memoire universitaire. open data : comment impliquer les habitants d'un territoire dans le...
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Mémoire de Licence Pro Usetic, juin 2012. Comment impliquer les habitants d'un territoire dans le processus d'ouverture des données publiques ? Ce document peut contenir des erreurs et les points de vue exprimés n'engagent que moi.Ce document est publié sous licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 France (CC BY-NC-SA 2.0) . Vous êtes libre de reproduire, modifier et distribuer l’œuvre, à condition de citer l’auteur, de ne pas en faire une utilisation commerciale et de rediffuser l’œuvre sous une licence identique à celle-ci.TRANSCRIPT
Lacroix Léa Université Rennes 2
Licence Pro USETIC Sciences de l'Education
Juin 2012
Comment impliquer
les habitants d'un territoire
dans le processus d'ouverture
des données publiques ?
Ce document est publié sous licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage à l'Identique 2.0 France (CC BY-NC-SA 2.0) . Vous êtes libre de reproduire, modifier et distribuer l’œuvre, à condition de citer l’auteur, de ne pas en faire une utilisation commerciale et de rediffuser l’œuvre sous une licence identique à celle-ci.
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 1
IntroductionDans le cadre de la Licence pro Usages Socio-éducatifs des TIC, j'ai
souhaité effectuer mon stage en alternance à Rennes Métropole, au
service Innovation Numérique. J'ai ainsi pu travailler durant dix mois sur le
projet d'ouverture des données publiques, ou open data.
Ce mouvement propose aux collectivités de mettre à disposition des
citoyens des informations et des données qu'elles possèdent, afin que
leurs administrés puissent les consulter et les réutiliser librement.
Ces réutilisations peuvent prendre la forme d'applications, d'infographies,
d'analyses, etc. développées par des particuliers, associations ou
entreprises, dans le but de rendre lisible et de comprendre le
fonctionnement de l'administration, de prendre part aux décisions
collectives, ou de créer de nouveaux services sur un territoire.
Lors de ce stage, mes missions étaient plutôt centrées sur le
fonctionnement interne du projet (dialoguer avec les services voisins,
préparer et mettre en ligne des données). Malgré ma demande, ma tutrice
n'avait pas souhaité y inclure l'animation de la communauté de
réutilisateurs et le dialogue avec les habitants, estimant que cela n'était
pas le rôle de l'administration productrice de données.
De ce refus est né mon questionnement. Je me suis d'abord demandé d'où
devait venir cette animation, et quelle devait être la relation entre
l'administration et les habitants. J'ai tenté de comprendre pourquoi
certaines villes prenaient une part active à l'animation de l'open data,
organisant des ateliers et des formations, accompagnant les acteurs
locaux, alors que d'autres maintenaient une distance entre habitants et
fournisseur de données. J'ai souhaité axer ma problématique sur une
comparaison entre plusieurs villes, afin de mettre en lumière leurs
différences de politique en terme d'animation.
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 2
Ma première méthode de travail a donc été l'observation des
fonctionnements dans plusieurs collectivités. J'étais sur place à Rennes :
j'ai pu observer les actions menées autour de l'open data et mener des
entretiens avec plusieurs développeurs d'applications afin de récolter leurs
ressentis.
J'ai également souhaité me déplacer dans deux autres villes dont
j'estimais que la vision de l'open data était différente. Je me suis ainsi
déplacée plusieurs fois à Nantes, collectivité très dynamique sur le sujet,
où j'ai pu rencontrer différents acteurs gravitant autour du numérique et
de l'open data en particulier. Je me suis également rendue à Montpellier,
un autre territoire que je souhaitais étudier car j'avais beaucoup entendu
parler de sa réputation de collectivité très investie auprès de ses habitants
dans le domaine de l'open data. J'ai pu mener plusieurs entretiens avec les
personnes en charge du projet, et les citoyens impliqués. A Nantes comme
à Montpellier, j'ai assisté à différents évènements afin d'observer
directement la réalité sur le terrain.
Au cours de mon travail, après avoir observé plusieurs situations et pris du
recul sur mes réflexions, je me suis rendue compte que j'avais adopté un
point de vue beaucoup trop binaire. J'étais convaincue qu'il y avait une
bonne et une mauvaise manière de faire, et avais laissé mes préjugés
diriger mon travail de recherche. Il me fallait donc reformuler ma
problématique en élargissant le sujet. Plutôt que de juger les initiatives
existantes, je me suis demandé de quelles manières un acteur, quel qu'il
soit, pouvait intéresser les habitants aux données ouvertes et les inciter à
se les approprier.
Et pour mieux comprendre les enjeux de l'animation de la communauté de
réutilisateurs, j'ai décidé de mettre en pratique des actions d'animation à
mon niveau. Ainsi, j'ai créé en janvier 2012 le collectif Open Data Rennes,
rassemblement d'habitants du territoire qui souhaitent s'investir dans
l'open data.
Avec d'autres citoyens intéressés, nous avons mis en place des ateliers
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 3
d'initiation et de réflexion autour des données ouvertes.
Cette expérience a constitué ma deuxième méthode de recherche. En
effet, je ressentais le besoin, non seulement d'observer, mais également
d'agir directement afin de pouvoir tester des pistes, expérimenter sur le
terrain, l'action me permettant de progresser dans ma réflexion. Tout ce
que j'ai pu observer et expérimenter a donc nourri l'analyse qui va suivre.
Enfin, je me suis également documentée sur le sujet, son contexte et les
thèmes qui lui sont liés. L'open data étant un sujet nouveau, la littérature
était assez peu fournie. J'ai cependant eu la chance de rencontrer
régulièrement Simon Chignard, l'auteur rennais du premier ouvrage
francophone sur l'open data, publié en mars 2012. D'autre part, les
articles scientifiques ou journalistiques sur le web sont nombreux, rédigés
par des acteurs comme la fondation Internet nouvelle génération (FING).
