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Méditerranée 106 (2006) Entreprises en Méditerranée : héritages, modèles, redéploiements ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Habib Dlala Démographie des entreprises dans l’industrie du textile et de l’habillement en Tunisie ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Habib Dlala, « Démographie des entreprises dans l’industrie du textile et de l’habillement en Tunisie », Méditerranée [En ligne], 106 | 2006, mis en ligne le 20 octobre 2008, consulté le 14 octobre 2012. URL : http:// mediterranee.revues.org/441 Éditeur : Publications de l'université de Provence http://mediterranee.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://mediterranee.revues.org/441 Ce document est le fac-similé de l'édition papier. Tous droits réservés

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  • Mditerrane106 (2006)Entreprises en Mditerrane : hritages, modles, redploiements

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    Habib Dlala

    Dmographie des entreprisesdans lindustrie du textile et delhabillement en Tunisie................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    AvertissementLe contenu de ce site relve de la lgislation franaise sur la proprit intellectuelle et est la proprit exclusive del'diteur.Les uvres figurant sur ce site peuvent tre consultes et reproduites sur un support papier ou numrique sousrserve qu'elles soient strictement rserves un usage soit personnel, soit scientifique ou pdagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'diteur, le nom de la revue,l'auteur et la rfrence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord pralable de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislationen vigueur en France.

    Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales dvelopp par le Clo, Centre pour l'ditionlectronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV).

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    Rfrence lectroniqueHabib Dlala, Dmographie des entreprises dans lindustrie du textile et de lhabillement en Tunisie,Mditerrane [En ligne], 106|2006, mis en ligne le 20 octobre 2008, consult le 14 octobre 2012. URL: http://mediterranee.revues.org/441

    diteur : Publications de l'universit de Provencehttp://mediterranee.revues.orghttp://www.revues.org

    Document accessible en ligne sur : http://mediterranee.revues.org/441Ce document est le fac-simil de l'dition papier.Tous droits rservs

  • 125Mditerrane N 1.2 - 2006

    Rsum - Dans le nouveau contexte impos par le dchanementdes forces du march en gnral et le dmantlement, depuispeu, des Accords multifibres en particulier, cette recherche tenteune dmographie des entreprises textiles implantes enTunisie, accordant autant dintrt aux fermetures dentrepriseset aux risques quelles produisent ou quelles produiront, quauxnouvelles crations et aux performances du modle tunisiendindustrialisation . Et bien quil soit ais de prvoir que lanouvelle donne textile sera considrablement et durablementmodifie par le dferlement des exportations en provenance de laChine, cette recherche na pas manqu de souligner que denombreuses solutions, au risque dacclration de la mortalitdes entreprises, sont envisageables localement, mais quelavenir du secteur du textile et de lhabillement en Tunisie,dpendra aussi, dans une large mesure, des stratgies deraction des partenaires de ce pays et de la volont des donneursdordres europens daccepter la rduction de leurs margesbnficiaires.

    Abstract - This research studies the Tunisian textile industry as aresult of the unleashing of free market forces in general and therecent dismantlement of former agreements in particular. Itevaluates firm closings and the risks that the context entails tonew establishments and how that affects the performance of theTunisian model of industrialization. The surge of imports fromChina assure further permutations in this industry, but the futureof the textile and clothing sector in Tunisia will most depend onhow European partners react to reductions in their profitmargins

    * Universit de Tunis 1, Facult des Sciences Humaines et Sociales, Tunis.

    Dmographie des entreprises dans lindustrie du textile et

    de lhabillement en Tunisie

    Demography of enterprises in the textile and clothing industry in Tunisia

    Habib DLALA*

    Introduction

    Si fort a t lattrait du discours mettant en exergueles efforts dploys dans la promotion des investissementsque les tudes conomiques et gographiques ont trouvdans les crations dentreprises et dans leur localisation enTunisie un thme privilgi danalyse et de recherche.Mais le nouveau contexte impos par le dchanement desforces du march en gnral et le dmantlementprogressif du systme de quotas et la fin des Accordsmultifibres en particulier, nous invitent aujourdhui tenter une dmographie des entreprises textilesimplantes en Tunisie. De ce fait, la dmarche retenue

    dans cette recherche et justifie par la suppression desdrogations aux rgles fondamentales du GATT (OMC)commandes par le principe de la non-discrimination et dela concurrence, accordera autant dintrt aux fermeturesdentreprises et aux risques quelles produisent ou quellesproduiront, quaux nouvelles crations et auxperformances du modle tunisien .

    cette fin, nous avons utilis principalement deuxde nos fichiers-entreprises : ceux tablis pour 1994 et2005 partir des listes de lAgence de Promotion delIndustrie et des organismes publics spcialiss,soigneusement confrontes la ralit du terrain.

