ministre de la recherche scienticampack-cm.com/minresi/images/echos/echo dcembre 2017.pdf · dans...

12

Upload: lekien

Post on 14-Sep-2018

217 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Directeur de publication Dr Madeleine Tchuinte

Ministre de la Recherche Scientiique et de l’Innovation

Directeur de rédaction Mme Ebellè Etamé Rebecca Madeleine

Secrétaire Général du MINRESI Directeur de rédaction délégué Pr. Tsopmbeng Noumbo Gaston,

Chef /DVVRR Directeur adjoint à la rédaction

Nicobert Elouga Conseiller à la rédaction

Paul Zébazé Rédacteur en chef

Francine Alang Secrétaire de rédaction Gervais Ignace Atangana

Rédaction centrale Pierre Mbouombouo, Albert Eyike,

Oumar Farouk Mouncherou, Apollinaire Tagne, Yvonne Botong,

Anastasie Ngono, Florine EssoumanMbappè, Samuel Tenkam ;

G. Noel Bouopda, T. Annie Chimi, Yves Léopold Nono, Emmanuel Dekane, Éric Ouotonouo, David

Armel Meke Meke , Edouard Essombé Misse.

Conception et infographie François Xavier Onana Onana

Crédit photo Cellule de l’Information Scientiique

et TechniqueMise en page

Rhema.com

P 3 Editorial

P 4 Evénement

P 5 Inventions et Innovations

P 6-7 Résultats de la recherche

P 8 - 9 Entretien avec...

P 10 Question sur...

P11 Note technique

La recherche scientifique au service del’émergence du Cameroun

SODIS : Une méthode de potabilisation de l’eau

par le soleil

Briquettes de terre améliorées : une solutioninnovante pour la construction des bâtiments

coûts réduits

Pr Jean Louis ESSAME OYONO « L’unité biotech de l’IMPM sera une pionnière degrande envergure dans la fabrication des réactifs

en Afrique subsaharienne. »

La contrefaçon Une création à caractère technique ou artistique,à but commercial ou non, doit être protégéecontre les atteintes illicites. Quel que soit le projetet le domaine d’activité, on peut se retrouverconfronté à un problème de contrefaçon.

Le Roi des herbes : Une plante aux multiples vertus thérapeutiques

P12 Annonces

Priorité à la consolidation d’une masse critiquede chercheurs

« Défis de la consolidation d’une masse critiquedes chercheurs au service du développement du

Cameroun

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 2017 3

Editorial

Dr. Madeleine TCHUINTE

Ministre de la Recherche Scientifique et de l’Innovation

PRIORITÉ À LA CONSOLIDATION D’UNE MASSECRITIQUE DE CHERCHEURS

Le MINRESI par ma voix renouvellesa profonde et déférente gratitudeau Chef de l’Etat pour son œuvre

immense et incommensurable manifestée ces dernières années en faveur duMINRESI, à travers notamment : la prolongation depuis 2015 de la période d’activité de certains Maîtres et Directeurs deRecherche atteints par la limite d’âge dedépart à la retraite. Nous avons ainsi puconserver une masse critique de chercheurs séniors expérimentés au servicede notre pays. Ajoutons à cela le recrutement de quatre cent trente chercheurs en2015 et 2016.

Dans la même logique, le Président de la République du Cameroun, SonExcellence monsieur Paul Biya, vient eneffet encore de manifester sa bienveillante et croissante sollicitude à l’endroitdu Système national de Recherche scientiique et de l’Innovation en décidantpour la troisième fois consécutive, d’autoriser un recrutement de nouveauxchercheurs, en vue du renforcementcontinu de nos capacités en ressourceshumaines.

Il s’agit du recrutement de 173autres projeté pour l’année en cours.C’est entre autre l’une des preuves s’il enétait encore besoin que le Gouvernementde la République a pris l’option de fairede la science, de la technologie et de l’innovation, un instrument économique quiva propulser le Cameroun vers l’émergence impulsée par le savoir et le savoir

faire et une donnée de base garante dudécollage du développement national etcapable de créer des emplois.

Dans cette optique, deuxgrandes orientations ont été déinies notamment : une recherche scientiiqueayant un ancrage décisif sur les déis dudéveloppement économique et social àl’écoute du peuple et de sa culture et unerecherche scientiique ouverte à la coopération et au transfert des techniques,des savoirs et des savoirfaire.

Fautil le rappeler, le Chef del’Etat, son Excellence Paul Biya a ixé lecap de l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. L’atteinte de cette ambitionprésidentielle se fera nécessairementavec la contribution du Système nationalde Recherche scientiique et de l’Innovation. Et c’est parce que j’en suis convaincue que depuis quelques années, j’aiengagé un ensemble de mesures visantnotamment à positionner la recherchecomme un catalyseur des transformations socioéconomiques à même de soutenir les efforts de développement.

