lys noir g a i cellules solidaires anarchos royalistes · périodique gratuit à 29 000 exemplaires...

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Au milieu des plaintes, des causeries, des discussions théoriques, un acte de révolte, individuel ou collectif, se produit, résumant les aspirations dominantes (Kropotkine) A Les tradis passent au «Kato Blok» Lysnoir cellules solidaires anarchos royalistes Samizdat des gratuit Périodique gratuit à 29 000 exemplaires - 15 janvier 2011 - [email protected] - Mobile : 06 98 05 97 83 Quand Sarko nous vend à l’Emir du Qatar La puissante idylle entre le Président et l'Emir du Qatar est née alors que Sarkozy n’était encore que ministre de l'Intérieur, époque où des accords audacieux furent conclus entre les polices des deux Etats dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». Quelques années après, une fois les réseaux connectés et huilés, tout se joue, tout débouche, tout se noue vraiment, comme les investissements qataris en France ; tels que la rénovation de l’ultra chic Hôtel Lambert, ou de l’achat de l'inévitable multitude de villas sur la Côte d'Azur. Dans ces conditions, Nicolas Sarkozy n’a évidem- ment jamais eu de refuser quoi que ce soit aux Qataris. Alors, début 2011, en pleine phase terminale de la «crise égyptienne», il ne demande pas à quoi il pour- rait bien servir. C’est lui qui s’enthousiasme. Dossier A demain, Monsieur Habsbourg Bédouin gougnafier, l’Emir du Qatar s’achète la France I l y avait le premier «Black Blok» de Gênes en 2001, face au G20, la conjuration des Cel- lules de feu en Grèce, mais qui au- rait cru que les catholiques français étaient encore capables de se bou- ger le cul et de descendre dans la rue pour faire bloc ? Il y a encore quelques semaines, beaucoup ignoraient encore l'exis- tence de l'Institut Civitas, cette as- sociation politique qui vise au rétablissement de la royauté sociale du Christ et qui entend lutter contre les attaques christianophobes qui ne cessent de faire l'actualité. Tan- dis que Boutin décidait de s'en prendre cet été au folklore du festi- val de hard-rock Hellfest, les cathos dits intégristes ont orienté leurs réactions contre le monde de la cul- ture subventionnée qui, sous cou- vert d'art, ne cesse de ridiculiser et de profaner les quelques reliques de sacré qui ont survécu à une moder- nité apostate et destructrice. A Avi- gnon cet été, ils ont manifesté contre le Piss-Christ, cette photo "artistique" d'un crucifix plongé dans l'urine. A Paris, à Rennes et à Lille cet automne, ils ont assiégé les théâtres qui représentaient la pièce de Roméo Castellucci, Sur le concept du visage du Fils de Dieu, spectacle scatologique aux préten- tions intellectuelles déplacées. Se spécialisant dans le théâtre et res- suscitant des querelles qui n'avaient plus existé depuis Le Cid, Civitas a continué son agit-prop à l'encontre de Golgata Picnic de Rodrigo Gar- cia à Toulouse, puis à Paris. Enfin, le tout a été couronné par deux ma- nifestations contre la cathophobie de plusieurs milliers de personnes à Paris en octobre, puis en décem- bre derniers. Cette mobilisation constante de plusieurs semaines, réunissant des dizaines d'anonymes presque tous les soirs devant des théâtres qui n'avaient jamais connu de pareille pression, ont mis en émoi les cultu- reux habitués à la provocation fa- cile et sans risque. Pour autant, que doit-on en penser ? A vrai dire rien en ce qui concerne le fond de cette polémique, tant il est simple de comprendre qu'une provocation pu- blique et répétée appelle une réac- tion de même type. Il est bon que les fidèles de l'Eglise se souvien- nent de l’évangile et puissent faire leurs les paroles que fait prononcer Paolo Sorrentino à Giulio Andreotti dans le film Il Divo : "Nous appli- querons désormais la philosophie de Saint Bernard: voir tout, sup- porter beaucoup, corriger une chose à la fois. Car s'il est vrai que tout bon chrétien doit toujours s'at- tacher à tendre l'autre joue, il est aussi vrai que Jésus Christ avec beaucoup d'intelligence et je l'en remercie, ne nous a donné que deux joues." Quant au faux débat qui a agité le Landerneau pseudo-catholique sur l'opportunité de telles manifesta- tions et leurs supposées violences, ce sont des élucubrations de prélats englués dans le masochisme et l'immobilisme d'une foi morte, étonnés de la ferveur de quelques jeunes menés par des curés qui n'ont pas oublié leur rôle de pas- teurs. De notre point de vue, toute ré- surgence active de communautés silencieuses est à promouvoir. Les finalités poursuivies importent peu tant que prévaut l'esprit de résis- tance et la flamme de l'honneur sacré. (Suite page 2) Hérault : Une nouvelle commune «Tarnac»

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Au milieu des plaintes, des causeries, des discussions théoriques, un acte de révolte, individuel ou collectif, se produit, résumant les aspirations dominantes (Kropotkine)

A

Les tradis passentau «Kato Blok»

Lysnoir cellules solidairesanarchosroyalistes

Samizdat des

gratuit

Périodique gratuit à 29 000 exemplaires - 15 janvier 2011 - [email protected] - Mobile : 06 98 05 97 83

Quand Sarko nous vend àl’Emir du Qatar

La puissante idylle entre le Président et l'Emir duQatar est née alors que Sarkozy n’était encore queministre de l'Intérieur, époque où des accordsaudacieux furent conclus entre les polices des deuxEtats dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme».Quelques années après, une fois les réseaux connectéset huilés, tout se joue, tout débouche, tout se nouevraiment, comme les investissements qataris en France

; tels que la rénovation de l’ultra chic Hôtel Lambert,ou de l’achat de l'inévitable multitude de villas sur laCôte d'Azur.

Dans ces conditions, Nicolas Sarkozy n’a évidem-ment jamais eu de refuser quoi que ce soit aux Qataris.Alors, début 2011, en pleine phase terminale de la«crise égyptienne», il ne demande pas à quoi il pour-rait bien servir. C’est lui qui s’enthousiasme.

Dossier

A demain,MonsieurHabsbourg

Bédouin gougnafier, l’Emirdu Qatar s’achète la France

Il y avait le premier «BlackBlok» de Gênes en 2001, faceau G20, la conjuration des Cel-

lules de feu en Grèce, mais qui au-rait cru que les catholiques françaisétaient encore capables de se bou-ger le cul et de descendre dans larue pour faire bloc ?

Il y a encore quelques semaines,beaucoup ignoraient encore l'exis-tence de l'Institut Civitas, cette as-sociation politique qui vise aurétablissement de la royauté socialedu Christ et qui entend lutter contreles attaques christianophobes quine cessent de faire l'actualité. Tan-dis que Boutin décidait de s'enprendre cet été au folklore du festi-val de hard-rock Hellfest, les cathosdits intégristes ont orienté leursréactions contre le monde de la cul-

ture subventionnée qui, sous cou-vert d'art, ne cesse de ridiculiser etde profaner les quelques reliques desacré qui ont survécu à une moder-nité apostate et destructrice. A Avi-gnon cet été, ils ont manifestécontre le Piss-Christ, cette photo"artistique" d'un crucifix plongédans l'urine. A Paris, à Rennes et àLille cet automne, ils ont assiégéles théâtres qui représentaient lapièce de Roméo Castellucci, Sur leconcept du visage du Fils de Dieu,spectacle scatologique aux préten-tions intellectuelles déplacées. Sespécialisant dans le théâtre et res-suscitant des querelles qui n'avaientplus existé depuis Le Cid, Civitas acontinué son agit-prop à l'encontrede Golgata Picnic de Rodrigo Gar-cia à Toulouse, puis à Paris. Enfin,

le tout a été couronné par deux ma-nifestations contre la cathophobiede plusieurs milliers de personnesà Paris en octobre, puis en décem-bre derniers.

Cette mobilisation constante deplusieurs semaines, réunissant desdizaines d'anonymes presque tousles soirs devant des théâtres quin'avaient jamais connu de pareillepression, ont mis en émoi les cultu-reux habitués à la provocation fa-cile et sans risque. Pour autant, quedoit-on en penser ? A vrai dire rienen ce qui concerne le fond de cettepolémique, tant il est simple decomprendre qu'une provocation pu-blique et répétée appelle une réac-tion de même type. Il est bon queles fidèles de l'Eglise se souvien-nent de l’évangile et puissent faire

leurs les paroles que fait prononcerPaolo Sorrentino à Giulio Andreottidans le film Il Divo : "Nous appli-querons désormais la philosophiede Saint Bernard: voir tout, sup-porter beaucoup, corriger unechose à la fois. Car s'il est vrai quetout bon chrétien doit toujours s'at-tacher à tendre l'autre joue, il estaussi vrai que Jésus Christ avecbeaucoup d'intelligence et je l'enremercie, ne nous a donné que deuxjoues."

Quant au faux débat qui a agité leLanderneau pseudo-catholique surl'opportunité de telles manifesta-tions et leurs supposées violences,ce sont des élucubrations de prélatsenglués dans le masochisme etl'immobilisme d'une foi morte,étonnés de la ferveur de quelques

jeunes menés par des curés quin'ont pas oublié leur rôle de pas-teurs.

De notre point de vue, toute ré-surgence active de communautéssilencieuses est à promouvoir. Lesfinalités poursuivies importent peutant que prévaut l'esprit de résis-tance et la flamme de l'honneursacré.

(Suite page 2)

Hérault :

Une nouvelle commune «Tarnac»

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Le militant d’extrême-droite, appelonscela comme ça, a le même destin librequ’un fier chevalier sur un bout de mo-

quette... à la fin, il y a toujours quelqu’un quile remet avec les autres, dans le même coffre,ou sur la même étagère...

Tout cela pour vous dire que même si nousne voulions pas être d’extrême droite, -et nousne le voulons plus, maman, je te le jure !- Ehbien il y aurait toujours quelqu’un, un journal,un ragot sur Google, n’importe quoi de déri-soire, pour nous y remettre quand même...

Alors, va, au fond, nous sommes encored’extrême-droite !

Pourtant, nous aurions quand même pu es-sayer un peu de nous faire accepter par d’au-tres anarchistes, de gauche ceux-là ; au boutde dix ans, on aurait même pu être invités àune teuf citoyenne à Tarnac... Après tout, Ber-trand Renouvin avait bien fini par se faire ac-cepter à une fête de Lutte ouvrière, c’était pasmal, ça...

Ouais, mais non...En fait, le plus pratique pour nous serait de

considérer que l’extrême-droite est le seul es-pace politique vivant. En plus, cette formed’autarcie intellectuelle n’est pas si stupidepuisque que l’on trouve de tout à l’extrême-droite et que, de toute façon, dès qu’on met lenez dehors, on se fait jeter des trucs et des ma-chins à la figure...

Donc, c’est dit : nous sommes l’extrême-gauche de l’extrême-droite, qui est notre seuleplanète connue. ça, on peut. Personne ne nousen empêchera ou ne nous en fera le reproche,même à l’extrême-droite où, de toute manière,tout le monde se branle de tout...

Ceci dit, au tribunal des réputations et desconsidérations intérieures au village, on risquenéanmoins de nous demander un jour : «C’estquoi, au juste, l’anarcho-royalisme ?». C’estlà qu’il ne faudra surtout pas mollir ! Faut passe dégonfler ! «L’anarcho-royalisme, c’esttout simplement l’idéologie la plus secrète-ment naturelle de la France, connard !», qu’ilfaudra répondre.

Et si le type, vexé, devient menaçant alorson lui explique gentiment : «Tu vois, le Fran-çais, il est gaulois, bordélique, ronchonneur,libertaire, protestataire, jamais content, indis-cipliné, marchant pas dans les clous et traver-sant la rue au feu rouge piéton quand il n’y apas de bagnole qui arrive, ce que font jamaisl’Allemand ou le Japonais, par exemple... ça,c’est le côté anarchiste du Français... Rien n’ajamais pu le satisfaire politiquement carl’anarchie, depuis la bande à Bonnot, est malvue en préfecture... D’un autre côté, dès qu’ilest gouverné par un guignol ou une lopette, leFrançais s’en veut énormément... Il aime ladignité, l’allure : Villepin, De Gaulle, le géné-ral Boulanger. Des cons, mais avec de l’al-lure.. ça, c’est le côté monarcho-bonapartistedu Français qui prévaut partout en politique.Et puis, au fond de notre âme à tous, il y a unenostalgie collective secrète du doux climat dela Loire, le goût de l’Histoire et des antiqui-tés, le sentiment confus que la France est unpays spécialement destiné à quelque chose...ça, tu vois c’est le côté royaliste...»

Bon, et puis si le type ne comprend toujourspas, vous le frappez sauvagement.

Cela vous entraînera.Netchaev

EditorialMaison

Entendons-nous bien : nousn’avons pas grand choseen commun avec l’imagi-

naire de Serge Ayoub. Ses RogerSalengro et Gracchus Baboeuf nenous parlent pas. On auraitmême tendance à prendre cesdeux-là pour des minables de lamodernité totalitaire, couteauentre les dents... En tout cas,voici deux figures tutélaires quenous considérons comme parti-culièrement inutiles et, il faut ledire, tirées par les cheveux...comme les têtes que ceux-là sevantaient de vouloir faire tomber.

Pire, nous avons quelque ver-tige à accepter que SergeAyoub fasse aujourd’hui, avecses skins et ses «jeunes deChauny», le coucou dans le niddu solidarisme dont il neconnait pas l’essence, dont ilignore probablement l’essentielde la fabuleuse expérience doc-trinale conduite dans les années70 sous la direction de GérardBouchet avec les Cahiers duSolidarisme d’Alain Boinet etLaurent Maréchaux.

Mais passons... Ce n’est pasnous, les anarcho-royalistes,qui allons lui faire reproche des’arroger ce qui n’est pas à lui,vu que nous, avec l’anarchie...Vous nous avez compris...

Manifestement, s’il existe unproblème Serge Ayoub, c’estcelui de sa réputation et de saréelle influence sur des cen-taines, voire des milliers, dejeunes «nationalistes sau-vages», que nous respectonsplus qu’il n’y paraît parce quenous leur reconnaissons aumoins la capacité de mourirpour quelques idées, ce quin’est plus forcément le cas dansdes cercles roycos ou natiosplus raffinés...

La réputation de SergeAyoub n’est pas bonne. Il seraitun flic, un agent provocateur.

Il se trouve que c’est faux carcelui qui écrit ces lignes est jus-tement le premier cadre mili-tant que Serge Ayoub, alorssurnommé «Bat Skin», ren-contra dans un petit local de larue du faubourg Saint Denis, dutemps du Groupuscule Offensif(GORN).

Serge Ayoub, comme la tren-taine de membres du GORN,me suivit au Mouvement Na-tionaliste Révolutionnaire deMalliarakis dont je devenais se-crétaire général en deux heuresautour d’une pizza dévorée nonloin de la rue de l’Abbé Gré-goire. Ayoub m’avait été amenépar une bonne grosse fille

blonde aux cuisses jambon-neuses qui mouillait pour lui.Serge n’avait pas vingt ans. Iln’avait rien lu. Il avait déjà unepuissance de feu.

C’est ainsi qu’il entra dans lamouvance seulement parce quenous l’y avions fait venir... Il yresta, participa un peu à Troi-sième Voie que nous refusâmesà quelques solidaristes histo-riques et armés, et puis voilà...Ayoub est toujours à Troi-sième-Voie et il n’a pas oubliéque le journal de son premiermouvement politique s’appelaitJeune Nation Solidariste.

On parla ensuite longtemps,dans le milieu pourri de l’ex-trême-droite, de ses condamna-tions judiciaires, d’une mèrequi aurait été magistrate, et tou-jours de ce patronyme qui sen-tait l’Orient.

Tout cela ne fait pas un flic.Car il y a justement chez Ayoubun problème d’identité si fla-grant qu’il plaide totalementpour sa sincérité. Et puis il y ala durée de son engagement. Ilest entré dans mon bureau en1984. Depuis 28 ans, Ayoub estlà, à sa place. Il est certes sin-cère, mais il lui manquera tou-jours quelque chose : l’amourcharnel et sentimental, presque

midinette, du «Vieux Pays». Enfait, Ayoub, qui n’a pas d’ordredans son histoire personnelle,est donc politiquement unhomme de trop d’ordre.

Et s’il est un homme d’ordrealors il relève le menton,comme l’autre jour à Lillelorsqu’il parlait encore deRoger Salengro, cette badernerégimiste dont nous nous bat-tons les couilles.

Et puis, si Ayoub était un flic,il ne serait pas si créatif. Il sebornerait à observer, certaine-ment comme quelques-uns deses amis qui le fliquent sansqu’il s’en aperçoive.

Non, Serge Ayoub n’est pasun flic, c’est une âme errantequi ne craint que d’être repous-sée, encore et toujours repous-sée...

Sur le terrain de sa réputa-tion, nous, les royalistes, noussavons être de vrais salopes.Ainsi, comme Ayoub perturbaitsystématiquement (sa frustra-tion d’être repoussé !) les ma-nifs de la génération Maurras,celle-ci y allait donc de boncoeur dans la mauvaise réputa-tion... On a toujours fait celatrès bien, même entre nous.

(Suite page 3)

C’est sûr quenous en sommes

quand même...

Les tradis passent au «Kato blok» (suite)

D'ailleurs, la réaction pour lemoins disproportionnée desforces du désordre prouve quel'Etat craint bien plus le poten-tiel d'une assemblée de "béni-oui-oui" qu'une meute deracailles ensauvagées. Lesnombreuses gardes à vue injus-tifiées, le déploiement expo-nentiel de gardes mobiles sontautant de preuves d'une fébrilitéet d'une incertitude réelle dupouvoir à l'encontre d'une mi-norité qu'il croyait endormiepar l'encens et les prêches insi-pides. Maintenant, il reste auxjeunes cathos de suivre l'exem-ple des Cristeros mexicains oudu Conselhero de Canudos etde ne plus se cantonner aux sor-ties de messes pour mondaniseret se raconter les quelques fris-sons de la veille face aux CRS.Il leur faut sortir d'un conserva-tisme frileux qui fait toujoursconfondre le bleu de l'uniformeavec le manteau de la Vierge.Que les nombreux catholiquesengagés au service de l'Etat seposent aussi les raisons de leurschizophrénie qui les poussent

à obéir à ceux qui les manipu-lent au nom d'une prétenduetranquillité publique. Au-jourd'hui ils encerclent les ma-nifestations pacifiques deparoissiens, demain seront-ilscapables de leur tirer dessus auflashball ou de les asperger degaz lacrymo, voire pire ? L'ex-cuse de l'absence d'opportunitéprofessionnelle a ses limites...L'imminence du choix et de ladécision balaie de plus en plusles arguties dilatoires, et la dé-mission n'est peut-être pas laseule solution à envisager.

Le 6 janvier 2012, une nou-velle mobilisation a été organi-sée par Civitas pourcommémorer à Paris le 600°anniversaire de la naissance deJeanne d'Arc et lancer uneannée de manifestations consa-crées à la Sainte de la Patrie. LaRépublique qui, de 1902 à1905, n'a pas hésité à réprimerdans le sang les tentatives po-pulaires de s'opposer aux lois"laïques" mais surtout anti-ca-tholiques, laissera-t-elle long-temps le champ libre à un

activisme de plus en plus ef-fréné et fédérateur ? D'autantque les raisons de fouler le pavéne manquent pas pour les ca-tholiques, surtout s'ils décidentd'affirmer leur virage politiqueen cette année électorale. Et sitel n'est pas le cas, n'y a-t-il pasun risque que le mouvementmanque de souffle, l'indigna-tion étant une ressource limitée? Il serait triste quoiqu'il en soitque ces milliers d'individus,soudés par une adversité tou-jours intacte du pouvoir et légi-timés par une foi supérieure entoute logique aux lois et aux dé-crets de fanfarons ceinturés debleu-blanc-rouge, s'en retour-nent paisiblement dans leurspénates alors qu'ils ont goûtéaux joies du plein air et de ladémonstration publique.

Bien entendu, si ce mouve-ment choisit la voie du combat,il ne pourra lui arriver que desennuis. C'est la règle du jeu. Ilne faut pas s'imaginer que lesquolibets de la rue ou les titresdiabolisateurs de la presse se-ront les seuls obstacles à af-

fronter, et peut-être que les «Jevous salue Marie» ne suffirontpas... Toutefois, loin de nousd'orienter dans une quelconquedirection un mouvement qui ason autonomie et sa finalitépropres. Nous nous contentonsjuste de garder un oeil attentifet un soutien amical à touteforme de réaction inattendue al-lant à l'encontre de la prospéritédu régime. Et là où certains nevoient que bigots rétrogradesarmés d'une bimbeloterie de sa-cristie, nous apercevons l'étin-celle du soulèvement et l'acierd'une foi profonde prête à subirles assauts d'une modernitéagonisante.

Netchaev (jeune tête)

Les cathos tradis ont eu droit à la télé comme un black blok !

Non, Serge Ayoub n’est pas un flic !

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Finalement, le projet de la CFDTl’a emporté : SeaFrance, la com-pagnie Ferry de la SNCF, devien-

dra une société coopérative deproduction. Proudhon a gagné !Dès le 16 décembre, par référendum, les880 salariés de SeaFrance avaient dé-cidé de prendre leur destin enmain. Pour ne pas rester sur le carreau etperdre leur emploi, ils ont choisi de s'as-socier en créant une Scop (Société coo-pérative ouvrière de production).

Bien sûr, selon le plan Sarkozy, laSCOP Seafrance ne possèdera pas lesnavires qui resteront propriété de laSNCF qui les lui louera. Alors la CFDTdénonce un dernier «barrage idéolo-gique»...

Car cela semble arracher la gueule durégime que de pousser l’expériencejusqu’au bout de sa logique. Cela dit,peu importe : la publicité médiatiquedonnée à l’affaire aura permis de refaireparler à propos des sociétés coopéra-tives de production, ce modèle d’orga-nisation inventé par Proudhon qui enpréconisait la généralisation.

Ainsi, tout doucement, en cette périodede crise de l’économie financiarisée, laculture des Scop gagne régulièrementdu terrain. Fin 2010, la Confédérationgénérale des Scop comptait 1 959 adhé-rents pour un total de 39 100 salariés,avec un chiffre d'affaires cumulé de 3,5milliards d'euros. Historiquement, cemodèle s'est d'abord développé dans lesecteur du bâtiment et de l'industrie. Aucours des dix dernières années, il s'estélargi aux entreprises de services.

Leur taille va d'une poignée de per-sonnes à plus d'un millier de salariés. Laplus grande coopérative du genre, l'en-treprise Acome, basée en Normandie,spécialisée dans la fabrication de câbleset de fibres optiques, compte au-jourd'hui 1 350 salariés. Mais de ma-

nière générale, les Scop restent de trèspetites structures : 60% ont moins de 10salariés.

La reprise en Scop d'uneentreprise après une liquidation ou unredressement judiciaire reste toutefoistrès minoritaire. Le taux de survie d'uneScop est, au bout de trois ans, de 74%contre 66% pour la moyenne des entre-prises. Car, indubitablement, la SCOPpermet de demander aux ouvriers da-

vantage d’efforts en période exception-nelle.

Nous, anarcho-royalistes, nous préconi-sons la généralisation des SCOP. Noussommes même pour l’expropriation im-médiate, sous cette forme simple et sansindemnité, de toutes les unités de pro-duction et des grands services tertiaires.

En effet, l’économie capitaliste vit de-puis longtemps sur un malentendu en-tretenu entre propriété collective desmoyens de production et économie pla-nifiée...

En URSS, c’est l’économie planifiée detype marxiste qui a échoué. Pas la pro-priété collective. Ainsi, l’économie chi-noise en se déplanifiant a réussi satransformation, sans que la plupart desunités de production cessent pour celad’être collective... Il est donc possiblede faire vivre des entreprises coopéra-tives librement, sans plan et dans uneplus grande efficacité d’organisationpuisqu’alors un ouvrier coopérateurconsent infiniment plus de flexibilité etde mobilisation que lorsqu’il doit obéirà un patron ou à un à groupe capitaliste.

Bref, les SCOP sont notre modèle d’or-ganisation économique. Elles empê-chent par leur seule nature lapénétration des capitaux vagabonds etprédateurs.

James Guillaume

Projet KopérativSeaFrance : Sarkozy

donne raison à Proudhon

Maison

Aujourd’hui, Serge Ayoub estun cadre militant important. Il abeaucoup progressé, même surle plan oratoire. Il pèse.

Dans la manifestation lilloisede son Front Solidariste, l’en-nemi désigné était cependant leBloc Identitaire, seule organisa-tion interdite de présence. LeBloc payait là sa brouille surfond de mauvaise réputation lo-cale avec Claude Hermant qui arallié Serge Ayoub et le repré-sente désormais dans le Nordoù Hermant contrôle «la Mai-son Flamande», ancienne vi-trine régionale du Bloc.

Sur fond de guéguerre, leslangues vont bon train. C’estdésormais l’hostilité déclaréeentre les deux organisations.Probablement à cause d’Her-mant.

Inutile de préciser que sur lesplans, tant politique que per-sonnel, nous nous sentons infi-niment plus proches desIdentitaires que d’Hermant etdes jeunes de Chauny ou duJura. Nous savons en effet re-connaître au Bloc qu’il est lachose la plus importante et laplus positive qui soit arrivée au«nationalisme» anti-systèmedans les dix dernières années.Le Bloc a même inventé uneméthode propre, une nouvelle«militance». Nous n’oublionssurtout pas que, sur l’affaire li-byenne comme sur l’affaireGallinier, notre collaborationavec le Bloc fut sans nuages,sans arrière-pensées, au moinsde leur part !

Et puis, à côté de cela, il y a leMAS, vrai mouvement solida-riste qui a tout pour nous plaire,notamment par son aspiration

unitaire et son ambition de tireren France un enseignement del’expérience remarquable deCasa Pound.

Nous aimons bien aussi le RFqui est en première ligne d’ungrand truc avec les «Kato Blok»que nous évoquons ailleurs, enUne de ce numéro. Même chosepour ER qui nous questionnesouvent avec pertinence.

Quant à l’AF, au GAR, àDextra, ils sont toujours là avecleur doctrine impeccable, unbon S.O minimum reconstituéchaque année, etc...

Enfin, même le GUD nousva, car on dit que cette cuvée làest intelligente, revenue à l’hu-mour des rats noirs et qu’elleest «open» car absente de psy-chopathes.

Dans le marigot des forcesélectoralistes, la démarche deRoland Hélie nous va encore,dans la mesure où Roland est unindécrottable sympathique.

Et puis, là-bas, il y a Alsaced’Abord présidée par le seuld’entre nous qui ait déjà, par na-turel et qualités, une enverguregouvernementale.

Tout cela pour dire que leslangues de putes sont nos pre-miers ennemis et que le mal quiest fait à Serge Ayoub est fait ànous tous, que ce mal entretientles impuissances et, surtout, lesimpossibilités de jonction, alorsque le temps est peut-être venude nous unir férocement en pré-vision d’un second tour de laprésidentielle très rock’n roll.

Non, Serge Ayoub n’est pasun flic. Oui, le Bloc est bourréde types biens.

Netchaev (vieille tête)

«Chassons les langues de pute de nos rangs»

Le projetKopérativ

Le projet Kopérativ n’estpas un front commun. Noussommes trop différents.C’est un simple engagementcomportemental.Le projet Kopérativ doit né-cessairement prendre corpslors d’une rencontre «ausommet» de tous les respon-sables «natios», qui se tien-dra dans un esprit deconclave placé sous la prési-dence d’une personnaliténeutre et médiatrice acceptéepar tous.Ensuite, ce sera fini.Le «Yalta de tous les chefs degroupuscules» aura eu lieu etchacun n’aura plus qu’à setenir à sa résolution et à lafaire respecter autour de lui. Si l’un d’entre nous prétendqu’il préside un mouvementde masse, qu’il ne se sentepas concerné par le projet. En revanche, tous les chefsde groupes et mouvementis-cules, comme nous, serontinformés bientôt, lors d’un«tour de table» par moyensdivers, du contenu de lacharte «Anti langues depute» que nous considérons,pour notre part, comme lapremière étape du Mouve-ment du 6 Mai dont nousavons lancé le mot d’ordremais qui, bien sûr, ne nousappartient pas. La charte sera courte. Elledira : «Moi, Untel, je m’en-gage dans mon mouvement àfaire taire toutes les languesde pute. Je m’y engage parceque je crois que ça va bientôtchauffer et que nous ne se-rons pas de trop, même unis».Dans un second temps, si leprojet venait à fonctionner, ilpourrait ouvrir à l’organisa-tion de «coopératives d’ac-tion ponctuelles», des CAPs.

