magazine Élites - Édition montréal économique vol. 2 no. 1
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Sciences de la v ie, Aéronautique, TICTRANSCRIPT
PP 41614528
9,95 $
édit
ion
201
1Montréaléconomique
VOLUME 2 NUMÉRO 1
SCIENCES DE LA VIE | AÉRONAUTIQUE | TIC
SCIENCES DE LA VIE
Un écosystème en transformationTECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
Montréal a les moyens de voir grandAÉROSPATIALE
À Montréal, c’est l’aérospatiale!
Couvert_élites_v2n1_Mise en page 1 11-03-24 15:00 Page1
Montréal
vous avez un projet? [email protected] montreal2025.com 514 872-2025
Les projets prennent vie. La ville se transforme.
Montréal 2025 se construit.
Montréal, une métropole audacieuse et innovante
où les talents convergentpour créer et réussir.
métropole de créateurs
Couvert_élites_v2n1_Mise en page 1 11-03-29 17:00 Page2
Au cours des dernières décennies, l’économie montréa-
laise s’est profondément transformée. Aujourd’hui, la
« classe créative » contribue de façon importante à la
croissance de secteurs de pointe. Il s’agit de travailleurs
et d’entrepreneurs qui proposent de nouvelles pratiques,
de nouvelles idées, de nouvelles technologies et de
nouveaux produits. C’est particulièrement évident dans
les grappes industrielles, comme celles des sciences de
la vie, de l’aérospatiale et des technologies de l’informa-
tion et des communications.
Ce Montréal de créateurs ouvre la porte à un Montréal
de collaboration qui réunit spontanément des chercheurs,
des artistes, des gens d’affaires avides d’entreprendre
des projets communs. Ainsi, les designers de mode
habillent maintenant des personnages virtuels, les arts
du cirque s’approprient des technologies de pointe, les
biotechnologies servent l’environnement et l’aérospatiale
« devient verte ». De telles rencontres naissent les plus
grands succès.
Montréal s’affirme donc comme une métropole audacieuse
et innovante où les talents convergent pour créer et
réussir ensemble, un lieu inspirant où vivre, travailler et
se divertir, une ville où l’on peut se réaliser pleinement.
Grâce à des projets qui prennent forme partout dans l’île,
nous continuons chaque jour à bâtir cette métropole
inspirante.
Gérald Tremblay
Maire de Montréal
Montréal, métropole de créateurs,
métropole de collaboration
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:26 Page3
4 — Montréal économique – édition 2011
MONTRÉAL ÉCONOMIQUE
Un écosystème en transformation
Montréal InVivo :défis et stratégies
La richesse de larecherche montréalaise
Des constructionspour les soins de santé
Soins de santépersonnalisés
Une solidechaîne d’innovationpour les médicaments
Traiterla scoliose
Créer des tissus......et évaluer des tissus
Le Centre de recherchede l’Institut Douglas
La Citéde la Biotech
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SCIENCES DE LA VIE
Mot de la rédaction
Vers Montréal 2025
Pour des créateurs d’affaires à Montréal
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ÉDITORIAL
TIC :Montréal a les moyensde voir grand
Les PME technologiques,championnes de l’innovation
55
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TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
À Montréal,c’est l’aérospatiale !
Les PMEde l’aérospatiale
63
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AÉROSPATIALE
Sommaire
ÉDITEUR:Jacques Boisvert
RÉDACTRICE EN CHEF:Danielle Ouellet
ÉQUIPE DE RÉDACTION:Catherine Flores, Danielle Ouellet, Sybille Pluvinage et Mathieu-Robert Sauvé
RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES:Hélène Larue
DIRECTION ARTISTIQUE ET INFOGRAPHIE :Carole Bordeleau
ILLUSTRATION EN PAGE COUVERTURE :Istockphoto par Nataliya Kuvaeva
PUBLICITÉ :Zoé Lafond
IMPRESSION :Imprimeries Transcontinental S.E.N.C.2850, rue Jean-PerrinQuébec (Québec) G2C 2C8
DISTRIBUTION EN KIOSQUES :Messageries de Presse Benjamin
ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS :Convention no PP 41614528
ADRESSE DE RETOUR :599, boulevard Sir-Wilfrid-LaurierBelœil (Québec) J3G 4J1
Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque nationale du Québec, 2010.
La direction laisse aux auteurs l’entière responsabilité de leurs textes. Elle se dégage de toute responsabilité face au matériel non sollicité. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur.
Élites est publié par Jacques Boisvert Communications inc.
599, boulevard Sir-Wilfrid-LaurierBelœil (Québec) J3G 4J1
Téléphone: 450 446-2006 Sans frais: 1 866 446-3185 Télécopieur: 450 446-1442
[email protected] www.jacquesboisvert.com
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ette parution d'un spécial « Montréal économique » du magazine Élites marque d'une note
d’espoir les perspectives des prochains mois. Et pourquoi pas ? La crise économique a fait
mal, c'est vrai, mais sans un regard confiant vers l'avenir, trouver le courage de poursuivre
devient une lourde tâche et les changements vers le meilleur stagnent.
L'optimisme est sans nul doute le dénominateur commun de tous les témoignages des hommes
et des femmes d'affaires, des chercheurs et des chercheuses, des dirigeants et des dirigeantes
interviewés ici par les journalistes d'Élites.
Le secteur des sciences de la vie a connu son lot de difficultés au cours de la dernière décennie,
mais aujourd'hui, tous les acteurs font converger leur énergie pour lui donner un nouveau souffle
en misant sur les avancées scientifiques de l'heure liées, notamment, à la génomique. Les compétences et les succès
montréalais dans le domaine des technologies de l'information et des communications sont encore méconnus : les efforts
pour les faire rayonner ici et à l'étranger se multiplient. Et l'aérospatiale a le vent dans les voiles! Sa croissance s'est
poursuivie malgré la récession et elle prépare l’avenir en assurant la formation de la relève à l'université, mais aussi...
dès le primaire !
Les multiples chantiers de construction qui jalonnent déjà la ville de Montréal ne sont que la pointe de l'iceberg : un tas
de projets en cours ou en émergence soutiendront le développement économique de la métropole au cours des
prochaines années. À l'heure actuelle, les transports, les finances et les technologies propres s'organisent en grappes, la
culture continue d'être alimentée par des artistes audacieux, tenaces et déterminés, tandis que la mode et le design
acquièrent leurs lettres de noblesse. Ces thèmes feront l'objet du prochain numéro thématique « Montréal économique »
d'Élites. À surveiller, pour mieux connaître la situation et, surtout, pour participer activement au déploiement d'une
nouvelle qualité de vie à Montréal.
Danielle Ouellet
Rédactrice en chef, Élites
5Montréal économique – édition 2011 —
Mot de la rédaction
DANIELLE OUELLET
Un élan d'optimisme à Montréal
C
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:26 Page5
Gérald Tremblay
OÙ CONVERGENT VOTRE VILLE ET LE MONDE
Une fois de plus, Aéroports de Montréal met tout en œuvre afi n de privilégier la simplicité et la commodité pour ses usagers. Cette fois, c’est en planifi ant un service de navette nommé Aérotrain, qui reliera l’aéroport et le centre-ville en 20 minutes seulement. Ainsi, cette navette réduira la circulation automobile, les gaz à effet de serre, et le stress du voyagement durant
les heures de pointe et les intempéries. L’Aérotrain fait également partie d’une initiative encore plus vaste visant à améliorer le transport collectif en provenance et à destination de l’ouest de l’île. Il s’agit donc d’un lien essentiel au développement de Montréal, et d’un projet que nous sommes très fi ers de mettre sur les rails. Pour en savoir davantage, consultez le www.admtl.com
et aérogare
Oùconvergentaérotrain
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:26 Page6
EN 2025, MONTRÉAL DEVRAIT COMPTER PARMI LESMÉTROPOLES NORD-AMÉRICAINES AFFICHANT LENIVEAU ET LA QUALITÉ DE VIE LES PLUS ÉLEVÉS.C’EST LE GRAND OBJECTIF À LONG TERME DU PLANDE MATCH MONTRÉAL 2025 ADOPTÉ EN 2005 ETREPRIS DANS LA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENTÉCONOMIQUE DE LA VILLE. ÉLITES A RENCONTRÉ RICHARD DESCHAMPS, MEMBRE DU COMITÉ EXÉCUTIF DE LA VILLE DE MONTRÉAL ET RESPON-SABLE DES GRANDS PROJETS, DU DÉVELOPPEMENTÉCONOMIQUE, DES INFRASTRUCTURES ET DE LAVOIRIE, QUI BROSSE UN PORTRAIT DES ACTIONS ENCOURS ET À VENIR POUR RÉALISER CE VASTE PLAN.
Élites. Dans quelques années, leplan de match Montréal 2025
arrivera à mi-parcours et vous
livrerez sous peu la nouvelle stra-
tégie de développement écono-
mique 2011-2015. Dans quelle
direction la Ville oriente-t-elle ses
actions en vue de cette étape ?
Richard Deschamps. La visionMontréal 2025 constitue la grande
trame de fond, l'horizon à long terme
dans le cadre duquel se situent
nos grands projets. La stratégie
de développement économique
2011-2015 campe pour sa part les
actions qui seront mises en œuvre
au cours des cinq prochaines années
dans le grand champ de l’économie.
Ainsi, nous mettons actuellement
la table pour les célébrations, en 2017, du 350e anniver-
saire de la ville, du 150e anniversaire de la Confédération
canadienne et du 50e anniversaire de l'Expo 67. Les
projets en cours de réalisation sont nombreux et diversifiés.
Ils nous garantissent que la table sera bien garnie.
VersMontréal 2025
Par Danielle Ouellet
RICHARD DESCHAMPS
7Montréal économique – édition 2011 —
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Le Quartier des spectacles, par exemple, a commencé à
transformer le centre-ville et à modifier le visage culturel
de Montréal. La construction s'y poursuit sur une super-
ficie d'un kilomètre carré, autour du noyau existant, pour
des investissements prévus de 1,9 milliard de dollars. Les
artistes y seront de plus en plus présents et les citoyens
y trouvent déjà un secteur stimulant. Nous planifions
la deuxième étape, qui sera réalisée vers l'est, entre le
boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Hubert. Véritable
attrait touristique en soi, cet ensemble au design haut
de gamme deviendra un carrefour incontournable de la
création et de la diffusion artistiques. Imaginez, on retrouve
dans ce quadrilatère une concentration plus élevée de
sièges de spectacle qu’à Broadway !
8 — Montréal économique – édition 2011
MONTRÉAL ÉCONOMIQUE
PHOTO : VILLE DE MONTRÉAL
2010 : UNE ANNÉE RECORD POUR LE TOURISME À MONTRÉAL
>> 7,6 millions de touristes à Montréal, soit 40 % de tous les touristes venus au Québec
>> Croissance de 10,4 % du nombre de passagers embarqués/débarqués
>> Ajout, depuis 10 ans, de 17 hôtels, soit 5 000 chambres dans le Grand Montréal, pour des investissements de 300 millions de dollars
>> Croissance de 8,2 % du nombre de chambres vendues
>> Augmentation de plus de 13 % du nombre de chambres occupées entre mai et octobre
>> Croissance de 4,2 % du taux d'occupation
>> 950 000 touristes ont payé un droit d'entrée dans un musée ou ont visité une galerie d'art
>> 300 congrès, colloques, séminaires et réunions d'affaires, pour 307 000 participants, se sont tenus chaque année depuis 10 ans
>> Le tourisme à Montréal représente 40 000 emplois et 1,8 milliard versé en salaires et en avantages sociaux dans l’industrie
et chez les fournisseurs de l'industrie touristique.
Source : Charles Lapointe, président-directeur général, Tourisme Montréal, Montréal moteur du développement touristique du Québec, 7 février 2011.
É. La créativité des artistes montréalais, souvent évoquée,peut-elle devenir une force économique ?
R. D. Bien sûr. La richesse culturelle de Montréal contribueà créer un milieu de vie dynamique, ce qui constitue une
énorme force d'attraction pour la métropole, autant pour
les entreprises que pour les touristes, les spécialistes de
plusieurs domaines et les étudiants.
Mais la créativité montréalaise va bien au-delà du monde
culturel. Elle représente un pilier sur lequel nous pouvons
nous appuyer pour accélérer le développement de notre
économie et faire rayonner notre ville. Les créateurs se
trouvent bien sûr dans les secteurs de la mode et du design
(voir encadrés p. 13). Ils sont aussi au cœur des grappes
industrielles – Sciences de la vie, Aérospatiale, Technologies
de l'information et des communications – en plus du cinéma
et de la télévision, où Montréal occupe une place enviable
en Amérique du Nord et même sur la scène internationale.
Deux nouvelles grappes viennent de voir le jour, Services
financiers et Technologies propres, et la grappe Logistique
et transport est en bonne voie de concrétisation.
É. Comment la créativité se manifeste-t-elle dans ces domaines économiques ?
R. D. Le savoir et la créativité conduisent à l'innovation.Qu'il s'agisse de développer des médicaments ou des
approches pour aborder la maladie, de concevoir un
nouveau moteur ou un avion, ou encore, de mettre au point
des logiciels et des jeux vidéo, la créativité est véritable-
ment une marque de commerce de Montréal.
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page8
É. La pénurie de main-d'œuvre est souvent évoquée.
Comment Montréal envisage-t-elle cette situation qui
peut mettre en péril la croissance de son économie ?
R. D. La décroissance démographique nous place en
effet devant ce défi important. D’ici 2012, on estime à
700 000 le nombre de postes qui seront à combler au
Québec. De plus, en 2011, 100 % de la croissance de la
main-d’œuvre reposera sur l’immigration. À moins d'actions
immédiates, nous ferons face, d'ici quelques années, à
une situation difficile. Nous sommes dans une phase de
transition. C'est pourquoi nous misons dès maintenant sur
l'accroissement de l'attractivité de Montréal en consacrant
des sommes importantes à l’amélioration de l’environne-
ment d'affaires, de l’offre touristique et de la qualité
du milieu de vie. De plus, nous ciblons la réussite de
l'intégration économique des immigrants et nous nous
employons à attirer des talents stratégiques qui comble-
ront les besoins des entreprises. À cet égard, le travail de
Montréal International, qui vend Montréal comme ville
de savoir à l'étranger, est crucial.
É.Cette approche implique que tous travaillent ensemble.
R. D. La collaboration est au cœur de la stratégie écono-
mique de Montréal, elle est absolument essentielle à
sa réussite. Heureusement, sur ce plan, Montréal se
distingue nettement de la plupart des grandes villes.
Il existe chez nous une habitude et une volonté de
collaborer qui deviennent une force en soi. Les grappes
industrielles rassemblent autour d'une même table et d'un
objectif commun tous les acteurs d’un milieu donné.
9Montréal économique – édition 2011 —
PHOTO
: VILLE DE MONTRÉAL
Nous allons plus loin, cependant, en favorisant la collabo-
ration entre tous les secteurs. Le Cirque du soleil est un
exemple lumineux de convergence des arts du cirque, de
la mode et de l'exploitation des technologies avancées.
Avec la boîte montréalaise d'animation multimédia Moment
Factory, le Cirque a créé un spectacle hybride inédit. Des
rencontres ont aussi eu lieu entre des représentants de la
Société des arts technologiques de Montréal (SAT) et de
l'hôpital Sainte-Justine : des enfants malades pourront
bénéficier de la recherche dans le domaine des arts
technologiques. Nous avons l'intention de travailler de plus
en plus à la frontière des secteurs et des technologies.
La mixité et la collaboration entre les grappes seront
fortement encouragées.
La présence à Montréal de 11 établissements universi-
taires dont quatre universités – l'Université de Montréal,
l'Université du Québec à Montréal, l'Université McGill,
l'Université Concordia – témoigne par ailleurs de l'importance
de la ville comme pôle de savoir. Les 170 000 étudiants
qui les fréquentent, dont 17 000 proviennent de l'étranger,
placent la métropole au second rang quant à la densité
d'étudiants universitaires en Amérique du Nord, tout juste
derrière Minneapolis.
Outre les artistes qui créent des œuvres d'art, de nombreux
chercheurs et étudiants ainsi que des entrepreneurs
et des travailleurs élaborent des idées nouvelles, des
projets et des produits novateurs. Il faut désormais parler
d’« économie créative ».
UN FOISONNEMENT DE CHANTIERS DE CONSTRUCTION À MONTRÉALUn total de 162 chantiers de construction dont la valeur est de 5 millions
de dollars ou plus sont en cours sur le territoire de l'agglomération de
Montréal. Parmi ceux-ci, on compte 70 projets institutionnels et com-
merciaux, 65 projets résidentiels, 29 projets de génie civil et de voirie
ainsi que 2 projets industriels.
Source : Site Internet, Ville de Montréal, Montréal en statistiques
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Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page10
Il faut se rappeler comment, dès 1985, cette créativité
intersectorielle a marqué d’une certaine façon la transfor-
mation de notre tissu industriel. C’est l’histoire de quatre
jeunes à peine sortis de l’école et ayant réalisé un court
métrage d’animation par ordinateur qui a révolutionné
l’industrie. En appliquant l’infographie au cinéma, ils ont
produit un petit film révolutionnaire, intitulé Tony de
Peltrie . Pour la petite histoire, un des quatre jeunes était
Daniel Langlois. Vous connaissez le succès qu’il a connu
par la suite en créant des logiciels d’animation utilisés
notamment pour Jurassic Park. Voilà ce qu’une collaboration
entre des artistes et des concepteurs, un programmeur
informatique et le Département de mathématiques de
l’Université de Montréal peut faire !
É. Comment l'innovation se manifeste-t-elle dans la ville ?
R. D. Il suffit de se promener à Montréal pour constater
rapidement que les chantiers sont nombreux et que le pay-
sage urbain est en train de se transformer de manière très
importante. L'innovation urbaine est un moteur de déve-
loppement majeur dans la perspective de Montréal 2025.
Dans le sud-ouest, par exemple, le Havre de Montréal est
pour nous une priorité économique, qui permettra de
créer un milieu de vie dynamique où les gens pourront
se réapproprier quelque 10 kilomètres carrés d'espaces
11Montréal économique – édition 2011 —
ILLUSTRATION : V
ILLE DE MONTRÉAL
riverains et retrouver un accès au fleuve. Plusieurs défis sont
en jeu, dont l'intégration des différents développements
dans une vision d'ensemble et la réalisation des travaux
de rabaissement de l'autoroute Bonaventure.
Des chantiers majeurs qui contribueront à faire de Montréal
une technopole de premier plan sont aussi en cours. La
construction du Centre hospitalier de l'Université de
Montréal (CHUM) et celle du Centre universitaire de
santé McGill (CUSM), sans oublier le CHU Sainte-Justine
et autres grands centres hospitaliers montréalais, exigent
des investissements majeurs (voir p. 31). S'ajoutent à ces
projets ceux du Campus Outremont et du Quartier de
l'innovation autour de l'École de technologie supérieure
(ETS), qui viendront accélérer et diversifier le développe-
ment des quartiers centraux. Au total, plus de 10 milliards
de dollars seront investis dans les chantiers et dans les
campus universitaires.
De plus, une initiative majeure, Espace pour la vie - Muséums
nature, viendra consolider l'environnement scientifique
autour des établissements comme le Jardin botanique,
l’Insectarium, le Biodôme et le tout nouveau Centre sur la
biodiversité de l'Université de Montréal réalisé grâce à un
investissement de plus de 25 millions. Une grande esplanade
et des espaces dynamiques seront également ajoutés
dans ce secteur. L’Espace pour la vie accueillera en 2012
le Planétarium Rio Tinto Alcan, grâce à un investissement
de 33 millions de dollars.
É. Ces constructions sont-elles suffisantes pour assurerle développement économique ?
R. D. Elles sont essentielles, mais il ne faut pas en resterlà. L’un de nos défis sera de maximiser les retombées
économiques de ces investissements. L'immobilier et les
équipements ne suffisent pas. Pour cela, nous devons attirer
des entreprises, établir des partenariats et maximiser les
occasions d’affaires. D’ici peu, Montréal disposera d’un parc
immobilier et technologique à la fine pointe, de centres de
recherche de premier plan et d’établissements de santé qui
tirent le meilleur parti des recherches de très haut niveau.
AU DELÀ DES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES DE
NOS ACTIONS, NOUS VOULONS AVANT TOUT CRÉER
OU RECRÉER DES MILIEUX DE VIE OÙ LES GENS POURRONT
HABITER, TRAVAILLER, S'APPROVISIONNER ET S'AMUSER.
