m e d i c a m e n t s e s s e n t i e l s : l e p o i n...

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Usage rationnel 2–8 Inde : comment l’Etat de Delhi a rationalisé l’usage des médicaments Vente illicite de médicaments : le Bénin frappe un grand coup Grâce aux directives thérapeutiques normalisées et aux listes de médicaments essentiels, l’Afrique du Sud transforme son système de santé Afrique orientale : des chercheurs se rencontrent pour discuter de l’usage des médicaments Information pharmaceutique 9–10 Quelles répercussions, pour les prescripteurs, de la législation européenne sur les brochures d’information des malades ? Aux Etats-Unis, des étiquettes plus faciles à comprendre devront figurer sur les boîtes de médicaments en vente libre Actualités 10–15 Rapport sur la Santé dans le Monde 1999 : Pour un réel changement L’OMS lance une série de tables rondes avec l’industrie et les ONG Et beaucoup d’autres infos Commerce mondial 15–18 Répercussions des accords ADPIC sur le secteur de la santé : rapports de réunions tenues au Pakistan, en Suisse et en Thaïlande L’OMS chargée de s’attaquer aux réper- cussions des accords ADPIC sur la santé Courrier des lecteurs 18 Netscan 19 Réunions et cours 19 Assemblée mondiale de la santé 20–21 Le Directeur général passe en revue les problèmes auxquels se heurte l’OMS Le lauréat du prix Nobel s’exprime sur le rôle de la santé dans le développement Politique pharmaceutique nationale 22–23 Vient de paraître 24–26 Dons de médicaments 27–28 Objectif efficacité : des experts débattent des stratégies en matière de dons Encourager les dons utiles, en finir avec les autres N o 27 (1999) E D I T O R I A L B Une des affiches du Ministère de la Santé sud-africain sur l’usage des médicaments essentiels et les directives thérapeutiques standard S O M M A I R E : M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Rendre les médicaments accessibles à tous IEN que les stratégies et les circons- tances diffèrent, le cri de ralliement lancé par l’Afrique du Sud dans le but « de rendre les médicaments accessibles à tous » trouve écho au sein des gouvernements et des agences de développement du monde entier. Le présent numéro du Point examine certains problèmes actuels et soulève la question de l’accès aux médicaments. Il comporte la description de programmes menés en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Il fait en outre état d’une Assemblée mondiale de la Santé qui incite à réfléchir, des tables rondes de l’OMS qui ac- cueillent la société civile et des progrès effectués en matière de dons de médicaments. Un rapport sur l’Inde décrit com- ment l’approche nationale de l’usage rationnel des médicaments – par le biais d’un partenariat unique entre une collectivité locale fermement en- gagée, une ONG et l’OMS – a eu des résultats tels en matière d’accès aux médicaments essentiels « grâce à un meilleur choix des médica- ments, une meilleure gestion et une meilleure utilisation » qu’elle est reproduite dans d’autres régions du pays. L’article souligne comment la transparence et les résultats concrets ont eu raison des hésitations de la première heure. L’Afrique du Sud décrit com- ment elle a mis au point méticu- leusement sa liste de médicaments essentiels et ses directives thérapeu- tiques en se fondant sur des données probantes et sur des principes sains de santé publique pour enclencher le processus. En Amérique latine, les parti- cipants à un congrès organisé en Argentine sur l’usage rationnel des médicaments s’engagent à adopter une approche plurielle qui repose sur la formation des professionnels et des consommateurs et la mise en place d’une réglementation et d’une gestion pharmaceutique plus strictes. Pendant ce temps, le Brésil lance une politique pharmaceutique nationale fondée sur les médicaments essen- tiels, l’usage rationnel des médica- ments et le recours aux génériques. Au niveau international, le Dr Gro Harlem Brundtland, Directeur général de l’OMS, a passé en revue devant l’Assemblée mondiale de la Santé les acquis sanitaires et les nouvelles menaces pour la santé publique. Elle a insisté sur la nécessité pour l’OMS de créer des partenariats plus ef- ficaces avec d’autres acteurs clés. Le discours liminaire fascinant prononcé par le prix No- bel Amartya Sen a rappelé aux délégués que la croissance économique ne va de pair avec un meilleur état de santé que si les revenus supplémentaires servent à développer les ser- vices publics et à atténuer la pauvreté. En prenant des exemples dans différents pays, il a montré comment il était possible de rempor- ter de grandes victoires en matière de santé, même dans les pays pauvres, en utilisant les ressources de manière productive sur le plan social. Pour terminer, il a remarqué qu’il n’y a rien de plus important qu’un débat public éclairé et que l’action de tout un chacun pour faire changer les choses dans le sens d’une protection de notre existence. Ce débat et cette action se font clairement jour dans la discussion axée sur l’impact des accords commerciaux internationaux en ma- tière de santé publique sur l’accès aux médi- caments dont il est fait état en pages 15–18. Les gouvernements, les organismes des Na- tions Unies et les coalitions internationales d’ONG ont placé ces questions au rang de leurs priorités, en mettant avant tout l’accent sur les besoins des pays en développement. Médicaments essentiels : le Point est publié et distribué par le Département Médicaments essentiels et Politique pharmaceutique. Il paraît en anglais, fran- çais, espagnol et russe, et est diffusé gratuitement à près de 200 000 lecteurs. Le Point informe sur les politiques phar- maceutiques nationales, les directives thérapeutiques, les problèmes actuels du médicament, les stratégies éducatives et la recherche opérationnelle. Le Département Médicaments essentiels et Politique pharmaceutique de l’OMS tend à ce que toutes les populations, où qu’elles se trouvent, puissent se procurer les médicaments à un prix qu’elles- mêmes ou que leur pays soient en mesure d’offrir ; et à ce que ces médicaments soient surs, efficaces et de bonne qualité, prescrits et utilisés de façon rationnelle. Adresser toute la correspondance à : Madame la Rédactrice en chef Médicaments essentiels : le Point Organisation mondiale de la Santé CH-1211 Genève 27, Suisse Fax: +41 22-791-4167 Courrier électronique : [email protected] Médicaments Essentiels : le Point

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Page 1: M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N Tapps.who.int/medicinedocs/pdf/s2247f/s2247f.pdf2 M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Le Point No 27,

Usage rationnel 2–8Inde : comment l’Etat de Delhi a

rationalisé l’usage des médicamentsVente illicite de médicaments :

le Bénin frappe un grand coupGrâce aux directives thérapeutiques

normalisées et aux listes demédicaments essentiels, l’Afrique duSud transforme son système de santé

Afrique orientale : des chercheursse rencontrent pour discuter del’usage des médicaments

Information pharmaceutique 9–10Quelles répercussions, pour les

prescripteurs, de la législationeuropéenne sur les brochuresd’information des malades ?

Aux Etats-Unis, des étiquettes plus facilesà comprendre devront figurer sur lesboîtes de médicaments en vente libre

Actualités 10–15Rapport sur la Santé dans le Monde

1999 : Pour un réel changementL’OMS lance une série de tables

rondes avec l’industrie et les ONGEt beaucoup d’autres infos

Commerce mondial 15–18Répercussions des accords ADPIC

sur le secteur de la santé : rapportsde réunions tenues au Pakistan, enSuisse et en Thaïlande

L’OMS chargée de s’attaquer aux réper-cussions des accords ADPIC sur la santé

Courrier des lecteurs 18

Netscan 19

Réunions et cours 19

Assemblée mondiale de la santé 20–21Le Directeur général passe en revue les

problèmes auxquels se heurte l’OMSLe lauréat du prix Nobel s’exprime

sur le rôle de la santé dans ledéveloppement

Politique pharmaceutique nationale 22–23

Vient de paraître 24–26

Dons de médicaments 27–28Objectif efficacité : des experts débattent

des stratégies en matière de donsEncourager les dons utiles, en finir

avec les autres

No 27 (1999)

E D I T O R I A L

B

Une des affiches du Ministère de la Santé sud-africain sur l’usage des médicaments essentiels et les directivesthérapeutiques standard

S O M M A I R E :

M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S :

L E P O I N T

Rendre lesmédicamentsaccessibles à tous

IEN que les stratégies et les circons-tances diffèrent, le cri de ralliementlancé par l’Afrique du Sud dans lebut « de rendre les médicamentsaccessibles à tous » trouve écho au

sein des gouvernements et des agences dedéveloppement du monde entier. Le présentnuméro du Point examine certains problèmesactuels et soulève la question de l’accès auxmédicaments. Il comporte la description deprogrammes menés en Afrique, en Asie et enAmérique latine. Il fait en outre état d’uneAssemblée mondiale de la Santé qui incite àréfléchir, des tables rondes de l’OMS qui ac-cueillent la société civile et des progrèseffectués en matière de dons de médicaments.

Un rapport sur l’Inde décrit com-ment l’approche nationale de l’usagerationnel des médicaments – par lebiais d’un partenariat unique entreune collectivité locale fermement en-gagée, une ONG et l’OMS – a eudes résultats tels en matière d’accèsaux médicaments essentiels « grâceà un meilleur choix des médica-ments, une meilleure gestion et unemeilleure utilisation » qu’elle estreproduite dans d’autres régions dupays. L’article souligne comment latransparence et les résultats concretsont eu raison des hésitations de lapremière heure.

L’Afrique du Sud décrit com-ment elle a mis au point méticu-leusement sa liste de médicamentsessentiels et ses directives thérapeu-tiques en se fondant sur des donnéesprobantes et sur des principes sainsde santé publique pour enclencher leprocessus.

En Amérique latine, les parti-cipants à un congrès organisé enArgentine sur l’usage rationnel desmédicaments s’engagent à adopterune approche plurielle qui repose surla formation des professionnels etdes consommateurs et la mise enplace d’une réglementation et d’unegestion pharmaceutique plus strictes.Pendant ce temps, le Brésil lance unepolitique pharmaceutique nationalefondée sur les médicaments essen-tiels, l’usage rationnel des médica-ments et le recours aux génériques.

Au niveau international, le DrGro Harlem Brundtland, Directeur

général de l’OMS, a passé en revue devantl’Assemblée mondiale de la Santé les acquissanitaires et les nouvelles menaces pour lasanté publique. Elle a insisté sur la nécessitépour l’OMS de créer des partenariats plus ef-ficaces avec d’autres acteurs clés. Le discoursliminaire fascinant prononcé par le prix No-bel Amartya Sen a rappelé aux délégués quela croissance économique ne va de pair avecun meilleur état de santé que si les revenussupplémentaires servent à développer les ser-vices publics et à atténuer la pauvreté. Enprenant des exemples dans différents pays, ila montré comment il était possible de rempor-ter de grandes victoires en matière de santé,même dans les pays pauvres, en utilisant les

ressources de manière productive sur le plansocial. Pour terminer, il a remarqué qu’il n’ya rien de plus important qu’un débat publicéclairé et que l’action de tout un chacun pourfaire changer les choses dans le sens d’uneprotection de notre existence.

Ce débat et cette action se font clairementjour dans la discussion axée sur l’impact desaccords commerciaux internationaux en ma-tière de santé publique sur l’accès aux médi-caments dont il est fait état en pages 15–18.Les gouvernements, les organismes des Na-tions Unies et les coalitions internationalesd’ONG ont placé ces questions au rang deleurs priorités, en mettant avant tout l’accentsur les besoins des pays en développement. ❏

Médicaments essentiels : le Point estpublié et distribué par le DépartementMédicaments essentiels et Politiquepharmaceutique. Il paraît en anglais, fran-çais, espagnol et russe, et est diffuségratuitement à près de 200 000 lecteurs.Le Point informe sur les politiques phar-maceutiques nationales, les directivesthérapeutiques, les problèmes actuels dumédicament, les stratégies éducatives et larecherche opérationnelle.Le Département Médicaments essentielset Politique pharmaceutique de l’OMStend à ce que toutes les populations, oùqu’elles se trouvent, puissent se procurerles médicaments à un prix qu’elles-mêmes ou que leur pays soient en mesured’offrir ; et à ce que ces médicamentssoient surs, efficaces et de bonne qualité,prescrits et utilisés de façon rationnelle.

Adresser toute la correspondance à :Madame la Rédactrice en chefMédicaments essentiels : le PointOrganisation mondiale de la SantéCH-1211 Genève 27, SuisseFax: +41 22-791-4167Courrier électronique :[email protected]

Médicaments Essentiels : le Point

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Le Point No 27, 1999

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U S A G E R A T I O N N E L

Tableau 1Prix comparatifs des médicaments en 1995 (en roupies)

Médicaments Organisme national Prix dans l’Etat de Delhi obtenud’achat de médicaments par le système d’achats groupés

et d’appels d’offres sélectifs

Sirop d’amoxicilline 11,4 7,5Injection de cloxacilline 13,5 4,7Comprimé d’érythromycine 250 mg 5,7 1,5Sirop d’érythromycine 20,8 9,8Sirop d’amikacine 500 mg 92,8 23,6

...suite à la page 3 ➠File d’attente pour obtenir des médicaments : l’état de Delhi essaye de rendre la distribution plusrapide

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Usage rationnel :à Delhi nouvelle politiquepharmaceutique

➢ RANJIT ROY CHAUDHURY*

ETAT de Delhi peut se targuer d’êtrele seul territoire de l’Inde à avoirmis en place une politique globalepour l’usage rationnel des médica-

ments, politique dont le but est d’aider àfournir aux pauvres les médicaments dontils ont besoin. Grâce aux efforts conjuguésdes médecins, des ministres et des inspec-teurs, la politique a eu des effets positifssur un système de santé précédemment enproie à des problèmes de planification etde mise en œuvre. Dans cet Etat, on cons-tate que les médicaments utilisés sont deplus en plus souvent les médicaments adap-tés à la pathologie, prescrits en quantité etpour une durée adéquates. Les achatsgroupés, l’introduction d’un con-trôle des bonnes pratiques defabrication, la formation àla prescription rationnelleet une meilleure informa-tion des patients sontautant de mesures quiont participé « au bon ré-tablissement » du secteurpharmaceutique. Consi-déré par tous un grand pasvers l’équité en matière desoins de santé, la politique enfaveur de l’usage rationnel estactuellement reprise par d’autres Etatsindiens.

Le modèle de DelhiEn collaboration avec l’OMS et une

ONG – la Société de Delhi pour la promo-tion de l’usage rationnel des médicaments– le gouvernement local a lancé en 1994 leProgramme pour l’usage rationnel des mé-dicaments, à un moment où les hôpitauxpublics de Delhi connaissaient de gravesdifficultés. Le Docteur Harsh Vardhan,alors Ministre de la Santé et des Affairessociales, avait résumé la situation : « Danspresque tous les hôpitaux où je mesuis rendu, on déplorait le manque de

médicaments. Venaient ensuite des critiquessur leur qualité, le système d’achat et dedistribution et le manque d’informationdes patients sur l’usage des médicaments.Chaque hôpital avait sa propre liste de mé-dicaments, ceux-ci étaient étiquetés sousdifférents noms de marque, l’approvision-nement était irrégulier et les médecinsprescrivaient souvent de manière effré-née ». Dans ces conditions, les malades nerisquaient pas d’être satisfaits. Bien que30 à 35 % du budget des hôpitaux soientconsacrés à l’achat de médicaments, les pé-nuries étaient chroniques. Toutefois, quatreans après l’introduction de la nouvellepolitique pharmaceutique dans le cadredu Programme pour l’usage rationnel,

les résultats sont considérables. Leshôpitaux consacrent désormais

90 % de leur budget auxmédicaments essentiels,qui sont généralement debonne qualité, et la pres-cription est devenue plusrationnelle. Plus impor-tant encore, les maladesont désormais accès àdes médicaments sûrs et

efficaces.

UN CHANGEMENTDE POLITIQUE

L’ampleur de la tâche à laquelle s’atta-quaient les personnes chargées de mettre enœuvre le Programme pour l’usage ration-nel n’était pas négligeable : l’Etat de Delhis’étend sur 1 483 km2 et compte 14 mil-lions d’habitants. Le Gouvernement localgère deux hôpitaux universitaires, 15 petitshôpitaux et 158 centres de santé. Le sys-tème hospitalier compte 4 000 lits et un peumoins de 4 millions de personnes sontadmises dans des services ambulatoireschaque année. Les médicaments sont gra-tuits pour tous, quel que soit l’origine dupatient.

Liste des médicaments essentielsUn comité d’experts a commencé par

dresser une liste générale de 250 médica-ments essentiels et une deuxième liste de100 médicaments plus précisément desti-née aux petits hôpitaux. La première listede médicaments essentiels, élaborée en1994, était calquée sur les directives del’OMS et faisait figurer 329 médicamentsappartenant à 28 classes différentes. L’unecomme l’autre ont été révisées en 1996 puisen 1998, date à laquelle 18 nouveaux mé-dicaments ont été ajoutés et 12 supprimés.

Vers de meilleures habitudesde prescription

Des directives thérapeutiques ont étéélaborées pour faciliter le travail des mé-decins exerçant dans les centres de soinsde santé primaires. Elles préconisaient untraitement pour les affections le plus sou-vent diagnostiquées par les médecins, àsavoir 15 maladies touchant les adultes etcinq maladies infantiles. Ont également étédistribuées une liste de médicaments essen-tiels et des informations importantes àl’usage des patients.

Achats groupésUn groupe d’achats en commun a été

mis sur pied et placé sous la supervisiond’un Comité spécial d’achat. Très vite, tousles hôpitaux publics de l’Etat de Delhi sesont mis à utiliser les mêmes médicaments.

Par le passé, les hôpitaux passaientcommande et les fabricants livraient lesmédicaments au dépôt des centrales d’ap-provisionnement de Delhi. Ce système avaitses faiblesses. Les personnes chargées descommandes ne connaissaient pas le prix desmédicaments achetés de manière centrali-sée parce que les factures étaient envoyéesdirectement au service Paie et Comptabi-lité. Le temps que les médicaments arriventjusqu’aux hôpitaux, ils approchaient de leurdate de péremption. En outre, seuls certainsmédicaments étaient achetés de manièrecentralisée, et chaque hôpital devait s’ar-ranger pour obtenir les autres médicaments.Autre problème : 10 hôpitaux et la Direc-tion des Services de santé chargée descentres de soins primaires ne pouvaient pasprofiter de ce programme d’achat.

Aujourd’hui, un système « de doubleenveloppe » – une enveloppe renfermant

l’offre technique et une autre l’offre de prix– garantit que seuls les candidats sérieuxrépondant aux critères déterminés sontpris en compte. Ce n’est qu’une fois queles caractéristiques de l’offre technique ontété approuvées qu’on ouvre l’offre de prix.Deux ou trois fournisseurs – devant se pré-valoir d’un chiffre d’affaires d’au moins2,86 millions de US$ – sont sélectionnéspour chaque médicament, et les hôpitauxpeuvent leur passer commande directement.Les grandes entreprises pharmaceutiquesont fait la preuve de leur confiance dans cesystème en participant aux appels d’offrescentralisés.

Les médecins sont tenus de ne prescrireque les médicaments qui figurent sur la listed’achat. Les hôpitaux disposent toute-fois d’une marge de manoeuvre en ce qu’ilspeuvent consacrer 10 % de leur budget àl’achat de médicaments hors liste.

Economies réaliséesLes nouvelles mesures ont entraîné une

chute nette des prix d’achat des médica-ments essentiels (voir tableau 1), en ce queles achats en gros tirent les prix à la baisse.

Contrôle de la qualitéLe Programme a pour but de garantir

la qualité des médicaments fournis auxhôpitaux et aux centres de santé :

➤ Le système d’achat sous « double en-veloppe » signifie que dans une largemesure, la candidature des firmes dontles produits sont considérés douteuxest écartée.

➤ Un panel de 12 à 15 experts chevron-nés travaillant par équipe de deuxinspectent les entreprises souhaitantfournir des médicaments à l’Etat deDelhi au regard des bonnes pratiques defabrication. L’inspection porte sur lesinstallations elles-mêmes, le matériel,les normes d’hygiène et les connaissan-ces et compétences du personnel. Lesnormes de fabrication de référence sontles normes établies par l’OMS. Les ins-pecteurs rédigent un rapport détaillé, etconcluent sur un avis favorable ou dé-favorable. Par ailleurs, des échantillonsprélevés au hasard sont envoyés à deslaboratoires reconnus, dans l’Etat de

Page 3: M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N Tapps.who.int/medicinedocs/pdf/s2247f/s2247f.pdf2 M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Le Point No 27,

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Le Point No 27, 1999

M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T

...suite à la page 4 ➠

New Delhi : séance de formation sur l’usage rationnel desmédicaments Ph

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Usage rationnel : Delhi...suite de la page 3

U S A G E R A T I O N N E L

Delhi mais aussi dans le reste du pays,pour y être éprouvés afin d’exclure dumarché les produits pharmaceutiques nerépondant pas aux normes.

➤ Les médecins qui ont le sentiment qu’unmédicament prescrit n’a pas d’effetparce qu’il ne répond pas aux normesde qualité peuvent en envoyer unéchantillon au superviseur des achatspharmaceutiques de l’hôpital. Les su-perviseurs sont habilités à faire testerle médicament dans tout laboratoirereconnu et ils détiennent les fonds né-cessaires. Le Programme gagne ainsi encrédibilité car les prescripteurs saventqu’ils ont cette possibilité.

Regardant vers l’avenir, le Gouverne-ment a approuvé la mise en place àKarkardoma d’une Autorité pharmaceu-tique d’Etat, qui sera chargée de l’achat,de l’entreposage et de la distribution desmédicaments. Les locaux, actuellement enconstruction, feront appel aux techniquesmodernes d’entreposage et de gestion desstocks.

Formation dans le pays et à l’étrangerLa formation à l’usage rationnel est con-

sidérée comme un facteur clé de réussitedu Programme et les médecins sont formésà la prescription rationnelle avec l’aide departenaires nationaux et internationaux. Endécembre 1998, 34 personnes venues de 13Etats ont suivi un cours mis en place à NewDelhi par le Département EDM de l’OMS,le Réseau international pour l’usage ration-nel des médicaments et la Société de Delhipour la promotion de l’usage rationnel desmédicaments. La formation a mis l’accentsur les moyens d’identifier et de résoudreles problèmes liés à la prescription, la déli-vrance et la consommation de médicaments.D’autres séances de formation destinéesà des médecins, des pharmaciens et desinfirmiers se sont tenues à Delhi au coursde 1999.

Plusieurs professeurs de médecine etspécialistes ont suivi des cours à l’étrangerpour élargir leurs connaissances en matièred’usage rationnel. Avec l’aide d’EDM, ilsse sont rendus aux Pays-Bas, au Royaume-Uni (Angleterre et Ecosse), en Afrique duSud et en Suisse.

Des publications telles que le Formu-laire pour les médicaments essentiels del’Etat de Delhi et la Liste des médicamentsessentiels des hôpitaux de Delhi ont gran-dement aidé en fournissant aux médecinsdes informations précieuses sur les classesde médicaments, les mises en garde, lescontre-indications, les effets secondaires etla posologie notamment.

Les médias répondent positivementPour toucher le plus grand nombre de

personnes, il n’y a pas de meilleur moyenque les médias, et le Programme s’est tournévers eux de manière proactive. Aussi latélévision et la presse écrite nationalesont-elles assuré une bonne couverture desavantages du Programme et sensibilisé pro-gressivement la population. Un éditorial duHindustan Times a qualifié le modèle deDelhi de « modèle sain », dont le « succès,salué par l’OMS, tient à l’efficacité de l’ini-tiative en matière de prestation de soins desanté [...]. Le fait que les prix des médica-ments aient flambé ces dernières années àla suite de la libéralisation économique...donnait encore du poids à cette initiative. »Le Indian Express, à son tour, l’a qualifié

de « solution pleine de bon sens » pour sur-monter certains des problèmes que connaîtle système de prestation des soins desanté ». Ces échos positifs ont joué un rôledécisif dans l’élargissement du Programmeaux Etats d’Andrha Pradesh, Bihar, Chan-digarh, Haryana, Himachal Pradesh,Karnâtaka, Madhya Pradesh, Mahârâshtra,Punjab, Râjasthân, Tamil Nâdu et Bengale-Occidental.

LA SURVEILLANCE DONNEDU POIDS AU MESSAGE

Les habitudes de prescription sont sur-veillées de temps à autre pour évaluer lesprogrès réalisés. Une équipe indépendanted’enquêteurs cliniques composée de mem-bres de diverses institutions de l’Etat deDelhi surveille :➤ le prix des médicaments achetés par le

biais des achats groupés ;➤ le pourcentage de médicaments prescrits

effectivement délivrés aux malades(tous les médicaments sont distribuésgratuitement) ;

➤ les indicateurs relatifs aux schémas deprescription et aux médicaments ;

➤ les indicateurs relatifs aux patients,concernant leur information notamment ;

➤ les indicateurs relatifs au système :temps passé par ordonnance à lapharmacie, étiquetage, etc. ;

➤ la qualité des médicaments fournis.

Des résultats encourageantsLes hôpitaux avaient l’habitude de pas-

ser leurs commandes eux-mêmes sans pourautant avoir mis en place des procédurespoussées d’assurance de la qualité. Le sys-tème d’achats groupés couvre désormaistous les hôpitaux publics et 150 centres desoins de santé primaires, ce qui permetd’éviter les doubles emplois, d’obtenir demeilleurs prix (de 30 % à 40 % inférieurs),de garantir une meilleure qualité et de pro-céder à l’inspection des bonnes pratiquesde fabrication (voir ci-dessous).

La surveillance des prescriptions àl’hôpital de Sanjay Gandhi, Mangolpuri, arévélé que 87,3 % des médicaments pres-crits sont des médicaments essentiels et que59,7 % sont effectivement disponiblespour les patients. A l’hôpital Aruna AsafAli, 98,3 % des prescriptions concernent desmédicaments essentiels et 97,3 % d’entreeux sont disponibles.

A titre de comparaison, les statistiquesde trois grands hôpitaux de Delhi qui nebénéficient pas du Programme révèlent unesituation tout autre. Le pourcentage de mé-dicaments prescrits effectivement délivrésaux malades est de 5 % dans le premier,de 22 % dans le service ambulatoire dudeuxième et de 10 % dans le troisième.

Outre cette surveillance, des enquêtesinternes sont menées de temps à autre pourévaluer les progrès. A l’hôpital universitairede Lok Nayak, elles ont révélé que le pour-centage de personnes disposant d’uneinformation adéquate est passé de 39 % à77,4 %. Le pourcentage de médicamentscorrectement étiquetés est quant à lui passéde 76 % à 95,5 %, ce qui explique sansdoute le nombre croissant de maladesdisposant d’informations correctes sur lesmédicaments.

Fort de son enthousiasme à régler lesproblèmes urgents, le Programme a misl’accent sur les mesures immédiates, adop-tant et adaptant des stratégies éprouvées enmatière de médicaments essentiels. Toute-fois, cette volonté d’agir et d’agir vite pourcombler le vide existant en matière de dis-ponibilité et d’usage des médicaments n’a

pas permis de rassembler de manière scien-tifique les données pré-intervention.Les personnels du Programme déplorentaujourd’hui ce manque. On conseille doncvivement aux Etats qui mettent en place despolitiques pharmaceutiques d’intégrersystématiquement à leurs travaux uneévaluation scientifique et ce, dès le début.

Malgré le manque de données pré- etpost-intervention, les parties prenantess’accordent toutes à dire que les hôpitauxparticipant au Programme ont facilité l’ac-cès des malades aux médicaments essentielsde bonne qualité. Des données indiquentégalement que les médicaments sont pres-crits et délivrés de manière plus rationnelle.Le système de surveillance actuellement enplace commence à récolter les premiers ré-sultats concrets nécessaires pour prouverl’efficacité de ces stratégies et encouragerla promotion sans réserve du Programme àl’échelle du pays.

PROMOUVOIR LE CHANGEMENTET SURMONTER LES DIFFICULTÉS

Dissiper les premières craintesA l’annonce de la mise en œuvre du Pro-

gramme, personne ne savaits’il aurait des résultats et lesmédecins craignaient de per-dre la liberté qu’ils avaient deprescrire le médicament deleur choix. Dans ces condi-tions, le Programme était vouéà l’échec. A force d’échangesavec les médecins des hôpi-taux concernés – grands oupetits, universitaires ou non –le cynisme et l’amertume ontprogressivement cédé la placeà une acceptation mitigée duProgramme. L’auteur (alorsConseiller auprès du Ministèrede la Santé de Delhi) et son équipe se sontrendus au moins deux fois dans chaquehôpital, à deux reprises accompagné duMinistre lui-même. Ils en ont profité pourdécrire les avantages potentiels du nouveausystème, en mettant l’accent sur les pointssuivants :➤ Par le passé, les médecins pouvaient

prescrire le médicament de leur choix,mais en l’espace de trois à quatre mois,le médicament était épuisé. Dans lenouveau système, les médicaments fi-gurant sur la liste, certes limitée, seronttoujours disponibles.

➤ Par le passé, les médecins recevaientsouvent des médicaments dont ilsn’avaient pas besoin ou des médi-caments à base de plantes qu’ilsn’utilisaient pas. Cela ne sera pluspossible dans le nouveau système.

➤ Par le passé, il n’existait pas de systèmeintégré de mesures d’assurance de laqualité, alors que dans le nouveau sys-tème, le Programme est responsable dela qualité des médicaments fournis.Les médecins ont progressivement ac-

cordé leur confiance au Programme. Danscertains cas, les plus critiques sont mêmedevenus les plus fervents défenseurs duchangement.

Faire en sorte que les médecins seconsidèrent à l’origine de la liste

Auparavant, les médecins, y compris lesspécialistes, avaient le sentiment qu’ils de-vaient « faire rentrer » leurs médicamentset soumettaient de ce fait de longues listes.Pour éviter cela, des principes stricts ettransparents ont été adoptés pour la sélec-tion des médicaments, et la décision de faire

figurer un nouveau médicament s’appuiesur des critères précis :

➤ Le médicament est-il plus efficace queles médicaments figurant sur la liste ?

➤ Le médicament provoque-t-il moinsd’effets secondaires que les médica-ments figurant sur la liste ?

➤ Le médicament a-t-il un champ d’actionplus large que le médicament figurantsur la liste ?

➤ Est-il moins cher que les médicamentsfigurant sur la liste ?Les décisions devront s’appuyer sur des

preuves concrètes et non sur des donnéessubjectives. Les critères, tels que l’existencede données issues d’essais et la disponibi-lité ont été examinées de près. Participaità chaque réunion du Comité de sélectiondes médicaments un groupe de cinq à sixpharmacologues cliniciens et pharmaciensarmés de tous les ouvrages de référence dis-ponibles sur les médicaments et les prix.Le nombre de médicaments pouvant êtreachetés hors liste a été relevé pour les hôpi-taux universitaires, passant de 10 % à 20 %du budget pharmaceutique, de façon à ceque les spécialistes puissent obtenir certains

médicaments précis dont ils avaient besoin.Les médecins ont maintenant la convictiond’être les auteurs de la liste, qu’ils peuventmodifier si besoin est. La liste des médica-ments essentiels de Delhi a été modifiée àdeux reprises depuis 1994.

Certains médecins des hôpitaux publicsde Delhi ont continué à prescrire des médi-caments hors liste et les malades à acheterdes médicaments sur le marché libre. Maisle problème a vite été réglé. Le Ministre dela Santé a promulgué une circulaire qui obli-geait les médecins des hôpitaux publics àprescrire uniquement les médicamentsinscrits sur la liste. Toute personne qui dé-rogeait à ce principe devait s’expliquer. Cerappel à l’ordre a porté ses fruits. En ren-dant les médicaments disponibles dans lesfaits, le système d’achat a gagné la confiancedes médecins. Ces derniers ont effective-ment pu se rendre compte que le systèmefonctionnait, assurait l’approvisionne-ment en médicaments et que les équipesd’inspecteurs veillaient à leur qualité.

Une confiance accruedans le système d’achat

Cinq ans après l’introduction du Pro-gramme, le Comité mis en place pourl’achat des médicaments a assis sa crédibi-lité. A une époque où l’on parle souvent decorruption, il s’agit là d’un atout considé-rable pour le Programme. La compositiondu Comité, qui a à sa tête un ancien Secré-taire à la Santé du pays, y est pour beaucoup.Parmi les autres membres, on peut citerl’ancien Auditeur Général adjoint de l’Inde,l’auteur, Conseiller auprès du Ministère dela Santé, le Secrétaire d’Etat à la Santé, le

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Le Point No 27, 1999

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Usage rationnel : Delhi...suite de la page 3

Ecrire dans le Point◆ ◆ ◆

Etudiants absorbés dans une séance de préparation d’uneliste d’analgésiques destinée aux soins de santé primaires.D’autres étudiants donnent leur avis après avoir vérifié lesstatistiques sur la morbidité et les coûts

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Vers des compétencespharmacologiques définitivesen Inde

➢ B. GITANJALI

N Inde, on déplore que les futursmédecins ne bénéficient pas de plusd’informations et de cours sur lesmédicaments essentiels et l’utilisationrationnelle des médicaments. On

reproche principalement aux études de phar-macologie de ne pas être en rapport avec laréalité et de ne pas inculquer des connais-sances définitives nécessaires à une bonnepratique de la médecine. Un exemple : les étu-diants en médecine prescriront dans cinq ansde nombreux médicaments dont ils n’aurontpas entendu parler au cours de leurs études.

Les pharmacologistes donnent-ils à leursétudiants le moyen d’évaluer les essaispharmaceutiques ? En Inde, de nombreux mé-decins n’ont toujours pas accès à Internet. Lespharmacologues enseignent-ils à leurs étu-diants où ils peuvent trouver des informations

objectives sur les médicaments ? La plupartdu temps, ils ne savent des médicaments quece qu’en disent les messages publicitairesou les représentants médicaux. Combiend’étudiants sont-ils capables d’analyser cesmessages d’un œil critique et de ne pas selaisser décontenancer par des stratégies demarketing contraires à l’éthique ? Pour obte-nir les meilleurs résultats thérapeutiques,les formes galéniques, telles que les inha-lateurs et les systèmes de pénétration du mé-dicament par voie percutanée, doivent êtreutilisées correctement. Les médecins sont-ilscapables d’expliquer à leurs patients comments’en servir ? La consultation compte pourbeaucoup dans l’exercice thérapeutique, maisrares sont les médecins capables de rensei-gner de manière efficace les malades sur lesmédicaments qu’ils leur prescrivent.

Une approche plus concrèteSi l’on mettait à profit le temps jus-

qu’alors consacré aux travaux pratiques de

préparation pharmaceutique dé-sormais désuets, tous ces sujetspourraient être enseignés par unpharmacologue clinique. En met-tant l’accent sur l’enseignementde compétences acquises à vie,le corps enseignant de l’InstitutJawaharlal d’Etudes supérieuresspécialisé dans l’Education et laRecherche médicales (JIPMER), situé àPondicherry, Inde, associe la pharmacolo-gie clinique à des techniques pédagogiquesbasées sur la résolution de problèmes, etdonne ainsi à l’apprentissage un caractèreplus concret et plus convivial. Cette nou-velle approche est décrite dans un manuelparu récemment dans le but d’aider lesenseignants qui souhaiteraient l’adopter.