En cahier central :

Le guide à l’usage du militant Lys Noir

«Les principes solidaristes intérieurs de Gérard Bouchet»

4 Aujourd’hui en FranceQui est Blondeau ?

ATarnac, ils étaient dix, à Saint-Pons-de-Thomières, ils sont centmajoritairement communistes li-

bertaires, et rien que dans la vallée voi-sine, qui va du hameau de Vieussan aubled de Roquebrun, ils sont encoresoixante de plus, tous adhérents à laCNT et à la FA, tous en lutte : l’étécontre le ballet incessants des porte-canoës, l’hiver contre l’éolien indus-triel... Quand ils se présentent auxélections locales, ils font plus de 10%et quand c’est dans une municipale oùils affrontent seuls les socialistes franc-macs qui tiennent le coin, ils dépassentles 25 %. Bref, c’est pas des rigolos.

A Saint-Pons-de-Thomières, ils ontleur point de ralliement : un tabacpresse et librairie, doté, en arrière-salle,d’un poste de commandement révolu-tionnaire impeccable, genre perma-nence de parti comme on en trouvemême plus dans les grandes villes...Pour y entrer, il faut simplement pous-ser un rideau épais comme il y en adans les sex-shops, je le sais parceque je suis déjà allé dans les deux...

Le tabac, au bas de la route versCastres, s’appelle «La Cigale» et ilchante à toutes les saisons en éditantun brûlot titré La Commune qui s’enprend obsessionnellement au députédu coin, un certain Mesquida, pied-noirsocialiste à gourmette dont le frère estau Front National... Le socialiste enquestion est un ancien de la DDE où ils’était fait une spécialité de décorer lesrond-points en recourant à des codesmaçonniques à la con, colonnes bri-

sées, pierres carrées, etc... En plus, letype défend un peu la colonisation àl’Assemblée, enfin, il dit que c’était pasde la barbarie... Cela met alors lescommunistes libertaires et les anarcho-syndicalistes en transe et tous lesmoyens sont donc bons pour faire chierle pauvre député par tous les bouts.

Bref, c’est une guerre homériquedont les batailles sont toujours com-mencées par les antimilitaristes.

A côté, Tarnac, c’est de la gnognotte.Il aura fallu la fameuse affaire «Cellule34» -ce solitaire qui envoyait des ballesde 22mm par courrier à Sarkozy et àtoute la clique UMP/Fouquet’s- pourque l’on s’en aperçoive.

En effet, même dans les endroits lesplus paumés, on peut souffrir d’unecoïncidence, et le type qui envoyait lesballes, un tireur sportif dépressif se dé-finissant comme «gaulliste de gauche»,habitait à 30 kilomètres du centre degravité de nos anarchistes des mon-tagnes. Dans ce genre de djebel, 30 ki-lomètres c’est comme la rue d’en face.C’est voisin tout proche, les gens sontmême censés tous se connaître fatale-ment en croisant leurs bagnoles pour-ries sur les petites routes.

C’est pourquoi, pendant l’enquêteanti-terroriste, avant qu’on ne trouveenfin «Cellule 34» qui envoyait ses en-veloppes krafts depuis des bureaux deposte du coin, la DNAT avait fait le rap-prochement...

C’est ainsi que le 3 septembre 2009,

cent bagnoles et 300 flics prenaient po-sition vers cinq heures du matin dansla longue rue centrale de Saint-Pons,effrayant même les livreurs matinaux.

Et à six heures pétantes, raffle géné-rale. 300 flics pour Saint-Pons, aumoins 200 pour la vallée de l’Orb... ASaint Pons, ce fut une boucherie juri-dique question baratin des droits del’homme. Ainsi, parce que la droite lo-cale n’ose même pas se présentercontre le réseau franc-mac et que seséléments les plus résolus soutiennentalors discrètement nos anarchistes parpur esprit de vengeance et parcequ’aussi ces anars sont sympas quandon est pas socialiste à leur égard, voilàque le médecin et le notaire du villagesont embarqués en premier commecomplices potentiels : vingt ninjas cha-cun à la maison, plaquage au sol, me-nottes dans le dos, nom, prénom, âgeet qualité... ça fait drôle pour des bour-geois qui voulaient juste faire les ma-rioles contre les socialos. A la sortie duvillage vers La Salvetat, les ninjas setrompent de maison, embarquent toutce joli petit monde qui nie et résiste,puis ils s’excusent !...

Ce matin-là, les flics découvrent eux-même l’ampleur du nid de libertairessur lequel on vient de les faire sautercomme sur Kolwezi. Trente arresta-tions. La plupart des raflés sontconduits à Montpellier à 100 bornes etdeux heures de route pour une garde àvue anti-terroriste de quatre jours pré-vue.

(Suite page ci-contre)

Dans les Hauts Cantons de l’Hérault, les communistes libertaires et les anarcho-syn-dicalistes de la CNT ont opéré un regroupement en commune révolutionnaire quidéséquilibre le monde politique local habitué à une main-mise totale du clientélismedu PS. Cette concentration inhabituelle, dans le «Midi le moins cher», a déjà entraînéune descente de flics de grande amplitude à la faveur de l’affaire «Cellule 34».

Hauts-Cantons Héraultais :

Quand il ferme conscien-cieusement le rideau defer de son bureau de tabacde Saint-Pons faisant éga-lement fonction de cen-

trale révolutionnaire pour tous leshauts cantons de l’Hérault, PierreBlondeau, leader des communistes li-bertaires locaux, n’y voit pas de mal...Et même aucun symbole qui le concer-nerait un peu...

Oh, bien sûr, il se dit lui même«communiste libertaire, désormaisproche du groupe de Tarnac», maisPierre Blondeau est bien autre chose :c’est un chagrin, un scoutisme rentré,la quête d’un chrétien de gauche passépar glissade à l'extrême-gauche, là-bastout près des bouffe-curés, laïcards etlibres penseurs qui lui tapent au-jourd’hui dans le dos par affection...Oui, Pierre Blondeau est à lui seul lechagrin national des excitations per-dues, quand tout bruissait de l’espé-rance d’une nation parfaite.

Né il y a 55 ans en Touraine, PierreBlondeau venait après trois généra-tions de facteurs un peu de gauche,passablement gaullistes, très républi-cains, mais vraiment tous bons chré-tiens... Des facteurs... juste au tempsde la France des trains qui arrivaient àl’heure...Au temps aussi des hussardsnoirs et des fêtes de conscrits...

En 1971, à dix-huit ans, le jeuneBlondeau, qui n’est pas encore prêtpour la politique et ne souffre alorsque de quelques sympathies pour l’au-togestion et le PSU, veut voir du pays: il s’engage dans l’armée... Il y pas-sera vingt ans, chez les parachutistesd’infanterie de Marine (l’ancienne“coloniale”) et terminera sa carrièreavec le grade d’adjudant.

Ce qui lui plaît alors dans l’armée,si détestée pourtant par les gauchistesqu’il fréquente de loin, c’est le vraicommunisme de l’esprit de corps, lecollectivisme de caserne, la camarade-rie de garnison, la fraternité de cham-brée, l’égalité de l’uniforme et durisque, la liberté de la bourlingue etdes baluchons, et puis quand même lesgrands soirs de “dégagement”, et sur-tout le privilège du temps de lire long-temps, allongé sur les couverturesrapeuses du barda militaire.

Pendant sa carrière de parachutiste,Pierre Blondeau fut ainsi en poste enRépublique Centrafricaine, du côté desfleuves Oubangui et Chari. Ou encoreau Tchad au cours des opérationsManta et Barracuda. Fort Lamy... FayaLargeau... le Tibesti... La mort hé-roïque du commandant Galopin venulibérer l’universitaire Françoise Claus-

tre, celle qui hésitait foutrement à quit-ter son ravisseur, le fringant HissenHabré... En ces années, Pierre Blon-deau ne sauta pas sur Kolwezi au Ka-tanga parce qu’il n’était pas vraimentde la Légion, mais enfin, il aurait putout aussi bien...

D’AborD “ChAbANiStE”Pendant ses années vouées à la

Grande Muette, Pierre Blondeau seraun fervent supporter du gaullisme so-cial de Chaban-Delmas préconisant ence temps-là “une nouvelle société” re-jointe par quelques chrétiens degauche de l’époque, tels que JacquesDelors...

Seulement, après vingt ans de clai-ron, voilà Pierre Blondeau vigile àStrasbourg, sa dernière ville de garni-son... Il devient aussitôt cadre d’uneboite de sécurité, il continue à lire desromanciers russes entre deux rondes.Et puis, en 1999, après avoir rassembléson pécule de trente ans, Pierre Blon-deau, grognard à recaser, arrive àSaint-Pons où il achète le bureau detabac “La Cigale”.

Revenu enfin à la vie civile, PierreBlondeau commence ainsi à s’ébrouerpolitiquement. A peine sorti de soncollectivisme en rangers, il chercheconfusément à le retrouver, comme unventre, une famille perdue...

A Saint-Pons, Pierre Blondeau estd’abord accueilli par Kleber Mes-quida, le député-maire PS... Naturelle-ment, il devient rapidement intimeavec ce dernier qui fumait à cetteépoque des “Winston rouge en 25”achetées évidemment à la Cigale...Pierre Blondeau embraye tout de suitesur la municipale de 2001 et la légis-lative de 2002 derrière Mesquida. Unpara fait toujours un bon militant derue, un consciencieux colleur d’af-fiches...

Pourtant, le buraliste est martiale-ment refusé à la section socialiste deSaint-Pons et n’a plus d’autre choixque de continuer sa route idéologiquevers un communisme romanesquequasiment originel, celui du curé dé-froqué Jacques Roux, mais aussi deGracchus Baboeuf et du courant degauche des enragés hébertistes...

Aujourd’hui encore Pierre Blondeaua gardé de son passage à l’armée lacrainte du rouge sang et des “moscou-taires”, le goût du bleu-blanc-rouge, etle sens de la patrie, qui l’amèneront àfaire défiler tous ses communistes li-bertaires et les anarchistes avec, pourle maintien de la gendarmerie deSaint-Pons ! Preuve qu’il n’est pas bé-gueule, Pierrot !

Se constituer en communes, tel est le mot d’ordre du Groupe de Tarnac. A Saint-Pons de Thomières, PierreBlondeau et ses militants ne cachent pas leur jeu : ils éditent régulièrement une feuille gratuite intitulée La Com-mune.

Dans les Hauts-Cantons, Pierre Blondeau a mis en pratique les principes contenus dans L’insurrection quivient : «La commune, c’est ce qui se passe quand des êtres se trouvent, s’entendent et décident de cheminer en-semble. La commune, c’est peut-être ce qui se décide au moment où il serait d’usage de se séparer. C’est la joiede la rencontre qui survit à son étouffement de rigueur. C’est ce qui fait qu’on se dit «nous», et que c’est un évé-nement. Ce qui est étrange n’est pas que des êtres qui s’accordent forment une commune, mais qu’ils restent sé-parés. Pourquoi les communes ne se multiplieraient pas à l’infini ? Dans chaque usine, dans chaque rue, danschaque village, dans chaque école. Enfin le règne des comités de base ! Mais des communes qui accepteraientd’être ce qu’elles sont là où elles sont. Et si possible, une multiplicité de communes qui se substitueraient auxinstitutions de la société: la famille, l’école, le syndicat, le club sportif, etc.

Des communes qui ne craindraient pas, outre leurs activités proprement politiques, de s’organiser pour la sur-vie matérielle et morale de chacun de leurs membres et de tous les paumés qui les entourent. Des communes quine se définiraient pas – comme le font généralement les collectifs – par un dedans et un dehors, mais par la den-sité des liens en leur sein. Non par les personnes qui les composent, mais par l’esprit qui les anime. Une com-mune se forme chaque fois que quelques-uns, affranchis de la camisole individuelle, se prennent à ne compterque sur eux-mêmes et à mesurer leur force à la réalité. Toute grève sauvage est une commune, toute maison oc-cupée collectivement sur des bases nettes est une commune, les comités d’action de 68 étaient des communescomme l’étaient les villages d’esclaves marrons aux États-Unis, ou bien encore radio Alice, à Bologne, en 1977.Toute commune veut être à elle-même sa propre base. Elle veut dissoudre la question des besoins. Elle veut bri-ser, en même temps que toute dépendance économique, toute sujétion politique, et dégénère en milieu dès qu’elleperd le contact avec les vérités qui la fondent. Il y a toutes sortes de communes qui n’attendent ni le nombre, niles moyens, encore moins le «bon moment» qui ne vient jamais, pour s’organiser.»

Dans les Hauts-Cantons, le message de Tarnac a été reçu : ils sont une commune. Une grosse...Extrait de L’insurrection qui vient par le Comité invisible.

La Cigale est une commune «Tarnac»

Apôtre inouï d’une sorte de communisme de copains, PierreBlondeau, rassemble des anarcho-randonneurs, des planteursalternatifs, un notaire franc-maçon, un Russe blanc, des éle-veurs de moutons, des apiculteurs bios, des intermittents, desélecteurs de Coluche, et des squatters à chiens jaunes...

ça commence par un lieu « sympa»Pour les idéologues de Tarnac, la boutique de campagne est un endroit stratégique essentiel. Ici, on peut se

concentrer, se rencontrer, agir. A Saint-Pons de Thomière, le tabac-presse de Pierre Blondeau joue le même rôleque l’épicerie-buvette de Tarnac. Il faut un lieu «sympa» pour commencer une commune. D’ailleurs, dans l’In-surrection qui vient, le Comité Invisible le disait : «On nous a fait à une idée neutre de l’amitié, comme pureaffection sans conséquence. Mais toute affinité est affinité dans une commune vérité. Toute rencontre est ren-contre dans une commune affirmation, fût-ce celle de la destruction. On ne se lie pas innocemment dans uneépoque où tenir à quelque chose et n’en pas démordre conduit régulièrement au chômage, où il faut mentir pourtravailler, et travailler, ensuite, pour conserver les moyens du mensonge.../... Les initiateurs du mouvement ou-vrier avaient l’atelier puis l’usine pour se trouver. Ils avaient la grève pour se compter et démasquer les jaunes.Ils avaient le rapport salarial, qui met aux prises le parti du Capital et le parti du Travail, pour tracer des so-lidarités et des fronts à l’échelle mondiale.»

En vedette, Pierre Blondeau, me-notté, entravé tel un ours des Car-pathes, poussé vers un fourgon etentouré d’une cohorte d’hommes ca-goulés qui le laissent astucieusementêtre photographié par le Midi Libre pourla Une du lendemain qui fera le tour dumonde...

Bien sûr, comme les types étaient in-nocents, ils résisteront à l’idée, malgrétout attirante, de passer aux aveux pouren finir.

Pour les flics, même si tous les fi-chiers sont du coup remis à niveau,c’est l’échec. Ils mettront encore plu-sieurs semaines à découvrir «Cellule34» dont le frère, marchand de bon-bons sous le théâtre de Béziers estpourtant un militant du MIL, l’officinebarbouze qui travaille à la gloire et à lavictimisation de Sarkozy...

En attendant, va falloir relâcher leszozos plus vite que prévu, car les deuxou trois qui n’ont pas été embarquéspar une sorte de coupable négligencehorticole avaient immédiatement portéle pet et mobilisé 500 personnes devantla mairie de Saint-Pons d’où le député-maire hésitait maintenant à sortir vuque la foule haineuse et remontéegueulait tout fort que c’est lui qui avaitbalancé les anarchistes aux flics, le fu-mier, l’ennemi social...

Pierre Blondeau et les autres lea-ders, assez nombreux pour être chacunreprésentant local d’une branche del’extrême-gauche alternative, effectue-ront un retour fracassant et triomphalau milieu d’une foule décidée à ne pasquitter le parvis de la mairie tant quePierrot ne serait pas rentré dans sa Ci-gale, au milieu de ses clopes, de sespaquets d’OCB et de ses portants àjournaux regorgeant de presse liber-taire et alternative.

Après cet événement extraordinaire,les caméras, l’émission spéciale consa-crée au fabuleux nid libertaire par Da-niel Mermet sur France Inter, la vie eutdu mal à retrouver son cours normal. En effet une bonne descente de flics,ça vous fait toujours plein d’histoires àse raconter après, entre innocents quine s’appréciaient pas forcémentjusque-là, entre communistes liber-taires et anarcho-syndicalistes. En unmot, la DNAT est parvenue à souder lavallée, réussissant là où Charlie Hebdo

n’aurait pas réussi.Les tendances et mouvances ont

alors enterré leurs conflits au nom dusouvenir commun, un peu comme lesanciens poilus de 14/18, même si lacomparaison peut s’arrêter là, tout desuite.

L’hiver suivant, les communistes li-bertaires de Saint-Pons reprirent leurlutte contre l’éolien industriel et les pro-jets de décharge dans la montagne tar-naise voisine. L’été suivant, lesanarcho-syndicalistes de la vallée del’Orb reprirent, eux, leur résistanceacharnée aux incessants va-et-vientsdes portes-canoës, véritables sherpasinlassables de l’industrie touristique lo-cale et même départementale.

Cela dit, côté excitation, c’est quandmême les anarcho-syndicalistes deVieussan et Roquebrun qui seront tou-jours les mieux servis...

En effet le même destin farceur, quiles mélangea policièrement à l’affaire«Cellule 34», s’acharne sur eux depuismaintenant plusieurs années, depuis cejour de cagnard où les planteurs de ha-schisch du hameau, sans aucune rai-son apparente, virent arriver unetrentaine de «men in black» en costaret Ray Ban mais qui ne les arrêtaientpas et, au contraire, cherchaient plutôt

à se montrer le plus serviable possibleen leur parlant avec un accent scandi-nave très poli... Pendant des semainesd’un long été, ces «men in black»venus de la planète Mars campèrentainsi, en costar, jour et nuit, ceinturantle hameau, contrôlant les accès, se par-lant avec des oreillettes mais sanschercher le moins du monde à se ca-cher des planteurs locaux qu’ils sa-luaient gentiment... A un tel régime desuspens, plusieurs anarcho-syndica-listes ne supportèrent pas nerveuse-ment la pression, cette façon de lesprovoquer avec des gros moyens etmême un hélicoptère parfois ; cela,ajouté à la torture insupportable de nemême pas être arrêtés, là, tout de suite,qu’on en finisse... C’était vraiment trop.

Il faut bien comprendre que le ha-meau de Ceps, situé exactement entreVieussan et Roquebrun, est un tas depierres habituellement hanté par trentehabitants dont 15 anarcho-syndicalistes

à jour de côtisation. Sur place, le me-neur est un type à cheveux teints enrouges et qui conduit en sandales unebagnole improbable que les gendarmesse sont découragés à interdire de rou-ler... C’est lui qui découvrit le mystèreinsupportable des Men in Black : l’an-cien Premier ministre danois, au-jourd’hui secrétaire général de l’OTAN,excusez du peu, venait comme un cond’acheter discrètement une cagna àCeps, en plein milieu du secteur anar-cho-syndicaliste ! Là où, rien que pourle hameau, ils sont notoirement plusnombreux et plus féroces qu’à Tarnac !

Un choc entre puissances !Naturellement, en haut-lieu, per-

sonne n’avait vraiment prévenu AndersRasmussen de sa terrible boulette im-mobilière et de son choix à une chancesur un million de trouver une pire villé-giature pour son cas en Europe...

Au contraire, après deux semainesd’emménagement, pressé de découvrirenfin ses nouveaux voisins dans un

pays de cocagne, voilà que le grandMamamouchi des tapis de bombes del’Otan se mit en tête de sortir lui-mêmeses poubelles. A la scandinave, façonpoliticien égalitaire et décontracté, legenre «je vous dirige mais je suiscomme vous, je suis pas un enculé,j’aide ma femme qui prend la pilule...»

Naturellement, quand le meneuranarcho-syndicaliste aux cheveuxrouges comprit à quel gugusse mons-trueux il avait à faire, poubelles ou paspoubelles, il cessa toute familiarité ettint même à bien faire comprendre auDanois qu’il n’était pas question quetous deux sortent à nouveau leurs pou-belles ensemble le soir, t’as compris ?

On raconte partout dans la valléequ’Anders Rasmussen s’inclina. Il fautdire qu’il est peut-être le cador en Af-ghanistan et en Libye, mais qu’ici, dansla passe étroite entre Vieussan et Ro-quebrun, les patrons, c’est les anarcho-syndicalistes !

Rouletabille

5Aujourd’hui en France

Créer des territoires, multiplier les zones d’opacité, c’est l’ambition du groupe de Tarnac comme on peut lelire dans L’insurrection qui vient : «De plus en plus de réformistes conviennent aujourd’hui qu’«à l’approchedu peak oil», et «pour réduire les émissions de gaz à effet de serre», il va bien falloir «relocaliser l’économie»,favoriser l’approvisionnement régional, les circuits courts de distribution, renoncer à la facilité des importa-tions lointaines, etc. Ce qu’ils oublient, c’est que le propre de tout ce qui se fait localement en fait d’écono-mie est de se faire au noir, de manière «informelle» ; que cette simple mesure écologique de relocalisation del’économie implique rien moins que de s’affranchir du contrôle étatique, ou de s’y soumettre sans réserve.

Le territoire actuel est le produit de plusieurs siècles d’opérations de police. On a refoulé le peuple hors deses campagnes, puis hors de ses rues, puis hors de ses quartiers et finalement hors de ses halls d’immeuble,dans l’espoir dément de contenir toute vie entre les quatre murs suintants du privé. La question du territoirene se pose pas pour nous comme pour l’État. Il ne s’agit pas de le tenir.

Ce dont il s’agit, c’est de densifier localement les communes, les circulations et les solidarités à tel point quele territoire devienne illisible, opaque à toute autorité. Il n’est pas question d’occuper, mais d’être le territoire.

Chaque pratique fait exister un territoire – territoire du deal ou de la chasse, territoire des jeux d’enfants,des amoureux ou de l’émeute, territoire du paysan, de l’ornithologue ou du flâneur. La règle est simple: plusil y a de territoires qui se superposent sur une zone donnée, plus il y a de circulation entre eux, et moins le pou-voir trouve de prise.

Bistrots, imprimeries, salles de sport, terrains vagues, échoppes de bouquinistes, toits d’immeubles, mar-chés improvisés, kebabs, garages, peuvent aisément échapper à leur vocation officielle pour peu qu’il s’ytrouve suffisamment de complicités. L’auto-organisation locale, en surimposant sa propre géographie à lacartographie étatique, la brouille, l’annule; elle produit sa propre sécession.»

La fameuse conférence de presse des «raflés» communistes libertaires de Saint-Pons dont les tables empêchaientle maire de sortir... Pierre Blondeau est en rouge et vient à peine d’être libéré.

La montagne où les libertaires ont convergé...Hervé Grain, fumeur de gi-tanes et patron de la CNTdans les Hauts Cantons. A gauche, mains dans lespoches, le médecin UMP duvillage qui n’en revient tou-jours pas de son arrestationpar la police anti-terroriste...

Tarnac voulait créer des territoires

LysnoirPériodique gratuit à 29 000 exemplaires

Tabloïd imprimé en EuropeSamizdat dissident, libre, et anti-système

des Cellules solidaires anarcho-royalistes - CSAR

Contact :[email protected] - Mobile : 06 98 05 97 83

Après ce queles historiensappellent au-jourd’hui «lanuit noire de

mars» le roi Jean, sitôtsacré à Reims le lende-main du coup, à la va-vite et dans le secret,avait été exfiltré vers leMont Saint-Michel, uni-quement protégé parune unité spéciale et le premier embryon vo-lontaire de la garde aujourd’hui commandéepar le Baron Seb de Kerréro.

Le Lys Noir ne tenait pas à ce que son Roirègne vraiment et le lui avait fait savoir avecfranchise avant son départ : «Sire, nousn’avons pas déclenché tout le binz et dé-rouillé ce triste mariole en direct à la télévi-sion, pour confier le pouvoir à une reined’Angleterre en pantalon... Avec tout le res-pect que nous vous devons, Sire, nousavons besoin de garder les mains libres etde vous sortir de Paris, car nous allonsbeaucoup pêcher contre de braves gens...Nous allons commencer immédiatement legrand triage, Sire... Alors partez... Il le faut...Nous, le Lys Noir, nous sentons trop lamort... Fuyez-nous, écartez-vous de nouspour un temps... Nous vous avertironsquand tout ce bordel se sera un peu tassé...Priez seulement pour nous, sire, Ô roi sipieux et si doux de coeur, car nos âmes,aussi noires que notre lys, ne sont déjà plusque charbon à jeter au feu...».

Au début, reclus avec la reine Philoménadans les appartements froids de l’abbatialedu Mont, le Roi s’était presque senti prison-nier. D’ailleurs, il ne pouvait pas sortir duMont. Comme le Lys Noir avait, dans tout lepays, coupé la totalité des fils de communi-cation, interrompu tous les flux de la moder-nité, et débranché toutes les prises desmachineries complexes et sophistiquées, ilétait difficile d’avoir des nouvelles, même surce qui se passait à dix kilomètres de chezsoi.

En effet, le Lys Noir avait installé partoutun grand silence : tous les réseaux télé-phones et Internet mais aussi tous les pro-grammes de télévision et de radio, plus rienne passait.

Et comme aucun journal ne paraissait nonplus et que tous les aéroports ainsi quetoutes les frontières de terre et de meravaient été verrouillés hermétiquement,seuls les zooms des satellites américainspouvaient encore voir quelque chose dudrame qui se déroulait dans l’ancienne ré-publique, mais sans pour autant que celasoit utile à un français puisque, répétons-le,avec tous les réseaux qui bandaient mou, ilétait quasiment impossible de distinguer lavérité de la rumeur à propos d’un événe-ment auquel on n’avait pas assisté soi-même !

L’électrochoc formidable né de la coupurede tous les flux, mais aussi de la terribletransportation pacifique, en quelques se-maines, de plus de onze millions d’habitantsdésormais regroupés à Marseille proclamée«zone assistée pour un nouveau bonheur»(ZANB), cela ajouté aux «extractions chirur-gicales» de tout ce que le pays avait jadiscompté de militants de la vigi-lance, saisissait le pays d’un ef-froi d’autant plus étrange et doux

que, partout, le ciel était toujours bleu, lesnuages toujours blancs, et les oiseaux tou-jours très hauts dans le ciel, juste au-dessusde la «divine tuerie du Lys Noir» dont l’uni-vers ahuri des médias mondiaux avait beau-coup de mal à évaluer l’ampleur exacte.Même en boucle.

De son côté, le roi Jean ne recevait quepeu de nouvelles de la terre ferme. Cepen-dant, après plusieurs semaines passées àun tel régime d’angoisse, Le roi Jean avaitété spontanément rejoint par plusieurs di-zaines de jeunes militants d’Action Fran-çaise qui s’étaient passé le mot de saprésence au Mont et apportaient des infor-mations.

Un mois après ce renfort qui remplaçal’unité spéciale du Lys Noir partie sans pré-venir, le Lys Noir informa le roi que les troisfamilles Vannier, gaiulois et vételé,se parta-geant toutes les propriétés du Mont avaientété expropriées, sans indemnité comme toutce que faisait le Lys Noir.

Le Lys Noir informait aussi Jean que leMont avait été désigné «capitale mystiquede la Nation Fédérale», mais aussi qu’il luifallait désormais se considérer commel’unique administrateur et propriétaire du ro-cher et qu’il devrait y trouver ses subsidescar le Lys Noir souhaitait avant tout un roipauvre, un roi «frugal» rejetant «les ors de laRépublique».

Alors, le roi Jean avait organisé l’esquissed’un micro gouvernement, nommant son se-crétaire Catala «chancelier chargé des fi-nances» et choisissant plusieurs intendantspour s’occuper des bâtiments, dela voirie, de sa propre maison, dela garde, mais aussi de la «charitédu Roi» puisque dans les précé-dentes semaines, le Montavait accueilli plus d’un mil-lier de SDF, réfugiés iciparce que le couvre-feunational avait, entre autres,«tué la manche» et obligéle Mont à réquisitionnertous les logements dis-ponibles dans ce villagequi avait déjà abrité1200 âmesvers 1850.

Enfin, unjour, quelquespèlerins seprésentèrent ànouveau aux

portes du

Mont : le Lys Noir venait juste de rétablir lacirculation des trains, de lever les barragesroutiers et de réouvrir les autoroutes.

C’est ainsi que tout le monde comprit quele Lys Noir l’avait définitivement emporté. Unjournal local, qui venait de reparaître sansprévenir, se risqua timidement à titrer sur lesprochaines élections convoquées dans lesdeux mille «Cantons-Républiques» que leLys Noir avait institué durant le «silence desang».

