marie hélène brousse - savoir faire feminin avec le rapport. les trois r ruse, ravage, ravissement
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NLS Messager 669
VERS GENÈVE 8
VIIIième Congrès de la NLS"Fille, mère, femme au XXIième siècle"
les 26 - 27 juin 2010 à Genève
Logique et semblants de la position féminine« Il n’y a pas de rapport sexuel qui puisse s’écrire » tel est le point de départ lacanien de l’article que Marie-Hélène Brousse a bien voulu nous confier à moins d’un mois du Congrès qui nous réunira à Genève les 26 et 27 Juin prochains. Elle y décline la logique de l’absence de rapport sexuel entre les hommes et les femmes à partir du Séminaire 18 et isole trois solutions féminines pour « faire lien sexuel » là où il n’y a pas de rapport : Les trois R : ruse, ravage, ravissement. Ce document de travail nous aidera à mieux repérer ces éléments dans les textes du congrès.Lacan l’indique encore un peu autrement dans un passage du Séminaire XX (p 81): « Il y a selon le discours analytique, un animal qui se trouve parlant et qui pour qui, d’habiter le signifiant, il résulte qu’il en est le sujet. Dès lors, tout se joue pour lui au niveau du fantasme, mais d’un fantasme parfaitement désarticulable d’une façon qui rend compte de ceci, qu’il en sait beaucoup plus qu’il ne le croit quand il agit ».Ruse, ravage et ravissement sont donc des semblants comme l’indique Marie-Hélène Brousse. Mais une question insiste : comment tenir une position féminine quand le fantasme lui-même est inconsistant ? Nous aurons au Congrès quelques éléments de réponse. D’ici au 26 Juin nous publierons toutes les semaines des travaux de référence qui nous permettront d’affiner notre approche afin que la discussion soit fructueuse. N’omettez pas de vous inscrire en ligne, cela facilitera le travail de la Commission d’Organisation.PGG
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SAVOIR FAIRE FEMININ AVEC LE RAPPORT
LES TROIS R : RUSE, RAVAGE, RAVISSEMENT
Marie Hélène Brousse
Je vais rapidement établir les coordonnées au sein desquelles se situera le développement
que je souhaite faire à propos de quelques solutions féminines au rapport sexuel, que
j’appellerai savoir faire. L’affirmation de Lacan « Il n’y a pas de rapport sexuel qui puisse
s’écrire », affirmation qui sert de fondement au discours analytique, a fait, au moment de
son énonciation, l’effet d’une bombe et d’un scandale. Pourtant et conformément à la
démonstration logique que Lacan en fait alors, elle se vérifie aujourd’hui dans le discours du
maître contemporain, sur lequel une fois de plus il avait anticipé. Je ne développerai pas ce
point que la multiplication des modes de jouissance sexuelles non corrélées à la différence
homme femme et à la norme oedipienne permet de vérifier dans la psychopathologie de la
vie amoureuse d’aujourd’hui. La croyance en un rapport sexuel entre les hommes et les
femmes nécessitait l’univocité du Nom du Père, même si, depuis Freud qui en faisait déjà la
remarque, la clinique analytique des parlêtres tirait dans le sens opposé. Aujourd’hui donc
l’idée qu’il n’y a pas de rapport sexuel entre les hommes et les femmes est presque devenue
une évidence, ce qui ne veut naturellement pas dire que la formule est mieux comprise.
Une opposition est ici nécessaire entre rapport et lien, voire une alternative : si le
rapport peut s’écrire, alors le lien, c’est-à-dire le discours n’est plus nécessaire, si le rapport
ne peut s’écrire alors , et je cite Lacan dans le séminaire 18, D’un discours qui ne serait pas du
semblant, « c’est donc dans un discours que les étant hommes et femmes, naturels si l’on peut
dire, ont à se faire valoir comme tels[1][1] ». Cette opposition entre rapport et lien se décline
selon d’autres : écriture et langage, lettre et parole. Dans la mesure où il ne peut s’écrire sous
forme d’un rapport en langage mathématique ou même logique, le sexuel est l’objet d’un
dire, voire constitue, en tant que signification impossible, le fondement de tout sens, ou sens
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à tout faire du discours du maître, c’est-à-dire aussi bien de l’inconscient qu’il sature. Parce
que le besoin sexuel n’est pas, comme le dit Lacan dans ce même séminaire[1] [2], «
mesurable », s’en suit de cette indétermination l’impossibilité d’inscrire un rapport. Par
contre, s’il n’est pas possible de l’écrire comme une fonction, il est possible de « l’énoncer ».
