plan marshall 2.0

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Plan Marshall 2.0

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Donner un horizon à la Wallonie

Les analystes et les experts du développement régional s’accordent pour dire qu’une stratégie de redressement et de redéploiement durable nécessite un consensus des acteurs, de la constance dans l’action mais également du temps. Une vingtaine d’années est un délai fréquemment cité. La Wallonie se trouverait, donc, aujourd’hui, « au milieu du gué ». Dans ce contexte, la stratégie wallonne s’illustre indiscutablement par sa continuité. Elle a affirmé cette cohérence à travers les ajustements qui, en concertation avec les partenaires sociaux, ont permis de passer de la Déclaration de politique régionale complémentaire (1997) au Contrat d’Avenir pour la Wallonie (2000), au Contrat d’Avenir actualisé (2002), au Contrat d’Avenir renouvelé et aux Plans stratégiques transversaux (2004) et au « plan Marshall » (2005). Cette continuité s’est ainsi imposée par-delà les échéances électorales et les changements de majorités. En 2004, le Gouvernement précédent concluait la législature en exprimant sa conviction que, par-delà le renouvellement électoral, il fallait poursuivre dans la direction suivie depuis la fin des années 90, en pérennisant une stratégie qui bénéficiait du soutien de l’ensemble des partenaires sociaux. Il en fut largement ainsi et, mieux encore, le plan Marshall constitua un nouveau progrès dans la démarche, tant dans les mesures déployées que dans leur mode de gouvernance marqué par un recentrage beaucoup plus net sur des priorités socio-économiques clairement identifiées. Dans le même esprit, l’actuel Ministre-Président a annoncé, dans son discours des Fêtes de Wallonie 2008, le souhait du Gouvernement wallon et des partenaires sociaux de voir un « plan Marshall 2.0 » poursuivre et amplifier la stratégie wallonne, sur base des acquis engrangés et des enseignements de l’évaluation indépendante du plan Marshall. Tenant compte des événements récents et des perspectives d’évolution de la Wallonie au sein de l’Europe et du monde, le but de cette démarche est d’offrir à la Région une stabilité plus nécessaire encore en période de crise. La volonté est donc bien de contribuer à la continuité du processus dans un contexte – économique et institutionnel - où le rôle stabilisateur des Régions s’avère particulièrement précieux. Dans l’esprit du plan Marshall, cette réflexion a été menée en partenariat étroit avec les évaluateurs et consultants indépendants, en associant les partenaires sociaux et des membres de la société civile. Plusieurs sources ont ainsi nourri la réflexion :

- Les recommandations des partenaires sociaux wallons réunis au sein du CESRW concernant un futur plan d’actions prioritaires pour l’avenir wallon ;

- Les conclusions de l’IWEPS tirées de l’évaluation ;

- Le rapport du Délégué spécial ;

- Les conclusions de la « Commission Zénobe » réunissant, à l’initiative du Ministre wallon de l’Economie, des professeurs d’université, de hauts responsables d’entreprises, des responsables syndicaux, des consultants et des artistes ;

- Les pistes dégagées par les Assises de la Recherche, lancées par la Ministre responsable de cette matière et qui se sont nourries de rencontres nombreuses avec

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des représentants des universités, des centres de recherche agréés, des hautes écoles, des fédérations patronales et syndicales et des pôles de compétitivité ainsi que de l’interaction avec de nombreux chercheurs via le site internet développé à cette fin.

Ces contributions d’analystes indépendants et d’acteurs sociaux ont permis de dégager un certain nombre de pistes, évoquées synthétiquement ci-dessous. La présente note ne reprend pas toutes les propositions qui émanent de ces travaux, qui doivent rester des références importantes lorsqu’il s’agira de mettre en œuvre ces pistes, mais celles qui ont paru le plus structurantes. En effet, la présente note n’a pas pour ambition de couvrir tout ce qui devrait être fait dans le courant des prochaines législatures, mais ce qui devrait faire partie d’un plan d’actions prioritaires. Le Gouvernement a retenu de ces réflexions la nécessité d’élargir la démarche originale du plan Marshall de responsabilisation et de mise en réseau des entreprises à tous les secteurs susceptibles de s’y prêter, dont l’enseignement et la formation, l’innovation, la recherche, les industries culturelles et le développement local… Trois chantiers thématiques :

1. Créer de l’activité et de l’emploi par les entreprises, la recherche et l’innovation

2. Accéder à l’emploi par la formation et l’enseignement

3. Mobiliser le territoire Deux axes transversaux :

4. Inscrire la Wallonie dans la révolution énergétique

5. Optimaliser la gouvernance et renforcer l’image de marque de la Wallonie

1. CRÉER DE L’EMPLOI PAR LES ENTREPRISES, LA RECHERCHE ET

L’INNOVATION La mise en place des pôles de compétitivité constitue une mesure phare du plan Marshall. Aucun élément, ne permet aujourd’hui de remettre en cause les choix opérés à leur propos.

Néanmoins, le contexte macro-économique a largement changé depuis le démarrage du plan Marshall. Sans remettre en question ses axes, la crise économico-financière implique de renforcer les critères d’efficacité et d’efficience dans leur mise en œuvre. Le but doit être d’obtenir les résultats en recentrant encore les moyens sur les actions les plus pertinentes en termes de croissance du tissu économique régional.

Il s’agira donc de gommer plus encore les redondances éventuelles. Ceci postule d’associer plus étroitement encore les partenaires privés aux côtés des partenaires publics dans la définition et la mise en œuvre des projets de recherche et de poursuivre les efforts de simplification administrative.