  • 1. Naissance et dveloppement du secteur desindustries du textile et de lhabillement enTunisie

    Rpondant un choix stratgique tatique visant lamise en place dindustries textiles amont Tunis, Sousseet Menzel Bourguiba et dindustries aval dans le Sahel tradition artisanale textile, la naissance des industries dutextile et de lhabillement remonte aux annes soixante.Plus tard, louverture du pays ds 1972 la sous-traitanceinternationale a permis de dvelopper un important secteurtextile faible valeur ajoute, orient pour une grande partvers la confection darticles dhabillement exportables partir dinputs et dquipements dimportation etemployant une main-doeuvre fminine jeune et peuqualifie.

    Que le dveloppement des ITH ait t initi et misen uvre par ltat tunisien et de nombreux acteursnationaux publics et privs, est une certitude qui se mesure limportance de leffort accompli tant aux plansinstitutionnel, fiscal et financier qu ceux delencadrement administratif, de linfrastructure et delquipement des zones industrielles. Toutefois, commentadmettre quun dveloppement industriel de typeextraverti se rduise un processus interne dans uncontexte international o lheure ntait pas laclbration de la concurrence textile mais ltablissement de procdures de protection, certesprovisoires, mais qui ont t reconduites jusquen 2005 ?

    Pour expliquer la convergence, premire vuedifficile, des priorits locales et du contexte international,il convient dabord de souligner succinctement les facteursinternes qui ont favoris la naissance en trs grand nombredes entreprises textiles, en particulier celles tournes versles marchs extrieurs.

    1.1. Le rle des bas salaires et des incitationsfiscales et financires

    Linterruption ds la fin des annes soixante delexprience dirigiste a amen la Tunisie envisagerlalternative de linsertion dans la DIT et promouvoirune stratgie douverture articule sur la sous-traitanceinternationale (loi davril 1972 amende en 1985 par ledcret-loi 85-14), mme si lalternative de limport-substitution, ntait pas exclue ds 1974 (loi 74-74).Favorise par la politique de protection sociale etdaugmentation des salaires suivie ds 1977, etconsquemment par la rduction sensible de lavantagedes cots salariaux, cette alternative bnficia dunepolitique de recentrage mettant en veilleuse le rgime decration des entreprises exportatrices et incitant ladcentralisation industrielle (dcret 77-578 de 1977) et linvestissement dans les industries produisant pour lemarch intrieur (loi 81-86 de 1981). Cette priodemarque par un balancement entre deux rgimes oprantsimultanment en vue de raliser loption prioritaire duplein emploi, sest termine par lamendementcompltant la loi 72-72 par le dcret-loi 85-14 qui

    amliore les avantages octroys aux industriesexportatrices (sur 20 ans au lieu de 10) en leur permettantde vendre sur le march tunisien hauteur de 20% de leurchiffre daffaires.

    Mais le nouveau contexte rsultant deleffondrement du prix de ptrole, le surendettement etlpuisement complet des rserves en devises (en 1986) vaimposer un nouveau recentrage en faveur de louverture etlexportation commande par ladoption du Plandajustement structurel. Le passage dune conomieprotge une conomie de pleine concurrence devaitpermettre de promouvoir une nouvelle gnrationdentreprises exportatrices dans le cadre dun nouveaucode des investissements promulgu en aot 1987. LaTunisie devait alors se positionner dans des crneauxdevenus non comptitifs pour les entreprises europennesen difficult ou en qute dopportunits de dlocalisation.Le dispositif dincitation linvestissement pourlexportation favorable aux IDE sera complt par lacration du ministre de la Coopration Internationale etdes Investissements Extrieurs (juin 1992), lapromulgation dune loi sur les zones franches (aot 1992)et dun nouveau code des investissements (dcembre1993). Le systme de partenariat adopt loccasionvisait pallier les insuffisances du systme dereprsentation ltranger et multiplier les espaces derencontre avec les partenaires trangers.

    Aprs avoir franchi ltape de la libralisationconomique et de linsertion progressive et contrle dansle systme mondial, ltat voulait, avec la signature enjuillet 1995 de laccord relatif la cration dune zone delibre-change entre la Tunisie et lUnion europenne,relever les grands dfis imposs par la mondialisation deschanges et de la finance et prendre part aux progrs de latlmatique. Malgr les risques que ce choix, pour lemoins asymtrique, comportait, la Tunisie a mis enroute de manire unilatrale un programme dedmantlement de son dispositif de protection tarifaireaccompagn dun plan de restructuration et de mise niveau des entreprises agissant tout particulirement sur laqualit des produits et linnovation technologique. De cechangement, on escomptait, outre lamlioration de laqualit des produits fabriqus en Tunisie, le dtournementde lintrt de lEurope des concurrents de lEurope delEst et lintensification des flux dinvestissement directstrangers en provenance de lEurope. La Tunisie aspiraitainsi attirer plus dentreprises en qute de dlocalisationdans le secteur des ITH et lindustrie du montagelectrique et lectronique.

