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MÈTIS Anthropologie des mondes grecs anciens Dossier : Normativité Éditions de l’ehess Daedalus Paris Athènes N. S. 8 2010

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  • MTISAnthropologie

    des mondes grecs anciens

    Dossier :

    Normativit

    ditions de lehess Daedalus

    Paris Athnes

    N. S. 8 2010S

  • MtiS n.S.8, 2010, p. 277 308.

    Maria PateraDocteur en histoire ancienne (ePhe)

    ALASTORES et ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnte

    La fameuse loi sacre de Slinonte a t publie en premier lieu par Michael h. Jameson, David r. Jordan et roy D. kotansky en 19931. il sagit dune inscription sur feuille de plomb, crite sur deux colonnes et date de la dcennie davant le milieu du Ve s. avant notre re2. Depuis sa publication, ce document extrmement intressant pour notre connaissance de la religion grecque a suscit de nombreuses rlexions. Toutefois, il ne nous a toujours pas livr tous ses secrets, malgr le nombre dtudes qui lui est consacr.

    cette srie, nous venons ajouter une nouvelle tentative de lecture de la colonne B du document. Cette colonne fournit des prescriptions de puriication pour des individus poursuivis par des tres nomms , terme sur lequel est fonde en grande partie linterprtation de lensemble de la colonne3.

    1. JaMeSOn, JOrDan & kOtanSky 1993 (dsormais JJk 1993).2. On la date aussi de la premire moiti du Ve sicle (GrahaM 1995, p. 367 ; GiuLiani 1998, p. 67), ou entre la in du Vie et le milieu du Ve (cf. COrDanO 1996, p. 137-138, et

    COrDanO 1997, p. 424, qui la situe plutt au dbut du Ve sicle).3. JJk 1993, p. 52, 61, 80-81, 113-114, 116-117, font dpendre linterprtation de la col. B de celle de la col. A du document ; ils pensent quil y a une relation thmatique entre les deux colonnes, savoir que toutes deux traitent de souillure et de puriication, celle des

    groupes sur la col. a et celle des individus sur la col. B (ils sont suivis par Curti & Van BreMen 1999, p. 32-33, CaMaSSa 1999, p. 145, et BruGnOne 2003, p. 13). DiMartinO 2003, p. 333-334, 345-347, pense que les deux colonnes traitent plutt de deux moments de la mme procdure de puriication (cf. infra, n. 82). en revanche, selon CLintOn 1996, p. 162-163 et 172, la puriication nest pas un thme central de la col. A ; la relation entre les deux

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    et /Il est communment admis que les sont des esprits vengeurs

    qui perscutent les humains coupables de quelque faute ayant entran une souillure. Le terme provient du verbe , pousser, conduire mais aussi chasser, pourchasser, poursuivre 4. est connu par ailleurs comme piclse de Zeus Paros. Or, certaines inscriptions de Thasos mentionnent un Zeus , pithte du dieu connue galement par les sources littraires : Zeus est appel ou selon Phrcyde5. Ltymologie du terme nest pas certaine : la plus gnralement accepte le fait driver du thme - du verbe avec un privatif ; tymologie fort approprie aux passages o signiie vengeur, qui noublie pas , et o ladjectif verbal sassocie (douleur morale ou physique) ou (deuil, afliction, malheur)6.colonnes serait plutt chronologique : le document dcrirait dabord les rituels annuels, puis les bisannuels, etc., et enin ceux qui ne sont pas accomplis date ixe (comme ceux de la col. B). Laspect puriicatoire des rituels de la col. A est galement ni par DuBOiS 2003, p. 117, GeOrGOuDi 2001, p. 157-158, et SCuLLiOn 2005, p. 34 (qui les considre comme concernant la famille et sa prosprit). LuPu 2005, p. 366, que nous suivons sur ce point, pense quil est plus prudent de traiter chaque colonne pour elle-mme.4. Les rinyes poursuivent () Oreste (Euripide, Iphignie en Tauride 934, 970) ; cf. galement Eschine, Contre Timarque I, 190 ( ), et Dnys dhalicarnasse, Antiquits romaines I, 23, 1 ( ). Notons que des mots apparents, comme , ont aussi un aspect puriicatoire : cf. JJK 1993, p. 116-117 ; Eschyle, Chophores 966-968 ; Eustathe, ad Iliadem XViii, 564, Van Der VaLk ( 1163, l. 40, vol. IV, p. 257, l. 13) ; Hsychius, s.v. ; LSCG 56 a 1 ( en tant queau puriiante en toute probabilit) ; Scholia vetera in Aeschylum, Choephoroi 968 a et b, o dsigne la fois ce qui poursuit les impies ou ce qui doit tre chass ( ) et la drogue puriiante ( ).

    5. Pour les inscriptions de Paros et de thasos, cf. infra, n. 44. Phrcyde 3 F 175, Jacoby : ; idem F 114a, Mller : . Cette pithte de Zeus est galement atteste dans lHymne orphique 73, 3, Quandt. Selon Chantraine 1999, s.v. , la forme correspondrait lpithte , le conducteur (cf. galement niLSSOn 1951, p. 163, n. 48, et DuBOiS 1995b, p. 138). Pour eLLinGer 2005, p. 119, cette forme met laccent sur la poursuite du meurtrier. La proposition tymologique de kOntOLeOn 1948-1949, p. 1-5, suivi par kaLitSOunakiS 1965, p. 145-147, faisant provenir le terme de et , nest gnralement pas retenue. Le sufixe -, - d dsigne lauteur dun acte, par opposition aux termes en -, dsignant lagent dune fonction (cf. BenVeniSte 1948, p. 55 et 62).

    6. PreLLwitz 1892, s.v. ; GerneT 1917, p. 324. Selon ChanTraine 1999, s.v. , le terme tait aussi employ dans des contextes o lide dun dieu vengeur

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    Nous avons donc les termes ( Slinonte comme substantif et Paros comme piclse de Zeus) et / (comme substantif dans les sources littraires et comme piclse de Zeus Thasos, colonie parienne), termes premire vue dtymologie diffrente. Or, dj Spyridon Marinatos comparait et considrait le Zeus des inscriptions pariennes comme celui qui poursuit les criminels . rcemment, angelos Matthaios a tabli la relation tymologique entre les deux termes qui, en ralit, nen forment quun seul : l de Paros est devenu, suite deux assimilations, l de Thasos7. ainsi, il faudrait reconsidrer lopinion du philosophe Chrysippe qui faisait provenir de 8, cest--dire du verbe , et abandonner ltymologie courante qui fait provenir le terme de avec privatif. lappui de cette hypothse vient un texte de Sutone dans lequel sont mentionns la fois et 9.Sutone attribue aux deux termes des tymologies diffrentes : l est celui qui a commis un acte qui ne peut tre pardonn dans les prires ( ), mais cela se dit aussi , celui qui mrite dtre chass, poursuivi, parce quil a commis un meurtre ou un acte semblable ( , ). Ces deux tymologies ainsi que quelques autres sont mentionnes par plusieurs lexicographes : l est celui qui mrite la poursuite, lexpulsion parce quil a commis un meurtre ( ), ou celui qui commet des actes quon ne peut oublier ( ), ou celui qui, cause de lnormit de ses actes, ne mrite pas la prire ( ). Le terme vient du ntait plus sentie . Meyer 1901, p. 293-294, s.v. et , relie la racine verbale - mais considre ltymologie d comme inconnue. CurTiuS 1873, p. 547, faisait provenir du verbe , errer , une tymologie qui nest gnralement pas retenue. PrVOT 1935, le faisait provenir du verbe (cf. galement MLLer 1929) auquel il attribuait la signiication de regarder, mais avec une acception mauvaise , et le reliait la notion de mauvais il (une acception dabord admise par ChanTraine 1933, p. 325, 260 [puis rejete, ChanTraine 1999, s.v. ] o serait celui qui jette le mauvais il ).

    7. MarinaTOS 1950-1951, p. 182-183 (opinion adopte galement par rOLLey 1965, p. 455-456). MaTThaiOS 1999. Le terme est galement attest chez Eschyle F 294, nauCk.

    8. Chrysippe de Soles F 156, Stoicorum Veterum Fragmenta, arniM.9. Sutone, Des termes injurieux iV, l. 3-5, Taillardat. Cf. galement Photius, Lexicon,

    s.v. , 897, TheODOriDiS. Par ailleurs, une pigramme (Epigrammatum Anthologia Palatina, vol. iii, Appendice, III, 175, Cougny) mentionne des .

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    verbe , cest--dire errer (), ou encore du verbe , cest--dire commettre une injustice de manire impitoyable ( )10.Outre ces essais dtymologie qui nous informent sur le cadre smantique du terme, les lexicographes en donnent de nombreuses signiications : le coupable de quelque faute (), ou le meurtrier (), ou le Zeus surveillant les meurtres ( ) ; ce Zeus protge ceux qui souffrent de maux quon ne peut oublier ( ). Il existe aussi des dmons nomms . Le terme dsigne encore le mort (), limpie () et le malfaisant ()11. Chez hsychius il dsigne, outre Zeus, le dmon cruel ( ) et sapplique ceux qui sont souills ( ), ceux qui ont les mains teintes de sang () et ceux qui ont commis des fautes graves ( ). La Souda ajoute que cest un dmon punisseur (), tandis que Galien prcise que lon nomme aussi bien les hommes qui ont commis des actes inoubliables ( ) que les dmons qui les punissent ( ). Eustathe dcrit ces dmons comme appartenant au type des rinyes, qui noublient pas ( , ). Pour Erotianus sont dsigns comme ceux

    qui commettent des actes impies et impurs, mme sils ne sont pas des meurtriers ( , )12.

    10. Cf. par ex. Etymologicum Magnum Genuinum, Symeonis Etymologicum una cum magna grammatica, Etymologicum Magnum Auctum, s.v. , Lasserre et Livadaras.

    11. Etymologicum Magnum, s.v. . Chrysippe de Soles F 156, arniM. hsychius, s.v. . LEtymologicum Gudianum, s.v. , ajoute que cest le Zeus qui surveille ceux qui commettent des actes terribles quon ne peut oublier ( , ). Photius, Amphilochia 31 (h. DieLS, De Dionysii et Photii Lexicis , Hermes 26, 1891, p. 243-261, p. 259), et Lexicon, s.v. ( 899) prcise quoutre le criminel, le terme dsigne galement celui qui a commis un assassinat de sa propre main ( ).