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Dans une même optique de rationalité et de valorisation optimale des dispositifs mis en œuvre, les pôles de compétitivité wallons doivent être ouverts aux acteurs économiques des Régions bruxelloise et flamande. POSITIONNER LES SECTEURS ECONOMIQUES FORTS DE LA WALLONIE Le plan Marshall a uni les acteurs wallons autour d’une ligne de conduite claire. L’évaluation souligne la nécessité d’assurer la pérennité voire de conforter ces partenariats et synergies. Pour cela, il est proposé de :

• se concentrer sur la valorisation de l’innovation, en développant un portefeuille équilibré de projets devant aboutir à court, moyen et long termes ;

• proscrire toute redondance non justifiée d’investissements lourds entre laboratoires

privés, universitaires et/ou centres de recherche ;

• inciter chaque pôle de compétitivité à valoriser les recherches entamées et à programmer dès à présent les moyens à mettre en œuvre pour y aboutir ;

• valoriser sur une large échelle et dans tous les secteurs appropriés, les résultats et

les bonnes pratiques des pôles de compétitivité ;

• optimaliser et renforcer les synergies développées avec la Région bruxelloise et la Région flamande dans une optique de partenariat « gagnant-gagnant » à tous les stades de la recherche et de sa valorisation industrielle ;

• comme prévu par le décret « clustering », évaluer les secteurs des pôles de

compétitivité lorsque ceux-ci auront atteint leur vitesse de croisière. ASSURER AUX PME UNE PLACE DE PREMIER PLAN EN CONCENTRANT LES

MOYENS SUR LES PROJETS LES PLUS PORTEURS ÉCONOMIQUEMENT Il est proposé de :

• favoriser les PME en incluant l’intégration de nouveaux partenaires dans les critères de sélection des projets ;

• privilégier les projets les plus prometteurs et de diminuer la fréquence des appels à

projets relatifs aux pôles de compétitivité, pour éviter la multiplication des appels pouvant induire le dépôt de projets non suffisamment matures ;

• stimuler les pôles (et clusters) à mettre en œuvre des mécanismes de transferts

technologiques, en particulier au profit des PME ;

• intégrer davantage la dimension de valorisation industrielle de la recherche, notamment en faisant mieux connaître les thèmes étudiés au monde industriel et en répercutant les attentes du secteur de l’industrie vers les chercheurs ;

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• assurer un suivi encore plus professionnalisé des projets de recherche des pôles de

compétitivité en cours afin de réorienter ou, au besoin, d’arrêter ceux qui n’atteignent pas un niveau de valorisation suffisant ;

• stimuler transversalement la recherche et l’innovation dans les secteurs du

développement durable, notamment - comme ce fut le cas sous cette législature – par un appel à projets spécifique dans le cadre des pôles de compétitivité et des clusters.

GARANTIR UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE GLOBALE TOURNÉE VERS L’AVENIR Tous les facteurs et tous les secteurs de développement et de création d’emplois en Wallonie doivent être soutenus et valorisés. A côté de l’accent mis sur les PME et de la priorité accordée aux pôles de compétitivité et aux secteurs de pointe, les secteurs traditionnels, comme celui du métal et celui de la construction, doivent continuer à faire l’objet d’une attention soutenue pour assurer leur avenir dans les niches à haute valeur ajoutée où peut s’illustrer l’excellence wallonne. ELARGIR LA NOTION D’INNOVATION L’innovation n’est pas seulement technologique. Le concept d’innovation doit s’entendre au sens large. Il ne se limite pas à la technologie stricto sensu mais s’étend à de multiples domaines (économique, organisationnel, social, pédagogique, etc.). Le plan Marshall 2.0 devrait par conséquent renforcer les actions visant transversalement l’ensemble des champs et domaines de l’innovation. Toutes ces dimensions doivent être mieux valorisées, notamment au niveau des PME. Il y a lieu, également, d’intensifier le lien entre stimulation économique et technologique. Il est notamment proposé de :

• mener, à travers les politiques d’enseignement et de formation des actions de sensibilisation, dès le plus jeune à l’innovation, la créativité et l’esprit d’entreprendre ;

• développer systématiquement des « réseaux de connaissances » visant le partage

des connaissances, des méthodes et des bonnes pratiques, et construits à partir des réseaux existants (réseaux d’entreprises, universités, centres de recherche opérateurs de guidance, d’intermédiation technologique…) mais élargis à d’autres types d’acteurs (organismes de formation, gouvernements, administrations et OIP, intermédiaires financiers, banques d’affaires, business angels…).

STIMULER LA RECHERCHE En amont des mesures liées aux pôles de compétitivité, il convient de continuer à garantir la présence d’une recherche fondamentale diversifiée et de qualité et cela en vue d’améliorer continuellement la plus-value et la compétitivité des produits et services issus des

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entreprises wallonnes d’une part, de conserver nos chercheurs et d’attirer les chercheurs étrangers d’autre part. La recherche devra être stimulée à travers la continuation d’une stratégie cohérente et rationnelle d’orientation, d’organisation et de soutien des acteurs. Cette stratégie passe notamment par :

• le développement d’une recherche fondamentale prioritaire, dans le cadre du plan Marshall - via les programmes d’excellences et les bourses FRIA - fondée dans quelques domaines porteurs potentiels que le tissu scientifique et économique wallon est en mesure d’explorer, de valoriser et d’exploiter. Personne n’ayant une connaissance précise de ce que l’avenir amènera, ce ciblage ne doit cependant pas se faire au détriment des autres domaines de la recherche fondamentale ;

• l’accentuation d’un espace de recherche commun aux Académies. Par la création de

centres d’excellence inter-académies, dans les domaines où nous disposons d’équipes de recherche de très haut niveau. Ces centres bénéficieraient d’un soutien prioritaire sous certaines conditions de mutualisation des efforts et des équipements et d’évaluation régulière;