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page11
Tout cela devra mener à la création d'entreprises. Et nous
ne devons pas laisser passer cette occasion de faire
connaître Montréal. L'enjeu principal est de saisir les oc-
casions d'affaires qui découlent de ces installations, de les
mettre en valeur et de les vendre dans le monde.
É. Sur quels appuis le milieu des affaires peut-il compter
dans ce contexte ?
R. D. En lien avec les consultations récentes menées par
le ministère du Développement économique, de l’Innovation
et de l’Exportation, nous avons amorcé une réflexion sur
l'entrepreneuriat. Nous comptons travailler étroitement
avec le gouvernement et nos organismes de développe-
ment économique local pour replacer l'entrepreneur au
cœur du système, mieux répondre à ses besoins et ainsi
faciliter et encourager la création d’entreprises.
12 — Montréal économique – édition 2011
MONTRÉAL ÉCONOMIQUE
Le Centre d’entreprises et d’innovation de Montréal (CEIM) est un incubateur, établi depuis 1996, qui aide les entreprises technologiques à démarrer et à prospérer.
Le CEIM offre une gamme complète de services-conseils et coaching pour les entreprises en technologies de l’information, nouveaux médias, technologies vertes et industrielles et sciences de la vie.
Le CEIM peut vous faire profiter d’un réseau de contacts d’affaires influents.
Le CEIM offre des espaces locatifs flexibles et à tarifs avantageux dans la Cité du Multimédia, avec salles de conférence et accès sécurisé.
C’est mieux qu’à Los Angeles
« J’ai débuté à Los Angeles. Le CEIM m’a fourni tous les conseils requis pour démarrer mon studio à Montréal : planification stratégique, coaching exécutif,crédits d’impôts, capital de risque privé... »
– Benoît Girard, président de Digital Dimension, studio d’animation 3D récipiendaire de six Emmy Awards.
Un soutien administratif inestimable
« Le CEIM m’a fourni un local, du soutien administratif et de l’aide pour mon plan d’affaires. Ils ont été patients, pas du genre à calculer. »
– André Boulet, Ph.D., président de PurGenesis, fabricant de médicaments botaniques d’ordonnance ayant son bureau de direction au CEIM et une usine en construction à Montmagny.
« Une expertise unique à votre service »
514 866-0575www.ceim.org 33, rue Prince
Montréal, (Québec) H3C 2M7
Pour plus d’informations :
La Ville compte améliorer, sur une base continue, son offre
de services aux entreprises, appuyer l'économie sociale,
encourager le développement solidaire et durable, et
mettre en place une stratégie marketing d'affaires. Des
actions pour dynamiser l'est de la ville, promouvoir les parcs
industriels et assurer la pérennité des différents secteurs
d'emplois seront déployées. À cet égard, le programme
Réussir @ Montréal - Industrie (PR@M) à l'intention des
propriétaires de bâtiments industriels connaît un bon succès :
il se poursuivra encore dans les prochaines années.
É. Montréal a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
R. D. Nous croyons au développement et, pour accélérer
la réalisation des grands projets sur le territoire, la Ville
injecte une somme supplémentaire de quelque 60 millions
par année depuis 2007. Il ne faut pas oublier que de grands
projets comme les centres hospitaliers universitaires
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page12
exigent des aménagements urbains majeurs de notre part.
Ce sont des investissements importants qui rapportent à
la communauté. Nous avons aussi un appui du gouvernement
du Québec, qui aura investi 140 millions de dollars entre
2008 et 2012, et qui s'est engagé à ajouter 175 millions
supplémentaires d'ici 2017 pour soutenir la mise en œuvre
du plan de match Montréal 2025.
É. Comment ces actions contribuent-elles à accroître laqualité de la vie à Montréal ?
R. D.Au delà de leurs retombées économiques, nous voulonsavant tout créer ou recréer des milieux de vie où les gens
pourront habiter, travailler, s'approvisionner et s'amuser.
Une gare de train dans l'Est, par exemple, ne devra pas
être entourée que de stationnements pour les voitures.
Nous devons créer un quartier autour de la gare où
les citoyens trouveront les services de proximité, qui
permettent d'y vivre agréablement. À cet égard, les artères
commerciales représentent un atout indéniable en termes
d’offre de services de proximité pour les Montréalais.
C’est pourquoi nous avons consenti des ressources
importantes au PR@M – Commerce, un programme de
subvention destiné aux commerces d’une quarantaine
d’artères traditionnelles, un soutien bien concret à la
vitalité commerciale.
É. L'année 2017 est donc l'objectif immédiat ?
R. D. 2017 est un tremplin pour réaliser l'objectif deMontréal 2025 : rehausser de manière très significative
le niveau et la qualité de vie des Montréalais.
13Montréal économique – édition 2011 —
En 2006, Montréal était baptisée Ville Unesco de design, intégrant ainsi le Réseau des villes créatives
établi par l'Unesco deux ans plus tôt. Marie-Josée Lacroix, directrice du Bureau du design de la Ville
de Montréal, en explique le sens : « Pour avoir accès à ce titre, il nous a fallu démontrer notre volonté
et notre capacité de nous développer comme ville de design. Cette nomination, basée sur la présence
à Montréal d'un important bassin de talents en design, devient donc un projet en soi que nous incar-
nons au quotidien dans le chantier Réalisons Montréal, Ville Unesco de design. La métropole est une
ville de design en devenir et nous faisons tout en notre pouvoir pour réaliser cette vision.
« Ainsi, plutôt que d'attribuer des contrats de design et d'architecture par appels d'offres aux plus bas
soumissionnaires, nous nous efforçons de choisir le meilleur concept en procédant par concours, pour
lesquels un investissement de 1,2 million de dollars sur trois ans a été accordé en 2009 par le Gou-
vernement du Québec, la Conférence régionale des élus de Montréal et la Ville de Montréal. Cette
stratégie vise à hausser la qualité du cadre bâti par une meilleure et plus forte intégration des designers
en amont de nos projets. »
Le design véhicule un énorme poids économique, comme l'illustre Mme Lacroix : « Les designers, architectes, urbanistes,
designers graphiques et designers d'intérieur représentaient 25 000 emplois en 2004 à Montréal – sans compter les
créateurs numériques. » Aujourd'hui, l'enjeu principal est de garder ces gens chez nous : « Ils peuvent faire une énorme
différence quant à l'attractivité et à la compétitivité de la ville. Le Bureau du design de la Ville de Montréal travaille
activement en ce sens, en étroite collaboration avec la Chaire Unesco en paysage et environnement de l'Université de
Montréal. »
POUR EN SAVOIR PLUS : realisonsmontreal.com
MONTRÉAL,
Ville Unesco de design
PHOTO
: JULIEN
BECKER
MARIE-JOSÉE LACROIXDirectrice du Bureau du design de la Ville de Montréal
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page13
14 — Montréal économique – édition 2011
MONTRÉAL ÉCONOMIQUE
La mode à Montréal a longtemps été uniquement associée à l'industrie de la fabrication du
vêtement, celle-ci étant une force économique importante dans les années 1960, comme le
rappelle Diane Duhamel, commissaire du Bureau de la mode de Montréal, créé il y a deux ans :
« À cette époque, quelque 50 000 personnes travaillaient dans ce domaine. » Ce type d'emplois
a diminué progressivement à mesure que la Chine occupait le terrain, mais Montréal reste la
capitale canadienne de la mode pour la production de vêtements aussi bien que pour le design,
l'innovation et la commercialisation : « On y trouve 75 % de la production et du design de
vêtements au Québec et 50 % au Canada, précise Mme Duhamel. Un bassin très important
de designers de mode et de détaillants ont pignon sur rue à Montréal, et plusieurs sont très
bien établis. Une nouvelle classe apparaît : les jeunes font leur place. »
Fait notable, cette industrie affiche une
remarquable adaptabilité : « Il existe
presque autant de modèles d'affaires
que de designers, détaillants et manu-
facturiers, remarque la commissaire.
Certains font fabriquer leurs vêtements
à l'étranger, d'autres possèdent leur
propre designer à l'interne, d'autres en-
core innovent, comme Second Clothing,
le fabricant des fameux Yoga Jeans pour
lesquels le fondateur Eric Wazana a
développé son propre tissu. »
Le réseau des détaillants reste très fort et il faut encore faire connaître l'origine montréalaise
de plusieurs d'entre eux, tels Reitmans, qui possède neuf bannières et dont le chiffre d'affaires
de 1,3 milliard en fait l'un des plus performants au Canada, mais aussi Le Château et Tristan,
pour ne nommer qu'eux.
Le milieu peut s'appuyer sur des écoles de mode, à partir du secondaire jusqu'à l'université.
Le premier programme de MBA en mode en Amérique du Nord a récemment été lancé à
l'Université du Québec à Montréal. Diane Duhamel souligne aussi la présence de la mode dans
les musées : au Musée des Beaux-Arts, qui a ouvert ses portes notamment à Yves Saint-Laurent
en 2008 et au Québécois Denis Gagnon en 2010, au
Musée McCord, avec son exposition sur la mode fémi-
nine au 19e siècle, ou encore, au Musée du costume et
du textile du Québec, situé à Saint-Lambert, qui présente
ses expositions à Montréal depuis trois ans.
POUR EN SAVOIR PLUS : modemontreal.tv
LA MODE
se porte bien à Montréal
PHOTO
: DEN
IS LAB
INE, VILLE DE MONTRÉAL
DIANE DUHAMELCommissaire du Bureau de la mode de Montréal
ERIC WAZANAFondateur de Second Clothing
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page14
Élites. M. Leblanc, êtes-vous optimiste quant à l'avenir
économique des entreprises montréalaises ?
Michel Leblanc. Je suis très optimiste. Certains secteurs,dont le passé récent a été plutôt difficile, sont en train de
trouver un nouveau souffle. Leurs activités auront un impact
important sur la prospérité des entreprises montréalaises.
Le secteur minier, tout d'abord, plutôt calme au début de
la dernière décennie, reprend de la vigueur. La hausse du
prix des métaux est mondiale, ce qui augmente la valeur
des gisements et des entreprises. Au Québec, nous devons
saisir cette occasion et nous réappro-
prier un secteur délaissé. Profitons de
cette conjoncture favorable, tant sur
le plan économique que sur celui de
l'investissement! Bien sûr, l'exploitation
a lieu essentiellement en région, mais
la plupart des services connexes – légaux,
comptables, financiers – sont établis
dans les grands centres urbains. Après
des investissements soutenus dans
l'économie du savoir, nombre d'entre-
prises pourraient recommencer à
placer des fonds dans les mines, et les
retombées économiques pour Montréal
seraient alors très fortes. On n’entre-
voyait pas cela il y a 10 ans.
15Montréal économique – édition 2011 —
Pour des créateurs d’affaires à Montréal
Par Danielle Ouellet
MICHEL LEBLANCPrésident et chef de la direction de la Chambre de commerce duMontréal métropolitain
PHOTO
: ISTO
CKP
HOTO
PAR DZIANIS HAIKOV
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page15
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:28 Page16
Le secteur forestier, de son côté, est aussi à surveiller. Son
purgatoire est terminé, les décisions environnementales
et d'organisation ont été prises et le prix en a été payé.
Je le vois ressurgir en force dans une perspective d'environ
cinq ans, avec des retombées positives sur l'économie de
la métropole.
É. D'ici là, comment vendrez-vous Montréal et ses PME
à l'étranger ?
M. L. Montréal est sans conteste une ville dynamique,
avec un secteur privé créatif, axé sur la nouveauté. Mais
cela, nous le savons, ici, entre nous. Le grand défi est
d'associer ce pouvoir créatif à la création de valeur, de
devenir des créateurs d'affaires. J'aime rappeler l'exemple
de la firme GSM Project, qui, grâce à une intégration
médias-technologies, a revampé les anciens télescopes
placés dans des endroits stratégique et dans lesquels on
déposait une pièce de 25 cents pour observer le paysage.
On a modernisé ces appareils. Ils sont désormais munis
d'écrans numériques plats et on peut même ajouter des
informations concernant le lieu ou l'objet observés. Ils sont
maintenant présents aussi bien à Chicago qu'à Mumbai et
Shanghai. Il s'agit d'une réussite tant au point de vue de
l'innovation que de la stratégie commerciale. Nous devons
multiplier de tels succès.
É. Pour atteindre cet objectif, comment la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain appuie-t-elle les
entrepreneurs montréalais ?
M. L. Au départ, nous souhaitons faire en sorte que les
gens aient envie de démarrer leur entreprise. Le site Info
entrepreneurs (infoentrepreneurs.org) est une ressource
de premier plan. Nous offrons aussi des formations sur
des questions névralgiques telles la gestion du personnel
ou l'élaboration de contrats pour des petits entrepreneurs
qui n'ont pas de services de ressources humaines ou juri-
diques au sein de leur établissement.
17Montréal économique – édition 2011 —
-9 -6 -3 0 3 6 9 12 15 18
Toutes les industries
Serv. profess., scientifiques, techniques
Santé et assistance sociale
Administrations publiques
Services publics
Autres services
Construction
Serv. entreprises, bâtiments
Services d’enseignement
Forêt, pêche, extraction
Hébergement et restauration
Agriculture
Transport et entreposage
Commerce
Finance, assurances, immobilier
Fabrication
Information, culture et loisirs
VARIATION DU NOMBRE D’EMPLOIS DANS LA RMR DE MONTRÉAL, REGROUPEMENT PAR SECTEUR, 2009-2010 VS 2007-2008 (MOYENNES DE 2 ANS, EN MILLIERS)
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active; compilation : Développement économique Canada
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:28 Page17
Nous insistons aussi fortement sur l'exportation. Il est
important que les PME comprennent bien les limites du
marché québécois. Ainsi, nous repérons des acheteurs
potentiels de leurs produits à travers le monde, en Inde,
en Chine, en Russie, aux États-Unis. Nous organisons des
missions à l'étranger pour établir des contacts. De plus en
plus de PME percent les marchés étrangers, et notre défi
est de multiplier ces succès. Nous avons à leur disposition
une liste à jour, riche de 50 000 contacts d'affaires.
Pour contrer la pénurie anticipée de main-d'œuvre, nous
agissons comme « marieur » entre un immigrant reçu au
Canada intéressé à faire des stages en entreprise et
l'industrie, le tout en collaboration avec Emploi Québec.
É. Quel type d'appui attendez-vous de la part du gouver-
nement québécois pour soutenir vos actions ?
M. L. Nous avons apprécié le budget résolument « mont-
réaliste » de 2010. Cette fois-ci, nous souhaitons la rigueur
budgétaire avant tout. Le Québec doit cesser, le plus
rapidement possible, de s'endetter. Plus le gouvernement
du Québec sera solide financièrement, meilleure sera sa
cote de crédit et plus les entreprises et l’économie en
général en profiteront.
Le financement des universités nous préoccupe aussi.
C'est là que se fait l'innovation dont tous les secteurs ont
besoin, là où sont formés les talents et les spécialistes.
L'État peut difficilement faire plus. Il a répondu à notre
souhait de hausser les frais de scolarité. Les étudiants
doivent participer à la recherche d’un équilibre. Et ils ne
seront pas moins nombreux pour autant, les enquêtes
le prouvent. Il s’agit pour eux d’un investissement très
rentable.
Nous souhaitons aussi que les budgets annoncés dans la
Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation se
traduisent plus rapidement par des programmes et des
projets. La collaboration internationale est nécessaire et
urgente.
Nous constatons enfin que nos PME sont plus lentes
qu'ailleurs à intégrer les innovations. Ceci nous place devant
un autre défi, celui d'augmenter leur compétitivité en les
invitant à effectuer une veille technologique plus efficace
et à passer plus rapidement à l'action.
É. Quels sont les avantages stratégiques de nos PME ?
M. L. Au Québec, et en particulier à Montréal, nous nous
remettons plus rapidement de la crise économique qu'aux
États-Unis, comme j'ai pu le constater lors d'une rencontre
récente avec mes collègues de grandes villes d'Amérique
du Nord. Nous nous appuyons sur une base économique
plus optimiste. Nous avons expérimenté moins de mises
à pied, réembauché plus rapidement et créé plus d'emplois
que nous en avons abolis. Alors que nos voisins du Sud se
demandent encore comment se sortir des difficultés liées
à la dernière récession, nous nous attaquons aux enjeux
qui découleront de la croissance tels que la force du dollar
canadien, l'augmentation des prix du pétrole et la hausse
éventuelle des taux d'intérêt. Dans ce sens, nous sommes
mieux positionnés. À nous d'en profiter !
18 — Montréal économique – édition 2011
MONTRÉAL ÉCONOMIQUE
MONTRÉAL EST UNE VILLE DYNAMIQUE, AVEC UN SECTEUR
PRIVÉ CRÉATIF, AXÉ SUR LA NOUVEAUTÉ. LE GRAND DÉFI
EST D'ASSOCIER CE POUVOIR CRÉATIF À LA CRÉATION
DE VALEUR, DE DEVENIR DES CRÉATEURS D'AFFAIRES.
Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:28 Page18
Un écosystème en transformation
Sciences de la vie
La recherche et l'innovation en sciences de la vie
ont assuré à Montréal, au cours des dernières
décennies, une place de choix sur l'échiquier
mondial dans ce domaine. Aujourd'hui,
un réajustement est en cours.
Maillage plus étroit entre les
acteurs, partenariats public-
privé (PPP), financement ciblé,
recherche concertée et soins
de santé personnalisés tracent les
grandes lignes de cette réorientation.
Aux nouveaux enjeux se greffent
de nouvelles stratégies.
Dossier par Danielle Ouellet, avec Sybille Pluvinage
19Montréal économique – édition 2011 —
ILLUSTRATION : ISTOCKPHOTO PAR NATALIYA KUVAEVA
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page19
20 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
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21Montréal économique – édition 2011 —
Montréal InVivo :défis et stratégies
grappe des sciences de la vie et des technologies
de la santé, incarnée par Montréal InVivo, regroupe
plus de 600 organisations, dont 150 en recherche et
80 filiales d'entreprises étrangères. Elle se retrouve au
cœur des changements. Le président du conseil d'adminis-
tration, Paul Lévesque, est aussi président de Pfizer Canada :
« Avec 45 000 emplois de qualité dans le Grand Montréal,
affirme-t-il, le secteur se porte bien. Cependant, chacun
des maillons de cet écosystème – grandes entreprises
pharmaceutiques, entreprises de biotechnologie et institu-
tions de recherche universitaires – ont maintenant des
défis à relever, avec des enjeux qui leur sont propres.
Si l’on veut rester compétitifs, des changements s'imposent.
Ils sont déjà en cours. »
PLACE AUX PARTENARIATSPlusieurs molécules phares qui ont contribué à la progres-
sion des grandes entreprises pharmaceutiques arrivent
maintenant en fin de cycle. Les années d'exclusivité de
marché se terminent et le temps est venu de lancer de
nouveaux médicaments : « Jusqu'à aujourd’hui, les entre-
prises pharmaceutiques ont bien tiré
leur épingle du jeu, précise M. Lévesque.
Et la moitié de leurs activités au Canada
se déroulent à Montréal. Mais ces com-
pagnies sont, d'une certaine manière,
victimes de leur succès. Les traitements
contre le cholestérol fonctionnent bien,
tout comme ceux contre l'hypertension
ou les ulcères. Elles doivent maintenant
innover. La demande pour des traitements
contre le cancer, par exemple, est forte.
