marshall - principes eco pol iv

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  • Alfred Marshall (1890)

    Principes dconomiepolitique

    Livre IVTraduit en franais par F. Sauvaire-Jourdan,

    Professeur dconomie politique et de science financire la facult de droit de lUniversit de Bordeaux

    1906

    Un document produit en version numrique par Jean-Marie Tremblay, bnvole,professeur de sociologie au Cgep de Chicoutimi

    Courriel: [email protected] web: http://pages.infinit.net/sociojmt

    Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html

    Une collection dveloppe en collaboration avec la BibliothquePaul-mile-Boulet de l'Universit du Qubec Chicoutimi

    Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 2

    Cette dition lectronique a t ralise par Jean-Marie Tremblay,bnvole, professeur de sociologie au Cgep de Chicoutimi partirde :

    Alfred Marshall (1890)Principes dconomie politique.Livre IV.

    Une dition lectronique ralise partir du livre d'Alfred Marshall, (1842-1924), professeur d'conomie politique l'Universit de Cambridge, Principesd'conomie politique. (1890) Tome I : Livre IV. (1890) (544 pp.) (pp. 283 531).Texte de la 4e dition anglaise traduit de l'Anglais par F. Savaire-Jourdan(professeur d'conomie politique et de science financire la Facult de droit del'Universit de Bordeaux). Reproduction de la premire dition franaise publie Paris en 1906 chez V. Giard et Brire. Paris: Gordon & Breach, 1971. Collection :Rimpressions G + B, Sciences humaines et philosophie.

    Polices de caractres utilise :

    Pour le texte: Times, 12 points.Pour les citations : Times 10 points.Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.

    dition lectronique ralise avec le traitement de textes MicrosoftWord 2001 pour Macintosh.

    Mise en page sur papier formatLETTRE (US letter), 8.5 x 11)dition complte le 13 avril 2003 Chicoutimi, Qubec.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 3

    Table des matires

    Prface de la premire dition, juillet 1890.Extrait de l prface de l quatrime dition, 1898.Note du traducteur

    Livre I : Aperu prliminaire.

    Chapitre I : Introduction

    1. L'conomique est la fois une tude de la richesse et une branche de l'tude de l'homme.L'histoire du monde a t dirige par les forces religieuses et les forces conomiques. - 2. Laquestion de savoir si la pauvret est une chose ncessaire donne l'conomique un trs haut intrt. - 3. La science, pour la plus grande part, est ne depuis peu. - 4. La caractristique fondamentale de lavie moderne West pas la comptition, mais la libert de l'industrie et du travail. - 5. tudeprliminaire de la valeur. Conseils sur l'ordre suivre pour la lecture de l'ouvrage

    Chapitre II : Les progrs de la libert de l'industrie et du travail

    1. L'action des causes physiques est prdominante dans les civilisations primitives, et celles-ci ontncessairement eu leur sige dans les climats chauds. Dans une civilisation primitive le progrs estlent; mais il y a progrs. - 2. La proprit collective augmente la force de la coutume et fait obstacleaux changements. - 3. Les Grecs mirent l'nergie septentrionale en contact avec la civilisationorientale. Modernes bien des points de vue, ils regardaient l'industrie comme devant tre laisse auxesclaves; leur loignement pour tout travail continu fut une des principales causes de leur dcadence. - 4. La ressemblance apparente qui existe entre les conditions conomiques du monde romain et dumonde moderne est purement superficielle : on ne trouve pas dans le monde romain les problmessociaux-conomiques modernes ; mais la philosophie stocienne et le cosmopolitisme des juristesromains postrieurs exera une influence indirecte considrable sur la pense et sur l'actionconomiques. - 5. Les Germains furent lents s'instruire au contact de ceux dont ils firent laconqute. Le savoir trouva asile chez les Arabes. - 6. 7. Le self-government par le peuple ne pouvaitexister que dans les villes libres ; elles furent les prcurseurs de la civilisation moderne au point de vueindustriel. - 8. Influence de la chevalerie et de lglise. Formation de grandes armes servant ruinerles villes libres. Mais les esprances de progrs ressuscitent grce l'invention de l'imprimerie, laRforme et la dcouverte du Nouveau Monde. - 9. Le bnfice des dcouvertes maritimesappartient en premier lieu la pninsule hispanique, Mais bientt il passa la Hollande, la France, et lAngleterre

    Chapitre III : Les progrs de la libert de l'industrie et du travail (suite)

    1. Les Anglais montrrent de bonne heure des signes de l'aptitude qu'ils possdent pour l'actionorganise. Le commerce a t chez eux la consquence de leur activit dans la production et dans lanavigation. L'organisation capitaliste de l'agriculture ouvrit la voie celle de l'industrie. - 2, 3.Influence de la Rforme. - 4. Origine de la grande entreprise. Chez les Anglais la libre initiative avait

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 4

    une tendance naturelle vers la division du travail, qui se trouva favorise par l'apparition au del desmers de consommateurs ayant besoin, par grandes quantits, de marchandises simples. Tout d'abord lesentrepreneurs se contentrent d'organiser l'offre sans diriger le travail industriel : mais ensuite ilsgrouprent dans des usines leur appartenant de grandes masses de travailleurs. - 5. Depuis lors, letravail des ouvriers des manufactures se trouva lou en gros. La nouvelle organisation augmenta laproduction, mais elle fut accompagne de grands maux, dont plusieurs cependant taient dus d'autrescauses. - 6. La guerre, les impts, et la disette, abaissrent les salaires rels. Mais le nouveau systmea permis l'Angleterre de triompher des armes franaises. - 7. Progrs, durant le XIXe sicle. Letlgraphe et la presse permettent maintenant aux peuples de dcider eux-mmes des remdes quiconviennent leurs maux ; et nous allons peu peu vers des formes de collectivisme, qui serontsuprieures aux formes anciennes parce qu'elles reposent sur le renforcement de l'individualit sesoumettant une discipline volontaire. - 8. Influence des Amricains, des Australiens, desAllemands, sur les Anglais.

    Chapitre IV : Le dveloppement de la science conomique

    1. La science conomique moderne doit indirectement beaucoup la pense ancienne, maisdirectement fort peu. L'tude de l'conomique fut stimule par la dcouverte des mines et des routescommerciales du Nouveau Monde. Les entraves anciennes qui enserraient le commerce furent quelquepeu relches par les Mercantilistes. - 2. Les Physiocrates insistrent sur cette ide que la politiquerestrictive est un rgime artificiel et que la libert est le rgime naturel, ainsi que sur cette autre ideque le bien-tre de la masse du peuple doit tre le principal but de l'homme d'tat. - 3. Adam Smithdveloppa la doctrine du libre change, et trouva dans la thorie de la valeur un centre commun quidonne de l'unit la science conomique. - 4. L'tude des faits fut entreprise par Young, Eden,Malthus, Tooke et d'autres. - 5. Plusieurs des conomistes anglais du dbut du sicle taient portsvers les gnralisations rapides et les raisonnements dductifs, mais il taient trs au courant de la viedes affaires et n'oublirent pas d'tudier la condition des classes ouvrires. - 6, 7. Ils ne tinrentpourtant pas assez compte de ce fait que le caractre de l'homme dpend des circonstances. Influencedes aspirations socialistes et des tudes biologiques ce point de vue. John Stuart Mill.Caractristiques des travaux modernes. - 8. conomistes des autres pays.

    Chapitre V : L'objet de l'conomie politique

    1. 2. Une science sociale unifie est dsirable, mais irralisable. Valeur des ides de Comte,faiblesse de ses ngations. - 3, 4. L'conomie politique s'occupe principalement, mais nonexclusivement, des mobiles susceptibles d'tre mesurs en monnaie, et elle cherche gnralement dgager de larges rsultats qui ne soient que peu affects par les particularits individuelles. - 5.L'habitude elle-mme repose en grande partie sur un choix rflchi. - 6, 7. Les mobilesconomiques ne sont pas exclusivement gostes. Le dsir de gagner de l'argent n'exclut pas d'autresinfluences ; il peut lui-mme tre inspir par des mobiles nobles. Les procds conomiques de mesuredes actions pourront peu peu s'appliquer beaucoup d'actes de pure philanthropie. - 8. Les mobilesde l'action collective ont pour l'conomiste une importance dj grande et sans cesse croissante. - 9.Les conomistes envisagent la vie humaine surtout un certain point de vue, mais c'est la vie d'unhomme rel, et non celle d'un tre imaginaire

    Chapitre VI : Mthodes d'tude. Nature de la loi conomique

    1. En conomie politique, presque chaque pas, on a besoin la fois de l'induction et de ladduction ; l'cole historique et l'cole analytique se servent toutes deux de ces deux mthodes, mais des degrs divers : aucune ne peut se passer de l'aide de l'autre. - 2, 3, 4. La tche de l'analyse et dela dduction en conomie politique est souvent mal comprise ; elle ne consiste pas forger de longeschanes de raisonnement dductif. L'interprtation des faits du temps pass ou du temps prsent exigesouvent de subtiles analyses ; et il en est toujours ainsi lorsqu'on recourt elle pour se guider dans lavie pratique. Stratgie et tactique. - 5. Le simple bon sens, avec ses seules ressources, peut souvent

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 5

    pousser l'analyse assez loin : mais il lui est rarement possible de dcouvrir les causes profondes, etnotamment les causes des causes. Rle du mcanisme scientifique. - 6. Les lois sociales n'noncentque des tendances. Lois conomiques. Le mot normal . Les lois conomiques ne sont pas analogues la loi de la gravitation, mais aux lois secondaires des sciences naturelles, relatives l'action de forceshtrognes. Toutes les thories scientifiques, et par consquent les thories conomiques elles aussi,supposent certaines conditions, et sont dans ce sens hypothtiques. - 7. Science pure et scienceapplique. L'conomie politique est une science plutt qu'un art

    Chapitre VII : Rsum et conclusion

    1. Rsum. - 2. Les tudes scientifiques ne doivent pas tre diriges en s'inspirant des butspratiques auxquels elles concourent, mais de la nature des sujets dont elles traitent. - 3. Principalescirconstances qui stimulent l'intrt des conomistes anglais notre poque, bien qu'elles ne rentrentpas dans le domaine de leur science.

    Livre II : De quelques notions fondamentales.

    Chapitre I : Introduction

    1. L'conomie politique envisage la richesse en tant que moyen de satisfaire les besoins de l'homme,et en tant que rsultat de ses efforts. - 2. Difficult de classer des choses dont les caractres et lesusages changent. - 3. L'conomie politique doit suivre la pratique de la vie de chaque jour. - 4. Ilest ncessaire que les ides soient trs clairement fixes, mais il n'est pas ncessaire que le sens desmots soit rigide.