Si la plupart des flux et réseaux furent pro-gressivement rétablis à l’intérieur, ils restè-rent cependant déconnectés du monde.Sans internet, ni GSM, ni télé, la France«déraccordée» était devenue comme uneterra incognita des anciens atlas, et rien nesemblait pouvoir convaincre le Lys Noir quecela cesse, puisqu’il commençait à expli-quer partout, et sur tous les murs, que l’èrefrugale de la décroissance avait com-mencé...

A propos de la terre ferme, le roi Jeanpouvait s’apercevoir que la population, réau-torisée maintenant à entrer auMont, avait vécu partout unegrande stupeur dont elle ne savaitsi elle devait se plaindre ou se ré-jouir. Tout le monde avait réponducomme il avait pu aux difficultés dela vie quotidienne, voilà...

Le premierhiver passésous le LysNoir, lesg e n s

s’étaient chauffé au bois!Le pétrole ne venant plus,

à cause de l’embargo del’ONU, les voitures disparu-rent subitement puis réap-parurent, poussées pard’odorants mélanges au To-pinambour planté sur descentaines de milliers d’hec-tares de jachères... Dès lapremière récolte, les dis-tilleries tournèrent à plein.

Bref, grâce à l’em-bargo, une économie del’ersatz, de la relocalisa-tion et du système Davait immédiatementpris le relais de l’an-cienne économie,comme aux plusbeaux jours infini-ment débrouillardsde la France vi-chyste..

(Suite ci-contre)

Texte écrit

en l’an 201

8...

6 Nouvelle politique

Les journées frugales

7

Le seul salaire notable de toutes ces pri-vations et de tout ce qui avait été sacrifié à laréalisation du «Projet ZANB», fut le retourd’un agréable entre-soi. C’est bien simple,hormis à Marseille, on ne voyait plus autourde soi que des gens comme soi...

Et cette situation, beaucoup la trouvaient«reposante», jusqu’à considérer le grandchambardement du Lys Noir avec une sortede gêne honteuse, mais satisfaite.

Au Mont, il régnait maintenant une am-biance fourmilleuse de forteresse ou decamp retranché. Il y avait beaucoup trop demonde, surtout que, poussés par la curiositéde voir le roi pieux, les visiteurs et pèlerinsse massaient à nouveau au Mont...

Le commerce avait donc repris. Le com-merce ne connait aucun chagrin, aucun re-

mords, aucun deuil. Le roi Jean put ainsinourrir son rocher, sa garde, ses pau-vres, sa petite administration du courrier

royal et même les 2000 juges-baillis qu’il venait de nommer,un par «canton libre», afin d’yexercer une justice de concilia-tion et d’y repérer les cas justi-

fiant suffisammentl’usage de son droit degrâce, prérogative

éminemment royale que le Lys Noir venaitde lui restituer au nom de l’entière «NationFédérale des Français» (NFF).

Les journées frugales du roi Jean s’écou-laient désormais dans un pays abasourdi des’être retrouvé, mais également secrètementexcité par les nouvelles obligations égali-taires découlant de la recherche de la surviedans un pays cerné, condamné, attendu autournant par le marché mondial.

Le roi Jean se levait tôt, comme doit lefaire un bon roi. Il écoutait immédiatement lerapport de son chancelier et de son gardedes sceaux. Puis il prenait chez lui son petitdéjeuner avec la reine et le petit Gaston sco-larisé dans l’école que l’on venait de recréerpour lui et les autres gamins du Mont. Le roiet la reine accompagnaient chaque matin lejeune Prince jusqu’en haut de la Grande Rueque le gamin descendait en courant afin derejoindre plus vite ses copains eux-aussi pri-vés de jeux vidéos, de dessins animés etd’écrans tactiles, comme tous les enfants decette «nouvelle France frugale» que le LysNoir déclinait à tout propos.

A 10H00, immuablement, le roi Jean pé-nétrait dans la Merveille pour la messe dontil ne sortait que vers midi puisqu’il passaitgénéralement une heure dans le cloître à ré-pondre gentiment à toutes les bonnes pa-roles des pèlerins et des curieux dontbeaucoup s’étonnaient justement devant luide le voir si apparemment démuni et logé «àla dure» dans son appartement froid...

A midi, Jean et la Reine Philoména pre-naient leur repas au réfectoire au milieu despauvres dont le nombre avait été limité à 500et qui campaient ici, partout, au milieu de

toutes les chapelles latérales. C’est à14H00 précisément que le roi apparais-sait en bas du Mont pour la seule fois dela journée. En effet, il passait en revue sagarde volontaire appelée la «garde mai-gre» et cela constituait un grand momentpour tous les visiteurs du Mont. Une foisremonté, vers 15 H00, le Roi passait

deux heures à une impor-tante occupation politique

hebdomadaire. Soit il présidait son «petitconseil» constitué du chancelier et des in-tendants, soit il anoblissait avec cérémonietrois ou quatre barons ; soit il recevait publi-quement les nouveaux ambassadeurs ac-crédités par les Etats qui n’avaient pasrompu leur relations avec la NFF ; soit en-core il présidait son bureau des grâces ; soitil recevait longuement un ministre-émissairedu Lys Noir venu l’informer de ses décisions.Dans ce dernier cas, le Roi ne faisait jamaisaucun commentaire. Il écoutait, voilà tout et,à la fin de l’entretien, il acceptait simplementque l’émissaire se jette à ses genoux.

A 17h15, invariablement, au retour du dau-phin Gaston, le Roi prenait son «quatre-heures» en tête à tête avec son fils et luifaisait alors beaucoup d’éducation royale.

Vers 19h00, Jean-le-Pieux et Philoménadînaient rapidement d’une soupe au milieudu réfectoire de leurs pauvres et puis, ilscouchaient les princes avant de rejoindre,vers 21h00, la vingtaine de personnalités di-verses invitée chaque soir au «souper duRoi» qui se tenait ordinairement dans unemaison sans prétention, mais plus conforta-ble que les grandes pièces sinistres de l’ab-batiale que Philoména ne goutait guère.

Au souper du roi Jean, on rencontrait na-turellement des artistes incrédules, des po-liticiens soupçonneux, des acteursmarxistes, des philosophes irascibles, et desécrivains obscènes... La plupart du temps,ils avaient été envoyés là, contraints par leLys Noir qui, autrement, leur promettait uneballe dans la tête... Autant dire, qu’ils ne sefaisaient pas prier. Cependant, tous repar-taient du Mont avec le coeur changé, mo-deste. C’était là encore un calcul du Lys Noir.

Début 2017, à peine quelques annéesseulement après la «nuit noire» des fana-tiques du Lys, les deux mille Cantons-Répu-bliques et leurs Régions fédératives avaientretrouvé le joyeux désordre de la démocra-tie. Quant à la Nation Fédérale des Français,elle venait de connaître la première sessionde son Congrès inter-cantonal chargé d’élirele Conseil fédéral de gouvernement com-posé des six ministres, du Premier-ministre

et du Président des ministres.C’est un ancien membre du Modem qui

venait d’être élu à ce poste et avait immé-diatement renoué des relations diploma-tiques normales avec la plupart des

nations du monde. A propos des 12 millionsde marseillais vivant àl’étroit dans leur port

franc ghetto, le nouveau Président des Mi-nistres déclara en revanche que cette ques-tion ne devait pas donner le prétexte au LysNoir à un nouvel accès de folie... Et que leschoses étant faites, il ne lui appartenait plusque d’aider les «déplacés» là où ils se trou-vaient. C’est à dire à Marseille. Le présidentrestait vague sur la clôture électrique. Bref,on sentait que l’ombre du Lys Noir était en-core là, retenue dans les plis de l’armée fé-dérale dont «ils» avaient conservé lecontrôle. a propos du roi Jean, le présidentdéclara enfin qu’il comptait lui rendre visitebientôt au Mont. Cela veut-il dire que vous lereconnaissez?, lui demanda un journalisteanglais. Oui, répondit le disciple pragma-tique de François Bayrou.

C’est alors que (tout le monde s’en sou-vient, certainement!) la haute cellule du LysNoir se fit annoncer au Mont. Ce fut, biensûr, l’occasion d’une journée mémorable.

Un dimanche d’été où le Mont se trouvetrès fréquenté, la haute cellule arriva. Es-cortée magnifiquement par ses 200.000tueurs masqués, la haute cellule arriva, en-tourée d’une indescriptible forêt de drapeauxnoirs frappés du lys si effrayants que beau-coup de gens venus pour l’événement en re-partirent aussi sec...

Ceux qui restèrent ne le regrettèrent pascar ils la virent, là, devant eux, cette hydredes hommes les plus recherchés du monde,cette tête multiple qui avaient commandé auplus effrayant déplacement ethnique de l’his-toire depuis Staline ; et que le TPI de LaHaye aurait attendu de pied ferme, si le LysNoir ne l’avait pas fait honteusement bom-barder et raser l’année dernière...

Ici, la haute cellule aurait pu continuer enberline le chemin sur mer mais elle choisit dele faire à pied. A genoux, plus exactement.

Ceux qui avaient, en crimes, dépassémille fois les serbes Mladic et Karadzic, setrainèrent ainsi pendant des heures, tantôthués, tantôt encouragés par une foule quis’était enhardie puis jetée à leur suite au mi-lieu de la baie dans une odieuse ambianced’étape décisive du Tour de France...

Quand la cellule arriva enfin aux portes duMont, le roi pauvre et frugal voulu par le LysNoir attendait ses monstres qui, maintenanten larmes, lui embrassèrent les bottes avantque Jean ne les fasse entrer dans son asile.

On dit qu’ils sont encore là, affectés aupauvres, mais personne ne sait véritable-ment ce qu’ils font. Chacun de nous peuttoutefois craindre que ce soit désormais auMont, dans cet écrin de granit, que batte en-core le coeur hideux du Lys Noir !

R.C

du roi Jean de France... Nouvelle politique

8 Géopolitique du royalisme

L’Allemagne est redevenue une nation catholique

Alors que la réussite allemande nourrit une jalousie française misérable et qu’Angela Merkel fait le bonheur des caricaturistesredevenus «anti-boches», il n’est pas inutile de s’arrêter sur une autre nouvelle : la RFA est redevenue catholique.

En Thuringe, Erfurtest la capitale du lu-thérianisme alle-mand, aujourd’hui enchute libre, dévorépar la modernité.

C’est depuisBerlin, villeluthérienneque l’Alle-magne regardele monde...

La petite ville de Fribourg-en-Brisgau est aujourd’hui deve-nue la capitale incontestée ducatholicisme allemand

En Allemagne où les catho-liques et les protestants secomptent fiscalement grâce àleurs déclarations d’impôt surlaquelle le contribuable si-

gnale son appartenance, ou sa sortied’une église s’il ne souhaite pas contri-buer à son financement, les statistiquessont donc précises à l’unité près.

Ainsi, l 'Allemagne comptait, en 2010,près de 24,65 millions de catholiquespour 11 524 paroisses ou lieux de culte.Trois millions d’Allemands participentrégulièrement à la messe (soit 12,6%).L’Eglise catholique procède chaqueannée à 170 339 baptêmes, à 224 932premières communions et à 48000 ma-riages. Elle enterre aussi 252 965 Alle-mands.

Mieux, on sait avec exactitude que3.118 protestants se sont convertis et que7 403 catholiques sont revenus à leurEglise. Mais aussi que 181 193 mem-bres en sont sortis...

Les deux plus grandes églises d'Alle-magne voient leur nombre de fidèles di-minuer, mais, en 2007, le nombre demembres de l'Eglise évangélique d'Alle-magne (EKD), principale organisationprotestante du pays, a chuté sous la barredes 25 millions pour la première fois de-puis la réunification de l'Allemagne, en1990. Il y a cinq ans, les membres del'EKD étaient 24,83 millions, sur 82 mil-lions de personnes vivant en Allemagne.Aujourd’hui les protestants sont moinsde 23 millions et leur église perd de l’in-fluence sur un rythme redoutable de 270000 fidèles en moins chaque année.

Au moment de la réunification alle-mande, en 1990, le nombre de protes-

tants était légèrement supérieur à celuides catholiques dans toute l'Allemagne.Les Länders de l'Est de l'Allemagne fonthistoriquement partie du coeur historiquedu protestantisme, où le réformateurMartin Luther a vécu et travaillé auXVIe siècle.

Evoquant la question des membresquittant l'Eglise, le principal évêque pro-testant d'Allemagne, Wolfgang Huber,déclara dans une interview accordée à lastation de radio Deutschlandfunk en2006 que l'église devait changer de men-talité : "Nous ne sommes pas seulementconfrontés à un processus irréversibledans lequel les gens quittent l'église.Dans certains cas, c'est l'inverse qui seproduit et la participation dans la vie del'église progresse", a affirmé l'évêqueHuber.

Naturellement, la diminution de l'affi-liation des protestants affecte les revenusde leur église, car en Allemagne, 70 %des recettes de l’église proviennent del'impôt ecclésiastique, qui s'applique auxpersonnes déclarant une affiliation.

En Allemagne, encore 60 % de la po-pulation appartient actuellement soit àl'EKD luthérienne soit à l'Eglise catho-lique. Ce sont les Länders majoritaire-ment catholiques du Sud et du Sud-ouestde l'ancienne Allemagne de l'Ouest quicomptent la plus forte proportion dechrétiens. Le premier d'entre eux est laSarre, à la frontière française, avec 84,6%, suivi de la Rhénanie-Palatinat (77,4%), de la Bavière (77,3 %) et du Bade-Wurtemberg (70,5 %).

Dans quatre des cinq anciens Ländersest-allemands communistes, déchristia-nisation de la RDA oblige, moins d'un

quart de la population fait encore partied'une Eglise. En Saxe-Anhalt - où setrouve Wittenberg, la ville où Luther alancé la Réforme en 1517 - seulement18,7 % de la population est affilié àl'EKD ou à l'Eglise catholique.

On ne sait pas précisément si le reculdu nombre de membres des églises a descauses démographiques ou si les chré-tiens sont en train de quitter l'Eglise sousles coups de la contre-culture moderne,ou pour des raisons bassement écono-miques et fiscales...

Quoi qu’il en soit, sur le terrain de lagéopolitique européenne, le retour del’Allemagne à une majorité catholiqueconstitue un phénomène qui, renforcépar le dépassement démographique quela France opérera sur l’Allemagne dansmoins de deux décennies, devrait nousamener à réviser notre défaitisme etnotre hostilité de plus en plus déclarée àl’égard de notre malheureux voisin.

Le jour où l’Allemagne abandonnerasa funeste capitale du Nord, excentrée,au profit de Francfort, sa véritable capi-tale historique, nous aurons donc re-trouvé le Saint-Empire et nous seronsdébarrassés de la Prusse et de son atti-rance obsessionnelle vers l’Est. C’estnotre seul problème avec l’Allemagne.Nous lui demandons de retrouver sa vo-cation «Habsbourg». Si elle le fait vite,nous achèverons ensemble le processuseuropéen.

Si elle ne le fait pas, la méfiance du-rera et déposera ses oeufs dans lesconsciences françaises qui ne demandentaujourd’hui qu’à se trouver un méchantloup tout proche, une sorte de Uhlanmangeant les enfants gaulois tout crus etqui s’appellerait Angela Merkel !

Nestor barmu

Le Brisgau estune ancienneterre desHabsbourg...

Une fois parvenu au pouvoir, François Mit-terrand s’avéra un velléitaire. Lors de la

chute du Mur de Berlin, on sait qu’il cher-cha à s’opposer sournoisement à la réuni-

fication allemande. Il finit par obtenird’Helmut Kohl l’accélération du proces-

sus d’unification monétaire : l’Euro...Mais le président socialiste était trop vide,

trop byzantin et florentin à la fois, pourempêcher le transfert de la capitale depuis

Bonn, ville catholique et rhénane, versBerlin, ville luthérienne et prussienne,

proche de la Baltique. Le Français n’avait pas assez d’imagina-tion politique pour réaliser que ce n’était

pas la réunification qui représentait undanger, mais le transfert du

gouvernement allemand fédéral dans une nouvelle capitale, vers l’Est.

En effet, on ne regarde pas le monde etl’Europe de la même manière lorsque l’onse trouve à Berlin ou à Francfort (la capi-

tale historique du Saint Empire).

François Mitterrand ne s’opposa pas autransfert. Il aurait craint l’ingérence et on

lui aurait dit que c’en était une. Le bilan de cette timidité est que, pendant20 ans, se sentant majoritairement luthé-

rienne, la RFA a mis ses pas dans lestraces de la Prusse et non du Saint Empire

Romain Germanique. Or, si le Saint Empire est le vieux compa-

gnon de l’histoire de France, la Prusse estnotre ennemi inconcilliable, ennemi d’au-

tant plus sûr que la Prusse l’est égalementdu reste de l’Allemagne, notamment ca-

tholique. Heureusement, la RFA est entrain de redevenir majoritairement catho-

lique. Et cela va tout changer...

9Géopolitique du royalismeA demain, Monsieur Habsbourg

Contrairement à l’Action Française, canal « les envasés»,nous ne refusons pas l’idée européenne tant notre fédéra-lisme concret nous pousse en effet à voir jusqu’à la di-

mension «supranationale». Ainsi, si nous pouvions activer la machine à remonter le temps,

nous conseillerions au Roi François Ier de trouver un arrange-ment avec Charles Quint ! Oh bien sûr, le Habsbourg fut long-temps le rival géopolitique de la France quand le monde s’arrêtaità l’Europe. Mais aujourd’hui ? Quel sens y aurait-il à continuersur des équilibres qui n’existent plus, juste par pure tradition po-litique maintenue jusqu’à l’absurde, et jusqu’au crime contre soi.

Au contraire, nous sentons tous que l’acharnement de Clé-menceau et de ces franc-macs contre l’Autriche-Hongrie du bien-heureux Empereur Charles marque incontestablement lefranchissement ultime de la modernité vers un monde méchant,haineux et remonté... Nous savons que l’Autriche-Hongrie fut,politiquement, ce qu’il y eût de plus beau sur terre.

Aucun monarchiste, fut-il Français, ne peut alors se sentirétranger à ce que transporte dans son exil la dynastie Habsbourg.Beaucoup de royalistes français, tels que Jean Sévilla, sont d’ail-leurs déjà passés vers cet imaginaire-là que nous saluons parceque nous le considérons nullement contraire à notre royalismefranco-français.

Aujourd’hui, à la faveur d’un changement de chef de maison,les Habsbourg suscitent l’intérêt dans toute l’Europe centrale etailleurs. Il est donc temps que les anarcho-royalistes disent cequ’ils en pensent et quelle pourrait être la grande piste euro-péenne qu’ils poursuivent.

Depuis sa naturalisationallemande en 1978,afin de se faire élireau Parlement Euro-péen où il fut le dé-puté le plus respectéet le plus assidu, il sefaisait appeler :«MonsieurHabsburg-Lothringen».C’était un démocrate-chrétien au sens conser-vateur, bien dans sa peauau sein du groupe desélus CSU bavarois. Il avait aussi adhéré àdes organisations anti-communistes et il avaitfondé une intéressanteassociation militant pourque le français deviennela langue unique del’Union Européenne...Parmi nous, beaucoupméprisent les démocrates-chrétiens. Ils ne le devraient pas. Car, chrétiens nous demeurons et démocrates nous sommes bien obligés de l’être un peuaussi. Ce n’est donc pas sur l’essentielque nous nous séparons, c’est sur la mé-thode. Nous, nous croyons au coup deforce puis à une violente vigilance. Eux,ils croient charitablement à la convictiondémocratique... Reste que le projet euro-péen de «Monsieur Habsbourg» en nousdonnant du Charles Quint tous les jours, avait de quoi séduire...

L’Europe dont nous rêvons constitueraitun ensemble d’une demi-douzaine de na-tions catholiques obéissant chacune à unedynastie sérieuse, pieuse, et solidement dé-vouée à sa mission à travers les siècles,comme le sont les Habsbourg, mais aussiles Savoie-Aoste en Italie ou les Bourbon-Parme carlistes en Espagne. Les Nationssubsisteraient, mais à la condition de leuraffection mutuelle.

«Monsieur Habsbourg» ne pouvait évi-demment pas le dire comme cela, mais c’estle non-dit de toute son action européenneanimée par un souci de parachever les his-toires nationales sans les nier, sans les ou-blier, sans les contredire, en les portant, aucontraire, à leur firmament : l’union.

Comme l’indiquent les fréquentes visitesHabsbourg à Nancy (Otto s’y était mêmemarié), les Habsbourg, beaucoup plus sûre-ment qu’une Merkel, regardent la Franceavec aménité et sympathie. Nous aurionsdonc bien tort de brider ces purs sentimentsqui nous portent vers eux.

Oui, car pour défendre les Habsbourg, ilfaut naturellement laisser parler en soi soncôté midinette, très «Sissi».

Est-ce grave ? Non.

Dossier

Son Altesse Impériale et Royale l’Archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine(1912-2011) est mort à près de centans. Il a été enseveli le 16 juillet dernierdans la crypte des Capucins en compa-gnie de son épouse (née princesse Ré-gina de Saxe-Meiningen) décédéequelques mois avant lui.

L’Europe libérale est une idée qui ne s’arrête jamais toute seule, d’elle-même, avec ses propres freins. L’Europe des marchandises est une luge in-tellectuelle ! Elle glisse comme un cul capitaliste sur un lac gelé, et alorselle n’en finit pas d’aller ailleurs, très loin, là-bas de l’autre côté où on nela voit même plus, où elle ne sera plus elle-même. Le problème de l’UnionEuropéenne n’est donc pas qu’elle soit européenne, c’est qu’elle soit mon-diale. Ouaip ! l’Europe est mondiale et elle nous le prouve tous les jours,et c’est même pour cela, au fond, que nous la détestons...

Pourquoi cette glissade si aventureuse et le vif plaisir pionnier qui vaavec ? On ne sait pas vraiment... En tout cas, une chose est sûre : si l’UEétait simplement européenne, si au lieu de se considérer comme une na-tion en devenir, un simple «projet», elle se voyait au contraire comme unespace ancien ne demandant qu’à exister à nouveau avec des recettes iden-tiques, elle ne s’amuserait pas à glisser ainsi. Elle se concentrerait sur sonpropre horizon perdu.

L’Europe a même existé. Pendant trois décennies, sous le règne deCharles Quint. Seulement, poignardé dans le dos par la réforme de Luther,empêché de rejoindre l’Espagne par voie de terre par François 1er fon-dant le souverainisme français et la guerre patriotique (alors qu’il avaitcependant été candidat contre Charles Quint à la couronne impériale),l’Empereur mélancolique ne put achever son oeuvre et laissa partir lesonge...

Aujourd’hui, l’Union Européenne est paralysée et plus aucune solutioninstitutionnelle n’y pourra plus rien. C’est mort. Et quand on voit seule-ment la tête de Von Rompuy, le président toujours inconnu de l’UE, on atout compris. C’est d’ailleurs en dépit de ses institutions que l’UE est en-core gouvernée par le couple franco-allemand en mode «bilatéral».

Cette gestion intergouvernementale fonctionne relativement bien, maisvoilà, elle ne peut être étendue au 27 Etats membres, et, à fortiori aux 35que comptera un jour l’Union quand elle s’ouvrira sur les Balkans.

La prolifération des Etats membres et, surtout, leur déséquilibre entreeux de taille et d’importance économique (l’Allemagne compte plus de200 fois la population de Malte et 500 fois son PNB, mais Malte disposenéanmoins d’une voix au Conseil Européen, comme l’Allemagne) est lepremier problème.

L’autre problème majeur de l’Europe est le complexe français devantl’Allemagne. Le déséquilibre intervenu depuis la réunification devraitalors pousser la France à récupérer la Wallonie perdue en 1815 en rega-gnant, du coup, plus de 3 millions d’habitants, soit 5% de sa propre po-pulation métropolitaine... De plus, un rétrécissement légitime et«solutionnant» de la Belgique à son identité flamande placerait égalementla «Belgie» flamande et le Luxembourg dans une certaine orbite fran-çaise... Mais cela ne serait encore pas suffisant pour rassurer la France,car ce qui l’inquiète va au-delà du seul tableau comparatif entre les deuxpuissances du «couple». Ce qui inquiète la France, c’est que l’Allemagnedans le ventre mou de l’Europe, dans la Mittel-Europa constituée par lesEtats issus de l’ancien Empire Austro-Hongrois, occupe seule le vide lais-sée par la Russie au moment du retrait de l’URSS.

En Europe centrale, l’Allemagne n’a en effet que des clients chez desEtats de toute façon trop petits, trop pauvres, trop dépendants pour échap-per à son influence pourtant prudente... Mais l’Allemagne est si grosse enson Europe Centrale qu’elle n’a pas besoin de parler ou de bouger pour yêtre obéie. Six petits Etats se précipitent constamment sous elle tels desporcelets... Et il y en a autant en Europe du Nord... En vérité, l’influencede la France en Europe se limite aux Etats du Sud que l’Allemagne vou-drait justement licencier pour trouver un peu de cohérence à l’Europe, carl’Allemagne en recherche aussi.

Cette situation a pourtant une solution, c’est la reconstitution del’Autriche-hongrie en reprenant le projet de l’archiduc assassiné Fer-dinand qui avait déjà annoncé qu’avec lui ce serait l’Austro-Slavo-hongrie... Six Etats d’Europe centrale et deux autres qui pourraient naîtrefacilement (Sud-Tyrol et Ruthénie) forment aujourd’hui le reliquat géo-graphique de l’Empire Habsbourg en Europe centrale. S’ils se fédéraientà nouveau -et doucement- dans une union personnelle austro-slavo-hongroise, on assisterait à la reformation d’un géant européen (50 mil-lions d’habitants, 400.000 km2) d’un même niveau de puissance quel’Italie, un peu au-dessus de la Pologne et de l’Espagne.

(Suite page 12)

EUROPE :Pourquoi

faut-il recréerl’Autriche-Hongrie

pour l’Europe ?

10 Géopolitique du royalisme

Mouvementdu 6 mai2012Aujourd’hui, pour la première fois dans

l’histoire électorale de notre pays, uneforce anti-système entrevoit une réelle

chance de l’emporter devant les électeurs.Cette possibilité doit toutefois être modérée

par une solide certitude : le système capita-liste mondialisé et trilatéraliste utilisera tous lesartifices imaginables pour refuser les consé-quences légales d’une éventuelle victoire deMarine Le Pen au second tour de l’électionprésidentielle le 6 mai 2012.La manipulation des résultats d’une élection

décisive n’est pas un privilège des paysd’Afrique. Il suffit, en France, de se souvenirde l’élection «démocratique» qui installa la pre-mière secrétaire du Parti Socialiste.

Pourquoi le régime accepterait-il son éven-tuelle défaite, surtout que celle-ci sera forcé-ment courte ? Pourquoi ne jouerait-il pascyniquement la carte de la «résistance» et dusauvetage d’une «démocratie en danger» ?Les anti-systèmes doivent donc se préparer

à un lendemain d’élection pour le moins diffi-cile. La proclamation de l’état d’urgence et ladissolution du FN sont des perspectives pro-bables. En tout cas, il faut s’attendre à lacontestation immédiate des résultats de l’élec-tion devant le Conseil constitutionnel où lesamis du FN sont peu présents...

C’est pourquoi, parce que nous prévoyonsque la victoire de Marine Le Pen est possi-ble mais qu’elle lui sera immédiatementconfisquée, nous constituons le M6M : Mou-vement du 6 mai.

Le régime ne respectera jamais la victoire démocratique de Marine au second tour de la présidentielle...

Ils ne lui donneront pas les clefs de l’Elysée !

Détachez vite ce tract

et distribuez-le

A

Si tu méprises le FN,B

Le n’est pas un parti !

Le M6M n’est pas un nouveau parti politique. Notre mou-

vement ne chasse sur les terres de personne, il ne pra-

tique aucune exclusive et tolère la double appartenance

avec des mouvements politiques constitués car il n’en

n’est justement pas un.

Ainsi, le Comité d’organisation, direction collégiale du M6M

composée de 21 membres, ne peut comporter plus de deux

membres d’un même courant révolutionnaire. Dans cet esprit

de rassemblement circonstanciel, et de «confédération pour

un scénario», le M6M appelle donc tous les militants anti-sys-

tème à venir le rejoindre pour mettre le plus de mains autour

d’une remarquable opportunité révolutionnaire.

