mangez, buvez, et flinguez qui vous voudrez… · oh, ça va bien ! non mais je rêve ! elle a la...

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Mangez, Buvez, et Flinguez qui vous voudrez… Signé Elisabeth, Marie-Hélène, Patrick, Marie-Line, Serge, Stéphanie, Elodie, Marguerite Merci à Stéphanie pour la compilation , la mise en scène Intentions et Didascalies Dans l’ordre de la table rectangulaire de droite à gauche ou face au public de gauche à droite (de bas en haut ça ne marche pas) Elodie : Enthousiaste, Evaporée, Esbaudie / Exaltée surtout Marguerite : Surprise, Enervée, Lointaine / perchée, n'écoute rien à ce qui se passe et tout d'un coup s'agace! Serge : Lyrique, Enamouré, Absurde Marie-Line : Sereine, Royale, Délurée / un brin cruelle avec Serge, et plutôt pro-Patrick Patrick : Véhément, Acerbe, Détaché Marie Hélène : Défensive, Piquante, Impériale Elisabeth : Circonspecte, Provocante, Ironique / démonstrative 1

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Mangez, Buvez, et Flinguez qui vous voudrez… Signé Elisabeth, Marie-Hélène, Patrick, Marie-Line, Serge, Stéphanie, Elodie, Marguerite

Merci à Stéphanie pour la compilation , la mise en scène Intentions et Didascalies

Dans l’ordre de la table rectangulaire de droite à gauche ou face au public de gauche à droite (de bas en haut ça ne marche pas) Elodie : Enthousiaste, Evaporée, Esbaudie / Exaltée surtout Marguerite : Surprise, Enervée, Lointaine / perchée, n'écoute rien à ce qui se passe et tout d'un coup s'agace! Serge : Lyrique, Enamouré, Absurde Marie-Line : Sereine, Royale, Délurée / un brin cruelle avec Serge, et plutôt pro-Patrick Patrick : Véhément, Acerbe, Détaché Marie Hélène : Défensive, Piquante, Impériale Elisabeth : Circonspecte, Provocante, Ironique / démonstrative

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Serge Je me trouve un peu bougon aujourd’hui. C’est mon côté animal tu crois ? Marie-Line C’est vrai que tu ressembles à un bout de viande racornie. Tu n’as pas surveillé ta cuisson ? Serge Ça me fend la couenne ce que tu dis Marie-Line Ça risque de te prendre un peu de temps pour la fendre, car elle est coriace. Tu devrais la ramollir au court-bouillon d’abord. Serge C’est la rate que tu me mets au court-bouillon. Je dois faire l’épais, le dur à cuire, alors que je ne suis qu’un cœur d’artichaut. Elisabeth J’avoue que l’image de l’artichaut est plutôt bien trouvée : énormément de travail, beaucoup de déchets et très peu de bonnes choses à manger. Serge Oui mais le cœur, bien doux, bien gros, c’est comme le miel et le sucre au-dessus du gâteau, et le tour tout amer, bien aigre, tu vois ce que je te chante ? Elisabeth Si ça ne te dérange pas, j’aime autant que tu ne chantes pas. Ça fait tourner mon cœur crémeux à l’aigre. Elodie Seules les vaches livrent leur cœur je vous signale… Serge Syllabisme moléculaire, cardiogramme et vacherie ! Patrick Waouh tu m’en bouches un coin ! Marie-Hélène Après la vache, le boucher… Patrick Lui, c’est un cœur de pierre Marguerite Ça veut dire quoi syllabisme moléculaire ?

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Marie-Line Be euh … faut voir ! Marguerite Dans quoi ? Dans un livre de recettes ? J’ai un livre de recettes japonaises si ça intéresse quelqu’un ! Elodie Il y a des vaches au Japon ? Patrick Des vaches oui il y en a ! Par contre des cœurs ? Je me demande même s’il y en a ici ? Marie-Line Je pense que oui, car entre campagne et champagne il n’y a qu’une lettre Patrick Je vois pas le rapport là… Entre mou et fou aussi ! Elisabeth Alors si je mords le porc qui dort… Marie-Hélène Mais c’est qu’elle nous boufferait ! Marguerite Mmm manger… Moi, j’aime le riz à la sauce béchamel Elodie Ça me rappelle la dernière gastro de mon fils, gluant, visqueux et odorant Patrick Cette petite odeur aigre-douce, ça m’emmène tout droit au Vietnam, sauce nuoc-nam, poulet braisé aux petits champignons noirs… Marie-Hélène Ça sent les croquettes du chat non ? Elisabeth Ça veut dire que si on mange du chat on mange aussi les croquettes ? Beurk, autant prendre un chien dans ce cas ! Serge Ah oui… j’adore les femmes qui ont du chien… surtout dans mon assiette ! Marie-Line Moi, je finis par aimer l’idée d’être végétarienne !