    Chapitre II : La richesse

    1. Sens technique du mot biens . Biens matriels. Biens personnels. Biens externes et biensinternes. Biens transmissibles et biens non-transmissibles. Biens gratuits. Biens changeables. - 2. Larichesse d'une personne se compose de ses biens externes susceptibles d'tre mesurs en monnaie. - 3. Mais parfois il est bon d'employer le mot richesse d'une faon large, en y comprenant toute larichesse personnelle. - 4. Part de l'individu dans la richesse collective. - 5. Richesse nationale.Richesse cosmopolite. Base juridique des droits sur la richesse

    Chapitre III : Production. Consommation. Travail. Objets de ncessit

    1. L'homme ne peut produire et ne peut consommer que des utilits, et non pas de la matire mme. - 2. Le mot productif est expos tre mai compris, il faut d'ordinaire viter de l'employer oul'expliquer. - 3. Choses ncessaires pour soutenir l'existence et choses ncessaires pour maintenirl'activit. - 4. Il y a une perte pour la socit lorsque la consommation d'un homme est infrieure cequi est ncessaire pour maintenir son activit. Objets de ncessit conventionnelle.

    Chapitre IV : Capital. Revenu

    1, 2. Le mot capital a plusieurs sens diffrents. La productivit et l'accumulation du capitalrglent : l'une, la demande de capital, et l'autre l'offre de capital. La diffrence entre la notion de capitalet celle de richesse n'est qu'une diffrence de degr. - 3. Le revenu au sens large. Revenu en monnaieet l'expression de capital d'entreprise . - 4. Les usages les plus importants de l'expression capitalsocial se rattachent au problme de la distribution ; il faut donc la dfinir de telle faon que lorsqu'ona fait dans le revenu rel de la socit les parts du travail, du capital (en y comprenant l'organisation) etde la terre, rien ne soit omis, et rien ne soit compt deux fois. - 5. Capital de consommation. Capitalauxiliaire. Capital circulant et capital fixe, capital spcialis, capital personnel. - 6. Nous parlonsplutt de capital lorsque nous envisageons les choses comme objets de production : nous parlons de

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    richesse lorsque nous les envisageons comme moyens de satisfaire les besoins. - 7. Revenu net.Avantages nets. Usage de la richesse. Intrt. Profits du capital. Salaire de direction. Rente. - 8.Revenu social. - 9. Le revenu national est une meilleure mesure de la prosprit conomique gnraleque la richesse nationale. - 10, 13.- Note sur quelques dfinitions du mot capital .

    Livre III : Des besoins et de leur satisfaction.

    Chapitre I : Introduction

    1. Lien de ce livre avec les trois suivants. - 2. Jusqu' une poque toute rcente on ne s'est pas assezoccup de la demande et de la consommation

    Chapitre II : Les besoins dans leurs rapports avec l'activit de l'homme

    1. Dsir de varit. - 2, 3. Dsir de se distinguer. - 4. Dsir de se distinguer pris en lui-mme.Place de la thorie de la consommation dans l'conomie politique

    Chapitre II : Les variation: de la demande

    1. Loi de satit des besoins ou de l'utilit dcroissante. Utilit totale. Accroissement limite. Utilitlimite. - 2. Prix de demande. - 3. Il faut tenir compte des variations de l'utilit de la monnaie. 4.Tableau de demande d'un individu. Sens de l'expression augmentation de la demande . - 5.Demande d'un march. Loi de la demande. - 6. Demande de marchandises rivales

    Chapitre IV : L'lasticit des besoins

    1. Dfinition de l'lasticit de la demande. - 2, 3. Un prix, qui est bas pour un homme riche, peuttre lev pour un homme pauvre. - 4. Causes gnrales qui affectent l'lasticit. - 5. Difficultsvenant de l'lment de temps. - 6. Changements de mode. - 7. Difficults pour se procurer lesstatistiques ncessaires. - 8, 9. - Note sur les statistiques de consommation. Livres des commerants.Budgets de consommateurs

    Chapitre V : Choix entre diffrents usages de la mme chose. Usages immdiats et usages diffrs

    1, 2. Distribution des ressources d'un individu entre la satisfaction de diffrents besoins, de faonque le mme prix mesure, la limite des diffrents achats, des utilits gales. - 3. Leur distributionentre besoins prsents et besoins futurs. Escompte des satisfactions futures. - 4. Distinction entrel'escompte des, plaisirs futurs, et l'escompte des vnements futurs agrables.

    Chapitre VI : Valeur et utilit

    1. Prix et utilit. Bnfice du consommateur. Conjoncture. - 2. Bnfice du consommateur parrapport la demande d'un individu, - 3, 4, et par rapport la demande d'un march. Cette analysepermet de formuler avec prcision des notions courantes. mais n'introduit dans la question aucunesubtilit nouvelle. Les diffrences individuelles de caractre peuvent tre ngliges lorsque nousconsidrons un grand nombre de gens; et si parmi eux se trouvent en gale proportion des riches et despauvres, le prix devient alors une bonne mesure de l'utilit, 5, pourvu qu'on tienne compte de larichesse collective. - 6. Ide de Bernoulli. Aspects plus larges de l'utilit de la richesse

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    Livre IV : Les agents de la production - nature, travail, capital etorganisation.

    Chapitre I : Introduction

    1. Les agents de la production sont : la nature, le travail et le capital. Dans le capital, il faut fairerentrer l'organisation industrielle et commerciale, qui doit pourtant, certaine points de vue, tretudie part. d'autres points de vue le capital peut tre runi au travail, et les agents de laproduction deviennent la nature et l'homme. - 2. Disutilit limite. Bien que le travail porte parfois enlui-mme sa propre rcompense, pourtant, sous certaines conditions, nous pouvons regarder l'offre detravail comme rgle par le prix qu'on peut obtenir pour lui. Prix d'offre.

    Chapitre II : La fertilit du sol

    1. L'ide que le sol est un don gratuit de la nature, tandis que le produit du sol est d au travail del'homme, n'est pas tout fait exacte ; mais elle a un fond de vrit. - 2. Conditions mcaniques etconditions chimiques de fertilit. - 3. Pouvoir que l'homme possde d'altrer le caractre du soi. - 4.Les qualits originelles du soi comptent pour plus, et les qualits artificielles pour moins, dans certainscas que dans d'autres. Dans tous les cas le rendement supplmentaire obtenu en augmentant le capitalet le travail diminue, plus ou moins vite

    Chapitre III : Fertilit du sol (suite). Tendance au rendement dcroissant

    1. Le sol peut tre mal cultiv ; alors le rendement d une plus grande dpense de capital et detravail augmente, jusqu' ce qu'un certain maximum soit atteint, aprs quoi il diminue de nouveau.L'amlioration des procds de culture peut permettre d'employer avec, avantage plus de capital et plusde travail. La loi s'applique la quantit des produits, et non leur valeur. - 2. Une dose de capital etde travail. Dose limite, rendement limite, limite de culture. La dose limite n'est pas ncessairement ladernire dans le temps. Surplus de production ; ses liens avec la rente. Ricardo a born son attentionaux conditions d'un Vieux pays. - 3. Toute apprciation de la fertilit du sol doit s'appliquer un lieuet un temps particuliers. - 4. En rgle gnrale les sols plus pauvres augmentent de valeur parrapport aux sois riches, mesure que la population augmente. - 5. Ricardo disait que les sols les plusriches ont t cultivs les premiers ; c'est vrai dans le sens o il le disait. Mais il a t mal compris parCarey qui runit des exemples de pionniers ayant nglig des sols qui ont ensuite pris une grandevaleur. - 6. Ricardo n'a pourtant pas estim assez haut les avantages indirects qu'une populationdense offre l'agriculture. - 7. Lois de rendement de la pche, des mines et des terrains btir. - 8.Note sur l'origine de la loi et sur le sens de la phrase une dose de capital et de travail

    Chapitre IV : Le progrs de la population

    1, 2. Histoire de la thorie de la population. - 3. Malthus. - 4, 5. Causes qui dterminent le tauxde nuptialit et celui de natalit. - 6, 7. Histoire de la population en Angleterre. - 8. Note sur lesstatistiques dmographiques internationales

    Chapitre V : Sant et vigueur de la population

    1, 2. Conditions gnrales dont dpendent la sant et la vigueur. - 3. Objets ncessaires l'existence. - 4. Esprance, libert et changement. - 5. Influence des occupations. - 6. Influence dela vie des villes. - 7, 8. La nature laisse elle-mme tend liminer les faibles. Mais une fouled'interventions humaines, inspires par de bons sentiments, font obstacle au succs des forts, etpermettent aux faibles de vivre. Conclusion pratique.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 8

    Chapitre VI : ducation industrielle

    1, 2. L'expression de travail qualifi n'a qu'une porte relative. Il arrive souvent qu'une tcheavec laquelle nous sommes familiariss ne nous paraisse pas difficile. L'habilet purement manuelle esten train de perdre de l'importance par rapport l'intelligence gnrale et l'nergie de caractre.Habilet gnrale et habilet spcialise. - 3, 4, 5. Instruction librale et instruction technique.Apprentissage. - 6. Instruction en matire d'art. - 7. Mill pensait que les classes travailleuses sontdivises en quatre catgories bien marques ; mais toutes les divisions accuses comme celles-citendent disparatre. 8. Les parents lvent gnralement leurs enfants en vue de mtiers de mmenature que le leur.

    Chapitre VII : Le progrs de la richesse

    1, 2, 3. Jusqu' il y a peu de temps on faisait peu d'usage des formes Coteuses de capitalauxiliaire ; mais leur emploi augmente rapidement, comme aussi le pouvoir d'accumulation du capital.- 4. La scurit en tant que condition de l'pargne. - 5. Le dveloppement de l'conomie monnaiefait natre de nouvelles occasions de dpenses extravagantes, mais il a permis des gens qui n'avaientpas le moyen d'entrer dans les affaires, de tirer parti de leurs pargnes. - 6. La principale cause del'pargne se trouve dans les affections de famille. - 7. Sources de l'accumulation des capitaux.Accumulation publique. Coopration. - 8. Choix entre plaisirs prsents et plaisirs diffrs. Touteaccumulation implique une certaine attente, un certain ajournement de satisfactions. L'intrt est larmunration de cette attente. - 9, 10. Plus la rmunration est leve, et plus, en rgle gnrale, letaux de l'pargne sera grand. Mais il y a des exceptions. - 11. Note sur les statistiques relatives auprogrs de la richesse

    Chapitre VIII : Organisation industrielle

    1, 2. L'ide que l'organisation du travail augmente son rendement est ancienne, mais Adam Smithlui a donn une porte nouvelle. conomistes et biologistes ont travaill ensemble examinerl'influence que la lutte pour l'existence exerce sur l'organisation ; ses caractres les plus durs sontadoucis par l'hrdit. - 3. Castes antiques et classes modernes. - 4, 5. Adam Smith se montraprudent, mais beaucoup de ceux qui l'on suivi ont exagr les conomies que procure l'organisationnaturelle. Dveloppement des facults par l'usage, et leur hrdit par une ducation prcoce et peut-tre aussi par d'autres moyens.

