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Julia Descosse

«Tout est provisoire: l’Amour, l’art, la planète Terre, vous,

moi. Surtout moi. »Je fus désabusée l’espace de quelques instants lorsque

je terminai 99 Francs. Voué aux gémonies, le cynisme beigbederien résonne pourtant de concert avec la morosité

ambiante. Publicitaire aguerri, coké et désespérément seul, Octave se complaît dans une facticité et une vacuité dont il peut se targuer d’ être

l’artisan. Finalement, le nombre incalculable de pubs auxquelles nous sommes confrontés tous les jours ne fait-il pas également écho au nombre incalculable

d’heures perdues sur Facebook à des heures indues de la journée (et de la nuit) ?– Cacedédi A Toi qui aurais le malheur de ne pas avoir Facebook… : Non mais ALLO, t’as pas

Facebook ? ALLO, tu me reçois là ? Non mais ALLO ? C’est comme si j’te dis tu connais pas Mickael Vendetta quoi, A-L-L-O.

La facilité et l’immédiateté s’érigent en maîtres-mots. On s’éparpille, on s’agite, on brasse du vent. L’hyper-connexion a pris le pas sur la concentration, la réflexion. Le long terme. On cède

à nos pulsions. « Nooooon, pourquoi ai-je encore appuyé machinalement sur la touche F dans ma barre Internet, POURQUOI ? ». On s’engouffre dans la brèche, toujours, on like ce que 45 personnes ont liké, on ne s’insurge que si c’est stylé de s’insurger, on change assez souvent de photo de profil, si possible, et puis, attention, 16 personnes ont liké mon commentaire en une demi-heure. Sait-on encore vraiment être seuls ?

Nonobstant ces obscurs constats, force est de constater que si l’homme était un produit de consommation comme le prône Octave, il ne s’indignerait pas. C’est au cœur du banal que se cache le combat. Un Combat porté par un homme dont on fête le centenaire cette année, élégamment mis en lumière par nos Quatrièmes Années. Un Combat dont je ne prétends pas encore ressentir la portée, ni les moyens d’action. Mais un Combat qui se pressent avant que de se vivre. Un basculement dans l’acte au-delà de l’idée. Camus souhaitait « élever ce pays en élevant son niveau de langage », ça commence peut-être par là, le changement, par dire et écrire la vérité. Indignez-vous, ce petit opuscule qui a fait tant d’émules, ne fait rien d’autre qu’exacerber cette condition de révolte inhérente à chacun. Peut-être Stéphane Hessel a-t-il su vulgariser cette vibration de l’homme confronté à l’absurde, au vide ? Peut-être a-t-il su conserver cet optimisme qui l’a toujours animé ; peut-être a-t-il su métamorphoser ce vide, ce pessimisme ambiant et cette absurdité, en un Espoir toujours renouvelé. Peut-être a-t-il osé dire Non, même si c’est pas stylé. Au lieu de toujours nous appesantir sur ce qui ne va pas, enclenchons le leitmotiv du combat. Se battre pour nos idées, pour ce qui nous est cher et puis pour exulter. Bousculer les habitudes, prendre des décisions à contre-courant, revendre son pack Crit si au fond on s’en fout, décider une nuit de partir dans la ville de Gaudi, oser dire ce qu’on pense même si c’est pas stylé. Ne plus céder au nihilisme qui guette nos sociétés, se forger des croyances ou bien les renforcer. Je ne prétends pas explicitement rétablir les Lumières – restons humbles les enfants – mais redonner du Sens lorsque tout n’est plus que Signe et paraître. Ne pas mourir pour des idées, oui cela me paraît censé mon cher Brassens, mais se battre pour elles et les concrétiser. Certains croiront en un idéal politique, d’autres en un engagement personnel, d’autres en la solidarité ou encore en l’Amour.

Oui avec un grand A – vous comprendrez cette nuance en lisant notre Test « Pour quelle âme soeur êtes-vous fait(e)?». Et si l’art du désir se cultive, se vit et fait

vibrer, combattre la dictature de l’immédiateté demande plus de ferveur et d’opiniâtreté. Car Oui, tout est provisoire. Alors quoi ? On s’ennuie, on suit

ce qui semble être le mieux, le plus rapide et le plus facile, on baisse les bras ? Non! Sportifs, retenez la leçon : entraînez-vous, battez-vous,

devenez des ascètes émérites le temps de quelques jours, et l’Idée de la victoire aixoise deviendra ENFIN Réalité !

Non mais ALLO, tu me reçois ? C’EST CRIT OU QUOI ?

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SOMMAIREPage 3 : L’Edito

4 : L’interview de Stéphane Salord, président de l’Association des Diplômés

5 - 6 : « Un trop plein d’amour dans les rues aixoises »

6 - 7 : « Flagellons nous gaiment » : Réponse à Pauline Nales et Adélaïde Tenaglia

8 - 9 : Les Aixpat’s

Pages 10 à 17 : DOSSIER « LOVE »

10 : Micro-trottoir

11 : Eloge du célibat

12 - 13: TEST : « Pour quelle âme sœur êtes-vous fait(e) ? »

14 : The Art of Desire

15 : Désirer pour Vivre, mais à quel prix ?

16 : Savez vous pourquoi on ne renonce jamais ?

17 : Spotted Sciences Po Aix

Pages 18 à 22 : PAGES CULTURE

18 - 19 : L’exposition Dali à Beaubourg

19 : Au sud de la frontière, à l’ouest du Soleil

20 - 21: Le sermon sur la chute de Rome

21 : Cloud Atlas

22 : La Chronique Musicale

23 : Aix Ghetto

24 : L’Aixutoire

Rédaction : Roxane Salles, Claire Robins, Charlotte Bon, Léopoldine Bonnemaire, Adélaïde Tenaglia, Julia Descosse, Alix Boyer, Eugénie Arnaud, Robin Gonalons, Lydia Belmekki, Marc-Antoine Moreau, Camille Pellicer, Pauline Nales, Félix Meysen, Olivier Hibon, Vincent Nanna-Potier, Laetitia Pepe.Couverture : Nicolas Jean.Remerciements : La Communication, La Direction de Sciences Po Aix, la Reprographie.

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Un trop-plein d’amour dans les ruesaixoises

L ‘ Amour? Les Aixpressés n ‘ en ont pas ressenti beaucoup durant cette semaine des ventes ! S ‘ ils ont mis leur cœur à l ‘ ouvrage et beaucoup de passion dans leur mission, ils ont bien souvent été éconduits par des passants pas très exaltés à l’idée de tomber nez à nez à chaque coin de rue avec un vendeur. A peine le projet exposé, pleine d’enthousiasme et d’une motivation sans limites – et aussi un secret besoin de justifier une incapacité chronique à travailler – je me dis que vendre des journaux dans la rue, ça peut être amusant. Naïve… Il faut savoir que le passant aixois n’est pas aisément abordable. J’arrive innocemment et remplie de bonne volonté sur le terrain, mon paquet d’Express sous le bras et déterminée à devenir une vendeuse de choc. Après avoir essuyé un nombre incalculable de refus et autres gestes d’agacement de la main comme si j’étais un vulgaire moustique exaspérant, je me rends à l’évidence : négocier avec des Aixois, c’est tout un métier. Une sorte de danse s’instaure : c’est à celui qui arrivera à nous éviter le plus naturellement possible, quitte à se frayer un chemin entre deux voitures, changer de trottoir ou encore enjamber une barrière. Une feinte à droite, une esquive sur la gauche, un regard qui fixe le sol, une envie de téléphoner soudainement pressante, tous les moyens sont bons pour nous dissuader de les aborder. Parmi les (rares) personnes qui nous laissent faire notre discours dûment préparé et répété, certains nous régalent d’un florilège d’excuses toutes plus pertinentes les unes que les autres. Entre un businessman saoul après son déjeuner d’affaire, une quinquagénaire fraîchement sortie de la manucure qui « ne peut pas sortir le porte-monnaie du sac, le vernis a pas séché » et un taux d’illettrisme étrangement en hausse – c’est fou le nombre de personnes qui ne savent pas lire à Aix – les passants semblent rivaliser d’imagination pour ne pas acheter l’Express. La palme revient sans doute à ce petit couple de vieux qui me sort en toute franchise « On est retraités, on n’a pas le temps de lire ! ». L’évidence de cette réponse me laisse sans voix. C’est pleine d’admiration devant tant d’audace et de bon sens que je les laisse partir.

Cependant, un vendeur Aixpressé regorge lui aussi de ruses et tactiques en tout genre pour parvenir à ses fins. Au fur et à mesure que les heures défilent, nous devenons de plus en plus retors et fourbes. Il faut commencer par repérer la proie parfaite, idéalement un couple de personnes âgées qui se laisseront facilement attendrir par une pauvre étudiante en détresse qui « veut absolument un stage à Paris l’année prochaine, s’il vous plaît ça serait vraiment gentil de nous aider, on en a besoin, faites une bonne action, pitiiiié ». Les hommes d’une cinquantaine d’années sont aisément convaincus par une vendeuse un peu nunuche, un grand sourire aux lèvres et rigolant à leurs blagues à l’humour douteux. Il faut également compter sur la générosité des MILF, les bras chargés de paquets D&G et Dior, qui sont ravies de se délester d’un trop-plein d’argent pour les beaux yeux d’un jeune et charmant vendeur-aguicheur.