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Au public : vous avez faim ? Tous Et miam! Et miam! A table! A table! Venez déguster! Marie-Line Tous beaux, tous craquants, montrez-vous Montrez ces talents, ces mises en bouche Ici vous êtes bien servis Serrez-vous, voici de la place Tout le monde est là ? Ecoutez donc ! Ecoutez la rage, la colère Elle bouillonne, sentez-vous le feu ? Tous Et miam! Et miam! A table! A table! Marguerite Venez déguster La soupe à la grimace adoucie au fiel Qui vous brûlera le gosier au troisième degré. Venez savourer La viande avariée et bien trop salée Qui vous donnera des aigreurs d’estomac. Venez profiter, Il y a même du rab Empiffrez-vous bien Et pour avaler, Vinaigre à volonté ! Tous Et miam! Et miam! A table! A table! Elisabeth Approchez! Venez! Serrez-vous, rapprochez-vous! Il y en aura pour chacun. Comme si la vie allait durer Comme si elle ne devait jamais s'arrêter. Prenez! Prenez! Picorez! Avalez les paroles salées et épicées Nourrissez-vous! Remplissez-vous!

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Marie-Hélène A Patrick : Tu es jovial, ça te plait ce repas ?! Patrick Bof… je suis plutôt distrait devant tout ça… Marie-Hélène Ce serait bien que tu sois un peu plus éclairant et éclairé en tous cas… Patrick Oh, ça va bien ! Non mais je rêve ! ELLE a la tempête dans la tête, sous ses airs un peu décoiffés ! Marie-Hélène IL manque vraiment d’imagination, avec un peu de sel et de piment, il aurait pu être plus poétique. Patrick Mais pour qui ELLE se prend celle-là, Verlaine, Rimbaud ? Elle croit qu’elle peut poéter plus haut que son jambon ? Marie-Hélène De mieux en mieux, mon jambon IL peut se le mettre là où je pense, même si je suis sûre qu’IL aimerait que je le lui fasse goûter. Patrick Beurk, quelle horreur, quand je pense qu’il a cuit au sel de sa sueur. Il y a de quoi devenir végétarien ! Marie-Hélène Encore faut-il savoir reconnaitre les légumes, c’est sûr que quand on ne fait rien, on ne risque rien… Patrick Mais ELLE me traite de patate sur canapé ou quoi ?! Et elle, elle court après quoi ? Le temps qui passe et qui fane sa peau de pêche ? Marie-Hélène Il est vraiment vermoulu ce mec, il suffirait de le mettre dans un bocal à conserver avec de l’huile et des cornichons pour voir sa cervelle de désintégrer. Elodie Vous croyez que si on mange sa cervelle… ? Marguerite On sera plus intelligent ? Non… !

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Elisabeth On se perdrait en conjectures ! Marguerite Déjà qu’on se perd ici… alors imagine ! Elisabeth Les circonvolutions seraient plus… comment dire ? Marguerite Le cirque de l’évolution ? Elodie C’est ici le cirque, tu crois pas ? Marie-Line Il nous manque un éléphant ! Qui veut bien faire l’éléphant ? Serge Tu te trompes ! Ce sera ma seule défense ! Marie-Line Bon ben sans éléphant, pas de cirque ! Elodie Sur la piste, je préfère les clowns ou les équilibristes…. Serge Et le nez rouge ? Comment ça pousse le nez rouge ? Elisabeth En l’arrosant tous les matins, bêta ! Marie-Line Oui ben c’est bon, le sien est déjà bien coloré, pas la peine d’en rajouter... Patrick Moi moi moi ! J’ai une recette ! Missionnaire en hachis : Bien aiguiser le hachoir. Attraper un missionnaire dans son panier de crabes et lui donner à lire le Kama Soutra. Si le missionnaire ne sait pas lire, lui faire une démonstration (vous pouvez vous arrêter à la première position, c’est suffisant pour la recette) Avec le hachoir, lui tailler la barbe, un costard, les majeurs (y compris des pieds) et une p… Puisque vous venez de goûter, ajouter un peu de sel à votre convenance et faire plusieurs fois le tour du moulin à poivre, le temps de le laisser mariner. Puis disposer sur un plat et, afin de relever le niveau, l’emporter en montagne, près d’un four solaire.

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Bien surveiller la cuisson, il risquerait de se ratatiner et la dégustation en serait compromise. Sortir du four lorsque le missionnaire a l’air fourbe, laisser refroidir 1h11 et servir avec un pet de nonne farci. Elodie Bof, ça fait pas très envie ta recette ! Moi, ce que j’aime, c’est la soupe avec un filet de vinaigre balsamique Elisabeth Il y a un resto thai à Belleville. Mmmh, ce doux-amer Marguerite Mais la mer avec les crabes, c’est agaçant pour les orteils Serge Et quand la mer monte, ils attaquent les fesses Patrick Peut-être aiment-ils le jambon séché à la couenne salée ? Marie-Hélène Non mais je rêve, il recommence ! Marie-Line A moins qu'ils ne préfèrent la saucisse au jambon, mais ne nous égarons pas ! Serge Tout dépend de la saucisse, sans vouloir s’égarer, il y a beaucoup à dire. Marie-Line Moi j'aime la saucisse au crabe avec du curry et des algues, c'est bien meilleur que les nems à la moutarde. Surtout qu'on ne sait pas comment ils sont nourris, les nems. Elodie En effet, on se demande encore si c’est du lard ou du cochon Marguerite Bien roulés avec un peu de salade, on en mangerait tout cru Patrick Bien roulés, bien roulés… c’est vite dit ! Marie-Hélène Pas dans la farine en tous cas ! Patrick Je ne t’ai jamais roulée dans la farine, en tous cas pas volontairement !