    Chapitre IX : Organisation industrielle (suite). Division du travail. Influence du machinisme

    1. La pratique permet de se perfectionner. - 2. Dans les catgories infrieures de travail, l'extrmespcialisation augmente le rendement ; mais il n'en est pas ainsi dans les catgories suprieures. - 3.Les consquences du machinisme sur la qualit de la vie humaine sont en partie bonnes et en partiemauvaises. - 4. Les machines faites mcaniquement inaugurent l're nouvelle des partiesinterchangeables. - 5. Exemple tir de l'imprimerie. - 6. Le machinisme diminue la fatigue desmuscles pour l'homme, et par l empche la monotonie du travail de crer la monotonie de la vie. - 7.Comparaison entre la main-d'uvre spcialise et les machines spcialises. conomies externes etconomies internes.

    Chapitre X : Organisation industrielle (suite). Concentration d'industries spcialises dans certaineslocalits

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 9

    1. Industries localises : leurs formes primitives. - 2. Leurs diverses origines. - 3. L e u r savantages ; habilet hrditaire; naissance d'industries subsidiaires; emploi d'instruments trsspcialiss ; march local pour la main-d'uvre spcialise. - 4. Influence de l'amlioration desmoyens de communication sur la distribution gographique des industries. Exemples tirs de l'histoirercente de l'Angleterre

    Chapitre XI : Organisation industrielle (suite). Production en grand

    1. Les industries typiques pour ce sujet sont les industries manufacturires. conomie de matirespremires. - 2, 3, 4. Avantages d'une grande entreprise au point de vue de l'emploi et del'amlioration des machines spcialises ; au point de vue de l'achat et de la vente ; au point de vue dela main-d'uvre spcialise; et au point de vue de la division du travail de direction. Supriorit dupetit industriel pour la surveillance. Le progrs moderne des connaissances agit en grande partie en safaveur. - 5. Dans les branches o la production en grand ralise de grandes conomies, une entreprisepeut grandir rapidement, la condition de pouvoir vendre aisment ; mais souvent cette condition n'estpas remplie. - 6. Grandes et petites entreprises commerciales. - 7. Entreprises de transport. Mines etcarrires.

    Chapitre XII : Organisation industrielle (suite). Direction des entreprises

    1. L'artisan d'autrefois traitait directement avec le consommateur ; et c'est encore ainsi qu'oprent enrgle gnrale les professions librales. - 2. Mais dans la plupart des branches intervient une classespciale d'hommes appels entrepreneurs. - 3, 4. Les principaux risques de l'entreprise sont parfoisspars du travail de direction en dtail, dans l'industrie du btiment et dans quelques autres.L'entrepreneur qui n'est pas employeur. - 5. Les qualits que doit avoir l'industriel idal. - 6. Le filsd'un homme d'affaires dbute avec tant d'avantages, que l'on pourrait s'attendre voir les hommesd'affaires former comme une classe part ; raison qui empchent ce rsultat de se produire. - 7.Socits de personnes. - 8, 9. Socits anonymes. Entreprises des autorits publiques. - 10.Association cooprative. Participation aux bnfices. - 11. Chances qu'a l'ouvrier de s'lever. Sonmanque de capital est un obstacle moins considrable qu'il ne semble premire vue, car la masse decapitaux prter augmente rapidement. Mais la complexit croissante des affaires est contre lui. - 12.Un homme d'affaires capable russit vite augmenter le capital dont il dispose ; et celui qui estincapable perd gnralement son capital d'autant plus vite que son affaire est plus importante. Ces deuxforces tendent faire parvenir le capital entre les mains de ceux qui sont mme de bien l'utiliser.L'aptitude aux affaires accompagne du capital ncessaire a, dans un pays comme l'Angleterre, un prixd'offre assez bien dfini.

    Chapitre XIII : Conclusion. La tendance au rendement croissant et la tendance au rendementdcroissant

    1. Rsum des derniers chapitres de ce livre. - 2. Le cot de production doit tre envisag en serfrant une maison type, bnficiant d'une faon normale des conomies internes et externes quiaccompagnent un volume total de production donn. Lois du rendement constant et du rendementcroissant. - 3. Une augmentation de population est gnralement accompagne d'un accroissementplus que proportionnel de la puissance collective de production.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 10

    Alfred Marshall, Principes dconomie politique : tome I

    Livre quatrime

    Les agents de laproduction :

    Nature, travail, capital et organisation

    Retour la table des matires

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 11

    Principes dconomie politique : tome 1 :livre IV : Les agents de la production

    Chapitre unIntroduction

    Retour la table des matires

    1. - On indique d'ordinaire comme agents de la production la nature, le travail etle capital. Par nature on entend la matire et les forces que la nature fournitgratuitement l'homme: le sol, l'eau, l'air, la lumire, la chaleur. Par travail on entendtout effort conomique de l'homme, qu'il l'accomplisse avec ses mains, ou avec satte 1. Par capital on entend toute accumulation de richesses faite en vue de laproduction de biens matriels, et dans le but de se procurer ces bnfices qui sontd'ordinaire considrs comme constituant un revenu. C'est l'ensemble des richessesenvisages comme moyens de production, plutt que comme sources directes dejouissance.

    Le capital consiste pour une grande partie en connaissances (knowledge) et enorganisation, dont une partie est de proprit prive et l'autre non. La science est notreplus puissant instrument de production ; elle nous permet de soumettre la nature, et de

    1 Le travail est considr comme conomique lorsqu'il est effectu partiellement ou compltement

    en vue d'un avantage autre que le plaisir qu'il procure directement . Voir p. 177 et note. Le travailde tte, lorsqu'il ne tend pas directement ou indirectement la production matrielle, comme parexemple le travail de l'colier faisant ses devoirs, est laiss de ct, tant que nous n'envisageonsque la production au sens ordinaire du mot. certains points de vue, mais non pas tous, lesexpressions nature, travail, capital seraient plus symtriques si par travail on entendait lestravailleurs, c'est--dire l'humanit. Voir WALRAS, conomie politique pure, leon 17, et Fisher,Economic Journal, VI, p. 529.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 12

    la forcer satisfaire nos besoins. L'organisation aide la science; elle a plusieursformes, savoir l'organisation d'une entreprise considre isolment, l'organisationdes diverses entreprises dans la mme industrie, l'organisation des diverses industries l'gard les unes des autres, l'organisation de l'tat assurant la scurit toutes etvenant en aide beaucoup. La distinction entre ce qui est de proprit prive, et cequi est de proprit publique dans la science et dans l'organisation, est d'une grande etcroissante importance : certains gards elle est plus importante que la mmedistinction au point de vue des objets matriels. C'est, en partie, pour cette raison qu'ilsemble parfois prfrable de mettre l'organisation part comme agent distinct de laproduction. Il ne sera possible de l'examiner compltement que beaucoup plus tard,mais nous en dirons quelque chose dans le Livre actuel.

    Dans un certain sens, il n'y a que deux agents de la production, la nature etl'homme. Le capital et l'organisation sont le rsultat de l'effort de l'homme aid par lanature, et ils sont bass sur le pouvoir qu'il a de prvoir l'avenir et sur son dsir d'ypourvoir. Le caractre et les proprits de la nature et de l'homme tant donns, ledveloppement de la richesse, de la science et de l'organisation, suit de lui-mme,comme un effet suit sa cause. Mais, d'un autre ct, l'homme est lui-mme grande-ment influenc par son milieu, dans lequel la nature joue un grand rle : et ainsi, tous les points de vue, l'homme est le centre du problme de la production, comme ilest celui de la consommation, et comme il est aussi le centre de cet autre problmedes relations entre les deux qui porte le double nom de distribution et d'change .

    Le progrs de l'humanit en nombre, en sant et en vigueur, en connaissances, enhabilet, et en force de caractre, est la fin de toutes nos tudes ; mais c'est une fin laquelle l'conomique ne peut contribuer que par quelques lments importants. Sousses aspects gnraux, si I'tude de ce progrs doit trouver place dans un traitd'conomique, c'est donc la fin, ce n'est pas ici. Nanmoins, nous ne saurions noussoustraire la ncessit d'examiner quelle est l'action directe de l'homme dans laproduction, et quelles sont les conditions qui dterminent son activit (efficiency)comme producteur. Au total il est peut-tre bon, et c'est certainement le plan le plusconforme la tradition anglaise, de comprendre dans l'tude de la production unaperu sur le dveloppement de la population en nombre et en caractre.

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    2. - Il est impossible, ce point de nos tudes, de faire plus que d'indiquerbrivement les relations gnrales existant entre la demande et l'offre, entre laconsommation et la production. Mais il peut tre bon, maintenant que la discussionsur l'utilit et sur la valeur est encore prsente notre esprit, de jeter un bref coupd'il sur les relations existant entre la valeur et le dsagrment ou l'incommodit(disutility or discommodity) qu'il faut subir pour obtenir ces biens qui tirent leurvaleur de ce qu'ils sont la fois dsirables et difficiles obtenir. Tout cela ne peut treexpos maintenant que d'une faon provisoire ; on peut mme penser que cet expospose les difficults plutt qu'il ne les rsoud ; mais il y aura avantage avoir devantnous une carte du terrain parcourir, quelque sommaire et incomplte qu'elle soit.

    Tandis que la demande est base sur le dsir d'obtenir des marchandises(commodities), l'offre dpend surtout du fait de surmonter la rpugnance faire

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 13

    certains efforts (undergo discommodities). Ces efforts sont de deux sortes : le travail,et l'pargne, c'est--dire l'effort qu'il faut faire pour diffrer une consommation. Ilnous suffira ici de donner un aperu du rle jou dans l'offre par le travail ordinaire.On verra par la suite que des remarques semblables, bien que non tout fait lesmmes, peuvent tre faites l'gard du travail de direction, et l'gard du sacrificequ'entrane (parfois, mais pas toujours) cette attente (waiting) ncessaire l'accumulation des moyens de production.

    L'effort qu'exige le travail (discommodity of labour) peut tre une fatiguecorporelle ou une fatigue mentale ; il peut aussi tenir ce que le travail est effectudans des conditions malsaines, ou avec des compagnons dsagrables ; ou venir dufait que le travail absorbe le temps qui serait consacr des distractions, des occu-pations sociales ou intellectuelles. Mais, quelle que soit la forme que revt cet effort,son intensit au-mente peu prs toujours avec la rigueur (severity) et la dure dutravail.