Avec les passants plus insensibles à la séduction, une dernière arme s’offre à nous : la culpabilité. Après un énième refus, mon coéquipier se plaint - assez fort pour être entendu – du râteau cuisant qu’une femme vient de nous mettre. Au bout de quelques minutes, celle-ci revient avec un air embarrassé pour nous acheter un journal « parce que bon, faut bien soutenir un peu les étudiants hein ? » Heureusement, certaines rencontres viennent nous redonner foi en l’espèce humaine. Pour pouvoir acheter le journal, une dame met un quart d’heure à faire le tour de tous les commerçants de la place de la Mairie pour faire de la monnaie et s’excuse en prime d’avoir mis du temps… A ce moment-là, j’ai envie de la serrer dans mes bras. C’est aussi l’occasion de faire un bref plongeon dans la vie privée des gens, le port du t-shirt blanc semblant les inciter à se confier. Une passante me raconte ainsi qu’elle est en pleine procédure de divorce et que c’est le moment ou jamais d’utiliser son argent car elle n’est pas sûre que son « rapiat de mari va lâcher le moindre centime ». En me tendant un billet de dix euros, elle prononce la phrase magique, qui fait fantasmer tous les vendeurs : « Gardez la monnaie ». Merci madame, vous venez de me permettre de déjeuner !

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L ‘ Asso des anciens diplômés, nouvelle force pour notre maison

Diplômé de l‘Institut d‘études politiques d‘Aix-en-Provence, enseignant de Culture générale, président de l‘Association des anciens diplômés au sein de notre maison, fondateur et président d ‘ une école de design à Aix, ancien élu local, Stéphane Salord a accepté de répondre à nos questions afin de nous éclairer davantage sur les projets qu ‘ il a vu fleurir dans notre ville pendant près de vingt-cinq ans.

- Outre l ‘ enseignement de la Culture générale au sein de l ‘ Institut d ‘ études politiques d ‘ Aix-en-Provence, quel rôle jouez-vous dans notre maison ?

Stéphane Salord : Diplômé en 1992 de la section Service Public, je suis toujours resté proche de notre «maison». Je peux dire que Sciences Po m‘a beaucoup apporté : quand je suis arrivé à Aix en 1988, je n‘y connaissais strictement personne. Mes études à Sciences Po ont été un véritable passeport social et c‘est alors que je décidai de m‘installer définitivement sur Aix. Cela fait 25 ans cette année ! Quelques années plus tard, j‘ai commencé à m‘intéresser à l‘Association des Diplômés qui a toujours représenté pour moi une grande source d‘intérêt. Je la préside maintenant depuis 5 ans. A ce titre, je siège également au sein du Conseil d‘administration de Sciences Po Aix, en tant que membre associé. C‘est une belle reconnaissance pour notre communauté forte de plus de 9 000 membres.Outre cela, j‘enseigne effectivement avec plaisir au sein de la maison. Cela me permet de voir les évolutions énormes qui ont eu lieu. En effet, au-delà même de l‘évolution des cursus, l ‘ état d ‘ esprit, le nombre et la qualité des activités me semblent essentielles pour notre rayonnement sur la ville et le grand sud européen. Il faut, je pense, être certain de notre identité, de la force de notre label, de nos valeurs et je ferai tout pour le défendre et le porter plus loin encore.

- Quel rôle précis l‘Association des anciens diplômés joue-t-elle ? Que peut-elle apporter aux étudiants ?

Stéphane Salord : A ses débuts, l‘Association se nommait «association des anciens élèves». Lorsque j‘ai été élu président il y a cinq ans, j‘ai toiletté cette appellation d›une autre époque, pour devenir aujourd‘hui une «alumni», dénomination

internationale des regroupements de diplômés. Avec un conseil d ‘ administration de trente-quatre personnes, nous avons fait un travail considérable. La direction de Sciences Po, le professeur Duval et son équipe, ont bien compris toute l‘importance qu‘il y a pour une grande école d‘avoir une association de Diplômés active et puissante car son aide est importante et permanente.Nous avons franchi des étapes essentielles, avec des moyens désormais adaptés : un site internet central gratuit pour tous et ouvert aux étudiants du cursus, des cotisations possibles et des fonctionnalités élevées. Outre cela, nous projetons un regroupement annuel national à Aix, début juillet, pour notre assemblée générale, la création de sept délégations territoriales en France et en Europe, la publication chaque année d‘un recueil de textes thématiques et des conférences prestigieuses au sein de l‘institution. Enfin, nous avons en préparation un salon du livre au sein de Sciences Po qui nous permettrait de présenter nos talents littéraires. N‘oublions pas non plus le forum des carrières, l‘apéritif d‘intégration organisé tous les ans et notre soutien à la vie associative interne. Pour résumer le tout, nous agissons au quotidien pour les étudiants en cursus, ce qui représente à la fois un objectif de solidarité entre générations mais également une volonté de développer l‘intégration à l‘emploi.- Quel bilan dressez-vous des derniers projets de l‘Association ? Une image très positive de l‘association est présente à l‘IEP. Cela a t-il toujours été le cas?L‘image de notre association n‘a pas toujours été très claire mais il me semble que cela est en train d‘évoluer favorablement. Le plus difficile reste de combiner l‘adhésion et la fidélité des anciens diplômés aux exigences des nouveaux étudiants qui recherchent avant tout de la solidarité et des conseils auprès des anciens. Une fois de plus, je ne doute pas de notre réussite qui se fera progressivement. Notre dernière ambition réside dans la fiabilité de notre réseau et à ce titre, nous espérons qu‘en l‘espace de deux ans, nous parviendrons à passer de 35% d‘anciens diplômés inscrits sur notre site à 70%. Bien que cela représente un combat quotidien, il s‘agit du seul moyen de garantir aux étudiants le lien qualitatif et quantitatif aux stages et aux emplois dont ils aspirent et que notre réseau se doit de leur fournir.

Laetitia Pepe4

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Nous faisons des soirées sans boire, et elles sont très bien. Cependant en ce qui concerne les autres, il faut arrêter de jeter mamie dans les orties : ces soirées de défonce, personne ne nous force à les faire dans une sorte d’irrumation où la boisson, mauvais démon, agiterait son vit.

Nous les souhaitons parce qu’elles nous plaisent – et heureusement elle ne représentent pas toutes celles que nous faisons (celles où l’éthylisme n’est pas présent permettant de nous reposer un peu).

Nous ne sommes pas aveugles quant à l’alcool et boire n’est peut être pas l’activité la plus intelligente parmi toutes : mais en quoi le serait elle moins qu’une autre ? Certes certains tendent le vice jusqu’à en faire un art de vivre : le problème ne se pose en fait que lorsque boire est systématique et indépassable, et que l’on cherche non pas des amis avec qui boire, mais des amis pour boire. Adélaïde, nul besoin de se pencher sur la question éthylique avec toi : passons à celles qui te posent problème.

Fifty shades : en fait ce qui semble te faire souci c’est que cet ouvrage est mal fait. Tu nous engages d’ailleurs à aller vers du vrai, du solide, du concret en recommandant Sade à la conclusion de ton papier. Ta charge contre le faux ne semble, en fait, que dissimuler un intérêt solide pour la question du SM. En ce qui me concerne, et pour le peu (bien malheureusement à cet égard, donnes tu des cours du soir ?), je pensais que l’idée du sado masochisme était bien celle d’un rapport de domination. J’ai la faiblesse de penser que ce qui te dérange est ailleurs, et que si ce fut l’héroïne éberluée du bouquin qui tînt le fouet, cela te posât moins de problèmes. Mais ça me plaît ! Et je te propose d’inverser la tendance : sois maîtresse de cérémonie lors de notre messe dissolue, et manie avec hardiesse le knout au dessus de nos têtes prostrées. Pauline et moi serons ravis ! En ce qui concerne la tauromachie, tu te plaignais de devoir passer après Félix dans la réponse au sujet abordé. Taquine, tu ne le dévies que mieux vers une voie qu’il n’engageait pas.

Revenant à l’alcool, tu pointes les dérives extra-tauromachiques des férias pour en attaquer le cœur : les amateurs n’existeraient plus, ne subsistent que des déchets alcoolisés errant en périphérie des manifestations autour du taureau. Ces évènements ne seraient donc que prétextes à beuverie, et par là tu confrontes la part idéale de l’art tauromachique que défendent les aficionados à savoir le respect, le combat, l’esthétique, dévoyés au profit du sang, de la mascarade et du folklore. Sans tomber dans le piège de la rhétorique tupeupajuger sitapavu, je pense pourtant que la corrida mérite que l’on s’y rende avant de développer et défendre un avis sur la question – ce que je crois savoir, tu n’as pas fait. En ce qui me concerne, et pour le peu que je suis intéressé par la question du combat de d’un homme avec un chapeau chelou face au taureau, je garde un très bon souvenir des corridas auxquelles j’ai assisté : celui d’un public, pour peu qu’il soit un minimum initié – et il l’est dans l’immense majorité- présent pour assister à un duel grandiose, crachant son mépris à la face du toréador lorsque celui ci manque aux devoirs qu’il se doit de rendre à l’animal. Notre crit inter-IEP connaît les errements joyeux et massifs de l’éthylisme : n’en demeure pas moins que son essence est sportive, et sa cosmétique la camaraderie, les rencontres et le partage, qui en sont les aspects essentiels. Dieu sait combien de bêtes lilloises tombent pendant ce Week end, terrassées par un combat, honorable ceci dit, contre la boisson qui les dépasse – personne n’est là pour s’indigner de ce massacre, et peut être devrions nous nous pencher sur cette véritable question. Adélaïde, je propose d’inscrire à l’ordre du jour de notre réunion ce débat essentiel et trop peu mis en lumière. En espérant avoir dissipé vos doutes, je n’espère plus de vous qu’une pleine adhésion à notre projet commun. Et c’est main dans la main que je vous le dis, mesdames : je vous hais(me).

* Je suis disponible lundi soir. Ramenez des ami(e)s, je me charge des chips.