Toutes ces actions témoignentnon seulement de la volonté du Gouvernement de la République à engager unprocessus irréversible de redynamisation et de valorisation des résultats de recherche innovants et compétitifs. Celapasse par des conditions de travailconformes aux ambitions des chercheurset par une carrière digne d’un corpsd’élite.

Ainsi, le thème de la Rentrée scientiique2017 au MINRESI est fort révélateur denos ambitions : « Déis de la consolida-tion d’une masse critique des cher-cheurs au service du développement duCameroun». Ce thème nous interpelletous en tant qu’acteurs du Système National de Recherche Scientiique et d’Innovation à assumer, des rôles importantsqui nous incombent tant individuellement que collectivement.

Aussi, je vous demande cherschercheurs, de faire de l’éthique scientiique votre crédo. Vous devez servird’exemples et de modèle pour la nationtout entière. Dénoncez tout comportement malsain et contraire à l’éthique professionnelle. Que votre base decompétence s’appuie sur l’orthodoxie etla déontologie administrative qui promeuvent le respect de la règlementationet de la hiérarchie, la discipline, l’assiduité et la ponctualité.

Le succès du rôle que doit jouerle secteur de la Recherche Scientiique etde l’Innovation pour le développementde notre pays et son émergence à l’horizon 2035, passe inéluctablement par laconsolidation d’une masse critique dechercheurs d’une part et l’établissementd’un lien solide entre l’offre des résultatsscientiiques et technologiques et leurvalorisation industrielle et commercialed’autre part.

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 20174

EvénementLA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU SERVICE DE

L’EMERGENCE DU CAMEROUN

Dans le cadre des confé-rences scientifiques intitulées« Le Mois de la Recherche »,le Dr. DONGMO Thomas, Di-recteur de Recherche et Chefde la Division de la Coopéra-tion Scientifique et Technique(DCST), a présenté le mer-credi 20 septembre 2017 àpartir de 13 heures, les contri-butions du Ministère de la Re-cherche Scientifique et del’Innovation (MINRESI) pourl’atteinte de l’émergence duCameroun à l’horizon 2035.

La conférence qui portait sur lethème « Contribution de la re-cherche scientifique à l’émer-gence du Cameroun àl’horizon 2035 », s’est dérouléedans la salle de conférences duMINRESI en présence de Ma-dame le Secrétaire Général,représentant Madame le Minis-tre Dr. Madeleine TCHUINTEempêchée. Le public, constituéde chercheurs, universitaires,administrateurs, médias etc. aété édifié au sujet de l’état deslieux et des défis à relever par le

Système National de Re-cherche Scientifique et de l’In-novation en vue de l’atteinte del’émergence. Des propos du conférencier, leconsensus tend à reconnaitrequ’un pays émergent est celuiqui satisfait les besoins vitaux etfondamentaux de son peuple.Prenant l’exemple sur certainspays émergents comme le Bré-sil, la Chine, l’Inde, la Russie etl’Afrique du Sud, il a indiqué cer-tains critères d’émergence telsque, le taux de croissance éco-nomique, la taille de la popula-tion, la diversification de laproduction, l’importance des ex-portations et des importations,l’intégration au monde financierinternational, le rôle stratégiquede l’État pour le développement,les investissements dans la re-cherche et le développementpuis la capacité de protéger leterritoire. Par ailleurs, il a pré-cisé que le Groupement Inter-patronal (GICAM) du Camerouninsiste sur la croissance écono-mique durable pour une périoded’au moins 20 ans et l’exporta-

tion de produits manufacturéspouvant répondre à la demandemondiale. Après le rapport diagnostique etles analyses, le Dr. DONGMOa abouti au constat selon lequelle Cameroun exporte essentiel-lement les produits bruts. Ce-pendant, le positionnementgéographique au cœur del’Afrique Centrale, la jeunessede la population, le dynamismede cette population dans sonensemble, le bilinguisme, letaux élevé d’alphabétisation(85%), l’entreprenariat importantdu genre féminin, la diversifica-tion et l’efficacité de la Diaspora,la diversité du climat, le renfor-cement en capacité du person-nel chercheur par des recrute-ments et la volonté politiquesont des atouts indéniables quepossède le pays. Parlant la volonté politique, leDirecteur de Recherche, en par-courant le DSCE et certains dis-cours du Chef de l’État, aénuméré les défis qui interpel-lent le Système National de Re-cherche Scientifique et del’Innovation (SNRI). Il s’agitentre autres de mettre l’accentsur l’accroissement des produc-tions agricoles, animales, ha-lieutiques et forestières àtravers la mécanisation et l’inno-vation, l’augmentation des ren-dements et des superficiesagricoles de l’ordre de 30% parrapport au niveau de 2005,l’agriculture plus intensive dansles filières porteuses de crois-sance et créatrices d’emplois.Des productions animales quisatisfont les besoins nutrition-

