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Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale APERÇU REGIONAL Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale APERÇU REGIONAL Cee publicaon a été co-financée par l’Union européenne

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Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale

APERÇU REGIONAL

Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale

APERÇU REGIONAL

17 route des Morillons 1211 Genève 19, SuisseTél : +41 22 717 91 11 • Télécopie : +41 22 798 61 50

Courrier électronique : [email protected] • Internet : http://www.iom.int

Cette publication a été co-financée par l’Union européenne

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Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas les positions de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les appellations utilisées et la présentation des données dans le rapport n’impliquent pas l’expression d’opinion de la part de l’OIM concernant des faits tels que statut légal, pays, territoire, ville ou zone particulière, ou à propos de leurs autorités, ou de leurs frontières ou confins. Toute omission et erreur reste de la seule responsabilité de l’auteur.

L’OIM croit fermement que les migrations organisées, s’effectuant dans des conditions décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires au sein de la communauté internationale afin de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique et social grâce à la migration, et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants.

Ce document a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne, l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement. Les opinions exprimées ci-après sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Union européenne, de l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et de la Coopération belge au développement.

Editeur : Organisation internationale pour les migrations 17 route des Morillons 1211 Genève 19 Suisse Tél : +41 22 717 91 11 Télécopie : +41 22 798 61 50 Courrier électronique : [email protected] Internet : http://www.iom.int

_____________________________________________________

ISBN 978-92-9068-601-9© 2012 Organisation internationale pour les migrations (OIM)

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Tous droits réservés. Aucun élément du présent ouvrage ne peut être reproduit, archivé ou transmis par quelque moyen que ce soit – électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autres – sans l’autorisation écrite et préalable de l’éditeur.

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Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale

APERÇU REGIONAL

Préparé pour l’OIM parSylvère Yao Konan, Rudolf Anich, Timon Van Lidth et Pietro Mona

2011

Cette publication a été co-financée par l’Union européenne

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3Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Sommaire

Liste des tableux ..................................................................................5

Liste des graphiques ............................................................................6

Abréviations ........................................................................................7

Avant-propos .......................................................................................9

Résumé .............................................................................................13

Executive summary ............................................................................17

Introduction ......................................................................................19

PARTIE A : Analyse comparative des profiles migratoiresen Afrique de l’Ouest et Centrale .......................................................21

A.1 Pays cibles de la CEDEAO ......................................................................... 21A.1.1 Immigration ..................................................................................... 21A.1.2 Emigration ....................................................................................... 23A.1.3 Migration de la main-d’œuvre et étudiantes ................................... 25A.1.4 Transfert de fonds ............................................................................ 28A.1.5 Migration irrégulière ....................................................................... 31

A.2 Comparaison avec l’Afrique centrale : République démocratique du Congo (RDC) et Cameroun .................................................................. 34

A.2.1 Immigration ..................................................................................... 34A.2.2 Emigration ....................................................................................... 36A.2.3 Migration de main-d’œuvre et d’étudiants ..................................... 39A.2.4 Transfert de fonds ............................................................................ 42A.2.5 Migration irrégulière ....................................................................... 43

A.3 Contexte socio-économique de la migration ........................................... 44A.3.1 Tendances du développement humain ........................................... 44A.3.2 Projections démographiques .......................................................... 45A.3.3 Croissance et prospectives économiques ....................................... 48A.3.4 Main d’œuvre, marché du travail et prospectives ........................... 49A.3.5 Education et migration des travailleurs qualifiés ............................. 52

PARTIE B : Approche régionale des questions migratoires ..................55B.1 Cadre institutionnel et juridique régissant la migration au niveau régional ..................................................................................... 55

B.1.1 La libre circulation des personnes ................................................... 57B.1.2 Le droit de résidence ....................................................................... 58

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4 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

B.1.3 Le droit d’établissement .................................................................. 61B.1.4 Le cadre légal relatif à la migration irrégulière ................................ 62

B.2 L’effectivité lacunaire du cadre réglementaire régional ........................... 65B.2.1 Responsabilité des Etats et obstacles à l’effectivité des instruments communautaires ................................................... 65B.2.2 Etat des lieux de l’effectivité des instruments de la CEDEAO en matière migratoire ........................................................ 67

B.3 L’intégration régionale, le dialogue international et l’impact sur la migration ........................................................................................ 71

B.3.1 Le défi de l’intégration régionale ..................................................... 71B.3.2 L’Approche commune sur la migration : inspirée par le dialogue international .................................................................. 72B.3.3 Autres initiatives récentes de la CEDEAO face aux enjeux liés aux migrations ............................................................... 75

Références ........................................................................................79

Annexe ..............................................................................................83

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5Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

liste des tableuxTableau 1 : Stock de migrants internationaux (en %) par rapport à la population total des pays cibles, 2000–2010 ..................... 22Tableau 2 : Proportion du stock de migrants des pays cibles, de la CEDEAO et de l’Amérique latine du total des migrants dans le monde, 1995–2010 (en %)...................... 22Tableau 3 : Stock d’immigrés en provenance de la CEDEAO (ou dela Mauritanie) dans les pays cibles, 2000 ....................... 23Tableau 4 : Stock d’émigrants par rapport à la population des pays cibles, 2000 ................................................................ 24Tableau 5 : Stock d’émigrés ressortissants des pays cibles dans les pays membres de la CEDEAO ou la Mauritanie, 2000 ......... 24Tableau 6 : Taux net de migration des pays cibles (pour 1 000 habitants), 1960–2015 .......................................... 25Tableau 7 : Nombre d’étudiants des pays cibles inscrits à l’étranger, 2002–2007 ................................................ 28Tableau 8 : Etrangers originaires des pays cibles enregistrés en Espagne, 2004–2006 ......................................... 33Tableau 9 : Taux net de migration (pour 1000 habitants), 1960–2015 ....... 35Tableau 10 : Stock de migrants en pourcentage de la population totale au Cameroun et en RDC, 1990–2010 ........... 35Tableau 11 : Stock de migrants en RDC et au Cameroun, 2000 .................... 36Tableau 12 : Répartition des émigrés congolais et camerounais par destination, 2000 ............................................................... 37Tableau 13 : Stock des émigrants des pays cibles dans les zones de destination, 2000 ................................................. 37Tableau 14 : Transferts de fonds reçus (en millions de dollars E.-U.) par les dix pays étudiés, selon region d’origine, 2005 .............. 43Tableau 15 : Indicateur de développement humain des pays cibles en 2007 ............................................................ 45Tableau 16 : Stock de migrants des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest, par sexe et par pays de destination, 1990-2010 ....................... 83Tableau 17: La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004 ... 84Tableau 18 : Stock des infirmiers/infirmières émigrés des pays cibles, par pays de destination, 2005 .................................................. 85Tableau 19 : Traite des personnes en direction des pays cibles sélectionés, 2002-2008............................................................. 86Tableau 20 : Appréhensions ou arrestations des ressortissants des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest dans les 27 pays de l’Union Européenne (UE 27), 2006-2007 ..................... 87Tableau 21 : Expulsions des ressortissants des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest à partir des pays de l’UE 27, 2006-2007 ................................................................................ 88

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6 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 22 : Stock d’émigrés des pays cibles en Europe, 2000 ..................... 90Tableau 23 : Stock des émigrants des pays cibles par destination ................ 91Tableau 24 : Taux d’émigration et de sélection des émigrés des pays cibles par niveau d’éducation, 1990-2000 (en %) ...... 91Tableau 25 : Répartition des émigrés des pays cibles par secteur d’activités, 2008 ........................................................... 93Tableau 26 : Taux de croissance démographique des pays cibles de 1950 à 2050 (en %) ..................................... 94Tableau 27 : Population totale des pays cibles, 1950-2050 .......................... 95Tableau 28 : Taux de croissance annuel de la contribution de l’Agriculture, de l’industrie et des services à la formation du PIB, 2000-2006 ................................................... 96

liste des graphiquesGraphique 1: Taux d’émigration qualifiée des pays cibles en 2000 (en %) ................................................... 26Graphique 2 : Solde net des transferts de fonds des pays cibles, en % du PIB, 1974–2006............................. 29Graphique 3 : Taux de croissance des transferts de fonds reçus dans les pays cibles, 2000–2009 (en %) ....... 30Graphique 4 : Transferts sortants des pays cibles, 2000–2008 (en millions de dollars E.-U.) ............................. 31Graphique 5 : Emigrés des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest, RDC et Cameroun, par destination, en Europe, en 2000 (en %)................................................... 38Graphique 6 : Taux de migration qualifié des dix pays étudieux dans les pays de l’OCDE, 2000 (en %) .................................. 40Graphique 7 : Répartition des émigrants des dix pays étudiés dans les pays de l’OCDE par secteurs d’activité, 2008 (en %) .......................................................................... 41Graphique 8 : Taux de croissance démographique des dix pays étudiés, 1950–2050 (en %) .............................. 47Graphique 9 : Taux de croissance du PIB par habitant des dix pays étudiés, 2000- 2005 (en %) .............................. 48Graphique 10 : Stock des étudiants mobiles du Cameroun et de la RDC, 2000-2007 ...................................................... 89Graphique 11 : Ratios de dépendance totale des pays cibles, 1950-2050 ............................................................................ 92

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7Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Abréviations

CEDEAO Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CIREFICentre d’information, de réflexion et d’échanges en matières de franchissement des frontières et d’immigration

DPNU Division de la population des Nations Unies

DRCCentre de recherche sur la migration, la globalisation et la pauvreté

ESAM II Enquête sénégalaise sur les ménages

IDH Indice de développement humain

MEMPD Ministre du Plan et du Développement

OCDEOrganisation de coopération et de développement économiques

OIM Organisation internationale pour les migrations

PNUD Programme des Nations Unies pour le développement

RDC République démocratique du Congo

RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat

UEMOA L’union économique et monétaire Ouest Africaine

UNESCOOrganisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

IDH Indicateurs du développement dans le monde

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9Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Avant-proposCes trois dernières années, l’OIM a élaboré des profils migratoires

concernant 32 pays de diverses régions du monde, comprenant l’Europe de l’Est, la région de la Mer Noire, l’Amérique du Sud et l’Afrique.

Les profils migratoires ainsi que l’aperçu régional ont dans un premier temps été proposés par la Commission européenne dans le cadre de la Communication sur la migration et le développement de 2005. Selon ce document, les profils migratoires devraient être des rapports statistiques fournissant des informations sur un panel de sujets relatifs à la migration dans les pays partenaires de l’Union européenne et conçus comme un outil de la Commission européenne afin d’informer sur les programmes d’assistance communautaire des pays tiers en matière de migration, ainsi que sur les stratégies de réduction de la pauvreté.

En Afrique de l’Ouest et Centrale, l’OIM a approfondi et développé le concept originel des profils migratoires. Dans le projet « Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques », les profils migratoires ne sont plus uniquement conçus comme des rapports statistiques. Ils sont également destinés à être des outils gouvernementaux pour le développement de politiques.

Le principal objectif de cette recherche et de ce projet de renforcement des capacités est spécifiquement d’accroître les capacités gouvernementales des dix pays ciblés en Afrique de l’Ouest et Centrale et de promouvoir une approche politique cohérente et dynamique de la migration. Le développement des « profils migratoires nationaux » constitue à cet égard un cadre pour la collecte et l’analyse de données ainsi qu’un appui à la planification des politiques stratégiques au niveau national et régional. Grâce au soutien financier de la Commission européenne, de l’Office fédéral des migrations suisse et de la Coopération belge au développement, l’OIM a mis en œuvre ce projet en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Nigéria, en République démocratique du Congo et au Sénégal. Au Cap-Vert et au Cameroun des profiles migratoires ont également été élaborés.

Les profils migratoires et l’aperçu régional sont les aboutissements majeurs de ce projet. Ils rassemblent de façon structurée les informations en provenance de différentes sources, et fournissent un aperçu complet des tendances clés en matière de migration internationale et de développement socio-économique dans les pays ciblés. Ils identifient également les lacunes en matière de données et les stratégies potentielles à mettre en œuvre afin d’améliorer la collecte de données dans l’optique d’une planification des politiques.

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10 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Comme précédemment mentionné, les profils migratoires nationaux et l’aperçu régional vont au-delà de la simple collecte d’informations. Les données et informations pertinentes en matière migratoire ne sont que rarement centralisées et sont au contraire souvent éparpillées aussi bien au sein de structures gouvernementales qu’en dehors. Ce projet contribue ainsi à ce que chaque pays ciblé instaure un Groupe de travail technique national (GTTN) interministériel, pour faciliter la collecte des informations pertinentes en provenance d’entités diverses. Les GTTN ont également permis aux gouvernements de contribuer au rapport à chaque étape du processus de rédaction et de prendre en considération de manière plus large une approche cohérente de la collecte de données et du développement de politiques. Les avant-projets de profils migratoires ont été présentés lors d’ateliers nationaux de planification politique, sur la base desquels les gouvernements ont émis des recommandations sur le développement futur de politiques et ont ainsi permis d’améliorer la collecte de données. Les profils migratoires nationaux sont donc le résultat d’un processus largement appuyé par les gouvernements et destinés à accroître l’utilisation de données pour le développement de politiques.

A la suite des profils migratoires nationaux, cet aperçu régional se veut pour objet de fournir i) une analyse comparative des actuelles tendances migratoires nationales en Afrique de l’Ouest et Centrale, et ii) une description de l’approche réglementaire aux questions migratoires dans la sous-région. La comparaison et l’analyse des données collectées sont effectuées entre les pays ciblés du projet « Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques », et permettent une meilleure compréhension plus dynamiques des phénomènes migratoires dans cette région. Ils permettent également de mettre en exergue les lacunes entre données collectées et les stratégies au niveau national et régional. La deuxième partie de cet aperçu régional est destiné à expliciter l’approche réglementaire régionale sur la migration et analyse l’effectivité lacunaire du cadre régional et l’état de l’intégration régionale. L’aperçu régional constitue en conséquence un outil gouvernemental et contribue à la planification des politiques régionales.

Afin de garder leur rôle d’outil efficace dans l’élaboration de politiques, les profils migratoires et l’aperçu régional nécessitent une mise à jour régulière. La pérennité des mécanismes gouvernementaux établis pour la préparation des profils migratoires demeure un défi important. Les données sur lesquelles le rapport se base et le format du rapport doivent être améliorés afin de permettre une analyse plus approfondie des tendances relatives à la migration. Le projet « Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques » a initié une résolution de ces

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11Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

défis, mais d’autres interventions sont nécessaires pour s’assurer que les profils migratoires constituent un outil d’information régulièrement mis à jour pour le développement de politiques.

Ce rapport n’aurait pu être réalisé sans les contributions de nombreuses personnes. Nous souhaiterions remercier Sylvère Yao Konan et Rudolf Anich pour la rédaction de la partie A ; Timon Van Lidth et Pietro Mona pour la rédaction de la partie B ; Amir Kigouk pour l’aide lors des dernières étapes au niveau de la révision et de l’édition ; et les missions de l’OIM et les membres du Gouvernement qui ont participé à ce projet régional.

Abye Makonnen Frank LaczkoReprésentant régional Chef de la division recherche et publications Mission à fonctions régionales Siège de l’OIMDakar, Sénégal Genève, Suisse

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13Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Résumé

Migration en Afrique de l’Ouest et centrale : Aperçu régional a permis de mettre en évidence certaines divergences et similitudes des pays concernés par ce rapport (Cameroun, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, République démocratique du Congo et Sénégal) durant les dix dernières années.

De 2000 à 2010, les pays cibles de l’Afrique de l’Ouest (à l’exception de la Mauritanie et du Nigéria) ont subi une légère baisse des immigrants internationaux par rapport à leur population totale. Il apparaît que cette immigration reste à dominante masculine pour la plupart des pays étudiés.

La plupart des immigrants (83 %) présents dans les pays cibles de l’Afrique de l’Ouest sont issus de cette même sous-région, s’agissant surtout des mouvements qui se déroulent en direction des régions côtières de l’Afrique de l’Ouest. En comparaison, les pays d’Afrique centrale étudiés – Cameroun et République démocratique du Congo – connaissent une plus grande diversité dans les nationalités constituant leurs populations immigrantes (21 % d’Asiatiques, 17 % d’Européens, 10 % d’Américains et 0,5 % de ressortissants océaniens). Bien que les ressortissants africains continuent de représenter près de 50 % du nombre d’immigrants au Cameroun et en RDC, seuls 7 % de cette population proviennent des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest. Les émigrants camerounais et congolais semblent privilégier l’Afrique ; il s’avère toutefois que très peu d’entre eux s’orientent vers les pays cibles de l’Afrique de l’Ouest.

Des différences flagrantes entre les pays cibles ressortent également au niveau de l’émigration des travailleurs hautement qualifiés. Par exemple, le Ghana souffre d’un taux d’émigration de personnes hautement qualifiées de 47 %. En comparaison, au Mali, seuls 15 % de la population hautement qualifiée semblent avoir émigré. En outre, contrairement aux autres pays étudiés, la RDC et le Niger enregistrent une diminution des taux d’émigration de la population hautement qualifiée.

L’ensemble des phénomènes mis en évidence dans ce rapport permet également d’établir que les migrations intra-africaines continueront de prédominer. Les migrations intra-régionales représentent une constante des migrations africaines. Ces migrations s’appuient sur les relations séculaires liant les peuples de la sous-région ouest-africaine et sur le cadre légal de libre circulation de la CEDEAO qui facilite la mobilité des peuples, et semblent augmenter à cause de l’intensification du contrôle des frontières ainsi que du

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14 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

durcissement des mesures d’entrée dans l’espace européen. Il n’est pas non plus risqué de signaler que les migrations africaines continueront de se produire de l’hinterland vers les pays côtiers, dès lors que la situation économique de ces derniers les favorise. Les Sahéliens (Nigériens, Maliens) auront tendance à se déplacer vers le Sénégal, le Ghana et la Côte d’Ivoire. L’émigration des Sénégalais et des Ghanéens se poursuivra, et une réorientation des flux vers de nouvelles destinations (notamment les pays asiatiques, actuellement plus prospères) sera constatée.

De plus, il se pourrait également que le phénomène d’émigration irrégulière se poursuive en raison du fait que les pays côtiers et ceux enregistrant de bonnes performances économiques ne pourront pas absorber toute la population active en situation de sous-emploi ou sans emploi. L’analyse du cadre institutionnel et juridique régissant les questions relatives à la migration en Afrique de l’Ouest montre que la CEDEAO a mis en place tout un éventail d’instruments juridiques visant à mieux encadrer les enjeux de la migration ainsi qu’à renforcer les aspects positifs de celle-ci et à en réduire les aspects négatifs.

A cet égard, la CEDEAO a notamment permis à l’accord sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement (Protocole A/P1/5/79) de voir le jour. Ce dernier a levé de nombreuses restrictions et a ainsi simplifié la migration régulière intra-CEDEAO. Cependant, bien que les Etats aient concédé une parcelle de leur souveraineté en adhérant à cet instrument juridique, il n’en demeure pas moins qu’ils préservent un pouvoir discrétionnaire certain, permettant de limiter l’applicabilité de la liberté de circulation, et du droit de résidence et d’établissement.

Ce rapport permet ainsi de mettre en évidence les progrès et avancées réalisés dans le domaine de la gouvernance de la migration en Afrique de l’Ouest. Il est toutefois constaté que de nombreux progrès restent à entreprendre. Il est vrai que l’actuel cadre légal sur la libre circulation des personnes semble très peu connu des citoyens de la CEDEAO. Un travail de sensibilisation sur les droits et obligations des migrants de la CEDEAO reste encore à effectuer.

Une plus grande coopération entre les pays membres semble dès lors nécessaire pour permettre l’application des instruments juridiques relatifs à la migration dans l’espace CEDEAO. Par exemple, un système d’enregistrement des données harmonisé et un mécanisme d’échanges réguliers d’informations entre les points frontaliers et les services d’immigration des différents pays de la CEDEAO améliorerait la gestion des flux migratoires interrégionaux. De plus, des questions migratoires clés nécessitent encore une réponse : à ce stade, seule

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15Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

la migration interne dans l’espace CEDEAO est abordée, et il serait important d’intégrer la migration de ressortissants en dehors de la CEDEAO. La protection des enfants, des femmes et des personnes vulnérables reste aussi à développer.

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17Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Executive summary

Migration in West and Central Africa: A Regional Overview highlights the similarities and differences in migration trends among the countries covered in this report (Cameroon, Cape Verde, Côte d’Ivoire, Democratic Republic of Congo, Ghana, Mali, Mauritania, Niger, Nigeria and Senegal) over the last ten years.

From 2000 to 2010, the countries studied in West Africa (except Mauritania and Nigeria) witnessed a small decrease in international immigrants compared to their total population. Immigration also remained predominately male for most of the countries studied.