    12. hsychius, s.v. et . Souda, s.v. . Galien, Linguarum seu dictionum exoletarum Hippocratis explicatio, t. 19, p. 74, l. 6, khn (cf. galement Photius, Lexicon, s.v. [ 899 et 904]). Eustathe, ad Iliadem XX, 463, van der Valk ( 1213, l. 44, vol. iV, p. 423, l. 21). eustathe, ad Iliadem iii, 277, van der Valk ( 415, l. 21, vol. I, p. 652, l. 33), donne aussi une nouvelle acception d, celui qui rien ne demeure cach car il regarde tout avec une curiosit indiscrte ( ). Erotianus, Vocum Hippocraticarum collectio 47, nachmanson.

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    Les entits surnaturelles

    Le terme dsigne donc aussi bien le criminel, limpie (et pas seulement le meurtrier13) que le dmon vengeur qui le poursuit. en admettant qu/ et constituent un seul et mme terme, il nous semble pertinent, pour mieux comprendre linscription de Slinonte, de passer en revue les attestations littraires du terme.Chez les tragiques, l en tant qutre surnaturel punisseur suscit par un crime peut devenir hrditaire et sattacher une famille travers les gnrations provoquant en son sein de nouveaux crimes. ainsi, l sattache-t-il aux Plopides : dans lAgamemnon deschyle, Clytemnestre se dclare innocente du meurtre de son poux, en afirmant que cest l pre dAtre qui a pris sa forme pour venger des enfants. Le chur lui rpond que l de la famille est peut-tre son complice ()14. en effet, faute de critiquer loracle, agamemnon se faisait le complice du destin 15, ce destin intolrable ( ) que Thyeste, aprs le meurtre de ses enfants par Atre, avait appel sur les Plopides16. Chez Euripide, propos du sacriice dIphignie, Clytemnestre demande Agamemnon lequel des le pousse commettre cet acte17. L attach une famille la suite dun crime initial peut donc susciter de nouveaux crimes dont il punira les auteurs : chez eschyle, il devient l auxiliaire , le complice de Clytemnestre. Chez euripide, ce nest plus la maldiction de Thyeste qui le suscite, mais le meurtre de Myrtilos par Plops. En effet, l des Plopides ne semble pas avoir t suscit par le premier crime perptr

    13. Cf. infra, n. 80.14. eschyle, Agamemnon 1501-1508 ; au vers 1476, Clytemnestre appelle cet esprit , dmon de naissance, de famille , tandis quau vers 1470, le chur

    accuse ce dmon de se servir des femmes de la famille. au sujet du rapport entre Clytemnestre et l, cf. les opinions de FraenkeL 1950, vol. 3, p. 711, et de ThOMSOn 1966, p. 30. Sur la culpabilit hrditaire en gnral, cf. Parker 1983, p. 199-206. DiMarTinO 2003, p. 321-323 et 345, insiste sur laspect hrditaire de l pour appuyer son hypothse selon laquelle lindividu purii sur la col. B de notre inscription est un meurtrier involontaire pouss par un mauvais dmon (cf. infra, n. 65 et 82). notre avis, cette hypothse ne tient pas compte du fait quil faut toujours un premier crime pour susciter un , crime que, forcment, celui-ci na pas provoqu ; le chur rpond Clytemnestre que l de la famille est peut-tre son complice dans lassassinat de son poux, et ne met pas en question sa libert daction.

    15. VernanT et ViDaL-naQueT 1989, I, p. 66 ; cf. galement SaD 1987, p. 157.16. eschyle, Agamemnon, 1600.17. euripide, Iphignie Aulis, 878.

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    dans la famille, le meurtre de Plops par son pre18.Les Labdacides disposent aussi de leur propre familial : celui ddipe poursuit ses ils, qui sont dailleurs 19. Le crime lorigine de cet fut probablement le parricide perptr par dipe, lui-mme maudit ds sa naissance cause de la faute de Laos , selon Henri Grgoire et Louis Mridier qui considrent l comme lme de la victime qui poursuit le meurtrier, ainsi que sa famille20. Cependant, lexception de lEtymologicum Gudianum qui dinit l, entre autres, comme le mort ()21, l nest jamais assimil la victime elle-mme : il dsigne le criminel et ltre surnaturel qui se charge de la vengeance de la victime, une entit vengeresse provoque par le crime22. Lorsquil est hrditaire, il peut user de ruse pour susciter de nouveaux crimes dans la famille : Oreste craint que loracle dapollon, lui signiiant de tuer sa mre, ne soit le fait dun se faisant passer pour apollon pour mieux le perdre23.L ne se transmet pas seulement de gnration en gnration lintrieur dune mme famille, mais galement entre proches, mme si ceux-ci ne sont pas du mme sang : Jason accuse Mde de lui transmettre son , suscit par lassassinat de son frre. De plus, des semblent susciter le meurtre perptr par Mde contre ses propres enfants24. L peut donc se transmettre entre poux

    18. euripide, Oreste, 1547 (meurtre de Myrtilos). Pindare, Olympiques i, 48-49 (meurtre de Plops).

    19. euripide, Phniciennes, 1556 et 888.20. euripide, Phniciennes, p. 217, n. 3, CUF, Grgoire et Mridier. Cette croyance

    une faute se transmettant de gnration en gnration est mentionne aussi par Platon, Rpublique ii, 364c.

    21. Cf. supra, n. 11.22. Contrairement ce que soutiennent DeTienne 1998, p. 230-231, et JOhnSTOn 1999, p. 47, qui assimilent lesprit vengeur la victime. Dans les sources, les ne

    semblent soccuper que du criminel, et en second lieu de sa descendance. Cela rend la vengeance du crime commis la fois immdiate et indirecte, puisque ce nest pas la victime qui se charge de se venger, ni quelquun de sa famille dans un cas de meurtre, ni la divinit offense en cas de sacrilge, mais une entit surnaturelle immdiatement suscite par le crime qui ne tient compte ni de lintention, ni des circonstances dans lesquelles il a t perptr.

    23. euripide, lectre, 979 ; Oreste, 1669 (alcmon est un autre matricide, poursuivi par l de sa mre : cf. Pausanias VIII, 24, 8).24. euripide, Mde, 1333 et 1059 ; au vers 1260, Mde est qualiie par le chur d rinys suscite par des ( ). Elle est dailleurs qualiie d de ses enfants ( ) : cf. Anthologie de

    Planude, 141. Hlne, ayant apport le malheur aux Troyens, est qualiie, entre autres,

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    mais aussi entre amis25. Il peut galement affecter un pays : l ddipe risque de sattacher athnes26. Cest aussi un qui provoque la perte de larme perse, car Xerxs a transgress les lois du destin en traversant la mer et en sattaquant la Grce : les dieux len punissent, ainsi que davoir brl leurs temples et renvers leurs statues. Dailleurs, quand un mortel semploie lui-mme sa perte un dieu vient ly aider 27.Les ne se limitent pas poursuivre les vivants, ni venger les meurtres. une faute envers les dieux peut provoquer leur poursuite et, mme dans lhads, ils ne lchent pas le mort. ils peuvent encore provoquer le suicide de leur victime28, mais, aussi, tre suscits par un suicide comme latteste le rcit de la fondation de lautel dantros athnes. Ce dernier fut ddi par les mtques en lhonneur du dmon Antros, (vengeur) de Timagore, un mtque mpris en amour qui se prcipita dans le vide pour obir son bien-aim (suite quoi, ce dernier, pris de remords ou pouss par antros, sy jeta son tour)29.Enin, on peut attacher un quelquun si lon se suicide sur son foyer : dans ce but, Cicron aurait song se glisser dans la maison dOctave qui lavait trahi, pour sy tuer sur son foyer ( ). de ille d (Euripide, Troyennes, 768) et de souffrance () provoque par un (Euripide, Hcube, 948).

    25. euripide, Hracls, 1234.26. Sophocle, dipe Colone, 788 ; Euripide, Phniciennes, 1593.27. eschyle, Perses, 354, 102-107 et 809-831 (crimes de Xerxs), 742.28. eschyle, Suppliantes, 415. euripide, Hippolyte, 820 ( propos du suicide de Phdre). Selon Euripide, F 866, Nauck, on peut mme lancer un contre soi-

    mme, en ourdissant de mauvais plans contre ses ennemis (cf. galement Photius, Lexicon, s.v. , 901, Theodoridis). L peut aussi provoquer la folie : lorsque Hracls demande, sur son lit de mort, son ils Hyllos dpouser Iole, celui-ci se demande si un ne la pas rendu fou (Sophocle, Trachiniennes, 1235). Cette entit vengeresse peut galement tre associe au deuil : Hcube, en apprenant la mort de son ils Polydore, verse des pleurs que lui enseigne un (Euripide, Hcube, 675-676).29. Pausanias I, 30, 1 ; cf. galement Hermias, In Platonis Phaedrum Scholia, 231 e, 77, Couvreur (p. 37, l, 20-21) ; Souda, s.v. . Antros est galement mentionn propos de lamour entre Charitn et Mlanippe : cf. lien, F 202, hercher, et de celui entre Posidon et nerits : cf. lien, NA XIV, 28, 34. Notons que cet prend une forme prcise, celle dAntros, frre dros et ils dAphrodite ou bien cr par Nmsis, qui reoit un culte non seulement athnes mais aussi dans deux gymnases de la ville dlis (Pausanias Vi, 23, 3 et 5). Pour antros, cf. Anthologie grecque, pigrammes descriptives 252 et 251 ; Cicron, De natura deorum III, 23 (59) ; Ioannes Lydus, De mensibus iV, 89, l. 15 et 20, niebuhr (p. 78, l. 20 et 79, l. 5) ; Themistius, Orationes XXiV, 304d-305c. Pour des reprsentations igures dros et Antros, cf. LIMC iii, 1 et 2, nos 388-395.