    En fait, le nouveau code des investissements,aujourdhui encore en vigueur, na pas donn limpulsionimmdiate et durable souhaite lindustrie tunisienne engnral et aux ITH en particulier. En 1995,linvestissement dont ce secteur a bnfici sestmaintenu son niveau de 1990, soit environ 140 millionsde dinars tunisiens. Il ne reprsente plus que 24% delinvestissement total dans les industries manufacturires,contre 32.6% en 1990. La relance na eu lieu quaprs lasignature de laccord de libre-change avec lEurope en

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  • 127

    TABL. 1 - INVESTISSEMENT DANS LES SECTEURS INDUSTRIELS EN TUNISIE (1990-2005)

    Secteur 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005IAA 73.1 94.3 100 110.2 115 130 140 173 221.8 231 215.2 204.3 200 210 215 230IMCCV 59 76.6 88.4 94.1 122 103.5 112 98 100 120.1 129.7 153.8 175 191.7 178 200IME 79.8 80.2 83.3 81.9 76.1 77 84.6 100 120 135 150 175 180 160 185 210ICH 32.3 33.9 42.1 55.8 63.4 65 70 83 85 75 84.9 96.2 95 100 105 110ITHC 140.3 160.2 135.2 132.4 125.6 140.5 155.1 170 208.2 215.1 233.1 263 185 191 185 185ID 46 55.3 66 66.9 63.6 70 80.5 95 97 100 113.9 130 140 145 140 160TOTAL 430.5 500.5 515 541.3 565.7 586 642.2 719 832 876.3 926.8 1022.3 975 997.7 1008 1095

    Sources : Budget conomique de la Tunisie 2003 et Institut national de la statistique (actualisation en 2006).

    raison dune relative intensification des flux dIDE partirde 1996, et surtout 1997, au profit des ITHC, des IME etdes ID. Ces flux taient dailleurs bien ncessaires pourcompenser les fermetures dentreprises industriellestunisiennes non comptitives, tous secteurs confondus,ruines par laccord de libre-change ou que leprogramme de mise niveau ne parvenait pas sauver oubien qui taient rticentes adhrer au programme, mmesi, avec un nombre cumul de dossiers approuvs gal 653, le secteur des ITH est de tous les secteurs industrielscelui qui a le mieux ragi au programme de mise niveauentre 1996 et 2003.

    Toutefois lessoufflement de leffortdinvestissement dans le secteur na pas tard semanifester ds 2002. En effet, lapproche de la fin desAccords multifibres et de la confrontation la concurrenceattendue des produits fabriqus en Chine, le montantglobal dont les ITH ont bnfici diminue brutalement de230 185 millions de dinars de 2001 2002 et les chiffresprobables ou provisoires disponibles pour les annessuivantes confirment la tendance (tabl. 1). Mais quoi quilen soit, la part des investissements dans les ITH nereprsente plus quenviron 17% du total desinvestissements dans lensemble des industriesmanufacturires entre 2002 et 2004, contre 25,2% en 2000et 24% en 1995.

    1.2. Le rle des Accords multifibres

    Ds les annes soixante, ltablissement par lespays industrialiss de procdures protectrices provisoires travers des restrictions quantitatives tait jug ncessairepour protger leurs sites de production sur le sol nationalcontre la concurrence des pays mergents bas cots desalaires. Ainsi, le premier Accord multifibres fut sign le1er janvier 1974 lencontre des produits textilesprovenant notamment des pays en dveloppementproducteurs de coton et de laine. Reconduit troisreprises, cet accord devrait permettre aux paysindustrialiss de disposer dun temps suffisant pour oprerles restructurations ncessaires susceptibles de faire face la comptitivit croissante des PED et ralentir la rductiondes effectifs employs.

    Toutefois, lAccord multifibres a entran unmouvement de dlocalisation vers les PED non soumis ces restrictions, dont la Tunisie, qui a bnfici delouverture des plus importants marchs du monde et duntraitement de faveur ayant gnr un important flux dIDEvers ce pays et une multiplication sans prcdent des

    contrats de sous-traitance. Et mme si, au dpart, cetteouverture ntait pas suffisante pour encourager lesinitiatives locales profiter de conditions de march aussiavantageuses, la Tunisie a russi se doter dun secteurITH lui permettant de se positionner comme tant le 4e

    puis le 5e fournisseur de lUnion europenne et de serserver 5.1% de son march aprs la Chine, la Turquie, laRoumanie et le Bengladesh (tabl. 2). La proximitgographique aidant, les pays europens restent lesprincipaux clients de la Tunisie avec 96% du total desexportations tunisiennes (en 2004). elles seules, laFrance, lAllemagne et lItalie reoivent 79% desexportations tunisiennes.

