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Mesure des comportements des mentors en contexte de mentorat scolaire et liens entre ces comportements, la qualité de la relation de mentorat et l’ajustement des protégés Thèse Pascale Brodeur Doctorat en psychologie – recherche et intervention (orientation clinique) Philosophiæ doctor (Ph.D.) Québec, Canada © Pascale Brodeur, 2016

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Mesure des comportements des mentors en contexte de mentorat scolaire et liens entre ces comportements, la qualité de la relation de mentorat et l’ajustement des

protégés

Thèse

Pascale Brodeur

Doctorat en psychologie – recherche et intervention (orientation clinique)

Philosophiæ doctor (Ph.D.)

Québec, Canada

© Pascale Brodeur, 2016

Page 2: Mesure des comportements des mentors en contexte de …€¦ · et Dr Brian Morin, mes mentors, pour leur conseils, leurs enseignements, leurs encouragements, leur valorisation et

Mesure des comportements des mentors en contexte de mentorat scolaire et liens entre ces comportements, la qualité de la relation de mentorat et l’ajustement des

protégés

Thèse

Pascale Brodeur

Sous la direction de :

George Tarabulsy, directeur de recherche Simon Larose, codirecteur de recherche

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Résumé

Les résultats d’études récentes suggèrent que certains comportements de soutien

des mentors pourraient augmenter les bénéfices du mentorat scolaire. Cependant, peu

d’outils validés sont disponibles dans la littérature pour mesurer ces comportements. Il est

aussi convenu que l’efficacité du mentorat scolaire dépend de la qualité de la relation

tissée entre le mentor et son protégé, laquelle serait tributaire d’un ensemble de facteurs,

dont les comportements du mentor. Néanmoins, encore une fois très peu d’études

empiriques ont tenté d’identifier les patrons de comportements des mentors les plus

susceptibles d’influencer la relation de mentorat et l’ajustement des protégés. La présente

thèse poursuit deux objectifs, soit de construire et valider un outil de mesure des

comportements de soutien des mentors œuvrant en contexte de mentorat scolaire, puis

d’explorer les liens entre des comportements de structure et de soutien des mentors, la

relation de mentorat et l’ajustement des protégés. L’échelle de comportements des

mentors (ECM) a été développée en s’inspirant des prémisses du modèle

sociomotivationnel du mentorat (Larose & Tarabulsy, 2014). Deux cent cinquante-trois

étudiants du collégial participant à un programme de mentorat scolaire d’une durée de huit

mois ont complété une version expérimentale de l’ECM ainsi que différentes mesures de

la qualité de la relation de mentorat à deux temps de leur participation au programme. Les

résultats montrent que le questionnaire possède de bons coefficients de cohérence interne

et une structure factorielle adéquate, à l’exception du facteur soutien à l’autonomie. De

plus, trois des dimensions de l’ECM prédisent la qualité de la relation de mentorat et la

perception d’utilité de l’intervention. Des recommandations pour l’utilisation et

l’amélioration de l’ECM sont proposées. Sur la base des évaluations des protégés à l’ECM

(Brodeur et al., 2015), quatre regroupements distincts de comportements de mentors ont

été identifiés : Optimal, Suffisant, Contrôlant, et Inadéquat. Les résultats montrent que plus

les mentors ont fait preuve de soutien et de structure, plus les protégés ont évalué

positivement la relation et l’utilité du mentorat, sauf pour les profils Optimal et Contrôlant.

Par ailleurs, uniquement l’ajustement social des protégés a différé du groupe contrôle, et

ce proportionnellement à la quantité de soutien et de structure prodigués par les mentors.

D’autre part, il est discuté de l’impact de l’ajustement initial des protégés sur les

comportements des mentors. Des implications théoriques et pratiques des résultats des

deux articles sont présentées.

Mots-clés : mentorat scolaire, comportements des mentors, validation de

questionnaire, qualité de la relation de mentorat, ajustement des protégés.

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Abstract

Recent studies suggest that specific mentor support behaviours may increase the benefits

of school-based mentoring for youth. However, few validated instruments are available in

the literature to assess such behaviours. Furthermore, it is generally accepted that school-

based mentoring efficacy depends on the quality of the relationship between mentors and

protégés, which is linked to many factors, including mentor behaviours. However, very few

empirical studies have tried to shed light on the types of mentor behaviours most likely to

influence mentoring relationship and protégé adjustment. The present study has two goals:

to construct and validate a measurement tool of mentor support behaviour within a school-

based mentoring context, and to explore the links between the structuring and supportive

mentoring behaviours, the quality of the mentoring relationship and protégé adjustment.

The Mentors Behaviors Scale (MBS) was developed based on the Mentoring

Sociomotivational Model (Larose & Tarabulsy, 2014). Two hundred fifty-three (253) college

students participated in an eight-month-school-based mentoring program completed an

experimental version of the MBS and different measures of the quality of the mentoring

relationship at two times during the program. The results show that the questionnaire has

good internal consistency coefficients and an adequate factor structure (with the exception

of Autonomy Support). Moreover, three dimensions of the MBS predict the quality of the

mentoring relationship and the perception of the usefulness of the intervention.

Recommendations for the use and improvement of the MBS are proposed. Based on

protégé scores on the MBS (Brodeur et al., 2015), four distinct clusters of mentor

behaviours have been identified: Optimal, Sufficient, Controlling, and Inadequate. The

results show that the more mentors show support and structure, the more protégés

positively evaluate the mentoring relationship and its utility, with the exception of students

in the Optimal and Controlling clusters. Moreover, only protégé social adjustment differed

from control group, and this proportionally to the amount of support and structure provided.

The impact of protégé initial adjustment on mentor behaviours is discussed. Theoretical

and practical implications of both articles’ results are presented.

Key words: academic mentoring, school-based mentoring, mentors’ behaviors,

validation of questionnaire, mentoring relationship quality, protégés’ adjustment

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Table des matières

Résumé ....................................................................................................................... iii Abstract ....................................................................................................................... iv Table des matières ........................................................................................................ v Liste des tableaux ....................................................................................................... vii Liste des figures .......................................................................................................... viii Liste des abréviations .................................................................................................. ix Remerciements ............................................................................................................. x Avant-propos ............................................................................................................... xi CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GÉNÉRALE .............................................................. 1 Mesure des comportements des mentors en contexte de mentorat scolaire et liens entre ces comportements, la qualité de la relation de mentorat .................................... 2 et l’ajustement des protégés ......................................................................................... 2

Définition du mentorat ................................................................................................ 3 Bénéfices du mentorat ............................................................................................... 6 Modèles de mentorat existants ................................................................................ 12 Modèle sociomotivationnel du mentorat ................................................................... 18 Objectifs généraux ................................................................................................... 20 Figure ...................................................................................................................... 21

CHAPITRE 2 : ARTICLE 1 .......................................................................................... 22 Développement et validation de construit d’une mesure des comportements des mentors en contexte de mentorat scolaire .................................................................. 23

Résumé ................................................................................................................... 24 Le modèle sociomotivationnel du mentorat (MSM) .................................................. 25 Les appuis empiriques au MSM ............................................................................... 27

Structure............................................................................................................... 27 Soutien au sentiment de compétence ................................................................... 28 Soutien à l’autonomie ........................................................................................... 29 Engagement ......................................................................................................... 30

La présente étude .................................................................................................... 30 Méthodologie ........................................................................................................... 31

Programme de mentorat ....................................................................................... 31 Participants, jumelage et administration des questionnaires ................................. 32 Développement de l’Échelle de comportements des mentors ............................... 33 Critères liés à la validité de construit de l’ECM ..................................................... 34

Analyses statistiques ............................................................................................... 35 Normalité des données ......................................................................................... 35 Données manquantes .......................................................................................... 36 Cohérence interne de l’ECM................................................................................. 38 Validité de construit .............................................................................................. 38

Résultats ................................................................................................................. 39 Cohérence interne de l’ECM................................................................................. 39 Validité de construit .............................................................................................. 40

Discussion ............................................................................................................... 41 Points forts de l’étude, qualités de l’ECM et implications ...................................... 43

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Faiblesses de l’étude, limites de l’ECM et recommandations ................................ 45 Conclusion ............................................................................................................... 47 Références .............................................................................................................. 48 Tableaux .................................................................................................................. 53 Figures .................................................................................................................... 56 Annexe .................................................................................................................... 58

CHAPITRE 3 : ARTICLE 2 .......................................................................................... 59 Comportements de soutien des mentors et ajustement collégial de jeunes adultes participant à un programme de mentorat scolaire ....................................................... 60

Résumé ................................................................................................................... 61 Modèles en mentorat ............................................................................................... 62 Études portant sur les comportements des mentors ................................................ 63

Soutien à l'autonomie ........................................................................................... 65 Structure et engagement ...................................................................................... 65 Soutien au sentiment de compétence ................................................................... 66

La présente étude .................................................................................................... 67 Méthodologie ........................................................................................................... 68

Programme de mentorat ....................................................................................... 68 Participants .......................................................................................................... 68 Mesures ............................................................................................................... 69 Procédure ............................................................................................................. 71

Analyses statistiques ............................................................................................... 72 Données manquantes .......................................................................................... 72 Analyses de cluster .............................................................................................. 74

Résultats ................................................................................................................. 75 Analyse de regroupement .................................................................................... 76 Liens avec la qualité de la relation de mentorat .................................................... 77 Liens avec la perception d’utilité ........................................................................... 77 Liens avec l’ajustement collégial .......................................................................... 77

Discussion ............................................................................................................... 78 Quatre profils de comportements ......................................................................... 79 Qualité du mentorat et perception d’utilité............................................................. 81 Liens entre mentorat et ajustements ..................................................................... 82 Points forts et limites de l’étude ............................................................................ 86

Références .............................................................................................................. 89 Tableaux .................................................................................................................. 94 Figure ...................................................................................................................... 97

CHAPITRE 4 : CONCLUSION .................................................................................... 98

Résumés des objectifs et des résultats .................................................................... 99 Contributions principales ....................................................................................... 101 Adaptation du modèle sociomotivationnel du mentorat .......................................... 105 Limites ................................................................................................................... 106 Avenues de recherche futures ............................................................................... 108

Références de l’introduction et de la conclusion de la thèse ..................................... 109 Annexe : Questionnaires ........................................................................................... 113

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Liste des tableaux Chapitre 2 : Article 1 Tableau 1 Moyennes, écart-types et coefficients d’asymétrie et d’aplatissement des scores à l’ECM aux Temps 1 et 2, pour chaque sous-échelle et l’échelle globale ........................... 53 Tableau 2 Critères de qualité retenus pour les statistiques d’ajustement des AFC ............................ 53 Tableau 3 Coefficients de fidélité (alpha ordinal et alpha de Cronbach) des sous-échelles de l’ECM aux Temps 1 et 2 .................................................................................................... 54 Tableau 4 Corrélations entre les scores à l’ECM aux deux temps de mesure, et entre les scores au Temps 1 et la Qualité de la Relation de Mentorat (QRM) au Temps 1 ......................... 54 Tableau 5 Corrélations entre les scores à l’ECM au Temps 2 et les variables concomitantes ........... 55

Chapitre 3 : Article 2 Tableau 1 Nombre et pourcentage de protégés par profil; moyennes et écarts-types des quatre dimensions comportementales, de la QRM et de la perception d’utilité par profil, et résultats des analyses de variance et tests de contraste .................................................. 94 Tableau 2 Moyennes et écarts-types des quatre dimensions d’ajustement au pré-test pour le groupe contrôle et chaque profil, et résultats des analyses de variance et tests de contraste ........................................................................................................................... 95 Tableau 3 Moyennes et écarts-types des quatre dimensions d’ajustement au pré-test et au post-test pour le groupe contrôle et chaque profil, et résultats des analyses de covariance au post-test et tests de contraste ...................................................................................... 96

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Liste des figures

Chapitre 1 : Introduction générale Figure 1. Modèle sociomotivationnel du mentorat (Larose & Tarabulsy, 2014) ................ 21 Chapitre 2 : Article 1 Figure 1. Échelle de comportements des mentors - Modèle à 15 items, Temps 1 ............ 56 Figure 2. Échelle de comportements des mentors - Modèle à 15 items, Temps 2 ............ 57 Chapitre 3 : Article 2 Figure 1. Représentation graphique des quatre profils (regroupements) de comportements de mentors ............................................................................................... 97

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Liste des abréviations

AFC Analyse factorielle confirmatoire

AGFI Adjusted Goodness of Fit Index

BBBS Big Brother Big Sister

CFI Comparative Fit Index

d d de Cohen

dl Degré de liberté

ECM Échelle de comportement des mentors

ET Écart-type

F Statistique du F

FIML Full Information Maximum Likelihood

GFGS Grands Frères Grandes Sœurs

ICC Intraclass Correlation Coefficient

M Moyenne

MAR Missing at random

MCAR Missing completely at random

MIRES Mentorat pour l’intégration et la réussite des étudiants en sciences

MSM Modèle sociomotivationnel du mentorat

n Taille de l’échantillon

2 Taille d’effet

NMAR Not missing at random

p Probabilité

QRM Qualité de la relation de mentorat

r Corrélation

RMSEA Root Mean Square Error of Approximation

SACQ Student Adaptation to College Questionnaire

SDT Self-Determination Theory

TLI Non-Normed Fit Index (NNFI) dans un contexte de données continues

WAI Working Alliance Inventory

WAI-S Working Alliance Inventory – Short Version

WLSMV Weighted Least Squares Mean and Variance

WRMR Weighted Root Mean Square Residual

χ2 Chi-carré

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Remerciements

Je tiens à remercier tout d’abord mon co-directeur de thèse, Simon Larose, avec

qui j’ai traversé toutes les étapes de réalisation et de rédaction de ce travail substantiel.

Sa disponibilité, sa confiance et son professionnalisme ont toujours été en premier plan de

nos échanges. Sa rigueur intellectuelle et ses aptitudes pour l’argumentation, la rédaction

et la synthèse m’ont amenée à m’améliorer sur ces tâches que se doit d’accomplir tout

intellectuel. Ensuite, je voudrais remercier mon directeur de thèse, George Tarabulsy, pour

ses conseils, son soutien, son expérience et son recadrage tout au long de ce marathon

que constitue la réalisation d’un doctorat. Au plan plus personnel, je remercie mes amis et

collègues Caroline, Emmanuelle, Cristina, Carole et Julie pour avoir été des confidentes et

complices soutenantes dans cette épreuve. Plus largement, je remercie Dr Janel Gauthier

et Dr Brian Morin, mes mentors, pour leur conseils, leurs enseignements, leurs

encouragements, leur valorisation et leur… patience. Ensuite ma famille, pour son soutien

financier durant cette décennie universitaire austère, et particulièrement ma mère pour les

longues heures de révision de mes écrits. Enfin mon père, feu mon père, qui m’aura

transmis ou montré, qui sait, la curiosité, la persévérance, le dépassement de soi et de

ses limites, pour le meilleur et pour le pire. Il serait si fier de sa fille! Merci. Plusieurs me

reconnaîtront, je ne peux passer sous silence mon compagnon à quatre pattes, Youri le

chien nordique, mon complice de sports et d’aventures qui m’accompagne dans toutes

mes expéditions sous toutes les températures, pour découvrir, aller plus loin, nous évader.

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Avant-propos

Le premier article de ma thèse a été publié en février 2015. J’en suis la principale

auteure, puisque j’ai réalisé toutes les étapes nécessaires à l’élaboration d’un article

scientifique, à l’exception de la collecte de données. Effectivement, dans le cadre de ma

thèse, j’ai eu l’opportunité d’exploiter des données déjà recueillies afin de répondre à des

questions de recherche originales. J’ai donc recensé les écrits liés de près ou de loin à

mes questions de recherche, extrait les données pertinentes d’une base de données

considérable, réalisé la totalité des analyses statistiques requises à l’exception des

imputations multiples nécessaires à l’analyse de données manquantes, puis analysé et

discuté les résultats. Aucune modification ultérieure n’a été réalisée sur ce premier article

après sa publication. Les co-auteurs sont, dans l’ordre de contribution, Simon Larose,

George Tarabulsy, Bei Feng et Nadine Forget-Dubois, œuvrant tous au sein de

l’Université Laval. Mon deuxième article devrait être soumis dans les prochaines

semaines, pendant que mon jury évalue ma thèse. J’y ai aussi réalisé toutes les étapes

nécessaires sauf, encore une fois, la collecte de données, ainsi que l’analyse de cluster

qui a été réalisée à l’aide d’un programme statistique que je ne maitrise pas. J’ai par

contre réalisé toutes les autres analyses statistiques, puis analysé et discuté les résultats.

Les co-auteurs sont, dans l’ordre de contribution, Simon Larose, George Tarabulsy et Bei

Feng. Bonne lecture!

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Chapitre 1 : Introduction générale

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2

Mesure des comportements des mentors en contexte de mentorat scolaire et liens

entre ces comportements, la qualité de la relation de mentorat

et l’ajustement des protégés

Le mentorat est un type de relation qui existe depuis la nuit des temps. Ce concept

prend sa source dans la mythologie grecque. Selon la légende, Ulysse, l’ami de Mentor,

chargea ce dernier de l’éducation de son fils Télémaque pendant qu’il partit combattre à la

guerre de Troie. Le nom de mentor est passé aujourd’hui dans la langue en tant que

substantif pour désigner un guide, un conseiller accompagnant une personne qui est

moins expérimentée ou débute dans une fonction (Bloch & Wartburg, 1968).

Levinson, chercheur réputé avoir éveillé l’intérêt scientifique envers le mentorat

vers la fin des années 1970, considère le mentorat comme la relation la plus importante

dans la vie d’un jeune adulte (Levinson, Darrow, Klein, Levinson & McKee, 1978). Pour

cause, certaines études dans le champ de la résilience ont mis en lumière le rôle que joue

une relation de proximité avec un adulte significatif autre qu’un parent, comme facteur de

protection (Cyrulnik, 1996; Guedeney, 1998; Werner, 1995). La théorie de l’attachement

nous rappelle aussi l’importance d’une telle relation dans le développement humain,

même au-delà de l’enfance (Ainsworth, 1989 ; Doyle, Moretti, Brendgen & Bukowski,

2003 ; Gormley, 2008 ; Zimmermann, 2003).

De nos jours, le mentorat s’est élaboré sur cette idée qu’une relation de soutien

entre un jeune et un adulte contribue au développement émotionnel, personnel, cognitif et

psychologique de l’enfant ou de l’adolescent (Rhodes, 2002). Quelques modèles et

théories ont été élaborés dans le but d’opérationnaliser les différentes variables

impliquées dans une relation de mentorat (DuBois, Neville, Parra & Pugh-Lilly, 2002;

Parra, DuBois, Neville, Pugh-Lilly & Povinelli, 2002; Rhodes, 2005; Rhodes, Spencer,

Keller, Liang & Noam, 2006). Ceux-ci nous renseignent sur les caractéristiques du

protégé, du mentor et de la relation qui sont les plus susceptibles d’en optimiser les

bénéfices. Ils permettent également de formuler des hypothèses concernant les

mécanismes par lesquels la relation de mentorat produit des gains pour le protégé, et

quels gains (psychosociaux, émotionnels, scolaires, identitaires) peuvent être anticipés.

Curieusement, aucun des modèles existants ne précise les comportements que le mentor

doit adopter en présence de son protégé afin que celui-ci tire profit de la relation, mais

aussi afin qu’il en évite les impacts négatifs potentiels. Pourtant, des études récentes

montrent effectivement que certains comportements adoptés par un mentor peuvent nuire

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au développement du protégé. Par exemple, une relation peu structurée apparaît nuisible

pour ce dernier parce qu’elle détériore la relation qu’il entretient avec ses parents

(Langhout, Rhodes & Osborne, 2004). Aussi, les protégés dont l’autonomie n’est pas

soutenue par leur mentor sont apparus moins bien ajustés au collège lorsque comparés à

leurs pairs (Larose, Tarabulsy & Cyrenne, 2005).

Compte-tenu de l’engouement que connaît le mentorat depuis plusieurs années, il

apparaît primordial de s’attarder à ces comportements et de jeter des bases qui pourront

servir de points de repère aux futures recherches sur le sujet et, espérerons-le, à tout

individu ou entreprise désirant pratiquer le mentorat. Ce sont ces comportements que

tentera d’identifier la présente thèse, en s’inspirant des propositions du modèle

sociomotivationnel du mentorat (Larose & Tarabulsy, 2014), lequel innove en suggérant

des comportements que le mentor doit adopter en présence de son protégé. Plus

précisément, à l’aide de données recueillies dans le cadre d’un programme de mentorat

scolaire, les comportements du mentor seront analysés en fonction de leur capacité à

promouvoir une relation de qualité entre le mentor et son protégé et à améliorer

l’ajustement du protégé aux plans social, psychologique et scolaire.

Définition du mentorat

Bien qu’il existe plusieurs définitions du mentorat et que tous les auteurs ne

s’entendent pas de manière exacte sur ce qu’il est ou n’est pas, Eby, Rhodes et Allen

(2007) ont extrait de la littérature cinq caractéristiques du mentorat fournissant un cadre

de référence pour étudier le phénomène. Tout d’abord, le mentorat est (1) une relation

unique entre deux individus - il n’y a pas deux relations identiques - dont l’objectif est (2)

l’apprentissage, grâce à l’acquisition de connaissances qui en découle. En fait, bien que

les objectifs du mentorat varient d’une relation à l’autre, presque toutes ces relations

impliquent l’acquisition de connaissances. Ensuite, le mentorat est (3) un processus, défini

par le type de soutien que le mentor apporte à son protégé. Ce soutien, variant d’une

relation à l’autre, est habituellement classifié comme émotionnel (ou psychosocial) ou

comme instrumental. Aussi, cette relation est (4) réciproque, quoiqu’asymétrique. En effet,

bien que le mentor puisse tirer profit de la relation, c’est d’abord le développement du

protégé qui est visé. Enfin, cette relation est (5) dynamique puisqu’elle se modifie avec le

temps, tout comme les impacts qui en découlent.

Outre ces différentes caractéristiques, le mentorat est un type de relation qui se

développe dans différents contextes. Dans la littérature, on retrouve trois types de

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mentorat, soit le mentorat pour jeune (youth mentoring), le mentorat scolaire (student-

faculty mentoring, school mentoring ou academic mentoring) et le mentorat professionnel

(workplace mentoring). La définition du mentorat pour jeune rencontrée le plus souvent

dans la littérature est la suivante : une relation entre un mentor plus âgé ou plus

expérimenté et un enfant ou un jeune avec qui il n’a pas de lien familial (Jekielek, Moore,

Hair & Scarupa, 2002), dans laquelle le mentor fourni des conseils, des instructions et de

l’encouragement dans le but de développer les compétences et le caractère du protégé.

Tout au long de cette relation, le mentor et le protégé peuvent développer un lien

particulier empreint d’engagement, de respect et de loyauté (Rhodes, 2000). Dans le

domaine scolaire, le mentor est une personne plus instruite et expérimentée servant de

guide à l’étudiant et lui apportant soutien et connaissances à la fois aux plans académique

et non académique. Certains auteurs circonscrivent le mentorat scolaire aux situations

dans lesquelles le mentor est un membre du corps enseignant (dans ces cas, le terme

student-faculty mentoring est rencontré). Dans la sphère professionnelle maintenant, le

mentorat est une relation entre un mentor plus expérimenté et un protégé moins

expérimenté, dont l’objectif est le développement personnel et professionnel du protégé

(Kram, 1988). Le mentor peut être soit un pair, un superviseur, un individu de la même

organisation sans lien hiérarchique, ou même une personne d’une autre organisation

(Kram & Isabella, 1985).

Ces types de mentorat visent des clientèles différentes. Le mentorat pour jeune

s’adresse à des enfants ou à des adolescents d’âge primaire ou secondaire; le mentorat

scolaire à des étudiants de niveau collégial ou universitaire, le mentorat professionnel à

des adultes typiquement en début de carrière, mais à tout moment une personne

professionnellement active peut tirer profit du mentorat. Parce que les types de mentorat

visent des individus à des stades développementaux différents, ils ont aussi des fonctions

ou des objectifs différents. Ceux-ci peuvent être davantage relationnels et

développementaux, comme dans le cas du mentorat pour jeune, qui vise souvent à

diminuer des comportements à risque ou à améliorer le fonctionnement social (Dubois &

Karcher, 2005). Les autres types de mentorat ont des objectifs plus spécifiques,

davantage axés sur la tâche. Dans le cas du mentorat scolaire, celui-ci vise typiquement la

rétention des étudiants, la performance scolaire et l’ajustement à la vie collégiale ou

universitaire (Jacobi, 1991). Enfin, du côté du mentorat professionnel, l’avancement

professionnel ou l’amélioration des compétences sont souvent visés. Néanmoins, ces

catégories ne sont pas mutuellement exclusives, et il est évident que les différents types

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de mentorat peuvent avoir des fonctions communes. Par exemple, viser le développement

socio-émotionnel du jeune engendrera des impacts sur son fonctionnement scolaire, et

viser l’avancement professionnel d’un protégé aura un impact sur son identité et son

estime de lui. De plus, des programmes de mentorat pour jeunes comme les très

répandus Grands Frères Grandes Sœurs (GFGS, ou BBBS en anglais) sont parfois

implantés dans des écoles afin d’en faciliter la réalisation et la gestion.

Dans la littérature, une distinction est faite entre le mentorat formel et le mentorat

informel. Une relation de mentorat formel est le fruit d’un pairage, par un agent extérieur,

d’un mentor avec un protégé, et s’inscrit dans un programme officiel de mentorat. Quant à

la relation de mentorat informel, celle-ci débute spontanément, s’élabore sans

l’intervention d’une instance extérieure et ne fait pas partie d’un programme quelconque

(Eby, Rhodes & Allen, 2007). Larose (2012, p. 241) précise que « Le mentorat formel se

traduit par du soutien et de l’encadrement assumés généralement par un adulte volontaire

et résultant d’opérations plus ou moins structurées de sélection, de formation, de jumelage

et de supervision menées par un milieu communautaire ou scolaire ».

Dans le contexte de la présente étude, seulement le mentorat pour jeune et le

mentorat scolaire seront discutés. Le mentorat professionnel ne sera pas considéré ici

puisqu’il s’éloigne de la population visée par le modèle sociomotivationnel du mentorat et

ciblée par le programme Mentorat pour l’Intégration et la Réussite des Étudiants en

Sciences (MIRES). Les données tirées de l’évaluation de ce programme ont été exploitées

aux fins de la présente thèse. MIRES s’est déroulé de 2006 à 2010 dans la ville de

Québec et consistait à soutenir des finissants du secondaire ayant choisi de poursuivre

leurs études en mathématiques, sciences et technologies au collège. Par le biais d'une

relation de mentorat offerte pendant toute la première année d’études au collégial et

assurée par des étudiants universitaires inscrits dans ces disciplines, MIRES visait à

influencer les trajectoires scolaire, professionnelle et sociale de ses participants. Certains

auteurs circonscrivent le mentorat scolaire aux situations dans lesquelles le mentor est un

membre du corps enseignant (dans ces cas, le terme student-faculty mentoring est

rencontré). Dans la présente étude, cette distinction ne sera pas retenue puisque des

relations de mentorat scolaire peuvent se développer entre des étudiants de niveaux

scolaires différents, tel qu’initié dans MIRES et plusieurs autres études (p. ex. Bernstein,

Rappaport, Olsho, Hunt & Levin, 2009; Campos et al., 2008; Keller & Pryce, 2012; King,

Vidourek, Davis, & McClellan, 2002).

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Bénéfices du mentorat

La plupart des évaluations de programme de mentorat ont rapporté de modestes

effets de ce type d’intervention sur le développement des protégés, tel que le démontrent

les quatre méta-analyses suivantes.

La méta-analyse multidisciplinaire d’Eby, Allen, Evans, Ng, et DuBois (2007) est la

seule en son genre et d’un intérêt particulier pour la présente thèse puisqu’elle avait

comme objectif général de déterminer la taille des effets associés aux bénéfices, pour les

protégés, des trois différents types de mentorat (pour jeune, scolaire et professionnel) de

nature à la fois formelle et informelle. Pour ce faire, les auteurs ont analysé 112 études

s’étant déroulées entre 1985 et 2006, lesquelles constituaient 116 échantillons

indépendants. Malheureusement, les auteurs n’apportent pas de précisions en ce qui a

trait aux critères méthodologiques retenus pour la sélection des études. Il n’est donc pas

possible de connaître le devis (expérimental, quasi-expérimental ou corrélationnel) des

études analysées. Cependant, puisque cette méta-analyse inclut des relations de

mentorat informel, elle comprend forcément des études corrélationnelles.

Dans cette méta-analyse, le mentorat pour jeune est défini comme une relation

formelle ou informelle entre un adulte (autre qu’un parent) et un enfant, un adolescent ou

un jeune adulte. Le mentorat scolaire, quant à lui, est défini comme une relation entre un

étudiant pré-gradué ou gradué et un professeur ou membre du corps enseignant du

collège ou de l’université. Pour ce second type de mentorat, les auteurs ne précisent pas

s’ils se sont limités au mentorat informel, mais dans les faits, les études portant sur les

programmes de mentorat appariant des professeurs à des étudiants pré-gradués ou

gradués étaient alors excessivement rares (Johnson, 2007). Le troisième type de

mentorat, soit le mentorat professionnel, consiste, dans le cadre de cette méta-analyse, en

une relation formelle ou informelle entre deux adultes actifs au plan professionnel, et ce,

dans un contexte organisationnel.

Cette étude démontre tout d’abord que le mentorat, tous types confondus, génère

un impact positif mais modeste (tailles d’effet – corrélations corrigées en fonction de la

grandeur de l’échantillon et d’une prémisse d’effets fixes - variant de .04 à .20) sur

l’ensemble des types de variables dépendantes prises en considération par les études

recensées : les comportements (p. ex. performance scolaire ou professionnelle,

comportements d’aide de la part du protégé), les attitudes (p. ex. satisfaction au travail,

perception de l’école), la santé (p. ex. stress, consommation de drogue), les relations (p.

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7

ex. relation avec les pairs et communication avec les parents), la motivation (p. ex.

nombre d’heures travaillées, aspirations) et la carrière (p. ex. promotion, habileté de

communication). Cependant, le mentorat apparaît être davantage lié à certains bénéfices

qu’à d’autres. En effet, les tailles d’effet les plus importantes, bien que modestes

rappelons-le, sont observées pour les variables ayant trait aux comportements d’aide de la

part du protégé et à son attitude envers l’école et le travail, tandis que les tailles d’effet les

plus petites sont observées en regard de son stress psychologique, de la reconnaissance

professionnelle dont il peut jouir, de son succès professionnel, de la déviance (p. ex. vol,

mensonge, vandalisme), et de sa perception de lui-même. Les auteurs ne précisent

toutefois pas si ces différences sont significatives au plan statistique. La seconde

conclusion intéressante tirée de cette méta-analyse est la suivante : le mentorat scolaire

apparaît, de façon globale et en fonction d’une prémisse d’effets fixes, générer des

impacts plus importants (rc de .11 à .36) pour les protégés, que le mentorat en milieu de

travail (rc de .03 à .19) et le mentorat pour jeune (rc de .03 à .14).