Robin Gonalons

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L’apothéose reste la réaction d’une femme face à la chorégraphie d’un vendeur zélé, digne d’un chien de berger regroupant ses moutons. Au lieu de fuir – comme toute personne normalement constituée - face à cet étudiant sautant un peu partout afin de la coincer contre un mur, elle rit, se met à participer à grands renforts de petites feintes droite-gauche et finit par acheter l’Express. Je ne peux alors que m’incliner face à cette technique invraisemblable mais néanmoins audacieuse. Pour un peu, j’aurais presque effectué moi-même une danse de la victoire sur la place. Deux après-midi – courtes mais intenses – pendant lesquelles on apprend que peu d’Aixois aiment l’Express (et Sciences Po accessoirement), qu’avoir une extinction de voix empêcherait apparemment de lire, que les femmes nues sur la couverture du journal peuvent être un bon argument de vente et surtout qu’il sera désormais impossible, après s’être mis à leur place, de ne pas s’arrêter en entendant le fameux « Vous avez deux petites minutes ? ».

Roxane Salles

Flagellons nous gaiment

Cet article est une proposition. Chères Adélaïde et Pauline, séduit par la lecture de vos articles dans l’Aixhaustif précédent, respectivement sur la Tauromachie, Fifty Shades of Grey, ainsi que sur l’éthylisme latent des étudiants de l’IEP, je vous propose l’organisation d’une orgie d’envergure où nous pourrions nous vautrer dans le stupre et la vodka sous fond de musique espagnole. Bien que persuadé que vous comprenez déjà l’intérêt de la démarche, je reste convaincu que demeurent peut être quelques réticences quant à cette agape. Permettez-moi de les gommer entièrement avant de passer aux détails techniques* de notre petite sauterie. Pauline, puisque tu as choisi un sujet auquel mon corps est tout particulièrement attaché, tu es par conséquent l’élue de mon cœur et ouvre le bal. Tu mènes la charge, sabre au clair, contre le glissement de l’alcool en tant que moyen vers l’alcool en tant que fin dans nos soirées étudiantes. Et nous engage à « relever d’autres limites que celles de notre foie » (personnellement je peux déjà dire que je n’irai pas plus loin : il faut dire qu’il résiste, ce salaud).Sacrée Paupau ! Gare à toi la prochaine fois qu’on se croise trop proche d’une bière – et pas de dérogation pour les monacos. En attendant, dans le fond je ne suis en fait pas opposé à ton analyse. Tu as même plutôt raison. En revanche tu louvoies un brin sur la manière de les appréhender. Effectivement dans certains de nos évènements l’objectif est de faire grosse soirée, selon notre affectueux vocable sciencepiste. Malheureusement, on ne fait pas de raves avec du Pago orange, ni de Woodstock avec des patchs Nicorette, et il n’y a que dans les clips de Katy Perry que s’orchestrent des teufs ex nihilo (voir particulièrement celui dans la forêt où ils ont dû droguer les granitas pour s’envoyer à ce point là).

Bukowski grommelait, entre deux bouteilles que certaines personnes ne connaissaient jamais la folie dans leur vie, et combien, conséquemment, devait elle être ennuyeuse ! Chez certains elle est naturelle : pour nous autres, pauvres pêcheurs, il est nécessaire d’un coup de pouce alcoolique pour la provoquer.

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Athènes

C’est son passé antique qui a fait la gloire d’Athènes. Il est d’ailleurs difficile de rester de marbre en surplombant le théâtre de Dionysos, depuis le Parthénon. Dès les premiers jours, Athènes ensorcelle : le soleil vous tape un peu sur le crâne et, dans le brouhaha d’une ville en vacances, vous explorez les chemins de Plaka, le plus vieux quartier de la ville, en sirotant un café frappé : une ignominie sans nom, mais bon, il faut bien faire comme les Grecs. Pourtant très vite on se rend compte que la magie d’Athènes émane moins de son histoire et de ses ruines que de sa vie aujourd’hui.

Athènes n’est pas jolie. A l’exception de quelques immeubles néoclassiques et du quartier de Plaka susnommé, la personnalité architecturale de la ville ne donne pas matière à s’émouvoir. Néanmoins, l’émerveillement est là : Dans les quartiers, s’organisent des assemblées citoyennes, dans les cafés, des débats politiques, dans la rue, des concerts anti-fa. Athènes est vivante. On vous accueille avec un sourire, on vous invite à manger à la maison et on vous reçoit comme un enfant de la famille. Athènes est hospitalière.

Et pourtant, le sort réservé aux immigrés est des plus pénibles. Considérés par le premier ministre grec Antonis Samaras comme les « tyrans de la société », ils sont victimes des violences perpétrées par Aube Dorée, parfois sous les yeux de la Police, sans que celle-ci ne réagisse. Vivre Athènes est une expérience déroutante : le sublime jouxte trop souvent le morbide. On est confronté à des personnes merveilleuses d’une bonté infinie et aux conséquences terribles de l’austérité. On y voit une population politisée, déterminée à améliorer le destin de la Cité, tandis que les atteintes aux droits de l’Homme sévissent chaque jour. Athènes, ville de contradiction.

Lydia Belmekki

AIXPAT ‘S AIXPAT ‘S

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« Un continent par jour, voilà notre foulée. » Paul Morand

Vous penserez aux filles, ou aux garçons, qui sait. Vous finirez l’année en riant de vos sorts. Vos examens passés, vous gloserez sur le risque qu’il y a à passer sa 3A sans passeport. Tout compte fait, vous partirez. Taiwan, Moscou, ou Babylone. Athènes, Beyrouth, ou Santiago. Vous choisirez le stage, ou l’université. Des routes vous relieront, souvent des continents.

Vous partirez deux cent. A Frisco, au Texas, Friesen (c’est en Alsace) ou à San Francisco.

Elle sera loin derrière l’Europe des Grands Arrêts. De la CJUE, de Strasbourg, de Bruxelles. Vous sauterez la Haye comme aux champs de Vincennes.

Vous serez séguinistes, jusqu’au décentrement. Aix, Paris, Epinal. Tunis en capitale. Vous rêverez d’aurores faussement boréales.

Chacun s’acquittera de sa page d’écriture. Vous remiserez l’Usage du Monde, annexerez de nouveaux suppléments à ce vieux Bougainville. Vous ouvrirez des blogs, et vos yeux assez grands sur vos nouvelles villes. Des nuages fileront dépeupler votre ciel.

Vous dînerez à midi sous des soleils de plomb. Ou des plongeoirs rêvés, sous des pluies diluviennes. Vous prendrez les avions comme on prend le métro. Vous referez un MUS tout autour d’Israël.

Le soir venu, vous remonterez le fleuve. Celui des alcools blancs, et des caipirinha. Et vos chutes nombreuses, de Rhin, ou de Camden, vous paraitront peut être follement étrangères. C’est qu’elles seront légion. Et vos têtes, à l’envers, vous paraitront si pleines et si lourdes à la fois, que le retour en France s’avèrera salvateur.

Car il faudra rentrer. On retourne au pays comme on va au couvent ; surtout n’y pensez pas. Envolez-vous sereins et serrez votre sort.

Vous profiterez donc s’il vous plait par deux fois. Pour vos nouvelles rencontres. Et pour tous les anciens d’il était une fois.

Marc-Antoine Moreau

«Zissou in His Tire-Boat», Jacques-Henri Lartigue,

1912

AIXPAT ‘S AIXPAT ‘S

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Eloge du célibat

L’Aixhaustif fait un dossier « LOVE » après la fameuse fête commerciale de la St Valentin, et on parle d’amour, de couple, mais QUID des célibataires ? Cette espèce répandue dans l’IEP, on ne les compte plus, ils sont trop et ils sont partout. Il y en a de différentes espèces que je chiffre au nombre de trois.

Il y a l’assumé qui est seul et fier de l’être. Il clame sa liberté, nargue les amoureux en leur montrant qu’il n’a de compte à rendre à personne, il sort quand il veut, il rentre à l’heure qu’il souhaite, s’habille, parle et se comporte comme il le désire. La solitude ne lui fait pas peur. Il n’est pas scotché à son téléphone toute la soirée. Son seul but quand il est de sortie n’est pas d’emballer mais de profiter de la présence d’autrui. Il a 20 ans et se sent bien tout en papillonnant de personne en personne. Son objectif est de profiter sans frein de sa jeunesse, qu’il incarne à merveille.

Puis il y a le nouveau, espèce relativement répandue. Il sort en général d’une relation à rallonge qui a duré une année minimum. Il veut rattraper le temps perdu, sortir, boire fumer, rencontrer de nouvelles personnes et emballer le plus possible. D’ailleurs c’est son seul objectif. Il veut sentir qu’il plaît toujours, que l’ex perd quelque chose. Il ne veut pas se recaser tout de suite mais ne veut pas trop attendre non plus. Il va aussi avoir tendance à se servir des réseaux sociaux pour bien montrer qu’il fréquente le sexe opposé, mais surtout il ne va pas cesser de répéter qu’il va beaucoup mieux depuis qu’il est célibataire.

Le dernier, et pas des moindres, est le Faux, il est célibataire en théorie mais en pratique c’est une toute autre histoire. Souvent, le faux est engagé dans une relation dite non exclusive, en fin de soirée il rentre avec la même personne, lui lance de longs regards, a des sentiments mais cela lui fait peur. Il ne veut pas renoncer à sa liberté (cf l’Assumé), aime avoir la possibilité de rentrer avec quelqu’un d’autre sans avoir de rendre de compte. Le problème, c’est que très vite le faux célibataire se retrouve pris à son propre jeu quand l’autre va voir ailleurs, et là c’est le drame, il tente le tout pour le tout pour récupérer l’être perdu. Tous les coups sont permis : grandes déclarations, larmes, genoux à terre, dépression, harcèlement … Le faux célibataire a peur de l’engagement, et il le sait mais ne l’assume pas.

Jean Ferrat faisait, en 1960, l’éloge du célibat, pas de raison qu’en 2013 on n’essaie pas. Etre célibataire, pour les gens en couple, c’est Bridget Jones, on mate des comédies romantiques dans notre lit en mangeant des bonbons et l’on pleure à la fin, ou c’est le gars qui joue à sa console toute la soirée et qui a les chaussettes usées, alors que c’est tellement plus que ça. Oui, j’ai déjà regardé des sitcoms en mangeant des bonbons et en pleurant à la fin mais j’ai plus souvent dansé jusqu’au bout de la nuit, embrasser plusieurs crapauds, passer des soirées avec mes amis plutôt que de me morfondre de ma condition de célibataire, totalement assumée.

