magazine ulysse n°143

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N° 143 Octobre 2010 4,90 portrait B. Lortat-Jacob à l’écoute du monde gastronomie Le loco ce coquillage qui rend fou ULYSSE - Pays Basque - Octobre 2010 N° 143 La culture du voyage WWW. ULYSSEMAG. COM Belgique 5,50 €, Canada 8,95 $CAN, Guadeloupe 5,90€, Guyane 5,90 €, Luxembourg 5,50€, Maroc 45,00 MAD, Martinique 5,90 €, Portugal cont. 5,90 €, Réunion 5,90 €, Suisse 9,80 CHF. écologie Sauver la mangrove au Sénégal, avec “Good Planet” et Yann Arthus-Bertrand renaissances basques En France comme en Espagne Culture Langue Architecture Histoire 3:HIKLRD=\UY^UV:?a@l@e@d@k; T 01737 - 143 - F: 4,90 E - RD u lysse une publication 01_U143_enfant SA OK:*01/U122/COUV 1 20/09/10 11:22 Page 1

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numero 143 du magazine Ulysse

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Page 1: Magazine Ulysse n°143

N° 143 Octobre 20104,90 €

portrait B. Lortat-Jacobà l’écoute du mondegastronomie Le lococe coquillage qui rend fou

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N°1

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La culture du voyage WWW.ULYSSEMAG.COM

Belgique 5,50 €, Canada 8,95 $CAN, Guadeloupe 5,90€, Guyane 5,90 €, Luxem bourg 5,50€,

Maroc 45,00 MAD, Martinique 5,90 €, Portugal cont. 5,90 €, Réunion 5,90 €, Suisse 9,80 CHF.

écologie Sauver la mangrove au Sénégal, avec “Good Planet” et Yann Arthus-Bertrand

renaissancesbasques

En Francecomme en Espagne

CultureLangueArchitectureHistoire

3:HIKLRD=\UY^UV:?a@l@e@d@k;T 01737 - 143 - F: 4,90 E - RD

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ulysse

À ce numéro est joint un encart “AbonnementUlysse” broché sur les exemplaires vente au numéro France métropolitaine ; un encart “Arts& Vie” sur les abonnés France métropolitaine ;une enveloppe “F & S” sur les abonnés Francemétropolitaine, une enveloppe “Encyclopedia

Britannica” sur les abonnés France métropolitaine.

éditorial

Trouver de nouveaux cheminsL’été est fini mais pourquoi oublier le Pays Basque qui poursuit avecdétermination sa renaissance. S’éprendre d’une région, c’est aussi ac-cepter de partir à la recherche de son identité, de son histoire en par-courant ses montagnes et ses plages. Une quête d’autant plus im-portante qu’elle occupe aujourd’hui le centre du débat public :

comment revendiquer sa singularité en acceptant les autres ? Modestement, nousvous invitons à marcher et à réfléchir sur la route de Compostelle, à Saint-Jean-de-Luz avec les pêcheurs ou à la terrasse des cafés de Bayonne dans la tour-mente sonore de la fête.Enfin, dans ce numéro, Ulysse poursuit sa mue. Nous vous présentons deux nou-velles rubriques qui témoignent aussi de notre identité. La première : “Initia-tive écologique” est le résultat d’un partenariat avec Good Planet, l’associa-tion créée par le photographe Yann Arthus-Bertrand. Régulièrement, elle vouspermettra de découvrir les nouveaux “héros” de la lutte pour la survie de laplanète. La seconde, “Voyage Numérique” marque notre volonté d’explorer lesnouveaux chemins de la création. D’ici quelques semaines, nous vous propose-rons de faire partager vos photographies, vos vidéos et vos productions sonoresà nos lecteurs. Alors, au travail… JEAN-CHRISTOPHE RAMPAL

A paraître le 4 novembre L’atlas des lieux sacrés :un tour du monde des destinations spirituelles modernes ouhistoriques, de la France à la Corée du Sud.

RÉDACTION

6-8, rue Jean-Antoine de Baïf75212 Paris Cedex 13, Tél. : 01.46.46.16.00, Fax. : 01.46.46.16.01.E-mail : [email protected]édacteur en chef, éditeur : Jean-Christophe RAMPALE-mail : [email protected] graphique : Sophie-Anne DELHOMMEDirection artistique : Bernadette DREMIÈREE-mail : [email protected] des informations : Annabelle GUGNONE-mail : [email protected]étaire de rédaction (Continents) : Emmanuel RONGIÉRASRédacteur multimédia : Paul BLONDÉE-mail : [email protected] : Aurélie BOISSIÈREPhotogravure : Denis SCUDELLER, Jonnathan RENAUD-BADET Rédacteur graphiste : Alexandre ERRICHIELLOIconographie : Stéphanie SAINDONCrédit de couverture : F. PINAR/Anzenberger/ASK ImagesOnt participé à ce numéro :Pierre CHERRUAU (Afrique), Jacques DENIS (musique),Marc FERNANDEZ (Amériques, Europe), Moctar KANE(voyage numérique), Marc SAGHIE (Moyen-Orient), Jean-Luc TOULA-BREYSSE (Asie et France).