    TABL. 2 -PRINCIPAUX FOURNISSEURS DE LUNIONEUROPENNE EN 2004

    Pays Montants % Rang(en millions deuros)

    Chine 10 806 20,4 1Turquie 7 333 13,8 2Roumanie 3 657 6,8 3Bangladesh 3 054 5,7 4Tunisie 2 695 5,1 5Inde 2 622 5,0 6Maroc 2 472 4,6 7Hong Kong 2 062 4,0 8Pologne 1 471 2,7 9Indonsie 1 337 2,5 10

    Total 37 509 70,6

    Source : EURATEX

    1.3. Limportance du partenariat europen

    Sur un total de 1390 entreprises textilesexportatrices oprant dans lensemble du pays, 605 sont denationalit tunisienne et 741, employant au total109 891 personnes sont le fruit dune participationtrangre allant jusqu 100% du capital. Le tableau 3souligne le poids crasant du partenariat europen quiconcerne 66,1% du nombre dentreprises totalementexportatrices et 104 891 salaris. Les entreprisesfranaises puis italiennes, belges et allemandes sont en ttedu peloton europen avec, respectivement 281, 156, 83 et76 units. Elles occupent 50.5 % des emplois dans 42.6 %des entreprises totalement exportatrices. La prsencemassive des quatre partenaires principaux prcdemmentcits, et plus particulirement franais, avec 38% du totaldes entreprises europennes et 33.8% des emplois,sexplique, outre les avantages comparatifs de cots, parles proximits gographique et linguistique.

  • Le tableau 4 indique le dtail des origines desentreprises textiles europennes oprant dans le pays en2005.

    2. Mortalit des ITH en Tunisie

    Le tableau 5 rvle une progression globale nettedu nombre dentreprises dans le secteur ITH beaucoupplus lente (13.5%) que celle des emplois (41.2%). Cedcalage est li lamlioration de la taille des entreprisesnouvellement cres entre 1994 et 2005. Il mesure aussi lavariation nette du nombre dentreprises et des effectifsquelles emploient durant la priode dobservation.

    2.1. Variation nette du nombre dentreprises et deseffectifs salaris

    Lexamen attentif des donnes ventiles suivant lergime dinvestissement montre une baisse substantiellenette du nombre dentreprises autres que les entreprises

    exportatrices et des effectifs quelles emploient : en effet,le segment tourn vers le march intrieur a perdu142 units et 9398 salaris en dix ans. Cette perte nette estlargement compense (compensation nette) par la crationde nouvelles capacits productives totalementexportatrices, soit 386 entreprises et 67 447 nouveauxemplois. Il apparat ainsi que le taux net de mortalit des entreprises orientes vers la demande nationale est de25,8% entre 1994 et 2005. Il est de 29% pour les pertesdemplois (tabl. 5).

    En ralit, les chiffres prcdemment citsnexpriment que la variation nette entre 1994 et 2005 dunombre dentreprises et des salaris quelles emploientselon le rgime dinvestissement . Sen tenir cesdonnes naurait gure de sens, car la variation observe,ou solde final, obtenue en calculant simplement ladiffrence entre les effectifs globaux de 1994 et ceux de2005, ne rend pas compte du nombre brut de fermeturesintervenues effectivement dans le courant de la priodedobservation et des suppressions demplois quelles ontgnres.

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    TABL. 3 - PARTENARIAT TRANGER DANS LES INDUSTRIES DU TEXTILE ET DE LHABILLEMENTTOTALEMENT EXPORTATRICES (2005)

    Partenaires Nombre En % du En % du Nombre En % du En % du demplois sous-total total gnral dentreprises sous-total total gnral

    Tunisie 48 803 30.7 605 - 43.5 Partenaires europens 104 965 95.5 66.1 741 94.4 53.3 Autres partenaires 4 926 4.5 3.1 44 5.6 3.2Partenariat tranger 109 891 100.0 69.2 785 100.0 -Total 158 694 1 390

    Sources : Fichier des entreprises textiles (2005) - H. DLALA

    TABL. 4 - DTAIL DES ORIGINES DES ENTREPRISES TEXTILES EUROPENNES OPRANT EN TUNISIE EN 2005

    Partenaire(s) Nombre Nombre Partenaire(s) Nombre Nombre demplois dentreprises demplois dentreprises

    France 35 391 281 France - Luxembourg 277 2Italie 17 311 156 Belgique - Allemagne 350 2Belgique 15 610 83 Italie - Luxembourg 569 2Allemagne 11 846 76 Espagne - Belgique 18 1Hollande 3 599 18 Lituanie - Italie 23 1Grande-Bretagne 2 509 14 Autriche - Suisse 40 1Luxembourg 3 081 14 Suisse - Grande-Bretagne 40 1Espagne 868 11 Italie - Grande-Bretagne 42 1Suisse 2 222 11 Italie - Suisse 55 1Portugal 902 10 Italie - Allemagne 65 1Danemark 10 1 Luxembourg - Hollande 100 1Finlande 47 1 Allemagne - Hollande 114 1Bulgarie 52 1 Allemagne - Belgique 157 1Italie - France 993 6 Suisse - Italie 168 1Belgique - France 1 026 4 Suisse - France 221 1Autriche 128 3 Sude 285 1France - Italie 225 3 Allemagne - Italie 300 1Grande-Bretagne - Italie 250 3 Luxembourg - Allemagne 362 1France - Belgique 405 3 Danemark - Hollande 380 1Belgique - Hollande 483 3 Suisse - Hollande 475 1France - Suisse 661 3 Luxembourg - Italie 1 500 1Malte - Hollande 40 2 Grande-Bretagne - Suisse 60 1Luxembourg - France 130 2 Suisse - Luxembourg - Italie 366 1Portugal - France 161 2 Hollande - Luxembourg - Belgique 639 1Allemagne - Belgique 244 2 Hollande - Italie 165 1

