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MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE DU CHER ( 1908 ) 4E SERIE— 22E VOLUME BOURGES RENAUD, LIBRAIRE PARIS EMILE LECHEVALIER, LIBRAIRE, 10, RUE DE SAVOIE

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Page 1: Mater1908 Musee Bourges

MÉMOIRESDE LA

SOCIÉTÉ HISTORIQUELITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE

DU CHER

( 1908 )

4E SERIE— 22E VOLUME

BOURGES

RENAUD, LIBRAIRE

PARISEMILE LECHEVALIER, LIBRAIRE, 10, RUE DE SAVOIE

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LE MUSÉE DE BOURGES

HOTES,DOCUMENTSET SOUVENIRS

SUR SA FONDATION ET SON HISTOIRE

DEUXIEME PARTIE

Le Musée établissement municipal

(1864-1881)

L'année 1864 avait apporté une amélioration notable

à la situation du Musée : il était désormais défini-

tivement constitué et la question de propriété qui le

concernait se trouvait également réglée. L'ère des diffi-

cultés était cependant loin d'être close, car il restait,

pour ne parler que des points les plus importants, à le

pourvoir d'une organisation simple et pratique, et à

l'installer convenablement, conditions indispensables

pour assurer son fonctionnement normal et lui permettrede se développer. Un quart de siècle allait être néces-

saire pour la solution de ces divers problèmes, tant il

est vrai que dans notre pays, tout ce qui touche au passéou à l'art, laisse indifférent la majorité du public et tropsouvent aussi, il faut le dire, les administrations qui ont

la charge de s'en occuper.

A une époque où la diffusion de l'instruction à tous

les degrés et sous toutes les formes est si fort en faveur,

on oublie trop que les musées ne sont pas uniquement

10

Page 3: Mater1908 Musee Bourges

138 LE MUSÉE

créés pour le régal de quelques curieux, mais qu'ils

constituent le complément nécessaire de l'école pour

l'aider à former le goût de la jeunesse, en lui fournissant

cet élément d'enseignement si précieux que l'on appelle

les leçons de choses.

Une nouvelle période de l'existence du Musée va donc

commencer, époque toute de tâtonnements, d'essais,

d'organisation, d'études pour l'installation, qui se

prolongera jusque vers 1881 et formera la seconde partie

du présent ouvrage.

Cette période se divisera elle-même en trois phases

successives : de 1864 à 1867, le Musée restera sans orga-

nisation ; de 1867 à 1878, une nouvelle administration

sera constituée, qui, se mettant résolument à l'oeuvre,

s'efforcera de remplir sa mission, chapitre qu'à raison

de son étendue nous diviserons en deux parties, sépa-

rées par la guerre allemande, avant 1870 et après 1870 ;

enfin, de 1878 à 1881, l'administration du Musée, de

nouveau désorganisée par la démission du président de

la Commission, se trouvera sans direction, ne fonction-

nant pour ainsi dire plus, et cependant c'est à ce

moment que se produira inopinément un événement

capital pour son existence, l'acquisition de l'hôtel de

l'ancien jurisconsulte Cujas pour l'y installer.

Page 4: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 139

1864 à 1867

M. Charmeil, conservateur, seul adminis-

trateur du Musée. — Un arrêté préfectoral du21 janvier 1864, ayant remis à la Ville de Bourges l'admi-

nistration du Musée, on pouvait croire que le soin de sa

réorganisation, dont la nécessité et l'urgence avaient été

si souvent proclamées serait l'objet de ses préoccupa-tions immédiates : il n'en fut rien et pendant trois années

aucune réglementation ne vint assurer son fonctionne-

ment et en déterminer les conditions. M. Charmeil, quirestait seul de l'ancienne administration, avec le titre de

conservateur, dans lequel il avait été confirmé pararrété préfectoral du 16 février 1864, fut obligé d'en

assumer la charge et d'en porter tout le poids.

Organisation financière. — Il faut dire qu'unelégère indemnité en rémunération de ses longs services,entièrement gratuits jusque-là, fut enfin accordée au

conservateur : il lui était attribué un traitement de

600 francs, chiffre qui peut paraître bien minime aprèstrente années d'exercice des fonctions de conservateur

adjoint, puis de conservateur titulaire sans la moindre

rétribution.

Au point de vue financier, la situation du Musée

s'était aussi quelque peu modifiée. Le Département,fidèle à l'engagement qu'il avait pris, continuait à mani-

fester en sa faveur le généreux intérêt qu'il lui avait

témoigné depuis sa création, et le crédit de 1.750 francs

Page 5: Mater1908 Musee Bourges

140 LE MUSÉE

inscrit dans les budgets départementaux, y sera main-

tenu sans modification jusqu'au moment où les collec-

tions seront installées à l'Hôtel Cujas.

La part contributive de la Ville, même en tenant

compte de la subvention du Département, s'était elle-

même trouvée augmentée par le fait de la création ou de

l'accroissement de certaines dépenses, telles que le vote

d'un traitement pour le conservateur, l'élévation au

chiffre de 2.400 francs, à partir du 15 décembre 1864(1),

du montant du loyer précédemment fixé à 2.000 francs ;

enfin, l'adoption d'un crédit nouveau de 500 francs poul-

ies frais de transport et de placement des collections.

Voici du reste le texte même de l'article 93 des dépenses

du budget primitif de la Ville de Bourges concernant le

Musée pour l'exercice 1865(2) :

« Traitement du conservateur 600 »

» Salaire du concierge 300 »

» Loyer du local 2.400 »

» Frais de transport et de placement 300 »

3.600 »

En résumé, et déduction faite des 1.750 francs du

Conseil Général, la dépense annuelle de la Ville pour le

Musée devenu municipal, s'élevait à 2.050 francs, au

lieu de 1.250 francs inscrits aux budgets antérieurs pour

le même établissement, alors qu'il était départemental.La Ville eut en outre à solder un certain passif pour

le Musée, montant, rien que pour ce qui était dû aux

héritiers de M. Mater, à la somme de 5.972 fr. 25 (3), se

composant :

(1) Proces-verbaux des délibérations du Conseil municipal de Bourges,registre XXV, n° 240

(2) Ibid... . XXVI. n° 76.

(3) Ibid...., XXV, n° 244 (3 décembre 1864).

Page 6: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 141

1° De la valeur intrinsèque des médailles d'or ou d'ar-

gent faisant partie du médaillier donné par M. Mater (1),2.177 fr. 15;

2° D'avances diverses faites au Musée par M. Mater,

de 1841 à 1856, montant à 1.199 fr. 50;

3° De ses dépenses pour former la collection de por-

traits ou Biographie iconographique (2), s'élevant, sui-

vant mémoire détaillé, à la somme de 2.595 fr. 20.

Projet d'installation du Musée à l'Hôtel Cujas.— En même temps qu'étaient payées, comme on vient

de le voir, les dettes de rétablissement artistique, dont

la Ville était reconnue seule propriétaire et qu'elle le

dotait des ressources strictement indispensables à son

fonctionnement, l'éternelle question de l'installation du

Musée était reprise à nouveau, mais celte fois, sur

l'initiative d'une Société savante du temps, la Commis-

sion historique du Cher, devenue depuis la Société

historique, qui eut le mérite de préparer la solution quiest intervenue dans la suite.

La Commission historique, préoccupée des conditions

défectueuses dans lesquelles se trouvaient le Musée et la

Bibliothèque de la Ville, chargea une sous-commission

d'examiner si l'Hôtel Cujas pourrait les recevoir l'un et

l'autre. M. Hiver de Beauvoir, président de chambre à

la Cour d'appel de Bourges, qui a marqué son rapide

passage dans notre province par de nombreux et pré-

cieux travaux sur son archéologie et son histoire (3),

(1) V. 1re partie du présent ouvrage, 220, 240-242 (Mém. Soc. historique....

du Cher, année 11)05).

(2) V. Ibid., 247.

(3) Note bibliographique sur l'oeuvre berruyère de M. Hiver de Beauvoir :

Description, d'après la teneur des Charles, du trésor donné par Jean, duc de

Berry, à la Sainte-Chapelle de Bourges, avec une introduction, des notes et deux

notices. (Comm. hist. du Cher, mémoires, T. I, 1re partie, 1857 ; 2e partie,

Page 7: Mater1908 Musee Bourges

142 LE MUSÉE

présenta sur cette question un intéressant rapport, bien

oublié de nos jours, qui méritait cependant un meilleur

sort, à cause de la compétence incontestable de celui qui

l'écrivait, et du soin avec lequel le problème de l'instal-

lation du Musée et la solution à lui donner étaient étu-

diés sous tous les aspects. On trouve d'ailleurs dans ce

document des constatations matérielles sur l'état des

choses en 1864-1865, qui sont d'autant plus précieuses

que les lieux se sont profondément modifiés depuis (1).

M. Hiver concluait à la possibilité de loger ensemble

à Cujas le Musée et la Bibliothèque, ce qui avait l'avan-

tage de donner satisfaction à des besoins également

urgents et d'une manière très économique, mais il

n'arrivait à ce résultat, qu'en se trouvant en désaccord

avec l'un des principaux collaborateurs dont il avait

réclamé le concours pour l'étude de cette question.M. Charmeil, c'est de lui qu'il s'agit, avait comme

conservateur du Musée et de la Bibliothèque une com-

1860) — Sur le tombeau de Jean, duc de Berry, conservé à Bourges. (Annuaire

de l'Institut des provinces, des Sociétés savantes et des Congrès scientifiques,XIe vol. de la collection, seconde série, I, 1859.) — La librairie du duc Jean de

Berry au château de Mehun-sur-Yèvre, publiée en entier pour la première fois

d'après les inventaires et avec des notes. Paris, Aubry, 1860. — Notice sur les

pierres sépulcrales du cimetière (les Capucins de Bourges, (Mém. Comin. hist.

du Cher, II, 1861.) — Papiers de Pot de Rhodes (1529-1648), avec une intro-

duction et des notes. (Ibid., Il, 1861-1S6Î.) — Recherches sur les monnaies et

sur la valeur de l'argent en France jusqu'à François 1er. Paris, Aubry, 1804. —

Les hommes d'État du Berry, depuis le duc Jean jusqu'à Henri IV : Guillaume de

Boisratier, archevêque de Bourges (Mém. antiq. du Centre, I, 1867) ; Martin

Congé de Charpeigne, évêque de Chartres et de Clermont, chancelier de France

(Ibid., Il, 1868). -L'église de l'Oratoire de Bourges. (Ibid., I, 1867.) — Le

bas-relief de la chambre du Trésor de l'Hôtel Jacques-Coeur à Bourges. (Ibid., Il,

1818, et mém. lus à la Sorbonne, 1867.) — L'enseignement d'Alciat et de Duaren

à Bourges (mém. lu à la Sorbonne, 1808). — Journal de Jehan Glaumeau, Bourges,

1541-1562, avec une introduction et des notes. Bourges, Just-Bernard, 1868.

(1) Journal du Cher des 12 et 14 janvier 1865 et Courrier de Bourges du

18 janvier. V. Pièces annexes, n° I.

Page 8: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 143

pétence indéniable, on pourrait dire supérieure à toutes

les autres par la connaissance approfondie qu'il avait

des collections qui lui étaient confiées ; or, il contestait

énergiquement les appréciations du rapport. Dans une

lettre, que l'on trouve dans le Journal du Cher du

19 janvier 1865 (1), il démontrait que M. Hiver s'était

gravement mépris dans le calcul des surfaces dont la

Bibliothèque avait besoin, que de plus il n'avait réservé

aux deux collections qu'il s'agissait de loger côte à côte,

aucun espace pour leur permettre de se développer

parallèlement dans l'avenir. Il ne croyait pas d'ailleurs

à cette extension qui lui paraissait improbable, et on

sait que le Musée, comme la Bibliothèque, se sont

depuis notablement accrus. On peut, à cet égard, comme

argument, citer un fait caractéristique : le Musée installé

à Cujas en 1891 se trouvait, à l'origine, au large dans ce

local et moins de dix-sept années après, c'est-à-dire

aujourd'hui, il y étouffe littéralement, grâce à l'encom-

brement des collections. Que serait-ce si la Bibliothèque

occupait avec lui une partie de l'Hôtel?

Quoi qu'il en soit, le rapport du président Hiver de

Beauvoir et la lettre de M. Charmeil constituent des

documents et une controverse intéressants qu'il était

utile de reproduire en entier. Les conclusions du rapport,

tendant à l'affectation de l'Hôtel Cujas au Musée et à la

Bibliothèque, furent adoptées par la Commission histo-

rique et transmises au Préfet, sous forme de voeu. Ce

magistrat les renvoya au Maire de Bourges, avec avis

favorable (2).La réalisation de ce nouveau projet impliquait la

cession de l'Hôtel Cujas par le Département à la Ville :

(1) V. Pièces annexes, n° II.

(2) Procès-verbaux.. ., XXV, n° 209, séance du 11 février 1815.

Page 9: Mater1908 Musee Bourges

144 LE MUSÉE

le Conseil municipal, saisi de la question, se déclara,

par délibération du 11 février 1865, partisan en prin-

cipe du projet (1), sans mettre d'ailleurs beaucoup

d'empressement à profiter des bonnes dispositions du

Conseil Général. Ce n'est, en effet, qu'une année après,

le 10 mars 1866 seulement, que le Conseil municipal

nomma une Commission pour entrer en négociations

avec le Département (2), mais cette fois une prompte

solution intervint, il est vrai qu'elle était négative, car

on décida le maintien du statu quo, solution toujours

facile à adopter. En effet, le Département demandait

75,000 francs de l'Hôtel Cujas, et, dès le 22 avril 1866,

le Conseil municipal, conformément au rapport de sa

Commission, repoussait ce chiffre en se retranchant der-

rière l'insuffisance de ses ressources (3).

Préservation des débris gallo-romains aban-

donnés dans le Jardin de l'Archevêché. —

A la même époque, l'état d'abandon dans lequel on

laissait dans le Jardin de l'Archevêché, gisant sur le

sol, en plein air, exposés aux intempéries des saisons et

aux insultes des hommes, les précieux fragments des

monuments d'Avaricum, découverts lors de la démo-

lition d'une partie de l'enceinte romaine, préoccupaitvivement les personnes respectueuses des choses du

passé. La Commission historique du Cher, sur la

motion de M. Bourdaloue, avait demandé la création

d'un Musée lapidaire dans le Château-d'Eau, alors en

construction, sans que l'on ait paru prêter à cette

démarche la moindre attention (juillet 1864) (4).

(I) Procès-verbaux... XXV, n° 201, séance du 11 février 1805.

(2) Ibid..., XXVI, n° 125.

(3) Ibid..., n° 144.

(1) Journal du Cher du 30 juillet 1804.

Page 10: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 145

En 1866, la Société historique, qui remplaçait l'an-

cienne Commission, offrit à la Ville de contribuer pourmoitié à l'établissement d'un hangar dont la dépenseétait évaluée à 800 francs. L'affaire fut renvoyée pourétude à l'architecte de la Ville et l'on n'en entendit plus

parler (1).

La Commission du Musée s'occupa également de cette

question dans la séance du 13 août 1869(2), mais il était

réservé à une autre Société nouvellement fondée, la

Société des Antiquaires du Centre, de réaliser enfin

l'oeuvre de préservation dont on ne s'explique pas le

retard et les lenteurs, étant donné surtout qu'il ne

s'agissait pour la Ville que d'une dépense presque insi-

gnifiante à l'origine, lors des premiers pourparlers, et

nulle en dernier lieu.

La Société des Antiquaires, sur le rapport de M. Henri

Fournier, alors conseiller municipal, fut enfin autorisée,le 20 février 1869, à établir à ses frais, dans le Jardin de

l'Archevêché, un hangar en fer pour abriter les pierres

gallo-romaines échappées à la destruction après cinqannées d'abandon, autorisation donnée sous la con-

dition expresse que la Ville conserverait la propriété de

ces pierres et pourrait les retirer quand bon lui sem-

blerait (3). Il y avait là une réserve importante, dont il

était bon de consigner ici les ternies, dans l'intérêt du

Musée municipal.

Dons. —Malgré l'état d'incertitude dans lequel le

Musée se trouvait toujours, les collections continuèrent

à s'augmenter, mais la marche de ces nouveaux progrèsdevient difficile à suivre. On ne continua pas, en effet, à

tenir régulièrement, comme cela se faisait auparavant,

(1) Procès-verbaux...., XXVI, n° 146, 28 avril 1866.

(2) Registre Com. du Musée, 114.

(3) Procès-verbaux...., XXV, nos 133, 151, 163 et 253.

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146 LE MUSÉE

les deux registres d'entrée, dont il a été parlé dans la pre-mière partie de ce travail (1), on se borna à commu-

niquer de temps à autre aux journaux paraissant à

Bourges la liste des objets nouvellement donnés ou

acquis, listes éparses aujourd'hui dans les diverses

feuilles locales, où elles sont peu aisées à retrouver.

Cette sorte de publicité, qui présente de sérieux avan-

tages pour intéresser les détenteurs d'objets curieux au

développement des collections, flatter l'amour-propre

des donateurs et déterminer d'autres libéralités, ne peut

suppléer à l'inventaire journalier d'une collection qui

reste absolument indispensable. Il y a donc eu là une

lacune fâcheuse, contraire au règlement de 1834, qu'il

était juste de faire connaître, d'autant plus que dans la

suite, ce mode de publicité, si insuffisant déjà en lui-

même, va disparaître aussi.

Pendant le cours des années 1864, 1865 et 1866, voici,

avec le nom des donateurs, la liste des objets les plus

importants qui furent donnés au Musée :

Baudoin (Madame Agathe) : Portrait de la donatrice et

celui d'Emile Deschamps, médaillons en plâtre de Louis

Ysabeau.

Boichard père : le Retour de la vigne, peinture à

l'huile. (Cat. imprimé de 1869, n° 148.)

Boucher de Perthes : objets préhistoriques en pierre,

os et céramique découverts près d'Abbeville (2).

Bourdaloue-Martin, ingénieur et adjoint au Maire de

Bourges (3) : un onyx gravé représentant l'amour, et

(1) P. 237.

(2) Journal du Cher des 12 et 31 octobre 1865, 10 mai, 6 septembre et 22

août 1800. — Courrier de Bourges des il août, 29 octobre 1805, 10 mai,4 septembre et 10 octobre 1800.

(3) H. BOYER : Le Musée de Bourges. — M. Boucher de Perthes et l'antiquitéde la race humaine. (Journal du Cher des 12 janvier, 2, 7, 28 février et 2 avril

1807.)

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DE BOURGES 147

divers autres objets antiques trouvés dans les fouilles

de l'Abattoir et du Château-d'Eeau, des antiquités

égyptiennes découvertes dans les travaux du Canal de

Suez, un paysage du peintre berruyer Eugène Desjobert.

Boyer (Hippolyte), qui fut successivement bibliothé-

caire adjoint de la ville de Bourges, archiviste-adjoint

du déparlement du Cher, bibliothécaire titulaire et

enfin archiviste titulaire : divers objets gallo-romains

en fer et en bronze, un carnet de bal en nacre du

XVIIIe siècle, plusieurs cachets en cuivre des loges franc-

maçonniques de Bourges.

Casanova : Pie IX, la Catholicité et l'Evangile, sta-

tuettes en biscuit.

Charmeil, conservateur du Musée : Poignard en

bronze trouvé près de Vasselay ; sceau royal d'Issoudun

en cuivre.

Desjobert, pharmacien à Châteauneuf - sur - Cher :

Vitrail aux armes de Jacques Coeur, provenant d'une

maison de Châteauneuf qui appartenait au célèbre

Argentier de Charles VII. (Cat. imp., n° 356.)

État (L') : le Retour des champs, tableau par Appian

(Ibid., n°170);

Combat d'avant-garde dans le Dahra, peinture par

Rigo (Ibid., n° 163) ;

Anne de Boleyn devant ses juges, tableau par Léon

Goupil (Ibid., n° 176) ;

Joseph expliquant les songes, tableau par Leyen-decker.

Guénivet, maire de Vierzon : Grand mortier de cuisine

à quatre faces tournant sur pivot, provenant de l'ancien

château de Vierzon.

Jollet : Contrat sur parchemin long de 1 mètre 60,

passé en 1498 devant le prévôt de Bourges.

Leclère, conservateur des minutes du Nivellement gé-

Page 13: Mater1908 Musee Bourges

148 LE MUSÉE

néral : le Ravissement de Saint-Etienne, ébauche en cire

de Gois.

Lemoine, cafetier à Bourges : Médaille du maire de

Bourges, Soumard de Crosses, 1773, argent.

Loiseau, concierge de la mairie : Pancarte de civisme

en usage en 1793.

Mairie de Bourges : Portrait du général Petit par Boi-

chard (Cat. imp., n° 279), deux Drapeaux de 1848, l'un

des pompiers, l'autre des réfugiés polonais, magnifique

Cartel en bois doré, de l'époque Louis XIV, provenant

de l'ancien Hôtel de l'Intendance, Médaille de Germain

Lelarge, maire de Bourges en 1686, bronze.

Mater (Alphonse), conseiller à la Cour d'appel : Portrait

en pied et en costume de premier président de C. Denis

Mater, peint par Guignet.

Merceret : 2 Assiettes patriotiques en faïence de Nevers.

