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Entre souterrain et émergent L’architecture enterrée

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Entre souterrain et émergent, l'architecture enterrée

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Entre souterrain et émergentL’architecture enterrée

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SOMMAIRE

Remerciements /p.7

Avant-propos /p.9 Introduction /p.11

I.Dialogues entre émergent et souterrain /p.15

1.L’inscription dans le site /p.18

2.L’accès : médiateur entre émergent et souterrain /p.26

3.La lumière : éclairer l’obscurité /p.32

4.Les cadrages de vues : fenêtres sur le monde extérieur /p.38

5.Le paysage intérieur /p.43

6.Quand la couverture devient sol /p.49

II.Les champs de définition de l’architecture enterrée /p.59

1. Une architecture qui souligne un paysage /p.59

2. Une architecture de la soustraction /p.61

3. Une action mécanique forte sur le site /p.63

4. Le pouvoir évocateur d’une architecture « invisible » /p.65

5. Une architecture écologique /p.69

III.L’architecture enterrée, une réponse pour la ville de demain ? /p.75

1. Le sous-sol : un potentiel de préservation d’espaces urbains /p.75

2. L’urbanisme souterrain, une question d’actualité /p.77

3. Construire un nouveau paysage souterrain /p.79

IV Conclusion /p.89

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier les personnes qui sont intervenues de façon diverses dans l’élaboration de ce travail : Monsieur Hocine Aliovane en tant que Directeur de mémoire qui m’a guidée et m’a aidée à trouver des solutions pour avancer et faire évoluer la thématique initiale;

Madame Eliane Saint-André, née Utudjian, fille du célèbre urbaniste Edouard Utudjian, pour les informations pointues qu’elle m’a communiquées au sujet du travail de son père;

Madame Catherine Hoare qui travaille au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, sur le site des Eyzies-de-Tayac et m’a fait connaître et m’a expliqué différents lieux troglodytiques de la région;

Je remercie également ma famille et mes amis pour leur soutien.

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AVANT PROPOS

Mon choix de mémoire s’est tourné vers le thème de l’enfouissement en architecture suite à une année Erasmus à Grenade en Andalousie.Durant cette année j’ai pu profiter de toutes les richesses culturelles, architecturales et touristiques qu’offre cette ville.J’ai découvert une ville aux diverses facettes architecturales. La ville moderne qui ceinture les constructions cossues du 19° et 20° siècle et entoure les maisons anciennes qui bordent les ruelles moyenâgeuses de l’Albayzin et du Sacromonte. Le quartier populaire du Sacromonte qui fait face à l’Alhambra abrite des communautés gitanes qui vivent dans les «cuevas»: grottes, habitat traditionnel et troglodytique. Elles existeraient depuis le 16° siècle et ont toujours été habitées.Ces constructions énigmatiques dont on ne cerne pas les volumes et qui ne dévoilent rien de l’histoire des personnes qui les habitent m’ont intriguée et m’ont amenée à m’interroger sur ce type d’habitat. Dans un premier temps mon travail de recherche s’est naturellement porté sur cette architecture enterrée, énigmatique et qui ne dévoile pas au grand jour la vie (modes de vie et usages) qu’elle abrite. Mes premières recherches sont rentrées en résonnance avec des questionnements personnels plus profonds en relation avec des problèmes d’actualité, vers des projets d’architectures dont les concepteurs choisissent de soustraire partiellement ou totalement à la vue leurs édifices en travaillant non pas en émergence mais en enfouissement, à la limite de deux univers...

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INTRODUCTION

« Pour l’espace enterré, et pour le bâtiment de manière plus générale, la surface du sol constitue un plan déterminant, lourd de sens et de symbole. A partir de cette surface, véritable référence du projet, on descend pour s’enfoncer dans la terre, on pénètre le monde souterrain ou bien, au contraire, on s’élève pour se détacher du sol nature. Qu’elle soit visible ou non, cette limite de deux mondes demeure très présente. » 1

Comme le souligne Pierre von Meiss ci-dessus, toute architecture s’inscrit dans son site en prenant appui sur un référent physique fondamental, à la limite des mondes aérien et souterrain : le sol. Par rapport à ce référent, la majorité des projets d’architecture vont s’élever vers le ciel, s’exposer à la vue. Pourtant dans certains contextes, d’autres projets s’enfonceront dans le sol tendant à disparaître, à s’effacer. Ces deux postures architecturales illustrent deux rapports à la construction à première vue antagonistes, celui de l’enfouissement d’un ensemble architectural ou au contraire celui de l’émergence. En d’autres termes, si une majorité des projets d’architecture choisissent de se montrer au grand jour, d’autres au contraire se dissimulent dans leur contexte et prennent le parti de s’enterrer partiellement, voire totalement. C’est à cette deuxième « catégorie » de projets d’architecture, conçus et mis en œuvre pour fusionner, disparaître dans le site que va s’intéresser la présente recherche.

1 Entre le souterrain et l’émergent : en quête d’une cohérence verticale, Pierre von Meiss. L’architecture d’Aujourd’hui, n°340, mai - juin 2002.

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Cette posture architecturale est aujourd’hui celle choisie par des architectes de renommée mondiale (Dominique Perrault, Peter Zumthor, Tadao Ando...) pour la mise en œuvre de certains programmes publics, en réponse aux exigences d’un programme et d’un lieu.A partir de l’analyse de projets d’architecture contemporains ayant été conçus et mis en œuvre selon cette posture, on cherchera à répondre aux questionnements suivants : Dans quels contextes spatiaux et selon quelles modalités physiques, cette architecture de l’enfouissement a t-elle été mise en œuvre, en lieu et place d’une architecture de l’émergence? En quoi s’avère-t-elle plus adaptée qu’une architecture de l’émergence?Est-il possible d’esquisser une définition de cette architecture?Cette forme d’architecture ouvre-t-elle des perspectives nouvelles en matière de préservation de l’environnement naturel et du paysage, du renouvellement de la ville sur elle-même?Enfin, l’architecture semi-enterrée peut-elle constituer une des formes possibles de l’urbanisme de demain permettant de répondre en partie au manque de foncier au centre des villes et à la nécessité toujours accrue de disposer de services et d’équipements publics supplémentaires ? Est-ce un moyen de lutter contre l’étalement urbain, de densifier et de préserver des tissus anciens…?

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Dialogue entre souterrain et émergent

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I. Dialogues entre émergent et souterrain

« L’histoire de l’habitat humain peut être suivie à travers deux archétypes : la cabane et la caverne. La version enfouie de l’architecture a de tout temps cohabité avec la version érigée. Cette remarque permet de montrer que ces deux architectures ne s’opposent pas. Elles constituent deux registres de l’intelligence constructive pour résoudre la question de l’habiter.» J-P Loubes2

L’architecture enfouie et l’architecture érigée constituent deux manières d’habiter qui ont coexisté tout au long de l’histoire de l’humanité. L’architecture enfouie a toujours été présente et a évolué au cours du temps prenant trois formes : l’architecture de cavernes, l’architecture troglodytique et l’architecture semi-enterrée. L’architecture dite de cavernes ou de grottes représente le stade primitif où l’Homme se contentait seulement de s’abriter sous des formations rocheuses naturelles. Avec l’architecture troglodytique, l’homme s’approprie les espaces naturels mais les modèle, les agrandit afin qu’ils répondent au mieux à son mode de vie. Aujourd’hui, l’architecture semi-enterrée repousse les limites d’adaptation et de remodelage du milieu physique existant, grâce notamment aux avancées technologiques (matériaux, machines…). Cette forme d’architecture semi-enterrée sera explorée. Elle représente un parti-pris de l’architecte et sera étudiée dans le

2 Colloque Européen en Saumurois, la genèse et l’évolution du patrimoine troglodytique en Europe, la caverne et la cabane : le creusé et le construit, p8.

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cas précis où le concepteur a voulu s’enterrer, se soustraire à la vue plutôt que de s’exposer. Trois projets majeurs et représentatifs de l’architecture semi-enterrée contemporaine seront soumis à une analyse comparative. Ces trois projets s’implantent dans des contextes spatiaux différents (campagne, centre ville, site naturel sensible) avec différents degrés et modalités d’intégration à l’environnement paysager et bâti.

Pour chaque projet, nous tenterons de mettre en évidence les motivations et les arguments développés par les concepteurs pour la mise en œuvre de cette architecture semi-enterrée. Les projets seront soumis à une analyse comparative selon une grille de lecture structurée à partir des critères suivants : - L’intégration au site - L’accès au projet - La lumière - Les cadrages de vues - Le paysage recréé, les ambiances - La couverture

Ces critères ont été élaborés après l’analyse des trois exemples d’architecture souterraine sélectionnés : les Thermes de Vals de Peter Zumthor, l’Université des femmes d’Ewha de Dominique Perrault et le Chichu Musée d’Art de Tadao Ando. Ils correspondent à des éléments clefs récurrents dans les trois projets étudiés.

Les Thermes de Vals (1986-1996) de Peter Zumthor se situent

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dans un petit village verdoyant de montagne, en Suisse, dans la vallée des Grisons. Ils viennent compléter des équipements publics touristiques déjà présents (hôtels).

Pour l’université d’Ewha (2004-2008), Dominique Perrault va se confronter à un contexte urbain dense. Le site du projet est en effet situé en plein cœur du centre ville de Séoul, où les espaces publics sont rares et où il est difficile de trouver un lieu propice au repos et à la méditation.