ADMINISTRATION

Directeur de la publication : Philippe THUREAU-DANGIN6-8 rue Jean-Antoine de Baïf 75212 Paris Cedex 13, Tél. : 01.46.46.16.00Secrétaire général : Paul CHAÎNEContrôle de gestion : Stéphanie DAVOUSTDirectrice marketing : Pascale LATOURChef de produit Abonnements : Véronique LALLEMANDFabrication : Patrice ROCHAS, Sarah TREHINImpression : Imaye (Laval)Ulysse est édité par Courrier international, Société anonyme avec directoire et conseil de surveillance, 80, bd Auguste Blanqui, 75013 Paris.Commission paritaire : 0214K85171.ISSN : 0990 – 7068. Membre de l’O.J.D.Diffusion : SAEM Transport Presse, 5, place des Marseillais, 94220 Charenton.

ABONNEMENTS ET COMMANDES D’ANCIENS NOS

Ulysse, service abonnements, B1215 60732 Sainte-GenevièveCedex. Tél. : 0 825.826.325 (n° indigo 0,15 € TTC/mn), de 9 h à 18 h. Tél. depuis l’étranger : (33) 3.44.62.52.73. Fax : (33) 3.44.12.55.34. Courriel : [email protected] en Suisse : (00.41) 22.860.84.01. Courriel : [email protected] Belgique : (00.32)70.233.304. Courriel : [email protected] Aux USA et Canada : (00.1) 514.355.3333. Courriel : [email protected] Réassort et vente en kiosque Paris : 0.805.05.01.47.(gratuit) Province et banlieue : 0.805.05.01.46. (gratuit)Jean-Claude Harmignies (directeur commercial), Hervé Bonnaud (directeur des ventes), Stéphanie Couturas(chef de produit), Sylvie Fenaillon (chargée de promotion). Publicité Publicat : Brune Le Gall, directrice générale.Richard Ben Bennaï, directeur de la publicité, tél.: 01.40.39.13.83 - courriel : [email protected]éatrice Truskolaski, directrice de la publicité littéraire, tél.: 01.40.39.13.80 - courriel : [email protected] Langevin, directeur de la publicité régions, tél.: 01.40.39.14.09 - courriel : [email protected] : Murielle Bouliol, tél. : 01.41.34.83.98 -courriel : [email protected]

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� Dans les coulissesd’une arène à Bayonne.

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l’European Exhibition. Desarchitectes de tout le VieuxContinent se sont essayés àbâtir là une ville écologiqueexemplaire. La diversité ar-chitecturale est remarqua-ble : des maisons en bois cô-toient des bâtisses tout enaluminium ou en verre et desimmeubles au design desplus futuriste. On appréciede se balader dans les ruellesoù, partout, coule l’eau depluie qui rejoint canaux etmares. C’est dans ce nouveauquartier que trône la TurningTorso, deuxième plus hautetour habitée d’Europe avecplus de 190 mètres de haut.Son architecte, Santiago Ca-latrava, a réussi la prouessede faire tourner le buildingde 54 étages sur lui-même.Chaque bloc de six étages estdécalé par rapport au précé-dent. À ses pieds, des enfantsarpentent les toboggans etautres attractions futuristesconstruites pour eux. Leursparents se détendent dans unimmense parc où, commedans les nombreux espacesverts de la ville, une largeplace est laissée aux ani-maux : oiseaux et lapins font

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EUROPE

gard amusé des habitués.Pour eux, enjamber la mern’est jamais qu’un pas qu’ilsfranchissent quotidienne-ment pour travailler dans laville voisine. Ils seraient plusde 20000 travailleurs trans-frontaliers sur les 70000 per-sonnes qui voyagent chaquejour entre les deux villes, envoiture ou en train. On aper-çoit ensuite la Turning Torso,la tour qui tourne sur elle-même. Ce chef-d’œuvre ar-chitectural, symbole de la re-naissance de Malmö, marquel’arrivée à bon port. Avec près de 300 000 habi-tants, Malmö est la troisièmeville de Suède. L’anciennecité industrielle exportait de-puis son port des automo-

biles Saab et du textile. Audébut des années 1990, cesusines ont fermé leurs portes.Mais la ville a réussi sa re-conversion, notamment enconstruisant le pont-tunnelde l’Øresund. Celui-ci a briséla barrière maritime qui te-nait Malmö éloignée de sadynamique cousine danoiseet du continent. Aujourd’hui,plus de cinq millions de tou-ristes s’y rendent chaque an-née. La plupart viennent vi-siter l’ancien port industriel,Vastra Hamnen, le nouveauquartier de la ville. La réno-vation de ces anciens docksa commencé en 2001, pour

destination suède

Malmö, la fusion de la nature et de l’architecture

Cet ancien port industriels’est reconverti en une citéverte et attire les visiteurs,notamment grâce au pont-tunnel sur la Baltique, quila relie à Copenhague.

D’un côté Copenhague, la ca-pitale danoise. De l’autreMalmö, en Suède. Entre lesdeux, un détroit de huit ki-lomètres, l’Øresund. On lefranchit aujourd’hui entrente minutes de train, grâceà un immense pont-tunnel. Àbord, la vue offerte est ma-gnifique: l’ouvrage domine lamer Baltique. Le train passeà proximité d’un impres-sionnant champ d’éoliennes,le Lillegrund. Le trajet émer-veille les touristes, sous le re-

�Le pont sur l’Øresund, qui relie Malmö et Copenhague.

Max

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600 km

SUÈDE

Stockholm

Malmö

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graffiti allemagneUne idée originale pour une promenade dans la capitale allemande,Berlin, consiste à s’y balader au gré des graffiti qui parsèment ses murs.De véritables œuvres d’art urbaines et modernes dont certaines sontmême protégées par la municipalité. De Hussenmannstrasse, à BerlinEst, au quartier du centre (Mitte), il y en a pour tous les goûts.