J'ai donc pu enrichir mes observations empiriques d'éléments théoriques.
Le développement qui va suivre s'interroge sur les moyens d'impliquer les
habitants d'un territoire dans le processus d'ouverture des données de leur
collectivité. Je définirai tout d'abord les notions d'open data et de
réutilisation des données, et j'expliquerai pourquoi ces processus doivent
nécessairement être accompagnés par les citoyens. Je tenterai ensuite de
définir une typologie de ces habitants qui s'emparent des informations
publiques. Enfin, je ferai un état des lieux des moyens d'impliquer les
publics dans l'open data, et proposerai des pistes vers des possibilités
d'animation.
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 4
Sommaire
Introduction p.2
Sommaire p.5
L'ouverture des données publiques p.6
Des informations mises à disposition p.7
La réappropriation de ces données p.9
La co-production de données p.10
La participation des habitants p.12
Qui sont les réutilisateurs ? p.15
Leurs motivations p.16
Leurs compétences p.18
Animer le mouvement open data p.20
La création de services p.21
Le brassage d'idées p.22
Sensibiliser et former p.23
Conclusion p.25
Documentation p.26
Remerciements p.28
Résumé p.29
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 5
L'ouverture des données publiquesL'ouverture des données publiques, ou open data, est un mouvement
visant à rendre les informations détenues et produites par les institutions
publiques disponibles, accessibles et réutilisables librement par tous.
Ce mouvement, popularisé aux États-Unis en 2009 avec le gouvernement
Obama, fait partie d'une politique plus large : la transparence du
fonctionnement des administrations et des décisions publiques, la
participation, c'est à dire la possibilité pour les citoyens de donner leur
avis et contribuer à la construction des décisions politiques, et la
collaboration entre les différentes collectivités publiques, le tout via les
outils numériques1.
Repris rapidement dans les pays anglo-saxons, ce mouvement trouve un
écho en France avec la loi du 17 juillet 1978, appelée loi CADA, qui impose
aux institutions publiques de mettre à disposition des citoyens les
informations produites dans le cadre d'une mission de service public.
Concrètement, l'open data propose aux institutions publiques, de l'État
jusqu'aux mairies en passant par les universités, de mettre à disposition
de tous, sur une plateforme accessible via internet, des informations
brutes concernant le fonctionnement de cette institution.
1 OBAMA Barack. Memorandum « Transparency and Open Government » in CHIGNARD Simon. Open data – Comprendre l'ouverture des données publiques. FYP, mars 2012. p. 20-21
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Des informations mises à disposition
Que sont exactement les données publiques ? Ce sont des données
produites dans le cadre d'une mission de service public, ou qui donnent
des informations sur le fonctionnement de l'institution. Cela peut-être : les
horaires du service de transport en communs d'une ville, le budget de
l'État, le salaire des hauts fonctionnaires, les informations recensées par
l'INSEE, des chiffres sur l'état de l'environnement, air, eau, pollution, ou
encore les prénoms des enfants nés dans une ville.
Ces informations, regroupées sous formes de jeux de données, sont
soumises à plusieurs critères. Sans avoir de caractère légal, il s'agit de
recommandations élaborées par les usages ou la philosophie des
différentes communautés numériques2. Plusieurs organismes ont tenté de
définir ces critères.
La Sunlight Foundation, organisation à but non lucratif américaine, a
édicté en 2010 dix principes concernant l'ouverture des données
publiques.3 Le projet Opquast, porté par la société bordelaise Temesis,
recense quant à lui 72 bonnes pratiques concernant les données et les
plateformes sur lesquelles elles sont proposées. Ces critères ont été
élaborés collectivement par la communauté intéressée par l'open data.4
Pour résumer ces travaux, il y a trois grands principes à retenir concernant
les données publiées en open data.
Elles doivent être de préférence brutes, c'est à dire telles que collectées à
la source : non modifiées, non calculées (par exemple, donner un
pourcentage au lieu du chiffre exact) et non interprétées.
2 Le mouvement dit « libre », regroupant des communautés (les « libristes ») produisant des contenus ou des servicess de manière collaborative, ouverts et réutilisables, ont amené à préférer des formats de données ouverts et entièrement interopérables.
3 Sunlight Foundation. Ten principles for opening up government information. Août 2010. http://sunlightfoundation.com/policy/documents/ten-open-data-principles/
4 Opquast. Liste des bonnes pratiques Open Data. 2010. http://checklists.opquast.com/fr/opendata
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Elles doivent être accessibles à tous, sans restriction (ne pas réserver ces
informations à un public précis), et dans des formats accessibles (on
préférera des formats standards aux fichiers spécifiques à un seul logiciel).
Elles doivent être documentées et explicitées si besoin. Le plus souvent,
les données open data sont accessibles gratuitement.
Elles doivent être réutilisables : l'utilisateur doit pouvoir récupérer ces
données, tant concrètement (un document numérique sera préféré au
document papier) que légalement (une licence, la plus libérale possible,
indique les conditions de réutilisation).
En France, la loi CADA indique que les données dites « sensibles » ainsi
que toutes les données personnelles, c'est à dire mentionnant directement
des informations sur des personnes, n'entrent pas dans le champ de l'open
data.
Rennes Métropole a été la première collectivité française à se lancer dans
l'open data, en novembre 2010. Depuis, de nombreuses villes (Nantes,
Toulouse, Montpellier, Paris...), départements (la Saône-et-Loire, la Loire-
Atlantique) et régions (la Gironde, les Pays de la Loire) ont suivi le
mouvement, ainsi que l'État avec Etalab, une mission pilotée par le
Premier Ministre.