Outre cette méta-analyse, d’autres études ont documenté les effets du mentorat

formel sur le devenir des jeunes. La méta-analyse de DuBois, Holloway, Valentine, et

Cooper (2002), la plus rigoureuse dans ce domaine au plan scientifique selon Rhodes

(2008), se base sur l’analyse de 55 études portant sur des programmes de mentorat pour

jeunes se déroulant entre 1970 et 1998. Les études analysées par ces auteurs devaient

correspondre aux critères suivants : 1) porter sur des programmes de mentorat

correspondant à sa définition communément acceptée dans la littérature, c’est-à-dire : une

relation non familiale entre un mentor plus âgé et plus expérimenté et un jeune protégé,

dans laquelle le mentor fourni des conseils, des instructions et de l’encouragement dans le

but de développer les compétences et le caractère du protégé. Tout au long de cette

relation, le mentor et le protégé développent un lien particulier empreint d’engagement, de

respect et de loyauté (Rhodes, 1994). En accord avec cette définition, les études dont le

mentorat se faisait en groupe n’étaient pas incluses dans cette méta-analyse, ni celles

dont le mentor avait le même âge que le protégé. Enfin, n’étaient pas non plus incluses les

études dont les mentors étaient des professionnels de la santé. En guise de second critère

d’inclusion, les études devaient se pencher de façon empirique sur les effets de la

participation à un programme de mentorat, en ayant soit des mesures pré et post

programme, soit un groupe contrôle. En troisième lieu, la moyenne d’âge des échantillons

devait être de moins de 19 ans.

Page 19: Mesure des comportements des mentors en contexte de …€¦ · et Dr Brian Morin, mes mentors, pour leur conseils, leurs enseignements, leurs encouragements, leur valorisation et

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Les résultats de Dubois, Holloway et collaborateurs (2002) corroborent ceux d’Eby,

Allen et collaborateurs (2007) ayant trait à l’effet modeste du mentorat sur les jeunes. En

effet, les auteurs rapportent une taille d’effet moyenne de d = .14 lorsqu’une prémisse

d’effets fixes est considérée, et de d = .18 dans le cas d’une prémisse d’effets aléatoires,

tandis que les corrélations rapportées par Eby, Allen et collaborateurs pour le mentorat

pour jeune varient de rc = .03 à .14. En d’autres mots, les gains pour le participant moyen

d’un programme de mentorat surpassent d’environ 55% ceux obtenus par un jeune d’un

groupe contrôle ou ceux mesurés au pré-test (DuBois, Holloway et al., 2002). Dans cette

étude, et contrairement à la méta-analyse multidisciplinaire d’Eby, Allen et collaborateurs,

le type de bénéfices mesurés n’est pas un modérateur significatif des tailles d’effet, les

programmes de mentorat ayant donc un effet positif sur l’ensemble des variables

examinées, c’est-à-dire sur les états émotionnels et psychologiques, les comportements

problématiques/à risque, la compétence sociale, et les statuts scolaires/éducationnels et

professionnels (DuBois, Holloway et al., 2002). Néanmoins, les auteurs concluent que

l’hétérogénéité des tailles d’effet observées dans les études analysées ainsi que les

nombreuses sources de variation identifiées par l’étude des modérateurs (méthodologie

des études, caractéristiques des programmes, caractéristiques des relations, mode

d’évaluation des résultats) démontrent la nécessité d’une meilleure prise en compte des

facteurs influençant l’efficacité des programmes de mentorat. Malgré tout, Rhodes (2008)

conclut, par les recherches compilées à ce jour, qu’il ne fait plus de doute que le mentorat

peut être utile à certains jeunes sur plusieurs dimensions simultanément.

En 2011, DuBois, Portillo, Rhodes, Silverthorn et Valentine procèdent à nouveau à

une méta-analyse en se penchant sur 73 évaluations de programme réalisées entre 1999

et 2010 et destiné à des enfants ou des adolescents. Les auteurs sélectionnent des

études qui correspondent à leur définition assez large du mentorat pour jeune, soit « a

program or intervention that is intended to promote positive youth outcomes via

relationships between young persons (18-years-old and younger) and specific nonparental

adults (or older youth) who are acting in a nonprofessional helping capacity » et qui

mesurent un ou plusieurs bénéfices se regroupant dans les catégories suivantes : attitude

et motivation (p. ex. motivation à réussir et attitudes prosociales); social et relationnel (p.

ex. habiletés sociales et relations avec les pairs); psychologique et émotionnel (p. ex.

symptômes dépressifs et estime de soi); problèmes de conduite (p. ex. consommation de

drogue et intimidation); scolaire (p. ex. résultats scolaires et absentéisme), et santé

physique (p. ex. indice de gras corporel). Enfin, les études devaient fournir des données

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permettant le calcul de tailles d’effet. À partir des 73 études retenues, les auteurs

rapportent une taille d’effet moyenne de g = .21 (basée sur la prémisse d’effets aléatoires),

qu’il considère similaire à celle de d = .18 obtenue en 2002 (voir Dubois, Holloway et al.,

2002). Tout comme dans le cas de leur première méta-analyse, les auteurs n’observent

pas de variations significatives de tailles d’effet en fonction des différentes catégories de

bénéfices. Ils concluent que le mentorat semble affecter de façon modeste plusieurs

dimensions du fonctionnement des jeunes et ce de façon simultanée.

Quelques autres méta-analyses (Jolliffe & Farrington, 2007; Tolan, Henry,

Schoeny, Lovegrove & Nichols, 2014) ont été réalisées dans le domaine du mentorat pour

jeune mais ne s’avèrent pas pertinentes ici puisqu’elles ne concernent que les jeunes

délinquants et/ou ayant commis des actes criminels, ce qui s’éloignent de la population

concernée par la présente étude, soit des étudiants du milieu collégial n’ayant pas de

problèmes de comportements importants.

Quant à elle, la méta-analyse d’Eby et ses collègues (2013) documente les trois

types de mentorat à partir de 173 échantillons indépendants (8% représente le mentorat

pour jeune, 21% le mentorat scolaire et 68% le mentorat professionnel, puis 3% une

combinaison de plusieurs types) pour un échantillon total de 40 737 protégés. Plus

particulièrement, elle se penche sur les antécédents (genre, ethnie, capital humain,

structures de la relation et du pairage), les corrélats (fréquence des rencontres, durée de

la relation, motivation scolaire ou professionnelle, capital social, performance du protégé à

différents égards), et les conséquences (satisfaction scolaire ou professionnelle, sentiment

d’affiliation, apprentissage et socialisation, intention de quitter le milieu, bénéfices

salariales, perception du succès professionnel, attentes face à la carrière, tensions

psychosociales, sentiment d’auto-efficacité) du mentorat qui corrèlent avec la perception

qu’a le protégé du soutien instrumental reçu, du soutien psychologie reçu, et avec sa

perception et sa satisfaction envers son mentor et la qualité de la relation de mentorat.

Outre le fait que ces auteurs observent des tailles d’effet (rho) de modestes à modérées

entre les perceptions des protégés et les bénéfices du mentorat, les résultats de cette

méta-analyse ne nous sont pas d’une grande utilité parce que les mentorats pour jeune et

scolaire ne représentent que 29% de l’ensemble des études retenues, lesquelles ont tout

d’abord été analysées d’un seul bloc sans égard au type de mentorat. De surcroit, les

résultats ne documentent pas les comportements des mentors au-delà de reprendre la

catégorisation très large de soutien instrumental versus psychologique, lesquels englobent

plusieurs sous-types d’activités ou de comportements. Ensuite, les conséquences

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étudiées sont réparties en catégories très générales qui nous empêchent de tirer des

conclusions spécifiques (par exemple la satisfaction situationnelle inclue la positive

attitude). Enfin, les catégories utilisées pour ventiler les bénéfices potentiels n’englobent

pas seulement le fonctionnement ou l’adaptation du protégé, mais aussi des éléments

comme ses connaissances acquises. Notons néanmoins que les auteurs ont mesuré

l’effet modérateur que joue le type de mentorat (uniquement scolaire et professionnel) sur

les corrélations entre les différents antécédents, corrélats et conséquences et les

perceptions des protégés. Il en ressort que la satisfaction scolaire ou professionnelle, le

sentiment d’affiliation, l’apprentissage et la socialisation, ainsi que le sentiment d’efficacité

personnelle sont les quatre conséquences sur neuf sur lesquelles se sont penchées les

études répertoriées en mentorat scolaire. Parmi ces quatre types de conséquences, la

satisfaction scolaire et l’apprentissage/socialisation sont les deux seuls à être corrélés aux

deux types de soutien perçu, le premier l’étant un peu plus. Par ailleurs, au plan

méthodologique et sur l’ensemble des études sélectionnées aux fins d’analyse, les

auteurs mentionnent que seulement 12 observaient un devis de nature longitudinale (dont

six en mentorat pour jeune et une seule en mentorat scolaire) et aucune un devis

expérimental. Les auteurs précisent donc que ce qu’ils considèrent comme des

antécédents versus des conséquences du mentorat sont basées sur des positions

davantage théoriques qu’empiriques.

En 2010, Wheeler, Keller et Dubois ont examiné trois études à essai clinique

randomisé portant sur des programmes américains de mentorat scolaire. La première

étude s’est penchée sur le programme GFGS basé dans les écoles (Herrera et al., 2007)

et a constitué un échantillon de 1139 élèves répartis en 71 écoles publiques. La seconde a

analysé le programme Communities in Schools de la ville de San Antonio au Texas (CIS-

SA; Karcher, 2008) et a constitué un échantillon de 525 élèves répartis en 19 écoles

publiques. La troisième étude a examiné des programmes subventionnés par le U.S.

Department of Education’s Student Mentoring Program (SMP; Bernstein et al., 2009) et a

constitué un échantillon de 2360 élèves répartis en 103 écoles publiques. Le plus haut

niveau scolaire ayant été l’hôte de ces programmes fût le high school américain. Encore

une fois, c’est la variabilité dans les résultats de ces études qui ont amené Wheeler et ses

collègues à les comparer entre elles. Considérées ensemble, ces études se sont

globalement penchées sur 19 différents bénéfices potentiels du mentorat scolaire touchant

à la réussite scolaire, le sentiment de compétence scolaire, l’absentéisme scolaire, les

relations avec les pairs, les enseignants, les parents et les adultes sans lien familiaux, les

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problèmes de comportement, l’estime de soi, l’affiliation à l’école et l’utilisation de

substance. Le calcul de la taille d’effet moyenne pour chaque bénéfice a permis aux

auteurs d’ordonner ces bénéfices en fonction de l’importance de l’effet obtenu sur ceux-ci.

Les tailles d'effet moyennes des six bénéfices dont l’intervalle de confiance n’inclut pas

zéro se situent entre .07 et .18, ce qui correspond une fois de plus à un effet modeste.

Ces six bénéfices sont : les absences scolaires non justifiée (d = .18), la présence d’une

relation soutenante avec un adulte sans lien familial (autre que le mentor; d = .12), le

sentiment de compétence scolaire (d = .10), l’inconduite scolaire (d = .11), le support des

pairs (d = .07), et l’absentéisme scolaire (d = .07). Trois bénéfices liés à l’estime de soi ont

une taille d’effet moyenne d’environ .08 mais leur intervalle de confiance inclut 0. Les

auteurs ne pouvaient pas vérifier si ces différences de tailles d’effet sont significatives, en

raison du petit nombre d’études comprises dans leur méta-analyse. Ensuite, bien que les

auteurs ne pouvaient pas procéder à une analyse formelle des modérateurs des tailles

d’effet, ils ont soulevé d’importantes variabilités dans les caractéristiques et la mise en

œuvre des programmes de mentorat (p. ex. formation des mentors et durées des relations

prévues vs observées), dans les caractéristiques des participants (p. ex. niveau de risque

scolaire, origine ethnique, âge des mentors et des protégés, et niveau scolaire) et dans les

devis de recherche (p. ex. variables dépendantes). Ils en concluent que les programmes

financés par une même agence ou organisation varient substantiellement au plan de

plusieurs dimensions importantes.

Comparons les trois études qui ont relevé des distinctions dans les bénéfices du

mentorat. Eby, Allen et collaborateurs (2007) rapportent que les tailles d’effet les plus

importantes, bien que modestes, sont observées pour les variables ayant trait aux

comportements d’aide de la part du protégé et à son attitude envers l’école et le travail,

tandis que les tailles d’effet les plus petites sont observées en regard de son stress

psychologique, de la reconnaissance professionnelle dont il peut jouir, de son succès

professionnel, de la déviance et de sa perception de lui-même. Rappelons que ces

résultats concernent les trois types de mentorat confondus. Ensuite en 2013, Eby et ses

collègues rapportent que parmi les quatre types de conséquences considérées par les

études qu’ils ont compilées en mentorat scolaire, seulement la satisfaction scolaire et

l’apprentissage/socialisation étaient corrélés au soutien rapporté par le protégé, le premier

l’étant un peu plus, mais non le sentiment d’affiliation ni le sentiment d’efficacité

personnelle. Quant à Wheeler, Keller et Dubois (2010) qui ont étudié seulement le

mentorat scolaire, les six bénéfices dont les intervalles de confiance n’incluent pas zéro

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sont, dans l’ordre décroissant de tailles d’effet : les absences scolaires non justifiées, la

présence d’une relation soutenante avec un adulte sans lien familial, le sentiment de

compétence scolaire, l’inconduite scolaire, le support des pairs, et l’absentéisme scolaire.

Ces trois études ne rapportent pas si ces écarts de tailles d’effet sont significatifs. En

somme, on constate que ces résultats ne sont ni comparables les uns aux autres, ni

consistants, sans compter que les deux autres méta-analyses d’envergure (Dubois et al.,

2011; Dubois, Holloway et al., 2002) n’ont quant à elle pas observé que le type de

bénéfices mesurés pouvait exercer un rôle de modérateur significatif des tailles d’effet.

Bien que les cinq méta-analyses détaillées ci-haut fournissent des informations

intéressantes sur l’ampleur et la nature des bénéfices du mentorat, elles ne font

aucunement allusion aux types de comportements que les mentors ont adoptés et qui ont

pu mener à ces résultats. Cela est particulièrement frappant lorsqu’on se penche sur les

analyses de modération des effets du mentorat puisqu’elles n’ont pas considéré les

comportements des mentors. Au mieux et tel que mentionné déjà, l’étude de d’Eby et ses

collègues (2013) répertorie les soutiens instrumental et psychologique. Cela pourrait

signifier que les études incluses dans ces méta-analyses n’ont tout simplement pas fourni

d’information sur les comportements des mentors, voire qu’elles ne se sont pas attardées

à cet aspect du mentorat. Outre les méta-analyses portant sur le mentorat, une autre

source d’information pourrait nous éclairer sur les comportements des mentors, soit les

modèles théoriques développés dans le domaine du mentorat.

Modèles de mentorat existants

Peu de recherches ont exploré les processus par lesquels les mentors influencent

le développement du protégé (Rhodes, Spencer, Keller, Liang & Noam, 2006), et qui plus

est, peu d’efforts ont été faits pour élaborer des modèles théoriques sur le mentorat pour

jeune (Dubois & Karcher, 2005). Seulement trois modèles de mentorat existent, le plus

connu étant celui de Rhodes (2005; Rhodes et al., 2006). Selon ce modèle, une relation

de mentorat peut engendrer des bénéfices positifs chez le protégé par l’entremise de deux

médiateurs : 1) une forte connexion s’établit entre le mentor et son protégé, et par la suite

2) il y a mise en branle de processus socio-émotionnels, cognitifs et identitaires. C’est par

ces médiateurs que la relation de mentorat aura un impact positif sur le jeune, comme par

exemple une augmentation de ses résultats scolaires ou une amélioration de son bien-être

émotionnel et de ses comportements. Les trois principaux ingrédients de la connexion

entre le mentor et son protégé auquel les auteurs font allusion sont la mutualité, la

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confiance et l’empathie. En ce qui a trait au processus mis en branle par cette relation

entre mentor et protégé, cette relation parviendra à avoir un impact sur le jeune si elle 1)

améliore le bien-être émotionnel et les relations sociales du protégé, 2) augmente ses

habiletés cognitives et, 3) promeut le développement d’une identité positive chez ce

dernier. Ces trois processus sont interreliés et s’influencent mutuellement, c’est à dire

qu’un changement sur l’un peut avoir un impact sur l’autre. De plus, ce sont les relations

de mentorat influant sur plus d’une de ces dimensions du développement qui

engendreront le plus de bénéfices chez le jeune. En plus de ces trois mécanismes,

Rhodes suggère que certains bénéfices tirés du développement socio-émotionnel du

jeune passeraient par une amélioration des interactions entre lui et ses proches (p. ex.

parents et pairs). En effet, le protégé deviendrait plus habile à former des liens constructifs

avec les autres comme conséquence de son développement socio-émotionnel amélioré

grâce à la relation intime positive qu’il a bâti avec son mentor.

Plus particulièrement, selon Rhodes et ses collègues (2006), le mentor peut

influencer le développement socio-émotionnel du protégé en lui procurant des

opportunités de vivre des moments agréables et de s’évader du stress quotidien, des

opportunités de vivre des expériences émotionnelles correctrices qui peuvent être

généralisées à ses autres relations et améliorer ces dernières, et en lui procurant un

accompagnement dans la régulation émotionnelle. Ensuite, le mentor peut influencer le

développement cognitif du protégé par différents moyens, dont l’exposition à de nouvelles

opportunités d’apprentissage, l’apport de défis intellectuels, de recommandations et de

conseils, et la promotion du succès académique. Enfin, le mentor peut influencer le

développement identitaire du protégé en lui servant de modèle et de protecteur. Rhodes

(2005; Rhodes et al., 2006) prend aussi en considération différentes variables

modératrices dans son modèle, soit l’histoire interpersonnelle du protégé (dont ses

relations d’attachement antérieures), ses compétences sociales, son stade

développemental, la durée et la qualité de la relation de mentorat, les modalités du

programme, le contexte familial et le type de voisinage.

Différentes critiques peuvent être faites de ce modèle, dont le fait qu’il est

nécessaire de rester prudent au moment d’attribuer au mentorat des bénéfices spécifiques

et de proposer des mécanismes qui expliquent ces effets, particulièrement en l’absence

de validation empirique. En effet, le modèle de Rhodes n’a pas été validé de façon

expérimentale, le soutien qu’il trouve dans la littérature ne provenant que d’études,

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rarement expérimentales, sans lien avec le modèle. Une étude fait exception, celle de

Rhodes, Grossman et Resch (2000), dans laquelle les auteurs ont tenté de valider la

partie du modèle qui stipule que certains bénéfices du mentorat passeraient par une

amélioration des interactions entre le protégé et ses proches (p. ex. parents et pairs).

Cette étude expérimentale utilisant un échantillon de 959 adolescents répartis

aléatoirement entre le programme GFGS et un groupe contrôle a confirmé que les effets

du mentorat au plan académique passent par l’amélioration des relations avec les parents.

Il est quand même possible de questionner la distinction que fait l’auteur entre les

processus socio-émotionnels mis en branle par la relation mentor/protégé et le rôle

médiateur accordé à l’amélioration des relations entre le protégé et ses proches. Pour

quelle raison le second n’est pas tout simplement inclus dans le premier?

Larose et Tarabulsy (2005) font la critique suivante du modèle. Bien que celui-ci

prenne en considération différents mécanismes médiateurs et modérateurs, il reste

silencieux quant aux comportements que le mentor doit adopter pour influencer le

développement socio-émotionnel, cognitif et identitaire du protégé. En effet, bien qu’en

2006 Rhodes propose quelques comportements allant dans ce sens, ceux-ci n’ont pas été

opérationnalisés et ajoutés dans son modèle, et encore moins validés empiriquement. Du

côté des processus développementaux mis en branle (socio-émotionnel, cognitif et

identitaire), on observe que bien que le modèle ait la qualité d’y faire allusion, il n’y a pas

de précision faite à leur sujet, c’est-à-dire qu’il ne suggère pas de processus internes plus

fondamentaux se déroulant chez le jeune. Par exemple, lorsque le jeune se développe au

plan identitaire, qu’est-ce qui se produit exactement en lui? Bref, ce modèle a la qualité de

mettre en lumière l’importance du lien entre le mentor et son protégé ainsi que de

proposer des processus développementaux par lesquels le mentorat affecte un jeune,

mais ne suggère pas de comportements ni d’attitudes que le mentor doit adopter envers

son protégé et reste très vague quant aux processus internes mis en branle chez le jeune.

Le second modèle de mentorat recensé, le Mentoring Relationship Model (DuBois,

Neville, Parra & Pugh-Lilly, 2002), s’inscrit aussi dans le champ du mentorat pour jeune et

a été validé de façon pré-expérimentale à l’aide d’un échantillon de 67 enfants et

adolescents participants à un programme GFGS et d’un groupe contrôle. Tout comme le

modèle de Rhodes, il met l’emphase sur le lien significatif appelé à se développer entre le

mentor et son protégé, lien qui conditionnerait l’obtention de bénéfices pour le protégé.

Une fois la relation significative établie avec son mentor, celle-ci aurait comme principale

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conséquence d’augmenter la perception de soutien social que le protégé recevra d’adultes

significatifs lors des moments difficiles, par exemple dans les moments de stress ou

d’adversité. À son tour, cette perception de soutien aurait comme bénéfices pour le

protégé le développement d’une meilleure estime de lui-même. Ce processus mènerait en

bout de ligne à une diminution des problèmes émotionnels et comportementaux du

protégé. La validation du modèle a montré que la participation au programme de mentorat

n’entraîne pas nécessairement le protégé à identifier son mentor en tant qu’adulte

significatif, mais peut le mener à identifier un autre adulte comme personne significative.

Lorsque c’est une autre personne que le mentor qui est identifiée comme telle, les mêmes

bénéfices sont observés chez les protégés, et ce par le même processus (la perception de

soutien social augmente l’estime de soi, laquelle contribue à diminuer les problèmes

émotionnels et comportementaux chez le protégé). Des analyses ont aussi permis de

constater que certaines variables ont un impact important sur le lien qui se développe

entre le mentor et son protégé, et donc sur la probabilité que ce dernier identifie son

mentor comme personne significative. Ces caractéristiques sont le genre (protégé et

mentor de sexe masculin) et, du point de vue du protégé : la fréquence de contact, la

proximité relationnelle et la nature des discussions et des activités. De plus, le sentiment

d’efficacité personnelle du mentor influe sur le développement du lien entre lui et son

protégé, et donc sur la probabilité que ce dernier identifie son mentor comme personne

significative. Selon ce modèle, il n’y a donc pas d’effet direct de la participation à un

programme de mentorat sur l’ajustement comportemental et émotionnel des jeunes après

un an (DuBois, Neville et al., 2002).

Ce modèle, tout comme le modèle précédent, a la qualité de reconnaître

l’importance du lien s’établissant entre le mentor et son protégé dans le processus de

changement engendré par le mentorat. De plus, par la validation qu’il a subie, il va plus

loin que le modèle de Rhodes en identifiant certains types de discussions et activités à

l’origine du fait que le mentor parvient au statut d’adulte significatif auprès du jeune. Ces

discussions doivent porter sur des questions sociales (il n’y a pas davantage d’explications

fournies par les auteurs) et sur les relations du jeune, tandis que les activités doivent être

de nature sportive. Toutefois, ces informations ne sont qu’exploratoires, ayant été

obtenues par des questions ouvertes posées aux protégés. Une autre avancée non

négligeable de ce modèle en comparaison au précédent est l’emphase mise sur la

perception du protégé. Selon le modèle, c’est le point de vue du jeune au sujet de la

qualité de sa relation avec son mentor, au sujet du soutien social qu’il a à sa disposition et

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le fait qu’il considère ou non son mentor comme un adulte significatif qui importe dans la

prédiction des bénéfices du mentorat, plutôt qu’une mesure extérieure et objective de la

relation telle que sa durée ou la fréquence des rencontres. Par exemple, la validation du

modèle démontre que c’est davantage la perception qu’a le protégé de la relation plutôt

que la perception du mentor de cette même relation qui prédit si le protégé identifie son

mentor en tant que personne significative. En guise de dernière critique dirigée à l’endroit

du Mentoring Relationship Model, il faut souligner que bien que l’augmentation de l’estime

de soi du protégé soit proposée comme processus interne menant au changement, il n’est

pas suggéré d’intermédiaire par lequel la perception qu’a le jeune de son réseau social

influe sur son estime de lui. Qui plus est, il est facile de concevoir que la relation de

mentorat ait davantage d’impacts que simplement affecter l’estime de soi du protégé,

comme le stipule le modèle de Rhodes par sa prise en considération des processus

cognitifs, sociaux et identitaires.

Un troisième et dernier modèle (Parra, DuBois, Neville, Pugh-Lilly & Povinelli,

2002), lié au précédent, a été validé empiriquement à l’aide d’un échantillon de 50 enfants

participant à un programme GFGS, non accompagné d’un groupe contrôle. Il met en

évidence l’impact du sentiment d’efficacité personnelle du mentor sur le lien qui se

développe entre lui et son protégé, et sur les bénéfices perçus de la relation de mentorat

pour le protégé. Selon ce modèle, la perception qu’a le mentor de la qualité de la

formation qu’il reçoit dans le cadre du programme de mentorat influence positivement son

sentiment d’efficacité personnelle en tant que mentor. À son tour, ce sentiment d’efficacité

est associé positivement, d’une part, à la quantité de contacts mentor/protégé et, d’autre

part, à la qualité de la relation entre ces derniers (moins d’obstacles à la relation et plus

grande participation à des activités pertinentes au programme de mentorat). La quantité

de contacts a aussi un impact sur la qualité de la relation, en augmentant la participation à

des activités pertinentes au programme de mentorat et en influençant la nature des

discussions entre le mentor et son protégé. Ces différents indicateurs de la qualité de la

relation mentor/protégé augmentent le sentiment de proximité que le mentor et le protégé

vivent dans leur relation, sentiment qui finalement prédit les bénéfices perçus par les

participants de la relation de mentorat ainsi que la continuité de cette relation. Dans ce

modèle, la proximité relationnelle vécue par le mentor et le protégé est la voie finale par

laquelle les différentes variables du modèle influent sur les bénéfices perçus de la relation

et sa continuité, c’est-à-dire qu’aucun autre élément du modèle ne leur est directement lié.

À noter, les variables démographiques ne sont pas apparues significatives dans la

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17

prédiction du sentiment d’efficacité personnelle du mentor à l’exception de l’âge du

mentor, lequel est relié négativement à son sentiment d’efficacité en tant que mentor.

Tout comme le modèle précédent, celui-ci a différentes qualités. Premièrement, il

met de l’avant un processus relationnel qui conduit le mentor et son protégé à percevoir

des bénéfices pour le protégé de la relation de mentorat dans laquelle ils sont engagés

(Larose & Tarabulsy, 2005). Deuxièmement, le modèle propose certaines caractéristiques

et expériences du mentor qui contribueraient à le rendre plus compétent (formation et

sentiment d’efficacité) (Larose & Tarabulsy, 2005). Troisièmement, il se base,

contrairement aux deux modèles précédents, sur le point de vue des mentors et des

protégés pour déterminer les bénéfices du mentorat plutôt que de se servir de mesures

extérieures. Dans le même ordre d’idées, l’étude de validation a recueilli des données

auprès des mentors et des protégés pour tous les médiateurs du modèle (à l’exception du

sentiment d’efficacité du mentor) ainsi que pour la perception de bénéfices. Après analyse,

le modèle est validé peu importe que soient utilisées les données provenant des mentors

ou des protégés. Néanmoins, bien que le modèle ait la qualité d’avoir été validé

empiriquement, une lacune existe au plan méthodologique en ce qui a trait à la mesure

des bénéfices perçus de la relation de mentorat. En effet, les questions employées pour

mesurer les bénéfices perçus de la relation (temps 1 et 2) furent exactement les mêmes

(adaptées au contexte et au type de répondants) que celles utilisées pour mesurer le

sentiment d’efficacité personnelle du mentor (temps 0). Il est donc justifié de remettre en

question la valeur prédictive du modèle. En effet, un mentor se percevant efficace dans

une intervention donnée utilisera certainement cette intervention avec son protégé,

laquelle sera identifiée ultérieurement comme un bénéfice de la relation (par exemple, un

mentor promeut l’estime de soi du protégé parce qu’il se sent compétent à le faire, puis le

protégé affirme en retour que son mentor l’a aidé à se percevoir plus positivement).

Au plan conceptuel, ce modèle, tout comme les deux précédents, ne précise pas le

type de comportements ou d’attitudes que le mentor doit adopter en présence de son

protégé afin d’établir une relation de proximité avec lui. Au mieux il informe que le mentor

et le protégé doivent s’engager dans des activités et des discussions appropriées au

programme de mentorat. Il ne précise pas non plus, au-delà des variables

démographiques, l’effet modérateur de caractéristiques propres aux mentors et aux

protégés pouvant influencer le processus, par exemple leur style d’attachement ou leurs

attitudes envers le soutien social (Larose & Tarabulsy, 2005). En dernier lieu, ce modèle

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ne se prononce pas sur les types de bénéfices pouvant être retirés du mentorat pas plus

qu’il ne fait de précision sur de possibles changements au plan émotionnel, cognitif ou

social chez le protégé (Larose & Tarabulsy, 2005).

En somme, ces trois modèles mettent l’emphase sur le lien s’établissant entre le

mentor et son protégé, sur certaines variables influençant ce lien et sur les bénéfices de la

relation pour le protégé. Cependant, aucun de ceux-ci n’a opérationalisé ni inclus de

comportements devant être adoptés par le mentor, probablement parce que l’intérêt pour

le mentorat est nourri par le fait qu’une relation positive et soutenante avec un adulte

provenant de l’extérieur du cercle familial est reconnue être en mesure de promouvoir le

développement d’un jeune (Scales et al., 2003) et la résilience dont peut faire preuve un

jeune à risque (Rhodes, 1994). Quoi qu’il en soit, parce que le mentorat engendre des

bénéfices modestes et plus particulièrement parce qu’il a la capacité de s’avérer nuisible

au protégé, il est primordial qu’un modèle comble cette lacune et propose aux mentors

des comportements à adopter en présence de leurs protégés.