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partie du décor. En front demer, la digue piétonne four-mille une fois les beaux joursvenus. Les Suédois profitentdes nombreux plongeoirspour se jeter dans la Bal-tique. Beaucoup, enfin, bron-zent sur les avancées en boisqui surplombent la mer. “Nous avons construit unquartier très moderne et trèsagréable à vivre. La plupartdes gens qui y habitent sontaisés mais toute la ville aimes’y rendre, surtout quand lesbeaux jours sont venus. Il yen a pour tous les goûts”, ex-plique Tor Fossum, respon-sable du département Envi-ronnement au sein du conseilde la ville de Malmö. Ontrouve ainsi le KungsparkenSlottsparken, l’un des plusgrands skate-parc de toutela Scandinavie, ou encore denombreux terrains de volley-ball. Séduits par le VastraHamnen nouveau et sonfront de mer urbanisé, les ha-bitants ont aujourd’hui dé-laissé Ribersborg, la plagehistorique de Malmö. Celle-ci mérite pourtant ledétour avec ses deux kilo-mètres de sable fin. Ceux quis’y aventurent trouverontmême un sauna, relié à laplage par un pont d’une cen-taine de mètres. Le Kallba-dhusset, construit en 1898,est l’un des plus ancienslieux de vie de la ville. Resteun défi à relever : plonger,comme le veut l’usage local,dans l’eau fraîche de la Bal-tique après plusieurs mi-nutes de sauna.

THIBAUT SCHEPMAN ET

ANTOINE LOUCHEZ

PRATIQUE

Adresses utiles• Le site de la ville : www.malmotown.com/en/visitors/articles/travel-guide• Le site du tourisme enSuède : www.visitsweden.com/suede/Destinations/Malmo• Le guide du voyageur : http://pdf.swedeninfo.se/swedeninfo_pdf.asp?getfile=154&land=fr

Y allerIl faut se rendre à Copenhague. Ensuite, le pont-tunnel vous amèneà Malmö en un peu plusd’une demi-heure. L’alleren train coûte une dizained’euros et il vous coûtera32 € de franchir le pont-tunnel avec votre véhicule.

Se restaurerBrogatan. Petite brasserieà la cuisine européennesituée au sud du centre-ville. www.brogatan.com

À faire, à voir• Le Malmö Festival,chaque année à la fin dumois de juillet.www.malmofestivalen.se• Le sauna sur la grandeplage de Ribersborg : www.ribersborgskallbadhus.se

De nombreux films ont été tournés ces dernières années enRépublique tchèque, les productions américaines et euro-péennes ayant fait de ce pays l’une de leurs destinations pré-férées pour y installer leurs plateaux de tournage. À Prague,la capitale, comme dans bien d’autres villes du pays, à chaquecoin de rue, un décor naturel de cinéma peut apparaître sansque l’on s’y attende. Une manière ludique de partir à la dé-couverte de ce pays d’Europe centrale.À tout seigneur, tout honneur, le visiteur pourra commenceren partant sur les traces de l’agent secret le plus célèbredu monde, James Bond. Dans Casino Royal, l’agent 007 faitla connaissance de ses ennemis dans la cité balnéaire de Kar-lovy Vary, en particulier au Grand Hôtel Pupp, avant de pren-dre la direction de Prague, sa gare centrale et le monastèrede Strahov. Si les agents secrets vous inspirent, restez dansla capitale pour marcher sur les pas de Tom Cruise, l’agenttrès spécial de Mission Impossible. Rendez-vous au Muséenational, sur la place de la Vieille Ville et à l’Hôtel Europa,pour revivre ses aventures. Hannibal Lecter, Le Monde deNarnia, Oliver Twist ou Amadeus, pour ne citer qu’eux, ontégalement été tournés ici. De quoi satisfaire les voyageurscinéphiles.

découverte république tchèque

Hollywood sur Prague

� Casino Royal”, avec Daniel Craig,a été tourné en République tchèque. P

rod

DB

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insolite grande-bretagne Les Olympiades de 2012 approchent et Londres se prépare,avec une nouveauté : la construction d’un téléphérique au-dessus de la Tamise. Il reliera Greenwich au Royal Docksen cinq minutes et pourra transporter jusqu’à 2 500personnes par heure à 50 mètres de hauteur. Wonderful !

Katerina Psathavit à Thessaloniki (grèce).

Pour une journée àThessaloniki, que conseillez-vous ?Comme la ville se trouve aubord de la mer, il faut y aller ;il y a de jolis cafés, desendroits où se reposer. Il faut aussi visiter le Muséearchéologique et les églisesbyzantines. On peut voir desmosaïques très intéressanteset des fresques. Et il fautabsolument faire un tour à lahaute ville où on peut voir destraces de l’occupationottomane, avec de vieillesmaisons, et la muraille quientourait la ville.

Et pour passer une soiréeagréable et musicale?Le café Elinikon, au centre-ville, est un excellent choix.C’est quelque chose de bien,original et unique àThessaloniki. Musique plutôt grecque etmusique étrangère rock.

2… comme le nombred’ascenseurspanoramiques, baptisés“Skyview”, qui viennentd’être inaugurés àStokholm. Installés sur letoit du Centred’astronomie de lacapitale suédoise (le Globo Ericsson), cesdeux globes de cristal,que leurs inventeursappellent joliment desgondoles, vousemmèneront à 130 md’altitude, pour une vueimpressionnante. Chacundes ascenseurs peutaccueillir 16 personnes et le voyage dure unevingtaine de minutes.Une initiative originalemais un peu chère (14 €en plein tarif et 9,50 €pour les enfants). Le prix pour vivre des sensations fortes.