• en particulier la création d’instituts de recherche virtuels, sur un mode

interacadémique, et spécialisés dans quelques domaines jugés stratégiques pour le développement wallon (domaines des pôles, développement durable, pédagogie…) et dont l’objectif premier serait l’alimentation des pôles de compétitivité et clusters en projets de recherche ;

• la démultiplication du passage des résultats de la recherche fondamentale à la

recherche appliquée et à l’innovation (recherche translationnelle) en améliorant les processus d’identification des enjeux de demain, en diffusant plus largement les résultats et en poursuivant les efforts d’amélioration de l’intermédiation scientifique et technologique ;

• la stimulation de la carrière scientifique et la valorisation des métiers de la recherche

notamment par l’amélioration de leur cadre de travail et de leurs perspectives de carrière.

CONSACRER L’ALLIANCE DU SOCIAL ET DE L’ÉCONOMIQUE Les mesures nombreuses prises sous cette législature en faveur de l’accueil de l’enfance, de soutien aux personnes dépendantes - âgées ou moins valides - ont eu un impact social important en répondant à de nouveaux besoins humains mais ont également été bénéfiques au développement économique. Dans la logique du plan Marshall, ces actions renforçant la disponibilité pour l’emploi et les perspectives de carrière de tous – et notamment des femmes – doivent être pérennisées voire étendues.

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AFFIRMER LE RÔLE DE PARTENAIRE DES POUVOIRS PUBLICS Le Gouvernement s’est affirmé comme un partenaire des acteurs économiques :

• Il importe de confirmer voire de conforter la suppression de la fiscalité économique qu’elle soit régionale, provinciale ou communale ;

• Il est également indiqué de pérenniser les aides et mesures favorisant l’activité

économique, notamment en zone franche. Sur base des progrès indiscutablement engrangés, il est en outre conseillé de continuer à prendre les mesures de simplification administrative nécessaires à la réduction des délais de conventionnement ou de paiement. L’Administration doit poursuivre dans sa volonté de passer du statut de contrôleur à celui de partenaire, dans un échange basé sur une confiance réciproque. Le Gouvernement doit persévérer dans la logique forte de rationalisation et de synergie des outils et opérateurs concernés par le plan Marshall, en systématisant notamment une politique d’évaluation.

2. ACCÉDER À L’EMPLOI PAR LA FORMATION ET L’ENSEIGNEMENT Le lien entre le niveau d’éducation et la croissance économique est établi. La Wallonie se voit donc imposer de répondre à ses faiblesses en la matière. Considérant la complexification croissante des tâches, la qualification ne cesse d’affirmer son importance. Certains économistes soulignent ainsi le danger de voir le plan Marshall s’essouffler s’il devait être confronté au manque de travailleurs qualifiés. Il est donc tout à fait pertinent de conserver et d’amplifier l’orientation prise par le plan Marshall afin de susciter des compétences pour l’emploi, en faisant tendre leur mise en œuvre vers toujours plus d’efficience. Il est ainsi proposé un ciblage accru vers les personnes peu qualifiées. TOUJOURS MIEUX ARTICULER ENSEIGNEMENT - FORMATION - EMPLOI Etant donné le rôle essentiel joué par l’enseignement dans le développement du capital humain, il est recommandé d’associer l’enseignement, tant obligatoire que supérieur, au futur plan Marshall 2.0. L’objectif est de créer un lien plus étroit entre l’enseignement et la réalité économique wallonne, par une meilleure articulation avec les politiques du plan Marshall. Les partenaires sociaux soulignent également cette nécessité de renforcer l’articulation avec les autres niveaux de pouvoir, notamment pour l’enseignement et donc l’acquisition « de la

base nécessaire de connaissance ». Les mesures régionales en matière de formation méritent d’être amplifiées et développées en partenariat avec la Région bruxelloise, notamment afin de valoriser au maximum les équipements pédagogiques et les infrastructures. Dans ce cadre, le développement des Centres de compétence, des Centres de technologie avancée et des Centres de référence

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bruxellois devra être poursuivi. Une politique d’exploitation coordonnée et intégrée de ces outils sera définie et mise en place. Ces outils de formation ont en effet des objectifs complémentaires, notamment en termes de publics visés. Une articulation ces structures permettra notamment d'assurer un maillage géographique plus serré et une offre de formation la plus complète possible. Il importe également de poursuivre et de renforcer la mise en œuvre du plan « Job Tonic ». De même, il est essentiel d’identifier les places de stages dans les entreprises, de promouvoir la création de nouvelles places et de soutenir énergiquement l’implication des jeunes dans cette filière de formation. Ceci implique notamment un partenariat entre la Wallonie et Bruxelles, les Régions et la Communauté. Il serait aussi utile d’assurer la mise en place du Service des métiers et des qualifications. OPTIMALISER L’APPROCHE DES MÉTIERS EN PÉNURIE Il est proposé de :

• diagnostiquer plus finement encore l’ampleur des pénuries par secteur, en en identifiant les causes et en ciblant davantage les solutions à y apporter, évaluer périodiquement les résultats des mesures sur les tensions du marché du travail et dans un monde économique en évolution permanente, prévoir et anticiper les pénuries de main-d’œuvre de demain ;

• renforcer l’implication des acteurs concernés (interlocuteurs sociaux mais aussi

acteurs de l’enseignement et de la recherche) pour apporter une réponse concertée aux causes des pénuries : mise à plat de tout le système de mobilisation et de valorisation du capital humain, y compris sa rémunération, sa sécurisation (assurances et revenus de remplacement) et sa valorisation (formation tout au long de la vie, acteurs publics et privés en matière d’accompagnement, de placement, de conseil en ressources humaines) ;