The large majority of immigrants in West Africa (83 %) come from this same subregion, consisting predominantly of movements towards West African coastal areas. In comparison, the report finds that the two countries studied in Central Africa, Cameroon and the Democratic Republic of the Congo, have a wider range of nationalities within their immigrant population (21 % from Asia; 17 % from Europe; 10 % from America; and 0.5 % from Oceania). Although Africans still account for almost 50 per cent of the total immigrant population in Cameroon and the Democratic Republic of the Congo, only 7 per cent come from West Africa (ECOWAS and Mauritania). Migrants from Cameroon and the Democratic Republic of the Congo also tend to migrate within Africa; however, few of them migrate towards the West African countries covered in this report.

Significant differences also exist with regard to emigration of highly skilled workers. For instance, it is estimated that 47 percent of highly skilled nationals from Ghana are working abroad in comparison to only 15 per cent of Mali’s highly skilled population. Furthermore, unlike the other countries studied, both the Democratic Republic of the Congo and Niger registered a decrease in the emigration rate of their highly skilled population.

The trends highlighted in the report also indicate that intra-African migration will remain predominant. Intraregional migration is an ever present feature of African migration. It is based on historical ties between West Africans and the legal framework of the ECOWAS free movement agreement which facilitates mobility within the region, and seems to be increasing due to tougher border controls and stricter entry requirements for migration to Europe. It is also safe to say that African migration will continue to occur from rural inland areas to coastal ones, assuming favourable economic conditions of the latter. People from the Sahel region (Nigerians and Malians) will likely to move to Senegal,

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Ghana and Côte d’Ivoire. Emigration from Senegal and Ghana will continue and a change in flows towards new destinations, notably to prosperous Asian countries, will be noted.

Furthermore, irregular emigration will continue if coastal countries, as well as those performing well economically, are unable to absorb the portion of the economically active population that is underemployed or unemployed. An analysis of the institutional and legal frameworks governing migration in West Africa shows that ECOWAS has implemented a range of legal instruments to better manage migration issues and to strengthen the positive aspects of migration, while reducing the negative ones.

In this regard, ECOWAS established the agreement on the free movement of persons, and the right of residency and settlement (Protocol A/P1/5/79). This agreement lifted many restrictions and simplified regular migration procedures among ECOWAS countries. However, although States have agreed to renounce some of their sovereignty in adhering to this legal instrument, they still have the discretionary power to limit the scope of freedom of movement and residence and settlement rights.

This report has therefore highlighted the progress made in West Africa in terms of migration governance; nonetheless, many challenges remain. Indeed, ECOWAS citizens are still largely unaware of the existing legal framework on the free movement of persons. Campaigns to raise ECOWAS migrants’ awareness of their rights and obligations under this agreement still need to be carried out.

Increased cooperation between Member States is necessary in order to effectively implement legal instruments governing migration in the ECOWAS region. For instance, harmonised data entry systems and information sharing mechanisms between border posts and immigration services of the different ECOWAS countries would contribute to better management of interregional migration flows. Furthermore, several migration issues still need to be addressed. So far, only migration within ECOWAS countries has been dealt with while emigration outside the ECOWAS region still needs further consideration. Moreover, the protection of children, women and vulnerable persons needs to be enhanced.

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19Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Introduction

L’Afrique de l’Ouest et Centrale est une vaste région regroupant plus de 20 pays peuplés par environ 415 millions d’habitants, soit un peu plus de 6 % de la population mondiale. Traditionnellement, l’Afrique de l’Ouest et Centrale est définie comme comprenant les pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Equatoriale, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, République Centrafricaine, République démocratique du Congo (RDC), Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Tchad et Togo.

Dans le cadre du projet « Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques », dix pays de l’Afrique de l’Ouest et Centrale ont été étudiés. Il s’agit des sept pays membres de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à savoir le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigéria et le Sénégal, ainsi que du Cameroun, la Mauritanie et la République démocratique du Congo.

Une première partie présentera un analyse comparative des profiles migratoires en Afrique de l’Ouest et Centrale décomposée en trois chapitres : i) données migratoires relatives aux pays ciblés de la CEDEAO ainsi que ii) comparaison avec le deux pays du projet faisant partie de l’Afrique centrale, et enfin iii) analyse du contexte socio-économique de la migration et autres aspects générant des flux migratoires.

La deuxième partie se focalisera sur les questions réglementaires de la migration dans cette sous-région. Dans un premier temps, le cadre institutionnel et juridique régissant la migration au niveau régional sera présenté, puis il s’agira de discuter l’effectivité lacunaire du cadre réglementaire régional. En conclusion, les thèmes de l’intégration régionale, du dialogue international et de son impact sur la migration seront abordés.

La méthode employée pour préparer les deux parties de ce rapport se base principalement sur la comparaison des informations et des données dans les profils migratoires nationaux préparés dans le cadre du projet susmentionné. Des recherches sont également effectuées pour collecter des données pertinentes en provenance des sources internationales et de littérature secondaire. Ce rapport analyse également des éléments clés dans les pays ciblés de la CEDEAO et compare la différence entre intra- et infra-mobilité dans les pays de la CEDEAO. La comparaison de la situation socio-économique (en particulier celle du marché du travail), démographique et politique est aussi mise en œuvre afin d’analyser les

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20 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

stimulants contre la migration dans la sous-région. Ce rapport essaie d’identifier des tendances communes et des différences significatives dans les tendances migratoires des pays cibles du projet. C’est à cet égard que rapport constitue un outil pratique pour le développement de politiques régionales.

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21Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

PARTIE A : Analyse comparative des profiles migratoires en Afrique de l’Ouest et Centrale

A.1 Pays cibles de la CEDEAO

La terminologie de « pays cibles de la CEDEAO » dans cette section, fait référence aux sept pays de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ayant fait partie du projet « Migration en Afrique de l’Ouest et centrale : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques ». A ces pays vient s’ajouter la Mauritanie qui, bien qu’ayant quitté la CEDEAO, a été incluse en raison de sa participation au projet susmentionné, ainsi qu’en raison de sa situation géographique et du fait qu’elle partage des caractéristiques communes avec les autres pays de la CEDEAO. De fait, toutes références faite aux pays cibles dans la partie A se rapportent, sauf mentions contraires, aux pays suivants : le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria et le Sénégal.

A.1.1 Immigration

Au niveau des pays couverts par le présent rapport, l’on constate, en majorité, une légère baisse du poids des immigrants internationaux par rapport à la population du pays d’accueil, leur stock passant de 2,7 % à 2,4 % de 2000 à 2010. Seule la Mauritanie et le Nigéria ont vu le poids d’immigrants augmenter sur la période. Dans l’ensemble des pays étudiés, la Côte d’Ivoire, possède le stock d’immigrés le plus élevé, toujours supérieur à 10 %, bien qu’il ait diminué entre 2000 et 2010, passant de 13,5 % à 11,2 % (DPNU, 2009). Elle est suivie de loin par le Ghana dont le taux est passé de 7,7 % à 7,6 % sur la même période (Tableau 1). Cette immigration s’explique notamment par l’histoire et la prospérité qu’a connu la Côte d’Ivoire depuis son indépendance, l’importance du secteur petrolier pour la demande de la main-d’œuvre en Nigéria ainsi que la stabilité doublée du renouveau économique du Ghana depuis deux décennies.

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22 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 1 : Stock de migrants internationaux (en %) par rapport à la population total des pays cibles, 2000–2010

2000 2005 2010

Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total

Côte d’Ivoire 14,5 12,5 13,5 13,2 11,4 12,3 12,0 10,2 11,2

Ghana 8,9 6,5 7,7 8,8 6,5 7,6 8,7 6,5 7,6

Mauritanie 2,8 2,0 2,4 2,5 1,9 2,2 3,4 2,5 2,9

Cap-Vert 2,5 2,3 2,4 2,4 2,3 2,3 2,4 2,3 2,4

Sénégal 2,3 2,4 2,3 1,9 2,0 2,0 1,6 1,7 1,6

Niger 1,4 1,6 1,5 1,3 1,5 1,4 1,2 1,4 1,3

Mali 1,6 1,5 1,6 1,5 1,3 1,4 1,3 1,1 1,2

Nigéria 0,7 0,5 0,6 0,7 0,6 0,7 0,7 0,7 0,7

Total 2,9 2,4 2,7 2,8 2,3 2,6 2,7 2,2 2,4

Source: DPNU (2009).

L’immigration dans les pays cibles était à dominance masculine au cours de la dernière décennie. Sur l’ensemble des pays étudiés, le ratio des hommes migrants par rapport à la population totale excède celui des femmes pour tous les pays excepté le Sénégal et le Niger (Tableau 1).

Le stock de migrants dans la CEDEAO a varié entre 3,1 % et 4 % du stock de migrants dans le monde de 1990 à 2010 (Tableau 2) tandis que celui des pays cibles est compris entre 2,2 % et 3,1 %. Ces taux sont voisins de ceux obtenus en Amérique Latine et dans le monde entier. Les phénomènes migratoires dans les pays cibles et dans la CEDEAO dans son ensemble ne présentent pas, de ce point de vue, de caractéristiques particulières par rapport aux autres régions (DPNU, 2009).

Tableau 2 : Proportion du stock de migrants des pays cibles, de la CEDEAO et de l’Amérique latine du total des migrants dans le monde, 1995–2010 (en %)

1990 1995 2000 2005 2010

Migrants CEDEAO / migrants dans le monde 3,1 3,8 4,0 3,9 3,9

Migrants des pays cibles / migrants dans le monde 2,3 2,6 2,9 2,9 2,8

Migrants des l’Amérique latine / migrants dans le monde 2,7 2,5 2,3 2,2 2,1

Migrants dans le monde / population mondiale 2,9 2,9 2,9 3,0 3,1

Source: DPNU (2009).

Les immigrés dans les pays cibles proviennent pour la plupart des pays de la CEDEAO (ou de la Mauritanie). En effet, sur un total de 4 225 066 immigrés en 2000 dans les pays cibles provenant du monde entier, on en dénombrait 3 488 592 originaires de la CEDEAO (ou de la Mauritanie), soit 83 % (DRC, 2007). Même si des

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23Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

disparités importantes existent entre ces pays, le poids des immigrés provenant des pays membres de la CEDEAO (ou de la Mauritanie) est supérieur à 58 % pour tous les pays cibles, excepté le Cap-Vert (où ce taux est de 10,2 %): La Côte d’Ivoire possède le taux d’immigré en provenance de la CEDEAO (ou de la Mauritanie) le plus élevé (90,7 %), suivie du Niger (89,7 %), de la Mauritanie (87,8 %), du Sénégal (83,6 %), du Mali (78,6 %), du Nigéria (75,8 %) et du Ghana (58,9 %)

Tableau 3 : Stock d’immigrés en provenance de la CEDEAO (ou de la Mauritanie) dans les pays cibles, 2000

Stock d’immigrés en provenance de la CEDEAO

ou de la Mauritanie

Stock d’immigrés total

Proportion(%)

Cote d’Ivoire 2 119 822 2 336 364 90,7

Niger 106 941 119 220 89,7

Mauritanie 54 866 62 506 87,8

Sénégal 237 155 283 746 83,6

Mali 37 807 48 083 78,6

Nigéria 569 273 751 118 75,8

Ghana 361 674 613 659 58,9

Cap-Vert 1 054 10 370 10,2

Total pays cibles 3 488 592 4 225 066 82,6

Source: DRC (2007).Note: Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.

A.1.2 Emigration

Le fait migratoire analysé sous l’angle des pays d’origine établit une hiérarchie différente en Afrique de l’Ouest. L’effectif des migrants originaires de ces pays cibles dans le monde en 2000 était de 5 047 374 (DRC, 2007) pour une population totale des pays cibles estimée à 196 151 636 (DPNU, 2009), soit un ratio de 2,6 %. Au sein de ces pays, le Mali est le premier pays avec un stock d’émigrants estimé à 1 578 695 suivi par le Nigéria (1 041 284) et le Ghana (957 883).

Cependant en termes de ratio du stock d’émigrants par rapport à la population du pays d’origine, le Cap-Vert est le pays le plus touché par l’émigration car plus de 45 % des natifs choisissent de résider à l’étranger alors que pour les autres pays, hormis le Mali (15 %), cette proportion est de moins de 5 % (Tableau 4).

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24 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 4 : Stock d’émigrants par rapport à la population des pays cibles, 2000

Stock d’émigrants* Population** Ratio stock d’émigrants/population (%)

Cap-Vert 199 644 438 971 45,5

Mali 1 578 695 10 522 937 15,0

Ghana 957 883 19 529 305 4,9

Sénégal 479 515 9 901 787 4,8

Niger 496 773 11 031 046 4,5

Mauritanie 116 888 2 603 740 4,5

Côte d’Ivoire 176 692 17 281 479 1,0

Nigéria 1 041 284 124 842 371 0,8

Total 5 047 374 196 151 636 2,6

Sources: *DRC (2007), **DPNU (2009).

L’émigration des pays cibles se réalise principalement (61,5 %) dans l’ensemble des pays membres de la CEDEAO (ou vers la Mauritanie). Cependant, il y a une dispersion suivant les pays qui peut être classifiée en deux groupes de pays : Le premier groupe est celui des pays dont l’émigration se déroule principalement dans l’espace CEDEAO (ou vers la Mauritanie) tandis que le dans le second groupe, les émigrés choisissent de s’installer hors de la sous-région ouest africaine. Dans le premier groupe, on retrouve par ordre décroissant le Niger (89,4 %), le Mali (85,5 %), le Ghana (72,0 %) et la Mauritanie (67,4 %). Le second groupe comprend quant à lui, la Côte d’Ivoire (44,8 %), le Sénégal (44,0 %), le Nigéria (20,6 %) et le Cap-Vert (18,6 %) (Tableau 5).

Tableau 5 : Stock d’émigrés ressortissants des pays cibles dans les pays membres de la CEDEAO ou la Mauritanie, 2000

Stock d’émigrés dans la CEDEAO ou en Mauritanie

Stock d’émigrés total

Proportion(%)

Niger 444 282 496 773 89,4

Mali 1 350 460 1 578 695 85,5

Ghana 689 653 957 883 72,0

Mauritanie 78 773 116 888 67,4

Côte d’Ivoire 79 072 176 692 44,8

Sénégal 211 213 479 515 44,0

Nigéria 214 574 1 041 284 20,6

Cap-Vert 37 143 199 644 18,6

Total pays cibles 3 105 170 5 047 374 61,5

Source: DRC (2007).Note: Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.

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25Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Lorsque le taux net de migration est négatif, le flux des entrées dans le pays est inférieur à celui des sorties, en d’autres termes, il y a plus d’émigrants que d’immigrants. Tous les pays analysés ont des taux net de migration négatif sur la période 2000-2010 à l’exception du Ghana et de la Mauritanie respectivement sur la période 2000–2005 et 2005-2010. Cependant, il faut relever que la Côte d’Ivoire était le principal pays d’immigration de la sous-région de 1950 à 2000 (DPNU, 2009). Les modifications dans la situation de la Côte d’Ivoire sont probablement liées aux crises successives qui secouent ce pays depuis le coup d’Etat de décembre 1999. Il faut en outre relever que la Mauritanie sur la période 1995-2010, a connu un retournement de tendance au niveau du solde migratoire. De pays d’émigration, elle est devenue un pays d’immigration, mais les prévisions pour la période 2010–2015 la ramènent à la tendance de long terme, à savoir, la prédominance de l’émigration. Au niveau des autres pays cibles sur la période 2010-2015, les prévisions prévoient un solde migratoire net négatif. Ainsi, la prédominance des mouvements d’émigration pourrait se perpétuer dans les années à venir (Tableau 6).

Tableau 6 : Taux net de migration des pays cibles (pour 1 000 habitants), 1960–2015

1960-1965

1965-1970

1970-1975

1975-1980

1980-1985

1985-1990

1990-1995

1995-2000

2000-2005

2005-2010

2010-2015

Cap-Vert -2,9 0,6 -19,1 -17,4 -11,1 -10 -5,3 -5,7 -5,5 -5,1 -4,7

Côte d’Ivoire 10,4 10,6 11,8 11,2 9,1 5,6 5,4 2,2 -3,7 -1,4 0,1

Ghana 0,0 -8,7 -3,5 -10,7 3,4 -0,4 0,5 -0,6 0,1 -0,4 -0,2

Mali -2,7 -3,4 -3,0 -5,1 -5,8 -5,8 -5,7 -5,7 -2,4 -3,2 -2,8

Mauritanie -0,4 -0,5 -1,0 -1,4 -2,0 -3,2 -1,4 0,8 2,1 0,6 -1,1

Niger -0,7 -0,6 -0,6 -0,7 -2,9 -2,5 -0,1 0,5 -0,5 -0,4 -0,3

Nigéria 0,0 -0,2 -0,1 2,5 -1,7 -0,2 -0,2 -0,2 -0,3 -0,4 -0,4

Sénégal 3,0 4,5 2,9 -1,5 -1,3 -1,1 -2,5 -2,2 -1,9 -1,7 -1,5

Source: DPNU (2009).

A.1.3 Migration de la main-d’œuvre et étudiantes

L’émigration des ressortissants des pays cibles porte également sur les personnes qualifiées. Les taux d’émigration1 des travailleurs hautement qualifiés oscillent entre 5,7 % (Côte d’Ivoire) et 67,5 % (Cap-Vert) (Graphique 1). L’analyse des taux de sélection2 permet de préciser l’ampleur de ce phénomène au niveau des différents pays. Près de deux émigrants sur trois (65 %) originaire du Nigéria ont au moins un niveau d’instruction supérieur, tandis que cette proportion est

1 Le stock des émigrants ayant (au minimum) atteint le niveau de l’enseignement supérieur (13 années ou plus) comme fraction de la main-d’oeuvre totale du pays d’origine diplômée de l’enseignement supérieur.

2 Le stock des émigrants d’un certain niveau d’éducation (bas, moyen et haut) comme fraction du stock total des émigrants et nationaux résidant à l’étranger.

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26 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

respectivement d’un émigrant sur deux originaire du Niger en 2000. Au Cap-Vert, pays dont le taux d’émigration qualifié est le plus élevé, seul 15,2 % de ses émigrés possédaient un niveau d’instruction supérieur en 2000 (Docquier et Marfouk, 2005).

Graphique 1: Taux d’émigration qualifiée des pays cibles en 2000 (en %)

Niveaud’instruction

Source : Docquier et Marfouk (2005).

Selon Bhargava, Docquier et Moullan (2010), en 2004 plus de 7 300 médecins formés dans les pays cibles travaillaient à l’étranger dont 48 % aux Etats-Unis et 33 % au Royaume-Uni, principaux pays d’accueil. Les ratios médecins par habitant dans les pays d’origine (pays cibles) étaient très faibles (inférieur à 1 pour 1 000) comparés à ceux des pays de destination (supérieurs à 2 pour 1 000). En 2004, quatre des pays cibles ont connu un taux d’émigration de médecins de plus de 10 %. Le Ghana a été tout particulièrement affecté par ce phénomène enregistrant un taux de fuite des cerveaux de près de 38 % (Tableau 17, Annexe 1).

En outre, selon les estimations de Clemens et Petterson (2006), en 2000, 18 % des médecins et 13 % des infirmières des pays étudiés ont émigré dans une sélection de dix pays de destination.3 Les principales destinations sont par ordre décroissant les Etats Unis (accueillant 43,8 % des médecins et 60 % des infirmières de l’ensemble des médecins et infirmières des pays étudiés), le Royaume-Uni (32,7 % pour les médecins contre 30,1 % pour les infirmières) et la France (14 % pour les médecins contre 6,6 % pour les infirmières). Ainsi,

3 Afrique du Sud, Australie, Belgique, Canada, France, Espagne, Etats-Unis, Portugal, Royaume-Uni.

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27Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

plus de 90 % des médecins et infirmières choisissent prioritairement l’un de ces trois pays. Cependant, il y a des différences significatives entre les pays cibles vis-à-vis cette fuite des cerveaux. La situation du Ghana, du Cap-Vert et du Sénégal est préoccupante car plus d’un médecin sur deux choisit d’émigrer tandis que les taux d’émigration des infirmières sont respectivement de 24 %, de 41 % et de 27 % (Tableau 18, Annexe I). Par ailleurs, le choix des destinations des migrants professionnels de la santé semble principalement reposer sur les critères linguistiques. Les pays ayant en usage la langue anglaise (Ghana, Nigéria) optent comme première destination les Etats-Unis suivi du Royaume Uni tandis que les pays francophones (Mali, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Sénégal, Niger) s’établissent principalement en France. Le personnel médical du Cap-Vert candidat à l’émigration s’oriente majoritairement vers le Portugal.

Selon Bossard (2008), la migration intra-régionale se déroule en direction des régions côtières, notamment en réponse au développement des cultures de rente, de l’urbanisation et de la dégradation de l’environnement naturel des régions sahéliennes. La migration apparaît alors comme une réponse à la recherche d’opportunités économiques, à la stratégie de diversification des risques et de réduction de la pauvreté. Conçue comme telle, les migrations intra-régionales sont pour la plupart non qualifiées.