Merle (Robert), artiste peintre, avait légué au Musée

tous ses tableaux, dessins, gravures et moulages, parmi

lesquels on doit noter une bonne copie réduite des

Enfants d'Edouard, d'Eugène Delacroix (1).Moreau (Louis), de Sancergues : la Présentation au

Temple, remarquable composition de Jean Reslout, pro-

venant de l'ancienne abbaye de Fontmorigny (Cat. imp.,n° 75).

Roger, de l'Ile-d'Or : Bâton de la Confrérie de Saint-

Pierre et de Saint-Paul, bois doré.

Saunier, ancien coiffeur à Bourges, fixé à Santa-Fé de

Bogota : une collection d'objets exotiques, provenant de

la Nouvelle-Grenade, se composant de minéraux, fruits,

végétaux, insectes, coquillages, peaux de serpent et d'oi-

seaux, enfin de monnaies du pays en argent natif, etc.

(1) Ce legs, fait par testament du 12 mars 1860, fut accepté par délibération

du Conseil municipal du 30 novembre 1800. (Proces-verbaux...., XXVI, n° 213.)

Page 14: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 149

Thouvenel, de Saint-Florent : une importante collec-

tion d'oiseaux de France, un Herbier.

Tourangîn (Gustave) : une figurine en bronze de

Mercure.

Acquisitions. — Parmi les acquisitions faites par le

Musée pendant la même période, on peut signaler :

Antiquités : une hache en bronze et un poignard de

même métal trouvés à Mehun-sur-Yèvre, — une paire de

landiers du XVe siècle. — Tableaux : l'Amour caressant

Vénus, belle peinture sur bois de l'école du Primatice,

provenant du château de Castelnau (Cat., n° 6), une tête

de Vierge, de l'école du Guide (Ibid., n° 59), le portraitde Mlle de Charolais, dame de Montrond, en costume

de récollette (Ibid., n° 39), — deux dessins originaux de

Berlier, — un ancien paravent chinois de l'époque de

Louis XIV, — une assiette en faïence italienne décorée

d'olives en relief, une daubière en terre de La Borne

signée Talbot, — divers objets de la loge franc-maçon-

nique de Bourges, consistant en son oriflamme, ses

papiers, des dessins la concernant, les colliers de ses

dignitaires avec leurs insignes, etc.

Page 15: Mater1908 Musee Bourges

150 LE MUSÉE

§ II

1867 à 1870.

Arrêtés du 5 janvier 1867. — Le 5 janvier 1867

M. Planchat, alors maire de Bourges, prit deux arrêtés

pour constituer l'administration du Musée : l'un déter-

minait les conditions de son fonctionnement, l'autre

établissait une Commission chargée de son administra-

tion. Depuis trente-neuf années que ces arrêtés sont en

vigueur sans avoir subi aucune modification, le Musée

a progressé d'une façon constante, à peine entravé par

quelques difficultés momentanées, de telle sorte que

l'on peut dire que l'organisation qui lui fut donnée à

cette époque était heureusement adaptée à ses besoins.

Cette appréciation, basée sur l'expérience, ne saurait

être infirmée par la nécessité de certaines modifications

de détail dont la nécessité paraît être aujourd'hui dé-

montrée. Voici le texte des arrêtés du 15 janvier 1867

qui ont été la charte constitutionnelle du Musée :

Nous, Maire de la Ville de Bourges, Officier de la

Légion d'honneur,

« Considérant que le Musée, fondé en 1834 par les

» soins de feu M. le Premier Président Mater, s'est,

» depuis lors, successivement enrichi grâce à son dé-

» vouement et à son zèle persévérant et éclairé, ainsi

» que par les libéralités spontanées d'un grand nombre

» de personnes notables de ce pays ;

Page 16: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 151

» Qu'il importe aujourd'hui que le Musée se trouve

« placé sous la gestion directe et exclusive de l'admi-

» nistration municipale, de prendre les mesures néces-

» saires pour faciliter de plus en plus le développement

» de cet établissement scientifique, pour en accroître

» ou compléter les collections, assurer leur classement

» méthodique et veiller à leur conservation ;

» ARRÊTONS :

» ARTICLE PREMIER. — Le Musée de Bourges est placé,

» comme tous les autres établissements municipaux,» sous l'administration directe du Maire.

» ARTICLE 2. — Il est pourvu aux dépenses du Musée

» au moyen des crédits alloués chaque année au budget» par le Conseil municipal.

» Les subventions accordées par l'Etat ou le Départe-» ment, les dons ou legs en argent duement acceptés

" seront versés dans la Caisse municipale.» ARTICLE 3. — Les objets d'art ou autres légués au

» Musée et acceptés par le Maire à ce autorisé, ceux con-

» cédés par l'Etat ou donnés par des particuliers, enfin

» ceux acquis sur les fonds du budget sont déposés» entre les mains du Conservateur.

» ARTICLE 4. — Il est institué près le Musée une Com-

» mission consultative et de surveillance.

» Cette Commission est composée d'un Président et

» de quinze membres titulaires. Il peut y être adjoint» des membres correspondants non résidant à Bourges.

» ARTICLE 5. — Le Président et les membres de la

» Commission sont nommés par le Maire.

» La Commission désigne à la majorité son Secrétaire.

» ARTICLE 6. — La Commission donne son avis sur

» les acquisitions et échanges d'objets d'art ou autres

» projetés par l'Administration municipale, et, elle lui

Page 17: Mater1908 Musee Bourges

152 LE MUSÉE

» fait, au besoin, des propositions dans le même but ;

» elle provoque par chacun de ses membres, les dons et

» libéralités en faveur du Musée ; elle veille à l'inscrip-» lion sur l'inventaire des objets concédés, donnés ou

» acquis ; elle concourt, avec le Conservateur, au classe-

» ment méthodique des diverses collections et à la con-

» fection du catalogue ; enfin elle propose au Maire

» toutes les améliorations qu'elle croit utile dans l'in-

» térêt du Musée ou du public.» Pour faciliter son travail, la Commission se subdi-

» vise en sections, correspondant chacune aux diverses

» collections artistiques ou scientifiques existant dans

» le Musée.

» Cette subdivision aura lieu dans la première réunion

" de la Commission.

» ARTICLE 7. — Le Président correspond seul avec le

» Maire.

» ARTICLE 8. — La Commission se réunit, en séance

» ordinaire, sur la convocation du Président, quatre fois

» par an, dans la première dizaine des mois de février,

» mai, août et novembre.

» Elle peut se réunir extraordinairement quand besoin

» est.

» Les réunions auront lieu à l'Hôtel de Ville.

» ARTICLE 9. — Un Conservateur, rétribué par la Ville,

» est attaché au Musée et placé sous l'autorité directe

» du Maire.

» Le Conservateur assiste aux réunions de la Com-

» mission avec voix consultative.

» ARTICLE 10. — Le Conservateur a la garde et la con-

» servation des objets existant dans le Musée et il en est

» responsable.» Il est chargé de la confection du catalogue, du ran-

» gement et du classement des objets. Il doit s'aider,

Page 18: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 153

" dans ce travail, des avis de la Commission, au con-

» cours effectif de laquelle il doit aussi recourir.

» Il tient un registre d'entrée ou inventaire, par ordre

de date, de tous les objets déposés au Musée.

» Tous les trois mois, s'il y a lieu, un extrait de ce

» registre, contenant la désignation sommaire des objets» et leur origine, est publié par ses soins dans les jour-» naux de la localité.

» Tous les ans, un récolement des objets inscrits sur

» l'inventaire est fait par le Conservateur, assisté de deux

» membres de la Commission par elle à ce désignés.» Il est dressé procès-verbal de cette opération, lequel

» est transmis au Maire par le Président de la Commis-

» sion qui y joint, s'il y a lieu, ses observations.

» ARTICLE 11. — Le concierge et les gardiens du

» Musée sont nommés par le Maire, sur l'avis du Con-

» servateur et de la Commission.

» Ces agents sont placés sous la direction immédiate

» du Conservateur.

» Ils peuvent être révoqués sur sa demande ou celle

» de la Commission.

» ARTICLE 12. — Un règlement de service intérieur,

» tant au point de vue de la conservation et de la sûreté

» des collections du Musée, qu'au point de vue du pu-» blic ou des artistes admis à les visiter, sera préparé

" par les soins de la Commission du Musée et soumis à

« notre approbation » (1).

Le même jour paraissait l'arrêté de nomination des

membres de la Commission.

« Sont nommés Président et membres de la Commis-

» sion consultative et de surveillance instituée par l'ar-

" ticle 4 de notre arrêté, savoir :

(1) Reg. Com. Musée, 51-53.

11

Page 19: Mater1908 Musee Bourges

154 LE MUSÉE

Président :

» M. Alphonse MATER, conseiller à la Cour Impériale.

Membres titulaires :

» MM. DE BENGY-PUYVALLÉE (Charles), propriétaire.

BERRY, conseiller honoraire à la Cour lmpériale.

BORGET, artiste peintre.

BOURDALOUE, ingénieur civil, adjoint au Maire.

BOYER (Hippolyte), archiviste-adjoint.

BUSSIÈRE, architecte.

DUMOUTET (Jules), sculpteur.

FOURNIER (Henri), avocat.

DE LAPPARENT, chef de bataillon du Génie.

LOURIOU, avocat.

MÉLOIZES (Albert DES), avocat.

RAPIN (Edmond), juge suppléant au Tribunal

de première instance, adjoint au Maire.

RHODIER, greffier du Tribunal civil.

ROMAGNESI, ancien professeur.

TARLIER, architecte.

Membre correspondant :

» M. COUGNY, professeur de dessin à Paris » (1).

M. Dumoutet n'ayant pas accepté, fut remplacé le 28

janvier suivant par M. Alphonse BUHOT DE KERSERS (2).

Telle fut, à l'origine, la composition de la Commission

du Musée que les changements de résidence, les démis-

sions et surtout la mort, devaient rapidement modifier :

on trouvera aux Pièces annexes la liste complète des

membres qui en firent partie (3). Aujourd'hui, elle est

entièrement renouvelée, sauf une exception, elle n'a

(1) reg. Com. Musée, 51.

(2) Ibid., 49.

(3) N° 111.

Page 20: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 155

plus qu'un seul membre de la première heure, le Mar-

quis Albert des Méloizes, cher à tous ses collègues, non

pas seulement à cause du titre peu enviable de doyen quilui appartient, mais aussi en raison de la sympathie

générale que lui attirent l'aménité de son commerce et

l'autorité incontestée dont il jouit comme artiste et

comme savant.

Installation de la Commission, sa division

en 3 sections. — Le 27 janvier 1867, la Commission

fut installée par le vénérable M. Planchat en personne,

qui lui souhaita la bien-venue, en remerciant chacun

de ses membres d'avoir bien voulu répondre à son

appel (1).

Le 4 février elle commença ses travaux. Son premiersoin fut de compléter son bureau en nommant un secré-

taire : M. Hippolyte Boyer, que ses habitudes labo-

rieuses, ses qualités comme archéologue et comme

érudit, désignaient au choix de ses collègues, fut chargéde remplir ces délicates fonctions.

Conformément au paragraphe 3 de l'article 5, la Com-

mission se partagea en trois sections portant les titres

de Section des Arts (Peinture, Sculpture, Gravure, Ar-

chitecture, Dessins divers), —Section des Sciences (Bota-

nique, Minéralogie, Zoologie, Mécanique), — Section

d'Histoire et d'Archéologie (Histoire, Médailles, Antiquités,

Objets divers), et composées chacune de 5 membres

recrutés d'après leurs aptitudes particulières.

A la Section des Arts appartenaient MM. de Bengy,

Borget, Bussière, Romagnesi et Tarlier ; à la Section des

Sciences, MM. Bourdaloue, de Lapparent, Louriou, des

Méloizes et Rhodier; enfin à la Section d'Histoire et d'Ar-

(1) Reg. Com. Musée, 49.

Page 21: Mater1908 Musee Bourges

156 LE MUSÉE

chéologie, MM. Berry, Boyer, Buhot de Kersers, Four-

nier et Rapin (1).

La composition des Sections, dont chacune devait

nommer son rapporteur et choisir ses heures de travail,

se modifia peu à peu, par suite des changements que la

Commission elle-même eut à subir, sans d'ailleurs qu'il

paraisse utile d'en suivre le détail (2).

Le système des Sections se partageant le travail qu'exi-

geait le Musée, ne donna pas à Bourges les résultats

heureux qu'on était en droit d'en espérer. Le manque

d'assiduité des membres qui constituaient chacune

d'elles en est la cause principale, ce qui fit qu'au bout

de peu de temps les Sections cessèrent de se réunir.

Règlement intérieur. — La Commission s'occupa

ensuite de l'élaboration d'un règlement de service inté-

rieur dont elle chargea une Sous-commission, compo-

sée de MM. Berry, de Lapparent et des Méloizes, auxquels

le Conservateur fut adjoint. Sur le rapport de M. Berry,

la Commission, dans sa séance du 22 février 1868 (3),

adopta un projet de règlement qui, approuvé par le

maire, devint le règlement intérieur du Musée (4).

Malgré les dispositions que l'on lâchait de prendre

pour assurer le bon fonctionnement de cet établisse-

ment, il était souvent difficile de maintenir le bon accord

entre ses différents organes, d'obtenir de tous l'assi-

duité indispensable ou l'obéissance aux arrêté et règle-

(1) Reg. Com. Musée, 58.

(2) A la mort de M. de Bengy, M. de Méloizes, qui appartenait à la section des

sciences, passa à la section des arts et eut lui-même pour successeur M. Peneau

dans la section des sciences. (Ibid., 87.)

(3) Ibid., 00 et s.

(4) Ibid., 70. — Le règlement intérieur est reproduit aux Pièces annexes,

n° IV.

Page 22: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 157

ment qui fixaient les obligations et les devoirs de chacun.

Un conflit assez vif s'éleva au cours des années 1867,

1868 et 1869, entre le concierge du Musée et le conserva-

teur sous les ordres directs duquel il était placé. Le

concierge refusait de se conformer aux instructions quelui donnait M. Charmeil et était arrivé à se mettre en

véritable rébellion contre son autorité. Pour mettre fin

à cette situation et délimiter rigoureusement les droits et

les obligations des parties en désaccord, la Commission

réglementa de la façon la plus précise les fonctions du

concierge par des dispositions qui devinrent l'arrêté du

5 mai 1868 (1), mais le conflit ne cessa véritablement

que par la mort du concierge qui survint en 1869.

Question de la sortie des oeuvres d'art. — La

nécessité de défendre les intérêts bien compris du Mu-

sée mit parfois la Commission en conflit avec M. Plan-

chat lui-même, qu'elle entourait cependant de tous ses

respects, mais que sa bonté entraînait parfois à accorder

des faveurs dangereuses pour le bien des collections.

Depuis un certain temps, on avait pris l'habitude de

laisser sortir du Musée certains objets, surtout des ta-

bleaux, dont le prêt était demandé pour pouvoir les étu-

dier ou les copier. Sans doute, la sortie de ces objetsn'était autorisée qu'à bon escient, mais leur absence

avait l'inconvénient de créer des vides dans les salles,

d'exposer les objets eux-mêmes à des accidents, enfin

de leur faire courir des dangers qui n'existaient pas au

Musée.

Ce premier abus en avait bientôt entraîné d'autres :

l'emprunteur régulièrement autorisé passait de son

propre chef à d'autres personnes les objets qui lui

avaient été confiés en propre, et cela à l'insu de l'admi-

(1) Reg. Com. Musée, 95.

Page 23: Mater1908 Musee Bourges

158 LE MUSÉE

nistration du Musée, qui ne savait même plus où se

trouvaient les objets prêtés.

Il arriva même, la Commission l'a toujours ignoré,

que l'on confiait aux acteurs (le Musée était alors ins-

tallé en face du Théâtre) les armes dont ces derniers

avaient besoin pour jouer certains de leurs rôles. Pour

beaucoup de personnes, le Musée n'était qu'un magasin

de modèles ou d'accessoires, qui devaient être à la dis-

position du public; aussi a-t-on été très surpris quand

celui qui écrit ces lignes refusa un jour de donner mo-

mentanément pour une cavalcade costumée, les casques

et les cuirasses qu'on lui demandait.

Pour mettre lin à ces fâcheuses pratiques, la Commis-

sion, lorsqu'elle élabora l'article 5 du Règlement inté-

rieur, y avait introduit la défense absolue de laisser sor-

tir aucun objet des collections, sans l'autorisation spéciale

du maire (1), exception qui était de droit, puisque ce

dernier avait conservé l'administration directe du Mu-

sée, mais dont la Commission espérait bien qu'il n'use-

rait pas sans prendre son avis de Commission consulta-

tive et de surveillance.

Le 10 mars 1867, la Commission fut appelée à expri-mer son sentiment sur la demande du prêt d'un tableau :

elle déclara qu'elle était formellement opposée à la sor-

tie d'aucune oeuvre d'art, interdiction qui imposaitd'ailleurs l'obligation d'établir au Musée même une

salle de travail pour les amateurs (2).Le 19 novembre suivant, elle était saisie d'une autre

demande semblable à laquelle elle répondit par un nou-

veau refus, avec les mêmes conclusions pour l'ouverture

d'une salle pour les travailleurs (3).

(1) Reg. Com. Musée, 65.

(2) Ibid., 61).

(3) Ibid., 76.

Page 24: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 159

M. Planchat parut d'abord disposé à se ranger à l'avis

de la Commission (1), mais la première demande dont

on vient de parler ayant été renouvelée à la fin de l'an-

née 1868, le maire fit connaître qu'il entendait à l'avenir

et d'une façon absolue rester seul juge de la décision à

prendre (2), les abus seuls étant à craindre. La Com-

mission crut de son devoir, dans la séance du 11 dé-

cembre de la même année, de déclarer qu'elle main-

tenait son avis antérieur sur la nécessité d'interdire

complètement la sortie des oeuvres d'art du Musée (3).

M. Planchat passa outre et autorisa le prêt du tableau

qui lui était demandé, ce qui provoqua la démission

d'un membre de la Commission, M. Rorget, qui, comme

artiste, connaissait trop bien les inconvénients de sem-

blables pratiques. On eut beaucoup de peine à le faire

revenir sur sa détermination ; il avait eu d'ailleurs l'en-

tière approbation de ses collègues, qui prirent à ce sujetune délibération proclamant qu'il avait obéi à un senti-

ment juste en appréciant la situation du Musée et de la

Commission, surtout au point de vue de la dignité (4).Il semble d'ailleurs que cet incident ait produit un

heureux résultat et que la fermeté de l'attitude de la

Commission ait fait juger au maire qu'il était préférable

de ne pas recommencer à provoquer un nouveau conflit,

car en fait, à partir de ce jour, l'article 5 du Règlement

intérieur reçut la stricte application qu'exigeait l'intérêt

bien compris du Musée.

Projet d'installation du Musée dans l'ancienne

église des Carmes. — La Commission qui s'occupait

(1) Reg. Com. Musée, 79.

(2) Ibid., 101.

(3) Ibid.

(4) Ibid., 107.

Page 25: Mater1908 Musee Bourges

160 LE MUSÉE

avec tant de zèle de toutes les questions qui pouvaient

assurer le bon fonctionnement du Musée, ne pouvait

négliger la plus urgente et la plus importante de toutes,

celle de son installation définitive. Cet intéressant sujet

fut traité dans les séances des 9 août et 19 novembre

1867, 14 février et 1er mars 1868 et 13 août 1869 (1), mais

il régna tant d'indécision dans les discussions et même

les décisions de la Commission, que le vote qui finit par

triompher n'avait pas l'autorité nécessaire pour peser

suffisamment sur l'autorité municipale.La Commission fil appel aux lumières des architectes

qu'elle comptait dans son sein : M. Bussière, architecte

du département, voulut bien lui prêter son concours. Il

proposa de placer le Musée dans l'ancienne église des

Carmes, dont il évaluait les réparations et les travaux

d'installation à la somme de 50.000 francs ; le voisinage

de la caserne, qui était alors située à côté, offrait toutes

les facilités désirables pour effectuer les agrandisse-ments qui deviendraient nécessaires. Aussi la Commis-

sion ayant adopté, dans sa séance du 19 novembre, le

principe de l'installation du Musée dans l'église des

Carmes, chargea son Président de faire auprès du maire

les démarches indispensables pour obtenir l'approbation

de cette décision et en préparer l'exécution, en poursui-

vant auprès de l'administration militaire la restitution

de cet ancien édifice religieux occupé par l'artillerie.

Tout paraissait donc définitivement arrêté de la partde la Commission, quand à la séance suivante, le 14 fé-

vrier 1868, lorsque le Président eut rendu compte de

l'entrevue, peu décisive d'ailleurs, qu'il avait eue avec le

maire, la discussion reprit inopinément et vint remettre

en question le choix qui avait été fait. On mit en

(1) Reg. Com. Musée, 73, 70, 79, 81, 83 et 115.

Page 26: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 161

doute la possibilité d'obtenir un bon résultat de la trans-

formation en Musée de cette ancienne église, que l'on

jugeait moins bien disposée pour une semblable desti-

nation, que ne l'était, par exemple, l'Hôtel Lallemant.

