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juillet 2003 trimestriel 2,3 n°12 Dossier Patrimoine culturel et scientifique Enseigner des compétences Luttes biologiques contre la pollution Le musée scientifique et ses publics

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Page 1: Magazine ulp.sciences n° 12 - juillet 2003 - unistra.fr · 2009. 10. 23. · Contacts : Caroline Rigot,conseillère technologique Alsace > ULP-Industrie Tél.03 90 41 17 69 - caroline.rigot@ulp-industrie.u-strasbg.fr

juillet 2003trimestriel

2,3 €

n°12

Dossier

Patrimoine culturel et scientifique

Enseigner des compétences

Luttes biologiques contre la pollution

Le musée scientifique et ses publics

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InitiativesCoursEnLigne:création de sites à vocation éducative 3Du nouveau pourles inscriptions à l’ULP 3Innovation entre l’ULPet l’ANVAR 3Premier catalogue de sourcesde rayons X du satelliteeuropéen XMM-Newton 4Le séisme de Rambervilliers 4

International Israël-Palestine : quel avenir pour les universités? 5/6

DossierPatrimoine culturel et scientifique 7Au cœur du corps 7Entretien avec Henri Sick 7/8Des collections remarquables 9Ces pierres qui nous parlent 10/11L’ex tour de chimietoujours en pointe 12

FormationDes langues à distance et à la carte 13Les métiers d’orthophonisteet d’orthoptiste 14Pas de TP sans eux... 15Enseigner des compétences :comment faire? 16

RechercheGare aux tiques! 17Luttes biologiques contrela pollution 18Le financement de larecherche en panne 19/20

CultureLe musée scientifiqueet ses publics 21Flâneries scientifiquessur l’internet : J.-S. Bach 22

> Agenda culturel 2003 22> Multimédia 23

PortraitNicolas MénardPenser collectif 24

sommaire]

éditoLa fin de cette année universitaire me laisse plutôt un goût amer. Des centainesde milliers de fonctionnaires ont manifesté ces dernières semaines dans la ruepour protester contre la réforme des retraites. S’il ne s’agissait que d’uneréforme comptable (rapprocher le régime des fonctionnaires de celui des sala-riés du privé), ce mouvement de contestation aurait pu paraître illégitime:l’équité suppose que l’ensemble des salariés, quel que soit leur statut, partage lefardeau imposé par l’évolution démographique.Mais lorsque l’on décide de trans-former le régime par répartition en une sorte de minimum social (incitant lesmieux payés à cotiser à des fonds de pension) et de convertir tous les gains d’es-pérance de vie en travail supplémentaire, la teneur des projets n’est plus lamême : c’est un véritable changement de société qui se dessine. Avec en germe,le retour d’une paupérisation générale en bas de l’échelle des retraités, alorsmême qu’ils commençaient à sortir de cette situation inadmissible. À défautd’avoir clairement explicité les enjeux de cette réforme et accepté d’en débattreavec les partenaires sociaux, le gouvernement a laissé le pays une nouvelle foisse diviser : “la France qui travaille” contre celle des fonctionnaires, “les élèvesqui passent des examens” contre les profs irresponsables, etc. Et l’incom-préhension entre les différents groupes sociaux n’a jamais semblé aussi grande.Face au monde de l’éducation en ébullition, le gouvernement a fait une conces-sion: l’examen du projet de loi sur l’autonomie des universités est repoussé.Quelrapport entre ce texte et la réforme des retraites? Inutile de chercher, il n’y ena pas. Répondant à une revendication ancienne de la Conférence des présidentsd’université (CPU), ce projet prévoyait en particulier l’instauration d’un “budgetglobal” qui permette aux établissements d’effectuer leurs propres arbitragesfinanciers (affectation des crédits, gestion du patrimoine immobilier, mutualisa-tion des moyens avec d’autres universités, etc.). Quels sont les enjeux de cetteréforme ? Là encore, pour le savoir, il aurait fallu pouvoir en discuter… mais legouvernement a préféré refermer le dossier. Souhaitons qu’il ne s’agisse qued’un report et qu’un véritable débat s’instaure à l’automne.

Une seule chose me réconforte : nous avons maintenant tout l’été pour nousinterroger sur ce qu’est “une vie réussie”…

Éric HeilmannRédacteur en chef

ulp.sciences est téléchargeable à partir du site web de l’ULP à la rubriqueactualités : www-ulp.u-strasbg.fr

> Pour envoyer vos suggestions au comité de rédaction,une adresse mail est à votre disposition: [email protected].

> Université Louis Pasteur : 4 rue Blaise Pascal • 67000 Strasbourg • tél. 03 90 24 50 00 • fax 03 90 24 50 01> site web: www-ulp.u-strasbg.fr > directeur de la publication : Bernard Carrière > rédacteur en chef : Éric Heilmann > coordination de la publication : Agnès Villanueva > contact de la rédaction - service de la communication de l’ULP :4 rue Blaise Pascal • 67070 Strasbourg Cedex • tél. 03 90 24 11 40 > comité de rédaction : Véronique André,Valérie Ansel, Florence Beck, Gérard Clady, Jean-Marie Hameury,Mélanie Hamm, Éric Heilmann,Wais Hosseini, Mario Keller, Shirin Khalili, Richard Kleinschmager, Isabelle Kraus,Florence Lagarde, Gilbert Vicente,Agnès Villanueva.> ont participé à la rédaction de ce numéro : Florence Beck (F.B.),Véronique André-Bochaton (V. A-B.), Sylvie Boutaudou (S. B.), Déborah Gaymard-Boxberger (D. G-B), Guy Chouraqui (G. Ch.), Emilie Gouet (E.G.), Éric Heilmann (E.H.),Frédéric Naudon (Fr. N.), Laure Potier (L. P.),Thomas Preveaud (T. P.), Cathy Ressot (C.R.), Agnès Villanueva (A.V.),Frédéric Zinck (Fr. Z.).> photographies : Bernard Braesch (sauf mention) > conception graphique et maquette : LONG DISTANCE > imprimeur : OTT > tirage : 10 000 exemplaires > n° ISSN : ISSN 1624-8791 > n°commission paritaire : 0605 E 05543

Photo de couverture : astrolabe arabe de 1208 de l’Observatoire astronomique de Strasbourg. Fabriqué au Maroc par Abu Behr Ibn Yussuf, cet instrument est unique. En effet, il est muni de tous ses disques annexes et constitue un ensemblecomplet. Comme tous les astrolabes, il pouvait renseigner le voyageur sur l’heure sidérale, l’heure locale, la marche dusoleil ou encore le mois.

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initiatives[

Du nouveau pour lesinscriptions à l'ULP

3juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

Le pôledéveloppement du service ULPmultimédia proposeaux enseignants :CoursEnLigne, une

plate-forme logicielleaccessible par internet, qui s’articule

autour d’une base de données et qui présente desressources pédagogiques (textes, documents, images,vidéos, etc.). Pour l'enseignant-concepteur, c’est unenvironnement créatif qui offre des outils spécifiques(qcm, accès contrôlé aux sites et aux rubriques des sites,etc.), pédagogiques et fonctionnels. CoursEnLigne a étéélaboré afin de permettre la construction de sitesinternet sans se préoccuper de la mise en formegraphique et sans maîtriser le langage HTML. Ainsi unehiérarchie simple est proposée pour les menus et lessommaires : le plan du site est effectué, les liens vers lespages sont automatiquement construits.CoursEnLigne c’est également :> une plate-forme de publication et d’hébergement

de site ;> une plate-forme d’édition, en ligne, des sites internet ;> un portail thématique ;> un moteur de recherche par mots clés ;> une communauté de sites éducatifs ;> une plate-forme d’évaluation et d’édition en ligne de

questionnaires, qcm, tests…> un espace de partage de ressources.

L.P.

Le programme des inscriptions sur internet est ouvert à partir du 15 juillet 2003pour tous les étudiants et notamment les nouveaux bacheliers.

Cette année, l'ULP propose un nouveau dispositif pour les étudiants déjà inscritsen 2002/2003 : l'inscription intégrale en ligne. Désormais, les étudiants auront lapossibilité de s'inscrire tout au long de l'été sans avoir à se déplacer et ce dès lapublication de l'ensemble des résultats de l'année universitaire. Pour toute situa-tion spécifique, le service d'inscription avec prise de rendez-vous reste égalementdisponible.

A.V.

Contact :http://www-ulp.u-strasbg.fr > Inscriptions

L 'ANVAR et l'ULP ont engagédepuis janvier 2003 de nouvelles

actions dans le cadre d’une conventionde collaboration visant à valoriser lesrésultats de la recherche via des trans-ferts technologiques vers le milieu indu-triel. L'échange de personnels entre leDépartement ULP-Industrie et la Délé-gation ANVAR Alsace permettra dedévelopper l'accompagnement de pro-jets innovants des unités de recherche

de l'université : rencontres avec leschercheurs, visites d'entreprises, diffu-sion d'informations liées au dispositifd'aide à l'innovation. ULP-Industriedevient ainsi un relais privilégié pourconseiller les chercheurs porteurs deprojets dans l'étude de faisabilité, lefinancement, le montage de projetsinnovants ainsi que pour les mettre encontact avec les partenaires institution-nels et industriels.

A.V.

Contacts :Caroline Rigot, conseillère technologique Alsace > ULP-Industrie Tél. 03 90 41 17 69 - [email protected]

Anne Duchêne, chargée d’affaires > ANVAR Alsace Tél. 03 88 19 71 71 - [email protected]

Contact :Bruno Dupuis

[email protected]

Pour en savoir plus :http://coursenligne.u-strasbg.fr

Innovation entre l'ULP et l'ANVAR

Les bornes informatiques en accès libre à l’Institut Le Bel.

CoursEnLigne: création de sites à vocation éducative

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Image obtenue par XMM: sources de la galaxie NGC 300.

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4 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

initiatives]

Premier catalogue desources de rayons Xdu satellite européenXMM-Newton

La première édition du catalogue de sources cosmiques émettrices de rayons Xdécouvertes par le satellite XMM-Newton de l'Agence spatiale européenne

(ESA) a été rendue publique le 7 avril 2003 et mise en ligne par trois sites :l’Observatoire de Strasbourg de l'ULP, le centre scientifique d’opération du satel-lite à Vilspa (Espagne) et l’Université de Leicester (Angleterre).Résultat de plus d'uneannée d'observation, ce catalogue recense plusieurs dizaines de milliers d'étoiles etde galaxies émettrices de rayons X avec une sensibilité jamais atteinte, repoussantainsi les limites de nos connaissances des astres les plus chauds de l’Univers.Ce cata-logue compilé par le Survey Science Centre (SSC) est une ressource majeure pourles recherches dans le domaine de l'astrophysique des hautes énergies. Il rassembleles 33000 nouvelles sources X découvertes dans 585 observations et s'enrichit aurythme de 25000 à 30000 sources chaque année. D'ici deux ans, il deviendra leplus grand catalogue de sources X cosmiques jamais publié.

A.V.

Le 22 février 2003, à 21h41, heure locale,un séisme de magnitude 5,4 a secoué la

région de la plaine sous-vosgienne à l’ouestde Saint-Dié. Ce séisme qui a fait peu dedégâts a été ressenti jusqu’à Lyon et Paris.À 22h28, le RéNaSS(1), qui dispose de 10 sta-tions dans un rayon de 200km, a diffusé unealerte auprès des préfectures, des parte-naires scientifiques et des médias, précisantl’heure, la localisation de l’épicentre et lamagnitude du séisme. Ces informations, ainsiqu’une carte de localisation du séisme ontrapidement été mises en ligne sur le siteinternet du BCSF(2).Dans l'heure suivant le séisme, le BCSF alancé une enquête en ligne auprès de lapopulation sur les effets ressentis lors duséisme. À 00h00, son site comptait déjà prèsde 600 témoignages individuels. Pour la pre-mière fois en France, des formulaires indivi-duels ont également été diffusés par la Postedans les 50 bureaux autour de l’épicentre.Parallèlement, 13000 formulaires collectifsont été distribués dans près de 8500 com-munes. Au total, le BCSF a reçu plus de20000 témoignages sur cet événement. Lamission de terrain organisée par le BCSF

dans les jours suivant le séisme, a permisd’établir une première carte des intensitésdans un rayon de 30 km autour de l’épi-centre.Par ailleurs, les équipes de Tectonique activeet Sismologie de l’IPGS(3) ont rapidementdéployé un réseau de 10 stations dans unrayon de 15 km autour de la zone épicen-trale. Le choc principal a été suivi de plu-sieurs centaines de répliques encoreenregistrées actuellement par ce réseautemporaire de sismomètres. L’ensemble deces travaux permettra de comprendre com-ment ce séisme s’insère dans le contexte tec-tonique et géologique de la région. Il s’est eneffet produit au nord d’une zone relative-ment sismique, connue depuis longtemps,dont fait partie le tremblement de terre his-torique de Remiremont de 1682.

F.B.