Le n’est pas

une annexe FN

Le M6M n’est ni une annexe, ni

une officine du Front National. Nos

dirigeants n’ont jamais fait partie

du mouvement frontiste et n’ap-

partiennent pas forcément à sa

mouvance.

Au contraire, le mouvement, large-

ment constitué d’autonomes, est

composé dans sa direction de per-

sonnalités révolutionnaires ayant eu

jadis «maille à partir» avec Marine

Le Pen ou le FN.

Le milite pour une

candidature unitaire

Le M6M déplore par avance toute candidature

concurrente à l’élection présidentielle qui ne s’arrêterait

pas d’elle-même à l’issue d’une pré-campagne propice

à la publicité gratuite et à l’agitation-propagande.

En effet, il est du premier intérêt qu’aucune voix anti-

système ne manque à Marine Le Pen lors du premier

tour de l’élection présidentielle.

Le mouvement est hostile à toute candidature de

diversion comme celles de Jean-Luc Mélenchon

(FG), Jean-Pierre Chevenement (MRC) et Nicolas

Dupont-Aignan (Gaulliste de gauche).

...Même si le est un mouvement anti-électoraliste

Vis-à-vis du Front National, le M6M applique un invariable principe d’action révolutionnaire : notre mouvement ne se mé-

lange pas au parti électoraliste mais peut agir sur celui-ci. En effet, nous n’ignorons rien des faiblesses de ce syndicat

de boulistes, mignons, dames pipi, et chaisières que constitue aujourd’hui, sociologiquement, le parti de Marine Le Pen.

Nous savons que dans la plupart des cas, les quelques cadres rassemblés autour de la présidente du FN sont encore mar-

qués par une forte idéologie d’extrême-droite réactionnaire et que Marine Le Pen, animée seulement d’intuitions, est prati-

quement seule en son parti sur sa ligne anti-capitaliste.

Cela dit, loin des conflits stériles entre électoralistes, le principe d’action du M6M c’est la prise du pouvoir par «pichenette

finale» après un succès électoral, puis l’instauration d’une nouvelle démocratie directe et référendaire placée sous la sur-

veillance d’un appareil révolutionnaire armé et permanent dont les militants n’assument aucun mandat électif, aucune res-

ponsabilité politique, mais exercent une pression permanente sur la société civile et politique.

Pour y parvenir avec réalisme, le M6M écarte donc la «prise du palais d’hiver» romantique lancée depuis quelques caves

contre un système constitué. Le coup de force tel que nous l’imaginons ne vient qu’après une victoire politique majeure, l’élec-

tion de Marine Le Pen à l’Elysée, par exemple. Ainsi, doctrinalement, le M6M ne confond pas l’électoralisme condamnable

et l’utilisation révolutionnaire d’un résultat électoral opportun constituant évidemment une position licite.

C’est pourquoi le M6M regarde le FN de Marine Le Pen comme un parti régimiste pourtant objectivement révolu-

tionnaire, même si le FN ne se voit pas lui-même ainsi.

Le mise sur la victoire

de Marine au second tour

Le M6M fait aujourd’hui le calcul que le vote FN, ne pouvant pas

être cette fois victime d’une captation telle que celle réussie en 2007

par Sarkozy, s’étalonnera probablement autour des 25%, peut-être

même davantage, si la crise touche à son paroxysme début 2012.

Avec un tel score, la présence au second tour est pratique-

ment assurée et les chances seraient alors réelles de voir la

candidate FN affronter un candidat de gauche en faisant, au

passage, exploser la droite... Cette sale droite sarkozienne.

En revanche, si un élément catalyseur surprise (déferlement in-

contrôlé de vagues d’immigration africaine, attentat opportun de

l’Aqmi à quelques jours du scrutin...) venait à bouleverser la donne,

tout deviendrait possible au second tour pour le FN.

La défaite finale de Marine au second tour est assez proba-

ble, mais elle n’est pas absolument sûre... En tout cas, le FN se

comptera très haut, et les forces anti-système avec lui.

Anti-c

apital

istes,

décro

issant

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o-roya

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.

Brochure détachable :

Le guide à l’usage du militant Lys Noir

«Les principes solidaristes intérieurs de Gérard Bouchet»

Le soli daris me fran çais du M JR/MSF fu t i ncon tes tab lement un e doctrin e d’ acti on et du coup de force th éoris ée par G érard Bou ch et, s onredou table «con trôleu r politiqu e» qu i termin a sa carrière d’ agitateu r en représ en tant l’actuel Comte de Paris en Mi di- Pyrén ées, audéb u t des an nées 2000. Aus s i, l e Ly s No ir v eut être s olidaris te - ou s olidaire- au moi ns dan s s on organi s ati on in tern e et le fon cti on ne-ment de s es cellu les , ce qu i es t déjà beau coup, comme on en ju gera à la lectu re de ce qui s u it...

Guide du militant3 4

1 2

Avant-propos

Le guide militant ci-présent est uniquement inspiré par les principeset la pratique militante du solidariste Gérard Bouchet qui s’attacha àformer personnellement ses apôtres : Jean-Pierre Stirbois, Alain Boinet(ancien directeur des cahiers du solidarisme et aujourd’hui présidentde l’ONG Solidarité), Rodolphe Crevelle (dernier secrétaire général deBouchet jusqu’en 1997), Jean-Claude Noury (Chef mythique du GAJ)ou encore Anne-Marie Denis qui fut longtemps la compagne politiqueet l’égérie de Bouchet.

Si la pensée politique de Bouchet se situe dans la droite ligne del’OAS présidée par le démocrate-chrétien Georges Bidault, elle fu-sionne à la fois la doctrine sociale de l’Eglise, une fidélité globale maiselliptique au monarchisme, un patriotisme armé, une conception es-sentiellement «militaro-civile» du coup de force, et un mode d’organi-sation intérieure proche de «l’armée politique» mise sur pied parTrotsky pendant la guerre civile russe ouverte par la révolution Bol-chévique.

Ainsi, chez Bouchet, camaraderie civile et formalisme militaire sont-ils amalgamés pour constituer une véritable philosophie de l’actioncontenue dans des préceptes d’organisation et de comportement révo-lutionnaires aussi simples et «évidents» que difficiles à faire entrer dansla pratique.

Le guide militant de Gérard Bouchet, contrairement au catéchismerévolutionnaire de Netchaiev, est aujourd’hui un texte perdu. Seuls sesanciens disciples caporalisés, seuls ceux qui reçurent un jour cet ensei-gnement très souvent dispensé au cours d’entretiens particuliers pou-

vant durer une semaine entière au domicile de Bouchet à Saint-Julia deGras Capou, près de Toulouse, en sont les dépositaires.

Ceux-la seuls pouvaient encore témoigner de leur rencontre avec celuiqui apparut souvent comme le gourou d’une génération, sorte de Gurd-jeff en politique.

Les principes militants définis par Gérard Bouchet ne s’appliquentnaturellement pas à n’importe quel type d’organisation : Bouchet parled’une organisation révolutionnaire qui ambitionne le coup de force,évacue l’électoralisme bourgeois, etc... Si bien que dans un parti clas-sique ou dans un cercle de réflexion, ou dans un groupe pratiquant l’es-prit élargi de la mouvance, les principes de Bouchet s’avèrerontdéplacés, voir risibles à cause de leur profond formalisme.

En revanche, s’il s’agit bien pour l’organisation de se projeter un joursur l’événement et de renouveller la prise du Palais d’Hiver* orchestréepar Trosky, alors ces principes apparaissent comme un minimum.

*Le 6 novembre 1917, au matin, la police tente de fermer une imprime-rie du parti bolchevique. C'est l'occasion qu'attendaient les révolution-naires pour se mobiliser.Les hommes de Trotsky assiègent le Palais d'Hiver où siègent les mi-nistres du gouvernement provisoire «Socialiste-révolutionnaire». Cesderniers n'ont pour les défendre que 1300 soldats, cosaques et élèves-officiers, y compris une unité de volontaires féminines.Pour donner à son coup d'État l'allure d'une révolution, Trotsky fait tirerle croiseur Aurore, amarré à quelques centaines de mètres de là, sur unbras de la Néva.Après quelques velléités de résistance, les élèves-officiers et les sol-dates se rendent. Les bolcheviques fêtent leur victoire par une immensebeuverie, en vidant les bouteilles des caves bien fournies du Palais d'Hi-ver. Peu après minuit, le gouvernement signe l'acte de capitulation.«Jamais une échauffourée de si petite envergure (une dizaine de vic-times, d'après les historiens soviétiques) n'a eu des conséquencesaussi prodigieuses, et une fois de plus, le sort de la capitale décida decelui du pays tout entier», écrit Léon Poliakov (Les totalitarismes du XXesiècle, Fayard).

Le recrutementTu ne choisis pas l’Organisation, c’est elle qui te choisit. Elle a en-

tendu parler de toi par un camarade qui te connait et te recommande.Elle t’a vu agir chez d’autres. Elle TE veut.

Dans ces conditions, celui qui te recrute doit obéir à quelques règlesde comportements.

Le recruteur te parle du haut de l’organisation toute entière, aussi pe-tite soit-elle pour l’instant. Il ne répond pas à tes questions de curiositénaturelle que tu refrennes donc rapidement. C’est lui qui parle. Il neplaide pas, ne vend rien. Il te fais seulement passer au crible d’un ques-tionnaire extrêmement personnel. As-tu des problème d’argent ? Desdettes ? Des condamnations judiciaires ? Vis-tu en couple et avec qui?Ta femme est-elle jolie ? Es-tu sûr d’elle ? Que pense-t-elle de ton en-gagement ? Que penses-tu des homos ? Tu fais quoi dans la vie ? Oùtravailles-tu ? Quels sont tes horaires de boulot ? Tes parents votentpour qui ? Combien tu gagnes ? etc..

Le recruteur ne te parle pas politique. Il n’est pas là pour cela. Surtoutpas d’ailleurs. Tes éventuelles nuances ne nous intéressent pas. Le re-cruteur n’est là que pour soupeser ta capacité d’engagement. Tu passestes vacances où ? Es-tu libre le week end ? Et le soir, en semaine ? Ets’il le fallait, saurais-tu sécher ton boulot si on te le demandait commecela, tout de suite, sur un coup de fil ? Et puis qu’est-ce que tu sais fairede mieux ? Ensuite, le recruteur te demande à l’impétrant s’il veut êtreresponsable de quelque chose. Si tu crois en ton caractère et que tu leveux vraiment, il ne te parle pas de sa propre cellule à laquelle tu seraitintégré autrement. Tu auras à créer la tienne. Le recruteur t’indiquealors ce qui n’est pas fait pour l’instant mais qui devrait néanmoins êtrefait d’urgence.

Le recruteur ne laisse par l’entretien se terminer sans t’avoir confiéune tâche, si modeste soit-elle. Que celle-ci soit inutile ou non ne te re-garde pas. Tais-toi, dis oui.

Et puis n’oublie pas, la prochaine fois, de nous donner le numéro de

Guide du militant

la cabine téléphonique la plus proche de chez toi. Tout commence....Le recruteur ayant fait son rapport, le militant n’est considéré comme

membre que lorsqu’il s’est entretenu personnellement -et longuement-avec le directeur politique de l’organisation qui a droit de véto.

Dans ces conditions, l’organisation n’est pas d’une compositioncontrainte par les adhésions qui la remplissent contre son gré. Elle est,au contraire, ce qu’elle a voulu être.

Le nouveau membreLe nouveau membre n’est pas un flic. D’ailleurs que raconterait-il à

la police ? Aucune suspicion de ce type ne peut seulement l’entourer.Le nouveau membre est une chance, un trésor. On lui montre tout. Onne lui fait aucune cachotterie. S’il se sent un peu gauche, on le traitenéanmoins comme un vieux camarade. Dès son entrée, il est un vieuxcamarade. L’esprit de bleusaille et de rite initiatique est, selon Bouchet,un crime contre les jeunes pousses de l’organisation, un crime contre soi; c’est aussi le ferment d’une «culture interne» ridicule et malsaine..

La celluleA la base de l’organisation, il y a la cellule. Deux militants suffisent

pour en constituer une. Très vite, la cellule doit comporter au moinstrois militants, soit un équipage de voiture.

Dans une même ville, une cellule n’est pas obligée de travailler avecune autre. Il n’y a pas de découpage territorial strict mais plutôt des cel-lules d’affinités, ce qui permet, au sein d’une même cellule, une am-biance sociale ou générationnelle homogène.

La cellule est collectivement responsable de son action. Elle n’est pasfractionnable arbitrairement par la direction. Ainsi, elle se sent dura-blement protégée.

Guide du militant7 8

5 6La cellule pour quoi faire ?

L’organisation imaginée par Gérard Bouchet condamne la réactionpolitique, même intelligente et saine, à l’événement. A ses yeux, le ré-gime en a déjà assez fait pour mériter la mort à la moindre occasion fa-vorable pour l’attaquer en ses bâtiments centraux. Nul besoin de setrouver, dans l’émotion collective de l’actualité, des raisons supplé-mentaires de détester le pouvoir en place, puisque la seule question lé-gitimement en suspens ne tient qu’au choix du moment de l’abattre.

L’Organisation ne vit donc pas dans le non-dit de toutes les agitationspropagandes impliquant la volonté d’une accession à la majorité d’opi-nion avant d’espérer prendre le pouvoir. Bouchet n’est pas gramsciste,il est trotskyste, il se souvient à chaque instant que le palais d’Hiver aété pris par un petit parti minoritaire qui allait, en plus perdre les élec-tions constituantes quelques semaines plus tard et qui s’en fichaitpuisqu’il était, après tout, déjà sûr de sa volonté de rester au pouvoir endépit de tout, y compris d’une défaite électorale.

Si la cellule ne colle aucune affiche, ne mobilise aucune manifestationpublique, ne donne aucune conférence de presse de protestation, nevend ni tee-shirts ni pin’s, n’organise aucune conférence, aucune dis-tribution de tracts, n’entretient aucun cercle de formation, aucune uni-versité d’été, et ne publie aucune revue, que fait-elle donc ?

Rien. Elle se développe, voilà tout. Poursuivant ce but unique, elle peut cependant avoir recours à des sa-

mizdats clandestins répandus de la main à la main dans des milieux in-téressant son recrutement. Elle peut aussi noyauter des partis ou cerclesidiots, voire répugnants, mais d’une manière générale, elle recrute sesmembres à la façon des chasseurs de têtes des entreprises multinatio-nales. C’est à dire qu’elle repère et qu’elle débauche à tout prix et que,pour cela, toutes les énergies de toutes les cellules sont employées.

Dans cet esprit, il est possible que des opérations complexes puissentêtre montées afin d’enrôler un seul militant visé.

On l’a compris : l’Organisation n’est occupée qu’à son développe-

ment jusqu’à l’obsession. Sa culture unique consiste à se multiplier.Toute autre forme d’action est considérée par l’Organisation commenocive, dispersante et souvent attentatoire à sa sûreté.

Néanmoins, ses ambitions de recrutement peuvent amener l’Organi-sation à participer à des réunions ou conférences chez les autres ou a desmanifestations rassemblées par d’autres qui en supportent donc évi-demment le coût... Mais l’Organisation ne perd, ni temps, ni énergie, niargent à la contestation publique, ni surtout à l’action électorale sérieuseà thèmes découverts.

Pour Gérard Bouchet, un militant devenu député ne pouvait plus être,aux yeux de l’Organisation, qu’un objet de chantages permanentscomme l’expérimenta Serge Didier député UDF/DL de Toulouse maisaussi ancien responsable local du GAJ qui ne parvint jamais vraimentà se soustraire de la pression constante exercée sur lui par Bouchet tou-jours acharné à lui demander des comptes, de l’argent et des soutiens,et à exiger fortement de lui ; comme si être député n’était rien, commesi une écharpe tricolore ne dispensait de rien auprès de la conjurationpassive de l’Organisation...

Dans ces conditions d’abstinence politique quasiment totale, on peutse demander d’où l’organisation tire-t-elle alors ses revenus ?

De pas grand chose puisque, dans le même temps, ses seules dé-penses sont faites de timbres, de papier à lettres et d’impressions de sa-mizdat à l’étranger. Au temps de Gérard Bouchet, de rares attaques àmain armée pouvaient encore constituer le complément. Aujourd’hui,des opérations plus subtiles peuvent remplacer ces bravos auxquelsBouchet reconnaissait avoir parfois consenti au temps de l’OAS se-conde période à la fin des années 60.

Bref, dans l’idéal du maitre conspirateur de Saint-Julia, s’il est desorganisations d’abord actives, qui finissent néanmoins toujours pars’étioler et s’endormir, l’Organisation théorisée par lui à la manièred’une sourde pyramide financière, commence par dormir avec disci-pline pour se réveiller, un soir, armée d’un potentiel de violence inouïeet sous-estimée jusque-là.

Guide du militant

Un équipage bolchévique au moment de la prise du palais d’Hiver

Guide du militant11 12

9 10

Le chef de celluleLa cellule a un responsable «une fois pour toutes». Il était là le pre-

mier. Il l’a créée. Pour peu qu’il l’exerce dans la continuité, la fonctiondu responsable de cellule n’est jamais remise en question, ni par en bas,ni par en haut.

En revanche, à l’aune de son efficacité, une cellule peut être minoréedans ses missions ou même carrément dissoute, répudiée, mais toujourscollectivement afin de tuer «dans l’oeuf» toute défosse dégoutante detel ou tel militant qui la compose -et qui pourrait vouloir faire rejaillirla faute sur le chef ou d’autres. Mais la dissolution est rare. La mise ensommeil est toujours préférable.

Le responsable de cellule, s’il peut être invité à l’autocritique par l’or-ganisation, n’est jamais remplacé.

A aucun moment, il n’est placé en concurrence ni exposé à la rivalitéd’un de ses hommes. Tant qu’il continue à faire, le chef de Cellule estincontesté. Si un camarade plus beau, plus jeune plus fort, plus intelli-gent apparait dans la cellule, on demande à celui-là de créer une nou-velle cellule. Si ce nouveau est si fort et si intelligent, il y parviendra.

En revanche, le responsable de cellule est poussé à l’humilité perma-nente. A aucun moment, il ne bénéficie d’un traitement spécial. S’iln’y a qu’un lit, il dort par terre comme tout le monde. S’il ne faut qu’unhomme pour une corvée, ce sera lui d’abord.

La hiérarchie variable Le responsable de cellule est surtout son mobilisateur et son inter-

cesseur auprès de la cellule directrice. Ce n’est le «chef» de la celluleque de façon occasionnelle. En effet, il n’y a de «chef» qu’au momentde l’action. On est chef au moment où on fait.

Ainsi, en fonction du travail à faire, le chef peut changer. Chef d’une

action, tu es soldat d’une autre organisée par le camarade que tu com-mandais tout à l’heure... Ca en rabat, ça empêche les petits chefs, camontre que le petit à lunettes, il est bon puisqu’on a fini par le mettrerapidement dans une situation qu’il n’aurait, sinon, jamais osé reven-diquer ...

Le congé militantSi tu es un peu bousculé, tu annonces ton «congé militant» avec une

date de début et de fin. Pendant ce temps, le groupe s’applique scrupu-leusement à ne rien te demander. Il ne perd ni son temps, ni son éner-gie, ni son moral à compter sur toi et à te coucher sur une listehypothétique de «peut-être». Le lendemain de la fin de congé, afin devérifier si ton congé militant n’est pas plus grave, on t’appelle pour untruc «dur» afin de vérifier que ta capacité d’engagement est bien in-tacte.

L’esprit d’affection...Gérer une organisation, c’est gérer les défauts personnels de ses mem-

bres. Chacun de ceux-là doit se considérer comme transparents dansses imperfections mais aimé en retour par-delà ses défauts ou impuis-sances connus. Le militant n’a rien à cacher de ses limites. Plus il lesavouent et en prévient, meilleur militant il est !

Celui qui cherche au contraire à se draper toujours de ses perfectionsest suspect, car dangereux si l’organisation s’est laissée abusée par saforfanterie ou sa mythomanie. Le profil de chaque militant est discutéen permanence au sein de la Cellule directrice qui, en contrepartie, luiréserve chrétiennement toute la compassion nécessaire dans un esprit de«gestion du potentiel de chacun» recherché parce qu’il économise l’il-lusion que l’organisation pourrait nourrir sur elle-même et sur ses forcesréelles...

Afin de symboliser cette dimension à la fois dure, rigide, et affective,Gérard Bouchets impose par exemple que chaque militant en désigneun autre pour parrain à chaque fois qu’il lui nait un enfant.

Dans le même registre, tout militant touché par un chagrin est entouréd’une sollicitude qui commence par le «contrôleur politique» lui-mêmeallant jusqu’à ouvrir sa maison le temps premier du deuil. (D’où l’im-portance que le contrôleur politique dispose d’une maison aussi vasteque celle de Gérard Bouchets à Saint-Julia ou celle de Léon Trotsky,Calle Viéna, à Mexico...)

Les veillées militantesLa présence aux veillées régulières de l’organisation est obligatoire et

vécue comme un moment fort. Toute occasion de concentration deforces est à prendre avec le plus grand sérieux. Ces veillées militantesportent principalement sur des questions organisationnelles. Les aspectsdoctrinaux étant considérés comme réglés dès l’entrée du militant dansl’organisation autour de quelques principes simples ayant force de slo-gans clairs, comme les trois slogans fédérateurs lancés par Trosky à laveille de l’attaque du palais d’hiver (Tous le pouvoir aux soviets, laterre au paysans, et la paix immédiate...).

Lettres internes et prises de note.L’organisation selon Gérard Bouchets fonctionne beaucoup sur l’écrit

qui stabilise son fonctionnement à tous les moments, à tous les niveaux.La lettre d’autocritique est encouragée puisqu’elle constitue une ma-nière de signaler sa bonne militance et non une humiliation.

Prendre des notes, est, pour Bouchets, le bon réflexe en tout. Surtouten réunion car les notes promettent alors un suivi sérieux.

L’Organisation selon Bouchets est également inspirée de la culturemilitante prévalant au sein des organisations trostkystes tels que les

bertistes de l’OCI où le rapport militant régulier envoyé en tous sens debas en haut, de haut en bas, et même transversalement, est la régle.

La lettre personnelle longie et circonstanciée est également employéeà l’attention du moindre militant.

Oui mais si la note reste, si la lettre est conservée la police pourral’utiliser.. Quelle police ? Car l’Organisation est inactive par définitionjusqu’au moment où elle servira enfin, à un moment précis où la policedu régime ne sera justement plus RIEN, ou parce qu’elle sera passéemajoritairement du côté du «désir de révolution»...

Camarade, mieux que copainPour constituer sa cellule, il est bien sûr plus facile d’y faire entrer un

bon copain. Mais alors, pourquoi celui-ci ne deviendrait-il pas alors un«camarade» ? La camaraderie est une sorte d’amitié vérifiée en per-manence dans l’action, elle réclame davantage d’implication que d’al-ler ensemble au cinéma ou de draguer conjointement dans le mêmegroupe de filles. Autrement dit, la camaraderie est une forme supé-rieure d’amitié. Vis à vis de son vieux copain, le militant se doit d’enfaire un camarade et de redoubler à son égard dans une vigilance deservice jamais prise en défaut.

Bouchets interdit les prêts d’argent entre camarades. Il préconise ledon. Comme cela, on en parle plus et cela n’envenime rien.

En revanche, la copinite, c’est à dire le maintien des anciens liensexistants entre deux militants avant leur entrée dans l’organisation estconsidérée par Bouchets comme polluante puisqu’elle tend à romprel’égalité entre militant et à créer une ambiance fractionnistes de fait.

Encore une fois, pour les deux copains qui se sont rejoints dans l’Or-ganisation, point d’autre salut que de modifier leurs relations et de lestranscender.

Mais le plus grand risque contenu dans la copinite est, selon Bou-chets, réside dans le brouillage créé par le développement de loisirscommuns qui peuvent passer facilement pour du militantisme alors

Guide du militant

Guide du militant15 16

13 14sont justement pas et qu’ils nuisent même à la tension militante per-manente qui doit prévaloir au sein de l’Organisation. Dans le système militant de Gérard Bouchets une sortie innocente entre«potes» militants exige au moins d’être formalisée par une lettre d’aver-tissement à la Cellule dirigeante, qui accorde, bien sûr, mais à la condi-tion d’une activité militante menée conjointement à la virée...

Histoire de ne jamais perdre la «tension».

Contre la langue de puteAu dessus de tout, pour la salubrité d’une cellule ou de l’Organisation

toute entière, Bouchets juge d’abord le militant à sa pratique ou non dela langue de pute. Pour lui, la critique du camarade ne peut se faire quepar écrit.

La lettre est alors lue devant des tiers et le camarade visé. Après, onse sert tous la main. Le type qui a sombré avec raison dans une critiquecolérique même justifiée, est provisoirement viré. Il craquera un jourpour autre chose. Il s’agit de le lui faire comprendre.

D’une manière générale, la langue de pute est identifiée par Bouchetscomme le signe d’un caractère bas, plus bas que celui que l’on couvred’ordures invérifiées, même si celui qui est l’objet de la «mauvaise sa-live» est extérieur à l’Organisation.

L’exclusion temporaireIl faut un système de punition permanent et fréquemment utilisé afin

d’être crédible. C’est l’exclusion temporaire. Il faut savoir exclure temporairement pour presque rien, pour un motif

bénin. Ca fait du bien à tout le monde. Cela rigidifie l’organisation. Etcela la paternalise aussi. L’exclusion temporaires est didactique?. Ellest longuement expliquée par le principal membre de la cellule dirigeanteen personne. Elle est dédramatisée, elle peut être l’occasion de faire le

point et d’adresser ds compliments. Les plus fines exclusions tempo-raires sont celles qui ouvrent sur une perspective de promotion pourl’exclu.

Dans tous les cas, passé l’expressionnécessaire du courroux, l’exclu-sion temporaire est charitable, compassionnelle. Elle devient ainsi un«cadeau», une marque d’attention particulière, mais aussi la preuved’un suivi psychologique permanent qui ne peut que flatter celui quien est l’objet.

Contre l’extrémisme verbalL’adage le plus connu de Bouchets est : «Modéré en pensée pour être

plus radical en action». L’exact contraire de l’extrême droite si modé-rée en action et si radicale en pensées et fantasmes.

Dans la vie de l’Organisation, tous les prétextes à la démonstration fa-cile de l’extrèmisme sont prohibées. Aucun chant, aucun hymne, aucunsalut, aucune arme personnelle exhibée devant tous.

Dans la méthode Bouchets, le militant démonstratif de sa virilité àvide est un sujet de vigilance permanente. Tout est fait pour l’amenderpuis pour le décourager si son comportement persiste.

D’une façon affirmée, le système Bouchets met l’accent sur la pro-motion du «petit timide à lunette, mais qui tire», ce qu’il était lui-même.

L’organisation et le secret.L’organisation n’a qu’un seul secret, c’est son degré de motivation à

agir et l’amplitude que prendra son action décisive. L’organisation nerecherche donc pas le secret. Ce serait idiot, cela attirerait davantagesur elle le soupçon policier. Au contraire, son fonctionnement est aussitransparent qu’une vitrine du quartier des putes d’Amsterdam ! Inutilede fuir au quotidien les écoutes téléphoniques et les éventuelles fila-

Guide du militant

L’assaut du palais d’Hiver reconstitué dans le film de

Eisenstein.

Guide du militant19 20

17 18ou flicages divers, l’organisation s’y épuiserait nerveusement et tom-

berait dans une paranoïa collective malsaine et incapacitante.

L’organisation ne servira qu’une seule fois, la bonne. Elle le sait ets’y prépare. En attendant, elle se tient à une stricte inaction. L’inactionest même son art et réclame toute son imagination qui peut alors allerjusqu’au renseignement, toujours préférable à la vaine militance poli-tique traditionnelle.

Violence interneLorsque ce dernier principe de prudence et d’attente résolument

«inactive» n’est pas respecté, une violence interne doit nécessairementse déclencher. En effet, périodiquement, la violence interne est une dé-monstration de force que l’organisation s’offre à elle-même.

Chaine de commandementLa direction de l’Organisation est un Etat-major. Elle répartit les

tâches de recrutement entre les cellules qui, par ailleurs, peuvent im-proviser toutes les taches qu’elles veulent là où elles sont ; pour peuque la direction en soit prévenue par écrit de façon claire afin d’y op-poser, le cas échéant, son véto.

Des commissaires de groupe détachées par la Cellule dirigeante fontliaison entre la direction et plusieurs cellules affectées à la même tâchede circonstance.

