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1 MIMEL : Mission Inter-services de la Mer Et du Littoral Fiche technique n° 2a – Normalisation / production de l’Information Géographique 1. Objectif Les travaux menés depuis 2005 dans le cadre de la MIMEL ont mis en évidence la forte hétérogénéité des données (supports, formats, structuration…). Celle-ci est certainement l’un des facteurs à l’origine de la faiblesse des échanges de données, elle-même susceptible de donner lieu à des redondances et à des responsabilités mal établies. L’objet de cette fiche est, par conséquent, de définir des règles de base communes portant sur les formats d’échange, la structuration des couches, les systèmes de projection, etc. 2. Principes généraux 2.1. Format d’échange Deux formats sont proposés, le shapefile (SHP d’ESRI) qui constitue un format d’échange standard de facto, lisible par la plupart des logiciels SIG existants et le MIF/MID (format d’export de MapInfo, logiciel le plus communément employé au sein des services de l’État). 2.2. Structuration des couches Il est recommandé de ne pas mélanger au sein d’une même couche des entités géométriques différentes. En effet, ce mode de structuration, autorisé sous MapInfo, abouti à des pertes sensibles de données dans d’autres applications (ArcGIS, qGIS) qui ne supportent que des couches “monogéométriques” (points OU lignes OU polygones). Pour les données attributaires, il est recommandé a minima d’intégrer dans les couches échangées, deux champs communs (un identifiant visible et un nom) ainsi que des titres de champs courts, sans accents ni caractères spéciaux. Les champs codés, devront être complétés par un champ renseigné par l’intitulé complet des attributs. A défaut, les codages employés devront être dûment explicités dans les métadonnées. 2.3. Règles d’appellation des couches Il est proposé d’adopter un modèle standardisé d’appellation des couches lors de leur échange et de leur mise à disposition. Le modèle proposé peut être illustré par le modèle suivant : DREAL-BN_Ramsar_BN_s_L93.shp Il offre ainsi l’avantage de permettre l’identification immédiate de l’organisme producteur (la DREAL de Basse-Normandie), du thème de données (zone Ramsar), de l’étendue géographique (Basse-Normandie), de la nature des entités géométriques (surfaces) et de la projection (Lambert 93). En revanche, cette règle ne tient pas compte de certaines contraintes d’intitulé imposées par des formats tels que ceux de SEXTANT (13 caractères) et de la COVADIS 1 (32 caractères). 1 COVADIS : COmmission de VAlidation des Données pour l’Information Spatialisée, commission interministérielle entre les deux ministères MEEDDM et MAP pour normaliser la description des données géographiques. Fiche technique n° 2a Normalisation / production de l'Information Géographique Vue sur la côte soufflée - Jobourg (Manche) © G.GAUTIER – DREAL BN

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MIMEL : Mission Inter-services de la Mer Et du Litt oral

Fiche technique n° 2a – Normalisation / production de l’Information Géographique

1. Objectif Les travaux menés depuis 2005 dans le cadre de la MIMEL ont mis en évidence la forte hétérogénéité des données (supports, formats, structuration…). Celle-ci est certainement l’un des facteurs à l’origine de la faiblesse des échanges de données, elle-même susceptible de donner lieu à des redondances et à des responsabilités mal établies. L’objet de cette fiche est, par conséquent, de définir des règles de base communes portant sur les formats d’échange, la structuration des couches, les systèmes de projection, etc.

2. Principes généraux 2.1. Format d’échange Deux formats sont proposés, le shapefile (SHP d’ESRI) qui constitue un format d’échange standard de facto, lisible par la plupart des logiciels SIG existants et le MIF/MID (format d’export de MapInfo, logiciel le plus communément employé au sein des services de l’État). 2.2. Structuration des couches Il est recommandé de ne pas mélanger au sein d’une même couche des entités géométriques différentes. En effet, ce mode de structuration, autorisé sous MapInfo, abouti à des pertes sensibles de données dans d’autres applications (ArcGIS, qGIS) qui ne supportent que des couches “monogéométriques” (points OU lignes OU polygones). Pour les données attributaires, il est recommandé a minima d’intégrer dans les couches échangées, deux champs communs (un identifiant visible et un nom) ainsi que des titres de champs courts, sans accents ni caractères spéciaux. Les champs codés, devront être complétés par un champ renseigné par l’intitulé complet des attributs. A défaut, les codages employés devront être dûment explicités dans les métadonnées. 2.3. Règles d’appellation des couches Il est proposé d’adopter un modèle standardisé d’appellation des couches lors de leur échange et de leur mise à disposition. Le modèle proposé peut être illustré par le modèle suivant : � DREAL-BN_Ramsar_BN_s_L93.shp

Il offre ainsi l’avantage de permettre l’identification immédiate de l’organisme producteur (la DREAL de Basse-Normandie), du thème de données (zone Ramsar), de l’étendue géographique (Basse-Normandie), de la nature des entités géométriques (surfaces) et de la projection (Lambert 93). En revanche, cette règle ne tient pas compte de certaines contraintes d’intitulé imposées par des formats tels que ceux de SEXTANT (13 caractères) et de la COVADIS1 (32 caractères).

