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81 Mamadou Sarr Contribution à la connaissance de la calebasse : approche environnementale et vers une recherche action Simple et une, elle (la calebasse) sert les pauvres principalement les mendiants qui s'en servent comme sébiles pour demander l'aumône. Ornée et huilée elle devient vaisselle du roi. Hassane Dao Résumé La présente contribution procède d’un souci d’apporter quelques éclairages sur la connaissance de la calebasse dans sa dimension environnementale. En tant qu’élément et trait d’union du couple écosystème/sociosystème, la calebasse sera examinée relativement à son milieu de vie, aux interactions et interrelations avec les autres éléments du milieu y compris l’homme. L’approche qui se veut académiq ue et didactique devra permettre de déboucher sur une proposition de recherche action et un canevas d’élaboration d’une esquisse de programme de formation axée sur la calebasse dans le cadre de projet d’école ou en direction du grand public. Keywords : Calebasse Environnement Perception Programme de formation Recherche action Abstract The present contribution proceeds of a concern (marigold) to bring some lightings on the knowledge of the gourd in its environmental dimension. As element and hyphen (link) of the couple ecosystem / sociosystem, the gourd will be examined with regard to its environment (middle) of life, to the interactions and interrelations with the other elements of the environment (middle) including the man. The approach which wants so academic and didactic will have to allow to result in one

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Mamadou Sarr

Contribution à la connaissance de la calebasse : approche environnementale et vers une recherche action

Simple et une, elle (la calebasse) sert les pauvres

principalement les mendiants qui s'en servent comme

sébiles pour demander l'aumône. Ornée et huilée elle

devient vaisselle du roi.

Hassane Dao

Résumé

La présente contribution procède d’un souci d’apporter quelques éclairages sur la connaissance de la

calebasse dans sa dimension environnementale. En tant qu’élément et trait d’union du couple

écosystème/sociosystème, la calebasse sera examinée relativement à son milieu de vie, aux interactions et

interrelations avec les autres éléments du milieu y compris l’homme. L’approche qui se veut académique et

didactique devra permettre de déboucher sur une proposition de recherche action et un canevas

d’élaboration d’une esquisse de programme de formation axée sur la calebasse dans le cadre de projet

d’école ou en direction du grand public.

Keywords : Calebasse Environnement Perception Programme de formation Recherche action

Abstract

The present contribution proceeds of a concern (marigold) to bring some lightings on the knowledge of the

gourd in its environmental dimension. As element and hyphen (link) of the couple ecosystem / sociosystem,

the gourd will be examined with regard to its environment (middle) of life, to the interactions and

interrelations with the other elements of the environment (middle) including the man. The approach which

wants so academic and didactic will have to allow to result in one

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Mamadou Sarr N° 20 Décembre 2015

INTRODUCTION

La présente étude porte sur l’approche environnementale de la calebasse (Lagenaria siceraria), une plante

vivace qui est cultivée et utilisée dans les régions tropicales d’où elle serait originaire. Son importance

économique et sociale ne fait aucun doute et elle fait l’objet de différents usages culturels, cultuels et

sociaux.

Son environnement, comme la plupart des milieux, est de plus en plus menacé. En attestent les grands

problèmes mondiaux comme la désertification, le réchauffement de la planète, la dégradation des sols, les

pollutions multiformes, la pauvreté grandissante surtout dans les pays du sud. .

Le changement climatique est aujourd’hui un fait scientifiquement prouvé. Plusieurs recherches

scientifiques l’attestent. Les différentes rencontres et négociations sur le changement climatique (Genève

1979 ; création du GIEC 1988 ; Sommet planète Terre de Rio 1992 ; protocole de Kyoto 1997 ;

Copenhague 2009 ; création du fonds vert, Cancun 2014 ; Cop 21 Paris 2015) sont autant de grandes

messes qui drainent des sommes considérables avec des résultats plus ou moins mitigés.

Le changement climatique impacte diverses activités humaines parmi lesquelles l’agriculture, y compris la

culture de la calebasse. Le monde rural, surtout en Afrique sahélienne, est durement affecté. Les

productions végétales connaissent dans certains pays un recul conséquent.

Les acteurs de la calebasse (agriculteurs, opérateurs touristiques, artisans …) doivent s’interroger et jouer

leur partition dans la sauvegarde de ce produit qui joue un grand rôle dans le quotidien des pays exploitants.

Il s’y ajoute que la dimension environnementale de la calebasse peut et doit faire l’objet de recherches plus

approfondies.

Dans ce texte, il sera question de traiter d’abord de la problématique de la calebasse suivi de la

méthodologie de travail et des résultats de la recherche. Pour ce dernier point, l’accent sera mis sur la

clarification conceptuelle, l’examen bref de la biologie/physiologie de la calebasse, les perceptions

développées autour d’elle par les populations qui l’utilisent, de l’ environnement. Nous présenterons des

domaines de recherche-action possibles pour encourager des mesures d’adaptation face au changement

climatique, notamment, une esquisse de programme de formation sur la calebasse et une esquisse de projet

de recherche-action pluridisciplinaire.