En faveur de ce dernier édifice se révélèrent tout à coupde fervents partisans, parmi lesquels se trouvaient

MM. Rapin, Louriou, Boyer et Berry. Le vote antérieur

en faveur des Carmes fut cependant confirmé une

seconde fois, le 1er mars suivant, mais on comprend

qu'un choix si hésitant et si discuté n'avait pas l'auto-

rité qu'il fallait pour s'imposer à la municipalité, alors

surtout qu'un des membres de la Commission, M. l'ad-

joint Rapin, était justement un des avocats les plus con-

vaincus de la solution contraire. D'ailleurs, la continua-

tion de l'occupation militaire de l'église des Carmes, quise prolongea encore pendant de longues années, ne per-mit pas d'envisager sérieusement la possibilité d'exami-

ner la question d'une utilisation nouvelle de cet édifice.

Catalogue du Musée : la Peinture.— MM. Char-

meil et Antoine Cougny, ce dernier ancien conservateur-

adjoint du Musée, auquel il était resté attaché comme

membre correspondant de la Commission, s'occupaient

depuis quelque temps de la confection du catalogue. La

première partie de ce travail, concernant la Peinture, se

trouvant terminée au commencement de l'année 1869,

fut soumise par la Commission à sa section des beaux-

arts, qui lui donna son entière approbation (1). La Com-

mission émit en outre le voeu que ce catalogue fût im-

primé, ce qui fut exécuté (2).Cet ouvrage se divisait en trois parties : Peinture.

— Miniatures, Gouaches, Aquarelles, Dessins, Pastels

(1) Reg. Com. Musée, 107 et 112.

(2) Catalogue du Musée de Bourges. — Peinture. — Imprimerie et litho-

graphie de A. Jollet. 1869, in-12 de 55 p. Il fut tiré à 1.000 exemplaires.

Page 27: Mater1908 Musee Bourges

162 LE MUSÉE

et Vitraux et comprenait 392 articles. C'est un travail sé-

rieux, fait avec un véritable sens artistique, une science

indiscutable de la peinture et de son histoire, qu'aidait

une connaissance précieuse, dans la circonstance, du

passé du Berry et de la provenance d'un grand nombre

de ces objets d'art. Si on relève certaines erreurs d'attribu-

tion, il ne faut pas oublier qu'il s'agit souvent d'ouvrages

non signés et de jugements que n'appuyait encore aucune

appréciation antérieure. Tel qu'il est, ce premier essai de

catalogue sera d'une grande utilité pour ceux qui vou-

dront un jour reprendre ce travail délicat, qui sera

sans doute remis bien des fois sur le métier avant d'être

définitif.

Dans l'intention de MM. Charmeil et Cougny, le cata-

logue des collections devait être continué immédiate-

ment. Dans la séance du 13 août 1869(1), diverses expli-

cations furent échangées sur la marche à suivre, sur la

série par laquelle on continuerait et la classification des

objets à décrire. On décida que l'on s'occuperait d'abord

de l'ameublement, section dans laquelle entreraient

" les meubles et les tapisseries, les émaux, faïences et

» verreries. Les objets d'horlogerie, les armes et bijoux,» les pièces de serrurerie et ferronnerie ; enfin dans une

» section supplémentaire se placeront les objets divers

» qu'il sera impossible de ranger parmi les autres...(2)»

Malheureusement, la continuation du catalogue resta

à l'état de projet, et la Peinture est la seule partie des

collections dont la description ait été faite. On doit

regretter que M. Charmeil, si expert en matière d'art et

de curiosité, et si au courant des choses du Musée, n'ait

pas pu donner une suite au travail qu'il avait si bien

(1) Reg. Com. Musée, 114 et 115.

(2) Ibid., 115.

Page 28: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 163

commencé : les malheureux événements de 1870-1871

arrêtèrent l'entreprise. C'était d'ailleurs au Conserva-

teur, fonctionnaire rétribué, qu'incombait, aux termes

de l'article 10 de l'arrêté constitutif du Musée, la confec-

tion du catalogue.

Réclamations du comte Jaubert. — Le comte, la

comtesse Jaubert, et même Mlle Jaubert, avaient dès le

début participé à la fondation du Musée par divers

dons, notamment par celui d'un important herbier (1) ;

comme ministre, M. Jaubert avait pu rendre de précieux

services à la création poursuivie par son collègue de la

députation du Cher. A la fin de l'année 1868, le comte

Jaubert, de passage à Bourges, visita le Musée et fut

fâcheusement impressionné par son installation si dé-

fectueuse, par l'apparence de désordre des différentes

collections et surtout par le mauvais état de certaines

d'entre elles, parmi lesquelles se trouvait justement son

herbier.

Sous l'empire du premier mouvement, il adressa à un

journal local, le Courrier de Bourges (2), un véritable

réquisitoire qui se terminait en termes comminatoires :

« Une question de droit s'est posée, disait-il, celle de

» savoir jusqu'à quel point les directeurs seraient fon-

» dés à détenir dans l'état actuel de cet établissement

» les objets qui le composent. Apparemment, les dona-

» teurs ont eu en vue autre chose qu'une sorte de ma-

» gasin de bric-à-brac, qu'on me passe l'expression ;

» du jour où il serait démontré que le Musée est cons-

» titué de telle sorte qu'il est devenu absolument impro-» pre à sa destination et qu'on a renoncé à l'améliorer,

(1) Première partie du présent ouvrage, 242.

(2) Numéro de novembre 1808.

Page 29: Mater1908 Musee Bourges

104 LE MUSÉE

» l'intention originaire serait méconnue et chacun sem-

» blerait autorisé à reprendre ce qu'il a donné. »

Entendre qualifier notre pauvre Musée de « magasin

de bric-à-brac » était pénible pour ceux qui travaillaient

depuis si longtemps à sa formation, et cependant, pour

qui a connu l'ancienne installation de ses collections en

face du Théâtre, il est impossible de contester que celle-

ci tenait plutôt de la boutique d'un marchand de vieil-

leries que d'un Musée public. D'un autre côté, la conclu-

sion à laquelle aboutissait le comte Jaubert, le retrait

des objets donnés et la dispersion des collections qui en

était la conséquence, se comprenait parfaitement, et

puisque la ville de Bourges ne se décidait pas à faire le

nécessaire pour constituer un Musée digne de ce nom,

il fallait avoir le courage de le dire et de mettre fin à une

tentative dont la réalisation était poursuivie depuis trop

longtemps dans des conditions invraisemblables.

Il est inutile d'ajouter que l'installation défectueuse

du Musée n'était nullement imputable aux administra-

teurs de cet établissement, dont on a vu les réclama-

tions incessantes et les démarches continuelles pour

obtenir l'amélioration de cette situation. Il en est de

même du désordre des collections dont se plaignait le

comte Jaubert : elles étaient rangées comme elles

l'étaient déjà du temps de M. Mater, c'est-à-dire aussi

bien que le permettait un local très exigu et mal appro-

prié à une semblable destination; il n'y avait d'autre

changement que celui qu'avait imposé la nécessité de

serrer des objets déjà trop nombreux, pour faire place

aux nouveaux dons et aux nouvelles acquisitions, aug-

mentations incessantes qui faisaient croire à un désor-

dre récent dans ce qui n'était qu'un encombrement

chaque jour grandissant : ici encore aucune faute n'était

donc imputable aux administrateurs du Musée.

Page 30: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 165

Un point sur lequel M. Jaubert avait plus facilement

raison, c'est quand il signalait le mauvais état d'entre-

tien des collections d'histoire naturelle, telles que les

herbiers, notamment celui qu'il avait donné, et aussi de

la collection d'oiseaux de M. Thouvenel et des insectes

de M. Mater. Des collections de ce genre exigent les

soins continuels de spécialistes, de nombreuses dé-

penses d'entretien ou de remplacement, et, par suite, ne

pouvaient être traitées comme il leur conviendrait dans

un établissement ne possédant ni local convenable, ni

budget sérieux.

Un unique Conservateur, dont la compétence artis-

tique était incontestable, mais qui était absolument

étranger aux connaissances scientifiques variées qui lui

eussent été nécessaires, était incapable d'assumer seul

une charge comme celle qui lui était imposée par la réu-

nion sous son administration de collections aussi nom-

breuses que disparates.

M. Jaubert avait bien compris la difficulté du rôle qui

était imposé au Conservateur, car dans son article il pré-conisait une réforme qui eût sans doute remédié à bien

des vices de l'organisation du Musée, vices qui existent

encore de nos jours et dont récemment encore on faisait

ressortir les inconvénients : c'était de séparer en deux

les collections du Musée et de constituer un Musée d'his-

toire naturelle et de sciences et un Musée d'antiquités et

d'art, ayant chacun une administratiou distincte, spé-cialisée et de compétence convenable. Voici ce qu'il di-

sait sur cette question restée toute d'actualité :

» Qu'y aurait-il donc à faire? Evidemment, la pre-» mière mesure à prendre serait de trier tous les objets» en deux grandes sections, l'une de l'histoire naturelle,

» l'autre des antiquités et de l'art, et d'aviser pour l'une

» d'elles à l'appropriation d'un nouveau local, en dehors

Page 31: Mater1908 Musee Bourges

166 LE MUSÉE

» du bâtiment actuel dont la Ville est locataire, celui-ci

» simple d'apparence, et suffisamment vaste, au moins

» présentement, pour l'arrangement de nos richesses en

» histoire naturelle, y resterait exclusivement affecté,

» en se réservant d'annexer plus tard, au même titre de

» location, la maison attenante qui appartient au même

» propriétaire.» Il faudrait loger ailleurs les antiquités et les objets

» d'art. Serait-il donc si difficile de trouver à Bourges

» un édifice assorti à une pareille destination par le

» caractère même de son architecture et par les souve-

» nirs qui s'y rattachent? La maison de Cujas, aujour-

" d'hui livrée, par une bizarre inconséquence, au service,

» très respectable d'ailleurs, de la gendarmerie qui ne

» réclamait qu'une caserne, ne semble-t-elle pas désignée» tout naturellement pour l'usage que nous indiquons?» Un autre bijou d'architecture, la maison des Alle-

» mands, rue des Vieilles-Prisons , répondrait aussi

» et parfaitement à la nouvelle destination Enfin,

» l'ancienne église des Carmes, encore une propriété de

» la Ville, et qu'elle n'a fait que prêter au Ministre de la

» Guerre, en attendant l'achèvement des constructions

» de l'artillerie, peut devenir disponible d'un instant à

» l'autre.

» De telles transformations, j'en conviens, ne sont pas

» en elles-mêmes d'une exécution très facile. On sait

» aussi qu'à Bourges les affaires se traitent d'ordinaire

» avec une grande circonspection. Certes, on est loin

" d'y être indifférent aux projets d'utilité publique, mais

» il faut beaucoup de temps pour qu'une idée, dont nul

» ne conteste d'ailleurs l'opportunité, passe de la théorie

» à la pratique, témoin la translation définitive de la

» Mairie elle-même, objet de tant de discussions, et qui

» est encore a l'étude, celle de la Bibliothèque. On s'excuse

Page 32: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 167

» sur l'exiguïté des fonds disponibles, en face des autres

» engagements que la Ville et le Département ont déjà» contractés, pour concourir avec l'Etat à la création des

» grands Etablissements militaires, comme si nos res-

» sources financières ne s'étaient pas accrues en propor-» tion même de nos sacrifices. »

M. Jaubert avait sagement apprécié la situation, et

c'est dans la spécialisation aussi complète que possibledes Musées que réside leurs chances de prospérité.

Imposer à un artiste ou à un archéologue la mission de

conserver des collections d'histoire naturelle, c'est lui

mettre un boulet au pied en l'obligeant à s'occuper de

questions qui lui sont étrangères et c'est en même temps

exposer ces collections à souffrir ainsi des fautes d'une

administration involontairement désastreuse.

M. Charmeil voulut répondre aux critiques de M. Jau-

bert et adressa au Journal du Cher une lettre à cet

effet (1). Sur la plupart des points ses observations

étaient décisives. Il montrait d'ailleurs que le véritable

coupable était l'insuffisance de l'installation, ce quirevenait à dire que la responsabilité en remontait aux

administrations publiques qui laissaient d'intéressantes

collections dans un pareil état d'abandon.

Legs et dons en faveur du Musée. — Pendant

cette période de son existence, le Musée reçut des dons

et des legs aussi importants par le nombre que par la

valeur des oeuvres d'art.

Legs du docteur Péraudin. — M. Péraudin, qui

était originaire de Bourges, vécut à Paris, où il exerça la

médecine, et se livra à son goût pour les arts. Il mourut

(1) N° du 28 novembre 1868.

Page 33: Mater1908 Musee Bourges

168 LE MUSÉE

le 5 novembre 1865 (1), en léguant à sa ville natale ses

collections, qui se composaient de 33 tableaux, 2 dessins,

7 gravures, 3 morceaux de sculpture et 6 ouvrages ou

livres divers. Le Conseil municipal accepta ce legs avec

empressement : on trouve dans le procès-verbal de la

séance du 23 décembre 1866 l'expression de sa reconnais-

sance consignée pour rendre hommage à la mémoire

du donateur, qui, malgré sa résidence éloignée, n'a jamais

oublié sa ville natale (2).

Nous reproduisons dans son entier la liste des objets

légués par le docteur Péraudin, à cause de l'importance

exceptionnelle de cette libéralité :

TABLEAUX:

1. Jean Brueghel de Velours (attribué à) : Le Christ

au Tombeau.

2 Casanova : Paysage historique.3. Coutan, élève de Gros : Philémon et Baucis. — Thé-

mistocle demande l'hospitalité au roi Admète.

4. Coypel (d'après) : Jésus tenté par le démon.

5. Davidz de Heem : Fruits et nature morte.

6. Drolling fils : Abraham et Agar.

7. Ecole italienne : Tête de Vierge.8. Aug. Enfantin : Vue du port de Velletri.

9. Golvin : Entrée de ville.

10. Granet : Intérieur.

11. Greuze (attribué à) : Tête de jeune fille. — Tête de

Jeune homme.

12. Lépicié (attribué à) : Tête de vieille femme.

13. Jean Miel (attribué à) : Les Buveurs.

(1) Il aurait pu être question de ce legs pendant la période précédente, puisquele décès du docteur Péraudin s'était produit à cette époque, mais nous avons pré-féré attendre le moment où le Musée entra en possession du don fait en sa laveur.

(2) Procès-verbaux...., XXVI, n° 228.

Page 34: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 169

14. Muzianus (attribué à) : Saint Jérôme.

15. Roger : 2 Figures d'italiennes.

16. Rubens (école de) : Les Sens.

17. Thomas : Les Trois Parques. — Effet de neige. —

Figure académique. — Saint-Louis recevant la cou-

ronne d'épines.18. Paul Véronèse : Jésus devant Pilate, copie d'une

esquisse.

19. W. 1594. — Une Visite.

10. Le Temps et l'Etude, plafond.21. Crucifiement de Jésus, sur cuivre.

22. Repos de la Sainte-Famille, sur cuivre.

23. La délivrance de Saint Pierre, sur cuivre.

24. Deux Paysages italiens.

25. Sainte-Famille, sur bois.

26. Vue d'un Marché de. campagne.

27. Tête de vieillard.

DESSINS :

1. L'Assomption, par Vouet.

2. La Naissance de Chloé, par Coutan.

GRAVURES :

1. Le Bannissement de Saint Paul, par Laugier.

2. La Vierge, Sainte Anne et l'Enfant Jésus.

3. Le Zéphyr, d'après Prudhon.

4. Vénus accroupie, par Laugier.

5. Pygmalion, d'après Girodet.

6. Léonidas, d'après David. — Les Thermopyles, par

Laugier.

7. Portrait de Léon X.

SCULPTURE :

1. Buste de petit enfant, marbre signé Monot.

2. Asclépiade, buste en bronze.

3 Napoléon Ier, buste en biscuit.

12

Page 35: Mater1908 Musee Bourges

170 LE MUSÉE

LIVRES :

1. L'Iconographie Grecque et Romaine, par Visconli.

2. Daphnis et Chloé, de Paul-Louis Courier.

3. Une Année à Rome, par Thomas.

4. Le Traité de la Sagesse, par Charron, 1662.

5. Les Figures de la Bible.

6. L'Histoire de la Médecine, par Leclerc, 1727, etc.

Il convenait de faire connaître intégralement au pu-blic la bonne fortune qui advenait au Musée, en le met-

tant à même de juger du mérite de certaines des oeuvres

comprises dans le legs : c'est ce que fit, de la façon la

plus juste et avec un grand sentiment artistique, M. Cou-

gny, dans un article paru le 19 septembre suivant dans

le Journal du Cher.

Il y avait incontestablement des ouvrages assez ordi-

naires parmi ceux que laissait M. Péraudin, mais plu-sieurs autres, tels que ceux de Casanova et de Coypel,

l'esquisse de Drolling fils, les Buveurs attribués à Jean

Miel, le Crucifiement portant le n° 21 de la liste qui pré-

cède, les Fruits et nature morte attribués à Van Huysummais qu'il estimait plutôt de Davidz de Heem, enfin les

deux Têtes de Greuze ou de son école, et surtout la char-

mante vieille Femme que l'on croit être de Lépicié,

étaient des oeuvres qui eussent été accueillies partout

avec une légitime satisfaction.

Legs de M. P.-A. Bourdaloue. — Une autre libé-

ralité testamentaire allait encore enrichir le Musée pen-

dant la même période. Dans la première partie de cette

élude consacrée à l'histoire de la fondation de cet éta-

blissement artistique, il a été question de M. Bourdaloue-

Martin, ingénieur, auteur du nivellement du Canal de

Suez, puis adjoint au Maire de Bourges, qui souvent fit

don d'objets d'archéologie ou de curiosité, découverts

Page 36: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 171

par lui au cours des travaux qu'il faisait exécuter (1).

Ce bienfaiteur du Musée, qui était membre de la Com-

mission administrative, mourut le 21 juin 1868, laissant

dans son testament une preuve nouvelle de l'intérêt qu'il

lui portait : « Je lègue .. . à la Ville de Bourges pour

» son Musée tous les tableaux, livres et objets d'art que

» deux délégués du Maire choisiront dans ma mai-

» son .... » (2).

Une partie des objets laissés par M. Bourdaloue,

comme les monnaies gauloises ou romaines, les vases

et les fragments antiques, les plans des substructions

gallo-romaines du Palais de Jean de Berry, furent remis

de suite au Conservateur, ainsi que ses nombreuses dé-

corations (3), mais le surplus n'entra dans les collec-

tions qu'après la mort de Mme Bourdaloue, au mois de

mars 1889.

Cette partie du legs se composait de tableaux, les uns

sans aucun caractère artistique, représentant des tra-

vaux qu'exécutait M. Bourdaloue ou des évènements de

sa vie, tels que la vue de la Lévade, près la Grande-

Combe (Gard), les plans et élévation des automoteurs et

bis-automoteurs de Champ-Clausen, une vue de l'Isthme

de Suez aux environs du lac Timsah, une vue de Schou-

bra (Egypte), enfin une vue de Messine; mais d'autres

constituaient de véritables oeuvres d'art, peints par Bou-

coiran, élève de Sigalon, comme le portrait de M. Bour-

daloue, et trois Nymphes avec la chèvre Amalthée, enfin

deux portraits au pastel de Sigaud de Lafond et de sa

femme (4).

(1) P., 228.

(2) Procès-verbaux...., XXVII, n° 93.

(3) Reg. Corn. Musée, 112, séance du 13 mai 1869.

(4) Inv. B, nos 230-241.

Page 37: Mater1908 Musee Bourges

172 LE MUSÉE

Legs de M. Charles Mater. — M. Charles

Mater, architecte à Paris, neveu du fondateur du Musée,

s'était vivement intéressé à la création artistique, dont

son oncle poursuivait la réalisation ; il en avait suivi

les progrès et se réservait d'y contribuer à son heure :

dans ses dispositions testamentaires, il lui légua deux

toiles importantes qu'il possédait.

L'une était une peinture allégorique, intitulée l'Archi-

tecture, due au pinceau de François Boucher le jeune,fils du célèbre peintre de Louis XV, artiste d'un véri-

table talent, dont la légitime notoriété fut éclipsée parla réputation de son père. L'autre, représentant une

Réunion d'artistes du temps de Louis XIII, était l'oeuvre

de Camille Roqueplan, peintre distingué qui vivait dans

la première moitié du XIXe siècle. La veuve du légataire

avait le droit de conserver ces tableaux sa vie durant,

mais elle les remit de suite au Musée, ne voulant pas re-

tarder l'exécution des dernières volontés de son mari (1).

Envois de l'État. — En 1868, le Musée reçut de

l'État deux ouvrages intéressants, le Mariage in extremis,

composition dramatique de Firmin Girard, fort goûtéedu public (2), et le Semeur d'Ivraie, statue de bronze

d'une belle allure de Jean Valette, artiste berruyer, que

la fortune ne récompensa pas comme le méritait son

talent distingué (3).

Dons particuliers.— MM. Bazille (A.), fabricant de

porcelaine à Vierzon, donna un beau vase en porcelaine

rouge avec garniture de bronze, pièce d'un beau style

qui fait honneur à l'industrie vierzonnaise et valut au

(1) Journal du Cher du 2 avril 1868.

(2) Ibid., 15 août 1808

l3) Ibid., 10 fevrier 1809.

Page 38: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 173

donateur une récompense à l'Exposition universelle

de 1867 (1).

Boyer (H.) : un arrosoir en terre cuite, signé et daté

de 1777 (2).Caumont (de) : une amphore exhumée à Prunelles (3).

