser parce que je voulais pas lui faire de mal mais en même temps je me culpabilisais.. Mais donc bon j’ai réussi mais en fait j’aurai dû être beaucoup plus tranchante dès le départ. J’ai eu un peu de mal à me tirer de ce patient. »

- Moi : « Et là dans cette situation tu n’avais pas d’uniforme ? »

- IDE : « Non, il n’y avait pas de blouse »

- Moi : « Et est-ce que tu penses que s’il y avait eu la blouse ça aurait pu maintenir une distance ? »

- IDE : « Peut-être. Parce que là il me voyait comme une copine car j’étais habillée en civil. Mais bon je sais pas, je peux pas répondre. Mais sans doute que ça aurait joué oui. »

- Moi : « Est-ce que tu penses que la blouse permet de mettre une barrière dans la relation soignant-soigné ? »

- IDE : « Oh oui quand même. Oui je trouve que oui. Maintenant ça met une barrière qui est je pense vraiment nécessaire, en plus à l’hôpital en revanche à domicile sauf si en cas de vraiment de nécessité de pour faire certains soins. Sinon je pense que c’est plus convivial pour les patients au domicile, qu’il n’y ait pas cette barrière de la blouse. Car tu vas chez les gens, tu vas dans leur intimité. On est pas dans la même dimension du soin. Puisque tu vas chez eux, tu vas vraiment dans leur intimité ».

- Moi : « Y a forcément des moments en milieu libéral par rapport aux contextes du coup il y a moins de distances alors ? Par rapport au milieu hospitalier ? »

- IDE : « Oui tu mets forcément moins de distances. Parce que les gens te voient arriver en civil. Ils voient avec quelle voiture tu viens. Ils voient ben ils savent que tu habites forcément pas très loin ou alors ils te demandent et forcément tu leurs dis. C’est pas pareil. Tu arrives chez des gens où il y a des enfants ben euh forcément ils vont te demander « et vous vos enfants ? » donc tu as des questions plus personnelles qui arrivent alors que tu vas pas être confronté à ça à l’hôpital. »

L’identité professionnelle

- Moi: « Selon toi qu’est-ce que l’identité professionnelle ? »

- IDE : « Ben pour moi l’identité professionnelle, c’est ça c’est le mot infirmière, c’est notre identité professionnelle. C’est pas notre nom ou.. Mais l’identité professionnelle c’est de pouvoir mettre une profession sur quelqu’un et sur une blouse. »

- Moi : « Et toi comment tu perçois toi ton identité professionnelle infirmière ? »

- IDE : « Ben moi je la perçois bien mais plus on avance dans le temps, moins on a de reconnaissance professionnelle. Nos qualités professionnelles sont de

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moins en moins reconnues quand même. Pas par les patients mais par nos supérieurs. Et ça je trouve ça très dommage, parce que je trouve qu’on perd une partie justement de cette identité professionnelle et on comment je vais dire euh..on est moins motivé à faire perdurer cette identité justement et à être encore plus fière parce que justement on commence entre guillemet lasse de ce manque de reconnaissance par nos supérieurs »

- Moi : « Et la blouse, tu me l’as dis, elle renvoie donc à l’identité professionnelle, tu l’as dis que c’était une fierté. Et est-ce que justement elle a joué un rôle dans la construction de ton identité professionnelle ? »

- IDE : « Oui je pense. T’es fiere de ton métier, t’es fier de ce que tu fais. Mais bon c’est pas tant l’uniforme en lui-même qui te rend fier mais c’est la profession qui est rattaché justement à cette blouse et la reconnaissance des patients. Mais personnellement ça m’a aidé aussi à avoir plus confiance en moi dans la vie de tous les jours. D’avoir un métier où on est reconnu par les patients, où on soigne, où on sauve des gens. Ben j’avoue que ça m’a permis de grandir dans la vie de tous les jours. Parce que tu sens que t’as un certains pouvoir entre guillemet de..de..dans les soins et..tu arrives à faire des choses qui te donnent confiance en toi au fur et à mesure du temps et ça se répercute sur ta vie personnelle. En tout cas moi ç s’est répercuté »

Conclusion

- Moi : « Si on te proposait de travailler en civil ou en blouse tu choisirais quoi ? »

- IDE : « La blouse. En milieu hospitalier oui, je choisirais la blouse oui sans hésiter. Je me verrais pas travailler en civil »

- Moi : « Par rapport à.. ? »

- IDE: « Ben par rapport à déjà quand même à tous les germes, à l’hôpital..Au niveau hygiène je trouve que ce serait pas du tout adapté et puis encore une fois quand on parle de la dimension soignant-soigné ben là il y en a plus quoi. Tu vas aller dans les chambres, on sait pas si c’est une visite ou un soignant. Tous les repères sont perdus quoi. »