[1][3] Le langage ne rend pas compte du sexuel comme rapport et de ce fait même produit la
dimension du sexué comme ensemble de fictions. C’est donc au niveau des énoncés, de
l’énonciation, de la parole et de ses usages que le sexué organise le discours. La formule « Il
‘y a pas de rapport sexuel » a donc pour envers « il y a du lien qui est sexué ». Les solutions
subjectives féminines que nous allons envisager se situent dans un discours et comme telles
relèvent du semblant et de la fiction. Elles constituent un savoir y faire qui, se déployant
dans l’univers du discours de l’inconscient, vise et désigne depuis le lien social, un vide que
constitue le rapport manquant.
La ruse et le silence
Il y a quelques années j’avais été amenée à travailler un passage de l’Emile de Jean-Jacques
Rousseau dans lequel il comparait une manière féminine et masculine de faire avec la loi et
l’interdit. Je ne reprendrai pas cet exemple, mais en développerai un autre, issu de
l’observation. Deux enfants du même âge, entre trois et quatre ans, une fille et un garçon
passent avec d’autres enfants des vacances. Il y a dans la maison où ils habitent de
nombreux jouets. Des disputes constantes, des rivalités engendrant des bagarres à propos de
ces objets, ont amené les adultes qui en ont la charge à prononcer une règle « Les jouets de
la maison sont à tous les enfants ». Vous remarquez la structure de type « Pour tout » situant
la phrase du côté de l’universel. Le petit garçon est dans une pièce absorbé par l’utilisation
d’un jouet. La petite fille arrive, regarde, lui prend le jouet et devant ses cris lui dit « Les
jouets sont à tous les enfants », puis s’en va avec son butin. Qu’a-t-elle fait ? Sous la phrase
qu’elle répéte, loi universelle, elle fait surgir une autre dimension, non énoncée. Elle
courcircuite le « pourtout » qui n’existe pas, par un acte qui est le signe du « un enfant »,
existence du singulier, ici singularité d’un désir marqué par la concurrence pour l’objet que
Lacan analyse de façon si limpide dans le Séminaire L’angoisse. J’appellerai cette solution la «
ruse » car cet acte ne remet an aucun cas en cause la loi universelle comme telle, bien plus
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s’appuie sur la formulation de cette loi même, et cependant dévoile cette loi comme fiction
tout en y re-introduisant une dimension que cette loi ignore. Dans l’exemple tiré du texte de
l’Emile, c’est en introduisant un blanc dans la chaîne de la demande orale sous forme d’un
silence que le sujet rabat sur l’Autre la charge d’expliciter la demande dont il a lui même
interdit au sujet la formulation. La ruse implique donc premièrement un savoir du manque
et son acceptation, deuxièmement une utilisation de la parole gommant la position
singulière du sujet qui reste non dite, troisièmement un maniement du défaut de l’Autre de
la loi et du langage. Elle suppose une familiarité avec la fonction castration dans la relation
avec l’objet. Ces solutions sont anciennes et portent la marque du discours hystérique.
Citons Lacan : « Ce sont les conséquences dans la position de la femme de ceci, que ce n’est
qu’à partir d’être une femme qu’elle puisse s’instituer dans ce qui est inscriptible de ne pas
l’être, c’est-à-dire qui est restant béant de ce qu’il en est du rapport sexuel. D’où il arrive
ceci, si lisible dans la fonction combien précieuse des hystériques, qu’elles sont celles qui, sur
ce qu’il en est du rapport sexuel, disent la vérité.…Pour ce qui est de faire le touthomme, elle
en est aussi capable que le touthomme lui-même, à savoir par l’imagination. »[1][4] La question
est que faire le touthomme ne l’intéresse plus forcément, et l’imagination non plus, quand ce
qu’elle cherche est au défaut du symbolique un réel qui ne soit pas de semblant. Revenons à
cette même petite fille. A l’âge de l’identification à la Princesse et de la domination du rose
bonbon, dans lequel elle était entrée précocement, sa croyance dans les attributs phalliques
l’avait même amené parfois à revêtir trois robes l’une sur l’autre. Ses parents à l’entrée au
CP, dans le respect de cette orientation, lui avaient offert un cahier muni d’une clef se
proposant comme le journal intime d’une princesse, son confident. Quelques années plus
tard il traînait, abandonné, désaffecté, dans un placard. J’eus la curiosité d’y jeter un coup
d’œil. Il avait perdu sa clef depuis longtemps. Peu de choses écrites, mais une phrase,
revenant au fil des pages, phrase écrite dans des calligraphies différentes, jubilatoires : « Le
prince charmant est un crétin ». Je dois dire que cela m’a saisie. Certes, c’est un secret, ce
n’est pas fait pour être clamé sur les toits, comme je le fais devant vous. Mais je suis tentée
d’y voir une modification dans la position hystérique. En lisant le petit texte que Jacques-
Alain Miller a écrit récemment sur Sarah Palhin, j’y vois le même mouvement de levée du
voile sur la castration et une remise en cause de l’au moins un, bref une relation à la
fonction phallique sans la croyance en l’exception à la fonction.