nels des populations et déga-gent des excédents pour l’ex-portation et la transformationdes gisements miniers, unechaine des valeurs développéedans les agro-industries et met-tant en place systématiquementdes plans de développementdes industries de transformationdes produits du terroir ainsi queceux du sous-secteur des in-dustries animales, un accroisse-ment de la compétitivité, de lanormalisation et de la qualitédans les entreprises. De façon plus spécifique, le dé-veloppement des Clusters, desincubateurs d’entreprises, de lacoopération avec les parte-naires techniques et financiers,de la formation professionnelleainsi que de la coopération Sud-Sud, de l’intensification du par-tenariat Public-Privé, la mise enplace d’un fonds de développe-ment de la recherche, la meil-leure valorisation des résultatsde la recherche, la meilleuresensibilisation de la Diaspora etla sensibilisation des cher-cheurs sur la notion de la pro-priété intellectuelle sont desaxes majeurs.

Au terme de cette présentationet des échanges, il est à noterque la disponibilité et la mise enœuvre des documents de ca-drage notamment loi d’orienta-tion de la recherche, le plandirecteur de la recherche, le sta-tut des chercheurs, etc. contri-bueraient au renforcement del’apport du SNRI.

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 2017 5

Inventions et InnovationsSODIS : une méthode de potabilisation de l’eau

par le soleil

La méthode dite « SODIS » aété mise au point par les spé-cialistes de l’Institut fédéral

de technologie d’eau et assainisse-ment pour les pays en voie de déve-loppement en Suisse. Elle estexpérimentée au Cameroun depuis2007 au laboratoire d’hydrobiolo-gie et environnement et le WasteWater Research Unit de l’Univer-sité de Yaoundé I. Cette méthodeest une technologie simple de pota-bilisation de l’eau à domicile, peucouteuse, utilisant une ressource du-rable, le soleil, et écologique, quipourrait permettre aux populations,

avant, pendant et après les catas-trophes à l’instar des inondations,d’éviter les maladies d’origine hy-drique, en ne buvant que de l’eaupotable. Elle est soutenable pourl’environnement, durable et ne re-quiert que l’utilisation des bouteillespolyéthylène téréphtalate (PET)plastique et le soleil. A l’usage, l’on n’a besoin que desbouteilles PET dont la différence aété faite avec les bouteilles en PVC,et d’une eau dont la turbidité est in-férieure à 30 NTU, c’est-à-dire uneeau claire. L’eau apprêtée est alorsexposée au soleil horizontalementpendant au moins 6 heures de tempssous un ciel ensoleillé et sur une sur-face réfléchissante, de préférence à

l’abri des enfants et des animaux,ou pendant deux jours si le ciel estnuageux. Une fois l’eau traitée, elleest conservée dans des conditionsde non ré-contamination et à laconvenance du consommateur. Cette technologie a réduit des ma-ladies diarrhéiques dans plusieurspays et apporte une contribution ef-ficace à la prévention des maladiesliées à l’eau et à l’assainissement

par la promotion et le suivi de l’ap-plication de la technique solaire depotabilisation des eaux. Soulignons que les populations deYagoua, Maga et Garoua sont lespremiers bénéficiaires de la méthode

SODIS au Cameroun car, issues deszones les plus touchées par les inon-dations de 2012. De ce fait, le Mi-nistère de la Recherche Scientifiqueet de l’Innovation (MINRESI), à tra-vers le Comité National de Déve-loppement des Technologies(CNDT), a organisé en décembre2014 dans ces villes, des sessions deformation des formateurs sur lestechniques de potabilisation de l’eaupar l’énergie solaire. Ces formateursseront chargés de diffuser ces tech-niques auprès des populations afinde les prémunir des épidémies et au-tres maladies liées à la consomma-tion de l’eau de qualité douteuse.

Implémentation de la méthode SODIS

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 20176

Résultats de la RechercheBriquettes de terre améliorées : une solution

innovante pour la construction desbâtiments à coût réduit

Au Cameroun, le déficitdu logement est impor-tant et augmente avec

l’accroissement de la population.Cette situation se justifie par lecoût élevé des matériaux deconstruction au regard du faiblepouvoir d’achat. De ce fait, dessolutions urgentes et innovantesdoivent alors être trouvées pourinverser la tendance actuelle.

L'utilisation prédominantedes ressources humaines et ma-térielles disponibles localementserait une solution viable au dé-ficit de logement. À cet effet,Novatech a contribué à la résolu-tion de ce problème en dévelop-pant des technologies innovantesnon seulement abordables maisaussi respectueuses de l'environ-nement.