I. Problématique

La calebasse est rencontrée dans des sites archéologiques datées de 12 000 ans. Elle est l’un des premiers

fruits domestiqués. Elle est cultivée dans plusieurs pays d’Afrique (Burkina Faso, Mali, Sénégal) et

d’Amérique Latine (Pérou). Elle constitue un enjeu économique et culturel pour la Sous-région Afrique de

l’Ouest.

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En tant que plante cultivée, il est utile de comprendre l’environnement dans lequel elle pousse et se

développe. Mais les recherches dans ce domaine précis montrent que peu d’études ont été réalisées dans

ce sens en Afrique. Des instituts de recherche comme l’IRD57

, l’ISE58

pourraient davantage se pencher sur la

question. Mais plus globalement, l’on pourrait s’interroger sue les réponses que les acteurs de la calebasse

pourraient apporter comme participation au formidable élan de construction d’un monde meilleur où le

changement climatique, la lutte contre la pauvreté et la désertification ne seront plus qu’un vieux et mauvais

souvenir ? En d’autres termes, quels types de recherches engager autour de la dimension environnementale

de la calebasse ? Que faire pour que tous les acteurs de la calebasse prennent conscience du rôle qu’ils

peuvent jouer dans le combat mondial contre le changement climatique ?

Quels effets aura le changement climatique sur la biologie, l’environnement et la production de calebasse ?

Quelles sont les variétés qui seront non seulement résistantes à ce changement, mais aussi aux mutations

induites sur les autres organismes parasites ou ravageurs de ces plantes ? Devrait-on à l’avenir être obligé

de recourir aux organismes génétiquement modifiés (OGM). La réponse à ces questions et à bien d’autres

sera un élément essentiel dans la perception moderne de la calebasse et du coup, un facteur nouveau de

marketing économique, social, culturel et environnemental.

II. Méthodologie de travail

Dans le cadre de cette étude, la méthodologie de travail utilisée pour le recueil des données s’est organisée

autour de quatre axes principaux :

1. la recherche documentaire qui a permis de procéder à la clarification conceptuelle, mais aussi à

appréhender les questions relatives à la biologie, à la physiologie et à l’environnement de la

calebasse ; elle a permis de recueillir des données de qualité malgré le peu de travaux consacrés à

la thématique de la calebasse ;

2. les enquêtes auprès des acteurs de la calebasse (producteurs, organisateurs de festival autour de la

calebasse, grâce des fiches d’enquêtes ; celles-ci ont aidé à compléter l’information sur les

perceptions et les usages culturels et cultuels de la calebasse

3. les entretiens qualitatifs auprès de deux acteurs du tourisme (vendeur d’objet d’art et hôtelier). Pour

ce faire, nous avons utilisé un guide d’entretien.

4. à l’exploitation des données

Cette méthodologie a aidé à aborder différentes facettes de la problématique de la calebasse.

III. Présentation des résultats

La présentation des résultats porte dur la clarification des concepts, la biologie et l’environnement de la

calebasse, ainsi sur les proposition de recherche action et d’esquisse de programme de formation.

57

Institut de Recherche pour le Développement 58

Institut des Sciences de l’Environnement (Université Cheikh Anta Diop Dakar)

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III.1 Clarification conceptuelle

Il est tout à fait nécessaire de procéder à une clarification conceptuelle avant d’aborder le sujet proprement

dit. Aussi nous décrirons quelques concepts essentiels comme l’environnement, la recherche-action.

II.1.1 L’environnement

Le concept d’environnement est une création relativement récente. Sa définition technique anglo-axone

daterait des années 1920. Sa popularisation est intervenue dans les années 60. Avant, les concepts

réducteurs de milieu, de nature, etc. étaient les plus usités.

L’environnement est caractérisé par divers aspects : sa globalité, son caractère multidimensionnel, sa

délimitation dans un cadre spatial et temporel, sa référence à l’éthique et ses rapports à la réalité.

La perception individuelle ou collective de l’environnement dépend de plusieurs facteurs : culture, niveau

intellectuel, catégorie socioprofessionnelle ou socioéconomique, intérêt particulier, l’expérience personnelle,

les références disciplinaires, etc. Elle sera donc anthropocentrique, spiritualiste, etc.

Lucie Sauvé identifie diverses conceptions de l’environnement : environnement/nature (fournissant des

ressources et l’espace de vie) ; environnement/problèmes (gestion des ressources, qualité du milieu, gestion

des risques) ; environnement/ce qui entoure ; environnement/milieu ; environnement/qualité de vie.