Le Chichu Musée d’Art (2004-2006) de Tadao Ando se situe sur l’île de Naoshima dans la mer intérieure du Japon. Ce musée complète ainsi une vaste collection d’art contemporain déjà présente sur cette île. Il abrite dans plusieurs salles, séparées par des patios, les œuvres de trois grands artistes : James Turrell, Walter de Maria et Claude Monet. L’exposition étant permanente les œuvres et l’architecture ne peuvent être appréhendées séparément.

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1.L’inscription dans le site

Il s’agira, pour chaque projet analysé, d’expliciter les dispositifs architecturaux et paysagers mis en oeuvre pour intégrer spatialement le projet dans son site d’accueil.Nous verrons, à travers l’analyse de ces trois bâtiments, les différentes stratégies adoptées par ces architectes pour répondre au mieux aux contraintes programmatiques tout en intégrant leur projet dans le site.

Thermes de Vals : une architecture entre détachement et camouflage«Montagne, Pierre, Eau: construire dans la pierre, construire en pierre, construire à l’intérieur de la montagne, construire au flanc de la montagne, être au cœur de la montagne. Comment traduire toutes les acceptions et toute la volupté de ces expressions en langage architectural? C’est en essayant de répondre à ces questions que nous avons conçu cet édifice, lequel petit à petit, a pris forme sous nos yeux.» 3

Les Thermes de Vals se trouvent dans un petit village rural de montagne dans la vallée des Grisons en Suisse. Le projet se situe en bordure de l’unique route qui traverse le paysage vallonné de la petite commune de Vals. Dans le cas des Thermes de Vals, Peter Zumthor décide d’ancrer son projet entièrement dans le sol vallonné, en pente.Le toit des thermes étant le jardin de l’hôtel qui le surplombe. Depuis l’hôtel et le village on n’a donc aucune perception de ce

3 Peter Zumthor Thermes Vals, édition Scheidegger & Spiess, p. 57

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nouveau complexe, il se fond dans le paysage.En revanche, Zumthor profite de la pente naturelle du terrain pour offrir une façade entièrement ouverte sur la montagne à l’édifice; il assume sur cette partie de l’édifice son caractère d’objet architectural qui ici se détache du site. On pourrait alors parler pour ce projet de détachement, l’objet architectural est intégré au site mais affirme son indépendance et se détache de celui-ci en s’ouvrant vers l’extérieur grâce à sa façade sur le paysage. L’édifice se camoufle partiellement grâce à l’utilisation d’un matériau de la région, la pierre locale, le gneiss pour l’ensemble de celui-ci. Zumthor en utilisant cette pierre régionale veut créer une « grotte naturelle » dont l’eau jaillirait directement de la montagne. En enterrant l’édifice et en utilisant un matériau local, les thermes de parviennent à se dissimuler dans le paysage rural de la vallée des Grisons en Suisse tout en maintenant un subtil équilibre entre enfouissement et émergence (Voir illustration

1).

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Illustration 1: Vue des Thermes de Vals dans leur contexte.

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Université d’Ewha, Séoul : la fusion d’un programme et d’un siteL’université de Séoul vient s’intégrer dans un paysage urbain complexe en plein centre ville de Séoul. Le programme est situé entre des bâtiments anciens de la ville, au débouché d’un carrefour important, sur le site d’un ancien terrain de sports. L’entrée du campus constitue une distribution claire vers les bâtiments anciens et permet de résoudre un contexte urbain chaotique. Dans son projet Dominique Perrault prolonge une rue, dessine une vaste esplanade, un carrefour et une place qui est l’entrée du campus. Dans ce site complexe, en enterrant son projet, Dominique Perrault arrive à résoudre un conflit urbain complexe y intègre parfaitement le nouveau programme qui abrite des salles de classes ainsi que divers autres espaces pour les étudiantes de l’université d’Ewha. Le toit, du projet enterré, permet de rajouter une fonction supplémentaire, un jardin, une promenade, une aire de détente… le lien avec le monde extérieur. Dominique Perrault veut « retrouver au cœur de la terre la création d’un lieu inédit »4. Il fait vivre le paysage par une architecture du vide : c’est la fusion de cette architecture dans le site qu’elle occupe qui permet son intégration dans le paysage urbain. Elle permet par la même occasion la cohérence d’un tissu urbain auparavant complexe. (Voir illustration 2)

4 Extrait de la vidéo Arte sur l’université de Séoul : http://www.youtube.com/watch?v=7PWqnejUQSQ

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Illustration 2: Vue aérienne de l’Université d’Ewha.

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Chichu Musée d’Art : l’effacement de l’architecture devant

le paysage

L’effacement de l’architecture dans la nature est atteint lorsque le bâtiment est inclu entièrement dans le sous-sol et que le bâtiment ne semble pas être présent dans le site.Dans son projet du musée Chichu, (littéralement «musée enfoui») sur l’île de Naoshima au Japon, île particulièrement verdoyante et très vallonnée, Tadao Ando enfouit entièrement le musée dans la pente. Il vient avec ce projet compléter une série de musées dédiés à l’art contemporain. Pour Ando, enfouir, dissimuler l’architecture est un concept essentiel. Il ne veut en aucun cas créer une architecture qui serait plus importante que son environnement.5

Dans le paysage, les seuls éléments que l’on perçoit du musée d’art sont les murs blancs des patios qui rasent le sol. La couleur blanche tranche avec la végétation environnante et signale de façon subtile l’œuvre souterraine. En enterrant son projet, on peut penser que Tadao Ando crée une métaphore de l’île de Naoshima; le musée est inclu dans le sol comme l’île l’est dans la mer.

5 “J’ai une inclination presque inconsciente pour les espaces souterrains. L’une des clés de cette attitude tient peut-être à ce que, quelle que soit la nature du site, je souhaite créer une architecture qui ne soit pas plus importante que son environnement. Ainsi, lorsqu’un projet exige un volume important, j’envisage d’abord d’enterrer le plus d’espaces possibles.Une autre de mes motivations est le potentiel créatif inépuisable que je perçois dans cette idée “d’architecture invisible” qui permet de concevoir un espace continu sans en faire apparaître la forme. La question d’un espace plus essentiel se pose. S’affronter à l’espace souterrain rejoint, à mon sens, la quête de “l’origine de l’architecture” Tadao Ando : Pensée sur l’espace souterrain. L’architecture d’Aujourd’hui, n°340, mai - juin 2002.

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De plus, cette architecture isole les œuvres du monde extérieur, elle les met en retrait de tout élément qui pourrait interférer avec elles. Selon Ando, les perceptions des visiteurs sont alors affûtées, et, ils perçoivent l’art mis en scène d’un œil différent, il s’agit pour lui de créer « un pèlerinage artistique ».Ce concept nouveau de la lecture des œuvres, détaché de l’univers habituel, appuie, renforce, la posture originale et affirmée de ce projet d’architecture contemporaine souterraine. Tadao Ando met ici en pratique cette idée d’architecture «invisible», effacer dans son site, idée qui lui est chère et qui rejoint pour lui la quête de l’origine de l’architecture (voir

illustration3).

Illustration 3: Vue aérienne du Musée Chichu d’Art de Tadao Ando.

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Bien que chaque projet utilise une stratégie d’intégration dans le paysage différente, la préoccupation partagée par les trois architectes est de fondre l’architecture dans le paysage et surtout de composer avec celui-ci. L’architecture ne cherche plus à s’exposer et à s’imposer à la vue de tous, elle s’efface pour mettre en avant le paysage qui l’abrite.Le choix d’une architecture enterrée peut-être rattaché à la relation étroite qu’elle entretient avec le paysage. C’est une architecture qui prend naissance dans un dialogue avec un site dont elle devient tout au plus une émergence. Elle peut-être complètement intégrée à celui-ci ou s’en détacher plus ou moins.

A travers l’analyse des exemples, on remarque trois postures affirmées et distinctes pour chaque projet consernant l’insertion au paysage : - Le camouflage et le détachement avec les Thermes de Vals que Peter Zumthor cherche à fondre dans le paysage en utilisant la pierre locale, le gneiss, tout en révélant d’autre part sa nature artificielle d’objet architectural; - La fusion et la reformulation d’un site avec l’université de Séoul. En l’intégrant dans un paysage urbain complexe, Dominique Perrault cherche à effacer cette architecture nouvelle en l’intégrant au paysage urbain; - L’effacement dans le cas du musée Chichu de Tadao Ando, l’architecture tend à ne faire qu’un avec son site, remis à l’état initial après travaux.

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2. L’accès : médiateur entre émergent et souterrain

« La porte d’accès à un édifice, la porte dans un bâtiment, est définie selon des conceptions philosophico-religieuses ou anthropomorphiques ou esthétiques ou enfin rationnelles qui en font un objet architectural particulier. » 6

Toute architecture publique qu’elle soit enterrée ou non, nécessite un accès, un seuil d’entrée. Dans le cas d’une architecture enfouie, l’accès à l’édifice va jouer le rôle de médiateur entre l’émergent et le souterrain. Il doit inviter l’usager à descendre dans la terre et manifester en surface l’architecture enfouie. Nous verrons donc à travers l’analyse des trois projets comment chaque architecte va mettre en scène l’entrée de l’édifice, signalant ce dernier dans le paysage tout en le soustrayant à la vue.