Novatech est un système deconstruction des bâtiments platsou à niveaux à l’aide des bri-quettes de terres préalablementet soigneusement travaillées etmoulées suivant des formesprécises. Il s’agit d’une presse àbriques manuelle intensive capa-ble de produire jusqu'à 800briques de terre entrelacées dehaute qualité par jour avec seu-lement six ouvriers. Les particularités de la presseNovatech sont les suivantes :La force de compactage allantjusqu'à 40 T qui produit unepression de 95 atm (1370 psi),n'est typique que pour les pressesmotorisées, comparée à la pres-sion de compactage des pressesmanuelles sur le marché quivarie entre 10 à 40 atm. Or, lahaute pression est d'une impor-tance cruciale pour la solidité etl'esthétique de la brique. La pression de compactage éle-vée permet de produire des blocsallant jusqu'à 14 cm de hauteur,au lieu d'un standard de 10 cmcommun aux autres presses. Ona besoin de 25 blocs Novatechpour couvrir un mètre carré demur au lieu de 34 des pressesordinaires.Le cycle de production de lapresse est de 25 secondes. La fabrication locale de la ma-chine aide à générer des écono-mies de change.

Novatech est également unetechnologie de construction quiprésente plusieurs avantages.

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 2017 7

Résultats de la Recherche

Sur le plan microéconomique,le produit final est moins cou-teux pour les consommateurs. IIexiste également une plus-valueen terme de gain de temps etd’efforts qui permettrait laconstruction d’un bungalow de90 m2 en deux semaines.

Sur le plan macroéconomique,elle contribue à la limitation del'importation d'équipements etde matériaux et génère des éco-nomies de change.

Sur le plan social, l’utilisationde la solution Novatech rend

accessible le logement à un plusgrand nombre de Camerounais.Novatech est l’œuvre de l’archi-tecte camerounais NJOKIKNGFAUSTINUS, enseignant àl’Université de Venise en Italieet finaliste du prix Africain del’innovation de 2013.

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 20178

Entretien avec...

Qui est le Pr Jean Louis ESSAMEOYONO ?

Pr Jean Louis ESSAME OYONO : Je suisCamerounais, natif de Nkolfong dans le Sudprofond, arrondissement de Zoétélé, dépar-tement du Dja et Lobo. Après mes études se-condaires au collège Vogt à Yaoundé,j’obtins mon baccalauréat série D en 1972.Je fus admis au Centre Universitaire desSciences de la Santé (CUSS) à l’Universitéde Yaoundé où j’obtins mon doctorat en mé-decine en 1978. Mon premier poste d’affec-tation a été Tcholliré dans le Nord duCameroun, où j’ai exercé comme médecinpendant trois années. En 1981, j’ai bénéficiéd’une bourse qui m’a permis de me rendreen France pour des études de spécialité enanatomie pathologique à l’Université deParis VI, sanctionnée par l’obtention d’unCertificat d’Etudes Spéciales d’AnatomiePathologique en juillet 1985. De 1982 à1985, j’ai été Résident en spécialité d’Ana-tomie Pathologique à Paris, attaché au La-boratoire Central d’Anatomie Pathologie del’hôpital Saint-Antoine de Paris.

Au plan administratif, je suis nommé Chefde service d’Anatomie-pathologique duCentre Hospitalier Universitaire en 1986,Chef de service d’Anatomie-pathologiquedu Centre Pasteur du Cameroun en 1996 etDirecteur de l’IMPM en 2002.

Au plan de la recherche, je suis recruté en1980 comme Attaché de recherche à l’Insti-tut de Recherches Médicinales et d’Etudesdes Plantes Médicinales, IMPM. Je passeaux grades de Chargé de recherche en 1985,Maître de recherche en 1992 et Directeurde recherche en 2004.

Au plan de l’enseignement, la crise écono-mique aidant, j’opte pour une secondecarrière d’Enseignant / Chercheur à laFaculté de médecine et des sciences biomé-dicales. Recruté comme Assistant en Anato-mie-pathologique en octobre 1991, j’aiaccédé, tour à tour, aux grades de Chargé decours en mars 1993, Agrégé de médecine ennovembre 2000 (CAMES), Maître de confé-rences en juin 2001 puis Professeur titulairedes universités en novembre 2006. Par ail-leurs, j’ai occupé les fonctions de Chef deDépartement des sciences morphologiqueset d’anatomie-pathologique, et Coordonna-teur du cycle de spécialisation en Anatomie-pathologie.