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    Le suicide est donc dot dune importante puissance vengeresse30. On peut par ailleurs attacher un quelquun en lobligeant commettre une injustice : Marius se vantait davoir attach un Metellus, en le forant prononcer une injuste sentence de mort contre son hte hrditaire31.Plutarque rapporte que, selon certains, les sacriices humains ntaient pas accomplis sur lordre des dieux, mais quils avaient pour but dapaiser la colre et le ressentiment d au caractre froce et intraitable ( ... ). Ici, les ne sont que des tres surnaturels mauvais, pouvant envoyer des maux aux cits et rclamer des mes humaines, sans autre motif que leur bon plaisir. Pourtant, lauteur mentionne leur fonction punitive un peu plus loin, en afirmant quil est ridicule de penser quaprs le meurtre de Python, apollon a d se puriier et faire ce que font les hommes pour dtourner et apaiser la colre des dmons, dmons quon appelle et , parce quils poursuivent le souvenir de certaines souillures anciennes et non oublies ( , )32.Enin, quelques rares sources attribuent aux une demeure et une position dans la hirarchie surnaturelle. Lucien, dans sa description des enfers, les place ct du trne de Minos, avec les rinyes et les Poinai. Chez Philon dAlexandrie, les , en compagnie des Poinai, attendent le criminel dans lHads pour lui inliger sa punition. notons que, chez Flavius Josphe, le frre dhrode, Phroras, se repentant sur son lit de mort davoir projet lassassinat de son frre, enjoint sa femme de dtruire le poison quil stait procur cet effet, ain de ne pas

    30. Plutarque, Cicron, 47, 6. Notons que l attach Mde est gnr galement par le meurtre de son frre sur le foyer : euripide, Mde, 1333-1334. Sur la puissance du suicide, cf. GLOTz 1904, p. 64-67.

    31. Plutarque, Marius 8, 5 : Metellus tait consul en 109 avant notre re. Les condamnations injustes provoquent des entits vengeresses aussi chez antiphon, Ttralogie III a 4 ; III b 8 ; III d 10.

    32. Plutarque, Sur la disparition des oracles 14, Moralia, 417 D et F. Lauteur reprend ici la doctrine de Xnocrate, qui a introduit la distinction entre les bons et les mauvais dmons en attribuant ces derniers les fables dgradantes de la mythologie : cf. Xnocrate, F 230 et 228. eLLinGer 2005, p. 116, remarque que dans ce passage Plutarque joue sur lassonance de avec la fois (ancien) et (le souvenir) et rabat le sens du mot sur celui d (qui venge des crimes non oublis) ; une tymologie errone mais qui rappelle des expressions comme qualiiant celui des atrides (eschyle, Agamemnon, 1500-1502). Pour le rle des dmons dans ce trait de Plutarque, cf. Brenk 1977, ch. 6, p. 85-112.

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    emmener l avec lui dans lHads. L semble pouvoir sactiver contre Phroras, mme sans quil ait mis son projet excution : si le poison subsiste, son intention dassassiner pourrait tre punie33.Les sont donc des tres surnaturels vengeurs suscits par un premier crime qui, outre le meurtre, peut consister provoquer un suicide, projeter un assassinat ou encore prononcer une sentence injuste. Le texte de Plutarque qui les assimile de mauvais dmons ordinaires reste une exception. En gnral, les apparaissent comme des entits surnaturelles diffuses et impersonnelles, mais prrogatives prcises.

    Les criminels

    Le terme dsigne galement un tre humain criminel34. Oreste, qui avait peur que lordre dApollon ne soit le fait dun , se qualiie lui-mme de tel (dans le sens de criminel cette fois-ci) en se rendant en suppliant au sanctuaire dathna athnes, pour quelle dcide de son sort : accueille l avec bienveillance ( ), supplie-t-il la desse35. Chez euripide, la maison des Plopides est qualiie de maison de criminels ( ). Chez Sophocle, ajax, en se rendant compte que, aveugl par athna, il a tu le btail des Grecs au lieu de leurs chefs, scrie : jai laiss chapper de ma main les (sclrats) . Chez Dmosthne, Philippe est qualii de barbare et d, et Eschine et ses amis d hommes impurs, latteurs et criminels ( ). Mnandre qualiie de la sorte un jaloux, Pausanias un juge de conlits territoriaux et Hliodore une femme adultre36.

    33. Lucien, Mnippe, 11. Philon dalexandrie, In Flaccum, 175. Flavius Josphe, Guerre des Juifs i, 596. euripide, Mde, 1059, situait dj les dans lHads.

    34. notons que cest galement un nom propre, par ex. celui dun guerrier lycien (Iliade V, 677), ou le nom dun ils de Nle (Apollodore I, 9, 9). Un homme nomm participant une course de chars est igur sur le cratre dAmphiaraos de Berlin : cf. FrTwanGLer et reiChhOLD 1932, pl. 121-122.

    35. eschyle, Eumnides, 236 (sur la puriication dOreste dans les Eumnides, cf. SiDweLL 1996). Sur cet usage du terme qui est traduit de diverses manires (suppliant, maudit, ou personne pollue), cf. Parker 2008, p. 206, n. 32.

    36. euripide, Oreste, 338 (chez euripide encore [Les Troyennes, 941], lorsque hlne explique son aventure Mnlas, elle traite Pris d). Sophocle, Ajax, 373. Dmosthne, Sur les forfaitures de lambasssade (XiX), 305 (pour ce type dexpression dans des contextes similaires, cf. par ex. aelius aristide, Discours iX, 44, et infra, n. 40). Dmosthne, Sur la couronne (XViii) 296 (eschine). Mnandre, Pericheiromen, 868. Pausanias Vii, 11, 2. hliodore, Les thiopiques VIII, 9, 12, 6 ; 10, 10, 5 et 13, 4, 4. Dautres usages du terme, plus gnraux, sont attests : nicochars, F 23, kaSSeL et auSTin, qualiie

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    il nest pas toujours possible daccorder avec certitude au terme lune de ses deux acceptions, celle de vengeur surnaturel ou celle de criminel mortel. Par exemple, lorsque Achille afirme Clytemnestre ( propos du sacriice dIphignie), quil ne serait pas le ils de Ple mais celui dun (entit vengeresse ? criminel ?), si son nom servait agamemnon comme instrument dun meurtre37.La signiication du terme est galement ambigu dans un passage du trait hippocratique De la maladie sacre. Lauteur y fustige les charlatans qui considrent lpilepsie comme un mal envoy par les dieux et qui emploient des puriications pour la gurir : ils puriient les personnes atteintes de la maladie avec du sang et autres choses de ce genre ( ) comme si elles taient souilles, ou comme si elles avaient ou si elles taient des , ou comme si on leur avait administr une drogue ou comme si elles avaient commis un acte contraire aux lois des dieux ( , , , )38.

    Ce passage a t interprt de manires diverses. mile Littr considre les comme des tres humains criminels, des sclrats , mais le texte est dificile restituer cause des leons, fort diverses, des manuscrits. Christian A. Lobeck lit , , et il compend quon puriie le malade comme sil tait agit par les dmons vengeurs dun anctre assassin, ou comme sil tait victime dune maldiction, ou encore tourment pour un crime quil aurait commis. Louis Moulinier considre que Lobeck est obsd par le dsir de voir dans les des esprits vengeurs et souligne, avec raison, que le but de ce texte nest pas dnumrer les diffrentes causes de souillure mais de dire que les charlatans puriient les malades comme sils taient souills39. Toutefois, la lumire des sources examines,

    ainsi la Sphinge ; Sophocle, Les Trachiniennes, 1092, le lion de nme, mais aussi (idem, Antigone, 974) les orbes des yeux aveugls des ils de Phine ; Lycophron, Alexandra, 529, se rfre un : lau des troupeaux ; Nonnos, Dionysiaques, 48, 385 parle dun oiseau vengeur qui vole autour du trne de nmsis, mais aussi dun bruit () (46, 104).

    37. euripide, Iphignie Aulis, 946.38. hippocrate, De la maladie sacre iV, t. Vi, p. 362, Littr.39. Littr, ibid. p. 363. LOBeCk 1829, i, p. 634, n. 8, suit de plus prs que Littr les mss. F, G, I, J, K, Z, ainsi que la vulgate, mais ces mss. sont quasiment incomprhensibles.

    MOuLinier 1952, p. 135, n. 3.

  • ALASTORES eT ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnTe 287

    nous pouvons constater qutre ou tre perscut par un revient, en grande partie, au mme. Les deux concepts (lentit vengeresse et le criminel) sont lis par un seul terme, et chacun deux fait ncessairement penser lautre (le criminel son entit vengeresse, lentit vengeresse au criminel quelle poursuit).Ainsi, propos de lpithte de Minos , une scholie lOdysse prcise le terrible () contre les impies ( ), comme l (vengeur) contre les (criminels) ( ) . Il est signiicatif que le terme soit en rapport avec Minos, ct du trne duquel se tenaient les vengeurs dans lhads chez Lucien, et que Philon dalexandrie prcise que le vritable hads est la vie du mchant, la vie criminelle et teinte de sang ( )40.Zeus

    Phrcyde atteste lpithte de Zeus ou quil associe 41. Des sources tardives expliquent quil est nomm ainsi parce quil punit les , eux-mmes appels de la sorte parce quils ont commis des fautes dont on sindigne et gmit ( , ). Cest aussi le Zeus qui surveille les meurtres et qui protge ceux qui souffrent de maux quon ne peut oublier ( ), et le Zeus qui noublie rien ( )42.40. Scholia in Homeri Odysseam Xi, 322. Pour Lucien, cf. supra, n. 33. Philon

    dalexandrie, De congressu eruditionis gratia, 57. Dans les Scholia graeca in Aeschinem II, 10, 27, Dilts (rcit repris Time, 566, F 29, Jacoby ; cf. aussi la Souda, s. v. ), lambigut du terme est galement bien illustre : une femme qui rve des demeures des dieux, remarque prs du trne de Zeus un homme enchan qui est l de la Sicile et de lItalie et qui dtruira ces pays, sil russit senfuir. Plus tard, cette femme identiie Denys le tyran l dont elle a rv.

    41. Cf. supra, n. 5.42. Cornutus, Theologiae graecae compendium, p. 10-11, Lang (Zeus punissant

    les criminels). Etymologicum Gudianum, s.v. , Etymologicum Magnum, s.v. et Hrodien, De prosodia catholica, t. i, 3, 1, p. 49, Lentz (Zeus protgeant des maux). eustathe, ad Iliadem iV, 295, van der Valk ( 474, l, 22-23, vol. i, p. 750, l, 2-3. Zeus qui noublie rien). Selon Eustathe (ibid. et iX, 454, van der Valk [ 763, l, 2-3, vol. ii, p. 759, l, 5-6] ; idem, ad Odysseam, Leipzig, 1825, I, 253 [ 1415, l, 13, vol. I, p. 55, l, 39] ; supra, n. 12), Zeus , le dmon et le (qui dsigne aussi bien lenvie que le mauvais il) auraient t invents en rfrence aux rinyes qui noublient pas (). Eustathe semble associer le terme la notion du mauvais il (troitement lie lenvie) et appuyer ainsi lhypothse tymologique de Prvot (cf. supra, n. 6), mais son tmoignage est, bien sr, tardif.