Il faut explorer d’autres avenues. »
L'industrie pharmaceutique se tourne
donc vers des partenariats. Puisqu'il est
de plus en plus difficile pour les grandes
entreprises, si grandes soient-elles, de
produire de nouveaux médicaments en raison des coûts
de la recherche et de problèmes de productivité, elles
instaurent un modèle de recherche inusité : « Nous allons
produire de moins en moins à l'interne, explique Paul
Lévesque, et nous tourner vers l'extérieur. Nous pourrons
nous associer ou donner des contrats de recherche, par
exemple, à des jeunes entreprises de biotechnologie. Ce
processus est déjà enclenché dans les laboratoires Pfizer. »
De leur côté, les petites entreprises de biotechnologie
ont aussi leurs enjeux. Ainsi, elles font face à une situation
pécuniaire qui demeure difficile. Pour elles, le financement
est le nerf de la guerre, mais la donne a changé. Là aussi,
il faut s'adapter. Mario Lebrun est directeur général de
BIOQuébec, une association sectorielle qui appuie la crois-
sance de quelque 150 sociétés membres de l'industrie
La
PAUL LÉVESQUEPrésident du conseil d'administrationde Montréal InVivo et président de Pfizer Canada
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page21
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page22
23Montréal économique – édition 2011 —
des sciences de la vie, dont près de la moitié sont des
entreprises de biotechnologie et des organismes de
recherche en santé humaine au Québec : « Il n'y a pas si
longtemps, le gouvernement appuyait ce secteur par une
politique de financement dite de “ saupoudrage ” en misant
sur un grand nombre d'entreprises plutôt que de cibler
les plus prometteuses. Cette approche n'a plus cours,
explique-t-il. Le gouvernement s'est maintenant donné
des outils pour appuyer les entreprises qui présentent des
technologies porteuses et qui offrent un plus fort pour-
centage de réussite. Ce faisant, les entreprises moins
performantes sont tombées en cours de route, ce qui peut
donner l'impression que les choses vont mal dans ce
créneau important de l'économie du savoir. »
Pour Paul Lévesque, tout n'est pas noir, loin de là. Il cite
l'exemple de Theratechnologie (voir p. 49), qui a récem-
ment réussi à faire homologuer sa molécule phare auprès
de la Food and Drug Administration (FDA) américaine :
« Il s'agit d'une victoire importante pour les sciences de la
vie à Montréal. D'autres, comme Caprion (voir p. 25) et
Angiochem, sont aussi sur la voie du succès. C'est la preuve
que nous sommes capables de réussir, affirme-t-il, si
nous mettons nos efforts et les bonnes personnes aux
bons endroits. »
Mario Lebrun collabore avec Montréal
InVivo, mais il poursuit le lobby auprès
du gouvernement : « Nous reconnaissons
la volonté gouvernementale d’appuyer
le développement de l’industrie, notam-
ment par l’adoption de la Stratégie
biopharmaceutique québécoise. Nous
déplorons toutefois la lenteur dans le
déploiement des mesures qu’elle prévoit,
ainsi que dans la mise en œuvre des
autres initiatives annoncées, notamment
les fonds de démarrage Amorchem et
Téralys Capital. La vraie mesure des
initiatives gouvernementales se fait donc encore attendre,
plus d’une année après leur annonce. Le gouvernement
manifeste du leadership, mais les actions concrètes tardent.
Nous restons vigilants. »
UN MAILLAGE TRÈS SERRÉ L'observation des succès remportés ailleurs a mené à
une approche qui rallie désormais l’ensemble du secteur
des sciences de la vie et des technologies de la santé à
Montréal, soit un maillage très fin entre tous : « La force
de Montréal réside dans l'arrimage du secteur, affirme
Paul Lévesque. Là où les sciences de la vie performent le
mieux – Californie, Massachusetts et Caroline du Nord –,
c’est là où le maillage entre les grandes pharmas, les
biotechs et la recherche est le plus serré. Depuis deux ans,
Montréal InVivo travaille à rassembler tous ces acteurs
autour d'une même table. Actuellement, le secteur est réuni
au complet, y compris les deux paliers de gouvernement
et les bailleurs de fonds. La concertation est beaucoup
plus forte qu'à Toronto, par exemple, où l'on nous envie
cette solidarité. Cela me donne beaucoup d'espoir. »
L'époque des gros centres de recherche, des grands labo-
ratoires qui travaillent isolément, est désormais révolue :
« Les partenariats sont le modèle de demain », lance Paul
Lévesque. Au Québec, des organismes comme le Fonds
de la recherche en santé du Québec (FRSQ) concluent déjà
des ententes avec de larges regroupements européens.
Ou encore, pensons au Consortium québécois sur la dé-
couverte du médicament (CQDM), qui s'allie à de grandes
pharmas comme Pfizer, Astra-Zeneca ou Merck en vue
d'atteindre des objectifs communs. Tout comme les cellules
souches à Toronto, le secteur des soins de santé personnalisés,
MARIO LEBRUN Directeur général, BIOQuébec
LE QUÉBEC FIGURE PARMI LES 10 PÔLES
INDUSTRIELS LES PLUS IMPORTANTS DANS
LE SECTEUR DES SCIENCES DE LA SANTÉ
EN AMÉRIQUE DU NORD.
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page23
24 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
Montréal (QC) 94,378,1
87,8
100,9
102,2
99,4102,2
99,8
106,9
121,7101,9
114,4
99,599,5
112,7
San Diego (CA)
Boston (MA)
Londres (GB)
Francfort (DE)
Fabrication pharmaceutiqueGestion d’essais cliniques
Indutrie R-D biomédicale
Index comparatif des coûts récurrents variant selon l’emplacement (Indice : États-Unis = 100)
Note : Les coûts sensibles à l’emplacement incluent : salaires et bénéfices, transport, électricité, télécommunications, intérêts, dépréciation et taxes.
Source : Le guide de KPMG sur la localisation des entreprises à l'échelle internationale – Édition 2010.
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page24
25Montréal économique – édition 2011 —
du “ sur mesure ” pour chaque patient, a été choisi comme
le plus prometteur pour permettre à Montréal de déve-
lopper une expertise unique et de se démarquer.
Montréal InVivo s'emploie à faire travailler tout le monde
ensemble. Sa directrice générale, Michelle Savoie, insiste
sur le dynamisme de la métropole à cet égard : « Ça bouge
beaucoup. Tous les acteurs sont très au fait de la trans-
formation actuelle du secteur biopharmaceutique. » Les
axes prioritaires ont été définis par le milieu. Premier
objectif : appuyer plus fortement les domaines de recherche
les plus porteurs, en l'occurrence celui des soins de santé
personnalisés. Puis, le passage de la recherche à la com-
mercialisation s'articule autour de trois grands projets :
« Nous sommes en train de créer un réseau de mentors,
car les jeunes entrepreneurs souhaitent avoir accès à un
réseau d'aide pour démarrer leur entreprise du bon pied,
explique Mme Savoie. Le Club BioSuccès devrait être
lancé au début de l'été. Nous analysons aussi la chaîne
de financement liée à la chaîne d'innovation pour mieux
repérer les manques, et nous recensons les occasions
d'investissement dans la région de Montréal en vue d'en
informer les filières des grandes pharmas qui pourraient
être intéressées. »
L'accroissement des collaborations entre partenaires
est aussi un sujet de préoccupation de tous les instants :
« Le Consortium québécois sur la découverte du médica-
ment (CQDM) est un très beau modèle de collaboration
entre les secteurs public, universitaire et privé, remarque
Michelle Savoie, et la stratégie des soins de santé person-
nalisés sera une riche occasion d'accroître les partenariats,
avec notamment le rapprochement du secteur clinique
des petites et grandes entreprises. » Les rencontres entre
les divers partenaires se multiplient, entre autres au cours
de petits déjeuners où des chercheurs universitaires
présentent leurs travaux à des investisseurs potentiels
à l'affût d’occasions d'affaires.
D'autres actions sont menées pour
accroître la notoriété de la grappe et
soutenir les efforts d'attraction des in-
vestissements dans le Grand Montréal,
en collaboration avec des organismes
comme Montréal International et In-
vestissement Québec : « Nous devons
montrer que les forces de Montréal
vont au-delà de la brique et du mortier,
affirme la directrice générale de Mont-
réal InVivo. Le Symposium France-
Québec de novembre 2010 a été un
succès à cet égard. Il a donné lieu à la
signature de six ententes de partena-
riat en sciences de la vie.
« Enfin, poursuit-elle, nous devons miser sur les ressources
humaines et la main-d'œuvre. Pour cela, des activités de
sensibilisation de la relève sont mises sur pied et nous
instaurerons des mécanismes pour faciliter la rencontre entre
les dirigeants d'entreprises qui cherchent à embaucher
du personnel, d’une part, et les meilleures ressources
humaines disponibles, d’autre part. »
« Les acteurs du milieu n'ont jamais aussi bien réagi, se réjouit
Paul Lévesque. Et c'est pour cela que les gouvernements
nous appuient. Ils sentent que le secteur est fédéré et
concerté comme jamais auparavant. Dans ce contexte,
le rôle de catalyseur de Montréal InVivo est primordial.
Je suis très optimiste. L'avenir de la grappe s'annonce
prometteur. »
MICHELLE SAVOIEDirectrice généraleMontréal InVivo
MONTRÉAL OCCUPE LA HUITIÈME PLACE
EN AMÉRIQUE DU NORD AU CHAPITRE
DES EMPLOIS DANS LE DOMAINE
PHARMACEUTIQUE.
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:41 Page25
26 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
L'EXODE DES CERVEAUX A ÉTÉ UN SUJET D'INQUIÉ-TUDE ET DE RÉFLEXION IMPORTANT DANS LE MILIEUDE LA RECHERCHE AU COURS DES DERNIÈRES ANNÉES.
Le manque de financement pour monter un laboratoire
est très certainement, pour un chercheur doué, un incitatif
majeur à partir s’installer en dehors du Québec. En 2007,
année marquant le 60e anniversaire de sa fondation,
l'Institut du cancer de Montréal (ICM) décida d'agir pour
freiner l’exode. Il organisa un concert de l'Orchestre
métropolitain du Grand Montréal, sous la direction de
Yannick Nézet-Séguin, avec le pianiste Louis Lortie. En plus
d'un succès artistique, cette activité, désormais connue
sous l'appellation Concert contre le cancer, a porté fruit :
« La quatrième édition, en février 2010, à la Place des
Arts, note la directrice générale de l'ICM Maral Tersakian,
a permis d'enregistrer un bénéfice de 550 000 $.
« À ce jour, poursuit-elle, nous avons pu rapatrier cinq
chercheurs. Le tout dernier, originaire de Chicoutimi, est
un spécialiste du cancer du sein. Il revient d'Australie, et
les 50 000 $ que nous lui offrirons chaque année pendant
cinq ans lui permettront de monter un laboratoire et de
chercher du financement. » Mais ce n'est pas tout de faire
revenir les gens, il faut aussi les garder : « C'est pourquoi
nous consacrerons aussi des efforts à la consolidation de
nos acquis. »
Des concerts pour ramener les cerveaux
MARAL TERSAKIAN Directrice générale, Institut du cancer de Montréal
Un accélérateur d’entreprises dans un secteur à fort potentiel
Un , des programmes et un réseau de partenaires clés dédiés à leur succès
Un nouvelle en plein cœur de Montréal
Le Campus des Technologies de la Santé
www.ctssante.ca
Une initiative de la CDEC Rosemont–Petite-Patrie
CTSdans l al
PHOTO
: INSTITUT DU CAN
CER DE MONTRÉAL
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27Montréal économique – édition 2011 —
La richesse de larecherche montréalaise
organisation de la recherche en sciences de la vie, en
particulier en santé, reflète de plus en plus la volonté
de maillage exprimée par l’ensemble des acteurs. Le
Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ) est
envié ou imité, Génome Québec se positionne avanta-
geusement au Canada et dans le monde, et les centres
de recherche de l’Université de Montréal et de l’Université
McGill sont tous les deux en pleine expansion. Les ententes
au pays ou sur la scène internationale se multiplient et
permettent d’envisager l’avenir avec optimisme.
UNE PERFORMANCE À MAINTENIRVieillissement, neurosciences, santé mentale, cancer,
diabète, génomique comptent parmi les secteurs d’ex-
cellence du Québec. Quelque 3000 chercheurs et 6000
étudiants-chercheurs en sciences de la vie sont répartis
dans 19 centres, 11 groupes et 18 réseaux thématiques.
Une proportion très importante d’entre eux se trouve à
l’intérieur du Grand Montréal. Dans ce domaine, l’argent
est le nerf de la guerre. En 2008-2009,
le FRSQ a investi plus de 90 millions de
dollars pour soutenir, à parts égales, des
chercheurs et des regroupements de
recherche. Il se révèle à la fois une plaque
tournante et un facteur de succès majeur.
Yves Joanette en est le président : « L’effet
de levier est très concret, remarque-t-il.
Le Québec est la seule provinceà obtenir,
lors de concours fédéraux, une proportion
du financement plus grande (30 %) que
son poids démographique (22,5 %). »
Par ailleurs, les percées immenses de la
génomique au cours des dernières dé-
cennies, notamment avec le séquençage
du génome humain, ont un impact majeur
sur la manière de faire de la recherche en
santé au Québec. Jean-Marc Proulx est
président-directeur général de Génome
Québec : « Plusieurs médicaments très
rentables ont été découverts par hasard,
mais cette époque est révolue. La géno-
mique a fait disparaître le hasard. On a
cru, par exemple, que le génome de deux
personnes était identique à 99,9 %.
L’
YVES JOANETTEPrésident, Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ)
PHOTO : YVES BARRIÈRE, FRSQ
PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR DNY59
JEAN-MARC PROULXPrésident-directeur généralGénome Québec
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page27
28 — Montréal économique – édition 2011
« Les avancées des 10 dernières années ramènent ce taux
à 99,5 %. Le changement semble minime, mais il explique
la difficulté accrue de découvrir des médicaments
efficaces pour une personne en particulier. La génomique
devient donc un outil de découverte des mécanismes à la
base de l’invention de médicaments et de la fabrication
d’outils diagnostiques. »
Créée en 2001, Génome Québec est une organisation
qui, par le financement de projets structurants de recherche,
se veut un catalyseur d’occasions pour les chercheurs
québécois : « En fait, précise Jean-Marc Proulx avec humour,
nous sommes plus qu’un simple catalyseur, car nous
sommes impliqués aussi dans la réaction ! »
Depuis 10 ans, Génome Québec a géré des investissements
d’un demi-milliard de dollars pour financer 40 vastes projets
et établir cinq centres de technologies génomiques de fine
pointe, dont trois sont situés à Montréal. L’un d’entre eux,
le Centre d’innovation Génome Québec et Université
McGill, offre différents services d’analyse bioinformatique
aux chercheurs en génomique. En 2010, 700 chercheurs
s’en sont prévalus, soit une croissance annuelle de 15 % :
« Nous voulons faire de ce centre un leader nord-américain,
explique M. Proulx. À ce jour, 45 % des revenus proviennent
de clients à l’extérieur du Québec, une indication claire de
la qualité de notre performance. De plus, l’arrivée, en février
dernier, d’un nouveau directeur de très haut niveau recruté
en France, Mark Lathrop, est aussi l’occasion d’augmenter
de manière significative son parc d’équipements et sa
capacité de séquençage. »
Jean-Marc Proulx souligne cependant les investissements
importants consentis en Ontario et en Colombie-Britannique :
« Le départ pour l’Ontario de Tom Hudson, qui dirigeait le
Centre d’innovation Génome Québec et Université Mc Gill,
a fait très mal. En constatant de plus que la University of
« LE FINANCEMENT DES ENTREPRISES DE
BIOTECHNOLOGIE DEMEURE UN DÉFI, RAPPELLE
M. PROULX, MAIS SI LES PROJETS SONT VIABLES
ÉCONOMIQUEMENT ET BASÉS SUR UN SOLIDE
MODÈLE D'AFFAIRES, L'ARGENT VIENDRA. »
– Jean-Marc Proulx
Nous prenons tous des engagementsL E S N Ô T R E S V I S E N T L E S C A N A D I E N S AU X P R I S E S AV E C D E S M A L A D I E S G R AV E S
Chez Bristol-Myers Squibb Canada, nous avons pris l’engagement d’aider la population canadienne à vaincre des maladies graves tels le cancer, le diabète, le VIH/SIDA, les maladies du cœur, l’arthrite rhumatoïde, l’hépatite B et les troubles mentaux.
Notre entreprise est établie depuis de nombreuses années et possède une riche expérience en recherche et développement. En effet, il y a plus de 85 ans que nous venons en aide à la population canadienne en relevant les défis de santé actuels avec l’agilité, l’innovation et l’esprit d’une jeune compagnie de biotechnologies. C’est cette façon de faire qui nous permet de découvrir et de mettre au point de nouveaux traitements vitaux.
Voilà pourquoi, nous nous désignons comme LE LEADER DE LA PROCHAINE GÉNÉRATION DANS LE DOMAINE BIOPHARMACEUTIQUE.
Nous nous engageons à procurer aux Canadiens les nouveaux médicaments dont ils ont besoin et à promouvoir la recherche et les plus récentes technologies.
Nous respectons nos
engagements envers
la population canadienne.
Pour en savoir plus à notre sujet,
visitez le www.bmscanada.ca
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page28
29Montréal économique – édition 2011 —
British Columbia a récemment embauché 10 Prix Nobel,
toutes disciplines confondues, nous concluons que nous
devons être vigilants. » Les options : stimuler la masse critique
d’entreprises, attirer des investissements intelligents,
c’est-à-dire en collaboration plutôt que chacun pour soi,
appliquer les résultats de la recherche et accélérer le
passage du concept au projet et à la réalisation : « Le
financement des entreprises de biotechnologie demeure
un défi, rappelle M. Proulx, mais si les projets sont viables
économiquement et basés sur un solide modèle d’affaires,
l’argent viendra. »
« Un de nos défis, ajoute Yves Joanette, est de maintenir
notre performance. Pour cela, il faut mettre fin à la stagna-
tion des 15 dernières années dans certains programmes,
dont celui des centres de recherche en milieu hospitalier
universitaire, et réinvestir dans le futur. Nous devons évaluer
le niveau de financement du Québec dans la recherche
publique au sein des universités. Comment réagirons-
nous à la pression des autres provinces canadiennes ?
Quels sont les manques dans la chaîne de financement de
l’innovation? Les pays du BRIC – Brésil, Russie, Inde, Chine –
ont compris l’importance d’une société basée sur le
développement du savoir, ne l’oublions pas. »
Au FRSQ, des solutions émergent : « Notre modèle est
unique, précise son président. Il fait l’envie de nos collègues
ontariens parce qu’il soutient et structure l’ensemble des
domaines de la recherche en santé en capitalisant sur les
forces du Québec. La concertation est bien entamée. Une
stratégie de partenariat est déjà en place avec des asso-
ciations caritatives, comme la Société de recherche sur
le cancer, ou avec la grande industrie pour susciter de la
recherche dans des créneaux précis. Il existe par exemple
un partenariat avec une entreprise comme Pfizer, qui
est intéressée à participer au financement de la santé
personnalisée. »
UN MAILLAGE INTERNATIONAL La réalisation de l’objectif de maillage poursuivi par
Montréal InVivo passe inévitablement par l’international :
« Depuisdeux ans, les chercheurs du Québec se positionnent
de mieux en mieux dans les grands groupes internationaux,
apprécie Yves Joanette. Nous ne pouvons plus travailler
"contre" des compétiteurs. Nous devons développer
"ensemble". »
« Des ententes bilatérales émergent. Les chercheurs du
Québec travailleront avec des collègues canadiens et
français sur l’Alzheimer, l’un de nos domaines d’excellence
et une priorité pour le Québec. L’élaboration d’un projet
en génomique au moyen de regroupements de chercheurs
du Québec et de la Chine est en cours. D’autres accords
stratégiquement ciblés quant aux thèmes et à la situation
géographique sont en préparation avec Israël, l’Inde et les
États-Unis. »
Yves Joanette est particulièrement fier de l’insertion du
FRSQ au sein des réseaux européens ERA-NET (European
Research Area), « une sorte de club d’organismes subven-
tionnaires dont les règlements permettent que des
organismes nationaux ou régionaux comme le Québec
puissent se joindre à ces grands réseaux ». Au début de
2011, le FRSQ annonçait que des chercheurs québécois
allaient pour la première fois être financés par ERA-NET
NEURON, spécialisé en neurosciences et en santé mentale.
Grâce à ces appuis concrets, le neurogénéticien Guy Rouleau,
du CHU Sainte-Justine, travaillera avec des équipes fran-
çaises, espagnoles et allemandes sur la schizophrénie
et sur l’autisme tandis que l’équipe de Mosche Szyf de
l’Université McGill se joindra à des groupes allemands et
italiens pour étudier le stress périnatal et ses effets sur la
dépression. « Il s’agit d’une percée majeure pour le Québec »,
affirme le président du FRSQ, qui organisait en février
dernier à Montréal la première réunion à l’extérieur de
l’Europe de ce réseau de financement. PHOTO
: ISTOCKPHOTO
PAR
SVEN
HOPPE
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page29
30 — Montréal économique – édition 2011
La performance canadienne de Génome Québec positionne
bien l’organisme pour assurer une présence efficace dans
le monde. Le Canada se situe autour du sixième rang mondial
en génomique et le Québec a obtenu à ce jour 25 % des
fonds canadiens, compte 553 chercheurs, soit plus du
double de la Colombie-Britannique, et publie 28 % des
articles scientifiques. Pour illustrer l’importance du maillage
international, Jean-Marc Proulx cite l’exemple du projet
CART@GENE (voir p. 41), qui a été financé dans le cadre
d’une alliance avec un projet international d’envergure :
« Le projet s’est joint à P3G (Public Population Project in
Genomics), explique le p.-d.g. de Génome Québec, dont
le siège social est à Montréal. Cet organisme, qui compte
53 pays membres, a développé des outils pour harmoni-
ser les données des biobanques internationales ainsi que
les processus éthiques pour les constituer et pour y accéder.