• poursuivre les démarches favorisant la mobilité interrégionale et transfrontalière de

métropolisation européenne lorsqu’elles facilitent l’accès à des emplois de qualité qui n’existeraient pas en Wallonie ;

• créer un espace de pilotage du capital humain régional, destiné à prévenir et à

évaluer périodiquement les résultats des mesures prises sur les tensions du marché du travail et à assurer une veille économique, technologique et stratégique, non seulement au niveau des entreprises, mais également des pouvoirs publics ;

• opérationnaliser le dispositif de validation des compétences acquises à travers

différentes filières (éducation, formation initiale, continuée, expérience professionnelle…) ;

• intégrer une nouvelle dimension visant à créer ou renforcer les partenariats avec la

formation et l’enseignement qualifiants ;

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• systématiser et accélérer la conclusion de conventions avec les secteurs

professionnels en matière de formation et d’enseignement, y compris supérieur et de promotion sociale ;

• dans une optique de décloisonnement, étendre le projet pilote de « bassins

scolaires » dont l'objectif est de mieux coordonner l'offre de formation et de qualification réunissant l'ensemble des acteurs de l'enseignement et du monde du travail.

ERIGER LA FORMATION EN ALTERNANCE EN FER DE LANCE DE L’ACCÈS À

L’EMPLOI Trop de jeunes quittent l’enseignement sans avoir obtenu le diplôme de l’enseignement secondaire supérieur. Face à cela, la formation en alternance est une forme d’apprentissage qu’il convient de privilégier, notamment dans les filières techniques. La revalorisation de son image, tant auprès des jeunes que des partenaires sociaux est essentielle. Les efforts entamés doivent être poursuivis dans un cadre plus large que celui du seul plan Marshall. Une action avec Bruxelles doit être développée en ce sens. L’articulation avec l’enseignement devra permettre d’offrir aux enseignants des filières techniques des possibilités de stages dans les entreprises afin de les confronter aux attentes du monde économique. A cet égard la réforme de l'alternance a été mise en œuvre par les pouvoirs publics. Elle appelle maintenant l’implication déterminée des entreprises et des travailleurs, en particulier les jeunes. L’optimalisation de l’alternance nécessite également :

• Une articulation accrue avec les compétences régionales, notamment pour assurer une meilleure transversalité entre les formations dispensées par l’IFAPME et les CEFA. Dans le cadre d’une implication renforcée et plus directe des Régions, une réflexion pourrait être menée au niveau des bassins scolaires pour porter remède à une concurrence non bénéfique pour l'offre de formation ;

• Le dispositif de tuteur en entreprise – qui permet aux entreprises d'accueillir le jeune

avec l'encadrement nécessaire - demande également une articulation avec les acteurs de la formation en Région wallonne, dont le Forem pour apporter les compétences nécessaires aux tuteurs.

De façon plus générale, les formations pour adultes doivent aussi, chaque fois que cela est possible, s’intégrer avec l’activité professionnelle des intéressés, et se gérer en partenariat avec les employeurs. GARANTIR LA FORMATION DES TRAVAILLEURS DES PÔLES DE COMPÉTITIV ITÉ Les pôles de compétitivité ont été sélectionnés comme fers de lance du développement économique régional. Ils devraient être parmi ceux qui participent le plus à la création d’emplois. L’objectif doit donc être de former au mieux la main-d’œuvre pour répondre aux

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demandes qu’adresseront ces entreprises et ainsi contribuer au développement des pôles. Une attention particulière devra être portée au personnel de production. Il sera nécessaire, pour répondre correctement et efficacement aux besoins de main-d'œuvre, d'articuler le travail des pôles de compétitivité avec les Centres de compétence et les Centres de technologie avancée. Concernant la formation du personnel des entreprises liées aux pôles de compétitivité, il serait intéressant de faire intervenir la formation en alternance pour renforcer encore les liens entre tous les opérateurs de formation et le monde de l’entreprise. FAIRE DE LA CONNAISSANCE DES LANGUES UN VÉRITABLE PASSEPORT POUR

L’EMPLOI Dans une logique d’efficience et d’efficacité, afin de répondre aux besoins réels, il conviendrait de cibler davantage le système vers les personnes dont les compétences linguistiques sont les plus faibles. Le plan « langues » doit, en outre, être articulé avec l’enseignement obligatoire de manière à porter également sur les élèves avant la fin de leur cursus scolaire et même dès l'enseignement primaire. Là où le besoin s’en fait sentir, l'apprentissage du français comme langue étrangère doit également être une priorité qui demande une articulation plus forte entre les opérateurs de formation, d'enseignement, d'enseignement de promotion sociale et d'alphabétisation. Une évaluation continue des actions doit être instituée pour permettre de déterminer dans quelle mesure les investissements ont abouti à une meilleure maîtrise des langues chez les bénéficiaires. MOBILISER LES RESSOURCES DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Il convient de renforcer la collaboration entre l’enseignement supérieur avec les politiques du plan Marshall. L’enseignement supérieur doit ainsi intensifier les formations à l’esprit d’entreprendre, à la prise de brevet et à la propriété intellectuelle. De même, il doit renforcer l’attrait des carrières scientifiques, prioritairement dans les domaines du plan Marshall et du développement durable.