    Il est vrai que beaucoup de fatigues sont acceptes pour elles-mmes, comme parexemple dans l'alpinisme, dans les sports et dans les travaux littraires, artistiques etscientifiques; beaucoup de travaux aussi sont accomplis uniquement dans le dsird'tre utile autrui 1. Mais le plus souvent le principal mobile du travail, au sens onous employons ce mot, est le dsir d'obtenir quelque avantage matriel, qui, dansl'tat actuel du monde, se prsente d'ordinaire sous la forme d'une certaine quantit demonnaie. Il est vrai que, mme lorsqu'un homme travaille pour un salaire, il lui arrivesouvent de prendre plaisir sa tch ; mais d'ordinaire, avant qu'elle soit termine, lafatigue vient, et il est bien aise quand l'heure de s'arrter arrive. Un homme peut bien,aprs tre rest quelque temps sans travailler, aimer mieux, en ce qui concerne sonplaisir immdiat, travailler pour rien, plutt que de ne pas travailler du tout; mais il nesera pas dispos gter ses conditions de vente en offrant ce qu'il a vendre trs au-dessous de son prix normal, pas plus que ne le serait un industriel. Sur ce point nousaurons beaucoup dire dans un autre volume, lorsque nous en viendrons tudier lescoutumes professionnelles, et les pratiques des trade-unions au point de vue desheures de travail et des usages. Dans la plupart des occupations, cette partie de latche qui donne plus de plaisir que de peine doit tre d'ordinaire paye au mme prixque le reste; le prix de la tche entire est donc dtermin par la peine qu'exige dutravailleur cette partie du travail qu'il excute avec le plus de rpugnance et qu'il estpresque sur le point de se refuser excuter.

    En langage technique on peut appeler cela la disutilit-limite (marginaldisutility) du travail. Car, de mme que pour toute augmentation de quantit d'unemarchandise son utilit-limite baisse ; et de mme que pour toute diminution de sadsidrabilit, il y a une baisse de prix pour la marchandise toute entire et passeulement pour les dernires quantits qui en sont vendues: de mme il en est en cequi concerne l'offre de travail.

    1 Voir ci-dessus pp. 110-111 ainsi que liv. VI, ch. II, 2, et note X l'Appendice. On peut ici placer

    une remarque. Lorsqu'une personne fait tous ses achats d'une marchandise au prix qu'elle auraitjuste consenti payer pour les dernires quantits qu'elle achte, elle tire de toutes les autres unbnfice particulier, puisqu'elle les fait un prix infrieur celui qu'elle aurait consenti payerplutt que de se passer tout fait de cette marchandise. De mme, si le prix pay un homme pourun travail est une rmunration suffisante pour la partie de ce travail qu'il excute avec le plus derpugnance, et si, pourtant, comme il arrive d'ordinaire, il est pay de la mme faon pour la partiede son travail qu'il excute avec moins de rpugnance et qui lui cote rellement moins, alors,pour cette partie, il jouit d'un bnfice de producteur (producter's surplus).

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 14

    La rpugnance qu'un homme dj occup prouve augmenter sa fatigue, repose,dans les circonstances ordinaires, sur des principes fondamentaux de la naturehumaine que les conomistes doivent accepter comme tablis. Selon la remarque deJevons 1, on a souvent quelque rsistance vaincre avant de se mettre l'uvre. Uncertain effort assez pnible est ncessaire au dbut ; mais cette peine diminue peu peu jusqu' zro pour se transformer en plaisir; ce plaisir augmente pendant un tempsjusqu' ce qu'il atteigne un certain maximum qui est peu lev ; aprs quoi il diminuejusqu' zro; puis il est remplac par une fatigue croissante, et par un dsir ardent derepos et de changement. Dans le travail intellectuel cependant, lorsque le plaisir etl'excitation ont commenc, ils vont souvent en augmentant jusqu' ce que l'on s'arrtepar ncessit ou par prudence. Tout homme bien portant a une certaine quantitd'nergie o il peut puiser, mais qu'il ne peut remplacer que par le repos; de sorte quesi sa dpense excde ses rserves, sa sant finit par tre branle ; et les employeursconstatent souvent que, dans les cas de grande presse, une augmentation temporairede salaire leur permet d'obtenir des ouvriers une somme de travail que ceux-ci sontincapables de fournir longtemps, quel que soit le salaire qu'on leur donne. Une raisonde ce fait c'est que, pour toute augmentation des heures de travail au-del d'unecertaine limite, le besoin de repos devient plus pressant. mesure que le travail seprolonge, le dsagrment qu'il cause va en augmentant, et, s'il en est ainsi, c'est enpartie parce que, mesure que diminue le temps laiss au repos et aux autres genresd'activit, le plaisir que procure le loisir augmente.

    Avec ces rserves et quelques autres, il reste vrai d'une faon gnrale que lasomme de fatigues que des ouvriers consentent supporter, augmente ou diminue sila rmunration qui leur est offerte hausse ou baisse. De mme que le prix ncessairepour attirer assez d'acheteurs pour une quantit donne d'une marchandise a tappel le prix de demande (demand price) pour cette quantit pendant une anneou tout autre laps de temps donn ; de mme le prix qu'il faut payer pour que deshommes consentent supporter la peine ncessaire produire une quantit donned'une marchandise, peut tre appel le prix d'offre (supply price) pour cettequantit pendant le mme temps. Et si, pour le moment, nous supposons que laproduction dpende seulement des efforts d'un certain nombre de travailleurs vivantset dj exercs leur tche, nous aurons un tableau de prix d'offre correspondant autableau de prix de demande que nous avons examin prcdemment. Ce tableauindiquerait thoriquement dans une premire colonne les diverses sommes d'efforts etpar suite les diverses quantits produites, dans une autre colonne parallle les prix quidoivent tre pays pour amener les travailleurs disponibles fournir ces sommesd'efforts 2.

    Mais cette mthode simple d'envisager l'offre des efforts d'une certaine espce, etpar suite l'offre des marchandises produites par eux, suppose que le nombre de ceuxqui sont qualifis pour les fournir est fixe; et cette supposition n'est vraie que pour despriodes de temps courtes. Le chiffre de la population change sous l'action d'un grandnombre de causes. Quelques-unes seulement sont des causes conomiques ; or, parmi

    1 Theory of Political Economy, ch. V. Cette thorie a t dveloppe sur bien des points par les

    conomistes autrichiens et amricains.2 Voir ci-dessus liv. III, ch. III, 4.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 15

    celles-l, la rmunration moyenne du travail occupe une place prpondrante, bienque son influence sur la population soit capricieuse et irrgulire 1.

    Mais la rpartition de la population entre les diffrentes professions est beaucoupplus sujette l'influence des causes conomiques. la longue, l'offre de travail dansune profession quelconque s'adapte plus ou moins troitement la demande : lesparents sages poussent leurs enfants vers les plus avantageuses des professions quileur sont ouvertes, c'est--dire vers celles qui offrent la meilleure rmunration ensalaires et en autres avantages, sans exiger un travail trop rigoureux comme quantitou comme genre, ni une habilet trop difficile acqurir. Cette adaptation entre lademande et l'offre ne peut pourtant jamais tre parfaite ; les fluctuations de lademande peuvent faire qu'elle soit pendant un temps, mme pendant plusieurs annes,beaucoup plus forte ou beaucoup plus faible qu'il n'est ncessaires pour amener lesparents choisir pour leurs enfants telle profession plutt que telle autre. Ainsi doncil existe certaines relations entre la rmunration que l'on reoit pour un genre detravail quelconque, et la difficult d'acqurir les aptitudes ncessaires ce travail en yajoutant la fatigue, le dsagrment, la privation de loisir, etc., qu'il entrane. Nan-moins, ces relations sont sujettes de grandes perturbations. L'tude de ces perturba-tions est une tche difficile. Elle nous retiendra beaucoup lorsque nous serons plusavancs dans le cours de cet ouvrage. Mais le livre actuel est surtout descriptif et nesoulve qu'un petit nombre de problmes difficiles.

    1 Dans l'dition prcdente le mot travail (labour) tait employ dans cette discussion au lieu du

    mot, effort (work). Comme malheureusement, l'expression offre de travail a t ensuiteemploye pour dsigner l'offre d'ouvriers, ce passage a t mal compris. On a cru qu'il impliquaitque les considrations conomiques seules dterminent le taux de dveloppement de la population.Voir par exemple Annals of American Academy, VII, p. 100. Ce serait naturellement faux. Voir ci-dessous ch. IV, 5.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 16

    Principes dconomie politique : tome 1 :livre IV : Les agents de la production

    Chapitre deuxLa fertilit du sol

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    1. - On dit gnralement que les facteurs de la production sont la terre, l'hommeet le capital ; en comprenant sous le nom de capital les objets matriels qui doiventleur utilit au travail de l'homme, et sous le nom de terre celles qui ne doivent rien ce travail. La distinction est manifestement assez lche : les briques, par exemple, nesont que des morceaux de terre lgrement travaills ; tandis que le sol des vieux paysa t pour la plus grande partie travaill par l'homme pendant des sicles et c'est l'homme qu'il doit son aspect actuel. Cette distinction repose cependant sur une basescientifique. L'homme n'a pas le pouvoir de crer de la matire, il cre seulement desutilits en donnant aux choses une forme utilisable 1, et l'offre de ces utilits crespar lui peut tre augmente si la demande augmente : elles ont un prix d'offre (supplyprice). Mais il est d'autres utilits sur l'offre desquelles l'homme n'a aucun pouvoir;elles sont donnes par la nature en quantit fixe et, par suite, n'ont pas de prix d'offre.Le mot terre a t employ dans un sens large par les conomistes, de manire embrasser les sources permanentes de ces utilits 2, qu'elles se trouvent dans la terre,

    1 Voir livre II, chap. III.

    2 Par exemple dans la phrase clbre de Ricardo a les puissances originelles et indestructibles du

    sol . De Thnen dans une discussion remarquable sur les fondements de la thorie de la rente, etsur la faon dont Adam Smith et Ricardo l'ont conue, parle du sol en soi (Der Boden an

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 17

    au sens o ce mot est pris d'ordinaire, ou dans la mer, dans les rivires, dans lalumire du soleil, dans la pluie, dans les vents et dans les chutes d'eau.

    Si nous recherchons quel est le caractre qui distingue la terre des chosesmatrielles que nous considrons comme des produits de la terre, nous constateronsque l'attribut, fondamental de la terre c'est son tendue. Le droit de se servir d'unepice de terre rend matre d'une certaine tendue, d'une certaine portion de la surfacede la terre. La surface de la terre est fixe ; les relations gomtriques entre telle de sesparties et les autres sont fixes. L'homme n'a aucun pouvoir sur elles ; elles chappententirement l'influence de la demande ; elles n'ont pas de cot de production, il n'y apas de prix d'offre (supply price) auquel elles puissent tre produites.