Il s’agit d’un partenaire de premier rang. »
Yves Joanette conclut avec un regard optimiste sur l’avenir :
« Qu’il s’agisse de recherche publique ou en entreprise, de
découvertes fondamentales ou cliniques, l’ensemble des
recherches en sciences de la vie au Québec devrait per-
mettre de créer une société très compétitive. Étant donné
en plus l’excellence de notre système de santé, nous
avons ce qu’il faut pour attirer chez nous des ressources
de haut niveau afin de nous positionner avantageusement
dans le monde. »
en santé1re
L’UdeM figure parmi les meilleures universités du monde selon le classement du Times Higher Education; elle est aussi le plus grand établissement universitaire de la francophonie.
La recherche qu'elle mèneen santé vaut à l’UdeM le 1er rang des universités québécoises et la 3e place à l’échelle nationale.
L’UdeM est la seule université au pays à offrir l’ensemble des sciences de la vie.
PHOTO
: ISTOCKPHOTO
PAR DNY5
9
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page30
Des constructionspour les soins de santé
DEUX GRANDS CHANTIERS DE CONSTRUCTIONSONT EN COURS À MONTRÉAL. DANS L’EST DUCENTRE-VILLE, LE QUARTIER DE LA SANTÉ ACCUEILLERA LE NOUVEAU CENTRE HOSPITALIERDE L'UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL (CHUM) TANDISQUE LE CENTRE UNIVERSITAIRE DE SANTÉ MCGILL(CUSM) SE RÉORGANISE DANS TROIS CAMPUSHOSPITALIERS : LE CAMPUS GLEN, EN CONSTRUC-TION, LE CAMPUS DE LA MONTAGNE ET LE CAMPUS DE LACHINE. AINSI, DEUX UNIVERSITÉS DE CALIBRE MONDIAL REGROUPENT DES RÉSEAUXD'ENSEIGNEMENT HOSPITALIERS ET DE SOINS AINSIQUE DES ÉQUIPES DE RECHERCHE DE HAUT NIVEAUQUI CONSTITUENT DES FORCES CONSIDÉRABLESPOUR MONTRÉAL ET POUR LE QUÉBEC.
LE QUARTIER DE LA SANTÉLe directeur général du Quartier de la santé de Montréal,
Guy Gélineau, est heureux. De son bureau de l’est du
centre-ville, il peut apercevoir les grues en train de
s’activer. Le nouveau CHUM verra bientôt le jour. Au total,
285 000 pieds carrés seront occupés par des patients,
des médecins, des chercheurs et des industriels, des tech-
niciens et des gestionnaires. Le plan d'action développé
depuis quelques années est désormais en œuvre :
« Nous souhaitons profiter de la présence du CHUM pour
remembrer ce quartier, qui s'étend du Palais des congrès
au pont Jacques-Cartier et du boulevard René-Lévesque
au fleuve, rappelle M. Gélineau. Pour reconstituer un
quartier vivant, il faut créer une concertation entre tous
les acteurs, ce qui est en voie de se réaliser. »
31Montréal économique – édition 2011 —
ILLUSTRA
TION : N
FOE MSD
L JLP LEMAY PAR
KIN ARC
HITEC
TES
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page31
Attirer des industries autour du CHUM représente un autre
objectif : « Un millier de spécialistes en recherche appliquée
seront réunis et auront accès, en médecine spécialisée,
à quelque 400 000 patients chaque année, précise
Guy Gélineau. L'environnement est idéal pour attirer des
entreprises privées. Un pavillon de la santé est prévu
pour loger des entreprises en provenance de partout
dans le monde, qui pourront profiter de la proximité des
chercheurs et des médecins.
« Nous souhaitons enfin regrouper autour du CHUM une
masse critique inédite en matière d'expertise en santé
publique, poursuit M. Gélineau. L'École de santé publique
de l'Université de Montréal sera installée dans un édifice
tout neuf d'une superficie de 20 000 pieds carrés. La
Direction de santé publique de Montréal viendra au
Quartier de la santé tout comme l'Institut national de
santé publique, qui compte 200 personnes à Montréal.
L'ensemble formera le Campus de santé publique Norman-
Bethune, nommé d'après ce médecin canadien, précurseur
du domaine au Québec, en Espagne et en Chine. Ce campus,
qui réunira 500 experts, fait déjà l'objet d'un protocole de
maillage avec des groupes de Shanghai. L'impact écono-
mique de ce secteur à Montréal sera majeur. »
Le Dr Jacques Turgeon est directeur du Centre de recherche
(CRCHUM). Il se réjouit des nouvelles installations : « L'édifice
commence à sortir de terre. D'ici deux ans, au début de
2013, nous y serons! Le projet est exceptionnel et, chose
remarquable, il fait consensus auprès de tous les chercheurs.
Nous aurons accès à un édifice et à un parc d'équipements
32 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
« NOUS SOUHAITONS ENFIN REGROUPER
AUTOUR DU CHUM UNE MASSE CRITIQUE
INÉDITE EN MATIÈRE D'EXPERTISE
EN SANTÉ PUBLIQUE. »– Guy Gélineau
GUY GÉLINEAUDirecteurQuartier de la santé
JACQUES TURGEONDirecteur, Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM)
PHOTO
: CHUM –
MULTIM
ÉDIA
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page32
arrimés à la vision de la science de 2011 et conçus pour
les 50 prochaines années. Les retombées économiques
sont importantes, plus de 60 millions de dollars par année.
Quelque 1500 personnes y seront actives régulièrement,
dont plus de 300 chercheurs et investigateurs. »
Il promeut un modèle de recherche qui s'intègre parfaitement
au milieu hospitalier : « Nous avons le grand avantage d'être
à la tête du vaste Réseau universitaire intégré de santé
de l'Université de Montréal (RUIS), ce qui nous donne
accès à un bassin de population important, apprécie-t-il.
Ceci est précieux pour des études épidémiologiques ou la
compréhension de maladies rares. Nos travaux s'inspirent
de problématiques vécues par les patients. Nous voulons
être très à l'écoute de leurs besoins, travailler à y répondre
et revenir avec des solutions. À des patientes qui ont un
cancer du sein et pour lesquelles nous n'avons pas de
traitement, par exemple, nous pourrons offrir de les inté-
grer à un protocole de recherche pour des traitements
expérimentaux. »
33Montréal économique – édition 2011 —
Chirurgien thoracique pneumologue,
le Canadien Norman Bethune a travaillé
à l'Hôpital Sacré-Cœur, en Espagne,
durant la guerre civile espagnole
(1936-1939) et en Chine durant la
guerre sino-japonaise (1937-1945).
Son action en médecine sociale a
conduit à l’implantation au Canada de
l’assurance-maladie universelle à la fin
des années 1960.
Source : Wikipedia Illustration : Norman Bethune (1890-1939), de Francine Auger
Norman Bethune
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page33
Du côté de McGill, d'importants tra-
vaux sont aussi en cours. Outre le
campus Lachine, où se trouve un hô-
pital, et le campus de la Montagne,
qui s'organisera essentiellement au-
tour de l'Hôpital général de Montréal,
le campus Glen deviendra le centre
névralgique des soins de santé et de
la recherche à McGill. À l'automne
2014, ce sera le grand déménage-
ment : s'y retrouveront l'Hôpital de
Montréal pour enfants, l'Hôpital
34 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
Royal Victoria, l'Institut thoracique de Montréal, le futur
Centre du cancer et l'Institut de recherche du CUSM,
qui compte 550 chercheurs.
En 2007, le Dr Vassilios Papadopoulos quittait Washington
pour Montréal : « La collaboration étroite entre le milieu
de la recherche et l'industrie est l'une des raisons qui m'ont
poussé à venir au Québec, rappelle le directeur de l'Institut
de recherche du CUSM. Les constructions au campus
Glen, évaluées à 1,5 milliard de dollars, constituent le plus
gros projet d'infrastructure en cours en Amérique du Nord.
En y ajoutant les développements prévus sur les deux
VASSILIOS PAPADOPOULOSDirecteur, Institut de rechercheCentre universitaire de santé McGill (CUSM)
PHOTO
: ROBE
RT DER
VAL
Trois campuspour le CUSM
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page34
autres campus, ce chiffre grimpe à 2,2 milliards. C'est très
stimulant de travailler dans ce contexte d'ouverture. »
Aux nombreuses personnes qui lui demandent à quoi
serviront tous ces investissements, le Dr Papadopoulos,
qui est membre de l'exécutif de Montréal InVivo, n'hésite
35Montréal économique – édition 2011 —
« LE PATIENT EST AU CENTRE DE NOS
PRÉOCCUPATIONS, DÈS AVANT SA NAISSANCE
JUSQU'À SA MORT. NOS RECHERCHES
DOIVENT ÊTRE ORGANISÉES AUTOUR
DE LA SANTÉ ET DE LA MALADIE. »
– Vassilios Papadopoulos
pas à répondre : « Les retombées économiques sont
majeures. Nous amenons à Montréal, bon an, mal an,
entre 130 et 150 millions de dollars en subventions ou
en contrats, précise-t-il. Et ce montant double avec les
salaires des chercheurs payés par différentes sources.
S'ajoutent aussi les petites entreprises issues des recherches,
les spin-off, ainsi que les retombées des droits de pro-
priété intellectuelle pour les découvertes. Peu d'industries
ont autant d'impact sur l'économie. »
La vision de Vassilios Papadopoulos est simple : « Le patient
est au centre de nos préoccupations, dès avant sa naissance
jusqu'à sa mort. Nos recherches doivent être organisées
autour de la santé et de la maladie. » Il faudra encore deux
ou trois décennies, estime-t-il, pour que son rêve se réalise
et que chaque personne soit suivie, de manière individuelle,
tout au long de sa vie. L'objectif est ambitieux, il va au-delà
de la simple médecine personnalisée, mais le chercheur y
croit fermement : « Nous misons sur nos forces actuelles,
nos compétences dans le domaine des maladies chroniques
comme le cancer, le diabète, l'asthme, pour commencer dès
maintenant à suivre des patients à partir d'un très jeune
âge jusqu'à l'âge adulte. De nombreuses collaborations
existent aussi avec nos collègues du Centre de recherche
du CHUM. Au delà de la guérison, nous voulons comprendre
l'origine des maladies. Mais pour cela, il faut poursuivre les
efforts. Les investissements doivent suivre la vision. Qu'il
s'agisse de recherche clinique, fondamentale ou épidé-
miologique, nous avons toujours besoin de plus d'inves-
tissements afin de garder Montréal et le Québec parmi
les meilleurs au monde », conclut-il.
PHOTOS : ROBERT DERVAL
PHOTO
: ROBERT
DERVA
L
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page35
C O N S E I L N AT I O N A L D E R E C H E R C H E S C A N A D A
Institut de recherche en biotechnologie
Le CNRC peut vous aider à accélérer vos travaux de R-D en biotechnologieSitué à Montréal, l’Institut de recherche en biotechnologie du CNRC (IRB-CNRC) est le plus important centre de recherche en biotechnologie au Canada. Jouant un rôle primordial dans la recherche canadienne en biotechnologie, il travaille en étroite collaboration avec les PME canadiennes à la commercialisation des technologies dans les domaines de la santé, de l’environnement et des bioprocédés.
Santé• Programmes sur le cancer, les maladies infectieuses
et les maladies cardiovasculaires
Environnement• Programme sur les technologies de l’environnement :
biosurveillance et bioremédiation des sols et de l’eau• Programme sur le développement durable : développement
de nouveaux bioproduits et procédés biologiques durables pour la fabrication et la production d’énergie
Bioprocédés• Un centre d'excellence reconnu à l'échelle internationale• La plus grande installation du genre au Canada • Développement, optimisation et mise à l'échelle des bioprocédés
Besoin de laboratoires? L'Installation de partenariat industriel (IPI) de l’IRB-CNRC offre l’accès direct à :
• des laboratoires clés en main pour les entreprises œuvrant en biotechnologie
• l'expertise de niveau mondial des chercheurs de l’IRB-CNRC• des équipements de pointe ultramodernes
Pour accélérer vos travaux de R–D 6100, avenue Royalmount, Montréal QC H4P 2R2
514-496-6100 • cnrc-nrc.gc.ca/irb
L’IRB-CNRC est partenaire de Montréal InVivo.
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page36
37Montréal économique – édition 2011 —
ttribuer le bon médicament à la bonne personne, au
bon moment et pour la bonne maladie, voilà qui fait
rêver médecins, chercheurs, industriels, gestionnaires de
la santé et… patients! Un rêve qui a déjà commencé à
se concrétiser un peu partout dans le monde, et que le
Québec a décidé d'embrasser à bras ouverts. Chapeautées
par Montréal InVivo, les forces vives du secteur se regrou-
pent pour atteindre un objectif commun : se positionner
comme un leader incontournable dans le domaine des
soins de santé personnalisés.
À CHACUN SON TRAITEMENTDans les années 1980, on découvre qu'environ 30 % des
femmes atteintes du cancer du sein sont porteuses d'une
mutation génétique favorisant le déclenchement de cette
maladie. On opte alors pour une nouvelle approche de
traitement. L'herceptine, qui tue les cellules malades sans
détruire les cellules saines, deviendra le premier médicament
contre le cancer à cibler une erreur génétique précise.
Ainsi, si deux patients reçoivent le même diagnostic, l'un
répondra à un certain traitement et l'autre pas.
Aujourd'hui, il existe une trentaine de tels
traitements qui ciblent une caractéris-
tique précise, surtout en cancer. Des
travaux pour en découvrir d'autres sont
aussi en cours pour des maladies cardio-
vasculaires, le diabète ou encore l'obésité :
« Pour six de ces médicaments connus,
souligne la vice-présidente, Affaires scien-
tifiques de Génome Québec, Catalina
Lopez Carrea, la Food and Drug Adminis-
tration (FDA) américaine exige des tests
génétiques préalables pour déterminer
si le traitement est approprié pour le
patient. Nous assistons à un véritable
changement de paradigme dans le sys-
tème de santé. Le Québec n'a pas le
choix, il doit emboîter le pas. »
Soins de santé personnalisés
A
CATALINA LOPEZ CORREA Vice-présidenteAffaires scientifiques, Génome Québec
PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR BLACKWATERIMAGES
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 17:07 Page37
l'étape des essais cliniques prend une nouvelle importance :
« Nous effectuons des tests pour identifier le plus tôt
possible, dans le processus de développement, les gens
qui répondent le mieux à tel ou tel médicament, précise
le Dr Cimon. La recherche coûte très cher et nous ne
pouvons pas attendre l'étape de la commercialisation pour
ajuster le tir. Une grande partie de nos nouveaux médica-
ments sont déjà évalués de cette manière. »
La mise en commun des efforts devient essentielle :
« À travers le Fonds de la recherche en santé du Québec
(FRSQ), explique Michel Cimon, nous établissons des
ententes avec des équipes de recherche universitaires et
des entreprises de biotechnologie capables de trouver
des biomarqueurs qui permettront de mieux cibler les
traitements. Il est encore tôt pour connaître les retombées
économiques de ces changements, mais à Montréal, la
volonté de travailler ensemble est palpable, ce qui est une
excellente nouvelle. En bout de ligne, nous souhaitons, à
partir d'une simple prise de sang, dire si la personne malade
répondra ou non au traitement. »
38 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
LES GRANDES PHARMAS EN TRANSFORMATIONÀ Montréal, le Dr Michel Cimon est
directeur exécutif, Affaires médicales,
chez Merck, où le virage est déjà
amorcé : « Il s'agit d'une problématique
extrêmement importante pour nous,
affirme-t-il. Le système de santé
coûte très cher et les entreprises
pharmaceutiques éprouvent de plus
en plus de difficultés à se faire rem-
bourser leurs médicaments. Or, si nous
pouvons être certains à 95 % qu'un
traitement particulier est efficace
pour tel ou tel patient, nous pouvons
alors rassurer le payeur. »
L'impact sur l'organisation de la recherche est majeur.
Il ne suffit plus de développer un médicament, il faut aussi
reconnaître les personnes pour lesquelles il sera approprié.
La recherche fondamentale a toujours sa place, mais
La recherche compte… pour améliorer la performance des services de santé
Pour la protection contre la maladie
Pour une meilleure santé cardiaque
Pour une meilleure santé osseuse
Pour la protection des jeunes athlètes contre les traumatismes crâniens
Pour nos patients pédiatriques
La recherche compte
www.cusm.ca/research
MICHEL CIMONDirecteur exécutifAffaires médicales, Merck
PHOTO
: MERCK
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:37 Page38
39Montréal économique – édition 2011 —
L'EXCELLENCE À MONTRÉALLa vision de Jean-Claude Tardif, cardiologue et chercheur
à l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM), remonte à
une dizaine d'années : « La majorité des patients que je
voyais tous les jours dans ma clinique, rappelle-t-il,
avaient des problèmes d'obésité ou de pression artérielle.
Je savais que 10 % d'entre eux allaient mourir d'une crise
cardiaque. J'ai voulu savoir lesquels. »
Pour répondre à cette question, le cardiologue devait être
en mesure de mieux connaître ses patients. Il a donc créé
la Biobanque de l'ICM : « Il y a trois ou quatre ans, nous
avons recueilli, sur une base volontaire, quelque 12 000
échantillons, de sang et autres, et nous souhaitons atteindre
le nombre de 30 000. Ce genre d'opération est toutefois
très difficile à financer, car les résultats ne sont pas
immédiats. » Le Dr Tardif est allé plus loin avec la création
du Centre de coordination clinique de l'ICM, une entreprise
qui réalise des essais cliniques pour les grandes pharmas
et pour les biotechs : « Nous faisons même des profits et
d'autres hôpitaux souhaitent emprunter ce modèle. » Avec
l'aide de donateurs, il a aussi fondé le Centre de pharma-
cogénomique de l'ICM.
Jean-Claude Tardif posait ainsi les bases d'un centre
d'excellence en médecine personnalisée : le CEPMed. À
travers l'éducation, le développement de politiques et
différents PPP, le CEPMed vise à optimiser les traitements
selon le profil spécifique d'un patient. Lié au réseau des
centres d'excellence du Canada, il est le seul centre au
pays dans ce domaine. Sa directrice, Clarissa Desjardins,
se réjouit des premiers résultats :« Les tests génétiques
coûtent très cher. Il faut viser à enlever de la pression sur
le système de santé, précise-t-elle. Nous effectuons donc
des études cliniques pour de grandes
pharmas et nous partageons les
bénéfices. L'effet de levier de nos
investissements est rentable pour
l'économie montréalaise. Le parte-
nariat avec l'entreprise Roche, par
exemple, a eu un impact de 1,3 fois
notre mise en termes d'investisse-
ments directs immédiats. » Pour l'ins-
tant, les essais cliniques financés
par le CEPMed sont centrés sur la
cardiologie, mais les activités d'édu-
cation et de promotion touchent
aussi les secteurs de l'oncologie et
de la médecine de famille.
JEAN-CLAUDE TARDIFDirecteur, Centre de recherche de l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM)
« IL Y A TROIS OU QUATRE ANS,
NOUS AVONS RECUEILLI, SUR UNE BASE
VOLONTAIRE, QUELQUE 12 000
ÉCHANTILLONS, DE SANG ET AUTRES,
ET NOUS SOUHAITONS ATTEINDRE
LE NOMBRE DE 30 000. CE GENRE
D'OPÉRATION EST TOUTEFOIS TRÈS
DIFFICILE À FINANCER, CAR LES
RÉSULTATS NE SONT PAS IMMÉDIATS. »
– Jean-Claude Tardif
CLARISSA DESJARDINSPrésidente-directrice générale, CEPMed
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:37 Page39
40 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
I N R S . C A
TOUJOURS EN TÊTEau service de la santé depuis plus de 40 ans
lonhcet
formation de atropmiedèssopauqsedtneCeL
intensité de recherche.