1 COVADIS : COmmission de VAlidation des Données pour l’Information Spatialisée, commission interministérielle entre les deux ministères MEEDDM et MAP pour normaliser la description des données géographiques.

Fiche technique n° 2a

Normalisation / production de l'Information Géographique

Vue sur la côte soufflée - Jobourg (Manche)

© G.GAUTIER – DREAL BN

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MIMEL : Mission Inter-services de la Mer Et du Litt oral

Fiche technique n° 2a – Normalisation / production de l’Information Géographique

2.4. Echelle Aucune règle n’est proposée pour l’échelle des jeux de données produits et partagés : elle dépend généralement de la nature des données, des besoins du producteurs et des moyens mis en œuvre. Il convient cependant d’indiquer formellement dans les métadonnées l’échelle de production de la donnée ainsi que son échelle d’utilisation recommandée. 2.5. Symbologie Dans l’idéal, les symbologies associées aux couches (.LYR pour les couches provenant d’ArcGIS par exemple) doivent être fournies. Elles facilitent grandement l’affichage et l’exploitation des jeux de données par les utilisateurs. Comme il n’existe pas de solution interopérable dans le cas où le logiciel employé par l’utilisateur est différent de celui du producteur, un modèle peut être fourni – sous forme d’une imagette – dans les métadonnées. Dans tous les cas, les codages employés pour décrire les données attributaires doivent être explicités soit dans la table attributaire, soit dans les métadonnées. ���� voir fiche n° 6 sur la sémiologie graphique. 2.6. Responsabilité Les travaux menés jusqu’à présent montrent que les responsabilités concernant certains jeux de données restaient mal établies, ce qui pouvait conduire à des problèmes de lacunes, de redondances ou d’incohérence. L’un des objectifs du projet a été d’identifier clairement les services responsables et les contacts pour chaque jeu de données intégré au SIG inter-services. La responsabilité sur une couche engage le service concerné sur sa qualité, sa mise à jour, son renseignement par des métadonnées et sa mise à disposition. ���� voir fiche n° 1 sur le contexte réglementaire (Con vention d’Aarhus et Directive Inspire). 2.7. Métadonnées Toutes les données mutualisées dans le cadre de la MIMEL doivent être renseignées par des métadonnées. Les outils les plus communément utilisés sont Adélie, Géosource, ArcCatalog d’ESRI (pour les partenaires travaillant sur ArcGIS). Indépendamment des logiciels utilisés, le respect des normes ISO19115 (pour la saisie des métadonnées) et ISO 19139 (pour leur conversion dans le format interopérable XML) permettent de garantir l’échange de métadonnées. Les fiches de métadonnées produites peuvent alors être directement intégrées à des catalogues (Sextant, Géocatalogue, etc.). ���� voir fiches n° 4a sur les métadonnées et n° 4b sur les principes de saisie des métadonnées.

3. Systèmes de projection Le décret n° 2000-1276 du 26 décembre 2000 a établi en France Métropolitaine le RGF93 comme système de référence légal, avec comme projections associées Lambert-93 et Coniques Conformes 9 zones. Le décret n° 2006-272 du 3 mars 2006 rend exclusif l’u sage de ce nouveau système de référence à compter du 3 mars 2009 pour les échanges de données géoréférencées dans la sphère publique au sens large, tels que décrit dans la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d’or ientation pour l’aménagement du territoire. ���� Compte tenu de la vocation d’exemplarité de la MIM EL, il est convenu d’adopter ce système. Le tableau suivant résume les spécifications adoptées par l’IGN.

Elément constitutif du système Ancien système Nouveau système

Ellipsoïde Clarke 1880 IGN GRS80

Système géodésique Méridien origine

NTF Paris

RGF93 Greenwich

Type de projection Conique sécante Conique sécante

Application sur le territoire métropolitain

Lambert II étendu ou Lambert II cartographique Lambert I, II, III et IV

Lambert93 Coniques conformes 9 zones

Tableau 1 : La projection de Lambert 93 remplace le Lambert II (Source IGN : http://lambert93.ign.fr/)

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MIMEL : Mission Inter-services de la Mer Et du Litt oral

Fiche technique n° 2a – Normalisation / production de l’Information Géographique

3.1. En France, plusieurs systèmes cohabitent… Dans la pratique, plusieurs systèmes de projection sont encore utilisés en France : � à terre, l’IGN, qui fournit la plupart des référentiels, utilise des projections de Lambert, longtemps

basées sur le système de référence NTF (nouvelle triangulation de la France), un système de référence local. Celui-ci est désormais remplacé par le RGF93, réalisation française du système européen ETRS89 basé sur des mesures spatiales.