3. MOBILISER LE TERRITOIRE Le plan Marshall a pleinement souligné combien étaient essentiels les enjeux en matière d’infrastructures pour accroître la compétitivité et l’attractivité de la Wallonie. Il s’agit notamment de mettre à disposition des entreprises les espaces nécessaires à leur implantation et à leur développement, d’anticiper les évolutions du coût de l’énergie

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(notamment en matière de mobilité) et d’utiliser avec parcimonie les ressources foncières régionales. Sans recouvrir l’ensemble des actions régionales menées en la matière, le plan Marshall s’ajoute aux budgets ordinaires pour mener à bien ce vaste chantier. Il est proposé, dans le cadre d’un plan Marshall 2.0, d’intégrer davantage l’équipement de terrains pour les entreprises à l’assainissement des sites à réaménager (SAR) et des friches industrielles. METTRE EN ŒUVRE UNE OFFRE DURABLE D’ESPACES À VOCATION

ÉCONOMIQUE L’espace disponible constitue l’un des attraits économique de la Région. Afin de valoriser au mieux cet atout, il importe d’identifier les parties du territoire les plus appropriées à cette fin et d’en faciliter les procédures de mise en œuvre. Le plan Marshall a mobilisé des moyens sans précédents en vue de l’équipement des zones d’activité économique et des zones portuaires. Parallèlement, le Gouvernement a adopté diverses mesures permettant de diminuer la durée de mise en œuvre d’un projet d’aménagement. Par l’adoption en juillet 2008 d’un programme de modifications planologiques en vue de créer de nouvelles zones d’activité économique, le Gouvernement a entendu ainsi amplifier le plan prioritaire de 2004 et ainsi porté à 5.000 hectares la superficie de terrains pour les entreprises. Dans ce cadre et pour atteindre cet objectif, il est proposé de :

• recentrer l’offre d’espace à vocation économique sur les zones urbanisées ;

• accentuer la réaffectation à des fins économiques de sites à réaménager (SAR) et de friches polluées.

CIBLER L’ASSAINISSEMENT DES SITES À RÉAMÉNAGER ET DES FRICHES

INDUSTRIELLES SUR DES TERRAINS POUVANT ÊTRE AFFECTÉS À L’ACTIVITÉ

ÉCONOMIQUE Il est proposé de renforcer l’association très rapide de l’ensemble des opérateurs d’assainissement au choix des sites à réaménager et des friches industrielles. On privilégiera les SAR et friches de grande dimension. L’objectif doit être de dégager des espaces qui devraient être équipés et mis à disposition à partir de 2017. OPTIMALISER LA GESTION DE L’ESPACE WALLON

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• Mettre en œuvre un inventaire systématique et harmonisé des parcelles en parcs

d’activités économiques, des zones portuaires et des immeubles inoccupés. Développer parallèlement un cadastre des friches industrielles selon leur potentiel de reconversion. Structurés comme une base de données, ces inventaires constitueraient un outil de gestion essentiel. Chaque parc d’activités économiques, chaque zone portuaire et chaque parcelle y seraient caractérisés selon divers critères : aspects contextuels, caractéristiques des terrains et caractéristiques des occupations ;

• Garantir la maintenance et la qualité environnementale des parcs d’activités

économiques et zones portuaires existants et à venir. La qualité de l’environnement et des équipements communs est essentielle pour éviter les transferts d’implantations vers des parcs plus attrayants. Les pratiques de « Park management » sont à développer. A cet égard, les initiatives entreprises depuis 2004 en matière de zonings durables, notamment en partenariat avec les opérateurs économiques et l’UWE, doivent être poursuivies et amplifiées ;

• Amplifier les montages financiers complémentaires du type « Partenariat Public-

Privé ». A cette fin, envisager la création d’un fonds destiné à assurer la participation publique des partenariats mis en place. Celui-ci permettra, par ailleurs, d’optimiser les effets de levier offerts par les outils européens en la matière (JESSICA, BEI …) ;

• Inciter les opérateurs de développement économique à recentrer leurs actions

d’aménagement sur les noyaux urbains parfois délaissés au profit de projets périurbains ;

• Inciter les communes à accueillir ou développer, sur le territoire, de nouveaux

espaces dédiés à l’activité économique ;

• Poursuivre la mise en œuvre du plan ZAE adopté par le Gouvernement ;

• Dans le but de garantir la sécurité juridique, poursuivre la simplification du droit de l’aménagement.

4. INSCRIRE LA WALLONIE DANS LA RÉVOLUTION ÉNERGÉTIQUE RÉUSSIR LA MUTATION DE L’ÉCONOMIE WALLONNE FACE AUX ENJEUX DU

DÉVELOPPEMENT DURABLE Sur base du Plan de Maîtrise durable de l’énergie et depuis les derniers rapports du GIEC et la crise pétrolière de 2007, les enjeux climatiques et énergétiques apparaissent comme vitaux. Ils s’imposent à nous et vont influencer profondément notre marge de manœuvre, et bouleverser notre vie. Les acteurs sont d’accord pour refuser de subir cette nouvelle donne. Il convient résolument de l’anticiper et de la transformer en opportunités économiques, en emplois et en bien-être. Dans le prolongement de l’alliance emploi-environnement porté sous cette législature par des initiatives d’envergure comme le volet « efficience énergétique » du plan Marshall ou les mesures du plan « Air-Climat », la volonté est clairement d’exploiter les promesses du

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développement durable. Ce qui implique de créer un contexte favorable à l’évolution des mentalités et des stratégies de l’ensemble des acteurs et, particulièrement, des entreprises afin qu’elles affirment leur compétitivité dans un marché où les exigences environnementales seront renforcées et puissent capter la plus grande part possible de ce marché en expansion. Le développement durable est et doit être plus encore une dimension transversale de la stratégie wallonne. L’approche transversale constitue l’une des réponses à la prise en compte de cette dimension qui a, par nature, vocation à se décliner à travers toutes les priorités d’action. Il est notamment proposé de :

• fédérer les compétences en matière de développement durable et mettre en place les outils et supports en vue de faciliter la transition des entreprises vers une prise en compte de plus en plus prononcée des enjeux énergétiques et climatiques, en complément du mécanisme des accords de Branche ;

• favoriser les circuits courts et les entreprises locales et régionales pour développer

une économie plus endogène notamment en généralisant les clauses d’achat durable dans les marchés publics ;

• construire un plan de financement spécifique des mesures visant à soutenir les

entreprises investissant dans le développement durable pour leur donner de la consistance, de la transversalité et de la visibilité, tant affectant des ressources nouvelles que mobilisant tous les budgets existants.