Compoint : une hache en bronze trouvée à Vou-

zeron (4) :

Gibault : un mortier en pierre (5).

Lhomme (Docteur) : Jeune fille jouant au cerceau, pein-ture de Bouchard père (6).

Société historique du Cher : une collection de costumes

du Berry, dessins aquarelles de MM. Guiton et Bour-

geois, qui a figuré à l'Exposition universelle de 1867, et

« Naître esclave », buste en terre cuite de Carpeaux(7).Tribunal de Commerce de Bourges : deux grandes

tapisseries d'Aubusson et un tapis en drap orné d'écus-

sons brodés, provenant de l'ancienne salle du Tribunal

consulaire de Bourges, pour lequel ils avaient été spécia-

lement fabriqués (8).

Acquisitions. — L'administration du Musée fit

l'acquisition de deux objets antiques en bronze, une

tête de boeuf et une lampe (9), d'une cuillère ancienne en

argent (10), d'une arme garnie de plusieurs dards (11),

(1) Journal du Cher du 10 février 1869.

(2) Ibid., 21 août 1869.

(3) Ibid.

(4) Ibid.

(5) Ibid., 21 juin 1870.

(6) Ibid.

(7) Ibid.

(8) Ibid., 15 août 1868.

(9) Ibid., 21 août 1869.

(10) Ibid., 16 février 1809.

(11) Ibid., 22 août 1807.

Page 39: Mater1908 Musee Bourges

174 LE MUSÉE

d'une daubière signée en terre de La Borne (1), de deux

dessins originaux de Berlier représentant des sujets

tirés de l'histoire ancienne (2), enfin d'un beau portrait

en pied de Napoléon Ier de grandeur naturelle et en

costume d'apparat, dont la tête et les mains sont attri-

buées à Girodet (3).

Propositions d'échange.— L'administration du

Petit Séminaire de Bourges offrit au Musée de lui

céder des médailles, des livres et des Coquillages en

échange des doubles que pouvait renfermer sa collection

ornithologique.

La Commission se livra à une discussion approfondie

sur la question de savoir si elle avait le droit de céder

des objets qui lui avaient été donnés, et si ce ne serait

pas aller contre la volonté certaine de M. Thouvenel le

donateur, et elle décida de n'entrer dans cette voie

qu'avec la plus grande circonspection.

La Section d'histoire naturelle fut chargée de recher-

cher quels étaient les doubles de la collection des

oiseaux dont on pourrait disposer et les lacunes à com-

bler dans les séries conchyologiques du Musée. Une

autre Commission, composée de six membres (4), reçut

la mission d'examiner les objets que le Séminaire pro-

posait. Ce luxe de Commissions montrait de la part des

administrateurs du Musée, un grand désir d'aboutir,

malgré cela on n'arriva à aucun résultat : peut-être les

objets du Séminaire étaient-ils sans valeur suffisante.

Mme de Sainte-Marie, chanoinesse de Saint-Augustin,

supérieure des Visitandines de Moulins, demanda la

(1) Journal du Cher du 16 février 1809.

(2) Ibid., 22 août 1867.

(3) Ibid., 15 août 1868.

(4) MM. Berry, Boyer, Louriou, des Méloizes, Peneau et Romagnesi.

Page 40: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 175

cession d'un portrait du bienheureux Pierre Fourier de

Mataincourt (1), fondateur de l'ordre des Visitandines,

que possédait le Musée, contre la copie d'une Descente

de croix, d'Alonzo Cono. La Commission refusa, parce

que ce portrait provenait d'un couvent de Saint-Amand,

d'où il était sorti à la Révolution et avait ainsi une

origine locale (2).

Échange d'un tableau de M. Waschmutt. —

Le Musée, par erreur, paraît-il, avait reçu de l'État un

tableau important représentant un Episode de l'histoire

municipale de Mulhouse, peint par Waschmutt, artiste

mulhousien et directeur de l'Ecole de dessin de Ver-

sailles, dont l'oeuvre avait été promise à sa ville natale.

A Mulhouse on éprouvait le désir tout naturel de pos-séder une toile, dont l'envoi dans cette ville avait été

annoncé et pour laquelle elle était doublement précieuseà cause du sujet et à cause l'auteur. Le Comité de direc-

tion de l'Ecole industrielle de Mulhouse demanda donc

au Maire de Bourges de lui céder cette peinture en

échange d'un tableau d'égale valeur.

Une Sous-commission (3) fixa à 5,000 francs la valeur

du tableau que désirait la ville de Mulhouse. Le Musée

de Bourges obtint en échange une composition du

même artiste intitulée un Épisode de la guerre de Crimée,

que MM. Charmeil et Cougny estimèrent supérieur, au

point de vue de l'art, à l'épisode mulhousien ; sans

contredire cette appréciation, dont nous acceptons le

bien fondé, il sera permis de dire que la composition

dramatique du nouveau tableau du Musée, exprimée

(1) Reg. Corn. Musée, 87-89.

(2) Ibid., 104 et 105.

(3) Elle était composée de MM. de Bengy, Borget et Romagnesi.

Page 41: Mater1908 Musee Bourges

176 LE MUSÉE

dans une tonalité appropriée à la tristesse du sujet (1),ne saurait faire oublier la scène animée et vivante,

représentée dans une gamme éclatante, qui était celle

de la peinture que le Musée céda. D'ailleurs, en donnant

un avis favorable à l'échange qui lui était demandé, la

Commission ne dissimulait pas ses regrets de perdreune toile remarquable que le Musée possédait depuis

longtemps, sentiments auxquels le Conseil municipals'associa complètement (2). Les négociations durèrent

d'ailleurs fort longtemps : commencées au mois de

mai 1867, elles ne se terminèrent qu'à la veille de la

guerre, qui allait faire sortir du territoire françaisla toile cédée à la ville de Mulhouse.

(1) Procès-verbaux...., XXV, n° 117 : « La composition de la toile offerte est

lionne, qu'elle est consciencieusement peinte et d'une facture supérieure à celle

de l'épisode de l'histoire de Mulhouse. »

(2) Ibid., ibid. - Reg. Com. Musée, 70-72, 98-99 et 115.

Page 42: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 177

§ III

1870-1881.

Pendant toute la durée de la guerre avec l'Allemagne,l'existence du Musée fut entièrement paralysée et du

8 avril 1870 jusqu'au 10 mai 1871, c'est-à-dire pendant

plus d'une année, la Commission ne se réunit pas, et

encore la séance du 10 mai, dont il vient d'être question,ne fut à proprement parler qu'une séance de forme, à

l'ordre du jour de laquelle rien n'était porté.La nouvelle période qui s'ouvrait ne paraissait pas

favorable aux choses de l'art, la France cruellement

meurtrie avait avant tout à panser ses blessures, et

cependant jamais à Bourges le problème de l'installation

du Musée, ne fut étudié avec plus d'ardeur et de persé-vérance.

Projet d'installation du Musée proposé parM. Devoucoux. — Le 5 novembre 1871, M. Devou-

coux, alors Maire de Bourges, se rendit à la séance quetenait la Commission et lui communiqua ses vues sur

l'installation du Musée et de la Bibliothèque, que l'on ne

séparait guère à cette époque dans les projets que l'on

dressait, bien que jusque-là ils eussent toujours constitué

des établissements distincts.

Il rappela les études antérieures dont l'église des

Carmes, qui avait ses préférences, avaient été l'objet et

Page 43: Mater1908 Musee Bourges

178 LE MUSEE

il demanda qu'elles fussent reprises, en réservant dans

l'édifice une place pour loger les pompes à incendie. Il

comptait mettre fin à l'occupation de la Guerre et évaluait

à 50,000 francs le montant des travaux d'appropriation

qu'il y aurait à faire. Pour se procurer les ressources

qu'exigeaient ces travaux, il faisait entrer en ligne de

compte une somme de 15,000 francs qu'il espérait obte-

nir de l'Etat pour l'occupation prolongée des Carmes

par l'Administration militaire, 15,000 francs comme

indemnité de la perte du local que la Bibliothèque de la

Ville occupait à l'Archevêché avant l'incendie de 1871,

enfin le surplus, s'élevant à 20,000 francs, devait être

produit par une loterie.

Sur la demande de M. Devoucoux, une Sous-commis-

sion, composée de MM. de Lapparent, Bussières, Roma-

gnesi et Charmeil, fut chargée d'étudier le plan de l'ins-

tallation projetée et d'en dresser un devis sommaire (1).Le 28 novembre suivant, M. de Lapparent donna lec-

ture du rapport de la Sous-commission, à l'appui duquel

il produisait un plan et un devis estimatif dressés parM. Bussières assisté de M. Pascault, son gendre. Dans

le projet, le rez-de-chaussée de l'édifice était réservé à la

Bibliothèque, les étages supérieurs au Musée et le chevet

au dépôt des pompes de la Ville. Le total du devis s'éle-

vait à 70,000 francs, qui, sur la demande du Maire,

furent réduits à 60,000 francs, grâce à certaines écono-

mies et à la substitution du bois au fer pour la charpente.Dans la discussion qui suivit, on vit se produire inci-

demment la proposition d'installer dans l'Hôtel Aubertôt

le Musée et la Bibliothèque, où cette dernière se trouve

maintenant, proposition qui fut rejetée à cause de l'im-

possibilité manifeste de loger dans cet hôtel les deux

(1) Reg. Com. Musée, 124 et s.

Page 44: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 179

collections réunies. Le projet présenté fut enfin adopté

et renvoyé à l'examen du Conseil municipal (1).

Le 10 mai 1872, M. Boyer, qui aux fonctions de con-

seiller municipal joignait celles de bibliothécaire-adjoint

et de secrétaire de la Commission du Musée, fit, à l'as-

semblée communale, le rapport sur la demande de la

Commission du Musée. Après avoir exposé les données

du projet d'installation qu'avaient étudié MM. Bussières

et Pascault, il faisait connaître les critiques que M. Bour-

bon, architecte de la Ville, adressait au travail de ses con-

frères, critiques portant sur l'éclairage, l'aération et les

facilités d'accès. Il y avait d'ailleurs deux objections pé-

remptoires : l'occupation toujours existante de l'église par

l'Administration de la Guerre, occupation dont rien n'in-

diquait la fin, et l'urgence de la solution, qui, pour la

Bibliothèque, s'imposait plus encore que pour le Musée,

puisqu'elle avait perdu, par l'incendie de l'Archevêché,

les salles où elle était installée, situation qui ne lui per-

mettait pas d'attendre l'éventualité douteuse et lointaine

de la restitution de l'église des Carmes.

S appuyant sur ces diverses considérations, le rapport

proposait de placer immédiatement la Bibliothèque à

l'Hôtel Aubertot et pour le Musée de décider en principe

son transfert à l'Hôtel Lallemand, mais comme il fallait

préalablement acquérir des immeubles voisins, cons-

truire une galerie de tableaux, faire de nombreuses

dépenses d'appropriation, l'exécution de cette installation

serait remise à une époque ultérieure et indéterminée.

Les conclusions du rapport furent adoptées intégrale-

ment (2) : c'était pour le Musée le maintien de la situa-

tion déplorable dans laquelle il se trouvait ! Il gagnait

(1) Reg. Corn. Musée, 127 et s.

(2) Procès-verbaux...., XXVIII, n° 343.

Page 45: Mater1908 Musee Bourges

180 LE MUSÉE

cependant quelque chose à la solution qui venait d'inter-

venir, c'est de n'avoir plus son sort lié à celui de la

Bibliothèque et d'avoir par conséquent plus de facilités,

le cas échéant, pour obtenir pour lui seul l'installation

qui lui était nécessaire.

Le résultat de cette nouvelle tentative était bien fait

pour décourager complètement la Commission du

Musée : sur l'initiative de la municipalité, elle avait fait

étudier une fois de plus un projet d'installation dans

l'église des Carmes, et ce projet, la même municipalité le

faisait échouer, en proposant ensuite une autre solu-

tion, qui laissait le Musée en dehors. C'était véritable-

ment traiter avec trop de sans-gêne une Commission

d'hommes notables de la ville, à laquelle on imposaitdes éludes sérieuses sur des questions difficiles d'instal-

lation, que l'on se chargeait ensuite de rendre inutiles.

Démolition de l'église des Carmes. — L'an-

cienne église du couvent des Carmes, avec son pignonen façade, orné d'un gracieux portique, la belle fenêtre

ogivale du choeur, les dix-huit fenêtres qui l'éclairaient

et l'élégante décoration intérieure de plusieurs de ses

chapelles, n'était pas sans mérite au point de vue archi-

tectural (1); les vastes dimensions de son vaisseau, quimesurait 55 mètres de longueur, 11 mètres 60 de largeursur 11 de hauteur, la rendait susceptible de rendre bien

des services. On se rappelle que l'on projeta à diverses

reprises d'y réunir le Musée, la Bibliothèque et un maga-sin municipal ; à un autre moment on voulut y loger la

Mairie; on y célébra des fêtes, des cérémonies, les foires

du Palais s'y tinrent longtemps, enfin, en 1848, un club

politique y eut ses réunions.

(1) BUHOT DE KERSERS: Histoire et statistique monumentale du Cher. II.

238 et s.

Page 46: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 181

De précieux souvenirs historiques s'attachaient à cet

édifice, leur caractère essentiellement municipal aurait

dû lui servir de sauvegarde auprès de l'Administration

de la cité qui était appelée à décider de son sort. C'était

là en effet que se célébraient toutes les cérémonies de la

Communauté des habitants de la ville sous l'ancien ré-

gime et que s'assemblèrent en 1789 les élus des Trois

Ordres pour rédiger leurs cahiers et nommer leurs dépu-

tés aux Etats-Généraux.

A tous ces points de vue la conservation de l'église

des Carmes s'imposait donc dans l'intérêt public et il

semblait que pendant longtemps telle avait été l'intention

constante et nettement indiquée des municipalités qui

s'étaient succédées ainsi que le désir des habitants. On

n'a pas oublié qu'en 1847 (1) la Ville dépensa une somme

considérable pour réparer les Carmes, ce qui impliquait

la volonté d'assurer sa préservation, et qu'en différentes

circonstances relatées ici même, on regretta beaucoup

que l'occupation du Ministère de la Guerre empêchât de

l'utiliser et de lui donner une affectation définitive. Et

cependant, sans que l'on puisse deviner la cause de cette

évolution de l'opinion, on va voir qu'au moment où cet

édifice sera enfin rendu à la Ville, une partie importante

de cette même opinion, et la mieux placée pour l'empor-

ter, en proposera la démolition immédiate.

C'est le 1er janvier 1876 que devait cesser l'occupation

de l'armée et dès le mois d'octobre précédent, la munici-

palité demandait au Conseil municipal de faire connaître

ses intentions sur ce qu'il conviendrait de faire de l'église

des Carmes (Séance du 16 octobre 1875) (2). Le moment

était donc venu de donner satisfaction aux besoins du

(1) Journal du Cher du 23 novembre 1847.

(2) Procès-verbaux...., XXX, n° 170.

Page 47: Mater1908 Musee Bourges

182 LE MUSÉE

Musée qui restait seul à pourvoir, et de solutionner une

question depuis longtemps pendante.Le 12 février 1876 la Commission du Conseil muni-

cipal fit connaître, par l'organe de M. Bonnault de Ville-

menard (1), son rapporteur, le résultat de ses recherches.

Du Musée et de ses besoins, pas un mot, une seule pro-

position ferme, la démolition de l'église des Carmes

pour élargir la place qui est par devant. On n'est pas fixé

sur ce que l'on fera du reste de l'emplacement, peut-êtreun marché public, peut-être des emplacements à vendre

pour construire (2), mais il faut commencer par jeterbas le vénérable édifice.

Le 15 juillet suivant l'église des Carmes est condam-

née, sa démolition est votée, il est décidé qu'on l'effec-

tuera dans le plus bref délai possible et que l'on mettra

en adjudication les matériaux à en provenir (3).Le Conseil municipal, comme on le voit, voulait une

destruction immédiate, mais la résistance inattendue

qu'il rencontra dans une partie de la population retarda

pendant près de deux années l'exécution de cet arrêt :

pour une fois le mouton berrichon s'était révolté.

L'enquête de commodo et incommodo à laquelle il

fut procédé à la fin du mois d'octobre 1876, témoigne de

la vivacité de l'intérêt que la population prit à cette

affaire : 113 personnes se présentèrent devant le

Commissaire enquêteur, dont 40 exprimèrent un avis

favorable aux projets de la municipalité et 73 se décla-

rèrent partisans de la conservation des Carmes (4).

(1) M. de Bonnault de Villemenard, ainsi que plusieurs autres membres de la

municipalité ou du Conseil municipal, faisaient partie de la Commission du Musée.

(2) Procès-verbaux XXX, n° 222.

(3) Ibid., n° 336.

(4) Journal du Cher des 2, 4 et 24 novembre 1876.

Page 48: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 183

Les Sociétés savantes de la ville s'associèrent acti-

vement à cette campagne d'opposition : comme il était

naturel, c'est à la Commission du Musée que revint

l'initiative de ce mouvement et le 30 octobre elle déli-

béra une protestation fortement motivée (1) qui fut

transmise au Maire et communiquée à la presse (2).

Vint ensuite une protestation du Comité diocésain (3).

Les Sociétés savantes de la ville pensant que réunies

elles auraient plus de force, se syndiquèrent et rédi-

gèrent un factum intitulé : Pétition adressée à MM. les

Membres du Conseil municipal pour l'installation du

Musée dans l'ancienne église des Carmes, portant les

signatures de MM. des Méloizes, président du Syndicat,

de Laugardière et Buhot de Kersers pour la Société des

Antiquaires du Centre ; Boyer, Charmeil et Barberaud

(ce dernier secrétaire du Syndicat) pour la Société

historique du Cher; l'abbé Augonnet, Rifle et Dumoutet

pour le Comité diocésain. Cette protestation, d'abord

publiée dans les journaux, puis tirée en brochure avec

plan à l'appui (4) et répandue dans le public (5), eut le

succès qu'elle méritait, car elle traitait la question

soumise au tribunal de l'opinion publique de la façonla plus lumineuse. Une pétition dans le même sens et

émanant des habitants du quartier des Carmes fut,

en outre, adressée au Conseil le 26 mars 1877 (6).

En plus de ces manifestations collectives, il se pro-

duisit sous forme d'articles de journaux ou de lettres

(1) Reg. Com. Musée, 102 et s.

(2) Journal du Cher des 2 et 4 novembre 1876.

(3) Ibid. du 7 novembre.

(4) Ibid. des 25 janvier, 6 février et 10 mars 1877.

(5) Bourges, A. Jollet, 9 mars 1877, in-8 de 14 p.

(6) Procès-verbaux...., XXXI, n° 150, séancedu 21 avril 1877.

Page 49: Mater1908 Musee Bourges

184 LE MUSÉE

particulières insérées dans la presse locale, une série

d'appels à l'opinion publique en faveur de l'édifice

menacé pour le sauver, s'il était possible. On peut

citer une lettre signée A.WALKER, parue dans le Journal

du Cher du 19 octobre, une note historique sur l'Eglise

des Carmes dans le numéro du 26, enfin un article qui

traitait de la conservation de ce monument et de son

appropriation pour y placer le Musée, qui se trouve dans

le même journal, n° du 16 novembre, sous la signature

de RAPHAEL MONTÉS, anagramme sous lequel on décou-

vrira facilement le nom de M. Alph. Mater, président

de la Commission du Musée (1).

Le 30 novembre suivant une étude très complète de la

question parut en brochure, résumant avec force toutes

les raisons qui militaient en faveur de la conservation

de l'église des Carmes et de son affectation en Musée.

Cet écrit, dont l'auteur était M. Charles Barberaud,

archiviste du Cher, avait pour titre : Protestation contre

la démolition de l'église des Carmes, observations soumises

au Conseil municipal avec plan (2).

L'opposition qui se manifestait avec tant d'ardeur,

eut au moins pour effet de retarder la destruction

projetée : une lettre du Ministre des Beaux-Arts du

9 avril 1877 prescrivit, en effet, au Préfet du Cher de

refuser d'autoriser les travaux de démolition, jusqu'à ce

que la Commission des Beaux-Arts eût statué sur la

valeur artistique de l'ancienne église. Le Conseil

municipal d'ailleurs restait insensible à tous ces efforts,

et le 15 mai suivant, il y répondait en volant le maintien

de sa délibération antérieure qui ordonnait la démolition

(1) Sous le mémo pseudonyme fut publié en juin 1802, chez Just-Bernard,

libraire à Bourges, un recueil de poésies sous ce titre : Simples échos, traduits

en vers, in-12 de 206 pages.

(2) Bourges, C. Patureau, 30 novembre 1870, in-8 de 14 pages.

Page 50: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 185

des Carmes, en protestant contre l'intervention mi-

nistérielle dans une question qu'il estimait purement

municipale (1).

On avait eu un moment d'espoir en apprenant l'arrêt

que la lettre du Ministre avait imposé au projet de

destruction immédiate, mais cet espoir fut de courte

durée, et bientôt on eut la conviction que tout était

perdu, quand on vit, à la suite d'élections nouvelles (2),

M. Eugène Brisson remplacer M. Rapin comme Maire

de Bourges (3). Les sentiments personnels du nouveau

magistrat, en ce qui touchait cette question particulière,

étaient connus, il avait manifesté, dans toutes les cir-

constances qui s'étaient présentées, son désir de voir

disparaître les Carmes, et ce que l'on savait de la

ténacité de son caractère autoritaire faisait prévoir qu'il

s'efforcerait de précipiter l'exécution de la condamnation

prononcée à diverses reprises par le Conseil. D'un autre

côté, on pouvait croire que le Gouvernement de l'époquene persisterait pas dans sa résistance vis-à-vis d'un

Maire qui, à ce moment, était pour lui personna

grata.