Pour les Thermes de Vals, Dominique Perrault associe l’entrée dans les thermes à celle de l’hôtel voisin, elle est commune aux deux édifices. Il n’y a depuis l’hôtel aucun signe visible des thermes. Zumthor a pu effacer complètement l’entrée de cet édifice car son programme est complémentaire de celui de l’hôtel. L’entrée est escamotée, elle est assimilée à celle de l’autre édifice. Cette entrée « invisible » renforce sa volonté de faire des thermes une grotte « naturelle » d’où l’eau de la montagne jaillirait (voir illustration 4).

6 Définition extraite de l’article Wikipédia: «la porte en architecture».

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Illustration 4: Couloir d’accès aux thermes.

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A l’opposé de cette posture architecturale, l’accès à l’université de Séoul se fait par une grande rampe centrale qui donne à voir l’ensemble de l’édifice bien que celui-ci soit en dessous du sol (voir illustration 5). Cette rampe met en scène les façades de l’édifice, et le révèle dans le paysage urbain. Le vide central de la rampe amplifie le face à face des façades, des parois de verre, transparence contre transparence. Le vide est nécessaire à la perception de l’architecture. « Le vide permet de faire naître ce qui est, alors que lui n’est pas »7 . Dominique PerraultDans ce projet, c’est l’espace public qui s’enfonce dans le sol et révèle graduellement l’édifice.

7 Extrait de la vidéo Arte sur l’université de Séoul : http://www.youtube.com/watch?v=7PWqnejUQSQ

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Illustration 5: Rampe et escalier d’accès à l’université d’Ewha.

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Dans une posture intermédiaire, l’entrée au musée Chichu est signalée par un grand mur de béton lisse (voir illustration 6), caractéristique du style architectural de Tadao Ando. Ce mur semble sortir directement du sol. Il utilise ce que Pierre von Meiss appelle, « la stratégie visuelle qui évoque l’existence d’espaces en sous-sol est celle du franchissement franc : la paroi s’enfonce sans manière dans la terre, avec ou sans espaces habitables en sous-sol. »8 Cette simple démarche architecturale qu’utilise ici Tadao Ando pour indiquer l’entrée de son musée est en fait lourde de sens, elle invite les visiteurs à découvrir ce qui se passe sous terre. Tadao Ando est adepte de ce que l’on appelle « la culture du chemin »9 qui induit une entrée dérobée, seulement suggérée par ce mur tout droit sorti du sol.

8 Entre le souterrain et l’émergent : en quête d’une cohérence verticale, Pierre von Meiss. L’architecture d’Aujourd’hui, n°340, mai - juin 2002.9 http://blogs.rue89.nouvelobs.com/o-nippon/2010/11/03/au-musee-chichu-de-naoshima-le-sacre-et-le-profane-174357

Illustration 6: Mur de signalement d’accès au Musée Chichu d’Art.

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L’accès à ces édifices souterrains est donc le lien physique qui permet de relier l’espace souterrain à l’espace émergent, paysage naturel ou espace urbain. Il est souvent l’un des seuls signes visibles d’une architecture souterraine depuis l’extérieur.

On peut observer des attitudes différentes en matière de traitement de l’accès à ces programmes souterrains : - L’invisibilité grâce à une entrée dérobée pour Peter Zumthor. - Le monumentalisme avec la rampe d’accès et l’escalier pour Dominique Perrault. - Le minimalisme pour Tadao Ando, un simple mur de béton.

L’accès constitue l’interface entre le monde aérien et partie de l’architecture enterrée qui lui est contiguë. Cet espace compris entre l’émergent et le souterrain d’une construction semi-enterrée pourrait être donc défini comme un entre-deux, l’entre deux du projet entre ses parties visibles et ses parties cachées. Les parties visibles servent d’appel, ce sont des signes apparents qui révèlent une architecture discrète mais bien présente. Ces signes, qui ne représentent qu’une partie infime du projet total, jouent un rôle fondamental dans ce type d’architecture cachée qu’est l’architecture semi-enterrée et se révèlent alors d’autant plus importants quand l’architecture concernée est d’intérêt public. En plus de servir de lien, entre l’extérieur et l’intérieur du projet, entre parties situées au-dessus et au-dessous du sol plan de référence du projet architectural, l’accès représente le seul

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dispositif architectural visible en surface.Il s’agit donc du seul signal qui permettra d’identifier la présence d’une activité, une vie sous terre à un endroit donné. Il va donc jouer un rôle très important dans l’appréhension globale du projet. La relation entre l’émergent et le souterrain est d’autant plus importante que cette architecture publique doit se montrer ou se laisser voir ; sa vocation première étant d’attirer les usagers, de les inviter à pratiquer ces espaces communs, à partir de points « d’appel » visuels.Donner à lire, en émergence, la manière d’accéder au bâtiment est donc nécessaire et primordial.

3. La lumière : éclairer l’obscurité

L’apport de lumière naturelle est un problème central dans les architectures enterrées. Comment apporter cette lumière à l’intérieur de ces architectures souterraines ? Comment jouer avec elle pour connecter virtuellement le monde souterrain au monde réel ?

Pour les Thermes de Vals, Peter Zumthor se sert de la lumière naturelle pour créer des ambiances différentes dans chacun de ses bains, des raies de lumière délimitant les espaces d’un côté et de larges ouvertures sur le paysage d’un autre. Cet apport de lumière naturelle est notamment possible grâce au joint transparent en toiture et à la façade principale qui s’ouvre sur la montagne voisine.Il joue avec la lumière naturelle à la manière d’un parcours

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initiatique. On rentre dans l’obscurité quasi complète par un tunnel qui mène de l’hôtel vers les thermes, puis, au fil du parcours, on se rapproche de la lumière naturelle, du grand jour qui entre par l’unique façade du bâtiment. Dans ce bâtiment Peter Zumthor a voulu que ce soit l’extérieur qui rentre à l’intérieur et non le contraire (voir illustrations 7, 7.1).

Illustrations 7, 7.1 : Le toit source de lumière naturelle.

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Pour l’Université d’Ewha à Séoul, la question de l’apport de lumière naturelle est moins compliqué. En effet, « la vallée» comme aime l’appelée Dominique Perrault est créée par la rampe centrale, elle offre deux grandes façades vitrées à l’édifice. Ces façades, parois de verre, estompent les bruits de la ville (jusqu’à 17m de haut) et offrent un maximum de lumière naturelle à l’intérieur de l’édifice : « De loin, les falaises semblent sombres, mais dès qu’on descend dans la crevasse, les parois des façades en verre et inox s’éclaircissent, s’illuminent de transparence, de reflets, dans un effet de kaléidoscope»10 . Pour faire entrer davantage la lumière naturelle les planchers sont en retrait de la façade, au premier plan se trouvent d’abord toutes les circulations. La lumière naturelle vient donc éclairer les coursives qui courent le long des parois et qui desservent une première rangée de salles de cours, de bureaux ou la bibliothèque. Derrière ces coursives, les parois des salles de cours sont en verre, habillées d’un motif qui préserve l’intimité de la salle et qui vient s’estomper vers le haut.

Les occupants voient le jour derrière 1,2 ou 3 parois de verre grâce à ce système de pastilles collées sur celles-ci.La question de l’apport de lumière naturelle au sein de cet édifice est donc moins difficile dans ce projet que dans le projet des Thermes de Vals. La profondeur importante du bâtiment demande en revanche un système ingénieux pour faire entrer la lumière au plus profond du bâtiment. Dominique Perrault répond ici à cette problématique en utilisant un système de parois vitrées qui réfléchissent la lumière au plus profond de l’édifice (Voir illustration 8).

10 Journal Libération, Anne-Marie Fèvre, 13 juin 2008, Campus d’Ewha, la vallée des savoirs.

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Illustrations 8 : Coursive de circulation sur la façade.

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Dans le Chichu musée d’Art, Tadao Ando va quant à lui, se servir de patios ouverts sur le ciel pour lier entre elles les différentes salles du musée. Ces patios, en plus de lier les pièces entre elles, permettent de créer un lien avec le monde terrestre en amenant celui-ci, par décaissement à la hauteur des parties enterrées.La lumière joue un rôle fondamental dans l’architecture de Tadao Ando : « La création de l’espace en architecture est simplement la condensation et la purification du pouvoir de la lumière. » 11

L’enfouissement permet à l’architecte de dissimuler son projet dans le paysage tout en jouant avec la lumière naturelle. Il dévoile ainsi avec parcimonie et justesse l’architecture singulière de son projet, de même que les œuvres qui se révèlent aux visiteurs grâce à la lumière naturelle filtrée (Voir illustrations 9, 9.1).

11 Arquitectura y espiritu, édition Gustavo Gilli, p63.

Illustrations 9, 9.1: Lumière naturelle dans les couloirs du Musée Chichu.

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On peut constater que chaque architecte fait entrer la lumière naturelle dans l’édifice en utilisant des dispositifs architecturaux différents : - Une façade et des fentes sur le toit permettent l’apport de lumière naturelle pour les thermes de Vals; - Une faille, la «vallée», vient pour l’Université d’Ewha apporter par deux façades entièrement vitrées une lumière naturelle abondante dans les salles; - Des patios tournés vers le ciel servent de respiration et de source de lumière naturelle dans le Chichu Musée d’Art.Quels que soient les procédés architecturaux utilisés, l’apport de lumière naturelle dans ces architectures enterrées relève de l’habitabilité. Toute architecture semi-enterrée nécessite une relation au ciel, à la lumière naturelle. Ces architectures oscillent entre l’ombre et la lumière. Dans l’architecture enterrée, la lumière naturelle rassure et maintient le contact avec le sol, le monde terrestre. Elle assure la liaison entre l’architecture et le site, elle sert de connecteur physique. Chaque architecte dans sa réalisation va se servir de la lumière du jour pour créer des rythmes, des contrastes qui enrichissent le projet tout en le connectant à la surface du sol.