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Elodie Menteur ! Elisabeth Les nems c’est un peu gras… Moi, si on veut faire dans l’asiatique, je préfère les sushis Marie-Hélène Dis tout de suite que tu me trouves grasse ! Patrick Et collante aussi Elodie Même fadasse Marguerite Bien grasse, collante, fadasse… les sushis comme les nems ça peut être aussi léger, futile, docile… Marie-Hélène Toi et ta douceur mielleuse ! Tu crois que ça fait vivre la docilité ?! Au public : Et vous, voulez quoi tous là ? Quoi ? « Manger ceci est mon corps », mais ça va pas dans votre tête ? Vous l’avez vu votre corps, rien n’est bon, tout est gras, même pas d’os à ronger. Je n’ai aucune envie de rien ! Et en plus vous surenchérissez avec « buvez ceci est mon sang », sachez d’abord que je ne bois que de l’eau et même si je devais mourir de soif, je ne vous demanderais pas une goutte de votre sang poisseux et malodorant. Quel dégout ! Marie-Line Moi, moi, moi ! J’ai une recette ! Couilles au feu de bois : Prenez des couilles, bien grosses, bien grasses, et tondez-les consciencieusement. Choisissez-les dans la force de l’âge : jeunes, elles rendraient leur jus trop rapidement. Les vieilles ont quant à elles tendance à ne plus en avoir trop, de jus. Ramassez du petit bois, en sous-bois, préférez le hêtre ou l’épicéa, les autres essences amolliraient les couilles à la cuisson. Veillez à les manipuler avec précaution lorsque vous les déposerez sur le lit de braises. Il ne faut surtout pas casser les couilles, encore moins les péter, vos convives auraient du mal à le supporter. Les couilles sont cuites lorsque leur peau frémit, enfle et retombe comme un soufflé. En garniture, vous pouvez les accompagner d’une bonne grosse saucisse de Toulouse, c’est généralement ce qui se pratique. Accompagnez d’un sirop de gland glacé.

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Tous Et miam! Et miam! A table! A table! Venez déguster! Patrick Des yeux, des doigts Des couilles, du foie Vous savourerez De délicieux mets Qui viennent de moi Du fond de ma foi Du fond de mon âme Cachés sous mon crane Et une fois dégusté Vous en revoudrez Bande de cannibales Instinct primal Vous vous dévorerez Tout entier, tout entier Tous Et miam! Et miam! A table! A table! Marie-Hélène Venez, venez, Trempez vos lèvres Sortez vos langues Et léchez vos doigts Vos yeux louchent Vos narines palpitent Doucement, doucement Il faut savoir doser ses envies Gargantua, c’est vous Tout dans l’excès Mais sachez qu’il vaut mieux Goûter que bouffer

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Marguerite Je me sens un peu ballonnée là… Elisabeth C’est vrai que tu n’es pas vraiment un bout-en-train. J’ai peur que ce repas entre amis te rende neurasthénique Marguerite T’as pris de la perfidie au petit-déjeuner ? Elisabeth Oh, ça va… ne me regarde pas de cet air ahurie ! Marguerite Mais quelle manipulatrice ! C’est affligeant comme ton aspect nombriliste vient ternir cette conversation qui avait pourtant bien commencé… Elisabeth Alors là, je suis indignée. Et dire que je te trouvais envoûtante, alors que tu ressembles à du champagne sans bulle ! Marguerite Je t’en prie, fais-toi plaisir, les flûtes sont à mon compte. Tu ne dois pas en avoir… Elisabeth A quoi ça sert d’avoir le contenant si l’intérieur reste vide ? Que du paraître. Rien que tu paraître ! Marguerite Toujours tes grands mots. Tu n’en as pas assez de mettre les pieds dans le plat. Tu devrais te faire exorciser, ce n’est pas diantre possible une femme comme toi ! Marie-Line En parlant de pieds, range donc les tiens sous la table ! J’ai encore failli trébucher à cause de toi. Qu’est-ce qui t’a fichu des pieds pareils ? Je devrais les faire paner, tiens. Au moins, ils serviraient à quelque chose. Serge Le croc-en-jambe était peut-être volontaire… je voulais que tu trébuches et que tu t’éclates le crâne sur le radiateur en fonte, j’aurais mangé ta cervelle à la petite cuiller, miam. Peut-être aurais-je pu comprendre comment tu penses… Marie-Line Me comprendre ? Comment pourrais-tu me comprendre, avec le pois chiche que tu as dans la tête ? Il est tellement petit que si on le réduisait en purée, il n’y aurait pas de quoi remplir un dé à coudre. Dommage que ton cerveau ne se situe pas dans ton nez. Alors là, il aurait de