L'église des Carmes tomba donc sous la pioche des

démolisseurs à la fin de l'été de l'année 1878. On eut

l'excellente pensée de réserver tous les fragmentsarchitecturaux et sculptés de l'église, et leur nombre

était si grand, qu'au jardin de l'Archevêché, où ils

furent déposés provisoirement sur le sol, ils couvraient

tout l'espace compris entre la grande allée et le mur de

la Direction du Génie et de la Manutention militaire, ce

qui indique, qu'il soit permis de le dire, l'importance de

(1) Procès-verbaux...., XXXI, n° 173.

(2) Elections du 6 janvier 1878 pour le renouvellement des conseils municipaux.

(3) Décret du 23 janvier 1878.

13

Page 51: Mater1908 Musee Bourges

186 LE MUSÉE

la décoration artistique dans ce monument, pour lequelles édiles du temps professaient un si grand dédain.

Le dépôt, à titre provisoire, de ces fragments sur la

terre, exposés à toutes les intempéries, devait, comme

autrefois pour les débris de l'enceinte gallo-romaine,se prolonger pendant plusieurs années. Ce n'est que

postérieurement à la nomination de M. Daniel Mater en

qualité de Président de la Commission, c'est-à-dire aprèsle mois d'avril 1881, que l'on commença à se préoccuper

des dangers que leur faisait courir une pareille

situation. Un agent de la Mairie vint un jour demander

au nouveau Président, s'il voulait bien recevoir dans le

Musée les pierres de l'église des Carmes, démarche qui

surprit vivement celui qui en était l'objet et qui paraîtra

incroyable à toute personne qui a connu le local où les

collections étaient entassées avant leur transfert à

l'Hôtel Cujas et l'encombrement qui y régnait.

On se décida alors à déposer ces fragments dans de

vieilles casernes inoccupées qui existaient sur l'ancien

champ de foire, au bas de Séraucourt. C'eût été le salut,

si la fatalité, qui s'était acharnée après l'église des

Carmes, n'avait pas continué à en poursuivre les

débris. En effet, quelques années après, on mit en

adjudication, pour les démolir, les casernes où se

trouvaient les fragments des Carmes, sans avoir la

précaution de réserver ces derniers, de telle sorte que

l'acquéreur put en disposer comme des autres matériaux

de construction provenant des bâtiments détruits. De

l'église des Carmes, il ne reste plus aujourd'hui que les

pinacles et les niches qui accompagnaient la porte mo-

numentale d'entrée : ils ont été placés dans la cour du

fond de l'Hôtel Cujas, où ils rappellent un édifice qui a

disparu sans nécessité, victime d'une rage de vandalisme

trop fréquente de nos jours.

Page 52: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 187

La destruction dont on vient de lire le récit décida

M. Mater à se démettre de ses fonctions de Président de

la Commission du Musée. Il s'était habitué à considérer

l'église des Carmes comme le futur asile des collections

réunies par son père, et les fréquentes études que la

Commission avait été appelée à faire, sur l'invitation

même de la municipalité, l'avait confirmé dans cette

conviction. Le sans-façon avec lequel une semblable

tradition et une espérance en quelque sorte autorisée

avaient été méconnues, était bien fait pour blesser le

fils du fondateur du Musée et le décourager d'une façon

définitive. M. Alphonse Mater adressa donc à M. Brisson

sa démission de membre et de Président de la Commis-

sion, estimant que mieux valait se retirer que d'accepter

plus longtemps un semblable traitement.

La disparition de l'église des Carmes n'apportait natu-

rellement aucune solution à la question, depuis si long-

temps pendante, de l'installation du Musée, et les admi-

nistrateurs de la ville, si mal disposés qu'ils fussent à

cet égard, étaient toujours forcés de s'en occuper.MM. Rouzé et Chédin, conseillers municipaux, propo-

sèrent d'élever pour le Musée, derrière la Banque de

France, sur des terrains appartenant alors à la Ville,

une construction neuve qui devait être entourée d'un

square.

Cette proposition avait contre elle l'élévation du chiffre

de la dépense qu'elle nécessitait et la situation peu cen-

trale de l'emplacement : elle fut donc repoussée (1).

M. Brisson s'arrêta bientôt à un autre projet qui fai-

sait entrer le Musée dans une combinaison avec diverses

créations d'ordre artistique qu'il se proposait d'entre-

prendre. Il s'agissait de faire construire un édifice qui

(1) Procès-verbaux...., XXXI, n° 86, séance du 12 mai 1877.

Page 53: Mater1908 Musee Bourges

188 LE MUSÉE

renfermerait à la fois une Ecole des Beaux-Arts appli-

qués à l'industrie et un Musée. Il résolut de soumettre

cette nouvelle conception à la Commission du Musée et

il la réunit sous sa présidence personnelle le 11 février

1878. L'ordre du jour de la séance portait : 1° Étude de

la construction d'un Musée et choix de son emplace-

ment; 2° Création d'une École des Beaux-Arts appliqués

à l'Industrie devant réunir les écoles municipales de

dessin déjà existantes ; 3° Création d'un cours de dessin

et peinture sur porcelaine.

Dans la discussion qui s'engagea, deux membres se

firent les avocats d'installations différentes, M. Daniel

Mater à l'Hôtel Cujas, M. Buhot de Kersers à l'Hôtel

Lallemant, en faisant remarquer que, grâce aux cons-

tructions anciennes déjà existantes, celles qu'il faudrait

ajouter seraient moins considérables; enfin, M. Boyer

proposa de revenir à l'emplacement de l'ancienne église

des Carmes.

La Sous-commission nommée pour étudier les di-

verses questions qui étaient posées (1) présenta son rap-

port dans la séance du 4 mars suivant. Elle estimait que

les divers édifices dont il avait été question étaient tous

inutilisables, qu'il fallait recourir à une construction

neuve établie sur l'emplacement de l'ancienne Église des

Carmes, dont la dépense pourrait atteindre 120.000 francs

et dont le projet devrait être mis au concours.

Les conclusions du rapport de la Sous-commission

furent adoptées dans leur entier, d'abord par la Com-

mission du Musée (2), puis par les Commissions muni-

cipales des bâtiments et de la voirie (3). On les trouve

(1) Elle était composée de MM. Bussières, Charmeil, de Lapparent, des Mé-

loizes et Tarlier, ce dernier fit le rapport.

(2) Reg. Com. Musée, 174 et s.

(3) Ibid., 177.

Page 54: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 189

relatées dans l'Exposé du nouveau programme de travaux

que M. Brisson fit à cette époque aux Commissions

compétentes du Conseil municipal.« Vous êtes appelés également, disait-il, à examiner

» le projet de création d'une École des Beaux-Arts ap-» pliqués à l'Industrie. Je rattache à cette question la

» construction du Musée. Quelque précieuses que» soient nos collections artistiques, elles ne motiveraient

» pas actuellement, à elles seules, la dépense considé-

» rable et tout à fait somptuaire qu'entraînerait la cons-

» truction d'un monument pour les recevoir.

» Dans tous les cas, elles exigent peu d'espace, puis-

" que, d'après le rapport d'un membre de la Commis-

» sion du Musée, 425 mètres suffiraient pour les instal-

» ler convenablement.

» Je dépose sur votre bureau le programme du con-

» cours rédigé par les soins de M. l'Architecte, pour la

» construction de cette École des Beaux-Arts qui serait

» établie sur l'emplacement de l'Église des Carmes, sui-

» vant le voeu émis par la Commission du Musée (1). »

Il est inutile d'examiner si les surfaces indiquées

comme nécessaires pour l'installation du Musée étaient

suffisantes, si l'établissement de salles d'étude et de tra-

vail pour des jeunes gens, dans les pièces mêmes où

étaient exposées des collections d'art et de curiosité, était

chose pratique et prudente, puisqu'il semble que l'on

ait fini par oublier dans la suite, lors de l'exécution des

travaux, qu'il eût jamais été question du Musée.

On sait d'ailleurs que le lourd et disgracieux édifice

qui porte le nom d'École des Beaux-Arts a si mal satis-

(1) Ville de Bourges. — Travaux d'utilité publique.—

Rapport ru Conseil mu

nicipal. - Bourges, Imp. Commerciale, 1878, p. 9 et 10.

Page 55: Mater1908 Musee Bourges

190 LE MUSÉE

fait aux conditions qu'il devait remplir, qu'il s'est révélé

insuffisant pour loger tous les services scolaires qu'il

devait recevoir et que, dès le début, il a fallu construire

plusieurs annexes. Comment, dans cette situation, trou-

ver en outre la place nécessaire pour installer les nom-

breuses collections du Musée, leur assurer non seule-

ment des surfaces murales, mais aussi les placer, sans

qu'il y ait confusion et gêne, entre les objets d'art ou de

curiosité et les modèles ou les moulages destinés aux

élèves?

C'est véritablement à se demander s'il y avait quelque

chose de sérieux dans ce projet de Musée-Ecole des

Beaux-Arts et si la réunion des deux établissements,

dans le projet primitif, n'était pas destinée à assurer

avant tout le vote de l'affaire, avec l'arrière-pensée de se

borner ensuite à construire l'École des Beaux-Arts à la-

quelle on tenait principalement.

Acquisition de l'Hôtel Cujas pour y établir le

Musée. — Pendant que s'élaboraient les projets de

grands travaux qui allaient modifier si profondément la

physionomie de Bourges et dont on vient de rappeler ce

qui peut se rattacher à l'histoire du Musée, une longue

négociation se poursuivait entre le Département et la

Ville pour la cession à celte dernière de l'Hôtel Cujas,

d'abord par un échange, puis par une vente, négociation

qui à plusieurs reprises parut rompue, mais qui devait

enfin trancher, en principe tout au moins, la question

de l'installation définitive du Musée. On pourrait même

se demander si les décisions de la municipalité, qui

tenaient si peu compte des demandes de la Commission,

ne s'expliqueraient pas par l'existence de cette négocia-

tion qui se poursuivait à côté.

Une proposition de M. Louis Aubineau, avocat distin-

Page 56: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 191

gué et conseiller municipal, semble avoir été le point de

départ de la nouvelle tentative destinée cette fois à une

solution favorable. L'Assemblée communale, comme on

peut s'en souvenir, avait été invitée par la municipalité

à rechercher la destination qui pourrait être donnée à

l'église des Carmes : M. Aubineau, intervenant à ce mo-

ment, demanda que l'on poursuivît l'échange de l'église

et de la caserne des Carmes contre l'Hôtel Cujas; la gen-

darmerie, alors placée à Cujas, aurait été transférée aux

Carmes et l'Hôtel Cujas, devenu disponible, aurait pu

recevoir le Musée (1).

Celte proposition ayant été votée par le Conseil

municipal et favorablement accueillie par l'Administra-

tion départementale, M. Albert Pascault, architecte du

département, fut chargé par le Préfet de procéder à

l'évaluation des immeubles à échanger, et M. Bourbon,

architecte de la Ville, reçut semblable mission pour

l'autre partie (2).

M. Pascault évalua à 85.000 francs la valeur de Cujas

et à 80.000 francs celle des Carmes, ce qui aurait fait

une soulte de 5.000 francs en faveur du Département.M. Bourbon, de son côté, estima les Carmes à 110.000 fr.

et Cujas à 60.000, ce qui aurait fait un retour de 50.000 fr.

en faveur de la Ville. Le Conseil municipal résolut

d'accepter les chiffres de son mandataire, malgré les

observations de plusieurs conseillers municipaux, qui

exprimèrent l'avis que cette question de soulte rendrait

l'échange impossible (3).

En effet, le Conseil Général déclara se refuser à payer

(1) Procès-verbaux...., XXX, p. 170.

(2) Ibid., ibid., n° 222, séance du 12 février 1876.

(3) Ibid., n° 365, séance du 5 août 1870.

Page 57: Mater1908 Musee Bourges

192 LE MUSÉE

aucune soulte (Délibération du 9 septembre 1876) (1).

En vain le Conseil municipal consentit-il à réduire à

30.0000 francs la soulte demandée (Délibération du 24

mars 1877) (2), l'Assemblée départementale persista

dans son refus (Délibération du 11 avril 1877) (3).

Il devenait évident que l'on n'aboutirait à aucun

résultat tant que l'on persisterait à vouloir traiter parvoie d'échange, d'autant plus que la prochaine démo-

lition de l'ancienne église des Carmes allait modifier

notablement les bases des estimations faites, et peut-être

mettre à la charge de la Ville une soulte qu'elle ne consen-

tirait pas davantage à supporter : il fallait donc recourir

à un autre mode d'accord, à une vente, par exemple, ou

renoncer à l'espoir de s'entendre.

Autorisé enfin par délibération du Conseil municipaldu 20 juillet 1878 à reprendre, sur les bases nouvelles

d'une vente, les pourparlers avec le Préfet, le Maire se

mit rapidement d'accord avec ce dernier : le prix de

cession fut fixé à 80.000 francs, moyennant lequel le

Département consentit à céder à la Ville l'Hôtel Cujas,

à la condition expresse, acceptée sans difficulté, que le

Musée y serait installé.

M. le Marquis de Vogué présenta, le 24 août 1878, le

rapport sur cette affaire au Conseil Général, et jamais

question intéressant les Beaux-Arts ne trouva un inter-

prète plus digne de la faire triompher.« Votre deuxième Commission, dit-il, a été saisie

» d'une proposition émanant du Conseil municipal de

» la Ville de Bourges et tendant à l'acquisition par la

» Ville, au prix de 80.000 francs, de l'immeuble affecté

(1) Procès-verbaux...., XXX, n° 1.

(2) Ibid., n° 154.

(3) Ibid., n° 173.

Page 58: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 193

» à la gendarmerie et connu sous le nom d'Hôtel Cujas.

» Je n'ai pas à faire ici l'histoire des négociations

» tour à tour reprises et abandonnées, dont l'aliénation

» de ce monument a été l'objet. Depuis fort longtemps» les esprits qui ont le culte des souvenirs historiques

" et le goût dés oeuvres d'art, faisaient des voeux pour

» que l'Hôtel Cujas, soustrait à son affectation actuelle,

» fût rendu à son propriétaire naturel, la Ville de Bourges,» et affecté à sa destination normale, le Musée. Tous les

» efforts tentés dans ce but n'avaient pû aboutir. Je ne

» saurais vous en raconter toutes les péripéties

» La question se présente aujourd'hui sous une

» nouvelle forme. La Ville de Bourges offre purement et

» simplement de se rendre acquéreur de l'Hôtel Cujas» moyennant un prix ferme de 80.000 francs ; elle fait

» observer que le moment d'une décision définitive est

» arrivé : obligée de pourvoir au logement de ses

» collections, la Ville doit s'assurer la possession d'un

» local convenable ; l'Hôtel Cujas est celui qu'elle préfère

" à tous les points de vue : si elle ne peut l'acquérir, elle

» devra chercher une autre combinaison, soit qu'elle» revienne au projet d'installer le Musée dans la caserne

» des Carmes, soit qu'elle approprie ou bâtisse un autre

» local; le système auquel elle s'arrêtera, sous l'empire

» de circonstances supérieures, sera définitif et tout

» espoir de consacrer l'Hôtel Cujas au Musée devra

» être abandonné.

» Elle recommande sa proposition à votre plus

» sérieuse attention.

« Votre deuxième Commission, Messieurs, ne pouvait

» qu'accueillir favorablement ces ouvertures, elle était

» certaine de répondre aux sentiments du Conseil tout

» entier en recherchant les moyens de réaliser un voeu

Page 59: Mater1908 Musee Bourges

194 LE MUSÉE

» qui lui est cher, en s'efforçant de hâter le jour où

» l'antique demeure du célèbre légiste qui a illustré

» notre ville, rendue à une destination digne de son

» passé, remise en valeur par une restauration in-

» telligente et discrète, offrirait à l'étude des artistes,» à côté des collections qu'elle abriterait, ses charmantes

» sculptures et ses ingénieuses dispositions archi-

» tecturales » (1)Le Conseil Général ne pouvait refuser d'accueillir favo-

rablement une plaidoirie aussi pressante et il approuvale projet de cession qui lui était soumis : c'était d'ailleurs

rester fidèle à la promesse qu'il avait faite au Musée en

1864, de lui continuer la sympathie et le bienveillant

appui qu'il lui accordait depuis l'époque de sa fonda-

tion.

L'acte de vente fut passé le 29 mars 1879, avec entrée en

jouissance fixée au 24 juin 1882 seulement, pour donner

le temps au Département de faire construire une gendar-merie nouvelle. Le Musée semblait donc en droit de

compter enfin sur une installation prochaine et incom-

parable, légitime compensation des incertitudes et des

retards sans fin qu'il avait dû subir ; mais il n'en était

rien, et l'ère des difficultés était loin d'être close pourlui. Ce n'est qu'en 1891 qu'il lui sera donné de pouvoir

prendre possession de l'Hôtel Cujas, qui, pendant ce

temps, laissé sans toiture, exposé durant plusieurs an-

nées à toutes les causes de destruction, grâce au conflit

qui s'éleva entre la Ville et les Monuments historiques,avait failli périr. Plus tard, l'affectation à l'usage du

Musée, condition essentielle de la vente consentie par le

Département, n'empêcha pas l'un des Maires qui succé-

dèrent à M. Brisson, de vouloir substituer une destina-

(1) Procès-verbaux Conseil général, séance du 24 août 1878.

Page 60: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 195

tion nouvelle à celle qui était imposée par le contrat.

Cette prétention remit un instant en question les droits

du Musée et provoquèrent dans le sein du Conseil muni-

cipal un vif débat qui se termina par l'exécution com-

plète des stipulations de l'acte d'acquisition.

Démission de M. Boyer, son remplacement

comme secrétaire par M. Mornet. — Deux chan-

gements importants dans le personnel du Musée se

produisirent pendant la période que nous étudions.

M. Boyer, qui remplissait, à la satisfaction de tous, les

ingrates fonctions de secrétaire de la Commission depuis

la constitution de celle-ci, donna, par lettre du 2 mars

1874, sa démission de membre de la Commission et par

suite celle de secrétaire. M. Albert Mornet fut appelé à

le remplacer au double titre de membre titulaire de la

Commission et de secrétaire (1).

Démission de M. Alphonse Mater, président

de la Commission ; cette dernière cesse de se

réunir. — On a déjà vu que M. Mater avait au com-

mencement de l'année 1878, donné sa démission de Pré-

sident. On ne le remplaça pas de suite et les réunions de

la Commission eurent lieu sur la convocation et sous la

présidence directe du Maire. Ainsi furent tenues les

séances des 11 février, 4 mars et 3 juillet 1878 pour étu-

dier le projet de construction d'un Musée-Ecole des

Beaux-Arts sur l'emplacement de l'église des Carmes.

Mais après la dernière réunion, dont il vient d'être parlé,

la Commission ne fut plus convoquée pendant près de

trois années. On comprend quel pouvait être le fonc-

tionnement d'une administration dans de semblables

conditions et les progrès qu'elle pouvait imprimer à

l'oeuvre confiée à ses soins.

(1) Reg. Com. Musée, séance du 10 février 1875, p. 170.

Page 61: Mater1908 Musee Bourges

196 LE MUSÉE

Une conséquence plus grave encore de la désorganisa-tion de la Commission et de l'impossibilité où elle se

trouvait de continuer à se réunir, c'est l'abandon dans

lequel se trouvait le patrimoine du Musée, livré sans

défense à des entreprises que rien ne pouvait arrêter.

On le vit bien à la fin de l'année 1879, où 49 volumes

d'ouvrages (1) en général rares et précieux, parmi les-

quels étaient 10 volumes de manuscrits, furent transférés

à la Bibliothèque, sans que la Commission ait été con-

sultée et mise ainsi à même de justifier son titre.

On objectera que la place des livres est plutôt dans

une Bibliothèque que dans un Musée, cela peut être

vrai, mais on doit remarquer que ces livres avaient été

donnés au Musée et non à la Bibliothèque qui, cepen-

dant, existait déjà aussi bien que le Musée; il y avait

donc là, quant au choix de l'établissement, une option,une destination intentionnelle qui devaient être respec-

tées, une volonté formelle qu'il était interdit de modi-

fier, sans l'assentiment du donateur ou de ses héritiers.

On peut ajouter qu'un certain nombre de ces ouvragesétaient au moins aussi bien à leur place dans les vitrines

d'un Musée que sur les rayons d'une Bibliothèque. Il en

était ainsi du Sacramentaire de l'abbaye de Pise, des

Heures de Bourges et principalement des bymbola heroïca

dédiés à l'Archevêque de Bourges, Michel Phelippeauxde la Vrillière, où se retrouvaient des spécimens d'un

art délicat qui est représenté dans presque toutes les

collections de curiosités. Un autre livre d'un haut inté-

rêt historique, surtout à Bourges, était la thèse soutenue

dans cette ville même par Louis de Bourbon, duc d'En-

ghien, qui depuis fut le Grand Condé, car elle rappelait

que la jeunesse et l'éducation du vainqueur de Rocroy

(1) V. la liste de ces ouvrages aux Pièces annexes, n° V.