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Deux références cliniques me permettront d’avancer un peu plus sur cette solution
par la ruse. Une patiente vient consulter car la relation à son mari s’est dégradée depuis
quelque temps ce qui la fait beaucoup souffrir, car elle aime cet homme. Je réduirai les
données à l’essentiel : à l’occasion d’un déménagement, ont été retrouvées dans un coffre
qui était resté des années à la tête du lit conjugal des vielles lettres. Parmi ces lettres quelques
unes étaient d’un ex et bref amant, d’avant son mariage. Elle en avait oublié l’existence,
comme d’ailleurs elle avait oublié jusqu’au nom de ce monsieur. Mais le mari l’a mal pris, lui
reprochant particulièrement de l’avoir fait dormir des années avec, dit-il non sans
exagération, ces lettres sous son lit. Que dit-elle ? Elle ne comprend ni sa colère à lui dont
elle souffre des effets sur leur relation qu’elle aimait, ni son acte à elle, acte qu’elle
commence à percevoir comme formation de l’inconscient. Elle avait oublié, certes. Elle ne
tenait pas à ces lettres assez insipides, mais alors pourquoi les avoir gardées ? et à cet
endroit, somme toute pas vraiment cachées ? Un trophée, c’est le premier signifiant qui lui
vient. Une vengeance sera le deuxième, évoquant le fait qu’au début de leur relation son
mari était loin de lui être fidèle. Enfin si cet amant oublié avait une caractéristique c’était son
anonymat lors de leur première rencontre sexuelle, anonymat associé par elle au plaisir
inédit qu’elle avait éprouvé. Evidemment on pense à La lettre volée à laquelle revient Lacan
toujours dans ce même passage du Séminaire 18.[1][5] Je cite : « ce n’est pas rien que de
mettre en avant la lettre dans un certain rapport de la femme avec ce qui, de loi écrite,
s’inscrit dans le contexte où la chose se place, du fait qu’elle est, au titre de Reine, l’image de
la femme conjointe au Roi. Quelque chose est ici improprement symbolisé, et typiquement
autour du rapport comme sexuel. C’est dans ce contexte que le fait qu’une lettre lui soit
adressée prend la valeur que je désigne, celle de signe. » Lacan se cite alors lui-même « Car
ce signe –la lettre- est bien celui de la femme pour ce qu’elle y fait valoir son être, en le
fondant hors de la loi, qui la contient toujours, de par l’effet de ses origines, en position de
signifiant, voire de fétiche ».C’est donc d’un acte de révolte que procède la lettre, révolte
contre son statut de signifiant ou de fétiche dans le contexte de la loi. Mais ici, il y a plus que
la lettre, signe de sa révolte et de son être hors de la loi. Il y a que c’est elle-même et non pas
un tiers qui cache la lettre en la mettant à cette place singulière. C’est elle donc qui souligne
la déficience du rapport sexuel pourtant promu par le mariage. Par la lettre mise à cette
place, elle fonde le rapport sexuel « étatisé » légalisé, sur un signe qui le mine, qui en montre
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la valeur de fiction et par là même, en dégage son être. Qui se situe dans cette ombre que la
lettre fait à son mariage ? Son mari évidemment, qui de ce fait prenait pour elle une valeur
supplémentaire d’en être féminisé, mais aussi bien elle-même puisqu’elle l’avait oubliée :
récupération de féminité pour elle-même aussi par conséquent.