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    Selon Lewis R. Farnell, Zeus aurait reu cette pithte en souvenir du premier meurtrier de la lgende grecque, ixion. Ce dernier, poursuivi par les rinyes, fut galement le premier suppliant faire appel Zeus , le Zeus des suppliants qui le puriia et le dlivra ainsi des rinyes. Cest lui que penserait Phrcyde en associant les deux pithtes, et , le Zeus des suppliants et celui qui surveille les meurtres . En revanche, Arthur B. Cook considre Zeus comme celui qui apporte une maldiction , une qualiication dabord applique au coupable et puis au dieu concern par son crime. Selon Spyridon Marinatos, Zeus rprime certains crimes sous les appellations de , , etc., ce qui le rattache des divinits infrieures attaches aux crimes comme les 43.

    Pour Claude rolley, le dieu qui poursuit le criminel, protge sa victime . Il relie les piclses de Zeus (lpiclse la plus frquente de Zeus dans les inscriptions des phratries trouves lAsclpieion de Cos), et (atteste sur des inscriptions pariennes) lpiclse des inscriptions des patrai thasiennes44. Claude rolley considre que les termes et ont le mme sens et le mme emploi dans les cultes civiques ; ils signiient celui qui repousse , do celui qui protge (les membres de la phratrie), et le Zeus qualii ainsi serait un Zeus protecteur des phratries (comparable Zeus )45. En effet, sur une inscription parienne et sur deux thasiennes, Zeus est qualii la fois de / et , ancestral 46. 43. FarneLL 1977, vol. I, p. 67. Pour Ixion, cf. Diodore de Sicile IV, 69, 4 ; Pindare,

    Pythiques ii, 31-33. Pour Phrcyde, cf. supra, n. 5. COOk 1925, p. 1098. MarinaTOS 1950-1951, p. 183.

    44. rOLLey 1965, p. 455. Cinq inscriptions de Paros des Vie et Ve s. mentionnent Zeus , (cf. KOnTOLeOn 1948-1949, p. 1-5, et MaTThaiOS 1992-1998, p. 423-430). Lune delles (IG XII suppl. 208) mentionne [/ /, alors quune autre est inscrite sur lautel des descendants de Mandrothmis (IG XII 5 1027 ; LSCG 62 ; kOnTOLeOn). Pour kOnTOLeOn 1948-1949, p. 4 (cf. supra, n. 5), lorigine de la fondation du culte de Zeus se trouverait lapparition dune toile ilante considre comme un signe de Zeus par les descendants de Mandrothmis, ou encore la chute, relle ou imaginaire dune mtorite dans leur proprit. Pour les inscriptions thasiennes, sur les autels des patrai des Phastades et des Plides consacrs Zeus , cf. rOLLey 1965, p. 441-442, n 1, et p. 445-446, n 4.

    45. rOLLey 1965, p. 455-456.46. Cf. supra, n. 44. Zeus Vengeur Ancestral est le sens adopt par DuChne 1992, n 27, p. 126-127, pour celui de lautel thasien des Phastades. Sur la signiication de , cf. rOLLey 1965, p. 458-459, qui distingue , ancestral , de qui dsigne le rle prcis, institutionnel du dieu protecteur de la phratrie en

    tant que telle, garant de linscription de ses nouveaux membres sur les listes. en revanche,

  • ALASTORES eT ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnTe 289

    En revanche, Franciszek Sokolowski, propos de linscription de Paros relative au culte familial de Zeus par les descendants de Mandrothmis, suit lhypothse de Franois Salviat, savoir que ce Zeus est un protecteur du patrimoine, lquivalent dun ou dun , tout en acceptant la signiication de lpithte comme celui qui repousse . Henri van Effentere considre, lui, que a le sens de chasse et mme de battue, o lon pousse devant soi () le gibier pour le rabattre vers lendroit o les chasseurs lattendent pour le capturer. Ainsi, le Zeus de Paros ne serait pas un dieu chasseur de criminels, mais un rassembleur de troupeaux pour les descendants dun Mandrothmis au nom prdestin. en revanche, Pierre ellinger considre ce Zeus des descendants de Mandrothmis (nom qui voque la justice des bergeries ) comme un pourchasseur de criminels 47.Le culte de ce Zeus qui chasse les criminels pourrait tre celui dune phratrie qui craindrait une souillure interne (provenant du crime dun anctre ou dun membre ayant provoqu un ) ou externe (contracte par contact avec un criminel dont l se serait attach la phratrie) ou encore ayant souffert dun crime, attendant la vengeance de celui-ci de la part du Zeus quelle vnre. Il pourrait donc sagir dun Zeus qui protge la phratrie et ses membres48. Cependant, selon robert Parker, le Zeus de Thasos, tout comme le Zeus de Paros et le Zeus de Cos, auraient plutt le rle daccueillir et de puriier les trangers voulant tre admis dans une phratrie. ainsi, en tant que dieux ancestraux des phratries, ces Zeus seraient vnrs, lpoque archaque, par des groupes susceptibles daccueillir en leur sein des trangers exils de leur pays dorigine pour meurtre ou sacrilge et ayant besoin dtre puriis49. Lhypothse de Parker pourrait expliquer la raison de ces piclses de Zeus en tant que divinits des phratries, mais elle ne nous semble pas exclure que ces Zeus dans les sources littraires, dsignerait ce qui appartient au pre personnel : cf. BenVeniSTe 1969, p. 272-274.

    47. SOkOLOwSki, LSCG 62 (cf. supra, n. 44). SaLViaT 1958, p. 220, n. 3. Van eFFenTere 1961, p. 549, n. 1. eLLinGer 2005, p. 119.48. Selon JJK 1993, p. 119, ce serait le rle du Zeus de Cos.

    49. Parker 2008, p. 207 (pour Zeus , cf. galement idem 1983, p. 181-182). En tout cas, le terme commun / tablit un lien entre Slinonte, les Cyclades et lge septentrionale : cela suggre que soit des gens des Cyclades ont rejoint les colons originaux (des Mgariens de Megara hyblaia ont fond Slinonte), soit que les Mgariens faisaient partie dune koin religieuse de lge centrale et occidentale (cf. JJk 1993, p. 111, COrDanO 1996, p. 140-141, et anTOneTTi et De ViDO 2006, p. 433).

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    puissent aussi protger les de la souillure de lun deux ou encore venger la phratrie dune atteinte extrieure50.La diffrence entre Zeus et les puissances comme les / se situe, selon nous, dans leur fonction quant au traitement du crime51. Ces puissances ne sont que vengeresses, ce sont des entits fonctionnelles, tandis que Zeus peut aussi bien poursuivre le criminel que le puriier, il peut changer dattitude, et surtout, cest lui qui peut mettre in la perscution de la part de ces entits.

    Les de Slinonte la lumire des sources passes en revue, nous pouvons examiner le cas des de Slinonte mentionns sur la colonne B de linscription, qui porte des prescriptions de puriication pour lindividu qui est perscut

    par eux. Le document dcrit le processus suivre qui comprend, en premier lieu, une proclamation, une annonce de la puriication, de leau pour se laver, un repas et du sel, le sacriice dun porcelet Zeus, une marche circulaire, et une permission de se voir adresser la parole, manger et dormir o lon veut. Suit une numration des cas ncessitant une puriication et devant tre traits comme celui dun (terme controvers), le sacriice dune victime adulte sur lautel public la suite duquel la personne est dclare pure, le marquage dune limite avec du sel, une aspersion faite au moyen dun rcipient en or et un dpart. Finalement, linscription prcise que le sacriice doit tre accompli comme celui destin aux immortels, mais de manire ce que le sang de la victime coule terre.

    Ce qui constitue le vritable intrt du document est lassociation concrte un rituel dentits vengeresses connues, jusqu sa publication, uniquement par les sources littraires. Toutefois, linscription est fragmentaire et toutes les interprtations proposes incertaines.

    Selon nous, le sens du texte dpend pour beaucoup de linterprtation des trois premires lignes, et surtout de la premire, malheureusement la plus fragmentaire. Les lettres restantes sont :

    50. Point de vue que Parker 2008, p. 207, n. 33, semble exclure tout en admettant que le sien pose des dificults : il implique que Zeus tait vnr uniquement par des groupes qui auraient le pouvoir dadmettre des trangers ayant besoin de puriication. il faudrait donc admettre demble que les descendants de Mandrothmis de linscription parienne constituaient une phratrie et, dautre part, ce point de vue nexplique pas la ddicace individuelle dun autel Zeus sur une autre inscription parienne (cf. MaTThaiOS 1992-1998, p. 424-426 ; SEG 48, 1136).

    51. Cf. eLLinGer 2005, p. 138-139.

  • ALASTORES eT ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnTe 291

    ] [] [] [] [ce qui est restitu...] [][ ] [-[]. 52Les diteurs considrent quil est question dun homme

    voulant se puriier dun 53. ainsi ils interprtent la suite du texte comme tant la procdure que doit suivre ce mme : il doit proclamer o et quand il souhaite le faire (l. 2-3), accueillir lesprit vengeur (l. 4), sacriier (l. 5), etc. Cette interprtation se fonde sur une troite relation tablie avec la grande loi de Cyrne, o il est question de la puriication dun , un esprit hostile (?), dont on reoit la statuette () laquelle on offre de la nourriture54. Cependant, il ny a pas dquivalent de ces reprsentations igures mentionn Slinonte55. En outre, selon les sources grecques, la puriication requiert un puriicateur et un purii56. Le puriicateur serait celui qui accueillerait la personne puriier chez lui et qui lui offrirait lhospitalit la ligne 4. Nous proposons donc de comprendre qu la premire ligne, il est question dun homme qualii d qui souhaite tre purii de son .

    52. restitution propose par JJk 1993, p. 12, 40, accepte par DuBOiS 1995b, p. 138 ; CLinTOn 1996, p. 176 ; LuPu 2005, p. 361. La proposition de restituer se base sur sa mention la l. 9 du document. BurkerT 2000, p. 209, propose de restituer [ , ce quil traduit par if a man wishes to get puriied against the ghost of a man . MaFFi 1997, p. 210-213, doute de la lecture et propose de lire plutt [ ou [ h .