Pas d’organisation de jeunesseLe maître solidariste a toujours lutté contre les organisations de jeu-

nesse et autres syndicats étudiants. Ceux-ci lui furent cependant impo-

sés par l’apparition d’Ordre Nouveau puis du GAJ après l’autodissolu-tion de son Mouvement Jeune Révolution qui constitua le moment fortde Gérard Bouchets.

A la suite du MJR, le MSF (Mouvement Solidariste Français dontBouchets fut l’intransigeant «contrôleur politique») fut contraint au par-tage de son action avec le GAJ, sa branche étudiante et jeune qui, en tantque ralliée, disposait malheureusement pour Bouchets de sa propre or-ganisation.

Gérard Bouchets tenta bien de trotskyser le GAJ et de le soumettre da-vantage à son autorité indirecte mais il n’y réussit qu’épisodiquement,ne parvenant pas, par exemple, à empêcher la demi-douzaine d’atten-tats d’impatience qui furent reprochés au GAJ entre 1974 et 1981.

Ces attentats et l’idéologie ramasse-tout du GAJ en rivalité avec leGUD dans quelques facultés de Droit, convainquirent définitivementGérard Bouchets qu’une «branche jeune» est une plaie. C’est évidem-ment pire lorsque toute une organisation se définit elle-même commeun mouvement de jeunesse.

Plus largement, l’organisation théorisée par Gérard Bouchets redoute,à la façon des organisations trotskystes qui lui servent partiellement demodèle, le fractionnisme, un fractionnisme d’autant plus cruel et dé-vastateur que l’Organisation concentre son énergie sur son entre-soi.

Combien sommes-nous, chef ?L’organisation en cellules étanches est, pour Gérard Bouchets, un ex-

cellent moyen d’entretenir le «moral des troupes» en taisant le nombreexact de cellules, voire en laissant entendre que celui-ci est dix fois plusimportant que dans la réalité.

C’est à ce moment que le système de Gérard Bouchets rejoint lesmensonges sacrés encouragés par le cynique catéchisme révolution-naire de Netchaev.

Ainsi, le MJR ne compta jamais plus de 150 militants déterminés.

Ceux-ci étaient cependant 150 parce qu’ils avaient la certitude d’êtrebeaucoup plus !

Recrutement militaire. Comme l’OAS en son temps, l’organisation est constituée de civils re-

crutant des militaires à titre parfaitement individuel et sur des déter-minations exclusivement politiques. L’organisation n’est pas une arméesouterraine. Elle ne s’entraine à rien. Elle refuse les camps d’entraine-ment et autres bêtises inutiles et alertantes.

L’organisation part du principe que la technicité militaire minimale estdéjà acquise par les militaires ou certains policiers. C’est pourquoi ellemet un accent particulier sur le recrutement de militaires par définitiondéjà formés par le régime.

Ce faisant, les militaires recrutés sont intégrés à une structure princi-palement civile dans son esprit. Ils sont naturellement extirpés de leurhiérarchie militaire habituelle dont il n’y a rien de bon à attendre sur leplan «révolutionnaire».

Des taches minimalistesOutre le recrutement, l’Organisation s’applique, à travers un planning

mensuel écrit, à poursuivre -et donc à atteindre- des micro-objectifs mi-litants très à sa portée. Parfois considérés comme des activités déri-soires, ces micro-objectifs ont pour but de donner régulièrement auxcellules le sentiment de la chose accomplie.

La mini-victoire du but atteint, rien de mieux pour stimuler.

Organisation dormanteL’organisation est fondamentalement dormante. Cela ne veut pas dire

qu’elle ne s’exerce pas en permanence à certaines procédures de réveil.

Toute l’énergie de l’Organisation consiste ainsi à se préparer au «Topdépart» sans jamais céder à l’envie de se réveiller trop tôt, pour un motiffutile, hors contexte général favorable. Son occupation principale seconcentre dans le recrutement, pas dans la lutte politique ordinaire nidans la réponse à telle ou telle agression ou trahison du régime. Il y aen a tant ! Les seules manoeuvres d’importance de l’Organisation sont,rappelons-le, constituées par des passages en clandestinité «à blanc»de secteurs entiers de son organigramme .

... car, lorsque le grand trouble sera venu et que plus grand monde nela regardera avec attention, l’Organisation passera discrètement à uneclandestinité décisive, celle qui jette les dès de l’Histoire et prépare laprise du Palais d’Hiver...

D’après les notes de rodolphe Crevellelors d’un séminaire de l’Alliance Solidariste

à Sorrèze / Eté 1996

Guide du militant

Trostky, maitre à penser de Gérard Bouchets.

Guide du militant23 24

21 22Guide du militantConclusion

L’Organisation révolutionnaire à la mode Gérard Bouchets ne peutque heurter les individualistes, les hableurs et les autonomes, commeelle décourage les plastronneurs, les trop musclés, les führers en cham-bre, les «mentons en avant», et les forts en gueule en général.

Ce faisant, elle n’intéresse qu’une partie très limitée des militantsfrançais tels que nous les connaissons. Elle en laisse donc aux autresmouvements, notamment aux groupuscules de jeunesse...

Le problème de la méthode Bouchets, c’est le maintien de la tensionnécessaire dans «l’inactivité organisée», ainsi que le haut degré de «mé-chanceté interne» que l’organisation doit sortir d’elle-même.

Bouchets était un tendu et un méchant. En prison où la Républiquel’avait cantonné pendant quatre ans pour une simple distribution detracts (alors qu’il était soupçonné d’être le mitrailleur fou de tous les«bars arabes FLN» du Sud-Ouest), Bouchets avait expérimenté sa «mé-chanceté» contre tous les prisonniers «droit commun» que l’OAS deClairvaux terrorisait littéralement. Bouchets pouvait donc faire vivreson modèle d’organisation. Sa personnalité «extra dure» faisait en effetintégralement partie de son système dont il n’est pas dit que celui-cipourrait être reproduit sans un autre Bouchets, sans, du moins, un«contrôleur politique» qui s’appliquerait chaque jour, comme le faisaitBouchets, à accentuer sa «méchanceté» et son caractère pour le moinsdifficile.

Toujours faché de quelque chose, toujours relié à tous ses militants parun flux multiple et incessant de rapports, de plannings écrits et de let-tres personnelles adressées au moindre solidariste, Bouchets savait per-sonnellement mettre son organisation sous tension permanente.

Les moeurs contemporaines qui ont bien changé depuis les annéesMJR/MSF (de 1969 à 1980) supporteraient-elles une pareille mise soustension du militant, tension multipliée par l’interdiction féroce d’en-treprendre quoi que ce soit d’autre que du recrutement ? Personne ne le

Naturellement, dans l’Organisation selon Bouchets, un détail n’estpas un détail. Il est important. Un problème -insignifiant s’il survenaitdans une autre organisation- doit cependant être réglé urgemment et ra-dicalement. Il est l’occasion de rapports, d’autocritiques, d’exclusionstemporaires, et même de descentes surprise du contrôleur politique,etc... Ainsi, dans l’idéal de Bouchets, le militant soumis à une telle tra-casserie permanente en arriverait même à redouter par-dessus tout sapropre Organisation ! Parralèlement, cette pression interne tuerait aupassage l’ennui né de l’inactivité obligatoire.

Le but recherché dans une telle tension organisée est évidemment depréparer le quart d’heure fatidique, le quart d’heure historique et la prisedu palais d’Hiver pour lequel Trosky, lui, ne disposa pas de plus de3.000 hommes... A cet instant du «quart d’heure», Bouchets n’imagi-nait aucun refus, aucune reculade, aucun manquement. Il comptait surune organisation piaffante, tendue, rompue aux ordres, pénétrée de lamodestie des gens qui vont peut-être devoir mourir...

Héritant de l’appareil OAS décimé par la grâce accordée par DeGaulle en 1968, Bouchets créera le MJR. Il l‘organisera selon sa mé-thode, mais le MJR ne disposa jamais d’effectif supérieur à celui d’uneseule compagnie d’un régiment du Train... D’abord empêché par letemps béni des groupuscules jeunes que fut la décennie 70, Bouchets seheurta, pendant la décennie 80, à l’ascenscion irrésistible du Front Na-tional organisée par son meilleur disciple Jean-Pierre Stirbois... Bou-chets ne put alors que camper sur son refus de toute organisation dejeunesse et de tout compromis bourgeois avec l’électoralisme. Il avaitraison, mais il était le seul.

Tenu à l’écart du FN par la rumeur de son intention obsédante de faireabattre Jean-Marie le Pen pour débloquer la situation, Bouchets finitpar mourir de pauvreté et de solitude dans un galetas prêté par un com-merçant de Revel qui avait entendu dire que Bouchets avait jadis étéquelqu’un d’important.. Au lendemain de la mort du vieux conjuré, lecommerçant en question déblaya le galetas et fit porter tous les livreset papiers de Bouchets à la déchetterie intercommunale... C’était fini.

Il ne reste rien de lui ; aucun livre, aucun article,juste un souvenir brûlant chez ceux qui l’onconnu : Gérard n’était comme personne.

Un jour, en pleine cour d’assises, un procureurlança vers Gérard Bouchets qu’il n’était, après toutça, qu’un “psychopathe du complot”... Bouchets ?Ce nom ne dit naturellement plus grand chose à pluspersonne, pourtant il fut un «gourou» politique telqu’il n’en existe pas dix au monde dans un siècle po-litisé.

En effet, tout au long de son combat militant, Bou-chets donna corps à une doctrine politique qui fut, unmoment, défendue par quelques centaines de fran-çais, un reliquat de résistance en Russie et quelquesmillions de syndiqués anti-marxistes en Pologne...

Né au Pays Basque en 1936, Gérard Bouchets dé-buta son engagement politique dans le christianismemilitant qui le posséda toute sa vie. Avant la guerred’Algérie, il passa rapidement par le moule du roya-lisme d’AF et puis, très vite, il se jeta dans l’aven-ture de l’OAS dans laquelle s’épanouira enfin ce«psychopathe du complot» qui avait repris l’insultefacile du procureur comme un hommage et un en-couragement à continuer..

Comme on ne put lui imputer franchementquelques mortels mitraillages de bars FLN du midide la France, Gérard Bouchets fut tout de même sortide sa clandestinité par les flics et condamné à quatreans de prison pour la diffusion d’un simple tract...Fallait bien le stopper net, n’est-ce pas ?

En prison où cet éternel commissaire politique fitdes merveilles à coups de fourchette aiguisées contreles «droits communs» qui la ramèneraient trop, Bou-chets devint définitivement le principal «politique»de l’OAS, un idéologue de sa méthode, un redouta-ble chasseur de «balances» et de «langues de putes»

préconisant, en gros, d’organiser l’anti communismeen respectant toutefois scrupuleusement les principesd’organisation de Léon Trotsky.

Sorti de Clairvaux en 1966, Bouchets est immé-diatement recruté par l’industriel Pierre Fabre, mag-nat d’un laboratoire pharmaceutique, que la duretéde caractère de l’agitateur a littéralement «bluffé».Bouchets devient ainsi, pendant vingt ans, «visiteurmédical», profitant de ses fréquentes occasions devoyage pour mieux porter la bonne parole du solida-risme.

Membre du Conseil National de la Révolution,l’organe dirigeant de l’OAS réfugié en Espagne,Bouchets préside le dernier carré OAS au début desannées soixante-dix, après la grâce générale gaul-lienne de 1968. Il crée alors le mouvement Jeune Ré-volution qui, avec des hommes tels que Jean Caunes,se donne une vitrine politique à travers le Mouve-ment Solidariste Français qui ne fera d’ailleurs plusque de la politique.

A la présidence du MSF toujours marqué par sa fi-liation de clandestinité OAS, Bouchets initie en cestemps-là une féroce campagne anti-communiste, ilenvoie ses militants se coucher sur les voies ferréesdu Paris-Moscou, il maintient le contact avec les der-niers guérilleros solidaristes en Russie et en Ukrainegrâce à son agent secret Philippe le Moult, et puis ilmène une violente campagne d’agitation contre lessignes de présence soviétiques en France tels que lesbureaux de la compagnie aérienne Aéroflot dans les-quels, en 1977, un de ses disciples, un certain Escof-fier, se fait même brûler vif en plein après-midi,accédant, par ce geste inouï, au vain statut de «IanPallac» français...

Au sein du Mouvement Solidariste Français qu’ildirige depuis la région toulousaine et le village lau-ragais de Saint-Julia-de-Gras-Capou, Bouchets forme

alors de nombreux cadres politiques restés encore au-jourd’hui dans la région, même s’ils ont changé d’ho-rizon politique : un député de Toulouse (SergeDidier), la directrice du journal toulousain d’ultra-gauche “Satiricon”, un dirigeant national de la«Guilde du raid» au nom corse, et quelques autres,comme le méridional Bernard Anthony qui choisirad’emmener sa fraction «chrétienté-Solidarité» versl’extrème-droite et le FN.

Une extrême-droite dans laquelle Bouchets n’hé-sitait pas à recruter mais qu’il détestait farouchementpuisque son rêve à lui c’était une France réorganiséedans une sorte d’esprit «camp de scout», mais pas da-vantage. En effet, Bouchets était apôtre d’un para-doxe calqué sur sa propre existence : Modéré enpensées, mais ultra radical dans l’action au servicede cette pensée...

Frayant par patriotisme dans les parages de l’ex-trème-droite, mais détournant nombre de ses mili-tants vers les éditoriaux du quotidien La Croix, quele «gourou solidariste» annotait sans cesse, Bouchetsfut donc d’utilité publique avant l’heure ; retrouvantmême un peu de l’excitation OAS quand il monta,franchement visionnaire, le premier réseau de sou-tien logistique vers Solidarnosc que venait de lancerle polonais Lech Walesa inspiré, pour le baptème deson syndicat Solidarnosc, par le mouvement solida-riste russe NTS qui avait mené longtemps en ruthé-nie voisine, jusqu’au milieu des années 50, uneguérilla oubliée de tous.

Définitivement marginalisé en France par l’effetLe Pen de 1983 articulé, pure ironie des choses, parStirbois son meilleur lieutenant solidariste jusqu’en1977, Bouchets entama alors sa longue reddition de-vant un complot bien plus fort que les siens : celui dutemps qui vous vieillit et de la maladie qui vousronge même un guerrier...

Le Solidarisme n’est pasune doctrine, c’est un mot

que l’on se passe de l’un àl’autre.

Le solidarisme est né en1912, quand Léon Bourgeois,membre du parti radical fran-çais, tente de définir un syn-dicalisme non-révolutionnaire

et non marxiste..

En 1919, les premiers«Russes blancs» arrivent àParis, certains cherchent à

opposer au communismeautre chose que le vieux ré-

gime tsariste... Un d’entre euxtrouve une vieille brochuresolidariste... Le truc est en-

voyé en Russie où la guerrecivile fait rage... Le mouve-

ment Solidariste Russe (NTS)est né.

Ce mouvement va ainsi ani-mer une guérilla acharnée

contre les soviétiques jusquedans les années cinquante...

En France, les renseigne-ments militaires suivent natu-

rellement de près le NTSinconnu des journaux occi-

dentaux... Les officiers fran-çais chargés de la «lutte

anti-subversion» se mettentalors à s’intéresser franche-ment à cette doctrine solida-

riste capable de donner la foipolitique à une résistance

anti-communiste et cela plusde trente ans après la victoire

des «rouges»... EN 1961, ce sont les

mêmes militaires qui passentà leur tour dans la clandesti-

nité contre le «lâchage del’Algérie».

Comme ils n’ont que dudégoût pour la politique fran-çaise, ces militaires se défi-nissent rapidement comme

«solidaristes», tels les hérosRusses du NTS dont ils sontseuls en France à connaîtreles exploits... Le solidarismedevient alors la doctrine offi-cielle de l’OAS, notamment

après 1962, quand la se-conde OAS s’enfonce dans

une impuissante clandestinitéespagnole...

Ensuite, sous l’influenced’un ancien militant d’AF, Gé-

rard Bouchet, le MSF et sabranche jeune, le GAJ, incar-

nent la continuité de l’OASsolidariste dans les années

soixante-dix. Mais une majo-rité de militants, derrière

Jean-Pierre Stirbois vont sedévoyer, quitter Gérard Bou-chets et rejoindre le FN pour

lui donner sa première dor-sale militante...

C’est à la même époqueque les résistants polonaiscatholiques, inspirés par la

lutte héroïque du NTS enUkraine voisine, cherchent

eux-aussi une doctrine anti-communiste mais sociale à la

fois... Lech Walesa et lesidéologues du catholicismesocial autour de lui fondent

ainsi SOLIDARNOSC, le seulmouvement solidariste jamais

parvenu un jour au pouvoir.

Qui était Gérard Bouchet, gourou organisateur ?

en souhaitant sa victoire!Le croit à un «coup décisif» Le lendemain du premier tour, si Marine Le Pen

est la seule à le franchir avec le candidat petit-bour-geois socialiste, une nouvelle ligne de fracture sedessinera dans le paysage poiltique français.

L’insurrection des bandes manipulées, qui n’at-tendent plus qu’un prétexte «en or» pour basculerdans l’émeute politique généralisée, sera immé-diate et rejointe par la bien-pensance au nom dede la «mobilisation citoyenne» et de «défense dela République en danger». Si le régime peut néanmoins organiser le secondtour dans un tel climat, la victoire de Marine (quipourrait être rendue davantage possible par cetteinsurrection libérale, allant de la racaille jusqu’àLaurence Parisot...) débouchera inévitablement surla proclamation de l’Etat d’Urgence par l’article 16,l’annulation de l’élection, et la dissolution du FN.

C’est dans cette perspective extrême que nousnous préparons à notre seul point de programme :organiser, dès la proclamation des résultats,une action non armée mais résolue en directiondes centres de pouvoir de l’Etat afin de ne paslaisser le régime se remettre de son «K.O».

Le prépare une structurerévolutionnaire parallèleAu lendemain de l’action décisive que nous préconisons, notre

mouvement instituera une verticale révolutionnaire parallèle àla pyramide démocratique pour ne pas se mélanger aveccelle-ci. Le M6M croit à une légitimité double, c’est-à-dire à unevraie démocratie ordinaire couplée à un appareil révolutionnaireextra-étatique formant, après sa réussite, une sorte d’Etat bis.

Dans ce système révolutionnaire de démocratie tutorisée, le mi-litant, soldat de l’Idéal, vaut davantage que le député ou le mi-nistre, agents du nécessaire compromis avec la réalité. Le M6Mretient donc pour lui le même schéma constitutionnel tenté par laChine de Mao et réussi par la Jamahiriya Libyenne et la Répu-blique Islamique iranienne où le Guide de la Révolution et les Pas-darans ne sont pas l’Etat et ses institutions, mais ont, sur lui, uneautorité puissante avec le soutien de l’opinion.

Notre comité d’organisation offrira à un prince de France auprofil anti-capitaliste d’incarner notre idéal, car la meilleure ma-nière de coiffer définitivement une démocratie directe et fédéra-liste est encore de préparer le retour d’une monarchie enracinée,protectrice des pauvres et symbolisant la lutte du peuple contreles féodalités qui l’oppriment aujourd’hui mille fois plus que sousl’Ancien Régime.

Le sait que Marine Le Penn’est pas révolutionnaire...Aujourd’hui, en France, les conditions révolutionnaires que

nous recherchons depuis 1968 sont pratiquement toutes réu-nies : une importante déprime collective durablement installée,une crise économique qui se tend, une crise d’identité à vif, etun personnel politique universellement honni, de la gauche àla droite. Il ne manque même pas le double catalyseur néces-saire, clairement constitué par le «vote FN» mais aussi par sonpendant automatique : la coalition de la social-démocratie et dela racaille anti-sociale pressée de basculer dans l’émeutecontre les classes populaires française en cas de succès du FNau premier tour. Car le M6M considère que si le Front National est toutsauf un parti révolutionnaire, le vote pour le Front Nationalest, lui, intrinsèquement révolutionnaire dans ses effetsanti-système.

A l’égard de Marine Le Pen, le M6M préfère plutôt parler d’in-térêt que de confiance. Nous connaissons tous l’origine doctri-nale de la «fille du chef», mais pour autant, nous refusons dedonner à son cas une dimension de contentieux.

Nous reconnaissons, au contraire, que Marine est la meilleurevoix qui soit, au service de ce «Vote Le Pen» dont nous atten-dons des effets révolutionnaires au service du peuple. Que celaplaise ou non à la gauche bling bling : la révolution anti-sys-tème a bel et bien choisi Marine Le Pen !Ainsi, les conservatismes maintenus dans le dicours de Ma-

rine Le Pen ne nous gênent pas dans la mesure où ce sont jus-tement ces «facilités» qui rendent son action plus efficace dansl’opinion, dans les médias et dans les urnes. Même si certainsaccès anti-capitalistes sont neufs chez Marine Le Pen, nous nelui contestons pas sa sincèrité de convertie. Nous ne lui dé-nions pas non plus un certain talent dans l’expression politiquetélévisuelle.

En revanche, sur le plan de l’action et de la prise du pouvoirqui nous intéressent plus que tout autre aspect, nous savonsque Marine Le Pen est entourée de tafioles patentées quine se calment de leurs abandons que devant des païens déli-rants...

Cependant, une victoire électorale majeure du Front Na-tional créerait mécaniquement une situation révolution-naire sans que personne ne puisse s’y opposer, pas mêmela direction du FN.C’est pourquoi, fille à son papa ou fausse héritière de sonpère, anti-capitaliste sincère ou pas, ne sont même pas lesquestions que se pose notre mouvement. Bref, nous considérons que Marine Le Pen est réellement ré-volutionnaire à son corps défendant.Compte tenu de l’imminence de l’élection présidentielle de2012, la tension en gestation se manifestera principalementdans le cadre d’une campagne électorale qui a d’ailleurs déjàcommencé à plein. Plus le temps de ressasser !Le M6M soutient le vote Le Pen, rien que le vote le Pen. Et

ses militants ne sont pas obligés d’entretenir des relations par-ticulières avec ce qui tient encore lieu d’appareil et d’encadre-ment militant à la «marque Le Pen».

C

7 . La nature du véritable révolutionnaire ne laisse pas de place pour le romantisme,le sentimentalisme, l'extase ou l'enthousiasme. Elle ne laisse pas davantage de placeà la haine personnelle ou à la vengeance. La passion révolutionnaire, qui doit de-venir pour lui le mode de pensée courant, doit à tout moment être combinée au plusfroid calcul. En tout instant et endroit, il ne doit pas être ce que lui dictent ses incli-nations personnelles, mais ce que l'intérêt général de la révolution commande.

8 . Le révolutionnaire respecte ses amis mais ne chérit que celui qui s'est montré dansles faits comme aussi révolutionnaire que lui. L'étendue de cette amitié, de cette dévo-tion et d'autres obligations envers son camarade n'est déterminée que par leur degréd'utilité au travail pratique de complète destruction révolutionnaire.

9 . La nécessité de la solidarité entre révolutionnaires est évidente. Elle est consti-tutive de la vigueur du travail révolutionnaire. Les camarades révolutionnaires ayant lemême degré de compréhension révolutionnaire et de passion devraient, autant que pos-sible, discuter ensemble des choses importantes et prendre des décisions unanimes. Maismême en mettant au point un plan échafaudé de la sorte, chaque homme doit autant quepossible ne compter que sur lui-même. En accomplissant une série d'actes de des-truction, chaque homme doit agir par lui-même et ne recourir aux conseils et à l'aide deses camarades que si cela est nécessaire à l'accomplissement du plan.

10. Chaque camarade devrait avoir sous ses ordres plusieurs révolutionnaires desdeuxième et troisième catégories, c'est-à-dire des camarades qui ne sont pas complè-tement initiés. Il doit les regarder comme des portions d'un fonds commun du capital ré-volutionnaire placées à sa disposition. Il doit dépenser ses portions du capital avecparcimonie, tentant à chaque fois d'en tirer le maximum de bénéfice. Il doit se regarder lui-même comme un capital consacré au triomphe de la cause révolutionnaire ; mais comme uncapital dont il ne peut disposer librement sans le consentement de la compagnie entière descamarades initiés.

L’organisation du

Le M6M, organisation non déclarée et

volatile, est constitué en cellules de base

informelles regroupées en colonnes.

La direction du mouvement est assurée par :

q Le Comité d’organisation composé de

21 membres cooptés collégialement.

q Le Secrétariat à l’Organisation des cellules.

q Le Secrétariat au Financement logistique.

q Le Commandant opérationnel (clandestin).

q Les Chefs de cellules (clandestins).

Le M6M n’est pas un parti mais une communauté militante qui se vit comme telle. Elle est ouverte à tous sauf aux «païens».

Le M6M n’est pas un parti mais une communauté militante qui se vit comme telle.

Le Mouvement du 6 Mai milite pour l’organisation d’une manifestation d’apparence «spontanée», au caractère fatalement illégale

comme tous les «accès de joie collective» que connaît Paris de l’Homo Festivus...

Le rendez-vous est fixé à 19h00, place de la Concorde.

De là, la manifestation pourra ainsi converger ultérieurement vers le Palais Bourbon ou le Palais de l’Elysée, voisins de la

place, distants de quelques dizaines de mètres. A 20h00, à l’annonce du résultat par les grandes chaînes de télévision, la mani-

festation du M6M sera fixée sur la réalité de ses objectifs et sur l’intensité des moyens à utiliser.

Si Marine Le Pen l’a emportée (et ce sera forcément d’un cheveu blond !), la manifestation «pacifique mais résolue» du M6M ne sera

plus une provocation, mais un rassemblement légitime... Beaucoup de choses lui seront alors rendues sécuritairement possibles.

A cet instant, il sera hautement probable que les forces de sécurité étant, elles aussi, «au courant» du résultat, leur capacité d’op-

position sera alors à son minimum, inhibées dans une ambiance de liesse et de «laissez passer», de même catégorie nerveuse que

ces «Vopos» qui, un jour de 1989, levèrent les barrières devant les citoyens sur lesquels, la veille, ils auraient tiré et laché les

chiens...

Sur le plan organisationnel, le M6M règle les questions pratiques liées à la convergence des militants.

Quelques temps avant la manifestation, le Comité d’organisation entrera dans une relative clandestinité. Son positionnement

à Paris ne sera connu que du Commandant opérationnel et des chefs de groupe abrités dans la foule.

L’idéal organisationnel du M6M est inspiré des grandes manifestations populaires à cortèges. Sans prétendre pouvoir rassembler

un million de personnes, notre organisation affirme qu’avec 2 à 3000 militants, le compte serait bon...

Politiquement, au soir du 6 mai 2012, notre manifestation se présentera comme une prise d’acompte sur le pouvoir, celui-ci étant

simplement contraint par notre action à un dépôt immobilier de garantie, inévitable quand la confiance ne règne pas...

Bref, le 6 mai, il existera une «fenêtre de tir» révolutionnaire qui ne se représentera pas de sitôt...

Le révolutionnaire exècre les doctrines et a rejeté les sciences ordinaires, les laissant aux générations futures. Il ne connaît qu'une seule science, la science de la destruction.D

Le , une organisation kleenex, un seul jour, une seule fois

Contact [email protected]

Netchaiev

D’ores et déjà, Inscris-toi

à notre manifestation du

Dimanche 6 mai,à Paris Concorde

jour du résultat du second tour

*Un an avant l’élection, les dates du premier et du second tour ne sont pas encore fixées par décret... Mais le 6 mai est la date probable.

S’il s’agissait cependant du 13, nous deviendrions «Mouvement du 13 Mai»

Extraits du catéchisme de Netchaiev

11

12 Géopolitique du royalismeAinsi, en limitant grâce à ce regroupement l’Europe à six nations conti-

nentales unies par une catholicité commune autant que par le souvenirpartagé des empires romain ou de Charles Quint, ainsi que par des lienscontinentaux notoirement plus solides quand on se trouve juste autour duRhin et des Alpes, l’Europe trouverait un équilibre et un tableau de marcheinstitutionnel évident. En effet, avec six nations seulement, la coopérationintergouvernementale s’imposerait à nouveau naturellement et de façonpertinente en économisant au passage le parlementarisme fou, les pala-bres indécentes, et les gabegies démentes de la bureaucratie européenne.

Six gouvernements égaux réunis en conclave permanent à Strasbourg :voilà l’Europe simple qui nous appelle, qui nous appelle à nouveau de-vrait-on dire, puisque l’Europe des Six, celle des pères fondateurs de la«Communauté», fonctionnaient aussi efficacement qu’une conjuration.

Mais pour cela, il faut le sixième Etat qui simplifie tout en meublanttoute l’Europe centrale : il faut donc refaire l’Autriche-hongrie.