Au plan de l’encadrement académique, j’aidirigé plus de 80 thèses de médecine. Enscience, j’ai dirigé 06 mémoires et 03 thèsesPh.D. Je compte à mon actif 02 ouvragesscientifiques et 162 articles scientifiques pu-bliés. J’ai contribué à la formation de plusde 2000 médecins généralistes et 25 méde-cins spécialisés en anatomie pathologie. Jesuis le Directeur de Publication d’un journalen ligne appelé « African Journal of Patho-logy and Microbiology ».

Ce travail de dur labeur m’a valu des dis-tinctions honorifiques à savoir : Chevalierde l’Ordre de la Valeur, Officier de l’Ordrede la Valeur, Commandeur de l’Ordre de laValeur.

Concernant les sociétés savantes, j’adhère,entre autres, sur le plan national, à la sociétécamerounaise de pathologie dont je suis Pré-sident ; et sur le plan international, à la So-ciété française de cytologie clinique. Je suiségalement membre de plusieurs commis-sions, conseils et comités à l’instar du co-mité intergouvernemental de bioéthique del’UNESCO, du conseil d’administration duCentre Pasteur, du comité scientifique duCentre International de Recherche ChantalBiya, etc.

Vous êtes sans conteste un éminent cher-cheur. Pouvez-vous nous parler de vosdomaines de recherche ?

Mon principal domaine de recherche est lediagnostic et l’épidémiologie du cancer, no-tamment les cancers viro-induits. Il est im-portant et urgent de connaître la cause, laprévention, l’épidémiologie et les stratégiesde lutte contre les cancers au Cameroun, les-quels deviennent de plus en plus nombreuxà cause de la pandémie du Sida.

L’autre domaine de recherche dans lequel jem’investis est la TIS, c’est-à-dire la Tech-nique de l’Insecte Stérile. Cette techniqueconsiste à diminuer sinon à espérer d’éradi-quer la population de moustiques dontl’anophèle, vecteur du paludisme, car lestechniques traditionnelles de lutte anti vec-torielles présentent de plus en plus dessignes d’essoufflement. Il s’agit, à traversdes travaux en laboratoire, de rendre lemoustique mâle stérile, incapable de fécon-der la femelle. Le deuxième versant est celuide rendre l’anophèle femelle incapable detransmettre le paludisme. Ces travaux en la-boratoire ont été très satisfaisants. Il reste àdisséminer ces nouvelles communautés demoustiques dans les zones de haute endémi-cité.

Accessoirement, je fais des recherches surles plantes médicinales. Vous savez que prèsde 80% de la population camerounaise a re-cours à la médecine traditionnelle. Il est im-portant de pérenniser ce patrimoine car,plusieurs espèces sont en voie de disparationet d’autres perdent leurs vertus thérapeu-tiques du fait des changements climatiques.Nous devons produire davantage les plantesmédicinales améliorées riche en principesactifs et adaptables à plusieurs écosys-tèmes. Nous saluons de ce fait l’initiativeprise par l’Institut de Recherche Agricole,IRAD, d’accompagner l’IMPM dans cetteaventure.

Justement, pouvez-vous nous parler del’IMPM, l’Institut de Recherches Médi-cales et d’Etudes des Plantes Médicinalesque vous dirigez ?

L’IMPM est un établissement public admi-nistratif placé sous la tutelle technique du

« L’unité biotech de l’IMPM sera une pionnière de grandeenvergure dans la fabrication des réactifs en

Afrique subsaharienne. »

Pr Jean Louis ESSAME OYONO

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 2017 9

Entretien avec...Ministère de la Recherche Scientifique etde l’Innovation. Il a pour mission de répon-dre aux besoins réels du Cameroun en ma-tière de promotion de la recherche en santéet du bien-être physique et social des ci-toyens, en exécutant des programmes de re-cherche fondamentaux sur le paludisme, leVIH/SIDA, les maladies émergentes, ré-émergentes et la médecine nucléaire, lesplantes médicinales et la médecine tradi-tionnelleainsi que l’alimentation et la nutri-tion. Ces programmes ont été adoptés encollaboration avec le Ministère de la SantéPublique, selon les recommandations duSymposium National de Recherche Médi-cale au Cameroun, les directives de la 26e

session ordinaire du Conseil de Directionde l’IMPM, les préoccupations de l’UnionAfricaine et de l’Organisation Mondiale dela Santé en matière de plantes médicinaleset de médecine traditionnelle.