Les attributs de l’environnement sont nombreux : global/local ; urbain/rural ; marin/terrestre ;

Plusieurs définitions ont été proposées par des scientifiques, des acteurs et des institutions actifs dans le

domaine de l’environnement

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Aujourd’hui, l’environnement est au centre d’enjeux planétaires de développement et de survie

extraordinaire. Ses ressources ne sont plus considérées comme inépuisables ou renouvelables à l’infini. La

première Conférence mondiale sur l’environnement tenu à Stockholm (Suède) du 5 au 16 juin 1972 avait

invité à repenser et à remettre en cause les comportements de l’homme vis-à-vis de la nature et surtout de

revisiter les théories économiques non soucieuses de la dimension environnementale. Elle avait défini les

grandes idées sur l’environnement et attiré l’attention du pouvoir que confère la science et la technologie en

ces termes (Rapport Stockholm 1972) : « Le pouvoir qu’à l’homme de transformer le milieu dans le quel il vit,

s’il est utilisé avec discernement peut apporter à tous les peuples les bienfaits du développement et la

L’environnement « C’est l’ensemble des éléments physiques, chimiques, biologiques

et des facteurs sociaux, économiques, culturels relatifs à un groupe humain, à un

individu ou à un organisme vivant, qui agissent plus ou moins sur lui et qu’il peut plus

ou moins transformer ».

Jacques BUGNICOURT (1976)

L’environnement, « C’est l’ensemble à un moment donné, des agents

physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux, susceptibles d’avoir

un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme sur les organismes vivants ou

les activités humaines ».

PIEROU H. et al (1979)

L’environnement est un système dynamique et complexe qui comprend deux sous-

systèmes en interrelation :

- le sous-système naturel constitué par le milieu physique ou l’espace géographique

(sol, eau, air, énergie) bien délimité avec ses facteurs biotiques (faune, flore) ;

- le sous-système humain avec l’homme et les acteurs socioculturels et économique.

PFIE -Sénégal (1998)

«Environnement»: l’ensemble des éléments naturels et artificiels ainsi que des

facteurs économiques, sociaux et culturels qui favorisent l’existence, la

transformation et le développement du milieu, des organismes vivants et des

activités humaines ».

Code sénégalais de l’environnement

L’environnement est un système dynamique défini par les interactions physico-

chimiques, biologiques et culturelles, perçues ou non, entre l’homme, les autres êtres

vivants et tous les éléments du milieu, qu’ils soient naturels, transformés ou créés

par l’homme.

Louis Goffin

L’environnement l’interface écosystème/sociosystème

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Mamadou Sarr N° 20 Décembre 2015

possibilité d’améliorer la qualité de la vie. Utilisé abusivement et inconsidérément, ce même pouvoir peut

causer un mal incalculable aux humains et à l’environnement. »59

.

La deuxième Conférence mondiale intitulé « Le Sommet Planète Terre » de Rio de Janeiro (Brésil) tenue en

1992 propose, entre autres, l’Agenda 21, mais aussi la Convention sur la désertification. Le protocole de

Kyoto (Japon) traite des changements climatiques qui constituent une des plus grandes préoccupations

mondiales actuelles, à côté de la désertification, de la perte de la biodiversité et des pollutions.

Il s’agit de voir comment les acteurs de la calebasse peuvent apporter leur contribution à la résolution de ces

préoccupations. Mais aussi quelle recherche-action envisager pour une plus grande efficacité des

interventions.

III.1.2 La recherche-action

La recherche-action est une méthode de recherche scientifique qui inclut dans le processus aussi bien le

chercheur que les acteurs. Créée par Kurt Lewin, père de la dynamique de groupe, la recherche-action

combine la recherche et l’action au sein d’une même activité.

Hugon et Siebel60

la définissent au colloque de l’Institut National de la Recherche Pédagogique (INRP, Paris

1986) comme des « recherches dans lesquelles il y a une action délibérée de transformation de la réalité ;

recherches ayant un double objectif : transformer la réalité et produire des connaissances concernant ces

transformations ».

Marc Cantonas (2003)61

souligne que cette démarche « favorise la production d’informations qualitatives

et/ou quantitatives » et permet « de trouver des réponses plus rapides en sensibilisant les acteurs à des

méthodes de travail créatives ». La recherche-action présente la particularité « de mettre en réseaux des

personnes sensibilisées, préparées à poursuivre réflexion et action ».

Une des caractéristiques de la recherche-action est sa souplesse méthodologique repérable à divers

niveaux : du mode d’investigation, de l’utilisation des techniques de recueil de données, des instruments.

Cette souplesse méthodologique est particulièrement manifeste dans la négociation et la participation des

acteurs au choix et à l’élaboration des instruments.

Contrairement à la recherche pure où la méthode est organisée en phases, étapes et donc temporellement

linéaire, la recherche action présente une conception non linéaire du temps. Des boucles de rétroaction

sont souvent observables, car la recherche nourrit l’action qui à son tour oriente la recherche.

L’idée de proposer une recherche-action relativement à la calebasse devrait donc inclure des scientifiques

(agronomes, biochimistes, environnementalistes) et des acteurs (agriculteurs, artistes et autres utilisateurs

de la calebasse).