Cependant, le nombre d‘étudiants des pays cibles engagés dans un cursus scolaire ou universitaire en dehors de leur pays est passé de 39 881 à 60 677 de 2002 à 2007, à savoir un taux de croissance annuel moyen de 8,8 % (UNESCO, 2009). Sur cette période, le stock d’étudiants des pays cibles, soit 316 278, représente 81,5 % du stock d’étudiants de la CEDEAO. La mobilité des étudiants des pays cibles représente une proportion en moyenne de 2,3 % des étudiants mobiles dans le monde. La population des étudiants mobiles des pays cibles est dominée par les Nigérians (34,2 %), suivis des Sénégalais (20,3 %), des Ghanéens (14,2 %), des Ivoiriens (10,8 %) (Tableau 7).

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28 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 7 : Nombre d’étudiants des pays cibles inscrits à l’étranger, 2002–2007

2002 2003 2004 2005 2006 2007 Total Proportion (%)

Nigéria 12 096 14 819 16 934 20 337 21 273 22 735 108 194 34,2

Sénégal 8 442 10 298 10 693 11 240 11 765 11 709 64 147 20,3

Ghana 5 854 6 957 8 094 8 377 7 940 7 549 44 771 14,2

Côte d’Ivoire 5 077 6 012 5 696 5 715 5 791 5 792 34 083 10,8

Cap-Vert 2 954 3 565 3 966 4 283 4 535 4 848 24 151 7,6

Mali 2 281 2 861 2 761 2 922 2 956 3 075 16 856 5,3

Mauritanie 1971 2201 2420 2358 2639 2880 14 469 4,6

Niger 1 206 1 246 1 383 1 594 2 089 2 089 9 607 3,0

Total 39 881 47 959 51 947 56 826 58 988 60 677 316 278 100,0

Total CEDEAO 49 403 59 657 63 204 69 352 72 285 73 956 387 857 -

Total Monde 2 059 800 2 275 270 2 287 176 2 408 396 2 461 867 2 525 818 14 018 327 -

Pays cibles/ CEDEAO (%)

80,7 80,4 82,2 81,9 81,6 82,0 81,5 -

Pays cibles/ Monde (%)

1,9 2,1 2,3 2,4 2,4 2,4 2,3 -

* pays cibles: Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal. Source: UNESCO (2009), extrait le 17/01/2010 à 19h54.

A.1.4 Transfert de fonds

Le solde net des transferts en proportion du PIB oscille entre -7,4 % et 20,6 % du PIB pour l’ensemble des pays cibles de 1974 à 2006 (Banque mondiale, 2008). Sur l’ensemble de ces huit pays, l’on peut établir trois groupes : le groupe des pays dont le solde net est positif sur la période 1974-2006 (Cap-Vert, Sénégal, Mali, Ghana), celui des pays dont le solde net est négatif (Côte d’Ivoire, Mauritanie) et un groupe intermédiaire composé du Niger et du Nigéria dont les soldes nets étaient d’emblée négatifs avant de devenir positifs. Cependant, à l’exception de la Côte d’Ivoire, tous les soldes nets sont positifs à partir de 2000 (Graphique 2), c’est-à-dire que les pays reçoivent plus de fonds qu’ils n’en émettent. En 2008, le Sénégal (8,7 %), le Cap-Vert (8,6 %), le Nigéria (4,7 %) et le Mali (3 %) sont les pays dont la contribution de ces fonds au PIB est la plus significative. Dans cet ensemble de pays, deux se distinguent particulièrement : la Côte d’Ivoire et le Cap-Vert. La Côte d’Ivoire est exportateur net de fonds de 1975 à 2006 tandis que le Cap-Vert est importateur net sur toute la période. La situation de ces deux pays s’explique par la structure des phénomènes migratoires. La Côte d’Ivoire accueille plus de travailleurs migrants qu’elle n’en exporte alors que le Cap-Vert a le taux d’émigrants qualifiés le plus élevé parmi les pays cibles.

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29Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Graphique 2 : Solde net des transferts de fonds des pays cibles, en % du PIB, 1974–2006

l

Source : Banque mondiale 2008 et 2009.

De 2000 à 2003, les flux des transferts des fonds reçus étaient instables (Banque mondiale, 2009). Les taux de croissance étaient compris entre -48,1 % et 48,5 %. De 2003 à 2008, les taux de croissance sont positifs pour tous les pays et donc on observe une hausse régulière des flux entrants. Cependant, les prévisions pour l’année 2009 donnent une chute de ces transferts certainement à cause de la crise financière mondiale. Ce ralentissement de la croissance des transferts de fonds reçus est beaucoup plus significatif au Nigéria (-4 %), au Ghana (-2,6 %) et au Cap-Vert (-2,3 %) (Graphique 3).

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30 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Graphique 3 : Taux de croissance des transferts de fonds reçus dans les pays cibles, 2000–2009 (en %)

Source : Banque Mondiale (2009).

Les transferts sortants pour tous les pays étudiés excepté la Côte d’Ivoire sont inférieurs à 100 millions de dollars E.-U. de 2000 à 2006 inclus. En 2007 et 2008, les transferts issus du Sénégal et du Nigéria excèdent à peine 100 millions de dollars E.-U. La Côte d’Ivoire quant à elle, se démarque des autres pays car les montants transférés à l’extérieur oscillent entre 380 et 660 millions de dollars E.-U. de 2000 à 2006.

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31Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Graphique 4 : Transferts sortants des pays cibles, 2000–2008 (en millions de dollars E.-U.)

Source : Banque mondiale (2009).Note : Les données pour la Mauritanie sur cette période sont indisponibles.

A.1.5 Migration irrégulière

La migration irrégulière est par définition relativement complexe pour être aisément identifiée dans des pays où les systèmes statistiques sont peu développés. Si plusieurs critères peuvent normalement être utilisés pour définir le migrant irrégulier, telles que les conditions d’entrée et de séjour sur les territoires des différents pays, la détention d’un permis de travail, ces critères ne sont pas tous opérationnels pour qualifier le migrant d’irrégulier. En effet, la réglementation n’est pas systématiquement appliquée, notamment en matière de délivrance d’autorisations de séjour et de travail dans tous les pays. Ainsi, les estimations sur le nombre d’immigrants irréguliers dans les pays étudiés sont sommaires et parfois inexistantes. Pour estimer le nombre de migrants irréguliers, deux méthodes sont généralement utilisées dans la littérature. La première méthode est directe et s’appuie sur les appréhensions réalisées dans le pays et aux frontières, tandis que la seconde plus indirecte repose sur l’évolution du nombre de migrants réguliers. Cette méthode se justifie par la forte corrélation qui existe entre la migration régulière et irrégulière.

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32 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Dans plusieurs pays de la CEDEAO, certains ressortissants de pays membres excèdent la durée de 90 jours de séjour sans solliciter de titre légal. Les statistiques disponibles sur les immigrants séjournant de manière irrégulière au Ghana témoignent que 19 082 immigrés ont été appréhendés et renvoyés dans leur pays d’origine de 2001 à 2007 (IOM, 2009a). Au Niger, on estime que 90 % des étrangers présents sur le territoire sont en situation irrégulière (IOM, 2009b). En Côte d’Ivoire, les estimations effectuées font état de plus 1,3 millions d’étrangers au-delà de seize ans qui ne détenaient pas de cartes de séjour en 1999 (IOM, 2009c). Dans le cas du Sénégal, aucune estimation officielle de ce phénomène n’a pu être réalisée car il ne fait pas l’objet de questionnaires dans les Recensements Généraux de la Population et de l’Habitat (RGPH) et les différentes enquêtes (OIM, 2009d). Au Mali, l’estimation même grossière du nombre de migrants irréguliers n’est pas possible à cause de la politique d’immigration très peu restrictive. Cependant, les étrangers en situation irrégulière au Mali proviennent pour la plupart de l’Afrique centrale, en transit vers d’autres destinations ainsi que de personnes entrées légalement sur le territoire national, mais dont la durée du séjour a dépassé celle autorisée. En Mauritanie, le nombre d’immigrés irréguliers refoulés, s’élève respectivement à 4 499 en 2006 et 4 148 en 2007. La Mauritanie est de fait devenue un lieu de transit pour des effectifs importants de migrants irréguliers en partance pour l’Europe via les îles Canaries (Espagne) à tel point qu’en 2006, un nombre record de 11 637 migrants irréguliers ont été reconduits aux frontières dont environ 6 000 ont séjourné dans un camp de rétention ouvert à Nouadhibou. Ces migrants sont en grande partie de nationalités sénégalaise (60 %) et malienne (35 %), le reste étant composé de ressortissants Ghanéens, Gambiens, Ivoiriens, Togolais et Bissau-guinéens (OIM, 2009g).

D’après De Haas (2008), à la veille de la régularisation en 2005, plus de 45,6 % des ressortissants des pays cibles avaient des statuts irréguliers en Espagne (tableau 8). Entre 2004 et 2006, le nombre d’immigrants légaux des pays cibles a augmenté de 48 107 à 79 045, représentant une hausse de 35 % comparé aux 88 464 résidents réguliers et irréguliers estimés le 1er janvier 2005 (tableau 8). Selon ce tableau, le Sénégal prédomine dans les régularisations espagnoles et il semble relativement, le premier pays subsaharien prédominant dans les régularisations italiennes (De Haas, 2008). Au Portugal, les nationalités africaines dominantes dans les régularisations effectuées en 1992–1993 et 1996, étaient les originaires du Cap-Vert (ex colonie portugaise) et les ex-colonies anglaises. Cependant, dans la régularisation de 2001, les nationalités dominantes viennent de l’Europe de l’Est (particulièrement de l’Ukraine) et de l’Amérique Latine (Brésil) (OCDE, 2006). En France, le pic constaté dans l’immigration en 1997–1998 est dû à l’opération de régularisation entreprise par le gouvernement français et non

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33Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

pas à un surplus d’entrée en France (Thierry, 2006). Dans les dix premières nationalités régularisées dans l’opération exceptionnelle de 1997–1998 et des régularisations « au fil de l’eau » de 1999–2006, figurent la Côte d’Ivoire, le Cap-Vert, le Sénégal et le Mali (Lessault et Beauchemin, 2009).

Tableau 8 : Etrangers originaires des pays cibles enregistrés en Espagne, 2004–2006

Pays d’origine

Permis de séjour

enregistrés 31/12/2004

Registres municipaux 01/01/2005

Différence en % du total

enregistré dans les

municipalités

Permis de séjour

enregistrés 31/12/2006

Différence de permis de résidence 2006–2004

comme pourcentage des données municipales

Cap-Vert 2 143 2 765 22.5 2 350 7.5

Côte d’Ivoire 552 1 340 58.8 1 042 36.6

Ghana 4 633 10 165 54.4 8 989 42.9

Mali 4 465 11 794 62.1 11 187 57.0

Mauritanie 5 723 8 909 35.8 7 843 23.8

Nigéria 11 248 25 611 56.1 19 074 30.6

Sénégal 19 343 27 880 30.6 28 560 33.1

Total 48 107 88 464 45.6 79 045 35.0

Source: De Haas (2008).Note: Les données pour le Niger ne sont pas disponibles.

D’après les données d’arrestations et d’expulsions à partir d’un pays de l’UE 27, la plupart des migrants irréguliers des pays cibles se retrouvent principalement dans cinq pays, ci-après par ordre d’importance décroissante : Espagne, Italie, France, Pays-Bas et Portugal (CIREFI, 2009). Au moins neuf migrants sur dix appréhendés ou expulsés dans l’UE 27 l’ont été dans l’un de ces cinq pays en 2006 et 2007. Cependant, l’Espagne (62 % en 2006 et 36,3 % en 2007), l’Italie (17,9 % en 2006 et 28,6 % en 2007) et la France (6,2 % en 2006 et 11,2 % en 2007) sont les pays les plus affectés au niveau des arrestations, probablement en raison de leur proximité avec le continent africain ainsi que les liens coloniaux (Tableau 20, Annexe 1). Au niveau des expulsions, l’Espagne domine avec plus de 55 % des expulsions dans l’UE effectuées à partir de son sol (Tableau 21, Annexe 1). En ce qui concerne les pays d’origine, le Sénégal est le premier pays pourvoyeur de migrants irréguliers dans les pays de l’Union Européenne en 2006 et 2007. En 2006, les migrants irréguliers appréhendés et/ou expulsés étaient à plus de 50 % d’origine sénégalaise, suivis de ressortissant nigérians et maliens. Le pays le moins pourvoyeur de migrants irréguliers est le Niger en raison peut être de la faible émigration des Nigériens en Europe (Tableau 21 et Tableau 22, Annexe 1).

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34 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

L’irrégularité porte également sur les trafics de personnes qui se déroulent entre pays. Selon l’OIM (2008), les personnes assistées au titre de la traite en direction du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal de 2002 à 2008 étaient respectivement au nombre de 488, 202 et 52. Les personnes victimes de la traite dans ces pays sont pour la plupart des ressortissants de la CEDEAO (Tableau 19, Annexe 1). Cette traite est également plus interne qu’internationale en ce qui concerne le Mali et le Ghana. En effet, sur 651 cas de traite assistés au Ghana de 2003 à 2008, seuls trois portaient sur la traite internationale (OIM, 2009a).

Les travailleurs immigrés dans les pays cibles opèrent principalement dans le secteur informel qui ne requiert aucune procédure d’autorisation de visa ou de permis de travail. Ces immigrés sont embauchés pour la plupart par des ménages ou des individus et un grand nombre d’entre eux sont installés à leur propre compte dans des activités libérales. A titre d’illustration, les étrangers travaillant dans le secteur informel représentent 80 % du total des travailleurs étrangers en Mauritanie contre 89 % occupés dans l’agriculture traditionnelle et dans le secteur informel non agricole en Côte d’Ivoire. Les secteurs de concentration des étrangers dans les différents pays cibles sont le secteur agricole notamment dans les plantations pour la Côte d’Ivoire, tandis que pour les autres pays cibles, ce sont les secteurs du commerce (Sénégal, Mauritanie, Mali) et de l’industrie (Ghana). Au Nigéria, les étrangers en 2001, étaient prédominants dans l’administration des entreprises, les professions exigeant un haut niveau de scientificité (mathématiques, physiques, ingénierie), les emplois de bureau, les champs de mine/la construction, les professions médicales.

A.2 Comparaison avec l’Afrique centrale : République démocratique du Congo (RDC) et Cameroun

A.2.1 Immigration

Le Cameroun et la République démocratique du Congo sur la période 1960-1980 étaient des pays d’immigration dont les taux nets de migration variaient entre 0 et 1,4 (pour 1 000 habitants) contre 9,1 à 11,8 pour la Côte d’Ivoire durant la même période. Ainsi, la RDC et le Cameroun étaient des pays d’immigration en Afrique centrale au même titre que la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest mais dans une proportion moindre. En 1980, il semble se produire une rupture dans la situation migratoire de ces deux pays d’Afrique centrale. De pays d’immigration, ils sont tendanciellement passé à des pays d’émigration certainement sous l’effet de la crise, de la mise en œuvre des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) et d’autres facteurs comme les conflits armés et les rébellions notamment en RDC. Toutefois, l’intensité de ce phénomène à partir

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35Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

de 2000, pour ces deux pays de l’Afrique centrale est relativement plus faible que celle constatée au niveau des pays cibles de la CEDEAO et la Mauritanie (Tableau 9).

Tableau 9 : Taux net de migration (pour 1000 habitants), 1960–2015

1960-1965

1965-1970

1970-1975

1975-1980

1980-1985

1985-1990

1990-1995

1995-2000

2000-2005

2005-2010

2010-2015

Cameroun 0,0 0,1 0,3 1,4 -1,0 0,4 -0,1 0,0 -0,1 -0,2 -0,1

République démocratique du Congo

0,7 3,2 1,2 0,8 -2,0 0,7 5,9 -5,8 -0,9 -0,3 -0,2

Source: DPNU (2009).

Le poids des immigrés internationaux dans la population du Cameroun et de la RDC (Tableau 10) est inférieur à celui des pays cibles de la CEDEAO et la Mauritanie. En revanche, la tendance à la baisse du poids des immigrants internationaux s’aperçoit également pour les deux pays en Afrique centrale.

Tableau 10 : Stock de migrants en pourcentage de la population totale au Cameroun et en RDC, 1990–2010

1990 1995 2000 2005 2010

Cameroun 2,2 1,8 1,4 1,2 1,0

République démocratique du Congo 2,0 4,3 1,2 0,8 0,7

Source: DPNU, 2009.

L’immigration en Afrique centrale semble différente de celle qui prévaut en Afrique de l’Ouest. Un immigré sur deux au Cameroun et en RDC est africain et seulement 7 % de ces derniers sont originaires d’Afrique centrale, tandis que le ratio des immigrés de l’Afrique de l’Ouest par rapport à l’ensemble des immigrés dans les pays cibles de la CEDEAO et la Mauritanie est de 83 % (DRC, 2007). L’immigration en Afrique de l’Ouest est plus intra-regional contrairement à ce qui passe en RDC et au Cameroun. Les ressortissants des pays cibles ouest africains (CEDEAO et Mauritanie) en RDC et Cameroun sont au nombre de 206 328 sur un total de 889 289 immigrés en 2000, soit 23 %, représentant la communauté d’origine la plus importante dans ces deux pays (DRC, 2007). Par ailleurs, l’origine des migrants dans ces deux pays d’Afrique centrale est plus diversifiée comparativement aux pays cibles de la CEDEAO et la Mauritanie. L’on dénombre 21 % d’asiatique, 17 % d’européens, 10 % d’américains et 0,5 % migrants ressortissants de l’Océanie (Tableau 11). En outre, la situation migratoire présente des différences significatives au niveau des deux pays : l’immigration au Cameroun est essentiellement d’origine africaine (93,5 %) dont 62,3 % en provenance de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO et Mauritanie) et 30,6 % d’Afrique centrale. En revanche, si en RDC, les immigrés en provenance

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36 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

d’Afrique sont dominants, cette proportion est relativement faible (42,9 %) et l’immigration est beaucoup plus diffuse. Les principaux pays d’origine des migrants au Cameroun sont : le Nigéria (58,3 %), le Tchad (21,7 %) tandis qu’au niveau de la RDC, on note : la Russie (4,9 %), le Maroc (4,7 %), le Mexique (4,2 %), l’Egypte (3,9 %), l’Algérie (3,8 %), l’Inde (3,2 %) (DRC, 2007).

Tableau 11 : Stock de migrants en RDC et au Cameroun, 2000

RDCEn

pourcentage (%)

CamerounEn

pourcentage (%)

TotalEn

pourcentage (%)

CEDEAO+Mauritanie 112 955 15,3 93 373 62,3 206 328 23,2

Afrique Centrale 19 188 2,6 45 796 30,6 64 984 7,3

Afrique du Nord 110 096 14,9 714 0,5 110 810 12,4

Afrique du Sud 12 124 1,6 15 0,0 12 139 1,4

Autres Afrique 62 678 8,5 308 0,2 62 986 7,1

Total Afrique 317 041 42,9 140 206 93,6 457 247 51,4

Asie 183 402 24,8 1 091 0,7 184 493 20,7

Europe 144 988 19,6 7 926 5,3 152 914 17,2

Amérique 89 428 12,1 645 0,4 90 073 10,1

Océanie 4 562 0,6 0 0,0 4 562 0,5

Total Monde 739 421 100 149 868 100 889 289 100

Source: DRC (2007).Note: Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.

A.2.2 Emigration

Selon les estimations du Centre sur la migration, la globalisation et la pauvreté (DRC) de l’Université de Sussex (2007), on dénombrait 170 363 émigrants Camerounais dans le monde en 2000, dont 12,3 % résidaient dans les pays cibles de la CEDEAO et de la Mauritanie tandis que la proportion des ressortissants des pays cibles dans les immigrés au Cameroun était de 60,4 %. Les émigrés congolais étaient quant à eux au nombre de 821 057 dont seulement 1,9 % résidaient dans les pays cibles alors que la proportion des ressortissants des pays cibles dans la population d’immigrés en RDC est de 9,6 %. Le poids des émigrés congolais et camerounais dans la population respective de ces deux pays est de 1,6 % et de 1,1 %. L’émigration de ces deux pays est encore marginale et similaire à celle des ivoiriens qui est également de 1 %.

Les cinq principales destinations des émigrés congolais se trouvent sur le continent africain : l’Afrique du Sud (18,2 %), la République du Congo (13,1 %), la Zambie (9,2 %), le Rwanda (8,7 %) et le Zimbabwe (8,7 %). En revanche, la

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37Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

principale destination des camerounais est la France (22,6 %) suivie du Gabon (17,7 %), du Nigéria (9,9 %), des Etats-Unis (7,5 %) et de l’Allemagne (5,4 %) (Tableau 12).