Page 62: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 197

s'étaient écoulées dans la capitale du Berry. Le public

aurait pu voir ainsi ces ouvrages aujourd'hui complète-ment cachés à sa vue sur les rayons de la Bibliothèque.

Nomination de M. Daniel Mater à la prési-

dence de la Commission. — Le moment approchaitoù l'Hôtel Cujas allait être remis à la Ville et où il fau-

drait s'occuper des questions multiples et variées quel'installation du Musée était de nature à soulever. Le

concours d'une Commission composée d'hommes com-

pétents et dévoués pouvait être alors d'une grandeutilité et par suite la réorganisation de celle du Musée

et la nomination d'un Président était une mesure qu'il

était impossible de retarder davantage.

La Commission renfermait d'ailleurs plusieurs mem-

bres, MM. Boyer, Buhot de Kersers, de Laugardière et

des Méloizes, que leur notoriété archéologique ou artis-

tique désignait tout naturellement pour la présidence,

et on pouvait hésiter entre ces différentes personnes

également dignes d'un pareil honneur ; mais ce fut sur

un membre plus jeune, et à ce moment entièrement

dépourvu de titres, que se porta le choix de M. Brisson.

M. Daniel Mater, entré dans la Commission en 1872,

avait sans doute montré son zèle en s'occupant de suite

de l'inventaire et du classement des collections numis-

matiques, mais le travail auquel il s'était livré dans la

circonstance n'était pas suffisant pour justifier son élé-

vation à la tête d'une Compagnie qui comptait des

savants et des artistes si distingués. Le véritable titre du

nouveau Président, tout le monde et lui-même l'avaient

bien compris, c'était d'être le petit-fils du fondateur du

Musée et le fils du précédent Président, ce qui faisait

espérer que le dévouement et le zèle déployés pour doter

la Ville de Bourges de collections dignes de son passé

Page 63: Mater1908 Musee Bourges

198 LE MUSÉE

se retrouveraient une troisième fois, par une sorte

d'héritage, chez un membre de la même famille.

M. Eugène Brisson, dans une lettre qu'il écrivait le

14 avril 1881 à M. Daniel Mater, pour lui notifier son

arrêté du même jour l'élevant aux fonctions de Prési-

dent, lui rappelait l'intérêt qu'il avait toujours porté à ce

Musée auquel le rattachaient « les traditions de famille

les plus respectables » (1).

Le nouveau Président fut installé le 7 mai 1881. Dans

la même séance, il fut donné lecture d'un arrêté, portant

également la date 14 avril, qui nommait Président hono-

raire M. Alphonse Mater, dont la démission a été

racontée en son temps (2).

Proposition d'échange avec le Lycée des

doubles de la collection conchyologique.— Le

Lycée de Bourges avait reçu de M. Rouxel, l'un de ses

professeurs, une collection de coquillages, qui renfer-

mait un certain nombre de doubles dont l'échange

pouvait permettre d'augmenter sans frais les séries exis-

tantes. M. le Proviseur demanda si le Musée consen-

tirait à échanger ses doubles contre ceux du Lycée.La Commission était disposée à accepter cette propo-

sition, mais il fallait préalablement procéder à l'inven-

taire des séries conchyologiques du Musée, pour savoir

quels étaient les doubles dont on pouvait disposer, ce

qui était l'affaire de la Section des sciences (3). On se

souvient de ce qui a déjà été dit de l'impossibilitéoù l'on s'était trouvé dans une autre circonstance

d'obtenir un résultat utile du travail des Sections, il en

fut de même cette fois encore : on n'arriva pas à faire

(1) Mes archives personnelles.

(2) Reg. Com. Musée, 178, séance du 7 mai 1881.

(3) Ibid., 130, séance du 0 février 1872.

Page 64: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 199

l'inventaire nécessaire et l'échange proposé ne put avoir

lieu (1).

Demande de création d'une place de conserva-

teur-adjoint des collections scientifiques. — M.

Beaudoin, ancien capitaine d'infanterie de marine, s'était

obligeamment employé à remettre en bon état quelques-

unes des collections d'histoire naturelle du Musée, dont le

comte Jaubert avait signalé la fâcheuse situation. Il se

crut autorisé par les services rendus à cette occasion à

demander la création en sa faveur d'un poste de Conser-

vateur-adjoint appointé, avec la promesse d'être nommé

Conservateur, quand cette place se trouverait vacante.

Il s'engageait à donner aux collections tous les soins

dont elles avaient besoin, et à les compléter avec ses

collections personnelles.

Cette demande répondait à un véritable besoin et elle

aurait dû être appuyée par la Commission, dont le rôle

se bornait d'ailleurs à émettre un avis, sauf à l'adminis-

tration municipale à prendre telle décision qui lui

conviendrait. Au lieu de cela, la Commission combattit,

comme inutile, la proposition de M. Beaudoin et lui

offrit, à titre de compensation, une place de membre

de la Commission quand une vacance se produirait,

compensation que l'on peut qualifier d'ironique pour

une personne qui recherchait visiblement une place

rétribuée.

Dans la discussion qui eut lieu à ce sujet, dans le sein

de la Commission, on entendit les mêmes dénégations

non conformes à la vérité, on l'a déjà fait remarquer,

qui s'étaient produites lors des plaintes du comte Jau-

bert sur le mauvais état de son herbier et de la collec-

(I) Reg. Com. Musée, 133, séance du 18 juin 1872.

Page 65: Mater1908 Musee Bourges

200 LE MUSÉE

tion ornithologique de M. Thouvenel. On affirmait queces collections étaient en assez bon état, que leurs dété-

riorations peu importantes provenaient d'un défaut de

préparation remontant à l'origine, qu'enfin, la posses-sion de collections d'histoire naturelle, leur entretien, le

renouvellement des articles détériorés, étaient incompa-

tibles avec les faibles ressources d'un Musée de province.

Sans s'arrêter davantage à ces affirmations contradic-

toires, il est hors de doute que l'on aurait dû saisir avec

empressement l'occasion qui se présentait de confier

aux soins d'un spécialiste les collections scientifiques

qui en avaient un si grand besoin, l'événement ne l'a

que trop démontré (1).

Inventaire général des richesses d'art de la

France. — Invités avec tous les Musées et les collec-

tions publiques de la France, à participer à l'inventaire

général des richesses d'art de notre pays, les adminis-

trateurs du Musée de Bourges s'empressèrent de répondre

à cet appel, en faisant connaître ses principales ri-

chesses (2).

A cette occasion, il fut de nouveau question du Cata-

logue du Musée qui s'était borné à la description de la

peinture. On fut unanime à reconnaître combien avait

été fâcheux un arrêt si prématuré et combien les collec-

tions seraient mieux appréciées, si les visiteurs trouvaient

sur chaque objet les indications essentielles les concer-

nant. Dans le feu de la discussion on prit de courageuses

résolutions, malheureusement aussitôt oubliées (3).

Seules les collections numismatiques furent classées

(1) Reg. Coin. Musée, 137, séance du 11 janvier 1873.

(2) Ibid., 149, séance du 17 novembre 1874.

(3) Ibid.

Page 66: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 201

et leur inventaire descriptif commencé par M. Daniel

Mater, comme il a déjà été dit (1).

Fouilles faites sur l'emplacement de la Fon-

derie de Canons et de l'Arsenal. — La Commis-

sion s'efforçait de faire entrer au Musée les objets quilui étaient naturellement destinés et dont beaucoup

s'égarèrent en route. C'est ainsi qu'en 1870 M. Dumoutet

aurait fait, avec des subsides fournis par la Mairie, des

fouilles sur l'emplacement actuellement occupé par la

Fonderie, fouilles qui auraient amené des découvertes

archéologiques intéressantes. Plus tard, d'autres objets

antiques auraient été trouvés à l'Arsenal. La Commission

insista, sans résultat d'ailleurs, pour que des démarches

fussent faites pour retrouver les objets découverts et les

faire déposer au Musée (Séance du 17 novembre 1874) (2).

Concession du droit exclusif de faire des pho-

tographies des objets du Musée. — Ce droit,

demandé par MM. Poupat et Pellotier, alors photo-

graphes à Bourges, fut concédé au premier. Entre autres

conditions, le bénéficiaire de la concession devait re-

mettre à la Commission 25 exemplaires de toutes les

photographies faites (3).On offrit à tous les membres de la Commission une

collection complète des diverses photographies, jetons de

présence d'une nature particulière, et assurément bien

mérités par ceux qui les recevaient.

Une collection fut déposée à la Bibliothèque munici-

pale, une autre aux archives du Département et le reste

fut conservé pour être offert aux visiteurs de marque du

Musée (4).

(1) Reg. Corn. Musée, 149, même séance.

(2) Ibid.

(3) Ibid., 153 et 160, séances des 20 mars 1875 et 19 juillet 1876.

(4) Ibid., 176, séance du 4 mars 1878.

13*

Page 67: Mater1908 Musee Bourges

202 LE MUSÉE

Participation du Musée aux Expositions uni-

verselles de 1867 et 1878. — Le Musée de Bourges

a figuré comme exposant aux diverses Expositions qui

se sont tenues à Paris en 1867, 1878, 1889 et 1900. Nous

ferons connaître ici sa participation aux deux pre-

mières.

En 1867, M. de Nieuwerkerke, président de la Com-

mission de l'Histoire du travail à l'Exposition, demanda

l'envoi des statuettes des pleurants du tombeau de Jean

de Berry et de tels autres objets que l'on croirait devoir

lui proposer.

Dans la discussion qui suivit cette communication,

M. Edmond Rapin fit observer que la demande dont la

Commission était saisie, était une de celles que l'on ne

pouvait refuser à cause de la haute autorité de celui qui

la formulait et que, par suite, il était préférable de don-

ner son consentement de bonne grâce.

Une Sous-commission fut alors nommée pour choisir

les objets qui pourraient être proposés en outre de ceux

désignés (1) et on décida d'offrir l'horloge gothique de

Nançay, le vase italien trouvé dans les fossés du château

de Mehun et les émaux représentant les douze Césars (2).

La contribution du Musée à l'Exposition de 1878 se

composa encore de l'envoi des pleurants du tombeau de

Jean de Berry, auxquels il faut ajouter un tableau d'Eu-

gène Thirion intitulé : Saint Paul premier ermite et Saint

Antoine. Ce dernier ouvrage, qui fut attribué au Musée

en 1877, resta longtemps absent de Bourges, et figura à

l'Exposition de Vienne puis à celle de Paris en 1878.

Envois de l'Etat. — Jamais les envois de l'Etat ne

furent plus importants, grâce d'abord à l'influence dé-

(1) Reg. Corn.Musée,60, séancedu 25 février 1807.

(2) Ibid., 68, séance du 10 mars 1867.

Page 68: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 203

vouée des députés du Cher, principalement de M. Henri

Fournier, ancien membre de la Commission, qui s'inté-

ressait toujours aux progrès des collections en digne

petit-fils par alliance du fondateur du Musée. A partir

de 1878, M. Eugène Brisson, lorsqu'il fut devenu Maire

de Bourges, s'employa avec son ardeur habituelle pour

augmenter nos richesses en mettant en jeu les relations

qu'il possédait à Paris. Voici la liste de ces envois.

1871. — Buisson : Après la pluie (Vendômois).Patrois : La bonne aventure, jeunes filles russes.

1872. — L'Etat répartit entre les Musées de province

un certain nombre d'oeuvres d'art qui étaient déposées

dans les réserves du Louvre. Pour sa part, le Musée de

Bourges reçut les 11 peintures suivantes :

Le Guide (d'après) : La Folie et la Raison.

Schalcken : Cérès avec un flambeau.

Bon Boulongne : Les Titans foudroyés.

Champmartin : Jésus et les Enfants.

Michel Rigo : L'ange El Mahadi.

Surée : Cornélie, mère des Gracques.

Terburg : Portrait d'homme.

Largilière (attribué à) : Portrait d'homme.

Hubert Robert : Ruines du Temple d'Antonin.

Ecole d'Italie (XIVe s.) : La Vierge entre quatre saints.

Callet : Vénus blessée par Diomède.

1873. — Mgr Latour d'Auvergne-Lauraguais, Arche-

vêque de Bourges, fit attribuer au Musée un beau fusain

de Boichard fils, représentant la Mise au Tombeau.

Les souvenirs artistiques, qui avaient donné à Boichard

le père une sorte de droit de cité à Bourges, rendaient

cette acquisition intéressante.

1874. — Guenest : Mazeppa.

Page 69: Mater1908 Musee Bourges

204 LE MUSÉE

Palrois : Jacques-Coeur (1).

Moulages en plâtre d'après l'antique (2).

1876. — Le Musée reçut les oeuvres suivantes, prove-nant encore des réserves du Louvre :

Fra Angelico (Ecole de) : Mort d'un religieux.

Guerchin (Ecole du) : Une Sibylle.

1877. — Thirion (Eugène) : Saint Paul premier ermite

et Saint Antoine.

1878. — Lehoux : Martyre de Saint Etienne.

1879. — Jacquot : L'Odalisque, statue en marbre.

1880. — Mouillion : Pommiers en mai, Bretagne.

Daux : Femme jouant avec des colombes, peinture un

peu nue d'abord placée à la Mairie dans la salle des

mariages, où sa présence souleva des critiques assez

vives.

Le 25 juin 1874, un certain nombre de produits artis-

tiques de la Manufacture nationale de Sèvres furent

attribués au Musée :

Un grand vase à fond bleu marbré, pied en bronze

doré ;

Deux vases décorés d'amours voltigeant, garniture en

bronze doré ;

Un vase décoré de fleurs en relief, avec garniture en

bronze doré ;

Un vase décoré d'attributs champêtres, garnituresemblable ;

Coupe ajourée ;

Vase à fond bleu, sujet : le repos de Vénus ;

(1) Reg. Com. Musée, 144 et 145. La Commission avait prié le Maire de faire

des démarches à Paris pour obtenir ce tableau. (Séances des 8 novembre 1873 et

23 janvier 1874.)

(2) Journal du Cher du 30 janvier 1877.

Page 70: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 205

Vase à fond vert à anses à enroulements serpentinsdécorés de têtes de chimères ;

Vase à fond gris violacé, décoré de fleurs blanches.

En 1879, à l'occasion du Concours régional qui se

tenait à Bourges, on organisa, sur la promenade de

Séraucourt, une exposition artistique, industrielle et

rétrospective.L'Etat acheta, parmi les oeuvres exposées, trois tableaux

qui furent déposés au Musée :

Mohler : Un chien griffon (1).

Bourgeois (Narcisse) : Une fin d'Été (2), et un Inté-

rieur de cour (3).

Dons de la Ville. — En 1871, lors de la plantationnouvelle de la promenade Séraucourt, dévastée par le

temps et le campement des troupes pendant la guerre,un concours fut ouvert pour l'exécution de ce travail et

des médailles furent décernées aux lauréats. La Ville

déposa au Musée 4 exemplaires des diverses médailles

frappées pour la circonstance (4).

Dépôt au Musée du trésor numismatique de

Méreau-Massay. — En 1873, dans les fouilles exécu-

tées pour la construction d'un pont sur la rivière de

l'Arnon, au passage d'un chemin vicinal allant de Mé-

reau à Massay, on découvrit un trésor considérable de

monnaies des XIe et XIIe siècles, dont M. Prévost, agent

voyer départemental, parvint à sauver la plus grande

partie.L'étude de ce dépôt fut confiée à une Commission pré-

(1) Catalogue de la section des Beaux-Arts et Arts appliqués à l'Industrie, n° 1.

(2) Ibid., n°s110 et

(3) Ibid.

(4) Reg. Com. Musée, 132, séance du 6 février 1872.

Page 71: Mater1908 Musee Bourges

206 LE MUSÉE

sidée par M.Vallois, Secrétaire général de la Préfecture,

et composée de six membres (1) nommés par arrêté

préfectoral du 12 novembre 1873.

Le résultat de l'examen auquel procéda cette Commis-

sion fut consigné dans un rapport rédigé par M. Buhot

de Kersers. Il fut constaté que la partie du trésor de

Méreau, recueillie par l'administration vicinale, attei-

gnait le chiffre de 3,780 monnaies, deniers et oboles, dont

61 royales, 3,702 seigneuriales et 17 étrangères. Le plus

grand nombre était de fabrication berruyère : les ateliers

royaux ou féodaux de la province étaient représentés

par 3,114 pièces, et beaucoup constituaient auparavantdes raretés numismatiques. On comprend donc l'intérêt

qu'il y avait à conserver dans le pays un trésor moné-

taire, dont la découverte constituait pour la numisma-

tique locale un événement important.

Le rapport de M. Buhot de Kersers demandait la

remise, au Musée de Bourges, de la trouvaille de Méreau,

comme étant le meilleur moyen d'assurer sa conserva-

tion (2) : le Conseil Général se rangeant à cet avis,

ordonna le dépôt demandé, à la condition toutefois que

l'exposition en serait faite sous une étiquette spéciale.

(Séance du 22 avril 1874.)Par une mesure, dont on ne saurait trop applaudir la

sagesse et la largeur de vue, le Conseil Général décida,

en outre, que l'administration du Musée pourrait faire

des échanges avec les doubles les plus nombreux et par

(1) MM. Berry, conseiller à la Cour d'appel, Buhot de Kersers, secrétaire de

la Société des Antiquaires du Centre, Louis Jacquemot, Charles de Laugardière,substitut du procureur général, qui faisaient également partie do la Société

des Antiquaires du Centre, Louriou, président, et D. Mater, membre de la Société

historique.

(2) Archives du Musée et 5e Bulletin numismatique de M. B. de Kersers (Mém

Antiq. Centre, V, p. 320 et s.).

Page 72: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 207

ce moyen accroître les collections numismatiques dont

elle avait la garde. M. Daniel Mater, quand il fut devenu

Président de la Commission, mit à profit cette faculté

libéralement accordée. Il se fit spécialement autoriser

par le Conseil municipal (1) à entrer dans la voie des

échanges, et parvint ainsi à augmenter notablement le

médailler du Musée, en s'attachant presqu'exclusivement

à acquérir des monuments métalliques d'intérêt local.

Dons particuliers. — M. Dumoutet fit don au Musée

d'un portrait de jeune Berrichonne, buste en terre cuite,

d'une facture gracieuse.

Après la mort de cet artiste, survenue à Paris, le 24 oc-

tobre 1880, ses enfants remirent au Musée un projet de

statue en plâtre représentant Jacques Coeur, qu'il avait

étudié pour être élevé sur une des places de sa ville

natale.

Champgrand (Abbé) : Portrait de Philibert Charpi-

gnon, prieur des Frères prêcheurs de Bourges.

Martin : Modèle en plâtre de la fontaine Bourdaloue.

Société chorale de Bourges (2) : Sa bannière.

Valette : La Gauloise du monument funéraire de Ju-

ranville, reproduction en plâtre, grandeur naturelle.

Acquisitions.— La Ville fit diverses acquisitions

pour le Musée, parmi lesquelles nous citerons : un très

beau portrait du mathématicien Callet, l'auteur des loga-

rithmes, peint par son frère Callet ; — la mort de Lucrèce,

esquisse de David; — une cotte de maille du XIVe s. (3);—

l'enseigne de la rue des Trois-Pommes (4) ; — des fers

de relieur en cuivre aux armes du cardinal Dupont (5) ;

(1) Séance du 7 avril 1883.

(2) Dissoute en 1877.

(3) Reg. Corn. Musée, 133, séance du 18 juin 1872. (Prix 200 fr.)

(4) Ibid., 147, séance du 23 janvier 1874.

(5) Ibid., 154, séance du 20 mars 1875.

Page 73: Mater1908 Musee Bourges

208 LE MUSÉE

— une Assomption, bas-relief en albâtre du XVIe siècle ;— une tête d'ange et un fragment de sculpture en

marbre blanc provenant de la Sainte-Chapelle ; — 103

portraits de personnages des XVIIIe et XIXe siècles pour

faire suite à la collection iconographique de M. Mater ;— une cuvette de bidet en vieux Nevers ; — un clairin

du xve siècle.

Enfin, sur l'avis de la Commission du Musée (1), le

Conseil municipal fit l'acquisition, moyennant la somme

de 800 francs (2), de deux intéressants spécimens de l'in-

dustrie céramique de Vierzon : un guéridon en porce-

laine, véritable chef-d'oeuvre d'habileté technique, et

une fontaine en biscuit décorée d'animaux et de feuil-

lages aquatiques, pièces faites pour l'Exposition univer-

selle de 1867. En achetant à M. Bazile ces deux objets,

la Ville s'acquittait d'une véritable dette envers un com-

patriote qui, antérieurement, avait lait don au Musée,

alors que la fortune lui souriait davantage, d'un beau

vase qui avait figuré à la même Exposition.Le Musée possède donc aujourd'hui trois belles pièces,

d'un grand intérêt à des titres divers, qui donnent une

idée avantageuse d'une fabrique vierzonnaise aujour-

d'hui disparue depuis 40 années.

(1) Reg. Corn. Musée, 117 et 155, séances des 23 janvier 1874 et 7 mai 1876.

(2) Procès-verbaux...., XXIX, n° 260, séance du 17 janvier 1871, et XXX,

n° 85, séance du 5 juin 1875.