L’IMPM est soutenu dans ses activités pardifférents partenaires internationaux :l’Agence Internationale de l’Energie Ato-mique (AIEA), l’Agence Nationale de Re-cherches sur le SIDA (ANRS), l’Institut deRecherches Démographiques (IRD).Ceux-ci ont permis à l’IMPM de bénéficier d’unappui logistique sous forme de dons enéquipements de pointe. Ceci nous permetd’optimiser le rendement dans nos diffé-rents centres opérationnels de recherche àsavoir : le Centre de Recherche Médicale(CRM), le Centre de Recherche en PlantesMédicinales et Médecine Traditionnelle(CRPMT), le Centre de Recherche en Ali-mentation et Nutrition (CRAN). A côté deces centres opérationnels, nous avons desstructures de recherche spécialisées, notam-ment le CREMER (Centre de Recherchessur les Maladies Emergentes, Ré-émer-gentes et la Médecine Nucléaire) et CAM-DIAGNOSTIC (Centre de Production desTests de Dépistage et de Diagnostic).

Quels sont les résultats de recherche sail-lants de l’IMPM ?

Dans ses multiples domaines de recherche,l’IMPM a colligé de nombreux résultats :La recherche sur les plantes médicinalesnous a permis d’élaborer des médicamentstraditionnels améliorés à base de plantesmédicinales, dont certains ont déjà été bre-vetés par l’Organisation Africaine de laPropriété Intellectuelle, à l’instar du CAS-MYC qui, par ailleurs, nous a permis d’ob-tenir la médaille d’or au 43e Saloninternational des Inventions de Genève.

Nous avons également, dans ce domaine,des produits cosmétiques, des huiles essen-tielles, etc.

Sur le plan de l’alimentation, nous avonsmis au point des kits alimentaires à hautevaleur nutritionnelle et énergétique, forti-fiés en micronutriments, pour lutter contrela malnutrition infantile, la débilitation despersonnes vivant avec le VIH/SIDA, desfemmes enceintes et autres patients nutri-tionnellement vulnérables.

Concernant la recherche sur le paludisme,nous avons des kits de traitement à domi-cile du paludisme. Mais surtout, grâce à desméthodes utilisant des isotopes et en coo-pération avec l’IRD et l’AIEA, nous tra-vaillons sur le projet d’un moustiquegénétiquement modifié réfractaire à latransmission du paludisme, dont la multi-plication compétitive aboutira sans doute àl’anéantissement de l’anophèle vecteur dela maladie. Nos recherches ont permis derévéler que les gorilles constituent le réser-voir animal du Plasmodium falciparum, pa-rasite le plus incriminé dans le paludisme.

S’agissant du VIH/SIDA, nous pouvonsmentionner la découverte du réservoir po-tentiel du sous-type M de cette pandémie etde la variété de primate vivant dans la ré-serve du Congo. Le gorille Gorrilla gorillaa donné un éclairage sur la recherche phy-logénétique des types de virus simiens ethumains circulant en Afrique centrale, etc.

Monsieur le Directeur, quelles sont lesperspectives de l’IMPM ?

Nous avons un projet de mise en place dedeux usines : la première usine concernela fabrication des réactifs. Des chercheursde l’IMPM sont allés se former à Bordeauxen France afin d’être compétitifs àl’échelle nationale et internationale. D’ail-leurs, l’inauguration de cette usine va sefaire dans les prochains mois, car tout ledispositif est déjà mis en place. J’ai la pri-meur d’annoncer que cette unité biotechsera une pionnière de grande enverguredans la fabrication des réactifs en Afriquesubsaharienne.

La deuxième usine, qui concerne la fabri-cation des médicaments à base des plantesmédicinales, sera implantée à Nkomo(Yaoundé, Ndlr). Ces usines vont alors consolider l’autono-mie de l’IMPM. L’épineux problème est le

financement car, il faudrait au départ unstock fourni de matière première et pour yarriver, nous devons pérenniser les plantesmédicinales afin de répondre à la demandenationale et internationale. La production àl’échelle industrielle de ces médicaments àbase d’extraits végétaux induira, à coup sûr,une couverture pharmaceutique peu oné-reuse du Cameroun et engendrerad’énormes débouchés agricoles pour la pro-duction de la matière première végétale.Les plantes médicinales seront aussi clas-sées dans le domaine des plantes de rentecar elles pourront être exportées. Nous al-lons aussi promouvoir le diagnostic rapidede certaines maladies prioritaires avec destests de dépistage de la typhoïde, des hépa-tites, du paludisme, etc. Notre vision estque l’IMPM réponde aux attentes des po-pulations et, de ce fait, contribue à l’amé-lioration de leur santé et au développementsocio-économique du Cameroun.

En tant que Médecin légiste, nous avonstravaillé sur le projet de création d’un pro-jetbasé sur l’utilisation de l’étude del’ADN pour éclairer certains faits judiciaireet sociaux au Cameroun. Une étude de fai-sabilité a déjà été faite et nous comptons re-lancer le dossier avec la contribution duGouvernement.