Modèle sociomotivationnel du mentorat

Le modèle sociomotivationnel du mentorat a été élaboré par Larose et Tarabulsy

(2014; voir figure 1) pour palier à certaines lacunes des modèles existant sur le mentorat.

Il s’inspire du modèle sociomotivationnel de soi, avancé par Connell et Wellborn (1991),

qui situent les besoins de compétence, d’appartenance et d’autonomie comme

déterminants de l’adaptation individuelle.

Selon Connell et Wellborn (1991), l’être humain a des besoins psychologiques

fondamentaux de compétence, d’appartenance et d’autonomie. Le sentiment de

compétence est défini comme le fait de se sentir capable de parvenir aux résultats

souhaités et de prévenir les conséquences négatives; le sentiment d’appartenance

recouvre les besoins de se sentir solidement connecté à l’entourage social et de sentir que

l’on est un être de valeur capable d’amour et de respect; quant au sentiment d’autonomie,

il correspond au choix d’initier, de maintenir et de réguler des activités, et au sentiment

que ses actions sont en accord avec ses objectifs personnels et ses valeurs (Connell,

1990). Selon ce modèle, une personne chez qui ces besoins sont comblés fera preuve

d’engagement dans une sphère de sa vie en particulier (par exemple la famille, l’école ou

le travail), tandis qu’un individu chez qui ces besoins ne sont pas satisfaits fera preuve

d’aliénation. Cet engagement se manifestera par des affects, des comportements et des

cognitions, mais aussi dans les réactions face aux défis. Finalement, faire preuve

Page 30: Mesure des comportements des mentors en contexte de …€¦ · et Dr Brian Morin, mes mentors, pour leur conseils, leurs enseignements, leurs encouragements, leur valorisation et

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d’engagement ou non aura un impact sur les compétences et habiletés de la personne

ainsi que sur son niveau d’ajustement, toujours à l’intérieur de la sphère en question. Dans

le modèle de Connell et Wellborn, l’engagement dont peut faire preuve un individu est

donc la variable médiatrice par laquelle les besoins de compétente, d’autonomie et

d’appartenance ont un impact sur l’ajustement de l’individu.

Selon Connell et Wellborn (1991), les éléments du contexte social les plus

appropriés pour combler ces trois besoins psychologiques fondamentaux sont,

respectivement, la structure, l’engagement et le soutien à l’autonomie provenant de

l’entourage. Dans le modèle sociomotivationnel du mentorat (MSM), le contexte est

transposé aux comportements du mentor et n’est pas directement relié aux besoins du

protégé, mais plutôt à la qualité de la relation de mentorat (QRM) s’établissant entre le

protégé et son mentor. Ce sont les comportements du mentor qui seront déterminant de la

QRM s’établissant entre lui et son protégé. Cette relation correspond à la connexion, au

lien entre le mentor et son protégé retrouvé dans le modèle de Rhodes décrit plus haut.

C’est une fois cette relation établie que les besoins du protégé seront comblés. Par contre

selon le MSM, quatre et non pas trois aspects du comportement du mentor sont critiques

dans le développement de la relation mentor/protégé, soit la structure, l’engagement, le

soutien à l’autonomie et le soutien au sentiment de compétence. La structure fait

référence à la manière avec laquelle le mentor conseille son protégé et rétroagit à ses

questions et préoccupations. Elle traduit aussi les efforts du mentor de s’entendre avec

son protégé sur les objectifs des rencontres et la nature des activités à pratiquer.

L’engagement réfère aux ressources affectives que le mentor procure à son protégé, telles

qu’accorder du temps de qualité à son protégé et démontrer une écoute active et de

l’empathie. Le soutien à l’autonomie implique pour le mentor d’aider son protégé à faire

des choix en fonction de ses propres valeurs et objectifs et de n’exercer aucun contrôle

sur ces choix. Quant au soutien au sentiment de compétence, il se traduit par du

renforcement positif donné à la suite d’échecs autant que de succès. Plus concrètement,

un mentor qui établit des ententes claires quant aux objectifs, activités et fonctionnement

du mentorat (structure), qui accorde du temps et de l’attention à son protégé, qui l’aide à

changer ses représentations négatives, et discute ouvertement et respectueusement avec

lui des choix qui se présentent à lui (engagement), qui accepte et valorise ces choix sans

exercer de contrôle ou de pression (soutien à l’autonomie) et qui félicite les bons coups de

son protégé indépendamment du résultat (soutien au sentiment de compétence) devrait

développer une relation de mentorat plus saine et productive avec son protégé. Le

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développement d’une relation positive aurait ensuite pour conséquence de combler les

trois besoins psychologiques fondamentaux du protégé, soit se sentir compétent, se sentir

appartenir à une communauté et se sentir autonome dans la formulation de ses choix. Les

auteurs du modèle sociomotivationnel du mentorat soutiennent que, si ces trois besoins

sont satisfaits, le protégé sera davantage ajusté au plan social, académique et

professionnel. Comme on peut le constater, ce modèle intègre deux types de variables

médiatrices dans la prédiction des bénéfices d’un programme de mentorat, soit la QRM et

les besoins du protégé.

Objectifs généraux

La présente thèse poursuit deux objectifs généraux. Le premier consiste à

développer et valider un premier outil de mesure spécifique aux comportements des

mentors. La conception de cette mesure a été guidée par les prémisses du modèle

sociomotivationnel du mentorat (Larose & Tarabulsy, 2014). Nous croyons que cette

mesure pourra combler des besoins importants en matière d’évaluation des pratiques des

mentors et orienter plus efficacement l’étude de certains mécanismes importants qui

opèrent dans la relation mentor-protégé.

Le second objectif général consiste à explorer les liens entre d’une part l’exposition

des protégés à différents patrons de comportements de soutien et de structure des

mentors et d’autre part la perception des protégés de la qualité du mentorat et de leur

ajustement lors de leur première année au collégial. Cette investigation a été menée dans

le contexte de l’évaluation d’un programme de mentorat scolaire d’une durée d’une année

offert à des jeunes adultes lors de leur première année d’études au collège.

Deux articles empiriques ont été rédigés dans le but de répondre à chacun de ces

objectifs.

Page 32: Mesure des comportements des mentors en contexte de …€¦ · et Dr Brian Morin, mes mentors, pour leur conseils, leurs enseignements, leurs encouragements, leur valorisation et

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Figure

Comportements du mentor Relation mentor/protégé Besoins du protégé Ajustement du protégé

Figure 1. Figure 1. Modèle sociomotivationnel du mentorat (Larose & Tarabulsy, 2014).

Structure

Engagement

Soutien à

l’autonomie

Qualité de la relation de mentorat

Compétence

Appartenance

Autonomie

Ajustement

social

Ajustement

scolaire

Ajustement

professionnel

Soutien au

sentiment de compétence

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Chapitre 2 : Article 1

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Titre courant : MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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Développement et validation de construit d’une mesure des comportements

des mentors en contexte de mentorat scolaire

Pascale Brodeur, Simon Larose, George Tarabulsy, Bei Feng et Nadine Forget-Dubois

Université Laval

Note sur les auteurs

Pascale Brodeur, École de psychologie, Université Laval, Québec, Québec; Simon

Larose, Département d'étude sur l'enseignement et l'apprentissage, Faculté des sciences

de l'éducation, Université Laval, Québec, Québec; George Tarabulsy, École de

psychologie, Faculté des sciences sociales, Université Laval, Québec, Québec; Bei Feng

et Nadine Forget-Dubois, Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez

l'enfant, Université Laval, Québec, Québec.

Toute correspondance concernant cet article devrait être adressée à Pascale

Brodeur, École de psychologie, Université Laval, 2325 rue des Bibliothèques, Bureau

1116, Québec (Québec) G1V 0A6. Courriel : [email protected]

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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Résumé

Les résultats d’études récentes suggèrent que certains comportements de soutien

des mentors pourraient augmenter les bénéfices du mentorat scolaire pour les jeunes.

Cependant, peu d’outils validés sont disponibles dans la littérature pour mesurer ces

comportements. La présente étude avait comme objectif de construire et valider un outil

de mesure des comportements de soutien des mentors œuvrant en contexte de mentorat

scolaire. L’Échelle de comportements des mentors (ECM) a été développée en s’inspirant

des prémisses du modèle sociomotivationnel du mentorat (Larose & Tarabulsy, 2014).

Deux cent cinquante-trois étudiants du collégial participant à un programme de mentorat

scolaire d’une durée de huit mois ont complété une version expérimentale de l’ECM ainsi

que différentes mesurent de la qualité de la relation de mentorat à deux temps de leur

participation au programme. Les résultats montrent que le questionnaire possède de bons

coefficients de cohérence interne et une structure factorielle adéquate, à l’exception du

facteur soutien à l’autonomie. De plus, trois des dimensions de l’ECM prédisent la qualité

de la relation de mentorat et la perception d’utilité de l’intervention. Des recommandations

pour l’utilisation et l’amélioration de l’ECM sont proposées.

Mots-clés : mentorat scolaire, comportements des mentors, validation de

questionnaire

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

25

Développement et validation de construit d’une mesure des comportements des

mentors en contexte de mentorat scolaire

Le mentorat scolaire est une relation d’accompagnement non professionnelle dans

laquelle une personne plus instruite et plus expérimentée, le mentor, conseille et soutient

un étudiant, le protégé, dans le but de faciliter son intégration scolaire et psychosociale

(Eby, Allen, Evans, Ng & DuBois, 2007; Eby, Rhodes & Allen, 2007). Il est reconnu que

l’efficacité du mentorat scolaire dépend fortement de la qualité de la relation tissée entre le

mentor et son protégé (p. ex. Galbraith & Cohen, 1995; Hamilton & Hamilton, 1992;

Rhodes, 2005, Styles & Morrow, 1992), laquelle serait tributaire d’un ensemble de

facteurs, dont les comportements de soutien du mentor. Bien que ces comportements

soient inclus dans plusieurs modèles théoriques sur le mentorat (Rhodes, 2005; Larose &

Tarabulsy, 2014), très peu d’études empiriques ont tenté de les décrire et de les mesurer.

De fait, il n’existe à ce jour aucun questionnaire qui cible spécifiquement et exclusivement

la façon dont le mentor soutient son protégé. Au mieux, les questionnaires existants (p. ex.

Cavell, Elledge, Malcolm, Faith & Hughes, 2009; Cavell & Hughes, 2000; Darling,

Hamilton, Toyokawa & Matsuda, 2002; Harris & Nakkula, 2003; Liang et al. 2002; Liang,

Tracy, Kenny, Brogan, & Gatha, 2010; Rhodes, Reddy, Roffman & Grossman, 2005; Zand

et al. 2009) évaluent le style général du mentor, la nature des échanges entre le mentor et

le protégé et le type d’activités réalisées, les sentiments de proximité, de confiance et de

soutien vécus par le protégé, et l’intérêt que porte le protégé à sa relation de mentorat. De

surcroit, plusieurs de ces questionnaires ne reposent sur aucun fondement théorique, ce

qui limite grandement l’appréciation de leur validité.

La présente étude avait donc pour objectif général de développer et valider un

premier outil de mesure spécifique aux comportements des mentors. La conception de

cette mesure a été guidée par les prémisses du modèle sociomotivationnel du mentorat

(Larose & Tarabulsy, 2014). Nous croyons que cette mesure pourra combler des besoins

importants en matière d’évaluation des pratiques des mentors et orienter plus

efficacement l’étude de certains mécanismes importants qui opèrent dans la relation

mentor-protégé.

Le modèle sociomotivationnel du mentorat (MSM)

Les modèles théoriques s’avèrent des sources d’information utiles pour orienter le

développement d’instruments de mesure. Plusieurs des modèles actuels sur le mentorat

nous renseignent sur des caractéristiques du protégé (DuBois, Neville, Parra & Pugh-Lilly,

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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2002; Parra, DuBois, Neville, Pugh-Lilly & Povinelli, 2002; Rhodes, 2005; Rhodes,

Spencer, Keller, Liang & Noam, 2006), du mentor (Parra et al., 2002) et de la relation

(DuBois et al., 2002; Parra et al., 2002; Rhodes, 2005; Rhodes et al., 2006) qui sont

associées aux bénéfices du mentorat. Ils nous renseignent aussi sur les mécanismes

explicatifs de ces bénéfices (par exemple, l’amélioration des interactions entre le protégé

et ses proches et les expériences émotionnelles correctrices [Rhodes, 2005], la perception

de soutien social et l’estime de soi du protégé [DuBois et al., 2002]), puis sur la nature des

bénéfices espérés par le mentorat (psychosociaux, scolaires, professionnels-abordés par

tous les modèles cités ci-haut). Cependant, aucun ne précise les comportements que le

mentor devrait adopter en présence de son protégé, à l’exception du modèle

sociomotivationnel du mentorat (MSM; Larose & Tarabulsy, 2014)

Ce modèle s’inspire du modèle sociomotivationnel de soi (Connell, 1990; Connell &

Wellborn, 1991), dont les prémisses reposent sur la théorie de l’autodétermination (SDT;

Deci & Ryan, 1985; 1990; Ryan & Deci, 2000). Dans le modèle sociomotivationnel de soi,

les sentiments de compétence, d’appartenance et d’autonomie (nommé aussi auto-

détermination) sont définis comme des besoins psychologiques fondamentaux et leur

satisfaction est jugée essentielle à l’adaptation individuelle. Trois éléments du contexte

social seraient importants pour combler ces trois besoins psychologiques : la structure,

l’engagement et le soutien à l’autonomie. Dans le MSM, le contexte est transposé aux

comportements de soutien du mentor et aux besoins psychologiques du protégé en milieu

scolaire. Selon le MSM, quatre comportements plutôt que trois seraient critiques pour le

développement de la qualité de la relation. La structure fait référence à la manière avec

laquelle le mentor conseille son protégé et rétroagit à ses questions et préoccupations.

Elle traduit aussi les efforts du mentor de s’entendre avec son protégé sur les objectifs des

rencontres et la nature des activités à pratiquer. L’engagement réfère aux ressources

affectives que le mentor procure à son protégé, telles qu’accorder du temps de qualité à

son protégé et démontrer une écoute active et de l’empathie. Le soutien à l’autonomie

implique pour le mentor d’aider son protégé à faire des choix en fonction de ses propres

valeurs et objectifs et de n’exercer aucun contrôle sur ces choix. Quant au soutien au

sentiment de compétence, il se traduit par du renforcement positif donné à la suite

d’échecs autant que de succès. Ce comportement fut mis de l’avant par Deci et Ryan

(1985; Ryan & Deci, 2000) dans le contexte de la SDT. Il s’impose de lui-même comme

soutien au besoin fondamental de se percevoir académiquement compétent et a reçu

maints appuis théoriques et empiriques. La présence de ces quatre comportements

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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assurerait le développement d’une relation de mentorat de qualité, ce qui comblerait les

trois besoins psychologiques fondamentaux de l’étudiant, soit les besoins de se sentir

académiquement compétent, de se sentir appartenir à une communauté scolaire, et de

sentir que ses choix d’études et de carrière sont autodéterminés. Les auteurs du MSM

soutiennent, à l’instar de Connell et Wellborn (1991), que si ces trois besoins sont

satisfaits, le protégé s’intégrera plus facilement à son environnement scolaire, social et

professionnel.

Les appuis empiriques au MSM

Structure

L’un des éléments sujet à polémique dans le domaine du mentorat est l’idée que

les actions du mentor doivent exclusivement répondre aux besoins spontanés du protégé

et éviter à tout prix d’être prescriptives, programmées ou structurées. Pourtant, Hamilton

et Hamilton (1992) ont observé à l’aide d’une analyse qualitative d’entrevues auprès des

mentors d’un programme pour jeunes adolescents (Linking Up) que les relations les plus

longues, positives et préférées par les protégés étaient celles qui visaient l’atteinte de buts

et d’objectifs précis au sujet desquels il y avait eu entente commune, et non pas celles qui

avaient eu comme unique objectif le bien-être des adolescents. Dans la même lignée,

Langhout, Rhodes et Osborne (2004) ont cherché à identifier des patrons efficients de

relation de mentorat dans le contexte des programmes américains Grands Frères

Grandes Sœurs (GFGS). À partir d’un devis expérimental auprès d’un échantillon de 1138

jeunes Américains âgés de 10 à 16 ans, ils ont montré que les relations de mentorat

modérément structurées (c.-à-d. orienter la relation vers des buts sans faire preuve de

contrôle, tenir compte des opinions, préférences et caractéristiques du jeune; formuler au

protégé des attentes réalistes et des critiques constructives; s’engager dans des activités

comportant des défis; initier des discussions sur les buts de la relation de mentorat et les

problèmes rencontrés) et modérément soutenante (c.-à-d. offrir du soutien émotionnel

dans le cadre d’attentes réalistes expliquées aux protégés; renforcer le jeune dans ses

efforts et habiletés; être fiable, constant, agréable et supportant; participer à des activités

amusantes avec le jeune; tolérer un niveau raisonnable d’affects négatifs; converser

honnêtement et ouvertement; éviter d’être trop permissif) engendraient plus de bénéfices

pour les jeunes (c.-à-d. amélioration de leur estime de soi et de leur compétence scolaire)

comparativement à des relations teintées de soutien inconditionnel et/ou de peu de

structure, ou au fait de ne pas bénéficier de relation de mentorat.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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D’autres résultats soutiennent l’importance de la structure dans les relations

mentor-protégé. Larose, Chaloux, Monaghan et Tarabulsy (2010) ont évalué l’impact de

l’alliance de travail entre des mentors enseignants et leurs protégés (25 étudiants du

collégial à risque au plan scolaire) sur l’ajustement scolaire de ces derniers. L’alliance de

travail fut définie par la présence d’un lien d’affection et de confiance entre le protégé et le

mentor, d’ententes claires sur les buts poursuivis par la relation et d’ententes claires sur

les activités et responsabilités nécessaires pour y parvenir (Bordin, 1994). Les résultats

ont montré que les protégés qui avaient développé une relation de confiance et des

ententes claires avec leurs mentors étaient mieux ajustés au collège que les autres

protégés du programme et que les étudiants d’un groupe contrôle. De plus, comparés à un

groupe d’étudiants non à risque au plan scolaire, ces mêmes jeunes ont démontré, à la fin

de leur expérience de mentorat, de meilleures compétences scolaires et une plus grande

disposition à aller chercher de l’aide auprès de leurs professeurs.

Soutien au sentiment de compétence

Quelques études invitent aussi à penser que le renforcement du sentiment de

compétence par le mentor est un comportement important pour le développement de la

qualité de la relation de mentorat et pour l’adaptation du protégé. Styles et Morrow (1992)

ont cherché à identifier les déterminants d’une relation de mentorat satisfaisante. Pour ces

auteurs, une relation satisfaisante devait inclure : 1) des sentiments réciproques

d’attachement, 2) un engagement qui s’exprime par le souhait de maintenir la relation, et

3) la perception d’être soutenu par le mentor. À partir d’entrevues semi-structurées auprès

de mentors de quatre programmes américains (Linking Lifetimes Programs), ils ont montré

que ce ne sont pas les activités réalisées ni la fréquence des rencontres qui furent

déterminantes dans la satisfaction relationnelle, mais plutôt les comportements et attitudes

du mentor. Plus précisément, les critiques, jugements et réprimandes formulés à l’endroit

du protégé ont eu un effet dévastateur sur la satisfaction. En contrepartie, les

encouragements, les marques de confiance et le soutien à l’estime de soi ont contribué au

développement de relations jugées satisfaisantes. Chez une clientèle plus jeune, King,

Vidourek, Davis et McClellan (2002) ont évalué l’impact d’un programme de mentorat

visant 32 protégés âgés de 9 à 10 ans. Le Healthy Kid Mentoring Program prévoyait deux

rencontres chaque semaine durant cinq mois et comprenait (outre un dialogue

authentique, l’élaboration de buts et du soutien académique) des activités visant

spécifiquement le développement de l’estime de soi. Dans cette optique, les mentors

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

29

initiaient des activités et des échanges soutenant les sentiments d’appartenance, de

pouvoir et d’unicité du protégé. King et ses collaborateurs (2002) rapporte qu’à la fin du

programme, l’estime de soi des protégés tout comme leur sentiment d’appartenance à

l’école, à la famille et aux pairs avaient significativement augmenté contrairement à ceux

des élèves du groupe contrôle. Qui plus est, le sentiment d’appartenance des protégés

envers l’école et la famille était, à la fin des rencontres de mentorat, significativement plus

élevé que celui du groupe contrôle. Comme autres bénéfices, plusieurs comportements à

risque ou délinquants avaient diminué et la majorité des protégés avaient vu augmenter

leurs résultats scolaires. Cette étude témoigne du fait qu’il est possible et fructueux de

soutenir formellement le sentiment de compétence du protégé afin de contribuer à son

ajustement personnel, scolaire et social.

Soutien à l’autonomie

Le rôle du soutien à l’autonomie a notamment été examiné dans une étude de

Morrow et Styles (1995) portant sur la nature et les effets du style d’intervention des

mentors. À partir d’entrevues semi-structurées menées auprès d’un échantillon de 82

dyades engagées dans un programme de mentorat GFGS, cette étude a identifié deux

styles principaux d’intervention : l’approche développementale et l’approche prescriptive.

La première approche fut caractérisée par une grande implication du protégé dans

l’aménagement de la relation et de ses limites et dans le processus de décision au regard

des activités à faire. À l’opposé, la seconde approche fut teintée d’une forte implication du

mentor se traduisant par un contrôle unilatéral sur les objectifs à définir et à poursuivre et

sur les activités à pratiquer en mentorat. De façon plus importante, l’étude a montré que,

neuf mois après le jumelage, 90% des partenaires des dyades dites

« développementales » ont continué à se fréquenter alors que seulement 33% des dyades

dites « prescriptives » sont demeurées actives.

L’importance du soutien à l’autonomie fut également soulignée par les résultats de

l’étude de Larose, Tarabulsy et Cyrenne (2005). Ces chercheurs ont évalué les impacts

d’un court programme de mentorat scolaire (10 heures) instauré entre cinq professeurs du

collégial et 40 de leurs étudiants. Plus précisément, l’étude de nature quasi-expérimentale

a montré que les étudiants qui furent exposés à un mentor qui a soutenu leur autonomie

(p. ex. le mentor n’a pas dit au protégé quoi faire; il n’a pas pris de décisions à sa place)

ont témoigné d’un meilleur ajustement social et d’un meilleur attachement au collège en

comparaison à des étudiants d’un groupe contrôle. À l’opposé, ceux qui ont été jumelés à

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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un mentor plus contrôlant ont perçu davantage de problèmes d’ajustement (scolaire, social

et émotionnel) et ont obtenu de moins bons résultats scolaires que les étudiants du groupe

contrôle.

Visiblement, ces deux études suggèrent que des mentors qui ne soutiennent pas

l’autonomie de leur protégé risquent de voir la relation de mentorat se terminer rapidement

ou de générer des conséquences négatives pour les protégés.

Engagement

L’engagement affectif du mentor est reconnu comme un important comportement

de soutien dans la majorité des travaux sur le mentorat. En fait, cette dimension du

soutien est définie explicitement ou implicitement dans l’ensemble des modèles théoriques

sur le mentorat et dans la grande majorité des définitions du mentorat (Johnson, Rose &

Schlosser, 2007; Rhodes, 2000). Par exemple, dans son modèle sur le mentorat chez les

jeunes, Rhodes stipule que l’écoute et l’empathie du mentor sont des conditions

essentielles au développement de relations efficientes de mentorat. Au-delà de ces

propositions théoriques, des recherches ont montré que la sécurité affective avec le

mentor est fortement déterminante pour l’adaptation du protégé. Par exemple, dans une

étude auprès de 158 étudiants à risque du collégial, Soucy et Larose (2000) ont montré

que la sécurité du lien d’attachement au mentor ressentie par le protégé était positivement

associée à son ajustement scolaire et émotionnel et à son attachement à l’institution

scolaire et ce, au-delà de la sécurité ressentie dans le lien envers les parents. Dans une

seconde étude auprès de 102 étudiants à risque du collégial, Larose, Bernier et Soucy

(2005) se sont penchés sur l’impact du sentiment de sécurité ressenti par le protégé dans

la relation de mentorat. L’étude a indiqué que chez certains types d’attachement (selon la

classification de Bowlby, 1988) mesuré préalablement, le sentiment de sécurité du protégé

augmentait sa satisfaction envers le mentorat et favorisait le maintien de la relation. De

plus, ce sentiment de sécurité diminuait la perception chez le protégé d’interactions

conflictuelles avec les enseignants.

La présente étude

Cette recension suggère que la structure, le soutien au sentiment de compétence,

le soutien à l’autonomie et l’engagement sont des comportements du mentor associés à la

qualité de la relation de mentorat et à l’adaptation du protégé. Cependant, très peu de ces

études ont mesuré spécifiquement et de façon valide ces comportements, plusieurs les

déduisant à partir d’entrevues semi-structurées ou des sentiments et impressions du

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

31

protégé. De plus, rares sont les études qui ont fait reposer l’évaluation des comportements

de soutien du mentor sur des modèles théoriques. La mesure systématique de ces

comportements, à l’aide d’un questionnaire fondé sur le MSM, concis et facile d’utilisation

pourrait contribuer à enrichir la recherche sur les processus du mentorat, mieux valider les

prémisses de certains modèles théoriques et guider les formateurs dans

l’accompagnement des mentors et les mentors dans l’accompagnement de leurs protégés.

La présente étude a donc visé à développer et valider l’Échelle de comportement

des mentors (ECM) qui fut développée en s’inspirant des prémisses du MSM. À partir

d’une recherche évaluative sur l’impact d’un programme de mentorat scolaire en milieu

collégial, nous avons examiné la cohérence interne de l’ECM par le calcul de l’alpha

ordinal pour chacune des quatre sous-échelles du questionnaire. Nous avons aussi évalué

la validité de construit de l’ECM de trois façons, soit par l’examen des validités factorielle

et concomitante puis de la stabilité temporelle de l’instrument. Au plan factoriel, il fut prédit

que les quatre dimensions de l’ECM seraient distinctes et donc modérément corrélées. Au

plan de la validité concomitante, il fut attendu que les scores à chacune des sous-échelles

et le score global de l’ECM seraient corrélés positivement à la qualité de la relation de

mentorat et à la perception par les protégés de l’utilité du mentorat. Au plan de la stabilité

temporelle, il fut attendu que les scores aux sous-échelles et le score global mesurés peu

après le début du programme seraient corrélés de façon modérée aux mêmes scores

mesurés quatre mois plus tard. Cette hypothèse repose sur l’idée que les comportements

de soutien des mentors ne sont pas des dispositions acquises et fixes mais plutôt des

compétences en apprentissage et sensibles au contexte (p. ex. formation, supervision et

comportements du protégé).

Méthodologie

Programme de mentorat

Les données de la présente étude proviennent du projet d’évaluation du

programme Mentorat pour l'Intégration et la Réussite des Étudiants de Sciences (MIRES;

Larose et al., 2011). Ce programme de mentorat consistait à soutenir des finissants du

secondaire ayant choisi de poursuivre leurs études dans les programmes en

mathématiques, sciences et technologies (MST) au collège. Par le biais d'une relation de

mentorat offerte pendant toute la première année d’études au collégial et assurée par des

étudiants universitaires terminant leurs études principalement en sciences et génie,

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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MIRES visait ultimement à influencer les trajectoires scolaire, professionnelle et sociale de

ses participants.

MIRES inclut une formation initiale et continue des mentors dont les fondements

théoriques reposent sur le MSM. Les mentors engagés dans le programme MIRES ont

suivi une formation initiale de 16 heures et une formation continue de 12 heures. Chaque

mentor devait prévoir 30 heures d’intervention par protégé, réparties tout au long de

l’année scolaire, plus précisément entre septembre et avril, heures pour lesquelles ils ont

été rémunérés. Les activités réalisées avec leurs protégés devaient viser à faciliter

l’intégration des protégés dans leur programme d’études, à mieux les préparer au choix

d’une carrière en MST, à améliorer leur culture scientifique et à contribuer au

développement de liens significatifs avec la communauté scientifique. Tel que suggéré

aux mentors, ces objectifs pouvaient être atteints notamment par des discussions entre le

protégé et son mentor sur les choix de programmes d’études, de cours et de carrière, par

des échanges sur les façons de comprendre et de résoudre les embûches rencontrées

tout au long du cheminement (p. ex. les premières évaluations), par des visites culturelles

et scientifiques et par la participation à des conférences publiques.

Participants, jumelage et administration des questionnaires

Les participants ciblés par notre étude sont les deux cent cinquante-trois (253)

protégés qui ont bénéficié du programme MIRES en 2006-2007 et 2007-2008 (groupes

expérimentaux). Ils avaient été recrutés parmi tous les étudiants de sciences de la nature,

de sciences, lettres et arts et d’informatique de deux collèges de la région de Québec et

assignés aléatoirement au programme MIRES. Leur recrutement s’est fait lors de la

passation d’un examen de classement d’anglais au printemps, pour la première cohorte, et

par téléphone pour la seconde, avant qu’ils ne débutent leurs études collégiales. Au

moment de constituer les groupes expérimentaux, 88% des protégés étaient inscrits dans

un programme de sciences de la nature, 6% en sciences, lettres et art et 6% en

informatique. La moyenne d’âge de l’échantillon était de 17 ans, les âges variant entre 16

et 22 ans. Les protégés sont répartis également entre les deux sexes et ont été jumelés à

un des 57 mentors du programme selon le genre et les aspirations scolaires et

professionnelles de chacun.

Au moment de leur recrutement, les 57 mentors fréquentaient l’Université Laval,

située dans la ville de Québec, et 68% étaient au premier cycle universitaire, 28% au

second cycle et 4% au troisième. La moyenne d’âge de l’échantillon des mentors était de

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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23 ans, les âges variant entre 19 et 31 ans, et 54% des mentors sont des femmes. En ce

qui a trait à de possibles corrélations entre les résultats des protégés ayant le même

mentor, cette situation a été inspectée par le calcul des coefficients de corrélation intra-

classe émanant des données des protégés (ICC). Plus simplement, ce coefficient provient

de la corrélation entre les réponses de chaque protégé ayant le même mentor. Calculés

pour chaque sous-échelle des questionnaires, les ICCs des protégés ne dépassent pas .1,

ce qui évite de devoir considérer les données comme des données nichées.

L’ECM a été distribué aux mois d’octobre 2006 et 2007 (Temps 1 - milieu de la 1e

session) et quatre mois plus tard, aux mois de février 2007 et 2008 (Temps 2 - milieu de la

2e session), de même que le questionnaire de la mesure de la qualité de la relation de

mentorat. Quant à elle, la perception par les protégés de l’utilité du mentorat a été

mesurée au Temps 2 seulement.