    L'usage d'une certaine tendue de la surface de la terre est une condition primor-diale pour que l'homme puisse faire quoi que ce soit ; par l l'homme se procure laplace qu'il lui faut pour agir, et la jouissance de la chaleur, de la lumire, de l'air et dela pluie que la nature assigne cette tendue de terre ; par l se trouve dtermine ladistance qui le spare des autres choses et des autres personnes, et dans une grandemesure ses relations avec elles. Nous verrons que c'est cette particularit de la terre,quelque insuffisante pourtant que soit la place qui lui a t faite jusqu' prsent, quiest la cause dernire de la distinction que tous les conomistes sont obligs de faireentre la terre et les autres choses, C'est la base de beaucoup de questions qui sontparmi les plus intressantes et les plus difficiles de la science conomique.

    Certaines parties de la surface de la terre contribuent la production princi-palement par les services qu'elles rendent la navigation ; d'autres ont surtout de lavaleur pour l'industrie des mines ; d'autres pour construire, bien que pour celles-ci lechoix soit plutt fait par l'homme qu'impos par la nature. Mais lorsque nous parlonsde la productivit de la terre, nous pensons d'abord son emploi dans l'agriculture.

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    2. - Pour l'agriculteur une certaine tendue de terre est un moyen de faire vivreune certaine quantit de vgtaux, et peut-tre ensuite un certain nombre d'animaux.Dans ce but, le sol doit possder certaines qualits mcaniques et chimiques.

    Au point de vue mcanique, le sol doit tre assez meuble pour permettre auxminces racines des plantes d'y pntrer aisment, et pourtant assez compact pour leurdonner une prise solide. II ne doit pas, comme certains sois sablonneux, donner l'eau un trop libre passage; sinon il est souvent sec, et la subsistance de la plante estentrane par l'eau presque aussitt qu'elle se forme dans le sol ou qu'on l'y introduit.Il ne doit pas non plus, comme les sols argileux, empcher l'eau de passer, car il estessentiel que le sol reoive constamment en certaine quantit l'eau frache, et l'airqu'elle entrane avec elle sur son passage ; l'eau et l'air transforment en aliments pourla plante les matires minrales et gazeuses qui, sans eux, n'auraient pour elle aucuneutilit ou seraient mme pernicieuses. L'action de l'air, de l'eau et des geles est pourle sol un labourage naturel ; mme sans l'aide de l'homme elle suffirait, avec le temps, rendre fertiles presque toutes les parties de la surface de la terre si le sol n'tait pas

    sich) ; c'est une expression malheureusement difficile traduire, mais qui vise le sol tel qu'il seraits'il n'avait pas t modifi par l'action de l'homme (Der Isolirte Staat, I, i, 5).

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 18

    arrach et entran par la pluie et par les torrents. Mais l'homme fournit une aidepuissante pour cette prparation du sol. Le principal rle de son labourage est d'aiderles plantes prendre dans le sol une prise aise mais solide, et de permettre l'air et l'eau d'y pntrer librement. Mme lorsqu'il fournit au sol de l'engrais, c'est encorecette prparation mcanique que l'homme a en vue. Car l'engrais de ferme agit sur lessols argileux pour les diviser et les rendre plus lgers et plus ouverts, tout autant quepour les enrichir chimiquement ; tandis qu'aux sols sablonneux il donne une plusgrande fermet, qui les aide retenir les matires dont se nourrit la plante, et qui, sanscela, seraient rapidement entranes par l'eau.

    Au point de vue chimique, le sol doit possder les lments inorganiques dont laplante a besoin, et sous une forme qui lui convienne. La plus grande partie du corpsde la plante est forme de ce que l'on appelle des composs organiques , c'est--dire de composs de carbone principalement avec de l'oxygne, de l'hydrogne et dunitrogne 1 ; la plante tire la plupart de ces lments de l'air et de l'eau. Une petitepartie seulement (environ un vingtime en moyenne) de sa masse sche est forme dematires minrales que la plante ne peut tirer que du sol. Si le sol est riche aux autrespoints de vue, et dans de bonnes conditions au point de vue mcanique, mais manqued'acide phosphorique, de potasse, de chaux et des autres lments minraux dont lesplantes ont besoin, alors il est possible l'homme, avec trs peu de travail, de lui fairesubir de grandes modifications. Il peut transformer un sol strile en un sol trs fertileen lui donnant prcisment les lments dont il manque, en employant soit la chauxsous quelques-unes de ses nombreuses formes, soit ces engrais artificiels que lachimie moderne fournit en grand nombre 2.

    1 On les appelle organiques, non pas parce qu'elles sont organises, mais parce qu'elles se trouvent

    dans les organismes vgtaux et animaux, et parce qu'il fut un temps o les chimistes pensaientqu'elles ne pouvaient devoir leur existence qu' un dveloppement organique. Mais Liebig amontr que c'tait une erreur de supposer que les plantes puissent absorber les matiresorganises ; celles-ci doivent devenir inorganises avant de pouvoir leur servir d'aliments.

    2 De plus, ces engrais spciaux sont de la plus haute importance pour fournir les lments minraux

    ncessaires l'alimentation de la plante, et dont le sol est dpouill par les produits animaux etvgtaux qui sont vendus au loin. Il est vrai que le sol lui-mme possde souvent ces lments engrandes provisions latentes . Elles sont latentes parce qu'elles ne se trouvent pas dans lesconditions chimiques et mcaniques ncessaires pour tre consommes par la plante. Pour lesmettre dans ces conditions ncessaires, et leur rendre leur rle actif comme aliments, il faut leurfournir de l'oxygne et du gaz acide carbonique. Cela s'obtient par un labourage convenable quioblige le sous-sol lui-mme donner ses provisions d'lments nutritifs latents, s'il en a; dans cecas le sol peut rester fertile sans qu'on se serve beaucoup d'engrais spciaux, surtout si on luirestitue sous la forme d'engrais de ferme une grande partie des lments constitutifs qu'il a perdus.Cet engrais contient tout ce qu'il faut pour la vie de la plante, mais en proportions ingales. Il al'avantage de rpartir en petites molcules sur toute la surface du soi tout ce dont la plante abesoin : chaque radicelle, mise en contact avec des matires vgtales en dcomposition, trouve sa disposition tout ce qu'il lui faut ; rien n'est perdu. Mais il consiste principalement en compossorganiques que la plante pourrait au besoin tirer de l'atmosphre. Cependant les compossorganiques contenus dans l'engrais de ferme, et dans les autres matires vgtales endcomposition, sont d'une grande utilit, mme cet gard, car ils agissent sur les lmentsnutritifs minraux qui dorment dans le sol pour leur donner un rle actif et en former desprovisions pour la plante. Certaines rcoltes absorbent une quantit exceptionnellement grande decertains lments minraux, et il peut arriver que ceux-ci ne soient pas restitus sous la formed'engrais prcisment la mme terre o ils ont t enlevs. Notre habitude moderne de jeter leseaux d'got la mer, rend plus ncessaire qu'autrefois l'emploi des engrais artificiels.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 19

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    3. - Par tous ces moyens l'homme peut agir sur la fertilit du sol. Il peut, par untravail suffisant, faire donner par presque n'importe quelle terre d'abondantes rcoltes.Il peut, en prparant le sol au point de vue mcanique et chimique, faire venir larcolte qu'il veut. Il peut adapter ses cultures la nature du sol, et inversement. Il peutchoisir une rotation de cultures qui laisse le sol libre un moment de l'anne, dans untat qui lui permette d'ensemencer aisment et sans perte de temps pour la rcoltesuivante 1. Il peut mme modifier d'une faon durable la nature du sol, en le drainant,ou en le mlangeant avec un autre sol qui supplera ce qui lui manque 2.

    Toutes ces transformations s'effectueront probablement d'une faon plus tendueet plus complte dans l'avenir que dans le pass. Mais ds maintenant la plus grandepartie du soi dans les vieux pays doit beaucoup de ses caractres l'action del'homme ; toute la partie du sol qui se trouve prs de la surface renferme une grandesomme de capital, le produit du travail pass de l'homme : les proprits inhrentes ouindestructibles du sol, les dons gratuits de la nature ont t grandement modifis ; desgnrations d'hommes y ont, par leur travail, enlev ou ajout beaucoup.

    Mais il en est autrement pour la partie qui se trouve au-dessus de la surface. Lanature lui fournit une certaine somme annuelle de chaleur et de lumire, d'air etd'humidit ; or sur tout cela l'homme n'a que peu de pouvoir. Il peut, il est vrai,modifier lgrement le climat en faisant des travaux tendus de drainage, en plantantdes forts, ou en les jetant bas. Mais, en somme, l'action du soleil, du vent et de lapluie est un don octroy gratuitement par la nature chaque morceau de terre. Laproprit de la terre en-procure la jouissance ; elle donne aussi l'espace qui estncessaire la vie et l'action des vgtaux et des animaux, la valeur de cet espacedpendant d'ailleurs beaucoup de la situation gographique.

    Nous pouvons donc continuer nous servir de la distinction courante entre lesproprits originelles ou inhrentes que le sol doit la nature, et les proprits

    1 La base de la plupart des rotations modernes de culture, en Angleterre, est le systme de Norfolk

    (Norfolk course), qui a t appliqu par M. Coke (Lord Leicester) pour permettre aux sols lgers,et soi-disant pauvres, de donner de bonnes rcoltes de bl. La premire rcolte, dans ce systme,est une rcolte de navets ; ils n'ont pas besoin d'tre sems avant mai on juin; l'hiver et leprintemps qui suivent la rcolte de bl par laquelle se termine ce systme de rotations, peuventdonc tre employs labourer, nettoyer et fumer. Au printemps de la seconde anne on smeensemble de l'orge et du trfle. Dans la troisime anne le trfle est consomm. La terre peut trelaboure temps pour semer l'automne du bl qui trouve le sol affermi au point de vuemcanique par les racines du trfle et amlior au point de vue chimique par le nitrogne que cesexploratrices, quelque peu aventureuses, ont fait monter du sous-sol. D'aprs ces donnes, uneimmense varit de rotations ont t appliques selon la diversit des sols et des conditionsd'exploitation ; beaucoup d'entre elles s'tendent six ou sept ans. On a fait notre poque destentatives encourageantes pour remplacer les engrais chimiques artificiels par les engraismicrobiens , c'est--dire en propageant artificiellement des microbes qui ont la proprit d'extrai-re de l'air le nitrogne, et de l'accumuler dans les nuds des racines des plantes lgumineuses.