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4. Les cadrages de vues : fenêtres sur le monde

extérieur

Si, pour être habitable, l’architecture enterrée nécessite des apports suffisants de lumière, la mise en place d’ouvertures cadrant des vues sur l’extérieur va permettre la mise en scène, la relation de l’édifice au monde extérieur. Les architectes vont alors dans ces projets s’approprier une part du ciel ou du paysage proche ou lointain et tenter de le donner à voir depuis leurs conceptions en faisant entrer l’extérieur, la vue à l’intérieur même de la terre.

Pour les Thermes de Vals, Zumthor utilise sa façade pour créer des cadrages sur la montagne environnante. La façade est percée de grandes ouvertures rectangulaires de tailles différentes. Elles sont placées à des hauteurs variées pour jouer avec le paysage (Voir illustrations 10, 10.1).

« Je me plonge dans le lieu de mon projet, je cherche à en pénétrer les secrets tout en regardant vers l’extérieur, vers le monde de mes autres lieux… ».

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Illustrations 10, 10.1 : Cadrages sur le paysage.(Thermes de Vals)

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Dans le cas de l’université de Séoul, les cadrages sur le paysage sont moins précis. Les façades, falaises de la vallée, sont entièrement vitrées et offrent une vue large sur la faille entre les deux corps de bâtiments. Ces façades permettent de voir la « vallée » s’animent au grès du passage des étudiantes. Mais, depuis l’extérieur, la faille oriente le regard vers les gratte-ciels de la ville de Séoul, ils rappellent le contexte urbain dans lequel le projet se trouve : «J’ai voulu faire entrer la ville dans le campus »12 (Voir illustration 11).

12 Journal Libération, Anne-Marie Fèvre, 13 juin 2008, Campus d’Ewha, la vallée des savoirs, extrait de Dominique Perrault.

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Illustration 11: Cadrage sur les buildings de Séoul.

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Au musée Chichu d’art, Tadao Ando joue avec les cadrages à travers deux patios, un de forme carré et l’autre triangulaire. Ils servent de respiration entre les différentes salles et permettent aux visiteurs de se concentrer pour appréhender et observer les œuvres sous un nouveau jour, une fois plongés dans l’obscurité des salles (Voir illustrations 12, 12.1). Le visiteur se perd dans la méditation d’un ciel cadré par ces patios.

Illustrations 12, 12.1: Cadrages sur le ciel grâce aux patios.

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Dans toutes ces conceptions souterraines, les architectes n’ont de cesse d’intégrer leurs projets dans le paysage sans perdre de vue la nécessité de connecter de manière virtuelle, l’architecture à l’extérieur. Les cadrages qu’ils offrent, tout au long de la déambulation dans les projets, permettent donc de magnifier et de révéler le paysage environnant en donnant des points de repères sur le monde extérieur. Ils servent de lien entre extérieur, émergent et intérieur.

5. Le paysage intérieur

Etant sous terre, ces architectures sont par défaut plongées dans l’obscurité. La lumière, qu’elle soit artificielle ou naturelle, devient un élément structurant de la perception de l’espace. Outre les sources lumineuses et les cadrages sur l’extérieur, les couleurs, les matériaux et les textures utilisés constituent des facteurs déterminants influençant la perception et l’appréhension de ces lieux qui sont déconnectés du monde extérieur. Les ambiances jouent alors un rôle crucial dans l’interprétation et la compréhension de ces projets.

Dans les Thermes de Vals, Peter Zumthor joue avec la lumière naturelle mais aussi avec la lumière artificielle. Il décline les couleurs, allant des plus froides aux plus chaudes comme le orange ou le bleu pour indiquer les températures des bassins d’eau. Plus l’eau est chaude plus la couleur l’est aussi. Ici l’ambiance lumineuse joue un rôle d’indicateur thermique.

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Les combinaisons de lumière et d’ombre, d’espaces clos et ouverts, donnent des sensations fortes. Cette rencontre inattendue entre l’eau, la chaleur et la pierre ne laisse personne indifférent. Malgré l’austérité apparente du décor, l’ambiance est chaleureuse et propice à la détente (Voir illustrations 13, 13.1,

13.2, 13.3).

Illustrations 13, 13.1, 13.2, 13.3 : Ambiances lumineuses dans les Thermes de Vals.

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Illustrations 14, 14.1: Salle de classe éclairée en second jour derrière la coursive.

Pour l’université de Séoul, la question de l’ambiance et du paysage intérieur recréés est différente de celle des Thermes de Vals ou du musée Chichu. En effet, s’agissant d’une université, l’ensemble des pièces se doit d’être suffisamment éclairé pour offrir un confort visuel maximum aux étudiantes. Les parois vitrées permettent alors de satisfaire le confort visuel de chaque utilisateur (Voir illustrations 14, 14.1).

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Au cœur du Musée Chichu d’Art, Tadao Ando utilise des espaces de transitions entre les différentes salles, les patios. Ces espaces marquent la limite entre deux salles, ils sont baignés de lumière naturelle et s’ouvrent sur le ciel, à l’air libre. Ils font contraste avec l’intérieur des pièces qui abritent les œuvres, elles sont quant à elles plus sombres ou avec des jeux de lumière contrôlés. Pour Ando, la pénombre exacerbe les sensations (Voir illustration 15).

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Illustration 15: Variations de lumière dans l’espace dédié à James Turell.

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«L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière» et «Les éléments architecturaux sont la lumière et l’ombre, le mur et l’espace»13. Les architectes recréent dans les architectures souterraines, à l’intérieur de la terre, un paysage, un univers sensoriel qui met en éveil les sens dans une expérience peu commune.

13 Le Corbusier Vers une architecture, éditions Crès et Cie, Paris, 1923.

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6. Quand la couverture devient sol

Peu ou pas visible, en pente ou plate, la couverture a pour vocation première de mettre l’édifice à l’abri des variations climatiques (pluie, vent, neige...). Si en devenant dalle, elle peut-être praticable (notamment depuis le mouvement moderne), la couverture reste en général un dispositif spatial physiquement inaccessible.Cette couverture dans le cas de l’architecture souterraine a la particularité de devenir sol.

Dans les Thermes de Vals de Peter Zumthor, la couverture est en réalité le jardin de l’hôtel, qui surplombe les Thermes. La couverture est ici entièrement végétalisée pour se fondre dans le décor. L’architecture souterraine est suggérée en surface par les joints transparents de la toiture, qui une fois à l’intérieur des Thermes laissent entrer la lumière du jour sous forme de faisceaux lumineux (Voir illustration 16).

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Illustration 16: Toiture des Thermes de Vals.

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A l’Université d’Ewha, la couverture du bâtiment devient un jardin planté, lieu de repos et de méditations pour les étudiantes du campus. Elle permet également de relier la ville basse et la ville haute. En enterrant le bâtiment, Dominique Perrault offre également un espace supplémentaire dans un contexte urbain dense, il arrive ainsi à allier le programme demandé à des espaces de confort et de loisir supplémentaires (voir illustration 17).

Illustration 17: Promenade sur la couverture de l’Université d’Ewha.

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Dans le Chichu Musée d’Art, sur la toiture du musée ont été replantées les espèces végétales présentes sur le site avant la construction. L’idée est de faire penser que cette architecture souterraine a toujours été présente dans ce site. Pour Tadao Ando, l’important dans une construction est que l’architecture ne devienne pas plus importante que le site qu’elle occupe. Avec ce musée il met en application ce principe architectural caractéristique de sa démarche de projet (Voir illustration 18).

Dans le cas de l’architecture enterrée, la couverture devient sol et devient un des espaces articulé au projet. Dans ces trois bâtiments, la toiture revêt la fonction de jardin. Qu’il soit utilisable (Université d’Ewha) ou non (Chichu Musée d’Art), cet espace végétalisé concourt à l’insertion de l’architecture dans son site.

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Illustration 18: Vue sur la mer depuis la couverture du Chichu Musée d’Art.

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ConclusionA l’issue de l’analyse de ces trois projets, on peut remarquer que les architectes répondent chacun de manière singulière aux problèmes rencontrés.

Chacun à sa manière intègre sa construction au site en déployant une stratégie propre. L’architecture souterraine peut s’effacer complètement dans son site (Chichu Musée d’Art) ou au contraire fusionner et apporter de nouveaux espaces publics dans un contexte urbain compliqué (l’Université d’Ewha).

Mais bien qu’elle soit enterrée, enfouie et donc plus ou moins visible du monde terrestre, l’architecture publique comme dans ces trois exemples se doit de se montrer et de se signaler. L’accès joue alors dans ces architectures le rôle d’entre-deux, de médiateur entre souterrain et émergent. C’est l’un des outils de communication de l’architecture souterraine. Il permet un dialogue fluide entre le monde terrestre et l’univers créé sous terre.