Tableau 12 : Répartition des émigrés congolais et camerounais par destination, 2000

République démocratique du Congo Cameroun

République sud-africaine 149 462 18,2% France 38 530 22,6 %

Congo (République du) 107 914 13,1% Gabon 30 216 17,7 %

Zambie 75 392 9,2% Nigéria 16 890 9,9 %

Rwanda 71 313 8,7% Etats-Unis 12 835 7,5 %

Zimbabwe 71 152 8,7% Allemagne 9 252 5,4 %

Ouganda 69 878 8,5% Tchad 5 135 3,0 %

Belgique 49 889 6,1% République Centrafricaine 5 103 3,0 %

France 27 459 3,3% Congo, (République du) 4 312 2,5 %

Allemagne 19 665 2,4% Burkina Faso 3 513 2,1 %

Kenya 18 847 2,3% Royaume-Uni 3 468 2,0 %

Autres 160 086 19,5% Autres 41 109 24,1 %

Total 821 057 100 % Total 170 363 100 %

Population de la RDC** 50 289 000 Population du Cameroun** 15 865 000

Ratio Emigrants/Pop 1,63 % Ratio Emigrants/Pop 1,07 %

Source: DRC (2007), ** DPNU (2009).Note : Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.

Tableau 13 : Stock des émigrants des pays cibles dans les zones de destination, 2000

Océanie Asie Amérique Europe Afrique Total

Pays cibles de l’Afrique de l’Ouest

5 107 181 024 315 941 770 946 3 774 356 5 047 374

RDC+Cameroun 480 27 597 34 797 190 897 737 649 991 420

Total 5 587 208 621 350 738 961 843 4 512 005 6 038 794

% 0,1 3,5 5,8 15,9 74,7 100,0

Source : DRC (2007).Note : Ces estimations sont basées sur des données de recensements pour la période 1995–2005.

Les pays cibles de l’Afrique de l’Ouest incluent, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria et le Sénégal.

Le stock des émigrants des pays cibles de l’Afrique de l’ouest4 en Europe était de 770 946 contre 190 897 pour la RDC et le Cameroun (DRC, 2007). Dans l’ensemble, les dix pays africains couverts par cette étude comptaient 961 843 ressortissants résidant en Europe, soit 15,9 % des émigrés de ces pays dans le monde. Cependant, la première destination des africains de ces pays est l’Afrique.

4 Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal.

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38 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Cette région est privilégiée par près de trois émigrés sur quatre. La troisième destination est l’Amérique qui accueille 350 738 émigrés représentant 5,81 % des émigrés dans le monde (Tableau 13, DRC, 2007). Les principaux pays de destination en Europe des émigrés ressortissants des dix pays sont : la France (29 %), le Royaume-Uni (18 %), l’Allemagne (17 %), l’Italie (9 %), la Belgique (6 %), le Portugal (5 %), l’Espagne (4 %) et le Pays-Bas (3 %) (Graphique 5).

Graphique 5 : Emigrés des pays cibles de l’Afrique de l’Ouest, RDC et Cameroun, par destination, en Europe, en 2000 (en %)

30 %

17 %

17 %

9 %

6 %

5 %

4 %

3 %

9 %

France

Allemagne

Italie

Belgique

Portugal

Espagne

Autres

Royaume-Uni

Pays-Bas

Source : DRC (2007).

Si l’on peut constater la diversification au cours du temps des zones d’émigration des ressortissants des dix pays africains étudiés, il ressort principalement pour tous les pays à l’exception du Niger, que la première destination est l’ancienne métropole avec laquelle des liens historiques et linguistiques existent. Ensuite, la seconde destination est l’Allemagne en raison des opportunités d’emplois qu’offre ce pays européen (Tableau 23, Annexe 1).

Les pays étudiés ayant les plus fortes proportions de leurs émigrés en Europe sont par ordre d’importance : le Cap-Vert (48,9 %), la Côte d’Ivoire (43,2 %), le Cameroun (38,7 %), le Sénégal (38,0 %) et le Nigéria (18,0 %). Cependant, cette hiérarchie change si l’on raisonne en termes de volume. En effet, selon le stock de migrants, les pays dominants sont : le Nigéria (187 028), le Sénégal (182 290), la RDC (125 195), le Ghana (115 790), le Cap-Vert (97 694). Dans les Amériques (Nord et Sud) l’on dénombrait 350 738 émigrés des dix pays africains étudiés concentrés essentiellement aux Etats-Unis (83,7 %) et au Canada (13 %). Au sein

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39Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

des pays étudiés, les émigrés Nigérians sont les plus nombreux en Amérique du Nord (44,5 %), suivi des Ghanéens (25,4 %), des Cap verdiens (8,1 %), des Congolais (5,5 %), et des Camerounais (4,4 %). Ces différentes communautés totalisent à elles seules plus de 87 % des émigrés en provenance des pays cibles en Amérique du Nord.

Les autres destinations (Asie, Amérique Latine, Océanie, Australie) sont peu privilégiées par les migrants originaires des pays cibles puisque moins de 5 % du total des émigrés y réside (Tableau 24, Annexe 1).

A.2.3 Migration de main-d’œuvre et d’étudiants

Les taux d’émigration de personnes hautement qualifiées5 des dix pays étudiés excèdent les taux d’émigration de celles faiblement qualifiées et moyennement qualifiées pour tous les pays en 1990 et en 2000 (Graphique 6). De 1990 à 2000, les taux d’émigration hautement qualifiée ont connu une hausse pour tous les pays excepté le Niger et la RDC. Aussi, l’analyse des taux de sélection6 des émigrés révèle que nombre d’africains ayant des niveaux d’étude élevés choisissent de plus en plus la voix de l’émigration. (Docquier et Marfouk, 2005).

Selon Barghava, Docquier et Moullan (2010), plus de 450 et 157 médecins formés respectivement en RDC et au Cameroun travaillaient à l’étranger dont la plupart en République sud-africaine, en Belgique et aux Etats-Unis. Les taux de fuite de médecins étaient de 10,9 % et de 11,1 % respectivement au Cameroun et en RDC. Sur l’ensemble des dix pays étudiés, le Cameroun et la RDC occupent respectivement les 3ème et 4ème rangs des pays ayant de forts de taux de fuite de médecins (Tableau 17, Annexe 1).

Par ailleurs, le phénomène d’émigration des personnels hautement qualifiés du secteur de la santé est diversement distribué dans la population africaine. Le pays le plus touché au niveau de l’émigration des médecins, est le Ghana (56 %), suivi du Sénégal (51 %), du Cap-Vert (51 %), du Cameroun (46 %) et du Mali (23 %). Les infirmiers des dix pays étudiés émigrent en moyenne plus que ceux des pays d’Afrique Subsaharienne. Le taux d’émigration moyen pour la RDC et le Cameroun est de 14 % contre 13 % pour les pays cibles de la CEDEAO et de la Mauritanie alors que la moyenne des pays subsahariens se situait à 11 % en 2000 (Tableau 19, Annexe 1). Le Cap-Vert est le pays qui possède le taux

5 Le stock des émigrants ayant (au minimum) atteint le niveau de l’enseignement supérieur (13 années ou plus) comme fraction de la main-d’œuvre totale du pays d’origine diplômée de l’enseignement supérieur.

6 Le stock des émigrants d’un certain niveau d’éducation (bas, moyen et haut) comme fraction du stock total des émigrants et nationaux résidant à l’étranger.

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40 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

d’émigration des infirmières le plus élevé des pays cibles (41 %) suivi du Sénégal (27 %), du Ghana (24 %), du Cameroun (19 %) et du Mali (15 %).

Graphique 6 : Taux de migration qualifié des dix pays étudiés dans les pays de l’OCDE, 2000 (en %)

Source : Docquier et Marfouk, 2005.

Les émigrés en provenance de la RDC et du Cameroun dans les pays de l’OCDE, étaient en 2008 au nombre de 30 311 comprenant 60 % d’hommes. Les préférences de ces immigrés vis-à-vis des secteurs d’activité sont similaires à celles des émigrés des pays étudiés de la CEDEAO et de la Mauritanie. En effet, le premier secteur de choix des émigrés camerounais et congolais est le secteur de la santé dans lequel exercent 16 % d’entre eux ; ensuite, viennent les secteurs de la manufacture (14 %), la distribution (13 %), des affaires et activités immobilières (13 %), les activités communautaires et de services sociaux (8 %) et l’éducation (8 %) (Tableau 26, Annexe 1). Les pays étudiés de la CEDEAO et de la Mauritanie totalisent en 2008, un flux de 389 685 émigrés travailleurs comprenant 62 % d’hommes et 38 % de femmes répartis suivant les différents secteurs d’activité dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2008). Les cinq principaux secteurs d’activité de ces travailleurs émigrés sont : la santé (17 %), la

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41Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

manufacture (16 %), la distribution (12 %), les affaires et activités immobilières (10 %) et les activités communautaires et de services sociaux (8 %) (Graphique 7). Ces cinq secteurs occupent environ deux travailleurs migrants sur trois.

En outre, le secteur de la santé pour tous les pays étudiés à l’exception de la Mauritanie et du Sénégal, compte plus de femmes que d’hommes. Pour l’ensemble des dix pays étudiés, la proportion des femmes est de 66 % contre 34 % d’hommes.

Graphique 7 : Répartition des émigrants des dix pays étudiés dans les pays de l’OCDE par secteurs d’activité, 2008 (en %)

et

et

Source: OCDE (2008).

L’effectif des étudiants mobiles du Cameroun et de la RDC évoluent en sens inverse de 2002 à 2007 (Graphique 12, Annexe 1). Cet effectif est passé pour ces deux pays de 16 810 à 20 356, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,9 % contre 8,8 % pour les pays étudiés de la CEDEAO et la Mauritanie. Sur la période 2002–2007, le cumul d’étudiants camerounais à l’étranger (89 067) excède de loin celui des pays cibles de la CEDEAO et de la Mauritanie à l’exception du Nigéria tandis que celui de la RDC (21 442) n’excède que celui de trois pays : le Mali, la Mauritanie et le Niger.

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42 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

A.2.4 Transfert de fonds

Les soldes nets des transferts7 camerounais pour les données disponibles sont négatifs de 1979 à 1995 et en 2001 et 2002. Ces soldes traduisent des sorties plus importantes de devises du Cameroun par rapport aux fonds reçus des travailleurs camerounais à l’étranger. Cette situation est semblable à celle de la Côte d’Ivoire et est cohérente avec le fait que jusqu’au début des années 1990, le Cameroun était un pays net d’immigration (Tableau 9). Cependant, à partir de 2003, l’on assiste à un retournement de tendance liée à une forte croissance des transferts entrants comparativement aux flux sortants. En effet, le taux de croissance annuel moyen sur la période 2002-2006 des flux entrants est de 57 % contre 11 % pour les transferts sortants. Par ailleurs, la contribution des transferts entrants au PIB du Cameroun en 2008 est faible (0,7 %) et est quasi identique à celle de la Côte d’Ivoire (0,8 %) et du Ghana (0,8 %) pour la même année (Banque mondiale, 2009).

Au niveau de la RDC, selon les données disponibles auprès de la Banque Centrale, l’on a enregistré un flux global de transferts entrants de 130 millions de dollars E.-U. contre 68 millions de dollars E.-U. de transferts sortants en 2007. Le flux net positif de 63 millions de dollars E.-U. pour cette année, représente le double des transferts de 2006 et le triple de ceux de 2005 (OIM, 2010).

Les transferts reçus selon Banque mondiale (2006) sont estimés à 3 300 millions USD pour les pays examinés dans la Partie A.1, soit seulement 1,3 % du total des transferts mondiaux (tableau 14). Ces fonds proviennent de l’Europe (27,8 %), de l’Afrique de l’Ouest (24,2 %), de l’Afrique centrale (19,9 %) et de l’Amérique du Nord (15,3 %). Ils s’orientent principalement vers le Nigéria (68,7 %) et le Sénégal (15,7 %) qui cumulent à eux deux 84 % des transferts entrants dans ces huit pays (Tableau 14). Les transferts reçus par le Cameroun sont très faibles et proviennent principalement de l’Afrique centrale et de l’Europe.

7 Les données sur les transferts de fonds en direction de la RDC sont indisponibles dans les statistiques de la Banque Mondiale.

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43Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 14 : Transferts de fonds reçus (en millions de dollars E.-U.) par les dix pays étudiés, selon region d’origine, 2005

Afrique de l’Est du Nord

et du Sud

Afrique Centrale

Afrique de

l’OuestEurope Amérique

du Nord Autres Total

Cameroun 0 5 1 4 1 1 11

RDC - - - - - - -

Nigéria 80 611 321 561 453 241 2 267

Sénégal 1 34 201 215 15 44 511

Mali 0 6 128 7 1 13 155

Côte d’Ivoire 0 0 53 72 10 13 148

Ghana 0 0 66 14 10 9 99

Cap-Vert 9 1 9 49 15 8 92

Niger 0 3 20 0 0 2 26

Mauritanie 0 0 1 0 0 0 2

Total 91 655 800 919 504 330 3 300

% 2.7 19.9 24.2 27.8 15.3 10.0 100

Source : Ratha et Shaw (2006).

A.2.5 Migration irrégulière

Le phénomène de migration irrégulière est également vécu dans les mêmes formes qu’en Afrique de l’Ouest. Certains étrangers entrent en RDC et au Cameroun sans visa d’entrée à cause de la porosité et de l’immensité des frontières ou y résident au-delà de leur titre légal de séjour. Le Cameroun et la RDC ne disposent pas d’administrations et d’outils fiables pour quantifier et qualifier l’immigration clandestine. En outre, nombre d’irréguliers possèdent frauduleusement des documents d’identité des deux pays d’accueil. Ainsi, évaluer de manière continue le nombre de migrants clandestins, leur origine, leur domaine d’activité, etc. semble difficile à réaliser. Cependant, à l’instar des pays cibles d’Afrique de l’Ouest, les clandestins ou les immigrés irréguliers sont nombreux et travaillent dans le secteur informel où il n’est guère nécessaire de fournir des documents administratifs à jour. Au Cameroun, ces étrangers exercent pour la plupart dans le petit commerce (friperie, vente de pièces détachées), l’artisanat et les petits services ambulants (cordonniers, cireurs de chaussures, tailleurs) (OIM, 2009h). En RDC, ces étrangers irréguliers travaillent dans les kiosques et le petit commerce et également dans les entreprises appartenant aux ressortissants de leur pays d’origine (boulangerie, garages, main-d’œuvre technique dans des entreprises minières). Les étrangers en situation irrégulière travaillant dans le secteur quasi-informel bénéficient de la complicité des agents des services d’immigration (OIM, 2010).

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44 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

D’après De Haas (2008), à la veille de la régularisation en 2005, près de 53 % des ressortissants camerounais en Espagne avaient des statuts illégaux. Entre 2004 et 2006, le nombre d’immigrants légaux camerounais a augmenté de 1 532 à 2 612, représentant une hausse de 71 %. La proportion des camerounais en situation irrégulière est semblable à celle des ghanéens en Espagne avant la régularisation de 2005.

Les arrestations8 d’émigrants camerounais ou congolais (RDC) dans l’UE 27 en 2006 et 2007, se sont réalisées principalement dans les mêmes pays que celles des ressortissants des pays cibles. Le classement par ordre d’importance selon le cumul des arrestations sur les années 2006 et 2007, est le suivant : la France (34 %), la Belgique (20 %), l’Allemagne (10 %), l’Espagne (10 %), le Pays-Bas (7 %). Ainsi, plus de 80 % des arrestations dans l’Union Européenne ont été réalisées dans l’un de ces cinq pays (CIREFI, 2009). Au niveau des expulsions, les principaux pays sont les mêmes que ceux au niveau des arrestations à l’exception de l’Espagne. La hiérarchie en termes d’expulsions est la même que celle au niveau des arrestations comme l’atteste ces statistiques sur les expulsions : France (39 %), Allemagne (18 %), Belgique (18 %), Pays-Bas (15 %), en 2006 (CIREFI, 2009).

Les statistiques présentées témoignent que l’émigration irregulière des camerounais et congolais vers l’Europe s’orientent dans les mêmes pays que celle des pays cibles, non seulement en raison des liens historiques (congolais en Belgique et Camerounais en France), mais également des opportunités d’emplois qu’offre les autres pays européens (Allemagne, Pays-Bas).

A.3 Contexte socio-économique de la migration

A.3.1 Tendances du développement humain

En général, il semble que le niveau de développement d’un pays favorise la capacité de ce pays à attirer et absorber la main d’œuvre étrangère ou à exporter cette main d’œuvre étant donné que les migrants se déplacent des zones pauvres vers les zones relativement prospères. Néanmoins, ce lien n’est pas linéaire car il dépend également de l’histoire du pays, de sa culture et des politiques mises en œuvre par ses dirigeants. Pour les dix pays de l’aperçu régional, l’on constate que les positions du Mali et de la RDC sur l’échelle du développement humain (PNUD, 2009) sont cohérentes avec le fait qu’ils ont les taux les plus élevés de personnes émigrantes par rapport à la population. En outre, il est également normal que

8 Les données du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Luxembourg n’ont pas été communiquées et par conséquent ne sont pas prises en compte dans ces calculs.

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45Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

le Nigéria et le Ghana ayant des niveaux de développement moyen, reçoivent d’importants flux d’immigrés de la sous-région dans une zone où l’Indice de Développement Humain (IDH) moyen est faible. En revanche, la position de la Côte d’Ivoire en tant que premier pays récepteur d’immigrés dans la sous-région contraste avec son niveau de développement humain faible (Tableau 15). Cette situation pourrait être expliquée par la prospérité naguère qu’a connu ce pays et qui a attiré les vagues successives d’immigrés et par la politique migratoire libérale mise en œuvre par ses dirigeants jusqu’en 1990.

L’indice d’éducation élevé au du Cap-Vert (0,786) explique le taux d’émigration qualifié élevé de ce pays et mis en évidence dans de nombreuses études (Docquier et Marfouk, 2005 ; Clemens et Petterson, 2006).

Tableau 15 : Indicateur de développement humain des pays cibles en 2007

Indice d’espérance

de vie

Indice du niveau

d’instruction

Indice du PIB IDH Rang IDH Développement

Humain

Cap-Vert 0.769 0.786 0.57 0.708 121 Moyen

Ghana 0.525 0.622 0.432 0.526 152 Moyen

Cameroun 0.431 0.627 0.51 0.523 153 Moyen

Mauritanie 0.526 0.541 0.494 0.52 154 Moyen

Nigéria 0.378 0.657 0.497 0.511 158 Moyen

Côte d’Ivoire 0.531 0.45 0.472 0.484 163 Faible

Sénégal 0.506 0.417 0.469 0.464 166 Faible

République démocratique du Congo

0.377 0.608 0.182 0.389 176 Faible

Mali 0.385 0.331 0.398 0.371 178 Faible

Niger 0.431 0.282 0.307 0.34 182 Faible

Afrique Subsaharienne

0.441 0.597 0.503 0.514 - Moyen

Source: PNUD (2009).

A.3.2 Projections démographiques

De 1950 à 2000, la croissance de la population des différents pays étudiés est erratique et pour la majorité des pays, elle est tendanciellement au dessus du taux moyen. Cependant, dans les années 2000, cette croissance devient régulière et le taux de croissance démographique des différents pays baisse au cours du temps (DPNU, 2009). Quelques observations majeures méritent néanmoins d’être signalées :

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46 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

• La croissance de la population en RDC et au Niger, s’est réalisée depuis 1950 à un rythme supérieur à la moyenne de l’Afrique de l’Ouest et les projections de 2010 à 2050 perpétuent cette même tendance ;

• En revanche, le Mali connait une évolution qui contraste avec l’ensemble des pays étudiés. La croissance de sa population s’est effectuée à un rythme régulier jusqu’en 2010 même si, sur cette période, ce rythme a été inférieur au taux de croissance démographique moyen de l’Afrique de l’Ouest. Toutefois, les projections sur la période 2010-2050, établissent un taux de croissance supérieur au taux moyen de l’Afrique de l’Ouest ;

• Le Cap-Vert (1950-1970), le Cameroun (1965-1975), la Côte d’Ivoire (1950–2000) et le Ghana (1950-1965 et 1980-1990) ont eu des taux de croissance démographique supérieur à celui de l’Afrique de l’Ouest ;

• La croissance démographique du Sénégal quant à lui s’effectue depuis 1950 à un rythme supérieur au taux moyen de l’Afrique de l’Ouest et cette tendance est censée se poursuivre jusqu’en 2025, après quoi on pourrait assister à un retournement de tendance (Graphique 8 et Tableau 27, Annexe 1).

Ainsi pour les périodes au delà de 2010 (DPNU, 2009), quatre des dix pays étudiés auront une croissance de leur population supérieure à la moyenne ouest-africaine. Ce sont la RDC, le Mali, le Niger et le Sénégal jusqu’en 2025. Ces taux élevés couplés à la jeunesse de la population font de ces pays des potentiels exportateurs de migrants si les opportunités d’insertion économique locale font défaut ou sont insuffisantes.