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La réappropriation de ces données
Les données brutes mises en ligne ne sont pas toujours compréhensibles
directement par les citoyens non avertis. Il est donc important que des
intermédiaires, appelés réutilisateurs, par exemple des développeurs ou
des journalistes, s'emparent de ces informations et les mettent en forme
afin qu'elles soient compréhensibles par tous.
Dans son ouvrage Open Data, Simon Chignard recense quatre types
d'utilisations des données.5
La consultation : on affiche directement la source des données, comme
un tableau ou un classement.
La médiation ou visualisation permet au lecteur final d'accéder au sens
des données via une interface qu'il peut comprendre et manipuler, comme
des graphiques ou des cartes. La médiation se fait aussi par l'analyse et
l'explication de ces données. Le datajournalisme est un exercice qui mèle
journalisme et analyse de ces informations. Exemple : la visualisation du
budget de l'État par Jean Abbiatecci.6 Le média OWNI7 est devenu la
référence incontournable du datajournalisme en France.
Le développement d'applications propose un service, sur une
plateforme web ou mobile, à partir des données ouvertes. Il s'agit souvent
de données dynamiques, avec un aspect local et pratique, comme les
horaires de transport en commun. Exemple : Handimap, application de
transports doux et accessibilité aux personnes à mobilité réduite.8
Enfin, la réutilisation spécialisée concerne des acteurs qui ont un
besoin spécifique en matière d'informations, et qui proposeront des
services très pointus visant un public précis.
5 CHIGNARD Simon. Op. cit. p. 64-726 ABBIATECCI Jean. [DATA] Budget 2012 : 366 milliards, mais pour financer quoi ?. Octobre 2012.
http://voila-le-travail.data-projet.com/budget2012/7 OWNI, News, Augmented http://owni.fr8 Handimap. www.handimap.org
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La co-production de données
Si les collectivités publiques sont de très gros possesseurs de données, et
donc de potentiels fournisseurs, ils ne sont pas l'unique source
d'informations. Je n'aborderai pas ici la problématique des données
privées, produites et possédées par les entreprises, qui mériterait une
analyse à part entière, mais celle du crowd sourcing, la « production par la
foule », soit la production de donnée par les habitants d'un territoire.
Au sens économique, la définition du crowdsourcing est la captation de la
créativité et l'intelligence d'un grand nombre de personnes, externes à
l'entité qui a besoin de cette intelligence. Dans de nombreux domaines, il
s'agit de proposer aux publics de donner des avis, des idées sur un sujet
donné. On retrouve la notion de crowdsourcing dans la philosophie libriste,
où les bénévoles contribuent au développement d'un logiciel ou la
rédaction de l'encyclopédie collaborative Wikipédia.
Dans l'univers des données, on parlera de co-production. Dans son article
L'enjeu de la coproduction9, Hubert Guillaud, rédacteur en chef
d'InternetActu et responsable de veille à la FING, explique comment
proposer aux habitants de produire eux-même des données peut
contribuer à dynamiser le mouvement et impliquer les citoyens dans la
démarche. Le principe se rapproche de celui de démocratie participative.
De nombreuses initiatives témoignent de l'intérêt du crowdsourcing pour
impliquer les habitants dans la création d'information, ou la participation
aux décisions publiques.
Le crowdsourcing commence dès l'évaluation des jeux de données sur les
plateformes fournies par les collectivités : idéalement, l'utilisateur devrait
pouvoir évaluer l'information, indiquer une erreur présente dans les
donnnées, voire proposer une correction.
Les habitants auraient la possibilité d'améliorer et de co-produire des
données avec l'administration publique, ou de créer de nouvelles données 9 GUILLAUD Hubert. Open data ; l'enjeu de la coproduction. Article publié sur InternetActu en juin 2012.
http://www.internetactu.net/2012/06/06/open-data-34-lenjeu-de-la-coproduction
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qui n'existent pas encore.10
La base de données géographiques libre Open Street Map (OSM) propose à
chacun de participer à la création de cette carte collaborative. En traçant
des zones géographiques ou en ajoutant des points d'intérêt sur la cartes,
les habitants peuvent ainsi enrichir la carte. La communauté OSM organise
partout dans le monde des « cartoparties » : ces évènements sur le terrain
rassemblent les cartographes amateurs, parfois autour d'une thématique
précise.
À Montpellier, la ville organise, en collaboration avec les associations
présentes sur le territoire, comme Montpell'Libre et Mandarine, des
cartoparties dans le but de collecter et d'améliorer les données concernant
la commune. J'ai notamment pu participer à une cartopartie sur le thème
de l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Répartis en équipe,
des habitants d'horizons très divers ont parcouru les rues de la ville afin de
recenser les commerces accessibles ou non aux PMR. Les personnes
présentes étaient issus de communautés différentes : des habitués de
l'open data aux amateurs de cartographie, jusqu'aux passionnés de
randonnée, peu sensibilisés à l'ouverture des données mais rassemblés
dans un objectif commun, améliorer l'information sur l'accessibilité de la
ville.
Le citoyen peut être amené à partager des données sur une multitude de
thèmes. L'application brittanique FixMyStreet permet ainsi de répertorier
des problèmes concernant l'amménagement urbain. D'autres applications
permettent de recenser les arbres d'une ville, les retards d'un mode de
transport en commun, les radars sur les routes, le prix de l'eau11,
l'affluence dans un établissement public...