(1-2) Le RéNaSS (Réseau national de surveillance sismique) et le BCSF (Bureau central sismologique français) sont desservices d’observatoire de l’Ecole et observatoire dessciences de la Terre de l’ULP.(3) IPGS (Institut de physique du globe de Strasbourg),Unité mixte de recherche (ULP/CNRS 7516)

Le séisme de Rambervillers

Pour en savoir plus :http://www.bcsf.prd.fr

Accès public au catalogue XMM-Newton:http://xmmssc-www.star.le.ac.uk/newpages/xcat_public.html

Accès réservé aux astronomes professionnels> Observatoire de Strasbourg :

http://xcatdb.u-strasbg.fr/xcat-dbXMM-Newton - Agence Spatiale Européenne :

http://xmm.vilspa.esa.es/

Pour en savoir plus: Observatoire de Strasbourg Christian Motch > 03 90 24 24 28

Les témoignages ont permis de déterminer, commune parcommune, l'intensité de la secousse, afin de mieuxcomprendre le risque sismique local, notamment les effets desite (variation de l’intensité de la secousse en fonction de lanature géologique du sol).

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5

international[

juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

Israël-Palestine: quel avenir pour lesuniversités?

La rencontre organisée le28 mars dernier a réuni :> Emmanuel Dror Farjoun,professeur demathématiques àl’Université hébraïque deJérusalem ;> Islah Jad, enseignante ensciences politiques àl’Université de Bir Zeit ;

> Camille Mansour,professeur à l’Université deVersailles St Quentin, anciendirecteur de l’Institut dedroit de Bir Zeit ;> Jean-Jacques Salomon,professeur honoraire auCNAM, membre d’unemission en Palestine enjanvier 2003.Les débats ont été animéspar Yves Gautier, directeurde l’Institut d’étudespolitiques de Strasbourg.Ils sont accessibles surCanal-U :http://www.canalu.fr(Rubrique Colloques etconférences).

En se prononçant, le 16 décembre 2002, pour lenon-renouvellement de l’Accord d’association

entre l’Union européenne et Israël, le Conseil d’admi-nistration de l’Université Paris VI a suscité un vif débatdans la communauté universitaire. Pour les uns, oppo-sés à cette motion, les institutions universitaires nesont pas comptables des choix politiques d’un État etune telle initiative est contraire à la tradition intellec-tuelle de l’université qui a pour vocation de favoriserle dialogue des idées et l’échange libre des savoirs.Pour

les autres, favorables à la motion, leséchanges scientifiques ne sont pasexempts de considérations poli-tiques ou morales et les institutionsuniversitaires doivent agir pour pro-mouvoir des causes qu’elles estimentjustes, le respect du droit internatio-nal et des droits de l’Homme en par-ticulier. C’est dans ce contexte quequatre universitaires ont été invités

au printemps dernier, par l’Université Louis Pasteur etl’Université Robert Schuman de Strasbourg,à faire partde leur témoignage sur la situation dans les universi-tés israéliennes et palestiniennes.

Comme l’a souligné Yves Gautier en introduction decette rencontre,“le milieu universitaire est certainementle lieu où le discours peut être le plus raisonnable pos-sible”, mais la situation décrite par les intervenants estplus proche de la déraison. Comme l'explique CamilleMansour,“La Palestine aujourd’hui ne représente que despetits ilôts dans une mer israélienne. Et la multiplicationdes autorisations administratives demandées auxPalestiniens pour leurs déplacements au-delà des frontièresaussi bien que sur le territoire aboutit à des situationsinvraisemblables.” L’occupation des territoires et la

pression politique imposée par le gouvernement israé-lien n'épargnent pas le milieu de l'éducation.“Fermetured’établissements, destruction de matériel, d’archives et delocaux, mise en place de check-points et de couvre-feuximprévisibles sont autant d’obstacles quotidiens à la vie sco-laire et universitaire. Il faut compter en moyenne le tiersde la journée pour se rendre sur notre lieu de travail par-fois distant de quelques kilomètres seulement de notre lieud’habitation” souligne Islah Jad. Et d’ajouter : “La coopé-ration scientifique entre les universités palestiniennes etisraéliennes n’est qu’un mythe. Il existe bien des échangesindividuels mais aucune coopération formelle entre les dif-férentes institutions. Qui plus est, le blocus militaire rendcette coopération matériellement et physiquement impos-sible.” La situation dans les universités israéliennes ? “Il suffit de regarder votre campus strasbourgeois et d’ima-giner être sur un campus israélien.Ce sont autant d’espacesparadisiaques, où la vie universitaire est quasiment nor-male. Et pour la société palestinienne qui voudrait en béné-ficier, elle n’en a tout simplement pas la possibilité, sanscompter la barrière de la langue et de la culture”, expliqueEmmanuel Dror Farjoun. Le bilan est édifiant et del’avis de tous les intervenants, seules des pressionsextérieures, notamment issues du monde universitaireinternational, pourraient faire évoluer la situation. Sices actions peuvent être un catalyseur des négocia-tions, il paraît néanmoins difficile, selon Islah Jad, derétablir une coopération universitaire dans uncontexte d’instabilité politique:“c’est vouloir remplir untonneau sans fond” souligne-t-elle. “Quelle que soit l’in-tensité des ressentiments entre ces deux peuples, ils sontcondamnés à retrouver la table des négociations.” conclutJean-Jacques Salomon.

Fr. Z.

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6 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

international]

> Entretien avec le professeurYoussef Haïkel, doyen de la Facultéde chirurgie dentaire

Quelle est la naturedes échanges entre laFaculté de chirurgiedentaire et lesuniversitésisraéliennes?

Les coopérations avecIsraël, en particulier

avec l’Université d’Hadassa à Jérusalem, perdurent depuis 1985au titre d’accords interuniversitaires de coopérationinternationale. Plusieurs séjours de part et d’autred’enseignants-chercheurs ont permis d’aboutir à des échangesde savoirs et de compétences, riches et fructueux, qui ontdonné lieu à de nombreuses publications communes. Plusrécemment, un jumelage entre la Faculté de chirurgie dentaireet l’École de médecine dentaire de l’Université hébraïque deJérusalem a été officialisé. Si ce dernier n’a pas encoreentièrement porté ses fruits en terme de collaborationsscientifiques, il reste néanmoins essentiel en terme d’unrapprochement humain entre les peuples.

Quel est votre sentiment face à la motion votée parl’Université Paris VI ?

Les échanges avec nos partenaires israéliens ne sont pas remisen cause. Il serait dommage de couper une communicationaussi faible soit-elle et d’isoler ce pays. Les débats qui se sontengagés risquent de provoquer des séparations au sein de lacommunauté scientifique française alors qu’il est essentiel detravailler dans le sens contraire, c’est-à-dire à un élargissementdu dialogue.

> Entretien avec LouisDorbath, directeur derecherche à l’Institutde recherche pour ledéveloppement (IRD)

Vous êtes à l’origine d’un programmescientifique regroupant desuniversitaires israéliens et jordaniens.Qu’en est-il aujourd’hui?

Il s’agit d’une étude qui porte sur la faille du Levant située à lafrontière entre Israël et la Jordanie qui associe l’Université hébraïquede Jérusalem, l’Université de Jordanie et le Royal JordanianGeographic Center. Après une première série de mesures réaliséesen 1999, une nouvelle opération est en projet pour l'année 2004. Elledevrait être à nouveau financée par les ambassades de France dansles deux pays et le programme de coopération scientifique franco-israélien “Arc-en-ciel”. Cette étude vise à déterminer si cette faillesubit une déformation lente sans préjudice apparent ou s’il y a unrisque de cassure brusque pouvant être à l’origine d’un grandséisme. Il faut également souligner que ce n’est qu’un choixpurement géographique des sites de mesures qui a entraînél’absence d’universitaires palestiniens avec lesquels nous étions aussien relation.

Ces échanges ne sont donc pas remis en cause ?

Pas plus pour nous que pour les équipes avec lesquelles nouscollaborons, ces échanges ne sont une caution ou une approbationde la politique des gouvernements de la région. Il est important dene pas confondre échanges scientifiques avec manifestationspolitiques. Il serait dommage et pénalisant en termes humainscomme scientifiques de stopper ces collaborations.

La coopération entrel’Union européenne (UE)et le reste du mondeemprunte des voiesdiverses. L’établissementd’un “accord d’association”en est une. Une telleconvention étend au payssignataire des privilègesinitialement réservés auxEtats membres de l’Union:avantages commerciaux,financements

d’infrastructures ou deprogrammes de recherche,etc. Soucieuse d’assurer lapromotion des droits del’Homme et de ladémocratie dans sapolitique extérieure, l’UEinsère depuis plusieursannées une “clause droits del’Homme” dans ses accordsavec des pays tiers. Signéen novembre 1995,l’accord d’association

UE-Israël précise ainsi que“les relations entre lesparties, de même que toutesles dispositions du présentaccord, se fondent sur lerespect des droits del’Homme et des principesdémocratiques, qui inspireleurs politiques internes etinternationales et quiconstitue un élémentessentiel du présent accord”(article 2).

Considérant que legouvernement israélien nesatisfaisait pas à sesobligations - violation des lois internationales(Charte des NationsUnies) et humanitaires (IVe Convention deGenève) - le Parlementeuropéen a adopté, le 10 avril 2002, unerésolution qui demande lasuspension de cet accord

d’association. De même, leConseil d'administration del’Université Paris VI s’estprononcé en décembre2002 pour le non-renouvellement de l'accordUE-Israël, en particulier enmatière de recherche (6e PCRDT).

E. H.

L’accord d’association Union européenne – Israël

Propos recueillis par Fr. Z.

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juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences] 7

Quel est l’intérêt de cescollections?

> Henri SickCes collections représentent unpatrimoine historiqueexceptionnel mais c’est leurfonction scientifique etpédagogique qui prime.Tous lescollègues étrangers qui viennentici, sont émerveillés par larichesse du matériel mis à ladisposition des étudiants demédecine en première etdeuxième années. 1500 étudiantseffectuent des travaux pratiqueschaque semaine dans cet institutet cet accès direct auxpréparations anatomiques aussinombreuses que variées est toutà fait spécifique à Strasbourg.Pour un étudiant, voir les pièces

en coupes lui permettraultérieurement de mieux analyserl'imagerie médicale. Cetteanatomie de section lui permetd’apprendre, l’anatomie defonction, de mémoriser cesdonnées et de comprendre.Sur le versant scientifique, lescollections léguées par l’histoirerestent un champ trèspartiellement exploré par lestechniques de chaque époque.Le matériel reste le même maisles nouveaux instrumentsanalytiques suscitent un intérêtscientifique sans cesse renouvelé,à l’image des collections deminéraux qui, dans 15 ans,pourront être analyséesdifféremment et contribuer audécryptage scientifique. Enrecherche appliquée par exemple,

il s’agit de fournir des référencesaux utilisateurs cliniciens, plusparticulièrement aux chirurgienset aux radiologues. Il y a quelquesannées on ne pouvait pas voir lescentres de réception de l’oreilleinterne. Grâce aux coupeshistologiques géantes que l’onjuxtapose aux images prises vial’imagerie par résonance

dossier[

Entretien avec Henri Sick, professeur d'anatomie à l'ULP

“Ce n’est pas parce que l’on a plus de 350 ans d’histoire, que l’on a tout dit.” Henri Sick, professeurd’anatomie à la Faculté de médecine et responsable des collections d’anatomie normale lève le voile sur la place particulière de ces collections scientifiques à Strasbourg. Ces piècesd’anatomie vouées à la connaissance du corps humain constituent un matériel d’analyseconstant et des références pour les chercheurs. Elles n’ont pas fini de faire parler d’elles et de nous.

Au cœur du corpsLes collections d’anatomie normale

Coupe horizontale d’oreille de nouveau-né.

Patrimoine culturel etscientifique

1

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3

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Photo 1 : les serres de Barry duJardin botanique

Photo 2 : vaisseaux et nerfs de lamain (19e siècle)

Photo 3 : détail du globe céleste de Coronelli del’Observatoireastronomique

Photo 4 : détail du fronton del’Institut de physique

Photo 5 : la construction dufronton sud de l’Institutde chimie

Photo 6 : la girafe empaillée duMusée zoologique

Photo 7 : la future tour multimédiaPhoto 8 : le fronton de l’Institut de

physique

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8 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

dossier]

magnétique (IRM), il est possible de donnerla définition exacte de la position de cesstructures. Ces collections d’anatomienormale sont également utiliséesactuellement en recherche fondamentale,le grand nombre de pièces des collectionspermet de produire des donnéesstatistiques. Des chercheurs de l’ULPtravaillent sur les structures des coupeshistologiques géantes, des travaux récentsont été effectués par l’Université deBochum et de Bordeaux 1(1), sur d'autrespièces des collections.

Quelles sont leurs spécificités ?