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47Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Graphique 8 : Taux de croissance démographique des dix pays étudiés, 1950–2050 (en %)

1950

–195

5

1955

–196

0

1960

–196

5

1965

–197

0

1970

–197

5

1975

-198

0

1980

–198

5

1985

–199

0

1990

–199

5

1995

–200

0

2000

–200

5

2005

–201

0

2010

–201

5

2015

–202

0

2020

–202

5

2025

–203

0

2030

–203

5

2035

–204

0

2040

–204

5

2045

–205

0

0

1 %

2 %

3 %

4 %

5 %

6 %

CamerounCap-VertCôte d'Ivoire

GhanaMaliMauritanieNiger

NigériaSénégalAfrique de l'ouest

Source : DPNU (2009).

La population totale des dix pays étudiés était de 298 617 000 en 2005 et est estimée à 316 331 000 en 2010 représentant respectivement 39 % et 37 % de la population de l’Afrique Subsaharienne. Les projections effectuées pour l’année 2050 envisagent cette population à 681 259 000, soit 39 % de la population totale de l’Afrique Subsaharienne. La population de ces pays est majoritairement jeune avec une proportion de mineurs de plus de 40 % sur la période 2005–2010, mais à l’horizon 2050, ce ratio diminuera jusqu’à atteindre un tiers (Tableau 28, Annexe 1) (DPNU, 2009).

Le ratio de dépendance moyen pour l’Afrique de l’Ouest est élevé (au dessus de 80 % de 1950 à 2010) (Graphique 13, Annexe 1). Cependant, ce ratio moyen de même que celui de tous les pays étudiés, est en baisse depuis 1990 et selon les projections réalisées cette tendance se poursuivra de 2010 à 2050. Les quatre pays (Niger, RDC, Mali et Sénégal) dont les taux de croissance démographique projetés sont supérieurs à la moyenne ouest-africaine sur la période 2010-2050, ont également des projections de ratios de dépendance supérieurs à la moyenne ouest-africaine sur ladite période. Par ailleurs, ce ratio étant composé à plus de 80 % par des individus dont l’âge varie entre 0 et 14 ans,

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48 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

les pays étudiés ont une population jeune qui restera dominante jusqu’en 2050 (DPNU, 2009). Puisque le ratio de dépendance est en baisse, alors la population active croit au cours du temps et ceci dans les pays cibles d’Afrique de l’Ouest comme dans les deux pays cibles d’Afrique centrale que sont le Cameroun et la RDC. L’ampleur de cette population active couplée à la jeunesse de la population fait que la pression migratoire sur les principaux pays d’émigration risque de se maintenir.

A.3.3 Croissance et prospectives économiques

Sur le plan économique, la situation des dix pays analysés a plutôt été morose. La croissance des pays n’a pas été régulière au cours du temps. Elle s’est faite en dents de scie, à l’exception du Ghana dont le taux de croissance du PIB par tête n’a cessé de croître, passant de 1,3 % à 4,0 % de 2000 à 2006. Néanmoins, l’ensemble des pays analysés, excepté la Côte d’Ivoire, a eu des taux de croissance grandissant. Cependant, ces taux de croissance du PIB par tête sont relativement faibles et oscillent entre 0,5 % et 4 % excepté le pic de 8,9 % atteint par le Mali en 2001 et 8 % du Nigéria en 2003 (Banque mondiale, 2008 ; Graphique 9).

Graphique 9 : Taux de croissance du PIB par habitant des dix pays étudiés, 2000- 2005 (en %)

Source: Banque mondiale (2008c).

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49Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

La croissance des dix pays étudiés est tirée à des degrés divers par les différents secteurs économiques. La croissance régulière du Ghana provient de la croissance du secteur industriel dont le taux de croissance de la contribution à la formation du PIB oscille entre 4,7 % et 9,6 % de 2000 à 2006. Les autres pays ayant également l’industrie comme moteur de la croissance sont le Cap-Vert et la RDC. La croissance du Sénégal était également portée par le secteur industriel, mais depuis 2003 des changements structurels sont intervenus qui font tantôt place au secteur agricole en 2003 et 2005, tantôt au secteur des services en 2004 et 2006. La croissance observée au Cameroun, au Mali et en Mauritanie provient fondamentalement de la croissance observée dans le secteur des services tandis que la Côte d’Ivoire a essentiellement sa croissance adossée à la croissance du secteur agricole (Tableau 29, Annexe 1) (Banque mondiale, 2008c).

Ainsi, même si le taux de croissance du PIB par tête a été positif en tendance sur la période 2000-2006 et a donc permis de créer des emplois dans les différents secteurs, il a certainement été inférieur à ce qui était requis pour créer suffisamment d’emplois afin d’absorber l’ensemble la main d’œuvre disponible.

A.3.4 Main d’œuvre, marché du travail et prospectives

La population active (15-64 ans) dans les différents pays concernés par le aperçu régional était de 159 millions en 2005 et elle est projetée à 182 millions et 446 millions respectivement en 2010 et 2050. Cette population active représente un peu plus de 53 % de la population totale de ces pays pour les années 2000 à 2010 et plus de 38 % de la population active de l’Afrique Subsaharienne pour ces mêmes années. A l’horizon 2050, la population active de ces dix pays atteindra le seuil des deux tiers de la population totale de ces pays, ce qui renforcera la contrainte de l’emploi et donc accroîtra la pression migratoire. De 2000 à 2010, le taux de croissance annuel moyen de la population active excède le taux de croissance démographique annuel moyen. En effet, pour l’ensemble des pays étudiés, le taux de croissance annuel moyen de la population active était de 2,8 % de 2000 à 2010 contre 2,6 % et 2,5 % respectivement de 2000 à 2005, et de 2005 à 2010. Cette tendance d’une croissance de la population active supérieure à la population totale est maintenue jusqu’à l’horizon 2050 (DPNU, 2009).

Il ressort de ce qui précède que les taux de croissance démographique et de la population active ont été très élevés au cours des décennies passées. Si l’on anticipe néanmoins une tendance à la baisse de ces taux dans les décennies à venir, ils demeurent relativement élevés comparés aux moyennes africaines et mondiales. Sur la période 2005-2010, le taux de croissance annuel moyen

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de la population active des dix pays est de 2,8 % contre 2,6 % pour la moyenne africaine. Pour les 40 ans à venir, ce taux est projeté à 2,3 % contre 2,1 % pour l’ensemble de l’Afrique. Cependant, les dix pays étudiés ne se démarquent pas significativement de l’ensemble de l’Afrique Subsaharienne en ce qui concerne l’évolution de ces taux de croissance (DPNU, 2009). Face à l’importance de la population active dans la population totale et de son évolution au cours du temps, Il importait donc aux Etats de trouver les moyens de réaliser plus de croissance économique en vue d’accroître les opportunités de création d’emplois et réduire significativement le taux du chômage.

Cependant, l’on note une faiblesse des opportunités de création d’emplois. A titre d’illustration, au Sénégal, plus de 30 % de la force de travail n’était pas satisfaite car sous-occupée selon l’enquête sénégalaise sur les ménages (ESAM II) en 2001, et seule une personne sur cinq occupait un emploi à plein temps. Les programmes mis en œuvre entre 1995 et 2004 à l’attention des chercheurs d’emploi ou des personnes en situation de sous-emploi touchaient moins de 5 % des chômeurs (OIM, 2009d). Au Niger, l’on assiste à un déficit structurel entre la demande d’emplois et l’offre d’emplois. Le taux de satisfaction moyen des demandes d’emplois n’atteint pas 25 % (OIM, 2009b). Au Mali, le taux d’emploi de la population en âge de travailler est passé de 45 % à 73 % de 2004 à 2007, traduisant ainsi une création d’emplois mais insuffisante pour absorber toute la main d’œuvre disponible (OIM, 2009e).

Cette situation peut être également appréhendée par les taux de chômage élevés qui vont de 4,4 % au Cameroun en 2000 à 92 % en RDC (OIM, 2009h et 2009i). Entre ces deux taux seuils, l’on observe une diversité de situations selon les pays et les années. Pour certains pays, le taux de chômage s’accroit au cours du temps sur la période 2000-2009. Ce pays sont ; la Côte d’Ivoire dont le taux de croissance passe de 6,2 % à 17,5 % de 2002 à 2008 ; la Mauritanie dont le taux a varié de 29 % à 32,5 % de 2000 à 2004 ; le Mali de 8,8 % à 9,6 % de 2004 à 2007 et le Niger de 13,1 % à 15,9 % de 2001 à 2009. Le Nigéria a connu une situation contraire se traduisant par une réduction de ce taux de chômage de 11,2 % à 9,9 % de 2003 à 2008 en raison de la hausse du cours du baril de pétrole et de l’accroissement des exportations de pétrole. Par ailleurs, en 2000, le Ghana avait un taux de chômage de 10,4 % contre 13 % pour le Sénégal en 2002 (OIM, 2009a).

Le chômage dans l’ensemble des pays analysés touche beaucoup plus les jeunes. Au Sénégal, 30 % des actifs de moins de 35 ans sont au chômage contre 13 % au niveau global en 2002 (OIM, 2009d). Au Niger, le taux de chômage dans la tranche des 15-29 ans est le plus élevé atteignant 24 % alors que la moyenne

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nationale est de 15,9 % en 2009 (OIM, 2009b). Cette même situation s’observe au Cameroun avec un taux de chômage de 6,5 % pour les moins de 29 ans contre 3,1 % pour les 30-49 ans et 1,2 % pour les plus de 50 ans alors que le taux de croissance national s’établit à 4,4 % en 2000 (OIM, 2009h). Au Ghana, la population des 25-44 ans est la plus atteinte par le chômage, suivie par la tranche d’âge 15-24 ans (OIM, 2009a). Au Mali, en revanche, les actifs de moins de 40 ans représentent 56,1 % des chômeurs dans ce pays en 2004 (OIM, 2009e).

En outre, le chômage croit également avec le niveau d’étude dans la plupart des pays. Au Sénégal, le taux de chômage dans la sous-population des personnes instruites est de 17,1 % contre 13 % au niveau national en 2002 (OIM, 2009d). Au Mali, le taux de chômage varie de 12 à 19,3 % de 2004 à 2007 pour les personnes de niveau fondamental (OIM, 2009e). Ainsi, le chômage touche plus les personnes diplômées et les personnes instruites que les non diplômés et les personnes moins instruites. Cette situation est également vécue en Côte d’Ivoire et dans les autres pays (OIM, 2009c).

La crise de l’emploi vécue diversement par les pays analysés, n’est pas seulement l’apanage des personnes sans instruction ou sans qualification, mais un problème touchant tous les niveaux d’instruction et de qualification.

En conséquence, les populations actives désabusées par l’inexistence d’emplois modernes offrant des niveaux de revenus relativement élevés et une couverture sur le plan social, vont trouver un refuge dans le secteur informel. Ce secteur bien qu’offrant des emplois précaires et un faible niveau de rémunération, regroupe un large éventail d’activités et est le plus dynamique de l’économie en termes de création d’emplois. Les activités informelles occupent une part importante de la population active. Les ratios vont de 60 % en 2002 au Sénégal à près de 82 % au Cameroun en 2001 (OIM, 2009a-i). La Mauritanie, le Ghana et le Mali ont tous une participation du secteur informel à l’occupation de la main d’œuvre de 80 % tandis que cette proportion est de 68 % en Côte d’Ivoire. En outre, dans les différents pays, le secteur informel contribue fortement à l’activité économique en étant le secteur prépondérant. La contribution de ce secteur au PIB est également importante. Cette contribution est de 70 % au Niger sur la période 2004-2006 et de 60 % pour le Sénégal entre 1995-2004. En Côte d’Ivoire cette participation au PIB a évolué de 43 % à 50 % de 2001 à 2006, contre 22 % au Ghana en 2000 et 12,32 % au Nigéria en 2005 (OIM, 2009a-h et 2010).

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A.3.5 Education et migration des travailleurs qualifiés

Le secteur informel est très flexible, n’exige pas un haut niveau de qualification et s’adapte parfaitement à la réalité socio-économique des pays africains. En effet, ces pays ont un faible niveau de capital humain et un faible niveau de formation de la main d’œuvre. L’indice du niveau d’instruction varie de 0,282 à 0,786 contre 0,597 pour la moyenne de l’Afrique Subsaharienne et 0,708 pour la moyenne mondiale. Ainsi, seul le Cap-Vert fait mieux que la moyenne mondiale au niveau de l’instruction de ses populations. Au regard de la moyenne africaine, cinq pays sur les dix sont en retard : la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali et le Niger (Tableau 15).

En outre, une proportion importante de la main d’œuvre n’a pas reçu de formation et le niveau de formation technique est faible au niveau des employés du secteur moderne. En effet, selon le recensement général de 2001 au Niger, 92 % des demandeurs d’emploi n’ont pas d’expérience professionnelle, près de 55 % n’ont jamais été scolarisé, 23 % ont un niveau d’instruction primaire alors que 2 % seulement ont un diplôme de l’enseignement technique et professionnel. L’absence de formation professionnelle diminue considérablement les chances d’intégrer le marché moderne de l’emploi (OIM, 2009b). En Côte d’Ivoire, selon les résultats de l’enquête sur le niveau de vie des ménages 2008, la proportion des personnes sans instruction en 2008 est de 55,89 % de la population totale, celle des personnes de niveau primaire est en hausse (26,9 %) tandis qu’elle est en baisse (14,5 %) pour les individus de niveau secondaire général et technique et pour ceux de niveau supérieur (1,7 %) (OIM, 2009c). En Mauritanie, outre le faible taux d’alphabétisation, l’on relève un manque d’éducation de la force de travail, ainsi qu’un faible développement de formations professionnelles appropriées. En effet, l’examen du niveau d’instruction et de qualification de la population active montre qu’environ 60 % n’a jamais fréquenté l’école formelle, 36 % a arrêté les études avant l’obtention du baccalauréat, 3 % a bénéficié d’une formation professionnelle ou technique et seulement 1 % a suivi des études supérieures (OIM, 2009g).

Pour l’ensemble des dix pays étudiés, les taux d’alphabétisation sont faibles ainsi que les taux de fréquentation du secondaire et du supérieur. Par ailleurs, un nombre important des actifs n’a pas de formation professionnelle et est donc peu qualifié pour être employé dans le secteur formel.

En conséquence, il existe une pénurie de main d’œuvre notamment qualifiée dans certains secteurs nonobstant le taux de chômage élevé. Cette pénurie s’observe dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche au Ghana (OIM, 2009a), en RDC (OIM, 2009i), et dans nombre des

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pays étudiés où l’on assiste à des ratios d’encadrement élèves/professeurs très élevés ou en hausse. Au Ghana, plus de 60 % des postes dans les écoles techniques et 40 % postes d’enseignants dans les universités publiques sont vacants et le ratio étudiants-enseignant dans toutes les disciplines dépasse les normes établies. Cette situation s’observe également en Côte d’Ivoire, en Mauritanie où l’offre d’enseignement supérieur et technique est insuffisante et est d’une capacité d’accueil inférieur à la demande. Au Sénégal, le ratio d’encadrement est de 1 enseignant pour 44 élèves (OIM, 2009d).

La pénurie s’observe également dans le secteur du génie civil (OIM, 2009a), dans le secteur médical qui connait une fuite de cerveaux africains selon les ratios médecins/population qui sont très faibles par rapport aux normes mondiales. La pénurie surtout dans le secteur de l’enseignement conjuguée à l’obsolescence des curricula de formation et à l’insuffisance des locaux, a un impact négatif sur la qualité des enseignements et ne permet donc pas de combler les lacunes au niveau de la formation de la main d’œuvre.

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PARTIE B : APPROChE REgIOnAlE DES quESTIOnS MIgRATOIRES

B.1 Cadre institutionnel et juridique régissant la migration au niveau régional

En Afrique de l’Ouest, la principale organisation régionale concernée ici est la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Nous évoquerons ici le cadre de la CEDEAO en gardant à l’esprit que l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)9 a également adopté quelques textes ayant trait à la mobilité régionale des personnes.

Au niveau régional, les migrations ont été à l’ordre du jour de l’agenda des Etats ouest africains quasiment depuis la création de la CEDEAO en 197510. Celle-ci a développé un cadre juridique en matière de migration assez développé mais dont l’effectivité est à ce jour encore très lacunaire malgré de nettes avancées.

Au niveau institutionnel, la Commission de la CEDEAO qui est l’organe exécutif de la CEDEAO est dotée - au sein du bureau du Commissaire pour le Commerce, les Douanes et la Libre Circulation - d’un Département sur la Libre Circulation des Personnes et le Tourisme qui est en charge de la promotion et du suivi de l’application du cadre juridique dont le premier texte spécifique est le Protocole A/P1/5/79 du 29 mai 1979 sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement. Mais ce Département est très limité en ressources humaines et des financements conséquents reçus notamment de la part de l’Espagne devraient permettre de faire face à cette pénurie d’effectif. Par ailleurs, en matière de traite des personnes, l’Unité Tip (Trafficking in Persons) est responsable et elle est intégrée au bureau du Commissaire aux Affaires Humanitaires et Sociales.

Le premier instrument spécifique sur la migration est le Protocole A/P1/5/79 de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement adopté par les Etats membres à Dakar le 29 mai 1979, entré en vigueur le 8 avril 1980.

9 L’UEMOA regroupe moins de pays, huit au total.10 Traité de la CEDEAO du 28 mai 1975 ; ce traité, signé à Lagos, a été révisé par le traité du 24 juillet 1993 signé

à Cotonou.

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Quelques années plus tôt, l’article 3 § 2 du Traité de la CEDEAO de 1975 prévoyait déjà la suppression des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux, ainsi qu’aux droits d’établissement et de résidence.11

Trois étapes dans l’exécution du Protocole de 1979 marquent les trois principaux éléments de ce protocole, le délai fixé pour sa mise en œuvre étant de 15 ans : la libre circulation, le droit de résidence et le droit d’établissement (art. 2). La première étape correspond au droit d’entrée et à l’abolition du visa et donc à la libre circulation (1980–1985). La deuxième étape renvoie à l’application du droit de résidence (1985–1990) et la troisième étape au droit d’établissement (1990–1995). Différents instruments juridiques correspondent à ces trois étapes.

Liste des instruments juridiques de la CEDEAO relatifs à la migrationProtocoles

- Protocole A/P1/5/79 sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement ;

- Protocole A/P3/5/82 portant code de la citoyenneté de la Communauté ;

- Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite pour l’application du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement ;

- Protocole additionnel A/SP1/7/86 relatif à l’exécution de la deuxième étape (droit de résidence) du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement ;

- Protocole additionnel A/SP1/6/89 complétant les dispositions de l’article 7 du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement ;

- Protocole additionnel A/SP2/5/90 relatif à l’exécution de la troisième étape (droit d’établissement) du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

11 Une autre organisation régionale a pour objectif l’intégration régionale : il s’agit de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), créée par un traité le 10 janvier 1994 à Dakar et qui a remplacé la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO). L’UEMOA comprend huit Etats membres et a notamment pour but l’établissement d’un marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens des services et des capitaux et le droit d’établissement des personnes exerçant une activité indépendante ou salariée et consacre la libre circulation et le droit d’établissement (articles 91 et 92 du traité). Mais la CEDEAO a un corpus juridique beaucoup plus approfondi en la matière.

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Décisions - Décision A/DEC.8/5/82 portant modification du paragraphe 1 de

l’article 27 du traité de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ;

- Décision A/DEC/10/5/82 relative à l’application du protocole sur la libre circulation et au programme d’information du public ;

- Décision A/DEC.2/7/85 portant institution d’un carnet de voyage des Etats membres de la CEDEAO ;

- Décision A/DEC.2/5/90 portant institution d’une carte de résident des Etats membres de la CEDEAO.

Résolution - Résolution A/RE2/11/84 relative à l’application de la première

étape du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

B.1.1 la libre circulation des personnes

La liberté de circulation renvoie au droit d’aller et venir présentant les trois aspects suivants : la liberté de circulation au sein du territoire d’un Etat donné, le droit de quitter tout pays et le droit de retour.

Selon l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 : « 1. Quiconque se trouve légalement sur le territoire d’un Etat a le droit d’y circuler librement et d’y choisir librement sa résidence. 2. Toute personne est libre de quitter n’importe quel pays, y compris le sien. […] 4. Nul ne peut être arbitrairement privé du droit d’entrer dans son propre pays ».

La libre circulation des personnes est un des fondements du Traité de la CEDEAO de 1975 et plus globalement du processus d’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. Le Protocole sur la libre circulation, le droit de résidence et d’établissement de 1979, en son article 3, dispose que tout citoyen de la Communauté désirant entrer sur le territoire de l’un des Etats membres sera tenu de posséder un document de voyage et un certificat international de vaccination en cours de validité.