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la place pour s’épanouir. Mais même ce nez, je ne sais pas s’il marche encore. La preuve, tu ne peux plus me sentir. Serge C’est pas faux, je ne te blaire plus, je ne goûte plus ton humour – en as-tu d’ailleurs ? – et je n’entends plus que tes complaintes sortir de ta gorge que j’aimerais fourrer de farces aillées. Marie-Line Ah, ça t’arrangerait que je ne puisse plus parler ! Mais je ne te donnerai pas ce plaisir. C’est plutôt toi qui devrais te taire. J’ai des envies de sauce ravigote quand je vois ta langue s’agiter et répandre son fiel. Serge Pas besoin de langue pour me faire comprendre. Un bon coup de pied, pané, dans ton gros jambonneau rembourré, tu feras moins la maline. Et au passage, j’en découperai une tranche. Marie-Line Enfin tu y viens. Je sais bien qu’au fond, tu l’aimes, mon jambonneau. Tu as juste des manières un peu détournées de le montrer. Serge Et oui, que veux-tu… Le plaisir de l’homme est simple tu sais, comme un bon cassoulet au confit d’oie, tiens, bien gras… Elodie Dit comme ça, on peut penser que ce n’est pas le plaisir de l’oie en tout cas… Marie-Line Etre gavée à longueur de journée, tu parles d’un plaisir… Elodie Un gros foie, ma foi, je vois la vie si rose moi ! Elisabeth Quelqu’un a une cirrhose c’est ça ? Elodie Trop rose, parfois… Marguerite En vérité je te le dis, le gras c’est la vie ! A Serge : Et toi, t’es trop confit, j’adore. Elisabeth Ah c’est vrai qu’il est tout confit confit…

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Patrick Ah le pauvre homme ! Tout con qu’il fut, fit mine réjouie Dans la joie on persiste, dans le gras on insiste… Serge D’accord, puisque c’est ça, j’y vais ! Prenez et mangez, ceci est mon corps Prenez et buvez, ceci est mon sang. Mordez, mais mordez donc, ce bon doigt dodu ! Mais serrez, serrez donc et rompez les phalanges ! Comment, j'aurais mal ? Mais non vous dis-je, allez-y ! Gniaquez, mâchez, n’avalez pas les ongles ! Ah oui, ça saigne ! Mais buvez donc ce bon sang, ce n'est pas du poison ! Comment, c’est écœurant ? Je vous en prie, c'est ma vie qui coule là ! Qu’est-ce que vous avez fait ? Ah non je vous jure ! Pas foutu de mordre proprement et en plus il en a mis partout ! Bon allez c'est fini parce que ce coup-ci, je défaille. A gaspiller les bonnes pintes de sang, je m’anémie, je m’exsangue, je trépasse Ma mère me l'avait bien dit qu'il ne faut pas montrer du doigt. Marie-Hélène Au public : Pourquoi vous nous regardez encore ? Qu'attendez-vous de nous ? Que l'on vous mette toutes nos tripes sur la table ? Vous voulez jouer les auspices, prédire nos catastrophes à venir ? Vous rêvez de messes noires, mais à la place des poulets, c'est nous que vous voulez sacrifier ! Et oui, on parle cru. Avec nous, pas de propos tous cuits, que du frais, et même du glaçant. Voilà, c'est ça que vous attendez de nous, hein ? Qu'on vous tranche les bons sentiments et qu'on les fasse rôtir aux flammes de l'enfer. Mais nous, faut pas croire, on est des tendres en fait. De vrais caramels mous. Des gras du bide. Patrick Ah ça… Tu l’as dit… Elodie A Marguerite : Et toi tu dis rien ?! Tu lui réponds pas ? Marguerite J’ai laissé ma langue dans ma poche, tout au fond. Et si j’avais parlé, j’aurais été vexatoire. Elodie Pourquoi tant de haine entre amis ?

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Marguerite Je suis juste clairvoyante, j’aime les gars sincères qui ne tournent pas autour du pot. Elodie Tu manques un peu de générosité Marie-Line Je dirais même que je te trouve un peu superficielle dans cette agressivité Marguerite Je suis superficielle par profondeur, sache-le, espèce de mégère rabougrie et poilue Marie-Line Rabougrie, peut-être, mais poilue, non ! J’ai investi dans l’épilation laser qui m’a coûté les yeux de la tête ! Marguerite Ah ça oui, on dirait une poule qu’on vient de plumer ! Elodie Ça c’est une remarque au poil ! Une poule qui parle à une autruche déplumée… Marguerite Au moins l’autruche elle pond des beaux œufs, bien gros, bien dodus, pour de belles omelettes ! Pas des tous fades riquiqui ! Marie-Line Ils sont petits mes œufs, mais leur cervelle est belle, elle ! Elodie Tu peux m’expliquer comment tu analyses la cervelle d’un œuf, il y a quelque chose qui m’échappe ? Marie-Line La cervelle s’analyse lors d’un débat, d’un échange entre amis, si tu vois ce que je veux dire… Marguerite Tu débats avec des œufs ? … Je comprends mieux… Serge Moi j’aime les omelettes aux champignons ! Marie-Hélène Ça me rappelle les soirées au coin du feu avec mes grands parents Serge La bonne odeur des champignons…