Développement de l’Échelle de comportements des mentors

Une première version de l’ECM fut initialement développée dans le cadre du

programme MIRES en fonction des prémisses du MSM. La formulation de certains de ses

items était inspirée de l’Academic Counselling Behavior Scale (Larose, Boivin & Doyle,

2001), créé pour des fins de recherche en counseling scolaire. L’ECM était alors constitué

de 12 items répartis également en quatre sous-échelles, qui permettaient à l’étudiant et au

mentor de faire état des comportements de ce dernier lors de leurs rencontres. Plus

précisément, sa fonction était de mesurer l’engagement, la structure, le contrôle (contraire

au soutien à l’autonomie) et le soutien au sentiment de compétence. Les participants

répondaient aux questions sur une échelle de Likert en cinq points (1 = Ne s’applique pas

du tout, 2 = Ne s’applique pas vraiment, 3 = Neutre [je ne suis pas certain], 4 = S’applique

un peu, et 5 = S’applique très bien). Cette version initiale n’a pas fait l’objet d’une

validation.

À la lecture de cette première version de l’ECM, il est apparu que la dimension

structure, telle que définie par le MSM, n’était pas totalement couverte par le

questionnaire. Plus spécifiquement, l’aspect de structuration de la relation en collaboration

avec le protégé n’était pas adressé, les items visant seulement les éléments de conseils et

d’informations dispensés au protégé. C’est pourquoi dans le cadre de la présente

démarche, des items provenant du Working Alliance Inventory-Short Version (WAI-S;

Horvath & Greenberg, 1989; Tracey & Kokotovic, 1989, traduit par Bachelor et Salamé,

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

34

1991), administrés conjointement à l’ECM, ont été ajoutés à la dimension structure de

l’outil initial, et ce dans le respect des dimensions comportementales du MSM.

Le WAI-S mesure, à l’aide de 12 items, la qualité de l’alliance de travail entre un

psychothérapeute et son client. Comme il a été déjà spécifié, cette alliance comporte trois

dimensions que sont : 1) le degré d’entente sur les buts poursuivis (But), 2) le degré

d’entente sur les tâches à compléter pour accomplir ces buts (Tâche), et 3) la qualité du

lien (Lien) entre le mentor et son protégé (Bordin, 1994). Pour les besoins de MIRES, le

WAI-S fut contextualisé à la relation de mentorat en remplaçant quelques termes, afin

qu’ils correspondent davantage à la nature du mentorat. Par exemple, le mot thérapie a

été remplacé par rencontre et le mot mentor par le mot thérapeute. Les participants

répondaient aux questions sur une échelle de Likert en sept points (1 = Jamais, 2 =

Rarement, 3 = De temps en temps, 4 = Quelques fois, 5 = Souvent, 6 = Très souvent, 7 =

Toujours).

Des caractéristiques propres au WAI contribuent à la décision d’incorporer cinq de

ses items à la dimension structure de la version originale de l’ECM. La faiblesse dans la

structure factorielle des versions longue et courte du WAI (Corbière, Bisson, Lauzon &

Ricard, 2006; Gillaspy, 1998; Hatcher & Gillapsy, 2006; Tracey & Kokotovic, 1989)

combinée aux fortes corrélations observées entre les items de Tâche et de But dans

différentes études, dont la présente, ainsi que la proposition de Corbière et al. (2006) de

subdiviser le concept d’alliance de travail en deux dimensions qui seraient d’une part les

dimensions But et Tâche réunies et d’autre part la dimension Lien, furent considérées. En

terminant, trois des huit items des dimensions Buts et Tâches n’ont pas été retenus : deux

items inversés et redondant référant à l’absence de consensus à propos des besoins et

objectifs du protégé, et un item qui décrivait les bénéfices des tâches réalisées avec le

mentor.

Critères liés à la validité de construit de l’ECM

Qualité de la relation de mentorat. En concordance avec la proposition de

Corbière et al. (2006) de subdiviser le concept d’alliance de travail en deux dimensions

dont l’une serait la qualité du lien, les quatre items du WAI qui constituent cette dimension

ont servi dans la présente étude à évaluer la qualité de la relation de mentorat. Rappelons

que pour les besoins de MIRES, ces items ont été contextualisés à la relation de mentorat

en modifiant quelques termes. La moyenne de ces quatre items constitue le score de

qualité de la relation.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

35

Échelle de perception d’utilité du mentorat. La perception d’utilité du mentorat

sert de variable concomitante dans l’analyse de la validité de construit. Cette mesure de la

satisfaction des protégés envers leur expérience de mentorat est constituée de 11 items

qui portent sur les bénéfices instrumentaux du mentorat en tant que service reçu (cinq

items), sur la satisfaction face au déroulement des rencontres individuelles et au contact

avec le mentor (cinq items), et sur la disponibilité du mentor (un item). Ces items ont été

élaborés par un comité d’experts dans le domaine du mentorat scolaire, dont les auteurs

du MSM et du programme MIRES, et démontre une validité apparente. Chaque item se

répond sur une échelle de Likert en sept points allant de 1 = Pas du tout d’accord, à 7 =

Tout à fait d’accord. Le score à cette échelle est la moyenne des 11 items.

Analyses statistiques

Normalité des données

Les données (réponses à l’ECM et au WAI des protégés de MIRES) qui ont servi à

estimer les qualités psychométriques de l’instrument ne respectent pas la loi normale. En

effet, le coefficient d’aplatissement (kurtosis) des deux tiers de ces données se situe au-

delà du seuil de 2.0, ce qui signifie qu’elles plafonnent (manque de variance). Le

coefficient de dissymétrie (skewness) du quart de ces données se situe au-dessous du

seuil de -2.0. Bien qu’il soit possible d’expliquer cette faible variance dans les données par

une conformité de la part des mentors aux préceptes du programme, il fut nécessaire au

plan statistique de pallier ce problème observé aux deux temps de mesure. Pour ce faire,

trois solutions ont été retenues. Tout d’abord, parce que de toute évidence les protégés

n’ont pas fait de distinction entre les choix de réponse 1 et 2 sur l’échelle de Likert en cinq

points de l’ECM (respectivement Ne s'applique pas du tout et Ne s'applique pas vraiment)

et en sept points du WAI (respectivement Jamais et Rarement), ces choix de réponse ont

été fusionnés et des échelles de Likert en quatre et six points ont été obtenues. Ce

regroupement a amélioré les coefficients d’aplatissement et de dissymétrie des données.

Cependant, parce que ceux-ci restent trop élevés, que la majorité des données se

répartissent maintenant le long d’une échelle de Likert en quatre points et que les valeurs

entre les choix de réponse ne sont pas équidistantes, il est indiqué de traiter ces données

en tant que données ordinales (catégoriques) plutôt que continues (Newsom, 2010). Donc,

la méthode d’estimation Robust Weighted Least Squares Mean and Variance-adjusted

(WLSMV; Muthén, du Toit & Spisic, 1997) a servi à tester le modèle, laquelle utilise les

corrélations polychoriques. Enfin, l’item 1 de l’ECM a été retiré parce qu’au Temps 1 son

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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coefficient d’aplatissement est de 40.0 (94% des participants ont sélectionné le même

choix de réponse) et son coefficient d’asymétrie de -5.8, ce qui indique une quasi-absence

de variance et rend impossible l’utilisation de cette variable dans des analyses basées sur

la variance tel que les analyses factorielles. Le tableau 1 présente les moyennes, écart-

types et coefficients d’asymétrie et d’aplatissement des scores de la version finale de

l’ECM (donc qui inclue les items du WAI), pour les Temps 1 et 2, après le retrait de l’item 1

et la modification des échelles de réponse. Dans la suite de l’article, le terme ECM fera

référence à ce questionnaire final.

Données manquantes

L’analyse des données manquantes de l’ECM révèle que sur 253 protégés ayant

participé au programme, 11 (4.3%) n’ont pas répondu au Temps 1 (milieu de la première

session) et 55 (21,7%) au Temps 2 (milieu de la seconde session). Ces pourcentages ne

correspondent pas à une attrition réelle puisque l’ensemble des protégés qui n’ont pas

répondu aux questionnaires lors du Temps 1 l’ont cependant fait au Temps 2. Ce sont

ainsi 187 participants qui ont répondu à la fois aux Temps 1 et 2. Un autre type de

données manquantes doit être rapporté, soit les rares cas où un protégé n’a pas répondu

à un ou seulement quelques items des questionnaires à un temps de mesure donné. À

tous les Temps cette proportion ne dépasse pas 1% de l’ensemble des items à répondre

et touche moins de 10% des participants.

Compte tenu de la forte proportion de données manquantes à l’ECM au Temps 2

(21.7%), une attention particulière a été dévolue à leur analyse. Le test de Little (Little’s

MCAR Test; Little, 1988) a été utilisé pour examiner si le patron de données manquantes

est complètement aléatoire (missing completely at random – MCAR). Ce test est basé sur

une distribution du chi-carré. Si le test est non-significatif, le patron de données

manquantes est complètement aléatoire (MCAR). Le test de Little a servi à analyser le jeu

de données entier qui comprend les deux Temps, et ensuite à analyser les quelques

données manquantes des Temps 1 et 2 pris séparément (moins de 1%).

Tout d’abord, le test de Little a été appliqué sur un jeu de données complet qui

comprend des variables susceptibles d’être liées à l’absence de données (perception de

l’utilité de la relation, qualité de la relation de mentorat, abandon du programme, nombre

de rencontres). Le résultat (χ2 = 882.03, ddl = 674, p = .000) montre que la proportion de

données manquantes des Temps 1 et 2 (respectivement 4.3% et 21.7%) n’augmente pas

de façon complètement aléatoire. Dans un second temps, chaque Temps a été analysé

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

37

séparément sans les participants ayant omis de participer à l’autre temps de mesure.

Contrairement au jeu de données complet, les Temps 1 et 2 pris isolément ont des

patrons de données manquantes (moins de 1%) complètement aléatoires, χ2 = 235.29, ddl

= 226, p = .322 (Temps 1) et χ2 = 125.29, ddl = 122, p = .401 (Temps 2).

Il est nécessaire de déterminer l’origine du biais dans la perte de données

augmentant du Temps 1 au Temps 2 parce que des données manquantes non aléatoires

(missing not at random – NMAR) ont la capacité de biaiser les paramètres d’un modèle

estimé. Plus précisément, la démarche consiste à identifier si le biais est fonction d’une

tierce variable (missing at random – MAR) ou de la variable manquante elle-même

(NMAR). Dans le présent jeu de données, il a été identifié que ce sont les participants qui

ont vécu une expérience de mentorat moins positive qui présentent davantage de

données manquantes à l’ECM. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que ce biais

dans les données manquantes produit un impact sur les paramètres du modèle validé.

Pour vérifier cette éventualité, la procédure proposée par Allison (2001) a été reprise,

laquelle consiste à procéder à la technique de l’imputation multiple pour tester l’impact

d’une modélisation des données manquantes de type NMAR sur les paramètres du

modèle. Cette modélisation se fait à l’aide de variables auxiliaires (corrélées à l’ECM et/ou

liées à la présence/absence de réponse à ces questionnaires; Graham, 2009) auxquelles

sont appliquées deux niveaux d’une correction. Dans ce cas-ci, le correctif appliqué devait

réduire les valeurs imputées aux données manquantes, en les multipliant par 0.8 et 0.6

(voir Allison, 2001). Le test de sensibilité du présent modèle au biais présumé dans les

données manquantes permet de conclure que ce biais est assez important pour fausser

certains paramètres du modèle testé. Cette observation, bien qu’hypothétique, invite donc

à la prudence dans la généralisation des résultats. Cet aspect sera traité plus en détail

dans la section Discussion.

En ce qui a trait aux données manquantes des Temps 1 et 2 pris isolément et dont

le patron est MCAR, la méthode d’estimation Full Information Maximum Likelihood (FIML)

a permis de conserver les rares participants (moins de 10) qui n’ont pas fourni de réponse

à un ou quelques items seulement de l’ECM. Enfin, du côté de l’Échelle de perception

d’utilité du mentorat, l’ensemble des protégés ayant complété l’ECM au temps 2 ont

complété cette échelle.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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Cohérence interne de l’ECM

L’utilisation de l’alpha de Cronbach pour mesurer la cohérence interne des sous-

échelles d’un instrument à choix de réponse de type échelle de Likert est de plus en plus

controversée parce que cet alpha assume que les réponses aux échelles de type Likert

sont continues. Toutefois, il a été démontré que l’alpha de Cronbach peut être sous-évalué

lorsqu’utilisé en présence d’échelles de réponse de moins de cinq points, parce que les

réponses sont de nature catégorique. Pour pallier cette limite importante, un nouvel indice

de fidélité a été proposé par Zumbo, Gadermann et Zeisser (2007) : l’ordinal coefficient

alpha (ou alpha ordinal), lequel est calculé à partir des matrices de corrélations

polychoriques. Il sera utilisé pour estimer la cohérence interne de l’instrument et sera

comparé à l’alpha de Cronbach.

Validité de construit

Analyses factorielles confirmatoires. Afin de s’assurer que l’instrument élaboré

reproduit la structure factorielle proposée par le MSM, des analyses par équations

structurelles ont été réalisées (pour plus de détails sur cette méthode statistique, voir

Byrne, 2006). Parce que des relations précises entre les items du questionnaire (variables

observées) et leurs facteurs latents sont attendues et testées, des analyses factorielles

confirmatoires (AFC) ont servi à comparer la structure factorielle du questionnaire au

modèle qui le sous-tend. Ces AFC ont été exécutées à l’aide du programme Mplus

(version 5.2; Muthén & Muthén, 1998-2007) en utilisant l’estimateur Robust WLSMV tel

que spécifié plus haut. Les critères utilisés pour statuer sur la qualité des différentes

statistiques d’ajustement obtenues sont les suivants (voir tableau 2). Le Weighted Root

Mean Square Residual (WRMR) est une mesure recommandée pour les modèles testés à

l’aide de données catégorielles. Hancock et Mueller (2006) propose qu’un modèle qui

converge bien doit posséder un WRMR inférieur à 1.00. Le chi-carré Robust WLSMV sur

le nombre de degrés de liberté (χ2/dl) utilisé par Mplus apparaît être un très bon indicateur

(Flora & Curren, 2004) bien qu’il y ait toujours un risque à l’utiliser seul puisqu’il est très

sensible à la grandeur de l’échantillon. Il doit idéalement se situer sous .30. Il y a quelques

évidences comme quoi le Root Mean Square Error of Approximation (RMSEA) performe

assez bien avec les données catégoriques (Hutchinson & Olmos, 1998). Il doit idéalement

être inférieur à .60 (Hu & Bentler, 1999). Les indices d’ajustement relatif peuvent être des

indicateurs valides s’ils ont été calculés à l’aide du chi-carré Robust WLSMV. C’est le cas

du Comparative Fit Index (CFI) calculé par Mplus qui semble fournir une information

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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consistante avec le RMSEA et le WRMR, mais il doit être utilisé prudemment puisqu’il n’a

pas été examiné de façon systématique à l’aide de données catégoriques (Newsom,

2010). Enfin, le TLI, qui correspond au non-normed fit index (NNFI) dans un contexte de

données continues, sera aussi rapporté. Le critère pour ces deux derniers indices est de

.95 (Hu & Bentler, 1999).

Validité concomitante et stabilité temporelle. La validité de construit fut en plus

examinée à l’aide des corrélations de Pearson (les scores des sous-échelles et le score

global se répartissent en variables continues) entre l’ECM et la qualité de la relation de

mentorat aux mêmes temps de mesure, et l’ECM et la perception d’utilité du mentorat au

Temps 2. Enfin, la stabilité dans le temps des réponses à l’ECM fut examinée en calculant

les corrélations de Pearson entre les scores obtenus à l’ECM aux Temps 1 et 2.

Résultats

La présentation des résultats se divise en trois parties. La première section expose

les résultats de l’analyse de cohérence interne de l’ECM. La seconde aborde l’aspect de

validité de construit sous l’angle factoriel. Dans un troisième temps, la validité de construit

est appréciée à l’aide des corrélations entre les scores à l’ECM aux différents temps de

mesure et entre l’ECM et la qualité de la relation de mentorat et la perception d’utilité du

mentorat.

Cohérence interne de l’ECM

Le tableau 3 présente les coefficients de cohérence interne de l’ECM à 15 items,

suite au retrait des items 1 et 6. Le questionnaire possède de bons coefficients de

cohérence interne pour trois de ses quatre sous-échelles. Leurs alphas ordinaux sont

supérieurs à .70, critère proposé par Nunally (1978) et largement accepté, bien que

DeVellis ait proposé en 1991 un seuil de .65. La dimension soutien à l’autonomie se

retrouve cependant avec un alpha sous .70 aux deux temps de mesure.

En raison de son alpha ordinal insuffisant, une attention particulière a été portée à

la dimension soutien à l’autonomie. Des analyses ont permis de constater que l’item 6 de

ce facteur était négativement associé à 9 items sur 15, ce qui n’est pas prévu par la

théorie. Il est possible que cet item inversé, qui originellement mesurait le contrôle de la

part du mentor (Mon mentor me dit souvent quoi faire, quand et comment le faire), ait en

fait été perçu comme une forme de structure. En effet, sa moyenne au Temps 1 (2.87 sur

5.00 lorsqu’inversé, en comparaison à 3.74 et 4.54 pour les items 4 et 8 respectivement)

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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se distinguait des deux autres items de soutien à l’autonomie, ce qui appuie l’hypothèse

selon laquelle il a été perçu comme un élément positif d’encadrement. Quoi qu’il en soit,

sur la base des AFC préalables effectuées dans EQS (version 6.1) et d’analyse d’items

préalables, il a été jugé pertinent de le retirer.

En ce qui concerne les corrélations items-total, elles se situent toutes au-dessus de

0.3, critère largement utilisé dans la littérature en tant que seuil indiquant que l’item est

suffisamment corrélé à la sous-échelle à laquelle il appartient. C’est ainsi que les AFC ont

été réalisées sur un modèle à 15 items.

Validité de construit

Structure factorielle de l’ECM à 4 facteurs corrélés. Ce modèle possède des

indices d’ajustement adéquats au Temps 1 (WRMR = .71; χ 2/dl = 2.04; RMSEA = .07; CFI

= .96; TLI = .99) et au Temps 2 (WRMR = .78; χ 2/dl = 2.25; RMSEA = .08; CFI = .96; TLI =

.99). Les corrélations entre les quatre facteurs se situent entre .26 et .92 au Temps 1 et

entre .40 et .79 au Temps 2. Ces corrélations sont significatives à .01, à l’exception de

celle entre les facteurs soutien à l’autonomie et soutien au sentiment de compétence au

Temps 1 qui l’est à .05. Les saturations se situent entre .54 et .87 au Temps 1 et sont

significatives à .01. Elles se situent entre .49 et .93 et sont significatives à .01 au Temps 2.

Validité concomitante et stabilité temporelle. Le tableau 4 montre les

corrélations entre les scores à l’ECM aux deux temps de mesure. Il y a une corrélation de

.53 entre le score global au Temps 1 et celui au Temps 2, p < .001. Les corrélations entre

les scores aux sous-échelles mesurées aux Temps 1 et 2 varient entre .35 et .59, p <

.001. Cela signifie que les scores à l’ECM sont moyennement corrélés lorsque les

passations du questionnaire sont distancées de quatre mois. D’autre part, les tableaux 4

et 5 montrent que le score global à l’ECM est hautement corrélé à la qualité de la relation

de mentorat mesurée aux mêmes Temps (r = .74 pour le Temps 1 et r = .79 pour le

Temps 2, p < .001). Les scores aux sous-échelles le sont un peu moins, leurs corrélations

variant entre .26 et .77, p < .001. Finalement, le tableau 5 montre que le score global à

l’ECM au Temps 2 est moyennement corrélé à la perception d’utilité du mentorat, mesurée

uniquement au Temps 2, r = .41, p < .001. En ce qui a trait aux scores des sous-échelles,

leur corrélation avec la perception d’utilité varie plutôt entre .07 (non-significatif) et .44, p <

.001.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

41

Discussion

Le but de cette étude était de construire et valider un outil de mesure des

comportements des mentors auprès de 253 protégés participant à un programme de

mentorat scolaire s’étalant sur deux sessions d’études collégiales (huit mois). Les

données exploitées ont été recueillies à deux moments, soit un mois après le début du

programme puis quatre mois suivant ce premier temps de mesure. L’exploration des items

de deux questionnaires et l’analyse des données ont mené à la création d’un

questionnaire constitué de 15 items répartis en quatre sous-échelles. Les dimensions

comportementales couvertes par l’ECM sont la structure (huit items), l’engagement (deux

items), le soutien à l’autonomie (deux items) et le soutien au sentiment de compétence

(trois items). La présence de ces facteurs est confirmée par les AFC et l’outil possède de

bonnes qualités psychométriques au plan de sa fidélité et de sa validité de construit.

L’ECM s’avère être un outil fidèle comme le témoigne le calcul des alphas ordinaux

pour chacune des quatre sous-échelles. Bien que le facteur soutien à l’autonomie semble

être moins bien mesuré au Temps 1, cette faiblesse s’atténue au Temps 2 avec

l’augmentation de la variance dans les données et du coefficient de cohérence interne de

ce facteur qui atteint un niveau quasi-suffisant. Au plan factoriel, il est intéressant de

constater que le soutien à l’autonomie est plus faiblement lié aux trois autres facteurs que

ceux-ci ne le sont entre eux. Outre la plus faible cohérence interne de cette sous-échelle,

les définitions mêmes des comportements mesurés par l’ECM peuvent expliquer cet écart.

Les trois autres comportements peuvent être regroupés sous une attitude générale qui

consiste en un mouvement et une sollicitude vers le protégé, en une collaboration et un

accompagnement dans le but de le faire cheminer. Quant à lui, le soutien à l’autonomie

tient plutôt de la distanciation d’avec le protégé, de la reconnaissance de son caractère

distinct et de la responsabilité qui lui revient de se définir et de faire ses choix (Deci &

Ryan, 1985; Larose & Tarabulsy, 2014).

Toujours au plan de la validité de l’instrument, les corrélations moyennes prédites

entre les scores à l’ECM aux Temps 1 et 2 ont été observées. Au plan de la validité

concomitante, les scores à l’ECM sont moyennement à fortement corrélés à la QRM

mesurée aux mêmes moments (Temps 1 et 2), à l’exception du soutien à l’autonomie qui

l’est faiblement. Ce lien ténu entre la QRM et le soutien à l’autonomie n’était pas attendu

puisque des études indiquent que le contrôle de la part du mentor est en mesure de nuire

à la QRM (Karcher, Herrera & Hansen, 2010) en plus de réduire la durée des relations de

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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mentorat (possiblement en nuisant à la QRM; Morrow & Styles, 1995). Rappelons que le

facteur soutien à l’autonomie est constitué de deux items mesurant des comportements de

contrôle de la part du mentor, et que ces items doivent être inversés lors de leur cotation.

Deux hypothèses pourraient expliquer cette faible corrélation. D’une part, il est possible

que le lien entre ces deux variables ait été réduit par le léger manque de cohérence

interne du facteur soutien à l’autonomie. D’autre part, il est probable qu’un ou les deux

comportements de contrôle du facteur soutien à l’autonomie aient été perçus par certains

protégés comme une forme de structure ou d’engagement souhaités (Larose, Cyrenne,

Garceau, Brodeur & Tarabulsy, 2010) et ce en raison de la formulation même de ces

items. Ces comportements de contrôle mesurés par l’ECM (Dans une discussion, mon

mentor parle plus que moi; Mon mentor prend souvent des décisions pour moi) ont peut-

être été accueillis favorablement par des protégés qui ne visaient pas l’autonomie mais

recherchaient principalement des balises, de l’encadrement, un fort investissement, voire

une prise en charge par leur mentor. Si tel est le cas, cet écart dans l’appréciation par les

protégés de ces comportements rend improbable une corrélation moyenne ou élevée

entre le facteur soutien à l’autonomie et la QRM, puisque pour certains ces

comportements étaient appréciés tandis que d’autres les vivaient difficilement.

Ensuite, les corrélations allant de faibles à moyennes observées entre la

perception d’utilité du mentorat et les scores à l’ECM au Temps 2, à l’exception encore

une fois du score de soutien à l’autonomie, répondent aux attentes et s’expliquent. La

structure, facteur moyennement corrélé à la perception d’utilité, consiste à s’entendre sur

les objectifs poursuivis pour le bénéfice du protégé, sur la manière de les atteindre ainsi

que sur le cadre de la relation (Larose & Tarabulsy, 2014). De leur côté, les aspects

davantage relationnels que sont l’engagement et le soutien au sentiment de compétence

sont faiblement corrélés. Il est possible que pour le protégé, ces aspects plus affectifs et

intangibles de la relation soient moins liés à l’utilité du mentorat en comparaison de la

structure qui conduit le protégé et son mentor à aborder directement les objectifs

poursuivis par le protégé, de surcroit dans un contexte de mentorat qui vise la réussite

scolaire. Cette hypothèse serait conforme aux observations de Hamilton et Hamilton

(1992) à l’effet que les relations les plus longues, positives et préférées par les protégés

étaient celles qui visaient l’atteinte de buts et d’objectifs précis au sujet desquels il y avait

eu entente commune, et non pas celles qui avaient eu comme unique objectif le bien-être

des adolescents. C’est aussi ce que semble observer Langhout et ses collègues (2004)

dans une étude montrant que les relations de mentorat modérément structurées et

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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soutenantes engendraient plus de bénéfices pour les jeunes (donc possiblement une plus

grande perception d’utilité) comparativement à des relations teintées de soutien

inconditionnel mais de peu de structure. Enfin, les travaux d’Eccles, Roeser, Wigfield et

Freedman-Doan (1999) ont montré que l’intérêt des élèves à participer à une activité

parascolaire de soutien croît lorsque celle-ci leur permet d’atteindre des buts spécifiques.

De son côté, le soutien à l’autonomie n’est pas corrélé à la perception d’utilité. Il est

probable que la plus faible cohérence interne de cette sous-échelle affecte la corrélation

entre ces deux variables, mais il est aussi possible que le soutien à l’autonomie ne soit

pas perçu utile par les protégés. En effet, l’absence de contrôle pourrait être nécessaire à

la structuration commune de la relation et à l’élaboration d’une relation de qualité, mais

sans pour autant sembler aux yeux du protégé contribuer de façon directe à l’atteinte de

ses objectifs, contrairement aux comportements de la sous-échelle de structure.

Cependant, il ne nous est pas possible de vérifier cette hypothèse puisque à notre

connaissance aucune étude n’a comparé l’impact respectif de ces différents

comportements sur la perception qu’a le protégé de l’utilité du mentorat. En sommes, dans

un contexte de mentorat formel, l’ECM permet d’estimer les comportements des mentors

quatre mois plus tard. Il permet aussi de prédire, à l’exception du soutien à l’autonomie, à

la fois la qualité de la relation de mentorat mesurée au même moment et, à moindre

mesure, la perception qu’a le protégé de l’utilité du mentorat.

Points forts de l’étude, qualités de l’ECM et implications

La présente étude possède plusieurs qualités rarement observées dans les

démarches de développement et de validation de questionnaire et dans les études en

mentorat (Larose, et al., 2011). Tout d’abord, elle s’appuie sur des assises théoriques et

empiriques solides. Ensuite, la validité de construit de l’ECM sous plusieurs angles ainsi

que la fidélité de l’instrument ont été investiguées, sans compter l’attention particulière

portée aux données manquantes. Pour ce faire, des outils statistiques rigoureux et

adaptés aux types de données en main ont été utilisés. D’autre part, contrairement aux

questionnaires existant en mentorat qui se limitent à mesurer une attitude générale (p. ex.

une approche développementale, instrumentale ou prescriptive), la qualité de la relation

de mentorat ou le sentiment du protégé envers son mentor, l’ECM mesure des

comportements bien précis. Ciblant exclusivement les comportements des mentors, il

évite la confusion fréquemment rencontrée dans les études entre ceux-ci et les

caractéristiques de la relation telle que sa durée, les activités réalisées et les sentiments

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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du protégé et du mentor. Ces comportements ont été mesurés de surcroit à partir de la

perception qu’ont les protégés des agissements et attitudes des mentors, ce qui permet

une mesure plus valide en contexte de mentorat formel puisque les protégés n’ont pas

bénéficié d’une formation et ne sont pas sujets à la désirabilité sociale. Le fait d’avoir

privilégié le point de vue des protégés pour mesurer toutes les variables de l’étude

contribue aussi à la validité de la démarche, en s’assurant d’évaluer et de mettre en

relation les construits effectivement visés. En effet, il est démontré que la perception

qu’ont deux personnes de la relation diverge parfois grandement. Par exemple, dans

l’étude de Larose, Chaloux et collaborateurs (2010), les scores des mentors et des

protégés sur une mesure de l’alliance de travail (éléments de structure et de qualité de la

relation) sont peu corrélés. La même divergence a été mise en évidence dans des études

cliniques (p. ex. Clemence, Hilsenroth, Ackerman, Strassle & Handler, 2005; Hatcher,

Barends, Hansell & Gutfreund, 1995) qui comparent la perception qu’ont les thérapeutes

et les clients de leur alliance de travail (éléments de structure, de qualité de la relation et

de perception d’utilité). Enfin, il est démontré que la perception du soutien reçu, davantage

que le soutien qu’une personne rapporte avoir dispensé, prédit les effets de ce soutien

(Eby et al., 2013; Sarason, Sarason & Pierce, 1990; 1994; Silvers, 2007). Ces

observations appuient la pertinence de se baser sur la perception du sujet qui reçoit le

service dans une démarche de validation d’outil de mesure du service en question.

L’ECM s’avère un questionnaire court et rapide à coter qui évite d’avoir recours à

une entrevue semi-structurée ou à une batterie de questionnaires pour examiner un

déterminant majeur de la relation de mentorat et de ses bénéfices. C’est donc un produit

indiqué pour les recherches longitudinales qui nécessitent une mesure répétée accessible,

facile et rapide d’utilisation. Sur le terrain, il facilitera le suivi par les intervenants, et les

mentors eux-mêmes, de la relation de mentorat, ce qui optimisera l’encadrement offert à

ces derniers et permettra de corriger le tir à tout moment pour éviter que des relations ne

deviennent néfastes. En effet, parce qu’il est constitué de quatre sous-échelles distinctes,

l’ECM peut contribuer à identifier les forces du mentor en même temps que le type de

comportements à modifier chez ce dernier. Qui plus est, parce qu’il est corrélé à la qualité

de la relation de mentorat et à la perception d’utilité du mentorat, l’ECM peut donner un

aperçu de celles-ci lorsqu’aucune mesure directe de ces déterminants n’est disponible.