Cet article précise encore que tout citoyen de la Communauté désirant séjourner dans un Etat membre pour une durée maximale de 90 jours, pourra entrer sur le territoire de cet Etat membre par un point d’entrée officiel sans

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avoir à présenter un visa.12 Cependant, si ce citoyen souhaite prolonger son séjour au-delà des 90 jours, il devra alors obtenir une autorisation délivrée par les autorités compétentes.

Enfin, les Etats membres conservent néanmoins la prérogative de refuser l’entrée sur leur territoire à tout citoyen de la Communauté entrant dans la catégorie « des migrants inadmissibles » au terme de leurs lois et règlements en vigueur (art. 4).

La libre circulation des personnes dans l’espace CEDEAO est consacrée sans pour autant être absolue, laissant ainsi le pouvoir discrétionnaire aux Etats membres de choisir les personnes qui seront autorisées à circuler sur leur territoire.

En 1985, les Etats membres sanctionnent la nécessité d’adopter un document harmonisé de voyage au sein de la CEDEAO par la Décision A/DEC.2/7/85 portant institution d’un carnet de voyage des Etats membres de la CEDEAO. Selon les articles 3 et 6, l’obtention dudit document est soumise à des conditions relatives à l’âge (15 ans minimum), à l’endroit où la demande doit être effectuée, c’est-à-dire auprès de l’autorité qualifiée du pays d’origine et la durée de validité dudit document (deux ans). Cette décision a été adoptée pour faciliter et simplifier les formalités de mouvement des personnes au passage des frontières des Etats membres. Cinq ans plus tard, une autre décision a été adoptée et a créé un nouveau document de voyage, le passeport CEDEAO, remplaçant ainsi le carnet de voyage.13 En outre la Décision C/DEC.3/12/92 du 5 décembre 1992 institue l’utilisation d’un formulaire harmonisé d’immigration et d’émigration des Etats membres de la CEDEAO en vue de faciliter et de simplifier le passage des personnes aux frontières des pays de la Communauté.

La libre circulation est un volet fondamental en matière de facilitation de la migration. Mais elle serait incomplète sans l’existence du droit de résidence et d’établissement.

B.1.2 le droit de résidence

Le droit de résidence dans l’espace CEDEAO doit être présenté à la lumière du Protocole additionnel A/SP1/7/86 relatif à l’exécution de la deuxième étape (droit de résidence) du Protocole sur la libre circulation des personnes, le

12 Une directive de la CEDEAO adoptée à la même date que le Protocole, le 29 mai 1979, prévoit en outre la mise en place de guichets spéciaux à chaque point d’entrée officiel pour les formalités d’entrée des ressortissants de la CEDEAO.

13 Décision A/DEC.1/5/2000 portant institution du passeport CEDEAO.

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droit de résidence et d’établissement, adopté à Abuja le 1er juillet 1986 ainsi que de la Décision A/DEC.2/5/90 portant institution d’une carte de résident des Etats membres de la CEDEAO du 30 mai 1990.

Le droit de résidence sur le territoire d’un Etat membre de la CEDEAO est reconnu aux citoyens de la Communauté désirant accéder à une activité salariée et à l’exercer (art. 2 du Protocole de 1986) et concerne de ce fait les travailleurs migrants et non les migrants en général. Ce protocole donne d’ailleurs des définitions des « travailleurs migrants », « travailleurs frontaliers », « travailleurs saisonniers » et « travailleurs itinérants » (art. 1er) et prévoit des dispositions particulières pour ces catégories.

Le droit de résidence permet « de répondre à des emplois effectivement offerts, de se déplacer à cet effet librement sur le territoire des Etats membres, de séjourner et de résider dans un des pays membres afin d’y exercer un emploi conformément aux dispositions législatives, règlementaires et administratives régissant les travailleurs nationaux, de demeurer, dans les conditions définies par les dispositions législatives, réglementaires et administratives des Etats membres d’accueil, sur le territoire d’un Etat membre après y avoir occupé un emploi » (art. 3). La double conformité aux « dispositions réglementaires et administratives des Etats membres d’accueil » exigée par cet article montre que le droit de résidence s’exerce dans un cadre où les Etats gardent une souveraineté importante.

Le droit de résidence se traduit notamment par la délivrance de la carte de résident des Etats membres de la CEDEAO, instituée par la Décision A/DEC.2/5/90 du 30 mai 1990. Cette carte confère à tout ressortissant de la CEDEAO les mêmes droits et libertés que les nationaux de l’Etat membre d’accueil, exception faite des droits politiques. Cette carte vaut titre de séjour pour une durée de trois ans et est exigée pour pouvoir bénéficier du droit de résidence et d’établissement. L’article 2 du Protocole de 1986 donne des détails techniques sur l’aspect de la carte de résident tandis que l’article 4 liste les formalités et les pièces nécessaires à la délivrance de la carte. Selon l’article 15, le refus de délivrer une carte de résident est un pouvoir discrétionnaire de l’Etat. En vertu de cette disposition, les Etats gardent là aussi une marge d’appréciation suffisante.

L’article 8 de la Décision de 1990 reconnaît la liberté qu’ont les travailleurs migrants ayant obtenu leur carte de résident de choisir un emploi. L’alinéa 3 de ce même article dispose que la perte d’emploi n’entraîne pas le retrait de la carte

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de résident. Ces dispositions sont très importantes et touchent à une question délicate, celle de l’emploi. En revanche, la carte peut être retirée à une personne condamnée pour un délit ou un crime.

L’article 1er aliéna 2 du Protocole de 1986 exclut du champ de la définition de travailleurs migrants plusieurs catégories de personnes dont « les personnes dont les relations de travail avec un employeur n’ont pas été établies dans l’Etat membre d’accueil » (art. 1er alinéa 2-c), ce qui exclut la grande majorité des migrants de la CEDEAO qui travaillent pour la plupart dans le secteur informel.

Le droit des travailleurs migrants en situation régulière à être traités de la même manière que les nationaux est reconnu à l’article 23 alinéa 2 du Protocole de 1986 pour l’exercice de leur emploi ou de leur profession. Il convient de noter que les emplois de l’administration publique ne sont pas concernés à moins d’une réglementation nationale contraire (art. 4 des Protocoles de 1979 et de 1986).

L’article 18 de la Décision du 30 mai 1990 rappelle l’égalité des droits, en disposant qu’« A l’exception des droits politiques, les ressortissants des Etats membres de la CEDEAO jouiront sur le territoire de chacun d’eux des mêmes droits et libertés que les nationaux de l’Etat membre d’accueil, notamment ceux énoncés par la Déclaration universelle des droits de l’homme ». Cet article est complété par l’article 23 qui consacre l’égalité de traitement des travailleurs migrants avec les nationaux du pays d’accueil en ce qui concerne l’exercice de leur emploi ou de leur profession, de la sécurité de l’emploi, mais aussi de la possibilité de participer à des activités socioculturelles, des possibilités de réemploi en cas de perte de l’emploi pour des raisons économiques, l’accès aux écoles d’enseignement général et professionnel ainsi qu’aux centres de formation professionnelle pour leur enfants et le bénéfice des services et l’accès aux établissements sociaux, culturels et sanitaires.14

Par ailleurs, une disposition importante ici renvoie à l’article 18, selon lequel les administrations des Etats membres doivent coopérer étroitement entre elles et avec la CEDEAO dans le domaine de la migration des personnes au sein de le Communauté et surtout en ce qui concerne la main-d’œuvre migrante afin notamment « 1. d’identifier les types de mouvements migratoires au sein de la Communauté ainsi que les raisons de ces mouvements ; 2. d’identifier

14 De plus, l’article 7 du Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite pour l’application du Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement prévoit entre autres la non discrimination en matière fiscale et l’égalité entre les ressortissants des Etats membres et les nationaux devant l’accès aux juridictions de tous ordres et pour la défense de leurs droits.

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les types d’emplois qui sont recherchés et la qualification des chercheurs d’emplois ainsi que le coût de la main-d’œuvre dans les Etats membres […] 5. de s’efforcer, sur la base de ces échanges d’information concernant la main-d’œuvre migrante, d’harmoniser les politiques d’emploi et de main-d’œuvre dans les Etats membres ». Les Etats membres ont la responsabilité de collaborer ensemble à long terme pour harmoniser leur politique d’emploi et de main d’œuvre.15 Enfin, l’article 22 prévoit que les Etats membres coopéreront afin de prévenir et d’éliminer les mouvements et l’emploi illégaux ou clandestins de travailleurs migrants en situation irrégulière.

B.1.3 le droit d’établissement

Le droit d’établissement est consacré par le Protocole additionnel A/SP2/5/90 du 30 mai 1990 relatif à l’exécution de la troisième étape (droit d’établissement) du Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

Doté d’une forte dimension économique, le droit d’établissement est le droit « reconnu à tout ressortissant d’un Etat membre, de s’installer ou de s’établir dans un Etat autre que son Etat d’origine, d’accéder à des activités économiques, de les exercer ainsi que de constituer et de gérer des entreprises notamment des sociétés dans les conditions définies par la législation de l’Etat d’accueil pour ses propres ressortissants » (art. 1 du Protocole de 1990). Ce droit « comporte l’accès aux activités non salariées et leur exercice ainsi que la constitution et le gestion d’entreprise […] dans les lois et règlements du pays d’implantation pour ses propres ressortissants » (art. 2).

Le principe de non-discrimination est énoncé à l’article 4 alinéa 1  : « chacun des Etats s’impose d’accorder sur son territoire un traitement non discriminatoire aux ressortissants et sociétés des autres Etats membres  ». Mais les alinéas suivants viennent atténuer cette obligation de traitement non discriminatoire lorsqu’un Etat « n’est pas en mesure d’assurer un tel traitement » pour une activité déterminée ou lorsqu’il existe des régimes spéciaux pour les non nationaux « justifiés pour des raisons d’ordre public, de sécurité publique et de santé publiques ».

15 L’article 19 complète l’article précédent en disposant que, bien que les Etats sont libres de « déterminer les critères autorisant l’admission, le séjour, l’emploi des travailleurs migrants et des membres de leur famille, les Etats d’accueil procéderont à des consultations et agiront en collaboration avec les autres Etats intéressés en vue de promouvoir des conditions saines, équitables et humaines en ce qui concerne les migrations légales des travailleurs et de leur famille. Dans ce cas, compte sera dûment tenu non seulement des besoins et des ressources en main d’œuvre, mais aussi des conséquences sociales, économiques, culturelles, politiques et autres, tant pour les travailleurs migrants que pour la Communauté et les Etats intéressés ».

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Le Protocole de 1990 prévoit également que des décisions doivent être prises au niveau de la CEDEAO en matière de reconnaissance mutuelle au niveau communautaire des diplômes, certificats et autres titres (art. 4 al. 5). Des progrès doivent être réalisés ici aussi pour soutenir l’intégration régionale et l’économie des pays ouest africains. Le droit d’établissement doit être un outil au service du développement économique des Etats de la CEDEAO. D’ailleurs, de nombreuses dispositions du Protocole de 1990 ont trait aux investissements.

B.1.4 le cadre légal relatif à la migration irrégulière

Les Etats ont légiféré au niveau national pour réguler l’entrée, le séjour et la sortie des étrangers sur leur territoire et notamment les aspects liés à la migration irrégulière, certaines législations étant sur ce point peu détaillées. La migration irrégulière est une question sensible, en particulier par rapport aux pays dits du Nord (Europe, Amérique du Nord) et ceux du Maghreb.

Au niveau régional, le cadre légal est incomplet bien que trois protocoles contiennent des dispositions relatives à la migration irrégulière. Ce cadre laisse aux Etats le soin de déterminer précisément les conditions d’accueil, de séjour et de sortie des étrangers, dans le respect de la règlementation communautaire. Néanmoins, il existe plusieurs dispositions pertinentes ici. Ainsi, au delà des 90 jours de libre circulation, toute personne ressortissante d’un pays de la CEDEAO évidemment) souhaitant rester sur le territoire du pays d’accueil doit obtenir une autorisation délivrée par les autorités compétentes, conformément à l’article 3 alinéa 2 du Protocole du 29 mai 1979.

L’article 11 évoque l’expulsion et le rapatriement sans définir ces notions. Selon cet article, « 1. Si un Etat Membre décide d’expulser un citoyen de la Communauté, il devra le notifier à l’intéressé et en informer le Gouvernement de l’Etat Membre dont il est ressortissant, ainsi que le Secrétaire Exécutif.16 2. Les dépenses encourues pour l’expulsion dudit citoyen seront supportées par l’Etat Membre qui expulse. 3. En cas d’expulsion, la sécurité du citoyen considéré ainsi que celle de sa famille doit être garantie et ses biens sauvegardés pour lui être restitués, sans préjudice de ses engagements vis-à-vis des tiers. 4. En cas de rapatriement d’un citoyen de la Communauté du territoire d’un Etat Membre, cet Etat Membre le notifie au Gouvernement de l’Etat Membre dont ledit citoyen est ressortissant et au Secrétaire Exécutif.17 5. Les dépenses encourues pour le rapatriement d’un citoyen de la Communauté du territoire d’un Etat Membre

16 Désormais la Commission et non plus le Secrétariat Exécutif.17 Idem.

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seront supportées par le citoyen dont il s’agit et dans le cas d’impossibilité matérielle par le pays dont il est ressortissant ».

Par ailleurs, l’article 13 du Protocole A/SP1/7/86 du 1er juillet 1986 prohibe les mesures d’expulsion collective ou massive pour les travailleurs migrants et les membres de leurs familles. En cas de mesure éventuelle d’expulsion, « Chaque cas d’expulsion sera examiné et tranché sur une base individuelle » (art. 13 al. 2). Pour les migrants en général, l’article 3 du Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite pour l’application du Protocole sur la libre circulation, le droit de résidence et d’établissement du 6 juillet 1985 prévoit les droits dont les migrants irréguliers peuvent se prévaloir et les conditions à respecter par l’Etat lorsqu’il décide de procéder à une telle mesure. La Décision A/DEC.2/5/90 renforce le « droit souverain de chacun des Etats membres de procéder à l’expulsion de tout ressortissant d’un autre Etat membre dès lors qu’il serait en situation irrégulière ou considéré comme migrant inadmissible, et ce dans les conditions prescrites par les textes en vigueur au niveau de la Communauté » (art. 19). La notion de migrant inadmissible, que l’on retrouve dans d’autres instruments de la CEDEAO, mérite d’être précisée.18

Le Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite du Protocole de 1979 contient plusieurs articles pertinents ici. Le titre III porte sur les droits et obligations des migrants dans les Etats membres et des conditions et procédures d’expulsion. Selon l’article 3, « 1. En cas de migration clandestine ou irrégulière, des mesures seront prises, tant sur le plan national que sur le plan communautaire, pour garantir aux migrants en situation irrégulière, la jouissance ou l’exercice des droits fondamentaux de l’homme qui leur sont reconnus. 2. Les droits fondamentaux de l’homme reconnus au migrant expulsé ou sujet à une telle mesure en vertu des lois et règlements de l’Etat Membre, pays d’accueil, ainsi que les droits qu’il a acquis du fait de son emploi doivent être respectés. Toute mesure d’expulsion sera appliquée d’une manière humaine et sans conséquence dommageable pour la personne, sa famille, ses droits et ses biens. 3. Toute personne faisant l’objet d’une mesure d’expulsion bénéficie d’un délai raisonnable pour rentrer dans son pays d’origine. 4. Toute mesure d’expulsion, lorsqu’elle est de nature à entraîner la violation des droits fondamentaux de l’homme, est prohibée. 5. En vertu des doits fondamentaux de l’homme reconnus aux migrants clandestins, les Etats Membres, pays d’accueil disposeront, en cas d’expulsion de telle sorte que tous les rapatriements s’opèrent dans le cadre de procédures régulières de sous contrôle. 6. En tant que de besoin, l’expulsion ne doit être envisagée que pour des motifs strictement légaux ; en tout état de

18 Le Protocole du 29 mai 1979 renvoie cette notion aux termes des lois et règlements en vigueur dans les Etats membres.

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cause, elle doit être opérée dans le respect de la dignité humaine de l’expulsé ». Les titres IV et V portent respectivement sur les dispositions à prendre en vue du traitement des migrants irréguliers et de la coopération dans le cadre sous-régional pour éviter ou réduire l’afflux des migrants clandestins ou irréguliers. Le Protocole ne donne pas de distinction entre migrant clandestin et migrant irrégulier.19

Par ailleurs, en matière de traite des personnes qui représente une forme particulièrement grave de migration irrégulière, l’Accord multilatéral de coopération régionale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre a été adopté à Abuja, le 6 juillet 2006, entre les gouvernements des Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Ce document est un accord multilatéral de coopération en matière de lutte contre la traite des enfants et des femmes qui vise une harmonisation des législations nationales desdits Etats. Il comprend six titres : le premier renvoie aux dispositions générales qui listent des définitions de quelques notions pertinentes, les objectifs, les principes et ses champs d’application. Le titre II est relatif aux obligations des parties qui se découpent en obligations communes et obligations spécifiques. Quant au titre III, il organise l’entraide judiciaire en matière pénale, en précisant les mesures d’entraide judiciaire, les autorités compétentes, la teneur de la demande d’entraide judiciaire, les limites à l’utilisation des informations ou des preuves, les documents et les frais générés par l’exécution de la demande d’entraide. Enfin, les titres IV et V renvoient respectivement au mécanisme de suivi et aux dispositions finales.

La libre circulation, le droit de résidence et d’établissement, malgré les restrictions ou la faiblesse de certaines dispositions, sont garantis par des instruments juridiques communautaires et doivent favoriser la mobilité - incontournable et nécessaire - des personnes en Afrique de l’Ouest bien que nombre d’obstacles restent à surmonter.

Les textes de la CEDEAO étudiés ici, malgré leurs limites, s’inscrivent dans la nécessité de répondre aux multiples aspirations et besoins des pays et

19 Article 5 : « 1. Les Etats Membres prendrons toutes les mesures appropriées qui sont de nature à permettre ou faciliter la régulation, si elle est désirée et possible, de la situation des migrants irréguliers. 2. La régularisation de la situation des migrants irréguliers doits se faire dans le cadre des droits définis par les différents protocoles relatif à la libre circulation les personnes, le droit de résidence et d’établissement et sur la base d’éléments d’appréciation tels que : l’existence d’un large consensus politique selon lequel la régularisation est désirable ou nécessaire ; l’acceptabilité des éléments par une large fraction de la société ; une date limite d’admissibilité ; une campagne d’information bien conçue, destinée à l’ensemble de la population et visant à assurer sa compréhension et son appui ; l’absence de mesures juridiques punitives contre les personnes demandant la régularisation de leur situation. » Ces conditions ne sont pas cumulatives et doivent permettre aux Etats de prendre des décisions appropriées.

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des populations en Afrique de l’Ouest. Toutefois, comme nous le verrons plus en avant, les instruments communautaires ont une effectivité limitée et ont finalement peu influé sur les flux migratoires, la majorité de ces derniers se faisant en dehors du cadre juridique en vigueur.

B.2 l’effectivité lacunaire du cadre réglementaire régional

Il existe un écart important entre le contenu des instruments juridiques de la CEDEAO et les pratiques existantes dans les Etats membres. L’Afrique de l’Ouest connaît pourtant des défis multiples en matière migratoire face auxquels une plus grande effectivité de ces instruments est primordiale.

B.2.1 Responsabilité des Etats et obstacles à l’effectivité des instruments communautaires

Avant de se concentrer sur les problèmes d’effectivité, il est utile de rappeler que les Etats membres ont la responsabilité d’appliquer les instruments de la CEDEAO. Pour assurer une meilleure application du Protocole A/P1/5/79 de 1979 ainsi que la mise en œuvre dans les délais des différentes étapes prévues, le Protocole additionnel A/SP1/7/85 portant code de conduite pour l’application du Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement a été adopté à Lomé le 6 juillet 1985 et il est entré en vigueur le 28 juin 1989. Ce protocole autorise sous conditions les Etats à apporter des restrictions à l’application du Protocole de 1979 et même à fermer leurs frontières pour des motifs de sécurité intérieure (art. 8), ce qui peut éventuellement être légitime en cas d’instabilité politique ou de conflit interne par exemple. Le titre II porte sur le rôle et les obligations des Etats membres, pays d’origine et d’accueil des migrants et sur la nécessaire coopération entre les administrations compétentes des Etats membres.

L’article 2 de ce protocole additionnel dispose que : « 1. Les Etats membres feront en sorte que leurs ressortissants se rendant sur le territoire d’un autre Etat membre soient en possession des documents de voyage en cours de validité reconnus à l’intérieur de la Communauté. 2. Les Etats membres sont tenus de mettre en place ou de renforcer les Services administratifs appropriés de manière à fournir aux migrants toutes les informations nécessaires et de nature à leur permettre d’entrer régulièrement sur le territoire des ces Etats. […] 4. En vue d’une étroite coopération entre les Administrations nationales des Etats membres dont relèvent les questions relatives à la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux et pour l’harmonisation des techniques et modes d’action, les Etats membres s’obligent à autoriser la tenue de réunion périodiques

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des responsables nationaux en vue d’échange de renseignement et d’expériences de toutes natures ».