10 CHIGNARD SImon. Op. Cit. p.16311 KAYSER-BRIL Nicolas. Prix de l'eau : publions nos données. Article publié sur OWNI en mars 2011.
http://owni.fr/2011/03/22/prix-de-l-eau-crowdsourcing/
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La participation des habitants
Le choix de mettre à disposition des données publiques doit
nécessairement être une décision politique émanant de la collectivité :
même si la consultation est possible pour chacun, seul le détenteur peut
publier en masse. Néanmoins, il est important que les habitants soient
directement impliqués dans le processus.
Pour l'habitant d'un territoire, la publication des données publiques lui
permet de s'informer directement quant au fonctionnement de la
collectivité et aux décisions prises.
L'avis du Conseil National du Numérique sur l'ouverture des données
publiques, publié en juin 2012, indique : « Une meilleure compréhension
du fonctionnement du service public peut permettre à ces derniers
d’ajuster et formuler plus finement leurs attentes, et surtout d’y
participer. »12
Via cette transparence de l'information publique, le citoyen est plus
impliqué dans la vie de sa collectivité, et celle-ci se met dans une position
de « rendre compte » : elle doit montrer et expliquer ses décisions à ses
habitants dont les choix politiques par le vote et les impôts font
fonctionner cette entité. Le terme anglophone « accountability » exprime
cette responsabilité. Dominique Cardon, sociologue spécialisé dans les
usages des nouvelles technologies, le définit comme l'idée que, pour
justifier leurs actions, les acteurs publics doivent les rendre vérifiables,
attestées et justifiables auprès des citoyens.13
12 Avis n° 12 du Conseil national du numérique relatif à l’ouverture des données publiques (« Open data ») Juin 2012. Document PDF téléchargeable sur http://www.cnnumerique.fr/ouverture-des-donnees-publiques-lavis-du-cnnum
13 Ivan Jablonka & Pauline Peretz, «Open Data comme une clé pour l'autonomisation des citoyens. Un entretien avec Dominique Cardon », Livres & Idées, janvier 2012. http://www.laviedesidees.fr/Open-data-le-chemin-vers-une-vraie.html
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Le travail de Regards Citoyens illustre bien cette volonté de rendre visible
le fonctionnement des acteurs publics. Sur sa plateforme Nos Députés14,
l'association et tous les participants à ce travail collaboratif proposent de
rendre compte des activités des députés à l'Assemblée Nationale. Ainsi,
chacun peut consulter les propositions et délibérations de son député.
La mise à disposition des informations publiques permet non seulement au
citoyen de s'approprier les décisions de sa collectivité, mais l'amène
également à se questionner sur ces décisions, étant donné qu'il dispose
d'informations précises pour se forger une opinion. On assiste ainsi à un
accroissement de l'intérêt des habitants pour le fonctionnement des
entités qui le gouvernent, et de l'autonomie de ces habitants, qui ne se
contentent plus de vivre sous la tutelle de ces entités.
Rappaport, chercheur américain et co-fondateur de la discipline de la
psychologie communautaire, définit la notion d'empowerment par quatre
composantes : la participation, la compétence, l'estime de soi et la
conscience critique (conscience individuelle, collective, sociale et
politique).15 Dans le processus d'ouverture et de réutilisation des données
publiques, on retrouve ces quatre composantes. Via la réutilisation ou la
co-production de données, le citoyen peut participer à la vie de sa
collectivité ou son gouvernement. Il développe ainsi des compétences
propres à cette activité et acquiert une conscience aiguisée des
événements, d'où peut découler l'amélioration de l'estime de soi.
14 Nos Députés, observatoire citoyen de l'activité parlementaire http://www.nosdeputes.fr/15 RAPPAPORT Julian. Terms of empowerment/exemplars of prevention: toward a theory for community
psychology. Américan Journal of Community Psychologie. 1987. in : Définition de l'empowerment http://www.psychologue.levillage.org/sme1020/4a.html
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L'ouverture des données publiques se positionne également en tant que
levier de l'animation d'un territoire. En effet, de la production et la
réutilisation de données découle l'apparition de nouveaux services,
proposés par des entreprises, des associations locales ou les habitants
eux-mêmes. Et même si le modèle économique de l'open data n'a pas
encore été clairement défini16, cette innovation engendre des réflexions et
des mouvements au sein du tissu économique local.
Enfin, le travail de réutilisation et de co-production de données engendre
du lien social sur le territoire : durant les ateliers de formations et de
travail autour des données, des personnes aux cultures et aux
compétences différentes sont amenées à se rencontrer et échanger.
16 GUIMARD Emmanuel. « Open data » : les collectivités sont en quête d'un modèle économique. Les Echos, juin 2012 http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202087398612-open-data-les-collectivites-sont-en-quete-d-un-modele-economique-329131.php
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Qui sont les réutilisateurs ?Simon Chignard explique qu'il y a trois grands profils distiguant les acteurs
de l'ouverture des données : les détenteurs de données, les utilisateurs
finaux, et entre les deux, lien nécessaire à la mise en forme et la
vulgarisation de l'information brute, les réutilisateurs de données.17
Le premier concours d'applications en France a été lancé fin 2010 par
Rennes Métropole, peu après l'ouverture de leur plateforme open data. Il
proposait à des développeurs de réaliser des applications, sur téléphone
mobile ou site internet, réutilisant ces données pour rendre un service aux
habitants de l'agglomération. Au final, les services développés sont
principalement des applications mobiles proposant les horaires de bus et
métro, ainsi que des itinéraires, mais également d'autres thématiques,
comme l'accessibilité aux personnes à mobilité réduites, la recherche
d'infrastructures publiques ou d'évènements dans la ville.
Il est intéressant de constater que sur une quarantaine d'applications, un
tiers seulement ont été proposées par des entreprises : une majorité de
créateurs sont donc des participants individuels.18
Nous allons nous intéresser plus particulièrement à ces derniers.