• sur la base du partenariat d’innovation technologique dans le domaine de la

construction durable (nouveaux matériaux, économies d’énergie et énergies renouvelables), dégager des moyens budgétaires complémentaires en recherche et développement pour amener de l’innovation permettant d’améliorer l’efficience énergétique dans le secteur de la construction.

• continuer dans la voie de l’énergie renouvelable en ouvrant de nouvelles perspectives

(exemple : la géothermie). D’autre part, les défis énergétiques et climatiques génèrent et généreront d’importants investissements, en Wallonie mais aussi dans le monde, source potentielle de croissance pour les entreprises des secteurs directement concernés (production d’énergies vertes, construction, ingénierie industrielle…). Il convient d’accentuer encore la mise en réseau des acteurs du développement durable (plateforme interclusters,…) en créant une filière de l’efficience énergétique. Pour faire des enjeux du développement durable une source de croissance pour les entreprises wallonnes actives dans les secteurs qui lui sont liés, il s’agira :

• d’identifier les marchés de niches dans lesquelles nos entreprises pourraient être particulièrement compétitives ;

• de définir une politique industrielle destinée à aider les entreprises à exploiter ces

créneaux ;

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• de concentrer des budgets particuliers et exceptionnels de soutien (à la recherche, à

la formation, à l’investissement…) dans ces créneaux ;

• en un mot, il s’agit pour la Wallonie de développer une expertise reconnue en la matière, valorisable également à l’étranger.

MENER UN PLAN AMBITIEUX DE RÉNOVATION ET D’AMÉLIORATION DES

PERFORMANCES ÉNERGÉTIQUES DU LOGEMENT WALLON Le logement, au sens large, (y compris les charges de chauffage, d’électricité et de gaz) représente le premier poste de dépenses des ménages wallons (25%). Par ailleurs, le parc immobilier wallon est peu performant énergétiquement. Le logement est également au cœur de nombreux enjeux et constitue un terrain propice à la mise en œuvre d’une approche durable :

• il est un des principaux facteurs d’équilibre et d’intégration sociale, son accès par tous doit donc être garanti ;

• sa construction, sa rénovation, son utilisation ont un impact non négligeable sur

l’environnement, la consommation énergétique et les émissions de CO2 ;

• l’habitat est un puissant levier d’amélioration du cadre de vie, du tissu social, du bien-être et de la sécurité et plus largement, de l’image d’un quartier, d’une ville, d’une région ;

• la construction et la rénovation comptent parmi les secteurs d’activité économique les

plus importants en Wallonie.

Poursuivre une politique du logement durable ambitieuse doit par conséquent être une priorité essentielle de toute action publique se revendiquant de durable. La même démarche doit également être mise en œuvre en ce qui concerne les bâtiments du secteur tertiaire, particulièrement du secteur public. Les priorités stratégiques en matière d’amélioration des performances énergétiques des bâtiments devraient être les suivantes :

• garantir personnes aux revenus les plus faibles l’accès à un logement décent, salubre et durable, notamment par l’augmentation de l’offre de logements publics et la réhabilitation des logements vétustes ;

• améliorer la performance énergétique des logements résidentiels et poursuivre

l’adaptation des logements publics ;

• saisir toutes les opportunités d’équiper les logements des dernières technologies en matière de réduction de la consommation énergétique ou de production d’énergies renouvelables (solaire thermique, solaire photovoltaïque, chaufferies collectives…) ;

• améliorer la performance énergétique des bâtiments publics régionaux et locaux en

vue de montrer l’exemple ;

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• maximiser les retombées de ces travaux sur l’économie et l’emploi local, tant en soutenant les PME concernées qu’en assurant la formation et l’insertion des travailleurs qui devront les réaliser.

Pour répondre aux demandes du secteur et atteindre ces priorités, un plan ambitieux concernant l’habitat et les bâtiments publics et centré spécifiquement sur les travaux économiseurs d’énergie et d’habitat durable :

• soutenir le citoyen, propriétaire et locataire, dans ses travaux économiseurs d’énergie (par exemple, en permettant la déduction directe des primes au niveau des installateurs), y compris les logements publics ;

• accélérer les investissements économiseurs d’énergie dans les logements publics et

adopter les technologies les plus durables lors de leur rénovation ;

• investir dans des programmes de rénovation des bâtiments publics régionaux et locaux ;

• soutenir des projets pilotes, particulièrement remarquables dans les bâtiments

publics et en assurer la visibilité ;

• accentuer la remise à niveau énergétique des établissements scolaires les moins performants en matière d’isolation et d’équipements de chauffage ;

• aider l’offre wallonne de construction durable à se développer rapidement, tant en

soutenant les entreprises et leurs réseaux qu’en mettant l’accent sur la formation et la mobilisation des travailleurs et des cadres pour équilibrer l’offre et la demande de main d’œuvre dans ce secteur ;

• mettre en œuvre des règles urbanistiques aux nouveaux concepts

environnementaux ;

• oser des normes strictes pour la construction des nouveaux quartiers et lotissements pour tenir compte des aspects environnementaux et énergétiques ;

• adapter les mesures administratives et urbanistiques en matière de maison durable ;