é tnasaledeniamodelsnadeuqigo
t refsnartedteselcyce3et e2de formation , ehcrehcerederèitamneesitrepxeetne nutenoitidartehcirenuluesiulàe, SRNI’ledehcrehceredsertnecertan u,reipparF-dnamrAtutitsnI–SRNIer
intensité de recherche.
humaine, animale et environnementale.lonhcet
I N R S . C A
humaine, animale et environnementale.é tnasaledeniamodelsnadeuqigo
UNE STRATÉGIE POUR LE QUÉBECC'est dans ce contexte que Montréal InVivo a mis sur pied
l'Initiative pour développer une stratégie québécoise
concertée de médecine personnalisée, dirigée par le
Dr Howard Bergman, vice-président, Affaires scientifiques,
du FRSQ : « Le marché existe et il est même à la hausse,
dit-il. Il s'agit d'une réalité économique. Nous pouvons
miser sur des avantages indéniables grâce à des chercheurs
performants, des hôpitaux universitaires, une industrie
solide, des partenaires internationaux et un système
universel de soins de santé. »
« Notre système universel de santé nous procure un
avantage de taille, note Catalina Lopez Carrea. Grâce à ce
système et aux spécificités de la population québécoise,
il est plus facile de réaliser des études de médecine
personnalisée, le tout bien sûr dans le plus grand respect
des normes éthiques. Il est cependant plus difficile d'em-
brasser l'innovation dans son ensemble, considérant que
dans le contexte économique et démographique actuel
nous avons des moyens financiers limités. Nous menons
de l'excellente recherche, mais le passage des résultats
vers les hôpitaux et les cliniques demeure un défi .»
Des soins plus ciblés permettront-ils de diminuer les coûts
liés au système de santé ? L'argument a souvent été évoqué :
« Il serait téméraire de parler de réduction des coûts, affirme
Howard Bergman. Par les soins de santé personnalisés,
nous visons un système plus efficace qui permettra de
contribuer à améliorer la santé des Québécois avec un
meilleur contrôle des coûts. »
HOWARD BERGMANVice-président et directeur scientifique, Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ)
« PAR LES SOINS DE SANTÉ PERSONNALISÉS, NOUS VISONS
UN SYSTÈME PLUS EFFICACE QUI PERMETTRA DE CONTRIBUER
À AMÉLIORER LA SANTÉ DES QUÉBÉCOIS
AVEC UN MEILLEUR CONTRÔLE DES COÛTS. »
– Howard Bergman
Les expressions « médecine personnalisée » et « soins
de santé personnalisés » sont désormais sur toutes
les lèvres et les enjeux financiers sont immenses. Le
Wall Street Journal rapportait en janvier dernier1 que
les ventes globales de médicaments et de diagnos-
tics personnalisés avaient atteint 24 milliards en
2009 et qu'on prévoyait un taux annuel d'augmen-
tation de 10 % jusqu'en 2015, bien au-delà des 3 ou
4 % envisagés. Une véritable manne pour l'industrie
pharmaceutique, en particulier pour les entreprises
de diagnostic, mais il faut tout de même l'adapter.
1. « Pharmaceutical Sector Remains Genetically Challenged »,
The Wall Street Journal, 22 janvier 2011.
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:37 Page40
En 2010, le Dr Pavel Hamet a signé de sa main quelque 10 000 lettres de
remerciement adressées à autant de personnes, choisies selon une méthode
scientifique, qui avaient répondu à l'appel de la Régie de l'assurance-maladie
du Québec en vue de participer à une évaluation détaillée de leur profil de santé
et de leurs antécédents génétiques : « Ces gens nous ont accordé de trois à
quatre heures de leur temps. C'était la moindre des choses de leur dire merci »,
rappelle le directeur médical du projet CARTA@GENE et responsable de la moitié
des 20 000 évaluations.
« Les données statistiques globales, sur le diabète ou l'hypertension par exem-
ple, ne nous donnent pas d'informations sur la condition d'une personne en
particulier quant à son alimentation, à ses habitudes de vie ou à son environ-
nement, explique Pavel Hamet, sans compter celles qui ne vont jamais chez le
médecin et dont nous ne connaissons rien. La banque de données que nous
avons constituée est extrêmement précieuse et permettra d'orienter le déve-
loppement de médicaments. Les spécimens de sang et d'urine ont été entre-
posés selon les meilleures normes éthiques et l'analyse des données est en
cours pour le diabète, l'hypertension, l'ostéoporose et l'obésité. »
Titulaire de la Chaire du Canada en génomique prédictive, Pavel Hamet caresse un grand rêve : « Le projet CART@GENE
nous donne une photo instantanée de notre population. En réévaluant la même cohorte tous les cinq ans, par exemple,
nous aurions un film continu. L'investissement initial de 35 millions de dollars nous procure une infrastructure bien rodée.
Il n'en coûterait que quelques millions par année pour la suite. » Des retombées économiques se pointent déjà. Au moment
de l'entrevue, le Dr Hamet se préparait à partir en Inde dans le cadre d'une mission économique gouvernementale :
« J'espère signer des ententes avec des entreprises pharmaceutiques, notamment concernant le diabète, un véritable
fléau dans ce pays. »
41Montréal économique – édition 2011 —
PAVEL HAMETDirecteur médical, CART@GENE
PHOTO
: LUC LAU
ZIÈR
E, CHUM
Les défis à relever sont importants : « Nous parlons
beaucoup de commercialisation, prévient le Dr Bergman,
mais il ne faut pas oublier que les biomarqueurs et les
plateformes de recherche actuels existent grâce à la
recherche fondamentale effectuée depuis 15 ou 20 ans.
De plus, non seulement faut-il faire de la bonne science,
mais il faut aussi démontrer la possibilité d'intégrer cette
nouvelle manière de faire de la médecine dans le système
de santé. » La stratégie, élaborée pour une période de
10 ans, comportera deux temps : « Nous allons commencer
par valider l'efficacité des biomar-queurs et développer
une preuve de concept d'application à notre système de
santé. Ensuite viendra l'étape de l'application. »
« Le Québec est bien positionné pour assumer un rôle de
leader au niveau international, poursuit Howard Bergman.
Nous avons une entente avec l'Agence nationale de
la recherche France, des partenariats sont envisagés
notamment avec le Luxembourg, l'Allemagne, la Chine et
l'Espagne. » Michel Cimon se dit pour sa part très optimiste :
« La demande est grande et si le Québec s'organise bien,
il pourra très certainement faire figure de pionnier. »
20 000 QUÉBÉCOIS ET QUÉBÉCOISES
répondent à l’appel de CART@GENE
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-30 09:17 Page41
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:37 Page42
Le système de santé est en processus de changement vers une médecine
personnalisée. À Montréal, la compagnie Caprion Protéomique fait partie
des acteurs qui contribuent à accélérer ce virage. Grâce à sa technologie de
pointe, cette biotech est en mesure d’analyser l’ensemble des protéines d’une
cellule et, par conséquent, de vérifier le fonctionnement de cette dernière.
« L’étude des protéines présentes dans le sang et les tissus organiques dits
“ biomarqueurs ”, permet de détecter une maladie avant même l’apparition
des symptômes, de suivre l’agent pathogène dans l’organisme et de choisir
des traitements adaptés à chaque personne », explique Martin LeBlanc,
président de Caprion Protéomique.
La plateforme de découverte ultramoderne de Caprion est un outil particu-
lièrement convoité par les chefs de file de l’industrie du médicament tels que
Pfizer, AstraZeneca, Abbott, etc. « Les collaborations avec les entreprises
pharmaceutiques se multiplient, ajoute M. LeBlanc. En utilisant les biomarqueurs,
les laboratoires pharmaceutiques peuvent étudier plus précisément l’action
d’un médicament dans le corps et donc prendre des décisions plus éclairées
au cours du processus de développement du médicament. »
Depuis 10 ans, Caprion a développé une excellente expertise en vue de comprendre les besoins des entreprises
pharmaceutiques et de leur offrir les services appropriés. Ses partenariats avec d’importantes compagnies pharma-
ceutiques génèrent un chiffre d’affaires de plus de 10 millions de dollars par an, tout en permettant d’entrevoir
des redevances potentielles sur les médicaments développés par ses collaborateurs. Caprion Protéomique est l’un
des meilleurs fournisseurs de services biotechnologiques orientés vers la médecine personnalisée.
43Montréal économique – édition 2011 —
Distributeur canadien depuis 1986, Medicorp inc. représente maintenant plus de 50 compagnies américaines ou européennes.
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: ISTOCKP
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PAR
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Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page44
45Montréal économique – édition 2011 —
éritable centre névralgique de la recherche sur les
médicaments, Montréal offre un environnement
favorable à l’innovation, tant par ses infrastructures de
production et de recherche que par sa main-d’œuvre
hautement qualifiée et ses ressources financières.
Il y a près de deux ans, le gouvernement du Québec
dévoilait la nouvelle Stratégie biopharmaceutique québé-
coise consacrant près de 123 millions de dollars sur trois
ans au déploiement de l'industrie biopharmaceutique.
L’objectif : faire face aux défis majeurs que représentent
notamment la compétitivité internationale et la croissance
des coûts de R-D, tout en positionnant le Québec comme
une terre d'accueil pour les investissements et les entre-
prises de l’industrie du médicament.
« Le secteur biopharmaceutique est
en profond bouleversement, explique le
Dr Max Fehlmann, président-directeur
général du Consortium québécois sur la
découverte du médicament (CQDM).
Depuis les années 1980, on assiste pa-
rallèlement à une baisse du nombre de
découvertes de molécules innovantes
et à une hausse des investissements en
R-D. Aujourd’hui, très peu de molécules
parviennent à l’étape de mise en marché.
Sur 100 000 molécules identifiées à
l’étape de la recherche initiale, une seule
est commercialisée. » La production d’un
médicament est un processus long – plus
de 20 ans entre la recherche de nouvelles
molécules et leur commercialisation – et coûteux – entre
800 millions et 1,3 milliard de dollars. « Le gouvernement
a bien compris l’importance d’aider financièrement à chaque
étape de la chaîne d’innovation des médicaments », ajoute
M. Fehlmann.
V
MAX FEHLMANNPrésident-directeur généralConsortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM)
Par Sybille Pluvinage
Une solide chaîne d’innovation
pour les médicaments
PHOTO
: ISTOCKP
HOTO
PAR
SETIXELA
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page45
46 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
Pour contrer ce bouleversement, un nouveau modèle voit
le jour, basé sur la synergie et la mobilisation des compé-
tences. « La clé du succès tient à la collaboration de tous
les acteurs du secteur biopharmaceutique, indique Michel
Bouvier, chercheur principal à l’Institut de recherche en
immunologie et en cancérologie (IRIC) et professeur
titulaire au Département de biochimie de la Faculté de
médecine de l’Université de Montréal. Pour rester compé-
titifs et aller chercher l’expertise nécessaire, les grands
laboratoires pharmaceutiques doivent s’ouvrir au travail
en partenariat avec de petites entreprises en biotechno-
logie et avec le milieu universitaire. » Ce système, appelé
« innovation ouverte », est, pour le Dr Fehlmann, un modèle
raisonnable. « Si tous les partenaires mettent leur argent
dans le même panier pour financer des projets risqués et
que les bénéfices sont ensuite partagés, il y a alors une
dilution des risques et davantage de projets peuvent être
financés grâce à ce modèle. Par conséquent, les chances
d’avoir un projet qui marche pour un investissement égal
augmentent. »
C’est un modèle que le gouvernement du Québec soutient,
notamment par l’appui du CQDM, cet organisme à but
non lucratif qui finance les projets de recherche novateurs
réalisés en partenariat entre les secteurs public et privé.
Depuis son ouverture en 2008, il appuie annuellement de
trois à cinq projets d’environ 2 millions de dollars chacun.
« Le Consortium est un carrefour qui contribue à renforcer
les liens entre le milieu universitaire et l’industrie. Nous misons
sur l’innovation en soutenant des projets de recherche
inusités et le développement d’outils permettant de faci-
liter la découverte de nouveaux médicaments », précise
Max Fehlmann.
MICHEL BOUVIERChercheur principal, Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC)
« LA CLÉ DU SUCCÈS TIENT À LA COLLABORATION DE TOUS
LES ACTEURS DU SECTEUR BIOPHARMACEUTIQUE. »
– Michel Bouvier
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47Montréal économique – édition 2011 —
À L’ÉTAPE DE LA DÉCOUVERTE DES MÉDICAMENTSUne des solutions pour augmenter la productivité de R-D
de médicaments consiste à mettre en place, en amont de
la chaîne de production, des procédés pour repérer les
projets les plus prometteurs. « Il convient d’envisager le
développement d’outils qui permettraient d’anticiper le
manque d’efficacité ou la toxicité de nouvelles molécules
et donc de “tuer” tôt des projets avant qu’ils ne coûtent
trop cher », indique le Dr Fehlmann. À Montréal, ce genre
d’outils est largement employé à l'IRIC, comme l'explique
le Dr Bouvier : « Les projets de recherche foisonnent à
l’IRIC, mais, pour accélérer le processus de transfert des
connaissances vers la découverte de médicaments, il faut
concevoir et développer les projets les plus novateurs.
C'est dans ce but que le Centre d'excellence en commer-
cialisation et recherche en découvertes thérapeutiques
a été mis sur pied à l'IRIC. Une fois matures, les projets
peuvent ensuite être pris en charge par une entreprise
pharmaceutique ou de biotechnologie dans le cadre
d'ententes de partenariat permettant un juste partage des
revenus . Ce procédé permet à la fois de consolider les
relations entre les milieux universitaire et industriel, et d’amé-
liorer la productivité et les connaissances en recherche. »
À L’ÉTAPE DES ESSAIS CLINIQUESL’élaboration de nouvelles technologies
à l’étape des essais cliniques représente
une autre façon d’accentuer le dévelop-
pement et les retombées de la recherche.
Selon Tarik Möröy, président et directeur
scientifique de l’Institut de recherches
cliniques de Montréal (IRCM), « il est
important de diminuer de façon radicale
les échecs tardifs dans le développement de nouveaux
médicaments. Lorsqu’une molécule se rend jusqu’à l’étape
des essais cliniques avec des patients et qu’elle échoue,
les coûts financiers sont énormes. C’est pourquoi l’IRCM
offre dans ses murs la possibilité d'une collaboration
étroite entre chercheurs fondamentaux et cliniciens.
L’IRCM est un élément unique dans la chaîne d’innovation,
car ici, cliniciens et chercheurs collaborent sous un même
toit, avec des cohortes de patients plus homogènes et
très bien caractérisées en vue de construire des études
cliniques plus solides. » L'IRCM constitue un noyau
d’excellence en recherche clinique et fait partie de l’un des
19 centres soutenus par le Fonds de la recherche en santé
du Québec (FRSQ).
La FRSQ a d’ailleurs annoncé récemment la disponibilité
de nouveaux budgets en vue d'atteindre un des objectifs de
la Stratégie biopharmaceutique québécoise, soit « soutenir
le développement de l'excellence en recherche clinique
dans les centres de recherche ». Ces fonds, d’un montant
total de 2,6 millions de dollars par an, pour deux ans, sont
destinés aux centres désirant développer la recherche
clinique en collaboration avec l'industrie biopharmaceu-
tique. « Ces fonds gouvernementaux aident les chercheurs
à poursuivre des projets d’envergure en partenariat avec
les entreprises et les biotechs, et à accroître les connais-
sances en recherche fondamentale », ajoute le Dr Möröy.
« IL CONVIENT D’ENVISAGER LE DÉVELOPPEMENT
D’OUTILS QUI PERMETTRAIENT D’ANTICIPER LE
MANQUE D’EFFICACITÉ OU LA TOXICITÉ DE
NOUVELLES MOLÉCULES ET DONC DE “TUER” TÔT
DES PROJETS AVANT QU’ILS NE COÛTENT TROP CHER. »
– Max Fehlmann
PHOTO : YVES LACOMBE > INSTITUT DE RECHERCHE EN IM
MUNOLOGIE ET EN CAN
CÉROLOGIE
TARIK MÖRÖYPrésident et directeur scientifique Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM)
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page47
48 — Montréal économique – édition 2011
« IL EST IMPORTANT D’INVESTIR POUR FORMER
DES CHERCHEURS DE HAUT NIVEAU QUI
ALIMENTERONT L’INDUSTRIE BIOPHARMACEUTIQUE
AU QUÉBEC, EXPLIQUE LE DR BOUVIER.
L’ENSEMBLE DES GROUPES DE RECHERCHE
DANS CE DOMAINE AGIT COMME UN CATALYSEUR
POUR L’INDUSTRIE QUÉBÉCOISE. »
– Michel Bouvier
SORTIR DE LA VALLÉE DE LA MORT« Il existe une véritable “vallée de la mort” financière entre
l’étape de la découverte d’une molécule et sa précom-
mercialisation », affirme le Dr Fehlmann. Ce terme, couram-
mentutilisé, décrit bien la situation des biotechs. En réponse
aux défis auxquels celles-ci font face, le gouvernement
du Québec a mis sur pied, en 2009, de nouveaux fonds
majeurs de capital de risque. Le premier, Teralys Capital,
est un fonds dont la capitalisation totale visée est de
825 millions de dollars. Appuyé par la Caisse de dépôt
et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ,
il est dédié aux entreprises de technologie évoluant
notamment dans le secteur des sciences de la vie. Trois
autres fonds ont été créés en partenariat avec le Fonds de
solidarité FTQ, FIER Partenaires et des partenaires privés.
Chaque fonds de 41,25 millions est destiné au finance-
ment de l’amorçage d’entreprises émergentes.
INVESTIR DANS LA FORMATIONMontréal possède une main-d’œuvre hautement qualifiée,
qui peut compter sur des programmes de formation
reconnus internationalement. Ses universités disposent
d’importantes infrastructures de recherche de renommée
mondiale telles que le Centre d'innovation Génome Québec
et Université McGill, ou encore, le Centre de pharmaco-
génomique Beaulieu-Saucier de l’Université de Montréal.
« Il est important d’investir pour former des chercheurs de
haut niveau qui alimenteront l’industrie biopharmaceutique
au Québec, explique le Dr Bouvier. L’ensemble des groupes
de recherche dans ce domaine agit comme un catalyseur
pour l’industrie québécoise. » Conscient de l’importance
stratégique de former une main-d’œuvre qualifiée, le
gouvernement du Québec apporte son appui en investissant
un montant de 320 000 $ pour développer des outils de
sensibilisation et motiver les jeunes à faire carrière dans
le secteur biopharmaceutique.
relier la science à la vie
SAVEZ-VOUS COMMENT CE DISQUE POURRA VOUS AIDER À SOIGNER UNE INFECTION PAR LA BACTÉRIE C. DIFFICILE ?
En détectant la présence de la bactérie en moins de 60 minutes au lieu des 48 heures requises par les tests classiques de microbiologie. La génomique – l’étude de l’ensemble des gènes d’un organisme – a en effet permis d’inventer le disque compact diagnostique*, une sorte de laboratoire miniaturisé utilisant des tests à base d’ADN* aussi développés grâce à cette science. Révolutionnaire, cet outil peut détecter de multiples micro organismes responsables d’infection, tels que le C. difficile, ainsi que leurs gènes de résistance aux antibiotiques en un rien de temps ! Et dans un proche avenir, les médecins pourront s’en servir dans leur cabinet même et ainsi vite vous soigner en prescrivant le traitement efficace qui vous convient. Voilà comment Génome Québec relie la science à la vie et à votre santé.
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* Innovations réalisées par le Dr Michel G. Bergeron, professeur titulaire, directeur et fondateur du Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval à Québec, et son équipe.
Chercheurs formés par Génome Québec 671
455 Investissements en génomique au Québec
Emplois créés grâce à Génome Québec
millions $
2 170
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page48
49Montréal économique – édition 2011 —
UN SUCCÈS EXEMPLAIRE
Theratechnologies et son produit phareEGRIFTAMC
UN ENVIRONNEMENT D'AFFAIRES FAVORABLELe moteur de l’industrie biopharmaceutique demeure tout
de même l’apport des grandes entreprises. Au total, une
vingtaine de compagnies pharmaceutiques internationales
ont établi leur siège social canadien au Québec, dont la
plupart dans la région de Montréal. « L’environnement est
favorable au développement des affaires, notamment
grâce à la qualité des réseaux établis entre les secteurs
privé et public, dit le Dr Fehlmann. Malgré sa taille, Montréal
ressemble, somme toute, à un village. Contrairement aux
autres pôles du secteur biopharmaceutique, la communi-
cation y est ouverte entre universitaires et industriels. Les
acteurs du secteur biopharmaceutique sont capables de
travailler sur des terrains neutres qui sont d’intérêt commun.