Nous avons des pièces rares et sans aucundoute l’une des plus belles collectionseuropéennes d’anatomie (voir encadré)notamment avec les pièces ostéologiquesdont les 500 squelettes de mains et depieds comprenant l’ensemble des ossurnuméraires, les 300 têtes et crânes demomies égyptiennes et péruviennes et lescentaines de pièces disséquées dontcertaines préparations relèvent d’une

pratique d’une très grande finesse.Ce matériel revêt une particularitépatrimoniale évidente par son aspectunique et non renouvelable. Plus personnen’aura à l’avenir la possibilité d’acquérir 200têtes de momies égyptiennes...La grande spécificité de ces collections,c’est finalement qu’elles sont utilisées à desfins de développement du savoir et de larecherche scientifique.

D’où proviennent les collections ?

Au XVIIIe siècle, les collectionscomportaient des pièces d'anatomienormale, pathologique et comparée.Rappelons que la première chaired’anatomie pathologique de France fûtcréée à l’Université de Strasbourg, sous ladirection du professeur J-F. Lobstein en1819. Le cabinet d’anatomie est devenumusée en 1820. Cette collection a étéenrichie essentiellement dans la premièrepériode d’occupation allemande (1871-1918), grâce à l’apport deprofesseurs de très grande notoriété :G. Schwalbe, en anatomie normale et F. Daniel von Recklinghausen, en anatomiepathologique.Aucune des piècesconstituant la collection ne provient dessuppliciés du camp alsacien du Struthof,victimes de la barbarie nazie. La plupart despièces sont issues de préparationsantérieures à 1920, le matériel d’étudesd’aujourd’hui étant issu uniquement desdons de corps.

Ces collections réservées en priorité aumonde étudiant et médical sontaccessibles au grand public sur rendez-vous. Est-ce un choc pour les visiteurs ?

Je n’ai jamais assisté à un rejet de cescollections par le public en visite. Il s’agitdavantage d’une sorte de fascination. Endeuxième intention, on entre dans leregistre de la pédagogie et del’apprentissage :“Ah, c’est comme çà ! C’estnous.”. Lorsque l’on regarde les gravurestrès anciennes, il y a toujours l’idée “dedévoiler” dans la représentation graphique.Notre esprit recouvre d'un voile pudique laréalité anatomique et il faut faire un effortpour accepter l'évidence. Lorsque l’onenlève le voile, on arrive au stade de ladécouverte. Et que découvre-t-on? Notre propre image humaine. En celal’anatomie est bien différente de beaucoupd’autres sciences, elle découvre une réalitétangible. Et toute la question est que cettedécouverte relève d’une production dessens et non d'une construction de l’esprit.

(1) Laboratoire d'anthropologie de Bordeaux 1 associé auCNRS - UMR 5809

Propos recueillis par A.V.

Contact :Accès aux collections sur rendez-vous :

Secrétariat d'anatomie normaleTél. 03 90 24 39 30

Pour en savoir plus :Les sciences morphologiques médicales à Strasbourg du

XVe au XXe siècle, Jean-Marie Le Minor,Presses universitaires de Strasbourg, 2002.

Commande au PUS Tél.03 90 25 97 21

Les pièces de ces collectionsremarquables d'un point de vuescientifique, pédagogique ethistorique ont fait l'objet d'untravail d'inventaire et de

revalorisation conséquent depuisplus de 15 ans sous la direction duDr J.M. Le Minor et du Pr. H. Sick.Ces collections qui se distinguentpar le nombre des pièces, ladiversité de leur origine et laprécision des renseignements(sexe, âge, taille, poids…)comprennent notamment :> des coupes histologiques de très

grande taille, références del'imagerie moderne,

> la collection d'ostéologie desmembres dont la collectionPfistner reconnue au niveauinternational comme référencepour les variations squelettiques

des mains et des pieds,> la collection crâniologique

humaine (950 pièces),> la collection ostéologique

concernant la croissance (452 pièces),

> la collection de bassinspathologiques (120 pièces),

> des préparations disséquéesséchées (250 pièces) etconservées dans l'alcool (850 pièces),

> 300 crânes et têtes de momieségyptiennes et péruviennes,

> des collections d'anatomiecomparée (50 squelettesmontés, 130 squelettes non

montés, 1500 crânes surtout demammifères),

> des collections primatologiquesd'origine (215 pièces), ainsiqu'une importante collection deprimates dont des spécimensd'espèces rares issus d'unedonation de l'Université deBochum en 1999.

Patrimoine culturel et scientifiqueUn ensemble exceptionnel

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dossier[

juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences] 9Contact : Virginio Gaudenzi > Tél. 03 90 24 05 65

Des collectionsremarquables

État des lieux d’un patrimoine scientifique,souvent maintenu à l’écart par manque deplace, qui ne demande qu’à être valorisé.

Quelques pièces de lacollection de végétaux enpapier mâché - Herbierde la Faculté des sciencesde la vie.

Exemples de modèlescristallographiques enverre montés sur soclevers 1900 - Musée deminéralogie

Détail du globecéleste deCoronelli.

Patrimoine culturel et scientifique

Astrolabe arabede 1208 del’Observatoireastronomique deStrasbourg.

Au fil de sonexistence,

l’Université LouisPasteur continue à

se forger son histoire.Histoire de scientifiques

dont les résultats et les travaux ont été matérialisés par des objets desciences. Ouvrages, appareils demesures, collections de spécimensramenés d’ici et d’ailleurs constituentun patrimoine riche qu’il est impor-tant de préserver.“Si certaines col-lections sont déjà visibles par lepublic, il reste encore beaucoup d’ob-jets qui, faute de place ou de moyens,n'ont pas bénéficié d’une valorisationlégitime” commente Virginio Gaudenzi,chef de projet du futur Jardin dessciences de Strasbourg. Un globe céleste deCoronelli est ainsi installé à l’Observatoireastronomique.Construit en 1697, il s'agit d'uneversion réduite des globes monumentauxcélestes et terrestres de Coronelli, de quatremètres de diamètre,dont Louis XIV avait com-mandé la réalisation. Il en va de même pourbeaucoup d’autres pièces de collections épar-pillées au sein de l’université, témoins d’unemémoire collective et conservées dans desconditions variables. À l’heure où l’universitéest en passe de se doter d’un musée dessciences, il était important de posséder unevision d’ensemble de ces trésors.“Un travail derepérage a ainsi été mené pendant plusieurs moisafin d’obtenir un état des lieux complet du patri-moine en vue de sa valorisation au travers d’ob-

jets remarquables et muséologiquement exploi-tables” explique Virginio Gaudenzi. Les diffé-rents instituts ont été sollicités pour faire cetravail qui a été grandement facilité par l'inté-rêt des scientifiques. Chaque objet a été exa-miné avec précision pour connaître sescaractéristiques physiques, sa préciosité, lecontexte de son usage. Résultat ? Plus d’une

vingtaine de collections aux nombreusessubdivisions ont été répertoriées

dont certaines étaient parfoisinattendues. Ainsi, parmi lescollections de la Faculté dessciences de la vie, oncompte une collection devégétaux en papier mâché

réalisés à la fin du XIXe siècleet toujours utilisés comme

matériel pédagogique. Et que direde l’améthyste de 400 kg provenant d’une col-lection de minéraux du volcanisme conservéeau Musée de minéralogie ! Parmi l’ensembledes collections de zoologie de la Ville deStrasbourg situées dans le Musée zoologique,on peut également découvrir des modèlesd’animaux marins réalisés en verre.“Toutes cespièces sont riches de nombreuses histoires et lacréation d’un nouveau musée adossé à l’univer-sité constitue une véritable aubaine pour les faireconnaître ou redécouvrir. La préservation de l’en-semble des collections n’en est pas moins impor-tante. L’aménagement d’un centre de conservationdu patrimoine, lieu central apte à regrouper lesobjets épars et à mutualiser les moyens diffus,serait un projet important à développer” conclutVirginio Gaudenzi.

F. Z.

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10 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

dossier]

Ils ont hébergé les instituts de physique, de chimie, de botanique, de minéralogieet de zoologie : les bâtiments qui composent aujourd'hui le campus historique

s’imposent tous au sein d'un paysage urbain comme gardiens d'une histoire qui nefait peut-être que commencer. Car s'ils sont en activité depuis plus de 100 ans, leurallure n'est en rien ternie comparée à celle des édifices portés par des poutrellesmétalliques bien plus récents. Construits entre 1875 et 1890, ces bâtiments sontd’une homogénéité assez frappante. À noter tout de même des formes plus arron-dies pour le Palais universitaire et l’Institut de zoologie construits par l’architecteOtto Warth au style plus italianisant que le style néo-renaissance plus classique deHermann Eggert, responsable de la construction de la majorité des autres édifices.Tous les bâtiments ont un soubassement en grès rose des Vosges parfaitement visible sur lequel est bâtie une structure en grès gris des carrières d’Ödenwald(Heidelberg) provenant d’Allemagne. De l'avis des historiens et des architectes,l'utilisation de deux grès différents ne s'explique pas par une contrainte architec-turale mais serait plus à interpréter, dans les idées de l’époque, comme la construc-tion d’une université germanique qui s'appuie sur une tradition locale. Chaquebâtiment possède ses spécificités, car les architectes devaient également répondreaux exigences des directeurs d'instituts. C’est aussi la première fois à Strasbourgque les sciences s’installent dans des bâtiment propres,chacun s’accommodant aupa-ravant d’une partie d’un édifice commun. Un des premiers soucis de l’époque estcertainement l’esthétique et la grandeur, mais à l’heure où l’électricité n’est encorequ’un domaine de recherche, la lumière en est un autre. Les premiers étages sontdestinés à accueillir les laboratoires et le logement du directeur et possèdent tousde larges fenêtres. Le dernier étage aux fenêtres plus petites est réservé aux assis-tants ainsi qu'au personnel d'entretien.Au 7 rue de l'Université, l’ancien Institut de botanique a bien évidemment de grandes

fenêtres pour permettre des cultures opti-males dans les laboratoires, mais il est égale-ment doté de plus larges rebords de fenêtres,probablement pour accueillir des jardinières.Sur le côté sud de ce bâtiment, se trouve laserre expérimentale du professeur Anton de

A l’heure dupéplumscientifique

Seuls véritables arrondis,les bas reliefs situés sur lesfrontons des institutsreprésentent chacun uneimage de science sous laforme de ce que l’on peutappeler un “péplumscientifique”. Sur le frontonouest de l’Institut dephysique, on retrouve lesthèmes de l’acoustique etde l’optique, représentéspar un diapason et unprisme, principaux sujets derecherche du ProfesseurKundt, directeur del’époque. L’électricité estégalement représentée parune femme tenant uneampoule dans une main etdisposant d’une pile Volta àses pieds. Sur le fronton sudde l’ancien Institut dechimie, sont sculptées troisfemmes entourées de deuxenfants qui manipulentcornues et éprouvettes.La tête au-dessus de cefronton fait référence àl’Egypte, premier pays deschimistes.

Ces pierres qui nous paDans les jardins de l’université se dressent des bâtiments imposants dont la majesté pousse à la contemplation.

Patrimoine culturel et scientifique

La serre expérimentale au 7 rue de l’Université.

Détails du fronton de l’Institut dephysique.

photo 1 : fronton sud de l’Institutde chimie (actuelle Faculté depsychologie et des sciences del’éducation)photo 2 : la construction dufronton sud de l’Institut de chimie

Le campus historique. Le Jardin botanique et les serres de Barry.

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11juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

dossier[Patrimoine culturel et scientifique

Barry, directeur de l’époque. Elle est à l'image desanciennes serres qui se dressaient à l'actuel emplace-ment du nouvel Institut de botanique, ce cube sur pilo-tis dans le Jardin botanique. Avec différentescontraintes techniques dont celle de maintenir unpourcentage d'humidité de 85 %, les serres de Barryont été l'une des structures les plus coûteuses de cettenouvelle université.Au 12 rue Goethe, l’ancien Institut de chimie nedéroge pas à la règle : ses grandes fenêtres sont autantprésentes pour des questions de luminosité que d’aé-ration. Néanmoins le directeur de cet institut a pré-féré faire construire son logement à l’écart vers leJardin botanique. Le plus imposant de tous ces bâti-ments reste le Palais universitaire qui a été conçucomme un bâtiment collectif de prestige. Il abrite tou-jours les lettres et les arts enseignés aujourd'hui àl'Université Marc Bloch, mais il servait également delieu central à tous les universitaires de l’époque.Réunions, colloques, conférences, se tenaient en sesmurs. Il suffit de pénétrer dans ce bâtiment et de seplacer dans l’immense hall d’entrée pour se plongerdans une ambiance grandiose. De larges fenêtres -seules deux ne sont pas obturées aujourd'hui - per-mettaient d’avoir une vision directe sur les jardins. Etla verrière de ce hall, aujourd’hui en verre opaque,avaitdes motifs colorés qui répondaient à ceux de l’anciendallage du sol.Espace de savoirs et de sciences de pointe à toutesépoques, le campus historique n’en reste pas moinsun espace où il est parfois nécessaire de se promenertête en l’air.