Pour finir, Professeur, quels conseils don-neriez-vous aux jeunes désirant fairecarrière dans la recherche ?

Une carrière se façonne et l’apprentissageest quotidien. Même quand on est couché,l’inspiration peut surgir à tout moment. Larecherche doit se faire avec désintéresse-ment. Les jeunes doivent être tenaces, avoirl’audace et l’endurance. Le chercheur doitêtre un véritable habitant du laboratoire(lieu où il exploite les données recueilliessur le terrain) et un habitant de la commu-nauté (mettre les résultats de la rechercheau service de celle-ci). L’amour et l’achar-nement doivent ainsi être les maîtres-mots.Le scientifique français Louis Pasteur, audépart, était chimiste mais, par l’amour etl’acharnement pour la microbiologie, il estdevenu un éminent microbiologiste. Donc,les jeunes doivent se rapprocher des ainésafin de tirer le meilleur profit de leur savoir,leur savoir-faire et leur savoir-être.

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 201710

Question sur...

La contrefaçon se définit comme la reproduc-tion, l'imitation ou l'utilisation totale ou par-tielle d'une marque, d'un dessin, d'un brevet,

d'un logiciel ou d'un droit d'auteur, sans l'autorisa-tion de son titulaire, en affirmant ou laissant présu-mer que la copie est authentique. Les auteurs de ce« crime économique » sont les contrefacteurs.

En effet, la contrefaçon qui s’attaque aux produitscommerciaux, à la propriété intellectuelle est péna-lement sanctionnée autant par la législation came-rounaise que par l’Accord Révisé de Bangui du 02mars 1977, instituant une Organisation Africaine dela Propriété Intellectuelle.

Dangers et sécurité : en plus de la violation desdroits du titulaire de la marque, la contrefaçonconstitue une menace pour les consommateurs sus-ceptibles d'acquérir un produit de mauvaise qualitépouvant mettre en danger leur santé du fait du non-respect des normes de sécurité. Pour l'ensemble deces raisons, la loi réprime lourdement la vente oul'achat des produits contrefaits.

Peines encourues : D’après les dispositions de l’ar-ticle 1382 du code civil, tout fait quelconque del’homme qui crée un dommage à autrui, oblige celuipar la faute duquel ce dommage a été causé à le ré-parer.

Et selon certaines dispositions de l’Accord Réviséde Bangui sus cité, les contrefacteurs sont punisd’un emprisonnement de cinq (5) ans à dix (10) anset d’une amende de 500 000 à 10 000 000 de FrancsCFA ou de l’une de ces deux peines seulement. Cespeines prévues sont doublées lorsque l’auteur del’infraction est le cocontractant du titulaire du droitviolé. Certaines infractions peuvent entraîner une

condamnation solidaire à des dommages et intérêtspar le tribunal au profit des bénéficiaires du droit desuite, de l’acquéreur, du vendeur et de la personnechargée de procéder à la vente aux enchères pu-bliques.

En tout état de cause, le tribunal peut ordonner laconfiscation des exemplaires contrefaits, du matérielayant servi à la commission de l’infraction, de mêmeque les recettes qu’ils auraient procurées au contre-venant. Le matériel utilisé par le contrefacteur et lesexemplaires contrefaits peuvent être détruits.

Achat des produits contrefaits : à la découverte dela marchandise contrefaites, les administrationscompétentes (MINCOMMERCE, Douane..) ont ledevoir de détruire ladite marchandise et d’infligerune amende au détenteur à hauteur d’une ou de deuxfois la valeur de l’objet frauduleux.

La contrefaçon

Une création à caractère technique ou artistique, à but commercial ounon, doit être protégée contre les atteintes illicites. Quels que soient leprojet et le domaine d’activité, on peut se retrouver confronté à un pro-blème de contrefaçon.

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 2017 11

Note technique

Selon l'organisation mondialede la santé (OMS), près de80 % des populations dépen-

dent de la médecine traditionnellepour des soins de santé primaire.L’un des aspects de cette forme demédecine est l’utilisation des plantesmédicinales pour le traitement dediverses maladies. Ainsi, le roi desherbes soignerait de l’avis de cer-tains phytothérapeutes une gammevariée de pathologies. Cette plante, de son nom scienti-fique Ageratum conyzoïdes, est uneherbacée appartenant à la familledes astéracées. Elle pousse dans lesmilieux tropicaux humides en l’oc-currence les rizières en jachèresaprès le retrait des eaux et égalementà proximité des habitations. Laplante est surtout connue pour sesmultiples vertus thérapeutiques.Malheureusement, son caractère en-vahissant et la méconnaissance deses nombreuses vertus la classent à