    2 Jusqu'ici cela n'a t fait que sur une petite chelle ; la craie et la chaux, l'argile et la marne n'ont

    t rpandus sur les champs qu'en petites quantits ; il est rare que l'on ait fait un soi compltementnouveau, sauf dans des jardins et autres endroits favoriss. Mais il est possible, et mme probable,que plus lard les instruments mcaniques servant faire les chemins de fer et autres grands travauxde dfoncement, seront employs sur une grande chelle pour crer un sol riche en mlangeantdeux terres pauvres ayant des dfauts opposs.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 20

    artificielles qu'il tire de J'action de l'homme, la condition de nous rappeler que lespremires comprennent, pour chaque terrain envisag, sa situation dans l'espace(space-relations) et la somme annuelle de soleil, d'air et de pluie que la nature luifournit ; de nous rappeler aussi que, dans beaucoup de cas, ce sont l les principalesproprits inhrentes du sol. C'est surtout d'elles que la proprit de la terre agrairetire son importance particulire, et la thorie de la rente son caractre spcial [Voir lanote dans lencadr ci-dessous :].

    Le tableau suivant extrait du Memoir of the Royal Agricultural Society cit ci-dessus, indique par anne lesdpenses en capitaux dans quatre fermes types anglaises :

    Dsignation Valeurtotale

    Cot desbtiment

    s de laferme et

    deshabitatio

    ns desfermiers

    Clture etchemins

    Drainage

    Valeur dusol dansson tatnaturel

    Capital dufermier

    Rentes

    . sh. . sh. . sh. d. . sh. . sh. d. . sh. d. . sh.

    Ferme laiterie 75 0 12 15 2 10 0 5 0 54 15 0 12 0 0 2 10Moiti terre arable etmoiti pturages

    45 0 8 0 2 00 0 0 35 0 0 12 0 0 1 10

    Idem en rgion leve 30 0 6 7 1 00 0 0 22 13 0 10 0 0 1 0

    Pturages 94 10 7 0 1 13 4 0 0 85 16 8 12 0 0 3 3

    Mais la baisse de prix des produits agricoles qui avait commenc en 1878, poque o le Mmoire a t crit,a continu d'une marche plus rapide depuis lors, et beaucoup pensent que la hausse de valeur de la terre enAngleterre pendant la dernire gnration est simplement la contre-partie ds capitaux dpenss en amliorationsdurables; c'est--dire que les proprits originelles du sol pour les usages agricoles n'auraient pas vu leur valeurrelle augmenter. M. Leroy-Beaulieu (Rpartition des Richesses, ch. II) pense que c'est en tout cas ce qui s'estproduit en Belgique et en France ; M. Pell soutient une opinion semblable pour l'Angleterre en s'appuyant surquelques exemples statistiques instructifs (voir son article The Making of the Land in England, dans Journal of'the Royal Agricultural Society, vol. XXIII). La valeur des fermes aux tats-Unis tait de 6.645.000.000 dollarsen 1860 ; elle s'est leve 7.500.000.000 (estimes en or) en 1870, et 10.197.000.000 en 1880. Mais comme lesignale le gnral Walker (Tenth Census, vol. VII, p. 23) : C'est un trait ordinaire des inflations de prix dues aupapier monnaie que le prix des immeubles, en particulier celui des immeubles ruraux, commence hausser plustard et continue moins longtemps hausser que les prix des marchandises . Ne tenant alors compte que de lamoiti de la prime de l'or, il obtient pour 1870 la valeur de 8.250.000.000 dollars, et il arrive ainsi uneaugmentation d'environ 24 0/0 dans chacune des deux dcades.

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    4. - La question de savoir dans quelle mesure la fertilit d'un terrain est due auxproprits originelles fournies par la nature, et dans quelle mesure aux transfor-mations que lui a fait subir l'homme, ne peut pas tre discute fond si l'on ne tientpas compte du genre de produits que ce terrain donne. L'action de l'homme abeaucoup plus de prise sur certains produits, sur certaines rcoltes, que sur d'autres. un bout de l'chelle se trouvent les arbres des forts ; un chne bien plant et ayantassez de place autour de lui a peu attendre du secours de l'homme : il n'y a pasmoyen d'obtenir un rendement considrable pour le travail qu'on lui consacrerait. an

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 21

    peut en dire peu prs autant de l'herbe dans certains bas-fonds de rivires quijouissent d'un sol riche et d'un bon drainage naturel; les animaux sauvages quibrouteraient cette herbe sans aucune intervention de l'homme en tireraient presqueautant de parti que lui; une grande partie du sol des plus riches fermes d'Angleterre(payant un fermage de 6 par acre et au-del) produirait presque autant sous la seuleaction de la nature, sans l'aide de l'homme. Ensuite viennent les terrains qui, sans tretout fait aussi riches, sont encore gards en prairies naturelles. Ensuite vient la terreai-able o l'homme ne s'en remet pas la nature pour l'uvre de l'ensemencement,mais o il donne la terre, avant de semer, une prparation approprie chaque genrede rcolte, o il sme les graines lui-mme et enlve les mauvaises herbes quipourraient leur nuire. Les plantes qu'il sme sont choisies par lui pour leur aptitude mrir vite, et dvelopper prcisment celles de leurs parties qui lui sont le plusutiles ; bien que l'habitude de faire ce choix avec soin soit tout fait moderne, et quemme, l'heure actuelle, elle soit loin d'tre gnrale, cependant le travail continu demilliers d'annes a donn l'homme des plantes qui ne ressemblent que bien peu leurs anctres sauvages. Enfin les genres de produits qui doivent le plus au travail etaux soins de l'homme, ce sont les espces les plus rares de fruits, de fleurs, delgumes et d'animaux, en particulier les types qui sont employs pour amliorer leurpropre espce. Tandis que, en effet, la nature laisse elle-mme choisirait lesespces qui sont le mieux capables de se tirer d'affaire toutes seules, l'homme choisitcelles qui lui procurent le plus rapidement et en plus grande quantit les choses dont ila le plus besoin ; beaucoup des produits les plus recherchs ne pourraient passubsister sans ses soins.

    On voit donc combien sont varis les rles que l'homme joue pour aider la nature donner les diffrents genres de produits agricoles. Dans chaque cas il travaillejusqu' ce que le rendement supplmentaire que lui donnent de nouvelles doses decapital et de travail ait si bien diminu qu'il ne soit plus rmunr de leur emploi. Lo cette limite est vite atteinte, il laisse la nature accomplir seule presque toutl'ouvrage ; partout o son rle dans la production est considrable, c'est qu'il a t mme d'aller loin sans atteindre cette limite. Nous sommes ainsi amens tudier laloi du rendement dcroissant.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 22

    Principes dconomie politique : tome 1 :livre IV : Les agents de la production

    Chapitre troisLa fertilit du sol (suite)La tendance au rendement dcroissant

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    1. - La loi ou l'expos de la tendance au rendement dcroissant peut provi-soirement s'noncer de la faon suivante :

    Une augmentation du capital et du travail employs la culture de la terre amne,en gnral, une augmentation moins que proportionnelle dans la quantit du produit, moins qu'il ne lui arrive de concider avec un progrs de l'art agricole.

    L'histoire et l'observation nous apprennent que tout agriculteur, quelque poqueet sous quelque climat que ce soit, dsire avoir sa disposition une bonne tendue deterre, et que, s'il ne peut pas l'avoir gratuitement, il se la procure en payant, quand ilen a les moyens. S'il pensait qu'il puisse obtenir d'aussi bons rsultats en appliquant latotalit de son capital et de son travail sur un trs petit morceau de terre, il s'encontenterait et ne paierait pas pour en avoir davantage.

    Lorsque l'on peut se procurer pour rien de la terre qui ne demande aucun dfri-chement, chacun en emploie la quantit qu'il pense devoir donner le plus grandrendement son capital et son travail. Sa culture est extensive , et non pas

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 23

    intensive . Il ne cherche pas tirer le plus grand nombre possible d'hectolitres debl d'une acre donne, car alors il ne cultiverait qu'un petit nombre d'acres. Son butest d'obtenir la moisson totale la plus grosse possible avec une dpense donne desemences et de travail ; il ensemence donc autant d'acres qu'il peut trouver le moyend'en cultiver. Naturellement, il peut aller trop loin ; il peut se faire qu'il embrasse unetendue tellement grande qu'il ait avantage concentrer son capital et son travail surun espace plus restreint. Dans ces conditions, s'il pouvait disposer de plus de capitalet de plus de travail, de faon en employer davantage sur chaque acre, la terre luidonnerait un rendement croissant (rendement plus que proportionnel), c'est--dire unrendement supplmentaire proportionnellement plus grand que celui qu'il tire dessommes de capital et de travail actuellement dpenses par lui. Mais s'il a fait sescalculs avec exactitude, il emploie juste la quantit de terre qui peut lui donner lerendement le plus lev ; de sorte qu'il subirait une perte en concentrant son capital etson travail sur une plus petite tendue. S'il pouvait disposer de plus de capital et deplus de travail, et s'il en employait davantage la terre qu'il cultive actuellement, ilaurait moins de bnfice qu'il n'en aurait prendre plus de terre ; il obtiendrait unrendement dcroissant, c'est--dire que le rendement supplmentaire qu'il obtiendraitserait proportionnellement plus petit que celui qu'il tire des dernires doses de capitalet de travail employes par lui l'heure actuelle, la condition, bien entendu, qu'il n'yait pas eu pendant ce temps d'amlioration sensible dans ses procds de culture. mesure que ses fils grandissent, la somme de capital et de travail dont ceux-ci dispo-sent ira en augmentant, et, pour viter de n'en tirer qu'un rendement dcroissant, ilfaudra qu'ils cultivent une plus grande tendue de terre. Mais comme, ce moment-l,toutes les terres voisines seront peut-tre dj occupes, ils seront pour cela obligsd'en acheter, ou de payer un fermage pour pouvoir s'en servir, ou d'migrer dans desrgions o ils puissent s'en procurer pour rien.

    Cette tendance au rendement dcroissant a t la cause de la sparationd'Abraham et de Loth 1, et de la plupart des migrations de peuples dont l'histoire nousparle. Partout o le droit de cultiver la terre est trs recherch, nous pouvons tre srsque la tendance au rendement dcroissant est en pleine action. Si elle n'existait pas,chaque fermier pourrait conomiser la presque totalit de son fermage en ne gardantqu'un petit morceau de terre, et en y dpensant tout son capital et tout son travail. Sitout le capital et tout le travail qu'il emploierait ainsi sur ce morceau de terre donnaitun rendement proportionnellement aussi grand que le capital et le travail qu'il emploiemaintenant, il obtiendrait de ce morceau de terre une somme de produits gale cellequ'il tire maintenant de toute sa ferme ; il ferait ainsi un bnfice net gal au montantde son fermage, moins le fermage qu'il paierait pour le morceau de terre gard par lui.