F. Z.

Une architecture au service de la science

La quête d’une luminosité optimale a donnénaissance à des détails originaux. L’entrée gauchede l’Institut de physique possède ainsi deuxportes de bois surélevées qui donnent sur lafaçade sans pour autant être munies d’une voied’accès. Elles étaient ouvertes le cas échéant etgrâce à un jeu de miroirs la lumière étaitconcentrée jusque dans les laboratoires.

En 1849, Louis Pasteur (1822-1895) alors âgé de 26 ans estnommé professeur suppléanten chimie à l’Université deStrasbourg dans l’actuel LycéeJ.F. Oberlin au 4, rue del’Académie. Il quitteraStrasbourg en 1854, appelé

par d’autres fonctions et prêt à mener unecarrière que l’on connaît touchant à la chimie,à la physique et à la biologie. Quelques 119 ansplus tard, en 1968, l’Université de Strasbourg estrépartie en trois universités. Guy Ourisson sesouvient de réunions tumultueuses pourdéterminer le nom qui remplacera la premièreappellation de l’université naissante,Strasbourg I.“Parmi les propositions, la moinsimaginative a été celle de garder Strasbourg I,la plus farfelue, l'Université de la pensée sauvage,une autre plus plausible Albert Schweitzer.Mais quand le nom de Louis Pasteur a étéproposé, il a tout de suite été considéré commeévident, les composantes principales de cetteuniversité étant déjà les sciences, la pharmacie et la médecine”.

> Remerciements à Bénédicte Herbage, conservateur diplôméde l’École du Louvre et intervenante pour la Mission culturescientifique et technique de l’ULP dans le cadre des journéesdu patrimoine, du Printemps des musées et de la manifestationSavoir(s) en commun organisée par les 3 universités deStrasbourg.

rlentContemplation de l’œuvre, de sa pérennité, de sa grandeur. Leur histoire peut être contée.

L’Université deStrasbourg en quelques dates

> 1538Fondation de la HauteÉcole sur initiativemunicipale dans le couventdes dominicains.

> 1566Transformation enAcadémie par l’empereurMaximilien II.

> 1621Première fondation del’Université de Strasbourgdans le couvent desdominicains.À la Révolution françaisetoutes les universités deFrance sont supprimées.

> 1808Seconde fondation del’Université de Strasbourgpar décret de l’empereurNapoléon Ier dans unbâtiment du XVIIIe siècleaujourd’hui au numéro 4,rue de l’Académie, actuellycée J.F. Oberlin.

> 1872Troisième fondation del’Université par l’empereurGuillaume Ier sur l'actuelcampus historique etdénommée Kaiser WilhelmUniversität.

> 1919Quatrième fondation del’Université de Strasbourg.

> 1960Extension de l'Universitésur le quartier del'Esplanade.

> 1968L’Université de Strasbourgest scindée en troisuniversités dénommées parla suite Louis Pasteur, MarcBloch et Robert Schuman.

D’où vient le nom del’Université LouisPasteur?

Contact :Tél. 03 88 35 21 36

La Faculté de psychologie et des sciencesde l’éducation.

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dossier]

12 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

Patrimoine culturel et scientifique

Comme un deuxième doigt pointé vers le ciel, latour de chimie est au moment de sa construction

en 1962, le plus haut édifice de Strasbourg après lacathédrale. Il ne le restera d’ailleurs que quelquesannées. Et pour ceux qui croient encore que par jourde grand vent, il est possible de sentir les mouvementsde cette tour, il n’en est rien.“Les vibrations sont en effetmesurables mais elles n’ont jamais gêné lefonctionnement des laboratoires” confieGuy Ourisson, premier président del’ULP. Dans les années soixante, devantle développement croissant des activitésd’enseignement et de recherche, l’Institutde chimie situé rue Goethe devient tropexigu et inadapté. Un premier projet deconstruction d’une extension au bâti-ment historique dans les jardins de l’université est fortheureusement resté au stade prévisionnel, et c’estfinalement le projet de la tour qui a été retenu. “PourHubert Forestier, directeur de l’Ecole nationale supérieurede chimie de l’époque, il s’agissait d’un souhait personneld’avoir un bâtiment élevé, le plus élevé après la cathédrale.Au cours des travaux, il s’est avéré que les crédits étaientinsuffisants pour réaliser le projet de départ.Deux solutionsétaient alors envisageables, soit réduire le nombre d’étages,soit diminuer la section de la tour. C’est en définitive ladeuxième solution qui a été adoptée” raconte GuyOurisson.Progressivement, les chimistes se sont installés dansleurs nouveaux locaux.Tout d’abord les enseignementsà la rentrée 1964,puis les laboratoires au cours de l’an-née 1965. Car, si la tour tenait bien droit, un bonnombre de détails techniques ont ralenti son intégra-tion. “La tour de chimie est une construction d’architecteet non d’ingénieur alors que cela aurait dû l’être. Les cri-tères de l’époque ont avantagé l’esthétique au détrimentde solutions adaptées à la chimie. Elle n’a heureusementaucune ressemblance avec les autres bâtiments de l’es-planade construits à la même époque, sortes de boîtes

d’allumettes posées sur la tranche” explique GuyOurisson. Résultat : il a fallu faire avec les contraintesdu bâtiment et procéder à de nombreux réglages.Réglage de l’aération pour que les hottes ne se ren-voient pas les émanations entre elles, mais égalementréglage de la pression de l’eau qui, dans les étages lesplus hauts, était trop faible, élimination progressive des

stores de toiles périssables au profit declimatisations. Mais en dépit de cesimperfections techniques, “cette tour apleinement rempli son rôle si on en juge parla quantité et la qualité du travail réalisédans ces quinze étages” conclut GuyOurisson. Et malgré la délocalisationd’une partie de la chimie sur le campusde Cronenbourg et d’Illkirch, son dur

labeur n’est pas terminé. Après une réhabilitation inté-rieure et extérieure, cette tour rouvrira ses étagessous le nom de Centre de production multimédia.“Il y avait une intention politique de créer une synergie demoyens concernant les nouvelles technologies entre les troisuniversités. Cette tour en est devenue l’instrument priori-taire” explique Alain Jaillet, directeur d’ULP Multimédiaet chef de projet de la tour multimédia. Le regroupe-ment de l’ensemble des services informatiques et mul-timédia des trois universités va permettre ainsi dedrainer les énergies, de regrouper des compétenceset de créer un centre de production multimédia performant. Au programme: développement de la production des moyens pédagogiques pour l’enseigne-ment à distance et la formation continue, développe-ment du campus numérique, espace d’incubationd’entreprises naissantes… Ce projet coïncide avec la création de l’Universiténumérique de Strasbourg (UNS) qui va réunir à nou-veau les trois universités au sein d’un même lieu.

F. Z.

L’ex tour de chimie

toujours enpointe

Déjà forte dequarante ans de bons

et loyaux servicesrendus à la chimie,

la tour de chimie estprête à un lifting

intégral pour devenirà l'horizon 2007,

une tour multimédia.

La tour de chimie au moment de saconstruction.

Photos : Studio Charles Heitz.Rectorat de l’Académie de Strasbourg

Cette tour a

pleinement rempli

son rôle si on en juge

par la quantité et la

qualité du travail

réalisé dans ces

quinze étages.

Le projet de rénovation de la tour de chimie en tour multimédia.

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13juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

formation[

La page d’accueil acidulée,orange et bleue, présente

ForumLangues comme un espacede discussion multilingue. Ceforum s’adresse aux étudiants,encadrés par leur enseignant delangue. Une discussion en ligne,en anglais, en allemand, en espa-gnol ou en français (pour lesétrangers) pourrait rebuter,maisle visiteur est si gentiment prispar la main qu’il se laisse emme-ner dans une découverte du site,conçu et réalisé par BrunoDupuis, chargé de productioninformatique à ULP Multimédia :le bureau de l’enseignant, leforum, les aides linguistiques, desoutils d’évaluation et le journal.Et il se laisse séduire… L’idée deForumLangues ? “Pour se lancerdans l’emploi d’une langue étran-gère, il est très motivant de parlerde ses passions, explique BrettJohnson à l’origine du projet etadministrateur pédagogique dela plate-forme. En exprimant sonopinion sur des sujets qui lui tien-nent à cœur, l’étudiant a moins demal à se mettre à l’écrit, exercicesouvent éprouvant”. Le texterédigé par l’étudiant est auto-matiquement acheminé à l’ensei-gnant pour être corrigé.

Après un ou deux échanges demails, il est publié dans le jour-nal de ForumLangues, une recon-naissance valorisante pourl’étudiant. Pour les enseignants,ForumLangues est un outil com-plémentaire de la formation traditionnelle qui permet dedégager du temps pour organi-ser d’autres activités. Le travailde correction est mutualiséentre les enseignants, ce quipermet de constituer un corpusd’annotations déjà rédigées pourles erreurs les plus courantes.Enphase de test de mars à sep-tembre 2003, la communauté deForumLangues a déjà intéressédix enseignants et une cinquan-taine d’étudiants. Les tests deBabbelnet semblent aussi encou-rageants. En allemand, une tren-taine d’étudiants ont adoptécette formule. Ce site d’appren-tissage leur propose des outilspour se perfectionner en alle-mand et en anglais. Selon sescompétences, l’étudiant doitécrire le compte-rendu d’unfilm,un résumé ou une synthèse.Le travail se fait en groupes de4 à 5 étudiants. Cette situationétonnante, 4 personnes qui ren-dent un travail commun sans

s’être jamais rencontrées, pré-sente plusieurs avantages :rompre l’isolement, créer uneémulation et respecter un calen-drier de travail. Un tuteur suit legroupe, corrige les différentesétapes et évalue le travail déposésur le forum. Il n’intervient pasdans les discussions prépara-toires en ligne, les chats (pro-noncer tchate),pour corriger lesfautes de langue, mais est tou-jours présent pour aider etmotiver les participants. “Le tra-vail en groupe se passe vraimentbien, raconte Elke Nissen, à l’ini-tiative de Babbelnet, tutrice enallemand et responsable de l’ex-périmentation. Je trouve que lecontact est très bon, le ton agréableet l’ambiance très cordiale”. Cemode de travail modulable ettrès flexible - les horaires deschats sont décidés par le groupe- convient bien aux étudiants quine peuvent pas venir sur lecampus ou en formation conti-nue. “Mais les résultats sontmeilleurs si la motivation est sou-tenue par l’obtention d’une notefinale, remarque la jeune femmequi prépare une thèse sur l’ap-prentissage tutoré à distance deslangues étrangères*.

Ce type d’apprentissage neconvient sans doute pas à tout lemonde, mais les étudiants se sen-tent très soutenus et s’investissent”.L’enthousiasme et l’implicationd’Elke Nissen et Brett Johnsondonnent envie de se remettreaux langues!ForumLangues et Babbelnet sontintégrés dans le portail WebLangues, mis en œuvre parl'UMB, dans le cadre del'Université numérique deStrasbourg (UNS). Une pre-mière version du portail seramise en ligne en septembre àl’intention des étudiants inscritsdans les trois universités. Uneseconde version, qui devraits'adresser à un public plus large(personnels des universités etpublic externe), est égalementenvisagée.

M. E.

* Laboratoire des sciences de l’éducation(EA 2310), ULP

Des langues à distance et à la carte

Apprendre une langue étrangère via internet ? Les trois universités deStrasbourg proposent deux nouvelles offres quicomplètent l’enseignementtraditionnel: un forum dediscussion et un espace detravail collaboratif.

Pour en savoir plus :http://forumlangues.u-strasbg.fr

http://u2.u-strasbg.fr/spiral/babbelnet

Contact :Pascale Nachez,

coordinatrice administrative UNS

Tél. 03 88 14 30 08

Outre 15 langues proposées en auto-apprentissage,SPIRAL (Service pédagogique interuniversitaire de ressources

pour l’autoformation en langues), développe Babbelnet.

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14 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

formation]

Les métiers d’orthophoniste et d’orthoptiste

S'exprimer, comprendre, lire et écrire sont descompétences pour lesquelles l'orthophoniste peut

intervenir en cas de troubles et de difficultés. PourEvelyne Orion, directrice des études à l’École d’or-thophonie de Strasbourg, l’orthophoniste s’occupe dela rééducation de la communication dans sa globalité,avec un souci permanent d'adaptation et d'écoute.Marie-Claire Buliard, diplômée depuis 2001 et ortho-phoniste libérale, raconte son métier :“J’aide des enfantsqui souffrent de retards de la parole, de troubles d’ap-prentissage de la lecture et de l’écriture et de troubles dela logique. Chez les adultes, les difficultés de communica-

tion sont souvent liées à un accident neurologique”.La rééducation de la voix est aussi un motif courantde consultation.“L’important, explique la jeune femme,est d’être curieux, car l’ouverture d’esprit et la disponibilitésont essentielles pour être à l’écoute des gens et parfoispour les aider à surmonter des souffrances qu’on n’auraitpas imaginées”. Ce métier complexe, au carrefour denombreuses disciplines, nécessite un savoir-faire et unsavoir-être qui s’acquièrent lors des nombreux stages

des quatre années de formation. Au début, le stagiaireest observateur, puis il est amené à prendre une partplus active, en bénéficiant des conseils du maître destage.