Et puis, il faut dans chacune des six nations, naturellement, un monarquepour que jamais le club ne se fissure, pour que les reprises partielles d’in-dépendance ne soient jamais brutales, pour qu’une ambiance européennepréside à tout, pour que le club ait des manière autres que celles des gou-gnafiers propulsés par la démocratie de masse et les mafias diverses. Etenfin il faut des monarques pour qu’un sommet européen -composé parexemple de Juan Carlos d’Espagne, Karl de Habsbourg, Jean de France,Aimon d’Italie, Georg de Hohenzollern, et du Primat-Régent de Pologne- ait un peu plus de tenue que lorsque Nicolas Sarkozy cherche à embras-ser Angela Merkel qui ne veut pas de cela, lisette s!

Tout ce qui fonctionne en Europe n’est d’ailleurs le fruit que de la coo-pération intergouvernementale. Les grands programmes industriels ettechnologiques par exemple. Rien de ce qui sort au contraire du Parle-ment et de la Commission ne marche ou, si cela marche, c’est pour êtreaussitôt vomi par les peuples qui ne pardonnent plus rien à «Bruxelles».

C’est pour cette raison, certainement, qu’un européen convaincu commeFrançois Bayrou évoque désormais le concept de «coopérative euro-péenne» en reprenant à son compte une image agricole qui parle à tous.L’Europe deviendrait un «Gaec», en quelque sorte. Soit, mais où a-t-on vuun Gaec qui fonctionne avec 35 membres ? Six est un bien grand maxi-mum. On ne peut faire plus. Les lois du genre humain s’y opposent.

La subsisiarité à petit nombreEn revanche, quel formidable appétit d’Europe nous donnerait une nou-

velle «Europe des Six», comme dans les années 60... Appétit, car plus au-cune des nations membres n’auraient à redouter qu’on la trahisse, qu’onse coalise contre elle ou qu’on la néglige dans ses intérêts fondamentaux,ni dans son identité profonde. Elle disposerait d’un droit de véto sans ré-serve ni contingences, mais les cinq autres disposeraient alors du moyende la persuader et de la convaincre... Ce qui est aujourd’hui un sport im-possible quand ce sont dix ou douze petits Etats frondeurs parfois vendusà des intérêts extra-européens qui s’opposent à la logique, mais qu’il fautcependant séduire en dépensant ce que des vieux barons de jadis consa-craient à une diva capricieuse, d’autant plus capricieusequ’elle se savait nulle, vulgaire et vénale.

Affirmons que les grandes nations ont moins la culture etl’art du chantage que les petits ont, eux, fatalement déve-loppé dans l’adversité pour parvenir à exister encore et à seglisser en bout de parcours national dans la photo de familleeuropéenne avec le sourire du fondé de pouvoir qui vientd’arriver en Suisse et qui ne risque plus sa malette...

Six grandes nations confédérées nous changeraient assu-rément de l’actuelle UE qui n’a accouché, après cinquanteans, que d’une Europe «armée mexicaine» de groupes par-lementaires ventouses, une Europe de conférences inutileset scabreuses, une Europe de marchandages qui a, du reste,la trouille de tout.

Ce qui n’est aujourd’hui, à Bruxelles, qu’un syndicat desoumis au Capital et à l’Amérique parce que les ancienspays du bloc communiste, notamment en Europe centrale,pèsent numériquement très lourd (ils sont aujourd’hui onzerescapés du communisme sur vingt-sept à ne rien pouvoirrefuser à un Secrétaire d’Etat américain), laisserait donc laplace à un «club» fermé de six grosses «puissancesmoyennes» se respectant forcément entre elles.

Au sein de ce club, plus aucun «client» atitré, plus au-cune zone de «chasse réservée» comme c’est aujord’hui lecas en Europe centrale de façon avérée au profit de la RFA: il y aurait juste des égaux obligés d’en passer par le com-mun dénominateur des Six.

Sur un autre plan, la fin du «dumping» pratiqué depuisvingt ans par les membres de la «Nouvelle Europe», commedisent leurs commanditaires américains, constituerait unsoulagement social non négligeable pour notre peuple.

(Suite page 15)

A Zemmour, nous préférons Joseph Roth...

Il est devenu fréquent au-jourd’hui que des royalistesse prosternent intellectuelle-ment devant quelques intel-lectuels juifs ayant quitté leur

rivages communautaires pour enrevenir à un souverainisme républi-cain aussi sourcilleux qu’amusant.Le bonapartiste Zemmour, Elisa-beth Levy (si dialectiquement tem-pétueuse qu’elle doit être unebonne amante), et Alain Finkiel-kraut, ont même ainsi dépassé lesimple statut de «bonne nouvelle»pour n’être absolument plus discu-tables, tant ce qu’ils disent et écri-vent -mais surtout ce qu’ils disentsur les plateaux de télé- nous en-thousiasme au moins par la tête quefont leurs interviewers devant l’ex-pression de quelques vérités inter-dites.

Cela dit, justement parce qu’ilssont devenus ce qu’ils sont, Zem-mour, Finkielkraut et Levy sont en-core plus républicains. Ils nepeuvent faire autrement. La répu-blique est leur dernière branchedans le grand saut qu’ils font versnous. Ce seront même les derniersrépublicains, parions-le. Car aucund’eux ne s’est converti à la contes-tation de la modernité prioritaire-ment sur le plan politique etinstitutionnel. Ils défendent seule-ment leur ancienne modernité laï-carde aujourd’hui submergéecomme nous le fument en 1789.Bref, ce ne sont que des compa-gnons de route, des voisins intelli-gents avec lesquels on peut parler.

En revanche, sous François-Jo-seph, empereur d’Autriche-Hon-grie adoré jusqu’aux confins de

son empire par ses Juifs qu’il n’ai-mait pas mais protégeait scrupuleu-sement, l’intellectuel juif qui était«d’accord» se convertissait. Il de-venait catholique, se ralliait engrande pompe. Ce n’était pas pareil! Et cette conversion était parfois siforte que Joseph Roth, avec son en-vergure, nous donna finalement Lamarche de Radetsky ou la Cryptedes Capucins.

Eric Zemmour a certes lesbonnes intuitions sur l’annexion dela Wallonie, par exemple... Finkiel-kraut a le bon courage qu’il fautcontre la racaille quand il parle àFrance Culture... Elisabeth Levy ale bon diagnostic puisque c’estcelui de Muray... mais aucun destrois n’a le génie de Joseph Roth,fils de colporteur juif galicien etdernier défenseur intellectuel de ladouble monarchie austro-hongroisedont il disait : «Une volonté cruellede l’Histoire a réduit en morceauxma vieille patrie, la Monarchieaustro-hongroise. Je l’ai aimée,cette patrie, qui me permettaitd’être en même temps un patriote etun citoyen du monde, un Autrichienet un Allemand parmi tous les peu-ples autrichiens. J’ai aimé les ver-tus et les avantages de cette patrie,et j’aime encore aujourd’hui, alorsqu’elle est défunte et perdue, ses er-reurs et ses faiblesses. Elle en avaitbeaucoup. Elle les a expiées par samort. Elle est passée presque di-rectement de la représentationd’opérette au théâtre épouvantablede la guerre mondiale.»

Lui, Roth, s’était converti. Il nenous regardait pas comme un es-thète enthousiaste regarde un ba-

layeur du musée qui a toujours étélà. Il était avec nous, en tête, dans legrand combat. Il était en premièreligne avec son spleen, sa nostalgieau couteau, son affection immensepour l’archiduc Otto qui lui interdi-sait d’engouffrer ses verres d’ab-sinthe.

Joseph Roth est mort alcooliqueà Paris en 1939. Auparavant, ilavait tenté de convaincre le chan-celier autrichien Schusnigg de réta-blir Otto de Habsbourg sur le trôned’Autriche, afin de faire barrage àl’Anschluss. Il avait dix fois plusde génie romanesque que CharlesMaurras qui devait le prendre luiaussi pour un «sale youtre»...

Pourtant, les romans austro-hon-grois de Joseph Roth parlent aucoeur, ils ont construit un imagi-naire entier dont les films façonSissi ne sont que les succédanés.

Netchaev

Le monarchisme autrichien a donné au monde la grande figure du roman-cier Joseph Roth. Mais l’exemple de Joseph Roth n’est pas suivi par tous...

remerciementsCe dossier est dédié à notre camarade Caradec qui l’a inspiré sans le savoir, lui le Lorrain. Nos remerciements vont également à notre cama-rade Jacques Cordonnier, président d’Alsaced’Abord qui nous en a donné l’idée par un articleoù il s’élevait contre la nouvelle germanophobie àpas cher qui nous envahit désormais.Nous avons également utilisé un long texte del’archiduc otto quant à ses positions politiques et qui fut reproduit par Novo Press en nous tou-chant au coeur.

13Géopolitique du royalismeMais l’Empire des Habsbourg peut-il renaître ? D’abord, il le doit. La

justice de l’Histoire le réclame. Et puis, indiscutablement, le ciment af-fectif, comme le démontre les obsèques de l’archiduc Otto, est encore là.Il fonctionne dans les coeurs et dans le mythe. Et puis, entre nous, si onveut parler d’indépendance et de souveraineté, les sept ou huit Etatsconcernés par ce «regroupement d’échelle» n’auraient pas à faire quelquechose de nouveau et de spectaculairement angoisssant pour eux : les aban-dons de souveraineté qu’exigera la restauration d’une monarchie multipleHabsbourgeoise, ils les ont déjà concédé à l’Union Européenne, d’un côté,et à l’Otan de l’autre !

Ces «dévolutions» administrées dans un lieu désormais plus rapproché,à Vienne évidemment, deviendraient même plus honorables et, parfois,plus faciles à reprendre momentanément ou à influencer en dehors de laprésence des grands européens qui sont souvent la cause de beaucoup defrustrations et de susceptibilités chez les petits Etats centraux.

Quelles institutions pour la confédération ?Faudrait-il alors un président à cette confédération-là ? Bien sûr. De façon tournante, un an de mandat tous les six ans entre chacun des

chefs d’Etat qui, tous, parlent les langues des principaux Etats membres(ils en sont parfois un peu originaires comme les Bourbons d’Espagne,les Savoie-Aoste ou les Habsbourg qui sont tous trois d’ascendance fran-çaise...). La gymnastique et la crédibilité de la présidence tournante seraitainsi beaucoup plus facile que lorsqu’un Slovène ou un Croate ou un Rou-main sont actuellement invités à incarner (aussi longtemps que le chan-celier Allemand...) une Europe dont ils ne connaisent pratiquemenr rien.

Cette Confédération des Six nations aurait-elle un gouvernement ? Pour-quoi pas ? Six ministres importants responsables chacun devant la collé-gialité des Nations, un poste pour chacune des nations membres et basta!Finis les incessants marchandages ainsi que les mesquins jeux de balanceen casse-tête afin de pouvoir repésenter tout le monde dans un exécutifaussi pléthorique (et donc impuisssant) que la commision actuelle.

Et quelle politique étrangère ?A notre sens, une telle confédération ne peut se réaliser qu’entre Etats

souverains sortis de l’OTAN. Sinon, à quoi bon, au fait ? La confédérationpourrait être neutre que cela ne nous gênerait pas plus que cela. Au moinspratiquerait-elle un fier non-alignement -ce qui est le moins qu’on puissefaire quand on représente près de 350 millions d’habitants !

Il est également évident que le premier souci de la confédération seraitde s’associer à la Russie au sein d’un «sur-ensemble» destiné à offrir à laRussie la zone d’influence qui lui revient naturellement dans les Balkans;la confédération ayant surtout une vocation autarcique, en tout cas de pro-tectionnisme sourcilleux. Quoiqu’il en soit, dans ces conditions nouvelles,la France pourrait envisager de «prêter» à la Confédération son siège per-manent au Conseil de sécurité de l’ONU ; le prêter au rythme de la prési-dence tournante, ou bien le partager... A six, on peut encore s’asseoir dumême côté de la même table. C’est évidemment plus difficile à 35...

Pour en revenir à l’Autriche-Hongrie-Slavies, celle-ci, de toute évi-dence, ne réclamerait aucun bouleversement constitutionnel dans les ré-publiques qui la composeraient. Ces Etats n’auraient même pas besoin decesser de s’appeler «république». Un simple traité de dévolution suffiraità les unir comme il avait d’ailleurs suffi en 1867 lors de la création de ladouble-monarachie austro-hongroise. Faudrait-il craindre néanmoins unehostilité des nationalisme locaux ? Ce serait oublier que le très sourcil-leux nationalisme hongrois, par exemple, ne se porta jamais aussi bienque sous la double-monarchie, lorsque la Hongrie recouvrait totalementles actuels terrritoires de la Croatie et de la Slovaquie... Quant auxTchèques, qui causèrent pour partie la chute de la dynastie incarnant àleurs yeux une Bohème-Moravie partagée avec les Sudètes germano-phones, ils constitueraient aujourd’hui, en tant que principal peuple slaveconcerné, le principal pôle de l’union, avec les Hongrois, mais devant lesAutrichiens qui ne conserveraient alors que leur vocation «1900» d’arbi-tre des bonnes manières entre Magyars et Slaves.

Netchaev (Vieille tête)

L’héritier Karl monte en ligne

En Autriche, le mouvement monarchiste des «noirs-jaunes»Fondé en 2004, le Schwarz-Gelbe Allianz (SGA- Alliance

Noire- Jaune) a fait renaître le Mouvement monarchiste aus-tro-hongrois qui avait presque disparu du paysage politiqueautrichien après les années soixante-dix.

Appelant à la restauration de l’Archiduc Otto de Habs-bourg- Lorraine, le mouvement monarchiste milite en faveurdu retour du Sud Tyrol en Autriche, de l’abrogation de la Loianti-Habsbourg (votée en 1919) et surtout réclame une ré-forme des pouvoirs du Président Fédéral dont le rôle est pu-rement honorifique en souhaitant l’établissement d’unemonarchie parlementaire.

Le 12 Novembre 2007, il a publié un manifeste politiquelors d’une conférence à Vienne. Le mouvement monarchistea réaffirmé que seule la monarchie était le gouvernement lé-gitime de l’Autriche et qu'il était nécessaire qu'au sein du Par-lement puisse exister une véritable et équitable représentationdes mouvements politiques qui composent le pays en vertu

des résultats issus de scrutins nationaux. Notant égalementque le vote blanc devrait être également considéré commeétant représentatif des attentes du peuple.

Concernant la religion : s’il ne fait pas doute que le catho-licisme est la religion qui prévaudrait en Autriche, le SGAmentionne le fait que l’Islam est considéré comme partie in-tégrante de la culture du pays puisqu’elle fut reconnuecomme religion de l’Empire en 1874.

Enfin, Il prône l’établissement de fortes relations entre tousles anciens pays qui ont appartenu autrefois à l’Empire.

Il souhaite également que soit organisé un référendum surle rétablissement de la monarchie en 2018

Après que le Ministère de l’Intérieur eut tenté de le dis-soudre en 2007, le SGA peine toutefois à former des listeslui permettant de participer aux élections locales faute d’at-teindre le quorum obligatoire de signatures. SGA n’a pu éga-lement se présenter aux élections européennes de 2009 ni aux

élections municipales de 2010 et refuse toutes alliances avecles autres partis politiques.

Bien implanté en Carinthie, Styrie et Tyrol, des provincesconsidérées comme étant trèssfavorables aux Habsbourg, leSGA subit une réalité : les grands partis institutionnelscomme le OEVP sont bourrés de monarchistes.

Il a établi des relations avec le mouvement royalistetchèque (La couronne tchèque). Les deux mouvements orga-nisent régulièrement des manifestations et messes conjointesen faveur du retour de la monarchie notamment le 1er Avril,le 12 Novembre et le 28 Octobre, dates qui correspondent audécès de l’Empereur Charles Ier de Habsbourg- Lorraine, àla proclamation de la République en Autriche et celle de laproclamation de la République en Tchécoslovaquie.

Les monarchistes sont devenus un enjeu politique nationaldepuis 2010 avec la polémique liée à la Loi anti-Habsbourgtoujours en vigueur en Autriche.

Il a cinquante ans, il vit séparé de sa femme Francesca, fille du baron magnat Thyssen, qui est une fol-dingue richissime possédée par l’Art contemporain. Ce mariage, appuyé par Otto en son temps, avecune fille de baron industriel n’est dynastiquement pas licite car s’il l’était, Karl passerait alors derrière

les Hohenberg issus de l’union morganatique de l’archiduc Ferdinand assassiné à Sarajevo. De son union avec l’héritière Thyssen, Karl a un fils élevé par sa mère et qui joue à la game boy et fait

du roller, ses filles balances des SMS à longueur de journée à leurs copines qui ont, elles aussi, le nez per-pétuellement vissé sur l’ écran d’un téléphone portable... Dans un reportage de Point de vue, on voit l’aî-née de 14 ans, lors d’une visite au Japon, maquillée comme une voiture volée, en jean baskets, une vraiedégaine de petite salope contemporaine...Heureusement, Karl a un neveu, Charles Constantin, le fils de son frère Georg et d’une princesse dela

maison souveraine des Grands-Ducs d’ Oldenbourg.Son mariage Thyssen n’est d’ailleurs pas reconnu par les Autriche-Este qui suivent immédiatement la des-cendance d’Otto dans l’ordre de succession et dont l’aîné, Lorenz, a épousé la fille du Roi des Belges...En réalité, il s’agissait-là d’un mariage de nécessité et de renflouement nécessaire, car les Habsbourg n’ontaucune fortune depuis le départ précipité de l’Empereur Charles, de Zita et de leurs onze enfants vers l’îlede Madère où l’empereur mourut de froid après avoir tenu à économiser sur les médicaments...

Politiquement, Karl a marché très tôt dans les pas de son père. Il a été, comme Otto, président du mouve-dans le contingent du parti populaire autrichien (OeVP)... Evincé ensuite, Karl a tenté alors de se présenter sous son seul nom, mais il ne recueillit que 1,5% dessuffrages parce qu’il n’était simplement encore que le fils de son père et que les gens se mobilisent peuquand il ne s’agit que vous procurer une rente viagère...Aujourd’hui, démasqué par la presse autrichienne qui le trouve décidément beaucoup plus conservateurque son père, Karl est le chef de maison. Il n‘avait qu’un an lorsque son père renonça à ses droits dynas-tiques austro-hongrois afin de se lancer dans sa grande conjuration européenne. De son père et de son sang, Karl a hérité du goût de la politique. Au pied du cercueil de son père, l’archi-duc Karl a fait savoir qu’il allait désormais tenir un rôle dans la vie politique autrichienne. On le dit farou-chement hostile à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne. On attend de voir cela avec impatience.

(Source SYLM)

14

L’anarchie raisonnable existe :elle s’appelle la Suisse. Ellepratique encore la démocratie

à vue, la démocratie sous la sur-veillance directe des citoyens.

L’anarcho-royalisme, lui, se dé-cline simplement : une entité sou-veraine de base fixée entre 30 et40.000 habitants, de la taille d’unmicro état comme Monaco, Liechs-tenstein ou San Marin ou des der-niers cantons suisses pratiquant ladémocratie directe (Glaris, Appen-zell...); ces entités de base sont desrépubliques quasi souveraines etgèrent tous les aspects de la viequotidienne, y compris la justice, lapolice ou l’éducation. Et même lasécurité sociale.

Ces cantons-républiques se fé-dèrent ensuitre au sein de régionsaux contours historiques afin d’ypartager à cette échelle sentimen-tale et identitaire des compétencescomme les parcs naturels, lesgrands Hôpitaux, les grands axesroutiers, les tribunaux d’appel, lespolices spécialisées, les Universi-tés, etc.. qu’un canton seul nepourrait prendre à sa charge.

Au sommet de cet édifice liber-taire, un pouvoir royal limité àquelques compétences réga-liennes : monnaie, douanes,armée, diplomatie, Recherche etespace, services publics nationaux(SNCF, EDF, Poste, etc...)

(Suite page ci-contre)

Malgré ses banques et sa richesse, malgré son choco-lat Lindt et ses fermes aussi bien entretenues que desClub Houses, la Confération Suisse est un modèle d’or-ganisation fédéraliste et donc anarchiste.

La Suisse :

Le «Canton-république libre»interlocuteur quasi souveraindu pouvoir central est le pivot

de l’anarcho-royalisme, indissocia-ble de notre vision de la monarchie.

Mais le cantonalisme a-t-il existéailleurs qu’en Suisse. Oui, en Es-pagne au cours d’une incroyableflambée d’insurrections fédéralis-tres concommittantes qui se dé-roula en 1873, principalement dansles régions d’Andalouise, Murcie,Valence, et Estrémadure

Cétait au temps où le monde re-gardait la France. Dès 1871, laCommune de Paris avait locale-ment donné lieu à un grand nombred’articles, brochures, ouvrages, etun journal républicain espagnol pritmême le titre El Comunero Fede-ral, dès le 1er mai 1871.

Alors que les secteurs catho-liques traditionalistes faisaient del'insurrection parisienne des des-criptions apocalyptiques, les mo-narchistes libéraux au pouvoirdepuis 1868 et le départ des Bour-bon, pour se laver de l'accusation,en rendaient responsable la déma-gogie républicaine.

A partir d'avril, la presse conser-vatrice espagnol et le gouverne-ment monarchiste constitutionnelqui se cherche un nouveaiu souve-rain, sans doute pour justifierd'éventuelles mesures répressives,firent courir le bruit que trois centsagents de l'Internationale étaient ar-rivés dans les grandes villes espa-gnoles pour fomenter unerévolution sociale. Les républicainspartisans du centralisme avaienteux aussi intérêt à accréditer lathèse du complot afin, d'une part,de ne pas être identifiés aux com-munards, dont une partie du pro-gramme coïncidait avec le leur, etd'autre part, pour se démarquer surleur gauche des républicains fédé-ralistes, en faisant de leurs théoriesla source des événements parisiens.

C'est dans ce cadre global que lesInternationaux espagnols et les ré-publicains fédéralistes soutinrent laCommune de Paris.

Ce sont les circulaires de JulesFavre aux gouvernements euro-péens (28 mai et 5 juin 1871) et lesfausses rumeurs sur les "crimesabominables" des communards, quifournissent au ministre PráxedesMateo Sagasta le prétexte qu'il at-tendait pour prendre des mesurescontre l'Internationale, début juin.Lorsque le Conseil fédéral de lasection espagnole poussa son cri deguerre, la F.R.E. était déjà perçue

par l'opinion publique bourgeoisecomme une menace pour la paixpolitique et sociale du pays.

Si la Commune a pu laissercroire à la bourgeoisie que la révo-lution sociale était imminente etqu'il fallait s'en préserver par tousles moyens, pour le mouvement ou-vrier, en revanche, elle fut la dé-monstration que les forces étaientencore trop inégales. La F.R.E Fé-dération régionale espagnole del'A.I.T Internationale des travail-leurs) employa donc les années1872 et 1873 à intensifier la propa-gande et à renforcer son organisa-tion, ce qu'elle fit avec succèspuisque les fédérations locales semultiplièrent. Pourtant, elle dutfaire face aux persécutions gouver-nementales et à une scission entremarxistes et bakouninistes qui pré-dominaient.

Lors du premier trimestre 1872,la F.R.E., qui était jusqu'alors léga-liste et refusait toute participationaux troubles politiques, basculavers l'acceptation de la participa-tion autonome des travailleurs à larévolution qui montait.

Selon certaines sources, des com-munards, dont Combatz, Pyat, Lis-sagaray et Cluseret, se trouvaient àMadrid auprès des fédéralistes,début juin 1873. Pendant l'insur-rection cantonaliste, la presse, lesinformateurs de la police et les di-plomates français signalaient laprésence de réfugiés français dansde nombreuses villes, dont Cartha-gène, Malaga et Séville.

Il faut effectivement insister surle rôle prépondérant des réfugiésfrançais qui pourraient être arrivésen Espagne en plus grand nombreà partir de la proclamation de la Ré-publique, début 1873. Mais en rai-son de leur clandestinité, on saitpeu de choses sur leurs activités. EnCatalogne, il semblerait qu'ils aientintégré la F.R.E.

On connaît le cas de Charles Ale-rini, Paul Brousse et CamilleCamet qui fondèrent à Barceloneun "Comité de propagande révolu-tionnaire socialiste de la Franceméridionale", le 4 avril 1873. Lepremier, ancien membre de laCommune de Marseille qui seraitarrivé en Espagne en 1871, seraitentré à la Fédération locale de Bar-celone et, à partir de décembre, au-rait adhéré au groupe espagnol del'Alliance de la démocratie socia-liste, qui servait de pilier à l'organi-sation clandestine de la F.R.E. En

1872, il aurait participé comme dé-légué espagnol aux Congrès de LaHaye et de Saint-Imier. Brousse,adhérent de l'A.I.T. condamné parcontumace au procès de Toulouseen décembre 1872, se serait réfugiéà Barcelone en février 1873, toutcomme Camet, canut de Lyon quiavait participé aux Congrès de LaHaye et de Saint-Imier. En avril1873, le Comité de propagande pu-blia un Manifeste dans lequel il an-nonçait la parution prochaine àBarcelone du journal La SolidaritéRévolutionnaire et où il expliquaitson ambition de «propager lesidées anarchistes dans le sud de laFrance et d'informer sur la révolu-tion espagnole naissante pourqu'elle serve d'exemple aux révolu-tionnaires du midi»,

Ces émigrés français étaient por-teurs d'une expérience et d'uneidéologie révolutionnaires, mais ilne faut surtout pas en déduireque le soulèvement cantonalistefut une conséquence de la Com-mune. Le cantonalisme résulte àla fois d'un héritage historique(fueros du Moyen Age), de la pro-pagande anti-centraliste d'unepartie des républicains et de lapropagande fédéraliste anti-au-toritaire de la F.r.E. La Com-mune agit en tant que référencesupplémentaire, comme modèle.

Ainsi, dans la nuit du 19 au 20juin 1873, une cinquantaine d’in-surgés catalans, avec José GarcíaViñas et Paul Brousse à leur tête,s'emparèrent de l'hôtel de ville deBarcelone pour y instaurer unecommune libre ; dans une indiffé-rence générale, ils quittèrent leslieux le lendemain sans même avoirété inquiétés par la police.

Le cantonalisme espagnol dé-clenche à partir de là un incendiedans tout le pays. Vingt cantons an-dalous, quatre en Estrémadure, au-tant en Murcie et en PaysValencien, se proclament indépen-dant et n’obéissent désormais plusau gouvernement central de Ma-drid. Cela dit, seuls le soulèvementd'Alcoy (province d'Alicante), oùrésidait la Commission fédérale dela F.R.E. depuis janvier 1873, etcelui de Sanlúcar de Barrameda(province andalouse de Cadix), pri-rent réellement un caractère liber-taire. Les autres sécessions sont lefait des fédéralistes.

Ces cantons furent autonomesparfois pendant plusieurs mois.Certains furent même séparés pardes brouilles armées ! Cependant,les cantons furent progressivementmatés par l'armée gouvernementalevers la mi-août 1873, exceptée larésistance du port militaire de Car-thagène (prov. de Murcie) qui seprolongea jusqu'au 11 janvier 1874.De nombreux militants furent faitsprisonniers et expédiés en exil, enparticulier en Amérique où ilscontribuèrent activement à la pro-pagation de l'idéologie l'anarchiste.

Le 3 janvier 1874, le coup d'Etatdu général Pavía mettait fin à lapremière expérience républicaine etl'Internationale Espagnole était unenouvelle fois dissoute. Le cantona-misme était mort.

Article inspiré parLa Commune de 1871 : utopie

ou modernité ? de Joël Delhom.

L’anarcho-royalisme en doctrine

Washington, par la voix d'HilaryClinton, a beau jeu de considérerque les élections législatives en Russie n'ont été "ni justes, ni démocratiques".Pendant ce temps, les médias ne pointent pas leur regard docile vers les Etats-Unis où les libertés du peuple se réduisent comme peau de chagrin. Alors queFox News se spécialise dans la désinformation en montrant des images d'émeutesathéniennes en lieu et place de la contestation hétéroclite des opposants mosco-vites ; Russia Today, dans un contexte de guerre froide à l'ère de la communica-tion, réagit en suivant avec constance le sort réservé aux collectifs Occupy WallStreet : arrestations, charges brutales de policiers, gazage de manifestants se suc-cèdent au fil des semaines sans que l'opinion publique internationale ne s'enémeuve ! Cherchez l'erreur... Or si l'on s'intéresse quelque peu à l'évolution dela sécurité intérieure et à la restriction progressive des droits des citoyens US, onne peut qu'être surpris du silence de la presse. Le virage amorcé sous les prési-dences Clinton et Bush après les attentats d'Oklahoma City en 1995 et du WorldTrade Center en 2001, et la promulgation du Patriot Act n'a fait que prospérer etse renforcer sous l'administration Obama. Guantanamo n'a toujours pas fermé sesportes et l'une des principales promesses de campagne de Barack Obama n'esttoujours pas respectée.