- Moi : « Est-ce que tu as quelque chose à rajouter ? »

- IDE : « Ce que j’aurai à rajouter, je ne sais pas pourquoi je l’ai pas dis, je ne sais plus où c’est que quelque fois mais quand on parlait du fantasme etc.. Ben voilà je pense au patient que je devais raser en bermuda pour une coronarographie j’ai dû arrêter le soins et aller chercher un infirmier pour faire à ma place. Je pense que la blouse etc.. ça le faisait fantasmer. »

- Moi : « D’accord, lui ça lui a renvoyé l’image de l’infirmière entre guillemet sexy »

- IDE : « Voilà exactement.

- Moi : « Donc là la blouse n’a pas mis une barrière.

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- IDE : « Oui ça lui a provoqué l’effet inverse. Bon après ça reste rare ce genre de situation. Voilà »

- Moi : « Ben merci beaucoup »

- IDE : « Ben de rien [rire] »

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Entretien n° 3 : IDE femme, libérale

Le profil de l’interviewée

- Moi : « Quel âge as-tu ? »

- IDE : « 45 bientôt »

- Moi : « Quelle est la date de ton DE ? »

- IDE : « 1993 »

- Moi : « Est-ce que tu peux me dire brièvement ton parcours professionnel ? »

- IDE : « Donc euh j’ai passé mon DE en réa, j’ai été embauchée euh pour un service de réa pour des remplacements d’été, j’ai fait deux mois, et à la suite de quoi j’ai enchainé avec un poste aux urgences et euh au bloc. On tournait sur les deux services urgences et bloc et j’ai dû rester jusqu’en 2005. Et en 2005 on a changé de région, on s’est installé en Bretagne et j’ai démarré en 2006 en libérale. »

Les fonctions du vêtement professionnel de l’infirmièr(e)

- Moi : « D’accord. Donc on va parler du coup des fonctions du vêtement de l’infirmière, pour quoi quelle est ou quelles sont les fonctions de la « blouse blanche » ? »

- IDE : « Ca identifie le personnel soignant, ça a aussi une fonction de protection on va dire dans les services ben par exemple aux urgences. C’est vrai qu’on est souvent, ou du sang ou du charbon quand on fait les lavages des trucs comme ça donc c’est vrai que là ça protège aussi. Euh.. C’est vrai que ça peut être un point de repère aussi pour les patients dans les services, souvent il y a des codes couleurs.

- Moi : « Que pensez-vous du non port de la blouse dans certains milieux de soins ? »

- IDE : « Moi ça me choque pas du tout. Je la porte euh pas. Pratiquement tout le temps. Je la porte pour certains soins. Je la porte quand je travaille sur les chambres implantables. Là je porte une blouse en pratique jetable. Mais sinon..en maison de retraite je serais assez pour qu’il n’y ait pas de blouse. Dans les lieux de vies. Quand c’est lieu de vie, je trouve que ça met des barrières euh voilà. C’est vrai que au départ quand j’ai démarré en libéral, je me suis posée la question. Ma collègue en portait donc euh elle m’a dit que je faisais comme je voulais. J’ai fait ma tournée la première fois j’ai regardé. J’ai pensé qu’avec les soins qu’on faisait ce n’était pas nécessaire.

- Moi : « Quand il y a un risque en fait.. »

- IDE : « Oui il n’y a pas de grands risques infectieux hors mis les chambres. C’est les seules choses qu’on fait euh à domicile. Il peut y en avoir d’autres mais on ne fait pas pour l’instant »

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- Moi : « C’est vrai qu’en EHPAD c’est un lieu de vie finalement et il y a le port.. »

- IDE : « C’est un lieu de vie, voilà. Bon ceci dit c’est vrai qu’on fait quand même attention, enfin moi je fais attention aux vêtements que je porte, qu’il n’y ait pas de choses trop amples, ou euh j’enlève mes foulards quand je rentre, euh voilà j’attache mes cheveux quand je fais des pansements ou des choses comme ça. Je fais quand même attention à ça, mais c’est vrai qu’i n’y a pas de blouse »

Les représentations de la blouse blanche, de l’infirmière

- Moi : « Selon toi quelle est la représentation de l’infirmière par la société et les patients »

[blanc] [rires]

- IDE : « Surtout qu’en libérale c’est différent. C’est complètement différent. On change de statut complètement par rapport à l’hôpital. Je trouve. Parce qu’en libéral c’est le patient qui choisit son infirmière. Donc euh j’allais dire on fait presque partie de la famille au bout d’un moment. » [Arrêt de l’enregistrement, quelqu’un frappe à la porte]. On avait un statut particulier par rapport au patient. En fait c’est eux qui nous choisissent alors qu’à l’hôpital les infirmières leurs sont imposés, ils n’ont pas le choix. Donc bon c’est complètement différent. Notre statut est complètement différent. Les patients me le disent d’ailleurs.