Le manuel propose 30 exercices depharmacologie clinique qui permettront deformer les étudiants en médecine en débutde cursus aux divers aspects de l’utilisation

des médicaments. Les exercices couvrentles questions relatives à la communication,à la surveillance des effets indésirables, àl’analyse critique des messages publicitai-res, au consentement avisé et aux listes demédicaments essentiels. Dans le cadre desexercices pratiques sur les médicamentsessentiels, les étudiants ont accès aux sta-tistiques sur la morbidité, sur la taille et lacomposition de la population, et doiventrédiger des listes de médicaments essentiels

Directeur des services de santé, le Direc-teur de l’Institut national de médecine etl’Inspecteur pharmaceutique. Le Directeuradjoint chargé des achats assume les fonc-tions de Secrétaire du Comité. La présencede représentants du Département de la Jus-tice et Finances a été cruciale, permettantau Comité de prendre des décisions impor-tantes, voire inhabituelles dans certains cas.

Grâce à la régularité des réunions – quipouvaient se tenir quatre à six fois par mois– les membres restaient informés et étaienten mesure d’acheter des médicaments à unprix de 30 % à 35 % inférieur à celui qu’ob-tenaient les autres organismes d’Etat, mêmeauprès du même fabricant.

La transparence totale du systèmeest un autre facteur qui a joué en faveur duProgramme : les fournisseurs étaient tenusinformés des raisons pour lesquelles leuroffre technique avait été rejetée. Les sou-missions étaient ouvertes en présence demembres de la firme ayant soumis l’offreet de représentants d’autres entreprisespharmaceutiques.

Initialement, une firme pharmaceutiquedevait déclarer un chiffre d’affaires de50 millions de roupies pour pouvoir posersa candidature et pour que soit décachetéeson enveloppe d’offre de prix. Ce seuil aensuite été porté à 120 millions de roupies(2,86 millions de US$), car on considéraitque de telles entreprises seraient dotées del’infrastructure nécessaire pour fournir lesmédicaments dans les délais. Ce change-ment a provoqué le mécontentement despetites firmes, dont certaines perdaientd’importantes commandes. Une entreprisea saisi la Haute Cour de Justice, et a intentéun procès au Gouvernement de Delhi ainsiqu’au Comité d’achat. La Cour a rejeté l’af-faire. Le Programme peut toutefois agir enfaveur des petites entreprises pharmaceuti-ques en les aidant à instaurer de bonnespratiques de fabrication. Grâce au systèmed’inspection, ces firmes bénéficient de

conseils techniques sur les points à amélio-rer, mais c’est à elles qu’il incombe de payerles éventuelles dépenses de restructuration.Ce n’est qu’une fois qu’elles répondentaux normes que les critères de sélectionpeuvent être revus.

Au début, il est arrivé que certaines en-treprises refusent à la dernière minute delaisser rentrer les équipes d’inspecteurs, quise trouvaient à la porte de leur établisse-ment. On leur expliquait alors par téléphoneque leur devis ne serait pris en compteque si elles laissaient faire leur travail auxinspecteurs. On les menaçait en outre deprévenir les autres gouvernements locauxqu’elles avaient refusé, ce qui eut pourconséquence de résoudre le problème.

Quarante à cinquante médicaments nefont l’objet d’aucune soumission : bienque figurant sur la liste des médicamentsessentiels, leur utilisation est limitée et lesquantités achetées faibles. Nous devons lesacheter sur le marché libre à des prix élevés.Il s’agit là d’un problème à résoudre, maisqui ne devrait pas durer. L’an prochain, unefois que le Centre d’achat, d’entreposageet de distribution de Karkardoma sera enactivité, le Comité d’achat achètera ses mé-dicaments en gros directement auprès dufabricant et les entreposera.

Certains médicaments figurant sur laliste des médicaments essentiels sont mar-qués d’une astérisque. Cela signifie que leshôpitaux doivent veiller à ce qu’ils soientprescrits avec précaution. Ce sont desmédicaments chers, à utiliser pour despathologies précises ou réservées auxspécialistes. Bien que certains hôpitauxaient mis en place un mécanisme pourveiller à ce que ces consignes soient res-pectées, le système pourrait certainementêtre amélioré.

Profiter au mieux de la formationMalgré l’existence de séances de for-

mation sur la prescription rationnelle, lesmédecins visés ne peuvent pas toujours selibérer. Ce problème n’a pas encore trouvéde solution. Les cours peuvent se limiter aux

médecins d’une seule institution, de façonà éviter les déplacements et à faciliter lalogistique, mais dans ce cas, ils sont moinsnombreux à assister au cours car ils sont degarde. Si les médecins viennent de plusieurshôpitaux, il est plus facile de les remplacermais les problèmes de logistique sont plusnombreux. Bien entendu, les médecins del’institution hôte sont représentés en plusgrand nombre.

Travail en communLa collaboration à tous les niveaux a été

un élément déterminant du succès du Pro-gramme. Depuis son introduction, il a reçuun appui technique et financier de la partdu Département Médicaments essentiels etPolitique pharmaceutique de l’OMS, et aété intégré en 1997 au Programme conjointInde-OMS pour les Médicaments essentiels.Au niveau local, le Programme de Delhipour l’usage rationnel des médicamentsn’aurait pas vu le jour sans une étroite col-

laboration et un lien personnel unissant leMinistère et son équipe (appui politique),les employés de l’administration, et plus de25 experts techniques et spécialistes de laprofession engagés dans cette entreprisecommune. Le sentiment de se battre pourune cause commune s’est étendu à tous lesniveaux du secteur de la santé. Pour résu-mer succinctement, si le Programme aconnu un tel succès, c’est qu’il a été capa-ble de résoudre des problèmes, servant ainside modèle aux autres Etats indiens qui sonten train de le reproduire. Il a redonné es-poir aux plus démunis d’une des nations lesplus peuplées du monde et peut servird’exemple à ceux qui luttent pour des soinsde santé équitables et efficaces. ❏

* Pour de plus amples informations, s’adresserau professeur Ranjit Roy Chaudhury, Présidentde la Société de Delhi pour la promotion del’usage rationnel des médicaments, c/o Na-tional Institute for Immunology, Aruna Asif AliMarg, New Delhi-110067, Inde.

Les lecteurs qui souhaitent faire paraître un article dansle Point nous écrivent souvent pour connaître noscritères de sélection.

Notre but est de décrire les initiatives nationales etinternationales en matière de politique pharmaceutiqueet d’usage rationnel des médicaments (élaboration etmise en oeuvre), surtout les expériences instructives.Nous nous intéressons tout particulièrement aux articlesconsacrés au suivi de la mise en oeuvre des politiques,aux problèmes rencontrés et aux solutions retenues,ainsi qu’aux stratégies vraiment nouvelles.

Les articles doivent être aussi brefs que possible et, enrègle générale, ne doivent pas dépasser 1 500 mots.Les papiers d’information doivent faire environ 400mots et les lettres 200. Pour des raisons de place, nousdevons parfois condenser l’information ou ne donnerqu’un aperçu des points importants. S’il s’agit d’unlong article, la version corrigée est soumise à

l’approbation de l’auteur. Nous nous réservons le droitd’apporter des modifications aux brèves et aux lettressans en aviser les auteurs. Il convient de nous indiquerle nom complet ainsi que le titre ou une descriptiondes fonctions du ou des auteurs. Nous vousencourageons à nous faire parvenir des photographiesou d’autres documents illustrant le texte en indiquantprécisément ce qu’il représentent.

Nous ne pouvons certifier à l’avance qu’un article serapublié ; tout dépend de son contenu et de la placedisponible dans le numéro. Bien loin de vouloirdissuader nos lecteurs, nous apprécions toujours leurscontributions.

Pour en savoir plus, veuillez contacter le Point enécrivant à l’adresse figurant en première page ou vousconnecter sur le site Internet www.who.int/dap/edm.html

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Le Point No 27, 1999

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Bénin : un plein panier de ces médicaments illicites quiprovoquent des problèmes de santé et enrayent un peuplus le système de santé déjà saturé

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pour une classe de médicaments donnée. Cetype d’exercices permet d’ouvrir le débat :les étudiants ont alors un avant-goût de cequ’est la rédaction d’une liste et encomprennent le bien-fondé.

Le manuel comprend également desaide-mémoire pour préparer les examenspratiques ainsi que des exercices utiles,tels que la préparation d’une solution pourune dose d’épreuve à la pénicilline, le cal-cul du débit de la perfusion de dopamine,le traitement des morsures de serpent et despiqûres de scorpions, etc.

Des résultats positifsLes étudiants ont fait preuve d’enthou-

siasme face aux changements apportésau programme des cours. A en croire l’und’eux, la séance au cours de laquelle unprofesseur a relaté son expérience du mi-lieu des entreprises pharmaceutiques a étéune « révélation ». Quant au cours sur l’éthi-que en médecine, un autre étudiant a dit quele thème avait été introduit à point nommé,à un moment où les étudiants n’étaient passurchargés, et qu’ils avaient donc tout letemps de réfléchir à la question.

Une évaluation est prévueLes premiers étudiants à avoir étudié sur

le manuel passeront leurs examens depharmacologie en décembre 1999. Une éva-luation est prévue 18 mois plus tard, unefois qu’ils seront devenus internes et qu’ilsauront commencé à prescrire eux-mêmesdes médicaments. Leurs schémas de pres-cription seront alors comparés à ceux d’ungroupe d’internes ayant fini leurs étudesavant l’introduction du manuel. C’est à cemoment seulement que les enseignantspourront juger dans quelle mesure ils aurontatteint leurs objectifs. ❏

Pour plus d’informations sur The Manualof Practical Exercises in Pharmacology,s’adresser à Dr B. Gitanjali, AssociateProfessor, Department of Pharmacology,JIPMER, Pondicherry 605 006 Inde. Mél. :[email protected]

(Pour plus de renseignements sur leschangements apportés à l’enseignement dela pharmacothérapie dans le monde, se re-porter à l’article ci-contre intitulé Pratique dela pharmacothérapie fondée sur la résolutionde problèmes, et au Courrier des lecteurspage 18).

■ ■ ■

A photographie ci-dessous illustre symboliquement le changement opéré auniveau mondial dans l’enseignement de la pharmacologie. A la faculté de méde-cine de l’Université de La Plata, en Argentine, les étudiants participent à des coursde pharmacothérapie en petits groupes. L’enseignement est basé sur la résolution

de problèmes, sur des études de cas réels pour lesquels les étudiants doivent arrêter

Pratique de lapharmacothérapie fondée surla résolution de problèmes

le (meilleur) traitement,recueillir les données né-cessaires et discuter desdifférentes options théra-peutiques. Ces séances deformation en petits groupesont remplacé les tradition-nels travaux pratiques delaboratoire en pharmacolo-gie de base. Les laboratoiresuniversitaires sont désor-mais réservés à ces groupesde travail, et les quatrebancs du laboratoire peuventaccueillir simultanémentquatre groupes d’étudiants.

Médicaments illicites :le Bénin frappe un grand coup

U Bénin comme dans de nombreuxpays, le nombre d’intoxicationsmédicamenteuses augmente. Cel-les-ci peuvent entraîner des affec-

tions mortelles, comme des insuffisancesrénales et hépatiques ou des crises cardia-ques. Au Centre National Hospitalier etUniversitaire de Cotonou, une dizaine depersonnes en moyenne sont admises cha-que jour pour des problèmes rénaux, et aumoins l’une d’entre elles succombe :c’est là le résultat direct de la prisede médicaments achetés sur le mar-ché parallèle (on parle de « systèmesparallèles de distribution » lorsquedes médicaments sont distribués dansdes points de vente ne faisant pas par-tie du système officiel de distributionet de « marché parallèle » lorsqu’onfait référence à la vente de ces médi-caments). Dans le reste du pays, unnombre croissant d’hospitalisations etde décès sont dus à des intoxicationsmédicamenteuses.

La Direction nationale de la Pro-tection Sanitaire du Bénin estime que,malgré les risques encourus, 85 % desBéninois s’approvisionnent sur lemarché parallèle. Antibiotiques,antipaludéens et vermifuges sont lesmédicaments les plus demandés etsont tous d’origine douteuse. Cesmédicaments contrefaits et souventsous-dosés proviennent généralementdu Gabon, du Nigéria et de certainspays d’Asie, d’Europe et d’Amériquedu Nord.

Le marché parallèle est en grandepartie aux mains de vendeurs ambu-lants qui n’ont ni la formation ni les

compétences nécessaires pour délivrer desmédicaments. Une étude menée dans dixlocalités a dénombré 6 000 vendeurs, dontla plupart sont des femmes.

Faire participer la communautéLe phénomène a pris une ampleur telle

que les autorités ont décidé de prendre desmesures. Afin de montrer au public sa dé-termination à combattre les vendeurs de

médicaments illicites, l’armée et la policeont saisi et brûlé plusieurs tonnes de cesmédicaments. En collaboration avecl’OMS, les autorités sanitaires ont lancéune série de séances d’information et deformation destinées aux responsablescommunautaires sur les dangers des médi-caments et de leur vente illicite. Participentaux séances des chefs religieux, des com-merçants, des agents de santé, des policiers,des élus locaux et des jeunes diplômés sansemploi.

Deux cent dix personnes venues desdépartements du Mono, de l’Atlantique etde l’Ouémé ont assisté à une réunion desensibilisation tenue à Porto-Novo en avril1999. Les interventions ont mis l’accent surles risques potentiels des médicaments etsur le rôle crucial de la communauté dansla lutte contre les médicaments illicites. Lesparticipants ont eu l’occasion de visionnerun film vidéo récent sur le sujet, réalisé parle Service d’Information, d’Education et deCommunication du Ministère de la Santépublique. Ils ont décidé de mettre sur piedtrois comités chargés de sensibiliser le pu-blic à la question et de veiller à ce que lesrecommandations issues de l’atelier dePorto-Novo soient appliquées. Ils se sontmis d’accord sur un certain nombre destratégies :

➤ répression effective des auteurs decircuits parallèles ;

➤ application effective et généraliséedes lois en vigueur ;

➤ renforcement des contrôles auxfrontières ;

➤ suivi des médicaments dès leur sortiedes entrepôts nationaux, afin de veiller

à ce qu’ils restent sur le marchéofficiel ;

➤ participation des organisations nongouvernementales et autres structurescommunautaires aux activités desensibilisation de la communauté ;

➤ participation des chefs religieux etautres leaders communautaires à la luttecontre la vente de médicaments illicites.

D’autres réunions se tiennent au Bénin,dont certaines sont destinées aux policierset aux militaires chargés de réprimer lavente de médicaments illicites et d’autresaux responsables communautaires. Al’instar de Porto-Novo, ces réunions serontorganisées par une organisation non gou-vernementale, ARAMBE (Association pourla Recherche de l’Amélioration des Condi-tions de Vie au Bénin), en collaborationavec le Ministère de la Santé publique etl’OMS.

Recours aux médiasEn août 1999, le Professeur Marina

d’Almeida Massougbodji, Ministre de laSanté publique, a tenu une conférence depresse au cours de laquelle elle a expliquéle recours généralisé au marché parallèle parl’absence de législation, de politiques et destratégies de lutte contre ce fléau, et par ladifficulté d’accès aux médicaments sur lemarché officiel. Le manque de connaissan-ces et l’incapacité des médias à sensibiliserla population aux risques que présentent lesmédicaments illicites ont aggravé la situa-tion. C’est ce qui explique qu’une série deprogrammes radio et télévision soit sur lepoint d’être lancée pour remédier à cettesituation. ❏

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Le Point No 27, 1999

Directives thérapeutiques et listes demédicaments essentiels de l’Afrique du Sud

Directives Principes actifs figu- Formulations figu-thérapeutiques rant sur la liste des rant sur la liste des

médicaments essentiels médicaments essentiels

Soins de santé primaires 200 152 207Utilisation dans les services hospitaliers de pédiatrie 113 281 399Utilisation dans les services hospitaliers pour adultes 186 357 483

Au total, les listes de médicaments essentiels destinées au soins de santé primaires et soins hospitalierscontiennent 473 principes actifs et 693 compositions différentes.

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U S A G E R A T I O N N E L

Principes retenus pour l’élaborationdes directives thérapeutiques

◆ Feront l’objet des directives les problè-mes de santé le plus souvent observéslors de la première consultation. Pré-valence et gravité seront égalementprises en compte.

◆ Le traitement sera administré au niveauvoulu, et par les personnes compétentes.

◆ Le traitement suivra les directivesthérapeutiques standardisées, quidéfiniront le traitement à suivre et lesystème d’orientation-recours.

◆ La législation pharmaceutique décou-lera de la pratique, qu’elle facilitera,et fixera les critères d’intervention desagents de santé.

Liste des médicamentsessentiels : critères

retenus par l’Afriquedu Sud

◆ tout médicament figurant sur la listedoit répondre aux besoins de la plusgrande partie de la population ;

◆ l’efficacité du médicament doitêtre étayée par des observationsscientifiques en nombre suffisant ;

◆ tout médicament porté sur la listedoit être suffisamment sûr et avoirun bon rapport risques/bénéfices ;

◆ tous les produits doivent être dequalité acceptable et être éprouvésdans le temps ;

◆ par définition, on ne fera figurer queles produits qui contiennent un seulprincipe actif ;

◆ les associations médicamenteusesseront acceptées à titre exception-nel, lorsque l’observance dutraitement est un facteur déterminantou lorsque les deux principes actifscombinés ont un effet par synergie ;

◆ seule la dénomination générique desproduits figurera ;

◆ Dans le cas où deux médicamentssont d’efficacité égale du point devue clinique, on prendra en compteleur coût, les données issues dela recherche, leurs propriétéspharmacocinétiques, le niveaud’observance du traitement par lemalade et la fiabilité du fabricantlocal ;

◆ toute suggestion visant à modifierla liste ou les directives par l’ajoutd’une nouvelle maladie, la suppres-sion, le remplacement ou l’ajoutd’un médicament doit être étayée depreuves scientifiques et de donnéesépidémiologiques. On prendraégalement en compte les avantageset le rapport coûts/bénéfices que lemédicament proposé présente parrapport à un produit existant.

Afrique du Sud : comment apporter lesmédicaments essentiels à la population

La première version des Directivesthérapeutiques standardisées et de la listedes médicaments essentiels destinée aux soinsde santé primaires (le « livre vert ») a étépubliée à 50 000 exemplaires et distribuéeen avril 1996. Au niveau des provinces,neuf coordinateurs du Programme pour lesmédicaments essentiels ont été chargés defaire la promotion du nouveau concept de mé-dicaments essentiels auprès des agents desanté. Ce processus a été compliqué par ins-tauration concomitante de la gratuité des soins

de santé primaires et de services médicauxininterrompus dans la plupart des centres desanté, qui a fait monter en flèche la demandeet provoqué une surcharge de travail pour lepersonnel. Le volume des médicaments dis-tribués dans les zones rurales a doublé, voiretriplé dans certains cas.

Analyse des effetsL’étape suivante – l’avis des utilisateurs

– était tout aussi déterminante pour le proces-sus. Un Comité d’experts chargé d’étudier lessoins de santé primaires a évalué les commen-taires reçus sur la première version. Une étuded’impact menée par le Programme d’actionde l’Afrique du Sud pour les médicaments aconclu que la publication était utile dans lescentres de soins de santé primaires :

➤ 86 % des installations détenaient unecopie de l’ouvrage ;

➤ 65 % des prescripteurs en détenaientpersonnellement une copie ;

➤ 85 % des médicaments « clés » étaientdisponibles (l’équipe chargée de la ré-vision avait dressé une liste de 30médicaments « clés » pour mesurer ladisponibilité des médicaments essentiels) ;

➤ 90 % des diagnostics enregistrés aucours de l’enquête faisaient l’objet desdirectives thérapeutiques standardisées ;

➤ 70 % des médicaments prescrits figuraientsur la liste des médicaments essentielsdestinée aux soins de santé primaires (cer-tains articles n’en faisant pas partie étaientencore disponibles et devaient être retirésprogressivement) ;

➤ Les agents de santé chargés des soins desanté primaires souhaitaient recevoir desformations plus approfondies pour lediagnostic et l’orientation des malades.

Le Comité chargé de dresser la liste desmédicaments essentiels s’est largementinspiré des résultats de l’enquête pour enpublier en 1998 une seconde version amélio-rée. Celle-ci est plus conviviale. Reposant surneuf tableaux basés sur la résolution de pro-blèmes, elle aide les infirmiers à établir leurdiagnostic et conseille, dans le cas de nom-breuses affections, le recours à un traitementnon médicamenteux. Elle livre d’autres infor-mations utiles sur l’éducation du maladeaux maladies chroniques, les procédures dedéclaration d’une maladie ainsi qu’une courbede poids. Il va sans dire que les donnéesprobantes sur l’efficacité et l’innocuité desmédicaments et sur leur rapport risques/bénéfices ont été précieuses pour leprocessus de révision.

Les soins hospitaliers :l’autre point de mire

Bien que la priorité soit allée aux soins desanté primaires, les soins hospitaliers n’ontpas pour autant été mis de côté. En 1996, unComité s’est mis à plancher sur la liste desmédicaments essentiels destinée aux hôpitaux.Il a proposé au début de 1998 une premièremouture des directives applicables aux soinsde santé de l’adulte et de l’enfant, soumis parla suite à l’examen de doyens de facultés demédecine, de directeurs de programmes na-tionaux de santé, d’hôpitaux de district,secondaires et tertiaires ainsi que de person-nes responsables de l’approvisionnement enmédicaments au niveau provincial. Commepour les soins de santé primaires, les commen-taires ont été analysés un à un et soumis à unexamen basé sur des données probantes.

En décembre 1998, le Ministère de laSanté a lancé au niveau national les Directi-ves applicables aux soins hospitaliers destinésà l’adulte et les Directives applicables auxsoins hospitaliers de l’enfant ainsi que ladeuxième édition des Directives applicablesaux soins de santé primaires. Avec l’appui duDépartement d’Etat de la Santé et du person-nel du Programme d’Action de l’Afrique duSud pour les médicaments, la plupart des pro-vinces ont suivi. Pour faire connaître cettenouvelle approche, le Département Médica-ments essentiels et Politique pharmaceutiquede l’OMS a participé à l’organisation deréunions de sensibilisation à la question desmédicaments essentiels dans les principauxpôles universitaires du pays et à l’élaborationd’affiches et de brochures d’information.

Les Directives thérapeutiques standardi-sées et les listes de médicaments essentielsconstituent les piliers mis en place par

AFRIQUE du Sud a hérité d’un systèmede santé très inéquitable : d’un côté,l’élite urbaine jouit d’un systèmede soins médicaux et hospitaliersqui draine toutes les ressources ; de

l’autre, les ruraux pauvres sont laissés pourcompte. Seule l’instauration d’un processuslong et complexe permettra de rectifier cesinégalités. Lancée en 1996, la politique phar-maceutique nationale est une stratégie globalevisant à réformer les services pharmaceuti-ques ; elle sera aussi la pierre angulaire duprocessus de réforme. Dans ce cadre, l’adop-tion de directives thérapeutiques standardiséeset de la liste des médicaments essentiels quien a découlé marque une étape importanteen Afrique du Sud. L’OMS s’est associée à ceprocessus en mettant en place le Programmed’Action de l’Afrique du Sud pour lesMédicaments, programme quinquennal desoutien financé par la British DevelopmentAgency DFID (Agence britannique pour leDéveloppement international).

Deux critères de sélection :la science et les besoins

Lorsque le nouveau Gouvernement prendla tête du pays en 1994, l’Afrique du Sud n’apas encore entériné le concept de médica-ments essentiels : le secteur public achète alorsplus de 2 600 produits pharmaceutiques dif-férents, et sa préférence va aux médicamentshospitaliers. Le Ministère de la Santé nommeen 1995 un Comité national chargé de rédi-ger la liste des médicaments essentiels.Parmi ses membres figurent des pharma-ciens, des généralistes, des spécialistes, despharmacologues et des experts en santé pu-blique. La mission du Comité est de mettreau point des directives thérapeutiquesstandardisées et d’élaborer des listes demédicaments essentiels destinés à tous lesniveaux de soins de santé. Les soins de santéprimaires sont les premiers visés ; les soinshospitaliers suivront. Il s’agit d’arriver à uneplus grande équité, à une meilleure rentabi-lité et à plus de rationalité dans le choix etl’usage des médicaments.

Les membres du Comité élaborent unepremière liste répertoriant les affections lesplus fréquemment rencontrées au niveau dessoins de santé primaires et rédigent les pre-mières directives thérapeutiques. Ces projetssont alors distribués à grande échelle pourencourager les commentaires. Sur la base deces commentaires, de nouvelles directivesstandardisées sont élaborées, qui aboutissentà la rédaction d’une liste de médicaments es-sentiels. Pour cela, le Comité a respecté quatreprincipes (voir encadré).

Les critères retenus pour l’élaborationde la liste des médicaments essentiels del’Afrique du Sud (voir encadré) se sont prin-cipalement inspirés des critères de l’OMSpour le choix des médicaments essentiels1.

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Argentine : le Congrès fait la promotionde l’usage rationnel des médicaments

ANS le cadre de sa campagneénergique en faveur de l’usagerationnel des médicaments, la Pro-vince argentine de Santa Fe a ac-

cueilli simultanément le deuxième Congrèsprovincial, le quatrième Séminaire provin-cial et la septième Réunion nationale duGroupe argentin pour l’usage rationnel desmédicaments. Ce sont principalement lesefforts soutenus des organisateurs – leProgramme pharmaceutique provincial –qui ont permis au Congrès de s’imposercomme un événement déterminant pourtous ceux qui s’intéressent à l’usagerationnel des médicaments en Argentine.

Quelque 500 participants venus des qua-tre coins du pays ont assisté à des discours,à des présentations, à des tables rondes et àdes ateliers. Tenu en octobre 1998, le Con-grès s’est ouvert sur une discussion d’ordre

général sur la politique pharmaceutique,discussion stimulante à laquelle ontparticipé des experts nationaux et interna-tionaux. Une présentation de la politiquepharmaceutique menée dans la Province deSanta Fe a permis d’examiner l’évolutionet l’avancement du Programme pharmaceu-tique. Les orateurs ont souligné que dans laplupart des sociétés, des facteurs et tensionspolitiques entravaient les activités de pro-motion de l’usage rationnel des médica-ments, et ont décrit les moyens mis enœuvre par Santa Fe pour les contourner (voirMédicaments essentiels : le Point, N° 24).

Les nombreuses recommandations is-sues de ces réunions ont couvert les thèmessuivants :

Gestion par des professionnels➤ vendre les médicaments uniquement en

pharmacie, et non au téléphoneou dans les supermarchés ;

➤ adopter des procédures standardde gestion pharmaceutique dansles installations de santé ;

➤ définir des indicateurs standardpour le suivi des habitudes deprescription au sein des instal-lations de santé de la Province ;

➤ stimuler la recherche sur les rai-sons de la mauvaise observancedes traitements ;

➤ adopter des directives visant àlimiter la prescription et l’usageinadéquats des antibiotiques et

suivre les résultats ;➤ passer en revue de manière concrète et

systématique les produits pharmaceuti-ques pour signaler les problèmes dequalité.

Normes et législation➤ interdire les messages publici-

taires trompeurs encourageant l’auto-médication ;

➤ délivrer les médicaments en vente libreuniquement en pharmacie, et interdirela distribution d’échantillons gratuits demédicaments délivrés sur ordonnance ;

➤ interdire la vente et la distribution desmédicaments qui ne répondent pas auxnormes ou qui n’ont aucune valeurthérapeutique pour le malade ;

➤ rédiger des principes directeurs appli-cables aux dons de médicaments, sur lemodèle de ceux de l’OMS (se reporterà la page 28).

Formation et information➤ établir des systèmes d’information au

niveau de la communauté et encouragercette dernière à prendre une part activeaux campagnes en faveur de la vaccina-tion et de l’innocuité des médicaments ;

➤ veiller à ce que les matériels éducatifsdestinés au public soient adaptés aupublic visé ;

➤ conférer aux pharmacies d’officine le rôlede centres d’information et d’éducation ;

➤ mettre au point des programmes d’édu-cation des malades pour améliorer

l’observance du traitement et, plusprécisément, encourager la partici-pation des pharmacies d’hôpitaux etd’officine ;

➤ dispenser aux pharmaciens des cours surles dangers de l’automédication et surl’utilisation adéquate des médicamentsà base de plantes ;

➤ Dispenser aux étudiants en pharmaciedes cours de droit, d’audit et de gestion. ❏

Pour plus de renseignements, contacter :Ministère de la Santé de la Province de SantaFe, Juan de Garay, 2880–3000, Santa Fe,Argentine.

Qu’est-ce que leGAPURMED ?

Le Groupe argentin pour l’usagerationnel des médicaments(GAPURMED) est une organisation àbut non lucratif créée en 1993. Songroupe directeur comprend desmembres de toutes les professions dela santé. Le Groupe a pour but de :◆ promouvoir l’usage rationnel des

médicaments en Argentine enétayant son plaidoyer de preuvesscientifiques ;

◆ évaluer les facteurs qui influencentles habitudes de prescription ;

◆ faire le bilan des étudesépidémiologiques portant surl’utilisation des médicaments.

l’Afrique du Sud pour faire face à ses princi-paux problèmes sanitaires. En prenant letemps de consulter un large éventail de la po-pulation, elle a donné aux prestataires de soinsde santé et aux utilisateurs des services desanté le sentiment d’être à l’origine du projet.Les directives ne sont ni restrictives ni nor-matives. Elles entendent faire en sorte que lesmédicaments soient utilisés de manière plusrationnelle par les prescripteurs et les malades.

Préparer l’avenirLes directives et les listes de médicaments

essentiels ne sont pas « immuables », elless’inscriront au contraire dans un processus« dynamique » caractérisé par des mises à jourrégulières. Les agents de santé et les utilisa-teurs sont tous invités à donner leur avis surles directives, de préférence par le biais deComités pharmacothérapeutiques hospitaliersétablis dans les districts, les régions ou les pro-vinces. Un Comité exécutif responsable de laliste des médicaments essentiels a été nommépar le Ministre de la Santé en août 1999 pourpoursuivre le processus. Toute modification– ajout ou suppression – sera basée surl’analyse critique des données probantes ras-semblées sur le médicament candidat : qualitéde la recherche, possibilité d’améliorer l’in-nocuité et l’efficacité, meilleur rapport coûts/bénéfices, propriétés pharmacocinétiques etrégularité de l’approvisionnement.

Un groupe de travail national spécialisédans la pharmaco-économie a été mis sur piedpour évaluer les classes de médicaments es-sentiels existants et les médicaments candidatsd’un point de vue économique. Des comités

pharmaceutiques et thérapeutiques ont étéinstaurés à différents niveaux, dans les neufprovinces. Pour renforcer les capacités au seinde ces comités, des formations à la pharmaco-économie et à la médecine fondée sur desdonnées probantes ont été mises en place. Ilconviendra de développer la formation ausein des provinces, pour les médecins hospi-taliers notamment, qui n’ont jusqu’à présentpas eu l’occasion de manipuler de listes demédicaments essentiels.

Si c’est au Département d’Etat de la Santéqu’il incombe d’élaborer et de coordonner lespolitiques, les neuf provinces d’Afrique duSud sont autonomes en ce qui concerne leurmise en œuvre. Les provinces ont un budgetde santé indépendant ; ce sont elles qui fixentle montant des dépenses pharmaceutiques (quivarie entre 21 et 68 Rands par personne et paran) et qui se chargent des achats. La liste desmédicaments essentiels et les directives thé-rapeutiques standardisées élaborées sontrecommandées aux provinces par le Comiténational chargé de la liste des médicamentsessentiels.

Les soumissions sont actuellementredéfinies en fonction de la liste des médica-ments essentiels. Huit des dix nouvellessoumissions ont déjà été divisées entre pro-duits figurant sur la liste et produits ne figurantpas sur la liste. Le but premier est de familia-riser les Comités pharmacothérapeutiques deprovince avec l’idée de limiter l’usage de mé-dicaments non essentiels, de façon à ce queles provinces consacrent au moins 90 % deleur budget pharmaceutique aux médicamentsessentiels.

On a planifié des campagnes pour pro-mouvoir la prescription des génériques, pourencourager l’adoption de programmes en

faveur de l’usage rationnel des médica-ments et dresser le bilan de l’utilisationdes médicaments par les districts et lesComités pharmacothérapeutiqueshospitaliers, pour garantir l’entièredisponibilité de tous les médicamentsessentiels et enfin pour mieux pré-voir les quantités nécessaires enfonction de données relatives à laconsommation et à la morbidité.

Un formulaire pharmaceutiqueregroupant des informations ob-jectives et comparatives est encours d’élaboration, destiné pourl’instant aux soins de santéprimaires. Les pharmaciensapprendront à se procurer desinformations pharmaceutiquesadéquates, objectives et actua-lisées, pour ensuite les diffuseren vue d’aider les prescrip-teurs, les dispensateurs et lesconsommateurs à prendredes décisions avisées.

Des enquêtes nationalessuivront la budgétisation etles dépenses pharmaceuti-

révision des Directives thérapeutiques standardisées, et des listes de médicaments essentielsqui en découlent, prévu pour l’année 2000. ❏

Les trois ouvrages sont disponibles sur Internet en format full text (*html), et peuvent être téléchargésen format Word 97 (*.doc) ou Acrobat Reader (*.pdf). Veuillez consulter le site : http//www.sadap.org.za/edl/

Référence1. The use of essential drugs. Eighth report of the WHO Expert Committee. Technical Report Series No.882, Genève :

Organisation mondiale de la Santé ; 1998.

ques ainsi que les effets duProgramme pour les médi-caments essentiels sur le plan dela prescription, de la dispensation et de l’utilisationrationnelles. Ces enquêtes serviront ensuite de base au processus de

Un représentant de l’OMS conduit une séance de travailanimée lors du Congrès

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Le Point No 27, 1999

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Atelier à Mbale. Les chercheurs se sont mis d’accord sur les domaines cruciaux de l’utilisation desmédicaments dans lesquels approfondir la recherche

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Population et médicaments en Afriqueorientale

➢ P. WENZEL GEISSLER

N novembre 1998, quarante cher-cheurs appartenant à différentesbranches des sciences sociales etdes sciences de la vie se sont réu-

nis à Mbale, en Ouganda, pour présenterleurs conclusions sur l’utilisation des mé-dicaments dans les sociétés d’Afriqueorientale. Venus du Kenya, de la Tanzanie,de l’Ouganda, des Etats-Unis d’Amériqueet de divers pays européens, ils ont parti-cipé à un atelier d’une semaine organisépar l’Institut Makerere de Recherche ensciences sociales et le Laboratoire danoisde Bilharziose sur le thème « Populationet médicaments en Afrique orientale ».L’atelier a donné lieu à un débat animé surles axes de recherche pluridisciplinaireainsi que sur les interventions possibles pourarriver à une meilleure utilisation desmédicaments au niveau de la communauté.