La lumière naturelle constitue également un outil de dialogue. Elle maintient le contact avec le monde terrestre.Cette lumière naturelle est souvent apportée par de larges ouvertures, patios ou «fenêtres», qui cadrent sur le paysage. Ces cadrages viennent connecter le projet au ciel, vecteurs communs à toute architecture, qu’elle soit terrestre ou souterraine.

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Le paysage recréé et les ambiances à l’intérieur de ces projets souterrains prennent d’autant plus d’importance que les sens sont affutés par la coupure avec le monde extérieur.

La toiture, en devenant le sol, enrichit le projet en l’articulant à des espaces extérieurs qui concourent à son insertion urbaine et paysagère.

La conjonction de l’ensemble de ces critères fait de l’architecture semi-enterrée un dialogue permanent entre souterrain et émergent et est une source sensorielle singulière pour l’usager.

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Les champs de définition de l’architecture enterrée

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II. Les champs de définition de l’architecture enterrée

A partir des conclusions de l’analyse croisée des trois projets, est-il possible d’esquisser une définition de cette architecture/posture?

1. Une architecture qui souligne un paysage

La disparition de l’architecture du champ visuel, son enfouissement, est une posture architecturale, un parti-pris singulier de l’architecte. Pour l’Université d’Ewha par exemple, Dominique Perrault inclu et fusionne la construction avec le site alors qu’il n’y est contraint par aucun règlement relatif à la préservation du site ou du paysage. Il s’agit donc bien d’un choix délibéré pour exploiter un lieu, le révéler ou le magnifier et confondre construction et paysage. C’est ce qu’explique Dominique Perrault en parlant de «stratégie du vide».«La stratégie du vide c’est la disparition de l’architecture, l’absence d’architecture permet de faire vivre le paysage». Dominique Perrault.

La stratégie du vide permet au concepteur de prendre place dans un site, en mettant l’architecture au service du paysage. Le nouveau projet vient faire vivre le paysage, le souligner tout en s’effaçant. Il en révèle l’essence, les lignes de forces, le potentiel structurant (comme à Séoul), le préserve le paysage en ne le dénaturant pas, tout du moins visuellement.

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En utilisant les procédés de cadrages de vues par exemple, les architectes jouent avec ce paysage et montrent, aux utilisateurs de ces architectures publiques, les éléments du paysage les plus singuliers. La vallée de l’Université d’Ewha, avec son escalier monumental vient cadrer, renforcer, souligner, mettre en perspective les anciens bâtiments de la ville. Ces cadrages établissent des connexions visuelles et soulignent les éléments forts du paysage.

Dans certains projets, l’enfouissement de l’architecture vient, en plus de révéler un paysage, permettre à l’architecte d’inscrire son programme en toute discrétion dans le site; l’enfouissement permet également d’utiliser le toit du projet, qui n’est rien d’autre que le niveau du sol et à alors vocation d’espace public : place, jardin… Dans ce cas là, ce qui est appelé «la cinquième façade du bâtiment» revêt une fonction supplémentaire dans l’édifice. Cette architecture permet alors un gain d’espace en surface tout en intégrant de nouveaux espaces collectifs en souterrain.

En utilisant le sol de cette nouvelle construction, on contribue aussi à effacer la limite entre deux mondes : le monde souterrain et le monde aérien. La couverture du bâtiment, en devenant sol, vient ici jouer le rôle de médiateur en connectant souterrain et émergent.

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2. Une architecture de la soustraction

« Creuser une demeure dans un escarpement de tuf … voilà de l’art ! » Pour Viollet-le-Duc : « Elever une cahute avec des branches d’arbres n’est pas de l’art, c’est un besoin matériel rempli.» 14

L’architecture enterrée naît de la soustraction de matière, de l’excavation du plein pour créer le vide, on pourrait parler d’architecture en négatif. Cette architecture est faite à partir de vides. L’espace, le vide est créé dans la matière existante sur place. C’est l’inverse de la manière la plus répandue de faire l’architecture où, dans ce cas là, c’est la matière qui crée l’espace.Dans l’architecture soustractive, l’architecte met en place son projet en procédant d’une réflexion qui s’appuie sur la création de vides.

Peter Zumthor dans les Thermes de Vals crée le vide de façon paradoxale par superposition de plein. Il utilise en effet, des lames horizontales de pierre, le gneiss, qui vont créer par accumulation verticale, des blocs rocheux d’apparence monolithique, pour feindre d’imiter le milieu naturel d’une grotte. Ici, c’est l’accumulation de plein qui crée le vide.Il utilise la métaphore de la grotte, chaque bloc de gneiss, est évidé et contient un bassin où le bain à sa température et son atmosphère propres (Illustration 19).

14 TERRIN Jean-Jacques, Le monde souterrain, Hazan, Collection Guide des Arts, 2008, p. 203.

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L’architecture enterrée est donc assimilée à une architecture de la soustraction car elle s’inscrit dans un vide créé. Elle vient ensuite le compléter, le remplir en négatif. C’est la complémentarité du vide et de ce « nouveau » plein qui crée la fusion entre architecture et paysage. Le vide, façonné, de toute pièce est ensuite rempli par la nouvelle architecture qui vient dans ce site recréer un paysage.

Illustration 19: Empilement des lames de Gneiss, Thermes de Vals.

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3. Une action mécanique forte sur le site

Comme on l’a vu précédemment, cette architecture se fond dans le paysage qui l’entoure et tend à y disparaître en s’intégrant à celui-ci. Mais peut-on réellement dire que cette architecture respecte le site qui l’abrite ? Cette question amène à une réflexion sur la notion de respect du site. Entend-t-on par respect du site le fait de modeler un terrain sans changer ses propriétés physiques, ou simplement de modeler un terrain pour y insérer un projet en veillant à le remettre dans son apparence initiale une fois le travail fini ?

Un fort impact physique ?Bien qu’elle puisse paraître intégrée à l’environnement, la lecture en coupe du projet montre que cette architecture dénature en partie la géologie du site qu’elle occupe et altère la structure du sol concerné et d’une partie du sous sol.

En effet, pour enterrer ces constructions il faut excaver un volume important de sol et sous-sol, afin de pouvoir loger dans ce volume de vide l’enveloppe du nouveau bâtiment. Le résultat final laisse penser que le projet a toujours été là, si son intégration visuelle au paysage est réussie, il fait alors «illusion» dans ce paysage façonné. Le paysage joue alors le rôle d’enveloppe pour la nouvelle architecture.

Sous une apparente simplicité et une illusion d’intégration douce au site naturel se cache une grande technicité. Pour mettre en place ces architectures, par essence étrangères au site, des moyens techniques, mécaniques et technologiques importants,

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ainsi que des procédés lourds ont du être utilisés. L’enjeu de l’architecture enterrée est alors d’apporter dans un site «vierge» un corps étranger tout en parvenant à une intégration parfaite, obtenir une symbiose entre paysage et architecture.La mise en œuvre de l’architecture enterrée, le modelage du terrain, détruit alors en partie la structure initiale du substrat, le sol et une partie du sous-sol mais préserve en revanche le paysage qui l’abrite.

Des sous-sol adaptés?Pour pouvoir enterrer un projet, il faut que le sol, le site du projet soit géologiquement « apte » à le recevoir. Il faut que le terrain soit suffisamment « homogène », cohérent, situé dans une zone non-inondable., non susceptible de glisser…

Bien que les technologies, les outils d’excavations aient évolué à partir de la fin du XIX° siècle, ce sont surtout des infrastructures comme les réseaux d’eau et d’électricité qui ont été enterrés. On enfouit surtout ce qui est consommateur d’espace et ce que l’on ne veut pas laisser voir. Avec l’évolution des moyens d’excavation, les possibilités de construction en souterrain se sont étendues à plusieurs typologies de sols qui apparaissaient comme non constructibles auparavant. C’est cette évolution des techniques qui permet aujourd’hui aux architectures souterraines, non plus de se limiter à des terrains rocheux mais de s’étendre aussi à des terrains meubles. Ces progrès permettent de réaliser plus aisément maintenant ce type de construction souterraine et

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donc de généraliser leur développement.

Si ces architectures bouleversent radicalement le substrat du sol, elles permettent en contre partie de libérer des espaces en surface qui sont intégrés aux structures spatiales paysagères ou urbaines qu’elle viennent renforcer.

4. Le pouvoir évocateur d’une architecture «invisible»

Une architecture énigmatique et intriganteL’architecture enterrée, par son aspect massif et imposant (Thermes de Vals par exemple), renvoie une image protectrice aux visiteurs qui la pratiquent. Les atmosphères, les ambiances exacerbées par l’obscurité, la pénombre viennent renforcer cette sensation de sécurité et apportent une part de mystère et un côté intrigant à ces constructions souterraines. L’architecture enterrée met à distance le monde terrestre, frénétique du XXI° siècle. Au cœur de celles-ci, le visiteur échappe au tourbillon de la vie moderne pour vivre un moment de repos et de sérénité.

Cette architecture présente un caractère mystérieux. Elle ne donne pas à voir d’un simple regard tout ce qu’elle propose et protège, elle est secrète. C’est l’aspect peu commun de cette posture architecturale qui exacerbe les sens et met en éveil l’imaginaire. Chacun peut imaginer le monde intérieur que cette architecture enfouie insondable dissimule. Cet univers particulier est créé par l’isolement du monde extérieur et renforcé par des procédés architecturaux singuliers. L’utilisation

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d’une lumière filtrée, les cadrages précis sur l’environnement extérieur, l’atmosphère et les matériaux utilisés sont autant de procédés qui concourent à renforcer l’image mystérieuse de cette architecture peu commune.