    On peut accorder que la passion pousse souvent les fermiers prendre plus deterre qu'ils n'en peuvent bien cultiver ; presque toutes les autorits en matire d'agri-culture, depuis Arthur Young, ont insist sur cette erreur. Mais lorsqu'ils disent qu'unfermier aurait avantage employer son capital et son travail sur une tendue pluspetite, ils ne veulent pas ncessairement dire qu'il obtiendrait un plus gros revenubrut. Il suffit, dans leur raisonnement, que l'conomie rsultant d'un moindre fermagedpasse la diminution que subira probablement le rendement total que le fermier tirede sa terre. Si un fermier paye comme fermage un quart de ses produits, il auraitavantage concentrer son capital et son travail sur une moindre tendue de terre, lacondition que le surplus de capital et de travail dpens sur chaque acre donne un

    1 La terre ne pouvait pas les porter en leur permettant de vivre ensemble : car il fallait beaucoup

    pour les nourrir, aussi ne pouvaient-ils pas vivre ensemble. Gense, XIII, 6.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 24

    rendement suprieur des trois quarts celui qu'il en obtenait avec son ancienne faonde le dpenser.

    De plus, on peut accorder que beaucoup de terres, mme dans un pays aussiavanc que l'Angleterre, sont cultives d'une faon si maladroite qu'elles pourraientdonner plus du double de leur produit brut actuel si on y dpensait avec intelligencedeux fois plus de capital et de travail. Il faut probablement donner raison ceux quisoutiennent que si tous les fermiers anglais taient aussi habiles, aussi sages et aussinergiques que les meilleurs d'entre eux, ils pourraient employer avec profit deux foisplus de capital et de travail qu'ils n'en emploient l'heure actuelle. En supposant quele fermage soit gal au quart de la production actuelle, pour quatre cents kilos deproduits qu'ils obtiennent l'heure actuelle, ils en obtiendraient sept cents ; on peutadmettre qu'avec des mthodes encore plus perfectionnes ils pourraient obtenir huitcents kilos, ou mme davantage. Mais cela ne prouve pas que, dans l'tat actuel deschoses, une plus grande somme de capital et de travail puisse faire donner la terreun rendement croissant. Il reste vrai que, en prenant les fermiers tels qu'ils sont, avecl'habilet et l'nergie qu'ils possdent rellement, nous constatons comme rsultatd'une observation universelle, que ce n'est pas pour eux le moyen de s'enrichir rapide-ment que de faire abandon d'une grande partie de leurs terres, de concentrer tout leurcapital et tout leur travail sur le reste, et de faire l'conomie du fermage de tout cequ'ils ne gardent pas. La raison pour laquelle il ne peut pas en tre ainsi se trouvedans la loi du rendement dcroissant.

    Il importe de rappeler que le rendement du capital et du travail que vise la loi, semesure d'aprs la quantit des produits, indpendamment de tous les changements quipeuvent survenir dans leur prix : changements, par exemple, qui peuvent se produiresi un nouveau chemin de fer vient tre construit dans le voisinage, ou si unenouvelle ville s'y dveloppe. De pareils changements auront une importance vitalelorsque nous tirerons la consquence de la loi du rendement dcroissant, et enparticulier lorsque nous discuterons l'effet d'une augmentation de population sur lesmoyens de subsistance. Mais ils ne touchent pas la loi elle-mme, parce qu'elle nes'applique pas la valeur des produits, mais seulement leur quantit.

    Nous pouvons maintenant exprimer nettement les rserves qu'impliquaient lesmots en gnral dans notre expos provisoire de la loi. La loi constate une ten-dance qui peut, il est vrai, tre momentanment entrave par le progrs des arts de laproduction, et par la marche capricieuse que suit le plein dveloppement des qualitsdu sol; mais son action devient finalement irrsistible lorsque la demande des produitsaugmente sans limite. Nous pouvons ainsi donner notre formule dfinitive de latendance en la divisant en deux parties, de la faon suivante :

    Il peut se faire qu'un progrs de l'art agricole lve le taux du rendement que laterre procure pour une somme donne de capital, et de travail ; d'autre part, la sommede capital et de travail dj employe sur une terre peut avoir t insuffisante pour leplein dveloppement de toutes ses qualits, de sorte qu'une dpense supplmentaire ydonne, mme dans l'tat actuel de l'art agricole, un rendement plus que proportionnel :nanmoins ces conditions se prsentent rarement dans un vieux pays. En dehors descas o elles se rencontrent, l'emploi d'une somme plus grande de capital et de travailsur une terre augmente le total des produits d'une quantit moins que proportionnelle, moins que pendant ce temps l'habilet du cultivateur ne se soit accrue. - En secondlieu, quels que puissent tre dans l'avenir les progrs de l'art agricole, l'accroissementcontinu du capital et du travail employs sur une terre doit finalement produire une

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 25

    diminution du surplus de produits que l'on obtient pour une somme donne de capitalet de travail.

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    2. - En nous servant d'une expression suggre par James Mill, nous pouvonsregarder le capital et le travail employs sur une terre comme consistant en une sriede doses gales 1. Ainsi que nous l'avons vu, le rendement des premires doses peuttre petit et en augmentant le nombre des doses on peut alors obtenir un rendementtrs largement proportionnel ; le rendement de doses successives peut mme, danscertains cas exceptionnels, avoir des alternatives de hausse et de baisse. Mais notre loiindique que tt ou tard (en supposant qu'il n'y ait pas pendant ce temps de chan-gement dans les procds de culture), on atteindra un point aprs lequel les dosespostrieures donneront un rendement proportionnel moindre que les doses prc-dentes.

    La dose qui rmunre tout juste le cultivateur peut tre appele la dose limite, etson rendement, le rendement limite. S'il arrive qu'il y ait dans le voisinage une terrequi soit cultive mais qui paye tout juste ses dpenses, et ne laisse rien pour lefermage, nous pouvons admettre que l'on y est arriv l'emploi de cette dose limite.Nous pouvons alors dire que la dose de capital et de travail employe sur cette terreest employe sur une terre qui se trouve la limite de culture, et c'est l une faon deparler qui a le mrite de la simplicit. Mais il n'est pas ncessaire pour notre raison-nement de supposer qu'il existe une terre de ce genre ; ce qu'il nous faut pour fixernos ides, c'est le rendement de la dose limite : qu'elle soit employe sur une terrepauvre ou sur une terre riche, peu importe; tout ce qu'il faut, c'est qu'elle soit ladernire dose qui puisse tre employe avec profit sur cette terre 2.

    Lorsque nous parlons de la dose limite ou de la dernire dose employe surune terre, nous ne visons pas la dernire dans le temps, nous visons la dose qui est lalimite au-del de laquelle elle serait dpense sans avantage ; c'est--dire la dose quidonne juste au cultivateur le bnfice ordinaire que donnent le capital et le travail,sans y ajouter aucun bnfice supplmentaire. Pour prendre un exemple concret,supposons qu'un fermier songe faire encore une fois sarcler un champ, et qu'aprsquelque hsitation il se dcide le faire, mais en pensant que cela en vaut tout juste lapeine. La dose de capital et de travail dpense cette opration est alors la derniredose dans notre sens actuel, bien que beaucoup d'autres doses doivent encore treemployes pour moissonner. Bien entendu, le rendement de cette dernire dose nepeut pas tre spar des autres ; mais nous lui attribuons toute la partie de la rcoltequi, notre avis, n'aurait pas t produite si le fermier avait pris le parti de ne pasfaire sarcler une fois de plus [Voir la note ci-dessous dans lencadr :].

    1 Certaines difficults que prsente l'interprtation de ce terme sont examines dans une note la fin

    du chapitre.2 Ricardo savait bien cela, quoiqu'il n'y ait pas insist assez. Ceux des adversaires de sa thorie qui

    ont cru qu'elle ne s'applique pas aux rgions o toutes les terres donnent une rente, ont malcompris la nature de son argumentation.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 26

    Un exemple emprunt des expriences qui ont t suivies peut nous aider comprendre plus clairement cette ide du rendement d'une dose limite de capital et detravail. La station exprimentale de l'Arkansas (voir The Times, 18 nov. 1889) aconstat que quatre morceaux de terre d'un acre chacun, traits exactement de lamme faon, sauf au point de vue du labourage et du hersage, ont donn les rsultatssuivants :Terre Bughels rcolts par an

    1 Laboure une fois 162 Laboure une fois et herse une fois 18 1/23 Laboure deux fois et herse une fois 21 2/34 Laboure deux fois et herse deux fois 23 1/4

    Cela montre que la dose de capital et de travail employe herser une seconde fois unacre qui a dj t labour deux fois donne un rendement de 1 7

    12 de bushels. Et si la

    valeur de ces bushels, en tenant compte des dpenses pour moissonner, etc., quivautjuste cette dose augmente des profits normaux, alors. cette dose tait une doselimite, quoique elle ne ft pas la dernire au point de vue du temps, puisque pourmoissonner il a fallu en dpenser d'autres plus tard.

    Puisque le rendement de la dose employe la limite de culture rmunre juste lecultivateur, il s'ensuit qu'il sera tout juste rmunr pour la totalit du capital et dutravail dpenss par lui, s'il obtient autant de fois le rendement limite qu'il a en toutemploy de doses. Tout ce qu'il obtient en plus de cela est le surplus deproduction (surplus produce) du sol. Ce surplus reste aux mains du cultivateur s'ilest lui-mme propritaire de la terre [Voir la note dans lencadr ci-dessous :].

    Cherchons une illustration graphique. Prenons un champsur lequel on a dpens 50 de capital: on en tire une certainequantit de produits. On en tirera une quantit plus grande sion y dpense 51 . La diffrence entre ces deux quantits peuttre regarde comme tant le produit de la cinquante-et-unimelivre, et si nous considrons le capital dpens comme partagen doses successives de 1 chacune, nous pouvons dire quecette diffrence est le produit de la cinquante-et-unime dose.Reprsentons les doses par des divisions gales de la ligne OD.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 27

    Tirons en M, sur la division qui reprsente la cinquante-et-unime division, uneligne MP perpendiculaire OD, dont l'paisseur soit gale la longueur de chacunedes divisions, et dont la longueur reprsente la quantit de produits due lacinquante-et-unime dose. Faisons de mme pour chacune, des divisions jusqu' ladernire dose qu'il y ait avantage employer sur notre champ. Supposons que ce soitla 110e, en D, et que le rendement qu'elle donne, DC, rmunre tout juste lecultivateur. Les extrmits de ces lignes formeront la courbe APC. Le produit totalsera reprsent par la somme de ces lignes, c'est--dire, puisque l'paisseur de chaqueligne est gale la longueur de la division sur laquelle elle s'lve, qu'il est reprsentpar la surface ODCA. Tirons une ligne CGH parallle DO, coupant PM en G ; alorsMG est gal CD ; et puisque DC rmunre juste le cultivateur pour une dose, MG lermunre tout juste pour une autre : de mme pour toutes les portions des lignesverticales paisses qui se trouvent entre OD et BC. Par consquent, leur somme, c'est--dire la surface ODCH, reprsente la partie de, la production qui est ncessaire pourle rmunrer ; tandis que le reste, AHGCPA, est le surplus de production, lequel, danscertaines conditions, se transforme en fermage.