    53. JJk 1993, p. 80-81.54. Cf. par ex. STukey 1937 ; DOBiaS-LaLOu 1997 ; SEG 9, 72 ; LSS 115. Selon CLinTOn 1996, p. 176, la ressemblance entre les deux lois est seulement supericielle. JJK 1993, p. 80-81, 199-120, ont tabli le parallle entre l de Slinonte et l de Cyrne, tout comme COrDanO 1997, p. 427, qui considre ces esprits comme protecteurs de lintgrit de la famille quils puriient des crimes de sang survenus en son

    sein. Contra : DOBiaS-LaLOu 1997, p. 268, et CLinTOn 1996, p. 179, qui prfre tablir un parallle entre les et les rinyes, suivi par LuPu 2005, p. 383 (cf. dj rOhDe 1901, p. 235, n. 2). notre avis, ces parallles ne rendent pas compte des particularits de l/, savoir laspect humain du terme dsignant le criminel, et laspect hrditaire de lentit vengeresse. Contrairement aux /, les rinyes sont des entits surnaturelles bien identiies par les sources, avec une gnalogie, des noms, un aspect prcis, une demeure ; les /, eux, sont des entits indtermines, imprcises et impersonnelles, uniquement lies aux crimes ; seule leur fonc-tion est prcise, ce sont des entits fonctionnelles, des manifestations de la justice divine et cest probablement l quil faut chercher leur lien avec Zeus ou .

    55. DuBOiS 1995b, p. 140-141, suppose Slinonte aussi une reprsentation de l, un objet-substitut auquel on offre lhospitalit. Contra : MaFFi 1997, p. 211.56. Cf. PaOLeTTi 2004, p. 35.

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    Ensuite vient lannonce de la puriication (lignes 2-3 : h [] h [ ]/ h h , {} h , )57. Ces lignes ont reu des interprtations diverses : soit l (?) annonce o58 il souhaite tre purii, quel moment de lanne, quel mois et quel jour, et vers quelle direction, le temps et le lieu de la puriication donc ; soit ces prcisions concernent le temps et le lieu de la proclamation elle-mme, cest--dire quil annonce son intention dtre purii o, quand et vers la direction quil veut59. Si lon adopte la premire explication (annonce du temps et du lieu de la puriication), alors la proclamation pourrait servir davertissement pour que les gens se tiennent lcart de lhomme impur et de sa souillure. Si lon adopte la deuxime explication (proclamation de lintention de puriication), nous pourrions penser que le but de lannonce de l est de trouver un puriicateur : dans ce cas, le {} h de la ligne 3, pourrait tre compris par vers qui il veut 60, cest--dire quil annonce son besoin de puriication en direction de personnes parmi lesquelles il pourrait trouver un puriicateur61. Cette annonce rituelle pourrait donc tre la fois un avertissement du danger que reprsente lhomme impur et une demande daide pour que quelquun accepte de le puriier. En tout cas, la libert qui lui est donne, soit propos de la proclamation de puriication soit propos de la puriication elle-mme, semble dnoter un souci de la cit de permettre lindividu de se dbarrasser au plus rapidement de son et dviter par consquent que sa souillure ninfecte la cit62.

    57. Suivant le texte tel que donn par LuPu 2005, p. 361, qui sera dsormais suivi.58. DuBOiS 1997, p. 339, prfre considrer h comme lquivalent de lattique , quel que soit lendroit do .59. JJk 1993, p. 40-41, et LuPu 2005, p. 363-364 (proclamation dintention de puriication o et quand on veut). DuBOiS 1995b, p. 140 (proclamation du temps et du lieu de la puriication).60. DuBOiS 1995b, p. 144, traduit vers qui mais dans un article plus rcent il prfre

    vers quelle direction : cf. idem 1997, p. 335. il met lhypothse (idem 2003, p. 117, n. 25) que cette direction pourrait dsigner la localisation gographique du clan auquel appartenait l.

    61. MaFFi 1997, p. 212-213, objecte que si le but est de trouver un puriicateur, il nest pas logique de prciser le temps et lespace de la puriication ; ce choix reviendrait plutt au puriicateur. Il pense aussi que lattribution de toute la procdure puriicatoire la seule dcision de lintress est dificilement acceptable.62. Cf. GiuLiani 1998, p. 86, et infra, n. 99. Pour JJk 1993, p. 40-41, la libert de choix de temps, lieu et direction pour la proclamation signiie quelle tait adresse un auditeur

    surnaturel (contra : MaFFi 1997, p. 213, qui considre que cette proclamation concerne

  • ALASTORES eT ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnTe 293

    Que lintress proclame quil cherche un puriicateur nous semble mieux convenir ce qui suit. Si, aux lignes 3-4, on restitue h h]/ h [], on peut expliquer le changement de sujet par rapport aux lignes prcdentes63 : que l, aprs son annonce, soit purii () et que celui qui laccueille (le puriicateur) lui fournisse de quoi se laver, de quoi djeuner et du sel , des rites dhospitalit courants ; leau est par ailleurs le moyen puriicatoire par excellence64.

    il existe encore une hypothse selon laquelle le sujet du participe de la l. 2, nest pas la personne qui souhaite tre puriie, mais plutt le puriicateur. Cette hypothse a lavantage de ne pas supposer de toute la communaut de Slinonte qui risque dtre contamine par le retour dun meurtrier qui violerait les normes juridiques et religieuses en vigueur). notre avis, cette libert implique justement que lannonce peut tre adresse nimporte qui, auditeurs surnaturels compris. On pourrait aussi imaginer que lintress pourrait vouloir viter dannoncer toute la cit quil souffre dun pour ne pas veiller la crainte chez ses conci-toyens ; dans ce cas, cette libert serait une prcaution de la cit pour que la puriication ait effectivement lieu et ne soit pas empche par peur de sa publication.

    63. Cest la restitution accepte par CLinTOn 1996, p. 176 et LuPu 2005, p. 361 (BurkerT 1999, p. 30 et 2000, p. 211, considre galement quil y a un hte puriicateur, tout comme ChaniOTiS 1996, p. 235, JOrDan 1996, p. 328, MaFFi 1997, p. 210, CurTi et Van BreMen 1999, p. 33 et DuBOiS 2003, p. 119). en revanche, JJk 1993, p. 41, nacceptent pas le changement de sujet ; ils restituent la in de la ligne 4 et considrent que cest la personne impure qui accueille son esprit vengeur (en raison notamment du parallle tabli avec la loi de Cyrne), bien quils signalent lalternative (ibid., p. 56, n. 2) ; ils sont suivis par DuBOiS 1995a, p. 560, et 1995b, p. 140-141 ; Arena 1997, p. 431 ; JOhnSTOn 1999, p. 48. LuPu 2005, p. 381, n. 98, pense que le changement de sujet devient moins par-ticulier si lon considre les changements du pluriel au singulier et inversement ainsi que le manque de sujets pour les verbes de la col. a du document (mme opinion chez JOrDan 1996, p. 328). Enin, DiMarTinO 2003, p. 324, n. 72, considre quil ny pas assez de place que pour restituer [], et prfre lhypothse des diteurs.

    64. Pour un parallle avec la loi de Lindos (SEG 39, 729) o un accueille des suppliants, cf. LuPu 2005, p. 381. Pour les rites dhospitalit, cf. LuPu 2005, p. 383, n. 110 ; BurkerT 2000, p. 211. JJk 1993, p. 42 et 74-76, considrent que si lon accepte cette solution la personne puriier serait un tranger (mme opinion chez GiuLiani 1998, p. 69, 86). Pourtant ces rites font partie de la puriication elle-mme, puisquelle a t annonce auparavant ; bien que dans le mythe, la personne puriie soit en gnral un tranger, exil de son pays, il nest pas certain que quelquun qui souffrirait par exemple dun hrditaire sexilerait pour chercher la puriication. Il nous semble plus prudent de considrer ces rites comme partie intgrante de la puriication, quelle soit ralise au proit dun tranger ou dun concitoyen de retour dexil ou non. Pour leau en tant que moyen puriicatoire, y compris en cas de meurtre, cf. GinOuVS 1962, p. 319-325 ; FGrHist, 356 F 1, Jacoby (= athne iX, 410b).

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    changement de sujet. Le sujet des lignes 1-5 serait le puriicateur, tandis que celui des lignes 6-13 serait le coupable65.Aux lignes suivantes (5-7 : [] {}/ h h -/ ), il est question du sacriice dun porcelet Zeus, sacriice que daucuns considrent comme puriicatoire (le porcelet tant la victime puriicatoire par excellence)66, tandis que dautres soulignent avec raison que rien ne le qualiie de tel67. Ces lignes sont interprtes diversement selon le sujet adopt. Selon une premire interprtation, le sujet de ces lignes serait l, qui accomplirait le sacriice du porcelet et qui, ensuite, sloignerait de son hte ( )68, et procderait

    65. Cf. MaFFi 1997, p. 210-213, selon qui le puriicateur serait un reprsentant du groupe familial de la victime qui accueille le meurtrier son retour dexil, lui pardonne et fait la proclamation en indiquant la communaut de Slinonte le moment et le lieu de la puriication. Mme opinion chez DuBOiS 2003, p. 119-121, qui sappuie sur Platon, Lois iX, 865d, selon qui le plus proche parent de la victime est celui qui peut pardonner au meurtrier involontaire et faire la paix avec lui, une fois que ce dernier a subi un exil dun an. Selon DiMarTinO 2003, p. 345, il sagirait dun meurtrier involontaire, car son action rsulterait de leffet produit sur lui par l/.66. Pour le porcelet en tant que victime puriicatoire, cf. par ex. Eschyle, Eumnides 282-283 ; SOkOLOwSki, LSS 7, 7-8 ; LSCG 156 A 14 ; Parker 1983, p. 371-373 ; JJK 1993, p. 42-43. JJK 1993, p. 81, 103, 118-120, considrent que ce sacriice pourrait tre adress au Zeus ou mentionns la colonne A du document, en tablissant un parallle entre Zeus , spcialement concern par le meurtre commis contre ou par un membre de la famille et Zeus ; Zeus protgerait le groupe familial des hostiles ou en enverrait contre toute personne qui ferait violence au groupe (pour un parallle entre Zeus , et , cf. MOuLinier 1952, p. 308).67. Cest un sacriice puriicatoire selon BurkerT 2000, p. 211, DiMarTinO 2003, p. 325, et CLinTOn 1996, p. 176 ; ce dernier change davis dans un article plus rcent (idem 2005, p. 174-176), en soulignant que le verbe , utilis dans la loi propos du sacriice du porcelet, nest jamais utilis propos des victimes puriicatoires dans les documents oficiels et les lois sacres ; il remarque galement que ce porcelet est offert Zeus, or les sacriices puriicatoires navaient normalement pas de destinataire divin. JJK 1993, p. 43, considrent galement, en labsence dautres indications, quil ne sagit pas dun sacriice puriicatoire, et selon LuPu 2005, p. 384, si cen tait un, la loi aurait t plus explicite ; il considre que ce sacriice marque laccomplissement de la puriication, en indiquant que l revient maintenant une activit normale en tant que personne pure.