� En mer, c’est la projection conforme cylindrique de Mercator qui est employée par le SHOM. Elle repose sur le système géodésique WGS84. Notons que ce système remplace l’ED50 longtemps en vigueur et qui figure encore sur certaines cartes non rééditées récemment.

3.2. Avantages du Lambert 93 “La production native dans le nouveau système et son utilisation ne répondent pas uniquement à un impératif réglementaire, mais présentent de réels bénéfices aussi bien pour l’efficacité de la production interne, que pour les utilisateurs des données”. Les avantages énoncés sont les suivants : � simplification des processus : les mesures GPS sont directement dans le référentiel RGF93. Le

RGF93 est la réalisation française du système ETRS89 également adopté par la plupart des pays voisins, ce qui garanti la compatibilité transfrontalière ;

� amélioration de la qualité des produits : la précision initiale des mesures GPS est conservée, contrairement au Lambert 2 étendu qui dégrade légèrement la précision. Pour les produits raster, tels que la BD Ortho®, la production native permet d’éviter d’introduire plus de flou dans l’image, comme cela se produit lorsque l’on rééchantillonne une image du Lambert 2 étendu au Lambert-93. Pour les produits vecteur, tels que la BD Topo®, la production native permet d’éviter d’éventuels problèmes de topologie apparaissant lors de la reprojection ;

� simplification des échanges internes et externes : l’esprit de la loi est de permettre à tous les partenaires au niveau national d’échanger simplement leurs données dans un référentiel unique.

→ Consulter le décret n°2006-272 : http://lambert93.ign.fr/index.php?id=43

3.3. Comment passer en Lambert 93 ? On distingue trois principaux modèles de transformation.

Figure 1 : Processus de changement de système géodésique Source IGN : http://professionnels.ign.fr/DISPLAY/000/526/700/5267002/transformation.pdf

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MIMEL : Mission Inter-services de la Mer Et du Litt oral

Fiche technique n° 2a – Normalisation / production de l’Information Géographique

Pour faire simple, on retiendra simplement les principes suivants : � La transformation polynomiale ne s’applique que si les projections ont le même ellipsoïde et le

même système géodésique . C’est par exemple le cas lorsqu’on veut changer de projection de Lambert dans le même système (NTF) et avec l’ellipsoïde de Clarke 1880.

� Si le système géodésique est le même mais pas l’ell ipsoïde , on peut employer les formules de

Molodensky. Il faut au préalable transformer les coordonnées cartographiques en coordonnées géographiques (par exemple de Lambert II à WGS84), avant d’appliquer une nouvelle transformation dans une nouvelle projection cartographique.

� Avec des systèmes géodésiques différents , il faut connaître d’une part, les dimensions des deux

ellipsoïdes (demi-grand et demi-petit axes, coefficient d’aplatissement) et, d’autre part, la position de leur origine (soit 7 paramètres à calculer…).

Cette dernière est la méthode la plus complexe car il faut trouver les paramètres détaillés de chaque système, mais c’est la plus sûre !!!

Ce qu’il faut retenir : Une projection mal paramétrée se traduit par des altérations irrémédiables des couches d’information géographique. Il est donc hautement recommandé de conserver systématiquement et soigneusement un exemplaire des jeux de données originaux et de n’effectuer les projections que sur des copies . Il est également impératif de consigner scrupuleusement dans les métadonnées , le système de référence, ses éléments constitutifs et la projection employée pour un jeu de données, afin d’éviter aux utilisateurs de se fourvoyer dans son utilisation ultérieure. Certains logiciels SIG fournissent ces paramètres ainsi que les modèles de transformation. Sinon, il existe une application gratuite téléchargeable sur le site de l’IGN (IGN Map) qui permet d’effectuer des projections de données des anciens systèmes basés sur le NTF vers le Lambert 93. Elle propose également quelques fonctionnalités de base d’un logiciel de SIG.

→→→→ télécharger IGN Map : http://lambert93.ign.fr/index.php?id=34#c87

4. Pour en savoir plus � Le site de l’IGN dédié au Lambert 93 lambert93.ign.fr � Les fiches de l’IGN sur les projections, la géodésie, les transformations, le Lambert 93

professionnels.ign.fr/14/la-gamme/geodesie.htm � Les fiches maîtrise d’ouvrage du CNIG (n° 50-2001, n°119-2008) www.cnig.gouv.fr � Fiche du CERTU sur les enjeux du passage au RGF93

www.certu.fr/catalogue/Information_geographique/c9/index.html � Une fiche très pédagogique de l’Ifremer

ftp://ftp.ifremer.fr/ifremer/vigbent/crog/Projections/projections.pdf

Fiche rédigée par Iwan Le Berre et Loïc Nogues, MIMEL – DREAL de Basse-Normandie, juin 2010