- Moi : « Et toi du coup ta représentation de l’infirmière ? »

- IDE : « Euh bah, moi elle n’est pas changée par rapport euh par rapport au fait de travailler à l’hôpital, par rapport au libéral en fait. Un accompagnement j’allais dire du patient dans le soin et euh dans sa vie aussi, dans sa dépendance, encore plus à la maison quoi. »

- Moi : « Que représente pour toi la blouse blanche ? »

- IDE : « Pas grand-chose [rires]. C’est peut-être pour ça que je n’y suis pas tellement attachée. Parce que oui c’est un vêtement de travail donc euh mais pas tellement plus. Au niveau symbolique il ne représente pas grand-chose pour moi je trouve »

- Moi : « Mais euh vous disiez fonction d’identification »

- IDE : « Ouais mais pas tellement en fait »

- Moi : « D’accord

- IDE : « C’est peut-être pour ça que j’ai renoncé assez facilement aussi. Non c’était plus à l’hôpital une protection. Au bloc la question se posait même pas. Aux urgences c’était plus pour se protégeait de ce que l’on pouvait se ramasser sur les blouses. Et à la maison voilà j’y suis pas attachée. La symbolique de la blouse moi j’y suis pas attachée »

- Moi : « Vous ne faites pas le lien tout de suite avec le milieu médical »

- IDE : « Non enfin moins [rires] mais c’est vrai que les gens oui »

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- Moi : « Eh ben justement que pensez-vous que euh cette blouse puisse véhiculer envers les patients ? »

- IDE : « D’un côté ça leur permet de reconnaitre tout de suite, ce qu’ils ont affaire à des soignants et d’un autre côté je trouve que ça met un peu des barrières, ça laisse un peu le soignant un peu au-dessus, ça donne un peu une sorte d’aura, euh mais le soignant légèrement au-dessus des patients qui créer une barrière quand même »

- Moi : « Un petit peu de pouvoir.. »

- IDE : « Ouais et les gens par rapport à ça ont tout de suite un peu de réticence à parler peut-être plus facilement. Je sais pas mais il me semble que sans (la blouse), les gens sont plus ouverts. »

- Moi : « D’accord, vous avez vu peut-être une différence euh.. ? »

- IDE : « Oui, oui mais après est-ce que c’est dû au fait que l’on aille chez eux ? Car c’est quand même différent. L’idéal serait de trouver des lieux de vies par exemple une maison de retraite où ils ne portent pas de blouses et voir si vraiment il y a une différence. Je pense que c’est plus là qu’on doit se rendre compte. A la maison c’est vrai que voilà on a un statut complètement différent donc euh c’est difficile. »

- Moi : « Et euh les blouses en couleurs ? On en voit dans certains services, qu’en penses-tu ? »

- IDE : « Oui j’ai une collègue qui porte des blouses en couleurs, je trouve ça très sympa, je trouve que ça enlève un petit peu ce côté blanc » [rires]

- Moi : « Oui un peu plus de gaieté euh »

- IDE : « Oui plus de gaietés dans les services et euh j’ai l’impression que ça enlève cette barrière »

- Moi : « D’accord »

La distance professionnelle

- Moi : « Concernant la distance professionnelle, comment définirais-tu la distance professionnelle ? »

- IDE : « Euh ben cette blouse par exemple met une certaine distance. Moi à la maison quand je, enfin quand j’interviens chez les patients j’ai pas de blouses par contre je les vouvoient. Je vouvoie absolument tous mes patients. Je les appelle par leurs prénoms quand ils me le demandent. Ils me demandent tous de les tutoyer, je l’ai jamais fait. Mes collègues le font moi je l’ai jamais fait je leurs ai expliqué pourquoi. J’ai reporté peut-être la blouse sur la façon de leur parler. »

- Moi : « D’accord, ça permet de garder une distance »

- IDE : « Oui voilà, ça permet de garder une distance et va reste chez eux, on est souvent traités aussi bien que leurs enfants, cafés, gâteaux, ils nous font la bise.