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Patrick Des pieds de papy… Marie-Line Avec quelques mycoses, tout de suite… Mmmh… une petite endive et quelques noix, un délice… Elodie Il y en a qui ont pas la noix délicate ici ! Heureusement que l’endive s’accommode de tout ! Patrick Comment on accommode une endive avec les pieds de papy ? Je donne ma langue au chat… Elisabeth Moi j’aime le camembert qui fuit par les fissures naturelles de sa croûte Serge Mais il faut jamais lécher directement sur le camembert Patrick Le mieux c’est de se lécher les doigts et de faire un trou au milieu Elisabeth C’est assez dégoûtant, mais c’est quand même mieux que de couper le nez du fromage et de laisser la croûte pour le suivant ! Marguerite Par contre si on le fait cuire, on peut aller plus loin dans la dégoulinade Elodie Au public : Alors, le menu ne vous convient pas ? Quoi, vous n’aimez pas ce foie cuit en tranche, braisé sur son lit de pomme de terre ? Pourtant, c’est Juda qui l’a concocté. Et Pierre, lui, a préparé des tendons cuits sur une pierrade. Quant à Simon, il a préparé son fameux thon à la sauce de mon sang. Non ? Vous boudez pour quelques délires gustatifs ? Oui, j’ai rôti sur ma croix, mais la chair est là, et toujours bien remplie par mes disciples bedonnant du clergé. Chez eux aussi tout est bon et tendre. Oui, bon, certains aiment un peu trop le tendre, mais pour le bien de tous, restons sur le gras…. Vous préférez les crémières ? Certaines sont un peu maigrelettes, d’autres, plus dodues, appétissantes. Ainsi soit-il, allez-y, mangez…. Elisabeth Moi, moi, moi ! J’ai une recette !

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Le barbu à la moutarde : Prenez un beau barbu bien rasoir, harassé, mais pas trop. Le mettre sur le dos pour le saisir à feu vif. Badigeonner de moutarde, piquer d'oignons ou de lorgnons ou d’horions au choix Ne pas hésiter à découvrir pendant la cuisson pour que se dessinent les moustaches sur le fond de la casserole. Avec une longue cuillère, faites dorer au jus, ajoutez les épices et les calembredaines du beau barbu dodu Dans une petite casserole délayer un fond de fécule (maïs ou pomme de terre) avec le meilleur vin blanc de votre cave pour atteindre un mélange onctueux blanc, doux dans son aspect comme une barbe bien entretenue. Avec un fouet faites mousser la sauce. Frappez, frappez, à défriser le poil. Une fois bien mousseuse répartissez autour du visage qu'on ne voit que la barbe et la moustache. N’oubliez pas les tomates dans la bouche. Servir avec des cuillères en argent de grand-mère qui permettent de ne retenir que le meilleur. Laisser au fond du faitout le mélange d'épices et de poils qui ont transmis leurs saveurs. Marie-Hélène C’est nul, nul cette recette ! Je vais faire bouillir ta langue avec du persil ! Elisabeth N’oublies pas les épices, ça traduira mon côté piquant ! Et rajoutes-y tes mains, qui passent leur temps à assouvir les autres… Marie-Hélène Au moins, elles servent, mes mains ! C’est un beau destin, l’assouvissement ! Messieurs, mesdames, je vous propose ce soir des mains assouvissantes en civet ! Elisabeth Cela aurait pu être une bonne idée, si elles n’avaient pas brassé tant de boue, tes mains… Marie-Hélène De boue !? Alors là je ne comprends rien, c’est quoi ce sous-entendu, articule ! Elisabeth Tu as les oreilles bouchées ma parole, tu as fourré trop de persil dedans ! Une vraie tête de cochon bien fourrée, regardez-moi ça ! Marie-Hélène Et ta langue, ta langue, toujours ta langue, ah elle est piquante oui, mais mal assaisonnée ! Patrick Tant pis, puisque c’est comme ça, je me sacrifie ! Mangez, ceci est mon corps ! Ne vous inquiétez pas, ça va repousser. Allez, mes enfants, ne vous privez pas, dévorez maintenant, vous ne savez pas de quoi demain sera fait. On manque tellement de tout de