En 2005, au grand dam desLondoniens et visiteurs,Londres décidait de suppri-mer les fameux bus rouges,les Routemasters, des trans-ports publics. Motif : troppolluants et trop bruyants.Bref, à la casse, les papisrouges. Moins de dix ansaprès, bonne nouvelle, la ca-pitale anglaise a en effet an-noncé la mise en circulationde nouveaux Routemasterspour 2012. Une décision mo-tivée notamment par l’orga-nisation des prochains Jeuxolympiques.Les vieux autobus vontprendre un sacré coup dejeune. Ils seront toujoursaussi rouges, mais également

plus verts, entendez par làplus écologiques. Moinsbruyants, ils consommeront40 % de carburant de moins.Ils seront pourtant pluslongs de 3 mètres (pour at-teindre 11,2 mètres), plusconfortables et pourronttransporter 62 personnes.Deux escaliers mèneront àl’étage et, grande nouveauté,le moteur sera à l’arrière. Onne connaît pas encore le prixdu ticket, mais quoi qu’il ensoit, le tarif importe peuquand il s’agit de monter àbord d’une légende.

bus londres

En rouge et vertplan skype

Retrouvez la vidéocomplète de l’interview.

Ulysse sur lemonde.fr/voyage

L’Espagne et le Portugalsont séparés par unefrontière naturelle, le fleuveGuadiana. C’est de ses eauxqu’a surgi l’Alqueva, le plusgrand lac artificiel d’Europe.Avec une superficie de250 km2, il constitue l’unedes destinations nautiquesles plus prisées et les plusoriginales du sud ducontinent. Car Alqueva estbien plus qu’un simplebarrage qui permetl’irrigation de 100 000hectares. Il est si grandqu’on se croirait au bord de la mer ; le regard duvoyageur se perd devanttant d’eau. Cette réserveécologique naturellepropose de nombreusesactivités, de la randonnéesur ses côtes en passantpar des croisières deplusieurs jours, comme enMéditerranée.

nature espagne

ON DIRAIT LA MER

Pour en savoir plus ⌫

www.globearenas.se/en/skyview.aspx

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is.fr

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Le lac d’Alqueva, à Alentejo, Portugal.

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Spring Garden Streets : au-tant d’œuvres qui font de laville une vaste galerie d’artà ciel ouvert. À l’origine, le Mural ArtsProgram (MAP) faisait par-tie d’une initiative lancée en1984 par le maire del’époque, Wilson Goode, pourcombattre les graffitis quienvahissaient les murs de laville. Il s’agissait d’impliquerde jeunes délinquants pournettoyer ou recouvrir les tags,tout en essayant de recréer letissu social, particulièrement14

AMÉRIQUES

trielle, sans oublier celle quifut longtemps la plus grande,peinte sur un immeuble dehuit étages, Common Threads,au croisement de Broad et

destination états-unis

Philadelphie, la cité où l’art s’affiche dans la rueBerceau de la nationaméricaine, riche de sonhistoire, la ville est aussipionnière dans le domainedu “street art”.

Il ne s’agit pas d’évoquer icile berceau de la nation amé-ricaine, ni de parler de laville qui, le 4 juillet 1776,proclama l’indépendance desÉtats-Unis, signa la Consti-tution en 1787 et devint lacapitale du pays de 1790 à1800. Certes, la cité se targued’abriter la plus vieille ruehabitée du pays, Elfreth’s Al-ley ; le plus vieux théâtreaméricain (Walnut StreetTheater) ; le premier hôpital(Pennsylvania Hospital) ; lapremière université (Univer-sity of Pennsylvania) ou en-core le plus grand hôtel deville d’Amérique, bâti sur lemodèle de la Mairie de Paris,avec une tour de 160 mètressurplombée d’une statue re-présentant le fondateur de laville, William Penn. Mais la ville possède un au-tre patrimoine. Avec sesquelque 3000 fresques ornantses rues, ses façades, ses par-kings et autres murs aveugles,Philly est aussi la capitale desmurals. The Peace Wall (le“mur de la paix”), entre la 29e

rue et Wharton Street, oul’immense Jackie Robinson enhommage au célèbre joueurde baseball sur Broad Streetou encore Philadelphia Ona Half Tank, sur Penrose Ave-nue sur un réservoir de pé-trole dans une zone indus-

PRATIQUEY allerAir France, en partenariatavec Delta Airlines, dessertquotidiennement Philadelphieen vol direct (8 h de volenviron). À partir de 590 €A/R. Tél. : 3654 (0,34 €TTC/mn à partir d’un postefixe) ou www.airfrance.fr

Le voyagiste Equinoxiales,spécialiste du voyage surmesure, propose nonseulement des formules volsplus hôtels à Philadelphie,mais aussi transferts, visites(notamment billet d’entrée à la Fondation Barnes) ouexcursions au pays Amish.Tél. : 01.77.48.81.00.www.equinoxiales.fr

Adresses utiles• Ambassade des Etats-Unisen France, 2, avenue Gabriel,75008 Paris.Tél. : 01.43.12.22.22.http://french.france.usembassy.govSuivez les instructions pouraccéder au formulaire ESTA, à remplir avant votre départ.• L’Office de tourisme dePhiladelphie à Paris Tél. : 01.53.25.12.03.www.philadelphiausa.travel

� Le mural “Common Threads [sapes ordinaires]”,angle Broad et Spring Garden Streets.