La protection des droits des migrants est prévue dans l’article 3 de ce même protocole. Ainsi, « 1. En cas de migration clandestine ou irrégulière, des mesures seront prises, tant sur le plan national que sur le plan communautaire, pour garantir aux migrants en situation irrégulière, la jouissance ou l’exercice des droits fondamentaux de l’homme qui leur sont reconnus. 2. Les droits fondamentaux de l’homme reconnus au migrant expulsé ou sujet à une telle mesure en vertu des lois et règlements de l’Etat membre, pays d’accueil, ainsi que les droits qu’il a acquis du fait de son emploi doivent être respectés ».20

L’application des différents instruments communautaires est rendue difficile par de multiples facteurs tels que la faiblesse de l’Etat de Droit et donc l’incapacité de faire appliquer le droit, l’instabilité économique et politique, le manque de volonté politique et notamment les agendas politiques qui diffèrent d’un pays à l’autre, la réticence des Etats à délaisser une part de leur souveraineté nationale mais également le manque de moyens financiers pour mettre en place des politiques appropriées.

Un obstacle de taille est la non ratification de tous les protocoles additionnels par l’ensemble des Etats membres.21 La ratification de ces instruments par tous les Etats est une condition sine qua non pour aboutir à une intégration régionale effective. Ensuite, comme cela est demandé dans les textes de la CEDEAO, les Etats membres devraient prendre, en conformité avec leurs procédures constitutionnelles et les dispositions des instruments communautaires, toutes les mesures nécessaires à l’application de ces textes.

Certaines dispositions des protocoles sont trop restrictives ou pas assez précises. Par exemple, on peut s’interroger sur le contenu de l’article 5 alinéa 2 du Protocole additionnel A/SP1/7/85 de 1985 qui prévoit que la régularisation de la situation des migrants irréguliers doit se faire dans le cadre des droits

20 (suite de l’article 3) « Toute mesure d’expulsion sera appliquée d’une manière humaine et sans conséquences dommageables pour la personne, sa famille, ses droits et ses biens. 3. Toute personne faisant l’objet d’une mesure d’expulsion bénéficie d’un délai raisonnable pour rentrer dans son pays d’origine 4. Toute mesure d’expulsion, lorsqu’elle est de nature à entraîner la violation des droits fondamentaux de l’homme, est prohibée. 5. En vertu des doits fondamentaux de l’homme reconnus aux migrants clandestins, les Etats Membres, pays d’accueil disposeront, en cas d’expulsion de telle sorte que tous les rapatriements s’opèrent dans le cadre de procédures régulières de sous contrôle. 6. En tant que de besoin, l’expulsion ne doit être envisagée que pour des motifs strictement légaux ; en tout état de cause, elle doit être opérée dans le respect de la dignité humaine de l’expulsé. »

21 Ceci est le cas des Protocoles additionnels A/SP1/6/89 et A/SP2/5/90. Tous les protocoles sont néanmoins en vigueur à ce jour puisqu’au moins neuf Etats ont ratifié chacun d’eux conformément au Traite révisé de 1993.

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définis par les différents protocoles relatifs à la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement et sur la base d’éléments d’appréciation tels que - parmi d’autres - l’existence d’un large consensus politique selon lequel la régularisation est désirable ou nécessaire et l’acceptabilité des éléments par une large fraction de la société. Ces deux éléments aux contours difficilement appréciables, sont peu pertinents d’un point de vue juridique.

B.2.2 Etat des lieux de l’effectivité des instruments de la CEDEAO en matière migratoire

Des acquis considérables sont relevés tels que la suppression effective du visa d’entrée dans tous les Etats membres, la reconnaissance légale du droit de résidence et d’établissement, l’utilisation croissante de la carte de résident et du passeport de la CEDEAO ou encore la reconnaissance d’une citoyenneté de la CEDEAO. Une autre évolution notable est la réduction des tracasseries administratives aux postes frontières entre les pays de la Communauté. Néanmoins, force est de constater que l’application effective de ces protocoles est loin de produire les effets escomptés au point de susciter de vives inquiétudes quant à l’atteinte des objectifs assignés par les Etats membres.

Des progrès significatifs ont été accomplis concernant la libre circulation des ressortissants des Etats membres de la CEDEAO. La suppression du visa d’entrée a constitué l’élément clé de cette amélioration. Cependant, les tracasseries de toutes natures sur les routes ou aux postes frontières mais aussi au sein des administrations compétentes subsistent. Les principales raisons renvoient au manque de formation des agents. De plus, poussés par des conditions de travail et salariales insuffisantes, des agents continuent les pratiques d’extorsion et de chantage dans les administrations, aux postes frontaliers et au niveau des barrages routiers injustifiés. Ces pratiques répréhensibles font rarement l’objet de poursuites ou de sanctions, les agents concernés bénéficiant ainsi de trop d’impunité.

Le juge communautaire peut relever des plaintes une fois que les voies de recours au niveau national ont été épuisées. Créée en 1991 mais installée de manière effective en 2003, la Cour de justice de la Communauté peut traiter les plaintes et les violations dans le domaine de la circulation et de la résidence des personnes dans les conditions prévues par les textes (art. 76 du Traité révisé de 1993).22

22 Elle a été créée par le Protocole A/P.1/7/91 relatif à la Cour de justice de la Communauté.

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De manière générale, les citoyens de la CEDEAO sont peu informés et sensibilisés sur les droits et devoirs découlant des instruments juridiques de la CEDEAO. Le problème du manque de connaissances des textes de la CEDEAO se pose aussi bien pour les administrations en charge de leur application que pour les populations. Du côté des administrations, les agents concernés doivent être sensibilisés aux enjeux de l’intégration régionale et devraient recevoir dans les écoles de formations des cours sur la libre circulation, le droit et résidence et d’établissement au sein de l’espace CEDEAO. Ensuite, des efforts de vulgarisation des instruments de la CEDEAO doivent être menés parmi les populations en particulier les populations transfrontalières afin qu’elles connaissent mieux les droits que leur confèrent ces instruments. Des traductions dans des mots simples devraient être partagées en leur sein. Sur cette question, l’implication de la société civile serait un apport important.

Aux points frontaliers, il serait opportun que les services d’immigration disposent d’un système d’enregistrement des données et d’échanges d’information pour renforcer la coopération interétatique et améliorer la gestion des flux migratoires. La mise en place d’une stratégie de coopération frontalière ambitieuse s’avère nécessaire par exemple à travers la création de postes frontaliers conjoints, ce qui exige, outre une volonté politique des différentes parties, des moyens humains et financiers conséquents. De plus, le démantèlement des postes qui ne sont pas prévus dans les textes officiels des Etats membres devrait être accentué dans les Etats où cela existe encore et certains postes frontaliers, fermés à certaines heures, devraient être fonctionnels 24h/24.

Par ailleurs, de nombreuses personnes ne sont pas porteuses de documents de voyage lorsqu’elles traversent les frontières et se retrouvent dans la situation de migrants irréguliers avec toutes les conséquences que cela entraîne en termes d’illégalité et de vulnérabilité. Certains n’ont même pas d’acte de naissance et rencontrent des difficultés pour se voir délivrer une carte d’identité ou un passeport.23 Un autre problème se pose avec le certificat de vaccination, de nombreux migrants n’en étant pas détenteurs.

Les Etats devraient faciliter la délivrance des documents prévus par les protocoles de la CEDEAO. On constate une utilisation de plus en plus fréquente mais pas encore systématique de la carte de résident et du passeport de la CEDEAO pour les déplacements à l’intérieur et à l’extérieur de la CEDEAO. Toutefois, des progrès restent à réaliser au niveau de l’application effective de ce

23 Les systèmes d’état civil devraient être sensiblement améliorés : la fiabilité des documents peut poser problème tout comme leur validité, les critères pour étant différents entre les pays de la CEDEAO.

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droit. En réalité, la carte de résident n’a pas été mise en circulation par tous les Etats, et là où elle existe, trop de personnes ignorent son existence.

En appliquant mieux les instruments de la CEDEAO, et surtout en informant mieux les agents de l’immigration et des douanes ainsi que la population sur les droits contenus dans ces textes, beaucoup de situations de migrations irrégulières pourraient ainsi être évitées. C’est néanmoins en matière de libre circulation que les progrès les plus importants ont pu être réalisés, tandis qu’en matière de résidence et d’établissement, de nettes améliorations se font attendre.

Le droit de résidence et d’établissement ne s’applique qu’à une petite partie des migrants ouest africains. Même si les dispositions y relatives offrent aux ressortissants des Etats membres la possibilité d’accéder à un emploi ou à une activité rémunératrice sur le territoire d’un Etat membre exception faite de la fonction publique, des difficultés subsistent encore au niveau de l’exercice de certaines professions libérales pour lesquelles on relève des discriminations dues au manque d’harmonisation de la législation nationale en matière d’emploi et de reconnaissance des diplômes.

Les droits de résidence et d’établissement ne sont donc pas assez effectifs, d’une part en raison de l’absence de moyens mis en place pour les faire respecter, d’autre part pour les mêmes raisons évoquées pour la libre circulation (ignorance de l’existence et du contenu des textes de la CEDEAO par les administrations et les populations). La délivrance de la carte de résident n’est pas systématique et reste méconnue par certains fonctionnaires et par les bénéficiaires potentiels.

Tel que défini dans les protocoles de la CEDEAO, le droit de résidence soulève enfin le problème des personnes installées dans ces pays antérieurement à l’instauration des textes adoptés. Le Protocole additionnel A/SP1/85 de 1985 prévoit des dispositions générales relatives à la régularisation de la situation des migrants irréguliers. Il s’agit à présent de trouver une manière de régulariser la situation de toutes ces personnes, qui ne peuvent plus être qualifiées de migrants du fait de la durée de leur séjour sur le territoire d’accueil qui peut remonter à plusieurs générations. Il est en outre nécessaire de ratifier pour les Etats qui ne l’ont pas encore fait la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille du 18 décembre 1990.24

24 En Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso, le Cap-Vert, le Ghana, la Guinée, le Mali, le Nigéria et le Sénégal sont parties à cette Convention.

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Les Etats sont encore peu enclins à laisser une part de leur souveraineté au profit d’une régulation régionale des migrations. Il existe des conflits entre la loi nationale et la réglementation régionale. La mise en conformité du corpus national par rapport aux instruments régionaux est un préalable nécessaire pour une meilleure effectivité de la libre circulation des personnes dans l’espace CEDEAO. Les Gouvernements doivent prendre des initiatives pour assurer la complémentarité plutôt que l’opposition ou les contradictions pouvant exister entre les deux niveaux de réglementation ou entre le discours et la volonté politique et les réalités sur le terrain.

Par exemple, le cas de la Côte d’Ivoire, selon le discours du Ministre d’Etat, Ministre du Plan et du Développement (MEMPD) lors du Dialogue de Haut Niveau des Nations Unies à New York les 15 et 16 septembre 2006, la politique migratoire ivoirienne met l’accent sur la gestion régionale des questions migratoires, le cadre national étant inapproprié pour juguler tous les problèmes liés aux mouvements de personnes. Pourtant, si le Protocole du 29 mai 1979 a été ratifié le 19 janvier 1981 par la Côte d’Ivoire, ce pays n’a pas encore ratifié les protocoles portant sur les droits de résidence et d’établissement.

Certains textes de loi nationaux comprennent des dispositions distinguant les ressortissants de la CEDEAO de ceux hors CEDEAO. Le dernier texte relatif à la gestion de la migration est l’ordonnance n°2007–604 du 8 novembre 2007 portant suppression de la carte de séjour. Selon cette ordonnance, « Les étrangers ressortissants de la CEDEAO vivant en Côte d’Ivoire devront être munis de documents d’identification délivrés par leur pays d’origine ou leur représentation consulaire » (art.2) tandis que pour les étrangers des pays non membres de la CEDEAO, il est prévu la carte de résident lorsque le séjour est supérieur à trois mois. De plus, la loi n°2002–03 du 3 janvier 2002 relative à l’identification des personnes et au séjour des étrangers stipule que l’identification des étrangers vivant en Côte d’Ivoire s’établit par un titre de séjour tandis que la modification intervenue en 2004 (loi n°2004-303 du 3 mai 2004) crée une carte de résident pour les ressortissants de la CEDEAO après trois mois de séjour continu.

La Côte d’Ivoire utilise la voie des accords bilatéraux, ce qui risque de multiplier les régimes juridiques en fonction, notamment avec le Burkina Faso qui est relatif aux conditions d’engagement et d’emplois des travailleurs burkinabè en Côte d’Ivoire. Le contenu de cette convention porte également sur les transferts et la protection des migrants voltaïques.

De son côté, le Niger a adopté l’ensemble des protocoles de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

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La principale loi sur l’entrée et le séjour des étrangers renvoie à l’ordonnance n°81–40 du 29 octobre 1981 et son décret d’application n°87–076/PCMS/MI/MAE/C (MI/D-Police Nationale, 2006). Au regard des instruments de la CEDEAO, certaines dispositions sont caduques notamment celles relatives aux documents de voyage et aux visas d’entrée. Des révisions sont donc nécessaires, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays de la sous-région.

Quel que soit le pays, il est de la responsabilité des Etats de veiller à ce que les instruments juridiques et les politiques et pratiques mises en place au niveau national soient conformes au corpus régional afin d’assurer une mobilité régionale en ligne avec l’objectif majeur de l’intégration régionale.

B.3 l’intégration régionale, le dialogue international et l’impact sur la migration

B.3.1 le défi de l’intégration régionale

La mobilité humaine en Afrique de l’Ouest est considérée dans le cadre plus large de l’intégration régionale, qui passe notamment par la libre circulation des personnes. L’intégration régionale est d’ailleurs l’un des éléments fondateurs de la CEDEAO.

Pour concrétiser la volonté des Etats membres de développer ensemble une meilleure intégration régionale, les instruments communautaires présentés auparavant ont été adoptés, bien que de manière insuffisante puisque certains pays n’ont toujours pas ratifié l’ensemble du corpus existant.

Pour affirmer davantage cet objectif d’intégration, le Traité révisé de la CEDEAO intègre la notion de citoyen de la Communauté pour les ressortissants des Etats membres (art. 1). Les conditions fixées à l’acquisition de la citoyenneté de la CEDEAO figurent dans le Protocole A/P3/5/82 du 29 mai 1982 portant Code de la Citoyenneté de la Communauté. Ce protocole, entré en vigueur le 10 juillet 1984, énonce les critères d’acquisition de cette citoyenneté qui concerne « toute personne qui, par la descendance a la nationalité d’un Etat membre et qui ne jouit pas de la citoyenneté d’un Etat non membre de la Communauté » (art. 1 § 1). Tous les binationaux qui ont une nationalité d’un pays hors CEDEAO se trouvent donc exclus d’office.

Un instrument important pour l’intégration régionale renvoie à la stratégie régionale de réduction de la pauvreté. Préparée de manière conjointe par la Commission de la CEDEAO et la Commission de l’UEMOA en novembre 2006,

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cette stratégie a tout récemment été lancée officiellement (le 11 janvier 2010). Conçu comme élément complémentaire aux stratégies nationales, la stratégie régionale mentionne à plusieurs reprises aussi le lien entre la migration et le développement.

La migration est présentée comme un des facteurs pour la transformation et la croissance économique ainsi que la réduction de la pauvreté. Les flux des travailleurs migrants sont considérés, à juste titre, comme un accélérateur pour le processus de développement. La stratégie souligne l’importance d’une gestion efficace et coordonnée des flux migratoires dans la région, car l’absence d’une telle gestion peut renforcer la pauvreté et créer des tensions.

B.3.2 l’Approche commune sur la migration : inspirée par le dialogue international

La CEDEAO a souhaité se doter d’un cadre stratégique sur les migrations et cette volonté a débouché sur l’adoption de l’Approche commune sur la migration lors de la 33ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui s’est tenue à Ouagadougou le 18 janvier 2008.

L’Approche commune sur la migration fournit une série d’orientations et de principes clés pour améliorer la gestion des migrations dans l’espace CEDEAO. Parmi les principes qui fondent l’Approche commune, il est énoncé l’importance de la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace CEDEAO, qui est une « priorité fondamentale de la politique d’intégration des Etats membres » dans une logique de mise en cohérence des politiques qui doit gouverner l’ensemble des questions migratoires soulevées dans le texte.

L’Approche commune de la CEDEAO sur la migration s’inscrit pleinement dans le dialogue international sur la migration qui a vu ces dernières années une intensification notable. Alimenté par un changement de paradigme au niveau mondial qui a amené les Etats à percevoir la migration non plus comme un défi national mais plutôt comme un phénomène global, le dialogue international a su porter cette thématique en haut de l’agenda politique. Les différentes initiatives de dialogue aux niveaux régional et international ont renforcé l’idée que c’est uniquement avec une politique cohérente à tous les niveaux et une collaboration étroite entre tous les partenaires que les effets positifs de la migration peuvent être renforcés et les aspects négatifs réduits.

« Les migrations ont été un élément constant et influant de l’histoire humaine. Elles ont soutenu le processus de croissance économique mondiale, contribué à l’évolution des Etats et des sociétés et enrichi de nombreuses cultures

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et civilisations. Les migrants, personnes disposées à s’aventurer hors des confins de leur communauté et de leur pays pour avoir de nouvelles opportunités et offrir des opportunités à leurs enfants, ont souvent été parmi les membres les plus dynamiques et entreprenants de la société. » Cet extrait du rapport de la Commission Mondiale sur les Migrations Internationales (CMMI) met en lumière des aspects essentiels de la corrélation entre migration et développement. Cette synergie entre la migration et le développement, qui se trouve au cœur du dialogue international, est devenue une force motrice d’une nouvelle approche sur la migration.

Nous nous trouvons sans doute au commencement d’une longue route, avec d’innombrables opportunités à saisir. Mais aussi réelle soit-elle, cette synergie ne suffira pas à résoudre tous les problèmes de développement – de même que la coopération au développement ne saurait, à elle seule, mettre un terme aux flux migratoires irréguliers. Si on considère par contre que l’argent envoyé par les migrants est au moins trois fois le volume de l’aide internationale officielle, que partout dans le monde des migrants sont activement engagés dans le développement économique, social et culturel de leur pays de destination et que des migrants retournés dans leur pays d’origine peuvent devenir des sources d’innovation, on comprend que la migration soit devenue un facteur essentiel pour le développement.

En vue de l’importance du potentiel inhérent du lien entre la migration et le développement et des différents défis posés par les migrations dans l’espace CEDEAO, l’Approche commune contient un plan d’action sur six champs prioritaire à ce sujet : migration et développement, la gestion des migrations régulières, la lutte contre les migrations irrégulières et la traite des êtres humains en particulier des femmes et des enfants, la protection des droits des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés et la dimension genre et migration.

La promotion de la libre circulation des personnes est d’une importance stratégique pour le renforcement de l’intégration régionale et a fortiori pour l’avancement du processus de développement de la zone CEDEAO. Avec des mesures telles que des projets de coopération transfrontalière, la définition d’une stratégie de planification territoriale au niveau régional et la modernisation des postes frontières, la Commission a l’intention de contribuer à la diminution du harcèlement et autres difficultés aux frontières et de faciliter la mobilité intra-régionale.

Une migration sûre et bien gérée peut contribuer positivement au développement des pays d’origine et de destination. C’est dans cette logique

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que la Commission de la CEDEAO s’engage à la facilitation par exemple pour les étudiants d’accéder à l’université et à la formation continue surtout en Europe et en Amérique du Nord. Il s’agit aussi de faire participer de manière coordonnée la diaspora ouest africaine dans la dynamique du développement régional.

La troisième priorité est l’harmonisation des politiques migratoires aux niveaux national et régional. Si en théorie la relation entre la migration et le développement est compréhensible, au niveau pratique des efforts plus soutenus doivent être entrepris. Une première voie est l’inclusion systématique de la migration dans toute stratégie de réduction de la pauvreté. Cela amènera les Etats membres de la CEDEAO et sa Commission à plus de cohérence dans leurs activités et ainsi à plus d’efficacité. Les Profils migratoires seront un instrument fort utile dans cette optique.25

La migration irrégulière reçoit une attention importante dans l’Approche commune, principalement sous l’angle de la traite des êtres humains. Des projets de sensibilisation et de prévention de la traite sont essentiels et la Commission et les Etats membres de la CEDEAO essaieront ainsi de réduire les effets souvent tragiques d’une migration incontrôlée.

La protection des droits des migrants est aussi – et le deuxième Forum Mondial sur la Migration et le Développement en 2008 à Manille l’a parfaitement démontré – une question de développement. Au delà des aspects importants au niveau individuel, un migrant mieux protégé est un migrant qui peut contribuer plus efficacement au développement de son pays de destination et d’origine. Le plan d’action de la CEDEAO inclus à cette fin différentes activités qui tournent principalement autour de la Convention des Nations Unies sur les droits des travailleurs migrants et de leur famille de 1990.