    Sources : Fichier des entreprises textiles (2005) - H. DLALA

  • Par contre, en comparant le nombre des entreprisesventiles selon la date de cration au dbut et la fin de lapriode dobservation, on obtient pour chaque priode decinq ans les gains et les pertes dentreprises et demploisentre 1994 et 2005. Le cumul des gains et le cumul despertes consigns dans le tableau 6 reprsentent le nombrebrut de fermetures dentreprises et de suppressionsdemplois. Il est bien entendu que la diffrence entre lesvaleurs cumules positives et les valeurs cumulesngatives permet de calculer autrement la variation nettedj indique dans le tableau 5.

    En retenant les valeurs cumules, on notera que lesecteur des ITH a perdu 1029 entreprises, contre 1275nouvelles crations entre 1994 et 2005. On notera aussique sur les 1029 fermetures, 731 appartiennent lacatgorie des industries totalement exportatrices,compenses par la naissance de 1117 units entres enproduction (tabl. 6). Quant aux entreprises tournes versle march local, elles ont connu 296 fermetures, contreseulement 154 nouvelles crations.

    Il serait faux de penser que la mortalit desentreprises textiles totalement exportatrices est unphnomne nouveau en Tunisie. Lapproche de la fin de lapriode pendant laquelle incitations et exonrations ontaid linvestissement tranger justifiait, ds la fin desannes soixante dix, des fermetures ou des dparts plus ou

    moins massifs, plus ou moins organiss ou ngocis aupralable, voire mme inopins. Quand ces fermetures ouces dparts nintervenaient pas la suite dune rupture decontrat liant lentreprise aux chanes de distributiontrangres, ils donnaient lieu assez souvent des re-dlocalisations permettant de bnficier dans dautrespays et pour une nouvelle priode de nouveaux avantages.Les entreprises les plus stables taient celles qui, dans unsouci de scurit, choisissaient de sassocier despartenaires tunisiens. Par contre, les situations les pluscatastrophiques taient cres par le dpart inopin desentreprises, abandonnant vieux matriel dj amorti etmain-duvre non indemnise et pour laquelle aucunedisposition na t envisage.

    Dans la priode allant de 1994 2005 (tabl. 7), onconstate une acclration du rythme de fermeture touchantparticulirement la catgorie des entreprises totalementexportatrices entres en production entre 1985 et 1994,soit 567 de 1029 (contre 164 seulement mises en serviceentre 1960 et 1984). Mais ces pertes sont largementcompenses par les nouvelles crations. Ainsi, il est clairquen dpit des menaces qui psent aujourdhui sur lesentreprises totalement exportatrices, le secteur sembleavoir russi tirer avantage partir de 1996-1997 delimpulsion donne linvestissement par lamliorationdu code des investissements de 1994, de laccord de libre-change sign en 1995 et du programme de mise niveau.

    TABL. 5 -VARIATION DU NOMBRE DENTREPRISES ET DES EFFECTIFS SALARIS DANS LE SECTEUR DES ITH ENTRE 1994 ET 2005

    Dsignation Effectif Effectif Variation nette Taux global de en 1994 en 2005 entre 1994 et 2005 croissance

    Entreprises totalement Nombre dentreprises 1 229 1 615 386 +31.4%exportatrices Nombre demplois 108 587 176 034 67 447 +62.1%

    Entreprises autres que Nombre dentreprises 551 409 -142 -25.8%totalement exportatrices Nombre demplois 32 414 23 016 -9 398 +29.0%

    Total Nombre dentreprises 1 780 2 020 240 +13.5%Nombre demplois 141 001 199 050 58 049 +41.2%

    Source : Fichiers des entreprises textiles (1994 et 2005) - H. DLALA

    TABL. 6 - VARIATION DU NOMBRE DE CRATIONS ET DE FERMETURES DANS LE SECTEUR DES ITH ENTRE 1994 ET 2005

    Dsignation Nombre de crations Nombre de fermetures Pertes Taux de (Natalit brute) (Mortalit brute) croissance

    Entreprises totalement Nombre dentreprises 1 117 -731 386 31.4%exportatrices Nombre demplois 98 934 -31 487 67 447 62.1%

    Entreprises autres que Nombre dentreprises 154 -296 -142 -25.8%totalement exportatrices Nombre demplois 7 435 -16 833 -9 398 +29.0%

    Total Nombre dentreprises 1275 -1 029 240 +13.5%Nombre demplois 106 369 -48 320 58 049 +41.2%

    Sources : Fichiers des entreprises textiles (1994 et 2005) - H. DLALA

    TABL. 7 - EFFECTIFS BRUTS DES ENTREPRISES (VENTILES SELON LA DATE DE CRATION) ET DES EMPLOIS SALARIS CORRESPONDANTS *

    Rgime Indicateur Date de crationAvant 1960 1960-64 1965-69 1970-74 1975-79 1980-84 1985-89 1990-94