Le processus de retrait de matière, le fait de s’ancrer profondément dans la terre donne à la construction une «dimension protégée» et impénétrable. Les hommes l’utilise ainsi comme des espaces scientifiques (réserve mondiale de semences du Svalbard en Norvège),pour des édifices militaires (défense, camouflage).

On peut faire le parallèle avec l’architecture du Musée Chichu de Tadao Ando, dont l’architecture enterrée donne l’impression de protéger précieusement les œuvres qu’elle abrite et les met en valeur en leur conférant un aspect sacré (Voir illustration 20).

Dans le cas des Thermes, c’est la massivité elle-même de la pierre utilisée qui donne une sensation de protection aux baigneurs. Ils sont enserrés entre de grands murs de pierre dans la pénombre ; l’atmosphère ainsi créée renvoie directement à l’image de la grotte (Voir illustration 20.1).

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Illustration 20: Ambiance mystique dans la salle abritant l’oeuvre de Walter de Maria.Illustration 20.1 : Jeu sur la pénombre à l’entrée des Thermes de Vals.

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Une architecture de signesL’architecture enterrée, lorsqu’elle abrite un édifice public même si elle joue sur son aspect mystérieux et impénétrable, doit se montrer de manière discrète ou tout du moins se signaler dans le paysage. En effet sa vocation est d’être au service d’un public et d’accueillir des visiteurs, des usagers. Elle utilise alors des signes, des traces en surface dans le paysage pour se dévoiler, ce sont ces indices plus ou moins importants qui indiquent son existence.

Cette architecture intrigante, mystérieuse, doit comme tout autre architecture terrestre se forger une image communicante qui assure son activité et sa pérennité. Dans le cas de cette architecture enfouie, c’est le pouvoir évocateur de celle-ci, par le biais de signes et de traces dans le paysage qui la dévoile. Ces signes en revanche qui se traduisent par des démarches architecturales minimalistes ne dévoilent en rien l’univers mystérieux qu’elles abritent. Et c’est ce côté énigmatique, mystérieux et peu commun, qui assure d’autre part la réussite d’une expérience souterraine singulière.

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5. Une architecture écologique

« L’architecture écologique (ou architecture durable) est un mode de conception et de réalisation ayant pour préoccupation de concevoir une architecture respectueuse de l’environnement et de l’écologie15. »

L’hyperinertie du sol comme isolant naturelEn plus de ces qualités paysagères, l’architecture souterraine présente des qualités économiques et écologiques. En effet elle profite tout au long de l’année des températures clémentes qui règnent au sein de la terre, température confortable l’hiver et fraiche l’été. Isolée naturellement par la terre, elle profite de l’inertie de celle-ci, c’est le meilleur isolant thermique et phonique qui existe. La toiture végétalisée de ce type de construction offre un chapeau thermique au bâtiment. Des études montrent que plus on s’enfonce profondément au cœur de la terre moins les températures extérieures sont influentes, et ce, tout au long de l’année (Voir illustration 21). L’architecture souterraine permet donc un contrôle naturel des variations climatiques. Elle ne nécessite pas de ventilation mécanique pour l’été et il suffit d’un chauffage « d’appoint » pour l’hiver. Il faudra seulement qu’une ventilation naturelle suffisante soit pensée dans la conception du projet. Elle peut donc représenter des économies financières conséquentes lorsqu’il s’agit de bâtiments publics importants.

15 Définition extraite de l’article Wikipédia sur l’architecture durable : http://fr.wikipedia.org/wiki/Architecture_durable

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Par exemple, en étant enterrée, l’université d’Ewha réduit de 60% sa facture d’énergie16 par rapport à une construction traditionnelle. La température en été reste fraîche à l’intérieur des bâtiments, bien que leurs façades soient complètement vitrées, en hiver, au contraire l’inertie de la terre permet une température douce ajoutée aux apports solaires non négligeables des façades.Comme le dit Dominique Perrault, « c’est un retournement des valeurs, être enterré devient un confort ».

Cette architecture faite de soustraction de matière représente également des qualités écologiques défendables. L’entretien général de la construction est faible, les murs étant inexistants, 16 Dominique Perrault, Apprenons à construire la ville souterraine, le Temps, 23 août 2013.

Illustration 21: Variations des températures sous terre en fonction du temps et de la profondeur.

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il n’y a pas de coûts d’entretien de façade à prévoir, ni même dans la majorité des cas de travaux de réfection de la toiture.

La protection phoniqueEn plus de représenter des qualités écologiques et durables défendables, la terre qui enveloppe la construction permet à celle-ci d’être isolée phoniquement du monde extérieur. Une fois à l’intérieur de ces construction calfeutrées on se retrouve à l’intérieur d’un monde caché où toute l’attention est portée sur cet univers singulier.

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ConclusionL’architecture souterraine est une stratégie pour faire vivre un paysage et le souligner. Sa disparition à la faveur du site est rendue possible par un processus de réflexion par le vide. C’est une architecture qui prend place en négatif dans le vide créé.Cette posture singulière vis-à-vis d’un site donne une force à ces projets et l’illusion d’une architecture qui fusionne avec son site. Dans ces projets, architecture et nature ne semblent alors former plus qu’un.Malgré son «aspect invisible», cette architecture singulière se donne à voir dans son site par l’utilisation de procédés architecturaux, de signes, l’utilisation de la lumière naturelle et le paysage intérieur créé forment son image communicante, le pouvoir évocateur de celle-ci.Cette forme d’architecture semble particulièrement adaptée à certaines attentes en matière de développement durable. La terre étant un isolant naturel, elle permet à ces architectures de répondre de manière pertinente et économique aux exigences actuelles.

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L’architecture enterrée une réponse pour la ville de demain ?

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III. L’architecture enterrée, une réponse pour la ville de demain ?

1. Le sous-sol : un potentiel de préservation d’espaces urbains La CUB (Communauté Urbaine de Bordeaux) a lancé deux concours pour 50 000 logements et 55 000 hectares de nature en 2010.Le projet des 50 000 logements vise à revitaliser des espaces centraux et essayer de freiner le processus d’étalement que vit la métropole depuis 30 ans17. Il est accompagné d’un projet complémentaire qui est celui des 55 000 hectares de nature. Ce projet vise quant à lui à préserver les espaces verts de la métropole et essayer de renverser la tendance de l’étalement urbain au centre de la ville qui contribue au grignotage de ces espaces. A la vue de ces deux projets, on peut se demander si une utilisation du sous-sol plus importante ne pourrait pas permettre à la ville de Bordeaux de se développer tout en conservant ses espaces verts centraux. Ces deux projets, ambitieux conduisent naturellement à une réflexion tournée vers l’architecture enterrée qui créerait davantage de logements et conserverait les espaces verts du cœur de la ville. L’architecture souterraine doit être vue, dans des contextes similaires à ceux de la ville de Bordeaux, comme une possibilité d’économie d’espaces.

17 http://www.lacub.fr/50-000-logements : 50000 logements autour des axes de transports collectifs.

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L’espace souterrain représenterait alors un potentiel urbain majeur à exploiter et à réinvestir en fonction des besoins futurs. Il doit être perçu comme une ressource et un espace potentiel pour l’évolution de la ville.Il permettrait de préserver l’espace en surface ainsi que le paysage : « Le sous-sol partout présent et encore relativement libre, disponible, accessible peut permettre l’organisation de la ville de demain en devenant un espace privilégié pour la construction de la ville dense. »18

Le sous-sol permettrait alors de diminuer l’occupation en surface et de démultiplier l’espace libre en centre-ville notamment : «Grâce à des réflexions d’ensemble, le sous-sol pourrait fournir de nouveaux espaces … les villes conserveraient ainsi des espaces de grande valeur en sursol. » 19

Le sous-sol pourrait permettre aussi de rationnaliser l’espace, accueillir de nouveaux lieux de service inédits au cœur des villes, ne pas servir uniquement pour l’assise technique (réseau d’eau et d’électricité). Il augmenterait ainsi les qualités urbaines de la ville. « On voit déjà l’avantage de cet enfouissement concerté. Si l’on supprime de la surface les édifices qui n’ont rien à y faire, ou qui enlaidissent le paysage ou nuisent à la pureté de l’atmosphère, on peut multiplier les espaces verts en

18 Etude de faisabilité du Projet National « Ville 10D – Villes d’idées » , Ministère de l’Ecologie, de l’Energie du Développement Durable et de la Mer, Association Française des Tunnels et de l’Espace Souterrain (AFTES), Septembre 2010, p.4.19 Etude de faisabilité du Projet National « Ville 10D – Villes d’idées » , Ministère de l’Ecologie, de l’Energie du Développement Durable et de la Mer, Association Française des Tunnels et de l’Espace Souterrain (AFTES), Septembre 2010, p.5.

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traçant des parcs, des jardins, des stades dans les lieux qu’ils occupaient précédemment. » Edouard Utudjian

Une utilisation plus importante d’espaces souterrains permettrait le désengorgement des centres villes et améliorerait leurs qualités urbaines.