De la même manière, la formation des orthoptistesintègre tout de suite la pratique.Sur trois ans,elle com-prend des cours théoriques en parallèle avec desstages dans le service d’orthoptie des Hôpitaux uni-versitaires, complétée une fois par an par un stageexterne. L’orthoptiste rééduque les troubles de lavision. “Il apprend au patient à se servir au mieux de savision et des aides visuelles”, explique Claude Speeg-Schatz, directrice de l’École d’orthoptie. Les orthop-tistes sont également de plus en plus impliqués dansle dépistage des troubles visuels et la correctionoptique. Le métier change et la formation doit inté-grer ces nouvelles disciplines. Ainsi Nathalie Peter,diplômée en 2002, ne pensait pas devenir assistanteophtalmologiste, travail pour lequel elle a suivi une for-mation complémentaire. “Heureusement, préciseFrançoise Dorey,diplômée en 1975 et orthoptiste libé-rale dans un cabinet de groupe, un nouveau décret decompétences a augmenté les champs d’activités desorthoptistes et le programme de la formation dans cesnouveaux domaines”.“Le métier ayant évolué, il est mêmemieux que ce que j’espérais”, s’enthousiasme Marie-Christine Lizon, diplômée en 1983 et orthoptiste pourun cabinet d’ophtalmologistes.Dès la fin de leurs études,aussi bien les orthophonistesque les orthoptistes trouvent sans difficulté du travaildans un cabinet libéral, en institution ou dans descentres privés.

M.E.

ÉCOLED’ORTHOPHONIE

Faculté de médecine4 rue Kirschleger67085 Strasbourg cedex03 90 24 35 0403 90 24 32 84http://alsace.u-strasbg.fr/medecine/scolarite/orthophonie/

Le concours d’entrée estouvert à tout titulaire d’unbaccalauréat ou équivalent.En 2003, 18 étudiants sontadmis, après des épreuvesécrites de français et deculture générale (qcm,épreuve d’orthographe etcommentaire de texte),des entretiens demotivation et uneévaluation de la capacité à la communication oraleen groupe.

ÉCOLED’ORTHOPTIE

Faculté de médecine4 rue Kirschleger67085 Strasbourg cedex03 90 24 35 03http://alsace.u-strasbg.fr/medecine/scolarite/orthoptie/

Le concours d’entrée estouvert à tout titulaire d’unbaccalauréat ou équivalent.En 2003, 10 étudiants sontadmis, après une épreuveécrite de physique et desciences de la vie, unentretien de connaissancesgénérales et des testspsychotechniques.

Une dyslexie, un strabisme à corriger, l’orthophoniste ou l’orthoptiste font partie de nossouvenirs d’enfance. Quelles sont les formations pour ces deux métiers aux débouchés assurés ?

Le cabinet de Françoise Dorey.

Karine Diemer, orthophoniste.

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Je me sens tellement chez moidans les laboratoires de chimie

analytique et physique, que je mesurprend à modifier le rangementou à passer l’aspirateur dans lesplacards”, déclare avec humourPascale Ronot. “C’est mon terri-toire”, affirme Christian-AlainDijoux qui prépare les TP de 2e

année de DEUG .“Je suis commeun petit poisson heureux dans sonbocal”, renchérit Alain Gauger,qui s’occupe des TP de CAPES etd’agrégation de chimie.L’université a longtemps recrutédes “garçons de laboratoire”pour préparer les TP et assurerles approvisionnements et lamaintenance des salles. AlainGauger, 48 ans, muni d’un CAPde droguiste, est entré à l’ULPen 1974 avec ce titre. Ils sontdésormais “agents ou adjointstechniques de recherche et deformation” ou “agents de servicetechnique”, dénominations plusadaptées à un métier qui s’estféminisé. Leur profil aussi achangé. Pascale Ronot, 32 ans, atenté d’obtenir une licence dechimie, avant de choisir cetteprofession par voie de concours.

“Le diplôme requis est le BEP (voirencadré) mais j’ai pu constater en1998 que beaucoup de candidatsavaient, comme moi, suivi desétudes plus longues”, note-t-elle.Christian-Alain Dijoux, 39 ans,était agent de service techniquedans le secondaire avant dedemander sa mutation à l’ULPen 1992.

Astuce et débrouillardise

Pour Alain Gauger, le plus plai-sant est la variété du travail,rythmé par les TP qui se succè-dent.Les enseignants demandentdes installations, des produitsdifférents, selon les exercicesqu’ils projettent. Concocter les“sauces”, vérifier le bon fonc-tionnement des appareils : ce tra-vail préparatoire est essentielpour que les étudiants tirent lemeilleur parti du temps passéaux expériences. Au quotidien,il s’agit aussi de maintenir lessalles en bon état, ce quidemande de la débrouillardise etde l’astuce, avec un petit côtéMac Gyver quand il s’agit dedéplacer une paillasse,de réparer

une prise ou d’installer de nou-veaux stores. Il y a aussi desdemandes particulières quipimentent l’ordinaire.“Un TP desétudiants en“magistère de chimiebiologie” consiste à étudier uneprotéine qui est présente dans lachair de l’esturgeon, racontePascale Ronot. Ce produit ne faitpas partie de mes commandeshabituelles, je me suis donc mise enquête de ce poisson au marché degros.”

Des contacts étroits avecles étudiants

Ensuite, il s’agit d’ouvrir l’œilpendant les TP, pour intervenir siun étudiant entreprend une

manipulation dangereuse pourlui ou qui risque d’endommagerle matériel. “Sans empiéter sur lerôle de l’enseignant, nous répon-dons aux petits problèmes tech-niques”, explique Pascale Ronot.Et chacun de citer avec un sou-rire les machines qui ne s’allu-ment pas…parce qu’elles n’ontpas été branchées ou le produitqui refuse de s’écouler…pour labonne raison que le récipient esttoujours muni de son bouchon.Les conseils de Pascale,Christian-Alain et Alain sontgénéralement les bienvenus.Et c’est un autre aspect de leurmétier que chacun apprécie : lecontact, souvent très détendu,avec les étudiants.

15juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

formation[

Les agents et adjoints techniques sont recrutés par un concoursexterne ouvert aux candidats titulaires d'un CAP ou d’un BEP.Des équivalences de ces diplômes ou le niveau requis de qualificationprofessionnelle permettent également de concourir.Les agents des services techniques sont recrutés directementsans concours par décision du président de l'établissement.La sélection des candidats se fait sur dossier, puis sur audition.

Pas de TP sans eux…

Pascale Ronot, Christian-Alain Dijoux ou Alain Gaugerreçoivent “chez eux”. Entendez: dans “leur” salle de

travaux pratiques. Les étudiants et les enseignants s’ysuccèdent. Ceux que l’on appelait autrefois les

“garçons de labo” en ont fait leur domaine.

Pascale Ronot

Alain Gauger

Pour en savoir plus : www.education.gouv.fr

S. B.

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formation]

16 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

Enseigner descompétences:comment faire?

Savoir prendre une décision, affronter une réalité complexe, afficher ses convictions,exigent des compétences difficiles à transmettre dans un schéma pédagogique classique.Des enseignants s'y sont essayés.Voici un compte-rendu de quelques expériences.

La confrontation avec le réel, les questions de commu-nication, de management ou de prise de décision qui

font la vie d’une équipe de recherche posent des problèmesautrement redoutables que la résolution d’équations, noteGuy Chouraqui, maître de conférences en physique.Mais dans ces domaines complexes, il n’y a pas de“savoir”à délivrer. Ceux qui prétendent enseigner une techniquegénérale de résolution des problèmes sont des escrocs. Pourautant, ces questions méritent d’être travaillées sérieuse-ment. Par le jeu.” Une boutade? Pas du tout! En “réso-lution de problème” pour le DEUG STPI*, encommunication pour l’IUP Technologies avancées dessciences du vivant et en gestion de projet pour le DESSCommunication scientifique et technique, GuyChouraqui propose à ses étudiants des jeux classiquesou inventés pour la circonstance.“Le jeu est une repré-sentation simple de situations complexes où il faut choisirune stratégie, explique-t-il. Le groupe met en lumière lafaçon dont chacun aborde un problème et prend une déci-sion. La mise en commun d’expériences aide chacun àprendre conscience de sa façon propre de réagir et permet,ensuite, de la travailler.”

Apprendre à faire des choix

Se projeter dans un avenir professionnel : un casse-têtepour de nombreux étudiants. Comment les accompa-gner dans des choix qui seront décisifs pour leur vie?“On peut imaginer un cadre qui n’est pas celui d’un apportde connaissance et modifier la posture de l’enseignant enabandonnant le face-à-face”, estime Isabelle Fornasieri,enseignant-chercheur en éthologie. Elle pilote lemodule “projet professionnel et méthodologie” enpremière année de DEUG de psychologie. Les étu-diants sont amenés à explorer la réalité d’un métierde leur choix. Ils sont initiés à des méthodes derecherche d’informations et ils rencontrent des pro-

fessionnels. Puis ils sont évalués sur une présentationorale qui s’appuie sur un poster. Mais le parallèle avecun enseignement classique s’arrête là. “L’exposédemandé est subjectif. Il s’agit de faire mesurer aux étu-diants un cheminement depuis une représentation initialejusqu’à la confrontation avec la réalité d’un métier. L’objectifest de stimuler leur réflexion personnelle sur ce qu’ils sou-haitent trouver dans leur profession, pour les aider à faireensuite des choix plus conscients.”

Stimuler l’esprit critique

Les futurs médiateurs scientifiques que sont les étu-diants du DESS Communication scientifique et tech-nique apprennent que l’élaboration d’un savoir n’estpas linéaire, et que l’histoire des sciences est émailléede fausses vérités et de vraies erreurs productives.Pour qu’ils s’imprègnent de cette réalité avant mêmede l’avoir analysée intellectuellement, Éric Heilmann,responsable de cette formation, leur demande de lamettre en scène. Par groupe de quatre ou cinq, dès lelendemain de la rentrée, ils font connaissance en tra-vaillant à la représentation théâtrale d’une controversescientifique qui a mobilisé la communauté scientifiquedans le passé. Ils deviennent auteurs, metteurs enscène, comédiens et régisseurs d’un spectacle.“En plusde diffuser un maillon de la science, l’exercice permet decomprendre “de l’intérieur” comment les individus ont, àun moment donné, contribué à construire la chaîne dusavoir”, souligne Éric Heilmann. Cette démarche leurdemande à la fois de la distance critique et un véri-table engagement pour améliorer leurs performancesdans la présentation de soi, la position de la voix, l’or-ganisation gestuelle de leur rapport à autrui : autant dequalités qui leur seront très utiles dans leur futurmétier.

S. B.

Controverses scientifiquesmises en scène par lesétudiants du DESSCommunication scientifiqueet technique en octobre2002, encadrées par Jean-Jacques Mercier,directeur de la compagnieArticulations Théâtre.

* Sciences et technologies pour l’ingénieur

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Amateurs de balades en forêt, dans les fougères et les hautes herbes, voici un petit zoom sur les deuxmaladies à tiques et les moyens de les combattre.

17juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

recherche[

L’Alsace compte deux maladiesà tiques : la maladie de Lyme et

l’encéphalite à tiques. La maladie de Lymeest une infection due à une bactérie, Borreliaburgdorferi et connaît trois stades de développe-ment. Le stade primaire est détectable grâce à un éry-thème cutané : anneau rose et indolore qui grandit àla surface de la peau.C’est le symptôme évident de l’in-fection. Ce premier stade facile à traiter va laisser laplace, s’il n’est pas détecté, à une seconde phase : ladissémination du germe dans l’organisme.Inflammations des articulations, fourmillements, dou-leurs de type sciatique, maux de tête, toutceci avec très peu de fièvre,seront les prin-cipales manifestations, parfois accompa-gnées de troubles cardiaques. Cette phasese traite assez bien avec des antibiotiques.Le diagnostic de la phase tertiaire est plusdifficile à établir : symptômes analogues àla phase précédente auxquels s’ajoutentune fatigue, des troubles de la mémoire ou de laconcentration.“Le traitement n'est pas toujours aussi effi-cace que pour les phases plus précoces. Dans tous les cas,la maladie de Lyme n’est pas mortelle et n’est que rare-ment paralysante.D’ailleurs,de nombreux Alsaciens ont destraces d’anticorps spécifiques de la bactérie prouvant qu’ilsont pu guérir tous seuls” explique le Dr Yves Hansmann,du Service des maladies infectieuses et tropicales auxHôpitaux universitaires de Strasbourg. Si un diagnos-tic précoce permet un traitement rapide et efficacepour la maladie de Lyme, ce n’est pas le cas de laméningo-encéphalite à tiques. Cette infection virale neconnaît aucun traitement curatif. Après une incubation

de quelques semaines, des symp-tômes aigus, de type grippaux, appa-

raissent, suivis de maux de têtes, de fortefièvre, de troubles de l’équilibre, de vertiges,

etc. Les séquelles de cette méningite dépendent dessignes cliniques initiaux et sont très variables (paraly-sies, tremblements, vertiges). Les décès représentent3 à 4 % des cas.Heureusement, il existe un vaccin qui doit être injectéavant le début de la saison d’activité des tiques (marsà octobre environ).Ce vaccin ne concerne que les per-sonnes exposées à un risque d’infection comme les

bûcherons, les randonneurs, les forestiers.“Nous avons vacciné une trentaine de per-sonnes à l’ULP, car elles effectuent des missionsde terrain,par exemple dans les Vosges.Ce sontdes géologues, des géographes, certains jardi-niers. Tout dépend de l’endroit” précise leDr Christine Collat, responsable duService de prévention des personnels de

l’ULP. La précaution première est de se protéger ense couvrant (bottes, pantalons, manches longues) eten utilisant éventuellement des répulsifs pour la peauet les vêtements. Au retour de balade, la préventioncontinue par une inspection minutieuse. En effet,la tique infecte sa proie (et s’infecte elle-même) lors-qu’elle la mord pour s’alimenter. Son premier repasn’intervenant pas avant plusieurs heures, il suffit de retirer la tique avec une pince adaptée disponible enpharmacie.

Fr. N.

Au retour de

balade,

la prévention

continue par

une inspection

minutieuse.

Gare aux tiques!

Tique adultefemelle

larve

nymphe

Nymphe avant et après unrepas, dite « gorgée et nongorgée ». La nymphe est lestade de développement leplus incriminé dans latransmission de la maladie de Lyme.

Photos :N. Boulanger

B. Pesson

Les différentsstades de la tique

La tique est un acarienparasite vivant sur la peaude ruminants, de petitsmammifères et parfois de l’homme dont elle sucele sang. La tique connaîttrois stades dans sondéveloppement : larve,nymphe et adulte.Le passage d’un stade àl’autre ne se fait qu’à lafaveur d’un repas.Elle s’invite donc quelquesfois à déjeuner en selaissant tomber sur sesproies. Elle mourra aprèsavoir pondu ses œufs.

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18 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

Un des moyens delutte contre la

pollution consiste àutiliser des plantes.Mises en place sur unsite souillé, certainesvariétés sont capablesd’absorber des pro-

duits polluants, avant d’être récoltées et incinérées. Les plantes peuvent aussi servird’indicateurs de la bonne santé de leur envi-ronnement. Des proliférations végétales traduisent un déséquilibre comme l'eutro-phisation des cours d’eau (enrichissementdes eaux en sels minéraux). “Deux espècesexotiques ont envahi les cours d'eau alsaciens,l’Elodée du Canada depuis le milieu duXIXe siècle, progressivement rempla-cée par l’Elodée de Nuttal, apparueau milieu du XXe siècle. L’objectifdes recherches est d'identifier lesfacteurs environnementaux et/oubiologiques responsables de cetteinvasion” explique MichèleTrémolières, directrice duCentre d'écologie végétale et d'hy-drologie(1). Actuellement la nappephréatique alsacienne contient des quan-tités notables de nitrates, de chlorures (liésaux mines de potasse), de pesticides et demétaux lourds. “Nous avons montré que leszones alluviales, zones d’inondation d’un coursd’eau, jouent un rôle d’épuration très importantvis-à-vis des nitrates et des phosphates.

Malheureusement, ces surfaces ont beaucoupdiminué dans la plaine d'Alsace et il serait impor-tant de retrouver des surfaces inondables. C'estce qui est proposé à ce jour des deux côtés duRhin avec la réalisation de zones d'expansiondes crues” indique Michèle Trémolières.La lutte biologique contre la pollutionconcerne également certaines bactéries quisont capables de se nourrir de produitstoxiques, de les dégrader ou de les immobi-liser. “Il existe une énorme diversité de micro-organismes, qu’on ne sait pas encore cultiverpour la plupart,avec des métabolismes de toutessortes. Et grâce à leur faculté de s’adapter à leurenvironnement, on peut en principe envisager

des solutions biologiques pour chaquetype de pollution ! Mais ce n'est

pas une raison pour laisser se dégrader notreenvironnement” exposeStéphane Vuilleumier(2),professeur en biologiede l’environnement.Un des axes des

recherches en micro-biologie de l'environne-

ment à l'ULP vise à cultiveret caractériser au niveau molécu-

laire des micro-organismes détoxifiant lespolluants inorganiques (comme l'arsenic) ouorganiques (comme les solvants industriels).Les approches de la biologie complètent ainsiutilement celles des autres domaines ensciences de l'environnement. En Alsace, les

chercheurs concernés se sont regroupés ausein de REALISE(3), un réseau transdiscipli-naire de laboratoires mis en place par l’ULP(voir ulp.sciences n°1, p18).“Un environnementsans organismes vivants n’existe pas. L’analysed’une pollution, sa prévention et son traitementne seraient pas complets sans tenir compte desorganismes vivants” conclut StéphaneVuilleumier.

Fr. N.

(1) Le Centre d'écologie végétale et d'hydrologie (UMR MA101- Unité mixte de recherche ULP/Ministère del’agriculture) et les microbiologistes de l'environnement àl'ULP participent aux travaux de recherche développésdans la Zone atelier "Nappe du Fossé rhénan" duProgramme Environnement Vie et Société associé au CNRS.

(2) Laboratoire de dynamique, évolution et expression degénomes de micro-organismes (FRE 2326)

(3) Réseau Alsace de laboratoires en ingénierie et sciencespour l’environnement http://realise.u-strasbg.fr

Luttes biologiques contre la pollution

Comment détecter,réguler et éliminer les polluants qui sedéversent chaque annéedans la nature ? Des solutions toutesnaturelles sont étudiéesdans différentslaboratoires del’université.

3

2

Zones alluviales

1

Photo1 : Image par microscopie électronique d’une bactériedégradant le dichlorométhane (cliché : S.Vuilleumier).Photo 2 : Empreinte sur boîte de Pétri formée par lesbactéries méthylotrophes rouges présentes sur une feuilled'érable et utilisant le méthanol émis par la plante (cliché : M. Lidstrom)Photo 3 : Bactéries oxydant l’arsenic. Les deux "trous"correspondent à des mutants ayant perdu cette propriété(cliché : M.-C. Lett).

recherche]

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19

recherche[

juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

Le financement de larecherche en panne

Comment expliquez-vousque l’information sur lebudget des organismes derecherche soit devenue à cepoint incompréhensible?

> Claudine LaurentCette incompréhension est liéeen grande partie à la confusionentretenue entre la loi definance qui fixe le montant descrédits alloués aux organismeset son exécution budgétaire quipeut être affectée par demultiples opérations de typeannulation, gel, report decrédits...Ainsi ces derniersmois, les laboratoires ont vuleur budget diminué à la suitedes annulations décidées par le

ministère en décembre 2002pour la loi de finance 2002…puis en mars 2003 pour la loide finance 2003. Et ils neconnaissent toujours pas quelsera le montant exact desreports de crédits nonconsommés l’an dernier.Bref, entre les créditséventuellement disponibles etles crédits réellementdisponibles, on ne sait plus quoifaire dans les labos! Cette situation est d’autantplus ennuyeuse que les travauxde recherche se construisentdans la durée (contratsquadriennaux des universités,contrat de plan État-Région,etc.) et avec de multiples

partenaires nationaux ouétrangers. Or que se passe-t-ilsi l’un des partenaires, commel’État aujourd’hui, montre dessignes de défaillance? Quellessont désormais les priorités?Là encore les chercheurs netrouveront pas de réponsesdans le budget qui ne définitaucune grande orientationscientifique ou thématique, nide perspective pluriannuelle.

Quelles conséquences cettepolitique budgétaire a-t-ellepour l’avenir ?

La diminution des moyensofferts à la recherche,l’abandon du plan décennal de

recrutement dans lesétablissements publics àcaractère scientifique ettechnique (EPST) et d’un plantriennal analogue pourl’enseignement supérieur sontautant de signaux négatifsdonnés aux jeunes quienvisagent d’entamer unecarrière scientifique mais aussiaux post-doctorants partis àl’étranger que l’on aimeraitbien voir revenir en France.Quelles perspectives sommes-nous capables de leur offrir?Peu de choses attrayantes dansle contexte actuel et c’est biencela ma principale inquiétude.

Propos recueillis par E. H.

Le 27 février 2002, Jacques Chirac déclarait au cours de la campagne pour la présidence de la République:“Pour resterdans la course internationale, les montants consacrés à la recherche et au développement devront passer à 3% du produitintérieur brut en dix ans”. Quelques mois plus tard, la ministre déléguée à la Recherche, Claudie Haigneré, annonce une baisse de 1,3% du budget de la recherche civile pour 2003.Après l’adoption de nouvelles mesures d’économie(annulation et gel de crédits), les organismes de recherche voient leur budget se réduire encore un peu plus.Depuis, une polémique est engagée avec le ministère à propos de l’impact financier de ce plan de rigueur…

Questions à Claudine Laurent,Vice-présidente du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie

Le Conseil supérieur de la recherche et de latechnologie (CSRT) formule chaque année un avis surle projet de budget civil de recherche et dedéveloppement technologique (BCRD) préparé par le gouvernement. Se prononçant sur le budget 2003,le CSRT a fait part de son inquiétude en des termesnon équivoques :“Le projet de BCRD 2003 semblemarquer un déclin de l’intérêt porté par la Nation à lascience. Il tient donc à manifester son inquiétude et saperplexité devant les choix qui sont faits et les hypothèsestechniques qui les fondent. En effet, les crises budgétairespassées concernant le financement de la recherche enFrance indiquent clairement qu’un retard n’est jamaisrattrapé.”* De fait, le budget 2003 présente une baissede 1,35 % des dépenses ordinaires (DO)(essentiellement les salaires des personnels) et descrédits de paiement, (CP) (les moyens defonctionnement des laboratoires).* Adopté en octobre 2002, l’avis du CSRT est accessible en ligne àl'adresse suivante: http://www.recherche.gouv.fr/conseil/csrt/2002/bcrd.htm

2100,085

1823,594

1307,523

929,996

515,275282,395

1590,654

296,471

Répartition du budget civil de recherche et de développementDépenses ordinaires + crédits de paiement : 8845,993 M€TTC

EPST* (hors CNRS),EPIC* (hors CNES et CEA), fondations

(hors ANRS)

CNRS

CNES

CEAAdministration

de laRecherche

et rechercheuniversitaire Formation

à et par larecherche

Actionsd’incitation,

d’informationet de

communication

Autres ministères 20,61%

14,78%

10,51%

5,82%

3,20% 3,35%

17,98%

23,75%

* EPST : Établissements publics à caractère scientifique et technologiqueEPIC : Établissements publics à caractère industriel et commercial

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20 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

recherche]

Quel est votre point de vue sur lapolémique du financement de larecherche publique en France ?

> Alain Nouailhat

Pour ne parler que du CNRS, le problèmeest que le fond de roulement del’organisme, l’argent en réserve, a beaucoupaugmenté ces dernières années. Pourdifférentes raisons, les laboratoires neconsomment pas l’ensemble des recettespropres (provenant des contrats) mises aubudget du CNRS, si bien que les reports se sont accumulés pour atteindre en 2001près d’une année budgétaire de réserve.Le CNRS n’étant pas un établissementbancaire, l’Etat a jugé opportun de“récupérer” des ressources financières endiminuant considérablement ses crédits depaiement (CP), tout en s’engageant à lesredistribuer en fonction des besoins. Nousrisquons de nous retrouver en 2004 dansune situation semblable à la crise de 1993,

lorsque les crédits étaient insuffisants parrapport aux autorisations de programmes(AP) : l’État avait comblé le déficit après unevaste opération d'annulation d’AP.J’aimerais ajouter que le gouvernements’est engagé à porter, en 2010, les créditsde la recherche publique française àhauteur de 3 % du produit intérieur brut(2,5 % en 1985 et 2,2 % en 2001).

On parle tout de même de réductionsde 10 à 30 % des budgets, parfois même50 % pour certains laboratoires, qu’enest-il exactement?

J’observe souvent des discours peucompréhensibles voire même des erreurs.C’est un sujet très complexe, qu’on nepeut réellement comprendre si on n’a pasun minimum de connaissances entechniques budgétaires.Toute la recherchepublique française fonctionne sur le couple“Autorisations de programmes/Crédits depaiements” dit AP/CP. Une AP est unepromesse de moyens faite aux laboratoires,leur permettant d’engager des dépenses.Elle prend la forme d’une notificationannuelle et les sommes allouées sontreportables d’une année sur l’autre.Les CP non consommés vont au fond deroulement du CNRS. Ils sont remis pourpartie au budget de l'année suivante aprèsautorisation du ministère et vote du conseild'administration du CNRS. Leur diminutionconsidérable au budget du CNRS, lacréation d’une réserve de précaution ainsique plusieurs annulations portant sur lesbudgets 2002 et 2003 ont asséché lesmarges de manœuvre de l'établissement etentraîné un climat de panique biencompréhensible dans les laboratoires.