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nos jours, pour une fois que c’est Byzance, ne crachez pas dans la soupe, lâchez-vous, je veux qu’il ne reste pas une miette de moi. Que dis-tu petit lustucru ? Tu as soif ? Mais pas de souci, tiens, prends. Et vous les autres, allez buvez, ceci est mon sang. Et mon urine. Et ma synovie. Buvez tout, jusqu’à plus soif. Et qu’il ne subsiste rien, rien de moi ! Que l’histoire m’oublie et que je retourne à la poussière. Serge De toute façon, on va tous y retourner, à la poussière ! Notre date de péremption à tous est dépassée ! Marie-Line Il s'agit de coordonner nos trois dimensions. Elisabeth Mais de quoi vous parlez ? La fin reste la fin, quelqu'en soit la forme. Elodie Du moment qu'on a les moyens, c'est justifié. Serge C'est une question de vie ou de mort, ou une question de vin et de porc ? Marguerite Tu as raison, il n'y a que le vin pour aider à avaler tout ça. Marie-Hélène Du vin empoisonné, oui ! Patrick Quoi qu'il en soit, cela finit toujours en orgie… Marie-Line Bon, on mange qui en premier alors ? Marguerite Une pomme avec du miel. Marie-Hélène Qui veut bien faire la pomme ? Patrick Moi, j'ai bien une petite idée et j'espère qu'elle se reconnaîtra… Marie-Line Bon moi, je passe mon tour, j’ai plus faim.

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Serge Pourtant moi j’aimerais manger tes joues bien charnues, bien tendres. Marie-Line Espèce de libidineux, de quelles joues tu parles ? Serge Les quatre bien sûr : celles de ton sourire et celles de ton… Marie-Line Quel humour, de mieux en mieux, ne préfèrerais tu pas gouter mes petits orteils ? Serge Ah non, moi je n’aime pas les orteils ! Je préfère mordre, mâcher et profiter pleinement de tes belles joues. Elisabeth Pourquoi ne pas cuire vos langues, elles ont l’air bien acérées ? Elodie Surtout pas la cervelle, il ne faut pas manger la cervelle des fous ! Serge Bien acérées, bien enlacées, bien mélangées, salade de langues fourchues, pointues, lisses ou rugueuses… Mmmm Marie-Line Au public : Ça vous suffit pas ? Qu’est-ce qu’y a encore ? Qu’attendez-vous de nous, qu’on se mette à nu, qu’on s’étripe, qu’on se cuisine ? Peut-être qu’on pimente, qu’on se pimente davantage ? Epices and love quoi ! Que regardez-vous ? Aux autres : Mais qu’est-ce qu’ils veulent hein ? Du sang, de la chair, du fumet, des feux ? Elodie Ce ne sont quand même pas des cannibales, ils veulent peut-être juste gouter et savourer. Demande-leur encore ! Marie-Line J’ai pas envie, c’est toujours moi qui fais le premier pas, et même le premier plat. Marguerite Regardez-la, la pauvre petite, elle a peur qu’on la morde, elle a peur qu’on l’aborde, elle a peur que ça déborde. Marie-Line Eux, eux, eux, toujours eux, et moi je compte pour du beurre ?

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Et ben allez-y ! Mangez, ceci est mon corps, comme disait l’autre. Et ne faîtes pas cette moue dégoûtée, c’est très dévalorisant pour moi. Bon d’accord, on ne parle pas ici d’un perdreau de l’année. Là, on se situe plutôt dans l’art d’accommoder les restes. Mais ne dit-on pas que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ? Alors, qu’est-ce que vous attendez ? Que la viande soit totalement avariée ? Remarquez, j’ai vu que la vieille viande se monnaye très cher : viande maturée, ça s’appelle. Vous voyez, c’est tout à fait dans l’air du temps. Et puis, si vous avez du mal à avaler, tenez, buvez, ceci est mon sang. Ah là, ça vous intéresse ! Vous pensez que le sang, c’est comme le vin, ça se bonifie en vieillissant ? Pas faux. Mais faîtes attention de ne pas vous brûler, car j’ai le sang chaud. Marie-Hélène Le sang, le corps, mangez, buvez… Ça suffit là… Y a pas que ça dans la vie… ! Elisabeth Ah bon ? La vie, c'est pas comme un grand plat de nouilles ?! Serge Nouilles ou vermicelles, tout dépend de la période de la vie... Patrick Ou de la qualité des lunettes. Quoi qu'il en soit, c'est tout de même meilleur avec de la sauce. Elisabeth Pour le régime, j'aime autant enlever la sauce, mais les nouilles sans sauce, c'est comme la vie sans rire. Marie-Hélène Tu sous-entends qu’il faut que je fasse un régime ? Elisabeth La mode est au maigre, l'embonpoint ne fait plus recette. Elodie Pourtant, c'est bon, le gras. Ça ondule, ça rissole, et surtout, ça glisse tout seul. Patrick Ah ça, pour glisser, on glisse… Serge Mmm… du miel, du sucre, du fruit, du plaisir Du sel, des épices, des citrons, du désir Marie-Line On voit déjà ta préférence pour le sucré