Page 74: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 209

Ici s'arrêtera l'Histoire de la fondation du Musée de.

Bourges, que nous avons entrepris d'écrire. Nous l'avons

conduite jusqu'à l'époque décisive où le problème si

souvent agité de son installation s'est enfin trouvé résolu,

tout au moins en principe, par l'acquisition de l'Hôtel

Cujas et où l'administration du Musée reconstituée, et

on pourrait dire rajeunie, fut mise en situation de

pourvoir aux questions si complexes et si variées qu'al-

lait soulever le transfert des collections dans un nouveau

local.

La restauration de l'Hôtel Cujas, son appropriation à

la destination qu'il allait recevoir et qui lui convenait si

bien, puis le lamentable conflit qui s'éleva entre

le service des Monuments historiques et l'Administra-

tion municipale de la Ville de Bourges, l'essort si grand

que les collections prirent dès qu'elles furent placéesdans le cadre charmant qui allait les mettre en

valeur, ne serait pas moins intéressant à raconter

que ce qui s'est passé dans la période antérieure,

mais des raisons personnelles de convenance, faciles à

comprendre, nous interdisent de parler des faits quisuivirent et qui d'ailleurs sont encore bien récents.

Il était déjà fort difficile et bien délicat d'avoir à

raconter l'oeuvre de son aïeul et de son père, mais que

serait-ce, si le récit entrepris avait été poursuivi jusqu'à

l'époque où celui qui écrit ces lignes étant devenu à son

tour Président de la Commission, aurait à raconter

des faits et des événements auxquels il a pris une part

personnelle importante : la notice historique de la fon-

dation du Musée tournerait alors aux mémoires parti-culiers et constituerait à beaucoup d'égards une sorte

d'autobiographie, dont rien ne démontre l'intérêt et dont

celui qui en serait l'objet n'éprouve nullement le besoin.

Page 75: Mater1908 Musee Bourges
Page 76: Mater1908 Musee Bourges

PIEGESANNEXESDE LA DEUXIÈMEPARTIE

I

L'Hôtel Cujas. — Musée et Bibliothèque.

« Quant à l'étude sur l'Hôtel Cujas, la Commission his-

torique se rappelle ce que M. le Préfet a bien voulu dire à

la dernière séance : son intention si bienveillante pour la

Ville de Bourges, et témoignant d'un intérêt sérieux et

pour les arts, et pour la conservation de ces inimitables

monuments qui sont pour les villes ce que les ancêtres

sont pour les familles (1), était depuis longtemps de

proposer au Conseil Général de céder l'Hôtel Cujas à la

Ville, aux conditions les plus favorables, à l'effet d'y

installer sa Bibliothèque et son Musée ou l'une ou

l'autre de ces collections ; et c'était pour préparer les

voies à ce projet, en rédiger le programme, et permettre

dès lors à la Commission historique un voeu motivé et

de nature à faire autorité quant à sa réalisation, que

l'étude de l'édifice avait été demandée.

(1) La conservation de l'Hôtel Cujas comme monument historique préoccupe

depuis longtemps les Préfets du Cher ; on lit dans le rapport fait par le Préfet

au Conseil Général en 1856 : « L'année dernière, vous avez rejeté le projet de

reconstruction de l'ancien Hôtel Cujas Je n'ai pas cru devoir vous proposer

d'effectuer cette restauration l'année prochaine ; il m'eût répugné d'ailleurs de

vous présenter un projet dont la réalisation aurait pour conséquence de faire

perdre à un monument historique son cachet, son style et les souvenirs que mon

administration s'attachera, au contraire, à faire revivre et honorer. » [Note du

rapport.].

Page 77: Mater1908 Musee Bourges

212 LE MUSÉE

« Le rapporteur ne pouvait y procéder seul ; il a

réclamé le concours de plusieurs des membres de la

Commission: M. Rapin, adjoint; M. Bussière, architecte

du Département et de la Ville; M. Charmeil, bibliothé-

caire de la Ville et Conservateur de son Musée, et

M. Boyer, bibliothécaire adjoint ; et c'est de concert

avec eux que ce rapport est présenté.« Pour bien juger l'Hôtel Cujas, il faut se défendre du

dégoût qu'inspire à première vue son état actuel ; il

faut dégager, par la pensée, l'intérieur de l'édifice des

cloisons qui défigurent ses salles, qui font que ce n'est

qu'avec de la patience et du temps qu'on arrivera à s'yreconnaître et à démêler la distribution primitive.

« Description de l'intérieur de l'Hôtel. — Suivant la

distribution primitive, le rez-de-chaussée comprenddeux grandes salles ayant conservé leurs plafonds en

bois à caissons, et la première, sa belle cheminée, toutes

deux parfaitement éclairées sur la cour d'entrée et la

seconde cour mesurant 126m42 superficiels; à la suite de

la seconde pièce se trouvent en outre trois pièces, l'une

en retour sur la seconde cour, les deux autres donnant

sur la cour dite du Manège ; ces trois pièces mesurant

ensemble 60 mètres (1) ; ce rez-de-chaussée, dont la

hauteur sous plafond est de 4m 20, avait une double

entrée, celle principale au pied du grand escalier et

une autre sous la galerie en retour formant l'aile gauche

de l'Hôtel.

« Le premier étage est desservi non seulement par le

grand escalier-vis d'une proportion inusitée et beaucoup

plus belle que celle de Jacques-Coeur, mais encore par

(1) Toutes les mesures données dans ce rapport ont été relevées d'après les

cotes des deux feuilles de dessin remises par M. Bussière et qui y demeureront

annexées.

Page 78: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 213

deux autres vis en pierre, construites, l'une à l'extré-

mité de l'aile gauche à la suite de la galerie couverte, et

la seconde, au bout du bâtiment en retour donnant sur

la seconde cour.

« On mentionne de suite que l'aile droite de l'Hôtel

ne pourrait être utilisée que pour le logement du biblio-

thécaire et du concierge, car on ne peut arriver au

pavillon Renaissance donnant sur la rue des Arènes,

pavillon construit après coup, que par ce qui était

affecté aux communs dans la distribution primitive,

cuisine, chambres de domestiques, pièces toutes très

basses et d'un niveau différent, cette aile ayant été

coupée en trois étages.« Au premier, qui a 4 mètres de hauteur sous solives,

se trouvent deux salles qui seront également fort belles,

lorsque leurs plafonds à solives et à moulures, suppor-

tées par des poutres élégamment évidées, en pointe,

comme celles de Meillant, construction contemporaine,

auront été dégagées du plâtre qui les couvre ; à la suite

on rencontre deux pièces et deux grands cabinets

desservis par les petits escaliers.

« Le grenier au-dessus du corps de logis principal

est également desservi par le grand escalier et par celui

de l'aile gauche, sa belle charpente à chevron portant

ferme, permet d'y établir deux travées de galerie de

5 mètres de hauteur éclairées sur la cour d'honneur par

de magnifiques lucarnes et qui pourraient l'être supplé-mentairement du côté opposé par des jours pris dans

le toit.

« Enfin, au fond de la seconde cour, se trouve un

dernier bâtiment dont le premier donnerait une salle de

44 mètres superficiels, et le beau grenier, une galerie de

5 mètres de hauteur, 6 mètres de largeur et 16 mètres de

longueur. Ce bâtiment est desservi par la vis de la

Page 79: Mater1908 Musee Bourges

214 LE MUSÉE

seconde cour, laquelle le met d'ailleurs en communi-

cation avec le corps principal de l'Hôtel.

« Ceci est ce qui comporte ce que nous appellerons

l'ancien Cujas; après une étude attentive on estime et

on va démontrer que la Bibliothèque de la Ville et son

Musée, eu égard à leur importance actuelle, y trouve-

raient facilement place.

« Musée. — Le Musée, dans son local actuel, occupe

sept salles mesurant 234m 86 superficiels.

« Sept pièces mesurant ensemble 326m42, soit 92 mètres

de plus, lui seraient affectées également dans l'ancien

Cujas, savoir : les cinq pièces du rez-de-chaussée, la

salle de 44 mètres du bâtiment du fond et la galerie à

établir dans le grenier au-dessus.

« Les deux belles salles nos 1 et 2 et celle en retour

n° 3 recevraient le Musée Moyen-Age et Renaissance,

sculptures fines, meubles, armes, faïences, émaux et

portraits de cette époque; cette collection est la plus

importante, celle qui fait l'honneur du Musée ; en l'ydistribuant avec goût, elle s'harmoniserait merveilleu-

sement avec ces belles salles appartenant à la même

époque et au même style, et on n'hésite pas à dire que,

comme aspect d'ensemble, l'Hôtel Cluny n'aurait rien

de mieux.

« La pièce n° 4 formerait le salon Louis XV et des

chinoiseries ; enfin celle n° 5, quoique petite, serait suffi-

sante pour recevoir ce que le Musée possède en anti-

quités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et

gallo-romaines.

« Les morceaux de sculpture ancienne, figures, stèles,

décoreraient la galerie ouverte de l'aile gauche, une

autre existant en prolongement dans la cour d'entrée

et, en outre, le grand escalier qui serait remarquable,

Page 80: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 215

si cette décoration donnait du mouvement à ses baies

et à ses parois trop nues.

« Enfin, quant aux médailles, estampes et livres à

figures et au meuble destiné par M. Bourdaloue à

recevoir la minute du nivellement du Cher, ils seraient

réintégrés à la Bibliothèque à laquelle ils appartiennent.

(Courrier de Bourges du 18 janvier 1865.)

« Bibliothèque. — La Bibliothèque occuperait les

pièces du premier et deux travées de galerie dans le

grand grenier au-dessus.

« Les pièces du premier présentent en pourtours uti-

lisables en rayons 367 mètres carrés.

« Les deux travées du comble

donneraient 240 id.

607 id.« Les rayons occupés par les

livres dans la Bibliothèque

actuelle ne développent que 500 id.

Différence 107 id.

« Soit un emplacement supérieur d'un quart à rem-

placement actuel, indépendamment des pièces acces-

soires dont on ne parle pas et qui pourraient recevoir

beaucoup de livres.

« La distribution des lieux semblait d'ailleurs faite

exprès pour la commodité du service ; si l'entrée

d'honneur de la Bibliothèque à ses deux étages devait

être par le grand escalier, les lecteurs y accéderaient

habituellement par l'escalier de l'aile gauche, au haut

duquel ils trouveraient la salle de lecture chaude et

très claire ; à la suite il y avait une petite pièce quiserait le cabinet du bibliothécaire, et à côté l'entrée des

grandes salles du premier, au fond desquelles était

encore un autre cabinet pour les manuscrits. Enfin le

Page 81: Mater1908 Musee Bourges

216 LE MUSÉE

même escalier de l'aile gauche mettait en communi-

cation directe la salle de lecture avec la galerie des

combles.

« Musée lapidaire. — Il faut qu'on en dise un mot.

Est-ce que si le projet caressé par le généreux ano-

nyme dont M. Bourdaloue est l'organe, de placer ce

Musée au Château d'Eau, ne recevait pas finalement son

exécution, est-ce que, dans ce cas, on ne lui trouverait

point place dans les dépendances de Cujas ? Pour cela

il suffirait, indépendamment des galeries ouvertes dont

on a parlé, et d'autres locaux dont on ne parle pas,

d'élever de légers hangars autour de la cour dite du

Manège ; et si l'on convertissait celle-ci en square, en la

prolongeant jusqu'à la rue des Arènes au moyen de la

démolition des deux maisons annexes, n'obtiendrait-on

pas encore, sans grands frais, quelque chose dans le

style harmonieux du jardin qui entoure l'Hôtel Cluny ?

Et qui sait si alors le généreux anonyme ne reporterait

pas sa libéralité sur un projet qui aurait le résultat de

concentrer toutes les richesses artistiques de la Ville

dans un hôtel artistique.

« Dépenses d'appropriation et d'ornementation. — A cet

égard il faut également se défier de l'impression que

donne l'aspect actuel des bâtiments.

« Et il y a lieu de distinguer entre la grosse oeuvre et

l'ornementation.

« La grosse oeuvre, qui doit être menée et parachevée

en même temps dans l'ensemble du vieux Cujas, consiste

dans l'enlèvement des cloisons et plafonds, dans la

plâtrerie, dans le remplacement des trois poutres du

premier qui sont cassées, dans des planches à établir

partout ou presque partout, sauf dans la galerie du fond

et enfin dans la restauration des fenêtres.

Page 82: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 217

« Quant à l'ornementation, l'économie s'allie parfai-tement avec le goût.

« Des peintures à la colle, parce qu'elles sont plusharmonieuses, point de vernis, des teintes bien éteintes

et combinées en vue du jour et des objets à faire valoir;les plafonds à caissons des deux salles de cérémonie,azur et bois, ou grenat et bois ; au premier, le plafondà solives apparentes, azur et bois parce qu'il serait

dispendieux de refaire les arabesques.« Enfin, quant aux rayons de la Bibliothèque, peu de

choses à prendre dans l'ancienne, où beaucoup de livres

magnifiques sont entassés sur des ais à peine rabotés;ces rayons il les faut, ou très simples en bois blanc

peint, ou en très belles boiseries de chêne ciré ; prendrele premier parti.

« D'ailleurs l'installation des collections, et dès lors

l'ornementation des salles, peuvent être espacées en

plusieurs années.

" D'abord l'appropriation des salles du Musée et son

installation pour échapper au plus vite au loyer de

2.400 francs qui grève la Ville, somme d'ailleurs qui ne

sera pas beaucoup inférieure à l'intérêt du prix, proba-blement assigné à Cujas, de sorte qu'étant exonérée de

cette charge, la Ville n'aurait guère à payer, en intérêts,

beaucoup plus que ce qu'elle payait de loyer.« Et ensuite, et à l'heure qu'on voudra, l'ornemen-

tation des salles de la Bibliothèque et son report de

l'Archevêché à Cujas.

« Développement des collections. — C'est une éven-

tualité trop certaine pour qu'elle ne soit pas prévue.a Quant à la Bibliothèque, avec un local un quart

plus grand que celui actuel, et diverses pièces acces-

soires, elle est logée pour un long temps.« Mais on ne peut dissimuler que la galerie dont on

14

Page 83: Mater1908 Musee Bourges

218 LE MUSÉE DE BOURGES

peut disposer pour les tableaux ne soit un peu exiguë

dans ses proportions et qu'il ne faille voir là qu'une ins-

tallation pour quelques années.

« A cet égard, qu'on jette les yeux sur le plan des

annexes de Cujas; ne pourra-t-on pas y bâtir tant

qu'on voudra ; n'y trouve-ton pas tout marqué l'empla-

cement d'une galerie en façade sur la place déjà appelée

Place Cujas, galerie construite en cédant à cette place

le terrain nécessaire pour la régulariser autant que

possible, et surtout pour faire disparaître l'angle dis-

gracieux que présentent à leur rencontre les rues des

Arènes et Saint-Médard.

« Et quant à la galerie que nous appellerons provi-

soire, elle serait alors affectée à l'histoire naturelle

où à la Bibliothèque, selon le développement qu'auraient

pris ces collections.

" En résumé, donc possibilité, non seulement dans le

présent, mais pour un long avenir, au moyen de

quelques constructions que d'ailleurs les besoins de

l'édifice réclament, de réunir toutes les richesses artis-

tiques de la Ville dans l'Hôtel Cujas et ses annexes, et

merveilleuse convenance à l'adoption de ce plan, dont

les intentions libérales de M. le Préfet rendraient la

réalisation relativement économique. »

(Journal du Cher des 12 et 14 janvier 1865 et Courrier

de Bourges du 16 janvier.)

Page 84: Mater1908 Musee Bourges

II

L'Hôtel Cujas. — Musée de Bourges.

A Monsieur le Directeur du Journal du Cher.

« MONSIEUR LE DIRECTEUR,

« Vous avez reproduit dans vos nos du 12 et du 14 jan-vier un rapport étudié de M. le Président Hiver sur l'af-

fectation de l'Hôtel Cujas à l'emplacement de la Biblio-

thèque publique et du Musée de Bourges.« Ce qui donne à ce projet un vif intérêt, c'est la

double perspective d'y trouver à la fois l'utilisation d'un

monument précieux à tous égards, et la possibilité d'y

placer des collections jusqu'à ce jour mal abritées.

« Il y a un point cependant sur lequel il importe

qu'on soit bien renseigné, c'est en ce qui concerne l'opi-

nion que les Conservateurs des collections pour lesquelles

on propose le nouvel emménagement, conçoivent de la

proposition. Or, il est impossible de dissimuler que

celte opinion est formellement contraire à celle que

développe le rapport en question, au moins quant à la

réunion des deux collections sous le même toit.

« Ce qui est incontestable, c'est que le Musée ne peut

rester plus longtemps où il est, il y a urgence pour qu'il

trouve ailleurs un abri plus convenable et plus sûr.

L'Hôtel Cujas s'offre, on ne peut plus à propos, pour le

recevoir. Dans les conditions où l'affaire semble pouvoir

Page 85: Mater1908 Musee Bourges

220 LE MUSÉE

se négocier, le transport du Musée dans le local qu'on

lui destine n'imposerait pour ainsi dire à la Ville aucun

nouveau sacrifice, puisqu'il n'y aurait à compter qu'avec

les nécessités de l'appropriation, qui paraissent devoir

être fort modérées, et qui le seront d'autant plus qu'on

multipliera moins les services dans l'Hôtel.

« Les conditions défavorables où se trouve actuelle-

ment notre Musée ne pèsent pas d'un poids égal sur la

Bibliothèque. Les trois défauts que présente rétablisse-

ment de cette dernière dans le Palais de l'Archevêché,

sont sa position excentrique, l'humidité et surtout l'in-

suffisance du local. Assurément la Bibliothèque ne peut

rester où elle est, car, indépendamment des autres mo-

tifs, on en est arrivé à ne savoir où placer les livres, si

rares soient-ils, dont elle s'enrichit de temps à autre ; et

l'on n'a pas besoin d'ajouter que, pour cette collection

aussi bien que pour l'autre, il y a un obstacle radical et

déplorable à tout accroissement.

« Toutefois, on le comprend, le service d'une Biblio-

thèque ne ressemble en rien à celui d'un Musée. Dans

l'un, le public doit tout voir à l'aise et sans intermé-

diaire; dans l'autre, il ne communique avec les collec-

tions que par le Conservateur, d'où suit que, tant que le

Musée n'est pas installé convenablement, il est plus no-

minal que réel. Qu'est-ce donc quand on réfléchit que,

faute d'espace, le nôtre se voit privé du bénéfice de col-

lections tout entières (tableaux, moulages, statues, etc.),

(lui viendraient certainement l'enrichir, sans qu'il en

coûtât rien à personne, pourvu seulement qu'on les pût

placer?« Tout se réunit donc pour faire ressortir la nécessité

d'un déplacement aussi prompt que possible du Musée,

tandis que, à certains égards, la Bibliothèque peut du

moins attendre un certain temps encore.

Page 86: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 221

« Les circonstances favorables offrent l'Hôtel Cujas

pour recevoir les collections du Musée, et cela dans les

conditions les plus pratiques; qu'on l'y transporte et

qu'on l'y transporte dès qu'on pourra, mais qu'on n'y

transporte que lui.

« Nous n'examinons pas ici si, suivant l'avis de plu-

sieurs personnes, il n'y a dans l'Hôtel Cujas, tel qu'il

est, que trop justement la place nécessaire au Musée

seul ; ce que nous voulons constater et ce qu'il nous im-

porte de démontrer, c'est qu'il n'y a pas assez de place

pour le Musée et la Bibliothèque ensemble et que celte

dernière y serait aussi peu convenablement placée que

possible, si elle devait s'y resserrer pour faire place au

locataire qu'on veut lui donner.

« Deux services sont toujours mal à l'aise dans le

même local : qu'est-ce donc quand il y a enchevêtre-

ment, comme dans le projet en question, qui propose de

placer les livres, moitié au premier étage et moitié dans

les autres collections du Musée? Il est douteux que

l'usage d'une Bibliothèque ainsi établie fût commode et

au public et au Conservateur.

« Il y a plus : l'espace que l'on y accorde aux livres et

qui ne l'est peut-être qu'au détriment du reste, se trouve

tout-à-fait insuffisant pour le but qu'on se propose. Ici,

les calculs auxquels l'honorable rapporteur s'est livré

l'ont complétement induit en erreur. Il pense pouvoir

affecter à la collection qu'il appelle en cet endroit un

développement en parois de 600 mètres carrés, en chiffres

ronds. (Nous laissons de côté les annexes qui seront

nécessaires pour le service de l'établissement, mais qui

ne pourront recevoir de livres.) En face de ce chiffre,

M. Hiver pose celui que présente le développement des

rayons de la Bibliothèque actuelle et qu'il évalue à

500 mètres carrés, soit un bénéfice de 100 mètres au

Page 87: Mater1908 Musee Bourges

222 LE MUSÉE

moins dans le nouvel édifice, ce qu'il considère comme

devant suffire à tous les besoins de l'avenir.