17 CHIGNARD Simon. Op. Cit. p.90-9518 CHIGNARD Simon. Op. Cit. p.95
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Leurs motivations
Lors de mes recherches, j'ai organisé des entretiens avec sept
participants ou équipes participantes au concours d'applications de
Rennes, et j'ai listé les motivations qui avaient conduit ces personnes
(essentiellement des développeurs possédant déjà des compétences
professionnelles en programmation) à créer une application dans le cadre
de ce concours.
Ces motivations étaient à la fois intrinsèques (conduites par l’intérêt et le
plaisir que l’individu trouve à l’action) et extrinsèques (provoquées par une
circonstance extérieure, contrainte ou récompense).19
Tout d'abord, l'attrait de la compétition, le court délai fixé couplé à la
nécessité de devoir rendre une appli opérationnelle a été un élément
déclencheur de la motivation de tous les participants.
En deuxième position se place le souhait d'offrir un service aux habitants,
pour répondre à un besoin encore non assouvi (71%).
Le défi technique et l'envie d'innover faisaient également partie des
motivations des développeurs (à 57%), d'autant que certains ont profité
du concours pour s'autoformer sur des technologies qu'ils ne
connaissaient pas encore, notamment le développement sur plateformes
mobiles.
Enfin, les centres d'intérêts personnels des participants (mobilité,
transports doux, développement durable) et l'accomplissement personnel
ont pris une part importante dans les motivations intrinsèques.
19 Richard M. Ryan and Edward L. Deci. Self-Determination Theory and the Facilitation of Intrinsic Motivation, Social Development, and Well-Being. revue American Psychologist. janvier 2000
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L'envie de réaliser quelque chose, permettant de se valoriser
professionnellement et d'être reconnu par ses pairs, ainsi que l'adhésion à
la philosophie libriste, basée sur l'ouverture et le partage, ont été évoqués
par 43 % des participants interrogés comme motivations pour créer une
application à partir de l'open data. La fierté d'avoir créé un service
profitant au public a également été évoqué.
La motivation économique, c'est à dire l'ambition de gagner de l'argent,
voire de créer une activité, à partir du service créé, n'a été que peu citée
dans les motivations des participants individuels (14% des personnes
interrogées).
L'enquête réalisée en 2011 par Socrata auprès de développeurs
d'applications open data américains confirme cette tendance : à la
question de la motivation, les deux premières réponses sont le souhait
d'impacter la vie quotidienne des utilisateurs (43%) et les notions de
plaisir et de compétition (20%).20
En ce qui concerne les entreprises et start-up, les motivations sont bien
entendu différentes : la production d'un service apporte la naissance d'un
marché et la création de richesse.
Ainsi, les principales motivations des réutilisateurs de données individuels
semblent être le fait de rendre un service utile à la communauté et
l'épanouissement personnel qu'ils ont à créer ce service.
20 Socrata. 2010 Open goverment data benchmark study. Mis à jour en janvier 2011. Document au format PDF accessible sur http://goo.gl/D1aPj
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Leurs compétences
Si l'open data et la réutilisation des données ont été dans un premier
temps des centres d'intérêt réservés aux « geeks », personnes déjà
initiées aux univers numériques, la culture des données se démocratise
progressivement.
Actuellement, trois grandes catégories professionnelles ont coutume d'être
répertoriées pour classer les réutilisateurs de données : les développeurs,
les designers et les journalistes. En réalité, il s'agit plutôt de classes de
compétences, qui ne sont pas cloisonnées : une même personne peut
posséder à la fois les compétences de l'une ou l'autre catégorie.
Le développeur possède les compétences techniques lui permettant
d'extraire et de traiter automatiquement les données, puis de les
réinjecter dans un programme, une application ou une page web.
Le designer s'occupe de la mise en forme, mais également de la clarté et
la lisibilité des données. Il réalise l'interface et pense les usages de
l'application en terme d'accessibilité et de compréhension de l'information.
Le journaliste, ou analyste, est chargé d'expliciter les données.
S'appuyant sur le contexte autant que sur les chiffres, il apporte un
complément d'information, une analyse et une ouverture.
Cependant, une multitude d'autres acteurs viennent compléter ce
microcosme de réutilisateurs, et il me semble important de mettre en
valeur un quatrième rôle significatif pour mettre en valeur les données
publiques : il s'agit du médiateur, qui peut être à la fois animateur et
formateur.
Ce médiateur serait à la fois chargé d'expliquer la démarche open data, de
faire le lien entre les réutilisateurs et le public, et de former à la « culture
des données ».
Il serait capable d'animer des ateliers autour de la réutilisation des
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données, d'intervenir auprès de divers publics afin d'impliquer les
habitants dans ces sessions d'appropriation des données, avec les
réutilisateurs possédant les compétences citées ci-dessus. Il peut
également amener ces réutilisateurs à s'investir sur la thématique de
l'open data.
A l'image de la School of Data, projet de formation aux données lancé en
2012 par l'Open Knowledge Foundation (OKF), le médiateur proposerait
des modules de formation adaptés aux niveaux des publics dans le but
d'acquérir les capacités de « trouver, extraire, nettoyer, manipuler,
analyser et représenter les différents types de des données »21.
Depuis l'apparition de l'open data en France, les associations et collectifs
citoyens se sont emparés de ce rôle d'animation et de médiation. De plus,
il peuvent sensibiliser les acteurs politiques et les potentiels détenteurs de
données. On citera par exemple l'association LiberTIC à Nantes, le collectif
Regards Citoyens, ou encore la FING.
Cependant, d'autres groupes de personnes, tels les rassemblements
d'utilisateurs de logiciels libres ou encore les associations militant pour la
démocratie participative, peuvent prendre part à la vulgarisation de
l'ouverture des données auprès du public.