    Totalement Nb dentreprises 5 4 3 39 98 99 381 600exportatrices Nb demplois 643 150 320 8 575 19 354 15 035 34 534 30 276

    Non totalement Nb dentreprises 19 18 16 39 102 129 137 91exportatrices Nb demplois 2 611 2 270 1001 2 831 9 518 5 177 6 143 2 863

    Total gnral Nb dentreprises 24 22 19 78 200 228 518 691Nb demplois 3 254 2 450 1 321 11 406 28 872 20 212 40 377 33 139

    * Le tableau ne prend pas en compte les 56 entreprises (5 696 emplois) dont la date de mise en service est indtermine.Sources : Fichiers des entreprises textiles (1994 et 2005) - H. DLALA

    129

  • Quant aux entreprises orientes vers le marchnational, nettement moins nombreuses que celles tournestotalement vers lexportation, elles ont connu unemortalit relativement plus importante mais noncompense, en particulier parmi celles cres entre 1975et 1989, soit 239 entreprises (contre 53 mises en serviceentre 1960 et 1975).

    Sur un autre plan, la perte de 1029 entreprisestextiles entre 1994 et 2005 a provoqu la suppression de48 320 postes demploi, dont 31 487 dans le segmenttotalement exportateur (tabl. 8 et 9). Ces pertes ont tlargement compenses par les nouvelles crations alorsque dans les industries non totalement exportatrices lesgains ont t plus de deux fois infrieurs aux pertes. Lavive concurrence sur le march intrieur provoque par ledveloppement de la friperie et des circuits illicitesaliments par le textile informel ou par limportationlgale ou illicite darticles de confection ou de bonneterietrangers (Turquie, Libye, gypte, Italie, Chine) ainsi quele besoin ressenti par les industriels nationaux de seconvertir lexportation sur des marchs extrieurs plusvastes, sont autant de facteurs expliquant le recul dusegment non exportateur.

    2.2. Rpartition gographique des gains et despertes demplois

    Enfin, la figure 1 A et B rend bien compte de larpartition gographique des gains et des pertes demploisdans le secteur des ITH en Tunisie. En effet, lacomparaison de ces deux cartes permet de souligner deuxtendances plus ou moins nouvelles :

    1. Elle montre dabord que la baisse du nombre demploisconcerne les agglomrations littorales principales dotesgnralement dinfrastructures portuaires et/ou aro-

    portuaires. Il sagit dun processus qui a dmarr ds ledbut des annes quatre vingt et que nous avons dcrit ds1999 (DLALA, 1999b). Par contre, lacclration de labaisse des emplois dans lindustrie tourne vers le marchmondial, lie une forte mortalit dentreprises, est plusrcente.

    2. La comparaison des cartes montre aussi que la baisse dunombre demplois est en mme temps compense parlaccroissement du nombre dentreprises et des effectifssalaris dans les marges priurbaines des principalesagglomrations littorales et surtout dans les villes petiteset moyennes situes dans la couronne de 30 40 kmautour de Sousse, de Monastir et de Mahdia et dans lazone de solidarit mtropolitaine organise en deuxcouronnes autour de Tunis : celle de 30 40 km et cellede 60 70 km autour de Tunis. Ce phnomnerelativement ancien (DLALA, 1999b) sest nettementaffirm entre 1994 et 2005 et a rcemment concernlagglomration sfaxienne dans des proportions encorefaibles en raison du vide urbain qui lenveloppe.

    On observe ainsi une nouvelle littoralitindustrielle reposant sur un redploiement des ITH, partir des villes portuaires connaissant dimportantespertes, vers des bassins demploi o le textile domine demanire quasi exclusive. Evidemment, les risques lis lacclration de la mortalit des entreprises du secteurque le dmantlement pourrait amplifier, seraient plusgrands dans les situations monolithiques.

    2.3. Impact attendu des nouvelles volutions ducontexte international

    Le dmantlement de lAccord sur le textile et laconfection conclu la naissance de lOMC ainsi que ledmantlement progressif du systme de quotas,

    130

    TABL. 8 - EFFECTIFS BRUTS DES ENTREPRISES (VENTILES SELON LA DATE DE CRATION)ET DES EMPLOIS SALARIS CORRESPONDANTS (2005)

    Rgime Indicateur Date de crationAvant 1960 1960-64 1965-69 1970-74 1975-79 1980-84 1985-89 1990-94 1995-99 2000-2004 2005

    Totalement Nb dentreprises 0 0 0 15 40 29 126 288 424 632 61exportatrices Nb demplois 0 0 0 5 131 9 222 10 202 22 269 34 621 43 155 48 178 3256

    Non totalement Nb dentreprises 6 9 8 16 33 47 49 87 82 67 5exportatrices Nb demplois 383 961 289 1 201 4 306 3 330 2 248 4 738 3 288 2119 153

    Total Nb dentreprises 6 9 8 31 73 76 173 375 505 704 66Nb demplois 383 961 289 6 332 13 528 13 532 24 517 39 359 46 443 50 297 3 409