Mais au-delà de cette épiphénomène, c'est tout un pan des libertés indivi-duelles qui sont mises en danger aujourd'hui avec une nouvelle loi sur la défensenationale (National Defense Authorization Act).

(Suite page ci-contre)

Jadis, le cantonalisme espagnol

USA :Vers l’Etat policier

Ce dernier pouvoir n’est soumisqu’à l’autorité du Roi qui choisit son«gouvernement minimum» pouradministrer son «Etat minimum»qui, toutefois, chaque fois que c’estnécessaire, légifère en ses compé-tences directement par référendum.

Nous n’inventons rien. Nous nefaisons que pousser jusqu’au boutune intuition institutionnelle donts’est approchée chaque générationmilitante de l’AF, et même le vieuxCharles Maurras quand il disait ma-licieusement détester si peu la Ré-publique qu’il en voulait mille enFrance, avec ses maximes liber-taires restées célèbres : «La mo-narchie, c’est l’anarchie plus Un»,ou «l’autorité en haut, les libertésen bas...»...

Mais surtout, d’accord en celaavec tous les «décroissants» quiont évalué l’entité démocratique debase à environ 30.000 habitants,nous voulons 2.000 petites répu-bliques françaises, des sortes demicro-états à peine plus gros quel’actuelle «République-Canton duJura» dernier né de la Confédéra-tion Helvétique en 1979.

Notre modèle d’anarchie, c’estdonc la Suisse. Car on y trouvedeux principes d’organisation dé-mocratiques propres à tuer les par-tis politiques bourgeois, du moins àtant les atomiser qu’ils ne peuventalors plus cliver la société dans sonensemble (S’il existe 2000 répu-bliques, il existe donc 20.000 partispolitiques.. autant dire qu’il n’en

existe plus aucun, même si beau-coup tenteraient néanmoins de seregrouper...)

Le premier de ces principes ty-piquement «suisses», c’est l’as-semblée souveraine de tous lescitoyens au sein des landesge-meinde où chaque électeur parti-cipe, souvent en grande pompe(avec son épée, par exemple) etprend rang physiquement dans lecorps social lui-même devenuconcret.

Ces landesgemeinde sont lecontre-poison de la démocratiebourgeoise parlementaire, elles ensont même le contraire et c’estpourquoi elles disparaissent...

Le second principe propre-ment suisse, c’est l’élection del’exécutif à la proportionnelle.

Ainsi, au sein du Conseil fédéralsuisse, les sept membres appelésà être président de la Confédéra-tion par tournante et, entretemps,ministres de quelque chose, repré-sentent toutes les sensiblités, de lagauche jusqu’aux populistes (l’UDCy dispose de deux sièges...). Ici, onest loin de l’alternance trompeusedu parlementarisme bourgeois. EnSuisse, il n’y a pas de gouverne-ment d’une majorité, tout le mondegouverne au prorata de son in-fluence. Il n’y a pas d’exclu, et pasnon plus de «coup de force perma-nent» sur l’opinion le temps d’unmandat «majoritaire»...

Le canton, la démoctratie directe,la collègialité de l’exécutif... sontaussi des principes typiquementproudhoniens. Ce n’est donc pasun hasard si, au cours du XIXèmesiècle, c’est en Suisse, et plus spé-cialement dans le «Jura horloger «du Locle et de la Chaud-de-Fondque l’anarchie tranquille d’unJames Guillaume put apparaîtrecomme le pôle d’excelllence del’anarchisme européen, sa Mecqueoù l’anarchie était alors si naturelle-

ment concordante avec «laconcorde suisse», qu’un ouvrieranarchiste jurassien pouvait appa-raître simplement comme un hon-nête citoyen, seulement un peuplus suisse que les autres... ce quitranchait avec la dissidence totalede la bande à Bonnot en France.

La Suisse est une anarchie,certes minimale et purement insti-tutionnelle, mais elle a réussi dansces montagnes alpines à fairesouche et tradition politique, aupoint qu’il n’existe plus qu’une seuledémocratie authentique et orga-nique en Europe : ce pays qui a suaudacieusement voter souveraine-ment l’interdiction des minarets endécourageant par avance toutepression extérieure de mécontente-ment.

Le projet des Républiques-Cantons est donc le socle denotre anarcho-royalisme, car ilest en soi séduisant, y compris pourun authentique républicain;puisque, répétons-le, comme disaitle Vieux, nous ne détestons pas laRépublique puisque nous en vou-lons deux mille !

Quels seraient alors les contoursd’un canton libre en France ? Géo-graphiquement, ceux-ci s’appuye-raient d’abord sur l’ensemble desvilles de moins de 50.000 habitants,la périphérie de ces villesmoyennes constitueraient de leurcôté des cantons «Campagne»comme il existe un Canton de«Bâle-campagne».

Dans les zones plus compète-ment rurales, ces Cantons libres re-couvriraient exactement les limitesd’un ancien petit «pays» (genreSoule ou Baronnies) ou bien unemoitié de «pays» disposant de sonpropre centre d’attraction.

Prenons par exemple un dépar-tement comme l’Aude. Munissezvous d’une carte Michelin. Il y a là

330.000 habitants. Donc une di-zaines de cantons libres possibles.Deux villes de 50.000 habitants(Narbonne et Carcassonne), cha-cune forme désormais un Cantondans un esprit de «ville libre». Nar-bonne a son président de Répu-blique cantonnal (et nous voyonsbien qui cela pourrait être...). Dansle même temps, le Carcassonnaiset le Narbonnais forment deux can-tons «campagne». Ensuite la Val-lée de Limoux devient Canton duLimouxin, comme le petit pays duRazès, mais aussi les Corbières,les Corbières Maritimes, le Coursa-nais, le Lauragais audois, le Miner-vois Ouest, le Minervois Est (où làc’est Gérard Schivardi de Mailhacqui est président...)... Finies, ainsi,les agglos incompréhensibles, etles communautés de Communesconcurrencielles découpées selondes accointances politiques obs-cures, finis les cantons, arrondisse-ments et départements actuels,finis les agglos pompeuses, finis les«pays touristiques» loufoques et les«Districts» imprécis. Juste des can-tons-républiques autorisant alorsun ressourcement identitaire formi-dable et le sens retrouvé du clochersans lequel il n’y a pas de véritableuniversalisme.

Bonjour alors les assemblées di-rectes, les Comices à main levée,les micro-gouvernements collè-giaux de canton; bonjour la libertéet le civisme retrouvés, adieu lacrétine République «une et indivisi-ble», et bonjour le Roi de France,seul «autoritarisme» qui ne peuts’appuyer que sur la liberté !

N’est-ce pas que ce serait beau !En fait, je crois bien que ce seraitbeau... comme la Suisse !

...ou beau comme une Alsace quiaurait enfin retrouvé sa décapole.

Netchaev

15L’anarcho-royalisme en doctrine

Alors que tout le monde était occupé avec les célébrations de fin d’année,Obama (en vacances à Hawaï) en a profité pour signer cette loi qui stipule que :"L’État américain a le pouvoir de détenir quelqu’un indéfiniment, sans l’accu-ser formellement, et sans lui donner droit à un procès, si cette personne est soup-çonnée de terrorisme, ou de supporter le terrorisme. Cette disposition est valablemême pour les citoyens américains en territoire US."

Lorsqu'on lit un texte de loi aussi grave dans ses conséquences et aussi vaguedans son intitulé, le commun des mortels devrait avoir la chair de poule, car onn'est plus très loin de la loi des suspects de 1792, véritable arme de la Terreur ré-volutionnaire, ou de l'arbitraire des régimes staliniens et nazi. Comme leconfirme l'universitaire canadienne Nathalie Elgrably-Levy, "cette dispositionde la loi est très grave: (1) on bafoue les libertés les plus fondamentales desêtres humains ; (2) on ne précise pas en quoi consiste une « activité terroriste »ou le fait de supporter ce genre d’activité. Il y a donc place à l’interprétation …et aux dérapages. Rien ne garantit qu’un jour le simple fait de manifester contreune mesure étatique quelconque ne sera pas considérer comme du terrorisme.J’avais déjà écrit à plusieurs occasions que les États-Unis sont sur la « Route dela servitude ». Cette loi est une preuve supplémentaire."

Parallèlement, plusieurs observateurs notent une recrudescence alarmante dela militarisation des polices locales aux Etats-Unis, tant dans l'équipement quedans les techniques d'intervention. Il suffit pour vous en rendre compte de re-garder n'importe quel film américain : les agents du FBI sont désormais en tenued'assaut, collection Irak 2003/2011, et non plus en simple ciré siglé de jaune.

Décidément, plus ces gens-là nous parlent de démocratie, plus celle-ci s'es-tompe de la réalité pour ne devenir qu'un simple appât de langage en campagneélectorale.

J.M

un modèle d’anarchie...

16 Musique anti-système

Italie : répression anti-musicale

Après la répression judi-ciaire toujours en courscontre CasaPound, il était

logique que la coalition multicul-turaliste qui, sous l’égide de laGoldman Sachs, a pris le pouvoiren Italie, s’attaque à la musique.L’entreprise de mise au pas vientde commencer par un desgroupes-phares de la scène alter-native italienne, SottoFasciaSem-plice, dont la célèbre chanson «Come mai » est précisément undes plus forts réquisitoires jamaiscomposés contre l’alliance despseudo-indignés d’extrêmegauche et de la finance mondia-liste.

Le 29 décembre, le quotidiencommuniste L’Unità a publié unelongue enquête de police, immé-diatement reprise par tous les grosmédias : le créateur de SottoFas-ciaSemplice, connu sous le pseu-donyme de Katanga, n’est autrequ’un diplomate de 45 ans, MarioVattani, depuis juillet dernierconsul général d’Italie à Osaka.Vattani, diplômé en Sciences po-litiques de la prestigieuse (et trèsà gauche) université La Sapienzade Rome, diplomate de carrièredepuis 1991, ayant occupé despostes à Washington, au Caire et àTokyo, avant d’être, de 2008 à2011, conseiller diplomatique dumaire de Rome, a un curriculumvitae irréprochable. Son activitémusicale n’a jamais interféré avecses fonctions officielles.

La presse ne s’en déchaîne pasmoins contre « le diplomate fas-cio-rock », comme l’appelle LaRepubblica. On lui reproche sur-tout, crime suprême, de s’êtreproduit en public en mai 2011,pour la toute première fois, à lafête nationale de CasaPound, “Latana delle tigri”. Partis de gaucheet associations « anti-fascistes »ont immédiatement embrayé, ré-clamant avec grandiloquence que

le consul « soit démis au plus vitede ses fonctions, comme signe derespect intransigeant des valeursconstitutionnelles, nées du dépas-sement de la tragédie fasciste ».Le député de gauche Roberto Mo-rassut a annoncé qu’il allait pré-senter « une interrogation urgenteau ministre des Affaires étran-gères, Giulio Terzi, pour savoirs’il considère opportune la nomi-nation comme consul générald’Italie au Japon de Vattani, fonc-tionnaire du ministère des Affairesétrangères et leader d’un groupemusical proche des milieux deCasaPound ». Morassut s’indignequ’un diplomate puisse participerà des manifestations où « l’onexalte les rituels d’une droiteidentitaire ».

Le ministère des Affaires étran-gères a d’abord tenté de ramenerles choses à leurs justes propor-tions, en expliquant dans un pre-mier communiqué que la viemusicale de Vattani était “un traitde mœurs”. Mais le ministre de laGoldman Sachs est personnelle-ment intervenu et a fait publier unsecond communiqué, le 30 dé-cembre : « Le ministre des Af-faires étrangères Terzi, aprèsavoir pris connaissance de l’af-faire, a donné des instructions de-puis hier afin que Mario Vattanisoit immédiatement déféré à laCommission de discipline du mi-nistère des Affaires étrangères, cedont l’intéressé a été prompte-ment informé ».

S’agissant d’une délation pu-bliée par la presse communiste le29 décembre, on voit que leschoses ne traînent pas. Le nou-veau gouvernement italien estcensé être un gouvernement tech-nique « de transition » : les mon-dialistes, résolus à exploiter àfond le temps qu’ils passeront aupouvoir, vont vite en besogne.

Extrait de “Come mai” (Pour-quoi donc)[...] Et c’est pour ça que vos en-fants ne vous respectent pasIls ne connaissent pas le respectIls n’ont rien à apprendreToujours contents et prêts à toutA cinq heures du matin bourrés depilules, junk food et cocaïneVoilà vos jeunes qui devaientvous sauverIls sont allés s’éclater avec la voi-ture de papaVoilà vos jeunes à qui vous aviezapprisLes valeurs de la paix et les er-reurs du passéVoilà vos jeunes démocratiques etsincèresRendus imbéciles par les jeuxvidéoLes joujoux et les téléphones por-tablesVous vous demanderez pourquoipourquoi pourquoiPourquoi vos jeunes, votre seuleespéranceVous répètent les slogans de vousautres couillons des annéessoixanteLes clowns de Indymedia, lesnouveaux révolutionnairesBla-black-Block les pacifistes detout genreC’est toujours la faute aux USApour les nouveaux partisansMais après tout voilà leurs enne-mis: une cannette et un hambur-gerEt alors regarde comme ils pleur-nichent à l’arrivée des flicsGratte un peu tu verras que c’esteux les vrais YankeesC’est eux qui sont les résultats dudésastre nucléaireC’est eux qui sont les vrais fils decette paix sale et fausseAvec la gueule de Guevara etleurs drapeaux arc-en-cielC’est eux qui sont les vrais fils durêve américainVous vous demanderez pourquoipourquoi pourquoiEt en même temps en dehors del’EuropeComme les zombies de RomeroVoilà les masses sans travail etsans argentDe tous les continents que vousavez pillésBourrés de mensonges et deconneries et ensuite abandonnésLes masses appauvries par les as-tucesDe ceux qui ont fait des règles dumarché leur justiceEux ils ne jouent certainement pasavec les vidéo-téléphonesIls n’ont certainement pas dedraps propres et parfumésIls n’ont pas maman qui lui pré-pare le café chaque matinAvec son petit croissant et ses pe-tites pantouflesAvec papa anti-raciste qui pro-mène son chien pendant qu’il sesert tranquillement des prostituéesnigériennes [...](Informations du site Novopress)

Depuis le départ de la sympathique crapule Berlusconi, ce n’est plusla même musique pour tous ceux de Casapound...

Allemagne :

Rammsteinsort un best ofRammstein, le groupe de metal alle-

mand, vient de fêter ses quinze an-nées d'existence. C'est donc

l'occasion pour le sextet de dresser un bilanen forme de mausolée discographique et derepartir en tournée à travers l'Europe, puisl'Amérique, sous les couleurs de son nou-veau Best of «Made in Germany».

En six albums, les barbares d'outre-Rhinont su marquer de leur empreinte l'histoiredu rock de ces dernières années, surtoutgrâce à leurs performances scéniques. In-déniablement, il y a un avant et un après Rammstein. Qui a assisté à l'un deleurs concerts peut témoigner de l'expérience particulière que représente cettealliance du feu et des sons rudes et gutturaux venus du plus profond de l'an-tique Germanie. Toute la puissance et le succès de ce groupe, qui a suscité àses débuts une certaine polémique mal placée quant à leurs opinions poli-tiques, se fondent sur une habile combinaison d'un imaginaire mélangeantpoésie romantique et violence industrielle. Dans leur dernier album (Liebe istfür alle da), l'aficionado pouvait retrouver tout ce qui fait l’essence de Ramm-stein : la voix incomparable de Till Lindemann, grave, suave et féroce à lafois ; les riffs martiaux et appuyés des guitares ; des arrangements sonoresoriginaux allant de la musique électronique aux trompes de chasse. D’autrepart, l’atmosphère mélancolique et sombre propre aux rockers de la Baltiqueconférait à l’album toute sa saveur et son identité. Le romantisme noir se dis-tillait aussi bien à travers les ballades Roter Sand (Sable rouge) et Frühlingin Paris (Printemps à Paris) que sur des morceaux plus énergiques et hachéscomme Waidmanns Heil (Le salut du chasseur) ou Wiener Blut (Sang vien-nois). La plupart des paroles écrites par le chanteur lui-même font souvent ré-férence à des amours tourmentées où la chair et les rapports de dominationoccupent une place prépondérante.

Rammstein s'est forgé une identité, aujourd'hui reconnue et affirmée. Au-delà de la musique, le groupe veut transmettre "Un dessein, Un but, Un motif,Une direction, Une sensibilité, De chair et de sang, Un collectif" comme ledit les paroles de la chanson Rammlied, sorte d'hymne à leur propre gloire.A l'opposé de la standardisation voulue par les grandes compagnies com-merciales qui ne jurent que par l'anglais, Rammstein a su faire de sa languematernelle, l'allemand, un argument efficace de sa réussite. Conscientsd'avoir créé une communauté qui se retrouve au sein de leur imaginaire, lesmembres de cette formation atypique rassurent leurs fans qui craignent devoir disparaître ceux qui leur semblent uniques : "Nous sommes solidaires,Nous nous supportons, Nous sommes complices, Personne ne nous arrête,Nous vous devons fidélité, Nous y tenons fermement, Et nous appliquons larègle, Si on nous laisse diriger" (Haïfisch). Déplaçant désormais des dizainesde milliers de personnes à chacune de leur tournée, les petits musiciens quifaisaient du punk en RDA sont devenus des stars sans pour autant abandon-ner leur saveur originelle, ni laisser derrière eux quelques principes : leur cri-tique de l'impérialisme culturel américain dénoncé dans la chanson Amerikaou encore un patriotisme ambivalent fait d'amour et de regret comme dansleur dernier titre Mein Land ("Une voix venant de la lumière, Tombe du cielvers le visage, Déchirant l'Horizon, Où vas-tu, ici, plus rien n'est libre, C'estmon pays, C'est mon pays").

Un jour, sans nul doute, Rammstein disparaîtra mais leur souvenir conti-nuera de résonner comme un écho lointain de ce qu'ils furent et représentè-rent. Déjà des intellectuels comme Slavoj Zizek commencent de s'emparer deleur légende et France Culture s'est même risquée à brouiller sa fréquenceavec Du Hast... Le vaisseau Rammstein n'a pas encore sombré dans l'oubli.

Jeudi 2 février 2012 - 18h00 - Olympia - Paris

17EuropeAu grand dam de l’ordre mondial, la Hongrie de Victor Orban vient d’adopter une nouvelle constitution qui lui redonne lesmoyens de sa souveraineté, notamment en matière de contrôle de sa Banque Centrale... Humm.. Quelle audace !

Le 1° janvier 2012 a vul'entrée en vigueur de lanouvelle Constitutionhongroise. Depuis, deBruxelles à Washing-

ton, ce ne sont plus que cris d'or-fraies et vindictes à l'adresse de laHongrie et de son Premier ministre,Viktor Orban. Les accusations dedérive autocratique et les menacesde rétorsion se font de plus en plusclaires dans la bouche des officielseuropéens et des organisations in-ternationales. L'affirmation déter-minée de sa souveraineté place laHongrie parmi les bêtes noires dumoment dans les colonnes de l'ac-tualité. Elle rejoint presque laSyrie, l'Iran et la Russie dans l'enferétabli par les démocraties occiden-tales.

Que contient donc cette Consti-tution pour qu'elle suscite, au coeurdes festivités de la nouvelle année,l'ire des vigilants démocrates auto-proclamés ?

Tout d'abord, cette nouvelleConstitution votée par une largemajorité du Parlement, dépassantles deux tiers nécessaire pour sapromulgation, commence par unlong préambule rappelant le glo-rieux passé des Hongrois, de leurpatrie, et fait référence explicite-ment à Dieu en demandant sa bé-nédiction. Or, dans une Unioneuropéenne qui refuse toujours, engrande partie à cause de la France,de reconnaître ses racines chré-tiennes, cette référence est de trop.Déjà la Pologne était regardée d'unmauvais oeil du fait de son catholi-cisme trop démonstratif au goût descaciques bruxellois, alors quand lesMagyars s'y mettent aussi, on trem-ble dans les loges de voir se répan-dre une contagion religieuse et que,par une curieuse émulation, la seulevéritable Europe qui n'ait jamaisexisté, c'est-à-dire la Chrétienté, re-naisse de ses cendres et de ses divi-sions. De l'autre côté del'Atlantique, le Secrétariat d'Etataméricain n'hésite pas à s'inquiéterpubliquement de la voie choisie parle peuple hongrois. Dans nombrede ses textes fondateurs et de sesdéclarations, même sur ses billetsde banque, les Etats-Unis en appel-lent fréquemment à Dieu. Ils ne de-vraient donc pas être choquéscomme les renégats européens, etpourtant si. A croire qu'il ne s'agitpas du même Dieu !...

Au-delà, on reproche aussi àcette Constitution de mythifier unpassé glorieux et de s'adresser àl'ensemble des Hongrois, y comprisles importantes minorités de Rou-manie, de Slovaquie, de Voïvodineet d'Ukraine. On fait mine de crain-dre qu'avec une telle adresse ne re-surgissent des tensions régionalescréées par le Traité de Saint-Ger-

main-en-Laye de 1919 démantelantla Grande Hongrie de l'Empire. Lepatronnage de la Sainte Couronnede Saint Etienne qui unissait lespeuples de la région carpatiquesous l'influence des suzerains ma-gyars confirme en effet la portéeextra-territoriale de cette Constitu-tion, qui en appelle plus à tous lesHongrois historiques qu'aux Hon-grois du sol. "Nous sommes fiersde nos ancêtres qui se sont battuspour la survie, la liberté et la sou-veraineté de notre nation", "Fiersdes remarquables créations intel-lectuelles des Hongrois", "fiers quenotre peuple se soit battu pendantdes siècles pour défendre l'Europe,contribuant aux valeurs communesde celle-ci par son talent et son as-siduité" dit le préambule. Là en-core, cette revendication de ladéfense séculaire de l'Europe et deses valeurs ne laisse planer aucundoute sur sa signification profonde.La Hongrie a été le rempart de laChrétienté contre l'invasion otto-mane et a toujours manifesté unerésistance acharnée face aux incur-sions turques. Tout cela ne va pasbien entendu dans le sens d'uneUnion européenne dont la seule va-leur reconnue est celle du com-merce et d'une vague idéologie desdroits de l'Homme, et qui considèrel'histoire des peuples comme unfrein évident à la mise en place deson projet mondialiste.

Dans la même veine, la Hongriea décidé d'abandonner l'appellation"République de Hongrie" montrantpar là qu'un pays existe indépen-damment de sa forme politique oujuridique. Imaginons la répercus-sion d'une telle mesure en Franceoù chacun se sent continuellementobligé de parler des valeurs répu-blicaines et où, dans les déclara-tions officielles, on acclame laRépublique avant la France...

Toutes ces modifications sem-blent anodines tant leur symbo-lisme échappe en grande partie àl'homme de la rue. D'ailleurs lesmédias sont bien obligés de trouverd'autres raisons d'en vouloir offi-ciellement à la Hongrie tant leurhaine pourrait paraître trop abs-traite à la masse qu'ils ont pour de-voir d'orienter et de contrôler. Pournous, cela prouve bien que le com-bat des symboles et des mots estencore d'actualité. En effet, malgrédes années de relativisme nihiliste,la bataille des mots recouvre bienencore la réalité d'une bataille idéo-logique bien plus importante qu'onne voudrait nous le laisser entendre.Ces brusques sursauts identitairesvenus du coeur de l'Europe centralerappellent aux maîtres temporairesde ce monde qu'ils n'ont pas encoreréussi à abattre complètementl'existence des vieux pays, et que

leur action, aussi avancée soit-elle,rencontrera toujours des résistancesinattendues. La réaction épider-mique du Système ne fait queconfirmer qu'il craint toujours sacontestation, aussi minime soit-elle.

Le plus effrayant pour toutes lesinstitutions internationales qui pen-saient en avoir presque fini avec lespeuples rebelles est que cetteConstitution ne s'en tient pas àquelques principes théoriques. Elleacte aussi d'une reprise en main deson indépendance par le pouvoirpolitique. Non content de légiférerclassiquement sans tenir comptedes menaces de l'UE et du FMI, legouvernement hongrois a décidé degraver dans le marbre ses pro-fondes mutations tant socialesqu'économiques et par là-même demontrer que le politique avait en-core le pouvoir de ses ambitions.

Ainsi dans le domaine social, Lanouvelle Constitution affirme so-lennellement l’humanité de l’em-bryon dès la conception : « Ladignité humaine est inviolable.Chacun a droit à la vie et à la viehumaine, la vie du fœtus sera pro-tégée depuis la conception. Lespratiques eugénistes visant la sé-lection des personnes, transformantle corps humain et ses parties ensource de profit, et le clonage re-productif des êtres humains sont in-terdits. » Mais elle réserveégalement le mariage à « unhomme et une femme », elle pro-tège la famille, la propriété, l’héri-tage, soutient la natalité. Et tout enaffirmant l’indépendance desEglises qu'elle reconnaît (14 au lieude 300 auparavant), elle précise :« L’Etat coopérera avec les Eglisesdans la poursuite d’objectifs au bé-néfice de la communauté. »

Dans le domaine économique, legouvernement hongrois récupèreune indépendance au moins for-melle en réformant la banque cen-trale de Hongrie. Deux loisproposées par le gouvernementconservateur de Viktor Orban, etadoptées le 24 décembre par le par-lement hongrois. Ces deux lois vi-sent à réduire l'indépendance de labanque centrale de Hongrie, prési-dée par András Simor. La premièreloi permet au gouvernement d'aug-menter le nombre de membres auconseil des gouverneurs de labanque centrale de Hongrie, et po-tentiellement d'y nommer desproches.La seconde prévoit la fu-sion entre l'autorité de surveillancedes marchés financiers (équivalentde l'Autorité des marchés financiersen France) et la banque centrale. Leparlement hongrois a en effetadopté ce projet de loi sur l'enca-drement de la banque centrale, endépit des objections formulées parl'UE et la Banque centrale euro-

péenne (BCE), qui y voient une re-mise en cause de l'indépendancedes autorités monétaires. Ensomme Bruxelles reproche à laHongrie de ne plus vouloir dépen-dre de sa manne financière et desmarchés financiers qui spéculentsur les dettes des pays avec la com-plicité de banques centrales quisont peut-être indépendantes despolitiques mais font le jeu d'intérêtsprivés et transnationaux. En effetLe gouvernement hongrois envi-sage d'utiliser les réserves dechange de la banque centrale pourrembourser certaines dettes pu-bliques et financer des mesures derelance économique, rapportait le 3janvier le site d'informationsindex.hu, qui cite une sourceproche du gouvernement. Selon cesite, l'objectif du gouvernement estd'honorer grâce aux réserves debanque centrale environ 180 mil-liards de forints (570 millions d'eu-ros) de dettes contractées l'annéedernière par des collectivités lo-cales. Comme le remarque l'uni-versitaire Paul Gradvohl, "sur leplan économique, par exemple,Viktor Orban suit une ligne quali-fiée de "non orthodoxe" et qui se si-tuerait entre Chevènement et deVilliers, si on la comparait à ce quipeut être proposé en France." Onremarquera que le programme éco-nomique de Marine Le Pen envi-sage de semblables mesures. Deplus, le Forint est désormais pro-tégé par la Constitution et le tauxd'imposition sur le revenu bloqué à16 %. Autant dire que la Commis-sion européenne et les marchés,pourtant eux-mêmes en crise, n'ac-ceptent pas ces crimes de lèse-ma-jesté qui pourraient motiverd'autres nations lassés d'une main-mise arbitraire toujours plus auto-ritaire et qui ne jure que par lesplans d'austérité pour faire marcher

les peuples à la schlague. La Hon-grie risque sans doute de subir unecruelle déflation et une coalitiondes intérêts économiques étrangers,mais si elle tient bon, les mesuresprises empêcheront les mesures derétorsions directes pour contrercette tentative de rétablissement dela souveraineté nationale.

Ces changements devant être ins-crits dans la continuité, la Constitu-tion contre l'opposition en rendantrétroactivement "responsables descrimes communistes" commisjusqu'en 1989 les dirigeants de l'ac-tuel Parti socialiste (ex-commu-niste). Fort au Parlement de lamajorité des deux tiers de son particonservateur, le Fidesz, ViktorOrban a donné à une série de loisune valeur constitutionnelle, qui nepourront donc être modifiées quepar une majorité des deux tiers desdéputés. Or, une telle majorité sem-ble à l'avenir hors de portée pour ungouvernement issu de l'opposi-tion./Sans oublier l'installation àtous les postes de responsabilité del'appareil d'Etat, notamment dansles secteurs de l'économie, de la po-lice, de la justice et de l'armée deproches de Viktor Orban, dontbeaucoup disposent d'un mandat deneuf ou douze ans.