59

Rapport de la Conférence mondiale sur l’environnement Stockholm, (Suède) 1972 60

http://fr.wikipedia.org/wiki/Recherche-action 61

http://www.cadredesante.com/spip/spip.php?article125

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III.2 Bref aperçu de la biologie de la calebasse

La calebasse provient de deux familles végétales différentes : les Bignoniacées et les Cucurbitacées. Le

calebassier (Crescentia cujete) est un grand arbre tropical de la famille des Bignoniacées. On le trouve dans

les zones humides (Casamance).

Dans cette communication, nous nous intéresserons plutôt aux Cucurbitacées. A l’heure actuelle, environ

120 genres différents et plus de 800 espèces constituent la famille des Cucurbitacées. Outre les calebasses,

les cucurbitacées comprennent les melons, les cornichons, les concombres, les courges, etc…

La fleur des cucurbitacées est généralement unisexuée. L'inflorescence est souvent une cyme dont l'axe

principal est terminé par une fleur. Le fruit est généralement une baie.

La calebasse (Cucurbitacée) dont le nom scientifique est Lagenaria siceraria est une plante herbacée

annuelle, rampante ou grimpante. Elle possède des vrilles spiralées permettant de s’attacher à des supports.

Il existe plusieurs variétés. Certaines espèces sont vivaces parce que les parties souterraines sont

charnues. La croissance est relativement rapide. Le fruit est protégé par une écorce dure. Non mûr, il peut

être consommé comme légume.

La calebasse produit une substance appelée cucurbitacine à l’origine du goût amer de certaines variétés.

Isabelle Grondin et ses collaborateurs de l’université de la Réunion62

ont analysé les triacylglycérols (TAG)

produits par Lagenaria pour en apprécier les différentes composantes (acide palmitique, acide linoléique,

acide stéarique, acide oléique), leur proportion et leur dégradation chimique.

La composition chimique explique les propriétés médicinales et diététiques attribuées aux Cucurbitacées.

Elles renferment dans la partie comestible et dans les graines des principes actifs qui sont :

- antioxydants (bêta-carotène, Lutéine et zéaxanthine) qui protègent contre les effets des radicaux libres,

molécules très réactives impliquées dans des maladies cardiovasculaires et certains cancers

- anti-cancéreux et anti-inflammatoires ; les cucurbitacines seraient actives dans la diminution de la

croissance des cellules cancéreuses, particulièrement la cucurbitacine B. « la cucurbitacine B pourrait aussi

protéger les cellules du foie contre certains composés toxiques, et aurait également des effets anti-

inflammatoires »63

.

62

Technical Briefs The qualitative and quantitative composition of triacylglycerols from four Cucurbitaceae seed oils of

the Lagenaria and Luffa species http://www.john-libbey-eurotext.fr/en/print/e-docs/00/03/36/B4/article.md

63

http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=courge_nu#P154_22785

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- hypoglycémiant : donc favorable à un meilleur contrôle du diabète.

Les courges sont aussi riches en vitamines (A, B2, B6, B9, C, K), en fer, en manganèse (cofacteur de

plusieurs enzymes, et prévention contre les dommages dus aux radicaux libres), en cuivre (nécessaire à la

formation de l’hémoglobine et du collagène), en acide pantothénique (coenzyme dans la fabrication des

hormones stéroïdiennes).

III.

3

Le

s

pe

rce

pti

on

s

de

la

cal

eb

as

se

La

calebasse est un vieux compagnon de l’homme. Elle fait partie des premiers fruits domestiqués, car il est

retrouvé dans des sites archéologiques datés de 12 000 ans avant J. C

Sa forme globuleuse rappelle le ventre de la femme enceinte, ce qui en ferait le symbole de la fécondité.

Elle est aussi perçue comme le symbole de la prospérité et de la bonne santé.

Elle est associée à plusieurs rituels chez certaines ethnies du Sénégal. Chez les sereer du Sénégal, les

enquêtes ont montré que l’eau qui sert à raser le nouveau-né est exclusivement mise dans une calebasse et

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jamais dans un objet en fer ou en plastique. De même lors des libations et sanctifications, le lait caillé (ou la

farine de mil) est mis dans une calebasse.

La calebasse qui tombe et qui se brise est prémonitoire de difficultés à venir.

Un conte africain rapporte la calebasse avaleuse des hommes du monde entier à l’exception d’une femme

enceinte cachée et seule rescapée. De celle-ci naîtra deux jumeaux qui, devenus grands, partent à la

recherche de la calebasse avaleuse. Elle fut fendue et « les hommes étaient superposés comme les

rayons de cire dans une ruche, sur quatre couches. Sur le premier rayon, étaient les corps blancs,

c'est-à-dire les Européens de France ; sur le second : les corps jaunes, c'est-à-dire les Allemands ;

sur le troisième : les corps rouges, c'est-à-dire les Esquimaux des pôles nord et sud ; sur le

quatrième : les Noirs d'Afrique.