Ne rendre de compte à personne, ne pas me mettre dans des états d’hystérie quand mon copain ne donne pas signe de vie, faire des compromis, rester par habitude ou commodité, pleurer des heures au téléphone, je dois bien avouer que je n’envie pas la vie de couple de certains de mes amis. Je les plains même. J’ai la chance de me lever tous les matins sans avoir à me préoccuper de ma tête, de ne pas mettre une heure à m’habiller juste pour Lui plaire, ne pas surveiller mon langage, ma tenue, mon maquillage toute la journée, mais aussi de passer ma journée sans scruter mon mobile, ainsi que de pouvoir perdre le contrôle en soirée sans avoir peur de me tromper ou craindre que la culpabilité ne vienne me ronger le lendemain matin. Je ne doute point qu’être en couple a ses avantages, comme tout, mais sans se mentir, être à Sciences Po et célibataire c’est tellement plus drôle que de se perdre dans les méandres d’une relation de couple qui ne survivra pas aux vacances d’été ou à la 3A. Mais il ne faut pas se mentir, le célibataire de 20 ans ne compte pas le rester toute sa vie, un jour, lui aussi, il cédera à la relation de couple, à la cohabitation, l’engagement, le mariage, les enfants et tout ce qui va avec.

Eugénie Arnaud

LOVE LOVE LOVE LOVE

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Micro-trottoir

Lendemain de soirée arrosée, l‘esprit encore embrumé par les vapeurs éthyliques de la veille, c‘est sous la pluie que nous décidons de nous rejoindre pour faire le micro-trottoir «Love» du mois. Le temps maussade semblait se répercuter sur l‘humeur des passants. Notre micro-trottoir tomberait-il à l‘eau? C‘était sans compter l‘acharnement et la motivation inépuisable de vos fidèles reportrices. Les questions posées nous semblaient assez clichés mais au final elles ont donné lieu à des réponses inattendues et variées.

* Avez-vous déjà été a m o u r e u x ( s e ) ?

«Non», nous répond-il d‘un ton assuré et tranchant. Pas une seconde d‘hésitation pour ce jeune d‘une vingtaine d‘années interviewé à la terrasse d‘un café. Un «oui» timide et hésitant sort de la bouche de plusieurs étudiants qui ont l‘air gênés par notre question. Une jeune femme se livre à notre micro : «Amoureuse oui, mais je fais une différence entre ça et aimer. On aime en actes et dans le temps et on est amoureuse tout le temps».

* Jusqu‘où seriez-vous prêt(e) à aller par amour ?

Après avoir essuyé un nombre incalculable de regards vagues accompagnés d‘un «Eeeuh, je sais pas...Loin ?», nous avons réussi à récolter quelques réponses plus précises :

«Jusqu‘à partir, jusqu‘à le quitter» «Je suis capable de tout plaquer, de partir au bout du monde mais uniquement si je suis sûr que c‘est mon âme soeur»

«Je ne pourrai jamais abandonner mes projets personnels, même pour la personne que j‘aime»

«J‘arriverai à le suivre partout, mais uniquement si je sais qu‘il est capable de faire la même chose pour moi».

* Que pensez-vous de l‘amour sur les réseaux sociaux?

«Pas pour moi !» déclare une jeune fille d‘un ton catégorique, à peine notre question posée. «Je trouve ça bizarre, mais si ça marche tant mieux. Ca ressemble un peu trop à une industrie, la dimension marchande me gêne».

Un jeune homme rigole et s‘exclame : «Je pense que pour moi c‘est de la m****, mais que pour les grands-mères en manque d‘amour, ceux qui travaillent ou divorcent et qui n‘ont pas le temps de chercher ça peut marcher.

C‘est quand même un outil de la modernité, il va bien falloir qu‘on s‘habitue à vivre avec».

«Au départ, ça peut plus être un plan-cul mais au final ça pourrait aboutir à quelque chose de sérieux mais ça reste très rare» nous répond de manière assez pessimiste une étudiante.

* Que pensez-vous de l‘amitié fille-garçon ?

Cette question suscite au départ des réponses très spontanées : «C‘est plus simple s‘il est moche quand même !», «Il vaut mieux que le mec soit en couple... ou moche c‘est encore plus facile».

«Je ne crois pas à la meilleure amitié fille-garçon, il faut qu‘il n‘y ait aucune attirance entre les deux. Ce n‘est pas une question de beauté ou de célibat». Plus tard, un jeune homme nous réplique avec enthousiasme : «Bien sûr que j‘y crois ! Heureusement que ça peut encore exister».

Un autre renchérit «Je suis bien obligé d‘y croire, sinon j‘essaierai de coucher avec toutes mes potes. La beauté ne rentre pas en compte car aucune personne n‘est moche, c‘est uniquement un jugement de valeur».

Léopoldine Bonnemaire & Roxane Salles.

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Réponses :

Max de ¤: L’âme sœur artistique L’âme sœur... déjà vous y croyez, c’est un bon début ! Eh oui doux rêveur, vous pensez qu’elle est là, quelque part, perdue dans ce monde. Seul petit bémol : vous êtes persuadé que vous, oui vous, ne la trouverez jamais. En fait vous êtes un artiste refoulé, sensible, parfois excentrique, et vous cherchez celui ou celle qui saura vous comprendre, mais comment peut-on vous comprendre ? C’est à peine si vous vous comprenez vous-même... (Baudelaire non plus , on ne le comprenait pas, et Gainsbourg non plus d’ailleurs, alors...).Cette âme sœur devra, sans nul doute, appartenir à votre monde lunaire. Drôle, originale, inventive, elle devra posséder la voix d’un ange. Mystérieux, incernable, il devra écrire des poèmes aussi justes à l’oreille que ceux de Rimbaud. Bref... ne cherchez pas trop longtemps, vous risqueriez de vous fatiguer inutilement.

Max de $ : L’âme sœur Barbie/Ken Alors pour vous l’âme sœur ne sera pas difficile à trouver : des mecs canons, des filles bien roulées, c’est pas ce qui manque sur notre belle planète terre. Qu’il/elle soit blond(e), noir, chinois, bête, marrant, méchant, fidèle, ou pas, c’est pas votre affaire, tant que c’est une bombe sexuelle. Vous l’aurez compris, vous attachez une importance non négligeable au physique de votre future moitié, et votre genre c’est pas intello à lunette cultivé et coincé. Non ! Vous voulez du muscle, de la sueur et du sang. A l’attention de votre âme sœur : Messieurs, sachez que la taille du pénis vous importe, et que non la manière de s’en servir ne fait pas tout. Mesdemoiselles, sachez que les hommes ne préfèrent pas les rondes au lit, et que non le contact d’un ventre rebondi ne leur rappelle pas (selon la justification médiatique de type freudienne) le souvenir de la douceur d’un ventre maternel. En somme, votre âme sœur sera canon et bon au lit, ou ne sera pas !

Max de * : L’âme sœur branchée taréeImprévisible, c’est presque le mot qui suffirait à résumer l’âme, sœur de la vôtre. Bien sûr il/elle devra être marrant, en fait vous ne supporteriez pas de ne pas vous taper des barres avec votre moitié, ne pas oser lui cracher votre noyau d’olive à la figure, ne pas exploser de rire en lui lançant la moitié de votre assiette dessus. En fait, il vous faut quelqu’un NO LIMIT (yeah bb), un peu décalé, qui n’ait pas peur de monter sur un podium tout nu, ou de s’endormir dans la rue après avoir perdu ses clefs. Le rire et la déconne c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Un peu de style, de goût musical, tout ça tout ça... ne font pas de mal de temps en temps. Et oui, c’est votre petit côté suffisant et branchouille hipster : allez voir chez Blow Up au 26 rue Boulegon, sait-on jamais (peut-être même dégoterez-vous au passage une super chapka ou une charmante chemise hawaienne, pour être plus mode que mode). Faites attention à ne pas laissez passer l’être promis pour une affaire de style...

Max de <> : L’âme sœur intellectuelleComme tout le monde, vous espérez, ou du moins rêvez de trouver l’âme sœur. Vous recherchez la personne qui comme vous aura lu l’intégrale de la saga A la recherche du temps perdu, ou des Essais de Montaigne. Oui, il vous faut de l’intelligence, de la finesse d’esprit, de la pertinence ! Le physique n’est pas l’essentiel, seule la beauté intérieure compte n’est-ce pas ? De nature plutôt discrète, et détaché des contingences et clichés attachés à l’image de votre jeune âge, vous ne voulez pas d’un(e) fêtard(e)décérébré(e) ou d’un(e) crétin(e) obsédé(e). C’est un intellectuel qu’il vous faut, une grande âme capable de vous faire atteindre l’orgasme rien qu’en vous récitant les thèses sartriennes sur l’existentialisme humaniste. Ou une penseuse aguerrie, qui puisse vous faire atteindre le 7ème ciel en déclamant avec une foi religieuse les pensées des philosophes antiques. Vous attendez celui ou celle qui saura remplacer dans votre cœur vos livres et vos manuels chéris, qui saura vous faire oublier la jouissance d’une lecture solitaire. Amen, persévérez, tout vient à point à qui sait attendre.

Alix Boyer

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TEST : POUR QUELLE AME SOEUR ÊTES VOUS FAIT(E) ?