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Mais le vouvoiement moi ça m’a permis de garder..voilà j’interviens en tant que professionnel donc voilà si un jour il faut faire preuve d’un peu de fermeté par rapports aux traitements qu’ils veulent pas prendre..ça me permet quand même de rester dans mon rôle de soignante et pas d’enfant de mes patients »

- Moi : « Est-ce que vous avez déjà eu le sentiment de vous sentir trop proche d’un des patients ? »

- IDE : « Euh non parce que, on s’implique beaucoup. C’est vrai qu’à la maison on s’implique beaucoup, on les voit longtemps, on les voit souvent. On les suit très souvent jusqu’au bout donc euh c’est vrai que c’est difficile. La seule fois où vraiment j’ai eu dû mal c’est quand on accompagnait une jeune dame qui était en soins palliatifs et là ça a été, mais c’était pas tellement par rapport à elle, c’était par rapport à la famille »

- Moi : « D’accord »

- IDE : « Vraiment là on a été jusqu’au bout du bout puisqu’elle est décédée à la maison. Même pour la mise en bière la maman voulait que ce soit nous donc là ça a été difficile, là j’ai eu du mal à passer le cap après mais c’est vraiment la seule fois. C’était vraiment un contexte particulier, il y avait la famille, les frères et sœurs. C’est aussi pas très fréquent, mais c’est vraiment la seule fois où j’ai eu du mal à me détacher. Mais je pense qu’en service ça arrive aussi. A la maison il y a voilà y a des histoires qui touchent »

- Moi : « Et est-ce que vous mettez d’autres mécanismes en place à part le vouvoiement ? »

- IDE : « Euh, euh non moi c’est vraiment le vouvoiement qui me permet de prendre cette distance »

- Moi : « D’accord. Est-ce que vous pensez, vous en avez parlé un petit peu avant, que la blouse permet de mettre une barrière ? »

- IDE : « Oui, je trouve que ça cloisonne un peu.. Pas forcément en bien pour un lieu de vie. Je serais assez pour, les maisons de retraites. J’aimerais bien voir ce que ça peut donner sur le long terme, je serais assez curieuse de voir comment les gens le ressentent »

- Moi : « D’accord. Euh pensez-vous qu’en milieu libéral la distance professionnelle est différente par rapport au milieu hospitalier ? »

- IDE : « Oui parce qu’on suit les patients sur la durée. Surtout moi par rapport aux services que j’avais fait avant. Les urgences voilà c’est une heure et demie. On ne sait rarement ce que deviennent les gens, un petit peu mais pas tellement. Le bloc pareil y a encore moins de contact, souvent ils sont déjà un peu shootés quand ils arrivent [rires] même si on est en poste en salle de réveil, voilà on s’en rappelle plus ou moins. Donc oui j’ai trouvé une énorme différence par rapport à mon parcours. C’est vrai que y a des gens j’ai démarré en 2006, on est en 2015, y a des gens chez qui je vais depuis le début. Donc voilà dix ans ça fait une sacrée histoire. On y va, j’y vais 3-4 fois par semaines donc voilà c’est vrai que c’est du long terme donc voilà forcément il se créer des liens, des affinités. Donc oui il se créée beaucoup de liens, surtout par rapport à ce que j’ai vécue avant.

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L’identité professionnelle

- Moi : « Concernent l’identité professionnelle, est-ce que tu penses que la blouse renvoie à l’identité professionnelle de l’infirmière ? »

- IDE : « Euh oui un petit peu. Moi je me sens pas plus infirmière quand je suis en blouse que quand j’en ai pas. Après peut-être qu’en service c’est différent il y a une sorte de hiérarchie qu’on a pas à la maison parce que du coup les médecins ne sont pas en blouses non plus. Personne n’intervient en blouse »

- Moi : « Donc par rapport à la construction de ton identité professionnelle, la blouse n’a pas joué un rôle ? »

- IDE : « Non, pas du tout »

Conclusion

- Moi : « Si l’on te proposait le choix de te proposer le choix de travailler en civil ou en vêtement infirmier ? »

- IDE : « Je trouve qu’en civil c’est très bien mais ceci dit voilà il faut aussi savoir que certains soins quand ils ont vraiment besoin d’être stériles, à la maison pour l’instant on a que des chambres et quand on travaille sur des chambres là c’est charlotte, masque et blouse. Et euh pour nous et pour le patient. Ceci dit on intervient à la maison donc euh ça m’est arrivé de virer un chien qui était dans le lit du patient [rires] donc bon là on se dit moi je suis toute habillée en stérile et le patient avait dû mal à comprendre pourquoi je virais le chien. Donc voilà on intervient dans un milieu complètement différent donc on s’adapte mais y a des fois..[rires] Mais bon ceci dit voilà quand vraiment y a besoin on peut avoir tout le matériel nécessaire mais c’est quand même assez rare. Ici c’est uniquement quand on fait des soins sur des chambres, des pansements tout ça. On fait attention à avoir les cheveux attachés. Ca rentre un peu dans le truc de la tenue en fait. Pas de vêtement trop large, pas de foulard pas de bijoux, les manches relevées»

- Moi : « D’accord c’est juste la blouse qu’il n’y a pas en fait »

- IDE : « Voilà, enfin moi j’y fais attention »

- Moi : « D’accord, est-ce que tu as quelque chose à rajouter ? »

- IDE : « Non [rires] »

- Moi : « Eh bien merci beaucoup »

- IDE : « De rien, bon courage [rires] »

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Entretien n° 4 : IDE homme psychiatrie HJ

Le profil de l’interviewée

- Moi : « Quel âge as-tu ? »

- IDE : « Alors euh moi j’ai 53 ans, je suis diplômé de 1984 et je ne suis pas infirmier DE mais infirmier de secteur psychiatrique.