• dans cet esprit, notamment, les exigences de performance énergétique des

bâtiments demanderont à tous les professionnels de la construction de s’adapter et de se former afin de rendre effectives les nouvelles normes en matière de constructions neuves et de rénovation ;

• les technologies et métiers liés à la valorisation des sources d’énergie renouvelables

nécessiteront, en outre, du personnel de plus en plus pointu et qualifié. Le développement durable et singulièrement les objectifs du « Paquet Energie-Climat » européen auxquels la Belgique a souscrits constituent un véritable défi mais aussi une opportunité importante pour relancer le secteur de la construction et l’aider à évoluer vers de nouvelles perspectives ;

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• Il importe également que, dans ce cadre, le développement du mécanisme du tiers

investisseur soit poursuivi et amplifié compte tenu des potentialités de croissance qu’il recèle ;

5. OPTIMALISER LA GOUVERNANCE ET RENFORCER L’IMAGE DE

MARQUE DE LA WALLONIE Le plan Marshall s’est voulu une réponse à la complexité relative des institutions wallonnes et au cloisonnement qui a longtemps marqué le fonctionnement administratif. Au-delà de la réforme de l’administration régionale, le plan Marshall a agi de manière à stimuler et à systématiser la circulation transversale de l’information entre les services et les institutions. Sans toucher profondément aux structures, il a joué, sur leur fonctionnement, un rôle dynamisant largement reconnu. Dans l’objectif de poursuivre le développement économique et social durable de la Wallonie, les synergies entre la Communauté Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne seront assurées afin d’optimaliser le lien économie – emploi – éducation. Il est proposé de poursuivre cette démarche, en l’approfondissant à trois niveaux :

• Adopter une gestion axée davantage sur les résultats (plus que sur les réalisations) ;

• Inscrire systématiquement les investissements publics dans un cadre intégrant davantage le long terme ;

• Intégrer l’instabilité de l’environnement économique et institutionnel dans la démarche wallonne.

PILOTER LE PLAN MARSHALL 2.0 SUR BASE DES RÉSULTATS ATTEINTS Il est proposé :

• de renforcer encore la lisibilité du plan Marshall en lui fixant un objectif général clair et en retenant uniquement comme faisant partie du plan, les mesures qui contribuent directement à cet objectif. Il importe de rappeler que ce plan prioritaire ne concerne qu’une partie de l’action et du budget de la Région. Cette précision doit permettre au citoyen de mieux apprécier, en cours et a posteriori, ce qui a été réalisé et dans quelle mesure les résultats se rapprochent des objectifs affichés ;

• de poursuivre dans la voie du décloisonnement soutenue par les équipes

transversales instaurées à cet effet (Délégation spéciale, Task Force, …). L’étape suivante devrait viser à permettre aux services wallons de disposer d’une source d’information commune sur les objectifs, budgets, réalisations et résultats du plan, qui donnerait à tous une vision d’ensemble de la stratégie et de sa mise en œuvre ;

• de définir des résultats observables à court, moyen et long termes et des indicateurs

correspondants pour chaque objectif affiché. Cette visibilité permettra de légitimer pleinement les dépenses du plan au niveau de chaque programme. Le nombre d’emplois créés ou pérennisés peut être considéré comme l’indicateur ultime puisque correspondant à l’objectif visé. Toutefois la relation entre certaines actions (recherche, formation, réhabilitation de sites …) et l’emploi peut être indirecte ou impliquer un long délai entre l’investissement et son effet. Il est donc nécessaire

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d’identifier des résultats intermédiaires, observables à plus court terme afin d’appuyer un pilotage en continu par le Délégué spécial. L’IWEPS, précédemment chargé des évaluations indépendantes du plan Marshall, est tout indiqué pour assurer la conception de ces indicateurs de résultats. Sa vocation est de travailler si nécessaire avec l’appui d’expertises externes mais, surtout, en partenariat avec les acteurs concernés voire les organisations de bénéficiaires. Les destinataires de ces données seraient le Parlement et le Gouvernement wallons, la Task Force administrative et le Délégué spécial. Les évaluations gagneront à se faire sur base d’indicateurs à la fois quantitatifs et qualitatifs ;

Les partenaires sociaux réunis au sein du CESRW s’inscrivent en ce sens, en plaidant « pour la mise en place d’un dispositif de pilotage et d’évaluation continue » et en souhaitant que cette évaluation soit « basée sur les résultats en regard

d’objectifs clairement définis, notamment dans le cadre de la concertation, à partir d’indicateurs de résultats établis au départ ». Ils soulignent aussi l’intérêt de confier à l’IWEPS l’exécution de ce travail d’évaluation réalisé sous la responsabilité du Gouvernement.

ASSURER LA CONTINUITÉ DES POLITIQUES, SOURCE DE SÉCURITÉ ET DE

PRÉVISIBILITÉ Le long terme constitue l’horizon naturel d’un tel plan régional de redressement. Les investissements en recherche ou dans la viabilisation de terrains sont un exemple de ces investissements essentiels au bénéfice différé. L’intégration poussée de la logique du développement durable ne fait que renforcer cette réalité. Il est donc proposé de concevoir les futurs plans d’actions prioritaires comme des plans « glissants », établis sur une période de quatre ans. Pour maintenir l’horizon de programmation constant à quatre ans, chaque année, sur base de l’analyse des résultats, le Gouvernement proposerait des ajustements éventuels pour les trois années restantes mais aussi les résultats attendus pour une nouvelle quatrième année. Le fait que cette procédure conduise à franchir l’échéance d’une législature n’est pas problématique en soi car le nouveau Gouvernement pourra toujours réaliser les ajustements nécessaires selon ses priorités politiques. Cette formule doit permettre aux gouvernants, aux acteurs et aux bénéficiaires de fonctionner avec un horizon de visibilité politique plus constant. Cette procédure n’empêche pas les ajustements mais impose de les recadrer par rapport à un discours politique à moyen et long termes, conçu de manière explicite donc « évaluable » par le citoyen. Le CESRW insiste, lui aussi, sur l’importance d’assurer la continuité des politiques, source de sécurité et de prévisibilité. SURMONTER LES INCERTITUDES DU CLIMAT ÉCONOMIQUE ET INSTITUTIONNEL Cette volonté de stabilité doit justement tenir compte de la grande instabilité du contexte économique mondial et des incertitudes institutionnelles propres à la Belgique.

