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AU COEUR LE TRACTEUR DOSSIER MACHINISME 06 Entraid’ juillet-août 2015 Plus les tracteurs deviennent coûteux, plus il est impératif de chercher à bien les valoriser.

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AU COEURLE TRACTEURDOSSIERMACHINISME

06 Entraid’ juillet-août 2015

Plus les tracteurs deviennent coûteux, plus il est impératif de chercher à bien les valoriser.

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juillet-août 2015 Entraid’ 07

Au Salon aux Champs, les organisateurs de l’atelier « Un tracteur peut en cacher un autre » vont rappeler des notions techniques de base. Elles deviennent

toujours plus nécessaires, avec l’augmentation de capacité des engins. Comme l’exprime Eric Cante-neur, responsable de cet atelier, « on a trop souvent tendance à ne comparer que la puissance des trac-teurs. Or un tracteur, c’est d’abord un moteur et plus particulièrement son couple. » Ce couple est certes indiqué dans les documents commerciaux, mais il est peu mis en avant. Connaître sa valeur maxi et à quel régime il est disponible constitue un premier pas. Dans un deuxième temps, quand le tracteur a été acheté ou si le modèle en vue est déjà en service dans le voisinage, le passage au banc moteur per-met d’analyser plus finement le couple, et en parti-culier de savoir comment il évolue selon le régime.

LIEN AVEC LE SOL

Après le moteur viennent la transmission, puis les pneus. « Le seul lien avec le sol, ce sont les pneus. Une attention toute particulière doit être apportée à leur choix ainsi qu’à leur pression de gonflage. » Le comportement des pneus touche deux notions différentes et parfois contradictoires. Sur un sol meuble, on a besoin d’augmenter la surface de contact pour mieux accrocher et éviter un excès de patinage. Cela passe par des pneus plus larges, de plus grand diamètre, dotés d’une structure pou-vant s’écraser pour allonger l’empreinte, et gonflés le moins possible au regard de la charge à porter. L’équilibre avant-arrière du tracteur est également important afin qu’au travail, la charge sur chaque essieu corresponde aux capacités des pneus. On vise logiquement 50-50 avec un tracteur à quatre roues égales, puisque les pneus sont identiques. Avec un tracteur classique, dont les pneus avant ont un volume sensiblement inférieur à celui des pneus arrière, la proportion tombe à environ 35-65 ou 40-60.Sur sol meuble, une surface de contact importante joue sur un autre critère. En réduisant l’enfonce-ment des roues dans le sol, elle réduit la « marche »

qu’elles ont à franchir en avançant. Cela diminue ce qu’on appelle l’effort de roulement, celui qu’on subirait si on devait pousser le tracteur mis au point mort. Sur sol dur, cet effort de roulement existe aussi, mais il est dû simplement à la défor-mation des pneus, qui s’écrasent en roulant. On comprend aisément que dans ce cas il vaut mieux que la carcasse ait un faible volume et qu’ils soient gonflés plus fort.

LOURD, MAIS PAS TROP

Autre élément : le poids du tracteur. « A puissance égale, poursuit Eric Canteneur, selon les gammes, on observe des poids différents. Si tout le monde s’accorde à dire qu’un rapport poids/puissance de 45 à 50 kg/cv est à rechercher, ce n’est pas le seul critère. Il sera surtout à adapter en fonction de l’outil attelé. En fait, le poids du tracteur devrait être raisonné en rapport à la masse de terre travaillée. »

LE BON PATINAGE

Cette notion a été rappelée par René Autellet, un expert indépendant qui a participé à la prépara-tion du Salon. En travail du sol, l’effort demandé par un outil dépend seulement de la nature du sol et de la surface de la section de terre qu’il

Le tracteur sera au cœur du Salon aux champs fin août dans la Sarthe,

aussi bien sous l’angle technique qu’économique.

Qu’on soit amateur de mécanique ou de chiffres, ce matériel

emblématique est porteur de lourds enjeux et l’objet de toutes les

attentions.

Par Pascal BordeauSALO

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Des essais probantsAu cours du projet européen Efficient20 sur les économies de carburant (2010-2013), de nombreux essais ont eu lieu, et les résultats confirment les préconisations des experts.

Ajustement de la pression des pneus sur les 16 essais, l’économie de carburant observée va de 0 à 40%. Elle dépasse 20% pour 5 d’entre eux. Et dans 6 essais, le débit de chantier a augmenté significativement.Ajustement du lestage sur les 10 essais, le gain de consommation va de 5 à 25%, il dépasse 10% une fois sur deux. Le gain de débit de chantier s’élève quant à lui de 0 à 20%. PB

Des gains mesurés jusqu’à 40%.