Toujours est-il que la politique du CNRSest de sauvegarder le fonctionnement de larecherche et de garantir aux laboratoiresun niveau de vie moyen identique.

Ce changement d’environnement n’est-ilpas inquiétant pour les laboratoires etne risque-t-on pas d’assister à unesélection des plus “adaptée” ?

Certainement, mais malgré le chocpsychologique, les laboratoires doiventconserver confiance en l’avenir.La recherche est le moteur de l'innovation.Le changement d’environnement ne sesitue pas seulement au niveau deslaboratoires mais à celui du CNRS qui doittrouver, avec l’aide de l’État, le meilleuréquilibre entre le risque d’être un mauvaispayeur et celui d’endosser un rôle qui n’estpas le sien : banquier. Les laboratoires sontle plus souvent des unités mixtes et que ladiversité des financements est déjà unenécessité pour évoluer dans un universd’excellence compétitif comme l’est larecherche mondiale aujourd’hui.

Propos recueillis par Fr. N.

Le budget d’unlaboratoire derecherche

Il existe plusieurs types delaboratoires au CNRS.Toutd’abord les unités propres derecherche (UPR). Elles disposentde ressources allouées chaqueannée par le CNRS auxquelless’ajoutent des subventionsextérieures disponibles après

appels d’offres et composées:- de fonds publics (ministères, etc.)

pour travailler sur des thèmesprécis et prioritaires (Actionsthématiques programmées,Programmes interdisciplinaires derecherche, etc.),

- de fonds privés dans le cadre decollaborations avec desentreprises,

- de fonds européens regroupantdès l’origine des fonds publics etprivés.

Les unités mixtes de recherche(UMR) reçoivent une partie deleur budget de l’université.Le pourcentage de répartition deces différentes ressources variebeaucoup en fonction du champd’activité du laboratoire.En général, les subventionsextérieures sont inférieures à 50%(hors salaire) mais la tendance està l’augmentation. Il semble alorslogique de s’inquiéter pour lefinancement de la recherche

fondamentale qui ne propose pasde retombées économiquesimmédiates.“Nous réussissons àfinancer des aspects de recherchefondamentale, mais dans le contexted’une compétition mondiale, nousavons intérêt à prouver rapidementqu’on peut déboucher sur quelquechose de concret.” confie AlainMuzet, Directeur de recherche auCNRS.

Fr. N

Questions à Alain Nouailhat, Délégué régional Alsace du CNRS

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21juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

culture[

Le musée scientifique et ses publics

Connue pour ses travaux sur les visiteurs des muséesscientifiques, Joëlle Le Marec a donné une conférence sur ce thème à Strasbourg dans le cadre du projet “Jardin dessciences”. La rédaction a profité de sa venue pour lui poserquelques questions…

Quelle définitionpeut-on donner du“public” ?

> Joëlle Le MarecC'est une notion difficile

à manier. Le public est entré dans le senscommun de toute réflexion sur la cultureet la communication, comme étant lesynonyme d’un “pôle récepteur” toujoursdéfini par rapport à un “pôle émetteur” quifabrique, crée, diffuse une offre destinée àêtre proposée à des individus dans desconditions déterminées. Il existe toutefoisun courant d’initiatives, chez les chercheurset dans les institutions, qui appréhende lepublic, non plus comme un pôle passif, maiscomme l’énonciateur possible d’un pointde vue. Les raisons de ce mouvement sontmultiples, mais il y a convergence d’intérêtsa priori antinomiques entre d’une part, lamontée du marketing dans les institutionsculturelles depuis les années 80 avec unestructuration croissante des relations aupublic en termes d’offre et de demande, etd’autre part l’évolution des conceptions dela culture, plus orientées vers desdimensions anthropologiques (modes defaire, pratiques ordinaires, pratiquesamateurs). La possibilité de faire apparaîtreun point de vue du public est devenu unenjeu majeur. Cependant, il y a un certainparadoxe dans ce mouvement qui conduitnécessairement à déléguer au public unepart de responsabilité dans uneconstruction culturelle, et donc, à luiconférer le statut de collectif socialautonome qu’il n’est justement pas.

On parle pourtant bien des“membres” du public ?

Ce statut de membre est volatile, il n’estpas lié à une appartenance, mais à unesituation. Pour l'acquérir, il faut accomplirune démarche: franchir un seuil. On doitainsi “entrer” dans un musée pour fairepartie de son public. Mais on perd ce statutaussitôt après avoir quitté ce lieu! Qui plusest, ce franchissement peut être purementsymbolique: les individus ne se rendent pastoujours physiquement dans un lieu qui lesconstitue en public ; ils se contententsouvent de “tourner le bouton” qui donneaccès à un espace virtuel comme la scènetélévisuelle ou radiophonique. Dans ce cas,on peut même considérer comme membredu public quelqu’un qui a allumé son postede télévision, tout en faisant autre choseque la regarder ou qui fait plusieurs chosesà la fois.

Les relations au public sont-ellesconçues différemment dans unmusée scientifique et dans un muséed’art par exemple?

Le rapport à la culture n’est pas le même.Dans un musée d’art, il est conçuessentiellement comme une expérience dedélectation, dans une conception durapport à l’art cher à André Malraux.Chaque individu est mis en contact, face àface, avec une œuvre. Les dispositifsd’interprétation sont généralement sobres,très discrets. Dans un musée de science, ons’adresse non pas à des individus renvoyésà leur propre subjectivité, mais à des

personnes censées partager toutesensemble les valeurs de la rationalitéscientifique, laquelle fonde l’appartenance àun collectif politique et social.On invite un large public à un partage dusavoir. Les dispositifs de médiation sontomniprésents et doivent servir à atteindreun objectif pédagogique. C’est pourquoilorsque des études sont menées auprès dupublic dans ces lieux, on va très souvents’interroger sur le point de savoir si lesgens ont retenu quelque chose. Onpourrait encore compléter cette typologieen évoquant le cas de l’écomusée quientretient des relations privilégiées, nonpas avec un large public, indifférencié ouuniversel, mais avec une population locale,un tissu social d’usagers et d’associations.Cela dit, dans la réalité, ces trois modèlesne sont évidemment pas étanches.Actuellement, un certain sentiment de crisedes relations entre les publics et lesinstitutions est peut-être lié à unecontradiction forte entre eux.

Propos recueillis par E.G. et C.R.

Joëlle Le Marec est maître deconférences, responsable de l’équipede recherche Communication, Cultureet Société, à l’École normalesupérieure lettres et scienceshumaines de Lyon. Sa bibliographie et certaines de ses publications sontdisponibles sur le site:http://www.ens-lsh.fr/labo/c2so

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22 [ulp.sciences - n°12 - juillet 2003

agenda culturel 2003

culture]

> Jusqu’au 6 juilletD’eau et de lianes, au Musée zoologique deStrasbourg.Une centaine de photographies de GérardLacoumette pour présenter la richesse de laforêt alluviale du Rhin.

> Du 15 juillet au 15 septembreConcours international des photographes denature 2002, au Musée zoologique deStrasbourg.

Cette exposition est une invitation au voyage àtravers l’Espagne, la Suisse, le Kenya, la Namibie,le Chili, le Japon, les Iles Hébrides, le Costa Rica,l’Australie… Un éloge à la beauté et à la magiede la nature qui rassemble de magnifiquesphotographies. De quoi vous donner l’envie departir avec votre appareil en bandoulière.

Du 26 septembre au 4 janvier 2004Mers et océans : les collections cachées dumusée, au Musée zoologique de Strasbourg.Une occasion de découvrir les spécimens marinsdes réserves.Araignées du Japon, oursins etétoiles de mer étranges, éponges aux multiplesformes, coquillages extraordinaires, coraux…permettent de faire un tour du monde au fonddes mers.

Musée zoologique: 03 90 24 04 89

La crypte aux étoiles, au Planétarium deStrasbourg.Cet été, une large part de l’animation seraconsacrée à l’actualité solaire. À noter, si letemps le permet, l’observation des tachessolaires dans les jardins de l’Observatoire àl’aide d’une petite lunette astronomique.

Planétarium: 03 90 24 24 50http://planetarium.u-strasbg.fr

Expositions

Sur l’internet, naviguer n’est pas pécher… par contre, pêcher à l’aveuglette risquede ramener dans le “filet” du “net” toutes sortes de poissons dont la qualité n’est

pas garantie ! Faites l’expérience à propos de Jean-Sébastien Bach!Vous apprendrez d’abord que Bach était un génie précurseur en mathématiques. Citonsune conférence “The Mathematics of Counterpoint”, où Brad Friedman admet que“quoique Evariste Galois (1811-1832) ait été le premier à utiliser le terme “groupe”, il sepeut que Bach ait eu une compréhension intuitive partielle de la théorie des groupes.” Si vous êtes sceptique, sachez au moins qu’on peut ramener les lois de constructiondes compositions de Bach à la règle du Nombre d’or, et qu’on ne peut rendre justiceà la profondeur de ses œuvres qu’en mettant à jour leurs fondements mathématiques…Vous apprendrez surtout que Bach était obsédé par les nombres.De patients chercheursayant compté le nombre de notes, de mesures, de morceaux dans toute son œuvre, etappliqué aux notes de musique exprimées dans la notation anglo-saxonne (La=A, Si=B,Do=C…) un codage numérique (A=1, B=2…, recette dérivée de la guématria kabba-listique), ont retrouvé partout non seulement le code BACH = 2+1+3+8 = 14, maisaussi plus de cent variantes de son nom et de ses prénoms diversement abrégés, ainsique sa date de naissance (21 mars 1685), et même le jour précis de sa mort (28 juillet1750) ! Pour approfondir encore ces mystères, on peut trouver aussi, crypté dans lamusique de Bach, le nom du mythique fondateur de la confrérie des Rose-Croix, fraterChristian Rosencreutz, ainsi que des nombres le désignant (1378, année de sa nais-sance, 106, l’âge auquel il serait mort…).Tout s’explique: l’harmonie de l’univers et lamusique des sphères sont gouvernées par les nombres, et l’avenir est connu des initiésrosicruciens, dont faisait évidemment partie J.-S. Bach!Mais que faut-il retenir de tout cela? D’abord, concernant Bach, ramenons les affirma-tions énoncées plus haut à de justes proportions: il est admissible que la rigoureuse com-binatoire formelle exhibée par Bach dans les Variations Goldberg, dans l’Art de la Fugue,et complétée par les 14 canons découverts à Strasbourg en 1974, fasse de lui un ancêtrede la musique sérielle ; de plus, il est incontestable que les considérations de symétriejouent pour ce compositeur un grand rôle. C’est le cas dans l’Offrande Musicale quiest une œuvre dont la structure globale est probablement palindromique (c’est la symé-trie du nom Senones, par exemple), et dont les canons font appel à plusieurs struc-tures symétriques. En passant, cela invalide totalement un jugement tel que celui deLuc-André Marcel, pour qui une telle œuvre n’a jamais été faite pour être écoutée dansson ensemble! (voir “Bach”, collection Solfèges – Le Seuil).Enfin,concernant Internet, il faut souligner deux points : tout d’abord, la plupart des pagesweb exposant les hypothèses absurdes dénoncées ci-dessus ne font que reprendre desidées publiées précédemment dans des livres, par exemple dans le gros ouvrage denumérologie de K.Van Houten et M. Kasbergen, “Bach et le Nombre” (Mardaga, Liège,1992). C’est dire que, parmi les sources d’information, Internet ne fait pas exception:le bon usage exige de faire preuve avant tout d’esprit critique! D’autre part, les mil-liards de pages web contiennent, comme dans la nouvelle de Borges “La bibliothèque deBabel”, le poison et le contre-poison, les hérésies et leur réfutation. En effet, plusieurssites se proposent une tâche de démystification, comme vous pourrez le vérifier parexemple aux adresses suivantes :http://www.peiresc.org/Corten-1.pdfhttp://www.entretemps.asso.fr/Nicolas/TextesNic/Bobigny.html

G. Ch.

Flâneriesscientifiques sur l’internet: J.-S.Bach

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Page 23: Magazine ulp.sciences n° 12 - juillet 2003 - unistra.fr · 2009. 10. 23. · Contacts : Caroline Rigot,conseillère technologique Alsace > ULP-Industrie Tél.03 90 41 17 69 - caroline.rigot@ulp-industrie.u-strasbg.fr

23juillet 2003 - n°12 - ulp.sciences]

culture[

Mission découverte,au SUAS, 43 rue Goethe.