Plusieurs études ont souligné que, dansles zones urbaines et rurales d’Afriqueorientale, l’automédication et le traitementà domicile sont très répandus pour soignerles maux courants. Des produits pharma-ceutiques puissants, comme les anti-paludiques, sont assez faciles d’accès, et nesont pas toujours utilisés à bon escient parle public. Les chercheurs ont attiré l’atten-tion sur les vendeurs non officiels pratiquantla vente à domicile, qui, avec les pharma-cies et les magasins, ont un rôle clé dans ladistribution des médicaments. Au Kenya eten Ouganda, des études ont mis en lumièrele rôle déterminant des enfants d’âge sco-laire, qui connaissent bien les médicaments.Les enfants prennent en charge le traitementà domicile, pour les maladies liées au palu-disme notamment, ils achètent et utilisenttrès souvent des antipaludiques sans lasupervision d’un adulte.

Les questions critiques...Au cours de l’atelier, le débat s’est axé

sur une question de premier plan revêtantun intérêt tant théorique que pratique :quelle relation, en médecine, entre savoiret pratique ? Plusieurs intervenants ont misà mal l’hypothèse selon laquelle un savoiraccru se traduisait nécessairement parune meilleure pratique. Ils rappelaient quel’utilisation de médicaments devait êtrereplacée dans le contexte de la vie de tousles jours. Toute tentative visant à améliorerles traitements à domicile doit reposer surune connaissance solide des comporte-ments sociaux induits par la maladie et laguérison dans le contexte local.

Les participants ont commenté les étu-des détaillées sur le contexte sociocultureldans lequel s’inscrit l’utilisation des médi-caments, qui conditionne l’attitude despopulations à leur égard dans la vie quoti-dienne. Ils ont souligné que les relationssociales – au sein des familles ou desménages par exemple – les croyancesreligieuses, les pratiques spirituelles et leschangements historiques sont autant defacteurs qui influent sur l’usage des médi-caments. D’après une étude menée auKenya sous l’angle de la psychologie, lesconnaissances médicales seraient « empi-riques ». Plutôt que d’être théoriques etabstraites, elle proviendraient d’actionsconcrètes. L’importance de l’apprentissageempirique de la santé a été souligné par desétudes sur l’éducation sanitaire en Ouganda.La recherche médicale envisagée sousl’angle ethnique a montré que le lien entremédecines « traditionnelles » et produitspharmaceutiques dans les habitudes despopulations a une influence considérablesur leur utilisation des médicaments. Uneautre étude a souligné que la politiquepharmaceutique nationale, qui agit sur la

disponibilité de certains médicaments, peutbouleverser les pratiques des populations,et par voie de conséquence leur perceptiondes médicaments.

Les enseignements tirésde l’expérience

Les chercheurs ont présenté différentesinitiatives pour rationaliser l’usage desmédicaments. Certains d’entre eux ontdécrit les problèmes auxquels ils se sontheurtés en essayant de convaincre leurscollègues et les autorités de la nécessitéde former les petits commerçants et lesmembres de la communauté à l’utilisationdes médicaments. Ces difficultés sont lapreuve qu’il est nécessaire d’avoir uneconnaissance approfondie du contextesocial et politique dans lequel on se trouvepour planifier les interventions dans cedomaine. Ils ont également souligné lebesoin de faire intervenir les principauxacteurs et groupes concernés par l’utilisa-tion des médicaments dès les premiersstades de la planification. Les enquêtesmenées au Kenya ont aidé à résoudre cer-tains problèmes et ont inculqué aux petitscommerçants de meilleures pratiques devente. Les résultats de l’expérience ontrévélé une amélioration en ce sens que lechoix du médicament et de la forme galé-nique était judicieux. De tels résultatsdevraient encourager les décideurs et leschercheurs dans d’autres domaines àexpérimenter des méthodes de formationnovatrices du même type.

Pour mieux faire connaître les médi-caments, il a également été suggéréd’expliquer l’utilisation rationnelle desmédicaments essentiels dans les écoles.Puisque c’est à cet âge que les enfantsacquièrent leurs réflexes dans le domaine,il faut leur fournir, ainsi qu’à leurs pro-fesseurs, les informations adéquates. Lanature des informations et le moyen de lescommuniquer demandent davantage de ré-flexion, ce à quoi s’emploient actuellementle Kenya et l’Ouganda. Selon les diversesétudes menées en Afrique orientale et pré-sentées lors de l’atelier, le succès des actionsconférant aux professeurs le rôle d’éduca-teurs sanitaires est la preuve que l’école estle lieu privilégié pour mener des interven-tions en faveur de la rationalisation del’usage des médicaments.

Se tourner vers l’avenirIl est ressorti de l’atelier que les traite-

ments à domicile ne sont pas perçus de lamême façon par tous. Certains chercheursestiment en effet qu’ils jouent un grand rôledans l’amélioration de l’état de santé, tan-dis que d’autres ne voient que les dangerspotentiels. Quoi qu’il en soit, tous se sontaccordés à dire qu’il était urgent de mettreen place des interventions concrètes etd’approfondir la recherche sur le sujet.

L’ouverture d’esprit des participants etleur volonté de créer des liens étroits étaientla preuve que l’atelier leur avait permis demieux se comprendre et de se mettre d’ac-cord sur les domaines clés à approfondir.Parmi ceux-ci figurent la relation entre lapratique médicale et les connaissancesdans le domaine, l’utilisation des médica-ments pour enclencher le processus socialet le changement à long terme, l’utilisationdes médicaments par les enfants et les jeu-nes gens, la corrélation entre médecinetraditionnelle et produits pharmaceutiqueset entre la fourniture de services de santépar le secteur privé ou public, et l’impor-tance d’une recherche-action non direc-tive pour compléter les autres formes derecherche.

Les participants ont décidé de se tenirinformés de l’avancement de leurs travauxrespectifs par le biais d’un bulletin d’infor-mation sur Internet, qui est actuellement enpréparation. Ils ont noué les liens d’uneréelle collaboration et sont convenus d’élar-gir le réseau créé à Mbale à d’autres cerclesde recherche.

L’atelier a montré que l’usage qu’il estfait des médicaments continuera à stimulerla recherche pluridisciplinaire, et qu’il s’agitd’un domaine qui offre de nombreuses pos-sibilités d’intervention capables de changerle quotidien. ❏

Pour obtenir le rapport de l’atelier et pourplus de renseignements sur le réseau informel,contacter le Dr P. Wenzel Geissler, Peopleand Medicines in East Africa, DanishBilharziasis Laboratory, Jaegersborg Alle 1D,DK-2920 Charlottenlund, Danemark. Tél. :+45-77327732 ; Fax : +45-77327733␣ ;mél : [email protected] (Merci dementionner « people and medicines » dansle champ « objet » de votre mél.)

ES pharmaciens des quatre coins de l’Inde ont célébré les 50 ans de l’enseignementde la pharmacie au Bengale-Occidental, sans se tourner vers le passé mais enréfléchissant au devenir de leur profession au cours du prochain millénaire.

En novembre 1998, quelque 12 000 pharmaciens ont assisté à un symposiumsur l’usage rationnel des médicaments organisé à l’Institut de Pharmacie de Jalpaigurià l’occasion du Symposium national sur l’enseignement de la pharmacie et sur l’exercicede la profession au cours du prochain millénaire. Les pharmaciens appartenaient à denombreux secteurs : pharmacie d’officine et d’hôpital, industrie, enseignement, gestionet réglementation. Mais tous ont entendu le même message quelque soit leur spécialité :les pharmaciens peuvent jouer un rôle dans la promotion de l’usage rationnel desmédicaments.

Comme suite au Symposium, des ateliers sur l’usage rationnel seront organisés pourinformer les généralistes, les pharmaciens, les infirmières et autres agents de santé. Lesparticipants ont décidé de faire pression sur les autorités chargées de l’éducation pourqu’elles intègrent le concept d’usage rationnel des médicaments dans les études de méde-cine et de pharmacie. Ils feront également en sorte de veiller à ce que les politiquespharmaceutiques du pays facilitent l’accès aux médicaments essentiels bon marché et mettentl’accent sur l’importance de la prescription rationnelle. ❏

L’enseignement de lapharmacie au Bengale-Occidental fête ses 50 ans

Page 9: M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N Tapps.who.int/medicinedocs/pdf/s2247f/s2247f.pdf2 M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Le Point No 27,

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Le Point No 27, 1999

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Consultation dans une clinique hollandaise. Grâce à la législation européenne sur les brochuresd’information des patients, le dialogue prescripteur/malade a des chances de s’améliorer

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A propos de l’information des patients...Enquête au Royaume-Uni : les brochures d’informationdes patients sur les AINS manquent de clarté

➢ ANDREW HERXHEIMER*

E saignement des voies digestivessupérieures est l’une des réactionsindésirables graves les plus fré-quentes causées par la prise d’anti-

inflammatoires non stéroïdiens (AINS).Chaque année, ce symptôme est à l’originede milliers d’hospitalisations. Le risquevarie sur une échelle de 1 à 20 selon le typed’anti-inflammatoires et la posologie.

D’après une enquête menée sur lesbrochures d’information des 29 AINS

principaux figurant dans le British Natio-nal Formulary (Formulaire national bri-tannique), les brochures n’expliquent pasprécisément comment les utiliser sans ris-que, pas plus qu’elles ne mettent en gardele malade contre les effets secondaires surle système gastro-intestinal. Plus précisé-ment, l’enquête a cherché à savoir si labrochure expliquait que :➤ l’AINS calme les symptômes mais n’in-

flue pas sur le cours de la maladie ;➤ la prise de fortes doses ou de médica-

ments puissants pour éliminer la douleur

augmente considérablement le risque deréactions indésirables graves ;

➤ dans le cas où des symptômes gas-triques apparaissent, le malade doitinterrompre le traitement ou au moinsréduire la posologie et consulter.

Bilan : des brochures incomplètes,peu claires et peu homogènes

Seules quatre des 29 brochures expli-quaient clairement que les AINS n’ont pasd’autre action que de calmer les symptô-mes. Aucune d’entre elles ne dissuadait le

patient d’obtenir un soulagement total.Treize d’entre elles ne préconisaient pasd’arrêter le traitement en cas de troublesgastriques, tandis que 10 autres ne pré-conisaient de le suspendre qu’en cas desymptômes graves, tels que des saignementsou de vives douleurs gastriques, et enfin 6brochures conseillaient d’interrompre letraitement et de consulter en cas de troublegastrique quel qu’il soit.

L’enquête conclut que les informationsdevraient être plus complètes, plus claireset homogènes d’une brochure à l’autre. Pourcela, l’Organisme de contrôle des médica-ments et les fabricants devront agir auplus vite. ❏

* Le Dr Andrew Herxheimer est Professeurémérite au Centre Cochrane (R-U).

Brochures d’information des patients :promotion des connaissances desprescripteurs

➢ JOE COLLIER*

A réglementation de l’Union Européenne (Directive 92/97/CEE du Conseil)stipule que les médicaments dispensés dans l’Union doivent désormais êtreaccompagnés d’informations écrites à l’intention du patient. Ces informa-tions sont généralement regroupées sous la forme de brochures d’informa-

tion des patients, qui contiennent les éléments qu’il est important que le malade« responsable » (selon le terme de l’UE) connaisse.

D’après une analyse récente publiéedans le Lancet1, les brochures d’infor-mation des patients, en regroupant lesinformations communiquées lors d’uneconsultation, font la promotion des connais-sances des prescripteurs. En d’autrestermes, elles représentent le niveau de con-naissances minimum qu’un médecin estcensé avoir, en pratique tout au moins, pourprescrire : le médecin doit connaître les in-formations figurant dans les brochures etpouvoir répondre aux interrogations despatients. Accessible à tous et élaboré par

des personnes autres que des professeurs demédecine, ce format devrait s’appliquer àtoute personne prodiguant des conseils mé-dicaux, à savoir médecins, infirmiers oudentistes.

Le Comité de normalisation du GeneralMedical Council du Royaume-Uni estimeque les prescripteurs devraient connaître lesinformations contenues dans les brochureset être en mesure de les expliquer. Puisqueles brochures contiennent des informationsdétaillées, il n’est pas facile d’en avoir uneconnaissance approfondie, sur laquelle

fonder un diagnostic (voir encadré). Il vade soi que les médecins devront aussi êtrecapables de prescrire le médicament pourdes pathologies autres que celles qui sontdécrites dans la rubrique Indications, à sa-voir posséder des informations qui ne sontpas mentionnées dans la brochure. LeComité de normalisation s’est engagé à ap-puyer toute initiative visant à communiqueraux médecins les dernières informationsutiles, en organisant notamment des forma-tions médicales et des programmes deformation continue.

Si les médecins se tournent vers lesbrochures d’information pour y puiserdes connaissances, il sera important deveiller à ce qu’elles soient mises à jour,sûres, homogènes et faciles d’utilisation. AuRoyaume-Uni, les brochures sont élaboréesconjointement par le titulaire de la licence(la firme pharmaceutique) et l’Organismede contrôle des médicaments. En bonne lo-gique, les consommateurs, les patients, les

prescripteurs, les pharmaciens et les grou-pes de professionnels devraient aussis’associer au processus pour assurer la qua-lité de leur contenu. Les brochures devraienten effet être révisées régulièrement par deséquipes pluridisciplinaires. Par ailleurs, lescommentaires et les critiques devraient êtrementionnés, dans un manuel de référencepar exemple.

Dans le but d’encourager la sensibilisa-tion du consommateur et la transparencemédicale, il conviendra de réserver unaccueil favorable aux brochures. ❏

* Le Dr Joe Collier est Professeur de Politiquepharmaceutique, Department of Clinical Phar-macology, St George’s Hospital MedicalSchool, London SW17 ORE, R-U.

Référence

1. Collier J. Patient information leaflets and prescribercompetence. Lancet 1998 Nov 28;352:1724.

Maîtriser les informations des brochuresdestinées aux malades

◆ ◆ ◆

La législation européenne stipule que toutes les brochures doivent faire figurer :

◆ un résumé simple des caractéristiquesdu produit pour les non initiés ;

◆ les principes actifs du produit ;

◆ les indications ;

◆ le(s) schéma(s) thérapeutique(s) ;

◆ les effets bénéfiques escomptés ;

◆ les mises en garde, contre-indicationset effets indésirables éventuels ;

◆ les interactions possibles avec d’autresmédicaments ou avec des aliments ;

◆ les conditions de stockage ;

◆ des conseils en cas d’oubli dumédicament ou de surdosage.

Page 10: M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N Tapps.who.int/medicinedocs/pdf/s2247f/s2247f.pdf2 M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Le Point No 27,

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Le Point No 27, 1999

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Des étiquettes plus compréhensibles pourprévenir les dangers de la consommation demédicaments

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Un mieux certain ? Aux Etats-Unis, les nouvellesétiquettes apposées sur les médicaments envente libre profitent au consommateur

ES médicaments en vente libreseront bientôt plus faciles à utiliserpour le consommateur américain :la nouvelle réglementation de la

Food and Drug Administration rend effec-tivement l’étiquetage de ces médicamentsplus compréhensible. Ces médicaments sontles plus répandus aux Etats-Unis ; c’est cequi laisse penser que la réglementationdevrait permettre d’éviter des dizainesde milliers d’hospitalisations liées à leurmauvais usage.

Le format standardisé oblige à mention-ner sur les étiquettes les principes actifs

utilisés, la posologie et les mises en garde.Il permet en outre aux consommateurs desavoir quels sont les avantages et les ris-ques d’un médicament et comment l’utilisercorrectement.

Intitulée « Drug Facts » (« Au sujet dumédicament »), l’étiquette permettra auconsommateur de connaître plus rapide-ment les principes actifs, qui serontmentionnés en haut de page, suivis de l’uti-lisation, des mises en garde, des instructionset des principes inactifs. La réglementationfixe une taille de caractères minimum etdéfinit les autres caractéristiques graphiquesdu format standardisé, mais il sera possiblede les modifier en fonction de la taille et dela forme de l’emballage.

Qu’est-ce qui change ?

Un format standardisé,facile à respecter

La réglementation stipule que, quel quesoit le médicament, la liste des principesactifs devra figurer au même endroit surl’étiquette, qui devra en outre expliquerquels principes actifs sont utilisés pourtraiter des symptômes donnés.

Des informations importantessur le produit

La réglementation exige que les prin-cipes actifs, la posologie et les mises engarde soient présentés clairement, ce quipermettra aux consommateurs de : mieuxcomprendre les informations de base surl’efficacité escomptée du traitement et lesrisques qui lui sont associés ; de décider dela posologie voulue pour l’adulte ou l’en-fant ; et de comparer la formule de différentsmédicaments.

Des caractères plus gros sur lesétiquettes pour une lecture plus facile

La réglementation fixe la taille mini-mum des caractères utilisés sur l’étiquette.

Possibilité de changer le formatpour les petits emballages

La réglementation autorise à modifierle format standardisé pour les petits embal-lages, à condition de faire figurer lesinformations les plus importantes.

Information du publicUne campagne d’éducation du public

mise en place par la Food and Drug Admi-nistration aide les consommateurs à prendre

conscience des avantages que présentent lesnouvelles étiquettes. Pour cela, on a eu re-cours à la presse ou à des chaînes de radiopubliques, à des brochures destinées au con-sommateur et à des affiches. En partenariatavec des organismes de santé publique etdes organisations professionnelles, la Foodand Drug Administration est parvenue àfaire passer son message par le biais devastes réseaux d’éducation.

La nouvelle étiquette, qui s’applique àla totalité des 100 000 médicaments et cos-métiques pharmaceutiques en vente libre,a fait son apparition sur certains produitsau printemps 1999 et devrait se trouver surla plupart des produits d’ici deux ans et surtous dans un délai de six ans. ❏

A C T U A L I T E S

E nombreux médicaments à base de plantes médicinales sont commercialisés dans lespays d’Europe centrale et orientale ainsi que dans les nouveaux Etats indépendants.D’après ASI, la plupart d’entre eux sont peu sûrs, inefficaces ou inutiles, et sont sou-vent utilisés de manière abusive ou inadéquate, les consommateurs de la région ne

disposant guère d’informations objectives sur les produits pharmaceutiques et sur leur utilisa-tion. La version russe de l’ouvrage d’Andrew Chetley intitulé Problem Drugs vient combler cemanque. Dans son analyse, l’auteur traite d’un large éventail de médicaments, notamment lesantidiarrhéiques, les antibiotiques, les analgésiques, les facteurs de croissance, les remèdescontre le rhume et la toux, les médicaments pris pendant la grossesse, les contraceptifs, les

Une publication d’ASI, ProblemDrugs, disponible en russe

traitements de substitution hormonale, les psychotropes etla supplémentation en vitamines.

Cet ouvrage comprend en outre des sections spécialessur la prise de médicaments par les enfants, les femmes etles personnes âgées. Il met en lumière ce que l’auteur jugeêtre des exemples de commercialisation non conforme àla morale, de pratiques instituant deux poids deux mesu-res et peu soucieuses de répondre aux besoins médicauxréels, tout en faisant des recommandations sur la façond’améliorer la situation actuelle. ❏

Disponible auprès de ASI-Europe, Jacob van Lennepkade334-T, 1053 NJ Amsterdam, Pays-Bas. Tél. : +31 20 6833684 ; fax : +31 20 685 5002 ; mél : [email protected] : 40 NLG, plus frais de port et d’emballage. Desexemplaires à prix réduit sont disponibles pour les groupesdes pays d’Europe centrale et orientale et les Nouveaux étatsindépendants, les membres d’ASI et pour les commandessupérieures à 50 copies.

Un séminaire appuie la création debulletins pharmaceutiques indépendantsen Europe centrale et orientale et dans lesnouveaux Etats indépendants

IGA, janvier 1999 : à l’occasion dupremier Séminaire régional de laInternational Society of DrugBulletins regroupant les paysd’Europe centrale et orientale et les

nouveaux Etats indépendants, organisé par lebulletin letton CITO !, la coopération est aucœur du débat. Depuis quelques années, denombreux bulletins ont vu le jour dans la ré-gion, pour combler le manque de données decomparaison, concrètes et de bonne qualité,dans le secteur pharmaceutique. La Sociétés’est fixé comme priorité de stimuler lacoopération entre ses Etats membres afind’améliorer les normes.

Le séminaire a rassemblé 34 personnesvenues d’Arménie, de Bosnie-Herzégovine,de Croatie, de la République tchèque,d’Estonie, de France, du Kazakhstan, duKirghizistan, de Lettonie, de Moldova, dePologne, de Slovénie, du Tadjikistan, desPays-Bas et du Royaume-Uni. Le débat s’est

axé sur les moyens de renforcer le réseau ré-gional des bulletins pharmaceutiques, etd’améliorer la qualité de l’information en fai-sant la promotion du concept de médicamentsessentiels et de l’usage rationnel.

Les questions de politique générale ont étéabordées en séances plénières, et des ateliersde formation pratique, tenus en plus petit co-mité, ont mis l’accent sur les compétencesnécessaires à la création ou à l’améliorationd’un bulletin pharmaceutique. Ont été traitésles thèmes suivants : comment mettre au pointune politique éditoriale, comment améliorerla lisibilité, comment atteindre le public visé,collaboration avec d’autres parties, indé-pendance et viabilité financière, accès à dessources sûres d’information scientifique.

Après les débats, les participants ont dé-cidé de communiquer le rapport du séminaireau Ministère de la Santé de leurs pays respec-tifs, accompagné d’une lettre lui demandantd’appuyer l’indépendance de l’informationpharmaceutique. ❏

a nouvelle version du British National Formulary, ouvrage bon marché et reconnupar beaucoup pour être une source précieuse et constamment remise à jourd’informations et de conseils pharmaceutiques, est désormais en vente.

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Le Point No 27, 1999

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En Ethiopie, les populations font la queue pourobtenir des médicaments. Les ONG jouent unrôle de plus en plus important dans la distribu-tion et l’approvisionnement

A C T U A L I T E S

L’OMS définit ses prioritéspour le XXIème siècle

particulièrement rapide dans les paysen développement. En Inde, par exemple, lesdécès dus à des maladies non transmissiblesdevraient doubler, et passer d’environ 4 mil-lions à quelque 8 millions par an. Faisantl’objet de chapitres à part, le paludisme et laprévention des décès dus au tabac sont traitésséparément en vue d’une action communeinternationale.

Nécessité d’accroîtreles dépenses de santé

Selon le Rapport, le seul moyen deréduire la charge de morbidité est d’amélio-rer les systèmes de santé. Les pays doiventrelever deux défis : assurer l’efficacité ; etinstaurer et maintenir une couverture univer-selle. La publication suggère à de nombreuxpays d’accroître leurs dépenses globales desanté s’ils veulent que les mesures sanitaires,soient-elles les moins coûteuses et lesplus efficaces, profitent à l’ensemble de lapopulation.

Pour améliorer l’efficacité, il est possibleentre autres de recourir à des paquets intégrésd’interventions, tels que les programmesde vaccination. Le moyen le moins organiséet le plus inéquitable de financer les soinsde santé est de faire payer les gens « deleur poche » à chaque fois qu’ils consultent.Le Rapport souligne que les plus pauvres

supportent de manière dis-proportionnée le fardeaufinancier, ce qui restreint leuraccès aux services de santé,alors que ce sont eux qui enont le plus grand besoin.

Le Rapport conseille auxgouvernements de fournir desservices présentant un bonrapport coût-efficacité afinde prévenir ou de guérir lesproblèmes sanitaires les pluspressants de leur pays, cequi devrait avoir pour consé-quence d’alléger la chargeinacceptable de morbidité que

supportent les pauvres et de stimuler la crois-sance économique. L’OMS marque ainsi unchangement d’orientation, en reconnaissant lanécessité de fixer des priorités pour utiliserau mieux les ressources et en faire profiter àl’ensemble de la population. C’est un « nou-vel universalisme » qu’elle propose : lacouverture universelle signifie que tous vonten profiter, mais pas qu’ils vont profiter detout. Les gouvernements devront s’atteler àce que les soins soient accessibles à tous, maisne sauraient dispenser tous les traitementspossibles. Les priorités devront prendre encompte les ressources disponibles et le coûtdes interventions sanitaires les plus urgentes.Le Rapport n’exclut pas que les gouverne-ments fassent appel, si nécessaire, à desprestataires privés, mais rappelle que c’est àeux qu’il incombera d’assumer l’entière res-ponsabilité de prendre les décisions, de mettreen place la réglementation et de financer lessoins de santé pour tous dans un souci desolidarité.

La publication décrit les quatre principauxdéfis que devront relever les gouvernementset les organismes internationaux au cours desdix prochaines années :

➤ faire en sorte que les systèmes de santé seconcentrent sur les interventions permet-tant d’exercer un maximum d’effets surla santé des pauvres ;

➤ permettre aux systèmes de santé de con-trer à l’avance les menaces potentiellespour la santé liées à la crise économique,à un environnement malsain ou à des com-portements à risque ;

➤ mettre en place des systèmes de santé of-frant un accès universel aux servicescliniques, à titre gratuit ou moyennant lepaiement de frais réduits au moment de laprestation ;

➤ encourager les systèmes de santé à inves-tir dans la recherche-développement.

L’OMS a le sentiment que relever ces dé-fis provoquera un réel changement dans laqualité de vie au niveau mondial. ❏

Référence

1. OMS. Rapport sur la Santé dans le Monde 1999 : Pourun réel changement. Genève : Organisation mondiale dela Santé : 1999. Prix : Fr.s. 15, US$ 13,50, et dans lespays en développement Fr.s. 10,50.

APRÈS le Rapport sur la Santé dans leMonde 1999 : Pour un réel change-ment1, une plus grande équité, dessystèmes de santé plus rentables etla lutte contre les maladies principa-

lement responsables de la charge de morbiditéfigureront au rang des priorités de l’OMS pourla décennie à venir. L’ouvrage résume d’unepart les succès enregistrés dans le domainede la santé à l’échelle mondiale et les défisqu’il reste à relever et constitue d’autre partun document stratégique pour les dix pro-chaines années. Le Rapport fait en outre lasynthèse de la révolution qui s’est opérée dansla santé au XXème siècle, marqué par ledéclin des naissances et un accroissementsignificatif de l’espérance de vie.

Cette révolution a pourtant ses laissés-pour-compte. Le Rapport souligne que plusd’un milliard de personnes vont franchir leseuil du XXIème siècle sans en avoir béné-ficié. Dans le domaine de la santé dans lemonde, la réduction des inégalités est unepriorité. Les moyens existent ; manquent en-core une vision stratégique, un engagementprofond et un leadership mondial.

L’OMS estime que pendant les premièresdécennies du XXIème siècle, les décideurs dela santé devront faire face à un double far-deau : d’une part, les nouvelles épidémies demaladies non transmissibles et de lésions trau-matiques, qui prennent de l’ampleur de par lemonde, d’autre part, le « pro-gramme inachevé » en matièrede maladies infectieuses, demalnutrition et de complica-tions de l’accouchement prob-lèmes, qui touchent de manièredisproportionnée les pauvres.

Le Rapport estime que lapart des maladies non trans-missibles dans la charge de lamaladie devrait s’accroître, etpasser de 55 % en 1990 à 73 %en l’an 2020. Les systèmes desanté devront être adaptés pourfaire face à cette transforma-tion mondiale, qui devrait être

Tirer le meilleur profit des ONG pourla distribution et l’approvisionnementen médicaments

ARTOUT dans le monde, l’influenceet l’action des organisations nongouvernementales (ONG), tantnationales qu’internationales, pren-

nent de l’essor. Elles profitent des sommetsmondiaux pour organiser des conférencesparallèles, elles s’imposent en tant qu’ob-servateur de nombreuses questionssanitaires et elles sont souvent sollicitéespour mettre en œuvre des activités, dansle domaine humanitaire notamment. Plusconcrètement, elles distribuent 20 % desmédicaments fournis dans le monde et par-ticipent à la formulation de politiquespharmaceutiques nationales.

Dans le même temps, un certain nom-bre de nouveaux problèmes posés par lespolitiques pharmaceutiques oblige des or-ganismes tels que l’OMS et les ONG àcollaborer davantage : les réglementationset les conventions internationales, parexemple, qui menacent de restreindreencore l’accès aux médicaments, ou laquestion de l’accès à de nouvelles généra-tions de médicaments et de vaccins plussophistiqués mais bien plus coûteux.

Impliquer davantage les ONGD’après une récente étude de l’OMS1,

l’Organisation doit encore réfléchir à la fa-çon dont elle peut améliorer sa collaborationavec les ONG dans le domaine de la dis-tribution et de l’approvisionnement enmédicaments. L’étude rappelle qu’en 1994,l’Assemblée mondiale de la Santé avaitévoqué la possibilité d’impliquer davantageles ONG officiellement responsables demettre en œuvre des activités dans le cadrede programmes de l’OMS. L’étude souli-gne toutefois la nécessité de formuler unepolitique générale sur les liens informels quiunissent les deux secteurs.

Paradoxalement, l’étude a révélé qu’enmatière de distribution et d’approvisionne-ment en médicaments, les ONG et l’OMSentretiennent des rapports plus étroits lors-que la nature des liens n’est pas officielle.En effet, les deux tiers des ONG qui super-visent les activités de l’OMS ne sont pasofficiellement liés. Mais par définition,les relations informelles sont une histoirede personnes et de ce fait peu viables.Certains projets ou initiatives efficacesrisquent de s’essouffler lorsque les person-nes qui en sont responsables doivents’attaquer à d’autres problèmes ou quittentl’organisation concernée.

Il n’en reste pas moins qu’un certainnombre de mesures simples peuvent êtreprises pour améliorer les relations detravail avec les ONG. Les départementspeuvent commencer par réfléchir à ce quifait l’importance des ONG en matière dedistribution et d’approvisionnement. Ils serendront ainsi compte du potentiel qu’ellesreprésentent en termes de partenariat. Ilspeuvent également dresser la liste des ONGavec qui ils ont collaboré au cours desdeux ou trois dernières années, à des finsde transparence et pour prendre con-science du nombre et de la diversité d’ONGavec qui ils ont travaillé ou travaillentencore. L’étude conseille aussi à chaque

département de définir une politique decollaboration claire. En bonne logique, cespolitiques devraient comprendre des lignesdirectrices pour la mise en place d’une col-laboration non institutionnalisée, un aperçudes avantages qu’ils peuvent en retirerainsi qu’une liste de critères qu’ils doi-vent remplir pour créer des liens nonofficiels avec le programme. Les départe-ments gagneraient également beaucoupà instaurer des mécanismes permettantde recueillir les données d’expérienceissues de la mise en œuvre par les ONGd’activités diverses et novatrices.

Au niveau des pays, l’étude suggère queles bureaux de l’OMS dans les pays élabo-rent des politiques en vue d’impliquer lesONG dans la distribution et l’approvision-nement pharmaceutiques et de se servir de

la notoriété de l’OMS pour faire le lienentre les ministères de la santé, les program-mes pharmaceutiques nationaux et les

ONG. Elle recommande en outre aux bu-reaux de l’OMS d’inciter les ministères dela santé à associer les ONG à la distribu-tion et à l’approvisionnement au niveaunational.

Quant aux ONG, il leur est conseilléde préciser le rôle qu’elles entendent tenirdans la distribution et l’approvisionnementet de former des coalitions qui devien-dront les partenaires des programmespharmaceutiques nationaux et de l’OMS.

Quels avantages pour les ONG ?Si les ONG sont prêtes à coopérer avec

l’OMS de manière plus régulière, elles peu-vent s’attendre à participer davantage àl’élaboration des programmes de travail del’OMS, voire prendre une part plus activedans leur mise en œuvre. Au sein des pays,on les aidera à collaborer plus étroitementavec le Ministère de la santé. De cette fa-çon, il sera plus facile de communiqueraux ONG internationales, régionales et na-tionales les informations centralisés au siègede l’OMS. ❏

Référence

1. WHO. Collaboration between NGOs, ministries of healthand WHO in drug distribution and supply. Genève : Or-ganisation mondiale de la Santé ; 1999. WHO/DAP/98.12.

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Le Point No 27, 1999

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A C T U A L I T E S

Mener une politique d’ouverture vis-à-vis des ONG et de l’industrie

EPUIS sa prise de fonctions en juillet 1998, le Directeur général Gro HarlemBrundtland a mis l’accent sur la nécessité pour l’OMS de s’ouvrir à tous lesacteurs de la santé publique : « [Nous]... pouvons assurer une direction plusefficace en nous associant à d’autres organisations et en nous entendant sur

la répartition des tâches ainsi que sur les règles de base qui vont régir nos relations.Ainsi pourrons-nous mettre en place de véritables partenariats pour obtenir desrésultats sanitaires tangibles. »

Les tables rondes ont fait la preuvede leur efficacité dans le domaine de lacréation et de la consolidation de telspartenariats. L’an dernier, le Groupe Tech-nologie de la santé et produits pharma-ceutique a dirigé une série de tables rondesauxquelles ont assisté des ONG d’intérêtpublic, l’Alliance internationale des Produitspharmaceutiques génériques (IGPA) et laFédération internationale de l’Industrie duMédicament. Chacune des tables rondesavait pour but ultime de trouver les moyensde collaborer pour arriver à une plus grandeéquité en matière de soins et faciliter l’accèsaux médicaments essentiels de qualité, et ce,dans le cadre du droit fondamental à la santé.

Une table ronde sur l’industrie mondialedes médicaments en vente libre s’est tenueà Berlin en juin 1999, pour faire le pointsur le rôle de l’automédication dans lessoins de santé et sur les nouveaux conceptset approches en matière de traitement de ladépendance au tabac. Les parties sont con-venues de la nécessité de renforcer lesactivités entreprises au titre de l’initiativePour un monde sans tabac de l’OMS et duDépartement Médicaments essentiels etPolitique pharmaceutique en faveur desmédicaments traditionnels et de donner plusde poids aux directives applicables à l’éva-luation des produits pharmaceutiques envente libre. L’OMS a également entérinél’idée de mettre au point un document depolitique générale sur l’automédication.

Tables rondes des ONGd’intérêt public

Les ONG jouent un rôle important enfacilitant l’accès aux médicaments et enrationalisant leur usage. Elles ont ferme-ment appuyé l’approche des Médicamentsessentiels de l’OMS et la Stratégie pharma-ceutique révisée. Elles participent en outreà la protection des intérêts des consomma-teurs et du public, et ont un rôle crucial encontrant les intérêts purement commer-ciaux. Partenaire précieux, l’OMS est de cefait prête à élargir la collaboration avec lesONG. La table ronde qui les a réunies enoctobre 1998 dans le but d’ouvrir le débatsur leurs objectifs communs a marqué unpremier pas dans cette direction.

Un groupe de 10 ONG1 – parmi lesquel-les des organisations à but non lucratifoeuvrant dans le domaine de l’approvision-nement, de la protection des consomma-teurs, de la politique sociale et des secourshumanitaires ainsi que des associations pro-fessionnelles, coordonnées par Action Santéinternationale – s’est entretenu avec le DrBrundtland et des hauts responsables del’OMS. Les ONG ont présenté un documentde synthèse sur les questions pharmaceuti-ques à l’élaboration duquel ont participéplus de 30 ONG et organisations travaillant

dans le domaine de la santé et des médica-ments. Le document ne se résumait pas àénumérer les sujets de préoccupation com-muns, tels que l’accès aux médicamentsdans les pays en développement et leurusage rationnel, il définissait les secteursdans lesquels la collaboration entre les ONGet l’OMS pouvait se révéler particulière-ment fructueuse : le suivi de l’applicationdes critères éthiques de l’OMS et la sur-veillance des nouvelles orientations enmatière de promotion des médicaments, parexemple.