Après leur délivrance, les hommes repartirent dans leur pays. C'est grâce aux deux jumeaux que des

races de différentes couleurs vivent aujourd'hui sur terre »64

.

Selon le professeur Alain Sissao du Burkina Faso, la calebasse « fait l’objet d’un usage constant chez les 60

ethnies du pays…Chez les Turka, elle est donnée au mariage pour indiquer que l’épouse peut rejoindre son

mari et c’est l’un des principaux récipients du lait… Elle est symbole de l’accueil et de l’hospitalité. Il en est

fait usage dans les rituels religieux, les libations plus précisément, de même que pour les funérailles. Ainsi

chez les Nionionsé, la tête du mort est rasée et recouverte d’une calebasse. Sa présence est constante

dans les instruments de musique, entre autres : le balafon, l’arc musical, le Bendré – tambour de messages

- dont elle permet de reproduire les tons de la langue, avec la distinction d’un tambour mâle et d’un tambour

femelle. A ce titre, la fabrication du bendre impose parfois l’isolement et l’abstinence sexuelle pour conférer

même à l’instrument une efficacité contre les mauvais esprits. Symbole du ventre fécond de la femme …

Dans un conte de l’ethnie Gouin, la calebasse est assimilée à la femme qui avale tous les actants de son

parcours, mais qui sera écrasée pour libérer les être avalés, ce qui renvoie à la délivrance de la parturiente.

La calebasse se trouve toujours là où réside la femme et symbolise les savoirs humains. Un langage codé

lui est quelquefois associé.» Rapport Festival de la calebasse 2008

En Asie la calebasse fait partie des objets sacrés et elle est associée à la création du monde dans de

nombreuses légendes.

Ce que l’on peut retenir, c’est que la calebasse jouissait et jouit encore d’une grande considération en

Afrique du fait de ses différentes utilisations.

III.4 Environnement de la calebasse

64

http://agoras.typepad.fr/regard_eloigne/2007/12/index.html

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Mamadou Sarr N° 20 Décembre 2015

La calebasse est originaire des régions tropicales (offrant chaleur, ensoleillement et humidité) comme

l’atteste les sites archéologiques où elle a été trouvée. .

Elle pousse bien dans les sols sableux à la surface et argileux en profondeur. La partie argileuse retient

l’eau qui explique la vivacité de certaines variétés de calebasses.

La calebasse est cultivée au Sénégal, au Mali dans le Nord-ouest du Burkina Faso et au Niger. Par

périodes pluvieuses, les sereer du Sénégal la cultivent.,

La calebasse est une composante de deux systèmes en interaction et en interrelations

L’écosystème comprend le biotope et la biocénose.

Le biotope représente le milieu avec ses facteurs physiques et chimiques : sol, eau, air, humidité, vent,

lumière, relief…

La biocénose est l’ensemble des êtres vivants dans le biotope : animaux (faune) et végétaux (flore),

microscopique et macroscopique.

La calebasse étant une plante cultivée, l’écosystème dans lequel elle pousse est classé parmi les

écosystèmes cultivés, modifiés.

Les interactions/interrelations seront ici appréciées du point de vue des facteurs (humidité, sol), des

associations des cultures (maïs/calebasse), des ravageurs (chrysomèle), etc…

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1. Humidité. La trop grande humidité peut provoquer le pourrissement du fruit arrivé à maturité. Il faut donc

le retourner constamment pour éviter cette situation.

2. Plante rampante, elle crée un microclimat humide et frais qui fait obstacle à l’évaporation directe de l’eau

du sol. La durée de vie est d’environ 6 mois. Les graines semées au début de la saison des pluies (mi-juin)

germent et donnent des plantes dont la croissance est rapide. Les fruits mûrs sont récoltés entre décembre

et février quand ils sont complètement secs. Il est recommandé de la récolter avec son pédoncule. La

cicatrice laissée par ce dernier peut constituer une porte d’entrée de maladie de la calebasse.

Certaines variétés sont vivaces à cause de cette présence d’eau dans la couche argileuse profonde.

3. La pollinisation nécessite la participation des abeilles qui, en passant de fleurs en fleurs, déposent les

produits attachés à leurs pattes.

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4. La fabrication de cucurbitacine développe un chimiotactisme positif pour la chrysomèle rayée65

, l’un des

agents ravageurs. Selon Duval, les dommages faits aux cucurbitacées par la CRC sont de trois types :

- les adultes mangent les feuilles, les tiges, les fleurs et les fruits,

- les larves attaquent les racines et la tige

- les larves et les adultes servent de vecteurs à certaines maladies

5. La polyculture favoriserait la diminution des populations de chrysomèle. Concernant la chrysomèle rayée

du concombre, Duval souligne que « Bach (1980) a démontré que le fait de cultiver le concombre en

polyculture avec du maïs et du broccoli réduisait les populations de CRC de 10 à 30 fois par rapport à une

monoculture de concombre. Il semble que la polyculture avec ces deux espèces nuit aux déplacements de

l'insecte mais ne change rien à la colonisation des plants, la reproduction ou la prédation de l'insecte. La

densité des plants n'affecte pas le nombre de CRC que ce soit en monoculture ou polyculture ».