« Telle n'est pas notre opinion, fondée sur ce que,d'une part, ces besoins peuvent être plus grands queM. le Rapporteur l'a pensé, et, d'autre part, sur ce queson calcul est incomplet. En effet, dans l'évaluation en

mètres carrés qu'il a faite de l'ancienne Bibliothèque, il

n'a pas tenu compte de ce fait, que les rayons régnantdu haut en bas dans des pièces de plus de 4 mètres de

hauteur et sans galeries de pourtour, il fallait dédoubler

la totalité de cette hauteur et doubler par conséquentl'étendue du nouvel emplacement. Ce ne serait donc plus600 mètres, mais 1,200 mètres carrés qu'il faudrait, pour

que les calculs de M. le Rapporteur soient exacts. Ce

n'est pas tout; vu l'entassement si préjudiciable de nos

livres, et la nécessité où l'on s'est trouvé quelquefois de

les doubler sur les rayons, mesure qui contribue à

rendre le service difficile, il y aura peut-être lieu de

demander un supplément de 200 mètres, soit 1,400 mè-

tres carrés.

« Ajoutons enfin qu'il n'a pas été tenu compte des

développements que nos collections peuvent éprouver.Il résulte du fait même de la composition de ce dépôt,

que des spécialités tout entières, et des plus impor-

tantes, y sont très pauvrement représentées. La littéra-

ture et la science modernes sont dans ce cas. Est-il donc

si téméraire d'admettre que, poussée par le désir de

mettre sa Bibliothèque à la hauteur des besoins de

l'époque, et rencontrant quelque occasion bonne à saisir,

la Ville un jour ne puisse faire l'acquisition en bloc

d'une collection de plusieurs milliers de volumes? Dans

cette éventualité très réalisable, où trouvera-t-on à placerles nouvelles acquisitions? Ira-t-on demander au Musée

un peu de place, quand il se plaindra peut-être de son

Page 88: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 223

côté qu'on lui prend celle qui lui était nécessaire pour

se développer ? Aura-t-on recours à de nouvelles cons-

tructions ? Il faudrait alors en arrêter le devis à l'avance

pour savoir à quoi l'on s'engagerait et prévenir des ma-

noeuvres coûteuses et des déplacements préjudi-

ciables.

« Ce serait donc une économie, d'autant plus fausse

que la nécessité ne le commanderait pas absolument,

que celle qui réunirait même provisoirement les deux

collections, laissant à l'avenir la charge de les installer

définitivement. Bourges n'est pas, Dieu merci, dans la

condition des villes qui, faute d'édifices à approprier, ont

toujours à compter, quand il s'agit d'une nouvelle ins-

tallation, avec les dépenses excessives d'une construc-

tion à neuf. Chez elle, les monuments abondent, monu-

ments d'élite, chefs-d'oeuvre d'art mal utilisés et qui ne

demandent qu'à l'être mieux. L'occasion s'offre aujour-

d'hui de sauver l'Hôtel Cujas en sauvant notre riche

Musée : qu'on ne la laisse pas échapper, quand la retrou-

verait-on? Qu'on y installe le Musée, c'est un besoin

pressant auquel il faut pourvoir avant tout autre, exclu-

sivement à tout autre, parce qu'on peut le faire à peu de

frais aujourd'hui et qu'il ne peut y avoir que des incon-

vénients à prolonger davantage l'état actuel des

choses.

« Le Musée installé, on songera alors à la Biblio-

thèque, ce qui ne sera pas non plus bien dispendieux,

pour peu que l'on sache s'y prendre. Il y a encore en

ville des édifices comme l'Hôtel Lallemant, l'église des

Carmes, etc., qui tout naturellement se présentent pour

une destination de cette nature : le jour où on le voudra,

on y trouvera de quoi placer à l'aise et Bibliothèque et

Musée lapidaire.« Mais avant tout il faut, croyons-nous, asseoir le pré-

Page 89: Mater1908 Musee Bourges

224 LE MUSÉE DE BOURGES

sent sans léguer d'embarras à l'avenir. Assigner à chaque

jour son oeuvre et l'accomplir, c'est le dernier mot de la

sagesse pratique ; l'oeuvre du jour nous semble être l'af-

fectation de l'Hôlel Cujas au Musée.

« Le Conservateur de la Bibliothèque et du Musée,

» CHARMEIL. »

Page 90: Mater1908 Musee Bourges

III

Commission consultative et de surveillance

du Musée.

LISTE DES MEMBRES TITULAIRES

PRÉSIDENTS :

Mater (Alphonse), conseiller à la Cour d'appel,

démissionnaire le 1er février 1877, nommé

Président honoraire le 14 avril 1881, f 1er jan-

vier 1897.

Mater (Daniel), avocat, membre de la Commission

du Musée, nommé Président le 14 avril 1881.

MEMBRES DE LA COMMISSION :

A. — Bengy-Puyvallée (Charles de), propriétaire, f le

17 septembre 1867.

Peneau (Eugène), pharmacien, nommé le 14 dé-

cembre 1867.

B. —Berry, conseiller honoraire à la Cour d'appel de

Bourges, démissionnaire le 19 juin 1872,

f le 30 mars 1876.

Laugardière (Vicomte Charles Ribaud de), substitut

du Procureur Général près la Cour d'appel de

Bourges, nommé le 10 janvier 1873.

C. — Borget (Auguste), artiste peintre, -]-le 29 octobre 1877.

Ratier (Victor), ancien professeur et bibliothécaire

Page 91: Mater1908 Musee Bourges

226 LE MUSÉE

de la Ville, nommé le 6 février 1878, -|- le 6 août

1898.

Lelong (Abbé), vicaire général de l'Archevêque de

Bourges, nommé le 3 novembre 1898, démis-

sionnaire le 25 mars 1908.

Jossant (Henri), statuaire, professeur à l'École des

Arts appliqués à l'industrie de Bourges,

nommé le 31 mars 1908.

D. — Bourdaloue (Paul-Adrien), ingénieur civil, adjoint

au Maire de Bourges, f le 23 juin 1868.

Bonnault de Villemenard (Antoine de), adjoint au

Maire de Bourges, nommé le 4 novembre 1868,

démissionnaire le 3 juin 1887, j le 18 avril 1889.

Le Grand (Antoine), agent voyer en chef du dépar-

tement du Cher, nommé le 14 janvier 1889,

f le 13 mars 1905.

Cougny (Gaston), directeur de l'Ecole des Arts

appliqués à l'industrie de Bourges, nommé le

22 mars 1905.

E. — Boyer (Hippolyte), archiviste-adjoint des Archives

du Cher, démissionnaire le 2 mars 1874.

Mornet (Albert), banquier, nommé le 9 février 1875.

F. — Bussière (Emile), architecte départemental, -j- le

20 décembre 1902.

Pascault (Albert), architecte du département du

Cher, nommé le 25 mai 1904.

G. — Dumoutet (Jules), statuaire, non acceptant.

Buhot de Kersers (Alphonse), nommé le 28 janvier

1867, -j- le 11 décembre 1897.

Ponroy (Henri), membre correspondant de la

Commission, nommé membre titulaire le 1er

janvier 1898.

H. — Fournier (Henri), avocat, démissionnaire le 4 no-

vembre 1871.

Page 92: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 227

Mater (Daniel), avocat, nommé le 21 février 1872,

Président le 14 avril 1881.

Labrosse (Armand), greffier du Tribunal de Com-

merce, nommé le 15 avril 1881.

I. — Lapparent (de), chef de bataillon du Génie, f le

23 juin 1881.

Lecat (Ludovic-Joseph), professeur de physique au

Lycée, nommé le 20 juillet 1881, démission-

naire pour cause de départ en 1881.

Pêtre (Charles), statuaire, directeur de l'École

Nationale des Arts appliqués à l'industrie de

Bourges, nommé le 30 mars 1882 et démission-

naire en raison de sa nomination comme

Conservateur du Musée le 5 août 1883.

Deballe (Alfred), professeur de dessin au Lycée,nommé le 17 janvier 1885, f le 8 avril 1903.

Salle de Chou (Baron François), artiste peintre,membre correspondant de la Commission,

nommé le 25 mai 1904.

J. — Louriou (Jean-Félix-Auguste), avocat, parti de

Bourges vers 1876, f le 10 janvier 1879.

Leclerc (Ernest), architecte, nommé le 8 août 1878,

f le 27 février 1900.

Magdelaine (Francis), avocat, nommé le 2 mars

1900, démissionnaire pour cause de départ le

24mars 1904 et nommé membre correspondant.

Gauchery (Paul), architecte à Vierzon, membre

correspondant de la Commission, nommé le

25 mai 1904.

K. — Méloizes (Marquis Albert des), avocat, président de

la Société des Antiquaires du Centre.

L. —Rapin (Edmond), juge suppléant au Tribunal

civil, adjoint au Maire de Bourges, démis-

sionnaire le 6 mai 1881.

Page 93: Mater1908 Musee Bourges

228 LE MUSÉE

Benet (L.), conservateur des Hypothèques, nommé

le 17 janvier 1885, démissionnaire pour cause

de départ le 27 avril 1889.

Artigaud (Alexis), syndic de faillite, nommé le 21

mai 1889, f le 2 juin 1899.

Grossouvre (Albert Durand de), ingénieur en chef

des Mines, nommé le 12 juin 1899.

M. — Rhodier (Paul), greffier du Tribunal civil, j- le

24 avril 1894.

Roger (Octave), ancien magistrat, membre corres-

pondant de la Commission, nommé le 5 mai

1894.

N. — Romagnesi (Pierre-Narcisse), ancien professeur de

dessin à l'École Navale, f le 20 janvier 1882.

Vallois (Georges), ancien secrétaire général de la

Préfecture du Cher, nommé le 30 mars 1882,

non acceptant.

Boyer (Hippolyte), ancien membre de la Commis-

sion, nommé le 6 février 1878 (1), -j- le 26 mars

1897.

Goy (Pierre de), membre correspondant de la Com-

mission, nommé le 1er janvier 1898.

O. — Tarlier (Emile), architecte des édifices diocésains,

t le 2 mars 1902.

Tarlier (Henri), architecte des édifices diocésains,

nommé le 1er janvier 1878.

LISTE DES MEMBRES CORRESPONDANTS

Cougny (Antoine), ancien Conservateur-adjoint du

Musée, inspecteur principal de l'Enseignement

(1) M. Boyer, dans l'arrêté, est indiqué comme nommé en remplacement de

M. Mater (Alphonse), ce qui était une erreur, puisque celui-ci, en sa qualité de

Président, ne comptait pas parmi les 15 membres de la Commission. C'est pour

régulariser la situation qu'il prit postérieurement la place de M. Romagnesi.

Page 94: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 229

du dessin dans les Écoles de la Ville de Paris,

f le 9 juin 1896.

Bourdinat, entrepreneur de travaux publics et

conseiller municipal à Nouméa (Nouvelle-

Calédonie), nommé le 15 décembre 1883.

Benet, conservateur des Hypothèques à Lyon,

nommé le 21 mai 1889.

Bengy de Puyvallée (Pierre de), artiste peintre à

Paris, nommé le 22 juin 1892, f le 8 août 1900.

Ganchery (Paul), architecte à Vierzon, nommé le

22 juin 1892, devenu membre titulaire le 25

mai 1904.

Guère (Comte Raymond de la), propriétaire à

Sainte-Montaine, nommé le 22 juin 1892, f le

21 mars 1897.

Guillot, agent voyer à Lignières, nommé le 22 juin

1892.

Goy (Pierre de), propriétaire à Osmery, nommé le

22 juin 1892, devenu membre titulaire le 1erjan-

janvier 1898.

Ponroy (Henri), maire de Cerbois, nommé le 22

juin 1892, devenu membre titulaire le 1er jan-

vier 1898.

Roger (Octave), propriétaire à Brinay, nommé le

22 juin 1892, devenu membre titulaire le 5

mai 1894.

Salle de Chou (François), artiste peintre à Paris,

nommé le 22 juin 1892, devenu membre titu-

laire le 25 mai 1904.

Bengy de Puyvallée (Georges de), artiste peintre à

Paris, nommé le 19 novembre 1893.

Auclair, conducteur des Ponts et Chaussées en

retraite à Saint-Amand-Montrond, nommé le

20 juin 1894.

Page 95: Mater1908 Musee Bourges

230 LE MUSÉE DE BOURGES

Chénon (Emile), professeur à la Faculté de droit

de Paris, nommé le 17 octobre 1896.

Brateau (Jules), ciseleur-sculpteur, nommé le 21

juillet 1897.

Mallard (Gustave), avocat à Saint-Amand, nommé

le 23 avril 1900.

Magdelaine (Francis), ancien membre titulaire,

nommé membre correspondant le 25 mai 1904.

Saint-Venant (Julien Barré de), inspecteur des

Eaux et Forêts à Nevers, nommé le 4 juin 1904.

Breuil (Abbé), professeur à l'Université de Fri-

bourg, nommé le 15 décembre 1904.

Robert (Emile), ferronnier d'art à Paris, nommé

le 27 décembre 1905.

Planchon (Mathieu), horloger-constructeur à Paris,

nommé le 2 mai 1907.

Thabaud des Houlières (François), inspecteur dé-

partemental de la Société française d'Archéo-

logie, nommé le 11 février 1908.

Thomas-Soyer (Mme Mathilde), statuaire à Sainte-

Claire, par Isdes (Loiret), nommée le 31 mars

1908.

Massé (Joseph), artiste peintre à Lyon, nommé le

31 mars 1908.

Penat (Lucien), graveur à Paris, nommé le 31 mars

1908.

Page 96: Mater1908 Musee Bourges

IV

Règlement intérieur du Musée.

ARTICLE 1er. — Le Musée municipal de Bourges sera

ouvert au public le dimanche de chaque semaine, de

midi à quatre heures du soir, sous la surveillance des

gardiens de l'Etablissement, sauf à M. le Maire d'en

autoriser la publicité pendant plusieurs jours de suite

et dans des circonstances données.

ARTICLE 2. — Les jours où il serait possible quel'affluence du public rendit insuffisante la surveillance

ordinaire, des mesures de police intérieure seront prises

pour augmenter cette surveillance, faciliter la circula-

tion et éviter tout encombrement.

Il pourra, suivant le besoin, être ouvert une porte de

sortie spéciale.

ARTICLE 3. — Tous les autres jours de la semaine, le

Musée sera accessible aux visiteurs particuliers et de

passage, de 10 heures du matin à quatre heures du soir.

Les gardiens de l'Etablissement se mettront à leur dis-

position, et nul ne pourra s'introduire dans le Musée

sans être accompagné par eux.

ARTICLE 4. — Les artistes et amateurs pourront, en

s'entendant à cet effet avec M. le Conservateur du

Musée, venir, de 10 heures du matin à 4 heures du soir,

travailler tous les jours qui ne sont pas spécialementaffectés au public, excepté le lundi.

ARTICLE 5. — Aucun objet faisant partie du Musée ne

Page 97: Mater1908 Musee Bourges

232 LE MUSÉE DE BOURGES

pourra, sous aucun prétexte, sortir de l'établissement

sans une autorisation spéciale de M. le Maire.

ARTICLE 6. — Les visiteurs ne pourront en déplacer

aucun et les artistes ou amateurs devront copier sur

place les tableaux, dessins et autres objets dont ils

auront à s'occuper; ceux qui seront désireux de visiter,

en détail, les collections, devront s'entendre à cet effet

avec M. le Conservateur, pour la facilité du travail.

ARTICLE 7. — Par mesure d'ordre, les cannes,

ombrelles et parapluies seront déposés par les visiteurs

à la porte d'entrée.

ARTICLE 8. — Le présent Règlement ne sera exécutoire

qu'après l'approbation de M. le Maire.

(Registre des délibérations de la Commission du Mu-

sée, 65.)

Page 98: Mater1908 Musee Bourges

V

Liste des ouvrages enlevés du Musée et trans-

portés à la Bibliothèque, suivant récépissé

signé Boyer et daté du 9 décembre 1879.

MANUSCRITS :

Consolation de Boece.

Sacramentaire de l'Abbaye de Pise.

Heures de Bourges.

OEuvres de droit de M. Dumont, 4 volumes.

Cours de droit latin, 2 volumes.

Symbola héroïca, recueil d'emblèmes figurés.

IMPRIMÉS :

SCHENCZER : Herbarium diluviarum.

MARTIAL : Epigrammata, avec traduction envers françaisde René Catherinot.

Histoire abrégée des Pays-Bas.

RADERUS : Bavaria Sancta.

OEuvres de Pic de la Mirandole.

Edits et Ordonnances de Rebuffe.

URSINO : Familise Romanoe.

Philosophia Ludovici Borbonii.

Life of Jesus-Christ.

Oratio dominica CL linguis versa.

Notitia dignitatum.

NECKER : Compte rendu.

15

Page 99: Mater1908 Musee Bourges

234 LE MUSÉE DE BOURGES

DESCARTES : Principia Philosophiae.

Sacres de Louis XVI et Napoléon, 2 volumes.

LAVALLÉE : Histoire de Fiance.

BOSCOVICH : Voyage dans l'Etat de l'Eglise.

NADAUD DE BUFFON : Irrigations en Italie, t. I, avec atlas.

GIRAULT DE SAINT-FARGEAU : Dictionnaire géographique.

CHALLAMEL : Les Français sous la Révolution.

MULLIÉ : Les Fastes de la France.

Le Bon jardinier, 1829.

STAHL : Traité des sels.

Culture des Fleurs.

HERMANT : Histoire des Ordres militaires.

PLATINE : L'Honnête volupté.

Coutume de Bourges.

Coutume de Bourges, 1579.

S. DUFOUR : Commentaire de la Coutume de Berry.

GORREE : Formulae remediorum.

LEMAITRE : Mémoires sur Vierzon.

KUNTZLI : Etat de la Médecine.

Vie d'Oberlin.

Mme BAUDOUIN : Referies sur les bords du Cher.

Ibid. La Conversation française.

(Archives du Musée.)

Page 100: Mater1908 Musee Bourges

TABLE

Volumes Pages

Ire PARTIE : Le Musée établissement départemental

(1834-1864) XX 189

I

Le Muséum de Bourges (1791-1802) » 191

II

Création du Musée en 1834 » 204

§ 1. — Le Musée de 1834 à 1862. — Administration de

M. Mater. — Formation des collections » 217

§ 2. — Ressources financières du Musée. — Questionsrelatives à son installation » 266

§ 8. — Situation juridique du Musée. — A qui appar-tient-il ? » 284

III

Réorganisation de l'administration du Musée : il est

appelé MUSÉE MATER et cesse d'être départe-mental » 293

Pièce annexe de la 1re Partie.

Inventaire des tableaux et gravures ou cadres et autres

effets d'art ou sciences déposés au district de Bourges. » 316

IIe PARTIE : Le Musée établissement municipal

(1864-1881) XXII 137

§ 1. — 1864 à 1867 » 139

M. Charmeil, Conservateur, administre seul le Musée. » 139

Organisation financière » 139

Projet d'installation du Musée à l'Hôtel Cujas » 141

Préservation des débris gallo-romains du Jardin de

l'Archevêché » 144

Dons » 145

Acquisitions » 149

Page 101: Mater1908 Musee Bourges

236 LE MUSEE

Volumes Pages

§ 2. — 1867 à 1870 XXII 150

Arrêtés du 5 janvier 1867 » 150

Installation de la Commission, sa division en

3 sections » 155

Règlement intérieur » 156

Question de la sortie des oeuvres d'art » 157

Projet d'installation du Musée dans l'ancienne

église des Carmes " 159

Catalogue de la peinture » 161

Réclamations du comte Jaubert » 163

Legs et dons en faveur du Musée » 167

1° Legs du Dr Péraudin » 167

2° Legs de M. Bourdaloue » 170

3° Legs de M. Charles Mater » 172

4° Envois de l'Etat » 172

5° Dons particuliers » 172

Acquisitions » 173

Propositions d'échange » 174

Echange de tableaux de M. Waschmutt » 175

§ 3. — 1870-1881 » 177

Projet d'installation du Musée proposé par M. De-

voucoux » 177

Démolition de l'église des Carmes » 180

Acquisition de l'Hôtel Cujas pour y établir le Musée. » 190

Démission de M. Boyer, Secrétaire de la Commis-

sion ; son remplacement par M. Mornet » 195

Démission de M. Alphonse Mater, Président de la

Commission ; cette dernière cesse de se réunir .. » 195

Nomination de M. Daniel Mater, Président de la

Commission » 197

Proposition d'échange avec le Lycée des doubles de

la collection conchyologique » 198

Demande de création d'une place de Conservateur-

adjoint des collections scientifiques » 199

Inventaire général des richesses d'art de la France. » 200

Fouilles faites sur l'emplacement de la Fonderie de

canons et de l'Arsenal » 201

Concession du droit exclusif de faire des photogra-

phies des objets du Musée » 201

Participation du Musée aux Expositions univer-

selles de 1867 et de 1878 » 202

Envois de l'État » 202

Page 102: Mater1908 Musee Bourges

DE BOURGES 237

Volumes Pages

Dons de la Ville XXII 205

Dépôt au Musée du trésor numismatique de Méreau. » 205

Dons particuliers » 207

Acquisitions » 207

Pièces annexes de la 2e Partie.

I. — L'Hôtel Cujas Musée et Bibliothèque, par le pré-

sident Hiver » 210

II. — L'Hôtel Cujas Musée de Bourges, lettre de M.

Charmeil » 218

III. — Commission consultative et de surveillance du

Musée de Bourges.— Liste des membres titu-

laires » 224

Liste des membres correspondants » 227

IV. — Règlement intérieur du Musée » 230

V. — Liste des ouvrages enlevés au Musée et trans-

portés à la Bibliothèque en 1879 » 232