- Moi : « Est-ce que tu peux me dire brièvement ton parcours professionnel ?

- IDE : « Alors euh…j’ai travaillé euh..au début de ma carrière dans des vieux services, des services chroniques. Ensuite j’ai eu travaillé en admissions pendant à peu près on va dire une quinzaine d’années. Où là j’ai toujours porté la blouse. Euh pour la simple raison que c’est une question euh..sanitaire.. De protection vestimentaire. Ensuite j’ai commencé à travailler à partir de 1998 en appartement thérapeutique. A l’époque on avait créé ce projet de toute pièce. Et donc euh.. je sais pas si tu connais les appartements thérapeutiques ? »

- Moi : « Si si »

- IDE : « Donc forcément qu’on avait pas de blouse. Et…depuis euh..une dizaine d’année donc je travaille ici à l’HJ où je porte pas de blouse. Sauf dans des situations particulières où ce sont uniquement des blouses de protections pour les ateliers bricolages, pour la cuisine. »

Les fonctions du vêtement professionnel de l’infirmièr(e)

- Moi : « D’accord. Selon toi quelle est ou quelles sont les fonctions de la blouse ? »

- IDE : « Ben la blouse blanche euh…[blanc]..alors quelles sont les fonctions..bah c’est d’abord un rôle d’hygiène, de protection. Au niveau des souillures potentielles et de contamination etc.. Euh elles sont aussi un moyen de se repérer. [blanc]. Et d’être repéré au niveau des équipes. »

- Moi : « D’identification »

- IDE : « Ouais d’identification, de, de, de la part des patients et de la part des visiteurs aussi. Selon le port de la blouse je sais à qui j’ai affaire, soit le médecin, soit l’infirmier, l’aide-soignant ou l’ASH. C’est vrai que si tout le monde a la même blouse.. Et c’est aussi aujourd’hui, ce que moi j’ai connu de différents, c’est identifier les personnes en tant qu’individu et pas qu’en tant que soignant puisqu’elle est nommée sur sa blouse. Moi j’ai travaillé à une époque où on n’était pas nommé.

- Moi : « D’accord il y avait juste la blouse et »

- IDE : « Il y avait juste la blouse. Il n’y avait pas de nom sur la blouse. Pour nous ça nous posait pas de problème ni pour les patients parce qu’à l’époque les durées d’hospitalisation étaient longues, 3 semaines en moyenne aux admissions. Les patients c’étaient souvent des patients qui étaient suivis, donc ils

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avaient le temps de nous repérer. Donc ça nous posait aucun problème. Ensuite lorsqu’il y a eu une réduction de l’hospitalisation des patients, il s’est posé le problème de l’identification des personnes. Mais à l’époque on avait pas cette nécessité-là. On était identifié en tant qu’individu. Voilà monsieur untel c’est le monsieur aux cheveux blonds voilà. Ils avaient le temps de nous repérer. Or, aujourd’hui les durées d’hospitalisation étant de cinq jours, il est évident que la personne ne peut pas nous repérer donc avoir son nom sur sa blouse se justifie tout à fait. »

- Moi : « Que penses-tu du non port de la « blouse » dans certains milieux de soins ? »

- IDE : « Alors pour moi la blouse ne fait pas le professionnel. »

- Moi : « D’accord »

- IDE : « D’accord, euh ce n’est pas parce qu’on a une blouse blanche qu’on a de la compétence. Ça permet au patient de nous repérer mais euh ça peut être aussi pour les jeunes diplômés de, de c’est rassurant d’avoir une blouse blanche puisque ça permet euh, comment à [blanc] ça permet aux visiteurs ou autres de repérer la personne en tant que soignant. »

- Moi : « Mais par rapport au milieu libéral par exemple et les EHPAD qui sont deux lieux de vie, où dans de nombreux EHPAD les soignants portent une blouse blanche et en libéral non, il y a toujours quand même le risque infectieux dans les deux cas donc..qu’est-ce que vous pensez par rapport à ça ? »

- IDE : « Alors euh ce que j’en pense c’est que peut-être les infirmiers libéraux devraient porter la blouse blanche dans certains actes. Mais si la blouse est utilisée pour s’identifier en tant que soignant, c’est sûr que ça pose problème. Pour moi la blouse c’est un outil de protection, c’est pas un outil de qualification.