21 Open Knowledge Foundation. Kick-starting the School of Data. Mai 2012. http://blog.okfn.org/2012/05/21/kick-starting-the-school-of-data/
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 19
Animer le mouvement open dataPour que l'ouverture des données porte ses fruits et que les habitants
s'emparent des informations publiques, il ne suffit pas que les producteurs
de données mettent en ligne celles-ci. Il est nécessaire d'amorcer une
dynamique afin d'impliquer les futurs réutilisateurs.
Hubert Guillaud définit l'animation comme « faire se croiser les acteurs ».22
Il est en effet primordial que les détenteurs de données, les réutilisateurs
et les publics finaux échangent entre eux et évoquent leurs idées, leurs
besoins, afin d'engendrer des réutilisations variées et adaptées au citoyen.
Simon Chignard évoque quatre objectifs de l'animation : favoriser la
découverte des données par les publics, stimuler la créativité, amorçer
une dynamique, et enfin s'assurer que le projet est viable, correctement
engagé et qu'il répondra aux attentes des réutilisateurs.23 Cette démarche
est également nécessaire pour s'assurer que les données ne seront pas
utilisées que par quelques uns : il faut tenter d'évoluer vers l'appropriation
par tous.
Lors de ce bref état des lieux des initiatives d'animation de l'open data,
nous nous centrerons sur les exemples collectivités françaises. Différentes
pistes de réflexions seront proposées pour impliquer les utilisateurs dans
cette démarche.
22 GUILLAUD Hubert. Open data : animer, animer et encore animer. Article publié sur InternetActu en mai 2012. http://www.internetactu.net/2012/05/31/open-data-24-animer-animer-et-encore-animer/
23 CHIGNARD Simon. Op. Cit. p.131
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 20
La création de services
Le concours, porté par le détenteur de données, et proposant une
récompense, généralement financière, est basé sur un principe de
compétition avec un laps de temps assez court (quelques mois) durant
lequel les porteurs d'idées doivent préparer une application
opérationnelle.
Le premier concours en France a été lancé par Rennes Métropole en 2010,
suivi par la Gironde, la Saône-et-Loire, puis Etalab en 2012.
Deux reproches sont formulés à l'encontre du concours24 : la possible
redondance des services présentés, et le manque de pérennité de ces
services : les créateurs étant souvent des particuliers, on assiste au bout
de quelques mois à la disparition de certains services, faute de motivation,
de temps ou de moyens. Des pistes d'amélioration peuvent être trouvés
pour pallier à ce problème : par exemple, améliorer le suivi des projets
proposés, via une labellisation de l'application, ou une rémunération des
créateurs.
Proche du concours, l'appel à projets est également porté par les
collectivités. Il se déroule généralement sur un temps plus long, et permet
une approche des services plus pointue, plus qualitative, et permet de
toucher des publics plus éloignés de l'aspect technique, comme les
associations ou les étudiants. De nombreuses collectivités, comme Nantes
ou Montpellier, ont un ou plusieurs appels à projets en cours.
Le hackathon, aussi appelé barcamp, présente une autre forme de
stimulation des réutilisateurs. Généralement rassemblés en un même lieu,
répartis en équipes, les participants disposent d'un temps très court (une
journée, un week-end) pour se pencher sur une idée et s'approcher le plus
possible de sa réalisation. La dynamique créée par l'effet de groupe est
très forte, mais le risque est que les applications commencées ne soient
pas finalisées et pérénisées par la suite, une fois l'effervescence de
l'évènement retombée.
24 CHIGNARD Simon. Op. Cit. p.136-139
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 21
Le brassage d'idées
Si elles permettent de créer des applications concrètes, ces formes de
challenge présentent le défaut de s'adresser à une population déjà
sensibilisée à la compréhension et la réutilisation des données. En
revanche, la réflexion sur les besoins des habitants et le « brainstorming »
d'idées est accessible à tous.
Tous les publics, habitants, associations, entreprises mais aussi les
détenteurs de données eux-mêmes, peuvent ainsi participer à
l'élaboration de solutions à des besoins grâce aux données publiques.
Dans cet optique, un atelier ouvert est la solution la plus pratique pour
rassembler ces différents acteurs et les inciter à proposer des idées.
Différentes initiatives ont d'ores et déjà lieu sur les territoires français,
comme les ateliers organisés par LiberTIC à Nantes, ou par le collectif
Open Data Rennes.
Mais la démarche de concours peut également être utilisée pour générer
des idées : la SNCF par exemple, qui a initié en 2011 son processus
d'ouverture de données, a proposé le concours Open App Transilien qui
valorisait les meilleures idées d'applications proposées. Les deux idées
récompensées proposaient de valoriser la marche à pied en comptant les
calories dépensées entre deux stations, et de visualiser l'affluence dans
les trains à horaire fixe.
Ces échanges autour des idées permettent d'impliquer directement les
habitants et de les intéresser à la réutilisation des données publiques, car
elle concerne directement leur quotidien et leurs besoins.
Cependant, on peut rapidement se retrouver face à une dissonnance entre
les souhaits des habitants et les possibilités des données publiques. En
effet, les idées proposées font souvent entrer en jeux des informations qui
ne sont pas possédées par les services publics, qui sont privées ou
confidentielles, voire même qui n'existent pas encore !
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 22
Sensibiliser et former
Afin d'impliquer les habitants dans le processus d'ouverture des données
publiques, il est nécessaire de commencer par les sensibiliser à la
compréhension de la « culture des données ».
Cette démarche de vulgarisation concerne tous les publics, à commencer
par ceux qui sont peu familiers de l'univers du numérique. On peut
également imaginer y intégrer les enfants, dès le collège, dans le cadre de
leurs enseignements.