Pour une collaboration optimale entrel’OMS et les ONG, certains besoins précisse sont fait jour : besoin de stratégies etd’objectifs précis ; d’une communicationfacile aux niveaux des programmes et del’organisation ; d’ouverture d’esprit et detransparence ; d’un appui accru aux ONGet d’une collaboration avec ces dernièresaux niveaux national et régional. On a éga-lement plaidé en faveur d’un plus grandengagement des ONG dans les débats me-nés par l’OMS en matière de formulationdes politiques.

La table ronde chargée du suivi qui s’esttenue au mois de mai a identifié deux do-maines – la promotion des médicaments etl’accès aux médicaments – qui se prêtentparticulièrement bien à une collaboration

technique entre lesONG et l’OMS dansle cadre du pro-cessus de tablesrondes. La résolu-tion de 1999 sur laStratégie pharma-ceutique révisée (voirpage 18) mentionnait déjàces deux domaines comme étant desdomaines d’action importants.

La collaboration en faveur de la promo-tion des médicaments est déjà bien rodée.De nombreuses études soulignent la persis-tance, dans certains pays, de problèmes liésà un étiquetage incomplet, à des publicitéstrompeuses et à la promotion inadéquate desmédicaments. Si elle n’est pas faite correc-tement, la promotion est à l’origine d’unemauvaise prescription et d’usage irration-nel, et peut entraîner de graves répercussionssanitaires. Le nouveau projet analysera cesrépercussions et permettra de réfléchir auxsolutions possibles. Il sera l’occasion de ras-sembler des données et d’examiner d’un œilcritique les preuves tangibles d’une mau-vaise promotion au niveau mondial (voirencadré 1) ; mettra en place des outils desuivi de la promotion et permettra d’élabo-rer des méthodologies pour apprendre auxpraticiens, aux étudiants et aux consomma-teurs à considérer d’un œil critique lematériel promotionnel disponible.

En matière d’accès aux médicaments,la collaboration consistera entre autres àmettre au point des méthodologies standar-disées et à les éprouver sur le terrain :

➤ évaluer l’accès aux médicamentsessentiels dans les pays, en particulier

dans les zones rurales ;➤ surveiller le prix des médicaments clés

au niveau national et créer un systèmede comparaison au niveau international ;

➤ au niveau des pays, évaluer et suivrel’impact sur le prix des médicamentsde l’Accord sur les aspects desdroits de propriété intellectuelle quitouchent au commerce (ADPIC).

Table ronde sur l’industriepharmaceutique axée sur larecherche

Lors de la table ronde suivante, qui a eulieu en octobre 1998, le Dr Brundtland etles hauts responsables du Groupe Techno-logie de la santé et produits pharmaceutiquesont rencontré 10 acteurs clés de l’industriepharmaceutique internationale pour réflé-chir au moyen de mettre en place lameilleure collaboration possible afin d’ap-porter aux populations désavantagées desmédicaments essentiels de qualité à un prixabordable. Choisis par la Fédération inter-nationale de l’Industrie du Médicament(FIIM), les participants représentaient unlarge éventail d’acteurs de l’industriepharmaceutique axée sur la recherche. LePrésident de la FIIM, Richard Sykes, a ouvertla table ronde en parlant de « nouveauchapitre dans les relations entre l’OMS et l’in-dustrie axée sur la recherche, reposant surle dialogue et la compréhension mutuelle ».

Le débat s’est concentré sur les médi-caments susceptibles d’avoir de grandesrépercussions sur la santé publique, dont lesmédicaments contre le VIH notamment,contre la méningite antibiorésistante, qui estde plus en plus répandue, et les nouveauxantipaludiques.

L’OMS et la FIIM entendent garantirl’accès aux nouveaux médicaments et vac-cins, elles ont aussi identifié trois autresdomaines cruciaux qui pourraient profiterde leur collaboration : la mise au point denouveaux médicaments et vaccins, la luttecontre les produits contrefaits et ne répon-dant pas aux normes et le transfert detechnologie. Depuis la table ronde, les deuxpremiers domaines font l’objet d’une actionde suivi (voir encadré 2). On envisage delancer des initiatives en faveur de l’accèsaux antipaludiques et aux médicamentscontre le VIH/SIDA.

Table ronde sur l’Allianceinternationale des Produitspharmaceutiques génériques

Tenue en février 1999, la table rondesur l’Alliance internationale des Produitspharmaceutiques génériques a planchésur : l’importance des génériques dans les

Encadré 1

Base de données pour la promotiondes médicaments : Comment les lecteurs

du Point peuvent aider◆ ◆ ◆

La base de données devra être la plus complète possible. Aux textes rédigés en anglaisviendront s’ajouter, sur l’initiative des ONG participantes qui les soumettront, des maté-riels en allemand, en espagnol, en français et en russe. Elle comprendra tous types dematériels sur la promotion parus depuis les années 70 : articles de journaux, demagazines, livres, films vidéo, transcriptions d’émissions de télévision et de radio et étudesnon publiées. En remontant sur trente ans, il sera possible de discerner des tendancesdans les différents domaines de la promotion et d’identifier les failles en matière derecherche. Par « promotion », on entendra « toute activité d’information et d’incitationmenée par les fabricants et les distributeurs pour faire prescrire, acheter et/ou utiliser desmédicaments » (définition de l’OMS2).Les lecteurs du Point pourront également apporter leur précieuse contribution. Le projetcherche avant tout à inclure des matériels qui n’apparaissent pas dans d’autres bases dedonnées, comme des articles extraits de la presse spécialisée locale, des études nonpubliées et des enquêtes parues dans des magasines locaux. La base de donnéesintégrera également des rapports et documents sur la formation à l’évaluation critique dela promotion. Si vous pensez à des travaux effectués dans ce domaine, n’hésitez pas àprendre contact avec le projet (dont l’adresse figure ci-dessous).Enfin, la base de données sera intégrée au site web d’un Centre collaborateur de l’OMSafin d’en assurer un accès aussi large que possible.La personne qui est à la tête de ce vaste projet, Joel Lexchin est aidé dans sa tâche parun groupe consultatif international. Maître de conférence à l’Université de Toronto, le DrLexchin, est l’auteur de nombreux ouvrages dans ce domaine et le coauteur de Drugs ofChoice, formulaire à l’usage des médecins généralistes largement utilisé au Canada.Pour de plus amples informations, et/ou pour apporter votre contribution, veuillez vousadresser à : Joel Lexchin, 121 Walmer Road, Toronto, Ontario, Canada M5R 2X8. Mél :[email protected]

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Une politique d’ouverture...suite de la page 12

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Lors du séminaire, les intervenants ont soulignéle dilemme auquel sont confrontées les ONG enmanque d’argent

A C T U A L I T E S

Pays-Bas : des conditionsde parrainage acceptables

UX Pays-Bas, on encourageaujourd’hui vivement les institu-tions sanitaires et les hôpitaux àsigner un nouveau code de con-

duite réglementant les opérations deparrainage et d’appels de fonds qui,d’après les chercheurs, représen-teraient plus de 320 millions deUS$ chaque année. Appuyé parle Ministère de la Santé, le codea été élaboré en réponse aux in-terrogations des parlementairesnéerlandais sur les conséquences de« l’appui technique » que l’industrieoffre aux hôpitaux et de l’appuifinancier apporté par les firmes phar-maceutiques aux groupes depatients.

Bien que les auteursne se réclament d’aucuneappartenance particu-lière, ils estiment que lecode s’inscrit parfaitement dans le débatéthique actuel, et que les hôpitaux se ver-ront contraints de l’adopter sous la pressiondes consommateurs. Le code interdit le par-rainage par des entreprises telles que lesfabricants de tabac ou les sociétés qui sesont distinguées par un passé peu glorieuxen matière de droits de l’homme et derespect de l’environnement.

Les fonds ne doivent pas « porteratteinte à l’état physique ou psychiquedes patients », ni « aller à l’encontre des

principes généralement reconnus en matièrede politique sanitaire ». Les appels de fondsne doivent pas davantage mettre en péril

l’accès équitable aux services desanté, ni le principe de « soli-

darité sociale » qui sous-tend les soins de santé auxPays-Bas.

Un bureau chargé de lasupervision, habilité à vérifier les

comptes annuels des signataires,veillera à l’application du

code et les hôpitaux pour-raient être tenus de rem-bourser les dons nonconformes à ces principes.

Pas de service desanté à deux vitessesLa question de l’utilisation,

par un hôpital universitaire, de ma-tériel médical donné par l’industrie et

destiné à la chirurgie cardiaque a soulevé undébat au sein du Parlement. Le Docteur ElsBorst, Ministre de la Santé, a déclaré qu’iln’est « pas rare » que l’industrie apporte cetype d’appui technique, et elle a ajouté qu’ilétait inacceptable qu’un parrainage mène àun service de santé à deux vitesses.

D’après des enquêtes, près de 80 % des4 000 hôpitaux, centres de soins infirmierset unités de soins psychiatriques que comptele pays cherchent à attirer des fonds pourfinancer certains « extras » pour leurs

patients, tels que des fauteuils roulants oudes aires de jeux pour les enfants. Mais lesprofessionnels des appels de fonds sont peunombreux et les contrats écrits avec desbailleurs de fonds sont rares.

D’après Maerten Verstegen, Présidentde l’Institut pour le parrainage et l’appel defonds dans le secteur de la santé et auteurdu code, l’objectif de ce dernier estd’éviter le manque de professionnalismeet de définir précisément les limites dusponsoring.

Source : BMJ, 19 juin 1999.

Croquis reproduit avec l’aimable autorisation de M. van Vilet

Même chose au Canada...Au Canada, le débat qui s’intensifie sur

les questions d’éthique relatives au parrai-nage par l’industrie pharmaceutique adonné lieu à la publication d’une brochurerédigée par Anne Rochon Ford, intitulée ADifferent Prescription: Considerations forWomen’s Health Groups ContemplatingFunding from the Pharmaceutical Industry.La brochure tente d’expliquer les raisonspour lesquelles l’industrie pharmaceutiqueest souvent prête à parrainer les groupespour la santé des femmes, et livre des con-seils pratiques permettant de peser lepour et le contre dans le domaine duparrainage. ❏

Il est possible d’obtenir un exemplaire decette brochure à l’adresse suivante : NationalNetwork on Environments and Women’sHealth, 214 York Lanes, York University,4700 Keele Street, Toronto, ON, CanadaM3J 1P3. Mél : [email protected]

Source : HAI News, June 1999.

Parrainage par l’industrie :peser le pour et le contre

mesure que le financement publicdes initiatives en faveur des soinsde santé s’amenuise, de nombreu-ses ONG travaillant dans le do-

maine de la santé doivent faire des choixdécisifs. Doivent-elles continuer à parrai-ner leurs travaux en recourant à des sourcesde financement publiques et indépendan-tes, sachant que cela leur sera de plus enplus difficile, ou accepter l’argent des fir-mes pharmaceutiques ? De nombreusesONG ont opté pour la deuxième solution,qui se justifie souvent et simplement par lamodification des habitudes de parrainageopérée dans les années 90. D’autres ONGse demandent toutefois s’il n’est pas possi-ble d’éviter de tomber dans ce schéma, ets’interrogent sur les éventuelles consé-quences du sponsoring, par l’industriepharmaceutique, des associations caritati-ves et des ONG oeuvrant pour la santé.

Un conflit d’intérêts ?A ce jour, la question du sponsoring n’a

pas été suffisamment étudiée. C’est ce qu’atenté de rectifier en partie ASI-Europe enorganisant en juin 1999 un séminaire d’unejournée à Paris, qui a rassemblé des repré-sentants des ONG, de l’industrie et desmédias. Les groupes appartenant au réseauASI ont ceci en commun de refuser les fondsde l’industrie parce qu’ils représentent lesintérêts publics lors de l’élaboration des po-litiques pharmaceutiques. Le séminaire aréuni les ONG qui refusent le parrainage etcelles qui l’acceptent et leur a permis de

débattre ouvertement et d’envisager desoptions viables de parrainage. Au cours decette journée, les participants ont discutédes moyens d’élargir le débat et d’attirerl’attention sur les effets de la privatisation.

Un rapport sur le séminaire, intitulé TheTies that Bind? (Des liens contraignants ?),donne un aperçu des principaux sujets depréoccupation exprimés lors de la réunionet de la façon dont ils ont été abordés parcertaines ONG. Parmi les thèmes traités, onpeut citer le manque de transparence dans lesponsoring effectué par l’industrie, les ob-jectifs que partagent l’industrie et les ONGoeuvrant en faveur de la santé, le sponso-ring comme outil de relations publiques etde marketing, ainsi que les effets négatifsque peut engendrer le sponsoring sur la prisede décisions à de nombreux niveaux. ❏

Des exemplaires sont disponibles auprès de :ASI-Europe, Jacob van Lennepkade 334T,1053 NJ Amsterdam, Pays-Bas. Tél. : +3120 683 36 84, fax : +31 20 685 50 02 ;mél : [email protected] Prix : 20 NLG (fraisde port et d’emballage non compris).

politiques de santé de l’OMS ; la politiqueen faveur des médicaments essentiels del’OMS ; les questions de propriété intellec-tuelle liées à la mise au point des génériques ;les mécanismes de promotion des généri-ques ; et enfin le contrôle de la qualité etl’adoption de bonnes pratiques de fabrica-tion pour l’industrie mondiale du générique.

Le coordinateur de l’IGPA, Greg Perry,a décrit la table ronde comme étant « lapreuve non négligeable que l’OMS a cons-cience que l’industrie pharmaceutique nese résume pas à un seul groupe d’intérêts ».Il a continué en soulignant que si l’indus-trie du générique fait ses débuts sur la scènemondiale, elle ne présente pas moins de

grands avantages pour les systèmes desanté : des thérapies moins chères et dequalité, un accès élargi aux soins, la possi-bilité d’acheter de nouveaux médicamentscoûteux grâce aux économies réalisées surl’achat à un meilleur prix d’autres médica-ments génériques et enfin la possibilitépour les pays moins développés d’établirdes systèmes pharmaceutiques au niveaulocal. ❏

Références

1. Les représentants appartenaient aux ONG suivantes :ECHO International Health Services, Action Santé in-ternationale ; International Network for Rational Use ofDrugs ; International Society of Drug Bulletins ; Méde-cins Sans Frontières ; Social Audit ; The Network,Pakistan et le Conseil œcuménique des Eglises.

2. OMS. Critères éthiques applicables à la promotion desmédicaments. Genève : Organisation mondiale de laSanté, 1988, p.5, para 6.

Encadré 2Questions cruciales que doivent se poser l’OMS et la FIIM

◆ ◆ ◆

Pour faciliter l’accès aux nouveaux médicaments et vaccins dans les pays en développe-ment et mettre au point des médicaments, l’OMS et la FIIM doivent baser leur travail surles questions suivantes :

Accès◆ Quelles sont la nature et l’étendue du problème de l’accès aux médicaments essentiels ?◆ Quels sont actuellement les problèmes qui entravent l’accès aux médicaments :

obstacles externes (prix) et internes (problèmes de distribution) ?◆ Qu’est-il possible de faire pour résoudre les différents aspects du problème ?

Mise au point de nouveaux médicaments◆ Comment les besoins thérapeutiques actuels sont-ils définis ?◆ Quels sont les obstacles à la mise au point de nouveaux médicaments capables de

répondre aux besoins thérapeutiques ?◆ De quels mécanismes, réponses et initiatives dispose-t-on pour surmonter ces

obstacles ?◆ Quels domaines nécessitent de nouvelles initiatives ?

Encadré 3Conclusions de la tableronde sur les génériques

◆ ◆ ◆

Parmi les facteurs qui réduisent l’accèsaux génériques dans les pays endéveloppement, on peut citer :

◆ l’absence de réseaux de distributionpublics ;

◆ le prix : bien que meilleur marchéque les autres médicaments, lesgénériques sont encore trop cherspour beaucoup de populations despays en développement ;

◆ la déficience des systèmesd’adjudication, qui fait que lesgénériques ne font pas l’objetd’offres d’achat ;

◆ les pratiques de prescription et dedispensation : les professionnels dela santé et les consommateurs leurpréfèrent des noms de marqueconnus, en particulier lorsque lesgénériques sont perçus comme étantdes copies de mauvaise qualité ; àdes fins d’enrichissement personnel,il arrive que les professionnels de lasanté optent pour la prescription denoms de marque ;

◆ la complexité du système d’homo-logation : certains pays endéveloppement appliquent lesmême systèmes d’homologation auxgénériques qu’aux médicamentsinnovants, ce qui a pour consé-quence de retarder inutilement leurmise sur le marché pharmaceutique.

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Le Point No 27, 1999

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Fières de recevoir le prix à Stockholm – la campagne del’IBFAN pour le droit des mères à opter pour l’allaitementmaternel a été applaudie par la communauté internationale

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En France un client demande conseil à son pharmacien. Si l’onne freine pas l’achat de médicaments sur Internet, les patientspasseront à côté des conseils précieux des médecins et despharmaciens

A C T U A L I T E S

Un prix pour IBFANE réseau international des groupes d’action pour l’alimentation infantile (IBFAN)a reçu le prix du « bon choix de vie », sorte de prix Nobel qui le récompense des’être battu, avec conviction et efficacité, depuis près de 20 ans, pour le droit desmères qui optent pour l’allaitement maternel, conscientes des vertus sanitaires de

cette pratique et refusant de céderà la pression commercialequ’exercent les entreprises endivulguant des informationstendancieuses pour faire la pro-motion des substituts du laitmaternel.

Remis à Stockholm en décem-bre 1998, le prix est d’une valeurd’environ 57 000 US$. Cette ré-compense a vocation « d’honoreret de soutenir les personnes qui ré-pondent aux défis les pluspressants de notre temps parun comportement positif etexemplaire ». ❏

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Surfez sur Internet, mais nejouez pas avec votre santé !

EL est le message que le ComitéPermanent des Médecins Euro-péens, basé à Bruxelles, tient à fairepasser aux personnes de plus en

plus nombreuses de par le monde à com-mander des médicaments sur Internet. Dansune brochure récente1, le Groupement phar-maceutique prévient qu’il est très difficiled’appliquer à Internet le type de contrôlesefficaces qui sont utilisés pour proscrire lespratiques choquantes ou répréhensiblesdans les médias.

Chercherles ennuis...

La publication com-mence par rappeler quela commercialisation d’unmédicament dans unEtat-Membre de l’UnionEuropéenne n’est possiblequ’une fois qu’il a satisfaità des critères stricts, puisinsiste sur la nécessité dedisposer d’informationsprécises et complètes surle médicament. Elle passeensuite en revue les

principaux problèmes que pose l’achat demédicaments via Internet : absence decontact direct avec un médecin ou un phar-macien pour assurer que le médicamentchoisi convient et pour répondre auxquestions concernant d’éventuels effetssecondaires, ou publicité mensongère pourle médicament sur Internet. Le médicamentpeut en outre avoir été contrefait ou être demauvaise qualité, et il sera sans doute diffi-cile pour l’acheteur, si ce n’est impossible,

de se faire rembourserpar le système d’assurancemaladie de son pays,même si les produits con-cernés sont normalementremboursés. ❏

Référence

1. L’Internet et les médicaments :surfez sur Internet, mais ne jouezpas avec votre santé ! Disponi-ble en anglais et en françaisauprès du Groupement pharma-ceutique de l’Union Européenne,Square Ambiorix 13, 1000Bruxelles, Belgique. Tél. : +32 2736 72 81 ; fax : +32 2 736 0206 ; Mél : [email protected] web : http//:www.pgeu.org

Etats-Unis : vers laréglementation de laprescription via Internet

RESCRIRE des médicaments viaInternet en se fondant uniquementsur le formulaire en ligne que rem-plit le patient « est bien en deçà des

normes minimum requises en matière desoins médicaux », et les médecins qui selivrent à de telles pratiques devraient êtrepoursuivis. Tel est le verdict du Conseild’administration de l’American MedicalAssociation, publié récemment à l’occasiond’un rapport d’activité.

Pas moins de 10 juridictions d’étatinstruisent actuellement les dossiers demédecins qui prescrivent de cette façon. Oncompte parmi elles la Washington MedicalQuality Assurance Commission, qui a in-tenté une action en justice à l’encontre d’unmédecin de Seattle qui gagnerait 5 000 US$par mois en vendant du sildenafil (Viagra)sur Internet.

D’après le rapport, il existerait au moins400 sites web de « prescription instanta-née », qui demandent généralement àl’acheteur d’accepter une clause d’exoné-ration de responsabilité, de sélectionner laquantité voulue de médicaments et de rem-plir un bref questionnaire en ligne. Lesmédicaments concernés sont généralementceux qui traitent l’impuissance, la perte de

poids, la chute des cheveux et l’obésité.Le Conseil d’administration de

l’American Medical Association soutientque les termes utilisés dans les question-naires sont trop compliqués pour les noninitiés. Rien ne permet de vérifier quel’acheteur a répondu aux questions correc-tement, et aucun examen physique ne vientconfirmer les antécédents médicaux dumalade. Le rapport souligne en outre quela Food and Drug Administration n’a guèrede pouvoir sur les sociétés étrangères,ajoutant que « de tels sites rendent leconcept même de médicaments vendusuniquement sur ordonnance dénué de sensaux Etats-Unis ».

Le Conseil reconnaît toutefois que mal-gré les dangers potentiels, la prescriptionet la délivrance de médicaments via Internetpeut présenter des avantages, en particulierpour transmettre des ordonnances à unepharmacie après une consultation tradition-nelle chez le médecin ou renouveler uneordonnance pour les affections chroniques.

Le rapport insiste avant tout sur l’im-portance de l’examen physique du maladepar le praticien, même s’il reconnaît quel’examen puisse quelquefois être super-flu. Il incite vivement les conseils de

l’ordre des Etats à poursuivreles médecins qui enfreignentles directives et garantit quetous les moyens seront mis enœuvre pour mettre au pointune législation type visantà réglementer la prescrip-tion sur Internet. Le Conseild’administration entendégalement développer, encollaboration avec l’Ordre na-tional des pharmaciens, unprogramme visant à « vérifierles sites pharmaceutiques surInternet ». ❏

Source : BMJ, 24 July 1999.

Le Kansas poursuit les fournisseursde médicaments sur Internet

E département EDM de l’OMS a misen place un groupe de discussionélectronique mené par un modérateurqui permet aux responsables de la ré-

glementation de discuter de l’innocuité desmédicaments et d’autres questions réglemen-taires et d’échanger leurs points de vue demanière informelle. Annoncé à la Conférenceinternationale des autorités de réglementationpharmaceutique tenue à Berlin en avril 1999,le nouveau système devrait venir compléterla Pharmaceutical Newsletter, qui paraît enversion papier. Le groupe a déjà attiré 56participants venus de 49 pays.

On envisage de faire de WHODRAun système électronique de distribution demessages d’alerte : les messages d’alerte etautres informations sur l’innocuité des médi-caments à caractère « urgent » seront ainsi

WHODRA – groupe de discussionélectronique pour les autorités nationalesd’homologation des médicaments

communiqués de manière rapide et efficace.Il devrait en outre permettre la création debases de données via le net, mettant par exem-ple à la disposition des utilisateurs un moteurde recherche grâce auquel les utilisateurs pour-ront obtenir des informations sur les décisionsen matière de réglementation. Ils pourrontutiliser des critères de recherche tels quela dénomination commune internationale,le nom de marque, le pays et la date de ladécision. ❏

Pour s’abonner au groupe de discussionélectronique de WHODRA, il faudra fournirune lettre officielle signée d’une autorité deréglementation des médicaments. Contacter leDépartement Médicaments essentiels et Politiquepharmaceutique, Organisation mondiale de laSanté, 1211 Genève 27, Suisse.

N poursuivant en justice sept sociétés qui proposent sur Internet des médicamentsvendus uniquement sur ordonnance, l’Etat du Kansas signe la première action dece type. Selon le Procureur général, au moins deux cents sites web vendent desmédicaments de ce type sur ordonnance, sans pour autant que le patient ne soit

ausculté par un médecin ou n’obtienne d’ordonnance. Un jeune homme agissant pour lecompte de la Division de la protection du consommateur a même réussi à acheter de lasibutramine, médicament pour maigrir, et du sildenafil (Viagra) en remplissant un formu-laire en ligne, sur lequel il a donné son âge réel, 16 ans, et le numéro de la carte de crédit desa mère.

Danger potentielEn temps normal, le prescripteur ou le pharmacien responsable met le patient en garde

contre les contre-indications et les effets secondaires possibles. Avec Internet, ce type demise en garde disparaît, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses. ❏

Source : BMJ, 26 June 1999.

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Le Point No 27, 1999

M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T

C O M M E R C E M O N D I A L

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Selon la Fédération internationale, lapolitique commerciale doit protéger lesdroits des consommateurs

INQ ans après la création de l’Orga-nisation mondiale du commerce(OMC), les organisations de con-sommateurs du monde entierestiment qu’elle n’a pas réussi à te-

nir ses principales promesses. ConsumersInternational/l’Organisation Internationaledes Consommateurs représentant 247 organi-sations dans 111 pays, déclare ne pas pouvoiraccepter le « Round du Millénaire » des né-gociations commerciales prévu pour l’an 2000avant que ne soient reconsidérés dans l’interêtde tous le fonctionnement de l’OMC et la miseen œuvre des accords de libéralisation deséchanges.

Suite à de longs débats, l’Organisationinternationale des consommateurs a fini parsoutenir les négociations du « cycle de l’Uru-guay » à l’issue desquelles l’OMC a vu le jour,espérant que la libéralisation du commerceprésenterait de grands avantages pour les con-sommateurs, note Julian Edwards, DirecteurGénéral de l’Organisation. Toutefois, ajoute-t-il, les promesses n’ont pas été tenues et lemoment est venu de dire « non » au lance-ment d’une nouvelle série de négociationstant que les nombreux problèmes ne serontpas résolus. La multiplication des échangesinternationaux peut bénéficier aux con-sommateurs, mais il est impératif que cesbénéfices soient équitablement répartis.

Les gouvernements doivent s’engager àrespecter un calendrier donné en vue de ré-soudre les problèmes que posent les accordsexistants, d’assurer leur révision et leur miseen œuvre pleine et entière. Le développementdurable fondé sur l’équité et les besoinsdes consommateurs les plus pauvres doiventêtre placés au rang des priorités, estimeM. Edwards.

Une décision sera prise concernant le« Round du Millénaire » lorsque les ministresdu commerce venus du monde entier se réu-niront à Seattle, aux Etats-Unis, en novembre1999. D’après le document récemmentpublié par l’Organisation internationale des

consommateurs, intitulé « Les droits desconsommateurs et le système commercialmultilatéral : que faut-il faire avant le rounddu Millénaire ? », on a déjà la preuve que lesystème commercial multilatéral tel qu’ilexiste aujourd’hui porte atteinte aux droits desconsommateurs.

A titre d’exemple, les multinationalesayant des difficultés à exporter en raison dela législation en vigueur dans certains paysconcernant la protection des consommateursmenacent parfois de prendre des mesures parle biais de l’OMC pour intimider les gouver-nements et contourner leurs lois, ou les inciterà les changer.

Campagne mondialesur l’OMC

L’Organisation internationale des consom-mateurs a lancé une campagne à l’échellemondiale pour exiger que les pays membresde l’OMC intègrent la promotion et la pro-tection des droits des consommateurs dans

leur politique commerciale tant au niveaunational qu’international. Cette campagnevise à assurer la représentation des consom-mateurs dans l’élaboration des politiquescommerciales.

L’Organisation des consommateurs faitdes recommandations qu’il souhaite voir res-pecter par les Etats membres de l’OMC dansleur Déclaration ministérielle de Seattle,laquelle définira le programme des négocia-tions commerciales à venir. Le documentrecommande à l’OMC de mettre au point desmécanismes formels pour la protection desconsommateurs notamment en matière de sé-curité alimentaire, de salubrité des aliments,de sécurité des produits, de santé, de concur-rence, de services, d’investissement et decommerce électronique (pour les recomman-dations de l’Organisation internationale desconsommateurs en matière de santé voirencadré).

L’organisation estime que pour pro-téger tous les consommateurs, l’OMC doit

promouvoir la participation d’organisationsnon gouvernementales ainsi que de représen-tants de pays en développement, en élaborantpar exemple un système d’accréditationdestiné aux ONG et en fournissant une aideaccrue aux pays en développement.

La libéralisation devraitbénéficier à tout le monde

La principale préoccupation de l’Organi-sation internationale des consommateurs estque la répartition des richesses dans le mondeest devenue de plus en plus inégale depuis laconclusion des accords de libéralisation ducommerce. Cela suggère que le système com-mercial multilatéral géré par l’OMC n’a pastenu son engagement à promouvoir le déve-loppement durable et à accroître le niveau

de vie des populations du monde entier.Une reconsidération des mesures de l’OMCest nécessaire pour que la libéralisationne bénéficie pas seulement à une poig-née de multinationales, mais à tous lesconsommateurs.

En Afrique par exemple, la consomma-tion par habitant a baissé de 20 % au coursdes vingt dernières années. Les accords etles règles de libéralisation du commercen’ont pas renversé cette tendance, malgré unemultiplication des échanges internationaux.

En septembre 1999, plusieurs responsa-bles du mouvement des consommateursse sont exprimés lors d’un colloque sur lecommerce et la concurrence organisé conjoin-tement par l’OMC, la Banque Mondiale et laCNUCED, au cours duquel a été soulevé leproblème de la protection des consommateursdans le cadre de la libéralisation des échan-ges. Ce colloque s’inscrit dans une série demanifestations organisées par l’OMC en vuede multiplier ses rencontres avec la sociétécivile. ❏

Des exemplaires de « Les droits des con-sommateurs et le système commercialmultilatéral : que faut-il faire avant le rounddu Millénaire ? » sont disponibles en anglais,français et espagnol auprès de ConsumersInternational, 24 Highbury Crescent, LondonN5 1RX, R-U. Tél. : +44 171 226 6663,fax : +44 171 354 0607, mél : [email protected] site internet : http://www.consumersinternational.org/trade

Recommandations faites par l’Organisation internationale desconsommateurs aux membres de l’OMC en matière de santé

Dans la mise en œuvre des accords de l’OMC et notamment de l’accord ADPIC, la santépublique doit primer sur les intérêts commerciaux, afin de sauvegarder l’accès aux médicamentsessentiels.

La flexibilité permise par l’accord ADPIC doit être maintenue pour faciliter l’accès aux médica-ments essentiels. L’acceptabilité de l’importation parallèle et des politiques de délivrance d’unelicence obligatoire doit être reconnue, pour contrer les pressions commerciales abusivesexercées sur les pays en développement en matière d’accès aux médicaments essentiels.

L’OMS tranchera en cas de conflits sur les mesures sanitaires et l’accord ADPIC.

Des dispositions doivent être prises pour garantir que l’accès aux médicaments communautaireset aux plantes locales soit maintenu et protégé. Les médicaments communautaires jouent le rôle deproduits de substitution pour bien des consommateurs démunis. Une expertise technique devraitêtre apportée aux communautés afin qu’elles puissent se faire accorder des brevets pour cesmédicaments et qu’elles bénéficient de leur mise au point et de leur vente. L’OMC devrait établiret appuyer les bureaux de propriété intellectuelle aux niveaux régional et national. Ces bureauxpourraient disséminer des informations sur les brevets et assurer la liaison avec les communautéslocales afin de protéger leur accès aux médicaments de remplacement.

A C T U A L I T E S

Doit-on donner des médicamentsaux enfants pleins d’énergie ?

UX Etats-Unis, entre 10 % et 12 % des garçons âgés de 6 à 14 ans ont été diagnosti-qués comme souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention et sont traités auméthylphénidate. Un éditorial du International Journal of Risk and Safety in Me-dicine a décrit récemment la tendance actuelle à prescrire des médicaments aux

enfants d’âge scolaire qui présentent des signes d’hyperactivité, d’inattention ou ont uncomportement impulsif. Qu’un grand nombre d’enfants en bonne santé et sans problèmes ré-pondent à cette définition n’a pas pour autant ralenti l’engouement pour le traitement. L’éditorialsouligne qu’une telle pratique peut provoquer des effets secondaires graves sur le systèmecardio-vasculaire et sur le système nerveux central et créer une dépendance. Autre point négatifselon le Journal : un usage abusif de plus en plus fréquent du médicament, en particulier chezles adolescents.

L’éditorial suggère que si l’on en est là aujourd’hui, c’est en partie à cause du manque decoordination entre les psychiatres, les enseignants et les parents. Il met également en cause lesliens étroits existant aux Etats-Unis entre les services de psychiatrie et l’industrie pharmaceuti-que. Le Journal rapporte qu’il n’est pas rare que les psychiatres membres des comités consultatifsauprès du Gouvernement soient personnellement en rapport avec des firmes pharmaceutiques. ❏

Source : International Journal of Risk and Safety in Medicine 1998;11:1–3.

Nouvelles fonctionspour ASI-Europe

SI-Europe a été invitée à devenirmembre de l’Agence européennepour l’évaluation des médicaments.Dans une lettre qu’il a adressée à

ASI, Ferdinand Sauer, Directeur exécutifde l’Agence, a dit qu’il « réfléchissait auxmoyens d’associer au travail de l’Agenceles parties intéressées, et notamment lesorganisations représentant le droit desconsommateurs et des malades ».

ASI a déclaré vouloir se servir de sesnouvelles fonctions au sein de l’Agencepour encourager la participation desconsommateurs et instaurer une plusgrande transparence dans la prise dedécisions. ❏

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Le Point No 27, 1999

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En Tanzanie, une femme enterre son mari. Celui-ci, ainsi que ses deux précédentes épouses, a étéemporté par le SIDA. Cette femme a désormais 11 enfants à élever. En matière de disponibilité du traite-ment contre le SIDA, l’écart entre les pays riches et les pays pauvres devient un sujet de plus en plus sensible

Pakistan : débat animé sur l’accordADPIC et l’accès aux médicaments

ES implications de l’accord ADPIC/OMC sur l’accès aux médicamentsont également été au centre des dis-cussions lors d’une réunion inter-

nationale qui s’est tenue à Karachi, auPakistan, du 26 au 30 juillet 1999. Des dé-fenseurs des droits des consommateurs, desavocats spécialisés dans les brevets, deséconomistes et des spécialistes de la santépublique venus du monde entier se sontjoints aux représentants des organismes or-ganisateurs, à la Chambre du commerce etde l’industrie SAARC et au Ministère de laSanté du Pakistan. L’OMS, l’Associationpharmaceutique du Pakistan et l’Associa-tion américaine pour l’informationpharmaceutique ont aussi participé à cefructueux événement.