C’est un outil très précieux et unique. »
La chaîne du médicament est donc bien développée à
Montréal, de la recherche à la commercialisation. La ville
jouit de ressources considérables et la Stratégie biophar-
maceutique québécoise représente un pas de plus vers la
réussite dans ce secteur. Bien sûr cette stratégie comporte
des failles. Comme le mentionnent en cœur les chercheurs :
« Un budget de 123 millions de dollars, ce n’est pas assez ! »
Et le Dr Fehlmann d’ajouter : « Ce n’est jamais assez, mais
le gouvernement est sur la bonne voie. » Montréal est l’un
des chefs de file en Amérique du Nord dans le domaine
biopharmaceutique. Et elle entend le rester…
LES AUTORITÉS DE LA FOOD AND DRUG ADMINISTRATION
AMÉRICAINE ONT DONNÉ LEUR ACCORD POUR LA COM-
MERCIALISATION DE L’EGRIFTAMC LE 11 NOVEMBRE 2010. CE
MÉDICAMENT RÉSOLUMENT RÉVOLUTIONNAIRE EST INDI-
QUÉ POUR RÉDUIRE L’EXCÈS DE GRAISSE ABDOMINALE CHEZ
LES PATIENTS INFECTÉS PAR LE VIH ET ATTEINTS DE LIPO-
DYSTROPHIE. L’EGRIFTAMC EST LE PREMIER ET LE SEUL TRAI-
TEMENT DU GENRE APPROUVÉ PAR LA FDA. IL A ÉTÉ
DÉVELOPPÉ DE BOUT EN BOUT PAR L’ENTREPRISE BIOPHAR-
MACEUTIQUE MONTRÉALAISE THERATECHNOLOGIES ET
SERA EXCLUSIVEMENT COMMERCIALISÉ AUX ÉTATS-UNIS
PAR EMD SERONO, INC., UNE SOCIÉTÉ MEMBRE DU GROUPE
MERCK KGAA.
Son autorisation de mise sur le marché est une excellente
nouvelle pour l’ensemble de l’industrie québécoise des biotech-
nologies. Depuis le grand succès de Biochem Pharma dans les
années 1990, ce secteur connaît, en effet, une période
difficile. Située à Montréal, Theratechnologies est l'une des très
rares entreprises canadiennes de biotechnologie à avoir réussi,
par elle-même, à découvrir, développer et mettre sur le marché
un médicament.
Mais son succès ne s’arrête pas là. L’entreprise a récemment
accordé à Sanofi-Aventis les droits de distribution exclusifs du
médicament en Amérique latine, en Afrique et au Moyen-Orient,
ainsi qu’à Ferrer Internacional pour sa commercialisation en
Europe, en Russie, en Corée du Sud, à Taiwan et dans certains
pays d'Asie centrale.
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:39 Page49
d’un patient, explique Carl-Éric Aubin,
professeur au Département de génie méca-
nique de l’École Polytechnique de Montréal
et titulaire de la Chaire de recherche indus-
trielle CRSNG-Medtronic en biomécanique
de la colonne vertébrale. On peut ensuite
modéliser le comportement mécanique
de la colonne. Ce nouveau procédé nous
permet de prendre le virage de la médecine
personnalisée et d’explorer de nouvelles
avenues thérapeutiques. »
Le programme de simulation personnalisé
appliqué aux corsets est l’un des projets les
plus prometteurs de l’équipe du Pr Aubin.
« En quelques minutes, nous créons le mo-
dèle 3D du patient, puis nous fabriquons virtuellement un
grand nombre de corsets. On peut ainsi prédire lequel sera
le plus efficace et quels seront les effets à long terme sur
le patient. »
Un autre programme de modélisation 3D permettra
de simuler les chirurgies correctrices de la scoliose.
L’objectif : prédire les impacts des principales manœu-
vres chirurgicales avec assez de précision et améliorer
ainsi l’efficacité des traitements.
Déjà, plusieurs partenaires industriels s’intéressent à
ces techniques numériques et sont prêts à les mettre
en marché si les résultats sont concluants.
l’École Polytechnique de Montréal, une équipe de
chercheurs en génie biomécanique s’est alliée au
Centre de recherche du CHU Sainte-Justine afin de
mettre au point de meilleurs outils pour le traitement
de la scoliose, une déformation de la colonne vertébrale.
Cette précieuse collaboration contribue à faire de Montréal
l’un des chefs de file mondiaux dans le traitement des
maladies de la colonne vertébrale.
L’équipe multidisciplinaire travaille notamment à bâtir un
programme de modélisation 3D. « Avec des techniques
d’imagerie, on peut reproduire en 3D la colonne vertébrale
Traiter la scoliose
50 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
À
CARL-ÉRIC AUBINProfesseur au Département de génie mécanique de l’École Polytechnique de Montréal et titulaire de la Chaire de rechercheindustrielle CRSNG-Medtronic en biomécanique de la colonne vertébrale
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:39 Page50
51Montréal économique – édition 2011 — 51Édition 2011 —
En 2010, une importante entreprise pharmaceutique
indienne, Piramal Healthcare Limited, s'est intéressée aux
travaux du Pr Michael Buschmann et de son équipe dans
le domaine du génie tissulaire et a notamment investi dans
la Chaire industrielle CRSNG/Piramal en biomatériaux
hybrides pour les technologies régénératives tissulaires,
qu'il dirige.
Aujourd'hui associés dans la jeune
entreprise Biomomentum, Martin
Garon et Éric Quenneville ont tous
deux complété leur doctorat en
génie biomédical sous la direction
du Pr Buschmann. « Pendant nos
études, nous avons identifié le
besoin de mesurer les propriétés
mécaniques de tissus, de peau ou
de cartilage – par exemple, leur
réponse à une compression, ex-
plique Martin Garon. Nous avons
ainsi développé le Mach-1, un
instrument qui peut être utilisé en
chirurgie orthopédique. » Lorsque
l'entreprise pour laquelle ils tra-
vaillaient a fermé son service
d'instrumentation en 2009, ils
ont racheté leurs brevets et créé
Biomomentum, dont ils sont
copropriétaires. Le succès se pointe déjà à l'horizon avec
l'obtention du premier prix, catégorie Innovation techno-
logique, au Concours québécois en entreprenariat de
2010, où l'on a reconnu le grand potentiel de l'entreprise.
Biomomentum reçoit actuellement du financement de
Développement économique Canada et de Investissement
Québec, mais il en faut plus : « Pour l'instant, précise Martin
Garon, nous nous concentrons sur les ventes du Mach-1 au
Canada (30 %), aux États-Unis (30 %) et en Europe (40 %). »
Un autre instrument d'évaluation arthroscopique, le Arthro-
BST, est pour l'instant vendu en laboratoire. Les chercheurs
espèrent obtenir une version clinique à l'été 2011. « À long
terme, entrevoit Martin Garon, nous souhaitons que
ces instruments, en plus d'être utilisés pour l'évaluation,
deviennent de véritables outils diagnostiques. »
2003, une découverte réalisée à l'École Poly-
technique de Montréal a fait les manchettes de
l'actualité québécoise lorsque le très connu hockeyeur
Serge Savard a profité des travaux de cet établissement.
Les nombreux accidents aux jambes subis au cours de sa
carrière ne lui laissaient plus le choix : il devait se soumettre
à une opération chirurgicale majeure pour qu’on remplace
l'articulation de son genou gauche. C'est alors que Santé
Canada a accordé la permission à quelques dizaines de
patients d'être traités à l'aide d'un nouveau biomatériau,
le CarGelTM, avant la fin des essais cliniques. L'intervention
a été évitée et le hockeyeur a abandonné sa canne.
Le cartilage de son genou avait pu être régénéré à l'aide
d'un nouveau tissu.
Au cœur de ce succès
se trouvent Michael D.
Buschmann et Caro-
line D. Hoemann, qui
ont mis au point une
technique de régé-
nération du cartilage
articulaire unique au
monde. Leur biogel,
un polymère appelé
chitosane obtenu à
partir des carapaces
de crustacés, est mé-
langéavec le sang du
patient et appliqué
directement sur la
lésion au cours d'une
opération très peu
invasive. Il adhère à
l'os et au cartilage
pour ensuite se dé-
grader complètement
pendant le processus
de guérison. « Il s’agit d’une technologie très innovatrice,
affirme Mme Hoemann, biologiste et professeure au
Département de génie chimique et à l’Institut de génie
biomédical. Nous sommes les premiers à avoir pensé à
guérir les cartilages directement sur le lieu de la lésion
avec un tel biogel. » Les recherches se poursuivent : « Nous
continuons d'étudier les interactions entre le polymère de
chitosane et les cellules impliquées dans la guérison des
blessures. »
Créer des tissus...En
CAROLINE D. HOEMANNBiologiste et professeure au Département de génie chimique et à l’Institut de génie biomédical
MICHAEL D. BUSCHMANNProfesseur titulaireDépartement de génie chimique
...et évaluer des tissus
MARTIN GARON et ÉRIC QUENNEVILLE
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:39 Page51
52 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
LE CENTRE DE RECHERCHE DE L'INSTITUT DOUGLAS EST LE PLUS ANCIEN ÉTABLISSEMENT AU QUÉBEC À TRAVAILLER EN SANTÉ MENTALE. AVEC SES 300 CHERCHEURS DE RENOMMÉE INTERNATIONALE ET
SES INFRASTRUCTURES À LA FINE POINTE, IL EST AUSSI LE DEUXIÈME PLUS IMPORTANT CENTRE AU CANADADANS CE DOMAINE. IL SE DÉMARQUE PAR SES PERCÉES SCIENTIFIQUES ET SES PROJETS NOVATEURS, SUR
LE PLAN TANT DE LA RECHERCHE QUE CLINIQUE. LES CHERCHEURS SE PENCHENT TOUT PARTICULIÈREMENTSUR LES MÉCANISMES ET LES CAUSES DES TROUBLES MENTAUX COMME LA MALADIE D’ALZHEIMER,
LA SCHIZOPHRÉNIE, LES TROUBLES DÉPRESSIFS ET L’AUTISME.
Le Centre de recherche de l’Institut Douglas
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:39 Page52
LE CENTRE D’ÉTUDES EN PRÉVENTION DE LA MALADIE D'ALZHEIMER D’ici peu, le Centre d’études en prévention de la maladie
d'Alzheimer ouvrira ses portes à l’Institut Douglas. « Ce
centre, unique en Amérique du Nord, évaluera l’efficacité
de traitements préventifs chez les personnes possédant
des marqueurs biologiques connus pour accroître le risque
de développer la maladie d’Alzheimer », explique John Breitner,
directeur du Centre et professeur de psychiatrie à la
Faculté de médecine de l’Université McGill. Les études
issues de ce nouveau projet d’envergure permettront
de mieux comprendre les facteurs de risques associés
à la maladie d'Alzheimer afin de retarder son apparition
et sa progression.
LE CENTRE D’IMAGERIE CÉRÉBRALEL’ensemble des recherches réalisées à
l’Institut Douglas sera grandement facilité
par la création du Centre d'imagerie céré-
brale. Comme le souligne le directeur du
Centre, Martin Lepage, « avec ce nouvel
équipement, les chercheurs disposeront
d’une infrastructure de pointe qui viendra
soutenir le développement d’une expertise
déjà remarquable. Le Québec se position-
nera ainsi parmi les chefs de file mondiaux
dans le domaine de la recherche fonda-
mentale et appliquée en psychiatrie et en
santé mentale. » À l’aide d’un financement
conjoint des gouvernements provincial et fédéral de plus
de 20 millions de dollars, l’Institut deviendra le premier
établissement psychiatrique au Québec à posséder son
propre centre d’imagerie cérébrale. Cette plateforme
ultramoderne abritera de nombreuses technologies à la
fine pointe, dont deux nouveaux appareils d'imagerie par
résonance magnétique, l'un consacré aux études chez
l'humain et l'autre aux études chez l'animal. Les chercheurs
pourront ainsi plus facilement examiner le développement
du cerveau, mieux comprendre les maladies mentales et
améliorer la précision des diagnostics et des pronostics.
Ces techniques d’imagerie cérébrale ouvrent de nouvelles
perspectives dans la recherche en santé mentale.
Affilié à l’Université McGill, le Centre de recherche de
l'Institut Douglas travaille aussi, depuis 1982, en partenariat
avec le Centre collaborateur de l'Organisation mondiale
de la santé (OMS) et de l'Organisation panaméricaine de la
santé (OPS). Leur objectif est d’améliorer l'accès aux soins
en santé mentale à travers le monde.
JOHN BREITNERDirecteur du Centre et professeur de psychiatrie à la Faculté de médecine de l’Université McGill
MARTIN LEPAGEDirecteurCentre d’imagerie cérébrale
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54 — Montréal économique – édition 2011
SCIENCES DE LA VIE
Biochem Pharma, un des « plus grands
succès des biotechnologies au Canada »
grâce à son désormais incontournable
traitement contre le VIH, est en effet
issue de l'Institut Armand-Frappier, qui
lui-même porte le nom d'un pionnier de
la vaccination contre la tuberculose en
Amérique du Nord. Ajoutons à cela l'en-
treprise ViroChem Pharma, qui s'est
spécialisée dans les traitements contre
l'hépatite C et le VIH dans les années
2000, ainsi que la présence actuelle
du géant mondial GlaxoSmithKline, qui
développe et fabrique un vaccin contre
l'influenza. La tradition est bien établie.
La construction du Centre de cancérologie sur le site
de l'Hôpital de la Cité-de-la-santé de Laval, un projet de
37,5 millions de dollars en plus de 40 millions pour les
équipements et 29 millions pour le fonctionnement, vient
renforcer le secteur de l'oncologie à l’intérieur du Grand
Montréal : « Dans ce domaine aussi, nous visons la com-
plémentarité », déclare Samir Mounir.
DES ACQUISITIONS QUI RAPPORTENT Une bonne proportion des firmes de capital de risque a
décidé de cibler le financement d'entreprises plus avancées
dans leur développement. Dans ce contexte, « il est certain,
note Samir Mounir, que les plus petites éprouvent plus de
difficultés à se financer, et que le capital de risque néces-
saire pour combler le manque n'est pas vraiment disponible,
pour le moment, au Québec. Cette situation encourage
les fusions et les acquisitions. »
Les acquisitions de biotechs québécoises performantes ou
prometteuses par des entreprises étrangères se sont ainsi
additionnées depuis quelques années, particulièrement
à la suite de la crise financière de l’automne 2008. Aux
personnes qui déplorent cet état de fait, le Dr Mounir
présente une vision différente : « Nous avons gardé les
emplois au moment de l'acquisition de ViroChem Pharma,
par exemple, qui a été achetée par la société américaine
Vertex Pharmaceuticals en 2009. Celle-ci est restée
chez nous et nous profitons des investissements. » Autre
exemple, celui du Laboratoire Dr Renaud, acquis par la
branche canadienne de Valeant Pharmaceutical Interna-
tional en 2010 : « Les acheteurs ont choisi de rester ici et
de positionner la biotech comme une unité d'excellence
en dermatologie, poursuit le directeur de la Cité de la
Biotech. Ils participent ainsi activement au développement
économique. Même scénario pour Biosyntech, connue pour
son produit CarGelTM (voir p. 51). » Et que dire des difficultés
financières de LAB Recherche, firme qui offre des services
de tests précliniques pour des entreprises pharmaceu-
tiques ? Le Dr Mounir, optimiste, prône la patience : « L'en-
treprise n'a pas déclaré faillite. Attendons, il y a
peut-être une acquisition ou une fusion à l'horizon… »
ATTIRER LES MEILLEURSLa présence depuis 2007 à Laval de New World Laboratories,
dont le fondateur a été nommé homme d'affaires de
l'année aux États-Unis en 2004, n'est pas le fruit du hasard :
« Nous cherchions à attirer une entreprise de haut niveau dans
le domaine des cellules souches, de la médecine régénéra-
tive et de la médecine personnalisée, relate Samir Mounir.
« La patience n'exclut pas la proactivité, et les dirigeants
de la Cité de la Biotech s'emploient à repérer et à attirer
les meilleurs joueurs dans le secteur des sciences de la
vie et des technologies de la santé au niveau national et
international. L'intérêt de nos universités pour ce secteur,
la concentration de ressources dans le Grand Montréal et
les coûts moindres de R-D les ont convaincus. Nous avons
l'intention de poursuivre les efforts dans cette direction
et des ententes sont déjà en cours avec des groupes
d’Allemagne, d’Espagne, de France et du Canada. »
La Cité de la Biotech
SAMIR MOUNIRDirecteur BIOPOLE et Cité de la Biotech
Centre d'affaires et de sciences, la Cité de la Biotech
réunit plus de 5000 personnes réparties dans plus
de 80 entreprises regroupées à l'intérieur d'un rayon
de quatre kilomètres.
NÉE IL Y A 10 ANS D'UN PARTENARIAT ENTRE LAVAL TECHNOPOLE ETL'INRS–INSTITUT ARMAND-FRAPPIER, LA CITÉ DE LA BIOTECHNOLOGIEET DE LA SANTÉ HUMAINE DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN, OU CITÉ DELA BIOTECH, S'INSCRIT DANS UNE DYNAMIQUE EN COHÉRENCE AVECCELLE DE LA MÉTROPOLE : « NOUS NOUS DISTINGUONS NOTAMMENT PARUNE FORTE TRADITION D'EXCELLENCE EN RECHERCHE SUR LES MALADIESINFECTIEUSES ET DANS LE DOMAINE DES SOLUTIONS ANTIVIRALES », EXPLIQUE SON DIRECTEUR, LE DR SAMIR MOUNIR.
Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:39 Page54
55Montréal économique – édition 2011 —
TIC :Montréal a les moyens
de voir grandL’INDUSTRIE DES TIC MONTRÉALAISE, UN MOTEUR DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISEAvec 5 000 entreprises, 120 000 emplois et 25 milliards
de revenus, l’industrie des technologies de l’information
et des communications (TIC) du Grand Montréal se révèle
un puissant moteur de la prospérité économique québé-
coise. Le dynamisme de ce secteur, qui représente à lui seul
70 % des emplois dans la métropole, classe celle-ci au
cinquième rang au palmarès des villes nord-américaines
ayant la plus forte concentration d’emplois en haute tech-
nologie, à égalité avec Seattle, Boston ou San Francisco.
La présence marquée d’entreprises de TIC à Montréal re-
monte aux années 1970-1980, en plein développement
économique du Québec. Pour soutenir son essor, en effet,
le secteur des institutions financières a alors un énorme
besoin d’outils et de compétences informatiques, ce qui
favorisera le développement local de grandes firmes de
services-conseils spécialisées dans le domaine. Le boom
des télécom, l’installation de l’usine IBM à une heure à
peine de Montréal, à Bromont, et, bien sûr, le vaste bassin
universitaire sont autant de facteurs ayant contribué à la
concentration d’expertises technologiques.
Dossier par Catherine Flores
Technologies de l’information et des communications
PHOTO : PROJECTION HOLOGRAPHIQUE DE SPACE & DREAM
Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page55
Une masse critique et diversifiée d’entreprises, une main-
d’œuvre qualifiée et créative, des coûts d’exploitation
compétitifs et des incitatifs fiscaux avantageux expliquent
la vigueur de l’industrie québécoise des TIC. Malgré la
crise, celle-ci a affiché dans les dernières années une
croissance deux fois plus rapide que l’ensemble de
l’économie et capté pas moins des deux tiers des résultats
d’investissements étrangers de Montréal International
entre 2005 et 2008.
Loin de se reposer sur ses lauriers, la grappe industrielle
des TIC montréalaise, qui doit faire face à une concurrence
internationale accrue, se mobilise pour conserver son statut
de pôle d’innovation mondial et faire reconnaître celui-ci
hors frontières. Réunie sous la bannièreTechnoMontréal,
organisme lancé en 2007, elle met en œuvre des projets
d’envergure visant à optimiser sa croissance et son rayon-
nement, en veillant entre autres à faciliter l’arrimage entre
les secteurs privé et public.
56 — Montréal économique – édition 2011
TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
YVES PELLETIERPremier vice-président de DMR etprésident du conseil d'administrationde TechnoMontréal
« MONTRÉAL POSSÈDE TOUS LES ATOUTS POUR
SE DÉMARQUER SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE. »
– Yves Pelletier
25 ANS DESAVOIR-FAIRE !UNE EXPERTISE UNIQUE EN INNOVATION OUVERTE
Une organisation à la fine pointe des TI qui aide, soutient et transfère des technologies et des connaissances aux entreprises.
Un centre de recherche appliquée qui participe à la création d’applications concrètes et qui contribue à la croissance des technologies dans notre société.
Des cœurs de métier de premier plan !• Recherche et développement• Formation et transfert de connaissances• Tests de logiciels et d’interopérabilité
Une équipe d’experts, dans des domaines en pleine effervescence, qui place l’innovation collaborative au centre de sa vision d’avenir.