    Sources : Fichier des entreprises textiles (2005) - H. DLALA

    TABL. 9 - COMPARAISON DES EFFECTIFS BRUTS DES ENTREPRISES (VENTILES SELON LA DATE DE CRATION)ET DES EMPLOIS SALARIS AU DBUT ET LA FIN DE LA PRIODE DOBSERVATION (1994 ET 2005)*

    Rgime Indicateur Date de cration Cumul Cumul Avant 1960 1960-64 1965-69 1970-74 1975-79 1980-84 1985-89 1990-94 1995-99 2000-04 2005 des gains des pertes

    Totalement Nb dentreprises -5 -4 -3 -24 -58 -70 -255 -312 424 632 61 1 117 -731 exportatrices Nb demplois -643 -150 -320 -3 444 -10 132 -4 833 -11 965 4 345 43 155 48 178 3 256 98 934 -31 487

    Non totalement Nb dentreprises -13 -9 -8 -23 -69 -82 -88 -4 82 67 3 154 -296exportatrices Nb demplois -2 228 -1 309 -715 -1 630 -5 212 -1 847 -3 895 1875 3 288 2 119 153 7 435 -16 833

    Total Nb dentreprises -18 -13 -11 -47 -127 -152 -345 -316 505 704 66 1 275 -1 029Nbe demplois -2 871 -1 459 -1 032 -5 074 -15 344 -6 680 -15 860 6 220 46 443 50 297 3 409 106 369 -48 320

    Taux de Nb dentreprises -75.0 -59.1 -57.9 -60.3 -63.5 -66.7 -66.6 -45.7variation (%) Nb demplois 88.2 -60.3 -781 -44.5 -53.2 -33.1 -39.3 18.8

    * Les valeurs ngatives expriment les pertes (fermetures dentreprises et les suppressions demplois, et les valeurs positives les gains (crations dentreprises et demplois). Sources : Fichiers des entreprises textiles (1994 et 2005) - H. DLALA

  • sajoutant la dpendance du secteur des donneursdordres europens, risquent de gnrer une acclrationde la mortalit des entreprises du secteur ITH, en mmetemps quune importante migration ou re-dlocalisation aubnfice de pays plus concurrentiels en termes de cot demain-duvre, ainsi quune forte baisse de la natalit,cest--dire une diminution substantielle du nombre denouvelles crations qui jusque-l parviennent compensercorrectement les fermetures.

    Dans ce contexte, les inquitudes sont pour lemoins difficiles dissimuler. Cest ainsi quun journal dela place crit : les plans se succdent et nous voil [denouveau] dans les turbulences (Tunis hebdo, 1995).Mais loptimisme reste de mise puisque, dans un point de

    presse sur dventuelles re-dlocalisations dunits textilesfranaises implantes en Tunisie, le chef de la Missionconomique franaise Tunis, celle du plus importantpays ayant investi dans le secteur en Tunisie, dclare : Il ny a pas de dparts massifs dentreprisesfranaises . Dailleurs, il est encore ...trop tt pourtirer des conclusions, les Accords multifibres ayant expirdbut 2005 , ajoutant que la rflexion se fait pluttsur les investissements faire pour tre mieuxcomptitifs (Agence Afrique Presse, 18 janvier 2005).

    Quoi quil en soit, le dmantlement du systme dequotas semble avoir affect srieusement la natalit desentreprises. En effet, le nombre dunits totalementexportatrices mises en service en 2005 a atteint un total de

    131

    FIG. 1 - RPARTITION PAR AGLLOMRATION DES INDUSTRIES TEXTILES EN TUNISIEA - EN 1994 ; B - EN 2005

    A B

  • 52 seulement, contre une moyenne de 81 entre 1995 et1999 et 118 entre 2000 et 2004.

    Concernant lemploi, les craintes sont dautant plusrelles que les relations de travail dans le secteur sontdores et dj des plus conflictuelles et que le contrle deslicenciements est des plus flexibles. En effet, lUniongnrale des travailleurs tunisiens estime que les ITH ontaccapar elles seules environ 40% du nombre total desgrves enregistres en Tunisie durant la priode allant de1998 2003. Ce taux est le plus lev du pays car lesecteur regroupe la plus importante part des licenciements(soit 47% du total national en 2003). LUGTT a galementrecens 865 grves dans le secteur des ITH de 1998 2003, soit une moyenne de 144 grves par an. Avec unsommet de 218 grves en lan 2000, ce chiffre semble treorient vers la hausse depuis cette date. Lunique centralesyndicale du pays affirme que le problme des salaires,particulirement le non paiement des salaires, justifie 60%du nombre de grves, avant les mauvaises conditions detravail (20%) et la solidarit syndicale (UGTT, 2005,p.39).

    Outre les problmes pineux gnrs par lesconflits sociaux et les licenciements, lemploi devraitsouffrir galement du ralentissement de la natalit desentreprises, car, dores et dj, les 52 entreprises textilestotalement exportatrices entres en production en 2005nont cr que 2980 emplois, contre une moyenne de 8140par an entre 1995 et 1999 et 9030 entre 2000 et 2004.