1) En arrivant à Sciences Po Aix, vous espériez trouver : ¤ L’amooooooour, le vrai, le beau, le grand ! $ Une armée de filles plus intelligentes et sexy les unes que les autres (on le sait, l’IEP aixois est réputé pour sa concentration de grosses bombes au m²)<> Une armée de filles plus intelligentes et sexy les unes que les autres (on le sait, la concurrence est rude dans une école qui statistiquement concentre 1 personne de sexe masculin pour 3 de sexe féminin).* Des potes, des soirées, des gens intéressants etc... les relations sérieuses on verra après.

2) L’âme sœur idéale pour vous serait : * Improbable, inconcevable, décalée et qui aime la musique (bordel) !<> Discrète, cultivée, responsable, sincère¤ Originale, excentrique, rêveuse et artiste sur les bords$ Bien foutue, sexuelle, aguicheuse, irrésistible

3) LE détail qui vous fait craquer :

<> Un regard pétillant et vif (oh my gaaaad vous fondez)$ Un fessier rebondi, ferme et musclé (détail qui doit faire craquer votre cœur, et non vos mains...)* Un tatouage dévoilé l’instant d’un mouvement

¤ Une voix sensuelle et profonde/ un rire cristallin et chantant (impossible de se l’enlever de l’esprit)

4) LA phrase qui vous fait fuir à tous les coups, c’est p l u t ô t :(Pour les filles) : $ « La vérité, t’as les yeux qui sentent le cul ! » <> « Je te paie un café ou on s’embrasse ? Mais je t’avoue que là j’ai pas très soif ! »¤ «T’es pas essoufflée à force de courir dans mes rêves ? » * « Tu savais que tu avais 206 os dans ton corps, ça te dirait d’en avoir un de plus ? » (OMG)

(Pour les garçons) : * « Je fais du rugby » ¤ « J’ai toujours rêvé d’être une coccinelle qui sauterait de pissenlits en pissenlits au gré du vent»$ « J’avais donné un p’tit nom au phallus de mon ex, c’est marrant non ? »<> « Je préfère ne pas m’épiler, ça fait plus nature »

5) La rencontre parfaite, celle que vous faites tourner en boucle tous les soirs dans votre tête, ressemblerait à :

<> Un jour de grosse pluie, un couloir de lycée américain, un coin de rue... bref tout endroit magnifiquement cliché où vous vous heurtez par mégarde à l’âme sœur avant de vous sourire (en

ramassant les affaires que vous avez tous deux fait tomber, bien entendu)* Un sombre couloir de boîte de nuit éclairé au néon, vous vous croisez, regard lascif, il/elle vous plaque contre le mur, et c’est parti...

¤ Une foule immense de concert, tous les yeux rivés sur une personne (the star du concert) qui elle ne regarde que vous$ La rencontre importe peu, c’est l’étape juuuste après qui vous intéresse le plus...

6) Pour votre moitié, vous seriez prêt à :

<> Sacrifier votre virginité chèrement défendue (pas toujours volontairement, enfin...) * Renoncer à une soirée bière-fifa-NT1-joint avec vos potes / vin-potins-vernis-joint avec vos copines ¤ Troquer vos culottes/caleçons Petit Bateau pour des dessous dignes de ce nom$ Devenir fidèle

7) Dans l’idéal, il/elle devra avoir le physique de :

$ Ryan Gosling (un tantinet cliché)/ Megan Fox (pleurons mes amies)* Louis Garrel / Louise B o u r go i n <> Nicolas Bedos / Adèle Van Reeth ¤ Gainsbourg / Gainsbourg

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Désirer pour Vivre, mais à quel prix ?

My dear Camille,

Étant de connivence avec la rédactrice en chef du journal, j’ai eu l’occasion de lire ton article en «avant-première », ce qui m’offre la possibilité de pondre une brève missive marquant mon désaccord. La première impression qui a suivi ma lecture fut d’emblée: « grave, elle a trop raison, ce soir, c’est plan à 3 avec ma coloc’ ». Mais creusant un peu, cette idée « d’art du désir » m’est apparu plutôt fallacieuse. Force est de constater que je me place dans une optique bien plus stoïcienne, voire austère que toi. Revenons à la définition du désir : il est d‘abord la prise de conscience d‘un manque, dont la satisfaction procure du plaisir, c’est d’ailleurs plus ou moins ce que tu exposes dans ton article. Or, tu affirmes aussi, que suivre, voire céder à ses désirs permet d’être créatif, mais surtout, d’être réellement vivant. Le but de tout être vivant n’est-il pas avant tout d’être heureux ? Peut-on trouver le bonheur par une succession de désirs ? « Pleasure and happiness are two different things », affirme Oscar Wilde dans Le portrait de Dorian Gray.

Il me semble qu’à céder à nos désirs, nous ne gagnions qu’exaltations passagères, plaisirs éphémères et finalement frustration. Le « Faust » de Goethe en est l’exemple criant: ne se satisfaisant pas de sa vie d’intellectuel perché dans sa tour d’ivoire, le damné passe un pacte avec le diable, engageant son âme. Il rencontre alors la jeune Gretchen qu’il séduit rapidement avec succès ; mais le drame de cet amour est que, plus que du simple plaisir, c’est l’absolu du sentiment que Faust recherche. Inévitablement, il souffre. En ne cédant pas à ses désirs, ce sont d’autres sentiments que l’on explore. Peut-être ne sont-ils pas aussi jouissifs mais, au moins apportent-ils plus de plénitude, d’épanouissement. Cela va de pair avec la responsabilité pesant sur nos actes et avec notre capacité à l’assumer. Nous vivons à travers et pour les autres, ce qui implique que nos actes aient des répercussions et conséquences ne se limitant pas simplement à notre petite personne. Or, ce que tu souhaites mettre en avant dans tes propos est le sens que l’on veut donner à nos vies et donc à nos actions. Tu le soulignes, nous sommes en train de nous forger une identité. Il m’apparaît dès lors que c’est impossible à travers la culture d’un « art du désir » : celui-ci relèverait plutôt de la fuite constante de soi-même, d’un besoin de s’évader pour ne pas affronter la voie plus charpentée et ardue qu’est celle qui mène vers le bonheur. Mais elle est plus satisfaisante : elle permet de se connaître, de s’assumer, peut-être même de s’aimer.

Nous sommes certainement déjà en train de mourir comme tu dis, il n’en reste pas moins que nos actes et leurs implications demeurent. N’est-ce pas en soi une création devant viser à être la meilleure possible? Si je suis d’accord avec toi sur le fait que l’art est le « plus précieux cadeau de l’humanité », la causalité entre « art » et désir ne m’apparaît pour autant pas évidente : c’est plutôt leur talent ou beauté qui ont fait la renommée des artistes que tu as cité. En outre, ce n’est pas tant la vie que les œuvres de ces artistes que l’on admire ou que l’on tend à vouloir répliquer. Pour une pincée de génies parvenant à créer par leur tourment, combien de perdus dans un cercle vicieux? Enfin, il n’est pas sûr que le Dalaï Lama – suivant ses préceptes bouddhistes- ait été moins bénéfique pour l’humanité et son épanouissement que Marylin Monroe. En ce qui me concerne, son style de vie est cependant un bien plus bel exemple.

Je dirais donc que je suis navrée, mais n’ai aucune envie de te suivre « down the rabbit hole », car il ne me semble ni souhaitable ni véridique que Vivre –avec un grand V- ne soit qu’une succession de désirs. Ou alors je veux bien être moins Vivante, mais plus heureuse.

Pauline Nales

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The Art of DesireAs we all move on with our student lives, we start to define ourselves as adults with fixed personalities. Our decisions that we make today, whether or not we want it, will shape our identity in a tremendous way. You are aware that it is harder to change later, so today you are deciding the person that you want to be. Something has been preoccupying me for a while and I wish to share it with you: it is the concept of desire. I admit, I am a very ambitious girl, extremely tormented by my future career as well as an inexplicable need to accomplish something worthwhile before I die. I know what you think, I am simply the product of our society which shapes us to pursue our own interests and urges us to prove ourselves within the rest of the crowd. Absurd, isn›t it? But let›s face it, even though we think we define ourselves, we are all mere puppets. Nevertheless, I could make the choice to just live separately in total ataraxia, the highest state of peace, away from the pain caused by my desire.

The Buddhists claim that desire is the root of suffering. Indeed, any sufferance comes from the lack of what we desire so much. As soon as we receive the object of our yearning this delicious agony simply stops until a new desire appears to haunt us. Thus, we could say that desire is the greatest flaw of human beings and that we should focus, all our lives, on rejecting any kind of unecessary craving. Our dear friend Epicure could not agree more. Imagine a life without pain caused by a burning ambition, an umbearable jalousy, a fervent crave for sex, a devouring pride or a voracious avarice. Your only aim would be to survive and cultivate your inner self in a peaceful and stressless environment. Sounds like paradise, right? No more questions, no more torture of the soul and the body, no more war and no more anguish. But what then would be the point of living? I think I made it quite clear in my last article that I consider Art as the most precious treasure cultivated by human kind. Indeed, we live to create, to invent, to innovate and reinvent again; it is what drives us insane, what kills us but yet what defines us. We all have creative souls and we should always cultivate it. Artists are often criticised for being too excentric, weird, idle, non-conformist, suicidal and dreamy. Artists are also tortured souls who struggle to express their art, they are torn by their obsessive feelings and their endless imagination.

They are well known for their breakdowns and their frequent existential anxiety. Their desire to create, to experiment and live to the fullest consumes them and sometimes destroys them. Statistics show that artists have on average twice as many sexual partners as the rest of the population and they tend to be more open to new sexual practices. Furthermore, they drink, they fall into gambling addictions, they experiment with drugs and they find themselves caught in a destructive, yet creative, cycle. Nevertheless, artists form the driving force behind world progress. They compose dreams for generations to come and they fuel the fire of desire. They generate despair, loneliness, sorrow and turmoil, but they also create a legacy of pure fantasy and epic beauty.Besides, what would the world be like today without a tormented Arthur Rimbaud, an enigmatic Marilyn Monroe, a depressive Dostoyevsky, a forlorn Beethoven, a miserable Hemingway or a bipolar Van Gogh?