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insolite états-unis Mike est jeune, il aime son pays, les Etats-Unis, et la marche à pied. Et il a posté sur Youtube une vidéo conciliant ses deux passions. En utilisant la technique dite du time lapse, il nous permet de traverserle pays en en 1 mn et 58 s, de New York à San Francisco. www.youtube.com/watch?v=lzRKEv6cHuk&feature=player_embedded#!

15

� Une rizière versJose Pedro Varela,à 260 km à l’est de Montevideo.

mis à mal dans les quartiersnoirs, abandonnés à leur sortet bien souvent théâtre deviolentes émeutes. Pour cela,une artiste fut appelée à larescousse : Jane Golden,alors fraîchement diplôméede Stanford, elle-même filled’artistes nourrie auxfreques murales de Diego Ri-vera. Et si le programme a sibien réussi au point de de-venir aujourd’hui un élémentincontournable de la poli-tique socioculturelle de laville, c’est essentiellementgrâce à la vision éclairée decette femme à la fois frêle etdébordante d’énergie. “Artsaves life” (l’art sauve la vie)se plaît à répéter Jane Gol-den, ajourd’hui directriceexécutive du MAP, qui voitdans la peinture murale “unefabuleuse opportunité de ramener de la beauté et durespect au sein d’une com-munauté. (…) Une fresque re-présentant un magnifiquepaysage est le signe que lesgens se sentent concernés etque les choses peuvent chan-ger. Une cascade peinte surtrois étages peut redonnerconfiance aux gens. C’est unedéclaration politique”, ex-plique-t-elle dans Philadel-phia Murals and the StoriesThey Tell, un très beau livrequi retrace l’histoire desfresques de la ville, qu’elle aco-écrit avec Robin Rice etMonica Yant Kinney.. RÉGINE CAVALLARO

6… comme le nombred’hôtels qui composerontle futur resort de luxeBaha Mar. Avec ses 3 500 chambres, soncentre des congrès etson casino, il sera le plusimportant des Caraïbes.Avec une particularité :les capitaux sont chinoiset le lieu devrait êtrequasi exclusivementréservé aux ressortis -sants de la Chine. Le début des travaux est prévu pour 2011 et l’ouverture pour 2015,date à laquelle unerécente étude affirmequ’il y aura 50 millions de touristes chinois. Les futurs Bahaméensqui travailleront au BahaMar ont déjà commencéà prendre des cours de mandarin.

D. C

asel

li/A

FP

DR

Retrouvez la vidéocomplète de la visite.

Ulysse sur lemonde.fr/voyage

Bien sûr, il y a les magnifiques plages de Punta del Este. Biensûr il y a les belles cités coloniales telles Colonia del Sa-cramento. L’Uruguay, petit pays qui regarde vers l’océan At-lantique d’un côté et vers l’Argentine de l’autre, est une des-tination moins connue que son grand voisin. Pourtant, il offreune variété de paysages et de propositions de voyages trèslarge. Après avoir lancé la “route du gaucho”, qui permetde partir à la découverte de ces hommes à cheval qui sur-veillent le bétail, l’Uruguay vient d’annoncer la créationd’une nouvelle route, celle du riz.Car en plus de sa nature luxuriante et de son architecturehistorique, ce pays est un producteur de riz important pourcette partie du sous-continent. L’initiative est née dans deuxrégions productrices, Trenta y Tres et Rocha. L’idée est deproposer aux voyageurs une activité mêlant nature et tra-dition. Montrer tout le processus, depuis le moment où le ri-ziculteur sème jusqu’au moment où le riz arrive dans les as-siettes, en passant par la récolte et le travail dans les moulins.Cette route, qui n’a pas encore de date officielle de lance-ment, devrait être mise en place dans les prochains mois.

destination uruguay

Sur la route du riz et des traditions

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découverte chili

SUR LA VOIE DE L’ACATAMA

Désert du nord du Chili,l’Acatama est l’un desplus arides du monde.Pour ceux qui aimentprendre leur temps, voiciune manière originale deparcourir une partie decette étendue : le train.Le Transatacama,composé de deuxwagons (l’un datant de1930, l’autre de 1960),circule tous les samedis.Au départ de la Zofri, nonloin de la ville d’Iquique, il met 4 h pour faire les100 km qui le séparent deson terminus, lesgéoglifes Pintados, enpassant par Huemul, La Noria, San Pablo etMosquito. Cet éloge de lalenteur dans un paysageféerique coûte entre 55 et 85 €, petit déjeuner et déjeuner compris.

sport puerto ricoOubliez les plages paradisiaques de Puerto Rico et chaussez vos baskets,direction le tout nouveau parc d’aventures ToroVerde. Là, les fanatiques del’accrobranche seront au paradis. C’est à Orocovis, non loin de San Juan, quecet espace vient d’ouvrir avec ses tyroliennes les plus longues du monde.www.toroverdepr.com/en/index.asp

Patrick Bruel à Las Vegas.

Qu’y a-t-il à faire à LasVegas?C’est la capitale du poker,mais pour les gens quin’aiment pas le poker, il y a quand même beaucoupde choses à faire. Il y a la reproduction en miniatured’un tas d’endroits. Si on veutfaire un tour à Venise, il y a l’hôtel Venitian, il y a le NewYork New York, le Paris. Tousles ans il y a un nouvel hôtel,une nouvelle boîte de nuit ;cette année c’est la boîte denuit en plein air du Surrender.Le restaurant que j’aimebeaucoup ? En citer un,difficile, il y a Robuchon,Ducasse, Guy Savoy ; ils sonttous là. Il y a aussi de trèsbons japonais. Il y a de très bons spectacles, tout le monde vient se produire à Las Vegas, c’est formidable.Il y a quelque chose d’irréel,c’est très amusant. C’est fait pour s’amuser ici, et rien dautre.

plans skype livre états-unis

Sans nom et sans reproche

�Une curiosité :le Transatacama,au Chili.