Cette campagne de formation partirait de la base : définition d'une
donnée, différence entre une donnée, une information, une statistique.
Les différents types de mise en forme de ces données pourrait également
constituer un module de formation.
Mais il est également important de former les publics à l'analyse critique
de la donnée. Simon Chignard nous propose plusieurs pistes de
réflexion25 : comment a été produite la donnée ? À qui et à quoi sert cette
donnée à l’origine ? Pourquoi a-t-elle été ouverte et dans quel but ? Que
nous apprend-t-elle, mais également que nous apprend-t-elle pas ?
Concrètement, Simon propose par exemple à Rennes des sessions de
« chasse aux données », accessibles à tous, qui proposent aux participants
d'explorer leur univers proche afin de détecter les données qui nous
entourent, et de réfléchir à la façon de les collecter et de les utiliser.26
25 CHIGNARD Simon. Animer l'open data ? Article publié en avril 2012. http://donneesouvertes.info/2012/04/06/animer-lopen-data/
26 CHIGNARD Simon. [Atelier] Comment parler des données ouvertes à des non-développeurs ? Article publié en mars 2012. http://donneesouvertes.info/2012/03/27/atelier-comment-parler-des-donnees-ouvertes/
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 23
A Nantes, l'association Médiagraph propose d’initier et de former aux
nouvelles technologies tous les publics qui en sont éloignés voire exclus.
Elle a inclus l'open data dans son programme d'éducation au numérique et
propose des ateliers ouverts à tous sur les données ouvertes et leur
réutilisation.27
D'autres formes d'animation sont bien sûr envisageables, et
complémentaires à celles détaillées ci-dessus.
On pensera notamment à la réflexion sur les infolabs, menée par la FING,
qui imagine des lieux dédiés à la manipulation des données, comme le
sont actuellement les matériaux numériques dans les fablabs.28
Enfin, l'animation en ligne reste primordiale en marge des évènements
réalisés sur le terrain : sur la plateforme hébergeant les données, celles-ci
doivent être décrites, mises en valeur, et le site devrait toujours proposer
un moyen pour les utilisateurs d'évaluer et de commenter les données, et
de proposer de nouvelles informations à libérer.
27 Association Médiagraph http://www.assomediagraph.fr28 GUILLAUD Hubert. Avons-nous besoin d'infolabs ? Article publié sur InternetActu en mai 2012.
http://www.internetactu.net/2012/05/15/avons-nous-besoin-dinfo-labs/
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 24
ConclusionComme nous venons de le voir, l'open data est un mouvement très jeune
qui amorce à peine son adolescence : il se construit au fur et à mesure par
les acteurs qui s'en emparent, et personne ne peut prédire son avenir ou
les chemins qu'il pourra suivre.
Ce mouvement est en effet lié à son public. En plus des concours et des
hackathons, il est nécessaire d'aller vers ce public de réutilisateurs, en les
sensibilisant, en les formant et en faisant découvrir les intermédiaires
possibles ou leur montrant directement des outils permettant de
s'approprier les données.
Sans cette implication des habitants, les données publiques risquent ainsi
de se retrouver oubliées, non rentabilisées, faute de réutilisations. C'est
l'un des trois scénarios que Daniel Kaplan, délégué général de la FING,
propose dans son article « L'ouverture des données publiques, et
après ? »29 : si le mouvement reste une affaire d'initiés, que les données
ne sont réutilisées que par un petit nombre d'acteurs, alors les buts de
l'open data, la transparence politique, la participation des citoyens à la
démocratie et l'animation des territoires ne seront jamais atteints.
Il est donc indispensable de ne pas négliger l'implication et l'animation de
la communauté, et construire sur le long terme une démarche de
sensibilisation et de formation des habitants aux enjeux de l'open data.
29 KAPLAN Daniel. L'ouverture des données publiques, et après ? Article publié sur InternetActu en novembre 2010. http://www.internetactu.net/2010/11/09/louverture-des-donnees-publiques-et-apres/
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 25
Documentation
Bibliographie
CASILLI Antonio. Les liaisons numériques – Vers une nouvelle sociabilité ? Seuil,
septembre 2010.
CHIGNARD Simon. Open data – Comprendre l'ouverture des données publiques. FYP, mars
2012.
PLANTARD Pascal. Pour en finir avec la fracture numérique. FYP, avril 2011.
Webographie
BLANC Sabine. Open data PéRennes. Article publié sur OWNI en février 2012.
http://owni.fr/2012/02/21/open-data-perennes/
CHIGNARD Simon. Où est le marché de l'open data ? Article publié en mars 2012.
http://donneesouvertes.info/2012/03/12/ou-est-le-marche-de-lopen-data/
CHIGNARD Simon. [Atelier] Comment parler des données ouvertes à des non-
développeurs ? Article publié en mars 2012.
http://donneesouvertes.info/2012/03/27/atelier-comment-parler-des-donnees-ouvertes/
CHIGNARD Simon. Animer l'open data ? Article publié en avril 2012.
http://donneesouvertes.info/2012/04/06/animer-lopen-data/
CHIGNARD Simon. En finir avec le mythe de la donnée brute. Article publié en juin 2012.
http://donneesouvertes.info/2012/06/01/en-finir-avec-le-mythe-de-la-donnee-brute/
CHIGNARD Simon. Le mobile, la mobilité et le numérique. Article publié en juin 2012.
http://donneesouvertes.info/2012/06/09/le-mobile-la-mobilite-et-lopen-data/
Conseil National du Numérique. France. Avis n° 12 relatif à l’ouverture des données
publiques « Open data »)
Juin 2012. Document PDF téléchargeable sur http://www.cnnumerique.fr/ouverture-des-
donnees-publiques-lavis-du-cnnum
GUILLAUD Hubert. Open Data : L’avenir de la réutilisation des données publiques. Article
publié sur le blog InternetActu Le Monde en décembre 2011.