Ainsi le gouvernement hongroisa tout fait pour que cette nouvelleConstitution, véritablement révolu-tionnaire de par les changementsqu'elle implique, ne soit pas unsimple effet d'annonce ou un coupd'épée dans l'eau. Et à ceux quicontesteraient la valeur démocra-tique de ces nouvelles lois, il restetoujours à Orban l'arme décisive duréférendum. Quant à nous, nous nepouvons qu'espérer que Dieu conti-nue de bénir les Hongrois et qu'illes protège de l'adversité à venirafin que ce nouvel exemple soitsuivi de partout en Europe.

Bonne année de Hongrie !

18 Lecture

Dans Milieu hostile, l’intrigue estlente et cuisante, comme la plaiemal refermée laissée par les sovietsà quelques degrés à l’Est du forma-tage atlantiste « cut » des lecteursde polar occidentaux, gavés de pro-duits cinématographiques ou télé-visuels d’origine ou d’inspirationaméricaine. Au point que touteautre forme de narration les per-turbe. Dans Milieu hostile, on estau cœur du complot : l’industriepharmaceutique impose ses exi-gences et sa marge bénéficiaire aumépris de la valeur d’usage, auxgouvernements, ONG et nomen-klaturas médicales ; la presse joueson rôle de charognard au servicedes uns puis des autres, vendantaussi peu d’information que leslabos vendent de soins ; l’Est etl’Ouest dansent maladroitementleur valse-hésitation au gré destractations et des arrosagesconstants d’oseille pour graisser lesrouages ; les dirigeants changent dediscours aussi souvent que dechaussettes. Mais ça ne ressemblepas, me serine-t-on à un polar, et jeveux bien le croire, je ne sais pas enécrire, peu familier avec les canonsdébiles d’un genre plein de détec-tives imbibés amateurs de quartet à

cordes et de policiers di-vorcés férus d’huma-nisme, piétinant dans uneenquête laborieuse dontles indices prouverontque les riches sont despourris et que les meil-leurs des pauvres devien-nent parfois méchants àforce de morfler. Peut-être que la plongée dans l’abîme dela perte intime, des amours qui s’ef-fondrent, une amitié qui se déchire,pourrait tirer Milieu hostile vers le« noir », un fourre-tout très sérieuxet propre sur lui où l’on glisse cequi sort du « polar », mais où traî-nent quelques cadavres de vic-times. Mais l’insistance, le trait quiredouble l’intrigue géopolitiqued’une intrigue humaine ressembletrop à de la littérature générale, unlabel qu’on ne va tout de même pasm’accorder, ce ne serait pas un ser-vice à me rendre. Et puis les poulesde Milieu hostile, transfuges in-times de la femme soviet, ne sontni avocates à Manhattan, ni porto-ricaines dans le Bronx. Les lascarsn’ont aucune ascendance irlan-daise, les drogues ne viennent pasde Colombie, on les bricole soi-même à Kiev et Sébastopol, on les

confectionne à Vilnius, onles interdit à Paname. Si leretour de la vieille équipede staliniens aux affairesd’Ukraine est au centre duroman, il n’y a donc pas lemoindre gangster mexicainou caïd maniaco-dépressifà la Scorcese. D’ailleurs,Milieu hostile, ça ne se

passe ni à Chicago, ni dans l’EastEnd, ni à Marseille. Mon casier ju-diciaire s’alourdit. Peut-être queMilieu hostile aurait pu être re-connu par le genre noir, à l’époque,quarante ans en arrière où il repré-sentait l’antidogme, foisonnant, in-ventif, part maudite de la société,avant l’avènement des doctrines,quand, par exemple, Viard et Za-charias adaptaient L’Iliade et Ham-let dans la France des TrenteGlorieuses, que Dard pondaitl’inoubliable Une Seconde de toutebeauté, qu’on rangeait les implaca-bles mécaniques Guerre Froide deLen Deighton en collec polar ver-sion espionnage.

Avant l’irruption des doctrines.Quand le polar n’était pas encore

un Milieu hostile. Milieu hostile

thierry Martignac (ed. La baleine)

Marignac, en milieu hostile

Dans un article intitulé « Avec des amis comme cela, pas besoin d’en-nemis », le site Feu de de Prairie analyse l’apparition du Lys Noir surses écrans de contrôle. Attention, c’est intelligent.

«Ces temps-ci, les cyber-militants et autres contestataires bénéficiantde l’anonymat semblent se donner à cœur joie sur blogs, webzines et au-tres tumblr, à une phraséologie plutôt étrange au premier abord: «Ilmanque encore une trentaine de centrales nucléaires avant que laFrance puisse être une puissance digne de ce nom » (Twitter du PartiCommuniste Juchéen de France, désormais PCJF, 13 septembre 2011),«En la coupant de la lumière du soleil, le capitalisme nie l’Humanité entant que partie de la Biosphère qui a des besoins spécifiques » (Site-blog « Voie Lactée » du Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste,désormais PCMLM... « Notre projet est de leur prendre l’anarchie,mamie violentée qui vaut mieux qu’eux, et de nous barrer en courant ! »(Tumblr de Lys Noir, 12 novembre 2011).

Les exemples sont légions. Que faut-il penser de ce phénomène ? Ilpeut paraître insignifiant au premier abord, mais il permet de poser unequestion cruciale dans notre culture de l’information et de la communi-cation : quel statut faut-il accorder au détournement, à la dérision, àl’usage du « fake »? À quel type d’ambiguïté avons-nous affaire, et quelest son but ?

.../... Le premier écueil est celui de la « récupération » des notions etdes figures par des groupes politiques qui entendent bien s’acheter unecrédibilité en jetant le soupçon sur celle de leurs adversaires. L’appella-tion « communiste » du PCJF, qui défend par ailleurs Jean-Marie LePen (tweet du 23 décembre 2011), l’approche dite « scientifique » duPCMLM (qui ressemble bien plutôt à un trip New Age par son syncré-tisme et son ignorance des conditions réelles de l’invention technolo-gique) ou encore la troisième voie de Lys Noir entre extrême-droite etextrême-gauche, se revendiquant de Proudhon ou Chavez, ont tout pourvider de leur contenu les valeurs que nous défendons, comme la mise encommun des moyens de production, la prise en compte des expérimen-tations scientifiques et des expériences sociales, ou la camaraderie dansles luttes avec les anarchistes.

Vous me direz, qui n’a jamais déliré sur Kim Jong-il (paix à son âme),le matérialisme dialectique (nom pompeux s’il en est) ou encore surl’Internationale chaviste ? C’est là que notre méthodologie intervient.Là où notre ironie tend en fait à montrer l’usurpation du nom de « popu-laire » et « démocratique » de la RPDC, le réformisme de Chavez, et dumême coup, à montrer l’absurdité des comparaisons que font nos enne-mis avec ces prétendus amis (qui n’a jamais été traité de nord-coréenpar un militant de droite ?), nous n’avons pas de moyen de savoir si lesgroupes politiques dont nous parlons sont sérieux ou non dans leur phra-séologie apparemment détournée. Le PCJF semble rire, le PCMLMsemble sérieux, de même pour Lys Noir… il est cependant impossiblede trancher, et là est le problème. Leur méthodologie consiste en unecoïncidence stricte entre la vérité et l’humour, on ne sait plus quelle estla part des deux. Prenons le cas de Lys Noir. Ils ne sont vraisemblable-ment pas anarchistes, puisqu’ils veulent le retour du roi et la fin de l’im-migration (« terreur exercée par les patrons sur les ouvriers »,disent-ils). Pourtant, leur revendication de l’anarchisme n’est-elle quede l’humour ? Quel est son but ?

1)Elle n’est pas seulement de l’humour, puisque la révolte contre l’or-dre établi, la décentralisation, etc. sont des notions effectivement théori-sées par les anarchistes, qui sont simplement décontextualisées ;n’oublions pas le mot de Maurras : « la monarchie, c’est l’anarchie plusun » ;

2) le but est d’introduire un brouillage idéologique, une confusion à lafrontière même de pensées fondamentalement incompatibles, comme leroyalisme et l’anarchisme. Faire ami-ami avec son ennemi naturel pourmieux le paralyser… « Regardez, nos valeurs sont presque les mêmes »,sauf qu’en pratique, si un groupe anarchiste pactise avec Lys Noir, ilperd les trois-quarts de ses soutiens habituels, pour des raisons évi-dentes. Pensons aussi au piège du national-bolchevisme de Limonov.Avec des amis comme cela, en effet, pas besoin d’ennemis…» (F. T.)

Presse anarchiste

Comment Feu de prairievoit le Lys Noir

Solidarité avec les «fachos» de Casa PoundLa gauche et l’extrême gauche italiennes poursuivent leur offensive contre CasaPound, en exploitant le crime

d’un déséquilibré, qui avait tiré sur des marchands ambulants sénégalais à Florence avant de se suicider. Tousles procédés sont bons pour éliminer un des principaux pôles de résistance au mondialisme.

Dernière trouvaille en date, la fille et héritière d’Ezra Pound, Mary de Rachewiltz, âgée de 86 ans, s’est per-suadée – ou a été persuadée – de la nécessité d’engager une action judiciaire pour interdire à CasaPoundd’utiliser le nom de son père. La grosse presse italienne a fait une intense publicité à cette initiative, à la suitede La Repubblica, qui prétend tirer son information du quotidien de gauche britannique, The Independent.

On n’y trouve pourtant rien à ce propos, et il semble que le journaliste de La Repubblica ait tout simplementrecopié de travers une dépêche ANSA, où la source était correctement indiquée comme The Guardian (un quo-tidien qui est grosso modo de mêmes tendances que The Independent, avec cette nuance qu’il est plus lié his-toriquement au Parti travailliste). La confusion permet de juger du sérieux des journaux dits de référence commeLa Repubblica.

Voici donc ce que rapporte The Guardian dans un article orné d’une photo de Sénégalais brandissant despancartes : « Massacre de Florence : Massacre raciste et fasciste : Fermer CasaPound »). Mary de Rachewiltz,« qui vit dans un château en montagne, au nord de l’Italie », aurait eu depuis deux ans l’intention d’agir pourempêcher CasaPound d’utiliser le nom de son père, mais aurait « redoublé ses efforts » après le drame de Flo-rence. « Cela m’a terriblement affecté. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. J’ai fait mes étudesà Florence, ce qui rend cela encore plus pénible. » Selon Mme de Rachewiltz, « Pound n’était ni de gauche nide droite ». L’octogénaire n’a manifestement pas lu le programme de CasaPound, qui récuse le clivage gauche-droite pour se définir comme d’ExtrêmeCentreHaut. Elle explique en revanche qu’elle « a vu des photos du lea-der de CasaPound avec le crâne rasé » et que « cela ne l’impressionne pas ».

Gianluca Iannone a précisé en réponse que l’action en justice de Mme de Rachewiltz remontait à il y a plusd’un an et que le procès aurait lieu à Rome en janvier. « De toute manière, a-t-il conclu, Casapound confirmeson intérêt pour l’œuvre de l’écrivain, parce qu’Ezra Pound appartient à l’humanité et au patrimoine de tous »

Par ailleurs, on peut apporter son soutien en écrivant à Zippo, militant de Casa Pound emprisonné : ( Alberto Palladino c/ casa circondariale Regina Coeli, via della lungara, 29 - 00165 – Roma)

29, quai Victor Hugo

11 100 Narbonne

06 98 05 97 [email protected]

Les Editions de l ’AspirantLire. Explorer. Comprendre

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Acellules solidairesanarchosroyalistes

Lettre ouverte des Cellules au Prince JeanNe vous en faites pas, Monseigneur, si nous vous

écrivons si ouvertement, c’est uniquement pour préci-ser notre pensée, c’est juste parce que nous nousétonnons souvent de nous trouver encore royalistes etque cela nous chiffonne...

La monarchie a en effet connu plusieurs visages enEurope, mais un seul en France : la monarchie abso-lue. Grace à l’Action Française, elle put, le tempsd’une époque, rêver d’une révolution intérieure : lemonarcho-fascisme corporatiste. Mais l’époque estpartie...

En revanche, en Europe, la monarchie parlemen-taire, expérimentée rapidement en France sous la res-tauration puis sous Louis-Philippe, est la formecommune au point que, pour faire court avec uncontradicteur, un monarchiste français décidémmentincompris finira toujours par utiliser l’argument ignoblede la concordance des monarchies avec les formes lesplus achevées de la démocratie parlementaire (paysscandinaves, Angleterre, etc...).

Cependant, ce modèle européen de monarchie par-lementaire, d’abord paternaliste à son origine, s’esttransmué au fil du temps pour aboutir au «potichisme»que l’on connait aujourd’hui partout, sauf peut-être enEspagne et en Belgique où les souverains conserventune autorité discrète mais réelle sur la marche desévénements.

Vous avez récemment écrit, Monseigneur, un livrerassurant dans lequel vous semblez vouloir revenir,non pas à la monarchie absolue, mais à la «monarchieconstitutionnelle» façon première manière, celle de lamoitié du 19ème siècle qui allait si bien aux esprits ou-verts comme aux avocats de l’autorité.

Seulement, comme ce type de monarchie a rapide-ment disparu sous nos yeux, il n’est pas dit que votreutile «aggiornamento» ne soit pas une autre manièrede manquer le train.

Pardonnez-nous alors notre insolence, Cher Monsei-gneur, prince si aimable, mais nous devons vous direceci : vous raisonnez dans un registre bourgeois.

Oh, nous ne vous en voulons pas ! Nous savonsbien que vous n’êtes pas un bourgeois et que votrepiété force le respect de tous les amants de la France,mais vous raisonnez quand même dans un cadrebourgeois...

Monseigneur, être bourgeois en politique, c’est croireau pouvoir tranquille, c’est croire que l’on vous appel-lera quand tout le monde ne pense déjà plus du tout àvous, c’est faire des compromis que personne ne vousdemande parce que vous n’incarnez plus aucune me-nace, et vos partisans encore moins... Etre bourgeois,c’est jouer prudent quand on a plus beaucoup de je-tons... Etre bourgeois, c’est ne jamais penser à bra-quer la caisse, même quand celle-ci est mal gardée.

Monseigneur, ce ne sont pas les juifs qui nous onttout pris, comme dit le chant camelot, c’est l’argent,c’est le capital roi. Quand comprendrez-vous publique-ment qu’un peu d’anticapitalisme n’est pas une cour-toisie que vous nous devez, mais que l’anti-capitalisme

radical, total, maximal, est la seule chance pour vousde retrouver enfin l’affection populaire française dontBernanos disait qu’elle était le principal handicap poli-tique pour les princes qui l’avait perdue...

Monseigneur, entendons-nous bien, nous ne vousdemandons pas d’être un prince rouge, mais un princenoir. Ce n’est pas pareil. Vous n’aurez pas, ainsi, àcourrir derrière le socialisme puis l’anti-racisme oul’écologie, puis derrière on sait trop quoi d’autre : vousaurez à prendre seulement la tête d’une insurrectionqui vient, comme disent les gens de Tarnac.

Ce faisant, peut-être avec la même figure magnifiqueque le Conselhero de Canudos, au Brésil, vous sur-prendrez tant notre monde que vous retrouverez ducoup une chance de répondre à votre baptème.

Cela dit, sous le drapeau noir, le modèle de monar-chie est forcément à redéfinir.

Dans notre esprit, il ne s’agit pas d’une monarchiepotiche, déshabillée, nue, livrée aux journaux. Il nes’agit pas non plus d‘une monarchie réellement aupouvoir, ni même d’une monarchie d’influence, car lesopinions sont des chiennes qui auraient vite fait devous mordre au sang. Elles n’attendent que cela.

Dans notre esprit, le seul modèle de monarchie rece-vable, viable à long terme, conforme à notre histoirenationale, est le modèle japonais : la monarchie identi-taire, la monarchie identité. Dans cette monarchie-là,le souverain sacralisé incarne à lui seul l’histoire dupeuple depuis son origine. Sur le plan spirituel, ce roi-prêtre sert même d’ersatz religieux pour des millionsd’hommes qui lui font confiance afin d’établir un pontmystique personnel entre la terre et le ciel... Bref,notre royalisme appelle un prince reclus, silencieux,spirituellement en charge de ses contemporains. Deleur côté ceux-ci seraient bien heureux de se soulagerpar lui de leurs petitesses modernes comme le font lesjaponais qui ont même abandonné leur shintoisme ori-ginel, mais qui le défendent encore à travers leur af-fection restée intacte pour l’Empereur...

Notre prince idéal prie donc ostensiblement pourtoute la société, il est peut-être passablement jardiniercomme Hiro Hito, il habite probablement une simplemaisonnette du Mont Saint-Michel, là, il peut devenirl’objet d’une sorte de pélerinage permanent desbraves gens... Il est pauvre, il ne touche rien, ne pa-rade jamais, refuse de jouer au jeu dégoutant du«Monsieur Commetoutlemonde». De son antique sta-tut, il n’a conservé que le droit de Grâce, le pouvoir demédiation pour les faibles quand on les abuse, et lepouvoir de lever des étendards de colère en représen-tant alors, aux yeux de tous les puissants et cyniques,la sourde menace de le faire un jour à nouveau...

Aucun prince français depuis longtemps ne s’est ap-proché autant que vous de ce modèle royal. C’estpourquoi nous pourrions assurément mourir pour vous.

Mais bordel de bon sang de bonsoir, Monseigneur,ramassez donc ce drapeau Noir qui traine par terre !!!

La cellule secrétaire

Bernanos, Proudhon et Netchaiev

19Militantisme

Félicitations du mois

à la cellule 591 pour sa remarquable productionvidéo, visible sur notreblog lysnoir.tumblr.com

Lysnoir

20

L’anarcho-royaliste, comme lecarliste autogestionnaire es-pagnol, s’il préconise une

forte libération des autonomies ré-duisant l’Etat à un «minimum ré-galien», demeure, pour cette raisonprécisement, très «à cheval» sur laqualité des Princes et de leurs al-liances.

Si le Roi de France, d’essencemystique, peut épouser une ber-gère, il n’en va pas de même desHabsbourg et des Bourbon d’Es-pagne (marqués justement par leursucession aux Habsbourg).

Chez ces deux grandes maisons,françaises -mais étrangères là oùelles règnent (les Habsbourg d’Au-triche sont lorrains, les Bourbond’Espagne sont capétiens)-, la dy-nastie n’est pas «nationale» et nepeut donc se permettre de déroger,car elle doit s’imposer au peuple«étranger» autrement, socialement,en cultivant délibérément la diffé-rence génétique acquise par desmariages conclus uniquement dansdes maisons souveraines.

De ce point de vue, le père deJaime de Bourbon-Parme, Carlos-

Hugo, récemment décédé, avait unarbre généalogique parfait : Bour-bon-Parme par son père dont lamère était une bragance, Carlos-Hugo (comme son frère Sixte) des-cendait par sa mère desBourbon-Busset : Carlos-Hugo;prétendant audacieux au trôned’Espagne malgré l’hostilité deFranco, était donc deux fois Bour-bon : «Borbon y Borbon».

Au début des années 60, Carlos-Hugo fit un très beau mariage avecIrène d’Orange-Nassau, fille pui-née de la reine des Pays Bas. Car-los Hugo, qui contestait le choixque Franco avait porté sur Juan-Carlos (marié à la soeur du Roi deGrèce..), pouvait donc jouer à jeuégal et même avec avantage car samaison était, du point de vue de sesalliances, plus «impressionnante»encore que celle de Juan Carlos...

Mais surtout, ce mariage «souve-rain» permit à Carlos Hugo defaire, dans les années 70, manoeu-vrer son parti jusqu’à l’autogestion,jusqu’à faire du partito Carlisto, unOvni politique plus proche de l’ex-trême-gauche que du camp réac-tionnaire dont il venait pourtant.

Si Carlos-Hugo avait épousé uneactrice ou une manucure, son «vi-rage à gauche» aurait été plus pé-rilleux; impossible en réalité.

En un mot, un prince de ces mai-sons qui se marie impeccablement,donne de tels gages qu’il peut en-suite tout se permettre. Par unecontrainte maritale, il s’achète enquelque sorte une liberté politique.

Aujourd’hui, parmi les jeunesprinces, ils sont pourtant peu nom-breux à flairer cela. Chez les Habs-bourg, sur la centaine d’archiducs,l’archiduc Georg (cadet de Otto),Lorenz (qui a épousé Astrid de Bel-gique), son frère Martin (qui aépousé une princessse allemande)Karl-Christian (qui a épousé uneLuxembourg), et Siméon (uneBourbon-Siciles), sont les derniers.

Dans toutes les branches de lamaison des Bourbons d’Espagne,le désastre s’est installé. Chez les

Bourbon-Séville, c’est le régne desmariage hasardeux depuis un siè-cle, chez Luis-Alfonso de Borbonné d’un mariage inégal (mais quiprétend en France), un mariage ro-turier l’a embourgeoisé de façon in-quiétante dans une famille«parvenue» du Vénézuéla ; quantaux Bourbons-Deux-Siciles destrois tiges, tous leurs jeunes princesse sont mariés hors des conven-tions, c’est à dire avec des femmescertainement agréables, mais quiont commencé à ne susciter que lasympathie des photographes, ce quiest déjà le début des ennuis...

Chez les Bourbon-Parme, aprèsla mort de Carlos-Hugo, son filsainé Carlos-Javier en a profité pourépouser une jolie roturière batavedont Carlos-Hugo ne voulait pasentendre parler de son vivant et quientra pourtant dans sa «maison» unmois seulement après sa mort...

Ainsi, pour toute la nombreusemaison de Bourbon-Espagne, ledernier espoir de voir enfin unprince qui jouerait d’abord son jeuavant de vouloir jouer une grandepartie, tient au seul fils cadet deCarlos-Hugo : Jaime. Car il est en-core célibataire et, de ce fait, il peutêtre considéré par Monsieur de La-palice comme le dernier à ne pasavoir conclu une mésalliance...

Mais pour combien de temps ? Ily a quelques mois, le prince Jaimeavait été aperçu par la presse peo-ple hollandaise tenant la maind’une autre jolie batave. Cela dit,même ces derniers temps, à chaquemariage princier auquel il s’estrendu, le prince Jaime était accom-pagné d’une belle blonde qui n’estautre que sa soeur Marie-Caroline,elle-aussi célibataire alors que sasoeur ainée en est à son deuxièmemariage calamiteux... Le frère et lasoeur, par défaut, par abstention,sont donc encore dans une ligne decomportement parfaite et ils fontplaisir à voir (comme ici, lors dumariage du prince héritier dePrusse avec une princesse issued’une maison souveraine alle-

mande petite mais valable...).Si nous nous posons cette ques-

tion au sujet du jeune prince, c’estévidemment que la cause révolu-tionnaire carliste nous intéresse, ycompris et surtout dans son courantautogestionnaire. Beau gosse, res-semblant beaucoup à son oncleSixte dont il possède la noncha-lance à la «James Bond», Jaime deBourbon-Parme, qui, décidément,ressemble en tous points à sononcle, ne fait pas dans la banque,mais dans la diplomatie hollandaiseet européenne, ce qui est heureux.

Il faut dire que le prince Jaime estun vrai européen, hollandais par samère, français par son père, italienpar le duché de Parme, espagnolpar la régence carliste, il pourraitaussi bien être écossais et irlandaispuisque les Parme détiennent lesdroits des Stuart... Naturellement,outre le néerlandais et le français,langues de ses parents, le princeJaime parle espagnol, anglais, alle-mand et un peu d’italien...

En Espagne, toutefois, on le voitpeu... Son frère ainé Carlos-Javierà pourtant déclaré solennellementau lendemain de la mort de CarlosHugo, qu’il reprenait la traditioncarliste... Mais que pèse au fondcette prétention forcément ridiculequand on ne respecte pas soi-mêmela plus intime tradition de sa mai-son et que l’on est le premier à ydéroger depuis cinq siècles ?

En revanche, Jaime de Bourbon-Parme, s’il s’alliait dans une autremaison souveraine, marquerait despoints, il passerait devant son ainéau regard de la légitimité dynas-tique. Et puis, en Espagne, face aufils de Juan-Carlos qui n’a pas dedescendant mâle avec son épouse,ancienne présentatrice de journaltélévisé plusieurs fois avortée, saposition serait infiniment plus forte.

Le carlisme y trouverait une oc-casion de renaître fortement. Celane tient qu’à un mariage. Commeavant, alors ? Oui. Comme avant.

Nestor barmu

Europe des peuples

Le «prince autogestionnaire» tiendra-t-il bon ?

Le prince Jaime de Bourbon-Parme, 37 ans, n’est toujours pas marié. S’il épousait une princesse issue d’une maison sou-veraine, il ferait d’un coup la différence avec le fils de Juan-Carlos et sa roturière avortée plusieur fois. Le carlisme repartirait.

Pour incarnerun jour une révolution, un prince doitse marierd’aborddans sa plus puretradition familiale.C’est comme cela...Car en politique, il existe des paradoxesobligatoires.

NB- Il est interdit à tous nos lecteurs de tomber amoureux sur photo de la jeune femme ci-dessus. C’est une princesse, et vous,camarades et pas-sants, vous n’êtes tous quedes gougnafiers agités par de mauvaises pensées que l’onentend déjà, c’est vous dire ! Le premier qui pense «elledoit être bonne» est exclu sur le champ ! Et si c’est un pas-sant, on ne lui distribuera plus jamais le Lys Noir !

Ces Polonais de Lituanie...Selon notre conception d’une

Europe confédérale à 6grandes nations de culture

catholique, égales en Droit, il res-terait, après regroupement desEtats centraux au sein d’une nou-velle Autriche-Hongrie-Slavie, lecas de quelques petites nations auxmarges de l’ensemble (P10 & 11).

Celles-ci, comme la Flan-dres&bruxelles, Andorre, Monacoou le Luxembourg, toutes un peufrancophones, pourraient s’asso-cier à leur voisine : la France.

Ne resterait plus alors que le casde la Lituanie, indépendante de-puis 1992, mais qui fut, tout aulong de son histoire, fédérée parunion personnelle à la Pologne ausein de la République des Deuxnations (Rzeczpospolita) qui ne re-semblait pas à son nom puisqu’elleétait une monarchie élective.

A côté de la Diète polonaise, la

Seimas lituanienne, élisait son Roidans un ensemble politique de prèsd’un million de kilomètres carré,constituant ainsi le plus vaste en-semble politique de son temps.

L’Union polo-lituanienne cessaavec les partages de la Pologne àla fin du XVIIIème siècle.

Cette union a laissé dans l’ac-tuelle Lituanie une forte commu-nauté polonaise, la seconde dupays avant les Russes, avec 8% en-viron de la population totale.

Contrairement à ce à quoi l’onpourrait s’attendre, cette minoritépolonaise se situe à l’Est et, plusétonnant encore, elle est concen-trée à Vilnius et dans sa périphérieoù elle représente encore 25%,alors que dans les années 1920,Vilnius était très majoritairementpolonaise, au point d’être annexéepar la Pologne de Pilsudski.

De nos jours, dans un contexte

de discriminations dé-noncées par les Polonaisde Lituanie, ceux-ci sont représen-tés par deux mouvements poli-tiques.

La Lietuvos lenkų rinkimų ak-cija (LLRA, Action électorale po-lonaise de Lituanie), en polonaisAkcja Wyborcza Polaków na Lit-wie (AWPL), est un parti conser-vateur libéral et eurosceptiquereprésenté par un député européen,son président ValdemarTomaševski, qui avait réuni 8,46 %des voix sous son nom en 2009.

A côté de l’AWLP, le PPL -Polska Partia Ludowa- (en fran-çais, Parti populaire des polonaisde Lituanie) est un parti intéressantau caractère ethniste plus affirmépuisqu’il est membre de l'Alliancelibre européenne.

Toutefois, le PPL, présidé parAntonina Połtawec, n’a qu’un

écho relatif comparé à l’AWLP deValdemar Tomaševski qui déclaraitrécemment : «les Polonais était làles premiers à Vilnius, c’est doncaux Lituaniens de s’y intégrer à laminorité polonaise !»;

Bref, les Polonais de Lituanieseraient probablement les plus sa-tisfaits si un Grand-Duché de Li-tuanie se trouvait à nouveau uni àla Pologne par un monarque com-mun dans le cadre d’une nouvelle«République des Deux-Nations».

Une manifestation des jeunesPolonais de Lituanie