Les représentations de la « blouse blanche », de l’infirmière

- Moi : « D’accord. Quelle est selon toi la représentation de l’infirmière par la société et les patients ? Les représentations sociales »

- IDE : « Alors la représentation sociale de l’infirmière ou de l’infirmier, elle a évolué parce que moi j’ai connu une époque où les pompiers et services de polices amenaient en hôpital psychiatrique les patients. Euh bien souvent les patients étaient agités parce que les services de polices étaient là donc l’uniforme du policier était identifié à quelqu’un de répressif. Le pompier ça variait, soit il était quelqu’un qui les aidaient soit l’uniforme de pompier et de policier n’était pas différencié et à ce moment-là le patient s’agitait aussi. Mais par contre lorsqu’il voyait la blouse blanche, la plupart du temps (sauf les patients délirants) ils étaient rassurés. Aujourd’hui moi l’impression que j’ai, que ce soit l’infirmier, le policier, le pompier, tous ce qui peut représenter l’autorité de l’Etat est remise en cause et forcément qu’on a plus cette même appréhension de la part du patient. »

- Moi : « Et toi ta représentation ? »

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- IDE : « [ne comprends pas ce qu’il dit à l’écoute de l’enregistrement]. Ca peut par exemple poser un souci, je vais te donner un exemple simple qui te parlera plus, tous les ans on part en séjour voile avec les patients. Lorsqu’on arrive parfois on est pas identifié dans le groupe. Nous sommes sept. L’infirmier qui est en face, qui est de l’hôpital organisateur nous demande « mais qui est l’infirmier ? » bah oui forcément sur ma tête c’est pas marqué que je suis malade ou que je suis infirmier. Moi ça me pose pas de problème. Mais ce qu’il faut toujours se mettre à l’idée c’est que les patients que nous avons à charge soient des individus comme nous, qui ont une pathologie qu’on prend en charge et nous nous sommes aussi avant tout des individus qui exerçons la profession d’infirmier. Donc forcément si on part ensemble, on est dans un groupe donc euh à par certains qui sont un peu marqués par la maladie, on peut pas savoir s’ils sont malades ou pas. »

- Moi : « Et euh que penses-tu que la blouse puisse véhiculer envers les patients, en milieu hospitalier par exemple ? »

- IDE : « Elle peut avoir un côté rassurant puisqu’elle va participer notamment chez le patient psychotique. La présence rassurante du soignant. A contrario le port de la blouse empêche les barrières de tomber et donc toujours dans l’exemple que je prenais tout à l’heure, y a un patient une fois sur un séjour voile je me suis brûlé la main donc je me suis retrouvée en position du patient et j’ai un patient qui m’a fait « ah mais tout compte fait vous êtes comme nous !», c’est-à-dire que nous aussi on pouvait être malade, et donc s’il nous dit que tout compte fait « vous êtes comme nous » c’est que eux aussi. On est tous identique et donc là on atteint aussi l’objectif qu’on se fixe, c’est leur faire prendre conscience qu’ils sont certes malades mais qu’ils sont des individus à part entière et pas seulement qu’une maladie, ça leur permet de reprendre confiance en eux. Ils ne sont pas identifiés que comme patient. »

- Moi : « Et les blouses en couleurs ? »

- IDE : « Alors les blouses en couleurs euh moi à partir du moment où la blouse permet d’identifier la personne, dans son rôle et sa fonction. Ce qui me semble quand même important parce que c’est vrai qu’on va pas aller poser la même question à la dame qui fait le ménage même si elle participe bien évidemment à l’ensemble du travail d’équipe, et au médecin. »

- Moi : « Dans un service où j’ai fait un stage il y avait chaque catégorie qui avait une blouse en couleur différente donc pour l’identification c’était euh plus facile et les patients trouvaient que c’était mieux en couleur que blanc »

- IDE : « Maintenant faire blanc et faire des petites rayures pour. Parce que ce qu’il me semble important ici c’est que euh dans une équipe chacun a sa place et c’est l’ensemble de l’équipe qui prend en charge le soin. Le médecin tout ça ne peut rien faire. Le cadre et l’infirmier ne peut rien faire tout seul. L’aide-soignante non plus. C’est la complémentarité des équipes qui va faire que le soin sera efficace. Et donc peut-être le fait d’avoir une couleur blanc permet aussi au patient de comprendre que c’est toute une équipe. Certains patients pour en avoir fait l’expérience vont être respectueux du médecin, moins respectueux de l’infirmier et plus on va descendre dans la hiérarchie on va voir des attitudes inappropriées vis-à-vis de certains personnels. »