Attention, si vous lisez ce li-vre, vous courez un gravedanger. Bienvenue tout demême à Santa Mondega, uneville d’Amérique du sud ou-bliée du monde entier. Vous ycroiserez des moines à la re-cherche de L’œil de la Lune,une pierre verte magique,deux vieux flics férus de ci-néma, un homme surnommé

Retrouvez la vidéocomplète de l’interview.

Ulysse sur lemonde.fr/voyage

Pour en savoir plus ⌫

www.transatacama.com/

Bourbon Kid, qui veut luiaussi récupérer cette pierreverte, comme bien d’autreshabitants, tous moins re-commandables les uns queles autres de cette ville quiattend l’éclipse qui va avoirlieu dans quelques heures. Cher lecteur, méfiance, carBourbon Kid a la fâcheusehabitude de semer la terreuret de tuer tous ceux qui lisentl’énigmatique Livre sansnom. Un roman déjanté,drôle, sanglant, bourré de ré-férences cinématographi-ques, et totalement jubila-toire. Un livre mystérieuxaussi puisque nul ne sait quien est l’auteur. Diffusé ano-nymement sur Internet en2007 puis publié en Angle-terre et aux États-Unis, il estvite devenu culte. Et les ru-meurs vont bon train. Qui secache derrière ce livre ? Leprince Charles, Quentin Ta-rantino, David Bowie ? Biendes noms ont été cités. Maisl’auteur se cache. On vous aprévenus, si vous ouvrez celivre, équivalent littéraired’un film de Tarantino, Ro-bert Rodriguez ou John Car-penter, c’est à vos risques etpérils.Le livre sans nom, auteuranonyme (Sonatine éditions,460 p., 21 €).

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http://www.facebook.com/group.php?gid=23201888750Un groupe “locos mayo” s’est constitué sur Facebook autourdu thème de la gastronomie (en espagnol).

Pour en savoir plus ⌫

� Une façon savoureuse d’accomoderles “locos”.

� “La fièvre du loco”, du Chilien Andres Wood.

Le loco au cinémaUn film retrace particulièrementbien la ferveur commerciale qui entoure ce précieuxcoquillage, le plus recherché du pays : La fiebre del loco(“La fièvre du loco”) du réalisateurchilien Andres Wood (2001).L’action de ce film, qui montraitla ruée vers ce précieux

Le “loco” est un coquillagesavoureux qui fait fureurau Chili et est exportédans le monde entier.

La fièvre de l’or rouge agitele Chili depuis de longues an-nées tant le cuivre est pré-cieux pour l’économie dupays. Mais tout au long desimmenses côtes chiliennes(près de 4 500 kilomètres, quicorrespondent à la distancedu nord au sud, mais le lit-toral chilien fait officielle-ment 6 435 kilomètres), c’estune autre ressource qui sus-cite toutes les convoitises : leConcholepas concholepas ouabalone chilien, plus large-ment connu au Chili commele loco (qui signifie le fou).Ces coquillages, de la fa-mille des gastéropodes, sefixent sur les fonds rocheuxoù les plongeurs viennent

gastronomie chili La folie des locos

coquillage, se déroulait dans le grand Sud chilien, au large de la Patagonie. Mais le locoest également présent dans le Nord, où il provoque le mêmeengouement gastronomique et commercial.

les décrocher. Très appréciésau Chili pour leur goût sa-voureux, les locos sont éga-lement prisés en Asie, où despays comme le Japon ou Taï-wan en importent de grandesquantités. Limitée par lesautorités chiliennes, la pé-riode de pêche est attenduechaque année (elle diffèreselon les régions) avec beau-coup d’impatience. Il existeégalement une taille mini-male en dessous de laquelleil est interdit de les préleverdans l’océan Pacifique. Denombreux experts s’inquiè-

tent de la pêche intensive deslocos, car ces mollusques ontune croissance lente et ontbesoin de plusieurs années –de cinq à sept ans – pour at-teindre la taille d’une di-zaine de centimètres. Maismalgré les contrôles des au-torités locales, il est fréquentde se voir offrir dans les res-taurants de bord de mer deslocos alors que l’on se trouveen période de fermeture.

Recette des “locos mayo” Ingrédients pour 6personnes :12 locos frais1 tasse de mayonnaise2 laitues6 tranches de tomates pourdécorer3 citronsPréparation :

Si on vient de sortir les locosde leurs coquilles, il faut lesbattre cent fois avec unmaillet en bois: c’est la seulemanière de les ramollir.Ajouter du sel en mêmetemps qu’on les bat. Les laver pour bien éliminerle pigment noir et enleverl’ongle qui se trouve àl’extrémité.Mettre les locos lavés dans un autocuiseur avecbeaucoup d’eau salée. Faire cuire 45 minutes,enlever du feu et laisserrefroidir dans son eau.Mettre deux locos parassiette, y ajouter une bonnecuillerée de mayonnaise etles décorer avec de la laitue.Ajouter de la mayo, destranches de tomates et descitrons coupés en deux.

� Les locos,très recherchésau Chili.