    68. Cest linterprtation de LuPu 2005, p. 384, qui suit CLinTOn 1996, p. 176 : le sacriice aurait lieu la maison du puriicateur ou, du moins, un lieu choisi par lui. JJK 1993, p. 42-43, pensent que l sloigne du sanctuaire o se trouve lautel public mentionn la l. 10 (mme opinion chez SCuLLiOn 1998, p. 119), alors que DuBOiS 2003, p. 119, pense que cest le puriicateur qui sloigne de la personne puriie ou du

  • ALASTORES eT ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnTe 295

    une marche circulaire69. La deuxime interprtation attribue le sacriice du porcelet et la marche circulaire au puriicateur (qui sloignerait ainsi de l), ce qui serait plus adquat un sacriice puriicatoire, effectu en gnral par lhte70 ; cependant, il nest toujours pas ncessaire de postuler un sacriice puriicatoire, puisque nous avons lexemple dhtes qui puriient un homme impur et, ensuite, offrent un sacriice, avant de le recevoir chez eux71.

    Cette deuxime interprtation implique un changement de sujet entre les lignes 5 et 672, car la ligne 6, cest bien lindividu concern par la puriication (et non son puriicateur) qui va pouvoir se voir adresser la parole, prendre de la nourriture73 et dormir o il veut74. Cela implique quil

    sanctuaire (contrairement ce quil pensait auparavant, cf. idem 1995b, p. 141, savoir que le coupable se spare de la reprsentation de son utilise dans le rituel ; cf. supra, n. 55). en revanche, BurkerT 1999, p. 30-31 et 2000, p. 211, ne voit pas de geste dloignement ; il traduit le comme de lui-mme , et comprend que l fournit lui-mme le porcelet pour sa puriication.69. Sur le rle des positions et des mouvements circulaires dans la puriication, cf. Parker 1983, p. 225-226 ; PaOLeTTi 2004, p. 29-30. Selon DuBOiS 1995b, p. 141, cette marche circulaire aurait lieu soit autour de la suppose reprsentation de l soit autour de la cit selon un itinraire convenu, position quil a revue (cf. infra, n. 70). Selon JJK 1993, p. 43, cela pourrait signiier que la personne tourne autour et ne se retourne pas, opinion adopte par JOhnSTOn 1999, p. 47. Selon BurkerT 1999, p. 30 et 2000, p. 210, aprs avoir sacrii le porcelet, l va pouvoir regarder autour (de lui), se retourner (il se rfre une loi pythagoricienne qui prescrit de ne pas regarder autour de soi lorsquon voyage ltranger, car les rinyes suivent : Jamblique, Protreptique, 115, 1). Cela pourrait aussi se rfrer lattitude prostre du suppliant impur, dont le visage est couvert dun voile ou qui regarde le sol et pas autour de lui : cf. par ex. apollonios de rhodes, Argonautiques IV, 697-698 ; Parker 1983, p. 371 ; STeiner 1995, p. 204-205 (sur lattitude du suppliant en gnral, cf. GOuLD 1973, p. 94-101).

    70. Cest la solution adopte par DuBOiS 2003, p. 119, qui considre quaprs avoir accueilli le coupable, le puriicateur offre le sacriice du porcelet Zeus et quitte ensuite le meurtrier ou le sanctuaire en une procession circulaire. GiuLiani 1998, p. 70, rejette cette hypothse cause du changement de sujet entre les lignes 5 et 6.

    71. Plutarque, Thse 12, 1.72. Phnomne banal dans les lois archaques selon DuBOiS 2003, p. 121.73. il peut probablement prendre de la nourriture la mme table que dautres personnes.

    en effet, selon antiphon, Ttralogie i a 10, la personne qui mange avec un homme impur risque dtre contamine par sa souillure ; autres ex. chez Euripide, Iphignie en Tauride 949 ; Phanodme, 325 F 11, Jacoby ; Souda, s.v. ( propos dOreste) ; Platon, Lois iX, 868d ( propos du meurtrier dune personne de la famille, poux, pouse, frre ou sur).

    74. y compris dans la maison de quelquun. Les croyances selon lesquelles il ne faut pas se trouver sous le mme toit quun criminel et quil faut viter tout contact avec lui sont assez frquemment attestes : cf. par ex. antiphon, Du meurtre dHrode V, 11 ; Dmosthne,

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    ait reu les rites prliminaires et pris leau, le repas et le sel offerts par lhte, en silence75. nous avons un exemple mythique de cette hospitalit qui-fait-comme-si-elle-nen-tait-pas-une : les habitants dathnes en offrirent une semblable Oreste, sans change de parole, dont la mmoire se perptua dans le concours de boisson du deuxime jour des anthestries, o chacun buvait seul et sans parler ses voisins76.Dans les lignes suivantes (7-9 : , / , /h h ) le rituel de puriication prcdemment dcrit est appliqu dautres cas de personnes poursuivies par des . Cest ici quest mentionn le terme : si quelquun souhaite tre purii dun ou dun , ou ou , quil le fasse comme l. Certains chercheurs voient en ces adjectifs diverses qualiications appliques aux 77, tandis que dautres Contre Androtion (XXII) 2 ; Eschyle, Eumnides, 285. Selon MaCDOweLL 1963, p. 145-146, il ne sagirait pas dviter la souillure, mais dviter de partager le mme toit que son ennemi, eu gard au fait que partager le mme toit tait un symbole damiti. Mme la femme en couches souille le toit , cest--dire la maison et tous ceux qui y habitent (cf. LSS, 115 a, 15, p. 187 et 191). Selon GiuLiani 1998, p. 87-88, cette prescription assu-rerait lintress, quune fois purii, il serait labri des attaques surnaturelles nocturnes. Cela nous semble improbable puisque la loi permet lindividu de choisir lendroit o il veut dormir, ce qui implique que certains endroits lui taient interdits avant sa puriication.75. Pour le silence du meurtrier avant sa puriication, cf. par ex. Eschyle, Eumnides, 448 ; Euripide, Iphignie en Tauride, 950-951 ; Parker 1983, p. 371 ; DiMarTinO 2003, p. 326-327. BurkerT 2000, p. 210, remarque que lobligation du silence contraste avec la proclamation requise au dbut de la crmonie, quand la personne impure doit proclamer son intention de puriication, et il propose deux solutions pour rsoudre la dificult ; soit le verbe na pas le sens de dialogue (la personne impure nchange pas de paroles avec dautres gens), soit la priode pendant laquelle la personne impure nest pas autorise parler commence justement partir de la proclamation de son tat dimpuret.

    76. euripide, Iphignie en Tauride 958-960 ; Plutarque, Propos de table i, 613 B et 643 a-B.

    77. JJk 1993, p. 44, signalent quon peut aussi traduire si on souhaite quun soit purii , au lieu de si on souhaite tre purii dun . Mais ils signalent aussi (ibid., p. 56, n. 2) quon pourrait comprendre ces adjectifs comme se rfrant des personnes puriier, hypothse quils ne retiennent inalement pas, ce qui est salu par CLinTOn 1996, p. 177, n. 74, car le but, dit-il, nest pas de puriier l mais la personne quil perscute (cf. galement GiuLiani 1998, p. 79, n. 5). BurkerT 2000, p. 208, change la ponctuation (il met un point la l. 9 aprs ) et rend par si quelquun souhaite tre purii..., quil soit purii de la mme manire que le meurtrier. Lorsquil a t purii du fantme, quil sacriie... (cf. galement GiuLiani 1998, p. 75) ; contra : DiMarTinO 2003, p. 328, n. 92.

  • ALASTORES eT ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnTe 297

    prfrent les appliquer des humains78. notre avis, cette question nest pas trs importante, puisque celui qui souffre dun est lui-mme nomm ainsi. Quon puriie un (criminel) ou un homme de son (esprit vengeur) revient plus ou moins au mme. Le sens du terme est galement controvers79 : une majorit de chercheurs y voit un meurtrier tandis que dautres considrent quil dsigne le coupable, lagent responsable, bref, celui qui a provoqu son par son action propre80. notre avis, il serait plus prudent de retenir le deuxime sens, car nous avons vu quil nest pas besoin dun meurtre pour susciter un , mais que le crime peut consister en un sacrilge ou une autre faute81. il nest donc pas ncessaire de postuler un meurtrier pour rendre le sens de notre document82.

    78. Cf. JOrDan 1996, p. 328, selon qui il sagirait dun homme tranger ou de la famille, vu ou entendu pendant quil commet le crime. DOBiaS-LaLOu 1997, p. 267, traduit les l. 7-9 : si lon veut puriier un homme avec qui on est li par lhospitalit ou la famille, ou dont on connat le cas par ou-dire ou pour en avoir t tmoin, ou quelque autre individu, quon le puriie de la mme manire que celui qui agit pour lui-mme lorsquil se dbarrasse de la souillure dun (suivie par AnTOneTTi et De ViDO 2006, p. 430, n. 87).79. Le terme (provenant de l- et ) est un hapax, mais il existe ladjectif chez Oppien, Halieutika i, 763, o le terme dsigne la gnration spontane des coquillages qui se reproduisent par eux-mmes , tandis quon atteste aussi le sens de celui qui se tue (i. Bekker, Anecdota graeca, Berlin, 1814, i, 467, l. 24, s.v. , ) ; cf. galement chez Eschyle, F 117, Radt, avec le sens que lon accomplit soi-mme .80. Meurtrier : JJK 1993, p. 40, 44-45, 54-55, 57-58 ; CLinTOn 1996, p. 178 ; MaFFi 1997, p. 212-213 ; DeTienne 1998, p. 230-231 ; BurkerT 1999, p. 29 et 2000, p. 209, souligne que l- d signiie meurtrier de lui-mme et non par quelquun dautre ; BruGnOne 2003, p. 17 ; DiMarTinO 2003, p. 345 ; DuBOiS 2003, p. 119-120 ; eLLinGer 2005, p. 132 ; LuPu 2005, p. 382. Coupable : SChwaBL 1996, p. 285 ; DuBOiS 1995b, p. 139 (mais idem 1997, p. 345-346 : lorigine, le sens du terme serait auteur volontaire dun acte , ayant pris dans le vocabulaire juridique le sens de meurtrier ) ; selon DOBiaS-LaLOu 1997, p. 266, l est celui qui agit de lui-mme ; GiuLiani 1998, p. 76-78, 86, pense que l a commis une violation des lois religieuses. nOrTh 1996, p. 299, pense que sil y a meurtrier il ne vient que comme parallle la l. 9 en rapport avec la procdure de puriication adopter (p. 296-297). Aussi bien ceux qui traduisent par meurtrier que ceux qui traduisent par coupable fondent leur opinion sur le sens dadjectifs similaires comme , et considrs dans des sources diffrentes (pour le sens de meurtrier , cf. aussi GerneT 1955, p. 48).