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La distance professionnelle

- Moi : « D’accord. Comment définirais-tu la distance professionnelle ? »

- IDE : « La distance professionnelle c’est de mettre suffisamment en confiance le patient surtout moi qui travaille en psychiatrie, pour qu’il puisse s’exprimer et exprimer ses difficultés, qu’il puisse entendre mon discours de réassurance etc. Euh..tout en gardant cette distance c’est-à-dire que nous sommes dans une relation soignant-soigné, et non pas dans une relation amicale pour qu’au finale. Et c’est pas la blouse qui fait ça. »

- Moi : « D’accord. Tu penses pas que ça puisse permettre de maintenir cette distance ? »

- IDE : « La blouse va..fin c’est pas la blouse qui fait la distance. C’est le lien particulier qu’on va pouvoir tisser. Et je pense que l’absence de blouse peut-être facilitateur. Parce que dans l’inconscient, c’est un peu comme nous lorsqu’on circule sur le rebord de la route, si on voit des gendarmes qui sont en civils ça nous intéresse pas mais dès qu’on voit la voiture de police on se dit qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce qu’on va me demander ? » [rires]

- Moi : « Et est-ce que toi t’as déjà eu le sentiment de n’avoir pas mis de distance avec un patient ? De t’être senti trop proche, d’avoir eu l’impression d’entrer dans une relation de copinage entre guillemet ? »

- IDE : « De copinage non en ce sens où euh.. où en tant que soignant j’ai toujours conscience que je suis avec des patients, même quand je suis en séjour. En séjour on dort avec eux. Ma collègue dort dans la même cabine qu’une patiente. Donc la promiscuité est évidemment réelle. Mais ce n’est pas parce qu’il y a une promiscuité physique qu’il y a cette relation de copinage. On est des soignants avec un équipage de patient sur un bateau. Forcément qu’on va manger ensemble etc etc. Forcément qu’il y a des relations particulières qui se nouent. Et ces relations particulières vont avoir un intérêt puisqu’ultérieurement cette relation de confiance, cette relation désacralise un peu la fonction infirmière dans le sens où l’infirmier aussi a ses faiblesses mais il a aussi ses compétences ce qui va faire que comment que euh… C’est pas parce qu’on des relations particulières, de proximité, de confiance que l’on a instauré avec un patient que la distance n’est pas là. Par exemple c’est pas du tout la même chose de partager un repas sans avoir une blouse qu’avec une blouse. Ca n’a rien avoir. Si je mets ma blouse pendant le repas, je partage mon repas en tant qu’infirmier. Si je partage un repas en tablier ou en civil c’est pas la même chose. C’est aussi ces convivialités que l’on recherche. Et je pense que les patients ici nous identifient parfaitement en tant qu’infirmier. Mais cette relation particulière de confiance, n’empêche pas que nous sommes aussi garant du cadre et que je n’ai pas besoin de la blouse pour rappeler le cadre. »

- Moi : « D’accord. Et vous pensez qu’elle puisse mettre une barrière ? »

- IDE : « Euh éventuellement. Si je reprends l’exemple des repas. Si je mets une blouse à table, « et pourquoi je mets une blouse à table et que les patients n’en porteraient pas ? ». C’est vrai que si l’on échange et que l’on veut entrer dans

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une relation de confiance, il faut que l’on ait autre chose. Ceci étant dit lorsqu’un médecin s’entretient avec son patient notamment en psychiatrie, bien souvent il ne met pas de blouse. A partir du moment où l’on se présente, le patient nous identifie en tant qu’infirmier donc à partir de ce moment-là.. »

- Moi : « Et quels moyens tu mets en place pour maintenir une distance ? Tu parlais du vouvoiement toute à l’heure »

- IDE : « Ici il y a des patients que je connais depuis longtemps et d’autres que je connais depuis moins longtemps. Donc je me vois mal tutoyer des patients et vouvoyer d’autres, donc par définition on a décidé de vouvoyer l’ensemble des patients. Des patients que j’ai eut tutoyé lorsque j’étais dans d’autres secteurs, aujourd’hui je les vouvoie. Au début ils étaient surpris mais je leurs ai bien expliqué. Puis le patient que je vouvoie pourrait penser que j’ai une relation particulière avec celui que je tutoie donc on vouvoie tout le monde. Ce qui n’empêche pas certains patients de me tutoyer toujours. Pour certains je vais leurs rappeler pour d’autres c’est trop difficile alors je fais comme si je n’entendais pas. Je les vouvoient ils me tutoient. »

- Moi : « Est-ce que tu penses qu’en milieu libéral la distance professionnelle peut être différente qu’en milieu hospitalier ? »