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Partenaire financier :
Récipiendaire d’un :
Contact :Françoys LabontéDirecteur, développement des affaires,R-D et commercialisation
Centre de recherche informatique de Montréal514 [email protected]
Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page56
57Montréal économique – édition 2011 —
TechnoMontréal ne manque pas d’ambition. Ses actions
au sein de ses quatre grands chantiers stratégiques –
main-d’œuvre, financement, commercialisation et
innovation – aident l’industrie montréalaise des TIC
à affronter de grands défis.
UN SECRET ENCORE TROP BIEN GARDÉSelon Yves Pelletier, premier vice-président de l'intégrateur-
conseil en affaires et en technologies de l'information
DMR et président du conseil de TechnoMontréal, le
leadership de Montréal en matière de TIC demeure
« un secret trop bien gardé ».
« Montréal possède tous les atouts pour se démarquer
sur la scène internationale, déclare M. Pelletier. Sa masse
critique d’entreprises est répartie dans des secteurs
complémentaires : fabrication, logiciels, services informa-
tiques, services de télécommunications et multimédia.
En tant que première ville en Amérique du Nord pour
la densité d’étudiants universitaires par rapport à la
population totale, elle offre un bassin de main-d’œuvre
bien formée et reconnue pour sa créativité. Ajoutons
à cela l’existence d’une panoplie de programmes d’aide à
l’entreprise, l’appui du Québec à la R-D, qui est la plus
forte au Canada, des loyers relativement faibles, de
nombreux centres de recherche et un soutien public à
la collaboration entreprises-chercheurs universitaires. »
Pourtant, Montréal demeure encore très discrète dans la
mise en valeur de ses atouts à l’international. « Pire, ajoute
M. Pelletier, de nombreuses entreprises d’ici font réaliser
leurs projets à l’extérieur, par ignorance des ressources
locales ou par difficulté à y accéder. Il faut rectifier cette
situation si l’on veut conserver à Montréal les talents
créatifs, les expertises et les avancées technologiques.
Il faut pour cela des projets mobilisateurs et c’est ce que
TechnoMontréal s’engage à promouvoir. »
POUR UNE « MÉTROPOLE NUMÉRIQUE »Parmi ces projets, le plus ambitieux est sans conteste celui
de faire de Montréal une véritable métropole numérique,
en dotant la ville d’infrastructures et de fonctionnalités
TIC de calibre mondial.
« Ce projet est né d’une consultation de l’ensemble des
acteurs de l’industrie de la région métropolitaine, explique
Yves Pelletier. L’enjeu est de créer une plaque tournante
(“hub”) technologique et créative qui permettra à l’ensemble
des joueurs de l’industrie de partager leurs savoirs pour
les faire évoluer. » Un tel projet nécessite, entre autres,
un accès omniprésent à des infrastructures de commu-
nication architecturale et de haut débit sans fil.
« Cela n’a rien d’utopique, souligne M. Pelletier. La tendance
mondiale est à la gestion de l’innovation ouverte et parta-
gée (“open innovation”) entre les organisations et leurs
partenaires potentiels, jeunes entreprises, développeurs,
chercheurs universitaires, clients, fournisseurs, voire
concurrents. Nous voulons inscrire Montréal dans cette
tendance. C’est pourquoi des infrastructures technologiques
qui permettent l’échange instantané des contenus numé-
riques, ainsi que la mise en place de mécanismes collaboratifs
entre les acteurs de l’industrie, sont indispensables. »
TechnoMontréal souhaite réaliser ce projet d’ici la tenue
du prochain Congrès mondial des technologies de l’infor-
mation (WCIT), dont Montréal sera l’hôte en mai 2012.
« DE NOMBREUSES ENTREPRISES D’ICI FONT RÉALISER
LEURS PROJETS À L’EXTÉRIEUR, PAR IGNORANCE DES
RESSOURCES LOCALES OU PAR DIFFICULTÉ À Y ACCÉDER.
IL FAUT RECTIFIER CETTE SITUATION SI L’ON VEUT
CONSERVER À MONTRÉAL LES TALENTS CRÉATIFS,
LES EXPERTISES ET LES AVANCÉES TECHNOLOGIQUES. »
– Yves Pelletier
PHOTO
: ISTO
CKPHOTO
PAR ANDRZ
EJ BURAK
Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page57
« Ce sera l’occasion idéale de présenter
une vitrine de l’expertise montréalaise
à l’échelle planétaire, en mettant à
l’avant-plan les innovations, les savoirs
et le savoir-faire d’ici », s’enthousiasme
M. Pelletier.
TechnoMontréal entreprend actuelle-
ment des démarches auprès des gou-
vernements provincial et fédéral et
des acteurs de l’industrie pour finan-
cer le projet Montréal Technopole
numérique. Son président est plutôt
optimiste étant donné les retombées
en termes de visibilité et d’occasions d’affaires. En plus
d’attirer plus d’entreprises et d’investissements étrangers
à Montréal, le projet devrait avantager les créneaux les
plus porteurs, tels que les jeux vidéo en ligne, l’informa-
tique mobile et l’informatique dans les nuages1, qui tous
requièrent des capacités de traitement importantes et un
large accès à la haute vitesse.
LA PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE, UNE PRÉOCCUPATION BRÛLANTELa capacité de la métropole à se doter d’une infrastructure
technologique devrait accélérer l'essor de l'industrie des
TIC, mais celle-ci risque cependant de se heurter à un
obstacle majeur : la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Un
défi prioritaire pour TechnoMontréal, comme le souligne
sa directrice générale, Lidia Divry : « D’ici cinq ans, 25 000
postes seront à combler. Or, la capacité d'innovation et
d'attraction de l'industrie est limitée par la capacité de for-
mer et d'attirer de nouveaux talents. »
TechnoMontréal souhaite valoriser l'image des TIC auprès
des jeunes et de leurs parents, et promouvoir des programmes
d'enseignement dans ce domaine. Avec le concours des
entreprises du secteur et d’organismes comme Techno
Compétences ou la Coalition canadienne pour une relève
en TIC, il met en œuvre de nombreuses activités d’infor-
mation au sein des établissements d’enseignement. « Pour
développer le bassin de travailleurs spécialisés à court
terme, il faut aussi se tourner vers d’autres solutions,
comme l’immigration et la réorientation de carrière par
la formation », constate Mme Divry. D’où la participation
de TechnoMontréal à l’implantation de programmes
favorisant l’insertion professionnelle des immigrants dans
les TI, à divers programmes de formation professionnelle
et à des missions de recrutement à l’étranger.
COUP DE POUCE AUX PMEL’optimisation de la croissance du secteur des TIC demande
également un accompagnement des PME, qui constituent
près de 75 % du secteur local, la plupart comptant moins
d’une dizaine d’employés. C’est l’objectif des chantiers
Financement et Commercialisation de TechnoMontréal.
« Nous agissons comme une interface entre les PME et
les bailleurs de fonds. Les stratégies de financement ont
évolué, il faut s’adapter et revoir les modèles d’affaires »,
explique Mme Divry. Ainsi, le projet Capital Innovation
réunit investisseurs et entreprises en démarrage ou
en phase de croissance. Sélectionnés par un comité
d’experts, les entrepreneurs bénéficient d’une formation
et d’un soutien pour la préparation de leur présentation
auprès des investisseurs ainsi que pour la conclusion
d’ententes. En 2010, le projet a généré 2,8 millions de
dollars en financement pour des projets allant jusqu’à
750 000 $. Par ailleurs, les « Cocktails financement
techno » favorisent les maillages entre entrepreneurs
en TIC en recherche de financement, représentants du
secteur financier et fournisseurs de services à l’industrie.
En matière de commercialisation, l’une des initiatives les
plus originales de l’organisme est le projet Croissance
Québec Techno, en partenariat avec la Fondation de
l’entrepreneurship : on offre à des chefs d’entreprises
technologiques à haut potentiel triés sur le volet une
formation et un accompagnement de haut calibre leur
permettant de mettre en œuvre des stratégies de crois-
sance rapide. Le projet comprend entre autres des sessions
sur la gestion d’entreprise données par les formateurs du
MIT Entrepreneurship Center. Il se conclut par un grand
événement de réseautage. « Les 30 entrepreneurs formés
jusqu’ici ont vu croître de 9 % leur chiffre d’affaires dès
la première année et plus encore la deuxième année »,
rapporte Mme Divry.
58 — Montréal économique – édition 2011
TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
LIDIA DIVRYDirectrice généraleTechnoMontréal
1. L'informatique dans les nuages(clouds computing) est un concept
de stockage des applications et des données sur des
milliers de serveurs distants et interconnectés entre eux,
un nuage de serveurs, plutôt quesur le serveur de l'usager.
Celui-ci accède aux données parInternet. Cette architecture
permet entre autres de multiplierles opérations de traitement des
données sans risque de congestion.
« D’ICI CINQ ANS, 25 000 POSTES SERONT À COMBLER.
OR, LA CAPACITÉ D'INNOVATION ET D'ATTRACTION
DE L'INDUSTRIE EST LIMITÉE PAR LA CAPACITÉ DE
FORMER ET D'ATTIRER DE NOUVEAUX TALENTS. »
– Lidia Divry
Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page58
AUDACE ET ORIGINALITÉ, VOILÀ LA FORMULE QUI CONDUIT INVARIABLEMENT AU SUCCÈS LES PME
DE LA GRAPPE TECHNOLOGIQUE MONTRÉALAISE. FORMANT UN ENSEMBLE DES PLUS HÉTÉROGÈNE
PAR LA DIVERSITÉ DE LEURS DOMAINES D’ACTIVITÉ, CES PME ONT EN EFFET POUR POINTS COMMUNS
UNE REMARQUABLE CRÉATIVITÉ AINSI QUE LA VOLONTÉ DE DÉVELOPPER UN SAVOIR-FAIRE UNIQUE ET
INNOVATEUR DANS DES CRÉNEAUX TRÈS SPÉCIFIQUES. LES ENTREPRISES DÉCRITES ICI, QUI S’ILLUSTRENT
CHACUNE DANS LEUR DOMAINE, REPRÉSENTENT DE BONS EXEMPLES DE CETTE TENDANCE.
Les PME technologiques,championnes de l’innovation
59Montréal économique – édition 2011 —
PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR ANDRZEJ BURAK
Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page59
60 — Montréal économique – édition 2011
TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
Revolver 3L’interaction, ingrédient clé d’un marketing puissant
Quand il fonde Revolver 3 avec deux de ses amis en 2002, Stéphane Dumont a pour projet de ramener
l’humain et l’émotion dans l’univers du marketing, essentiellement tourné à l’époque vers le commerce
électronique et la technologie triomphante. Patiemment, les jeunes entrepreneurs bâtissent leur réseau de
clients et de partenaires. À partir de 2005, Revolver 3, dont l’équipe est passée à 15 personnes, commence
à être reconnue dans le domaine du marketing interactif. Fido lui confie un important projet l’année suivante,
ce qui permet à l’agence de déployer tout son talent créatif, remportant ainsi une douzaine de prix Boomerang.
« Aujourd’hui, la technologie nous permet d’instaurer des modes de communication extrêmement person-
nalisés et bidirectionnels, souligne Stéphane Dumont, président de Revolver 3. Nos solutions sont en mesure
d’accompagner le consommateur tout au long de son processus d’achat, de nourrir une conversation avec
lui, de recevoir sa rétroaction en temps réel et d’ajuster une campagne en conséquence. »
« Drôle de matière », une page thématique créée pour une exposition du Centre des sciences, compte
parmi les réalisations les plus représentatives de Revolver 3.
MindHabitsQuand la psychologie rencontre le jeu vidéo
Née de très sérieuses recherches sur la cognition sociale menées par Mark Baldwin,
de l’Université McGill, MindHabits produit des jeux vidéo visant à réduire le stress
et à améliorer la confiance en soi. « Nos jeux sont destinés à l’entraînement du
cerveau émotionnel, déclare Mark Baldwin. C’est une approche unique, qui aide
le joueur à améliorer ses expériences sociales. Ils ont été développés à partir
d’observations faites par mon équipe dans le cadre de nos travaux de recherche
universitaires, qui ont démontré un effet bénéfique de certains exercices sur
l’humeur et la capacité à gérer le stress. Notre projet a été bien accueilli dès ses
débuts par le monde universitaire. L’industrie, elle, était un peu plus sceptique.
Mais le succès de Brain Age, de Nintendo, a eu pour effet de populariser les jeux
d’entraînement pour l’esprit, ce qui nous a ouvert les portes. »
Créée en 2005, MindHabits a remporté peu après le Concours du grand jeu
vidéo canadien, ce qui a suscité l’intérêt de distributeurs et d’investisseurs.
« Une fois notre approche comprise, la réception du public est très bonne »,
témoigne M. Baldwin. Forte de ses quatre jeux proposant une centaine de
niveaux, l’entreprise adapte maintenant sa gamme de produits à différentes
plates-formes. « L’étape suivante sera de développer des jeux basés sur divers
principes de psychologie », annonce-t-il.
Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page60
61Montréal économique – édition 2011 —
ArchiDATADonnées dynamiques pour les gestionnaires de bâtiments
Architecte de formation et fan d’informatique, Dominique Dubuc a su identifier un besoin dans le domaine de la gestion
des plans et des bâtiments : l’accès à des données fiables et exploitables par les différents corps professionnels prenant
part à un projet de construction ou de gestion d’immeuble. En fondant ArchiDATA en 1995, il a pour projet d’offrir
des outils de gestion intégrés pour les différentes phases de la vie d’un immeuble, de la conception à la construction,
voire à la location et à l’exploitation. Le projet de réhabilitation du marché Bonsecours en cours à cette époque lui
donnera l’occasion de tester avec succès ces outils.
« Notre solution est un outil collaboratif basé sur une technologie géomatique unique qui fournit une salle de plans
virtuelle et un BIM (Building Information Model-3D) sur un site sécurisé, explique M. Dubuc. La plateforme ArchiDATA
convertit dynamiquement des plans papier ou AutoCAD en données informatisées. Les bases de données ainsi créées
peuvent s’intégrer aux systèmes de gestion existants et permettent d’exploiter les plans à toutes les étapes du cycle de
vie du bâtiment. » Avec des données (sous forme de plans 3D et de documents techniques) cohérentes, à jour et dont
l’intégrité est garantie, planifier les activités reliées à un immeuble, gérer des inventaires ou des équipements deviennent
beaucoup plus faciles.
Au cours des cinq dernières années, ArchiDATA a doublé ses
effectifs. Elle gère aujourd’hui plus de 170 millions de pieds
carrés, soit plus de 3 000 immeubles, et ses ventes ont aug-
menté de 66 %. Elle compte parmi ses clients des hôpitaux,
des universités, des banques et des villes, et a ouvert des
bureaux à Québec, à Toronto, à New York, au Brésil et en
Inde. L’entreprise, qui investit plus de 250 000 $ en R-D
par année, élargit sa clientèle : « Nous visons les gestionnaires
privés de grands parcs immobiliers », annonce M. Dubuc.
Space & DreamBienvenue dans le monde virtuel !
Unir les technologies du jeu vidéo, de la projection immersive
à 360 degrés et de l’interactivité, telle fut la motivation de
Guillaume Langlois, jeune ingénieur informaticien, lorsqu’il
fonda Space & Dream en 2007. « Space & Dream offre une
plongée totale au cœur d’univers virtuels, en alliant art, tech-
nologie et communication », affirme-t-il.
Les solutions développées par Space & Dream comprennent des projections holographiques interactives, des bornes
pour les magasins et espaces publics, de la signalisation numérique, des interfaces basées sur le mouvement et le toucher,
des applications pour écrans tactiles ou encore de l’immersion interactive en 3D. Le public montréalais a pu récemment
admirer certaines de ses réalisations au festival Montréal en lumière, à l’intérieur de grandes sphères lumineuses installées
près de la Place des arts.
Spectaculaires et séduisantes, ces solutions doivent cependant s’adapter aux besoins et à l’image de la clientèle.
Pour l’équipe créative de l’entreprise, le défi est d’outiller ses clients en connaissances technologiques adaptées à leur
compréhension afin d’assurer un bon processus de consultation et de conception. Trouver la main-d’œuvre possédant
la maîtrise technologique, la créativité et cette capacité à dialoguer avec les clients est d’ailleurs une gageure.
« Les défis ne sont jamais technologiques, rappelle M. Langlois, ils sont humains. »
Partenaire de Montréal International, Space & Dream souhaite rayonner hors des frontières du Québec, mais adopte
néanmoins une stratégie prudente. « Nous voulons solidifier dans un premier temps nos assises locales, déclare M. Dubuc.
La vitrine que nous offre le Centre des sciences de Montréal, ainsi que l’exposition au Musée de l’aviation d’Ottawa
ce printemps, nous permettront d’augmenter notre visibilité. »
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62 — Montréal économique – édition 2011
TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS
8D TechnologiesMachines intelligentes pour simplifier la vie urbaine
8D Technologies a fait ses débuts à la fin des années 90 en tant que fournisseur de services professionnels de
développement d’applications et de logiciels. En 2000, la jeune entreprise dirigée par Isabelle Bettez entreprend
un virage radical, en choisissant de commercialiser des solutions. « Nous avions développé une plate-forme
générique pour le marché M2M (Machine-to-Machine)/Points de vente, rapporte Mme Bettez, et il nous a
paru intéressant de produire une solution basée sur cette plate-forme et parfaitement adaptable à des besoins
particuliers de clients. »
À cette époque, un fabricant de bornes de stationnement offre à 8D Technologies l’occasion de démontrer la
puissance de sa solution. Celle-ci donnera naissance à un système de bornes interactives sans fil, dont les
unités s’alimentent par cellules solaires et par piles. Le système permet non seulement de traiter le volet
paiement, mais également la gestion des places de stationnement et des terminaux. Il comprend de plus une
application embarquée sur un ordinateur de poche et permettant la vérification, en temps réel, du statut des
places de stationnement.
Cette technologie unique en son genre remporte alors le
marché du stationnement à Montréal et commence à être
déployée avec succès aux États-Unis. Lorsque la Ville de
Montréal lance le vélo en libre-service BIXI, elle retient 8D
Technologies pour développer le système de bornes in-
teractives de paiement. « Nous avions déjà la technologie
et la compréhension des besoins, souligne Mme Bettez, il
nous a fallu moins d’un an pour trouver la solution pour BIXI. »
De grandes villes en Angleterre, aux États-Unis et en Australie
ont déjà adopté le système de bornes pour vélo en libre-
service de 8D Technologies, qui a remporté de nombreux prix.
L’entreprise se tourne aujourd’hui vers de nouveaux marchés.
« Tout ce qui peut s’acheter ou se louer à partir de terminaux,
des billets de spectacle aux billets de train, représente
une application possible de notre solution », se réjouit
Mme Bettez.
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63Montréal économique – édition 2011 —
À Montréal,c’est l’aérospatiale !
haque matin, une personne sur 95 dans la région
montréalaise, ou un Québécois sur 185, se rend dans
un bureau ou une usine qui servent directement l’industrie
aérospatiale. Ce sont ainsi plus de 40 000 personnes qui
doivent leur emploi à ce secteur dans la métropole : « Avec
l’expertise présente dans la région de Montréal, on peut
construire un avion complet à l’intérieur d’un rayon de
30 kilomètres. C’est le seul endroit au monde où cela est
possible ! », s'enthousiasme Gilles Labbé, président de
Héroux-Devtek, une entreprise de Longueuil spécialisée
dans les trains d’atterrissage d’avion.
« Si l’on ajoute les emplois indirects, plus de 100 000
personnes sont liées à l’aérospatiale », précise M. Labbé,
intarissable lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de Montréal
comme plaque tournante de cette industrie.
Depuis près de 25 ans, l’industrie aérospatiale québécoise
connaît une croissance annuelle de 9,2 % et le Grand Montréal
regroupe 98 % de l'activité québécoise du secteur. La ville
constitue la deuxième capitale mondiale en termes de
densité d’emplois, ce qui propulse le Canada parmi les top
cinq au monde au chapitre des ventes, après les États-Unis,
CDossier par Mathieu-Robert Sauvé
Aérospatiale
Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:45 Page63
www.rolls-royce.com
Rolls-Royce Canada, moteur du quotidien.
Chaque jour, Rolls-Royce Canada répare et entretient les moteurs d’avion de plus de
600 compagnies dans le monde. Chaque jour, Rolls-Royce Canada conçoit et
fabrique des turbines industrielles en opération dans plus de 120 pays répartis sur tous
les continents.