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heurtée. Celle de leurs jambes fa-tiguées et des bâtons qui aident à pour-suivre le chemin tant bien que mal. Ici,le promeneur se plaît à y battre le pavé.Bien des façades de maisons sont or-nées de coquilles Saint-Jacques ; cellesdes demeures qui accueillent les pèle-rins. Souvent, elles affichent complet.“Les pèlerins sont de plus en plus nom-breux, d’année en année. C’est un vé-ritable phénomène de société”, témoignePatxi, un habitant de la ville.A tel point que j’ai du mal à trouver unhébergement. Alors que j’essuie un nou-veau refus, une vieille femme assise de-vant son porche me fait signe d’appro-cher. Il lui reste de la place dans samaison. Elle propose de m’hébergerpour la nuit. Elle m’invite à visiter lachambre. Mais je lui dis que je lui faisconfiance. Et par ailleurs, je ne veux ra-ter sous aucun prétexte le début de lapartie de pelote qui s’annonce àquelques pas de là. De la pelote à mainsnues, avec des paris à clés.

De retour au havre de paix, la vieilledame – une métisse, son père est ori-ginaire des Antilles – est toujours là de-vant sa porte. Elle discute avec un vieuxBasque de retour d’Amérique. L’un desmilliers partis aux Etats-Unis pourexercer notamment les métiers de ber-ger dans le Nevada ou de jardinier enCalifornie. Elle assure la traduction.Elle-même a appris le français sur letard. “Lorsque je suis venue travaillerà Bayonne. Avant je n’avais jamaisparlé un mot de cette langue.”Je monte sur la terrasse, côté jardin ;elle offre une superbe vue sur la val-lée. Un autre pèlerin est déjà là. René

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� La Nive de Béhérobie, la rivière qui traversela vieille ville. D

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Piment Originaire d’Amérique, le pimentd’Espelette a commencé à être cultivé dans cette commune du

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consulte sa carte. “Pour aller à Saint-Jacques, je veux suivre ma propre voie”,m’explique ce Provençal de 71 ans, quia déjà effectué une fois la route quimène de l’abbaye de Vézelay jusqu’àSaint-Jacques. Au fur et à mesure de salecture de la carte, il coupe des pages.“Dès que j’en ai fini une, je l’arrache. Lemoindre gramme compte. J’ai mêmecoupé le manche de ma brosse à dents”,m’explique René qui paraît dix ans demoins que son âge, malgré la longuemaladie dont il souffre.

A force de marche, René s’est taillé uncorps d’athlète, sans le moindre grammede graisse. Pourtant sa démarche n’arien de sportive. “Elle est religieuse”,m’explique-t-il, tranquillement. Ce quin’est pas le cas de la majorité des pè-lerins. A leur arrivée à Saint-Jacques lagrande majorité d’entre eux se disentêtre sans motivations religieuses.Les pèlerins ne sont pas tous clairs surleur motivation. Dans le même gîte, unmaçon qui a pris deux mois de vacancespour accomplir le périple, voyage à ladure. Le plus souvent quand il ne pleutpas, cet homme de près de 60 ans dort

à la belle étoile. “Normalement, c’est lefrérot qui devait le faire. Mais il s’est dé-gonflé au dernier moment. Il fallait bienque quelqu’un s’y colle”, déclare-t-il enessayant tant bien que mal de faire sé-cher ses habits détrempés par l’orage.Le soir, les restaurants de la ville se rem-plissent de pèlerins qui profitent une 47

� La coquille signaleun lieu d’accueil des pèlerins du cheminde Saint-Jacques.

� L’église Notre-Dame-du-bout-du-Pont, en grès rouge,date du XIVe siècle.

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Pays Basque vers 1650. Il est classéAppellation d’origine contrôlée (AOC) depuis 2000. La fête du piment se déroule chaque année à Espelette, durant le dernier week-end d’octobre.

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Un jour peut-être l’un des fils de Di-dier Martinez prendra la succession.“Mon aîné est à l’université. Je ne forceaucun de mes enfants à m’imiter. Maisl’un de mes fils m’accompagne souventen mer. C’est un beau métier. Un métierd’homme libre. Parfois nous passonstrois ou quatre nuits en mer. C’est nousqui décidons quand nous prenons lamer. C’est nous qui choisissons quelledirection prendre. L’instinct a beaucoupd’importance dans notre métier”. Finjuillet, l’Aïrosa a réalisé une “pêche mi-raculeuse” : 4,5 tonnes de thon ; la moi-tié du quota de l’année.Didier a bien conscience qu’il appar-tient à la dernière génération de pê-cheurs. “Exercer ce métier devient com-pliqué. Parfois, nous devons attendrependant des heures que des fonction-naires viennent compter les poissons,vérifier leur taille. Certains jours, lespêcheurs en ont tellement marre qu’ilsrejettent tout le poisson à l’eau”, ex-plique Didier. “C’est fou, le nombre defonctionnaires qui examinent le pois-son, qui le badgent. Et quand les re-présentants de l’Etat sont en congé quedoivent faire les pêcheurs. Laisser pour-rir le poisson ? Tout cela devient aber-rant”, explique un habitant, qui regretteque le poisson devienne une denréeaussi rare. Thon, anchois et sardinesfraîches qui faisaient la renommée deSaint-Jean disparaissent des étals.