    Dans les rgions littorales de Sfax Bizerte o lesecteur des ITH est quasi monolithique, la perspectivedune acclration de la mortalit et dun effondrement dela natalit des entreprises risque de produire une crisesociale particulirement difficile grer dans les bassinsdemploi du Sahel de Bizerte, de lAriana, du cap Bon etdu Sahel. ce propos, est-il besoin de rappeler que dansles gouvernorats o les ITH emploient plus de10 000 salaris, le secteur reprsente de 50 prs de 85%du total des emplois industriels. Dans quelques dizainesdagglomrations situes dans les bassins demploiprcdemment cits, les ITH occupent plus de 90% deseffectifs salaris des industries.

    Ceci tant dit, il nest pas vain de reprendreautrement la question car non seulement, il est prmaturde se prononcer sur les volutions possibles du secteur,mais il nest pas exclu denvisager des solutions efficaces.En dautres termes, limportance des enjeux conomiqueset sociaux nautorise pas de cder la panique, mme silest ais de prvoir que la donne textile seraconsidrablement et durablement modifie par ledferlement des importations en provenance de la Chine,en raison de limmensit du rservoir de main-duvre dece pays, un rservoir qui ne perdra pas de sitt sonavantage comparatif en matire de salaires.

    ce propos, quatre voies peuvent treprospectes :

    1. Les adaptations structurelles par une remise niveau des entreprises (modernisation et formation

    continue de personnel qualifi et polyvalent), par ledveloppement de stratgies dintgration, deregroupement et de formation de rseaux localiss, ainsique par la mise en place de crneaux haut de gamme etnouvelles niches (habillement automobile, habillementtechnique spcialis)

    2. Les stratgies de rinsertion du personnellicenci permettant de : concevoir les programmes et lesoutils de la rinsertion ; mobiliser les partenaires sociauxconcerns ; consolider les postes demploi menacs ;dvelopper linformation sur lemploi et les qualificationsdemandes ; chercher des opportunits de placement ltranger Dans ce domaine, est-il besoin de le rappeler,la Tunisie dispose de deux atouts importants :

    - Le premier est institutionnel, et a trait lexistence destructures publiques demploi actives dans le payscomme : lAgence nationale pour lemploi et le travailmise en service en 1993, la Direction gnrale delassistance et la rinsertion professionnelle cres en2002 au sein du ministre de lEmploi, et la Commissionconsultative de lassistance et de la rinsertionprofessionnelle des travailleurs licencis cre galementen 2002.

    - Le second est dmographique, car la jeunesse de la main-duvre offre lavantage de faciliter lacquisition denouveaux apprentissages et de nouvelles qualifications.En effet, 67.7% de la main-duvre fminine et 46,6% dela main-doeuvre masculine (INS, 2002) ont moins de30 ans.

    3. Les stratgies de diversification sectorielleparticulirement dans les agglomrations et les bassinsdemploi o le textile est monolithique.

    4. La cration dune zone de libre-change euro-mditerranenne permettant de rduire le cot des inputset de la technologie et dexploiter au mieux les avantagescomparatifs des pays membres. La quatrime voie devraitpermettre aux confectionneurs de continuer produire nonseulement en Tunisie mais aussi dans le pays des donneursdordres industriels et des grandes chanes de distribution.

    Conclusion

    Lanalyse globale des changements dmographiques rcents observs dans le secteur desITH en Tunisie ne saurait videmment rendre compte de ladiversit des cas de mortalit des entreprises, notammentceux considrs comme tant plutt des cas de re-dlocalisation. Elle ne saurait non plus rendre compte detous ces comportements dmographiques sans uneanalyse des parcours individuels , entreprise parentreprise, sur une plus longue priode. En attendant,acceptons ce stade de lanalyse que le secteur des ITHsoit, de tous les secteurs industriels tunisiens, le plusconcern par les fermetures et les re-dlocalisations depuisdj la fin des annes soixante dix, et que les effortsdadaptation exigs par le dchanement, dans lescrneaux textiles dj occups par la Tunisie, dune

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  • concurrence asiatique durable, chinoise cette fois-ci, etsans commune mesure avec celle soutenue par les dragons , devront tre autrement plus importants quepar le pass. Mais, lavenir du secteur du textile et delhabillement en Tunisie, dpendra aussi, dans une largemesure, des stratgies de raction des partenaires de cepays et de la volont des donneurs dordres europensdaccepter la rduction de leurs marges bnficiaires quisont aujourdhui six dix fois suprieures celles desexcutants.

    Envisageant le problme sous un autre angle, rienne parat plus difficile raliser que lattnuation dumonolithisme textile dans les villes petites et moyennessitues dans les bassins demploi de la zone de solidaritmtropolitaine enveloppant Tunis et dans ceux du Sahel deSousse (autour de Sousse, de Monastir et de Mahdia).Lalternative textile haut de gamme tout autant quelalternative lectrique et lectronique dj retenue nese contenteront pas seulement des avantages comparatifslis exclusivement aux cots salariaux.

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