D’autre part, l’ECM existe en deux versions, soit une pour le protégé et l’autre pour le

mentor, bien que la seconde n’aie pas fait l’objet d’une validation. Finalement, ce

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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questionnaire a été élaboré en version francophone québécoise, donc nul besoin d’en

faire la traduction ni de la valider dans la culture canadienne-française.

Faiblesses de l’étude, limites de l’ECM et recommandations

Bien que les données à l’ECM reproduisent la structure factorielle du MSM, les

corrélations entre certains facteurs sont trop élevées et ce particulièrement au Temps 1.

Les dimensions en question sont les facteurs structure et engagement d’une part et

engagement et soutien au sentiment de compétence d’autre part. Il serait tentant de

conclure que ces facteurs se rapportent en fait au même construit. Cependant, ces

corrélations diminuent lorsque mesurées au Temps 2, ce qui signifie qu’à mesure que le

temps s’écoule depuis la formation dispensée aux mentors, ces derniers personnalisent

leur approche auprès de leur protégé au lieu d’appliquer en bloc et sans distinction les

comportements inculqués. On voit ainsi apparaitre plus de variation dans les

comportements des mentors et plus de distinction entre chacun des comportements au fur

et à mesure que progresse l’expérience de mentorat. Cette observation suggère que la

validation factorielle de l’ECM pourrait être encore plus convaincante auprès de mentors

ayant plus d’expérience.

Outre l’impact du stade de la relation sur les comportements des mentors, il est

possible que l’échelle de réponse de l’ECM ait rendu difficile la tâche de rapporter avec

nuance les comportements des mentors. En effet, les deux premiers niveaux de cette

échelle sont difficilement distinguables (Ne s’applique pas du tout; Ne s’applique pas

vraiment), tandis qu’à l’autre extrémité les deux derniers niveaux sont très distancés

(S’applique un peu; S’applique très bien). Pour assurer une variation suffisante dans les

réponses des participants, il serait préférable de modifier l’échelle de la façon suivante : 1

= Ne s’applique pas du tout, 2 = Ne s’applique pas beaucoup, 3 = S’applique un peu, 4 =

S’applique assez bien, et 5 = S’applique très bien. De surcroit, appliquer cette échelle de

réponse à l’ensemble des 15 items de l’ECM simplifiera la passation et la cotation de

l’ECM (voir produit final en annexe).

La dimension soutien à l’autonomie possède un coefficient de cohérence interne

légèrement insuffisant et ne parvient pas à prédire de façon satisfaisante la qualité de la

relation de mentorat et la perception d’utilité du mentorat. Cette sous-échelle du

questionnaire est représentée par des items mesurant une forme de contrôle, et ses

scores doivent par la suite être inversés pour se transformer en soutien à l’autonomie.

L’utilisation de scores inversés pour mesurer un construit a été critiquée. Il est donc

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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suggéré de toujours accompagner les items inversés par des items mesurant directement

le construit d’intérêt. Se rajoute à cela le fait que ce facteur contient seulement deux items,

ce qui rend plus difficile la mesure du construit. Il est donc raisonnable de penser que le

soutien à l’autonomie n’est pas mesuré, avec les items actuels, sous suffisamment

d’angles ou avec assez de précision pour que les deux items le représentant forment un

facteur homogène. Néanmoins, contrairement à l’item 6 préalablement retiré, il serait

surprenant qu’une proportion des protégés ait interprété l’un ou l’autre des items comme

une forme de structure puisque qu’auquel cas il serait semblablement corrélé à la qualité

de la relation de mentorat que l’est le facteur structure de l’ECM.

Dans un autre ordre d’idées, le biais présumé dans les données manquantes

impose de rester prudent dans la généralisation des résultats au-delà des expériences de

mentorat positives et appréciées des protégés. L’analyse de données manquantes a en

effet démontré que les protégés ayant eu une expérience de mentorat moins positive ont

moins répondu à l’ECM. De plus, bien que dans le contexte du programme MIRES le

manque de variance dans les données témoigne de la conformité des mentors aux

comportements enseignés, cette conformité impose de rester prudent au moment de

généraliser les résultats à des programmes de mentorat où les mentors seraient moins

encadrés.

Le point de vue des mentors n’a pas été pris en compte dans le développement et

la validation de l’ECM. Bien que sujettes au biais de désirabilité sociale, les réponses de

ces derniers auraient raffiné la compréhension des caractéristiques psychométriques de

l’ECM et amélioré la validité de la version pour mentors. En terminant, trois des quatre

sous-échelles de l’ECM ne contiennent que des items positifs. Il serait bénéfique de leur

ajouter des items référant aux aspects négatifs des construits concernés parce qu’il

semblerait que l’absence d’expériences négatives dans la relation prédirait davantage la

durée de celle-ci que leur présence (Rhodes, 2005). Il est aussi possible de faire

l’hypothèse que la présence de comportements souhaités ne nous renseigne pas avec

précision sur la fréquence à laquelle surviennent, s’il y a lieu, les comportements contre-

indiqués. Pour pallier cette lacune, il serait intéressant de déterminer un seuil sous lequel

les résultats à l’ECM seraient considérés inquiétants afin de mieux identifier les relations

qui méritent un suivi plus serré.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

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Conclusion

Malgré les quelques lacunes de ce premier instrument de mesure des

comportements des mentors, l’ECM s’avère salutaire. Dans un contexte où aucun outil de

mesure en mentorat ne vise de comportements précis et où très peu on fait l’objet d’une

validation aussi poussée et rigoureuse, l’ECM saura apporter plus de bénéfices que de

soucis à tout administrateur de programme qui l’utilisera sous quelques précautions. Parce

que basé sur un modèle et des théories accessibles et documentés, il pourra servir à

former et encadrer les mentors qui souhaitent optimiser leurs interventions auprès de

jeunes aux prises avec des difficultés scolaires et/ou psychosociales. Qui plus est, étant

corrélé à différentes variables dont la qualité de la relation de mentorat, l’ECM pourra être

d’un grand apport pour prévenir les relations de mentorat malsaines. Il est donc indéniable

que l’ECM contribuera à faire avancer l’étude, la compréhension et l’encadrement du

mentorat scolaire.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

53

Tableaux Tableau 1

Tableau 1Moyennes, écart-types et coefficients d’asymétrie et d’aplatissement des scores à l’ECMa aux Temps 1 et 2, pour chaque sous-échelle et l’échelle globale

Variable M (ET) Asymétrie Aplatissement

Temps 1

Structure 4.56 (0.66) -1.83 5.02

Engagement 3.69 (0.56) -2.20 5.58

Autonomie 3.17 (0.81) -0.81 -0.01

Compétence 3.35 (0.66) -1.09 0.93

Globale 4.02 (0.53) -1.76 4.73

Temps 2

Structure 4.61 (0.61) -1.33 2.68

Engagement 3.67 (0.52) -1.71 2.94

Autonomie 3.24 (0.73) -0.74 0.03

Compétence 3.47 (0.60) -1.30 1.38

Globale 4.08 (0.47) -1.17 2.00

Note. La sous-échelle structure est sur une échelle de Likert en six points tandis que les trois autres sous-échelles sont sur une échelle de Likert en quatre points. Par conséquent le score maximal de l’échelle globale est de 5.25. aAprès le retrait de l’item 1 de l’ECM d’origine et de la modification des échelles de réponse.

Tableau 2

Tableau 2Critères de qualité retenus pour les statistiques d’ajustement des AFC

Critère WRMR χ2/dl RMSEA CFI TLI (NNFI)

Appréciable 1 3 .06 - .01 .95 - .99 .95 - .99

Acceptable 5 .08 - .05 .90 - .95 .90 - .95

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

54

Tableau 3

Tableau 3Coefficients de fidélité (alpha ordinal et alpha de Cronbach) des sous-échelles de l’ECMa aux Temps 1 et 2

Alpha ordinal Alpha de Cronbach

Sous-échelle Temps 1 Temps 2 Temps 1 Temps 2

Structure .92 .92 .87 .87

Engagement .80 .70 .63 .53

Autonomie .58 .63 .43 .50

Compétence .82 .86 .72 .73

aAprès le retrait des items 1 et 6 de l’ECM d’origine et de la modification des échelles de réponse.

Tableau 4

Tableau 4Corrélations entre les scores à l’ECMa aux deux temps de mesure, et entre les scores au Temps 1 et la Qualité de la Relation de Mentorat (QRM) au Temps 1

Scores ECM au Temps 1

Variables corrélées Structure Engagement Autonomie Compétence Échelle globale

Structure T2 .49**

Engagement T2 .35**

Autonomie T2 .59**

Compétence T2 .46**

Échelle globale T2 .53**

QRM T1 .74** .53** .23** .51** .74**

aAprès le retrait des items 1 et 6 de l’ECM d’origine et de la modification des échelles de réponse. ** p < .001.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

55

Tableau 5

Tableau 5Corrélations entre les scores à l’ECMa au Temps 2 et les variables concomitantes

Scores ECM au Temps 2

Variables concomitantes

Structure Engagement Autonomie Compétence Échelle globale

QRM T2 .77** .45** .26** .59** .79**

Perception d’utilité .44** .27** .07 .24** .41**

aAprès le retrait des items 1 et 6 de l’ECM d’origine et de la modification des échelles de réponse.

** p < .001.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

56

Figures

.535 .733

V4 V8

1.0 1.0

E4 E8

.870 .742

V3 V10

1.0 1.0

E10 E3

V14

E14

1.0

E15

1.0

F2 Engagement

F3 Soutien

autonomie

V5 V9

1.0

E5

F4 Soutien

compétence

V15 V16

E16

1.0

V13

1.0

.686

V7

1.0

E7

V11

1.0

E11 E13

V17

1.0

E17

F1 Structure

.732

.810 .711 .649 .701

.766

.765 .864 .770

1.0 1.0

E9 E12

V2

E2

1.0

.436

.917

.866

.761

.387

.835

.264

Figure 2 Figure 1. Échelle de comportements des mentors - Modèle à 15 items, Temps 1. Note. Toutes les saturations et corrélations sont significatives à .01, à l’exception de la corrélation entre F3 et F4 qui l’est à .05.

V12

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

57

.492 .922

V4 V8

1.0 1.0

E4 E8

.736 .725

V3 V10

1.0 1.0

E10 E3

V14

E14

1.0

E15

1.0

F2 Engagement

F3 Soutien

autonomie

V5 V9 V12

1.0

E5

F4 Soutien

compétence

V15 V16

E16

1.0

V13

1.0

.690

V7

1.0

E7

V11

1.0

E11 E13

V17

1.0

E17

F1 Structure

.744

.806 .801 .833 .748

.761

.775 .930 .787

1.0 1.0

E9 E12

V2

E2

1.0

.336

.788

.782

.696

.542

.769

.398

Figure 3 Figure 2. Échelle de comportements des mentors - Modèle à 15 items, Temps 2. Note. Toutes les saturations et corrélations sont significatives à .01.

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MESURE DES COMPORTEMENTS DES MENTORS

58

Annexe

Items de l’Échelle de comportements des mentors selon la dimension à laquelle ils appartiennent avec l’échelle de réponse

Les questions se répondent en fonction de l’échelle de Likert en 5 points suivante : 1 = Ne s’applique pas du tout 2 = Ne s’applique pas beaucoup 3 = S’applique un peu 4 = S’applique assez bien 5 = S’applique très bien Structure

Mon mentor me donne des conseils utiles lorsque je lui confie mes besoins, inquiétudes et difficultés. Mon mentor aime donner des avis constructifs sur ce que j’entreprends. Lorsque c’est possible, mon mentor me donne de l’information utile pour m’aider dans mes actions et dans la résolution de mes problèmes. Nous travaillons en vue d’atteindre des objectifs sur lesquels nous nous sommes entendus.* Nous avons établi entre nous une bonne compréhension des types de changements qui seraient bons pour moi. Mon mentor et moi, nous nous entendons sur ce que j’aurai à faire pour m’aider à améliorer ma situation. Nous nous entendons sur ce qu’il est important de travailler lors de nos rencontres.* Je crois que la façon dont nous travaillons sur mon problème est correcte.* Engagement

Mon mentor comprend mes besoins, mes inquiétudes et mes problèmes. Mon mentor est disponible mentalement lorsque je lui confie mes difficultés personnelles. Contrôle (les scores sont inversés pour correspondre au soutien à l’autonomie)

Dans une discussion, mon mentor parle plus que moi. Mon mentor prend souvent des décisions pour moi. Soutien au sentiment de compétence

Mon mentor me valorise même après que j’aie vécu des échecs. Mon mentor me dit souvent ce que je fais de bien. Mon mentor me félicite quand je réussis quelque chose de bien.

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Chapitre 3 : Article 2

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Titre courant : COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

60

Comportements de soutien des mentors et ajustement collégial de jeunes adultes

participant à un programme de mentorat scolaire

Pascale Brodeur, Simon Larose, George Tarabulsy et Bei Feng

Université Laval

Note sur les auteurs

Pascale Brodeur, École de psychologie, Université Laval, Québec, Québec; Simon

Larose, Département d'étude sur l'enseignement et l'apprentissage, Faculté des sciences

de l'éducation, Université Laval, Québec, Québec; George Tarabulsy, École de

psychologie, Faculté des sciences sociales, Université Laval, Québec, Québec; Bei Feng,

Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l'enfant, Université Laval,

Québec, Québec.

Toute correspondance concernant cet article devrait être adressée à Pascale

Brodeur, École de psychologie, Université Laval, 2325 rue des Bibliothèques, Bureau

1116, Québec (Québec) G1V 0A6. Courriel : [email protected]

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

61

Résumé

Il est convenu que l’efficacité du mentorat scolaire dépend de la qualité de la

relation tissée entre le mentor et son protégé, laquelle serait tributaire d’un ensemble de

facteurs, dont les comportements du mentor. Néanmoins, très peu d’études empiriques

ont tenté d’identifier les patrons de comportements des mentors les plus susceptibles

d’influencer la relation de mentorat et l’ajustement des protégés. La présente étude de

nature quasi-expérimentale avait pour objectif d’explorer les liens entre des

comportements de soutien et de structure des mentors et ces variables, dans le cadre de

l’évaluation d’un programme de mentorat scolaire d’une durée de huit mois offert à 253

jeunes adultes. Sur la base des évaluations des protégés à l’Échelle de comportement des

mentors (ECM; Brodeur et al., 2015), une analyse de regroupement a permis d’identifier

quatre profils distincts de comportements de mentors. Les résultats montrent que plus les

mentors ont fait preuve de soutien et de structure, plus les protégés ont évalué

positivement la relation et l’utilité du mentorat, sauf pour les profils Optimal et Contrôlant.

D’autre part, l’ajustement social des protégés a différé de celui du groupe contrôle au post-

test, proportionnellement à la quantité de soutien et de structure prodigués par les

mentors. Par ailleurs, il est discuté de l’impact de l’ajustement initial des protégés sur les

comportements des mentors.

Mots-clés : mentorat scolaire, comportements des mentors, qualité de la relation

de mentorat, ajustement des protégés

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

62

Comportements de soutien des mentors et ajustement collégial de jeunes

adultes participant à un programme de mentorat scolaire

Le mentorat scolaire est une relation d’accompagnement non professionnelle dans

laquelle une personne instruite et expérimentée (le mentor), conseille et soutient un

étudiant, (le protégé) dans le but de faciliter son fonctionnement scolaire et psychosocial

(Eby, Allen, Evans, Ng & DuBois, 2007; Eby, Rhodes & Allen, 2007). Il est reconnu que

l’efficacité du mentorat scolaire dépend fortement de la qualité de la relation tissée entre le

mentor et son protégé (p. ex. Goldner & Mayseless, 2009; Parra, DuBois, Neville, Pugh-

Lilly & Povinelli, 2002; Rhodes, 2005; Thomson & Zand, 2010) laquelle serait tributaire

d’un ensemble de facteurs, dont les comportements de soutien du mentor. Bien que

certains comportements soient décrits dans des modèles théoriques et typologies sur le

mentorat (Hamilton & Hamilton, 1992; Karcher & Nakkula, 2010; Larose & Tarabulsy,

2014; Morrow & Styles, 1995; Rhodes, 2005), très peu d’études empiriques ont tenté

d’identifier les patrons de comportements des mentors les plus susceptibles d’influencer la

qualité de la relation de mentorat et l’ajustement des protégés. De plus, les rares

investigations dans ce domaine ont été de nature corrélationnelle, exploratoire ou

rétrospective, menées auprès de petits échantillons et nullement guidées par des modèles

théoriques. L’identification de patrons de comportements efficients, fondée sur la théorie et

l’expérimentation, constituerait une avancée importante dans le domaine du mentorat et

pourrait ultérieurement guider la sélection et la formation des mentors.

La présente étude de nature quasi-expérimentale avait pour objectif général

d’explorer les liens entre d’une part l’exposition des protégés à différents patrons de

comportements de soutien et de structure des mentors et d’autre part la perception des

protégés de la qualité du mentorat et de leur ajustement lors de leur première année au

collégial. Cette investigation a été menée dans le contexte de l’évaluation d’un programme

de mentorat scolaire d’une durée d’une année offert à des jeunes adultes lors de leur

première année d’études au collège.

Modèles en mentorat

L’examen des patrons de comportements des mentors a été guidé par le modèle

sociomotivationel du mentorat (MSM; Larose & Tarabulsy, 2005). Ce modèle théorique

s’inspire du modèle sociomotivationnel de soi (Connell, 1990; Connell & Wellborn, 1991)

et de la théorie de l’autodétermination (SDT; Deci & Ryan, 1985; 1990; Ryan & Deci,

2000). Selon le MSM, quatre comportements sont essentiels à l’établissement d’une

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

63

relation positive de mentorat (pour une description détaillée de ces comportements, voir

Drouin et al., 2008) : la structure (par exemple, s’entendre avec son protégé sur les

objectifs des rencontres et la nature des activités à pratiquer), l’engagement (par exemple,

accorder du temps de qualité à son protégé par une écoute active et de l’empathie), le

soutien à l’autonomie (par exemple, aider son protégé à faire des choix en fonction de ses

propres valeurs et objectifs) et le soutien au sentiment de compétence (par exemple,

fournir du renforcement positif à la suite d’échecs autant que de succès). La présence de

ces quatre comportements et leurs effets présumés sur la qualité de la relation

permettraient au protégé de combler trois besoins psychologiques fondamentaux, soit les

besoins de se sentir académiquement compétent, de se sentir appartenir à une

communauté scolaire, et de sentir que ses choix d’études et de carrière sont

autodéterminés. Les auteurs du MSM soutiennent que si ces trois besoins sont satisfaits,

le protégé s’intégrera plus facilement à son environnement scolaire et social.

Études portant sur les comportements des mentors

Les études portant spécifiquement sur les comportements des mentors sont rares

dans le domaine du mentorat scolaire. La pauvreté des connaissances sur ce thème

s’explique possiblement par la complexité d’impliquer des mentors volontaires dans un

processus de recherche, et de surcroît de les questionner sur leurs comportements de

soutien avec leur protégé. En dépit de cette complexité, quelques études pionnières ont

permis d’ouvrir la voie à une investigation plus systématique de la nature et du rôle de ces

comportements. Les travaux d’Hamilton et Hamilton (1992) ont montré que les relations de

mentorat les plus longues étaient celles où les mentors travaillaient dans l’optique de

rencontrer des objectifs spécifiques, souhaités par les protégés, et au sujet desquels il y

avait eu entente préalable commune. Ils ont qualifié cette approche d’ « instrumentale »

parce qu’elle visait le développement du caractère et des compétences du jeune et non

seulement son bien-être. Bien que ce soit un premier pas vers l’identification de

comportements favorables, cette étude ne s’appuie sur aucune théorie ni modèle pouvant

aider à comprendre les processus impliqués dans le mentorat. De plus, ses conclusions

sont seulement tirées d’une analyse qualitative de quelques entrevues rétrospectives

auprès de mentors sans prise en compte des perceptions des protégés des

comportements des mentors et sans mesurer l’impact des comportements de soutien sur

l’ajustement des protégés. De façon similaire, la recherche qualitative et exploratoire de

Morrow & Styles (1995) a montré que des mentors qui priorisaient une approche

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

64

davantage « développementale » (c.-à-d. en impliquant leur protégé dans l’aménagement

de la relation et de ses limites et dans le processus de décision de ce qu’ils vont faire

ensemble) avaient plus de chances de voir leurs relations de mentorat perdurer que des

mentors adoptant une approche davantage « prescriptive » (c.-à-d. en choisissant les

activités de façon plus directive et établissant les objectifs pour le protégé). Bien que cette

étude ait sondé la perception des protégés du soutien reçu du mentor et leur satisfaction

envers la relation de mentorat, elle n’a pas exploré les bénéfices du mentorat et n’a pas

fait appel à un groupe contrôle. Le but du mentorat n’étant pas uniquement le

développement d’une relation soutenante, les conclusions que l’on peut en tirer sont

limitées. Enfin, en ce qui a trait à ces deux études, il est hasardeux d’avancer que parce

qu’une relation perdure dans le temps, elle engendre nécessairement et seulement des

bénéfices.

Les approches développementales et prescriptives sont devenues des points de

repère pour les praticiens du domaine du mentorat mais, selon Karcher et Nakkula (2010),

elles ont été perçues à tort comme des pratiques indépendantes et opposées.

Premièrement, toutes deux comprennent à la fois des activités qui visent le

développement de la relation entre le mentor et le protégé, ainsi que des activités qui

visent l’atteinte d’objectifs précis et tangibles (performances scolaires, relation avec les

pairs). D’ailleurs, DuBois, Neville, Parra et Pugh-Lilly (2002), Keller et Pryce (2012), et

Nakkula et Harris (2010), pour ne nommer que ceux-ci, ont mis à jour que ces deux

objectifs du mentorat sont tout aussi essentiels dans l’établissement de la relation de

mentorat et l’atteinte d’objectifs. En second lieu, ces deux approches sont centrées sur le

protégé, c’est-à-dire qu’elles prennent en compte, respectent et encouragent l’expression

des intérêts, préférences et opinions du jeune. Devant cette réconciliation, on pourrait être

tenté de se fier à ces approches pour conseiller le mentor dans les comportements à

adopter. Bien qu’on puisse y distinguer effectivement des comportements de soutien et de

structure, ces typologies ne permettent pas de départager les comportements des autres

caractéristiques du mentorat, tels la QRM ou les objectifs du programme, confondant des

caractéristiques qui appartiennent à des dimensions différentes. Des études récentes

viennent cependant appuyer la pertinence des comportements de soutien dérivés du MSM

pour le mentorat.

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

65

Soutien à l'autonomie

Dans une étude sur le mentorat professionnel, Liu et Fu (2011) se sont basés sur

la SDT dans le but, entre autres choses, de mesurer l’impact des comportements de

soutien à l’autonomie par le mentor sur l’apprentissage personnelle (personnal learning)

des protégés d’une firme d’assurance située à Hong Kong. Ils ont défini le soutien à

l’autonomie comme le fait de fournir au protégé l’opportunité de poser des actions

autonomes et de le soutenir lorsqu’il fait preuve d’autonomie. L’apprentissage personnel a

été défini comme étant la perception du protégé d’avoir acquis des connaissances, des

habiletés ainsi que des compétences propices au développement de sa carrière. Ce sont

417 protégés qui ont complété, six semaines après le début du programme de mentorat, la

mesure de soutien à l’autonomie, puis 387 de ces 417 protégés ont complété une mesure

d’apprentissage personnel six semaines plus tard. À l’aide d’un modèle de régression

linéaire hiérarchique, Liu et Fu ont démontré que les comportements de soutien à

l’autonomie du mentor prédisaient la qualité des apprentissages du protégé

indépendamment du soutien à l’autonomie reçu de l’équipe de travail et du niveau

d’autonomie personnelle du protégé.

Structure et engagement

Nous n’avons recensé aucune étude sur le mentorat qui a vérifié isolément l’apport

des comportements de structure et d’engagement. Ces comportements ont plutôt été

examinés à l’intérieur de profils créés par un traitement post-intervention. C’est le cas de

l’étude de Larose, Cyrenne, Garceau, Brodeur et Tarabulsy (2010) qui a exploré à l’aide

d’un devis quasi-expérimental les liens entre différents profils de comportements en

mentorat et la QRM et l’ajustement scolaire et social des protégés. Une analyse de cluster

basée sur la perception des protégés leur a permis de mettre en évidence trois profils : 1)

un profil authoritative caractérisé par des mentors qui ont montré des niveaux élevés

d’engagement émotionnel (par exemple dispenser une écoute active), de directivité

(assumer parfois le contrôle de la relation) et de réciprocité (par exemple s’entendre sur

les choses à faire); 2) un profil permissif caractérisé par des mentors qui ont fait preuve de

beaucoup d’engagement émotionnel et de réciprocité mais de très peu de directivité; 3) un

profil désengagé où les mentors ont montré très peu d’engagement émotionnel et de

réciprocité mais un niveau modéré de directivité. Les résultats de Larose et ses

collaborateurs montrent que les protégés qui ont été exposés au profil authoritative ont

jugé leur QRM plus positive que les protégés exposés aux autres profils. De plus, ces

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

66

protégés ont rapporté de plus hauts niveaux de motivation, d’ajustement social et de

certitude vocationnelle en cours et en fin de programme que des étudiants d’un groupe

contrôle. Enfin, un an plus tard, ce même groupe de protégés atteignait un taux de

persévérance scolaire supérieur à celui des étudiants du groupe contrôle et des étudiants

jumelés à des mentors permissifs ou désengagés.

Dans le même esprit, Keller et Pryce (2012) ont montré par une étude quasi-

expérimentale auprès de 26 enfants d’âge primaire participant à un programme Grands

Frères Grandes Sœurs (GFGS) que les comportements de structure et d’engagement

étaient tout aussi importants. À l’aide d’observations et de questionnaires, ils ont qualifié

de sage les mentors qui faisaient preuve de chaleur, de partage, de soins affectifs et de

conseils dans un cadre relationnel plus formel et structuré qu’une relation simplement

amicale. Cet amalgame de comportements était plus bénéfique pour la QRM et

l’ajustement psychosocial des protégés que les relations uniquement pragmatiques (p. ex.

offrir du tutorat scolaire sans présence affective) ou amicales. Qui plus est, les protégés

engagés dans des relations empreintes de distance, de maladresse et d’incertitude ont

vécu une augmentation de leurs comportements agressifs.

Soutien au sentiment de compétence

King, Vidourek, Davis et McClellan (2002) ont évalué l’impact d’un programme de

mentorat visant 32 protégés âgés de 9 à 10 ans. Le Healthy Kid Mentoring Program

prévoyait deux rencontres chaque semaine durant cinq mois et comprenait des échanges

et des activités visant le développement de l’estime de soi et des sentiments

d’appartenance, de pouvoir et d’unicité du protégé. À la fin du programme, l’estime de soi

des protégés et leur sentiment d’appartenance à l’école, à la famille et aux pairs avaient

significativement augmenté, comparativement à ceux des élèves du groupe contrôle.

Plusieurs comportements délinquants avaient aussi diminué et les résultats scolaires

augmenté. Outre cette étude, nous n'avons pas identifié d'études, même corrélationnelles

ou exploratoires, tendant de démontrer l'importance du soutien au sentiment de

compétence par le mentor. Pourtant, le modèle de DuBois, Neville, Parra & Pugh-Lilly

(2002) propose qu'un des impacts notables du mentorat est d'améliorer l'estime de soi du

protégé, entre autre par le regard positif du mentor et la valorisation des qualités et

habiletés du protégé. Bien que DuBois et son équipe affirment que leur étude de validation

appuie leur modèle, ce sont globalement les concepts de soutien social et de QRM qui ont

été mesurés et non les comportements de soutien du mentor spécifiquement. Il n’est donc

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

67

pas possible de conclure que les mentors de cette étude ont effectivement fait preuve de

soutien au sentiment de compétence. Par ailleurs, plusieurs méta-analyses, dont celles

récentes de Dubois, Portillo, Rhodes, Silverthorn et Valentine (2011), d’Eby et ses

collaborateurs (2013) et de Wheeler, Keller et DuBois (2010), discutent les variables de

l’estime de soi et du sentiment d’efficacité personnelle dans l’explication de l’efficacité du

mentorat et des types de soutien reçu. Cela suggère que le sentiment de compétence est

souvent un bénéfice espéré du mentorat et que son soutien est visé à travers différentes

stratégies. Enfin, Tolan, Henry, Schoeny, Lovegrove et Nichols (2014) ont examiné les

mécanismes clé de l’efficacité du mentorat par une méta-analyse. Ils ont observé que le

soutien émotionnel visant à développer le sentiment d’auto-efficacité et de valeur chez le

protégé maximisait les bénéfices du mentorat. Par contre, aucune information sur la

manière concrète dont ce soutien est offert par le mentor n’est fournie dans leur méta-

analyse. Globalement, ces méta-analyses suggèrent que le comportement le plus

susceptible de soutenir le sentiment de compétence du protégé n’est pas identifié par les

études qu’ils ont compilées.

La présente étude

Cette recension suggère que la structure, le soutien au sentiment de compétence,

le soutien à l’autonomie et l’engagement sont des comportements du mentor

potentiellement associés à la qualité de la relation de mentorat et à l’adaptation du

protégé. Cependant, très peu de ces études ont mesuré spécifiquement et de façon valide

ces comportements, plusieurs les déduisant à partir d’entrevues semi-structurées

rétrospectives ou des sentiments et impressions du protégé ou du mentor, souvent sans

assise théorique. Enfin, rares sont les études qui ont tenté de mesurer l’impact de ces

comportements en les distinguant des autres caractéristiques du mentorat, tel la QRM. La

présente étude a donc visé à identifier des profils de comportements de soutien associés

à la qualité de la relation de mentorat et à l’ajustement ultérieur des protégés. Plus

spécifiquement, elle a visé les trois objectifs suivants :

1. Explorer la présence de différents profils de comportements de soutien et de

structure des mentors.

2. Examiner si certains profils sont plus fortement associés à la qualité du mentorat et

à la perception d’utilité que d’autres.

3. Examiner si les étudiants exposés à certains profils de comportements s’adaptent

mieux au collège que les étudiants d’un groupe contrôle.