Autre élément clinique: dans son analyse, cette femme fort respectueuse de la
transmission patrilinéaire du nom aux enfants, cette femme pour qui, dit-elle, il eut été
impensable que ses enfants ne portent pas le nom patronymique de leur père, du père
qu’elle leur avait choisi, s’aperçoit que dans le choix des prénoms négocié avec le père, une
lettre de ses prénoms à elle est transmise. L’ordre symbolique, la nomination du père est
respectée, mais curieusement vient se loger une autre filiation parallèle, silencieuse, non
revendiquée. Cette nomination invisible, comment ne pas la mettre en rapport avec le refus
de faire partie des moyens de production, ou de reproduction, sans que ce refus constitue le
moins du monde une remise en cause de cette clef de voûte qu’est le nom du père. Non pas
un désir hors la loi, mais un désir malgré la loi.
Un dernier exemple clinique me permettra de passer de cette clinique de la ruse à
celle du ravage. La caractéristique en effet de la ruse est de tenir ensemble le sexué comme
discours de l’inconscient et son point de vérification, qui comme le dit Lacan[1] [6] «
s’attache à saisir où la fiction bute, et ce qui l’arrête ». Elle met en œuvre, cette vérification,
l’oubli, le secret, le silence, la lettre et l’écriture. Elle implique une certaine ironie appliquée
au discours de l’inconscient, c’est-à-dire au signifiant maître, qu’elle se garde bien de
contester ou de mettre à mal.
Le Ravage et l’injure
Dans un relation tourmentée, douloureuse, avec un homme qui restera l’homme central de
sa vie, cette femme attendra bien des années avant de lui dire que cet enfant qui est le leur et
qu’il chérit plus que tout, n’est pas de lui : version soft de Médée qui allie la ruse, l’enfant est
ici l’objection silencieuse, au ravage du choix de cet homme là, et se conclut par une attaque
claire au lien symbolique par lequel se règlent la transmission et la production.
Contrairement à la solution ruse, le choix du ravage attaque la valeur phallique de l’objet
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pour le sujet, et fonctionne en dissociant les objet a de leur valeur phallique. C’est donc une
mortification du phallus, dans laquelle l’impératif surmoïque de jouissance l’emporte sur le
désir et sa cause. Cet impératif vient en quelque sorte occuper la place de l’Idéal du moi.
C’est pourquoi le ravage fait revenir le sujet à un défaut de l’investissement narcissique de
l’image du corps, un défaut du moi idéal, connecté non à l’Idéal du moi et au Nom du père,
mais directement en court circuit au surmoi. Le ravage est en ce sens une sorte de pousse à
la femme, injurieux de l’ordre symbolique et donc du désir, qui n’y peut plus circuler. C’est
le massacre du corps vivant par le verbe sans le recours à la coupure phallique effectuée par
la nomination. Du ravage, on sait que Lacan a fait une solution féminine à ce qui, du réel du
sexe, n’est pas saturé par le discours. Mais le lien à un homme prend alors la couleur de ce
réel. Le ravage est donc le rapport qu’une femme produit avec un homme par le sacrifice
consommé du tiers phallique, elle même à l’occasion. Mais d’être l’objet à sacrifier il n’en est
que plus nécessaire : éterniser le sacrifice du phallus, telle est cette méthode pour faire ex-
ister le féminin. Je n’en dirai pas plus aujourd’hui sur ce sujet, qui a déjà été souvent travaillé
par différents collègues, et dont j’ai pu déjà donner ailleurs quelques éléments cliniques.