Today you can make a choice: you can choose to fight against your desires and maybe one day reach the holy grail of ataraxia. Or you can come with me, down the rabbit hole, even if you are uncertain to ever come out. Wonderland is not a safe place but aren›t you curious to see what you are capable of feeling and to explore the different side of humanity?You should accept every pain, every deception and every failure as it is what makes you unique, what makes you special and what makes life so beautiful and extraordinary.Look for the danger, look for the thrill, look for the adrenaline and never step back; just smile and think that you can do absolutely WHATEVER you want because you are already dying anyway.Don›t forget, if one day you are exhausted or you cannot endure it anymore, leave this occidental society and find a peaceful place to finish your life, free of all yearning. For now, here is my advice: follow your desires, follow your craziest passions and dreams - it doesn›t matter if they are delirious - follow your cravings and that will lead you to the point of “being”. We shall all cultivate the Art of Desire as the greatest spark of humanity.

Camille Pellicer

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Spotted Sciences Po Aix : Le mal est fait

« Ce fut le temps d‘un battement de paupières, et elle me regarda sans me voir, et ce fut la gloire et le printemps et le soleil et la mer tiède ... » écrivait Albert Cohen dans Belle du Seigneur. Ce n’est pas sur le Spotted de Sciences Po Aix que l’on trouvera d’aussi beaux mots préférant la vulgarité, les propos méprisants et blessants envers ses propres camarades. Elle est belle notre solidarité iepienne.

Il y a de cela quelques semaines, le profil Facebook « Ange cupidon » a suivi le mouvement du phénomène Spotted tout droit venu de l’imagination de deux étudiants en faculté de sciences politiques à Lyon III. Jusque-là, il n’y a pas mort d’homme, tout le monde l’a fait. Mais là où il y a un problème dans le Spotted de notre école, c’est qu’il ne respecte pas vraiment le concept initial. En effet, le but de ce genre de page est de retrouver une personne croisée au détour d’un couloir ou d’une soirée, déclarer sa flamme sur Internet anonymement et donner rendez-vous à une personne qui saura se reconnaître à travers ses mots. Là, on a juste affaire à un petit malin qui a fait le mouton en créant une page mais qui ne la contrôle plus et qui la censure. Seulement quelques jours après la création de la page, un autre petit malin a été pris d’inspiration et a écrit un acrostiche sur l’un de ses aînés. Record absolu de vue et de «likes » sur cette infâme publication. Record de commentaires défendant ladite personne accompagnés de quelques soutiens de camarades, qui au lieu de se lancer dans un débat stérile sur une page visité seulement par une centaine de personnes ont préféré laisser parler les mots de certains artistes comme Rudyard Kipling ou Michel Audiard, et ils ont eu raison. Après que la polémique ait frappé, Ange Cupidon n’a pas assumé son geste et a supprimé la publication. Mais reste encore, malgré tout, quelques vestiges d’un manque de respect envers les destinataires des messages avec notamment des insinuations à des actes sexuels, et un message de regret dans lequel l’auteur va jusqu’à dire « l’odeur de ton corps, une abomination ». Une belle preuve de respect.

La page de Spotted est devenue un refuge pour les frustrés, les mal-aimés et les immatures de Sciences-Po qui n’ont pas supporté le passage entre le lycée et les études supérieures. Ces personnes-là existent, c’est un fait incontestable, parce que des imbéciles il y en a partout même à Sciences Po (incroyable !). Mais ce qui me déçoit le plus dans la création de cette page et dans son alimentation, c’est que la personne se cachant derrière le profil d’Ange Cupidon n’est peut-être pas bête, mais entretient la bêtise ambiante de cette poignée de personnes se sentant mieux une fois avoir déversé leur venin sur Internet, le tout anonymement, le secret étant gardé par l’administrateur.

Spotted Sciences Po Aix demeure quand même une série de blagues entre amis qui s’amusent à se faire des déclarations. Ainsi, le concept de Spotted ne marche pas dans notre IEP car tout ce petit monde se connaît, sait que les rumeurs courent vite, et que personne ne fait confiance à quelqu’un derrière son ordinateur qui serait au courant de nos coups de cœur.

J’ose espérer que certains remonteront le niveau de cette page qui pourrait avoir du potentiel, mais toutefois, je pense qu’il serait plus judicieux de mettre un terme à cette mascarade et s’avouer vaincus, renoncer.

Spotted, ce n’est pas pour les IEP, c’est pour les facultés.

Eugénie Arnaud

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Savez-vous pourquoi on ne renonce jamais ?

Danse avec luiUn film. Un simple film.Réalisé en 2007, par Valérie Guignabodet . Juste un film. Pas du grand cinéma, mais un film qui parle d’un rêve, d’une passion. Ma passion.« On ne renonce jamais aux chevaux, vous savez ? Ca fait dix mille ans que les hommes tentent de dresser les chevaux. Chaque humain recommence avec chaque cheval la même aventure, difficile et périlleuse, dix mille ans qu’on tombe…dix mille ans qu’on se relève….qu’on invente les voitures, qu’on invente les avions, et pourtant on continue de monter à cheval. Vous savez pourquoi ? »S’il fallait résumer ce film, cela pourrait tenir en cette seule et unique citation.Je sais que certains dirons : « oh la gentille fille fan de son poney ». Les dadas c’est un truc de gamine après tout…Ils ont raison sur un point : cette passion, elle fait partie de moi depuis mes 7 ans. En fait, ce n’est pas de chevaux dont traite cet article, mais sûrement d’une des choses les plus importantes auxquelles chacun devrait prêter attention : nos rêves, nos désirs, nos passions. Et en ce qui me concerne, l’exemple des chevaux en est le plus parlant. Je me souviens de cet article de novembre écrit en anglais par Adélaïde Tenaglia, qui disait que derrière notre vie étudiante si bien remplie, partagée entre études, sport, associations, fêtes, événements et rencontres, il nous manquait toujours quelque chose. En effet, comment donner un sens à nos vies? A quoi bon faire des études et mener une vie étudiante des plus remplies si l’on n’a pas derrière quelque chose qui fait que nous sommes ce que nous

sommes, et pas autre chose ? Comment se différencier des autres et être soi-même si l’on se concentre sur la routine quotidienne- aussi complète fût-elle ? Adélaïde répondait en somme qu’exercer un art sous toutes ses formes permettait de dépasser cette routine et de s’accomplir soi-même. Loin de la contredire, je dirais que ce sont plutôt nos passions qui forgent notre identité. Qu’il s’agisse de passions pour la musique, le sport, la lecture, la création, l’art ou je ne sais quoi d’autre, ce sont surtout elles ainsi que nos rêves qui forgent notre identité, et que le temps n’altère pas. Avoir une passion, c’est posséder quelque chose indissociable de soi-même, sans laquelle on ne pourrait pas vivre, sans laquelle on se serait rien. Quand bien même on ne puisse pas forcément vivre d’elle, quand bien même on se ferait critiquer pour elle, quand bien même elle ne peut se couronner que par des échecs, une passion ne s’efface pas, son souvenir non plus. Elle s’impose à nous, d’un seul coup. Elle plane autour de nous et se rapproche doucement, jusqu’au moment où elle se tient face à nous, sur notre route et à ce moment-là, on n’a plus le choix. Impossible de bifurquer, de l’ignorer ou de revenir en arrière, la passion nous tient avec une volonté de fer et on n’a d’autre choix que de l’accepter, puisque qu’elle fait partie de nous au même titre que nous appartiennent notre corps, notre esprit ou nos sentiments. Quand on parle de sentiments, justement, la frontière entre ce genre de voie et la passion

amoureuse est faible, voire floue. Parfois même, ces deux passionsse mêlent pour n’en faire qu’une.C’est ce que m’a appris ce film que j’adore et déteste à la fois : la passion de l’équitation, le sentiment équestre n’est rien d’autre qu’un sentiment d’amour. Au-delà du sport, de l’art, des challenges et de la compétition, l’équitation n’est rien d’autre que de l’amour, de l’amour qui dure, et qui me permet d’avancer envers et contre tout, auquel je me raccroche quand tout va mal et que le monde s’effondre autour de moi. J’exagère bien sûr, et on me traitera de douce rêveuse, mais le fait est : avec ou sans cheval, je suis cavalière, et il n’existe aucune limite à ce que je ressens pour ce sport. C’est ma passion, elle fait partie de mon être, de mon âme, et ce sentiment n’est pas prêt de s’estomper. Danse avec lui n’est en fait pas seulement un film équestre. On peut danser avec bien d’autres choses qu’un cheval: avec un partenaire, avec un art, avec la vie…Et c’est ce qui est nécessaire : avoir quelque chose de fort en soi, un fil conducteur qui oriente à chaque fois nos décisions et notre manière d’être, une chose avec laquelle la danse ne finira jamais. Et quand bien même il ne s’imposerait pas directement à nous, il faut encore citer le film: « Ce n’est pas le but qui compte, c’est le chemin ».L’essentiel est de toujours rester dans cette optique, et de toujours agir selon ce qui nous est cher, afin de trouver un rêve, un sentiment, une passion, une voie qui jamais ne nous fera renoncer.

Claire Robins

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Sans être trop négative, j’avoue que l’expo était paaaaas maaaal quoooi ! Et j’ai pu râler à cause du manque d’informations, mais si je n’avais pas eu la radinerie de l’étudiante fauchée je me serais acheté un audio guide. Et puis c’est Dali : des œuvres qui nous intriguent, d’autres qui nous perturbent, mais un travail marquant et remarquable, même si certes un peu fou. En plus, grosse attraction : il nous était possible de prendre une photo souvenir de l’expo dans un décor dalinien (ça se dit ? on va dire que oui), le fameux canapé en forme de bouche rouge, qui n’est autre que celle de l’actrice hollywoodienne Mae West. Autre divertissement lorsque l’on va voir une exposition sur Dali, l’apprentissage d’un vocabulaire varié et la découverte que l’on peut dire beaucoup pour ne rien dire : Bureaucrate moyen atmosphérocéphale, dans l’attitude de traire du lait d’une harpe crânienne. Vous n’avez pas compris ? C’est du surréalisme.Par son image, ses prises de positions choc, son attrait pour l’argent (il sera surnommé « Avida Dollars » par André Breton), sa folie, sa moustache, Dali a su faire de lui une œuvre d’art. Il a dalinisé le monde.