2. L’urbanisme souterrain, une question d’actualité

Aujourd’hui l’espace souterrain est peu pris en compte dans la conception des villes pour de nombreuses raisons : une mauvaise image et une méconnaissance de ce type de construction en sont majoritairement la cause. Pourtant, la vie sous terre a toujours existé, de la préhistoire à aujourd’hui. A l’époque médiévale, l’espace souterrain servait de lieu de circulation et de guet, il permettait dans de nombreuses villes françaises, comme à Susay-champigny par exemple, l’acheminement rapide de blocs de pierre de la carrière directement jusqu’à la rivière. Ce réseau de rues souterraines engendrait des lieux de vie très animés. L’espace souterrain servait et sert toujours également d’espace de vie dans les villes troglodytiques. Aujourd’hui l’architecture troglodytique a été petit à petit délaissée mais elle reste d’actualité dans certaines villes où l’espace souterrain a été réinvesti comme espace d’accueil des infrastructures de transport. Un des exemples les plus connus est l’urbanisme souterrain de la ville de Montréal.Cet urbanisme souterrain ne pourrait-il pas être aujourd’hui

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avec des moyens techniques améliorés une réponse plausible et intéressante pour éviter la sur-densité, la saturation au centre des villes ?

La proposition d’un urbanisme souterrain est une question que de plus en plus d’architectes, d’urbanistes du monde entier soulèvent. Bien qu’elle ait déjà été étudiée par le passé avec Edouard Utudjian20, cette forme d’urbanisme sous-terre n’a pas été très développée. Pour lui, le non développement de l’urbanisme souterrain est dû à la peur des hommes face à cet «univers» peu connu.21

Aujourd’hui Dominique Perrault notamment, relance cette idée d’urbanisme souterrain, il croit à cette formule de densification des villes, pour lui « l’architecture souterraine construit un paysage ». Il n’est d’ailleurs pas le seul à mener cette réflexion et les progrès techniques (ventilation, éclairage) poussent de nombreux architectes dans le monde à se tourner aujourd’hui vers l’architecture enfouie.

Pour que cet urbanisme souterrain ait une vraie portée et un rôle non négligeable dans une ville, une question est primordiale, celle de l’échelle de projet. Il ne s’agit pas de faire un urbanisme 20 Il est considéré comme l’un des apôtres de l’urbanisme souterrain et a formé en 1933 le Groupe d’études et de coordination de l’urbanisme souterrain (GECUS). Il a été le premier à utiliser la notion « d’urbanisme souterrain».21 II est tout à fait probable que le retard pris par l’urbanisme souterrain par rapport à l’urbanisme aérien, et cela alors qu’il fait son apparition au même moment et que sa tradition était peut-être plus ancienne, provient de cette peur de l’homme et de sa répulsion. Dès l’origine, il s’est pro duit uns rupture. L’adaptation au monde extérieur s’est faite aux dépends de son adaptation au monde souterrain dont la conquête lui répugnait. Edouard Utudjian

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souterrain « morcelé ». La planification d’un urbanisme souterrain à grande échelle serait une vraie avancée. Cela permettrait de structurer davantage la ville et de combiner les aménagements de surface avec les aménagements en souterrain. Une certaine complémentarité s’établirait alors entre dessus et dessous.

3. Construire un nouveau paysage souterrain

La construction d’un paysage souterrain n’est pas une idée nouvelle mais les réalisations d’envergures sont encore peu nombreuses. Même si certains architectes se sont lancés dans des projets souterrains d’importance, la plupart restent à l’état d’esquisse (Earthscraper).Certains cependant, comme le Forum des Halles à Paris, voient le jour et laissent à penser que des projets innovants de ce type pourraient peu à peu dessiner un nouveau profil pour les villes alliant densité, programmes, services et espaces verts.

Le Forum des Halles à ParisLe déménagement du marché au gros, vers Rungis et la Villette, a permis d’envisager une vaste opération d’urbanisme au cœur de la ville. Cette opération a pour but de redynamiser la rive droite de Paris en y inscrivant le projet du Forum des Halles.Une véritable ville souterraine va être créée liant les infrastructures de transport (métro) à des équipements commerciaux, culturels, sportifs et de loisirs. Devant être achevé prochainement, le toit du nouveau Forum est une immense verrière, imaginée par les architectes

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Patrick Berger et Jacques Anziutti. Cette structure nommée « canopée » est un vaste ensemble de verre et d’acier de 14 mètres de hauteur, couvrant un patio central et accueillant un conservatoire, un centre hip-hop, une bibliothèque, un atelier de pratiques amateurs et un centre culturel pour les sourds et malentendants. La « canopée » crée le lien entre le monde souterrain et l’immense jardin en surface. L’inauguration de ce nouveau projet urbain souterrain est prévue pour juillet 2014 (Voir illustrations 22

et 22.1).

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Illustration 22 : La canopée - Forum des Halles, vue extérieur.Illustration 22.1 : La canopéé - Forum des Halles, vue en plongée sur le patio.

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L’Earthscraper : Le « gratte-terre » de MexicoLe centre historique de Mexico a besoin de nouveaux espaces de vie, de bureaux, de commerces et de nouvelles habitations. Cependant, le caractère historique de ce quartier interdit de démolir des bâtiments protégés ou de construire de nouvelles structures supérieures à huit étages.

Bunker Arquitectura, une agence d’urbanisme et d’architecture basée à Mexico City, a imaginé un nouveau concept de building inversé « Earthscraper » (gratte-terre) pour répondre à la problématique d’indisponibilité de terrains dans la ville.Ce nouveau building viendrait, à la façon du Carrousel du Louvres, s’enfoncer dans la terre avec une forme de pyramide inversée qui permettrait ainsi à la lumière naturelle de pénétrer au plus profond de la construction.Cette pyramide inversée serait composée de 65 étages et s’enfoncerait à plus de 300 mètres sous la terre. Le centre de la pyramide serait vide et servirait de puits de jour pour un apport maximal de lumière et une ventilation naturelle optimale.A sa base, au niveau du sol, un plancher de verre permettrait aux occupants de la pyramide et aux personnes qui sont à l’extérieur de rester « en connexion », de ne pas s’oublier. Le plancher de verre serait aussi un espace disponible pour les évènements culturels de la ville.

Cette idée fascinante nécessite encore quelques études ; elle est encore à l’état de projet et reste encore un peu utopique par son ampleur.

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En effet, on ne sait pas encore les effets qu’une telle construction pourrait avoir sur le sous-sol, ni les ravages que pourrait faire un incendie ou même un séisme… (Voir illustration 23).

Illustration 23 : L’earthscraper de Mexico.

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Des questions se posent : - Quel serait l’impact d’une telle construction sur la structure du sous-sol ?Cela pourrait-il déstabiliser des sites voisins (fissurations, éboulements…) . - Quels pourraient être les ravages liés à un séisme (Mexico : risques sismiques forts) ou d’un incendie ?

Ces deux projets, le Forum des Halles de Paris et l’Earthscraper de Mexico, illustrent chacun à leur manière l’intérêt de certains urbanistes pour l’architecture enterrée. Ce type d’architecture représente pour des villes denses et surpeuplées, une nouvelle possibilité urbanistique pour continuer le développement de celles-ci, tout en améliorant leurs qualités urbaines.

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ConclusionLe sous-sol est encore peu investi et toujours rattaché à une image négative, surtout liée à la méconnaissance de l’exploitation possible de ces lieux.Pourtant, il représente un potentiel non négligeable pour la préservation de l’espace urbain aérien. Il pourrait accueillir des services, des équipements publics qui se trouvent aujourd’hui en surface et ainsi libérer des espaces de qualité.L’utilisation de l’espace souterrain favoriserait la préservation de l’espace urbain avec l’augmentation des espaces verts et améliorerait ainsi les qualités urbaines de la ville.

Une telle utilisation du sous-sol a déjà été évoquée par le passé, notamment avec Edouard Utudjian, mais ses écrits non pas été suivis d’une mise en pratique.Aujourd’hui, dans un souci d’économies d’espaces et avec la demande accrue de services en centre ville, certains architectes reconnus comme Dominique Perrault recommencent à exploiter cette posture architecturale. Le projet de l’Université d’Ewha met en pratique les points forts de cet urbanisme souterrain. Il économise de l’espace en surface au profit d’espaces verts et restructure un espace urbain compliqué.La question de l’urbanisme souterrain va plus loin que l’échelle d’un projet isolé, elle invite à créer des architectures souterraines multiples pour que cette réflexion ne soit pas « morcelée », réussisse à créer un lien entre le « dessus » et le « dessous » entrainant la complémentarité des deux.

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Cette réflexion à grande échelle commence à se concrétiser avec des projets comme le Forum des Halles à Paris et l’Earthscraper de Mexico. En revanche, si le projet des Halles est en cours de construction, l’Earthscraper n’est encore qu’une projection un peu futuriste.Une réelle avancée en matière d’architecture souterraine serait la réalisation et la finalisation d’espaces souterrains complexes mixant des usages.On peut alors se demander si les avancées technologiques permettront à des projets comme le Earthscraper de voir le jour et entraineront la naissance de nouvelles formes de densification du centre des villes ?

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Conclusion

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D’une rencontre quotidienne, un peu mystérieuse, qui suscite le questionnement avec un habitat méconnu pour moi jusque là, l’habitat troglodytique dans les cuevas du Sacromonte à Grenade, j’ai peu à peu cheminé et me suis orientée vers une réflexion qui semble prendre une place de plus en plus forte dans les domaines architecturaux et urbanistiques : celui de l’architecture enterrée.