Sauvegarder les intérêts du publicLors de la séance d’ouverture, des per-

sonnalités pakistanaises du Ministère fédéralde la Santé ont souligné qu’il importait desauvegarder les intérêts du public dans lamise en œuvre de l’accord ADPIC. Ils ontajouté qu’il était en ce sens nécessaire deprendre position au niveau national en vuede la révision des ADPIC qui aura lieu enl’an 2000. Dans un même ordre d’idées, unDirecteur adjoint du Ministère fédéral ducommerce a déclaré que « les individus sontplus importants que les brevets ». Toutefois,

ces hauts fonctionnaires ont affirmé que lePakistan reconnaissait l’importance des bre-vets, de même que l’obligation internationalede respecter l’accord.

Scénario inquiétantJames Love du Projet des consomma-

teurs sur la Technologie a insisté surl’importance des licences obligatoires, lesprésentant comme une stratégie pratiquepouvant faciliter l’accès aux médicamentsessentiels. Il a en outre commenté l’expé-rience internationale en matière de licencesobligatoires, notamment dans les paysindustrialisés. Le Dr Kumariah Balasu-bramaniam, conseiller pharmaceutiqueauprès de l’Organisation internationaledes consommateurs, a parlé du manqued’accès aux médicaments dans les pays endéveloppement, et du fait que l’accordADPIC risque d’aggraver le problème.

En conclusion, les participants ontexprimé les préoccupations suivantes :➤ la situation sanitaire dans les pays de la

région est préoccupante, la majeure par-tie de la population n’ayant toujours pasaccès aux médicaments essentiels ;

➤ la mise en œuvre de certaines disposi-tions des accords de l’OMC, notammentde l’accord sur les ADPIC, risqued’avoir des incidences négatives surla santé publique et sur l’accès aux

médicaments essentiels ;➤ le fait de breveter les procédés médi-

caux, les connaissances, les plantesmédicinales et les cultures vivrières lo-cales risquerait de nuire aux intérêts despopulations autochtones en matière desanté publique.

Un groupe de travail a été constituépour mettre au point une stratégie visant àrésoudre ces problèmes. Il réunit des repré-sentants des professions médicales, del’industrie pharmaceutique, de l’industriedes médicaments à base de plantes, un éco-nomiste spécialisé dans les questionsrelatives à la santé ainsi que des expertsdes Ministères de la Santé, de l’Industrie etdu Commerce, de la Nourriture et de l’Ali-mentation. Deux experts en Droit, l’unreprésentant l’industrie pharmaceutique etl’autre des groupes défendant les intérêtsdu public, ont été invités à participeraux travaux, de même que The Network,l’Association pour l’usage rationnel desmédicaments au Pakistan. ❏

Pour de plus amples renseignements,contacter le Dr Zafar Mirza, Coordinateuren chef, The Network, (Association pourl’usage rationnel des médicaments au Paki-stan), H.60-A, St.39, F-10/4, Islamabad,Pakistan. Tél. : +92 51 281 755, fax :+9251 291 552, mél : [email protected]

Le débat sur les licences obligatoirescontinueL

ES licences obligatoires représentent-elles une stratégie potentielle pour faireface au problème croissant de l’accès aux médicaments essentiels dans lespays en développement ? Plus de 120 délégués originaires de 30 pays sesont réunis à Genève le 26 mars 1999 pour débattre de la question, à

l’initiative de Médecins Sans Frontières, d’Action Santé Internationale et du Projetdes consommateurs sur la Technologie, avec le soutien de la Fondation Rockefeller.

Les délégués des ONG, des gouverne-ments, des organisations internationales etde l’industrie ont été informés du fait que lapandémie de VIH/SIDA illustre l’ampleurdu problème. Sur les 33 millions de per-sonnes contaminées par le VIH dans lemonde, 26 millions vivent en Afrique-sub-saharienne. Ces individus n’ont pourtantpratiquement pas accès aux antirétrovirauxcar leur prix les rend inabordables, sauf pourune très petite minorité. La situation est ana-logue dans les pays d’Asie du Sud-Est, oùles médicaments contre d’autres maladiespouvant être mortelles, notamment la tuber-culose, le paludisme et la méningite, sontégalement prohibitifs pour des millions depersonnes. Les médecins savent bien que lamort de leurs patients pourrait être évitée.

Les délégués de la Conférence se sontpenchés sur les aspects pratiques du recoursaux licences obligatoires (par lequel lesgouvernements peuvent obliger les déten-teurs de brevets à accorder une licenceà un tiers), envisagé comme un moyend’accroître la disponibilité des médicaments

dans les pays les plus démunis. Les licen-ces obligatoires figurent dans le nouvelaccord sur les ADPIC (l’un des accords del’Organisation mondiale du commerce, surles droits de propriété intellectuelle qui tou-chent au commerce). Ce procédé a déjà étéutilisé dans l’histoire tant par les pays dé-veloppés que par les pays en développementafin de mettre fin au droit d’exploitationexclusive des détenteurs de brevets, dansl’intérêt de la société. James Love, du Pro-jet des consommateurs sur la Technologie,a affirmé que cette pratique n’était en dés-accord ni avec les ADPIC, ni avec aucunautre accord multilatéral sur le commerceou la propriété intellectuelle.

Nombre d’intervenants ont fait valoirqu’une baisse des prix des médicamentsdans les pays en développement ne consti-tuerait pas une menace pour le financementde la recherche et du développement,puisque les ventes de produits pharmaceu-tiques dans ces pays ne représentent qu’unfaible pourcentage à l’échelle mondiale, parexemple 1,3 % pour l’Afrique. Les licences

obligatoires sont visés à l’article 31 del’accord ADPIC, lequel stipule que lesEtats membres peuvent utiliser l’objet dubrevet sans l’autorisation du détenteurde droit, en particulier le gouvernement oudes tiers autorisés par le gouvernement,quand l’intérêt général le justifie. L’article31 stipule en outre que « le titulaire du bre-vet a droit à une rémunération adéquateen fonction de la valeur économique del’autorisation ».

Toutefois, d’autres participants ont af-firmé que le fait de perdre la protectionassurée par les brevets pourrait bien décou-rager les groupes pharmaceutiquesd’élaborer de nouveaux médicaments,

faisant valoir que les licences obligatoiresconstituent une perte d’exclusivité pour lesinventeurs. Lois Boland, spécialiste améri-caine en matière de brevets, a dit que sonpays considérait l’accord ADPIC comme lagarantie minimum de protection.

Le rôle de l’OMSLe Dr Michael Scholtz, Directeur exé-

cutif du Groupe Technologie de la santé etproduits de l’OMS, s’est engagé à ce quel’Organisation soutienne les pays en déve-loppement, en affirmant : « l’OMS respectel’importance des brevets et comprend le rôlequ’ils jouent tant dans les pays développésque dans les pays en développement. Tou-tefois, nous avons reçu mandat d’évaluerles incidences sur la santé publique de lamise en œuvre de l’accord sur les ADPIC ».*

Les organisateurs de la Conférence sesont accordés à reconnaître que l’OMS de-vrait prendre l’initiative d’aider les pays àanalyser les implications des accords del’OMC sur l’industrie pharmaceutique et lasanté publique.

Faire pression pour queles choses changent

Les animateurs de la Conférence ontconseillé aux délégués des pays en déve-loppement de vérifier leur legislationnationale en matière de licences obligatoi-res et d’importations parallèles, et de fairepression pour un changement si elles sontplus strictes que les dispositions de l’accordsur les ADPIC. Ils ont en outre faitsavoir qu’une assistance technique auxgouvernements en vue de l’application del’accord était disponible sur demandeauprès de l’Organisation mondiale de lapropriété intellectuelle.

Les délégués ont décidé d’exiger queleurs gouvernements utilisent tous lesmoyens juridique pour accroître l’approvi-sionnement en médicaments essentielsd’un prix abordable. Si le prix est un cri-tère d’inclusion dans les listes nationales demédicaments essentiels, il est impératif quela communauté internationale trouve unesolution pour faire baisser les prix desmédicaments essentiels dans les pays endéveloppement. ❏

* Des perspectives sur les questions de santépublique soulevées par l’accord ADPIC del’OMC sont proposées dans le documentde l’OMS Mondialisation et accès auxmédicaments, Série « Economie de la Santéet Médicaments », No. 7. WHO/DAP/98.9.

C O M M E R C E M O N D I A L

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L’idée que les nouveaux accords internationaux sur lecommerce puissent creuser le fossé entre les riches et lespauvres est source d’inquiétude

Un appel pour donner visage humain à lamondialisation : le Rapport mondial de 1999sur le développement humain

N vigoureux appel à la réécrituredes règles de la mondialisation –pour qu’elles soient favorables auxconsommateurs et pas seulement

aux intérêts commerciaux – est lancé dansle Rapport mondial sur le développementhumain publié par le PNUD en 1999. Cerapport sans concession a soulevé une vivecontroverse, suscitant des applaudissementsautant que des critiques. Il déclare que lamondialisation ne se traduit pas seulementpar le flux de capitaux et de biens, maiségalement par l’interdépendance croissantedes populations du monde entier du fait d’unrétrécissement de l’Espace-Temps ainsi quede la disparition des frontières. Ces condi-tions sont idéales pour accroître le niveaude vie des populations et créer une com-munauté mondiale partageant les mêmesvaleurs. Cependant, comme le souligne lerapport, les opérations commerciales ensont venues à dominer le processus sanspour autant s’accompagner d’une réparti-tion équitable des bénéfices ni ouvrir les

mêmes perspectives à tous les pays. Cettepublication met en lumière certaines desconséquences néfastes de la mondialisationsur le secteur de la santé, notamment pource qui est de la recherche, de la technologieet du prix des médicaments. Voici unrésumé des principaux points du rapport :

Recherche privée : l’argent parle plusfort que les besoins : dans le secteur phar-maceutique, on ne peut pas s’attendre à ceque les intérêts privés répondent à tous lesbesoins du public. La quasi-totalité de larecherche médicale est menée par des or-ganisations internationales dans les pays endéveloppement et par l’armée dans les paysindustrialisés. Bien que la pneumonie, lesmaladies diarrhéiques et la tuberculose re-présentent 18 % des affections à l’échellede la planète, seulement 0,2 % des activitésmondiales de recherche et de développe-ment liées à la santé leur est accordé chaqueannée. Aux Etats-Unis, moins de 5 % desmédicaments mis sur le marché entre 1981et 1991 par les 25 premiers groupes

pharmaceutiques constituaientdes avancées thérapeutiques,tandis que 70 % de ce type demédicaments étaient produitsgrâce au concours des pouvoirspublics. Dans l’élaboration desprogrammes de recherche, lesproduits cosmétiques et les to-mates à maturation lente ont lapriorité sur la mise au point d’unvaccin contre le paludisme ou decultures résistant à la sécheressepour les terres marginales. Etantdonné que les vaccins génèrent des profitsmoindres et sont a priori plus risqués sur leplan juridique que les traitements répétés,un consortium de groupes pharmaceutiquesa été constitué pour mettre au point des an-tiviraux contre les infections à VIH/SIDA,et non pour produire un vaccin.

Toujours aux Etats-Unis, pendant lesannées 80, une nouvelle législation encou-rageant une coopération plus étroite avecle secteur privé a permis aux groupes phar-maceutiques de bénéficier de produitsélaborés principalement grâce à des fondspublics. La propriété intellectuelle de la re-cherche publique et universitaire a dès lorsété progressivement transférée au secteurprivé : dans le domaine des biotechnolo-gies par exemple, la part des brevets cédéspar le secteur public au secteur privé souslicence d’exclusivité est passée de 6 % en1981 à plus de 40 % en 1990.

Les pays en développement se voientbarrer l’accès à l’économie du savoir, tan-dis que les produits nécessaires leur sontinabordables : « le renforcement des con-trôles dans le cadre de l’accord ADPIC afermé d’anciennes possibilités et renchéril’accès aux nouvelles technologies ». « Lespays peuvent choisir d’imposer aux titulai-res de brevets d’accorder des licences à laconcurrence, mais ce processus est long etles droits à verser sont parfois très élevés.Une autre solution consiste à imposer descontrôles des prix sectoriels sous la formed’une majoration des coûts. Cependant, lesmultinationales jouent souvent des failles dela réglementation sur les prix de transfertpour éviter de baisser leurs tarifs, ce qui faitgonfler artificiellement les coûts des intrantstransférés d’un pays à un autre, à l’intérieurdu domaine des multinationales concernées.Ces dernières n’ont en effet guère intérêt àfixer des prix différents pour les marchés despays en développement, étant donné qu’el-les cherchent à optimiser leurs bénéfices àl’échelle mondiale et non nationale. »

Les lois sur les brevets reviennent à lé-ser les communautés autochtones dans lacourse mondiale pour la propriété et lecontrôle du savoir : plus de la moitié desmédicaments les plus prescrits dans lemonde sont dérivés de plantes ou de copiessynthétiques de produits chimiques conte-nus dans des végétaux, et cette tendanceva croissant. Nombre de communautésautochtones cultivent, recherchent etprotègent depuis longtemps le potentielbiotechnologique offert par la nature, etces connaissances sont utilisées sansleur consentement pour produire « des

médicaments qui rapportent beaucoup ». Lerapport dénonce l’espionnage des pays endéveloppement par les pays développés etle vol d’un savoir ancestral. Pire encore, lesnouvelles lois sur les brevets n’accordentguère de protection au savoir des popula-tions locales, ce qui ouvre la voie à unemainmise étrangère sur ces connaissances.Des alliances stratégiques sont aujourd’huiformées entre des groupes pharmaceutiqueset des Etats ou des groupes autochtones.Mais les négociations ne se font pas sur unpied d’égalité et les royalties promises à cesderniers n’atteignent parfois que 0,1 %.

Les avancées technologiques bénéfi-cient aux populations relativement aiséeset instruites : les progrès réalisés en matièrede technologies de la communication, no-tamment Internet, pourraient rapidementouvrir la voie à une croissance économiquefondée sur le savoir dans les pays richescomme dans les pays pauvres, mais à pré-sent 88 % des utilisateurs vivent dans lespays industrialisés. Le rapport ajoute pour-tant un point positif : les percées techno-logiques ont déjà créé de nouvelles occasionspour les petites entreprises d’entrer sur lemarché mondial et la scène politique inter-nationale. Les communications instantanéesen réseau donnent une voix, donc une im-portance considérable, aux organisationsnon gouvernementales naguère réduites ausilence sur la scène internationale.

Le rapport conclut que la mondialisa-tion devrait bénéficier plus souvent à toutesles personnes de tous les pays, et que l’ac-centuation de la marginalisation et de lavulnérabilité des pauvres doit cesser. « Al’heure où la législation sur les échanges etla propriété intellectuelle contribue de plusen plus à déterminer l’évolution des payset celle de la technologie, la remise en ques-tion des dispositifs actuels ne doit passeulement porter sur les flux économiques.Il importe également de préserver labiodiversité, de veiller au caractère éthiquedes brevets sur le vivant, d’assurer l’accèsaux soins, de respecter les formes de pro-priété en vigueur dans les autres cultures etd’éviter un élargissement du fossé techno-logique entre l’économie mondiale dusavoir et le reste du monde qui survit dansson ombre. » ❏

Des exemplaires du Rapport mondial surle développement humain 1999 sontdisponibles auprès de : Oxford UniversityPress, 2001 Evans Road, Cary, NC 27513,E-U. Tél. : +1 919 677 0977 ; fax :+1 919 677 1303. Prix : US$ 19,95.

Réexamen del’Accord sur les ADPIC

ANS l’intérêt de la santé publique, ilest impératif que les pays en déve-loppement participent au prochainréexamen de l’Accord ADPIC. Telétait le message transmis à quelques

80 responsables chargés de la mise en œuvrede l’ADPIC en Asie de Sud-Est, et notammentde dispositions risquant de nuire à la santépublique. Représentant divers ministèreset organisations nationales et internationales,ces hauts fonctionnaires ont participé à uneConsultation régionale sur les Accords del’Organisation mondiale du commerce sur leséchanges multilatéraux et leurs implicationssur la santé ADPIC. Cette rencontre a été or-ganisée par le Bureau régional OMS de l’Asiedu Sud-Est en collaboration avec le ministèrethaï de la santé publique et l’Université deChulalonkorn. Les discussions ont portésur le champ d’application des brevets ; lesbrevets en matière de biotechnologie etde médecine traditionnelle ; la productionde médicaments génériques ; les licences obli-gatoires ; les obligations à respecter pendantla période de transition ; les importationsparallèles et l’exception Bolar*.

Des experts en matière de droits de pro-priété intellectuelle touchant à la santé ontréexaminé divers points de l’Accord. Quatreétudes de pays (Bangladesh, Maldives,Myanmar et Thaïlande) ont illustré les effetsde l’ADPIC sur différents secteurs pharma-ceutiques nationaux. La réunion a permis dedéceler une certaine souplesse dans l’Accord,dont les pays peuvent tirer parti pour desmotifs de santé publique, par exemple accor-der des licences obligatoires sous certaines

conditions. Les délégués ont appris quel’ADPIC n’empêche pas la réglementation desprix effectuée sans discrimination. Désireuxde donner suite à leurs discussions construc-tives, les participants à la réunion ont fait lesrecommandations suivantes :

➤ un mécanisme de coordination nationaledevrait être établi entre le ministère de lasanté et les autres ministères impliquésdans la mise en œuvre et la négociationde l’accord sur les ADPIC, afin de sauve-garder les intérêts de la santé publique ;

➤ un séminaire national sur les ADPIC etla santé devrait être organisé avant laConférence Ministérielle de Seattle ;

➤ les pays devraient envisager de proposerà l’OMC un examen des dispositions del’accord sur les ADPIC risquant de nuireà la santé publique, notamment au sujetdes maladies d’envergure mondiale telleque l’infection à VIH/SIDA ;

➤ l’OMS et le Bureau régional OMS del’Asie du Sud-Est devraient contribuer defaçon significative à faciliter les consul-tations entre pays membres afin qu’ilsdéfinissent leurs préoccupations commu-nes et prennent position au niveau régionalsur les points importants de l’accord surles ADPIC. ❏

* L’exception Bolar autorise les fabricantsde médicaments génériques à effectuer destests cliniques sur des médicaments brevetéssans l’autorisation du titulaire du brevet, envue de faciliter l’entrée sur le marché desgénériques.

C O M M E R C E M O N D I A L

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M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T18

Le Point No 27, 1999

C O U R R I E R D E S L E C T E U R S

L

✍Bien savoir appliquer les principesthéoriques de prescription

Madame,De l’avis général, les jeunes médecins

pourraient avoir de meilleures habitudes deprescription, compte tenu de leurs bonnesconnaissances pharmaceutiques. Le fait estque l’enseignement de la pharmacologie estgénéralement axé sur les médicaments, laformation clinique insistant quant à elle surle diagnostic ou la gestion. Résultat : la pres-cription reste un point faible, et les mauvaiseshabitudes rendent les traitements inefficaces.

Dans son précieux manuel de formation,Bien prescrire les médicaments1, l’OMSpropose des directives visant à donner auxétudiants de premier cycle une formationaxée sur l’amélioration des pratiques deprescription. La formation met avant toutl’accent sur : la compréhension du problèmedu patient ; la définition des objectifs thé-rapeutiques ; la vérification que le choix dumédicament de prédiliction du prescripteurest judicieux ; la rédaction d’une ordon-nance ; des informations et mises en gardeà communiquer au malade ; le suivi etl’interruption du traitement.

Dans notre faculté de médecine, l’en-seignement de la pharmacologie a toujoursreposé sur des cours sur le rapport entre lemalade et le traitement médicamenteux, surdes expériences pharmacodynamiques

effectuées sur des tissus isolés et sur desanimaux de laboratoire ainsi que sur des ex-périences pharmaceutiques. Nous avonstoutefois amélioré notre programme depharmacologie en nous inspirant desconseils puisés dans Bien prescrire lesmédicaments.

Notre enseignement commence dé-sormais par un cours d’introduction, des-tiné à tous les étudiants, qui porte surl’importance des bonnes pratiques deprescription, analyse les différents pointsqui entrent dans la rédaction d’une ordon-nance et énumère les erreurs les plusfréquentes.

Par la suite, des groupes de 20 à 30étudiants passent en revue quelque 25 pro-blèmes cliniques fréquemment rencontrés.Un chargé de travaux dirigés (diplômé demédecine ayant de l’expérience en méde-cine clinique et de préférence un diplômede troisième cycle en pharmacologie) sou-met un problème. Les étudiants, en groupesde 4 à 6, formulent leur propre diagnosticet les objectifs thérapeutiques, sélectionnentle(s) médicament(s) de prédiliction et rédi-gent l’ordonnance et les instructions desti-nées au patient. Les chefs de groupe pré-sentent leurs conclusions à l’occasion d’uneséance plénière. Le chargé de travaux diri-gés suggère des améliorations et aboutit àl’ordonnance définitive dont les étudiantsprennent note. Sur le même principe, une

autre séance de groupe est l’occasion dedébattre de la liste des médicaments deprédiliction.

Nous avons décidé d’évaluer les compé-tences de prescription en comparant lesrésultats de la promotion de 1995 avec ceuxdes promotions de 1996 et 1997. Nous avonspris comme critères : la compréhension duproblème du patient et le diagnostic ; le choixdes médicaments ; la rédaction de l’ordon-nance ; les instructions aux patients et lamoyenne générale. On a constaté une netteamélioration des résultats. Par exemple, dansle cas de la compréhension du problème dupatient, les notes se sont améliorées, passantde 47 % en 1995 à 73,5 % en 1997, et de 28,2 %en 1995 à 61,1 % en 1997 pour ce qui est dela moyenne générale. Pour nous, ces résul-tats sont la preuve que nous avons bien faitde modifier le programme de pharmacologieen fonction des recommandations de l’ouv-rage intitulé Bien prescrire les médicaments.

—M.A. Randhawa, A.A. Tanwir, A. Zia,A. Azeem, A. Munir, Service de Pharmacolo-

gie et Thérapeutique, Faculté de médecinede Rawalpindi, Rawalpindi, Pakistan ;

S.Z.L. Malik, Service de Biochimie,Faculté de médecine de Rawalpindi,

Rawalpindi, Pakistan ;S.A. Malik, Service de Biologie, Université

Quaid-e-Azam, Islamabad, Pakistan.

1. de Vries TPGM, Henning RH, Hogerzeil HV, Fresle DA.Bien prescrire les médicaments. Genève : Organisationmondiale de la Santé ; 1994.

L’OMS reçoit mandat des’attaquer aux incidencesdu commerce sur la santé

ES pays en développement sont deplus en plus préoccupés par les con-séquences possibles des nouveauxaccords commerciaux internatio-

naux, notamment l’Accord sur les aspectsdes droits de propriété intellectuelle qui tou-chent au commerce (ADPIC), portant surl’accès aux médicaments essentiels. L’adop-tion par l’Assemblée mondiale de la Santéde cette année d’une résolution sur la stra-tégie pharmaceutique révisée était donc fortopportune. « Lorsque des accords commer-ciaux ont des incidences sur la santé, l’OMSdoit intervenir dès le départ », a déclaré auxdélégués le Dr Gro Harlem Brundtland,Directeur général de l’OMS. Plutôt qued’accepter que les accords commerciauxlimitent les soins de santé, « il nous fautanalyser et suivre la situation pour voircomment de nouveaux accords internatio-naux peuvent appuyer l’action de santépublique », a-t-elle ajouté.

Lorsque le texte de cette résolution a étéinitialement proposé l’an dernier à l’Assem-blée mondiale de la Santé, il a suscité detrès vives controverses et a été renvoyé de-vant le Conseil exécutif de l’OMS. Aprèsde longues discussions et négociations dehaut niveau, un groupe de travail constitué

de représentants de 59 pays a finalementproduit un texte consensuel.

L’adoption de cette résolution donne lefeu vert à l’OMS pour jouer un rôle accrudans les questions qui touchent à l’accès auxmédicaments, à la qualité et à l’utilisationrationnelle des produits.

Combattre les inégalitésface aux soins de santé

Malgré une disponibilité accrue àl’échelle de la planète, au moins un tiersde la population mondiale n’a toujourspas accès aux médicaments essentiels.Dans les régions les plus démunies d’Afri-que et d’Asie, c’est plus de la moitié de lapopulation qui en est privée.

L’injustice est frappante. Dans les paysdéveloppés, un traitement antibiotiquecoûte l’équivalent de deux ou trois heuresde travail et un traitement d’une année con-tre l’infection à VIH revient à quatre à sixmois de salaire. De plus, la plupart des fraismédicaux sont remboursés. Alors que dansles pays en développement, où les patientsdoivent payer les médicaments de leurpoche car ils ne sont pas remboursés, untraitement antibiotique complet pour unesimple pneumonie peut engloutir un mois

de salaire. Il arrive aussi que les traitementssoient totalement inabordables, comme letraitement de l’infection à VIH qui semonterait à environ trente ans de salaire.

Incidences sur la santédes nouveaux accordscommerciaux

A la lumière de telles disparités, lesincidences prévisibles des accords com-merciaux internationaux sur l’accès auxproduits pharmaceutiques sont évidemmentla source de vives controverses. CertainsEtats membres craignent que les termes del’accord ADPIC sur les droits de propriétéintellectuelle ne conduisent à une hausse ducoût des médicaments, notamment des nou-veaux médicaments essentiels protégés parun brevet, ce qui réduirait encore davan-tage l’accès aux soins de santé. D’autres aucontraire estiment que l’application de l’ac-cord sur les ADPIC stimulera la recherchesur de nouveaux médicaments utiles.

Le rapport mondial sur le développe-ment humain 1999 (voir page 17) duProgramme des Nations Unies pour le Dé-veloppement souligne qu’avant la con-clusion de l’accord ADPIC, des pays telsque la Chine, l’Egypte et l’Inde accordaient

des brevets sur les procédés pharmaceuti-ques mais pas sur les produits finis. Cela acontribué au développement des industriesnationales s’appuyant sur des méthodes dif-férentes pour élaborer principalement desmédicaments génériques, analogues auxmarques d’origine mais nettement moinsonéreux. Privés de cette possibilité, les paysen développement risquent d’avoir encoreplus de difficultés à répondre aux besoinsen médicaments essentiels.

Toutefois, la résolution signifie quel’OMS peut dorénavant intervenir dans lesdomaines touchant au commerce. Ellecharge en effet l’Organisation de « sur-veiller et d’analyser les conséquences desaccords commerciaux sur le secteur phar-maceutique et la santé publique ». L’OMSs’acquittera de cette tâche en participationavec les Etats Membres, l’Organisationmondiale de la Propriété intellectuelle,l’Organisation mondiale du commerce,la Conférence des Nations Unies sur leCommerce et le Développement, les orga-nisations non gouvernementales repré-sentant les intérêts du public et l’industrie.

Lutter contre les médicamentsde mauvaise qualité oucontrefaits

La qualité des médicaments est aussimenacée par l’apparition récente de tendan-ces alarmantes. Un nombre croissant deproduits de contrefaçon ou ne répondant pasaux normes font leur entrée sur les marchéslocaux et internationaux. Bien que les nor-mes de qualité des médicaments deviennentde plus en plus strictes à l’échelle mondiale,10 à 20 % des médicaments dont on aprélevé des échantillons dans les pays endéveloppement n’ont pas satisfait aux testsde contrôle de la qualité.

Au vu de ces problèmes, la résolutionlance un appel aux pays et à l’OMS pourqu’ils poursuivent leurs efforts visant à as-surer une réglementation pharmaceutiqueefficace et à promouvoir l’assurance de laqualité.

S’attaquer à la promotion« sauvage » des médicaments

La résolution met aussi l’accent sur lesefforts à accomplir en vue de lutter contrela promotion sauvage des médicaments. Lesconsultations entre l’OMS et les parties pre-nantes ainsi que des recherches récentesrévèlent que la promotion des médicamentsde façon non conforme à l’éthique n’est pasprés de cesser. Mais une stratégie de grandeenvergure pour la mise en œuvre desCritères éthiques de l’OMS applicables àla promotion des médicaments peutaujourd’hui voir le jour.

La résolution souligne qu’il convient enoutre de fournir des informations sur le prixdes substances de base entrant dans la fa-brication des produits pharmaceutiques, des’attaquer au problème de l’inadéquationdes dons de médicaments et de promouvoirun usage rationnel par la diffusion d’uneinformation indépendante et par l’éducationdes consommateurs. ❏

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La version complète de la résolution estdisponible à l’adresse suivante : http://www.who.int/wha-1998/WHA99/PDF99/e_reso.pdf ou auprès du DépartementMédicaments essentiels et Politique pharma-ceutique, Organisation mondiale de la Santé,1211 Genève 27, Suisse.

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Le Point No 27, 1999

M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T

N E T S C A N

R E U N I O N S E T C O U R S

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Publication de laAntiretroviral Newsletter

La région OMS du Pacifique occidentala publié le premier exemplaire de la HIV-AIDS Antiretroviral Newsletter ( voir page 26pour de plus amples détails). Il peut être con-sulté sur le site du Bureau OMS de la régiondu Pacifique occidental (sous la rubriquePublications) à l’adresse suivante : http://www.who.org.ph/technical/programme/std.htm

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Octroi obligatoire de licencesLe Consumer Project on Technology a

procédé à des ajouts importants sur sa pageweb consacrée à l’octroi obligatoire delicences, accessible à l’adresse suivante :http://www.cptech.org/ip/health/cl

Vous y trouverez désormais des docu-ments de référence sur 15 différends survenusrécemment aux Etats-Unis à propos de licen-ces, ainsi que des informations sur l’octroiobligatoire de licences dans 16 autres pays.

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Evaluation de l’usagedes médicaments

Vous cherchez sur le Net une bonnesource d’informations pharmaceutiques surl’évaluation de l’usage des médicaments ?Tapez http://www.rupert.net/~rtrinkle/dur.htm

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EURODURGLe European Drug Utilization Research

Group (Groupe européen de recherche surl’usage des médicaments) a mis sur son siteInternet les informations contenues dans sonbulletin ainsi que des renseignements surles groupes nationaux qui le composent. Ilfournit également des adresses et des liensutiles vers d’autres sites web. Pour y accéder,tapez : http://www.eurodurg.org

Bon usage des médicamentsen Australie

Une base de données sur les activitésmenées en faveur du bon usage des médica-ments en Australie est désormais accessiblesur Internet à l’adresse suivante : http://www.qum.health.gov.au

Pour accéder à la base de données quidécrit actuellement plus de 700 projets, cli-quer sur le lien « Quality Use of MedicinesMapping Project ».

Les rapports d’évaluationdes Pays-Bas sur le Net

L’agence néerlandaise pour l’évaluationdes médicaments met tous ces rapportsd’évaluation des médicaments récemmenthomologués aux Pays-Bas sur son siteInternet, accessible à l’adresse suivante :http://www.cbg-meb.nl

En les rendant publics, l’Agence entendaider les médecins et les pharmaciens à com-prendre le contexte clinique qui a donné lieuaux récentes décisions réglementaires.

La page d’accueil d’EDMsur le Net s’étoffe

La page d’accueil du Dépar tementMédicaments essentiels et Politique pharma-ceutique s’est beaucoup étoffée et estaujourd’hui beaucoup plus conviviale. Elle nese résume pas à la seule présentation du con-cept de médicaments essentiels, des politiquespharmaceutiques nationales et du travail del’OMS et d’EDM : elle permet aussi de con-sulter et de télécharger d’autres documentsdu Département. Vous y trouverez notammentde nombreux documents de la Série « Econo-mie de la Santé et Médicaments » (parexemple, les versions anglaise et françaisede l’ouvrage intitulé Mondialisation et accèsaux médicaments) ainsi que des documentsde la Série Recherche d’EDM. Il est par exem-ple possible d’obtenir la nouvelle version desPrincipes directeurs interinstitutions applica-bles aux dons de médicaments ainsi que lesPrincipes directeurs pour l’élimination des Pro-duits pharmaceutiques non utilisés pendant etaprès les situations d’urgence (voir page 25).

Sont également accessibles, en formatPDF, les versions anglaise, française et espa-gnole du Point (à partir du numéro 22).

Et ce n’est qu’un début ! On envisage derendre accessibles en ligne tous les docu-ments importants d’EDM, et ce, dans toutesles langues disponibles␣ (vous trouverez deplus amples détails dans le numéro 28 deMédicaments essentiels, le Point).

Venez nous rendre visite à : http://www.who.int/medicines

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Nouvelle page d’accueil surle site Internet du Bulletin

Le Bulletin de l’Organisation mondiale dela Santé a fait peau neuve ; consultez sanouvelle page d’accueil à l’adresse suivante :http://www.who.int/bulletin

La page permet d’accéder à la table desmatières de chaque numéro, au résumé desarticles (en format html) ou à leur texte inté-gral (en format pdf), aux actualités et auxcritères régissant la publication d’articles.

Le site de DRUGNETQuelles réformes pharmaceutiques en Ukraine ? A quoi sert une politique pharmaceuti-

que ? Quels antibiotiques figurent sur la liste des médicaments essentiels du Kirghizistan ?Le prix des médicaments est-il réglementé dans la République de Moldova ? A combien sesont chiffrées les ventes de médicaments en Arménie l’an dernier ? Vous trouverez la réponseà ses questions et à bien d’autres encore en vous connectant sur un nouveau site web,accessible à l’adresse suivante : www.who.dk/ch/pha/NIS

Il y a plus d’un an que, dans le cadre du Projet pharmaceutique spécial d’aide auxnouveaux Etats indépendants, le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe a envoyé auxautorités de réglementation des questionnaires en vue de recueillir des informations pour le

site de DRUGNET. Celui-ci a été lancé à la fin de 1998.Il regroupe des informations à la fois sur le secteur phar-maceutique de pays donnés, sur la réforme du domainepharmaceutique en général et sur le Projet spécial. Lespages apparaissent côte à côte en anglais et en russe.Le site s’enrichira de nouvelles informations au cours desprochains mois.

Il est de nouveau possible de se connecter sur lesite web du Programme pour les médicaments duBureau régional de l’OMS pour l’Europe : tapez http://www.who.dk/ch/pha

Le site décrit entre autres les principaux domainesd’activité du Programme, passe en revue les actualités,et livre une bibliographie et le répertoire des autoritésmédicales de tous les pays européens. Il contient égale-ment des informations sur Europharm (le forum des Ordresdes pharmaciens européens).

Conférence internationale sur lesstratégies axées sur la mise enplace de politiques commercialeset pharmaceutiques saines

Les 25 et 26 novembre 1999, ActionSanté internationale, Médecins Sans Fron-tières et le Consumer Project on Technologyorganisent à Amsterdam une conférence in-ternationale sur le thème « Mondialisation etstratégies pour faciliter l’accès aux médica-ments essentiels ». Des représentants d’ONGd’utilité publique et d’organisations inter-nationales, des décideurs, des hommespolitiques, des experts en politique pharma-ceutique, des économistes spécialisés dansla santé, des universitaires, des chercheurset des fabricants de médicaments sontinvités à discuter de la façon d’élargir l’ac-cès aux médicaments essentiels dans lecontexte d’une économie de plus en plus« mondialisée ».