    Ce surplus de production peut, dans certaines conditions, devenir le fermage quele propritaire de la terre exigera du fermier. Mais, comme nous le verrons par lasuite, le fermage total dans un vieux pays est compos de trois lments: le premierest d la valeur du sol tel qu'il a t fait par la nature; le second aux amliorationsaccomplies par l'homme ; le troisime, qui est souvent le plus important de tous, audveloppement d'une population dense et riche, ainsi qu'aux facilits de communi-cation par routes, chemins de fer, etc.

    Dans un vieux pays il est rarement possible de dcouvrir quel a t l'tat primitifde la terre avant qu'elle n'ait t cultive. Les rsultats de bien des travaux de l'hommesont, en bien comme en mal, incorpors la terre ; on ne peut pas les sparer desrsultats ds l'uvre de la nature, et il faut les compter avec ceux-ci. La ligne dedmarcation entre l'uvre de la nature et l'uvre de l'homme est indcise, et ne peuttre trace que plus ou moins arbitrairement. Mais pour examiner l'uvre culturale dufermier, il vaut mieux, certains gards, supposer que les premires difficults dansla lutte avec la nature sont dj peu prs surmontes. Dans cette hypothse, lesrendements que donnent les premires doses de capital et de travail sont d'ordinaireles plus considrables de tous, et la tendance du rendement dcrotre se montre toutde suite. Envisageant surtout l'agriculture anglaise, comme Ricardo l'a fait, nouspouvons bien prendre ce cas comme exemple typique 1.

    1 C'est--dire que nous pouvons substituer la ligne pointille BA' BA (fig. 11) et regarder A'BPC

    comme la courbe type pour le rendement du capital et du travail employs dans l'agricultureanglaise. Sans doute pour les rcoltes de bl et pour certaines autres rcoltes annuelles on ne peutrien produire du tout sans un travail considrable. Mais, par contre, les prairies naturelles qui sesment d'elles-mmes donnent un bon rendement (brut) en btail, presque sans travail.

    Comme cela a dj t signal (Livre III, ch. III, 1) la loi du rendement dcroissant offre unetroite analogie avec la loi de la demande. Le rendement que la terre donne pour une dose decapital et de travail peut tre considr comme le prix que la terre offre pour cette dose. Lerendement que la terre procure au capital et au travail est, pour ainsi dire, la demande effectivequ'elle fait d'eux : son rendement pour une dose quelconque est son prix de demande pour cettedose, et la srie des rendements qu'elle donne pour des doses successives peut ainsi tre regardecomme son tableau de demande (demand schedule) : mais pour viter de faire confusion nousl'appellerons son tableau de rendement (return schedule). En face du cas de la terre que nous

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 28

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    3 - Recherchons maintenant de quoi dpend le taux de diminution oud'augmentation des rendements pour les doses successives de capital et de travail.Nous avons vu, combien varient les rsultats que l'homme peut atteindre lorsqu'il veutaller au-del de ce que la nature aurait produit sans son aide ; et nous avons vu que cerle de l'homme est beaucoup plus grand avec certains genres de rcoltes, aveccertains terrains, et avec certaines mthodes de culture, qu'avec d'autres. C'est ainsi,pour parler d'une faon gnrale, qu'il augmente mesure que nous passons des fortsaux pturages, des pturages aux terres arables, et des terres arables aux terrestravailles la bche ; et c'est pour cela que le taux de diminution du rendement est,en rgle gnrale, plus grand pour les forts, moindre pour les pturages, moindreencore pour les terres arables, et le plus faible pour les terres bches.

    Il n'y a pas de mesure absolue pour la richesse ou la fertilit d'une terre. Alorsmme qu'il n'y aurait pas de changement dans les arts de la production, une simpleaugmentation de la demande des produits peut intervertir l'ordre dans lequel setrouvent deux champs voisins au point de vue de la fertilit. Celui qui donne le moinsde produits lorsque tous deux restent sans culture, ou ne sont que faiblement cultivs,peut dpasser l'autre et devenir le plus fertile lorsqu'ils sont tous deux cultivs avec lemme soin. En d'autres termes, beaucoup de terrains qui sont parmi les moins fertileslorsque la culture est purement extensive, passent parmi les plus fertiles lorsqu'onemploie la culture intensive. Par exemple, un terrain de pturage avec drainagenaturel peut donner un rendement proportionnel considrable pour une trs faibledpense de capital et de travail, mais pour une dpense plus grande son rendementpeut dcrotre rapidement. mesure que la population augmente, il peut devenir peu peu avantageux de supprimer un peu de pturage et d'introduire une culture mixtede racines, de graines et de prairies ; le rendement pour des doses Supplmentaires decapital et de travail peut alors diminuer moins vite [Voir la note dans lencadr ci-dessous :].

    venons d'tudier dans le texte on peut mettre le cas de l'homme qui veut acheter du papier et quisera dispos payer un prix proportionnellement plus lev pour un papier qui couvriraitcompltement les murs de sa chambre que pour un papier qui n'en couvrirait que la moiti ; sontableau de demande accuserait un moment une augmentation et non pas une diminution du prixde demande pour un accroissement de quantit. Mais dans la demande totale d'un grand nombred'individus ces ingalits se dtruisent les unes les autres, de sorte que le tableau de demande d'ungroupe de gens accuse toujours une baisse constante du prix de demande pour tout accroissementde la quantit offerte. De mme, en runissant un grand nombre de pices de terre nous pouvonsobtenir un tableau de rendement qui accuserait une diminution constante pour toute augmentationdu capital et du travail employs. Mais il est plus ais, et certains gards plus important deconstater les variations de demande individuelle en ce qui concerne les terres qu'en ce quiconcerne les personnes. Et c'est pour cela que notre tableau de rendement type n'indique pas unediminution gale et uniforme du rendement, comme il en tait du prix de demande dans notretableau de demande type.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 29

    Ce cas est illustr par la figure 12. Lorsque la valeur relledes produits s'est leve dans le rapport de OH' OH (de sorteque la quantit ncessaire pour rmunrer le cultivateur pourune dose de capital et de travail est tombe de OH OH'), lesurplus de production s'lve seulement AH'C', qui n'est pasbeaucoup plus grand que son montant primitif AHC.

    D'autres terrains peuvent fournir de pauvres pturages, mais donner des rende-ments plus ou moins srieux lorsqu'on y emploie une grande somme de capital et detravail les labourer et les fumer ; leurs rendements pour les premires doses nesont pas trs levs, mais ils diminuent lentement [Voir la note dans lencadr ci-dessous :].

    Ce cas est reprsent par la figure 13, en supposant qu'unpareil changement dans le prix des produits rende le nouveausurplus de production, AH'C', environ trois fois aussi grand quel'ancien surplus AHC.

    D'autres terrains sont marcageux. lis peuvent, comme c'tait le cas pour lesmarais de l'est de l'Angleterre, ne donner presque que de l'osier et du gibier. Ou bien,comme c'est le cas dans beaucoup de rgions tropicales, en particulier sur le continentamricain, ils peuvent avoir une -vgtation abondante, mais tre tel point ravagspar la malaria qu'il soit difficile pour l'homme d'y vivre, et encore plus d'y travailler.Dans de pareils cas, les rendements du capital et du travail sont d'abord faibles, mais mesure que le drainage progresse, ils augmentent ; aprs quoi peut-tre ils baissent denouveau [Voir la note dans lencadr ci-dessous :]. Mais une fois que des amlio-rations de cette espce ont t accomplies, le capital plac dans le sol ne peut pas entre retir; la premire phase de l'exploitation ne se renouvelle plus, et la productionque donnent les emplois ultrieurs de capital et de travail accuse une tendance aurendement dcroissant 1.

    Ce cas est reprsent dans la figure 14. Les premires dosesde capital et de travail dpenses donnent un si faible rende-ment, qu'il ne vaudrait pas la peine de les dpenser si l'on n'avaitpas l'intention de pousser l'exploitation plus loin. Mais les dosessuivantes donnent un rendement croissant qui s'lve jusqu' Pet qui ensuite diminue. Si le prix que l'on tire des produits est sifaible qu'une quantit OH" soit ncessaire afin de rmunrer lecultivateur pour une dose de capital et de travail, il sera alorstout juste possible de cultiver cette terre avec profit.

    1 En pareil cas, les premires doses sont peu prs sres de rester enfouies dans le sol ; et le

    fermage pay, en cas de location, comprendra alors les intrts pour ces doses en outre du surplusde production ou vritable fermage. Naturellement, il faut tenir compte dans les diagrammes desrendements ds au capital du propritaire.

  • Alfred Marshall, Principes dconomie politique (1890), trad. fr., 1906 : livre IV 30

    Car la culture sera alors pousse jusqu' D" ; les premires doses laisseront un dficitreprsent par la surface H"AE"; et les suivantes un bnfice reprsent par E"PC".Or comme ces deux surfaces sont peu prs gales, l'exploitation payera alors toutjuste ses dpenses. Mais si le prix des produits s'lve et que OH suffise rmunrerle cultivateur pour une dose de capital et de travail, le dficit des premires doses serduit HAE, et le bnfice des autres s'lve EPC : le surplus net de production (levrai fermage au cas o la terre est loue) sera l'excdent de EPC sur HAE. Si le prixs'levait encore et que OH' suffise rmunrer le cultivateur pour une dose de capitalet de travail, ce surplus net s'lverait jusqu'au point trs lev reprsent parl'excdent de E'PC' sur H'AE'.

    Des changements semblables, quoique moins frappants, peuvent se produire pourdes terrains dj bien cultivs. Par exemple, sans tre marcageux, un terrain peutavoir besoin d'tre un peu drain pour enlever l'eau stagnante et pour permettre l'eaufrache et l'air d'y pntrer librement. Ou bien il peut se faire que la richessenaturelle du sous-sol soit plus grande que celle de la surface. Ou encore, tout enn'tant pas riche par lui-mme, le sous-sol peut possder prcisment les propritsdont la surface manque, et alors un systme complet de labourages profonds la