    81. Cf. supra, n. 11, 12, 27. Sur le sacrilge et ses consquences en gnral en Grce ancienne, cf. Parker 1983, p. 144-190.

    82. DiMarTinO 2003, p. 333-334, 343-347, pense que le meurtrier purii dans la col. B, participe ensuite aux rites de sa phratrie dans la col. A ; la phratrie y serait puriie du meurtre commis par lun de ses membres. La totalit de linscription traiterait donc de

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    en outre, le sens de coupable, responsable , convient parfaitement lnumration dautres types d aux lignes 7-9 : de quelque manire quon ait contract un , il faut en tre purii selon les mmes procdures que celui qui la contract de lui-mme, qui la provoqu par ses propres actes, qui en est responsable. Les quatre adjectifs qualiiant l ont reu des interprtations varies ; le a t interprt soit comme tranger soit comme celui dun hte assassin83 ; le comme ancestral, familial ou comme celui dun membre consanguin de la famille assassin (partageant donc les mmes anctres que l)84. Dans les deux cas, les dernires solutions prsupposent que l est un meurtrier et que la loi continue en numrant des cas de meurtre spciaux : assassinat dun hte plus grave puisquon brise la loi de lhospitalit et assassinat de parent consanguin encore plus grave. Les chercheurs qui adoptent cette solution considrent que le sacriice dune victime adulte sur lautel public mentionn dans la ligne suivante (10 : h -/ ), concerne seulement ces cas trs graves de meurtre et non celui du simple meurtrier dun tranger (l). Il y aurait donc une gradation, du simple meurtre des cas de meurtre plus graves

    la puriication dun meurtrier et de son groupe dappartenance. Lauteur considre quil sagit dune loi sacre complmentaire aux lois civiles ; le meurtrier involontaire revenu dexil doit accomplir certains rituels de puriication dcrits dans les lois sacres et ob-tenir le pardon des parents de sa victime ; la loi de Slinonte serait lune de ces lois, et cest pour la mme raison que Dimartino suppose que le puriicateur du meurtrier est le plus proche parent de la victime. Bien que lhypothse de Dimartino est intressante et prsente lavantage de proposer une vue globale de linscription, elle repose sur trop dhypothses pour quelle puisse tre admise sans rserves. il faudrait plutt admettre avec Clinton et Georgoudi (cf. supra, n. 3) que la col. A ne traite pas de puriication mais de rites prcis accomplir en lhonneur de plusieurs entits. De plus, pour accepter lhypothse de Dimartino, il faudrait admettre toute une srie de points sujets caution : qu signiie ncessairement meurtrier (cf. supra, n. 80), que ce meurtrier est involontaire (cf. supra, n. 14), que le sacriice du porcelet est un sacriice puriicatoire (cf. supra, n. 67), que l revient ncessairement dexil (cf. supra, n. 64), et que le meurtrier est accueilli par le plus proche parent de la victime (cf. supra, n. 65).83. tranger : JJK 1993, p. 54-55 ; DuBOiS 1995b, p. 141-142 ; idem 2003, p. 121. hte : CLinTOn 1996, p. 178. BurkerT 2000, p. 209, 213, considre que cet est envoy par magie (mme opinion chez GiuLiani 1998, p. 80-81), mais aucune source natteste lutilisation de la magie pour attacher un / quelquun.

    84. assassinat au sein de la famille : CLinTOn 1996, p. 178 ; DuBOiS 1995b, p. 141-142 ; idem 2003, p. 121. JJk 1993, p. 44, bien quils traduisent par ancestral , ils font rfrence lassassinat dun parent. BurkerT 2000, p. 209, considre quil sagit dun ancestral et fait rfrence aux esprits hrditaires.

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    qui ncessiteraient une victime plus importante quun porcelet85. Dautres chercheurs considrent que ce sacriice de victime adulte concerne les deux cas de puriication, celle de l et celle des autres types d. Les prescriptions sur le rituel suivre ont t interrompues un moment pour prciser quil faut agir de mme dans les autres cas de poursuite par les , et elles continuent aprs cette parenthse86.Les deux autres adjectifs concerneraient soit la manire dont l se manifeste, par loue () ou par la vue () ou de nimporte quelle autre manire ( ), soit, en les mettant sur le mme registre que les deux adjectifs prcdents, les manires de contracter un par contact auditif ou visuel ; la prcision est une prcaution de la loi soucieuse de comprendre tous les types possibles d87.Il nous semble que la solution qui considre le sacriice dune victime adulte comme concernant tous les cas de puriication dun est prfrable. Dabord, elle ne prsuppose pas que l soit ncessairement un meurtrier, et nous avons vu que l/

    85. CLinTOn 1996, p. 177-179. nOrTh 1996, p. 296, souligne le ct particulier de ce point de vue : le meurtrier poursuivi par des esprits doit, pour se puriier, accomplir telle action ; la personne qui est poursuivie par des esprits autres que ceux spcialiss dans la poursuite des meurtriers, doit pour se puriier, accomplir la mme action ; cest pourquoi il pense quil ne sagit pas de puriication de meurtre. GiuLiani 1998, p. 75, pense que la totalit de la procdure se rfre uniquement la puriication de l, alors que ceux qui sont concerns par les autres types d naccomplissent que le sacriice du porcelet. GrahaM 1995, p. 366, suppose que les deux sacriices sont puriicatoires, et nattribue que le deuxime la puriication du meurtrier. Enin DiMarTinO 2003, p. 329, attribue la totalit de la procdure au meurtrier, et uniquement le deuxime sacriice aux personnes puriies dautres types d.86. JJK 1993, p. 45 ; DuBOiS 1995b, p. 144 ; NOrTh 1996, p. 297 ; BurkerT 2000, p. 208. en effet, nous pensons quil nest pas ici question de la gravit de lacte accompli par ceux poursuivis par les , mais plutt de lacharnement que met l les poursuivre ; la tradition littraire nous a fait voir que lon souffre aussi gravement dun hrditaire ou contract par contact que de celui que lon a provoqu soi-mme ; il sagit donc de la manire de se dbarrasser de l et de la dificult de ce faire, cest pourquoi, il faut, dans tous les cas, accomplir les mmes rites de puriication. Le sacriice inal l, lorsque il y a besoin de ce faire (lorsque la procdure de puriication na pas sufi, cf. infra, n. 97), vient lappui de cette hypothse.

    87. DuBOiS 1995b, p. 142, a pens que ces adjectifs dsignent l vengeur dun individu qui a subi une offense dont on a entendu parler ou dont on a t tmoin. Toutefois, il a revu son opinion (idem 2003, p. 122) et associe ces termes des halluci-nations auditives ou visuelles provoques par les . GiuLiani 1998, p. 80-81, signale que les quatre adjectifs sont placs sur le mme registre. ils ne font pas rfrence la nature de lacte accompli, mais lorigine de limpuret contracte.

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    peut tre provoqu par dautres crimes. ensuite, elle prend en compte les divers types d numrs : de quelque manire quon ait contract son , il faut se puriier comme si on lavait provoqu par ses propres actions. Enin, cest seulement aprs ce sacriice de victime adulte que le coupable est qualii explicitement de pur ( )88. Le sacriice du porcelet ne lui donne, en effet, que la possibilit de se voir adresser la parole, prendre de la nourriture et dormir o il veut. On peut postuler que cest seulement aprs ce premier sacriice quil peut en accomplir un sur lautel public duquel il ne pouvait probablement pas sapprocher auparavant. Ce deuxime sacriice apparat comme une obligation et une marque qui met in la puriication89 ; la personne se doit de terminer la procdure par un sacriice plus grand et plus oficiel que le premier, par un geste qui marque que, dsormais, elle peut sapprocher de lautel public90. une fois ce geste accompli elle se doit deffectuer les derniers rites avant de sen aller (ligne 11 : h ) : marquer une dlimitation avec du sel et faire une aspersion en utilisant un rcipient en or, ou alors procder une dlimitation et des aspersions deau de mer avec un rcipient en or91. Jameson, Jordan et kotansky pensent que ce marquage de dlimitation est fait dans le but de sparer le sujet de lautel ; lusage du sel et particulirement de leau de

    88. en raison de labsence de prcisions supplmentaires, victime adulte est la traduction dh qui nous semble la plus adquate (cf. Hsychius, s.v. , et la Souda, s.v. ), alors que les diteurs (JJK 1993, p. 65), se basant sur la glose de lEtymologicum Magnum, s.v. , et sur SOkOLOwSki, LSCG, 88, 13-14 ( ), prfrent y voir un mouton.

    89. Pour GiuLiani 1998, p. 76-78, 82-84, qui voque le parallle de la loi de Cyrne, LSS, 115 A, 33-42, l a commis une violation des normes religieuses, cest pourquoi il doit tre dabord purii par le moyen dun sacriice puriicatoire et puis offrir une victime adulte en tant que sacriice de rparation, sa pnalit pour avoir enfreint les normes. Il en va de mme pour le meurtrier involontaire athnes qui, une fois pardonn par les proches du mort et rentr au pays, doit, selon la loi, tre purii et sacriier (cf. Dmosthne, Contre Aristocrate [XXIII] 72).90. Ce sacriice serait adress, comme le sacriice du porcelet, Zeus (JJK 1993, p. 45 et 65), Zeus (GiuLiani 1998, p. 85) ou (CLinTOn 1996, p. 179). LuPu 2005, p. 386, n. 129, signale quun meurtrier est cart de lautel public avant dtre purii (Eschyle, Chophores 291 ; Euripide, Iphignie en Tauride, 381-383), mais il nous semble que cest le cas de toute personne impure, comme ceux qui ont t en contact avec une ralit impure sans pour autant avoir commis un crime (cf. par ex. euripide, Iphignie en Tauride, 381-383 ; SOkOLOwSki, LSS, 91).

