ministère public de genève contre le clan khrapunov

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Ministère public de Genève contre le clan Khrapunov La première étape de l'enquête préliminaire ouverte par le Ministère public de Genève à l’encontre du clan Khrapunov doit être menée à terme à la fin du mois de février 2013. Outre Victor Khrapunov et sa femme Leïla Beketova-Khrapunova, est également visé par l'enquête leur fils lliyas, un temps présenté par certains médias comme un homme d'affaires honorable et respectueux des lois, président de la société Swiss Development Group, aux activités transparentes. D'autant plus qu'il se trouve être un membre du Parti Démocrate-Chrétien du Canton de Genève, c'est à-dire ayant clairement l'intention de briguer un poste de député au niveau local. La privatisation d'un jardin d'enfants à Almaty au Kazakhstan est un bon exemple de ce qui est reproché aux Khrapunovs : après avoir fait l'objet d'un appel d'offres de l'Etat, le bâtiment était passé entre les mains de toute une série de structures commerciales entièrement contrôlées par Leïla Khrapunov, puis revendu pour une somme assez modeste à elle-même en tant que personne physique, et enfin, désormais libéré des obligations liées à l'appel d'offres, inscrit dans le capital autorisé d'une autre société, «Building Service Company», dont la propriétaire n'était autre que la femme du maire d'Aimaty. Naturellement, comme cela arrive avec ce genre d'escroqueries (en plus très primitives et facilement détectables), la somme de l'apport dans le capital autorisé de l'entreprise dépassait très nettement le prix réel de l'achat du bien. Autrement dit, en rachetant pour une bouchée de pain cet ancien jardin d'enfants, soigneusement affranchi du contrôle de l'Etat par son haut fonctionnaire de mari, Leïla Khrapunova «engraissait» considérablement le capital de ses propres sociétés.

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Ministère public de Genève contre le clan Khrapunov

La première étape de l'enquête préliminaire ouverte par le Ministère public de Genève à l’encontre du clan Khrapunov doit être menée à terme à la fin du mois de février 2013. Outre Victor Khrapunov et sa femme Leïla Beketova-Khrapunova, est également visé par l'enquête leur fils lliyas, un temps présenté par certains médias comme un homme d'affaires honorable et respectueux des lois, président de la société Swiss Development Group, aux activités transparentes. D'autant plus qu'il se trouve être un membre du Parti Démocrate-Chrétien du Canton de Genève, c'est à-dire ayant clairement l'intention de briguer un poste de député au niveau local. La privatisation d'un jardin d'enfants à Almaty au Kazakhstan est un bon exemple de ce qui est reproché aux Khrapunovs : après avoir fait l'objet d'un appel d'offres de l'Etat, le bâtiment était passé entre les mains de toute une série de structures commerciales entièrement contrôlées par Leïla Khrapunov, puis revendu pour une somme assez modeste à elle-même en tant que personne physique, et enfin, désormais libéré des obligations liées à l'appel d'offres, inscrit dans le capital autorisé d'une autre société, «Building Service Company», dont la propriétaire n'était autre que la femme du maire d'Aimaty. Naturellement, comme cela arrive avec ce genre d'escroqueries (en plus très primitives et facilement détectables), la somme de l'apport dans le capital autorisé de l'entreprise dépassait très nettement le prix réel de l'achat du bien. Autrement dit, en rachetant pour une bouchée de pain cet ancien jardin d'enfants, soigneusement affranchi du contrôle de l'Etat par son haut fonctionnaire de mari, Leïla Khrapunova «engraissait» considérablement le capital de ses propres sociétés.

Par la suite, elle transféra tout simplement dans des banques suisses au nom de sa fille Elvira le produit de la vente de la «Building Service Company», bourré d'anciens actifs publics. On peut encore mentionner ces terrains situés en aire environnementale protégée, sortis des fonds publics et passés par la suite par tout un réseau de raisons commerciales factices pour finalement atterrir sur les comptes d'Elvira Kudryashova (qui a changé plusieurs fois de noms de famille au cours de sa vie: Beketova, Khrapunova, Belmadani) et d'lliyas Khrapunov qui assit justement ses affaires en Suisse sur cet argent. Enfin, il y a cette véritable razzia menée contre des biens fonciers expropriés à des propriétaires privés pour «les besoins de l'Etat» comme cela s'est passé par exemple avec «Shadid Engineering» qui, sur ordre du maire, s'est vu confisquer un terrain lui appartenant pour ces mêmes «besoins de l'Etat», alors que le bien saisi était revendu littéralement le mois suivant dans le cadre d'une vente privée aux entreprises «familiales» sur un autre ordre de Monsieur Viktor Khrapunov. Bien sûr, le produit de la vente de ces entreprises s'envolait une fois de plus dans des comptes en Suisse. Comme nous le voyons, il semblerait que le Ministère public suisse ait vraiment matière à réfléchir et de nombreux éléments à étudier attentivement, étant donné que ces affaires ne sont qu'une petite partie de l'iceberg des actes de corruption et des intrigues frauduleuses concoctées par le clan Khrapunov dans un pays qu'ils ont fini par fuir.