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

68

Méthodologie

Programme de mentorat

Les données de la présente étude proviennent du projet d’évaluation du

programme Mentorat pour l'Intégration et la Réussite des Étudiants de Sciences (MIRES;

Larose et al., 2011). Ce programme de mentorat consistait à soutenir des finissants du

secondaire ayant choisi de poursuivre leurs études dans les programmes en

mathématiques, sciences et technologies (MST) au collège. Par le biais d'une relation de

mentorat offerte pendant toute la première année d’études au collégial et assurée par des

étudiants universitaires terminant leurs études principalement en sciences et génie,

MIRES visait ultimement à influencer les trajectoires scolaire, professionnelle et sociale de

ses participants.

MIRES inclut une formation initiale et continue des mentors dont les fondements

théoriques reposent sur le MSM. Les mentors engagés dans le programme MIRES ont

suivi une formation initiale de 16 heures et une formation continue de 12 heures. Chaque

mentor devait prévoir 30 heures d’intervention par protégé, réparties tout au long de

l’année scolaire, plus précisément entre septembre et avril, heures pour lesquelles ils ont

été rémunérés. Une rencontre formelle par deux semaines était prévue au calendrier. Les

activités réalisées pendant ces rencontres devaient viser à faciliter l’intégration des

protégés dans leur programme d’études, à mieux les préparer au choix d’une carrière en

MST, à améliorer leur culture scientifique et à contribuer au développement de liens

significatifs avec la communauté scientifique. Tel que suggéré aux mentors, ces objectifs

pouvaient être atteints notamment par des discussions entre le protégé et son mentor sur

les choix de programmes d’études, de cours et de carrière, par des échanges sur les

façons de comprendre et de résoudre les embûches rencontrées tout au long du

cheminement (p. ex. les premières évaluations), par des visites culturelles et scientifiques

et par la participation à des conférences publiques.

Participants

Les participants ciblés par notre étude sont les 253 protégés qui ont bénéficié du

programme MIRES en 2006-2007 et 2007-2008 (groupes expérimentaux) ainsi que 246

étudiants d’un groupe de contrôle. Ils proviennent d’un échantillon total de 499 étudiants

qui avait accepté la possibilité de participer au programme MIRES (suivant une pige

aléatoire). L’ensemble de ces jeunes avait été recruté parmi tous les étudiants de sciences

de la nature, de sciences, lettres et arts et d’informatique de deux collèges de la région de

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

69

Québec. Le recrutement s’est fait lors de la passation d’un examen de classement

d’anglais au printemps, pour la première cohorte, et par téléphone pour la seconde, avant

qu’ils ne débutent leurs études collégiales. Au moment de constituer les groupes, 88% des

protégés (85% des contrôles) étaient inscrits dans un programme de sciences de la

nature, 6% (9% des contrôles) en sciences, lettres et art et 6% (7% des contrôles) en

informatique. La moyenne d’âge des participants était de 17 ans, les âges variant entre 16

et 22 ans (sans distinction entre le groupe de protégés et le groupe contrôle). Les

participants sont répartis presqu’également entre les deux sexes, 54% étant des hommes.

Les protégés ont été jumelés à un des 57 mentors du programme selon le genre et les

aspirations scolaires et professionnelles de chacun. Au moment de leur recrutement, les

57 mentors fréquentaient l’Université Laval, située dans la ville de Québec, et 68% étaient

au premier cycle universitaire et 32% aux cycles supérieurs. La moyenne d’âge de

l’échantillon des mentors était de 23 ans, les âges variant entre 19 et 31 ans, et 54% des

mentors sont des femmes. En ce qui a trait à de possibles corrélations entre les résultats

des protégés ayant le même mentor, cette situation a été inspectée par le calcul des

coefficients de corrélation intra-classe émanant des données des protégés (ICC), tel que

rapporté ailleurs (Brodeur et al., 2015). Les ICCs des protégés ne dépassent pas .1, ce qui

évite de devoir considérer les données comme des données nichées.

Mesures

Comportements des mentors. L’Échelle de comportement des mentors (ECM) a

servi à mesurer les comportements des mentors à partir du point de vue des protégés.

L’ECM est une mesure multidimensionnelle constituée de 15 items répartis en quatre

sous-échelles : l’engagement (deux items, p. ex. Mon mentor est disponible mentalement

lorsque je lui confie mes difficultés personnelles), la structure (huit items, p. ex. Nous nous

entendons sur ce qu’il est important de travailler lors de nos rencontres), le soutien à

l’autonomie (deux items inversés, p. ex. Mon mentor prend souvent des décisions pour

moi) et le soutien au sentiment de compétence (trois items, p. ex. Mon mentor me dit

souvent ce que je fais de bien). L’ECM possède de bons coefficients de cohérence interne

et une validité de construit (temporelle, concomitante et factorielle) adéquate, bien que le

facteur soutien à l’autonomie possède quelques lacunes (Brodeur et al., 2015). Les items

sont répondus sur une échelle de type Likert en cinq points allant de 1 = Ne s’applique pas

du tout, à 5 = S’applique très bien.

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

70

Qualité de la relation de mentorat (QRM). La QRM a été mesurée à l’aide de la

sous-échelle « Bonding » du Working Alliance Inventory-Short Version (WAI-S; Horvath &

Greenberg, 1989; Tracey & Kokotovic, 1989, traduit par Bachelor & Salamé, 1991). Cette

sous-échelle inclut quatre items qui permettent de mesurer la qualité du lien entre le

mentor et son protégé (p. ex. Je sens que mon mentor m’apprécie). Les protégés

répondaient aux questions sur une échelle de Likert en sept points allant de 1 = Jamais, à

7 = Toujours. La moyenne de ces quatre items constitue le score de QRM. En ce qui a

trait à la validité du WAI, Corbière, Bisson, Lauzon et Ricard (2006) ont examiné la version

française de l’instrument : la structure factorielle à trois dimensions est confirmée suite à

des ajustements mineurs. Le questionnaire possède de bons coefficients de cohérence

interne, particulièrement pour la dimension « Bonding ».

Perception d’utilité du mentorat. Cette mesure de la satisfaction des protégés

envers leur expérience de mentorat est constituée de 11 items qui portent sur les

bénéfices instrumentaux du mentorat en tant que service reçu (cinq items, p. ex. Vos

rencontres de mentorat vous ont-elles aidé(e) à mieux faire face aux différents stress du

collège?), sur la satisfaction face au déroulement des rencontres individuelles et au

contact avec le mentor (cinq items, p. ex. Était-il facile d’échanger avec votre mentor lors

de ces rencontres), et sur la disponibilité du mentor (un item, Est-ce que votre mentor était

disponible lorsque vous aviez besoin de lui?). Chaque item se répond sur une échelle de

Likert en sept points allant de 1 = Pas du tout d’accord, à 7 = Tout à fait d’accord. Par

souci de concision, le score utilisé est la moyenne des 11 items. Ces items ont été

élaborés par un comité d’experts dans le domaine du mentorat scolaire, dont les auteurs

du MSM et du programme MIRES, et démontre une validité apparente. Au sein de nos

données, le coefficient de cohérence interne (alpha de Cronbach) des 11 items s’élève à

.87, ce qui est supérieur au critère de .70 proposé par Nunally (1978). Enfin, les

corrélations items-total se situent toutes au-dessus de .30, seuil indiquant que les items

sont suffisamment corrélés au score total de l’échelle.

Ajustement collégial. L’ajustement collégial de tous les participants a été mesuré

par une partie de l’adaptation française du Student Adaptation to College Questionnaire

(SACQ; Baker & Siryk, 1984; Larose, Soucy, Bernier & Roy, 1996). Dans ce questionnaire

auto-rapporté constitué initialement de 67 items, quatre dimensions spécifiques et

interreliées définissent le concept d’ajustement collégial : l’ajustement scolaire (p. ex. Je

suis présent(e) à mes cours régulièrement), l’ajustement social (p. ex. J’ai été plutôt

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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satisfait(e) de ma vie sociale au collège), l’ajustement personnel et émotif (p. ex. Je me

mets en colère trop facilement ces temps-ci – score à inverser), et l’attachement à

l’institution (p. ex. Ces temps-ci, je réfléchis beaucoup à la possibilité de changer de

collège – score à inverser). Les 28 items les plus fortement reliés à chacune des quatre

dimensions, notés lors d’une enquête précédente (Soucy & Larose, 2000) ont été

sélectionnés pour cette étude, soit sept items par dimension. Chaque item se répond sur

une échelle de Likert en neuf points allant de 1 = Ne s’applique pas du tout à moi, à 9 =

S’applique parfaitement à moi. En ce qui concerne la validité de l’adaptation francophone

du SACQ, l’instrument présente des qualités psychométriques comparables à la version

originale anglaise, dont des coefficients de cohérence interne (alpha de Cronbach) se

situant entre .79 et .87. (Larose et al., 1996). Au sein de nos données aux deux temps de

mesure (voir section Procédure), les coefficients de cohérence interne des dimensions

d’ajustement social et d’attachement à l’institution se situent au-dessus de .70 et leurs

corrélations items-total se situent toutes au-dessus de .30. La dimension d’ajustement

scolaire a des coefficients au-dessus de .70 mais deux de ses corrélations items-total se

situent sous .30. Enfin, la dimension d’ajustement personnel et émotif a des coefficients de

.62 et de .60 en fonction du temps de mesure, deux de ses items étant négativement

corrélés à plusieurs autres items de cette dimension.

Procédure

Une première évaluation de l’ajustement de l’ensemble des participants a été

réalisée deux mois et demi avant le début du programme de mentorat, à la fin de la

dernière année du secondaire (Temps 0). La version du SACQ alors utilisée était une

version adaptée au contexte des études secondaires. Les questions ont été formulées au

passé et toute référence au collégial a été remplacée par le terme « secondaire ». Ensuite,

l’ECM et la mesure de QRM ont été administrés aux protégés aux mois d’octobre 2006 et

2007 (Temps 1 - milieu de la 1e session), après la quatrième rencontre de mentorat. Quant

à la perception d’utilité du mentorat (du point de vue du protégé) et l’ajustement collégial

des participants, ils ont été mesurés deux mois plus tard, soit aux mois de décembre 2006

et 2007 (Temps 2 - fin de la 1e session). Ce délai entre la mesure de l’intervention et de

ses bénéfices a été préféré car nous présumions qu’il aurait été prématuré de mesurer

l’ajustement des protégés et leur appréciation du mentorat à un moment où ils viennent

tout juste d’intégrer un nouveau milieu scolaire, sans compter les modifications de style de

vie que vivent plusieurs étudiants qui débutent le collège (quitter le domicile familial,

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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déménager de ville, etc.). Comme autre argument en faveur de ce choix, soulignons que

les différents modèles en mentorat proposent que les bénéfices seraient tributaires de la

QRM. Il est donc logique que la mesure de cette dernière précède celle des bénéfices.

Tel que mentionné dans la section décrivant le programme MIRES, chaque mentor

devait prévoir 30 heures d’intervention par protégé durant l’année scolaire, soit de

septembre à avril. Ainsi, les mesures d’ajustement au collégial et de perception d’utilité du

mentorat ont été administrées une seconde fois en avril. Nous avons cependant retenu la

mesure prise en décembre pour trois raisons. Tout d’abord, puisque la mesure des

comportements des mentors provient de questionnaires administrés en octobre, permettre

un délai de six mois entre cette mesure et celles d’ajustement et de perception d’utilité

aurait affaibli le lien entre ces variables, en permettant l’introduction de variables

contaminantes ou confondantes, ne serait-ce que par la l’évolution de la relation de

mentorat tout au long de l’année scolaire. Comme autre éventualité, les expériences de

vie et interactions sociales des protégés tout au long de l’année scolaire peuvent

influencer sensiblement leur ajustement, indépendamment ou en parallèle à leur

expérience de mentorat. En guise de deuxième motif, les activités réalisées et thèmes

abordés pendant les rencontres de mentorat de la première moitié du programme MIRES

versus la seconde ne visaient pas les mêmes objectifs. Les thèmes et activités des quatre

premiers mois de mentorat concernaient la transition du secondaire au collégial et

l’adaptation scolaire et sociale, tandis que ceux des quatre derniers mois portaient sur les

choix de programme et de carrière. C’est pourquoi il était plus indiqué, en accord avec

notre hypothèse concernant l’adaptation au collégial, de lier les données

comportementales aux données d’ajustement saisies au mois de décembre. Enfin, la

dernière raison de choix de temps de mesure concerne la proportion de données

manquantes. Cette proportion atteignait 19.8% et 26.0% pour les protégés et le groupe

contrôle respectivement lors du dernier temps de mesure, comparativement à 13.3% et

18.7% pour les mesures de décembre. Ce choix fût donc une des stratégies retenues pour

minimiser les biais inhérents aux données manquantes.

Analyses statistiques

Données manquantes

Des critères et procédures ont été suggérés afin de diminuer l’impact des données

manquantes sur les résultats et les conclusions qui en découlent (Schlomer, Bauman,

Card, 2010). Tandis que Schafer (1999) avance une balise de 5%, Bennett (2001) est

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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plutôt d’avis que ce serait seulement à partir de 10% de non-réponse que les analyses

statistiques sont susceptibles d’être biaisées par un patron non aléatoire de données

manquantes. Dans notre étude, ce sont seulement 4.7% des 253 protégés qui n’ont pas

répondu à quelques-uns ou la totalité des items de l’ECM et du WAI au Temps 1. Par

conséquent, ces participants ont simplement été retirés du jeu de données. Du côté du

SACQ, sur les 241 protégés répartis dans les quatre profils de comportements, 1.2% n’ont

pas répondu au Temps 0 et 13.3% au Temps 2 (le même pourcentage n’a pas répondu à

la mesure de perception d’utilité). Quant aux étudiants du groupe contrôle, tous ont

répondu au Temps 0 et 18,7% n’ont pas répondu au Temps 2. Le test de Little (Little’s

MCAR Test; Little, 1988) a été utilisé pour examiner si le patron de ces données

manquantes est complètement aléatoire (missing completely at random – MCAR). Ce test

est basé sur une distribution du chi-carré. Si le test est non-significatif, le patron de

données manquantes est complètement aléatoire (MCAR). Les données manquantes au

SACQ et à la mesure de perception d’utilité ont un patron complètement aléatoire pour les

protégés, χ2 = 1324.98, ddl = 1323, p = .479 mais non aléatoire (NMAR ou MAR) au SACQ

pour le groupe contrôle, χ2 = 622.30, ddl = 312, p = .001. Il s’agit maintenant de

déterminer si la perte de données survient en fonction d’une tierce variable (missing at

random – MAR) ou de la variable manquante elle-même (not missing at random – NMAR).

Parce que les données MAR sont considérées comme pouvant être ignorées (Buhi,

Goodson & Neiland, 2008; Graham, 2009) puisqu’elles suivent aussi un patron aléatoire à

l’intérieur des valeurs possibles de la donnée, la question consiste à déterminer par

déduction s’il est possible que des données soient manquantes de par leur nature, donc

NMAR. Les tests-T montrent que pour toutes les dimensions du SACQ, les étudiants du

groupe contrôle qui n’ont pas répondu au Temps 2 obtenaient au pré-test des scores

similaires aux étudiants du groupe contrôle qui ont répondu au Temps 2. Donc l’absence

de réponse au SCAQ au Temps 2 n’est pas liée à l’ajustement initial. Par contre, les tests-

T nous informent que les non-répondants au Temps 2 ont obtenu de moins bons résultats

scolaires et ont échoué davantage de cours lors de leur première année au collégial. De

surcroit, les scores d’ajustement scolaire et d’attachement à l’institution du groupe contrôle

sont positivement corrélés (corrélations de faibles à moyennes) à leurs résultats scolaires

et à certains indicateurs de réussite scolaire. Cela signifie qu’il est probable que les

étudiants du groupe contrôle qui réussissent moins bien au collège aient un moins bon

ajustement scolaire et soient moins attachés à leur institution, et qu’ils aient aussi moins

répondu au SACQ. Cela indique que les moyennes du groupe contrôle pour ces deux

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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dimensions du SACQ seraient légèrement faussées. Cependant, la question

fondamentale à se poser est de savoir si ce biais est assez important pour avoir un impact

concret sur les analyses subséquentes (Graham, 2009). Cette démarche statistique est

longue car elle nécessite de procéder à des imputations multiples des données

manquantes en fonction de constantes qui font office de correctifs. Plus concrètement,

cela consiste à procéder plusieurs fois aux analyses prévues à partir de différentes

données imputées (Allison, 2001). Cette dernière démarche n’est pas essentielle dans le

cadre de la présente étude puisque qu’elle ne concerne que les données du groupe

contrôle et seulement deux dimensions du SACQ. Nous nous contenterons de tenir

compte de ce biais présumé dans les données manquantes. Enfin, du côté des données

catégorielles, la proportion de données manquantes n’est pas lié à la cohorte

d’appartenance ni au sexe de l’étudiant.

Analyses de cluster

L’analyse de cluster, ou analyse de regroupement, est un outil statistique qui

permet de grouper des participants qui ont vécu une expérience similaire pour obtenir des

profils distincts. C’est une approche centrée sur les participants plutôt que sur les

données. Elle nous permet ici de déterminer si différents profils de combinaison de

comportements existent chez les mentors - déterminés par la perception des protégés

rappelons-le – pour ensuite comparer les moyennes de QRM, de perception d’utilité du

mentorat et d’ajustement des protégés obtenues pour ces différents profils de

comportements. Nous n’avons pas opté pour des analyses de régression car la régression

est une approche statistique centrée sur les données. Elle nous aurait permis de comparer

entre eux les différents comportements de soutien des mentors de façon isolée, afin

d’identifier celui ou ceux davantage liés aux variables relationnelles et d’ajustement. Ce

n’était pas l’objectif de la présente étude.

La logique de base de l’analyse de cluster est que les participants (ici chaque

dyade de mentorat) peuvent être classés à partir de leurs ressemblances et de leurs

différences (Hartigan, 1975, dans Jurowski & Reich, 2000). Au départ, chaque dyade

constitue un cluster, puis graduellement et hiérarchiquement, elles sont classées jusqu’à

ce qu’elles fassent tous parties d’un regroupement. Dans le présent contexte, les dyades

de mentorat ont été groupées sur la base des comportements des mentors déterminés par

les réponses des protégés à l’ECM, suivant les étapes suivantes : Tout d’abord, les

données ont été standardisées. Ensuite, à l’aide de Proc Cluster du programme statistique

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

75

SAS (version 9.2), la méthode de classification hiérarchique basée sur la variance

minimum appelée Ward’s minimum-variance clustering method a été utilisée pour créer

des clusters hiérarchiques. La méthode Ward’s est l’une des deux méthodes

recommandées par Claudia & Allen (2000). Dans cette méthode, la mesure de similarité

squared Euclidean distance est la donnée interne sur laquelle le programme se fie pour

regrouper chaque participant ou cluster pour créer un plus grand cluster. Dans cette

méthode de classification hiérarchique, l’appartenance au cluster repose sur la

minimisation des variances à l’intérieur du cluster. Plus en détails, la somme des carrés de

toutes les variables est calculée. Un cluster sera créé, par le regroupement de deux

variables ou de deux clusters déjà créés, de façon à obtenir la plus petite augmentation

possible de la somme des carrés.

Ensuite, les règles ou critères entourant le nombre optimal de clusters à créer sont

appelés stopping rules (Shapiro, Boggs, Rodrigue, Urry, Algina, Hellman & Ewen, 1997;

Shapiro, Rodrigue, Boggs & Robinson, 1994) ou règle d’arrêt. Les statistiques suivantes

sont utiles afin de déterminer le nombre de cluster dans un jeu de données et ont été

utilisées dans notre étude : cubic clustering criterion (CCC), pseudo F (PSF) statistic et t2

(PST2) statistic. Une valeur du CCC supérieure à 2 ou 3 indique de bons clusters; des

valeurs se situant entre 0 et 2 indiquent des clusters envisageables mais qui doivent être

examinés avec prudence; des valeurs négatives peuvent indiquer la présence de données

extrêmes. Quant au PSF, des valeurs relativement grandes indiquent un point d’arrêt.

Puis, une règle générale pour interpréter les valeurs du PST2 consiste à examiner la

colonne de haut en bas jusqu’au moment de trouver la première valeur singulièrement

plus grande que les précédentes puis de remonter d’un cluster. Enfin, une représentation

graphique du processus de classification peut être utile dans l’interprétation des clusters

créés (SAS User’s Guide, 1999).

Résultats

La présentation des résultats se fait en deux parties. Tout d’abord, nous

présentons les résultats de l’analyse de cluster, accompagnés des scores moyens de

chaque cluster (profil de comportements) sur chaque dimension de l’ECM. Ensuite, nous

avons conduit une série d’analyses de variance (ANOVAs) suivies d’analyses de contraste

pour chacune des quatre dimensions afin de vérifier si les différences entre les profils

adjacents – sur chaque dimension comportementale – étaient statistiquement

significatives. Finalement, nous présentons les statistiques descriptives (moyennes et

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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écart-types) de la QRM (Temps 1), de la perception d’utilité du point de vue du protégé

(Temps 2) et de l’ajustement des participants (Temps 2) à la réalité des études collégiales

pour chaque profil de comportements (ainsi que pour le groupe contrôle en ce qui a trait à

l’ajustement). Dans le but de comparer les différents profils de comportements de mentors

en fonction de leur moyenne sur ces trois variables, nous avons conduit une série

d’ANOVAs et d’analyses de covariance (ANCOVAs) suivies par des analyses de

contraste. Les ANCOVAs accompagnées d’analyse de contraste nous ont permis de

comparer les scores d’ajustement des différents profils à ceux des participants du groupe

contrôle, tout en s’assurant que les variations n’étaient pas attribuables à des différences

qui existaient avant l’implantation du programme de mentorat. Puisque la durée des

relations (d’une durée prévue de huit mois) et la fréquence des rencontres ont varié (217

participants ont répondu avoir bénéficié de trois à 26 rencontres, pour une moyenne de 13

rencontres), nous avons vérifié leur effet possible sur la qualité du mentorat et l’ajustement

des protégés. Aucun effet significatif n’a été observé.

Analyse de regroupement

La technique de regroupement utilisée a produit quatre profils de comportements

de mentors, mesurés au Temps 1, après la quatrième rencontre de mentorat. Parce que

chaque mentor a accompagné plus d’un protégé, la grande majorité des mentors se

retrouve dans plusieurs profils sur la base de l’évaluation de leurs comportements par

leurs protégés. Nous observons un premier profil de comportements désigné Optimal

(42.7% des dyades), puisque l’ensemble des scores de ce profil se situe au-dessus de 3.5

sur 4.0. Le second profil est dénommé Contrôlant (19.5% des dyades) puisque tous ses

scores se situent au-dessus de 3.5 sur 4.0, à l’exception du soutien à l’autonomie qui

chute à 2.2 sur 4.0. Le troisième profil de comportements est appelé Suffisant (33.6% des

dyades) puisque ses scores se situent grosso-modo entre 3.0 et 3.3 sur 4.0. Enfin, le

quatrième et dernier profil est qualifié de Inadéquat (4.2% des dyades), puisque

l’ensemble de ses comportements se situe en-deçà de 2.0 sur 4.0. À l’intérieur de

chacune des quatre dimensions, les moyennes de la majorité des profils sont

significativement différentes entre elles et les tailles d’effet des différents F sont élevées,

selon le barème de Ferguson (2009). Le tableau 1 indique ces moyennes, les résultats

des ANOVAs et où se situent ces différences significatives selon des analyses de

contraste. La figure 1 offre une représentation graphique des quatre regroupements de

comportements.

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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Liens avec la qualité de la relation de mentorat

Une ANOVA suivie d’analyses de contraste ont été réalisés afin de déterminer si

les profils de comportements des mentors sont associés à la qualité de la relation établie

entre le protégé et son mentor. Tel que prédit, les moyennes de QRM obtenues pour

chacun des profils sont toutes significativement différentes entre elles, comme le montre le

tableau 1, et proportionnelles au niveau de conformité des mentors aux comportements

prescrits. Plus en détail, le profil Optimal obtient le score de QRM le plus élevé tandis que

le profil Inadéquat obtient le score le moins élevé, les deux autres scores se situent à mi-

chemin. La taille d’effet globale associée au F est modérée-élevée.

Liens avec la perception d’utilité

À nouveau une ANOVA suivie d’une analyse de contraste ont été réalisés afin de

déterminer si les comportements des mentors sont liés à la perception d’utilité que se sont

forgée les protégés de leur relation de mentorat. Il n’y a pas de différence significative

entre la perception d’utilité des protégés appartenant aux profils Optimal et Contrôlant (voir

le tableau 1 pour les scores précis). Par contre, des différences significatives apparaissent

entre ces deux profils et le profil Suffisant, puis entre le profil Suffisant et le profil

Inadéquat. Le profil Inadéquat obtient le plus bas score au plan de la perception d’utilité.

La taille d’effet globale associée au F est modérée. La figure 2 offre une représentation

graphique des scores de QRM et de perception d’utilité.

Liens avec l’ajustement collégial

Rappelons que quatre dimensions spécifiques et interreliées définissent le concept

d’ajustement collégial : l’ajustement scolaire, l’ajustement social, l’ajustement personnel et

émotif, et l’attachement à l’institution. Des ANOVAs suivies d’analyses de contraste ont

permis de vérifier si l’ajustement initial des étudiants des différents profils était similaire à

celui du groupe contrôle avant même le début du programme de mentorat. Ensuite, des

ANCOVAs suivies d’analyses de contraste ont permis de comparer, au Temps 2, les

quatre profils au groupe contrôle sur les quatre dimensions de l’ajustement, en contrôlant

pour le niveau initial d’ajustement. Les tableaux 2 et 3 ainsi que la figure 3 présentent

l’ensemble de ces informations.

Scores au pré-test. Il y a quelques différences significatives entre les profils et le

groupe contrôle en ce qui concerne les niveaux d’attachement à l’institution et

d’ajustement scolaire au pré-test. De fait, les étudiants qui constitueront ultérieurement le

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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profil Optimal avaient au départ un meilleur attachement à leur institution secondaire que

les élèves du groupe contrôle, tandis que les étudiants qui constitueront ultérieurement le

profil Inadéquat avaient au départ un moins bon attachement à leur institution que le

groupe contrôle. Quant à eux, les étudiants qui constitueront ultérieurement le profil

Contrôlant avaient au départ un moins bon ajustement scolaire au contexte secondaire

que les élèves du groupe contrôle. Le tableau 2 montre les résultats des ANOVAs et où se

situent les différences significatives. Les écarts de moyennes se situent entre 0.31 et 0.58

sur une échelle de Likert en neuf points, et les tailles d’effet associées au F sont

inférieures à ce qui est généralement suggéré en sciences sociales comme seuil (.04 pour

la statistique 2) pouvant indiquer qu’une différence statistiquement significative a aussi

une signification pratique, c’est-à-dire un effet concret chez les participants (Ferguson,

2009).

Comparaison entre les profils au post-test. En ce qui a trait aux distinctions

entre les groupes de protégés au Temps 2 une fois le niveau initial d’ajustement contrôlé,

le tableau 3 montre que seulement l’ajustement social varie en fonction des

comportements des mentors. De fait, le profil Optimal est mieux ajusté au plan social que

le groupe contrôle, et ce de 0.55 points sur une échelle de Likert en neuf points. Ensuite,

bien que la différence entre le profil Inadéquat et le groupe contrôle sur cette dimension

n’apparaisse pas significative lors du test de contraste, celle-ci est d’une hauteur de 0.57.

Comme le montre le tableau 3, la taille de ces effets est modeste et atteint le seuil minimal

suggéré par Ferguson (2009).

Discussion

La présente étude de nature quasi-expérimentale avait pour but d’explorer les liens

entre différents patrons de comportements de soutien et de structure de la part de

mentors, et la perception qu’ont les protégés de la QRM et de l’utilité du mentorat, ainsi

que leur ajustement lors de leur première année au collégial. À partir d’une recherche

évaluative de l’impact d’un programme de mentorat scolaire, nous avons créé des

regroupements de comportements de mentors mesurés par l’ECM (Brodeur et al., 2015).

Les comportements des mentors et la QRM ont été évalués selon le point de vue des

protégés suite à la quatrième rencontre de mentorat (un mois et demi après le début du

programme). Les ajustements scolaire, social, émotionnel et l’attachement institutionnel

des protégés et du groupe contrôle ont été examinés avant l’intervention puis suite à la

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

79

huitième rencontre de mentorat (trois mois après le début du programme). La perception

d’utilité du mentorat a aussi été évaluée suite à la huitième rencontre.

Quatre profils de comportements

Nous avons isolé quatre regroupements de comportements de mentors sur la base

des moyennes obtenues aux quatre dimensions de l’ECM. Ces profils ont été nommés

Optimal, Contrôlant, Suffisant et Inadéquat. Des différences significatives de tailles

importantes existent entre ces quatre groupes pour la majorité des échelles de l’ECM, soit

dans le cas de neuf écarts sur douze testés par analyses de contraste. Ces écarts

démontrent qu’en dépit de la formation et de l’encadrement offerts aux mentors, il peut

persister des distinctions substantielles dans les comportements de soutien et de structure

que ces derniers adoptent envers leurs protégés. Larose et ses collaborateurs (2010)

avaient observé le même phénomène chez un sous-échantillon de notre bassin de

protégés, mais en étudiant des comportements différents, soit l’engagement (qui équivaut

à notre construit du même nom), la directivité et la réciprocité, créant ainsi des profils

différents des nôtres. L’observation de profil de comportements distincts appuie

l’importance de bien former et encadrer les mentors puisque même au sein d’un

programme de mentorat formel, tous les mentors n’adoptent pas les comportements

attendus.

Il peut être utile de spéculer sur les causes de variation dans les comportements

des mentors afin de parvenir à mieux guider ces derniers dans l’application concrète des

principes d’action du mentorat. Ces divergences de comportements peuvent être

engendrées bien sûr par des caractéristiques des mentors (p. ex. la nature de leur

motivation à assumer le rôle de mentor; Tolan, Henry, Schoeny, Lovegrove & Nichols,

2014) mais aussi des protégés. Pour tenter d’identifier les causes de variation dans les

comportements, nous avons tout d’abord examiné quels mentors constituent les profils

Suffisant et Inadéquat (et ce en dépit de l’obtention préalable d’ICC très faibles). Le profil

Suffisant regroupe 81 protégés et concernent 46 mentors (sur une possibilité de 57). Par

comparaison, le profil Optimal regroupe 103 protégés et concernent 47 mentors. Le profil

Inadéquat quant à lui regroupe 10 protégés et concerne autant de mentors. Nous avons

vérifié comment les comportements de ces 10 mentors avaient été jugés par les autres

protégés qu’ils ont accompagnés. Tous ces 10 mentors se retrouvent classés dans deux,

trois ou quatre autres profils par leurs autres protégés. En conclusion, cette ventilation des

mentors entre les profils peut être difficilement attribuée à des caractéristiques de ces

Page 91: Mesure des comportements des mentors en contexte de …€¦ · et Dr Brian Morin, mes mentors, pour leur conseils, leurs enseignements, leurs encouragements, leur valorisation et

COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

80

derniers puisque la grande majorité des mentors se retrouvent classés par leurs protégés

dans plusieurs profils. Cela indiquerait donc que l’appartenance au profil dépendrait

strictement des comportements du mentor que ce dernier adapterait en fonction du

protégé, et/ou de la de la perception qu’a le protégé de ces comportements, ce qui

mènerait à l’obtention d’ICC aussi bas.