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brasse. Plus la terre est « dure », l’outil large, et le travail profond, plus le tracteur a besoin d’être lourd. La puissance joue dans un deuxième temps, cette fois sur la vitesse d’avancement que le trac-teur peut atteindre. Elle apporte alors du débit de chantier. Mais attention : pour des raisons agrono-miques, chaque outil a une plage de vitesse d’exé-cution souhaitable.Il faut donc suffisamment de poids… mais pas trop, comme prévient Eric Canteneur : « Un trac-teur plus léger aura un taux de patinage supérieur mais subira moins de pertes par roulement, liées au poids à déplacer. Et qui sont souvent nettement supérieures à celles dues au patinage. » Un compro-mis s’impose donc. Un peu de patinage est un mal nécessaire, gage qu’on ne traîne pas un surpoids générateur de consommation de carburant en plus. Dans le Guide Tracteur Entraid’ de 2009, Hubert Defrancq, un autre expert (société Laforge) nous indiquait ses repères de patinage optimal, avec un tracteur classique (pas à chenilles) : « 8 à 12% en travaux d’été, et jusqu’à 15 à 20% en labour d’hiver sur sol humide. »

110 À 130 EUROS PAR HECTARELes amateurs de réflexion économique trouveront quant à eux de nombreux éléments d’analyse au Salon aux Champs, dans l’atelier « Mon très cher tracteur ». Benoît Bruchet, le responsable, rap-pelle le contexte : « Il occasionne à lui seul 40% des coûts de mécanisation de l’exploitation. Si on

Le choix et le gonflage des pneus ainsi que le lestage (avant comme arrière) conditionnent l’efficacité du tracteur.

Le banc moteur reste le meilleur outil pour analyser le couple du tracteur.

Des charges de traction divisées au moins par deux avec le tracteur en cuma (ici à la cuma d’Aussos, dans le Gers).

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ajoute le carburant, on atteint les 50%. Actuel-lement, la mécanisation des exploitations laitières représente un coût de 350 €/ha de SAU, dont 110 à 130 € pour la traction. » Voilà pour le constat. Mais comment faire autrement ? La cuma, bien sûr. « Pour limiter cette charge, la solution collective reste le levier majeur, mais elle nécessite une organi-sation bien huilée, une bonne connaissance et une pleine confiance entre les adhérents. »Nathalie Pignerol (fédération des cuma de Basse-Normandie) complète : « Pour donner envie aux adhérents de s’organiser autour d’un tracteur par-tagé, il faut que la cuma apporte un signe de recon-naissance individuelle par la réussite collective. » Dans un récent numéro spécial Basse-Normandie d’Entraid’, elle a détaillé une série de conseils.

POUR QUE ÇA MARCHE EN CUMA« Pour bien fonctionner, il n’y a pas de modèle unique car il existe différents types de ‘groupe trac-teur’ : avec ou sans salarié, un tracteur dédié à des activités spécifiques (débroussaillage, bottelage, traitement…), un ou plusieurs tracteurs, etc. Mais certaines règles de base sont indispensables. » L’ob-servation des cuma tracteur en place lui a permis de relever des points clés.« Avant la mise en place, outre la réalisation d’une étude pour estimer les besoins en travaux sur chaque exploitation, il faut aller à la rencontre de groupes déjà en place pour échanger sur l’organisation et la gestion des chantiers. Ensuite, la création d’un

Tracteur en cuma : pas de recette uniqueDEUX 160 CHLa cuma de Castillon en Auge (Calvados) possède deux tracteurs de 160 ch, pour en engagement de 2 000 h. Ils sont conduits par les adhérents, chacun ayant un créneau maxi de deux jours consécutifs. Ensuite, l’utilisateur fait le plein et porte l’engin chez le suivant. Prix facturé : 15,50 €/h. Les tracteurs sont garantis 5 ans et changés en fin de cette période.

UN 180 CH D’OCCASION EN PLUS DU 115 CHLa cuma de Val de Forges (Orne) possédait un 115 ch employé essentiellement en prestation complète. Elle a aussi des gros matériels tractés que les adhérents mènent avec un tracteur individuel suffisamment puissant. A la demande de deux jeunes ne voulant pas investir dans un gros tracteur pour huit jours par an, elle a aussi acquis un 180 ch d’occasion.