Le Ravissement et ce qui ne peut se dire
Ce terme lui aussi a été éclairé il y a quelque temps, par Jacques-Alain Miller et E. Laurent
lors d’une conversation des sections cliniques ainsi que par un article de D. Laurent. Il me
semble justifié d’en faire au niveau du lien sexué, c’est-à-dire du discours, une troisième
solution féminine. « Ce qui n’est pas dicible, c’est ce qui est mystique » dit Lacan dans le séminaire
18[1][7]. La solution ravissement répond donc à ce point d’impossible dans le dire. La
référence de Lacan est à l’oeuvre de Marguerite Duras, mais on peut faire entrer dans ce
même registre ses développements sur le mysticisme dans le séminaire Encore. En 2006, à
Rome, Jacques-Alain Miller a donné une conférence sur une analysante de Lacan, sœur
Marie de la Trinité. LNA a publié une lettre inédite de Lacan à Marie de la Trinité et Kristell
Jeannot mène un travail de recherche sur certains de ses écrits disponibles. Dans sa lettre,
Lacan évoque « ce lien » dont il souligne que le travail analytique n’a pas pour but de l’en
affranchir mais de découvrir ce qui a pu le rendre à partir d’un moment donné « si
pathogène », de façon à lui permettre « d’y satisfaire désormais en toute liberté ». L’analyse
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n’intervient donc que pour élucider ce qui a pu déranger le fonctionnement de « ce lien »,
déranger cette solution par le ravissement. Ce dérangement, Lacan le renvoie au vœu
d’obéissance ayant soulevé des « thèmes de dépendance ». il n’est pas sûr que la solution par
le ravissement relève entièrement de l’ordre de l’inconscient, puisqu’elle touche au pas tout
et donc ne relève pas du pour touthomme universalisant. De même elle ne s’appuie pas
nécessairement sur la valeur phallique de l’objet a, matérialisation du ratage du rapport qui
fait la réussite du lien. De ce fait on peut, à suivre Lacan dans le séminaire Encore, faire une
clinique différentielle du ravissement, modalité féminine qui se décline dans la névrose, la
psychose ou la perversion. Parler du ravissement en général est par conséquent insuffisant
car il y plutôt des ravissement et celui de Lol n’est pas celui de Sainte Thérèse. Le noyau
commun aux différentes modalités de ravissement est sans doute que, quand la ruse et le
ravage se situent dans le champ du dire, le ravissement s’oriente vers ce qui de La femme ne
peut se dire, vers les limites rencontrées par le discours lui-même en ce point.
L’écriture semble un élément associé essentiel à cette solution, mais ce qui cherche à
s’écrire c’est la rencontre indicible et ses traces, non le rapport.
Ruse et ravage : ce qui ne peut s’écrire peut se dire sous forme d’un discours qui fait
le lien sexué ; Ravissement : ce qui, du féminin ne peut se dire en terme de pourtout,, une
vacuité de corps, cherche à s’écrire. Ce vide qui s’inscrit, n’est pas de l’ordre du rapport,
relevant plutôt d’une tentative de soudure[1][8]. De quel ordre alors y est l’écriture? lettre
d’âmour répond Lacan dans Encore. Il y dit : « Que le symbolique soit le support de ce qui a
été fait Dieu, c’est hors de doute »[1][9]. Le ravissement serait-ce alors le choix de se faire un
corps avec le symbolique, disparaître en se soudant à lui ? Dans ce cas s’éclairerait le fait que
tout principe d’autorité, en soulevant le problème de la dépendance ou de l’obéissance
ramène la loi là où il ne peut y avoir que l’amour. Pour conclure sur une référence plus
contemporaine, et parce que je pense que la solution ravissement peut fonctionner dans des
structures diverses, je mentionnerai un court épisode du dernier film de Tarentino Death
proof , l’épisode du jeu dit par deux des personnages « de la baume » qui consiste pour un
des personnages féminins à foncer à s’accrocher sur le capot d’une voiture lançée à toute
vitesse. Pas n’importe laquelle : celle, mythique, d’un film culte dont le titre permet
l’interprétation de l’expérience curieuse que cherche à reproduire le personnage du film de
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Tarentino. Le titre est « vanishing point » : point d’évanouissement. Par rapport au titre de
Hitchcock « A lady vanishes », « Une femme disparaît », il ne s’agit pas de la disparition
d’une femme, comme dans un tour de magie, disparition d’un objet encombrant. C’est la
recherche du point d’évanouissement du sujet dans l’extase du corps. C’est une version
contemporaine du ravissement, pas sans la fonction phallique, mais hors loi.
La ruse et le silence, le ravage et la destruction par l’injure, le ravissement et la vacuité
corporelle de l’ordre de l’indicible, ces trois solutions tentent de faire entrer dans le champ
du discours, malgré la loi sexuelle, ce qui lui est hétérogène.
[1][1] J. Lacan, séminaire 18, D’un discours qui ne serait pas du semblant, p.146.[1][2] Idem, p.131.[1][3] Idem, p.132.[1][4] Idem, p.143.[1][5] Idem, p.132 et 133.[1][6] Idem, p.133.[1][7] Idem, p.27.[1][8] J. Lacan, Autres écrits, p.191.[1][9] J. Lacan, séminaire 20, Encore, p.77.