De fait, des études ont démontré que des variables associées aux protégés (p. ex.

motivation, ajustement préalable, performance scolaire, type d’attachement, locus de

contrôle; Dubois et al., 2011; Eby et al., 2013; Larose, Bernier & Soucy, 2005; Wang,

Tomlinson & Noe, 2010) influenceraient soit l’attitude des mentors, soit la perception

qu’ont les protégés des comportements de leur mentor. Dans la présente étude, ces

variables n’ont pas été étudiées, à l’exception du niveau d’ajustement préalable des

protégés. Selon cette donnée, les protégés qui étaient mieux ajustés à la réalité du

secondaire ont généralement par la suite attribué des scores plus élevés à l’ECM, soit à la

mesure de comportements de mentors. Il resterait à déterminer si les mentors des

protégés mieux ajustés ont effectivement adopté plus facilement les comportements de

structure et de soutien suggérés, ou si les protégés mieux ajustés ont perçu plus

positivement les agissements de leur mentor. Ces aspects seront discutés plus en détails

dans la section qui traite de l’influence de l’ajustement initial.

Selon la logique que des caractéristiques des protégés peuvent influencer leur

perception des comportements de leur mentor, nous avons jugé pertinent de nous

pencher sur quelques variables sociodémographiques afin de vérifier si les quatre

regroupements sont constitués de protégés ayant des caractéristiques distinctes ou

similaires. Nous nous sommes intéressés au sexe, à l’âge, au collège d’appartenance et

au programme collégial suivi. Tout d’abord, les moyennes d’âge des protégés sont les

mêmes entre les profils, se situant toutes entre 16.55 ans et 16.80 ans. Ensuite, un même

ratio homme-femme s’observe au sein de chacun des profils. Aucun écart entre les profils

n’existe non plus en ce qui a trait au collège et au programme fréquenté. Ces variables ne

sont donc pas des pistes explicatives de la variation des comportements des mentors

selon le point de vue des protégés.

Dans un autre ordre d’idées, nous nous sommes questionnés sur les facteurs qui

ont pu mener la dimension du soutien à l’autonomie à se comporter de façon unique, c'est-

à-dire que la variation de ce comportement d’un profil à l’autre n’est pas similaire à la

variation des trois autres comportements. Deux hypothèses sont envisagées. En premier

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

81

lieu, serait-il possible que le soutien à l’autonomie soit un construit qui se distingue

davantage des trois autres dimensions en comparaison aux trois autres dimensions entre

elles? C’est du moins ce que l’étude de validation de l’ECM de Brodeur et ses

collaborateurs (2015) a suggéré par des analyses factorielles, soit que ce facteur est

moins corrélé aux trois autres facteurs, qui eux le sont davantage entre eux. Ainsi la

structure, l’engagement et le soutien au sentiment de compétence auraient en commun un

ou des éléments conceptuels non partagés avec le soutien à l’autonomie, de par la nature

de leur construit ou de leurs items. Cela aurait comme conséquence de faire varier les

trois premières dimensions comportementales de façon plus semblable, c’est-à-dire que

dans la mesure où un mentor fait preuve de beaucoup d’engagement, il aura forcément

tendance à faire preuve aussi de beaucoup de soutien au sentiment de compétence et de

structure. Comme seconde hypothèse, serait-il possible que les mentors du profil

Contrôlant aient décidé de faire preuve non pas de contrôle tel que perçu

traditionnellement de façon péjorative, mais plutôt de directivité ou de prise en charge

envers certains de leurs protégés? Cet aspect sera aussi approfondi dans la section qui

traite de l’influence de l’ajustement initial.

Qualité du mentorat et perception d’utilité

Le second objectif de notre étude était d’examiner si certains profils de

comportements sont plus fortement associés à la QRM et à la perception d’utilité que

d’autres. En ce qui a trait à la première variable dépendante, les résultats démontrent sans

équivoque que plus les mentors ont fait preuve de soutien et de structure, plus les

protégés ont évalué positivement la QRM. Le lien entre les comportements des mentors et

la perception des protégés de l’utilité du mentorat est similaire, à l’exception des profils

Optimal et Contrôlant pour qui les protégés ont perçu le mentorat tout aussi utile, et plus

que les profils Suffisant et Inadéquat. Cette similitude dans la perception d’utilité par les

profils Optimal et Contrôlant n’est pas surprenante, et ce pour trois raisons. Tout d’abord,

spécifions que ces deux profils se distinguent seulement sur la base du soutien à

l’autonomie et à très moindre mesure sur la base de la structure. De plus, le niveau de

contrôle pour le profil du même nom est modéré et non pas élevé (les items de soutien à

l’autonomie sont en fait des items mesurant le contrôle, qui sont par la suite inversés).

Enfin, pour ces deux profils les niveaux de structure, d’engagement et de soutien au

sentiment de compétence sont élevés. À l’instar des études qui démontrent que certains

types de protégés semblent tirer davantage profit d’une relation de mentorat dans laquelle

Page 93: Mesure des comportements des mentors en contexte de …€¦ · et Dr Brian Morin, mes mentors, pour leur conseils, leurs enseignements, leurs encouragements, leur valorisation et

COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

82

le mentor fait preuve d’une part modérée de directivité et tel que mentionné

précédemment, il est possible que certains protégés de notre échantillon qui ont été

appariés à des mentors plus directifs aient apprécié cette forme d’encadrement plus

stricte, plutôt que de le vivre comme un manque de respect de ses choix et préférences.

C’est d’ailleurs ce que Larose et ses collaborateurs (2010) ont démontré, à l’aide d’un

échantillon distinct du nôtre et en créant des groupements à partir d’autres comportements

de mentors, que le profil authoritative caractérisé par des mentors engagé au plan

émotionnel, directif (assumer parfois le contrôle de la relation) et démocratique étaient

corrélé à davantage de bénéfices (motivation scolaire, ajustement social, certitude

vocationnelle, persévérance scolaire) pour le protégé que le style permissif (beaucoup

d’engagement émotionnel et de réciprocité mais de très peu de directivité). Qui plus est,

rappelons que les étudiants du profil Contrôlant avaient au départ un moins bon

ajustement scolaire (réfère aux attitudes et comportements en regard des exigences

scolaires des enseignants, du programme d’étude ou encore de l’institution) au contexte

secondaire que les élèves du groupe contrôle, ce qui pourrait expliquer qu’ils aient

apprécié bénéficier d’un mentor directif. Par la suite, leur ajustement post-test est venu

rejoindre celui du groupe contrôle, ce qui appuie l’idée que les comportements directifs de

leur mentor leur ont été bénéfiques, du moins sur cet aspect de l’ajustement.

D’autre part, il est notable qu’à la fois la QRM et la perception d’utilité soient

supérieures pour le profil Contrôlant comparativement au profil Suffisant, profils qui se

distinguent sur les quatre comportements de mentor. Ce résultat suggère soit qu’un

contrôle modéré de la part d’un mentor n’est pas néfaste, soit que les niveaux plus élevés

de structure et de soutien du profil Contrôlant aient pallié le manque de soutien à

l’autonomie de ces mentors, si effectivement leur comportement a été considéré comme

du contrôle et non de la directivité.

Liens entre mentorat et ajustements

Ajustement post-intervention. Après avoir contrôlé pour le niveau initial

d’ajustement, nous avons observé que seulement l’ajustement social des protégés différait

du groupe contrôle en fonction des comportements des mentors. Rappelons que

l’ajustement social se mesure à partir des perceptions qu’a l’élève de son engagement

social dans les activités parascolaires du collège, de la qualité de sa relation avec les

pairs, les professeurs et les colocataires et de la nostalgie pouvant découler de la

séparation du milieu familial et du réseau social du secondaire (Larose et al., 1996). Plus

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

83

en détails, le profil Optimal fut mieux ajusté au plan social que le groupe contrôle, et le

profil Inadéquat socialement moins bien ajusté, écarts qui n’était pas présents au pré-test.

La taille de ces effets est modeste, ce qui fait écho aux tailles d’effet compilées par les

différentes méta-analyses portant sur le mentorat. Bien que ces mêmes études ne sont

pas parvenues à cerner des variables d’ajustement qui seraient globalement davantage

influencées que d’autres par le mentorat, nos résultats corroborent ceux de Larose et ses

collaborateurs (2010) qui ont observé eux aussi que les protégés exposés au profil

authoritative de mentorat ont, entre autres choses, rapporté un meilleur ajustement social

que les étudiants d’un groupe contrôle, mais non un meilleur ajustement scolaire.

L’effet exclusif du mentorat sur le fonctionnement social du protégé nous rappelle

qu’au-delà des activités partagées, des enseignements prodigués ou des comportements

adoptés par le mentor, le mentorat consiste par son essence en une stratégie relationnelle

d’intervention. Par conséquent, il est susceptible en premier lieu d’influencer le

fonctionnement social du protégé, que ce soit sa façon d’être en relation ou sa perception

des différents individus avec qu’il entre en interaction, ce qui fait d’ailleurs écho à la façon

dont est opérationnalisé le construit d’ajustement social dans notre étude. Qui plus est, le

modèle de Rhodes (2005; Rhodes et al., 2006) suggère que certains bénéfices du

mentorat à l’égard du développement socio-émotionnel d’un jeune passeraient par une

amélioration des interactions entre lui et ses proches (p. ex. parents et pairs). En effet, le

protégé deviendrait plus habile à former des liens constructifs avec les autres comme

conséquence de son développement socio-émotionnel amélioré grâce à la relation intime

positive qu’il a bâti avec son mentor. Par des mécanismes probablement semblables,

Langhout, Rhodes et Osborne (2004) ont observé qu’une relation de mentorat dans

laquelle il y a peu de structure et d’attentes apparaît nuisible pour le protégé, puisqu’elle

augmente l’aliénation parentale. Les auteurs expliquent ce résultat en suggérant qu’un

mentor adoptant une attitude permissive et d’acceptation inconditionnelle face à son

protégé fait compétition et même supplante les relations de proximité du protégé, au lieu

d’amener ce dernier à développer sa capacité à aller chercher soutien et intimité auprès

de ses parents.

L’effet des comportements du mentor sur l’ajustement du protégé n’a pas été que

bénéfique. Les protégés appariés à des mentors dont les comportements ont été qualifiés

d’inadéquats se sont retrouvés en fin de 1e session moins bien ajustés que les étudiants

du groupe contrôle. Cette observation corroborent différentes études qui ont mis en

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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évidence qu’un mentorat de mauvaise qualité peut avoir des effets délétères sur le

fonctionnement du protégé, et pas seulement ne pas apporter de bénéfice (p. ex. Eby et

al., 2010; Johnson & Huwe, 2002). Cet ajout au bassin d’études rapportant des effets

néfastes du mentorat nous rappelle encore une fois de bien encadrer les comportements

des mentors. Il est notable que même dans un programme de mentorat tel MIRES qui

formait et suivait les mentors, une minorité de ceux-ci ne sont pas parvenue à atteindre un

seuil minimal dans l’application des comportements enseignés, cependant auprès d’un

seul de leurs protégés précisons-le.

L’absence d’effet significatif pour les ajustements émotif et scolaire et l’attachement

institutionnel ne va pas dans le sens que ce que nous avions prédit, soit que les

différentes facettes de l’ajustement des protégés varieraient significativement du groupe

contrôle en fonction des comportements des mentors. Un bémol doit être mis sur ces

résultats, en ce qui a trait au profil Insuffisant. Lorsque nous regardons les différences

absolues (moyennes marginales estimées) au plan de l’ajustement scolaire et de

l’attachement institutionnel entre ce profil et le groupe contrôle, nous observons que ces

écarts sont supérieurs à la différence de moyenne sur la dimension d’ajustement social,

bien que leur F ne soit pas significatif. Cela est très certainement causé par le petit

nombre (n = 10) de protégés constituant le profil Insuffisant, ce qui diminue de façon

importante la puissance statistique, soit la possibilité de détecter l’effet du mentorat sur

l’ajustement des protégés. Cependant, rappelons l’hypothèse de biais dans les données

manquantes du groupe contrôle en ce qui a trait à ces deux dimensions du SACQ

(ajustement scolaire et de attachement institutionnel). Si cette hypothèse s’avère et que ce

biais est assez important pour diminuer la moyenne obtenue par les étudiants du groupe

contrôle sur ces deux dimensions, alors les différences entre ces étudiants et le profil

Inadéquat au plan de l’ajustement scolaire et de l’attachement institutionnel s’en verraient

diminuées, ce qui par conséquent affaiblirait la probabilité que les écarts entre le groupe

contrôle et le profil Insuffisant reflètent de réelles différences dans la population. Pour les

trois autres profil, les moyennes obtenues à l’ajustement scolaire et à l’attachement

institutionnel sont très près des moyennes obtenues par les étudiants du groupe contrôle.

Alors il serait surprenant que ces absences de différence soient uniquement causées par

le biais présumé dans les données manquantes du groupe contrôle.

Influence de l’ajustement initial. Rappelons qu’il y a au pré-test des différences

significatives dans l’ajustement entre certains groupements de protégés et le groupe

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

85

contrôle, ce qui n’était pas attendu. Effectivement, les étudiants associés au profil Optimal

avaient au départ un meilleur attachement à leur institution secondaire que les élèves du

groupe contrôle, tandis que les étudiants qui associés au profil Inadéquat avaient au

départ un moins bon attachement à leur institution que le groupe contrôle. Quant à eux,

les étudiants associés au cluster Contrôlant avaient au départ un moins bon ajustement

scolaire au contexte secondaire que les élèves du groupe contrôle. Les tailles d’effet sont

inférieures à ce qui est généralement suggéré en sciences sociales comme seuil (.04 pour

la statistique 2) pouvant indiquer qu’une différence statistiquement significative a aussi

une signification pratique, c’est-à-dire un effet concret chez les participants (Ferguson,

2009), mais néanmoins cela témoigne d’une tendance qui mérite considération bien que

cet aspect ne fût pas une cible de la présente étude. Globalement et tel que mentionné

précédemment, les écarts d’ajustement au pré-test entre certains profils soulèvent

l’hypothèse que le fonctionnement des protégés influencent les comportements des

mentors ou bien les perceptions qu’ont les protégés de ces comportements. Nous

approfondissons ici la réflexion sur la première hypothèse. Comme Keller et Pryce (2012),

Reis, Collins et Berscheid (2000) ainsi que Schwartz, Rhodes, Chan et Herrera (2011)

l’ont démontré, le mentorat est une relation dynamique et bidirectionnelle dans laquelle

chaque acteur influence l’autre. Par conséquent, il est fort probable qu’un mentor apparié

à un protégé moins bien ajusté ne se comportera pas de la même manière qu’un mentor

en relation avec un protégé qui a un niveau de fonctionnement plus élevé. Par exemple,

Green et Bauer (1995) ont vérifié si le potentiel scolaire du protégé pouvait prédire sa

perception de la quantité de mentorat reçu. Ils ont aussi examiné si les protégés qui

bénéficiaient de plus de mentorat performaient mieux dans le futur. Les résultats de cette

étude viennent appuyer l’idée selon laquelle les mentors recherchent des protégés ayant

du potentiel et fournissent davantage de mentorat à ceux qui font preuve de plus de

capacités. En contrepartie, cette étude n’est pas venue appuyer l’assomption selon

laquelle davantage de mentorat augmenterait la performance scolaire des protégés.

En ce qui a trait spécifiquement à la dimension de contrôle du profil du même nom,

son ampleur modérée peut avoir été accueillie positivement par des protégés plus

insécures face à la nouveauté et à l’autonomie qu’exige la vie collégiale. Tel que présumé

précédemment, ils auraient ainsi tiré profit d’une certaine dose de directivité au lieu d’avoir

subie du contrôle superflue et invalidant de la part de leur mentor. Qui plus est, il n’est pas

impossible de présumer que ce sont justement les lacunes au plan de l’ajustement

scolaire des protégés qui ont amené leur mentors à agir de façon plus directive, soit parce

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

86

que les mentors évaluaient que leur protégé tirerait profit de comportements directifs, soit

parce que les protégés eux-mêmes ont demandé ou permis à leur mentor de faire preuve

de plus de directivité. Si cette hypothèse s’avérait, c’est possiblement par ce mécanisme

que les protégés en seraient venus ensuite à percevoir plus utiles leur relation de mentorat

de type « Contrôlant ». En effet, en présence d’un protégé moins confiant face à ses

capacités scolaires, peu satisfait de ses performances au secondaire, moins assidu dans

son travail scolaire mais ayant tendance à la procrastination, moins intéressé par l’école

ou les études, un mentor peut faire le choix de jouer un rôle plus actif tout en faisant

néanmoins preuve d’attention, de compréhension, de valorisation et de respect des

préférences de son protégé, ce qui décrit d’ailleurs le profil Contrôlant. Lorsque nous

examinons les deux items de l’ECM qui forment la dimension de soutien à l’autonomie,

soit « Dans une discussion, mon mentor parle plus que moi » et « Mon mentor prend

souvent des décisions pour moi », nous constatons que ces comportements peuvent être

tout à fait indiqués auprès de ce sous-type de protégé. Par exemple, le mentor peut parler

davantage que son protégé dans le but de structurer les rencontres, lui offrir plusieurs

options, lui fournir conseils et informations, le valoriser et l’encourager dans ses choix et

initiatives ou encore l’aider à entrevoir les choses sous différents angles dans des

situations d’échec, d’indécision ou d’inquiétudes. Ensuite, le mentor peut prendre des

décisions bénéfiques pour son protégé dans un contexte où celui-ci ne parvient pas à

choisir entre deux alternatives qui lui conviennent tout autant, ou dans le but de l’amener à

participer à des activités formatrices qui rejoignent ses intérêts et pourront potentiellement

lui faire vivre des réussites.

Points forts et limites de l’étude

Tout d’abord et à notre connaissance, seulement deux autres études dans

l’ensemble de la littérature scientifique dans les domaines du mentorat scolaire et pour

jeune ont exploité l’analyse de cluster dans le but de distinguer différents profils de

comportements de mentors, soit l’étude de Larose et collaborateur (2010) et celle de

Langhout, Rhodes et Osborne (2004). L’étude de Schwartz, Rhodes, Chan et Herrera

(2011) s’est quant à elle penchée non pas sur les comportements des mentors, mais sur

la qualité des relations des protégés pré-intervention (avec parents, enseignants et pairs),

pour déterminer leur effet modérateur sur les impacts du mentorat. L’analyse de cluster

est une méthode statistique qui permet de fouiller des données de façon plus précise et

nuancée, ce que ne permet pas de faire la comparaison habituelle entre un groupe

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

87

expérimental entier et un groupe contrôle. Effectivement, la comparaison de sous-groupes

de protégés bénéficiant d’expériences diverses de mentorat a le potentiel de raffiner notre

compréhension des mécanismes d’efficacité de ce type d’intervention. De fait, nos

résultats démontrent que même à l’intérieur d’un programme structuré les mentors

n’adoptent pas tous les mêmes comportements, ce qui dément la croyance selon laquelle

de bonnes intentions suffisent à rendre une relation de mentorat prévisible, saine et

bénéfique.

Dans un autre ordre d’idée, le fait qu’un laps de temps de deux mois se soit

déroulé entre la mesure des comportements et celle de l’ajustement des protégés a

certainement permis d’une part que le protégé se familiarise et se stabilise face à son

arrivée au collégial, et d’autre part que la relation de mentorat s’instaure puis que des

bénéfices commencent à apparaître. De fait, Keller (2005) a proposé qu’une relation de

mentorat se développe en suivant cinq étapes dont la première serait la contemplation de

la relation (anticipation et préparation), la seconde l’initiation de la relation, puis la

troisième le développement et le maintien de la relation. L’auteur n’a cependant pas fourni

de barème temporel à ces étapes. D’autre part, ce délai de deux mois peut aussi avoir

permis à ce que des variables contaminantes entrent en jeu et viennent influencer,

positivement ou négativement, l’ajustement des protégés. Par exemple, il peut se

développer une relation privilégiée avec un nouvel enseignant, ou à l’opposé une difficulté

à s’adapter au contexte moins encadrant du système scolaire collégial, ou encore le fait

que quitter le domicile familial exige son lot d’adaptation. Pour continuer au plan des

limites de la présente étude, soulignons que le questionnaire de perception d’utilité est un

outil-maison qui n’a pas fait l’objet d’une validation formelle. Nous devons donc rester

prudents face aux conclusions et généralisation que nous en tirons. D’autre part, un

niveau dans la chaîne causale des mécanismes du mentorat n’a pas été investigué dans

notre étude, soit les sentiments des protégés (sentiment de compétence, d’appartenance

et besoin d’autonomie) avancés par le MSM et originellement par la théorie de

l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985; 1990; Ryan & Deci, 2000). Effectivement, nous

avons mesuré les comportements des mentors puis observé ces effets sur la QRM sans

s’assurer que les besoins psychologiques des protégés étaient préalablement répondus,

soit les besoins de se sentir académiquement compétent, de se sentir appartenir à une

communauté scolaire, et de sentir que ses choix d’études et de carrière sont

autodéterminés. Bien que la mesure des comportements soit basée sur la perception des

protégés et que cela nous rapproche donc de leur vécu subjectif, nous ne pouvons

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

88

prendre pour acquis que les besoins ci-haut nommés ont été nécessairement rencontrés.

Dans le cas contraire, cela pourrait expliquer pourquoi la QRM et la perception d’utilité du

mentorat augmentent proportionnellement au volume de structure et de soutien perçus par

le protégé, mais non tous les aspects de l’ajustement des protégés. Enfin, l’observation de

cluster à posteriori plutôt que l’assignation aléatoire des protégés à différents profils de

comportements de mentors nous empêche de formuler des hypothèses de nature causale.

Effectivement, nous ne pouvons que constater qu’il existe des liens entre l’opinion des

protégés quant aux comportements de leur mentor et l’ajustement de ces mêmes

protégés.

En conclusion, la présente étude a permis de démontrer que malgré une formation

offerte au mentor et un suivi de leurs comportements auprès des protégés, les mentors

adoptent néanmoins des comportements distincts, au point que les protégés des différents

profils n’obtiennent pas les mêmes moyennes aux mesures de QRM, de perception

d’utilité du mentorat et d’ajustement social. De plus, les écarts d’ajustement au pré-test

d’un profil à l’autre semblent venir appuyer la vision selon laquelle le mentorat est une

relation bidirectionnelle dans laquelle le protégé influence le comportement du mentor.

Des études subséquentes pourraient s’attarder à deux nouvelles voies non explorées à ce

jour, soit 1) tenter d’identifier à partir de quelle intensité de comportements (ou tout autre

attitude ou caractéristique propre aux mentors) l’ajustement des protégés se voit affecté,

que ce soit positivement ou de façon délétère, et 2) identifier plus en détails les besoins

spécifiques des protégés pour leur fournir une expérience de mentorat plus adaptées à

leur niveau d’ajustement initial.

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

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Références

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

94

Tableaux Tableau 1

Tableau 6Nombre et pourcentage de protégés par profil; moyennes et écarts-types des quatre dimensions comportementalesa, de la QRM et de la perception d’utilité par profil, et résultats des analyses de variance et tests de contraste

Structure Engagement Autonomie Compétence QRM Utilité

Profil n % M ETb M ET M ET M ET M ET M ET

Optimal 103 42.74 3.75 0.32 4.00a 0.00 3.57 0.46 3.63c 0.41 5.55 0.61 5.61c 0.87

Contrôlant 47 19.50 3.57 0.35 3.97a 0.12 2.24b 0.66 3.77c 0.26 5.25 0.62 5.67c 0.71

Suffisant 81 33.61 3.25 0.50 3.33 0.47 3.32 0.68 2.93 0.62 4.85 0.73 5.08 0.78

Inadéquat 10 4.15 1.87 0.71 2.05 0.76 2.05b 0.83 1.97 0.55 3.00 1.43 4.07 1.32

Total 241

F F(3, 237) 126.83

F(3, 236) 171.70

F(3, 236) 65.67

F(3, 236) 71.91

F(3, 236) 47.82

F(3, 206) 14.85

p .001 .001 .001 .001 .001 .001

2 .62 .69 .45 .48 .38 .18

Note. QRM = Qualité de la relation de mentorat; Utilité = Perception d’utilité du mentorat par le protégé. Les moyennes d’une même colonne qui partagent la même lettre ne sont pas significativement différentes entre elles. aMesurées par l’Échelle de comportement des mentors (ECM). bLes écarts-types de la dimension structure sont en fonction des scores sur 5.25 et non des scores sur 4 comme c’est le cas pour les trois autres échelles.

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

95

Tableau 2

Tableau 7Moyennes et écarts-types des quatre dimensions d’ajustementa au pré-test pour le groupe contrôle et chaque profil, et résultats des analyses de variance et tests de contraste

Groupe

contrôle Optimal Contrôlant Suffisant Inadéquat

(n = 246) (n = 103) (n = 47) (n = 78) (n = 10)

Dimension Pré-test Pré-test Pré-test Pré-test Pré-test

SACQ M ET M ET M ET M ET M ET F(4, 479) p 2

Social 7.75 1.18 7.92 1.28 7.70 1.06 7.63 0.99 7.34 1.88 1.05 .381 .01

Émotif 6.34 1.12 6.69 1.06 6.38 1.10 6.42 1.03 6.43 1.34 1.87 .115 .02

Scolaire 6.83 1.22 7.02 1.18 6.27 1.30 6.82 1.15 6.71 1.60 3.10 .015 .03

Institution 7.62 0.93 7.93 0.85 7.52 1.15 7.58 0.91 7.04 1.22 3.61 .006 .03

Note. Pré-test = Temps 0. Les scores en gras sont significativement différents du score du groupe contrôle à l’intérieur d’une même dimension d’ajustement. aMesuré par le Student Adaptation to College Questionnaire (SACQ).

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

96

Tableau 3

Tableau 8Moyennes et écarts-types des quatre dimensions d’ajustementa au pré-test et au post-test pour le groupe contrôle et chaque profil, et résultats des analyses de covariance au post-test et tests de contraste

Groupe contrôle Optimal Contrôlant Suffisant Inadéquat

(n = 246) (n = 200) (n = 103) (n = 92) (n = 47) (n = 41) (n = 78) (n = 66) (n = 10) (n = 10)

Dimension Pré-test Post-testb Pré-test Post-testb Pré-test Post-testb Pré-test Post-testb Pré-test Post-testb Post-test

SACQ M ET M ET M ET M ET M ET M ET M ET M ET M ET M ET F(4, 403)c

p 2

Social 7.75 1.18 7.29 1.44 7.92 1.28 7.84 1.21 7.70 1.06 7.49 1.10 7.63 0.99 7.45 1.16 7.34 1.88 6.72 1.63 4.16 .003 .040

Émotif 6.34 1.12 5.82 1.29 6.69 1.06 5.77 1.26 6.38 1.10 5.43 1.22 6.42 1.03 5.92 1.14 6.43 1.34 5.56 1.52 1.38 .240 .014

Scolaire 6.83 1.22 5.80 1.34 7.02 1.18 5.64 1.42 6.27 1.30 5.84 1.44 6.82 1.15 5.91 1.39 6.71 1.60 5.22 1.32 1.23 .299 .012

Institution 7.62 0.93 7.44 1.16 7.93 0.85 7.45 1.38 7.52 1.15 7.30 1.09 7.58 0.91 7.53 1.07 7.04 1.22 6.71 1.44 1.30 .273 .013

Note. Pré-test = Temps 0; Post-test = Temps 2. Le score en gras est significativement différent du score du groupe contrôle à l’intérieur de la dimension

d’ajustement social. aMesuré par le Student Adaptation to College Questionnaire (SACQ). bMoyennes marginales estimées. cF(4, 401) pour les dimensions émotif et scolaire.

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COMPORTEMENTS DES MENTORS ET AJUSTEMENT COLLÉGIAL DES PROTÉGÉS

97

Figure

Figure 4

Figure 1. Représentation graphique des quatre profils (regroupements) de comportements de mentors

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0

3,5

4,0

Sco

res m

oyen

s p

ar

clu

ste

r

Structure Engagement Autonomie Compétence

Dimensions comportementales de l'ECM

Inadéquat (4.2%)

Suffisant (33.6%)

Contrôlant (19.5%)

Optimal (42.7%)

Sco

res

mo

yen

s p

ar p

rofi

ls

Dimensions comportementales de l’ECM

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98

Chapitre 4 : Conclusion

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99

Résumés des objectifs et des résultats

L’objectif général de cette thèse était de mesurer et documenter le rôle des

comportements des mentors au regard de la qualité de la relation de mentorat et

l’ajustement des protégés. Cet objectif a été examiné dans le contexte d’un programme de

mentorat scolaire impliquant des étudiants universitaires comme mentors et des nouveaux

arrivants au collège comme protégés. En dépit de l’élaboration de quelques modèles et

questionnaires dans le domaine du mentorat au cours des 15 dernières années, un

gouffre important demeure presque entier quant à l’identification, l’opérationnalisation et la

mesure des comportements des mentors les plus aptes à construire une relation de

mentorat de qualité et favoriser le fonctionnement et l’ajustement des protégés. Les deux

études de la présente thèse se sont appliquées à pallier ces lacunes en s’inspirant des

prémisses du modèle sociomotivationnel du mentorat (MSM; Larose & Tarabulsy, 2014).