tort dans le catalogue des herbesfolles. En Côte-d’Ivoire, elle est utilisée,dans le traitement de la migraine,pour faciliter l’accouchement etcomme antipaludique. On l’utiliseaussi contre l’épilepsie et les cépha-lées. Les feuilles lavées et presséessont utilisées comme anthelmin-thique pour le traitement de cer-taines affections oculaires et larougeole (Vangah, 1986). Cetteplante est utilisée comme purgatif,fébrifuge, en ophtalmologie, dansles coliques, dans le traitement desulcères et les pansements (Githen,1948). Au Cameroun, la plante estutilisée en médecine traditionnelledans le traitement des fièvres, durhumatisme, des maux de tête, dudiabète et des coliques (Menut et al,1993; Bioka et al.,1993; Soumya-nath, 2006). Les feuilles écraséesdans de l’eau sont données commeémétique, comme ovule vaginale

pour les troubles utérins (Abbiw,1990). La plante est utilisée au Ni-geria dans le traitement des affec-tions de la peau et dans lacicatrisation des plaies, la décoctionde la plante est prise sous forme deboisson pour traiter les diarrhées etsoulager les douleurs de nombrilschez les enfants (Okunade, 2002).En effet, cette plante serait un anal-gésique et antibiotique naturelconseillé dans les cas de dysménor-rhée. Il suffit d’en extraire le jus(une botte de feuilles bouillies dans de litre d’eau), puis boire unetasse matin et soir pendant la duréedes menstruations. Dans le traite-ment du chlamydia ; les doses doi-vent être prises pendant 10 jours etle jus légèrement chaud.Par ailleurs, les fibres contenuesdans cette herbe, font d’elle un alliéqui permet d’atténuer les coliques, àcondition de bien les laver avant deles manger crues. La mastication desfeuilles du roi des herbes serait éga-lement un antidote contre le poison.Le roi des herbes soigne égalementles mycoses des yeux, des pieds, çafait également pousser les ongles. Ilsuffit de laver, presser, mettre lesgouttes à l’œil et frotter au niveaudes pieds.Le roi des herbes est un calmant trèsefficace pour les vers des femmes,les règles douloureuses. C'est égale-ment un antibiotique très efficace. Ilpeut être utilisé sous forme d’ovulesuppositoire.

Le Roi des herbes : Une plante aux multiples vertus thérapeutiques

ECHO DE LA RECHERCHE N° 0036 - Décembre 201712

AnnoncesMadame le Ministre de la Recherche Scientifique et de

l’Innovation a effectué une visite de travail à l’Institutde Recherches Médicales et d’Études des Plantes Médi-cinales (IMPM), le mercredi le 25 octobre 2017.

Madame le Ministre de la Recherche Scientifique et del’Innovation a reçu le jeudi 02 novembre 2017 une dé-légation de la Commission Nationale pour la Promotiondu Bilinguisme et du Multiculturalisme.

Madame le Ministre de la Recherche Scientifique et del’Innovation (MINRESI) a présidé le mercredi 22 no-vembre 2017 à 13 heures, dans la salle de Conférencesdu MINRESI, la cérémonie d’ouverture de la 2nde réu-nion annuelle des trois comités techniques de l’ AccordRégional de Coopération pour l’Afrique sur la Re-cherche, le Développement et la Formation dans le do-maine de la Science et de la Technologie Nucléaire(AFRA).

Madame le Secrétaire Général du MINRESI a présidé lelundi le 27 novembre 2017, dans salle de conférences duDjeuga Palace Hôtel, la cérémonie d’ouverture de l’ate-lier de restitution de l’étude de la Radioactivité Naturelle,menée dans les zones minières du Cameroun, sous le

thème « la Radioactivité naturelle environnementaleau Cameroun et ses effets sur le public ».

Sous le patronage de Madame le Ministre de la Re-cherche Scientifique et de l’Innovation, le Comité Na-tional de Développement des Technologies (CNDT) aorganisé, la 3ème édition de sa conférence annuelle, sousle thème « Contribution du numérique dans le déve-loppement des technologies », du 05 au 06 décembre2017, dans la salle de conférences du MINRESI.

Madame le Ministre de la Recherche Scientifique et del’Innovation (MINRESI) a lancé le 22 décembre 2017,un appel à candidatures pour le recrutement sur étude dedossiers de 173 chercheurs pour le compte des institutset organismes placés sous la tutelle technique de son dé-partement ministériel, au titre de l’exercice 2017. Ladate limite de dépôt de dossier est prévue pour le 26 jan-vier 2018.

La 6ème édition des Journées d’Excellence de la Re-cherche Scientifique et de l’Innovation au Cameroun(JERSIC) aura lieu du 21 au 23 février 2018 à Yaoundé.

ECHOS DE LA RECHERCHE, VOTRE BULLETIND’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET

TECHNIQUES