Gage d’excellence
10:46
Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:45 Page64
65Montréal économique – édition 2011 —
le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. On y retrouve
des sièges sociaux d'organisations internationales tels
l’Association du transport aérien international (IATA), le
Conseil international de l’aviation d’affaires (IBAC) et
l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI),
autant de représentants du leadership montréalais et
québécois dans le domaine.
UNE CROISSANCE MALGRÉ LA RÉCESSIONL’aéronautique a été touchée par la dernière récession
économique, mais pas avec autant de sévérité qu’ailleurs
– dans le secteur manufacturier, par exemple. « Les ventes
d’avion ont diminué et on a dû fermer des usines. Mais avec
tous les projets de développement que nous envisageons,
on embauche aussi des centaines d’ingénieurs chaque
année », note M. Labbé, qui ajoute que la crise économique
a certainement affecté l’industrie commerciale, mais pas
le secteur militaire. « Même en récession, les commandes
des militaires n’ont pas cessé de croître. Comme une partie
de notre industrie est tournée vers ces derniers, elle n’en
a pas souffert, au contraire. » La croissance du secteur de
l’aéronautique au cours des prochaines années semble
assurée. On s’attend à une augmentation du volume du
trafic aérien de l’ordre de 5 %, pour les seuls besoins civils.
Président du conseil d'administration de la grappe
industrielle Aéro Montréal, Gilles Labbé incarne bien la
progression de l’industrie. Il est entré à l’emploi de Héroux
il y a plus de 30 ans. L’entreprise avait déjà une bonne
feuille de route et un haut fait d’armes : c’est elle qui avait
construit le train d’atterrissage du module lunaire Apollo,
le premier véhicule à porter des humains sur la Lune
en 1969. Depuis, M. Labbé a gravi les échelons de la
compagnie au rythme où le secteur s’élevait dans le ciel
de l’économie canadienne. Aujourd’hui, l’entreprise qu’il
dirige compte 1 520 employés au Québec, en Ontario,
en Ohio et au Texas.
DES JOUEURS DE PREMIÈRE FORCEPourquoi Montréal est-elle si bien positionnée ? « À cause
de la concentration de main-d’œuvre qualifiée, du système
d’éducation en bonne concordance avec les besoins de
l'industrie et de la proximité avec les grands réseaux
internationaux », répond Suzanne Benoit, directrice
générale d’Aéro Montréal.
L'aéronautique québécoise, explique-
t-elle, est une force qui s’appuie sur
quatre maîtres d'œuvre de l’industrie,
15 équipementiers et plus de 200 PME.
Malgré quelques secousses dues aux
variations de l’économie mondiale, elle
est bien en selle au Québec. « On n’est
jamais à l’abri d’un déménagement de
siège social, mais, de façon générale, ce
sont plutôt les entreprises étrangères qui
veulent s’installer ici », ajoute Mme Benoit,
qui, après une maîtrise en administration des affaires, a fait
carrière dans le développement économique et industriel dans
les secteurs public et privé avant de passer à Aéro Montréal.
« ON N’EST JAMAIS À L’ABRI D’UN DÉMÉNAGEMENT
DE SIÈGE SOCIAL, MAIS, DE FAÇON
GÉNÉRALE, CE SONT PLUTÔT LES ENTREPRISES
ÉTRANGÈRES QUI VEULENT S’INSTALLER ICI. »
– Suzanne Benoit
tous
l
GILLES LABBÉPrésident du conseil d'administrationde Aéro Montréal et président deHéroux-Devtek
Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page65
Le géant des géants, c’est Bombardier. Née en 1930 avec
les motoneiges du « patenteux » Joseph-Armand Bombardier
(1907-1964), la société s’est lancée à la conquête du
marché mondial de l’aviation en 1986. Aujourd’hui reconnue
comme le plus important constructeur d’avions régionaux
et de biréacteurs d’affaires, Bombardier Aéronautique est
devenue le troisième acteur au monde après Boeing et
Airbus, avec ses 19 milliards de dollars de chiffre d’affaires
et plus de 62 000 employés. Dans les ligues majeures
figurent les sociétés Pratt & Whitney Canada, fabricant
de moteurs, Bell Helicopter Textron Canada, premier
constructeur mondial d’hélicoptères civils, et CAE, leader
mondial en simulateurs de vol, tous situés entre Saint-Hubert
et Mirabel.
Gravitant autour, les équipementiers alimentent les usines
avec des produits de haute technologie. Par exemple,
Aveos Fleet Performance, situé à Saint-Laurent, qui compte
plus de 2 000 employés, assure la réparation et la révision
de moteurs et de pièces de moteur, entre autres. Avec ses
400 employés, MDA, à Sainte-Anne-de-Bellevue, est un
chef de file mondial dans le domaine de la robotique spatiale
66 — Montréal économique – édition 2011
AÉROSPATIALE
Groupement Aéronautique de Recherche et Développement en eNvironnement
La première initiative en aviation écologique au Canada
Une industrie aérospatiale plus verte pour un ciel plus bleu
www.gardn.org
oupement AérGrde Recheren eNvir
onautique oupement Aérche et Développem de Recher
en eNviren eNvir
e initiative en aviation écologique au CanadaemièrLa pr
Une industrie aérverte pour un
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e initiative en aviation écologique au Canada
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e initiative en aviation écologique au Canada dn.org.garwww
« MÊME EN RÉCESSION, LES COMMANDES DES MILITAIRES
N’ONT PAS CESSÉ DE CROÎTRE. COMME UNE PARTIE DE
NOTRE INDUSTRIE EST TOURNÉE VERS CES DERNIERS,
ELLE N’EN A PAS SOUFFERT, AU CONTRAIRE. »
– Gilles Labbé
Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page66
67Montréal économique – édition 2011 —
et travaille sur des pièces de satellites. Rolls-Royce Canada,
dont l’usine est située chemin de la Côte-de-Liesse, à
Montréal, fabrique des moteurs d'avions et des turbines
à gaz pour applications industrielles. Ses 1400 employés
offrent aussi des services de réparation et de remise à
neuf de moteurs d'avions civils et militaires.
Enfin, parmi les PME essentiellement tournées vers les
besoins directs du secteur, on en compte qui sont spécia-
lisées dans différentes composantes de l’aéronautique
(voir p. 71). Celles-ci sont représentées par l'Association
québécoise de l'aérospatiale (AQA), qui promouvoit et
favorise le développement d'affaires de ses membres.
L'industrie aérospatiale québécoise totalise un chiffre
d'affaires de plus de 12 milliards de dollars, soit 60 % de
la prodution totale canadienne.
AÉRO MONTRÉAL EN ACTIONAéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec, est un
forum stratégique de concertation qui réunit l’ensemble
des premiers dirigeants du secteur aérospatial québécois
issus de l’industrie, des établissements d’enseignement,
des centres de recherche, incluant les associations et les
syndicats. Elle a été mise en place pour optimiser la compé-
titivité, la croissance et le rayonnement du secteur de
l’aérospatiale. Les interventions d'Aéro Montréal s'orga-
nisent en cinq axes stratégiques et mobilisent les acteurs
autour d'autant de chantiers de travail qui touchent l'in-
novation, la chaîne d’approvisionnement, l'image, la visibilité
et le rayonnement, la défense et la sécurité nationale ainsi
que la relève et la main-d’œuvre : « La
main-d’œuvre qualifiée est actuelle-
ment suffisante, signale M. Labbé, mais
on doit préparer la relève dès mainte-
nant pour éviter de se retrouver dans
une situation de pénurie. »
Avec six établissements universitaires
dont Concordia, l’École Polytechnique,
l’École de technologie supérieure et McGill
à Montréal ainsi que l’Institut aérospatial
de Montréal, l’École nationale d’aéro-
technique et l’École des métiers de
l’aérospatiale de Montréal, la métropole a beaucoup à
offrir. Au Québec, plus de 3 600 diplômés de programmes
techniques, professionnels ou universitaires intègrent
annuellement le bassin de main-d’œuvre disponible en
aérospatiale, où les salaires sont supérieurs de 30 % à la
moyenne québécoise dans le secteur manufacturier.
En plus d’être un marché majeur pour les universités qué-
bécoises, l’industrie aérospatiale est un lieu de formation et
de recherche. En effet, universitaires et industriels travaillent
conjointement pour offrir de nombreux programmes de
formation axés sur les besoins de l’industrie aérospatiale
et sur l’innovation.
SUZANNE BENOITDirectrice généraleAéro Montréal
1Journal de l’aérospatiale du Québec, AéroMontréal.
Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page67
68 — Montréal économique – édition 2011
©2011 Parker Hannifin Corporation
>> Montréal est l’une des trois capitales mondiales
de l’aérospatiale avec Seattle et Toulouse.
>> Montréal est au cœur de l’activité aérospatiale
au Québec, qui représente des revenus de
12,4 milliards de dollars (2009).
>> 70 % de la R-D canadienne en aérospatiale
est menée dans la grande région de Montréal.
>> 234 entreprises emploient 40 200 personnes,
soit plus de la moitié de l’effectif canadien
en aérospatiale.
>> 80 % de la production québécoise est exportée.
>> Plus de 60 % de la production aérospatiale
canadienne vient du Québec.
Source : Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE), 2009
SURVOL DE L’INDUSTRIE
aérospatiale au Québec
Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page68
69Montréal économique – édition 2011 —
En novembre 2008, Aéro Montréal a organisé, à l’École
de technologie supérieure de Montréal, le Sommet sur la
formation d’ingénieurs et de spécialistes en aérospatiale.
La rencontre a bien illustré combien cette collaboration
était florissante. Par exemple, le Comité sectoriel de
main-d’œuvre en aérospatiale regroupe six universités
et 12 entreprises tandis que l’Institut de formation
aérospatiale de Montréal regroupe trois instituts aéro-
spatiaux universitaires et plus de 20 entreprises.
Il y a bien sûr de la place pour l’amélioration. On a proposé
plusieurs solutions aux divers problèmes soulevés, et des
initiatives ont été prises pour y remédier. Entre autres, les
programmes de bourse aux études supérieures ont été
augmentés. Divers projets de recrutement ont aussi été
mis sur pied de façon à sensibiliser les jeunes aux carrières
en aérospatiale dès le milieu du secondaire.
PARMI EUX :>> Le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ), réseau d’innovation unique au monde
de partenariat industrie-universités-centres de recherche en recherche collaborative, finance et structure de nombreux
projets, dans toutes les spécialités touchant l’aérospatiale (matériaux, environnement, cycle de vie, acoustique, fabrication,
avionique, santé des aéronefs). Plusieurs projets internationaux sont aussi en cours.
>> Le Centre des technologies de fabrication en aérospatiale (CTFA), l’un des cinq laboratoires de l’Institut de recherche
aérospatiale (IRA) du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), vise à développer un noyau de compétences
et à mettre au point des méthodes modernes de fabrication en aérospatiale.
>> L’Institut des matériaux industriels (IMI) mène des activités de recherche et de développement axées sur les matériaux,
leur formulation, leur mise en forme et le contrôle de leurs procédés. Métaux, polymères, céramiques, y compris leurs
composites et alliages, sont au cœur même de leurs travaux.
>> Le Centre technologique en aérospatiale (CTA), centre collégial de transfert de technologie (CCTT) associé à l’École nationale
d’aérotechnique (ÉNA), aide les entreprises à intégrer les nouvelles technologies de fabrication, dont l’usinage à haute
performance et les matériaux composites, en plus de mettre à leur disposition un centre d’incubation technologique.
>> Le Centre de développement des composites du Québec (CDCQ) est un centre collégial de transfert de technologie (CCTT)
faisant partie intégrante du Cégep de Saint-Jérôme et dont les activités de R-D et de transfert de technologie sont destinées
aux entreprises du secteur des composites.
Source : Site Internet, Aéro Montréal
LA RECHERCHE EN AÉROSPATIALE
Le secteur compte une dizaine de centres de recherches publics et parapublics de renom.
Il semble même qu’on ne s’y prenne jamais trop tôt pour
susciter les vocations. L’an dernier, Aéro Montréal s’est
investie dans un projet à… l’école primaire. Elle s’est alliée
avec le Conseil du loisir scientifique de la région métro-
politaine pour instaurer le concours « Ça plane pour moi! ».
Dans le cadre de ces animations en classe, les jeunes
devaient construire des planeurs en respectant certaines
lois de l’aérodynamisme. Des techniciens et ingénieurs de
Pratt & Whitney Canada ont participé aux activités et
partagé leur expérience avec les jeunes.
Gros succès dans les classes de cinquième et sixième année,
où 750 jeunes ont été rejoints. De futurs ingénieurs ?
On verra dans 15 ans.
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70 — Montréal économique – édition 2011
« AÉROÉTS a pour objectif de représenter, promouvoir et consolider les activités d’enseignement et de recherche de l’ÉTS afin de mieux répondre aux besoins de notre industrie aérospatiale. »
Hany Moustapha, Ph.D., professeur et directeur d’AÉROÉTS
AÉROÉTS, c’est : • 40 professeurs cumulant 250 années d’expérience en aérospatiale industrielle • Plus de 250 étudiants stagiaires par année • Plus de 40 partenaires industriels • Plus de 70 projets de recherche représentant 7 M $/an • Institut de conception et d’innovation en aérospatiale (ICIA)
323, rue PeelMontréal, Québec H3C 2G7 http://aeroets.etsmtl.ca
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40 professeurs cumulant 250 années d’expérience en
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L’AVENIR APPARTIENT AUX ENTREPRISES TOURNÉESVERS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE. C’EST VRAIAUSSI EN AÉROSPATIALE. « L'AVION PLUS ÉCOLOGIQUES’EN VIENT », SIGNALE SUZANNE BENOIT, DIRECTRICE GÉNÉRALE D’AÉRO MONTRÉAL.
Un avion plus écologique possède un moteur de dernière
génération qui pollue moins que sa version conventionnelle.
Selon Pratt & Whitney Canada, grâce à un nouveau
système d'engrenage, le moteur baptisé Pure Power
consommera entre 12 et 15 % de moins en carburant,
réduira de 12 à 15 % les émissions de CO2 et abaissera
de 55 % les émissions d’oxyde d’azote qui participent
au brouillard et à la mauvaise qualité de l'air. En outre,
ce moteur est plus silencieux : diminution de 50 %
des bruits émis.
Le CSeries, de Bombardier, intégrera les plus récentes
percées technologiques pour ce type de moteur.
« On ne peut pas parler d’avion sans pollution, mais on
a fait de grands progrès au chapitre de l’économie
d’énergie et de la diminution des rejets atmosphériques »,
signale Mme Benoit. Le premier vol du CSeries est
prévu pour 2012 et l’entrée en service de l’appareil
pour la fin de 2013.
Pratt & Whitney terminera sous peu la construction
de l’usine de Mirabel qui assemblera le moteur
révolutionnaire. Plus de 300 personnes y travailleront.
Sur le plan de la R-D, l'École polytechnique de Montréal
accueille la Chaire IDEA en intégration du design pour
l’efficacité des avions. Financée par le Conseil de
recherches en sciences naturelles et en génie du Canada
(CRSNG), la Fondation J.-A.-Bombardier, Bombardier
Aéronautique et Pratt & Whitney Canada, elle se
consacre à l'amélioration de l'efficacité énergétique.
Selon son titulaire, Jean-Yves Trépanier, les percées
à venir seront du côté de l'économie de carburant,
de la diminution des émissions polluantes et de
l'atténuation du bruit.
TENDANCE
écologique
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71Montréal économique – édition 2011 —
Les PME de l’aérospatiale
PLUS DE 200 PETITES ET MOYENNES ENTREPRISESFONT VIVRE AU DELÀ DE 9 000 PERSONNES ET TOTALISENT 1,2 MILLIARD DE CHIFFRE D'AFFAIRES
u nautique vers l’aéronautique. C’est le virage qu’a
pris, en 1990, la société Delastek, de Grand-Mère.
« On ne l’a jamais regretté », lance Claude Lessard, prési-
dent de l’entreprise et propriétaire avec sa femme, Lucie
McCutcheon, de l’ensemble des actions.
Cet ingénieur en électricité, diplômé de l’Université du
Québec à Trois-Rivières, avait découvert Delastek à
l’occasion d’un emploi d’été, en 1986, et il avait été
témoin des moments difficiles traversés par l’entreprise
à la fin de la décennie 1980. « Nous étions passés de
40 employés à six seulement », relate-t-il.
Concentrée autour de la fabrication de tableaux de bord
de yachts et de bateaux à moteur, « un secteur qui prenait
l’eau », blague Claude Lessard, l’entreprise serait disparue
aujourd’hui si elle ne s’était pas repositionnée. Et elle a misé
sur les aéronefs. « Au fond, notre spécialité était le dévelop-
pement de composants électroniques de tableaux de bord.
On pouvait appliquer cette expertise à des avions et
à des hélicoptères autant qu’à des bateaux. »
Delastek, un acronyme de « développement
d’assemblage électronique », figure
aujourd’hui parmi les PME pros-
pères qui alimentent l’industrie
de l’aéronautique dans la
grande région de Montréal.
Mais quand on sait que 98 %
de ces PME sont établies à
l’intérieur cette région,
l’entreprise mauricienne
fait figure d’exception.
D
« AU FOND, NOTRE SPÉCIALITÉ ÉTAIT LE DÉVELOPPEMENT
DE COMPOSANTS ÉLECTRONIQUES DE TABLEAUX DE BORD.
ON POUVAIT APPLIQUER CETTE EXPERTISE À DES AVIONS
ET À DES HÉLICOPTÈRES AUTANT QU’À DES BATEAUX. »
– Claude Lessard
Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page71
72 — Montréal économique – édition 2011
AÉROSPATIALE
« Nos employés sont heureux de leur qualité de vie et
peuvent continuer d'habiter en région. Moi, je me déplace
à Montréal pour négocier les contrats, deux ou trois fois
par semaine. »
Avec un chiffre d’affaires d’environ 10 millions de dollars,
Delastek compte aujourd’hui 115 employés à Grand-Mère
et à Shawinigan, en Mauricie, et à Valcourt, en Estrie. On
y trouve une main-d’œuvre qualifiée, dont des ingénieurs
et des techniciens. Dans une région où l’économie locale
dépend principalement de la forêt, cette diversification
est appréciée.
Si la crise les a touchés ? Oui, car les ventes ont stagné alors
qu’ils étaient en pleine progression. « Nous en avons profité
pour développer de nouveaux projets, dit le président.
La R-D nous a sauvés et nous continuons d'investir de
ce côté-là. »
C’est Delastek qui a obtenu la responsabilité de fournir
l’ensemble intégré de poste de pilotage des avions CSeries
de Bombardier, ce qui assure aux employés un travail sans
interruption pour plusieurs années. « Bombardier, c’est
pour nous une excellente carte de visite. Mais on a d’autres
choses en route », conclut M. Lessard.
D'AUTRES PME PROSPÈRESLa compagnie Marquez, fondée en 1981, est une autre
de ces PME tournées vers l’industrie de l’aéronautique.
« Nous fabriquons des composantes thermoplastiques ou
composites pour des systèmes d’intérieur et de conduits
de ventilation d’avions, explique le président, Éric Faucher.
Leader nord-américain dans notre domaine, nous mettons
au point des systèmes ayant des propriétés supérieures
en termes de design, de légèreté, de résistance aux
impacts et d’ininflammabilité. »
Marquez compte actuellement 125 employés et répond
aussi aux besoins des autobus Novabus et Prévost Car
du Groupe Volvo. « La force du secteur aéronautique
nous a permis de nous positionner favorablement dans
une industrie en croissance », poursuit ce comptable entré
dans l’entreprise en 2003.
Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page72
C’est vers Marquez qu’un important fournisseur de Boeing
s’est tourné pour obtenir la tuyauterie de distribution d’air
du Boeing 787, le Dreamliner. Cette innovation a été
reconnue en 2007, au musée d’Orsay, en France, lors de
la Journée européenne des composites. Marquez a
terminé parmi les finalistes dans la catégorie « innovation
aéronautique ». « Les pièces ont démontré une résistance
remarquable en cas d'incendie, assurant une meilleure
protection de l’avion », peut-on lire dans le commentaire
du jury.
D’autres entreprises québécoises se rattachent au secteur
de l’aérospatiale pour consolider leurs assises économiques.
Parmi elles, Avior – un fabricant de structures légères faites
de métal en feuilles, de composites et d’acryliques –, qui
possède deux usines, à Laval et à Granby. En mars 2010,
cette entreprise a obtenu un important contrat de Bell
Helicopter afin de fournir les structures d’assemblage d’un
nouveau modèle d’hélicoptère (le 429). Ce seul contrat
de 35 millions de dollars a permis de créer 60 emplois
qualifiés.
73Montréal économique – édition 2011 —
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