    91. DuBOiS 1995b, p. 142, et 2003, p. 123, prfre la deuxime solution ; aprs le sacriice sur lautel public, lindividu qui se puriie dlimite sur le sol la surface sur laquelle il fera des aspersions deau de mer partir dun vase en or.

  • ALASTORES eT ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnTe 301

    mer est bien attest comme moyen puriicatoire92.La loi se termine par une prcision (lignes 12-13 : h , h / ) : lorsquil est ncessaire de sacriier , que lon sacriie comme pour les immortels, mais en gorgeant en direction de la terre . Lgorgement de la victime vers la terre montrerait que lentit laquelle on sacriie serait situer dans le monde den bas93. en effet, nous avons vu que certaines sources situent les dans lHads94. Selon certains, l en question serait Zeus 95. On a pens aussi que cette prcision inale du texte pourrait se rfrer au deuxime sacriice du document, celui de la victime adulte96. Cependant, dans ce cas, on nutiliserait pas lexpression h (lorsquil est ncessaire de sacriier ). Le motif de ce sacriice nest pas donn, mais nous serions tente dy voir un sacriice destin apaiser le courroux de lesprit vengeur, un troisime sacriice donc, complmentaire aux deux autres, une prcaution supplmentaire ajoute la puriication97.

    92. JJK 1993, p. 45. Sur le pouvoir puriicateur du sel et de leau de mer, cf. par ex. euripide, Iphignie en Tauride 1193 ; LSCG, 97 A, 14-16 ; JJK 1993, p. 45 ; Parker 1983, p. 227 ; PaOLeTTi 2004, p. 20. Pour la puriication au moyen dun rcipient en or, cf. Jamblique, De vita pythagorica 153 ; LSCG, 154 A, 29, B 2, 15, 26, et 156 A ,15 ; Parker 1983, p. 228, n. 118 ; BurkerT 2000, p. 212 et 216, n. 30 ; PaOLeTTi 2004, p. 22-23.93. Un sacriice mixte lments olympiens (comme aux immortels) et chthoniens (en direction de la terre, lment traditionnel du sacriice chthonien) selon SCuLLiOn 2000, p. 169 (cf. galement SCuLLiOn 1994, p. 97-98, n. 60, et henriChS 2005 p. 56). Selon GiuLiani 1998, p. 85-86, une grande quantit de dixions ont t trouves Slinonte et prcisment sur la colline de Gaggera (do viendrait notre texte : cf. CurTi et Van BreMen 1999, p. 24), comprenant le sanctuaire de la Malophoros, les temen de Zeus Meilichios et dhcate, et le Campo di Stele ; il sagirait dun contexte de cultes chthoniens et de forte diffusion de pratiques magiques, dans lequel prolifreraient les occasions dinfractions aux cultes ; ces infractions seraient lorigine de la loi qui met la disposition des individus une procdure eficace de puriication. Cependant, outre de linterprtation chthonienne sujette caution (cf. GeOrGOuDi 2001, p. 159), aucune source natteste une quelconque connexion des avec la magie ; il faut un crime ou une contamination pour les contracter, mais on ne peut les attacher quelquun que si on loblige commettre une injustice ou si lon se suicide chez lui (cf. supra, n. 31 et 30), et encore ce sont des sources tardives qui attestent ces possibilits, chronologiquement loignes de linscription qui nous intresse.

    94. Cf. supra, n. 33.95. DuBOiS 1995b, p. 142, et idem 2003, p. 123. Pour ce sacriice, cf. galement SChwaBL

    1996, p. 286, BurkerT 2000, p. 211-212, DiMarTinO 2003, p. 329, n. 97, et henriChS 2005, p. 56 (sacriice lentit surnaturelle).96. LuPu 2005, p. 387.97. nOrTh 1996, p. 294, 300, suggre quen ralit, la in du texte, lentit vengeresse du dpart sest transforme en igure divine ou, du moins, en destinataire de

  • Maria PaTera302

    Bien que nous nayons pas rencontr dans les sources littraires de sacriice adress un , nous en avons vu un qui a reu un culte, avec lexemple de lautel dantros. en outre, chez Plutarque, apollon aurait fait des libations pour apaiser la colre des qui le poursuivent aprs le meurtre de Python98. Le sacriice l de linscription, en tant que prcaution supplmentaire compltant la puriication, peut tre accompli ou non, selon le choix de lintress.Pour inir, il est lgitime de sinterroger sur le rapport que ces entits vengeresses entretiennent avec Zeus / . Il a t soutenu que, avec le temps, le rle des comme vengeurs de crimes a t attribu en Grce Zeus ou ds la deuxime moiti du Vie sicle, tandis qu Slinonte, au mme moment, ces entits surnaturelles gardaient leurs prrogatives99. Cependant, une telle volution ne peut pas tre tablie avec certitude ; rien dans notre documentation ne la suggre, et le rle des entits de vengeance est clairement dmarqu du rle du dieu qui peut aussi bien punir que protger. Ces entits sont des instruments de la justice de Zeus, des manifestations impersonnelles et implacables qui, contrairement Zeus, ne peuvent changer dattitude leur gr100. Ces entits fonctionnelles

    culte. eLLinGer 2005, p. 133, pense que ce sacriice est destin viter une rechute de l ; le rituel qui prcde aurait t destin transformer lesprit tout comme il aurait transform le meurtrier, apprivoiser donc lesprit et en faire un objet de culte, sans lradiquer et sans en faire un pouvoir favorable. Dans le mme sens, cf. aussi BurkerT 2000, p. 211-212.

    98. Cf. supra, n. 29 (antros) et 32 (apollon).99. MarinaTOS 1950-1951, p. 183 ; MaTThaiOS 1992-1998, p. 430. Selon MOuLinier

    1952, p. 262-263, MikaLSOn 1983, p. 51-52, et Parker 1983, p. 126-128, les esprits vengeurs taient considrs comme des igures de la superstition dans lAthnes classique. JJk 1993, p. 40, 44-45, 57-58, 118-120, supposent que dans des cits provinciales et plus isoles, comme Slinonte, il pourrait exister une reconnaissance publique dune croyance qui Athnes ferait igure de superstition, et quon en aurait un exemple avec linscription de Slinonte ; cette loi aurait t promulgue loccasion dune stasis dans la cit, quand les meurtres et les sacrilges taient plus courants (contra : MaFFi 1997, p. 210). Pour nOrTh 1996, p. 299, elle aurait t promulgue plutt pour faire face une pidmie ou une priode dinfertilit. Pour GiuLiani 1998, p. 71, MaFFi 1997, p. 210, et GeOrGOuDi 2001, p. 157-158, il sagit bien dune loi de la cit qui prend position dans le domaine de la puriication en dinissant le rituel suivre, tandis que pour Dimartino (cf. supra, n. 82), il sagirait dune loi sacre complmentaire aux lois civiles.

    100. nous avons beaucoup parler de vengeance leur propos car il sagit de rtribution, de paiement en retour du crime, mais il faut souligner que les / reprsentent surtout une sanction pnale surnaturelle. propos de la diffrence entre ces entits surnaturelles et les dieux dans leur traitement du crime, cf. eLLinGer 2005, p. 138.

  • ALASTORES eT ELASTEROI : PrOPOS De La LOi SaCre De SLinOnTe 303

    soccupent uniquement du crime et de sa punition, ils sont suscits par lui et lui sont immanents. Ce que linscription de Slinonte nous apprend de particulier sur leur compte, cest quon peut sen dbarrasser par un rituel de puriication et quelles peuvent recevoir un sacriice. Quant Zeus /, quil soit celui qui protge des / (esprits vengeurs) ou qui les envoie, ou encore celui qui protge ou qui punit les / humains, ou trs probablement quil ait la fois toutes ces fonctions, il a sous cette piclse le pouvoir de dbarrasser une personne poursuivie de l qui la hante, une fois que celle-ci a accompli les rites de puriication101. Cependant, nous ne prsupposons pas un Zeus sous-entendu dans notre inscription : Zeus peut remplir ces fonctions sous dautres piclses102.

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    N. S. 8 2010

    Prix:40ISBN 978-2-7132-2274-0

    ISSN 1105-2201

    Dossier: Normativit. noncs et manires de faire. Varia: nonciations (voix chorales, la polis et la loi). Questions archologiques et iconographiques (papyri en contexte funraire, Aphrodite lgide). Problmes historiques (le rve dOnomarchos, le modle de la reine veuve).

    SOMMA I R E

    Dossier Normativit

    Catherine Darbo-Peschanski :QuestionssurlanormativitdanslantiquitgrecqueetromaineEvelyne Scheid :LnoncdesnormesdanslemondehomriqueetleurapplicationStella Georgoudi :Commentrglerlestheia pragmata.PourunetudedecequonappelleloissacresPauline Schmitt Pantel :Mursetnormativit:lesmaniresdevivredeshommespolitiquesathniensBernard Legras :Lestrans-fertsdedroitfamilial:denouvellesnormesdanslgypteromaine?Emmanuelle Valette :Legrammairien-lgislateur:iguresdelanormedanslimaginairelin-guistiqueromain.

    Varia Claude Calame :Fictionnonciativeetperformancepotique.VoixchoralesdanslespiniciesdeBacchylideGustavo Veneciano :ConstruccinylegitimacindelapoliscomoagentedelaenunciacinlegalPenelope Scarsouli :Despapyrigrecsencontextefunraire.LexempledeLEmpdocledeStrasbourgValeria And :LEcubaeuripidea:drammadellaviolenzasugliinermiVincent Azoulay :LervedOnomarchos:lesstatuesetlesPhocidiensDelphesGabriella Pironti :AphroditelgideoudeladistractiondespeintresMaria Patera :Alastores et elasteroi :proposdelaloisacredeSlinonteAthanassia Zografou : : Serge Bardet :FlaviusJospheetlareineveuve:larecherchedunmodlejudo-hellnistiquedelgiti-mitsuccessorale?

    RsumsOuvrages reus

    H I S TO I R E PH I LO LOG I E ARCHOLOG I E