- IDE : « Oui tout à fait. En ce sens qu’en milieu libéral il se tisse aussi ce lien particulier puisque les gens vont vers les patients. On rentre chez la personne et au bout d’un moment forcément que le regard du soignant se porte sur le cadre de vie du patient. On rentre dans l’intimité du patient. Et donc ils vont rentrer dans une relation particulière. »

- Moi : « C’est tout un contexte qui fait »

- IDE : « C’est tout un contexte qui fait qu’au fur et à mesure il va se créer un lien particulier et ce lien particulier a sa raison d’être puisqu’il va être réassurant. »

L’identité professionnelle

- Moi : « Est-ce que tu penses que la blouse blanche a pu jouer un rôle dans la construction de ton identité professionnelle ? Je pense que non puisque tu m’as déjà dit que non »

- IDE : « Non, non et puis euh travailler en psychiatrie euh non il n’y avait pas de blouse. On était pas nommé. On était repéré en tant que patient, on faisait beaucoup de choses avec les patients.

Conclusion

- Moi : « Est-ce que tu as quelque chose à rajouter ? »

- IDE : « Euh non. Je pense pas que, c’est pas la blouse qui fait l’identité du soignant. Le plus important pour le soignant c’est pas sa blouse c’est d’avant tout de penser que la personne qu’il a en face est avant tout un individu qui a une

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pathologie et non pas seulement une pathologie. Et c’est parfois difficile en psychiatrie où le relationnel va être parasité par la pathologie psychiatrique. »

- IDE : «

- Moi : « D’accord. Ben merci beaucoup »

- IDE : « De rien, et je te souhaite que, que tu réussisses »

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The eventual impact of the nurse’s workwear in caregiver-patient relationship. Depending on the workplace, nurses wear a formal outfit, in others they are not required to do it. The context of the workplace, added by the fact there is not nationally agreed workwear, can have an impact on the professional detachment in the caregiver-patient relationship.

The aim of this research is to determine if wearing or not a workwear can have an influence on professional detachment in the caregiver-patient relationship.

First at all, an interview guide was implemented with objectives based on the differents concepts studied. Then, four nurses working in different sectors two in hospital, one in psychiatry and one freelance were interviewed. The interviews were classified and analysed one by one and compared with the theoretical framework.

The findings of this research indicate that there is two major functions of the nurse outfit : the hygienic aspect and the identification. It did not demonstrate the professional detachment in the caregiver-patient relationship is linked with the workwear. An interesting result of the interviews was the detachment came from the caregiver behaviour and it’s posture.It is important to note, the professional detachment may be different in liberal sector due to a different care environnment and most of all the freelance status compared with the more established hospital sector.

Key words : Workwear, professional detachment, caregiver-patient relationship, caregiver posture

L’éventuel impact du vêtement professionnel de l’infirmier dans la relation soignant-soigné. Dans certains milieux de soins les infirmiers ne portent pas de tenue professionnelle, dans d’autres ils la portent. De part le contexte de soins ajouté au fait qu’il n’y ait pas de tenue professionnelle, on peut se demander s’il ne peut pas y avoir un impact de cette absence de « blouse » infirmière dans la relation soignant-soigné. Le but de cette recherche est de déterminer si le fait de ne pas porter de vêtement professionnel peut avoir une influence dans la relation soignant-soigné en terme de distance professionnelle. Dans un premier temps un guide d’entretien a été réalisé avec des objectifs en fonction des différents concepts étudiés. Puis quatre infirmiers travaillant dans différents milieux de soins ont été interrogés, deux infirmiers du secteur hospitalier, un infirmier travaillant en milieu psychiatrique et une infirmière travaillant en cabinet libéral. Enfin, les entretiens ont été retranscris et mis sous forme de tableau afin d’être analysés et comparés au cadre conceptuel. Ce travail a démontré qu’il y a deux principales fonctions du vêtement infirmier, la fonction d’hygiène et d’identification. La distance professionnelle dans la relation soignant-soigné ne serait pas vraiment liée au vêtement professionnel mais bien à la posture soignante à adopter. De plus, elle est différente en milieu libéral de par le contexte de soins mais surtout du fait que le statut de l’IDE libérale est complètement différent de celui de l’IDE en secteur hospitalier. Pour conclure, la distance professionnelle n’est pas faite par le vêtement professionnel de l’IDE mais par sa posture soignante. Mots-clés : Vêtement professionnel, relation soignant-soigné, distance professionnelle, posture

soignante

INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS QUIMPER-CORNOUAILLE 1 rue Etienne Gourmelen – BP 170 29107 QUIMPER TRAVAIL ECRIT DE FIN D’ETUDES – Année 2012/2015