Pour de plus amples informations, contacterAccess Conference Secretariat, HAI-Europe,Jacob van Lennepkade 334 T, 1053 NJAmsterdam, Pays-Bas. Fax. : +31 20 68 55 002 ;mél. : [email protected]␣ site Internet : http://www.haiweb.org

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Perspectives méthodologiquespour les services de santé

L’école royale de pharmacie du Dane-mark organise du 30 janvier au 5 février2000 un cours supérieur sur les Perspectivesméthodologiques pour les services de santé.Ce cours s’adresse avant tout à des étudiants

de troisième cycle, mais toute personne qua-lifiée dans le domaine peut y participer.

Le cours aborde les thèmes suivants : con-cept de la recherche appliquée aux servicesde santé, aperçu du processus et des métho-des de recherche, recherche qualitative,éthique et recherche, méthodes d’enquête,méthodes pharmacoépidémiologiques, diffu-sion des résultats de la recherche et analysecritique d’articles.

Pour de plus amples informations, s’adresser auxresponsables du cours : Associate Professor, JanineM. Morgall. Mél : [email protected] ou ProfessorEbba Holme Hansen, [email protected]

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Prochain cours organisé parl’INRUD et le DépartementEDM

C’est au Nigéria que se tiendra du 16au 29 janvier 2000 le prochain cours orga-nisé par l’INRUD et EDM sur la rationalisationde l’usage des médicaments. Comme àl’habitude, les cours auront un caractèregrandement participatif et seront axés sur lapratique. Ils porteront sur l’identification desproblèmes liés à l’usage des médicaments,sur la mise en place d’interventions et leurévaluation, ainsi que sur la mise au point dematériels pédagogiques et de campagnesd’éducation destinés au public et auxprescripteurs.

Pour de plus amples informations, contacter :Management Sciences for Health, 1515 WilsonBoulevard, Suite 710, Arlington, VA 22209-2402, Etats-Unis. Tél. : +1 703 524 6575 ; fax :+1 703 524 7898 ; mél : [email protected]

Choix des médicaments basésur la pharmaco-économie

Un cours international sur le choix desmédicaments basé sur la pharmaco-économie se tiendra en Afrique du Sud du27 mars au 8 avril 2000. Il donnera auxparticipants un aperçu des principes et destechniques pharmaco-économiques et leurmontrera comment ces outils pourront leurservir à sélectionner et à acheter les produitspharmaceutiques destinés aux systèmes desoins de santé. Articulé autour de la résolu-tion de problèmes, le cours a été mis au pointpar un consortium international, composé deservices de pharmacologie clinique et desanté publique des Universités de Newcastleet de Sydney (Australie) et de Dundee (R-U),en collaboration avec le ManagementSciences for Health et le département EDMde l’OMS.

Les personnes intéressées devront appar-tenir au secteur universitaire ou de la santépublique, et être chargées, au niveau de lagestion ou sur le terrain, de dresser la listedes médicaments essentiels ou d’élaborer lesformulaires hospitaliers. Ils auront en outredes connaissances de base sur les principesrégissant l’estimation et l’évaluation des don-nées nécessaires au choix des médicaments.

Le prix de la formation, qui s’élève àUS$ 3 000, comprend les cours et lematériel pédagogique, l’hébergement etla nourriture ainsi que les trajets d’un site àl’autre. Les participants devront trouver leurpropre source de parrainage.

Les formulaires d’inscription sont dis-ponibles auprès de : Pharmacoeconomics

Course Secretariat, School of Pharmacy,MEDUNSA, Pretoria, Afrique du Sud. Tél. :+27-12-521 4080 ; fax : +27-12-5323992 ; mél : [email protected]ôture des inscriptions : 18 février 2000.

Pour de plus amples renseignements, s’adresser àSuzanne Hill ou David Henry, WHO CollaboratingCentre for Training in Pharmacotherapy andRational Drug Use, Discipline of ClinicalPharmacology, University of Newcastle, Australie.Mél : [email protected] ou [email protected]

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Questions de politiquepharmaceutique

Un séminaire sur les Questions de politi-que pharmaceutique dans les pays endéveloppement se tiendra en Inde du29 novembre au 10 décembre 1999. Ils’adresse aux responsables de l’élaborationdes politiques et aux hauts fonctionnaires dessystèmes pharmaceutiques des pays en dé-veloppement, ainsi qu’aux responsables dehaut rang des organismes de parrainage.

Le séminaire est organisé par laBoston University School of Public Health,le Department of Pharmacology andTherapeutics du Seth G.S Medical College,et du KEM Hospital, en collaboration avecl’OMS.

Pour de plus amples renseignements, veuillez con-tacter : Drug Policy Issues Admissions Coordinator,Boston University School of Public Health, 715Albany Street, T4W, Boston, MA 02118, Etats-Unis. Tél. : +1 617 638 5234 ; fax : +1 617 6384476 ; mél : [email protected]

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Le Point No 27, 1999

A S S E M B L E E M O N D I A L E D E L A S A N T E

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Mai 1999 : le Dr Gro Harlem Brundtland, Directeur général, s’adresse aux délégués à l’Assembléemondiale de la Santé

Assemblée mondiale de laSanté 1999

ASSEMBLÉE de cette année, la première pour le Dr Brundtland en sa qua-lité de Directeur général, s’est révélée très intense. Outre les résolutionsofficielles qui sont adoptées à chaque Assemblée, celle-ci a égalementdonné lieu à des tables rondes sur des questions de santé essentielles,

à un exposé du Professeur Amartya Sen, lauréat du prix Nobel (voir page 21),sur le rôle de la santé dans le développement et à toute une gamme d’activitésconnexes allant d’un rapport de la Banque mondiale sur l’économie du tabacà des séances d’information sur le rôle de l’OMS dans les opérations desecours dans les Balkans.

UN MEILLEUR ÉTAT DE SANTÉMOTEUR DU DÉVELOPPEMENT

« Le monde découvre rapidement com-ment l’amélioration de la santé peut être unmoteur de développement », a déclaréGro Harlem Brundtland, Directeur généralde l’OMS, aux délégués de la Cinquante-Deuxième Assemblée qui s’est tenue aumois de mai à Genève. « En Asie orientale,l’espérance de vie a augmenté de plus de18 ans au cours des deux décennies qui ontprécédé l’essor économique le plus specta-culaire de l’histoire. En répétant ce schéma,nous pourrions faire faire un nouveau bonden avant au progrès et au développementde l’humanité. »

Si elle est enthousiaste à décrire sesaspirations pour la santé mondiale, le DrBrundtland n’en oublie pas le milliard delaissés-pour-compte de la révolution sani-taire. Elle compte toutefois sur les con-naissances dont dispose la planète et sur lesmoyens de mener à bien le « programmede santé inachevé du XXème siècle ».

Maintenir les acquis sanitaires et con-trer les nouvelles menaces et la résurgencede certains problèmes sera une tâche plusardue. Mais « si nous parvenons à faire re-culer la pauvreté et à véritablement donneraux populations la possibilité de profiter dudéveloppement, de nouvelles menaces pourla santé s’ensuivront, liées aux maladies nontransmissibles, à l’allongement de l’espé-rance de vie, à l’évolution des modes de vieet à l’exposition à des dangers tels que letabac ».

De fait, si le défi premier en matière desanté publique au niveau mondial – réduirelargement la charge de surmortalité etles incapacités évitables qui pèsent sur lespauvres – relève directement de la santé,les trois autres défis exposés par le DrBrundtland sont de plus grande envergure.Ils consistent à contrer les menaces poten-tielles pour la santé qui résultent des criseséconomiques, des environnements malsainset des comportements à risque ; à mettre enplace des systèmes de santé plus efficaces ;et à investir dans le développement dela base de connaissances qui a rendupossible la révolution sanitaire du XXèmesiècle.

PROVOQUER UNCHANGEMENT TANGIBLE

Seule l’OMS est en mesure de releverces défis, a-t-elle déclaré. Dépositaire des

connaissances sur la santé publique pour lemonde entier, elle lutte également pour lasanté publique au nom de tous. La com-plexité et le caractère d’urgence des défisqui se posent à l’OMS ont convaincu le DrBrundtland qu’il était nécessaire que l’Or-ganisation fasse peau neuve. C’est le seulmoyen dont elle dispose pour « être plusefficace, plus responsable, et plus à l’écouted’un monde en pleine évolution ».

Et le Directeur général de continuer àdécrire les changements radicaux opérés auSiège à Genève depuis sa prise de fonc-tions : les anciens Départements ont étéremaniés pour former neuf Groupes (voirencadré pour plus de détails sur le GroupeTechnologie de la santé et produits) et lesressources allouées au titre des program-mes ont été reportées sur des domainesprioritaires. Dix Directeurs exécutifs (cinqfemmes et cinq hommes) représentant tou-tes les régions du monde ont été nommés.Le fait que les femmes soient massivementsous-représentées au sein de l’OMS a aboutià des efforts concertés pour que 60 pour centdes nouvelles recrues soient des femmes.Des Unités d’appui administratif –nouveauté dans le système des NationsUnies – ont été crées pour rapprocher lesoutien administratif des administrateurs, etpour soutenir et faciliter le travail technique.

La réorganisation et les nouveauxmoyens mis en œuvre ne sont pas limitésau Siège. Le Dr Brundtland a expliqué com-ment, pour la première fois dans l’histoirede l’OMS, les représentants et les chargésde liaison de l’OMS ont été conviés à pas-ser une semaine en février à Genève. Ils’agissait là des prémices d’un processus

de changement qui aidera l’Organisation àdéfinir les modalités qui lui permettrontd’opérer un changement tangible dans sontravail dans les pays et avec eux.

DES PARTENARIATSPLUS EFFICACES

Le Dr Brundtland a souligné que sil’OMS est l’organisation directrice dans ledomaine de la santé, elle n’est toutefois pasla seule : il existe d’autres protagonistesclés. Avant tout une organisation techniquequi s’emploie à soutenir les systèmes desanté durables, l’OMS a aussi un rôle decatalyseur à jouer pour mobiliser les

ressources des pouvoirs publics, des ban-ques de développement et des partenairesbilatéraux au service de la santé.

Elle attend aussi des Etats Membreseux-mêmes qu’ils redoublent d’efforts pourpromouvoir la santé et créer des conditionsfavorables au développement sanitaire, enfixant des priorités et en allouant des res-sources aux budgets de santé. Le Directeurgénéral a cité l’exemple d’un Etat Membrequi a affecté 4,9 millions de US$ au titre du

budget ordinaire de l’OMS pour couvrir lesdépenses afférentes à 428 activités priori-taires dans 44 programmes de santénationaux différents. « Ce n’est pas ainsique nous apporterons un réel changementet cette méthode devrait désormais être con-sidérée comme appartenant au passé »,a-t-elle déclaré.

En outre, d’autres acteurs du secteur dela santé sont encouragés à travailler plusétroitement avec l’OMS. L’UNICEF etl’OMS ont resserré leur collaboration pourla dernière ligne droite de la campagned’éradication de la poliomyélite. Des pour-parlers entre l’OMS et le Fonds des NationsUnies pour la population ont entraîné une

collaboration plus étroite des deux orga-nisations dans les domaines de la santésexuelle et génésique, en particulier dans lespays. Actuellement, l’OMS travaille de con-cert avec le Haut Commissariat des NationsUnies pour les Réfugiés pour résoudre le pro-blème de santé publique posé par la situationdes réfugiés dans les Balkans.

Par ailleurs, l’OMS intensifie sa coopé-ration avec la Banque mondiale et organisedes tables rondes avec des organisationsnon gouvernementales et l’industrie. Dansle même temps, elle effectue des étudesexternes et internes sur son propre pro-gramme de recherche pour s’assurer qu’elleest en mesure de faire face aux besoins dusiècle prochain, et elle achève une éva-luation de sa méthode de travail avec lescentres collaborateurs de l’OMS.

Le Dr Brundtland a insisté sur le fait quec’est la somme des efforts qui entraîneraune réelle amélioration de l’état de santé.Elle a toutefois tenu à souligner qu’ens’ouvrant à de nouveaux partenaires, l’OMSprotège les valeurs de la santé publique etpréserve son intégrité. « Nous avons besoinque des voix publiques, et vous pouvezcompter l’OMS parmi ces voix, prennentla défense de tous ceux qui sont privés deleur droit à la santé », a-t-elle conclu. ❏

Programme d’Action pour lesMédicaments essentiels

Division de la Gestion et desPolitiques pharmaceutiques

Programme mondial desVaccins et Vaccinations

Conseiller en informatique

Programme sur laTechnologie de la Santé

Médicaments essentiels etPolitique pharmaceutique(EDM)

Vaccins et produitsbiologiques (V&B)

Sécurité transfusionnelle ettechnologie clinique (BCT)

Naissance du Groupe Technologiede la santé et produits pharmaceutiques

GroupeHTP

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Le Point No 27, 1999

M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T

Professeur Sen

On m’a demandé detraiter de la question –difficile s’il en est – desliens entre la santé et ledéveloppement. Sur uncertain plan, la réponse àcette question est sim-ple : il est bien évidentque l’amélioration de lasanté des gens doit êtreconsidérée plus ou moinsuniversellement comme

Mieux comprendre le développementAllocution d’orientation prononcée par le Professeur Amartya Sen, à l’Assemblée mondiale de la Santé de 1999

l’un des principaux objectifs du processusde développement. Mais le simple fait dereconnaître cette évidence ne nous mènepas très loin. Bien d’autres questions doi-vent être posées. Quelle est l’importancede la santé dans les objectifs du déve-loppement ? Le processus général decroissance économique, qui suppose uneélévation du revenu national réel parhabitant, offre-t-il les meilleures condi-tions pour promouvoir la santé ou faut-ildissocier l’objectif de promotion de lasanté du processus de croissance écono-mique considéré isolément ? Tous leséléments positifs sont-ils implicites dansle processus de développement ou y a-t-ildes choix à faire et des priorités à définir ?Comment notre souci d’équité se traduit-ildans le domaine de la santé et des soinsde santé ?

S’il existe un rapport entre la richessed’une part, et notre santé, notre longévitéet d’autres accomplissements de l’autre, celien peut être ou ne pas être très solide etrisque fort de dépendre dans une grandemesure d’autres éléments. La questionn’est pas tant celle de l’immortalité que lacapacité de vivre vraiment longtemps(sans avoir été fauché dans sa jeunesse) etd’avoir une vie agréable (plutôt qu’une viede misère et d’oppression).

Ce qui fait l’utilité de la richesse, c’estce qu’elle nous permet de faire c’est la li-berté qu’elle nous donne, notamment cellede vivre longtemps et bien. Mais cette re-lation n’est ni exclusive (puisque notre vieest influencée par d’autres facteurs impor-tants que la richesse), ni uniforme (puisquela manière dont la richesse influence notrevie varie en fonction d’autres paramètres).Il est tout aussi important de reconnaître lerôle crucial que joue la richesse dans lesconditions de vie et la qualité de la vie qued’apprécier le caractère variable et aléatoirede cette relation. On ne conçoit bien ledéveloppement que si l’on se place très au-delà de l’accumulation de richesses et dela croissance du produit national brut oud’autres variables liées au revenu.

Dénuement relatif et absoludes Afro-américains

Il est tout à fait remarquable que ledénuement dans lequel vivent certainsgroupes dans des pays très riches soitcomparable à celui que l’on observe dansce qu’il est convenu d’appeler le “tiersmonde”. Par exemple, aux Etats-Unis, lesAfro-américains en tant que groupe n’ontpas plus de chances – ils en ont mêmemoins – d’atteindre un âge avancé que lespersonnes nées dans des régions cent foisplus pauvres comme la Chine ou l’Etatindien du Kerala (ou encore à Sri Lanka,en Jamaïque ou au Costa Rica).

Même si le revenu par habitant desAfro-américains aux Etats-Unis est bieninférieur à celui des Blancs, il est évidem-ment maintes fois plus élevé que celui deshabitants de la Chine ou du Kerala (mêmeaprès ajustement en fonction de la diffé-rence du coût de la vie). A cet égard, il estparticulièrement intéressant de comparerles chances de survie des Afro-américainset celles des Chinois ou des Indiens duKerala, beaucoup plus pauvres. Les chan-ces de survie dans les toutes premièrestranches d’âge (notamment en termes demortalité infantile) sont généralementmeilleures pour les Afro-américains quepour les Chinois ou les Indiens, mais lasituation change avec l’âge.

Il se trouve que les Chinois et lesIndiens du Kerala vivent nettement

plus longtemps que leshommes noirs améri-cains. De même, leschances de survie dansles dernières tranchesd’âge sont les mêmespour les Afro-américainesque pour les Chinoises,pourtant bien pluspauvres, et nettementinférieures à celles desIndiennes les plus pau-

vres du Kerala. Les Noirs américains nevivent pas seulement dans un dénuementrelatif en termes de revenu par habitantpar rapport aux Blancs américains ; leurdénuement est aussi plus grand en termesabsolus que celui des Indiens à faible re-venu du Kerala (tant les femmes que leshommes) et des Chinois (pour ce quiconcerne les hommes) si l’on considèreleurs chances d’atteindre un âge avancé.Ces contrastes (entre les conditions de vied’après le revenu par habitant et les condi-tions de vie d’après les chances d’atteindreun âge avancé) sont dus entre autres aucontexte social et à des éléments de la viecommunautaire tels que la couverturemédicale, les soins de santé publique,l’enseignement élémentaire, l’ordre public,la violence, etc.

[Ce] contraste porte sur la populationafro-américaine dans son ensemble, la-quelle constitue un groupe très important.Si nous étudions plutôt les Afro-américainsqui vivent dans des groupes particulière-ment défavorisés de la communauté, lecontraste est encore bien plus net. Si l’onprend, par exemple, la population afro-américaine masculine du district deColumbia, de St. Louis, de New York oude San Francisco, on s’aperçoit qu’elle selaisse distancer par la population chinoiseou du Kerala très tôt dans la vie. Et cemalgré le fait qu’en termes de revenu parhabitant, sur lequel sont axées les étudesordinaires relatives à la croissance et audéveloppement, les Afro-américains sontbien plus riches que la population pauvreavec laquelle ils sont comparés en termesde survie.

Ces exemples sont certes frappants,mais il serait également juste de noter qu’engénéral, la longévité tend à augmenter avecle revenu par habitant. N’y a-t-il pas là unecontradiction ?

En fait il n’y en a pas. Toutes choseségales par ailleurs, il est vrai qu’un revenuplus élevé rend un individu ou une com-munauté mieux à même d’échapper à lamort prématurée et à la morbidité évitable.Mais les autres facteurs ne sont en généralpas les mêmes. Aussi le revenu a-t-il uneinfluence positive, et pourtant – à cause dela diversité des autres facteurs (y comprisles établissements de santé, les soins desanté publique, l’accès à l’éducation, etc.)il existe un grand nombre de cas dans les-quels des gens bien plus riches viventbeaucoup moins longtemps que des gensplus pauvres et sont dépassés par ceux-cipour ce qui est des chances de survie. Ilserait tout aussi stupide de prétendre qu’unrevenu plus élevé ne contribue pas à amé-liorer la santé et à multiplier les chancesde survie que de dire qu’il constitue leseul facteur favorisant. D’autre part, unemeilleure santé et de meilleures chances desurvie permettent bien, dans une certainemesure, d’améliorer son revenu (touteschoses égales par ailleurs, mais là encore,ces autres facteurs ne sont pas toujourscomparables).

Développement sanitaireinduit par la croissance

On fait souvent remarquer que, si lestaux de longévité et de revenu par habitantne concordent pas systématiquement, néan-moins, si l’on fait une moyenne, un grandnombre d’indicateurs tirés des comparai-sons interpays montrent qu’en généralrevenus et espérance de vie vont de pair. Apartir de cette généralisation, certains com-mentateurs sont peut-être allés un peu viteen besogne en déclarant que le progrès

économique était déterminant dansl’amélioration de la santé et l’accroisse-ment de la longévité.

L’argument relatif aux relations statis-tiques interpays, prises isolément, est toutà fait correct, mais nous devons étudier cesrelations statistiques de manière plus ap-profondie avant de pouvoir nous appuyersur celles-ci avec la conviction qu’il fautconsidérer le revenu comme le déterminantfondamental de la santé et de la longévitéet rejeter la pertinence des arrangementssociaux (en allant au-delà de la richesseprovenant du revenu).

Il est intéressant, dans ce contexte, dementionner certaines analyses statistiquesqui ont récemment été présentées parSudhir Anand et Martin Ravallion.1 En sebasant sur les comparaisons interpays, ilsconcluent que l’espérance de vie est biencorrélée avec le PNB par habitant, mais quecette relation est due essentiellement àl’impact du PNB sur 1) les revenus despauvres en particulier et 2) les dépensespubliques et notamment celles relatives auxsoins de santé. En fait, une fois que cesdeux variables ont, elles, été incluses dansl’exercice statistique, on ne gagne pasgrand-chose à prendre également encompte le PNB par habitant. La pauvretéet les dépenses publiques en matière desanté étant des variables qui suffisent à el-les seules à expliquer les choses, la relationstatistique entre le PNB par habitant et l’es-pérance de vie semble de fait s’évanouircomplètement.

Soulignons que cela ne veut pas direque l’espérance de vie n’est pas amélioréepar la croissance du PNB par habitant, maisque la corrélation qui existe entre les deuxest fonction en particulier des dépensespubliques dans le secteur des soins de santéet du succès de la lutte contre la pauvreté.La manière dont on utilise les fruits de lacroissance est déterminante.

Pour toutes sortes de raisons histori-ques, y compris l’importance donnée àl’éducation élémentaire et aux soins desanté de base, ainsi que la mise en oeuvreà un stade précoce de réformes agrairesefficaces, une large participation économi-que de la population a été plus facile àréaliser dans de nombreux pays d’Asieorientale et d’Asie du Sud-Est que, disons,au Brésil ou en Inde ou encore au Pakistan,où la création de possibilités de dévelop-pement social a été beaucoup plus lente,ce qui a fait obstacle au développementéconomique. L’élargissement de ces pos-sibilités de développement social a facilitéun développement économique créateurd’emplois et a aussi favorisé la réductiondes taux de mortalité et l’allongementde l’espérance de vie. Le contrasteavec d’autres pays à forte croissance,comme le Brésil, qui ont une croissancedu PNB par habitant presque comparable,mais qui ont aussi tout un passé de gravesinégalités sociales, de chômage et de ca-rence de la santé publique, est saisissant.Les gains de longévité dans ces autres éco-nomies à forte croissance ont été beaucoupplus lents.

Le processus « induit par la crois-sance » passe par une croissance éco-nomique rapide et son succès dépend del’assise de la croissance, qui doit être largeet économiquement diversifiée, ainsi quede la manière dont la prospérité économi-que accrue sera utilisée pour développerles services sociaux pertinents.

Allocations publiques,bas revenus et coûts relatifs

Le processus s’appuyant sur l’aiden’est pas subordonné à une augmentationspectaculaire du revenu réel par habitant :il donne la priorité à des prestations quiréduisent la mortalité et améliorent laqualité de la vie. Nous pourrions, à titred’exemple, considérer le produit nationalbrut (PNB) par habitant et l’espérance devie à la naissance dans six pays (Chine,Sri Lanka, Namibie, Brésil, Afrique du Sud

et Gabon) et un grand Etat de 30 millionsd’habitants, le Kerala (Inde). Malgrédes revenus très faibles, les habitants duKerala, de la Chine ou de Sri Lanka ontune espérance de vie à la naissanceconsidérablement plus élevée que les po-pulations beaucoup plus riches du Brésil,de l’Afrique du Sud et de la Namibie, sansparler du Gabon. Cette inégalité va mêmedans des sens opposés si l’on compare leKerala, la Chine et Sri Lanka d’un côté, etle Brésil, l’Afrique du Sud, la Namibie etle Gabon de l’autre. Les écarts dans l’es-pérance de vie étant liés à diversesopportunités sociales essentielles au déve-loppement (politiques épidémiologiques,soins de santé, instruction, etc.), une con-ception axée sur le revenu ne permet pas, àelle seule, d’appréhender dans sa globalitéle processus du développement.

Les habitants des pays pauvres,certes, sont continuellement désavan-tagés par de nombreux handicaps; l’adver-sité revêt de multiples visages. Pourtant,quand il s’agit de santé et de survie, rienpeut-être n’a une importance aussi immé-diate dans beaucoup de pays pauvres dumonde aujourd’hui que l’insuffisance desservices médicaux et des prestations desanté.

Economie et politiquedes soins de santé

Ici, le véritable ennemi n’est pas laprudence financière. Ce contre quoi devraitprévenir le conservatisme financier c’est enfait l’utilisation des deniers publics à desfins dont l’intérêt social est loin d’être évi-dent, par exemple les dépenses militairesmassives dans de nombreux pays pauvres.Il est révélateur du monde fou dans lequelnous vivons que le médecin, le maîtred’école ou l’infirmière se sente davantagemenacé par le conservatisme financier, quene le sont le Général ou un Commandantde l’Armée de l’Air. C’est en exigeant descomptes sur les coûts et les avantages deces activités concurrentes et non en s’enprenant à la prudence financière que l’onparviendra à corriger cette anomalie.

Cette question importante concerneégalement deux éléments essentiels de lavie sociale, à savoir la reconnaissance duprincipe de la participation et la nécessitéd’analyser scrupuleusement les argumentséconomiques. Si les ressources vont systé-matiquement à l’armée aux dépens de lasanté et de l’éducation, le remède ne peutêtre en définitive qu’un débat public éclairésur ces questions et, finalement, sur le rôleque peut jouer l’opinion dans l’améliora-tion des conditions de vie et non dansl’efficacité des instruments de mort. Rienn’est peut-être plus important pour l’allo-cation de ressources en faveur des soins desanté que l’instauration d’un débat publicéclairé et l’existence de rouages démocra-tiques pour mettre à profit les leçons tiréesd’une meilleure connaissance des choixque doivent faire les habitants de tous lespays.

Le deuxième point, c’est une analyseéconomique minutieuse. Il importe en ef-fet de voir que l’argument souvent avancépour s’opposer à une concentration rapidedes ressources sur les soins de santé est dela fausse logique économique. On prendsouvent prétexte du manque de ressourcespour différer des investissements impor-tants sur le plan social jusqu’à ce que lepays soit devenu plus riche. La viabilité dece processus « s’appuyant sur l’aide » estliée au fait que les services sociaux perti-nents (soins de santé et enseignement debase, notamment) sont des services à forteintensité de main-d’oeuvre, c’est-à-direrelativement peu coûteux dans une écono-mie pauvre où les salaires sont bas. Uneéconomie pauvre pourra avoir moins d’ar-gent à dépenser pour les soins de santé etl’enseignement, mais d’un autre côté elleaura également besoin de moins d’argentpour obtenir les mêmes services, servicesqui seraient d’un coût beaucoup plus élevédans des pays plus riches.

Une remarquepour conclure

Ceux qui se posent la question de sa-voir si une meilleure santé est un boninstrument de développement négligentpeut-être l’aspect le plus fondamental dela question, à savoir que santé et dévelop-pement sont indissociables ; il n’est pasnécessaire d’instrumentaliser la santé pourétablir sa valeur, c’est-à-dire d’essayer demontrer qu’une bonne santé peut égale-ment contribuer à stimuler la croissanceéconomique.

Tout le reste étant acquis, santé etprospérité économique ont tendance à serenforcer mutuellement. Une bonne santépermet de gagner plus facilement sa vie et,lorsqu’on bénéficie d’un revenu élevé, onse fait plus volontiers soigner, on se nour-rit mieux et on peut choisir de mener unevie plus saine.

« Tout le reste » n’est pas acquiset l’amélioration de la santé peut bénéfi-cier de divers types d’action, notammentdes politiques menées par les pouvoirspublics (par exemple la mise en placed’un système de soins). S’il semble yavoir en général une bonne corrélationentre le progrès économique et l’obtentiond’un bon état de santé, certains facteurstenant à la politique générale ont uneffet négatif. En effet, l’utilisation quiest faite des ressources supplémentairesdégagées par la croissance économiquejoue un rôle déterminant, en particulierle fait d’utiliser ou non ces ressourcessupplémentaires pour développer suffi-samment les services publics et atténuerla pauvreté. Promouvoir la santé en s’ap-puyant sur la croissance va bien au-delàd’un simple accroissement du taux decroissance économique.

Même lorsqu’une économie est pau-vre, on peut améliorer la santé dansd’importantes proportions en utilisant lesressources disponibles d’une manière quisoit socialement productive. Il est extrême-ment important à cet égard d’examiner,d’un point de vue économique, le coût re-latif des traitements médicaux et de ladistribution des soins de santé. Etant donnéque les soins de santé sont un processus àtrès forte intensité de main-d’oeuvre, leséconomies où les salaires sont bas ont unavantage relatif à allouer davantage deressources – et en tout cas pas moins – auxsoins de santé.

Enfin, le problème de l’affectation so-ciale des ressources économiques ne peutêtre dissocié du rôle que peuvent jouer unepolitique de participation et un débat pu-blic éclairé. Le conservatisme financierdevrait être le cauchemar du militariste etpas celui du médecin, de l’instituteur ou del’infirmière. Si le médecin, l’instituteur oul’infirmière pensent qu’ils ont plus à crain-dre des problèmes de ressources que lesresponsables militaires, c’est partiellementde notre faute à nous, le public, qui lais-sons les militaristes faire accepter cespriorités extravagantes.

Pour terminer, il n’y a rien de plus im-portant qu’un débat public éclairé et quel’action de tout un chacun pour faire chan-ger les choses dans le sens d’une protectionde notre existence et de nos libertés. Lepublic ne doit pas se considérer comme unsimple patient, mais bien comme un acteurdu changement. Le prix à payer pour l’inac-tion et l’apathie, ce peut être la maladie etla mort.

* Le Professeur Amartya Sen estle lauréat 1998 du prix Nobeld’Economie.

Référence

1. Sudhir Anand et Martin Ravallion. “Humandevelopment in poor countries: on the roleof private incomes and public services”,Journal of Economic Perspectives, 7 (1993).

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Ces jeunes Brésiliens n’ont pas peur de se mouiller les pieds pourdélivrer des médicaments. L’irrégularité de l’approvisionnement a étéun des facteurs qui a incité le Gouvernement à mettre au point unepolitique pharmaceutique nationale

En attendant des jours meilleurs : un jeunepatient brésilien prend une solution deréhydratation orale

Encadré 1Points principaux de la politique

pharmaceutique nationale du BrésilLes huit principes directeurs1. Adopter la liste nationale des médicaments essentiels.2. Intensifier les contrôles sanitaires et promouvoir la réglementation pharmaceutique.3. Donner une nouvelle direction à l’assistance pharmaceutique, en insistant sur la

décentralisation de la gestion des médicaments essentiels.4. Rationaliser l’utilisation des médicaments essentiels.5. Promouvoir la recherche scientifique et technologique.6. Promouvoir la production pharmaceutique, en insistant pour que la production et la

fourniture de médicaments essentiels soient confiées à des entreprises publiques.7. Garantir l’innocuité, l’efficacité et la qualité des médicaments.8. Développer le potentiel humain et former le personnel pour une mise en œuvre

efficace de la politique pharmaceutique nationale.

Les quatre priorités actuelles1. Réviser la liste nationale des médicaments essentiels.2. Pour l’achat des médicaments par les Etats ou les municipalités, donner une nouvelle

direction à l’assistance pharmaceutique en créant des mécanismes de financement(financement du Gouvernement fédéral à concurrence de 50 % et de l’état ou de lamunicipalité à hauteur de 50 %)

3. Rationaliser l’usage des médicaments essentiels par des activités diverses, dontl’adoption de la liste nationale des médicaments essentiels, l’homologation etl’utilisation de médicaments génériques et des campagnes d’éducation.

4. Réorganiser les activités de surveillance dans le domaine pharmaceutique.

Promotion des médicaments essentiels :le Brésil ouvre la voie avec sa politiquepharmaceutique nationale

➢ JOÃO YUNES*

N termes de volume, le marchépharmaceutique brésilien se placeparmi les cinq plus grands marchésdu monde. Sur la seule année 1996,

il a produit l’équivalent de 9,6 milliards deUS$, employé 47 100 personnes et drainél’équivalent de 200 millions de US$d’investissements. Les statistiques sur lespharmacies du pays sont tout aussi impres-sionnantes. En prenant en compte lespharmacies d’hôpital et les pharmacies ho-méopathiques, on en dénombre 50 000 autotal, qui vendent chaque année 5 200 pro-duits pharmaceutiques différents sous 9 200formes galéniques. Mais ces ressourcessanitaires pourraient être mieux exploitées.

Usage des médicaments :vue d’ensemble

Au Brésil, l’automédication relève dela tradition. Cette pratique présente en soides avantages : possibilité d’apporter dessoins de santé jusque dans les régions rura-les et reculées, faibles coûts de ces soins etplus grande capacité à résoudre de manièreautonome les problèmes de santé. Mais ellea aussi ses inconvénients : un usage irra-tionnel et exagéré des médicaments, quirisque de s’aggraver au vu des changementsdans le tableau des maladies transmissibleset non transmissibles, et des tendances dé-mographiques telles que le vieillissement.Il en résulte une plus grande utilisation desmédicaments, et un usage simultané de plu-sieurs médicaments pour traiter diversmaux. Parallèlement, des procédures thé-rapeutiques et des médicaments nouveauxplus coûteux ont fait augmenter les

dépenses pharmaceutiques, au détrimentdes autres besoins de soins de santé.

L’usage irrationnel des médicamentss’explique entre autres facteurs par le faitque les médecins ne prescrivent pas lesmédicaments figurant sur la liste nationaledes médicaments essentiels, comme en té-moigne le grand nombre de noms de marqueet de formats disponibles. Autre extrême,l’approvisionnement irrégulier en médica-ments contribue à rendre moins efficacesles soins de santé dispensés dans lesservices ambulatoires.

Conscient de la nécessité d’agir avecfermeté pour améliorer la situation pharma-ceutique du pays, le Ministère de la Santédu Brésil a mis en place une politique phar-maceutique nationale. Il espère ainsi créerdes conditions favorables à l’intégration dessoins pharmaceutiques dans le systèmenational de santé (Sistema Único de Saúde– SUS) et faire face aux problèmes relatifsà la disponibilité, la qualité, l’innocuité, lecoût et l’usage rationnel des médicamentsainsi qu’à la protection du consommateur.

La politique pharmaceutique a été lan-cée en novembre 1998, après une largeconsultation des parties prenantes : Minis-tère de la Santé, représentants de l’OMS/OPS-Brésil, consultants étrangers, Secrétai-res à la santé des Etats et des municipalités,industrie pharmaceutique, ordres profes-sionnels et associations de consommateurs.C’est le Conseil sanitaire national qui aentériné la politique (voir encadré 1).

Elargir l’accès auxgénériques et les fairemieux connaître

La politique pharmaceutique nationalesouligne la nécessité de garantir à

l’ensemble de la popula-tion des médicaments sûrs,efficaces, économiqueset de qualité. Pour com-mencer, les listes demédicaments essentielsdes Etats et des municipa-lités s’inspireront de laliste nationale des médi-caments essentiels (avectoutefois quelques modifi-cations tenant compte dutableau des maladies auniveau local). Cette der-nière servira également àorienter la production demédicaments ainsi que larecherche et le développe-ment technologiques. Laliste elle-même pourra êtrerévisée, pour prendre en compte plus parti-culièrement les médicaments utilisés dansles services ambulatoires.