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Serge Du safran, de l’amer, de l’amour Du piment, du vinaigre, de l’absence Marguerite Presqu’un trou normand ! Patrick Du riz, des rires et des frites Beaucoup de pleurs, un peu de chance Plein de bonheur, beaucoup de danse Marie-Line Tant que le rythme reste endiablé… Marie-Hélène Une cuillère pour papa, un baiser pour maman Mange ta soupe et range tes dents ! Marie-Line Attendre tout ce temps pour découvrir que la vie, ça dégouline, ça polissonne, ça foisonne et qu’il suffit de tendre la main… Serge Moi, moi, moi ! J’ai une recette ! Tous Oh non ! Serge Si, si ! Soupe au fou : Peler le fou et réserver la tête. Enlever les abats et le cœur, hacher menu les pieds mais garder les orteils. Garder les ongles pour la marinade. Dans un grand fait-tout, faire bouillir de l’eau mélangée au vinaigre, rajouter la carotte, les deux oignons. Touiller jusqu’à rire aux éclats. Saupoudrer d’idées saugrenues, rajouter le sel fou. Essayer de ne pas mélanger l’intelligence et la bêtise, râper un peu de savoir sans dépasser le trait. Rôtir ¾ d’heures, rajouter la marinade d’ongles, le hachis de pieds et les abats braisés, puis dresser sur un grand lit de journaux du jour, surtout des « feuilles de chou ». Déguster entre amis aussi fous que vous. Marie-Hélène On est bien avancés tiens !

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Elodie Tu ne trouves pas que ça sent un peu le réchauffé ces hommes? Elisabeth Noooon ! Ils me semblent pétris de bonnes intentions tous les deux, mais ça démarre pas ! Marie-Hélène On ne peut pas dire qu'ils soient pétillants. Plutôt éventés, je dirais. Marguerite Et ça coule, et ça suinte... de mauvaises recettes en vraies confidences ! Marie-Line Et toujours cet humour en dessous de la ceinture ! On rêve de paroles exquises comme de mets délicats, et on se retrouve avec du bien gras, mais sans grâce. Elodie Allez arrête ! Une fois le gras fondu, il reste le meilleur, la chair, la viande, le rouge, le vif. Oui, c'est ça, je les trouve vifs moi... vivifiants même. Comme une bonne cuite ! Elisabeth Tu as raison. Après deux ou trois verres, ils s'épanouissent, ils paraissent même intelligents. Marie-Hélène Moi je dirais surtout que ça sent l’hypocrisie… Une douceur ambiante avec une pointe d’amertume… Marie-Line Non, ça c’est juste quand tu mélanges les sexes, il y a le fort et le faible, et c’est l’odeur la plus forte qui l’emporte Marie-Hélène Comment faire pour enlever cette amertume ? Tu as une idée ? Marie-Line Peut-être en essayant de comprendre pourquoi quand on est un garçon, on croit toujours avoir raison et on n’essaie pas d’écouter… Marguerite Et ce serait encore à nous, les femmes, de faire un effort pour comprendre... Marre, j’en ai marre de tout ça !

Elisabeth Tu n’es pas toute seule, l’union fait la force et nous sommes plus nombreuses. On peut leur couper l’herbe sous le pied ou faire bouillir leurs idées ?

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Marie-Hélène Ah ça, quand tu les regardes, tu peux les faire macérer longtemps, mais si tu rajoutes 2 ou 3 zestes de nana, quelques bulles vont apparaitre et tout partira en fumée. Marie-Line De toute façon, ils y comprennent rien aux femmes. Pour eux, le désir des femmes, c'est comme un soufflé dégonflé. Elodie Beaucoup de promesses, et à l'arrivée... Elisabeth Souffler n'est pas jouer, mais quand même, si on souffle bien... Elodie Dis-donc, t'as déjà soufflé beaucoup de bougies, non ? Elisabeth Dis tout de suite que je suis une vieille peau ! Elodie C'est toi qui l'as dit ! Marie-Line Comme tout le monde le sait, c'est celui qui le dit qui est. Marie-Hélène Cafteuse ! Marguerite Ah non ! Moi, je mange tout ce que vous voulez, mais pas les cafards ! Marie-Line C'est bien ce que je pensais, tu manges à tous les râteliers. Marguerite C'est pas ma faute si je n'ai plus de dents. Marie-Hélène Tu les as usées à trop rayer le parquet. Serge Les gens cives, les gens si vils, les gens civilisés, tout se mélange ! Patrick C'est bien quand on se mélange…