Didier Martinez regrette aussi qu’il soitsi compliqué de faire monter des gensà bord, même des amis. “Nous sommessurveillés en permanence, il faut uneautorisation spéciale pour faire monterdes passagers sur le chalutier.”Certains pêcheurs se sont pourtant re-convertis dans la promenade en mer. Ilsproposent à des estivants de faire untour en mer et de pêcher à la ligne. Jemonte dans l’un d’eux. Nous partons aularge de Saint-Jean-de-Luz. La baladeest belle. Je me saisis d’une ligne. Un

morceau de seiche pour appâter lespoissons de roche. Lorsque la chanceme sourit enfin, je donne ma ligne à un enfant venu pêcher avec son père.J’ai décidé de revenir au port les mainsvides. Désormais, toutes les parties de pêcheme font penser à Hemingway. A son

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� Au marché au poisson de Saint-Jean-de-Luz, le thonrouge se fait de plus en plus rare.

�� Didier Martinez, le capitaine de l’Aïrosa, issu d’une longue lignée de pêcheurs,s’interroge sur l’avenirde son métier.

en couverture SAINT-JEAN-DE-LUZ

C’est le plus vieux bateau de pêche au thon du port de Saint-Jean-de-Luz, encore

Aïrosa

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Vieil Homme et la mer, mais aussi à sonobsession : tuer le plus de poissons pos-sibles. Je me dis que tous ces poissonssont bien mieux dans l’océan. Je préfère les y laisser. Mais si j’en avais pêché un moi-même et que je l’avais rapidement remis à l’eau, mes compagnons de pêche n’auraient pas

compris. Le mal de mer commence àsaisir près de la moitié des pêcheurs dudimanche. Ce jour-là, les dieux sont ducôté des poissons des roches. Heming-way n’aurait pas été content. Ou alors,il aurait été trop saoul pour se rendrecompte de quoi ce soit. D’ailleurs a-t-ilpêché autant qu’il le prétend ? C’estcomme Simenon et ses femmes. Mé-fions-nous de tous ces écrivains van-tards, ceux qui prétendent des pêchesmiraculeuses. Certains de mes compa-gnons d’un jour exagèrent déjà le mon-tant de leur prise. C’est humain. Le pro-pre des pêcheurs.

Déjà le port nous tend les bras. Accueil -lant pour notre poisson. La pêche n’estpas morte. L’Aïrosa est à quai. Des en-fants s’arrêtent devant le chalutier,porté sur les fonds baptismaux dans lesannées 1950. Didier Martinez plaisante.Toujours sur le pont. Il évoque les tempspas si anciens où les Luziens allaientpêcher jusqu’à Dakar. “Ce sont lesBasques qui ont fait du port de Dakarce qu’il est devenu. Nous avons toutconstruit là-bas”, explique le pêcheurqui ne s’est jamais senti l’âme d’un ca-pitaine au long cours.“Moi, c’est ici que je me sens bien, af-firme-t-il en montrant la maison fami-liale, sur le vieux port. Il rit des frasquesde ses hommes d’équipage. Vous savezcomment ils appellent le capitaine ? Lesinge. Parce que nous sommes dans lacabine pendant qu’ils sont sur le pont.Comme un singe dans sa cage. Quandils ont besoin d’un renseignement, ilsdisent : ‘Demande au singe’”.Alors que les appareils photo crépitent,Didier Martinez se sent-il comme unanimal dans sa cage de zoo, photogra-phié par les badauds ? Sans doute pasencore. Mais le capitaine de l’Aïrosa estagité par un autre sentiment : celuid’être un peu le dernier des Mohicans.Le dernier des pêcheurs.

PIERRE CHERRUAU

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� Le port. Parmi ces belles maisonstraditionnelles se trouve le domicilede Michèle Alliot-Marie, maire de la ville.

�� Les pêcheurs débarquent le thonrouge sous l’œil vigilant des Affairesmaritimes qui badgentchaque poisson.

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en activité. Il a été construit en 1953 par le chantier naval de Ciboure – ville voisine et rivale de Saint-Jean-de-Luz. L’Aïrosa(“être joyeux”, en basque) possède une coque en chêne et

son pont est en sapin. Selon le site Pays Basque Actualités : “L’Aïrosa est un fleuron du patrimoine maritime basque.”www.paysbasqueactualites.com

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“Buruan orlegi, bihotzean sua.” “Duvert dans la tête, du feu dans le cœur”,dit une chanson de l’auteur-composi-teur Benito Lertxundi en référence àson Pays Basque natal. Une affirmationincomplète tant la région a changé aucours des vingt dernières années. Onpourrait rajouter “de la folie dans lesyeux”, vu la place qu’elle occupe dansle monde de l’architecture moderne. Il-lustration avec Bilbao, la plus grandeville de la communauté autonome. Hiercentre industriel déshérité, aujourd’huirendez-vous incontournable des voya-geurs du monde entier. En point demire, le musée Guggenheim bien sûr,qui à lui seul mérite le déplacement. Ouvert en 1997, il est le point culminantdu nouveau Bilbao et un symbole duPays Basque moderne. La municipalitéet le gouvernement autonome ontconvaincu la fondation Guggenheim del’implanter là en lui présentant un

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en couverture PAYS BASQUE

�“Maman”, la sculpturemonumentale deLouise Bourgeois.

Plus qu’un musée, le Guggenheim de Bilbao est parexcellence lesymbole du PaysBasque moderne. La grande ville de la Communautéautonome estdevenu une mecque de l’art.

CRÉATION

Archisculptureӈ Bilbao

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■ Frank O. Gehry L’architecte américano-canadien du musée Guggenheim de Bilbao(1997) est réputé pour ses constructionsinnovantes. Récemment, il a créé l’IAC Building de New York (2007). Il conçoit le Guggenheim Abou Dabi (ouverture en 2011).

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