Malheureusement il faut le voir en grand pour bien saisir le tableau ci-dessus et notamment les visages de ces trois « grâces » créées par le décor de la plage. La précision des détails (on imagine des pinceaux à un poil) dans la plupart de ses tableaux est à souligner.

Charlotte Bon

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil - Haruki Murakami

« C’est elle qui m’apprit, en me prenant la main, qu’il existait bel et bien un lieu de plénitude au cœur même de la réalité. […] Cette vérité me coupait le souffle, faisait vibrer ma poitrine. »Hajime a trente-six ans, une vie de famille tranquille et un travail qui lui plaît, une existence assez ordinaire en somme. Enfant et adolescent très solitaire, il a eu du mal à construire cet équilibre encore si fragile. Durant sa vie, il a connu plusieurs femmes dont une dont le souvenir persiste et l’obsède : son amour d’enfance, Shinamoto-San, auprès de laquelle il a vécu de tendres moments heureux et insouciants. Vingt-cinq ans après leur séparation, celle-ci réapparaît brusquement dans sa vie. La vie d’Hajime se retrouve alors rythmée par les apparitions et les absences de cette femme qui continue de le fasciner, entourée d’un épais voile de mystère qu’elle ne semble pas vouloir lever. Murakami nous fait une fois de plus rentrer dans son univers, un conte japonais contemporain teinté de surréalisme. Il nous livre ici une histoire d’amour passionnelle et passionnante en nous faisant plonger au cœur des relations amoureuses torturées de ces « amants nés sous une mauvaise étoile ».

Roxane Salles

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L’exposition Dali à Beaubourg

En tant que timide flirteuse avec l’art, j’annonce : j’apprécie bien les œuvres de Dali ! (Il a eu l’honneur de faire la couverture de mon profil Facebook il fût un temps). Une exposition sur lui à Paris ? J’y fonce, j’y cours. Décembre : trop de monde. Janvier : trop de monde (et une flemme intense de me lever du canapé bien confortable de chez papa/maman). Février : je me décide enfin à aller me cultiver un peu. Arrivée dans l’exposition, un micro panneau d’affichage attire mon regard. Je décide de le lire en anglais (oui les cours à sciences po ne me suffisent, étonnamment, pas), après deux/trois mots, aussi absurdes de sens que la description de la belle statue qui orne le devant de notre grande maison, je repasse au français. On me parle de modernisme, de surréalisme. Ah ah… Je vois. Mais je ne retiens pas. Tant pis, je commence à déambuler entre les œuvres. J’essaye de comprendre s’il y a un sens selon lequel suivre l’exposition : il me semble que non. On va y aller au feeling. Je regarde quelques œuvres, les dates ne se suivent pas. On me dit que la personne qui a mis en place l’expo a voulu faire quelque chose de surréaliste. Apparemment, c’est réussi.

Après quelques mètres, je tombe sur un deuxième panneau. Enfin ma soif de connaissance va être comblée. On me raconte une anecdote sur l’interprétation de L’Angelus de Millet par Dali. Très bien, mais quel rapport avec les dessins à caractère obscène que je vois derrière ? Aucun, Dali n’était qu’un simple frustré (conclusion personnelle). Je continue ma péripétie, et face à moi se trouve le fameux, l’ultra connu, « horloges molles » de son petit sobriquet : La Persistance de la Mémoire. Moi qui m’attendais à une toile gigantesque devant laquelle j’aurai fondu d’admiration, je me retrouve devant un ridicule cadre en bois avec ledit tableau. Ah ah… Tant pis, ce n’est pas son œuvre majeure après tout. Au fil de l’exposition, je reconnais quelques œuvres, je peux me la péter auprès de mon amie en saisissant quelques subtilités cachées dans les toiles (eh, je suis à sciences po après tout, il faut bien que j’étale mon peu de culture).

Plage enchantée avectrois grâces fluides,1938

Dali… mais quel personnage ! Celui qui se voulait le Léonard De Vinci du XXe siècle, l’avant-gardiste, le moderniste, celui qui instaura tout un marketing artistique autour de son image (le temple qui lui est voué à Figueras en Espagne, et les nombreuses expositions à son sujet attirent toujours de plus en plus de clients, pardon, d’amateurs d’art). Les quelques descriptions de sa vie m’ont fait hausser les sourcils, mais surtout sourire : un homme égocentrique, dérangé religieusement et sexuellement (il était quelque peu perturbé par la fellation, suggérée dans plusieurs de ses tableaux). Son interprétation de l’Angelus ? Oh, une simple prière funèbre, précédant un coït à la menthe-religieuse’ style où la femme finirait par dévorer son mari, qui cacherait une érection avec son chapeau. Il faut voir le tableau original, mais même Freud n’en aurait pas dit autant (quoique).

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Cela est exactement ce qui se produit dans ce livre : derrière une écriture à la fois solennelle et crue, et malgré une comparaison audacieuse entre la chute classique d’une entreprise et celle de la Rome antique, l’auteur nous amène à nous interroger sur ce qu’est un monde, et surtout sur la façon de reconnaître sa fin qui, dans la narration, paraît irrémédiable. Personnellement, j’ai aimé ce livre. Bien que l’on y trouve un pessimisme ambiant, le lecteur tombe facilement sous l’emprise de l’écriture aux envolées lyriques. En outre le livre ne se veut en aucun cas philosophique et laisse possible un large choix d’interprétations. La lecture n’est en effet pas évidente, et on ne saisit pas immédiatement toutes les connections. Une critique de l’Express soulignait d’ailleurs : « Alternant une prose au lyrisme appuyé et un ton des plus crus, fourmillant de personnages, cette chronique d’une mort d’un monde annoncée pourra dérouter certains lecteurs ». En fait, en une phrase, ce livre est avant tout une écriture magnifique racontant une histoire pathétique.

Claire Robins

CLOUD ATLAS – Lana & Andy Wachowski

«La croyance, comme la peur et l‘amour, est une force qui doit être comprise comme une théorie de relativité et un principe d‘incertitude, un phénomène déterminant le cours de nos vies».Tout est lié. Tout naît, tout se transforme, mais rien ne périt jamais. Ce prisme devient le fil directeur du faisceau narratif jaillissant du film, pour se répercuter avec fracas sur nos âmes de poètes sensibles. Six histoires différentes pour un casting de rêve : Halle Berry, Tom Hanks, Hugo Weaving, Hugh Grant… Un lien indéfectible unit à travers le temps une kyrielle de personnages, interprétés par différents acteurs jouant différents rôles à différentes époques. Naissant et renaissant successivement. Ce maelström apparent participe de la réputation de Cloud Atlas, livre que l’on qualifiait d’i-na-da-ptable. Challenge accepted. Après avoir évincé d’emblée quelques couacs physionomiques, de Tom Hanks en vil médecin à la dentition douteuse et à la barbe rousse sur un bateau au 19ème, à une jolie coréenne affublée de taches de rousseur et autres perruques aristocratiques, l’on se recentre aisément sur la quintessence du message porté par le film. D’une vie à l’autre, d’un monde à l’autre et d’une époque à l’autre, nos vies ne nous appartiennent pas. De nos actions découle une infinité de choix, de possibilités, une infinité de vies

qui se démultiplient, sous l’œil morne du Néant. Et pourtant. Engagée dans la rébellion rebelle en plein Néo-Séoul aseptisé et BigBrotherisé, SonMi porte avec pureté les oripeaux de la Liberté, et serait prête à tout pour faire éclater la vérité. Une Vérité qui transcende les siècles, qui traverse l’espace-temps et les identités. Ce film est une ode à l’humanité, à ses faiblesses autant qu’à sa Beauté. Chacun des personnages se débat avec ses faiblesses, ses forces, ses velléités et le background de toutes ses vies passées. En allant toujours vers le meilleur.Une impression de déjà-vu perpétuelle, plusieurs vies qui s’agrègent pour n’en former plus qu’une. Un jeune compositeur réalise au début du 20ème siècle une symphonie, Cloud Atlas, dont la mélodie ne cesse de se propager au rythme du destin et de la pesanteur de nos amours, de nos pulsions et de nos actes. Malgré quelques lourdeurs et quelques subterfuges hollywoodiens, les 2h50 de film passent à la vitesse d’une étoile filante. Bref, si vous partiez dans des délires métaphysiques sur vos copies de Terminale, si vous avez vu « Mr Nobody », ou encore si vous êtes un adepte de Carlos Castaneda, anthropologue-chamane-sorcier Yaki totalement allumé, allez voir ce film.

Julia Descosse 21

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Le sermon sur la chute de Rome - Jérôme Ferrari

Prix Goncourt 2012 « Depuis quand crois-tu que les hommes ont le pouvoir de bâtir des choses éternelles ? » (Augustin d’Hippone, 410 après JC).

Voilà ce sur quoi est bâti tout le roman de Jérôme Garcin, qui vient d’obtenir le prix Goncourt 2012. Deux cent deux pages qui s’avèrent loin d’être recouvertes de lettres à connotation religieuses, mais plutôt de mots établissant un lien entre passé et présent. L’écriture est intense : beaucoup de virgules, des phrases qui peuvent s’étendre aussi bien sur deux lignes que sur toute une page, très peu de dialogues mais une polyphonie certaine qui les rend inutiles et sert à faire comprendre la sensibilité de chaque personnage, un registre qui peut passer du majestueux à l’ironique et au vulgaire. En fait, cette écriture reflète le contraste.