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Marie-Hélène C'est bien... c'est bien... faut voir. Pas envie de me mélanger avec n'importe qui ! Serge Ah c'est du beau ! Une telle fraternité ! Et Dieu dans tout ça ? Elisabeth Et moi dans tout ça ? Vous pensez que je vais me dégonfler ? Marie-Line Non, on te fait confiance pour rester soufflée. Elisabeth Bon alors, j’y vais ! Ceci est mon corps, mangez-le! Prenez-le, coupez-le, découpez-le, partagez-le... Mais n'omettez pas de le mastiquer, le mâcher, l'émietter, Car il revêt des qualités que vous ne vouliez pas voir! Et puis, aussi, tenez! Ceci est mon sang, buvez-le. Il est goûteux, soyeux, étoffé, aimable, sans aigreur, ample Sa robe, qui le rend distingué, est aussi belle que celles, peut-être qui ont généré vos jalousies. Les larmes, maintes fois tournées, l'ont fatigué.... Alors, savourez! Régalez-vous! Prenez un plaisir inégalé! Je souhaiterais tellement que cela vous soit bénéfique. Vivez, ceci est mon esprit! Patrick Mais on n’en veut pas, ni de ton corps ni de ton esprit ! Ni de vos odeurs de moqueries féminines goguenardes ! Serge Ah, c’était ça les gloussements de gorges qu’on entend depuis une heure ? Elles nous regardent, l’œil en coin, nous épient. A quoi elles pensent tu crois ? Patrick A nous dévorer tout cru c’est sûr, cœur d’artichaut et poignées d’amour compris ! Là, elles nous mangent des yeux, mais attends qu’elles causent, une vacherie par-là, un mensonge par-ci … Serge Ça a un goût de recuit tout ça, j’ai déjà soupé de cette situation mille fois… Elles vont nous allumer, nous mettre sur la braise, sur les charbons ardents ! Patrick Nous ne serons que la fumée de nous-mêmes à force de nous faire incendier, c’est sûr !

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Elles nous consument, et leurs allures tout pour nous plaire, non mais je te jure, faut se les faire ! Serge Se les faire, se les faire… Etre cruel est une chose, avoir des sentiments en est une autre Patrick Ah ça, en parlant de sentiment, ici la méchanceté coule à flots Elodie Oh, tout de suite les grands mots ! Y a pas que ça qui coule non plus… Marie-Line En tous cas c’est pas de l’eau ! Patrick Du sang bientôt ? Marie-Hélène C’est vrai que tu es un peu palot, une petite saignée te ferait sûrement du bien… Patrick Tu crois… je me sens sans dessus dessous Elisabeth Dessus, dessous… quelle différence ? Marguerite Tout dépend du poids de celui qui est dessus… Patrick Tout ça c’est du bidon ! Marie-Hélène Non très cher, c’est du don de soi ! Patrick Ah mais je veux rien moi ! Ne me donnez pas ! Marie-Line Arrête, tu dis ça parce que tu es fâché, goûte donc, ça va bien finir par te plaire… Marguerite A quoi ça sert tout ça, la bouffe, la vie… Elodie Tais-toi et mange ta soupe !

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Serge Ça me met la rate au court bouillon moi ce repas Marguerite Y a pas de croutons dans ma soupe, je veux des croutons ! Marie-Line Ah les vieux… ! La soupe et la marmite ! Elisabeth Ils nous en apprendraient encore les vieux, figure-toi Marie-Hélène Je vois pas ce qu’il y a encore à apprendre ici ! Serge Apprendre à s’enlacer, apprendre à s’en passer, apprendre sans passé… Marie-Line C’est de vous que j’aurais dû me passer… Patrick Ça sent la fin là, va falloir passer à table… Elisabeth Quelqu’un a préparé le gâteau du mariage ? Marie-Hélène Oui, mais c’est une surprise ! Serge Avec du sucre glace ou de la chantilly ? Marguerite Surtout, avec beaucoup d’amour ! Elodie Et les jolis mariés en plastique au-dessus, ça fait rêver, non ? Marie-Line Oui, mais il manque la tête des mariés Patrick Y’en a qui ont mangé les bougies ici, et depuis ils sont complètement allumés…

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Marie-Line C’est celui qui a volé la tête des mariés, non ? Marguerite Ah, c’était donc pour un mariage ce petit repas entre amis… ? Patrick Euh pardon….j’ai une question : ils sont où les mariés ? Marie-Line Finalement, ils ont changé d’avis Elisabeth Mais qui va manger le gâteau, alors ? Tous Et miam! Et miam! A table! A table! Venez déguster Elodie Le vin liquoreux de la jalousie Coulant à flot dans les discours Venez tirer le lait du pays Sur les mamelles ensanglantées Mangez sucez par gloutonnerie Les pauvres gouttes sucrées Tous Et miam! Et miam! A table! A table! Marguerite Approchez Prenez place Et vous gouterez cette farce Qui survivra, qui dévorera ? L’alligator, le petit rat ? Les grandes dents, les gros méchants ? Coupez, mordez, mâchez Écharpez qui vous voulez Tous Et miam! Et miam! A table! A table!

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Serge Tirez le bras Tirez la jambe Tirez la langue Mais ne tirez pas la moustache Sur le grand feu remuez la cuillère Tournez, goutez, Mais ne renversez pas la soupière Marie-Line Au public : Vous pensez vraiment que tout ceci a du sens ? Elodie Au public : Cela me laisse un drôle de goût… Celui de nous divertir ou de vous initier ? Marie-Line Et si c’était les deux ? Elodie Oh ! Ce serait comme donner du caviar aux cochons. Mais… Marie-Line Au public : Que chacun prenne ce qui lui convient … et qu’il mange à sa faim !

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