Dans l’analyse de trois réalisations, toutes à vocation publique, conçues par de grands architectes actuels, j’ai identifié et explicité les dispositifs spatiaux mis en oeuvre dans chaque projet pour satisfaire à une série de critères communs (insertion dans le site, accès, lumière, cadrages, paysage intérieur) qui concernent ces architectures enterrées et la manière dont elles ont été traitées. Chacun d’eux y réfléchit et les travaille avec les particularités du site, établit un dialogue entre émergent et souterrain et crée un univers original, toujours chaleureux et réconfortant.

Dans chaque cas l’architecte se soucie de mettre en avant le paysage et s’amuse avec l’imaginaire du visiteur. La réalisation de telles constructions implique cependant l’extraction de gros volumes de roches et nécessite l’utilisation de moyens techniques importants. Ces constructions, dans tous les cas présentent un intérêt écologique fort de part les économies d’énergie qu’elles permettent.

Ces champs de définition ainsi posés soulignent une architecture attractive par l’originalité qui s’en dégage, bien maîtrisée sur

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ces aspects techniques et laissent alors entrevoir un potentiel important pour l’urbanisme de la ville de demain. L’architecture enterrée se définit par la relation forte, intime avec le paysage qui l’abrite : cette architecture modèle, creuse en profondeur le paysage, bénéficie de la protection isolante du sol et sous-sol qui la recouvre mais reste liée à l’extérieur pour bénéficier de la lumière naturelle du soleil.

La mise en pratique plus large de ce parti-pris architectural pourrait restructurer la trame des villes de demain en libérant des espaces centraux. Les équipements publics pourraient alors être enterrées et libérer des espaces pour des jardins, lieu de repos dans les centres des villes.

Aujourd’hui les grands projets architecturaux enterrés, dans les zones urbaines, restent peu nombreux, le Forum des Halles à Paris est l’un deux, d’autres plus ambitieux comme le Earthscraper de Mexico sont encore sous forme d’esquisse.

Cependant la pression urbaine grandissante pousserait naturellement les architectes urbanistes vers la conception d’architectures enterrées qui permettraient aux grandes villes de continuer leur développement.

L’architecture enterrée deviendrait le pendant de l’architecture aérienne, la complémentarité des deux serait indispensable à toute grande ville pour fonctionner de manière cohérente.

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Index des illustrations

Illustration 1: Vue des Thermes de Vals dans leur contexte / El croquis, n°89, 1998, p.273.Illustration 2: Vue aérienne de l’Université d’Ewha / Dominique Perrault, Andrea Zamboni, Edition ACTES SUD, août 2010, photographie : Andreas Solaro, p. 61.Illustration 3: Vue aérienne du Musée Chichu d’Art de Tadao Ando / http://www.benesse-artsite.jp , photo : Iwan Baan.Illustration 4: Couloir d’accès aux thermes / El croquis, n°89, 1998, p.277Illustration 5: Rampe d’accès et escalier à l’université d’Ewha / Dominique Perrault Architecture, Edition HYX, Centre Pompidou, Juin 2008, p. 128.Illustration 6: Mur de signalement d’accès au Musée Chichu d’Art / http://culturalvalue.com.au , photo : Peter Ghin, 2011.Illustration 7: Le toît source de lumière naturelle / http://arpc167.epfl.ch/alice/WP_2013_SA/formery/tag/studio/?paged=18Illustration 7.1: Le toît source de lumière naturelle / http://espaciosenconstruccion.blogspot.fr Illustration 8 : Coursive de circulation sur la façade / Dominique Perrault, Andrea Zamboni, Edition ACTES SUD, août 2010, photographie : Andreas Solaro, p. 63.Illustration 9: Lumière naturelle dans les couloirs du Musée Chichu / https://www.flickr.comIllustration 9.1: Lumière naturelle dans les couloirs du Musée Chichu / http://arpc167.epfl.chIllustration 10: Cadrages sur le paysage (Thermes de Vals) / Architecture d’Aujourd’hui, n° 383, juin 2011, p.38.Illustration 10.1: Cadrages sur le paysage (Thermes de Vals) / http://www.spiluttini.com , photo : Margherita SpiluttiniIllustration 11: Cadrage sur les buildings de Séoul / Dominique Perrault Architecture, Edition HYX, Centre Pompidou, Juin 2008, p. 127.Illustration 12: Cadrages sur le ciel grâce aux patios / L’Architecture d’Aujourd’hui, n°358, mai-juin 2005, p.20.

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Illustration 12.1: Cadrages sur le ciel grâce aux patios / Lotus International, n°134, 2008, photo : Mitsuo Matsuoka, p.37.Illustration 13: Ambiances lumineuses dans les Thermes de Vals / http://spatime.com.auIllustration 13.1: Ambiances lumineuses dans les Thermes de Vals / http://arpc167.epfl.chIllustration 13.2: Ambiances lumineuses dans les Thermes de Vals / http://architizer.comIllustration 13.3: Ambiances lumineuses dans les Thermes de Vals / http://blog.santaeulalia.comIllustration 14: Salle de classe éclairée en second jour derrière la coursive / Dominique Perrault Architecture, Edition HYX, Centre Pompidou, Juin 2008, p.131.Illustration 14: Salle de classe éclairée en second jour derrière la coursive / Dominique Perrault Architecture, Edition HYX, Centre Pompidou, Juin 2008, p.131.Illustration 15: Variations de lumière dans l’espace dédié à James Turell / Lotus International, n°134, 2008, photo : Mitsuo Matsuoka, p.40.Illustration 16: Toiture des Thermes de Vals / http://amchdesign.wordpress.com/2012/02/06/thermes-de-vals-zumthor/ Illustration 17: Promenade sur la couverture de l’Université d’Ewha/ http://www.lesfilmsdici.fr/1060-14782/universite-cachee-de-seoul-l-.jpgIllustration 18: Vue sur la mer depuis la couverture du Chichu Musée d’Art / Lotus International, n°134, 2008, photo : Mitsuo Matsuoka, p.35. Illustration 19: Empilement des lames de Gneiss, Thermes de Vals /http://ahahh.blog.lemonde.fr/2008/09/20/les-thermes-de-vals-la-nuit-tous-les-murs-sont-gris/Illustration 20: Ambiance mystique dans la salle abritant l’oeuvre de Walter de Maria / Art Press, n°311, avril 2005, Japon, l’archipel des musées, photo : Matsuoka, p.29.Illustration 20.1: Jeu sur la pénombre à l’entrée des Thermes de Vals / http://shiftoperations.net/thesis/?cat=1&paged=5Illustration 21: Variations des températures sous terre en fonction du temps et de la profondeur / http://docs.izuba.fr/fr/wakka.

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php?wiki=EchangesSoLIllustration 22 : La canopée - Forum des Halles, vue extérieur / http://www.blogarchiphoto.com/archives/2012/11/26/25667307.htmlIllustration 22.1 : La canopée - Forum des Halles, vue en plongée sur le patio / http://www.blogarchiphoto.com/archives/2012/11/26/25667307.htmlIllustration 23: L’earthscraper de Mexico / http://www.evolo.us/architecture/earthscraper-in-mexico-city/

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BIBLIOGRAPHIE

LIVRESAndrea Zamboni - Dominique Perrault, Edition Acte SudArc en Rêve - Dominique Perrault Architecture, Edition ArtemisBertholon Patrick et Huet Olivier - Habitat creusé, le patrimoine troglodytique et sa restauration,Edition EyrollesFutagawa Yukio - Tadao Ando Details 4, Edition A.D.A EDITA TokyoLoubes Jean-Paul - Archi Troglo, Editions ParenthèseLoubes Jean-Paul - Tradition et avenir des architectures enterrées, Papyrus n°4Nagels Marc - Les troglodytes en Val de loire, Editions Ouest-FrancePeter Zumthor - Atmosphères, Edition BirkhäuserRaveneau Gilles - Patrimoine et désirs d’identité (Chapitre 13), Edition L’HarmattanRudofsky Bernard - Architecture sans architectes, Edition ChêneRudofsky Bernard - L’architecture isolite, chapitre : Eloge des cavernes, Edition TallandierSaleta Patrick - Voyage dans la France des Troglodytes, Edition SIDESTrebbi Jean-Charles et Bertholon Patrick - Habiter le paysage : Maisons creusées, maisons végétales, Editions AlternativesTanizaki Junichirô - Eloge de l’ombre, Edition VerdierTerrin Jean-Jacques - Le monde souterrain, Edition HazanTriolet Laurent - Troglodytes du Sud-Ouest, Edition Alan Sutton

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Utudjian Edouard - L’urbanisme souterrain, Edition Que sais-je?Willemin Véronique - Maisons vivantes, Editions AlternativesZamboni Andrea - Dominique Perrault, Edition Actes Sud

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Science Humaine - Davallon Jean, Comment se fabrique le patrimoine?Technique et Architecture - juin-juillet 1979, n°325, Les troglodytes du Saumurois, p96-97 .Technique et Architecture - juin-juillet 1979, n°325, L’habitat-paysage «Architerre», p98-100.

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VIDEOS- http://www.dailymotion.com/video/x105io7_des-immeubles-sous-terre-derniere-idee-en-vogue-des-architectes_news- http://www.youtube.com/watch?v=dEDi3deW0XE : Video ARTE, Richard Copas, Architecture Ewha Womans University

RADIOLe journal du matin, 5 août 2013, 07h31, Domminque Perrault et l’architecture souterraine.

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