L’histoire prend la forme d’une tragédie et raconte la vie de deux garçons, Matthieu et Libero, interrompant leurs études afin d’aller gérer un bar se situant au fin fond de leur terre natale : la Corse. Au début l’affaire semble florissante. Mais la chute est annoncée très tôt et le beau projet qui était le leur de créer « le meilleur des mondes possibles » dans ce bar va peu à peu se transformer en enfer.

La débauche, l’alcool, le sexe, l’argent, la bêtise faisant partie du quotidien de nos gérants, cela va précipiter la chute de leurs comportements et la montée en eux de l’indifférence, de l’égoïsme, de la jalousie et de l’exclusion, éléments qui ne peuvent que mener au drame. Parallèlement à cela est contée l’histoire de Marcel, le grand père de Matthieu, homme aigri ayant cherché à se créer son propre monde tout au long du XXème siècle- que ce soit à la guerre ou pendant la colonisation de l’Afrique- et n’étant jamais parvenu à le bâtir ni à faire quelque chose de sa vie. Enfin, à la fin du livre est récité le sermon de Saint Augustin sur la chute de Rome en 410, chute qui est sujette à de nombreux liens avec le présent du livre et l’histoire du bar.

On l’aura compris, Le sermon sur la chute de Rome raconte l’éphémère des choses créées par les hommes. La fin de ces mondes est racontée en trois temps : à l’échelle d’une civilisation pour la chute de Rome, à l’échelle du XXème siècle pour l’histoire de Marcel, et enfin à l’échelle d’une vie humaine pour ce qui est du bar. Ces trois temps sont d’ailleurs ceux décrits par l’historien méditerranéen Fernand Braudel pour penser l’Histoire, afin d’établir des connections entre des êtres et des temporalités qui nous dépassent.

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Dédicace à BVA, on vous l’avait promis celle-là…Sortis de notre garçonnière, on goûte enfin à la lumière

Ceci est une exclusivité one shot, à prendre au millième degréN’essaye pas d’y voir là deux ptits cons, mais juste deux potes qui se lancent dans la chanson

Alors, Welcome, Marhaban, vous êtes les bienvenusOlive l’anguille, Vince la menace : la nouvelle expérience

A toi la Menace…

Ici c’est Aix-Ghetto, encore pire que les rues de CrenshawOn arrive en mode dé-ter-minéSweat rouge et or, capuche rel’véeOn n’est pas là pour la culture GAlors nique sa mère Karl Marx, moi j’suis carté U-M-PPremier de la classe man, premier sur la weed man, Peu importe les soirées, jamais en retard pour rendre un ex-posé, S’agirait pas de ger-ber, et attention aux yeux explosésPour tous ceux que l’IEP s’amuse à violenterLe vendredi matin, dans ces vieilles salles de TD

L’homo erectus a flairé la mich’tonneuseArrête de faire ta petite joueuseC’est pas le major de promo que tu vises, Il est juste bon à te claquer la biseToi ce que tu veux c’est du chef de meuteTe faire dévorer par « The Beast » en rutAllez les gars pas de rancœur, ça se joue en mode cha-sseurEn soirée DJ Saad nous met le feu, Pendant que Kévin bouge son corps de demi-dieuViens shaker ton boule avec les Pom-PomJe t’assure qu’elles sont vraiment bonnesPeu importe ton breuvageTa soirée va virer au carnageAlors la semaine prochaine on réitèrePeu importe si comme d’hab’ tu finis détèr

A toi l’Anguille,

Pas assez de mous-tache, pas assez de pelageArrête les lunettes fils, sors un peu de ta cageTu reconnais le flow de l’Anguille, celui qui se faufileCelui qui s’engouffre et martèle là où c’est facileOn n’est pas là pour se van-ter, ni même pour t’allu-merOn est juste trop calés, un lave-vaisselle à Aix tu peux vraiment pas tes-terMais Olive peut pas faire la re-sta, car Olive vient du re-squaCité phocéenne dans les veines, éduqué parmi les hyènes Petit Olive troque la barrette pour un cartable,Fini le commerce maintenant, il est devenu respectable En route vers son destin, futur cadre dynamique et stableUn pion de plus dans ce putain d’système inaltérable

Ceci est un premier opus GringoDédié à ceux et celles qui mènent des vies d’chiens ou d’chiennesJ’rapporte la mienne et t’as l’impression que j’raconte la tienneLa première fois - parait-il - est toujours remplie d’défautsLes fois suivantes et l’amélioration nous appellent Né-groTe retourne pas, maintenant c’est Aix-Ghetto

YOLO

AIX-GHETTO

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If Music Could Talk...

Rock‘n‘roll Love

L‘ Amour est très certainement le sujet le plus abordé en chansons. Petite liste non AIXhaustive et tout à fait subjective de mes préférées...

John Lennon – WomanComing Soon – SweetheartThe Smiths – There‘s a light that never goes outBob Dylan – I want youPatti Smith – Because the nightDavid Bowie – China girlGush – Let‘s burn againThe Beatles – Oh ! DarlingJohnny Cash & June Carter – JacksonBlack Lips - NavajoJoy Division – Love will tear us apartNeil Young – A man needs a maidThe Strokes – SomedayThe Cure – In between daysSerge Gainsbourg – Comme un boomerang

David Bowie – The Next Day

Après 10 ans d‘absence, c‘est le grand retour de David Bowie, et on peine à y croire. Et pourtant... Son nouvel album, The Next Day est sûrement le plus « Bowien » de tous. Pas vraiment de réinvention, pas de nouveau personnage, mais justement un savant mélange de tous les styles qui font la marque Bowie. The Next Day n‘en est pas pour autant un fade remake de ses précédents albums. Plutôt une redécouverte de sa carrière et de tous ses personnages. La pochette de l‘album le montre d‘ailleurs très bien, puisqu‘un carré blanc, marqué de The Next Day, cache la photo de la pochette originale de l‘album Heroes : Bowie revisité par Bowie, donc. Le message est clair.

La voix est incroyablement semblable à celle qu‘on lui a toujours connue : elle n‘a pas pris une ride. On ne retrouve pas dans cet album des morceaux aussi marquants que «Life on Mars» ou «Ashes to Ashes», mais une réelle énergie, sur un fond très rock. Entre balades, guitares grondantes et pop énergique, le grand David signe un album mûr, et replonge dans sa carrière avec recul, humour et émotion.The Next Day n‘est sûrement pas à la hauteur des légendes comme Hunky Dory ou The Rise and fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, mais Bowie reste Bowie, et son retour est un véritable bonheur.

Adélaïde Tenaglia.

LA CHRONIQUE MUSICALE

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Une femme montagne.

Cosaque, j‘entreprends de fouler, à brides abattues, la route de la soie et me perds à Kashgar, entre deux monts égaux. Là, troquant ma monture contre le pur-sang ouïghour, séparé d‘autres effluves, comme enivré de toi, j‘ arpente ces sommets et y glane le chardon. Déité impavide, pudique dans tes passes, laisse échapper la nuit, abjure de ta honte. Sous mes pas, tout se meut, tout crépite, et dans ton antre Pétra, ma douce Pétra, mon temple turgescent vient parfaire tes formes, s‘accoutume à l‘acanthe et inonde ton culte.

Fontaine

Sous la voute lithique, dans la concavité maternelle, en dépit des rayons, elle pousse sa naissance et conçoit dans la peine. Lénifiée au midi, elle essaime des gouttes; bouillonnant d‘impatience, au moment opportun (qui n‘est jamais distant) de sa bouche funeste, elle expulse sa bile, humeur laiteuse de Skène. La Coulobre de Char serpente et s‘écoule, meut les hélices et tire les rames de la retraite.

L‘ascension du Ventoux.

Je t‘attendrais sous un ciel de caroubes, prédisant un distant, mais familier fracas, d‘obus, de micocoules. Nous partirions à l‘aube de Sénanque. Bédouin, je garderais tes yeux contre mille attelages et ferais avec toi cette haute ascension. Sur les coteaux sadiens, j‘oublierais ta pudeur venaissine et poserais enfin, triomphant à la cime, un baiser sur ton front de craie.

Athanase Péryl

L ‘ Aixutoire

Ô Nuit. Eden étoilé, chimère désinhibante, au crépuscule des vices la Verve est décadente. Il est de ces nuitées, incroyables promesses, où d’un verre d’absinthe s’extirpe une caresse. Débats

enflammés, virevoltant bon gré mal gré dans un dédale teinté de couleurs amnésiques.Sage cette nuit, ascétisme empreint de Volonté –inaliénable -.

Vacuité de mes Jours, Plaisirs de nos Nuits. Ô Rêve, échappatoire sacrée, oasis sucré, indispensable digue aux affres des journées.

Immortelle. Passionnelle, précipité de Sens s’entremêlant à Vie.

Attirante, enivrante, délirante et cynique. Cynique au petit jour à l’Aube de nos envies.

Ethérique. Volutes de fumée, délices inassouvis nébuleuse cette Nuit aux accents insolents -lubriques.

Esotérique. Un sceptre dans la paume, paré de mille pierres, resplendit de concert avec son air épique. Calice vénéré en guise de trophée, l’esprit est vigoureux mais le cœur vacille.

Indomptable. Ô Sublime épopée, miraculeuses nuitées aux vives embardées. Passions perdition arraisonnant mon âme érigent un Absolu en immanence sauvage.

Et lorsque, au lever du Soleil, la Raison se fait poindre, mes plaisirs fugaces passent ; L’Opale de mon cœur s’est changée en Diamant. Cyclique est cette Nuit dont les passions se fanent, bourgeons à peine éclos,

rosée évanouie. Solitude éternelle, éternel recommencement. Puis, souffle insoupçonné, Archange inespéré, dont les nuits langoureuses partagent mes errances.

Julia Descosse24