Compte tenu de la volonté de garantirl’accès aux médicaments, la politiquepharmaceutique nationale met égalementl’accent sur les génériques et oblige à men-tionner les dénominations génériques dansles soumissions, les propositions, les con-trats et les factures ainsi que dans tous lesachats du secteur public. On encouragerala production, la vente, la prescription etl’utilisation des génériques par le biaisd’approches intersectorielles puisqueles questions relatives aux génériques –relatives à leur commerce par exemple– ne se limitent pas au secteur de la santé.Il incombe tout particulièrement au Minis-tère de la Santé d’appuyer la production desgénériques.

On facilitera l’accès aux médicamentsen rendant le système de distribution plusefficace et en adoptant des initiatives visantà réduire leur prix. Le Ministère de la Jus-tice et le Ministère de la Santé coopérerontpour surveiller le prix des médicaments etprévenir d’éventuels abus.

Une utilisation plusrationnelle des médicaments

Choisir les médicaments en fonction dela liste nationale des médicaments essen-tiels reviendra déjà à rationaliser leur usage.Mais d’autres mesures peuvent aller dansce sens. On pourra par exemple se fondersur la version révisée des protocoles etdes schémas thérapeutiques standardisés etencourager l’adoption de bonnes pratiquesen matière d’achat, d’entreposage, dedistribution et de contrôle de la qualité.

Les habitudes de prescription et dedispensation seront étudiées de près afind’être améliorées si nécessaire, en mettantl’accent par exemple sur les répercussionssociales et économiques de la prescriptionirrationnelle dans le cas des maladies cou-rantes, au niveau des services ambulatoiresnotamment. Précisément, des campagnesd’éducation du consommateur et des forma-tions destinées aux prescripteurs et auxdispensateurs feront mieux connaître au pu-blic et aux professionnels les risques associésà l’automédication, à l’interruption ou à lamodification d’un traitement. L’élaborationd’un formulaire national et la mise en oeuvred’activités dans le domaine de la pharmaco-épidémiologie et de la pharmacosurveillanceviendront étayer les efforts entrepris en fa-veur de l’usage rationnel des médicaments.

La promotion de l’usage rationnel pas-sera également par le contrôle de la publicitépour les produits pharmaceutiques, qu’ellecible la communauté médicale, les pharma-ciens ou la population. Ces messagespublicitaires devront être conformes à laréglementation en vigueur, aux principeséthiques publiés par le Conseil sanitairenational et aux normes éthiques reconnuespar la communauté internationale régissantla promotion des médicaments.

Mise en œuvre de la politiqueUn certain nombre de mesures ont déjà

été prises en vue de la mise en œuvre de lapolitique pharmaceutique nationale. Parexemple, 300 professeurs de pharmacie ont

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Le Point No 27, 1999

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Brésil... suite de la page 22

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Vieille ville d’Amman, capitale de la Jordanie. La nouvellepolitique pharmaceutique nationale se traduit par des mesuresconcrètes, et toute la population y gagne

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Encadré 2Coopération avec

d’autres secteurs quecelui de la santé

Pour la mise en œuvre de la politiquepharmaceutique, le Ministère de laSanté collaborera avec :◆ le Ministère de la Justice, pour

l’adoption d’une loi antitrust,l’instauration de la libre concurrenceet la protection des droits duconsommateur ;

◆ le Ministère de l’Education et desSports, pour modifier les pro-grammes d’enseignement desprofessionnels de la santé et mettreen œuvre des activités visant àdonner des cours aux étudiants,aux parents et aux professeurs surl’usage rationnel ;

◆ les Ministères de l’Economie et dela Planification, pour suivre lesfluctuations de l’indice des prix desmédicaments essentiels ;

◆ le Ministère des Affaires étrangères,de la Science et de la Technologie,ainsi qu’avec les organismesinternationaux, pour créer desmécanismes encourageant lacoopération technique, scientifiqueet technologique dans le domainepharmaceutique.

participé à des ateliers d’information sur lapolitique. La liste nationale des médi-caments essentiels a été révisée et publiée,et un groupe constitué pour la réviser et lamettre à jour. On a procédé à l’élaborationd’un formulaire national qui est actuelle-ment testé sur le terrain. Le personnel duProgramme OMS/OPS pour les médica-ments essentiels au Brésil a grandementparticipé à l’élaboration de la liste et duformulaire. Il a également apporté un ap-pui technique en vue de l’adoption d’unelégislation en la matière. A titre d’exemple,le projet de loi sur les médicaments généri-ques a été voté et promulgué. Celui-cioblige à mentionner le nom génériquedu médicament sur tous les emballages,sur toutes les étiquettes et dans tous lesmessages publicitaires. Il rend égalementobligatoire l’utilisation du nom génériquedans toutes les soumissions destinées ausecteur public, et dans les contrats de venteet autres documents de ce type. Plus im-portant encore, les autorités sanitaires sonttenues d’adopter une réglementation surles critères applicables à l’homologation,à la bio-disponibilité et à l’équivalencethérapeutique des génériques.

En termes d’achat et de distribution,chacun des 27 Etats du Brésil a mis sur piedun plan annuel. Ces plans couvrent environ5 500 municipalités et jouent un rôledéterminant dans la décentralisation del’assistance pharmaceutique. Ils ont déjà étéapprouvés par le Ministère de la Santé etsont actuellement mis en œuvre.

Conscient que la mise en œuvre de lapolitique ne se fera pas sans une planifica-tion minutieuse, le Ministère de la Santé acréé un groupe consultatif d’assistance phar-maceutique au sein du Secrétariat chargé despolitiques sanitaires et une agence nationalede surveillance sanitaire. Le Ministère de laSanté envisage quant à lui de collaborer avecd’autres ministères et avec des organismesappartenant à des secteurs autres que celuide la santé (voir encadré). ❏

* Le Dr João Yunes est Secrétaire chargé despolitiques de santé auprès du Ministère dela Santé du Brésil.

La Jordanie s’apprête àmettre en oeuvre sa politiquepharmaceutique nationale

Priorités de la politique nationale␣◆ ◆ ◆

◆ réviser et actualiser la législation et laréglementation pharmaceutiques ;

◆ accorder à la Direction pharmaceutiqueun statut semi-autonome ;

◆ réorganiser le laboratoire de contrôlede la qualité ;

◆ appuyer l’industrie pharmaceutiquenationale ;

◆ mettre en place un Conseil de coordina-tion des achats groupés pour le secteurpublic et quantifier les besoins ;

◆ créer une société commerciale auto-nome pour l’approvisionnement enmédicaments ;

◆ entreprendre une analyse coûts-bénéfices de l’usage des génériques etde la substitution par des génériques ;

◆ étudier les répercussions des change-ments sur la politique des prix desmédicaments ;

◆ surveiller la mise en œuvre de lapolitique des médicaments essentiels,en particulier l’utilisation des listes demédicaments essentiels à tous lesniveaux du système de santé publique ;

◆ étudier l’effet du vieillissement de lapopulation sur l’usage des médica-ments.

➢ MARTHE EVERARD*

IEN que le Royaume hachémite deJordanie souffre de la récessionéconomique mondiale, ses indica-teurs sociaux et sanitaires n’en sont

pas moins impressionnants, témoignant duprofond engagement du Gouvernementpour les programmes sanitaires, éducatifset autres programmes sociaux. Le tauxd’alphabétisation est supérieur à 80 %, etmalgré des ressources économiques et na-turelles limitées, le pays compte un grandnombre de personnes qualifiées.

La Jordanie tente actuellement de sur-monter les difficultés économiques qu’elletraverse en mettant en place des réformes.Le pays se dirige vers une économie demarché basée sur la concurrence, tout enétant fermement déterminé à asseoir lesacquis du système social. La réforme dusystème de santé occupe une place centraledans les plans nationaux et la Banque mon-diale apporte l’appui technique et financiernécessaire. Si le système de santé couvrerelativement bien (80 %) les quatre millionsd’habitants et que les résultats sont probantsen matière de santé, les prestations sontcoûteuses. Les services de santé sont inef-ficaces pour tout ce qui touche à la gestionen général, aux achats, à l’entreposage et àla distribution, à la politique des prix et àl’usage rationnel des médicaments.

En janvier 1997, la Jordanie a lancé unprojet de réforme du secteur de la santé,dans le but de consolider les points forts dusystème. Les réformes s’attachent à :

➤ améliorer les structures de gestion dessecteurs public et privé ;

➤ promouvoir l’efficacité, par l’introduc-tion de stratégies visant à réduire le coûtdes prestations de soins de santé ;

➤ améliorer la pratique clinique et lessoins pharmaceutiques, par l’assurancede la qualité ;

➤ élargir l’accès financier et géographiqueaux services de santé.

Elaboration d’une politiquepharmaceutique nationale

La Banque mondiale ayant fixé commecondition préalable à son aide qu’une poli-tique pharmaceutique nationale soit mise enplace, les travaux de rédaction ont com-mencé dans la première moitié de 1997. Ontparticipé à son élaboration des membres dedivers Départements du Ministère de laSanté, des enseignants des facultés demédecine et de pharmacie, les Servicesmédicaux du Royaume, l’industrie pharma-ceutique locale, des sociétés d’importationprivées et des grossistes et des pharmaciensd’officine. L’OMS a apporté un appuitechnique.

Accord sur le cadre généralEn octobre 1997, le projet de politique

a officiellement été soumis à la critique du

Ministère de la Santé et des rencontres ré-gulières ont eu lieu avec les diverses partiesconcernées. La politique a été adoptée enjuillet 1998, et fournit un cadre général audéveloppement du secteur pharmaceutiquejordanien.

La politique a pour but de :

➤ garantir l’accès à des médicaments etvaccins essentiels bon marché ;

➤ garantir l’innocuité, l’efficacité et laqualité des médicaments ;

➤ rationaliser l’usage des médicaments parles praticiens et la population ;

➤ apporter son soutien à l’industrie phar-maceutique nationale, en mettantl’accent sur les médicaments essentiels.

Couverture médiatiqueEn novembre 1998, la nouvelle politi-

que a été présentée à l’occasion d’un ateliernational a donné quelque 300 membres duGouvernement, représentants des asso-ciations de consommateurs et acteurs dusecteur privé. Ouvert par le Ministère de laSanté, l’atelier a été largement couvert parles médias et à donné lieu à des émissionsradiodiffusées et télévisées sur l’importancede la politique.

Plan d’action réalisteLe Comité chargé de la politique phar-

maceutique nationale a mis sur pied unplan global de mise en œuvre sur cinq ans.Celui-ci classe les activités par ordre

d’importance, désigne l’or-gane responsable, et prévoitle calendrier et le budget. LeComité a pris soin de ne pasdéfinir des activités trop am-bitieuses ou irréalistes aucours de la première phase quis’achèvera en 2003. Un Co-mité indépendant de suivi etd’évaluation supervisera lamise en œuvre de la politique.

La politique pharmaceuti-que nationale de Jordanie estle fruit d’années de prépara-tion, de travail assidu et d’unevaste consultation, et n’auraitpas vu le jour sans le profondengagement du Gouverne-ment. Ses bases devraient êtresuffisamment solides pour quele pays parvienne à réformerle secteur pharmaceutiquecomme il l’entend. ❏

* Marthe Everard s’est rendueen Jordanie en tant que Con-sultant temporaire de l’OMS en1997 et 1998. Elle dirigeaitalors le Centre collaborateurde l’OMS, The Robert GordonUniversity, Aberdeen, Ecosse,R-U.

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Le Point No 27, 1999

V I E N T D E P A R A I T R E

ImportantLe Département Médicaments essentiels et Politiquepharmaceutique n’est pas en mesure de fournir lespublications présentées dans ces pages, sauf

mention contraire.Veuillez écrire à l’adresse figurant au bas dechaque article.

Quality Control Methods for Medicinal Plant Materials, World HealthOrganization, 1998, 115 p.

Les plantes sont largement utiliséesdans les pays développés et en développement :remèdes « maisons », médicaments sansordonnance et matières premières pour le marchépharmaceutique. Elles représentent une partimportante du marché mondialdes médicaments. Il est doncessentiel d’établir des directivesreconnues au niveau inter-national en vue de l’évaluation dela qualité des matières végétalesmédicinales. Ce manuel décritune série de tests permettant unetelle évaluation. On y trouveen outre des procédures visantà encourager l’élaboration denormes nationales fondées sur lesconditions des marchés locaux,dans le respect de la législationnationale en vigueur ainsi que des

normes nationales et régionales. Ces tests sontavant tout destinés à être utilisés par leslaboratoires nationaux de contrôle de la qualitédes médicaments dans les pays endéveloppement et complètent ceux qui sont

décrits dans la PharmacopéeInternationale.

Outre ces méthodes d’essai,le manuel fait des suggestionsconcernant les limites généralesà appliquer aux contaminants,destinées à servir de référencepour établir les limites nationales.

Disponible auprès de l’Organisa-tion mondiale de la Santé, Dis-tribution et Vente,1211 Genève 27,Suisse. Prix : Fr.s. 35, US$ 31,50et Fr.s. 24,50 dans les pays endéveloppement.

Traitements antirétroviraux : Modules d’information, Organisation mondialede la Santé, ONUSIDA, WHO/ASD/98.1, 1998.

La récente mise au point de nouveaux antirétroviraux a été source d’espoir, notamment en matièrede trithérapies, avec la mise au point d’un inhibiteur de protéases. Grâce à ces médicaments, lespersonnes vivant avec le VIH/SIDA peuvent espérer vivre mieux et plus longtemps.

En réponse à des demandes d’information au sujet de ces traitements et afin de per-mettre aux professionnels de la santé et aux gouvernements de prendre des décisions et defournir des indications techniques, l’OMS a publié, en collaboration avec l’ONUSIDA, unensemble de neuf modules d’informations.

Ces modules traitent des sujets suivants : intro-duction aux traitements antirétroviraux ; introductiondes traitements antirétroviraux dans les systèmes desanté nationaux – considérations économiques ; traite-ments antirétroviraux – planification et intégrationaux services de santé ; utilisation sûre et efficace desantirétroviraux ; normes des laboratoires pour l’utilisa-tion sûre et efficace des antirétroviraux ; utilisationd’antirétroviraux pour réduire la transmission mère-enfantdu VIH ; traitements suivant l’exposition au VIH ;antirétroviraux : réglementation, distribution et suivi ;questions éthiques et sociales liées aux traitementsantirétroviraux.

Disponible en anglais et en français auprès de l’Organi-sation mondiale de la Santé, Distribution et Vente. Prix :Fr.s. 28/US$ 25,20 et Fr.s. 19,60 dans les pays en développe-ment. Des exemplaires sont disponibles gratuitement dans lespays en développement auprès de l’Organisation mondialede la Santé, HIV/AIDS/STI, 1211 Genève 27, Suisse.

WHO Expert Committee on Specifications for Pharmaceutical Preparations,35th report, Technical Report Series No.885, World Health Organization, 1999,156 p.

Cette publication fournit un rapport desituation portant sur diverses activités de l’OMSqui abordent de façon globale l’assurance de laqualité des produits pharmaceutiques. Si cerapport est pertinent à l’échelle mondiale,il l’est tout particulièrement dans les paysqui tentent d’établir ou de renforcer un cadreréglementaire pour les produits pharmaceutiques.

Le rapport se compose de deux parties.La première fournit un résumé des activités encours coordonnées par l’OMS. La deuxièmesection, plus longue, contient neuf annexes.Les deux premières dressent la liste réviséedes substances chimiques internationales deréférence et celle des spectres infrarougesinternationaux de référence disponibles. Lesannexes suivantes énoncent des directives et desrecommandations internationales applicablesà toute une gamme d’activités de premièreimportance dans les domaines du contrôlede la qualité et de la réglementation pharma-ceutique. On y trouve des directives généralesrévisées pour l’élaboration, la maintenanceet la distribution de substances chimiquesde référence et deux annexes complètent lesprincipes directeurs de l’OMS relatifs aux

bonnes pratiques de fabrication. Le rapporttraite en outre de l’inspection des canaux dedistribution de médicaments et propose uncadre pour la promotion de bonnes pratiquespharmaceutiques dans les officines et dans lespharmacies d’hôpital.

Ces directives très détaillées, portant sur lalégislation pharmaceutique nationale, établissentdes lignes directrices pour les autoritéssecondaires de réglementation en matière demédicaments. Des conseils généraux sur la façond’élaborer les législations nationales et de définirla portée des procédures d’autorisation de misesur le marché sont illustrés par un exemplede système législatif. Ces directives serontparticulièrement utiles aux autorités nationalessecondaires de réglementation pharmaceutiquene disposant que de ressources limitées. Lerapport s’achève sur des informations concernantla mise au point de programmes de formationpour l’inspection et l’examen des produitspharmaceutiques de contrefaçon.

Disponible auprès de l’Organisation mondiale dela santé, Distribution et Vente, 1211 Genève 27,Suisse. Prix : Fr.s. 35 ; US$ 31,50 et Fr.s. 24,50dans les pays en développement.

Promoting Appropriate Drug Use in Cameroon, A. Groom, K. Hedlund,DAP Research Series No. 28, World Health Organization, WHO/DAP/98.14,1999, 58 p.

Au Cameroun, un prestateur de soins desanté missionnaire, la Convention Baptiste duCameroun, a recours à toute une gamme destratégies éducatives, de supervision et deréglementation afin de promouvoir un usageapproprié des médicaments dans ses dix-septinstallations de santé. Les stratégies employéesvarient toutefois considérablement d’uneinstallation à l’autre, tout comme le type et leniveau de formation ou d’encadrement. Cedocument est le rapport d’une étude visant àdéterminer quel type de stratégie a le plusd’effets sur les habitudes de prescription et dedispensation.

Des recherches menées sur un trimestrede 1997 ont permis de dégager certaines descaractéristiques d’un encadrement et d’uneformation efficaces en vue de promouvoir

l’utilisation rationnelle des médicaments.Concrètement, l’encadrement régulier et surle terrain par des médecins s’est révélé plusefficace que d’autres méthodes. Le rapportconstate en outre qu’assurer une formation d’aumoins six semaines aux prescripteurs et d’aumoins une semaine au personnel chargé dedélivrer les médicaments influe directementet positivement sur l’utilisation des médi-caments. Une formation d’au minimum sixsemaines semblerait influencer de manièreparticulièrement efficace les habitudescomplexes de prescription, telles que laprescription d’antibiotiques.

Disponible gratuitement auprès du DépartementMédicaments essentiels et Politique pharmaceuti-que, Organisation mondiale de la Santé, 1211Genève 27, Suisse.

Le Ministère de la Santé publique de l’Equateur vient de publier trois nouveaux ouvrages :

Guiá del Sistema Descentralizado del Manejo de Medicamentos en las Areasde Salud, 2e éd., Ministère de la Santé publique, Direction Générale de laSanté, Direction Nationale du Contrôle Sanitaire, 1999, 114 p.

Voici la deuxième version d’un guide publié par le Ministère de la Santé publique de l’Equateurvisant à promouvoir une gestion efficace des médicaments par lamise à disposition de produits de bonne qualité et peu coûteux.Ses dix chapitres traitent de sujets tels que l’évaluation des besoinspharmaceutiques, l’achat, l’entreposage, la distribution etl’utilisation rationnelle des médicaments.

Guiá para el Manejo de los Medicamentos enUnidades Operativas del Ministerio de SaludPublica, Ministère de la Santé publique, DirectionGénérale de la Santé, Direction Nationale de laPharmaceutique et du Contrôle Sanitaire, 1998,65p.

Ce guide de gestion pharmaceutique est destiné aux agentsde santé auxiliaires. Il traite notamment de la prescription et del’achat de médicaments ; de la distribution et de l’entreposage ;des particularités physiques des locaux et notamment des questionsde sécurité. La publication comporte en outre trois annexes : lapremière traite de l’entreposage des médicaments les plus fréquemment utilisés dans les consultationsexternes et les deux autres dressent la liste des psychotropes et des narcotiques.

Buenas Practicas de Prescripción, 3e éd., M. Lalama, R. Terán, Publication desreprésentants OPS/OMS en Equateur, 1998, 66 p.

Il s’agit de la troisième version d’un guide des bonnes pratiques de prescription destiné auxétudiants en médecine, publié conjointement par l’Organisation panaméricaine de la Santé et l’OMS.L’ouvrage est fondé sur l’expérience de Professeurs de l’Université Centrale de l’Equateur et sur lesrecommandations de l’OMS. Il est souligné en introduction que lorsqu’ils commencent à travailleravec des patients sur le terrain, les étudiants sont bien souvent incapables de faire des choix rationnelsdans la prescription des médicaments, de rédiger une ordonnance correctement ou de vérifier leseffets d’un traitement. Ils ne savent pas non plus quelles informations donner aux patients à proposde leur traitement. Cette publication vise à aider les étudiants à surmonter ces problèmes. Elle com-prend des sections sur la pharmaco-épidémiologie, l’enseignement pharmaceutique, le choix desmédicaments et l’évaluation d’une prescription rationnelle, ainsi qu’une bibliographie.

Pour plus de renseignements, contacter le Ministère de la Santé publique, Juan Larrea 446, entre Checa etRiofrio, Quito, Equateur.

Médicaments contrefaits. Guide pour l’élaboration de mesures visant àéliminer les médicaments contrefaits. Organisation mondiale de la Santé.WHO/EDM/QSM/99.1, 1999, 60 p.

La question de la qualité des médicamentsest aussi vieille que les médicaments eux-mêmes. Au quatrième siècle avant Jésus Christdéjà, on mettait en garde la population contreles dangers des médicaments falsifiés. En dépitdes progrès réalisés depuis, le problème perdure.Plus récemment, le développement sauvagede l’industrie du médicament et la proliférationdes produits pharmaceutiques ont été lourdsde conséquences. La contrefaçon n’en est qu’unexemple parmi d’autres.

Ces lignes directrices offrent une vued’ensemble du problème et des facteurs quicontribuent à la fabrication de médicaments

contrefaits. Elles décrivent en outre les étapes àsuivre pour l’élaboration de stratégies nationaleset les mesures à prendre pour lutter contrele problème de la contrefaçon qui prend de plusen plus d’ampleur. L’ouvrage traite aussides moyens d’aborder les études de pays,l’inspection et la mise à l’épreuve des médi-caments suspects ainsi que la formation dupersonnel.

Disponible gratuitement auprès du DépartementMédicaments essentiels et Politique pharmaceuti-que, Organisation mondiale de la Santé, 1211Genève 27, Suisse.

Page 25: M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N Tapps.who.int/medicinedocs/pdf/s2247f/s2247f.pdf2 M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Le Point No 27,

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Responsibility for Drug-Induced Injury, 2nd ed., G. Dukes, M. Mildred, B.Swartz, eds., 1998, 537 p.

La présente publication est un recueil de normes permettant d’attribuer la responsabilité juridiquedans les conflits relatifs à l’innocuité des médicaments et aux accidents iatrogènes. Cette deuxièmeversion constitue un ouvrage de référence pour les juristes, les juges et les arbitres médicaux dont lerôle est de définir et d’interpréter les règles juridiques et éthiques. Elle s’adresse aussi aux particulierset aux institutions à qui ces règles s’appliquent, tels que médecins, pharmaciens, groupespharmaceutiques et hôpitaux. L’ouvrage est une source d’information neutre et exhaustive pour toutesles parties impliquées dans un conflit relatif à l’approvisionnement et à l’utilisation de produitspharmaceutiques. De tels différends sont assez fréquents : plus du quart des procès pour fauteprofessionnelle intentés aux médecins ou autres professionnels de la santé concernent les accidentsiatrogènes.

Cet ouvrage fournit des informations sur le cadre général et juridique dans lequel s’inscrivent lesquestions de l’innocuité des médicaments et des accidents iatrogènes, et établit les devoirs et laresponsabilité des parties concernées. Huit chapitres traitent en profondeur de sujets particuliers telsque les accidents iatrogènes chez le foetus, les vaccins, la responsabilité en matière de médecinealternative et les systèmes de dédommagement existants.

Disponible auprès de : IOS Press, Van Diemenstraat 94, 1013 CN Amsterdam, Pays-Bas. Fax : +13 20620 3419 ; mél : [email protected] (Des informations sur les points de vente dans d’autres pays sontdisponibles à cette adresse). Prix : NLG 260/£ 79/DM 232/US$ 125.

WHO Monographs on Selected Medicinal Plants, Volume 1, World HealthOrganization, 1999, 289 p.

Par la publication de 28 monographies, l’OMSvise à encourager la normalisation des approchesscientifiques afin d’assurer l’innocuité, la qualitéet l’efficacité des plantes médicinales et desproduits qui en sont dérivés. Ces monographiessont en outre destinés à promouvoir à l’échelleinternationale l’harmonisation du contrôle de laqualité et de l’utilisation des plantes médicinales,ainsi qu’à servir de modèle pourl’élaboration de formulairesnationaux. Les plantes que lesauteurs ont choisi de fairefigurer dans l’ouvrage sontd’un usage répandu, notam-ment dans les pays qui dé-pendent fortement des plantesmédicinales pour répondre auxbesoins de soins de santéprimaires.

Chaque monographie com-porte deux parties. La pre-mière contient des résumésde pharmacopée concernantl’assurance de la qualité, lescaractéristiques botaniques, ladistribution, les tests d’identité,les exigences de pureté, les

tests chimiques et les composants chimiquesactifs ou principaux. La deuxième dresse la listedes formes galéniques et des usages médicinauxclassés comme suit : usages confirmés par desdonnées cliniques, usages décrits dans lespharmacopées et dans les systèmes médicauxtraditionnels, usages décrits par la médecinepopulaire mais n’ayant pas encore été attestés

par des données expérimentalesou cliniques.

Ces monographies proposenten outre un examen exhaustifdes données disponibles sur lapharmacologie expérimentale etclinique, suivis d’informationssur les contre-indications, lesmises en gardes, les précau-tions à prendre, les réactionsindésirables et la posologie.

Disponible en anglais (versionfrançaise en préparation) auprèsde l’Organisation mondiale dela Santé, Distribution et Vente,1211 Genève 27, Suisse. Prix :Fr.s. 64,40, US$ 58,40 et Fr.s. 45,40dans les pays en développement.

WHO Model Prescribing Information. Drugs used in the Treatment ofStreptococcal Pharyngitis and Prevention of Rheumatic Fever, World HealthOrganization, WHO/EDM/PAR/99.1, 1999, 18 p.

Le rhumatisme articulaire aigu et les cardiopathies rhumatismales étaient très répandues dans lemonde au début de la deuxième moitié du vingtième siècle, mais au cours des décennies suivantes,ces maladies se sont surtout confinées aux pays en développement, alors que toutes deux peuventthéoriquement être prévenues. Si les infections des voies respiratoires supérieures à streptocoquesbeta-hémolitiques du groupe A sont prévenues ou efficacement traitées, les accès initiaux ou récurrentsde rhumatisme articulaire aigu ne surviennent pas.

Ce document met l’accent sur les méthodes actuellement reconnues et jugées efficaces pour laprise en charge des infections des voies respiratoires supérieures à streptocoques du groupe A. Ildécrit les médicaments, la posologie et les schémas thérapeutiques pour le traitement de la pharyngiteà streptocoques et la prévention du rhumatisme articulaire aigu.

Disponible gratuitement auprès du Département Médicaments Essentiels et Politique pharmaceutique,Organisation mondiale de la Santé, 1211 Genève 27, Suisse.

La Série des Principes directeurs interinstitutionsL’OMS collabore de plus en plus souvent avec d’autres organismes internationaux etorganisations non gouvernementales, et l’un des résultats concrets de cette alliance est lapublication de principes directeurs interinstitutions sur des questions relatives aux médicaments.Trois nouveaux documents traduisant un consensus sont présentés ci-dessous (pour plus dedétails voir aussi p 28).

Principes directeurs applicables aux dons de médicaments, 2e éd., Principesdirecteurs interinstitutions, OMS, WHO/EDM/PAR/99.4, 1999, 19 p.

Il existe de nombreux types de dons de médicaments. Certains sont une réponse rapide à une situationd’urgence ou s’inscrivent dans le cadre de l’aide au développement. D’autres correspondent aux objectifsphilanthropiques de grandes corporations. D’autres encore, plus limités, sont destinés à telle ou telle ins-tallation de santé. Mais trop souvent, les dons de médicaments sont inadéquats et causent à leurs bénéficiairesdes problèmes d’élimination.

Par la description de « bonnes pratiques de dons », ces principes directeurs visent à améliorer laqualité des dons de médicaments. Ils offrent une base pour l’élaboration de directives nationales ou insti-tutionnelles et peuvent en ce sens être adaptés et mis en œuvre par les gouvernements et les organisationsconcernés par ce type d’assistance.

Publiés pour la première fois en 1996, ces principes ont été révisés, suite à un examen exhaustif desconséquences de leur mise en œuvre. Cette deuxième édition commence par un chapitre sur l’importance desprincipes, puis présente quatre principes de base et douze lignes directrices applicables aux dons de médica-ments en matière de choix, d’assurance de la qualité, de présentation et d’emballage. Des exceptions auxprincipes généraux sont aussi proposées, afin de prendre en compte les situations particulières. Suivent dessuggestions faites aux donateurs sur les autres moyens d’aide dont ils disposent ainsi que des conseils auxbénéficiaires pour la mise en œuvre d’une politique réglementant les dons de médicaments.

Disponible, gratuitement, en anglais (versions française et espagnole en préparation) auprès du Départe-ment Médicaments Essentiels et Politique pharmaceutique, Organisation mondiale de la Santé, 1211 Genève27, Suisse.

Principes directeurs pour l’élimination des Produits pharmaceutique nonutilisés pendant et après les situations d’urgence. Principes directeursinterinstitutions, OMS, WHO/EDM/PAR/99.2, 1999, 31 p.

En période de conflit et suite à des catastrophes naturelles, de grandes quantités de produits pharma-ceutiques font l’objet de dons dans le cadre de l’aide humanitaire. Ilsrépondent souvent à des besoins bien réels et contribuent à sauverdes vies. Mais ils arrivent parfois à destination après leur date depéremption ou alors sont inadaptés aux besoins, voire non identifia-bles si étiquetés en langue étrangère. Qui plus est, dans la confusionqui règne souvent en situation d’urgence, les dons de produits phar-maceutiques ayant une longue durée de conservation risquentd’être mal gérés en raison du peu d’espace réservé à l’entreposage etdu manque de personnel, ou de la désorganisation du système de ges-tion des médicaments. S’ensuit une accumulation de produitsindésirables et inutilisables. Comment les détruire sans risque ?

Ces directives donnent des conseils sur l’élimination sans risquedes produits pharmaceutiques en situation d’urgence et dans les paysoù une assistance et des conseils officiels font défaut. Elles sont lefruit de la collaboration de 13 organismes internationaux et non gou-vernementaux. Destinées aux ministères, aux autorités sanitaires, auxautorités chargées de l’environnement et de la gestion des déchets,aux experts aux niveaux ministériel, régional ou local, ces directivesdécrivent plusieurs méthodes d’élimination présentant un minimum

de risques pour la santé publique et l’environnement, notamment la mise en décharge, l’enrobage, laneutralisation, le déversement dans un égout et l’incinération. De telles méthodes peuvent être utiliséesdans les pays ne disposant que de peu de ressources et de matériel, et partout où l’élimination des produitspharmaceutiques risque de poser problème.

Disponible en anglais (versions française et espagnole en préparation) auprès de l’Organisationmondiale de la Santé, Distribution et Vente, 1211 Genève 27, Suisse. Prix : Fr.s. 8; US$ 20; et Fr.s. 5,6dans les pays en développement. (Des exemplaires sont disponibles gratuitement pour les personnesvivant dans les pays en développement, auprès du Département Médicaments essentiels et Politiquepharmaceutique).

Le Nouveau Kit d’Urgence Sanitaire 98. Médicaments et matériel médicalpour une population de 10 000 personnes pendant environ trois mois,2e éd., Principes directeurs interinstitutions, Organisation mondiale de la Santé,1998, WHO/DAP/98.10, 73 p.

Les conditions difficiles qui suivent les situations d’urgence et les catastrophes à grande échelle po-sent des problèmes particuliers en matière de prestation de soins de santé. La deuxième édition de cetouvrage, qui apporte de nombreuses modifications, explique comment utiliser les colis standards de médi-caments essentiels, de fournitures médicales et de matériel dans de telles circonstances. Tant par son conceptque par son contenu, le kit sanitaire d’urgence mis au point par l’OMS en collaboration avec un grandnombre d’organismes internationaux et non gouvernementaux est destiné à permettre l’envoi des approvi-sionnements qui tienne compte des besoins de santé prioritaires. Bien qu’il s’adresse en premier lieu auxorganismes de secours, cet ouvrage contient des renseignements utiles pour les autorités nationales et lesdirecteurs d’hôpitaux ayant à stocker des médicaments et autres fournitures.

Un kit sanitaire d’urgence complet contient deux lots distincts de médicaments et de fournitures. Lepremier se compose de dix colis identiques de matériel de base contenant des médicaments et des fourni-tures destinés aux agents de santé communautaires se trouvant dans des régions reculées. Le deuxième,dénommé kit supplémentaire, contient des médicaments, des fournitures renouvelables et du matérielnécessaires aux médecins travaillant dans des installations de santé de premier ou de deuxième recours.

L’ouvrage contient en outre des renseignements de base sur la mise au point du kit, une descriptiondétaillée de son contenu, des commentaires sur le choix des éléments, des lignes directrices destinées auxprescripteurs concernant l’administration des traitements ainsi que des listes de contrôle pour les fournis-seurs et les prescripteurs. Cette nouvelle édition comporte des principes directeurs interinstitutionsapplicables aux dons de médicaments de même que des directives modèles pour l’approvisionnementinternational en médicaments contrôlés dans des situations d’urgence.

Disponible en anglais (française, russe et espagnole en préparation) auprès de l’Organisation mondialede la Santé, Distribution et Vente, 1211 Genève 27, Suisse. Prix : Fr.s. 8; US$ 7,20 et Fr.s. 5,60 dans lespays en développement. (Des exemplaires sont disponibles gratuitement pour les personnes vivant dansles pays en développement auprès du Département Médicaments essentiels et Politique pharmaceutique).

Pharmaceuticals : Restrictions in Use and Availability, World HealthOrganization, WHO/EDM/QSM/99.2, 1999, 53 p.

Ce document présente des informations surles nouvelles réglementations adoptées par lespays et sur le retrait volontaire de produits parles fabriquants pour des raisons de sécurité, quiont été rapportées à l’OMS entre le milieu de1993 et le début de 1999.

Les produits sont classés par ordrealphabétique dans différentes sections et lesdénominations communes internationales sontde préférence utilisées. Pour chaque produitfigurent dans la mesure du possible : le numérodu registre de CAS; des synonymes dont d’autresnoms génériques et chimiques ; la date d’entréeen vigueur de la réglementation ; un résumé des

mesures réglementaires prises par lesgouvernements ; de brèves explications sinécessaire ; et des références juridiques etbibliographiques. Si les informations fourniesne sont exhaustives ni pour les produits, ni pourles mesures réglementaires, ce document traitedes mesures prises par 26 gouvernements sur98 produits.