Quand la Terre se réveille… Un atelier pourdécouvrir les phénomènes qui animent notreplanète. Du 30 juin au 4 juillet, de 9h à 12h, pourles 6-8 ans et de 14h à 17h pour les 9-12 ans.Du 7 au 11 juillet, de 9h à 12h, pour les 9-12 anset de 14h à 17h pour les 6-8 ans.L’école des agents secrets. Une formationaccélérée pour résoudre des énigmes, coder desinformations et acquérir les techniques pourdevenir un bon espion. Du 15 au 18 juillet, de 9hà 12h ou de 14h à 17h. Pour les 8-12 ans.Les mathématiques ludiques. Les mardis 1er et8 juillet, de 9h30 à 11h30 : atelier pour partir àla découverte des spirales et du nombre d’ordans la nature. Les jeudis 3 et 10 juillet, de 9h30à 11h30: atelier pour jongler avec les traits, lessurfaces et les volumes. Pour les 9-12 ans.

Les Petits débrouillards d’Alsace,au SUAS, 43 rue Goethe.

Les fusées à eau. Une initiation au métier delanceur de fusées, de la conception aulancement. Du 30 juin au 4 juillet : de 9h à 12h,pour les 9-12 ans, de 14h à 17h, pour les 6-8 ans.Du 7 au 11 juillet, de 9h à 12h, pour les 9-12 ans.Les avions. Pour construire différents modèlesde machines volantes et découvrir le monde del’aéronautique. Du 7 au 11 juillet, de 14h à 17h,pour les 6-8 ans. Du 15 au 18 juillet, de 9h à 12h,pour les 6-8 ans et de 14h à 17h, pour les 9-12 ans.Mission culture scientifique et technique: 03 90 24 06 13

http://science-ouverte.u-strasbg.fr

L’atelier des p’tits jardiniers,au Jardin botanique.

L’été sens dessus-dessous. Explosion de fleurs,de fruits, de p’tites bêtes… Rendez-vous pourun rallye des sens. Du 30 juin au 4 juillet, de 9h à12h, pour les 4-5 ans. Du 7 au 11 juillet, de 9h à12h. À noter, une journée complète le mercredipour les 6-8 ans.Quand les plantes s’adaptent. Du 25 au 29 août de 9h à 12h. À noter, une journéecomplète le mercredi pour les 10 ans et plus.

Jardin botanique03 90 24 18 86 ou 03 90 24 18 65

Les animations d'été,au Musée zoologique de Strasbourg.Tropiques. Découverte de la forêt tropicale.Les mercredis 2 juillet, 9 juillet, 20 août et 27 août, de 9h30 à 11h30 et de 14h à 15h30.Pour les 4-7 ans.Zoopoursuite. Jeu pour partir à la découvertedu Musée zoologique. Les jeudis 3 juillet,10 juillet, 21 août et 28 août, de 9h30 à 11h15.Pour les 8-12 ans.

Ateliers d’étémultimédia

Bestiaire de pierre. Rallye à la découverte dubestiaire de pierre strasbourgeois. Les jeudis 17 juillet et 24 juillet, de 10h à 16h.Pour les 8-12 ans.

Découvrir les animaux à Strasbourg. Deuxjours pour apprendre à observer et reconnaîtreles oiseaux, et partir sur le terrain (sortie dansla réserve naturelle du Rohrschollen et autourde l’étang du Karpfenloch). Les 15 et 16 juillet etles 22 et 23 juillet. Le mardi de 10h à 12h et de14h à 16h, le mercredi, de 10h à 16h.

Musée zoologique: 03 90 24 04 93

Au rythme du Soleil,au Planétarium de Strasbourg.

Au programme : spectacle, visite de la coupoleet animations pour tout apprendre sur l’étoile laplus proche de la Terre. Les mercredis 9 et 16juillet, de 14h à 17h. Pour les 8-12 ans.

Planétarium: 03 90 24 24 50http://planetarium.u-strasbg.fr

Samedi 20 et dimanche 21 septembreJournées du PatrimoineLa vingtième édition des Journées duPatrimoine est placée sous le thème du“patrimoine spirituel”. Deux jours pourdécouvrir, sur l’ensemble du territoire, denombreux édifices et sites liés aux grandscourants de pensée, religieux, philosophiques,intellectuels et moraux. À cette occasion, lesstructures muséales de l’ULP ouvrent leursportes.

Le Village culturelRendez-vous place Broglie avec les structures etles institutions culturelles locales.

Mission culture scientifique et technique03 90 24 06 14

http://science-ouverte.u-strasbg.fr

D. G-B

Événements

Info-Ado:le siteconseil aux adolescents

http://info-ado.u-strasbg.fr

Depuis mai2001, le site Info-Ado, créé par le PôleDéveloppementd’ULP Multimédiamet à dispositiondes médecinshospitaliers descentres d’accueil Info-Ado, une plate-fome logicielleaccessible par internet, articulée autour d’unebase de données et présentant des informationssous la forme d’un site web.À l’initiative d’Israël Nisand, professeur demédecine et chef du service de gynécologieobstétrique au Centre médico-chirurgical etobstétrical (CMCO) de Schiltigheim, l’équiped'Info-Ado propose aux jeunes qui s’interrogentsur leur sexualité de répondre à leurs questionset fournit de nombreuses informations et conseils.Ce site reçoit environ 15 000 visiteurs chaquemois. Ceux-ci peuvent poser leurs questions etconsulter près de 7 000 réponses. En outre, desinformations complémentaires, un abécédaire detous les termes touchant à la sexualité sontdisponibles à partir des différentes rubriques.Les dialogues s’effectuent en toute confidentialité.La collaboration entre les médecins de l’équiped'Info-Ado et ULP Multimédia permet d’informeret de conseiller les adolescents rapidement.

L.P.

Science–citoyen

http://science-citoyen.u-strasbg.fr

Site web deculturescientifiqueadministré par la Mission culturescientifique del’ULP.

Outil de culture scientifique, Science-citoyenpropose tous les trois mois un dossier mêlantscience et société. Clonage, OGM, ondesélectromagnétiques, effet de serre, maladies à prion… Déjà 10 dossiers disponibles, mis à jourrégulièrement, et qui donnent une informationclaire et objective afin que le citoyen se forge une opinion. Les internautes (lycéens, étudiants,enseignants, grand public) sont invités à envoyerleurs remarques et à poser des questionsauxquelles les scientifiques de l’ULP répondent en ligne.

T.P.

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portrait]

Vous n’avez personne d’autre ?” : si Nicolas Ménardmanifeste tant de joie à l’idée de cette interview,

c’est qu’il est débordé. Il mène de front sa licenced’économie et gestion des entreprises, et sa fonctionde vice-président (VP) étudiant à l’ULP. Et ses jour-nées ne sont visiblement pas assez longues ! Il meconsacrera pourtant deux précieuses heures.Et là, sur-prise ! Du haut de ses 21 ans, en plus de l’agenda,Nicolas a aussi l’aisance, le ton posé, le vocabulaire del’homme politique… Mais quelques minutes suffisentà oublier le décalage entre son discours et son allurefiliforme, un rien dégingandée : il n’a pas été élu parhasard. Les débats politiques, le fonctionnement de lasociété et du monde: Nicolas veut comprendre. C’estune idée fixe, un moteur. Les sciences économiquesau lycée lui apportent les premiers éléments deréponse. Après un baccalauréat série Economique etsociale, il poursuit sa quête et s’inscrit naturellementà la Faculté des sciences économiques et de gestionde l’ULP, en septembre 2000. Les étudiants de pre-mière année y sont “pris en main” par l’Association desétudiants en sciences économiques de Strasbourg(AESES). Pendant une semaine, on leur propose soi-rées, visites guidées, projections… Et là, c’est le déclic.Il intègre l’AESES dès le mois d’octobre. Après “uncoup de main à droite, à gauche”, il devient responsablede la coopérative étudiante au 2e semestre, puis res-ponsable de l’ensemble des services de l’association.Photocopies, papeterie, confiserie, polycopiés, cartestéléphone, annales : il est au cœur de la vie étudiante.Il bûche en groupe, pour “profiter des forces et compen-ser les faiblesses de chacun” et réussit son année hautla main. Il participe à l’organisation de l’accueil de lanouvelle promotion, à son tour, au sein d’une AESESrenforcée et structurée. En octobre 2001, en plus deson cursus de DEUG, il s’inscrit en année préparatoireà l’ENS Cachan. Mais il veut “comprendre la vie univer-sitaire en profondeur” et cette motivation aura raisondes 15 à 20 h de cours hebdomadaires qu’il s’est rajou-tés. Il relance “Les échos d’éco” le journal de la Faculté,qui ne paraissait plus depuis 4 ans, puis s’investit dansla mise en place du nouveau projet de cafétéria. Endécembre 2001, il est élu au Conseil d’administrationde la faculté. Il y représente les 260 étudiants dedeuxième année, participe au fonctionnement de la

composante et joue le rôle de médiateur entre ensei-gnants et étudiants, au moment des examens. Sonmandat d’un an lui paraît trop court pour vraimentconnaître “la manière dont ça tourne” et avoir une visionglobale du fonctionnement de l’ULP. Il contribue néan-moins au remaniement du DEUG de Sciences écono-miques et gestion. Son engagement devient tel qu’ilabandonne les cours au dernier semestre. Il s’impliqueénormément dans les élections des représentants étu-diants au Conseil d’administration du CROUS de mars2002. Il prend part à la préparation de la campagne auniveau du PEGE et les sites voisins : il n’est pas peu fierdes 333 votants de cette année-là au PEGE (contre 220en 2000). Il obtient sa 2e année de justesse et enchaîneavec un job d’été.Agent de surveillance à mi-temps, ilpasse ses vacances sur le campus, avec une dizaine demembres de l’AESES,pour préparer la venue de la nou-velle promotion, organiser un forum autour du sec-teur public, mettre sur pied un banquet... Ce travailénorme dont la plupart des étudiants n’ont pasconnaissance constitue la partie cachée de l’iceberg.Car, reconnues par l’institution, les associations souf-frent d’un manque de lisibilité auprès des étudiants.Bientôt, les efforts de l’AESES portent leurs fruits :rentrée réussie et ouverture de la cafétéria en sep-tembre, réforme du DEUG appliquée en octobre,succès du forum et du banquet en novembre. Le bilande Nicolas est à l’image du bilan collectif : l’Universitéa bien rempli sa mission citoyenne envers lui et s’il exis-tait un diplôme de connaissance de l’institution, il nese ferait pas de souci pour la mention… Mais, il passedéjà à autre chose : il prépare les élections universi-taires de décembre 2002 et sa candidature à la vice-présidence étudiante, aidé par le VP étudiant en place,Maximilien Muller. Aujourd’hui, soutenu par le Bureaude la vie étudiante, “une grande famille”, il partage sontemps entre conseils, réunions, missions... Et les coursdans tout ça ? Il avoue avoir du mal à assumer sesétudes, tout comme ses prédécesseurs :ce qui n’est pasdu goût de son père, pourtant fortement engagé lui-même. Nicolas m’assure que, son mandat terminé, ilconsacrera toute son énergie à sa scolarité. Il n’a pasle choix s’il veut devenir enseignant-chercheur!

V.A.-B.

en quelquesdates

14 avril 1982Nicolas Ménard naît à Beaumont.

Juin 2000Dès la classe de seconde,il s’intéresse de près à la gestion etaux sciences économiques,“devraies sciences, concrètes, proches desêtres humains” et obtient son Bac ES à Molsheim.

Septembre 2000 – juin 2002Ses deux premières années deDEUG mention Scienceséconomiques et gestion à l’ULP leconfortent dans son choix. Pourfinancer ses études, il travaille unepartie de l’année: équipier chezMac Donald, manœuvre enbâtiment, agent de surveillance…Ces jobs ponctuels lui permettentde vivre à Strasbourg. Il intègrel’AESES, où il prend rapidement denombreuses responsabilités.En décembre 2001, il est élu auConseil d’administration de laFaculté des sciences économiqueset de gestion.

Septembre 2002Il s’inscrit en licence d’économie etgestion des entreprises à l’ULP.

Janvier 2003Il est élu vice-président étudiant à l’ULP. Deux créneaux lui sontparticulièrement chers : la politiqueinteruniversitaire (il travaille encollaboration étroite avec les VPétudiants des autres universités),et la formation des élus étudiants.Ses responsabilités actuelles ne luipermettent plus de profiter autantde cette vie étudiante, qu’il aimetant!

À l’heure où l’on pleure le désintérêt des individus pour la chose publique, certains continuent pourtant à défendre les intérêts d’autrui. Nicolas Ménard, économiste en herbe,s’est engagé… Depuis février 2003, il représente les 17000 étudiants de l’ULP, toutes disciplines et étiquettesconfondues. Être vice-président étudiant n’est pas une minceaffaire.Ambition, sens aigu des responsabilités oudévouement, qu’est-ce qui fait courir Nicolas?

Penser collectif

Nicolas Ménard