Rappelons que cette chrysomèle s’attaque aussi à la calebasse et à d’autres cucurbitacées.

La protection des calebasses contre certains déprédateurs comme la chrysomèle rayée peut se faire selon

des techniques biologiques, chimiques ou physiques.

Concernant la lutte biologique, les prédateurs de la chrysomèle sont les fourmis, les carabes et les oiseaux.

Des parasites comme des nématodes entomogènes permettent de contrôler la prolifération des larves.

Des extraits de plantes comme l’azadirachtine et la salannine sont toxiques pour la chrysomèle.

La lutte chimique utilise de kaïromones synthétiques qui imitent l’odeur de la cucurbitacine produite par les

fleurs. Mais aussi des insecticides répulsifs

Quant aux moyens de lutte physique, on peut noter la pose de grillages fins, mais aussi des tissus de fine

maille à retirer lors de la pollinisation.

Mais la dimension sociosystème ne se limite pas seulement à cultiver la plante et à la protéger. Il y a les

aspects économiques et les formes d’utilisation de la calebasse

Celle-ci est utilisée dans le monde entier à différentes fins : commerciale (du Mali vers le Sénégal pour

environ 2 milliards de F CFA/an), culinaires, médicinales, sacrés et artistiques. Les jeunes fruits tendres sont

utilisés comme légume et destinés à la consommation. Les fruits mûrs sont utilisés comme récipients. Leur

diamètre oscille entre 150 mm et 600 mm. En vidant le contenu, on obtient des ustensiles prêts à être

utilisés pour la cuisine et le transport de denrées. Elle sert de cuiller, de louche; Elle a d'autres fonctions :

baratte, gourde, écuelle, élément décoratif... Ces cuillers servent de mesures aux commerçants (troc) et aux

65

Jean Duval : La chrysomèle rayée du concombre.

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vendeuses de lait caillé. Elle peut servir d’instruments de musique (kora, balafon, flûte, tambour, etc..) de

bijoux, de masques et d’objets décoratifs (lampe de chevet).

La calebasse avait aussi des usages thérapeutiques. Les vertus de la calebasse ne sont plus à démontrer

(voir ci-dessus).

Ce qu’on peut regretter aujourd’hui, au plan environnemental, c’est la concurrence énorme des sachets en

plastiques. Malgré certaines résistances liées à des faits culturels et cultuels, la calebasse est sérieusement

concurrencée en tant que récipient par le plastique.

Actuellement pour aller au marché, les femmes préfèrent utiliser des sachets plastiques. Or la dégradation

du plastique est très lente. En effet, il faudra environ 200 ans, c’est-à-dire huit (8) générations d’humains (25

ans) pour que le plastique qui nous utilisons soit dégradé. Il y a donc urgence à revoir nos modes de

consommations si nous voulons préserver un meilleur environnement pour nos descendants.

Compte tenu de l’importance de la calebasse dans la vie en Afrique, nous formulons les propositions

suivantes pour le développement de la culture de cette cucurbitacée.

1. Intensification des recherches sur la calebasse par des organismes de recherche comme l’IRD, l’ISE et

l’université

2. Mise en place d’une banque de gènes qui répertorie toutes les variétés de calebasse.

3. Développement d’un programme d’IEC et de promotion l’usage de la calebasse en vue de réduire l’usage

du plastique

4. Développement d’un marché sous régional de la calebasse (style marché de Diaobé au Sénégal).

5. Développement de réseaux des métiers de la calebasse

6. Développement de modules d’enseignement autour la calebasse et d’autres produits locaux propres.

IV Quelques directions de recherche et d’actions pédagogiques

Compte tenu de l’importance de la calebasse tant au plan environnemental, économique que culturel, il est

nécessaire de lui prêter une plus grande attention. Aussi pensons-nous que des recherches sectorielles

devraient être engagées ainsi qu’une recherche-action pluridisciplinaire et le développement d’un

programme parascolaire.

Au titre des recherches sectorielles, celles autour de la constitution d’une banque de gènes et de

l’agriculture durable semblent fondamentales. .

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Mamadou Sarr N° 20 Décembre 2015

La calebasse est cultivée dans beaucoup de pays subsahariens, du Sénégal jusqu’en Afrique du Sud. Elle

est aussi cultivée au Pérou. On rencontre plusieurs variétés : petites calebasse servant d’écuelles,

moyennes calebasse servant d’assiettes et de gourdes et grandes calebasses.