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2011/12/02/open-data-lavenir-de-la-reutilisation-
des-donnees-publiques/
GUILLAUD Hubert. Open data : où en est-on ? Article publié sur InternetActu en mai 2012.
http://www.internetactu.net/2012/05/30/open-data-14-ou-en-est-on/
GUILLAUD Hubert. Open data : animer, animer et encore animer. Article publié sur
InternetActu en mai 2012. http://www.internetactu.net/2012/05/31/open-data-24-
animer-animer-et-encore-animer/
GUILLAUD Hubert. Avons-nous besoin d'infolabs ? Article publié sur InternetActu en mai
2012. http://www.internetactu.net/2012/05/15/avons-nous-besoin-dinfo-labs/
GUILLAUD Hubert. Open data ; l'enjeu de la coproduction. Article publié sur InternetActu
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 26
en juin 2012. http://www.internetactu.net/2012/06/06/open-data-34-lenjeu-de-la-
coproduction
GUILLAUD Hubert. Vers un nouveau monde de données. Article publié sur InternetActu en
juin 2012. http://www.internetactu.net/2012/06/01/vers-un-nouveau-monde-de-
donnees/
GUIMARD Emmanuel. « Open data » : les collectivités sont en quête d'un modèle
économique. Les Echos, juin 2012
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202087398612-open-data-les-
collectivites-sont-en-quete-d-un-modele-economique-329131.php
JABLONKA Ivan & PERETZ Pauline, «Open Data comme une clé pour l'autonomisation des
citoyens. Un entretien avec Dominique Cardon », Livres & Idées, janvier 2012.
http://www.laviedesidees.fr/Open-data-le-chemin-vers-une-vraie.html
KAPLAN Daniel. L'ouverture des données publiques, et après ? Article publié sur
InternetActu en novembre 2010. http://www.internetactu.net/2010/11/09/louverture-
des-donnees-publiques-et-apres/
KAYSER-BRIL Nicolas. Prix de l'eau : publions nos données. Article publié sur OWNI en
mars 2011. http://owni.fr/2011/03/22/prix-de-l-eau-crowdsourcing/
LECHENET Alexandre. L'« open data », un outil pour la transparence des administrations.
Article publié sur Le Monde en novembre 2011.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/11/17/l-open-data-un-outil-pour-la-
transparence-des-administrations_1604390_823448.html
Open Knowledge Foundation. Kick-starting the School of Data. Mai 2012.
http://blog.okfn.org/2012/05/21/kick-starting-the-school-of-data/
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 27
RemerciementsJe remercie les responsables de la filière USETIC, Pascal Plantard et
Françoise Bréant, ainsi que tous les enseignants et intervenants de la
formation, et notamment Pierre Pencolé pour le soutien sans faille apporté
aux étudiants depuis le premier jour.
Merci à Bernadette Kessler et toute l'équipe du service Innovation
Numérique pour m'avoir accueillie et initiée aux subtilités de
l'administration publique durant ces dix mois de stage.
Je remercie encore toutes les personnes qui ont accepté d'échanger avec
moi autour de l'open data et de bien d'autres sujets.
Entre autres : Claire Gallon, Cyrille Gicquello, Amandine Brugiere et toute
l'équipe de la FING, Cécile Thomas, et pour l'accueil incomparable des
Montpelliérains : Stéphane et Jérôme, Jeff, Jean-Marie Bourgogne, Jérémie
Valentin, Marie-Laure Vie et Pierre Brice.
Evidemment, je remercie chaleureusement toute la team rennaise qui
œuvre autour des données ouvertes. Hugues, Norbert, Simon, Richard,
Benoît, Florian, Julien, les participants passionnés du collectif, la NCO, la
« famille participative » et toute l'équipe de la Cantine Numérique : c'est
un plaisir quotidien de travailler avec vous.
Merci enfin à mon entourage, mes amis et mes collègues de la filière
USETIC qui m'ont aidée à venir à bout de ce mémoire !
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 28
RésuméL'open data, ou ouverture des données publiques, est un mouvement qui
propose aux collectivités de mettre à disposition des citoyens des
informations et des données qu'elles possèdent, afin que leurs administrés
puissent les consulter et les réutiliser librement.
Ces réutilisations peuvent prendre la forme d'applications, d'infographies,
d'analyses, etc. développées par des particuliers, associations ou
entreprises, dans le but de rendre lisible et de comprendre le
fonctionnement de l'administration, de prendre part aux décisions
collectives, ou de créer de nouveaux services sur un territoire.
Les motivations des réutilisateurs de données sont variées mais se
concentrent autour de plusieurs points : le souhait d'apporter un nouveau
service aux habitants, l'attrait de la compétition et du défi technique, et
les centres d'intérêts de chacun.
Parmi les réutilisateurs, trois grands types de compétences se dessinent :
les développeurs, les designers et les journalistes. Mais il est également
important de développer l'aspect médiation et formation autour de l'open
data, afin d'initier le grand public à la culture des données.
Aujourd'hui, il existe de nombreux types d'incitations à participer à la
réutilisation des données : des concours aux hackathons en passant par
les appels à projets et les ateliers de réflexion, l'essentiel est de
sensibiliser les citoyens à la compréhension des données avant de les
inciter à produire des réutilisations.
Il est donc indispensable de ne pas négliger l'implication et l'animation de
la communauté, et construire sur le long terme une démarche de
sensibilisation et de formation des habitants aux enjeux de l'open data.
Léa Lacroix – Thématique – Licence Pro Usetic – juin 2012 – 29