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Il est proposé au Gouvernement de désigner un « Comité de veille économique et institutionnelle » composé d’économistes et d’experts indépendants de renommée internationale. Ce comité associera l’IWEPS et les outils socioéconomiques existants. Ce comité aurait pour rôle d’évaluer les hypothèses qui sous-tendent les choix politiques annoncés, de confronter celles-ci à des paramètres externes (prix de l’énergie, situation monétaire, marchés financiers …) et internes (taux d’endettement public, taux de chômage, évolution institutionnelle de la Belgique …). Il pourrait ainsi tirer une « sonnette d’alarme » recommandant la révision éventuelle de certaines priorités adoptées, si le contexte économique ou institutionnel l’impose. Ce comité devra travailler en étroite concertation avec l’IWEPS pour éviter toute incohérence et tout recouvrement de compétences. Ce lien étroit opérera dans les deux sens pour la fourniture d’informations et d’analyses et la délégation de certaines tâches. Dans cet esprit d’interaction positive avec l’environnement institutionnel, la poursuite de l’articulation des politiques menées aux niveaux régional et communautaire est indiquée, de même que le renforcement des synergies tissées entre la Wallonie et Bruxelles, là où elles peuvent être développées de manière efficace et mutuellement profitable. STIMULER LA PARTICIPATION Conformément au souci de mobiliser les Wallons et les Wallonnes afin de se donner toutes les chances d’une dynamisation durable de la région, il est nécessaire de veiller, à chaque fois que cela sera possible, d’impliquer les parties prenantes dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques. Les pôles de compétitivité et le plan Marshall ont démontré que la responsabilisation des acteurs ainsi que leur mise en réseau produisait un surcroit de légitimité, de motivation et d’efficacité aux actions entreprises. Il convient donc d’étendre cette approche à tous les secteurs susceptibles de s’y prêter, dont l’enseignement et la formation, l’innovation, la recherche, les industries culturelles, le développement local … AFFIRMER UNE IDENTITÉ OUVERTE ET VALORISER L’ IMAGE DE MARQUE DE LA

WALLONIE Le redressement de la Wallonie doit également se traduire par une mise en valeur de son identité ouverte et dynamique et de ses succès : succès de ses entreprises, de ses artistes, de ses scientifiques mais aussi de ses citoyens, à commencer par la multitude de ses jeunes talents. Une image positive et l’encouragement des réalisations concourent indiscutablement au redressement wallon en ce qu’ils renforcent la confiance dans les potentialités de la Wallonie et nourrissent un cercle vertueux de succès. Défendant clairement l’affirmation d’une identité de projet, enracinée dans l’histoire et les valeurs partagées mais ouverte sur le monde et l’avenir, la réintégration beaucoup plus large de la culture dans la stratégie wallonne est préconisée.

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AFFIRMER UNE IDENTITÉ WALLONNE DYNAMIQUE ET OUVERTE Au-delà de la valorisation économique de la culture qui est à amplifier, cette meilleure appropriation de la dimension culturelle implique le développement de contenus et d’outils permettant la réappropriation de l’identité wallonne. Ceci implique la réaffirmation de valeurs communes, d’ouverture et de solidarité mais aussi de goût du défi, du travail bien fait et de l’innovation. En effet, si le plan Marshall a réussi à mobiliser une part appréciable des acteurs socioéconomiques, il doit maintenant évoluer pour susciter l’adhésion et la mobilisation des citoyens. Pour que cette adhésion et cette mobilisation se produisent et se maintiennent, il importe que les Wallonnes et les Wallons retrouvent confiance et fierté. Il importe aussi qu’ils se reconnaissent personnellement dans le projet, soient convaincus qu’il est réalisable et agissent chacun pour le construire ensemble, jour après jour. RENFORCER ENCORE NOTRE OUVERTURE SUR LE MONDE Cette réappropriation de l’identité wallonne inclut naturellement et nécessairement le renforcement de notre ouverture sur le monde, qui commence par Bruxelles, notre partenaire privilégié. La prospérité d’une région se mesure notamment à son taux d’échanges avec le monde qui l’entoure. Chercheurs, entrepreneurs ont déjà été incités à développer des positions de leader sur le plan international grâce au plan Marshall. Il faut à présent généraliser ce mouvement, notamment :

• en organisant des programmes de mobilité pour les jeunes, les professeurs et les fonctionnaires et en diffusant des contenus en provenance de l’étranger ;

• en inscrivant la dimension internationale au sein de toutes les politiques et toutes les

activités wallonnes, notamment en facilitant le recours aux financements européens ;

• en augmentant de toutes les manières possibles et dans tous les champs d’activité (diplomatie, économie, tourisme, culture…) la présence wallonne à l’étranger.

L’objectif global est donc bien de rendre aux Wallons conscience d’eux-mêmes pour accroître leur confiance en eux-mêmes et leur ouverture sur le monde, dans une logique de mobilisation générale pour un redressement durable perçu concrètement et positivement.