Quels effets auront les changements climatiques sur la biologie, l’environnement et la production de

calebasse ? Il est difficile à l’heure actuelle de répondre avec assurance à cette question. Mais il est

possible d’anticiper sur les problèmes futurs. D’où l’idée de banques de gènes, une réserve de capital

semencier et génétique pouvant aider à faire face. Cette banque de gènes serait un instrument pour étudier

les possibilités de résistances inhérentes aux ravageurs et aux maladies et de réduction de l’utilisation des

produits chimiques préjudiciables aux agriculteurs et à l’environnement.

La constitution de banques de gènes, entrepôt de ressources phyto-génétiques66

, pourrait donc offrir des

options futures dans l’agriculture durable de la calebasse dans un monde confronté au changement

climatique et serait une garantie d’assurance génétique pour les générations futures.

La conservation des semences dans des banques de gènes et les procédures de leurs manipulations

impliquent des connaissances sur la biologie et la physiologie des semences et leur comportement au

stockage. L’Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI) devenu Bioversity International

constitue une référence dans ce domaine.

Elles impliquent aussi la formation de personnel qualifié et des équipements adéquats. Une meilleure

connaissance et gestion de la biodiversité est à ce prix. L’Afrique de l’Ouest pourrait et devrait abriter un

établissement de banque de gènes non seulement pour la calebasse, mais aussi pour d’autres semences

endogènes.

Compte tenu du rôle joué par la calebasse et qu’il continue et continuera de jouer dans le quotidien des

populations ouest-africaines, un vaste programme de recherche et d’identification des variétés devrait être

engagé en vue de la constitution de cette banque de gènes. Ce programme impliquerait des institutions

comme l’Institut de recherche agronomique (ISRA), l’Institut de Recherche pour le développement (IRD), les

universités de la Sous-région.

La deuxième piste de recherche concerne l’agriculture durable de la calebasse. En effet, comme souligné

plus haut, il est difficile de prévoir les effets du changement climatique sur les variétés de calebasse et leurs

ravageurs. Il est, par contre possible, à l’heure actuelle, d’engager des recherches sur les possibilités

d’optimisation des associations culturales qui impliquent la calebasse et la lutte biologique.

66

N. Kameswara Rao et al (2006). Manuel de manipulation des semences dans les banques de gènes

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Les associations culturales souvent rencontrées sur le terrain sont constituées des couples maïs/calebasse

ou mil/calebasse. Selon Bach (1980), la polyculture du concombre, une autre cucurbitacée, réduirait de 10 à

30 fois la population de chrysomèle rayée du concombre (CRC), principal ravageur de la plante, mais aussi

de la calebasse. Mais il précise « que la polyculture nuit aux déplacements de l'insecte mais ne change rien

à la colonisation des plants, la reproduction ou la prédation de l'insecte. La densité des plants n'affecte pas

le nombre de CRC que ce soit en monoculture ou polyculture ».

Le repérage des zones de polycultures de la calebasse et l’identification des associations culturales pourrait

être mené par plusieurs équipes de recherche dans divers pays sous la supervision d’un coordonnateur ou

d’un directeur de recherche. Des espaces pourraient aussi être aménagés en vue d’expérimentations qui

pourraient faire ressortir les meilleures possibilités d’associations. Les recherches seraient orientées sur la

nature des associations, les effets des associations sur l’environnement local (microclimat, enrichissement

en microorganismes du sol), sur la dynamique des populations de ravageurs (CRC) et les résistances aux

nématodes.

D’autres pistes de recherche peuvent aussi être explorées. La lutte biologique y prendrait une bonne place.

Elle consiste à utiliser des produits biochimiques ou des prédateurs des ravageurs dans la lutte contre ces

derniers. Il s’agit de méthodes propres sans dommage pour l’environnement et les agriculteurs.

L’azadirachtine et la salanine extraites des graines du nime (Azadiracta indica) sont réputées efficaces

contre la CRC. Le radis empêcherait les femelles de CRC de pondre67

. C’est pour dire qu’un vaste de

champ de recherche sur la calebasse peut être balisé et mené.

Outre les recherches de types scientifiques en laboratoire et in situ, des recherches de type social qui

impliqueraient les artistes actifs dans le secteur de la calebasse pourraient conduire à des résultats probants

sur la lutte contre les plastiques, un autre fléau de la modernité. La calebasse a toujours été utilisée comme

récipient. L’amélioration de sa portabilité serait un grand atout pour remplacer le plastique non

biodégradable. Des recherches pourraient être menées pour améliorer sa résistance à la casse, par le

durcissement de l’écorce. Il doit probablement exister des gènes qui commandent un tel caractère.

IV.1 Esquisse de recherche-action pluridisciplinaire

Objet de la recherche-action

L’objet de la recherche serait « la calebasse dans la modernité ». En d’autres termes, il s’agira de

rechercher les stratégies d’intensification de l’usage de la calebasse et d’incitation à une volonté politique de

prise en compte de la calebasse dans les politiques d’intégration ouest-africaines.