Disponible gratuitement auprès du DépartementMédicaments essentiels et Politique pharmaceuti-que, Organisation mondiale de la Santé, 1211Genève 27, Suisse.

Page 26: M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N Tapps.who.int/medicinedocs/pdf/s2247f/s2247f.pdf2 M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Le Point No 27,

M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T26

Le Point No 27, 1999

V I E N T D E P A R A I T R E

Guide to Drug Financing Mechanisms, J. Dumoulin, M. Kaddar, G. Velasquez,World Health Organization, 1998, 55 p.

Les médicaments sont un élément essentiel dans les services de santé du monde entier, etpourtant la moitié de la population mondiale n’a pas toujours accès aux médicaments nécessaires.C’est aux gouvernements qu’il incombe de faire en sorte que des médicaments sûrs et efficacessoient accessibles à ceux qui en ont besoin, mais de nombreux facteurs (économiques, juridiques,culturels et politiques) ont des incidences sur la disponibilité des médicaments. Tout en soulevant cesquestions, l’ouvrage met l’accent sur l’influence de l’économie sur le secteur pharmaceutique. Iltraite en détail du choix, de l’achat, de la distribution et de la prescription des médicaments dans uneperspective économique. Les auteurs proposent diverses approches pour chacune de ces étapes,énumérant les avantages et les inconvénients de différents cas de figure.

Basic Tests for Drugs. Pharmaceutical Substances, Medicinal Plant Materialsand Dosage Forms, World Health Organization, 1998, 91 p.

Ce manuel constitue un guide pas à pas décrivant des méthodes simples pour vérifierl’identité de substances et de préparations pharmaceutiques d’usage courant. Ces tests peuvent aussiservir à détecter les produits mal étiquetés, ne répondant pas aux normes ou contrefaits, lorsquel’étiquetage ou les attributs physiques soulèvent des doutes. Destinés à être effectués dans les paysen développement, là où ressources et savoir-faire sont souvent limités, tous ces tests ne nécessitentqu’une gamme limitée de réactifs et de matériel facilement disponibles. Iln’est donc pas nécessaire de disposer d’un laboratoire pleinement équipéni d’avoir suivi une formation spécialisée en pharmacie ou en chimie poureffectuer ces tests.

Cette publication décrit des tests pour 23 substances pharmaceutiques,58 préparations pharmaceutiques et quatre plantes médicinales d’usagecourant. Comme le texte le souligne, les tests sont à considérer comme desoutils d’identification de base visant à confirmer l’identité des médicamentset il se peut qu’une analyse plus complète soit nécessaire dans le cas où lesrésultats des tests seraient contradictoires.

Disponible en anglais (français et espagnol en préparation) auprès de l’Orga-nisation mondiale de la Santé, Distribution et Vente, 1211 Genève 27, Suisse.Prix : Fr.s. 26; US$ 23,40, et Fr.s. 18,20 dans les pays en développement.

Symptom Relief in Terminal Illness,World Health Organization, 1998,109 p.

Des dizaines de milliers de personnesmeurent de maladies incurables tous les ans, pourla plupart dans des pays en développement. S’ilest improbable que cette situation changeradicalement dans un avenir proche, il est tout àfait possible d’apaiser les souffrances que ce typede maladies entraîne inévitablement.

Même les troubles mineurs tels que la touxou le hoquet, qui ne sont guère plus qu’undésagrément pour une personne en bonne santé,peuvent provoquer une gêne considérable etinutile chez le patient en phase terminale. Desproblèmes plus graves, à la fois physiques etmentaux, occasionnent des souffrances plusgrandes. Cette publication met en exergue lescauses probables d’une grande partie de cessymptômes secondaires et fournit des conseils

exhaustifs sur la façon de les traiter. La plu-part des approches présentées impliquentl’administration de médicaments, mais d’autresmesures souvent simples à effectuer etsusceptibles d’apporter un grand réconfort sontaussi décrites. Le soutien supplémentaire pouvantêtre apporté par la famille et par un suivi appropriéest mis en avant, notamment en cas de troublespsychologiques tels que l’anxiété et la dépression.

Cet ouvrage complète les WHO’s Guidelineson the Management of Cancer Pain et s’adresseaux professionnels de la santé à tous les niveauxqui se préoccupent de la qualité des soinsdispensés et du confort des patients en phaseterminale.

Disponible en anglais (français et espagnol en pré-paration) auprès de l’Organisation mondiale dela Santé, Distribution et Vente, 1211 Genève 27,Suisse. Prix : Fr.s. 25, US$ 22,50, et Fr.s. 17,50dans les pays en développement.

Interventions to Improve Antimalarial Use, M. Gomes and L. Pang, eds.,Supplement N° 1 to Volume 76, 1998, of the Bulletin of the World HealthOrganization, 1998, 73 p.

Il s’agit là d’un rapport rédigé par un Groupespécial de l’OMS chargé de rationaliserl’utilisation des antipaludiques, créé en 1993 parle Programme Spécial de recherche et deformation concernant les maladies tropicales. Cegroupe s’est attaché à identifier et à mettre àl’épreuve des moyens de rationaliser etd’améliorer le traitement à domicile dupaludisme en ayant recours aux antipaludéensoraux existants. Des interventions de rechercheont été mises en œuvre dans six pays d’Asiedu Sud-Est où le taux de résistance à lapolychimiothérapie contre le paludisme était leplus élevé au monde. Le Groupe spécial del’OMS a servi de cadre à l’identification desproblèmes et à l’évaluation des conséquences deschangements de faible envergure mais non sansimportance survenus dans le mode de délivrancedes médicaments dans le secteur privé.

Ce rapport décrit plusieurs approches quiont été expérimentées au Cambodge, en Chine,dans la République démocratique populaire lao,au Myanmar, en Thaïlande et au Viet Nam. Cesapproches comprennent des subventions pourcertaines associations de médicaments, uneamélioration de l’emballage des médicamentssous forme galénique, des interventions éducativesen matière de santé, l’utilisation d’un marqueurpharmacologique pour mesurer l’observance destraitements, et l’évaluation de la qualité desmédicaments. Le rapport conclut qu’un meilleuremballage des médicaments, notammentl’inclusion d’indications simples et clairesdestinées aux patients, a eu d’excellents résultats.

Disponible auprès de l’Organisation mondiale dela Santé, Distribution et Vente, 1211 Genève 27,Suisse. Prix : Fr.s. 20 , US$ 18 et Fr.s. 14 dans lespays en développement.

Mise à jour des nouveaux formulaires, des directivesthérapeutiques et des listes de médicaments essentielsLe Département Médicaments essentiels et Politiques pharmaceutique élabore un index

général des formulaires, des guides thérapeutiques et des listes de médicaments essentiels,lequel est disponible gratuitement. (Prière de noter que nous ne sommes pas en mesure defournir des copies des publications proprement dites. Les demandes doivent être adresséesdirectement aux pays concernés). Parmi les nouveautés figurent :

◆ Tchad : Formulaire national des médicaments essentiels, 1998. Ministère de la SantéPublique. Dans l’intention de promouvoir l’utilisation rationnelle des médicamentsessentiels, ces derniers sont classés dans le formulaire par dénomination générique etaccompagnés des contre-indications, effets secondaires et précautions d’emploi.

◆ Erythrée : Eritrean Standard Treatment Guidelines, 1998. Ministère de la Santé. Destinéeà l’usage des installations de santé primaires et secondaires, cette publication instaure untraitement uniforme des problèmes de santé qui prévalent dans le pays.

◆ Inde, Municipal Corporation of Greater Mumbai : Standard Treatment Guidelines, 1999.Programme conjoint OMS-Inde pour les médicaments essentiels. Directives établies dansle cadre d’une campagne visant à promouvoir l’utilisation rationnelle des médicaments,afin de faire face aux affections les plus répandues dans le Greater Mumbai.

◆ Inde, Municipal Corporation of Greater Mumbai : Essential Drugs List, 1999. Programmeconjoint OMS-Inde pour les médicaments essentiels. Liste pour les trois niveaux de soins,fondée sur les recommandations de l’OMS. Dans une liste complémentaire figurent lesmédicaments devant être utilisés dans des conditions particulières, au niveau tertiaireuniquement.

◆ Jamaïque : List of Vital, Essential and Necessary Drugs and Medical Sundries for PublicHealth Institutions, 1998. Ministère de la Santé. Liste divisée en quinze groupesthérapeutiques. Comprend des directives applicables auxdons de produits pharmaceutiques.

◆ Libéria : National Essential Drug List, 1998. Ministère dela Santé et des affaires sociales. Médicaments classés parnom générique dans vingt-trois groupes thérapeutiques.Fondé sur la Liste modèle OMS.

◆ Népal : Diagnostic and Treatment Manual for PrimaryHealth Care, 1999. Health Learning Materials Center,Université de Tribhuvan. Des protocoles pharmaceutiquessimples, sûrs et aptes à être utilisés dans les postes de santé,les centres de santé et les hôpitaux népalais.

◆ South Africa : Standard Treatment Guidelines and EssentialDrugs List for Hospital Care (adults), 1998 et StandardTreatment Guidelines and Essential Drugs List for HospitalCare (paediatrics), 1998. Département National de la Santé.Voir p 6 pour plus de détails.

Bulletins et lettres d’information pharmaceutiques◆ Le Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé a fait peau neuve. Alors qu’il entame sa

cinquante-deuxième année, le Bulletin joue un rôle nouveau et accru dans la santé publique,paraissant tous les mois et traitant d’un plus large éventail de sujets qu’auparavant. Deuxautres revues de l’OMS, le Rapport trimestriel de Statistiques sanitaires mondiales et leForum mondial de la Santé, ont été incorporées dans le Bulletin. Par la mise en commun deces revues et des informations qu’elles contiennent en matière d’épidémiologie, d’échanged’informations et de science, l’OMS vise à réunir ce qu’il y a de meilleur dans la théorie etla pratique en matière de santé publique, à l’échelle mondiale. Disponible en anglais,avec des articles en français. Des informations sur les abonnements sont disponibles auprèsde l’Organisation mondiale de la Santé, Distribution et Vente, 1211 Genève 27, Suisse.Fax : +41 22 791 4857 ; site internet : http://www.who.int/bulletin/subscription/subscription.htm mél : [email protected]

◆ Le premier numéro de HIV-AIDS Antiretroviral Newsletter a été publié par le Bureau régionalde l’OMS pour le Pacifique occidental. Cette lettre d’information bisannuelle fournit auxcliniciens et aux décideurs dans le domaine de la santé publique des mises à jour sur lesdernières avancées en matière de thérapie antirétrovirale. Chaque numéro contiendra debrèves informations sur les nouveaux médicaments, les médicaments en cours d’élaborationet les principes directeurs applicables aux traitements ainsi que des résumés d’articles parusdans d’autres périodiques.

◆ MaLAM, le Medical Lobby for Appropriate Marketing, a publié sa lettre d’information,Healthy Scepticism, laquelle offre un deuxième point de vue sur les publicités pour lesmédicaments et aide les professionnels de la santé et le public à évaluer les messagespublicitaires. MaLAM s’attache à promouvoir dans le monde entier une commercialisationdes produits pharmaceutiques respecteuse de l’éthique.

Guidelines on Basic Training and Safety in Acupuncture, World HealthOrganization, WHO/EDM/TRM/99.1, 1999, 23 p.

L’acuponcture joue un rôle important dansla médecine traditionnelle chinoise. Son origineremonte à plus de 2500 ans et au cours des vingtdernières années, sa pratique s’est répandue dansle monde entier.

L’OMS s’est attachée à encourager larecherche dans le domaine de l’acuponcture etson utilisation à bon escient. Plus de cinquanteexperts internationaux ont oeuvré à l’élaborationde ces directives sur les règles de sécurité debase et la formation. Cette publication s’adresseà tous les praticiens et fournit des normes

de sécurité pour la pratique clinique del’acuponcture. Les auteurs ont pour objectif deminimiser les risques d’infection et d’accidents,d’attirer l’attention des acuponcteurs sur lescontre-indications éventuelles et de les informersur les méthodes de prise en charge en cas decomplication.

Disponible gratuitement auprès du DépartementMédicaments essentiels et Politique pharmaceuti-que, Organisation mondiale de la Santé, 1211Genève 27, Suisse.

Pharmaceuticals in the Americas,World Health Organization, WHO/HTP/EDM/99.1, 1999, 32 p.

Ce document propose un aperçu général dela situation pharmaceutique dans les Amériques,en mettant l’accent sur la disponibilité desmédicaments, les politiques de financement, laréglementation et l’homologation. Suit une brèveanalyse de la situation dans plus de trente paysde la Région.

Disponible gratuitement auprès du DépartementMédicaments essentiels et Politique pharmaceuti-que, Organisation mondiale de la Santé, 1211Genève 27, Suisse.

L’approvisionnement en médicaments estdans de nombreux pays un processus laissé auhasard, ce qui nuit à l’efficacité des servicessanitaires et, cela va sans dire, n’améliore en rienl’état de santé tout en occasionnant des dépensesélevées. Cette publication invite les personnesimpliquées dans l’approvisionnement demédicaments au niveau national à considéreren toute objectivité la façon dont cet appro-visionnement est financé et organisé. A lalumière des orientations et des stratégies décritesdans l’ouvrage, ces personnes devraient s’assurerque leur système d’approvisionnement soit leplus rationnel et le mieux adapté à la situation.

Disponible auprès de l’Organisation mondiale dela Santé, Distribution et Vente,1211 Genève 27,Suisse. Prix : Fr.s. 19, US$ 17,10, et Fr.s. 13,30dans les pays en développement.

Page 27: M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N Tapps.who.int/medicinedocs/pdf/s2247f/s2247f.pdf2 M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Le Point No 27,

27

Le Point No 27, 1999

M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T

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Il y a encore du pain sur la planche ! Participants auSéminaire d’experts européens sur les dons de médica-ments adéquats Ph

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D O N S D E M E D I C A M E N T S

Kosovo :vers de bonnespratiques enmatière de dons

AUDIT de l’OMS mené sur les donsà l’Albanie au cours du mois de mai1999 a révélé de graves problèmesde qualité1. On a estimé que 50 %

des médicaments reçus au moment del’afflux des réfugiés kosovars étaient ina-déquats ou inutiles et devaient être détruits.

L’évaluation de l’ensemble des donsreçus en mai par l’Autorité albanaise char-gée de la distribution des médicaments arévélé que 4 000 comprimés, 1 200 ballonsde perfusion de grand volume et 16 000tubes de pommade à usage externe étaientpérimés avant même d’arriver dans le pays.Deux millions de comprimés, 85 000 fla-cons pour injection et 16 000 tubes depommade à usage externe seront par ailleurspérimés avant la fin de 1999. La moitié deslistes de colisage ne mentionnaient que lesnoms de marque, dont la plupart étaient in-connues des professionnels de la santélocaux. Seuls 28 % des dons étaient condi-tionnés en grandes quantités, comme lestipulent les principes directeurs internatio-naux et 18 % d’entre eux se présentaientsous la forme de petits emballages d’échan-tillons gratuits ou de médicaments rendusaux pharmacies. Certains dons ont mêmedonné à penser que certaines firmes phar-maceutiques se servaient de la crisehumanitaire pour se débarrasser de certainsstocks superflus, pratique connue sous lenom de « déstockage ».

En avril 1999, les autorités sanitairesalbanaises ont assoupli les contrôles sur lesimportations dans le but d’accélérer l’en-trée de médicaments et de fournituresmédicales nécessaires de toute urgence pourles 460 000 réfugiés kosovars et pour ré-pondre aux besoins constants du reste de lapopulation albanaise. Avant même la crisedes réfugiés, le système sanitaire albanaisétait largement tributaire des dons. Le paysne parvenait en effet à couvrir que 20 %des besoins pharmaceutiques et en fourni-tures médicales de ses hôpitaux. D’efficacesprocédures administratives ont été mises enplace pour veiller à la qualité des dons demédicaments. L’audit de l’OMS a étudiédans quelle mesure les donateurs seconformaient aux principes directeurs na-tionaux et internationaux en matière de donsde médicaments.

Des conseils clairs àl’intention des donateurs

Puisque les dons se dirigent désormaisprincipalement vers le Kosovo, il faudraavant tout les coordonner, pour éviter lesdoubles emplois, le gaspillage et l’afflux demédicaments inutiles et inadéquats. Unefois encore, les donateurs sont encouragésà appliquer à la lettre les Principes direc-teurs applicables aux dons de médicaments2

(voir page 28). ❏

Pour de plus amples renseignements,s’adresser à : WHO Humanitarian Assist-ance Project Office, Commission forHumanitarian Aid, Ministry of Health, Boul-evard Bajram Curri, Tirana, Albanie.Tél. : +355 42 71 831 ou +355 42 72 522.

Références1. WHO. Press release 9915, EURO/15/99, 30 June 1999.

Copenhagen; World Health Organization, Regional Of-fice for Europe.

2. WHO. Guidelines for drug donations, 2nd ed. Geneva:World Health Organization; 1999.

ANS le cadre des efforts de plus enplus nombreux entrepris pourarriver à des dons de meilleure qua-lité, un film vidéo à caractère édu-

catif a vu le jour. Making drug donationsbetter with care présente les Principes di-recteurs interinstitutions applicables auxdons de médicaments, et met l’accent surles options possibles pour les dons demédicaments inutilisés ou rendus auxpharmacies ou aux hôpitaux. D’une quin-zaine de minutes, le film est principalementdestiné aux organismes d’aide de petite en-vergure qui souhaitent en savoir plus surles bonnes pratiques en la matière.

Mis au point par la Fondation Wemosdes Pays-Bas, Making drug donationsbetter with care s’inscrit dans le cadre de lacampagne de sensibilisation du Comité na-tional chargé des dons pharmaceutiques,

Deux films vidéo sur les bonnes pratiques en matière de donsque Wemos coordonne. Il existe pourl’heure une version hollandaise et anglaisedu film, et la traduction espagnole est encours. Il sera possible de visualiser des ex-traits du film à l’adresse Internet suivante :www.drugdonations.org

Les dons de médicaments sont égale-ment à l’affiche dans Partners in healing,film produit par le programme pharmaceu-tique du Conseil œcuménique des Egliseset Community Initiatives Support ServicesInternational. Ce film aborde égalementd’autres questions relatives à la gestion desmédicaments et à l’approvisionnement, telsque la nécessité de former le personnel, l’in-térêt des comités pharmacothérapeutiquesdes hôpitaux et les avantages des fondsde roulement destinés à l’achat des médi-caments. Tourné au sein de l’hôpital deNairobi, Partners in healing est un outil

pédagogique dont le but est d’ouvrir le dé-bat, en particulier entre les personnesintéressées par la gestion pharmaceutiqueau niveau hospitalier. On travaille actuelle-ment à la rédaction d’un kit de formationqui accompagnera le film de 50 minutes. ❏

Il est possible de se procurer Partners in heal-ing auprès de : Community Initiatives SupportServices International, PO Box 73860,Nairobi, Kenya. Tél. : +254 2 440306. Prix :Fr.s. 10 (prix réduit sur demande).

Pour se procurer Making drug donationsbetter with care, s’adresser à WemosFoundation, PO Box 1693, NL-1000 BRAmsterdam, Pays-Bas. Tél. : +31 20 4688388 ; fax : +31 20 468 6008 ; mél :[email protected] Prix : 10 Euros(environ US$ 10), plus frais d’expédition.

Dons de médicaments : stratégiespour une meilleure efficacité

Principaux messagesissus du séminaire

◆ Les dons à bon escient sauventdes vies et sont les bienvenus.

◆ Malheureusement, les exemplesde dons inutiles sont encorenombreux.

◆ Le respect des Principes directeursinterinstitutions applicables auxdons de médicaments a pourconséquence d’améliorer grande-ment la qualité et l’utilité du don.

NE fois encore, le besoin urgentd’améliorer la qualité des dons demédicaments dans le monde a étésouligné, cette fois-ci par les parti-

cipants à un séminaire sur le thème des donsappropriés de médicaments, qui a rassem-blé à Leiden (Pays-Bas) en juin 1999 desexperts européens. Des représentants de 60organisations venus de 16 pays se sont ren-contrés pour partager leur expérience etdiscuter des stratégies efficaces dans le do-maine de la sensibilisation et de la promotiondes bonnes pratiques en matière de don.

Les participants ont appris que, malgréles efforts déployés en faveur de la promo-tion des bonnes pratiques par les ministèresde la santé des pays bénéficiaires, parl’OMS et par d’autres organisations gou-vernementales et non gouvernementales, lesrapports indiquent que de grandes quanti-tés de médicaments sont inutilisables etgaspillées. Environ 30 % des dons provien-nent directement des pays, sans êtrecoordonnés par des programmes d’agencesinternationales. En Albanie par exemple,on estime que seuls 20 % des dons sontacheminés par le biais de structures decoordination adéquates. Des tonnes de mé-dicaments contre le choléra et la diarrhéeaiguë sont stockées tandis que les médica-ments contre les maladies non trans-missibles et chroniques font gravementdéfaut (voir ci-contre).

Un schéma familier...Après l’ouragan Mitch – l’une des ca-

tastrophes naturelles les plus dévastatricesde l’histoire survenue en octobre 1998 –l’Amérique centrale n’a pas échappé à ceschéma. Rien qu’au Honduras, plus de1,5 millions de personnes ont été touchées.L’infrastructure sanitaire a gravement souf-fert : dans 23 des 30 hôpitaux, le systèmede distribution d’eau a été partiellement ouentièrement détruit ; 123 des dispensairesont subi de graves dommages et 68 ont étédétruits. Selon les dires d’une représentantede l’Organisation panaméricaine de la Santé(OPS), la communauté internationale arépondu en masse.

« Au Honduras, nous nous sommesrendu compte que malgré les bonnes inten-tions de nombreuses organisationscaritatives, certains dons étaient inadéquats.La représentante de l’OPS a expliqué entreautres que les informations relatives auxmédicaments étaient en langue étrangère,que de nombreux médicaments étaient péri-més ou sur le point de l’être à leur arrivée etque certains ne correspondaient pas au pro-fil épidémiologique du pays. Conséquence :les médicaments et le matériel médical sonttemporairement stockés dans un entrepôtavant d’être triés, alors que le temps précieuxconsacré au triage aurait pu être utilisé àd’autres fins de manière plus efficace.

D’après les organisateurs de la con-férence, les événements récents survenusdans les Balkans et en Amérique centralesoulignent la nécessité de mettre en œuvreles Principes directeurs interinstitutionsde l’OMS, mis au point il y a trois ans etrévisés en mars 1999 (voir page 25).

Selon Mark Raijmakers, de laFondation Wemos, ONG axée surles questions de santé internationalebasée aux Pays-Bas, les dons de mé-dicaments peuvent faire autant debien que de mal. Avec la crise duKosovo, nous avons l’opportunité derévéler les problèmes au grand jouret de souligner l’importance des donsadéquats. Nous ne pouvons nous per-mettre de reproduire les erreurs dupassé.

Entre autres questions, les participantsont dû discuter des moyens de dissiper lescraintes des pays bénéficiaires, qui pensentqu’ils ne recevront plus de dons s’il refu-sent des médicaments inadéquats. Leséminaire a également été l’occasion desouligner qu’il est fréquent que les donssoient gérés par des membres du personnelmédical – des infirmiers par exemple –plutôt que par des médecins, et que laformation devrait prendre cette donnéeen compte. La question de l’élimination desmédicaments inutiles est un autre sujet depréoccupation dans les pays bénéficiaires.Comme l’a souligné un participant, les pro-duits pharmaceutiques périmés deviennentdes déchets toxiques, avec tout ce que celaimplique en matière de coûts associés et dedangers sanitaires possibles pour la région.

Campagne de sensibilisationLes organisateurs du séminaire, Wemos,

DIFAM et PIMED (ONG néerlandaise,allemande et française respectivement) ontprofité de cette occasion pour lancer unecampagne de sensibilisation à l’échellede l’Europe. Elle a pour but d’informerles gouvernements et les donateurs sur lebesoin urgent d’appliquer les Principesde l’OMS. Un nouveau site web a été misen place à l’adresse suivante : http://www.drugdonations.org

Pour de plus amples renseignements,s’adresser à Mark Raijmakers, WemosFoundation, PO Box 1693, NL-1000 BRAmsterdam, Pays-Bas. Tél. : +31 20 4688388 ; fax : +31 20 468 6008; mél. :[email protected]

Page 28: M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N Tapps.who.int/medicinedocs/pdf/s2247f/s2247f.pdf2 M E D I C A M E N T S E S S E N T I E L S : L E P O I N T Le Point No 27,

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Le Point No 27, 1999

A

Banque mondiale

Organisation mondialede la Santé

Caritas Internationales

Action des Eglisespour la Santé du Conseiloecuménique des Eglises

Comité internationalde la Croix-Rouge

Fédération internationale desSociétés de la Croix-Rouge

et du Croissant-Rouge

Fédération internationalepharmaceutique

ONUSIDA Programme commun desNations Unies sur le VIH/SIDA

Médecins Sans Frontières

Haut Commissariatdes Nations Uniespour les Réfugiés

OXFAM

PharmaciensSans Frontières

Fonds des Nations Uniespour l’Enfance

PNUD Programme des NationsUnies pour le Développement

Service interinstitutionsdes achats

FNUAP Fonds des Nations Uniespour la Population

D O N S D E M E D I C A M E N T S

Situation d’urgence : encouragerles dons utiles, payer pour les dons

inadéquats

Encadré 1Principes de based’un don adéquat◆ Les dons doivent être le plus

utiles possible aux bénéficiaires ;◆ Les dons doivent respecter

les souhaits et l’autorité dubénéficiaire ;

◆ Les dons doivent observer desnormes de qualité rigoureuse-ment identiques ;

◆ les dons doivent reposer sur unecommunication efficace entredonateur et bénéficiaire.

Encadré 2Coparrainants des

Principes directeursLes 15 organisations quiparrainent les Principesdirecteurs applicables auxdons de médicaments (dont laliste suit) comptent parmi elles8 prix Nobel.

U début de la crise du Kosovo, les dons se sont révélés effi-caces, couvrant immédiatement les besoins en médicaments.Le nombre de médicaments essentiels livrés sous la formede nouveaux kits d’urgence sanitaire suffisait à répondre pen-

dant trois mois aux besoins de 1,5 millions de personnes. Ils étaientbienvenus, bénéfiques et couvraient les besoins immédiats des réfugiéskosovars en Albanie ou en Macédoine. Ces dons-là sauvent des vies.Alors que la crise s’enlisait, la qualité des médicaments donnés a com-mencé à poser problème, ce qui a poussé l’OMS à enquêter sur lesmédicaments expédiés en Albanie au mois de mai 1999 (voir page 27).

Chaque catastrophe donne lieu à des dons plus ou moins bienciblés. Selon une étude faite en 1997 par Epicentre et Pharmacienssans Frontières, entre 50 % et 60 % des dons de médicaments enBosnie auraient été inadéquats. On a rapporté les mêmes problèmesau Rwanda, en Somalie, au Kenya et au Honduras. Quant à la situa-tion en Turquie, à Taiwan, Chine, après les tremblements de terre,rien ne laisse penser qu’elle ait pu être différente.

Les dons ne sont pas intentionnellement mal ciblés. Les dona-teurs peuvent ne pas avoir conscience de la complexité des questionsen jeu et de ce fait, ne pas prendre en compte les besoins réels desbénéficiaires. La version de 1999 des Principes directeurs applica-bles aux dons de médicaments1 décrivent les principes de base quisous-tendent les bonnes pratiques en matière de don, à la fois pour

les donateurs et pour les béné-ficiaires. Pour cela, il estfondamental de répondre auxbesoins réels du bénéficiaire :la communication doit êtrebonne entre donateurs et béné-ficiaires. Ces derniers doiventstipuler clairement ce dont ilsont besoin et savoir dire NONquand on leur propose des donsinutiles. Si les bénéficiaires nese plaignent pas des mauvaisdons, ils continueront à enrecevoir.

Certains signes laissentpenser que la situation com-

mence à s’améliorer. La première édition des Principes directeursinterinstitutions est parue en 1996. Une enquête menée récemmentau niveau mondial sur l’utilisation des Principes directeurs a révéléqu’ils avaient eu un effet bénéfique. Six pays donateurs et 13 paysbénéficiaires ont élaboré leurs propres principes directeurs. En outre,40 % des organisations ayant répondu à l’enquête avaient adapté leurspratiques en matière de don pour se conformer aux principes, 45 %des bénéficiaires ont fait état d’une amélioration de la qualité desdons et 52 % déclarent qu’il est plus facile de refuser des dons nonsouhaités.

Le défi consiste aujourd’hui à continuer à améliorer les pratiquesde dons. Comment ne plus jamais voir se reproduire des situationstelles que celles qu’on a observées en Croatie, en Bosnie-Herzégo-vine, au Kosovo ou en Albanie ? On remarque au sein de l’opinion lavolonté de plus en plus nette de dénoncer les donateurs qui enfrei-gnent les principes. Suite à 11 dons particulièrement insatisfaisantsreçus par l’Albanie en pleine crise du Kosovo, il a été demandé à ungouvernement, à trois organisations non gouvernementales et à 10entreprises de se justifier. Deux ONG sont introuvables. L’OMS pré-férerait éviter que le nom de ces organisations soit rendu public. Lapromotion et la diffusion actives des bonnes pratiques, baséessur la deuxième édition des Principes, restent les deux piliers de lastratégie visant à améliorer la qualité des dons.

Pour encourager la mise en œuvre des bonnes pratiques, les orga-nisations et les entreprises sont invitées à souscrire aux Principesdirecteurs (voir encadré 3). L’accord implicite réside dans le fait queceux qui les entérinent s’engagent à les respecter. Le succès du pro-gramme dépendra de la volonté des bénéficiaires de signaler les donsinutiles et de la vigilance dont ils feront preuve à cet égard.

De mal en pis...Les mauvais dons ont un prix : ils représentent une perte de temps,

d’argent et d’énergie. Les bénéficiaires en font lesfrais, puisque ce sont eux qui assument le coût de leurélimination. Dans les pays riches, la méthode d’élimi-nation la plus répandue est l’incinération à hautetempérature dans des installations construites à ceteffet. Les médicaments mis au rebut deviennent desproduits chimiques, et, s’ils doivent passer une fron-tière, des déchets toxiques. Les mouvements demédicaments mis au rebut sont gouvernés par la Con-vention de Bâle sur le contrôle des mouvementstransfrontières de déchets dangereux et de leur élimi-nation. D’après une estimation récente, l’élimination,en Croatie, de 1000 tonnes de médicaments et de

fournitures médicales inadéquats aurait coûté entre deux millions et quatre millions de US$.Les pays qui reçoivent des dons de médicaments inutiles ne disposent ni d’installations

d’incinération spécialisées, ni de suffisamment d’argent pour les expédier vers d’autrespays. Pour combler l’absence de conseils clairs et directs sur l’élimination des déchets,l’OMS a publié des principes directeurs interinstitutions intitulés Principes directeurs pourl’élimination des produits pharmaceutique non utilisés pendant et après les situations d’ur-gence. Les Principes sont destinés aux organes compétents : ministères, autorités sanitaires,autorités chargées de l’environnement et de l’élimination des déchets et experts aux ni-veaux régional et local. Ils décrivent le processus de gestion, le tri des déchets et le choixdes méthodes d’élimination présentant le risque le plus faible pour la santé publique etl’environnement.

L’OMS, en revanche, ne souhaite pas longue vie à cette publication. ❏

Références1. OMS. Principes directeurs applicables aux dons de médicaments, 2e éd. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 1999.

WHO/EDM/PAR99.4.Les Coparrainants des Principes sont : Caritas Internationalis, le Comité international de la Croix-Rouge, la Fédérationinternationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la Fédération internationale pharmaceutique,Médecins Sans Frontières, Oxfam, Pharmaciens Sans Frontières, l’ONUSIDA, le HCR, le PNUD, l’UNICEF, le FNUAP, laBanque mondiale, le Conseil oecuménique des Eglises et l’OMS.

2. OMS. Principes directeurs pour l’élimination des produits pharmaceutique non utilisés pendant et après les situations d’ur-gence. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 1999. WHO/EDM/PAR/99.2.Les coparrainants des Principes sont : ECHO International Health Services Ltd, le Comité international de la Croix-Rouge,la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la Fédération internationale pharmaceu-tique, l’Association internationale pour la gestion des résidus solides, Médecins Sans Frontières, Oxfam, Pharmaciens SansFrontières, le HCR, l’UNICEF, l’UNIDO, le Conseil oecuménique des Eglises et l’OMS.

Ces deux documents sont disponibles sur Internet à l’adresse suivante : http://www.who.int/medicines/edmguidelines.html

Encadré 3Souscrire à la nouvelle version des Principes directeurs

applicables aux dons de médicamentsPour que davantage d’organismes et d’organisations s’engagent à appliquer les principesde bonnes pratiques en matière de don de médicaments, un site Internet est en cours deconstruction (http://www.who.int/medicines/edmguidelines.html). Celui-ci est destiné àtoutes les organisations et à toutes les firmes pharmaceutiques souscrivant aux nouveauxPrincipes directeurs interinstitutions applicables aux dons de médicaments et s’engageantà les respecter. Les parties souhaitant que leur nom figure sur la liste des entités ayantentériné les principes sont invitées à prendre contact avec le Département Médicamentsessentiels et Politique pharmaceutique, à l’adresse figurant en première page ou enenvoyant un message électronique à <[email protected]>. Le Département enverra surdemande la liste des membres aux personnes qui n’ont pas accès au courrier électronique.

Mentionner les dons particulièrement utilesNous encourageons les lecteurs à nous faire part de leur expérience en matière de dons,et de nous décrire les dons qu’ils ont jugés particulièrement utiles et respectueux desbesoins du bénéficiaire.

Mentionner les dons inutilesToute organisation recevant des quantités importantes de médicaments inutiles est invitéeà en rendre compte au Département EDM. Chaque compte rendu sera traité séparémentdans la plus grande discrétion.

Les compte rendus devront être étayés de nombreux renseignements, dont :◆ le nom de la personne et de l’organi-

sation à l’origine du compte rendu,accompagné des coordonnéescomplètes ;

◆ la raison pour laquelle le don estsource d’insatisfaction ;

◆ le nom et l’adresse du donateurresponsable (avec le nom du siègesocial, dans la mesure du possible) ;

◆ le nom générique du produit, et lecas échéant, le nom de spécialité ;

◆ la quantité de produit donné ;◆ le numéro de lot du fabricant ;◆ la date d’arrivée dans le pays, la date

d’arrivée au contact de l’utilisateur final,et la date de péremption des produits ;

◆ le nom et l’adresse du fabricant, le caséchéant.

Et après...Si l’OMS a connaissance d’un don inadéquat, elle entre en relation avec le donateurpour que celui-ci se justifie.Dans le cas où une nouvelle plainte surviendrait, le nom du donateur serait retiré de laliste figurant sur le site Internet.La troisième fois, le nom du donateur serait rendu public.