Le MSM propose des comportements précis que le mentor doit adopter s’il souhaite

optimiser la relation de mentorat et mener à un meilleur ajustement chez son protégé : la

structure, l’engagement, le soutien à l’autonomie et le soutien au sentiment de

compétence. La première étude avait pour objectif de développer et valider un outil de

mesure spécifique à ces comportements. Pour ce faire, nous avons développé l’Échelle de

comportement des mentors (ECM), et exploré sa cohérence interne puis sa validité de

construit à l’aide d’une analyse factorielle confirmatoire (AFC). Ensuite, différentes

corrélations ont été explorées entre l’ECM et des indicateurs de qualité et d’utilité du

mentorat. Sommairement, la présence des quatre facteurs a été confirmée par les AFC et

l’outil possède de bonnes qualités psychométriques au plan de sa fidélité et de sa validité

de construit, dont la capacité de prédire la qualité de la relation de mentorat (QRM) et la

perception d’utilité de l’intervention. La seconde étude de nature quasi-expérimentale avait

pour objectif d’explorer les liens entre d’une part l’exposition des protégés à différents

patrons de comportements de soutien et de structure de la part des mentors, et d’autre

part la perception qu’ont les protégés de la qualité du mentorat et de leur ajustement. Par

des analyses de clusters, de variance et de covariance, l’étude a montré qu’à l’intérieur

d’un programme structuré de mentorat scolaire au sein duquel les mentors avaient

bénéficié d’une formation et d’un suivi, les comportements de ces derniers ont néanmoins

varié de façon substantielle au regard de l’intensité de la structure et du soutien prodigués,

au point que certains profils de comportements sont plus fortement associés à la qualité

de la relation de mentorat et la perception qu’avaient les protégés de l’utilité de cette

intervention. Les résultats ont aussi montré que la variation dans les comportements des

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100

mentors est associée à une variation de l’ajustement social des protégés, même en

contrôlant pour le niveau initial d’ajustement.

Plus en détails maintenant, l’étude 1 a mené à la création d’un questionnaire

constitué de 15 items répartis en quatre sous-échelles. Les dimensions comportementales

couvertes par l’ECM sont la structure (huit items), l’engagement (deux items), le soutien à

l’autonomie (deux items) et le soutien au sentiment de compétence (trois items). Les

données exploitées ont été recueillies à deux moments, soit un mois après le début du

programme de mentorat puis quatre mois suivant ce premier temps de mesure. L’outil

possède de bons coefficients de cohérence interne comme en a témoigné le calcul des

alphas ordinaux, particulièrement cinq mois suivant le début du programme où le

coefficient de cohérence interne du facteur soutien à l’autonomie a atteint un niveau quasi-

suffisant. Au plan factoriel, la présence des quatre facteurs a été confirmée par l’AFC.

Toujours au plan de la validité de l’instrument, les corrélations moyennes prédites entre

les scores à l’ECM aux Temps 1 et 2 ont été observées. Au plan de la validité

concomitante, les scores à l’ECM étaient moyennement à fortement corrélés à la QRM

mesurée aux mêmes moments, à l’exception du soutien à l’autonomie qui l’était

faiblement. Ensuite, des corrélations de faibles à moyennes ont été observées entre la

perception d’utilité du mentorat et les scores à l’ECM au Temps 2, à l’exception encore

une fois du score de soutien à l’autonomie. Ces résultats indiquent que l’ECM est un

questionnaire de qualité, qui serait néanmoins amélioré par une bonification de la

dimension soutien à l’autonomie, soit en ajoutant un ou des items, soit en modifiant la

formulation des items déjà existants. Par exemple, il est possible que le soutien à

l'autonomie ait été perçu par certains protégés comme une forme réelle de soutien et par

d'autres comme un manque d'encadrement.

Quant à elle, l’étude 2 a réparti les dyades de mentorat en quatre profils

significativement distincts de comportements de mentors, en se basant sur le point de vue

des protégés. Le premier profil de comportements a été désigné Optimal (42.7% des

dyades), puisque l’ensemble de ses scores se situait au-dessus de 3.5 sur 4.0. Le second

profil de comportements a été dénommé Contrôlant (19.5%) puisque tous ses scores se

situaient au-dessus de 3.5 sur 4.0, à l’exception du soutien à l’autonomie qui se trouvait à

2.2 sur 4.0. Le troisième profil a été appelé Suffisant (33.6%) puisque ses scores se

situaient grosso-modo entre 3.0 et 3.3 sur 4.0. Enfin, le quatrième et dernier profil de

comportements de mentors a été qualifié d’Inadéquat (4.2%), puisque l’ensemble de ses

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101

comportements se situait en-deçà de 2.0 sur 4.0. Les résultats ont démontré sans

équivoque que les différents patrons de comportements ne sont pas liés à la QRM (deux

mois plus tard) et la perception d’utilité du mentorat (trois mois plus tard) de la même

façon. Les protégés du profil Optimal ont évalué plus positivement la relation de mentorat

et les protégés du profil Inadéquat plus négativement, tandis que les protégés des profils

Contrôlant et Suffisant se situent à mi-chemin, à l’avantage des premiers. Les protégés

des profils Optimal et Contrôlant ont perçu plus utile le mentorat, davantage que les

protégés du profil Suffisant, qui à leur tour l’ont perçu plus utile que les protégés du profil

Inadéquat. Ce n’est pas sans signification que les protégés des profils Optimal et

Contrôlant ont perçu le mentorat tout aussi utile. Aussi, il est notable qu’à la fois la QRM et

l’utilité du mentorat aient été jugés supérieurs pour le profil Contrôlant comparativement au

profil Suffisant. Quant au lien avec l’ajustement, les protégés associés au profil Optimal

furent mieux ajustés au plan social que le groupe contrôle, et les protégés associés au

profil Inadéquat socialement moins bien ajustés, et ce trois mois après le début du

programme. La taille de ces effets est modeste. Cependant, il y a eu absence de

différence significative entre le groupe contrôle et les profils en ce qui a trait aux

ajustements émotif et scolaire et à l’attachement institutionnel. Ces résultats indiquent qu’il

y a des écarts importants dans les comportements que les mentors adoptent et que la

notion de contrôle, ou de soutien à l’autonomie, jouerait un rôle dans l’élaboration de la

QRM et de la perception d’utilité des protégés. Les résultats suggèrent aussi que le

mentorat scolaire influencerait plus facilement l’ajustement social des protégés que les

autres dimensions d’ajustement.

Contributions principales

L’étude 1 a mené à la création d’un questionnaire innovateur, appuyé

théoriquement et validé empiriquement. En 2015, année de publication de cette thèse, il

n’y avait toujours pas d’étude ni de questionnaire qui se penchaient exclusivement sur les

comportements des mentors, outre ceux produits par l’équipe de chercheurs impliqués

dans la présente démarche. La seule exception est l’outil de 18 items développé par De

Bruyn (2004). Dans cette perspective, il s’agit d’une contribution novatrice à l’étude du

mentorat, laquelle comble un vide que nous considérons important sur le plan conceptuel

et méthodologique. Les deux facteurs identifiés dans ce questionnaire ont été nommés

Respect et Humour. À la lecture de ces items, il apparaît que ceux-ci correspondent à la

dimension engagement de l’ECM. De plus, cet outil a été élaboré auprès d’élèves en

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102

première année du secondaire (âge moyen : 13 ans) et bien qu’il ait été validé à l’aide

d’une analyse factorielle, du calcul des coefficients de cohérence interne et à partir de la

question suivante : « How much would you like to have this teacher as your mentor next

year? », sa construction ne s’est appuyée sur aucun modèle et sa validation n’a pas pris

en compte de variables d’ajustement scolaire ou psycho-social. Enfin, à la lumière de

l’avancée des modèles et connaissances en mentorat à ce jour, on peut se permettre de

juger que ce questionnaire est trop réducteur quant à l’étendue des comportements qu’il

mesure.

En deuxième lieu, contrairement aux questionnaires existant dans le domaine

d’étude du mentorat qui se limitent à mesurer une attitude générale (p. ex. une approche

développementale, instrumentale ou prescriptive), la qualité de la relation de mentorat ou

le sentiment du protégé envers son mentor, l’ECM mesure des comportements bien

précis. Ciblant exclusivement les comportements des mentors, il évite la confusion

fréquemment rencontrée dans les études entre ceux-ci et les caractéristiques de la

relation telle que sa durée, les activités réalisées et les sentiments du protégé et du

mentor. Ces comportements ont été mesurés de surcroit à partir de la perception qu’ont

les protégés des agissements et attitudes des mentors, ce qui permet une mesure plus

valide en contexte de mentorat formel puisque les protégés n’ont pas bénéficié d’une

formation et ne sont pas sujets à la désirabilité sociale. Le fait d’avoir privilégié le point de

vue des protégés pour mesurer toutes les variables de l’étude contribue aussi à la validité

de la démarche, en s’assurant d’évaluer et de mettre en relation les construits

effectivement visés. En effet, il est démontré que la perception qu’ont deux personnes

dans divers types de relation diverge parfois grandement, par exemple en mentorat (p. ex.

Larose, Chaloux et collaborateurs, 2010) et en contexte de thérapie (p. ex. Clemence,

Hilsenroth, Ackerman, Strassle & Handler, 2005; Hatcher, Barends, Hansell & Gutfreund,

1995). Enfin, il est démontré que la perception du soutien reçu, davantage que le soutien

qu’une personne rapporte avoir dispensé, prédit les effets de ce soutien (Eby et al., 2013;

Sarason, Sarason & Pierce, 1990; 1994). D’autre part, l’ECM facilitera le suivi sur le terrain

par les intervenants, et les mentors eux-mêmes, de la relation de mentorat, ce qui

optimisera l’encadrement offert à ces derniers et permettra de corriger le tir à tout moment

pour éviter que des relations ne deviennent néfastes. En effet, parce qu’il est constitué de

quatre sous-échelles distinctes, l’ECM peut contribuer à identifier les forces du mentor en

même temps que le type de comportements à modifier chez ce dernier. Qui plus est,

parce qu’il est corrélé à la qualité de la relation de mentorat et à la perception d’utilité du

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103

mentorat, l’ECM peut donner un aperçu de celles-ci lorsqu’aucune mesure directe de ces

déterminants n’est disponible.

L’étude 2 quant à elle a mené à la découverte de quatre patrons ou profils distincts

de comportements de mentors sur la base des moyennes obtenues aux quatre

dimensions de l’ECM. Ces profils ont été nommés Optimal, Contrôlant, Suffisant et

Inadéquat, ce qui a montré qu’en dépit de la formation et de l’encadrement offerts aux

mentors, il peut apparaître des distinctions substantielles dans les comportements de

soutien et de structure que les mentors adoptent envers leurs protégés. À notre

connaissance et outre l’étude de Larose et ses collaborateurs (2010), c’était la première

fois qu’une étude tentait de classifier par une stratégie statistique complexe et non

rétrospective les agissements des mentors dans le cadre d’un programme de mentorat

scolaire formel et structuré. C’est aussi la première fois qu’une étude se penche sur le lien

entre ces différents profils de comportements et l’ajustement des protégés, dans le cadre

d’un devis longitudinal et quasi-expérimental, toujours à partir d’un programme formel de

mentorat scolaire. L’observation de profils distincts de comportements de mentors appuie,

encore une fois, l’importance de bien former et encadrer les mentors puisque même au

sein d’un programme de mentorat formel, tous les mentors n’adoptent pas les

comportements attendus. L’étude 2 démontre aussi sans équivoque que pour les profils

Optimal et Contrôlant, les protégés ont perçu le mentorat tout aussi utile, et de surcroit

davantage que pour le profil Suffisant. Parce que le niveau de contrôle pour le profil

Contrôlant est modéré et non pas élevé, ces observations suggèrent que les protégés

tirent davantage profit d’une relation de mentorat dans laquelle le mentor fait preuve d’une

part modérée de directivité plutôt que d’une relation où le mentor est permissif et laisse

toutes les libertés au protégé, à l’instar de ce qu’ont conclu d’autres chercheurs (p. ex.

Langhout et al., 2004 ; Larose et ses collaborateurs, 2010). Dans le même ordre d’idée, il

est notable que la QRM ait été jugée supérieure aussi pour le profil Contrôlant

comparativement au profil Suffisant. Ce résultat vient appuyer encore une fois les

observations qui indiquent que du contrôle modéré de la part d’un mentor n’est pas

néfaste pour la relation de mentorat et que nous devrions plutôt parler dans un tel cas de

directivité ou de structure, comme l’ont fait d’ailleurs Larose et ses collaborateurs.

L’étude 2 a aussi mis en évidence que ce ne sont pas toutes les dimensions de

l’ajustement des protégés qui semblent également influencées par le mentorat scolaire. Il

semblerait que l’ajustement social des protégés soit plus lié aux comportements des

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104

mentors que l’ajustement scolaire, l’ajustement personnel et émotif et l’attachement à

l’institution. L’effet exclusif du mentorat sur le fonctionnement social du protégé nous

rappelle qu’au-delà des activités partagées, des enseignements prodigués ou des

comportements adoptés par le mentor, le mentorat consiste par son essence en une

stratégie relationnelle d’intervention. Par conséquent, il est susceptible en premier lieu

d’influencer le fonctionnement social du protégé, que ce soit sa façon d’être en relation ou

sa perception des différents individus avec qu’il entre en interaction. De fait, c’est aussi ce

que Larose et ses collaborateurs (2010) ont observé en explorant les liens entre différents

profils de comportements en mentorat et l’ajustement social et scolaire des protégés, leur

certitude vocationnelle et leur motivation et persévérance scolaire. Tel que décrit

précédemment, une analyse de cluster basée sur la perception des protégés leur a permis

de mettre en évidence trois profils de comportements de mentors, soit authoritative,

permissif et désengagé. Leurs résultats montrent que les protégés qui ont perçu leur

mentors davantage authoritative ont rapporté de plus hauts niveaux d’ajustement social,

de certitude vocationnelle et de motivation en cours et en fin de programme, et ont

davantage persévéré dans leur programme d’études, que les étudiants d’un groupe

contrôle. Cependant, aucun lien n’a été observé entre les types de comportements des

mentors et l’ajustement scolaire des protégés. Quelque temps plus tard et à partir d’un

échantillon distinct, Larose et ses collaborateurs (2011) ont observé un impact du même

programme de mentorat sur l’ajustement social et l’attachement institutionnel des

protégés, mais non sur l’ajustement scolaire et l’ajustement personnel et émotif. Ce lien

plus important entre ajustement social et comportement des mentors n’est cependant pas

observé par les différentes méta-analyses qui ne sont pas parvenue à cerner des sphères

du fonctionnement des jeunes davantage influencées par le mentorat scolaire ou pour

jeune.

Toujours au plan de l’ajustement, l’étude 2 vient s’ajouter aux nombreuses études

qui ont mis en évidence que l’impact du mentorat sur l’ajustement du protégé n’est pas

que bénéfique (p. ex. Johnson & Huwe, 2002). Cet ajout au bassin d’études rapportant

des effets néfastes du mentorat nous rappelle encore une fois de bien encadrer les

comportements des mentors. Il est remarquable que même dans un programme de

mentorat tel que MIRES qui formait et suivait les mentors, une minorité de ceux-ci ne sont

néanmoins pas parvenus à atteindre un seuil minimal dans l’application des

comportements enseignés, bien que ce ne soit qu’auprès d’un seul de leurs protégés. Ce

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105

résultat à lui seul devrait inciter à la prudence les intervenants et décideurs qui souhaitent

intervenir auprès des adolescents et des enfants.

Enfin, le fait qu’aucun mentor n’a vu ses comportements classés de façon similaire

par l’ensemble de ses protégés, combiné au fait que des différences dans l’ajustement

initial des protégés sont observées entre les profils de comportements des mentors, met

en lumière la nature bidirectionnelle des relations de mentorat.

Au plan méthodologique, chacune des deux études comporte plusieurs temps de

mesure, ce qui d’une part renforce la confiance que l’on peut placer dans la validation de

l’ECM et, d’autre part, assure une dimension longitudinale à l’évaluation des effets des

comportements des mentors tout en contrôlant pour le niveau initial. À titre indicatif, la

méta-analyse d’Eby et ses collègues (2013) a documenté les trois types de mentorat à

partir de 173 échantillons indépendants (8% représentent le mentorat pour jeune, 21% le

mentorat scolaire et 68% le mentorat professionnel, puis 3% une combinaison de

plusieurs types). Sur l’ensemble des études sélectionnées aux fins d’analyse selon leurs

critères d’inclusion, les auteurs ont mentionné que seulement 12 observaient un devis

longitudinal, dont six en mentorat pour jeune et une seule en mentorat scolaire, et aucune

un devis expérimental. Heureusement que nos deux études longitudinales viennent

s’ajouter à ce maigre bassin.

Adaptation du modèle sociomotivationnel du mentorat

Bien que nous ne puissions réviser dans son entièreté le modèle

sociomotivationnel du mentorat à la lumière des résultats obtenus dans la présente thèse

parce que notre démarche et les analyses associées ne consistaient pas en une validation

de modèle, il est néanmoins possible d’y apporter quelques appuis et d’y suggérer de

légères modifications. Tout d’abord, l’analyse factorielle réalisée dans le cadre de la

validation de l’ECM vient appuyer la distinction faite par le modèle entre les quatre

comportements de mentor, en dépit de la fragilité du construit de soutien à l’autonomie.

Ensuite, les écarts de moyennes de QRM entre les profils de comportements viennent

appuyer le lien avancé par le modèle entre les comportements des mentors et la QRM,

bien que l’absence dans notre étude d’assignation aléatoire des protégés entre les profils

nous empêche d’avancer une direction à ce lien. En guise de modifications au modèle

maintenant, le fait que seulement l’ajustement social des protégés ait varié en fonction des

profils de comportements des mentors nous amène à soulever l’idée que le modèle

pourrait être plus spécifique quant aux bénéfices présumés du mentorat scolaire pour les

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106

protégés. En effet, ou bien le modèle ratisse un éventail trop large de bénéfices, ou bien il

gagnerait en précision en pondérant entre eux les bénéfices présumés du mentorat

scolaire. En dernier lieu mais non moins important, les résultats de l’étude 2 nous

permettent de soulever l’hypothèse que l’ajustement pré-intervention des protégés, plus

spécifiquement l’ajustement scolaire et l’attachement à l’institution, a influencé les

comportements de soutien et de structure prodigués par les mentors. Le modèle pourrait

donc être bonifié en y ajoutant une variable modératrice, soit le niveau d’ajustement pré-

intervention des protégés.

Limites

Comme toute démarche empirique, les présentes études ne comportent pas que

des qualités mais aussi certaines lacunes. Au sein de l’étude 1, la dimension soutien à

l’autonomie possède un coefficient de cohérence interne légèrement insuffisant et ne

parvient pas à prédire de façon satisfaisante la qualité de la relation de mentorat et la

perception d’utilité du mentorat. Cette sous-échelle du questionnaire est représentée par

des items mesurant une forme de contrôle, et ses scores doivent par la suite être inversés

pour se transformer en soutien à l’autonomie. L’utilisation de scores inversés pour

mesurer un construit a été critiquée, pour suggérer de toujours accompagner les items

inversés par des items mesurant directement le construit d’intérêt. Se rajoute à cela le fait

que ce facteur contient seulement deux items, ce qui rend plus difficile la mesure du

construit. Il est donc raisonnable de penser que le soutien à l’autonomie n’est pas mesuré,

avec les items actuels, sous suffisamment d’angles ou avec assez de précision pour que

les deux items le représentant forment un facteur homogène. Lorsque l’on combine les

résultats des deux études, il en ressort que les dimensions soutien à l’autonomie (ou

contrôle) sont préoccupantes. Au plan psychométrique, soit que le construit a été mal

opérationnalisé, soit que le nombre et la formulation des items n’ont pas été optimisés. Au

plan théorique, les résultats suggèrent que les notions de soutien à l’autonomie, de

contrôle et de directivité sont des médiateurs ou mécanismes d’efficacité du mentorat

déterminants qui ne sont pas clairement opérationnalisés ni suffisamment documentés, et

que plus d’études rigoureuses et raffinées portant sur ces concepts sont nécessaires. Par

exemple, il est essentiel de bien distinguer les notions de structure et de contrôle, qui se

rapprochent parfois dans leur conceptualisation et pourraient être aisément confondues.

D’autre part, le point de vue des mentors n’a pas été pris en compte dans le

développement et la validation de l’ECM. Bien que sujettes au biais de désirabilité sociale,

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107

les réponses de ces derniers auraient assuré la validité de la version pour mentors. Par

ailleurs, l’ECM ne possède pas de barème selon lequel ses résultats seraient considérés

insuffisants, inquiétants ou encore néfastes. Il serait effectivement très intéressant d’en

venir à développer des outils de mesure contribuant à juger de l’état des relations de

mentorat, à l’instar des outils standardisés et normés existant en psychothérapie. Mais

pour ce faire, les étapes préalables consistent à mieux comprendre les mécanismes

d’efficacité du mentorat, à mieux valider les questionnaires déjà existants et à répliquer les

études de validation déjà produites. Dans un autre ordre d’idée, les biais présumés dans

les données manquantes des protégés de l’étude 1 et du groupe contrôle de l’étude 2

imposent de rester prudent dans la généralisation des résultats. Dans le contexte de

validation de l’ECM de l’étude 1, la possibilité de généralisation des résultats aux

expériences de mentorat moins positives et moins appréciées des protégés est limitée. Du

côté du lien entre l’ajustement et les différents profils de comportements de mentors de

l’étude 2 c’est l’inverse. Le biais présumé dans les données du groupe contrôle peut avoir

fait en sorte de diminuer l’écart d’ajustement entre ce groupe et les protégés mieux

ajustés. Cela a rendu moins probable la détection des bénéfices du mentorat sur

l’ajustement des protégés, du moins dans le cas du profil Optimal, et donc limite la

généralisation des résultats.

Dans le cadre de l’étude 2 spécifiquement, l’absence d’effet significatif pour les

ajustements émotif et scolaire et l’attachement institutionnel mérite qu’on inspecte de plus

près le profil Insuffisant. L’absence de F significatif a été très certainement causée par le

petit nombre (n = 10) de protégés constituant le profil Insuffisant, ce qui diminue de façon

importante la puissance statistique, soit la possibilité de détecter l’effet du mentorat sur

l’ajustement des protégés. C’est une limite non négligeable qui aurait potentiellement pu

être évitée en recrutant un plus grand nombre de protégés, ce qui n’est certes pas chose

facile. D’autre part, un niveau dans la chaîne causale des mécanismes du mentorat n’a

pas été investigué, soit les sentiments des protégés (sentiment de compétence,

d’appartenance et besoin d’autonomie) avancés par le MSM et originellement par la

théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985; 1990; Ryan & Deci, 2000).

Effectivement, nous avons mesuré les comportements des mentors puis observé leurs

liens avec la QRM sans nous assurer que les besoins psychologiques des protégés

étaient préalablement satisfaits. En terminant, il est nécessaire de souligner que les deux

présentes études se sont déroulées au sein d’une seule université et à partir des données

d’un seul programme de mentorat instauré dans une seule ville. Cette réalité a pour

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108

conséquence que notre échantillon était écologiquement moins varié, ainsi que les

influences théoriques et réflexions critiques dont les chercheurs ont bénéficié.

Avenues de recherche futures

En continuité logique avec les apports et limites des présentes études, nous

suggérons des recherches subséquentes s’attardant à deux nouvelles voies non

explorées à ce jour. Premièrement, il serait pertinent de déterminer à partir de quelle

intensité de comportements l’ajustement des protégés se voit affecté, que ce soit

positivement ou négativement. Des barèmes pourraient avoir la fonction de nous éclairer

sur l’intensité ou le volume d’intervention minimale à dispenser pour parvenir à influencer

positivement l’ajustement des protégés, ainsi que nous situer quant à un seuil approximatif

à partir duquel les comportements des mentors sont susceptibles d’avoir un impact

délétère sur les protégés. La seconde voie peu explorée à ce jour est la possibilité qu’il

existe des sous-types de protégés susceptibles de bénéficier d’une intensité de

comportements différents de la part des mentors, par exemple en fonction de l’âge, du

genre, du niveau initial d’ajustement ou de certaines prédispositions relationnelles, points

que nos études n’ont pas investigués (p. ex. Karcher, Kuperminc, Portwood, Sipe &

Taylor, 2006; Keller & Pryce, 2012; Liang, Spencer, Brogan & Corral, 2008; Schwartz,

Rhodes, Chan & Herrera, 2011; Wang, Tomlinson & Noe, 2010). Il est important de

rappeler que les comportements du mentor, qu’ils soient évalués selon le point de vue du

protégé ou celui du mentor, découlent de cette dyade spécifique et seraient

potentiellement différents au sein d’un autre pairage mentor-protégé.

Page 120: Mesure des comportements des mentors en contexte de …€¦ · et Dr Brian Morin, mes mentors, pour leur conseils, leurs enseignements, leurs encouragements, leur valorisation et

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Références de l’introduction et de la conclusion de la thèse

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Annexe : Questionnaires

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Student Adaptation to College Questionnaire (SACQ)

(Baker & Siryk, 1984)

Adaptation française par Larose, Soucy, Bernier et Roy, 1996

Je m’adapte bien au collège.

Je suis satisfait(e) de mon rendement scolaire au collège.

Je suis satisfait(e) de ma décision de faire des études collégiales.

Je ne travaille pas autant que je le devrais à mes travaux scolaires.

J’entretiens des liens amicaux avec plusieurs personnes au collège (ex : élèves, enseignants, personnel de soutien, etc…).

Je n’ai pas été capable de très bien contrôler mes émotions ces derniers temps.

J’ai bon appétit ces temps-ci.

Je n’ai pas été très efficace dans l’utilisation de mon temps d’études ces derniers temps.

Ces temps-ci, j’ai des doutes quant à la valeur de l’éducation collégiale.

Je me mets en colère trop facilement ces temps-ci.

Récemment, j’ai eu de la difficulté à me concentrer lorsque j’essayais d’étudier.

Je ne dors très bien ces temps-ci.

Je ne réussis pas assez bien considérant la quantité de travail que j’y mets.

J’ai de la difficulté à me sentir à l’aise avec les autres personnes au collège.

Je suis présent(e) à mes cours régulièrement.

Parfois, j’ai de la difficulté à réfléchir.

J’ai de bons amis et connaissances au collège avec qui je peux parler de n’importe quel problème que je pourrais avoir.

Je me sens très seul(e) au collège ces temps-ci.

J’ai beaucoup de difficulté à me mettre à la tâche pour faire mes devoirs.

Je me sens en bonne santé ces temps-ci.

Je ne suis pas à l’aise au collège parce que je me sens différent(e) des autres étudiants.

La plupart des choses qui m’intéressent n’ont pas de lien avec mes cours au collège.

Ces temps-ci, je réfléchis beaucoup à la possibilité de changer de collège.

Il m’arrive de réfléchir sérieusement à la possibilité d’arrêter mes études collégiales et de les reprendre plus tard.

J’éprouve beaucoup de difficulté à composer avec les stress de la vie au collège.

Je suis plutôt satisfait(e) de ma vie sociale au collège.

Je suis confiant(e) de pouvoir relever de façon satisfaisante les futurs défis ici, au collège.

J’ai l’impression de ne pas être assez intelligent(e) pour faire le travail scolaire qu’on attend de moi maintenant.

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Student Adaptation to College Questionnaire (SACQ)

(Baker & Siryk, 1984; Larose, Soucy, Bernier & Roy, 1996)

Version adaptée au contexte des études secondaires

Je me suis bien adapté(e) au secondaire.

J'ai été satisfait(e) de mon rendement scolaire au secondaire.

J’ai été satisfait(e) de faire des études secondaires.

Je n’ai pas travaillé autant que je l’aurais dû à mes travaux scolaires.

J’ai entretenu des liens amicaux avec plusieurs personnes au secondaire (ex. : élèves, enseignants, personnel de soutien, etc…).

Je n’ai pas été capable de très bien contrôler mes émotions durant ces années-là.

Je n’ai pas eu bon appétit durant ces années-là.

Je n’ai pas été très efficace dans l’utilisation de mon temps d’études durant ces années-là.

Durant ces années-là, j’ai eu des doutes quant à la valeur de l’éducation secondaire.

Je me suis mis(e) en colère trop facilement durant ces années-là.

J’ai eu de la difficulté à me concentrer lorsque j’essayais d’étudier.

Je n’ai pas dormi très bien durant ces années-là.

Je n’ai pas réussi assez bien considérant la quantité de travail que j’y ai mise.

J’ai eu de la difficulté à me sentir à l’aise avec les autres personnes du secondaire.

J’ai été présent(e) à mes cours régulièrement.

Parfois, j’ai eu de la difficulté à réfléchir.

J’ai eu de bons amis et connaissances au secondaire avec qui j’ai pu parler de n’importe quel problème que j’ai pu avoir.

Je me suis senti(e) très seul(e) au secondaire.

J’ai eu beaucoup de difficulté à me mettre à la tâche pour faire mes devoirs.

Je me suis senti(e) en bonne santé durant ces années-là.

Je n’étais pas à l’aise au secondaire parce que je me suis senti(e) différent(e) des autres élèves.

La plupart des choses qui m’ont intéressé(e) n’avaient pas de lien avec mes cours au secondaire.

Durant ces années, j’ai beaucoup réfléchi à la possibilité de changer d’école.

Il m’est arrivé de réfléchir sérieusement à la possibilité d’arrêter mes études secondaires et de les reprendre plus tard.

J’ai éprouvé beaucoup de difficulté à composer avec les stress de la vie au secondaire.

J’ai été plutôt satisfait(e) de ma vie sociale au secondaire.

J’ai été confiant(e) de pouvoir relever de façon satisfaisante les défis au secondaire.

J’ai eu l’impression de ne pas être assez intelligent(e) pour faire le travail scolaire qu’on attendait de moi.

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Working Alliance Inventory-Short Version (WAI-S)

(Horvath & Greenberg, 1989; Tracey & Kokotovic, 1989)

Traduit par Bachelor et Salamé, 1991

Sous-échelle « Bonding »

Je crois que mon mentor m’aime bien.

J’ai confiance que mon mentor puisse m’aider.

Je sens que mon mentor m’apprécie.

Mon mentor et moi avons développé une confiance mutuelle.

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Mesure de perception d’utilité du mentorat

Outil non publié élaboré par un comité d’experts en mentorat

Croyez-vous que le mentorat vous a aidé(e) à développer de meilleures compétences personnelles?

Croyez-vous que le mentorat vous a permis d’avoir recours plus facilement aux professeurs lorsque vous en avez eu besoin?

Croyez-vous que le mentorat vous a aidé(e) à mieux vous préparer aux examens?

Vos rencontres de mentorat vous ont-elles aidé(e) à mieux faire face aux différents stress du collège (ex : exécution des travaux, préparation aux examens, …)?

Le mentorat vous a-t-il permis d’augmenter vos demandes d’aide auprès des autres étudiants et vice-versa?

Globalement, êtes-vous satisfait(e) de l’aide reçue lors de vos rencontres individuelles de mentorat?

Lors de ces rencontres de mentorat, était-il facile d’entrer en contact avec votre mentor?

Vous sentiez-vous à l’aise lors des rencontres avec votre mentor?

Était-il facile d’échanger avec votre mentor lors de ces rencontres?

Est-ce que votre mentor était disponible lorsque vous aviez besoin de lui?

En général, êtes-vous satisfait(e) du déroulement de vos rencontres individuelles?