67

Jean Duval (1992. La chrysomèle rayée du concombre

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La recherche-action porterait sur la géographie de la calebasse, les variétés de la calebasse, les usages de

la calebasse, les apports économiques de la calebasse, les politiques nationales en matière de culture de la

calebasse, les possibilités d’intégration sous-régionale autour de la calebasse.

Cette recherche-action comprendrait des enquêtes sur le terrain, des essais in situ ou en laboratoire, des

analyses chimiques et biochimiques, des moments de marketing, des phases de plaidoyer auprès des

populations et des décideurs

Participeraient à cette recherche-action agronomes, biochimistes, environnementalistes, économistes,

agriculteurs, artistes, consommateurs.

Les résultats attendus de cette recherche action sont, entre autres, une plus grande connaissance de la

calebasse, la mise sur pied d’une banque de gènes, la création d’emplois, la création d’un marché sous-

régional et l’intégration africaine.

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IV. 2 Esquisse de programme transfrontier de formation sur la calebasse

L’importance de la calebasse dans l’économie et la culture africaine peut justifier l’élaboration d’un

programme de formation destiné à l’école élémentaire, mais aussi aux écoles d’ingénieurs agronomes. La

conception, l’élaboration et l’exécution de ce programme se feront sur la base d’un ensemble d’actions

planifiées au préalable autour de l’information, la sensibilisation, la communication et de la recherche-action.

Abstraction faite des finalités et buts, ce programme devrait cependant définir les compétences et les

objectifs spécifiques du programme, les démarches pédagogiques et didactiques, les cibles.

Ce programme serait destiné à des cibles diverses :

- d’abord, les élèves et les enseignants seraient les premiers bénéficiaires, si l’on se réfère rôle de vecteur

que peut constituer l’enfant auprès de ses parents, de sa famille et de son entourage ;

- ensuite, les écoles de formation d’ingénieurs agronomes ;

- enfin le grand public, dont surtout les agriculteurs, les artistes, le monde du commerce, des arts et du

tourisme.

5- Les thématiques

Le programme de formation pourrait s’organiser autour des modules suivants :

Module 1 : La biologie de la calebasse :

Module 2 : L’environnement de la calebasse

Module 3 : Les représentations sociales de la calebasse

Module 4 : Les métiers de la calebasse

Module 5. La calebasse et l’économie

6- Les stratégies de mise en œuvre

Il convient de souligner, entre autres, la formation des maîtres ou des animateurs du programme,

l’élaboration des supports et outils de communication.

Pour l’école, il s’agira du guide du maître et de manuels de l’élève, mais aussi d’autres supports comme les

affiches, les sketches, etc.

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Pour le grand public, des émissions radio ou télé seront organisées et planifiées à cet effet. Des films seront

réalisés ainsi que des affiches, des dépliants, des sketches, des calendriers, des jeux, des boîtes à images,

etc…

Le programme devra aussi intégrer l’élaboration d’un mécanisme de suivi et d’évaluation des actions et du

programme dans sa globalité, les stratégies de remédiation et l’élaboration d’un programme de recherche-

action pour nourrir les programmes d’enseignement

CONCLUSION

Cette contribution n’a pas la prétention d’avoir examiné l’ensemble des contours de la recherche action qui

pourrait être engagé autour de la calebasse. Elle propose seulement quelques pistes de réflexion qui, si

elles étaient empruntées, auraient pu grandement éclairer les enjeux et défis relatifs à l’insertion de la

calebasse dans la modernité, y compris la contribution à la lutte contre les effets des changements

climatiques, à la lutte contre la pauvreté et à la participation à l’intégration sous-régionale.

La calebasse constitue un véritable enjeu économique, mais aussi un enjeu dans la consolidation des

entités ouest-africaines en devenir (CEDEAO, UEMOA, OMVS).

Si elle sert en même temps « de sébile du mendiant et de vaisselles du roi », sa fonction sociale, culturelle,

cultuelle n’est plus à démontrer. Il est cependant utile de bien la connaître sur tous les aspects y compris

environnementaux et de la réhabiliter pour tirer le maximum de profit de ce don de la nature.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. CATANAS, Marc (2003) La recherche action ; http://www.cadredesante.com/spip/spip.php?article125

2. DUVAL, Jean (1994). La chrysomèle rayée du concombre Projet pour une agriculture écologique 12 p

3. RAO, N. Kameswara et al (2006). Manuel de manipulation des semences dans les banques de gènes Biodiversity International. n° 8. 181 p

4. SARR, Mamadou (2008) : Contribution à la connaissance de la calebasse. Approche environnementale. Symposium de la calebasse 10 p

5. SISSAO, Alain (2008). Une approche culturelle de la calebasse chez différents peuples du Burkina Faso Symposium sur la calebasse 8 p

6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Recherche-action consulté le 10 novembre 2008

7. UNESCO. Rapport de la Conférence mondiale sur l’environnement Stockholm, (Suède) 1972

8. USAID (2006). La filière pastèque en Guinée : situation actuelle et perspectives de développement des exportations Rapport final 27 p