TRACTEUR DE TÊTE OU SECONDAIRELa cuma de Landelles (Manche) a désormais un deuxième groupe tracteur, avec 6 adhérents autour d’un 185 ch, pour 950 h/an. Un nombre d’adhérents restreint a été préféré, pour un meilleur respect du matériel. Pour trois adhérents, l’engin de la cuma est le tracteur de tête, pour trois autres, il vient en complément pour quelques chantiers.

AVEC OU SANS CHAUFFEURLa cuma de Tréauville (Manche) possédait un tracteur de 140 ch, utilisé par cinq adhérents et facturé 25 €/h carburant compris, pour 650 h/an. Certains ont exprimé un besoin de prestation complète, d’autres voulant rester sur le statu quo. Les responsables ont donc décidé d’embaucher un chauffeur, mais en investissant dans un second tracteur afin de préserver la disponibilité du premier. La sauce a pris et la demande augmente. PB

Témoignages issus d’Entraid’ Spécial Basse Normandie, janvier 2015.

Il est important que la cuma soit attentive et réactive face à l’évolution des exploitations, comme l’a fait la cuma de Tréauville (Manche).

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Pour les conditions les plus délicates, le MagnumTM dans sa version Rowtrac peut compter sur ses chenilles arrière. Il garantit maniabilité et motricité en toutes circonstances.

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TRACTEUR DE L’ANNÉE 2015 * MACHINE DE L’ANNÉE 2015 *

* La gamme MagnumTM a reçu le titre de Machine de l‘année 2015 au salon EIMA à Bologne puis au SIMA à Villepinte.

De nombreuses formules de fi nancement sont proposées.

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règlement intérieur permet de clarifier les règles de fonctionnement et d’organisation. Nommer un responsable : son rôle est essentiel. Il assure de la rigueur dans le suivi de l’entretien, des réparations et dans la gestion du planning. Définir les respon-sabilités de chacun : graissage, niveaux, gonflage, plein de carburant, etc. Définir le logement : est-ce que le tracteur retourne systématiquement chez le responsable ou pas ? Définir les priorités à certains travaux pendant les périodes de pointe, un temps maxi par exploitation, la réalisation de chantiers en commun, etc. »

RAISONNER «CHANTIER»

D’autres considérations méritent également l’attention, selon Nathalie Pignerol : « On gère un chantier et non un tracteur seul. Le travail s’organise au cours de réunions, et le planning s’ajuste notam-ment en fonction des conditions climatiques, et par les relations continues au sein du groupe. » Sur le plan gestion de l’activité : « Ne pas trop faire vieillir le tracteur afin d’éviter les pannes et les temps d’im-mobilisation durant la saison. Il est enfin important que la cuma soit attentive et réactive face à l’évo-lution des exploitations : agrandissement, main d’œuvre, fiscalité, etc, pour apporter un service de qualité et répondre au mieux aux adhérents en pro-posant de nouvelles offres. »Les besoins des agriculteurs changent tout autant que la technologie des tracteurs. Ils n’ont pas fini d’avoir besoin de s’informer, de réfléchir et d’échanger… par exemple en allant au Salon aux Champs.

Danger sur le marchepiedPrès de 40% des accidents de tracteur ont lieu lors de la montée ou de la descente. Les conséquences : entorses, foulures, fractures, fêlures... des bobos situés à la cheville, au genou ou en bas du dos. Ce sujet n’est pas au programme du Salon aux Champs, mais puisqu’on parle tracteur, c’est l’occasion. La MSA estime en effet que « descendre de son tracteur est une activité à haut risque. » Son service Prévention déconseille fortement de sauter pour descendre. Ses préconisations :• Descendez sans sauter, véhicule à l’arrêt• Laissez l’espace libre près de la porte. Par exemple, n’y déposez

pas les outils, pelotes de ficelles, bidons...

• Faites face au tracteur, dos au vide• Servez-vous de trois points d’appui : deux pieds + une main ou

deux mains + un pied• Utilisez des chaussures de travail adaptées, sans boue• Faites tomber la terre du marchepied.• N’oubliez pas de serrer votre frein à main avant chaque

descente. Vous éviterez tout risque d’écrasement par les roues ou l’engin.

• Une organisation du travail adaptée (bonne connaissance du matériel, entretien régulier) peut limiter le nombre de montées et de descentes et le travail d’urgence.

On remarquera que certains progrès techniques réduisent les besoins de monter et descendre, notamment les télécommandes et le remplacement de réglages mécaniques par des réglages hydrauliques depuis la cabine. PB

La répétition du geste multiplie les risques.