La dernière priorité est l’inclusion systématique de tous les aspects relatifs au genre dans la formulation et la mise en œuvre d’une politique migratoire. Les Etats membres sont ici appelés à valoriser le rôle déterminant des femmes dans le processus de développement mais aussi de trouver des réponses dans leur politique migratoire face à vulnérabilité spécifique des femmes.

Pour mettre en œuvre l’Approche commune sur la migration, la Commission de la CEDEAO a reçu le soutien financier du gouvernement espagnol. Un fonds de 10 millions d’euros a été alloué pour le soutien de projets des Etats membres, de la Commission et de la société civile dans la sous-région. Un consultant a

25 Les Profils migratoires ont été préparés dans le cadre du projet de l’OIM « Migrations en Afrique de l’Ouest et du centre : profils nationaux pour le développement de politiques stratégiques ».

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été mis à disposition par le gouvernement suisse et l’OIM dans le but de faire avancer le dossier migratoire au sein de la Commission. D’autres donateurs, telle que la Commission européenne, ont signalé leur intérêt de soutenir les travaux à venir dans le cadre de l’Approche commune.

B.3.3 Autres initiatives récentes de la CEDEAO face aux enjeux liés aux migrations

La CEDEAO, à travers la Commission et le Parlement, cherche à promouvoir les textes adoptés en son sein et réunit régulièrement des experts afin d’identifier au mieux les problèmes et les solutions y relatives. Une task force a été créée et a arrêté plusieurs recommandations afin de rendre plus effective la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement en Afrique de l’Ouest. Parmi les réunions que la CEDEAO a organisé ces dernières années, on peut relever un séminaire s’ayant tenu à Accra en avril 2008 sur les atteintes à la libre circulation et a permis une lecture critique d’un document important sur le sujet, à savoir le mémorandum de la Commission de la CEDEAO sur l’état d’application des protocoles sur la libre circulation, le droit de séjour et l’établissement de la citoyenneté. L’idée retenue lors de ce séminaire de faire du 28 mai26 une journée de mobilisation sur l’intégration dans l’espace CEDEAO est à saluer. La CEDEAO a également organisé plusieurs réunions avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour pouvoir mener une action concertée et développer des synergies sur les questions migratoires.

Dans la continuité de l’adoption de l’Approche commune, il est primordial de créer un cadre régional de consultation sur les questions relatives à la gestion des migrations avec la participation des Etats membres et de la Commission de la CEDEAO mais également de la société civile et d’organisations internationales afin de promouvoir l’échange d’informations, d’expériences et d’expertises.27

La CEDEAO a également développé des actions concrètes afin d’améliorer la libre circulation des personnes. Ainsi, des unités pilotes de suivi de la libre circulation des personnes aux frontières ont été créées en janvier 2007 par la Conférence des Chefs d’Etat et Gouvernement de la CEDEAO. Huit pays ont été retenus pour accueillir ces unités pilotes : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Nigéria et Togo. Un an auparavant, en janvier 2006, la Conférence avait adopté le Programme d’initiatives transfrontalières et le fonds de facilitation de la coopération transfrontalière tandis qu’une Convention de

26 Le 28 mai 1975 correspond à la date de l’adoption du Traité de la CEDEAO et donc de la création de institution régionale.

27 Ce type de consultation serait conforme à l’article 2 alinéa 4 du Protocole additionnel A/SP1/7/85 de 1985.

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coopération transfrontalière a été adoptée par le Parlement de la CEDEAO en mai 2007. Ces textes visent à renforcer la coopération bilatérale entre les Etats membres ayant des frontières communes afin d’améliorer la gestion de ces frontières et de faciliter le mouvement des personnes.

Ces initiatives participent à la volonté de renforcer l’application des textes juridiques de la CEDEAO et à la nécessité de trouver des réponses régionales dans un contexte mondial marqué par le renforcement des coopérations voire des intégrations économiques.

En termes de gestion des réfugiés, il convient de saluer l’existence d’un accord multipartite signé en 2007 par la CEDEAO, les Gouvernements du Nigéria, du Liberia et de Sierra Leone, et le Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés. Il porte sur l’intégration locale des réfugiés libériens et sierra léonais au Nigéria, en conformité avec les instruments communautaires.

Les enjeux liés à l’intégration et aux questions de migration ont évolué par rapport au contexte qui prévalait au moment de la création de la CEDEAO et de l’adoption du Protocole A/P1/5/79 de 1979. D’une part, la nature des migrations s’est diversifiée dans cette région à cause des crises politiques - qui ont entraîné la déstabilisation de certains Etats de la sous-région - mais aussi économiques et environnementales. D’autre part, une tendance actuelle est la croissance des migrations irrégulières à l’intérieur et à l’extérieur de l’espace CEDEAO accompagnées de graves conséquences en termes d’atteintes aux droits de l’Homme notamment. Une meilleure intégration au sein de la CEDEAO est ainsi perçue comme une solution au phénomène des migrations irrégulières aussi bien dans la sous-région que dans d’autres pays du continent africain et dans les pays dits du Nord. De plus, les migrations ont des impacts importants dans de nombreux domaines comme la santé, l’environnement et le développement. Enfin, comme cela a déjà été dit, la libre circulation des personnes est un élément essentiel de toute intégration économique régionale. Consciente de ces enjeux, la Commission de la CEDEAO se mobilise de plus en plus sur la gestion des migrations.

Un point important du débat actuel est de savoir s’il convient de revoir ce cadre juridique à la lumière des évolutions et des tendances migratoires récentes, ou s’il vaut mieux l’appliquer tel quel pour ne pas risquer d’en amoindrir la portée.

Deux étapes apparaissent essentielles en vue d’améliorer la libre circulation, le droit de résidence et d’établissement dans l’espace CEDEAO : la

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première étape correspond à la revue des instruments existants et à leur révision partielle lorsque cela est jugé nécessaire dans la perspective de renforcer l’acquis et non de le remettre en cause. Il serait opportun en même temps de combler les lacunes : par exemple, le droit communautaire ne protège pas assez les enfants et les femmes, des catégories de personnes particulièrement vulnérables. Une réflexion devrait par ailleurs être menée également au sujet des migrants non ressortissants de la CEDEAO qui ne peuvent en aucun cas bénéficier de l’application du corpus juridique de la CEDEAO mais qui sont nombreux à émigrer et vivre en Afrique de l’Ouest.

La deuxième étape est un défi politique et institutionnel et renvoie à l’appropriation des instruments communautaires par les Etats membres. Cela se heurte au fait que les Etats sont réticents à réduire leur souveraineté. Les Protocoles additionnels à celui de 1979 n’ont pas été ratifiés par l’ensemble des Etats membres. Ces derniers ne sont pas encore lancés en Afrique de l’Ouest dans un processus d’intégration régionale approfondi et suffisamment effectif. Un tel processus pose la question du mandat, de la légitimité politique et des moyens alloués à la CEDEAO qui, à ce jour, ne sont pas à la hauteur du défi de l’intégration régionale.

Une des clés de voûte de tout processus d’intégration économique est sans conteste la libre circulation des personnes. Celle-ci doit être promue, en soutenant ses effets positifs tout en veillant à réguler les migrations pour réduire ses risques ou effets négatifs. De manière générale, l’intégration régionale est sans aucun doute un processus nécessaire voire primordial pour l’Afrique de l’Ouest dans un contexte mondial de globalisation économique où des ensembles régionaux cherchent à unir leurs forces et leurs destins.

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A/SP1/7/85 Protocole additionnel portant code de conduite pour l’application du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

A/SP1/7/86 Protocole additionnel relatif à l’exécution de la deuxième étape (droit de résidence) du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

A/SP1/6/89 Protocole additionnel complétant les dispositions de l’article 7 du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

A/SP2/5/90 Protocole additionnel relatif à l’exécution de la troisième étape (droit d’établissement) du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.

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85Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

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86 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 19 : Traite des personnes en direction des pays cibles sélectionés, 2002-2008

Mali – Pays de destination

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Source : OIM (2008).

Page 89: Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale€¦ · Tableau 17: La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004...84 Tableau 18 : Stock des infirmiers/infirmières émigrés

87Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

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88 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

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89Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Graphique 10 : Stock des étudiants mobiles du Cameroun et de la RDC, 2000-2007

Source : UNESCO (2009).

Page 92: Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale€¦ · Tableau 17: La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004...84 Tableau 18 : Stock des infirmiers/infirmières émigrés

90 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

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91Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 23 : Stock des émigrants des pays cibles par destination

Océanie Asie Canada + Etats-Unis

Autres Amériques Europe Afrique Total

Total pays cibles de l’Afrique de l’Ouest

5 107 181 024 305 976 9 965 770 946 3 774 356 5 047 374

Total République démocratique du Congo + Cameroun

480 27 597 33 089 1 708 190 897 737 649 991 420

Grand Total 5 587 208 621 339 065 11 673 961 843 4 512 005 6 038 794

% 0,09 3,45 5,61 0,19 15,93 74,72 100

Source: DRC (2007).

Tableau 24 : Taux d’émigration* et de sélection** des émigrés des pays cibles par niveau d’éducation, 1990-2000 (en %)

1990

Taux d’émigration Taux de sélection

bas moyen élevé bas moyen élevé

Mauritanie 0,62 % 0,43 % 2,79 % 91,7 % 2,6 % 5,8 %

Côte d’Ivoire 0,29 % 0,33 % 2,89 % 64,9 % 11,6 % 23,5 %

Niger 0,04 % 0,68 % 6,45 % 54,4 % 14,4 % 31,1 %

Nigéria 0,10 % 0,39 % 8,00 % 28,1 % 10,3 % 61,5 %

Mali 0,81 % 0,78 % 8,23 % 93,5 % 2,3 % 4,2 %

Sénégal 1,58 % 3,11 % 12,25 % 80,4 % 7,7 % 11,9 %

Cameroun 0,27 % 0,79 % 13,20 % 54,5 % 12,2 % 33,2 %

RDC 0,25 % 1,57 % 20,97 % 37,1 % 27,0 % 35,9 %

Ghana 0,92 % 1,09 % 37,65 % 47,4 % 16,4 % 36,2 %

Cap-Vert 22,61 % 35,18 % 56,77 % 74,8 % 16,9 % 8,3 %

2000

Taux d’émigration Taux de sélection

bas moyen élevé bas moyen élevé

Côte d’Ivoire 0,4 % 0,9 % 5,7 % 47,6 % 21,7 % 30,7 %

Niger 0,0 % 0,3 % 6,0 % 38,0 % 12,6 % 49,4 %

Nigéria 0,1 % 0,9 % 10,7 % 12,9 % 22,1 % 65,0 %

Mauritanie 0,8 % 3,6 % 11,8 % 63,4 % 14,6 % 21,9 %

RDC 0,2 % 0,9 % 13,7 % 35,6 % 27,8 % 36,6 %

Mali 0,8 % 2,4 % 15,0 % 81,2 % 7,9 % 10,9 %

Cameroun 0,3 % 1,5 % 17,2 % 29,4 % 21,1 % 49,5 %

Sénégal 2,1 % 6,2 % 17,7 % 68,3 % 14,9 % 16,7 %

Ghana 0,8 % 2,4 % 46,9 % 24,9 % 31,0 % 44,1 %

Cap-Vert 18,7 % 37,4 % 67,5 % 55,5 % 29,4 % 15,2 %

Source : Docquier & Marfouk (2005).* Le stock des émigrants ayant (au minimum) atteint le niveau de l’enseignement supérieur (13 années ou plus) comme fraction de la

main-d’oeuvre totale du pays d’origine diplômée de l’enseignement supérieur.** Le stock des émigrants d’un certain niveau d’éducation (bas, moyen et haut) comme fraction du stock total des émigrants et nationaux

résidant à l’étranger.

Page 94: Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale€¦ · Tableau 17: La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004...84 Tableau 18 : Stock des infirmiers/infirmières émigrés

92 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Graphique 11 : Ratios de dépendance totale des pays cibles, 1950-2050

0

20

40

60

80

100

120

1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050

CamerounCap-VertCôte d'Ivoire

GhanaMal iMauri tanieNiger

NigeriaSénégal

Afrique SubsaharienneAfrique de l 'Ouest

d

Source: DPNU (2009).

Page 95: Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale€¦ · Tableau 17: La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004...84 Tableau 18 : Stock des infirmiers/infirmières émigrés

93Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 25 : Répartition des émigrés des pays cibles par secteur d’activités, 2008

Afrique de l’Ouest Cameroun + République démocratique du Congo TOTAL

H F H & F H F H & F H F H & F %

Agriculture et pêche

6 006 1270 7 276 130 50 180 6 136 1 320 7 456 2

Mine 703 87 790 39 2 41 742 89 831 0

Manufacture 47 325 13556 60 881 3 204 946 4 150 50 529 14 502 65 031 15

Electricité, gaz et eau

1 067 203 1 270 125 30 155 1 192 233 1 425 0

Construction 23 573 1435 25 008 824 89 913 24 397 1 524 25 921 6

Distribution, réparation d’engins motorisés

31 748 15829 47 577 2 354 1 487 3 841 34 102 17 316 51 418 12

Hotels et restaurants

11 273 10442 21 715 1 127 988 2 115 12 400 11 430 23 830 6

Transport, magasinage et communication

21 998 3619 25 617 1 208 292 1 500 23 206 3 911 27 117 6

Intermédiation financière

7 311 5000 12 311 760 513 1 273 8 071 5 513 13 584 3

Activités immobilières

24 737 14539 39 276 2 549 1 290 3 839 27 286 15 829 43 115 10

Administration publique et défense

11 636 6346 17 982 742 517 1 259 12 378 6 863 19 241 5

Education 11 992 10733 22 725 1 342 1 193 2 535 13 334 11 926 25 260 6

Santé et travail social

22 556 44304 66 860 1 646 3 247 4 893 24 202 47 551 71 753 17

Autres communautés, activités de services

19 367 11050 30 417 1 550 928 2 478 20 917 11 978 32 895 8

Employés de maisons

826 7011 7 837 24 210 234 850 7 221 8 071 2

Organisations internationales

278 198 476 58 79 137 336 277 613 0

Inconnu 985 682 1 667 357 411 768 1 342 1 093 2 435 1

Tous secteurs 243 381 146304 389 685 18 039 12 272 30 311 261 420 158 576 419 996 100

Source : OCDE (2008).

Page 96: Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale€¦ · Tableau 17: La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004...84 Tableau 18 : Stock des infirmiers/infirmières émigrés

94 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tabl

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26 :

Taux

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1950

–195

51,

852,

952,

982,

183,

021,

592,

662,

752,

042,

202,

042,

14

1955

–196

01,

972,

963,

392,

483,

181,

812,

902,

752,

122,

672,

202,

32

1960

–196

52,

233,

074,

082,

582,

911,

762,

923,

002,

212,

832,

312,

46

1965

–197

02,

463,

074,

282,

952,

141,

772,

903,

042,

273,

222,

402,

59

1970

–197

52,

700,

804,

712,

892,

701,

782,

842,

992,

493,

182,

552,

70

1975

–198

02,

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804,

812,

961,

951,

72,

823,

033,

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892,

87

1980

–198

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921,

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372,

903,

301,

82,

742,

842,

672,

902,

802,

86

1985

–199

03,

042,

133,

713,

292,

811,

932,

562,

932,

682,

922,

732,

83

1990

–199

52,

782,

343,

453,

872,

831,

972,

653,

262,

532,

782,

622,

71

1995

–200

02,

421,

952,

862,

472,

491,

942,

753,

412,

452,

682,

602,

58

2000

–200

52,

331,

682,

153,

012,

312,

352,

743,

442,

422,

612,

542,

49

2005

–201

02,

261,

422,

282,

762,

092,

372,

403,

862,

332,

622,

512,

44

2010

–201

52,

101,

342,

312,

652,

032,

362,

073,

732,

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442,

352,

33

2015

–202

01,

881,

252,

152,

481,

872,

241,

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182,

152,

17

2020

–202

51,

681,

101,

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261,

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961,

98

2025

–203

01,

540,

901,

812,

031,

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513,

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83

2030

–203

51,

440,

701,

661,

811,

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791,

393,

311,

411,

681,

711,

68

2035

–204

01,

320,

511,

511,

621,

361,

681,

263,

061,

291,

541,

581,

54

2040

–204

51,

190,

341,

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441,

251,

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112,

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161,

381,

441,

40

2045

–205

01,

050,

161,

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011,

201,

291,

25

Sour

ce: D

PNU

(200

9).

Page 97: Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale€¦ · Tableau 17: La fuite des cerveaux des médecins des pays cibles en 2004...84 Tableau 18 : Stock des infirmiers/infirmières émigrés

95Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tabl

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27 :

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650

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20 2

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233

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036

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383

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169

105

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294

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57

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10 0

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484

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1 98

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449

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1635

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1 98

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183

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053

1 99

514

054

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814

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17 2

459

549

2 27

09

302

110

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2361

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(200

9).

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96 Migration en Afrique de l’Ouest et Centrale : Aperçu régional 2009

Tableau 28 : Taux de croissance annuel de la contribution de l’Agriculture, de l’industrie et des services à la formation du PIB, 2000-2006

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Cameroun Agriculture 4,5 4,5 3,7 3,7 3,5 4,4 3,0

Industrie 5,0 7,2 5,5 1,6 1,3 0,5 1,3

Services 3,5 3,5 9,5 8,0 8,1 6,7 5,5

Cap-Vert Agriculture 7,7 -0,3 -5,5 5,3 -3,5 1,4 3,7

Industrie -1,8 0,0 13,6 6,0 5,0 12,9 8,9

Services 8,8 5,3 3,7 6,4 -1,9 12,8 5,5

République démocratique du Congo

Agriculture -11,7 -3,9 0,5 1,2 0,6 2,9 2,5

Industrie -18,6 -2,7 8,2 12,7 13,3 8,9 9,8

Services -4,8 -1,2 3,6 6,3 8,8 9,0 8,5

Côte d’Ivoire Agriculture 11,8 0,1 -2,4 1,3 4,0 1,5 1,5

Industrie 0,7 -2,9 -4,4 -8,3 2,9 8,7 -3,6

Services -12,2 1,3 0,4 -0,1 0,2 -2,0 2,5

Ghana Agriculture 2,3 3,7 4,1 -4,6 9,7 4,5 6,0

Industrie 5,9 4,7 6,8 7,4 7,3 9,6 8,3

Services 4,3 4,1 4,2 13,0 2,2 6,0 5,7

Mali Agriculture -10,4 11,3 -3,6 17,7 -4,7 7,6 5,7

Industrie 4,7 20,9 17,8 -9,4 -0,3 8,3 4,4

Services 4,3 6,0 0,6 9,1 9,1 5,6 6,7

Mauritanie Agriculture -8,5 -3,9 -9,4 4,5 -7,6 7,9 11,7

Industrie 1,1 -4,5 1,3 4,2 12,3 -2,2 11,7

Services 10,2 11,1 7,1 6,0 4,7 6,8 11,7

Niger Agriculture -8,4 13,2 1,9 6,0 - - -

Industrie 2,0 2,5 2,8 4,0 - - -

Services 4,0 3,7 4,1 3,1 - - -

Nigéria Agriculture 2,9 3,8 4,2 6,5 6,5 8,2 -

Industrie 6,1 2,6 -8,0 22,4 4,6 5,0 -

Services 8,1 3,3 6,4 7,1 6,9 8,0 -

Sénégal Agriculture 2,4 1,3 -22,2 20,5 1,9 11,1 -2,9

Industrie 4,3 5,0 5,7 5,8 6,0 0,3 -1,7

Services 3,8 3,0 5,1 4,6 7,4 6,6 4,8

Source: Banque mondiale (2008c).

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Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas les positions de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les appellations utilisées et la présentation des données dans le rapport n’impliquent pas l’expression d’opinion de la part de l’OIM concernant des faits tels que statut légal, pays, territoire, ville ou zone particulière, ou à propos de leurs autorités, ou de leurs frontières ou confins. Toute omission et erreur reste de la seule responsabilité de l’auteur.

L’OIM croit fermement que les migrations organisées, s’effectuant dans des conditions décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires au sein de la communauté internationale afin de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique et social grâce à la migration, et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants.

Ce document a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne, l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et la Coopération belge au développement. Les opinions exprimées ci-après sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Union européenne, de l’Office fédéral des migrations suisse (ODM) et de la Coopération belge au développement.

Editeur : Organisation internationale pour les migrations 17 route des Morillons 1211 Genève 19 Suisse Tél : +41 22 717 91 11 Télécopie : +41 22 798 61 50 Courrier électronique : [email protected] Internet : http://www.iom.int

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Migration en Afrique de l’Ouest et CentraleAPERÇU RÉGIONAL 2009

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