l'utilisation pertinente des points fixation

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RUGBY L'UTILISATION PERTINENTE DES POINTS DE FIXATION PAR J.-R NOGUÈS Comment, dans le mouvement général du jeu, utiliser les points de fixation de manière adaptée pour faire évoluer le rapport de force à son avantage ? Nous proposons d'analyser les différents cas de fixation selon leur double aspect spatio- temporel. La fixation est localisée à l'endroit précis les deux protagonistes se rencontrent sur le terrain. R. Deleplace (1), dans son analyse théorique, appréhende la situation en fonc- tion de la progression, du blocage ou du recul. Nous caractérisons donc le gain de ter- ritoire ou la perte d'espace par le rapport qu'auront entretenu, sur le terrain, la ligne de front et la ligne d'avantage au moment se produit la fixation. Elle peut être définie comme « un des cas, dans le jeu, où le mou- vement du ballon se trouve bloqué, marque un temps d'arrêt, sans que le jeu s'inter- rompe » (1). Le temps de fixation correspond à l'inter- valle qui sépare l'instant le mouvement du ballon s'interrompt et le moment le ballon circule à nouveau (temps de libération). La libération de la balle peut être rapide ou différée. Sa modulation doit répondre à un objectif tactique : développer un « temps d'initiative » favorable au possesseur de la balle afin de créer de l'incertitude chez l'adversaire. LE POINT DE RENCONTRE (POINT CRUCIAL) Nous envisageons les différentes possibilités d'arrêt ou de blocage du ballon dans le mou- vement général, du point de vue de deux indi- cateurs interdépendants : le lieu du point de rencontre par rapport au système défensif et le rapport numérique qu'entretiennent l'attaque et la défense au point crucial. La mise en relation de ces deux critères nous conduit à déterminer le type de regroupement (mêlée spontanée* ou maul) qui devra être privilégié, afin d'optimiser les effets recher- chés au regard de la situation présente (des- sin 1 adapté de la modélisation de R. Dele- place). L'approche de l'utilisation des points de fixa- tion peut être synthétisée sous le seul angle de l'espace gagné ou perdu et du type de libéra- tion qui logiquement en découle. Nous pou- vons à partir du point crucial et du type de libération de balle à privilégier, envisager la ou les formes de jeu les plus pertinentes à utiliser. Dans le tableau 1 (p. 46), on trouvera les situations ci-après décrites (colonne ci-contre). Lorsqu'on a franchi la ligne d'avantage En situation F2, le jeu déployé de contourne- ment permettra en l'utilisant dans le sens du mouvement général précédent, de concrétiser la marque en investissant les espaces libres. • En situation F1a, les deux formes de jeu à la main peuvent assurer la continuité du jeu. Seule la lecture de la configuration du dispo- sitif défensif (distribution des joueurs sur le terrain par rapport au point de fixation) permet de choisir la forme de jeu adaptée pour marquer. Lorsqu'on est bloqué sur (ou proche de) la ligne d'avantage En situation F0 et F1b. le jeu déployé péné- trant s'impose pour être capable d'avancer tout en assurant la conservation et la conti- nuité du jeu (premier principe fondamental). Le jeu devant la défense se limite, le plus sou- vent, à deux passes courtes dont la dernière vise la pénétration. Lorsqu'on a reculé En situation F3, quelles que soient la pression défensive et la perte de territoire, le temps gagné en résistant debout permet uniquement de rééquilibrer le rapport de force par le repla- 45 Revue EP.S n°313 Mai-Juin 2005 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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Page 1: L'UTILISATION PERTINENTE DES POINTS FIXATION

RUGBY

L'UTILISATION PERTINENTE DES POINTS DE FIXATION

PAR J.-R NOGUÈS

Comment, dans le mouvement général du jeu, utiliser les points de fixation de manière adaptée pour faire évoluer le rapport de force à son avantage ?

Nous proposons d'analyser les différents cas de fixation selon leur double aspect spatio­temporel. La fixation est localisée à l'endroit précis où les deux protagonistes se rencontrent sur le terrain. R. Deleplace (1), dans son analyse théorique, appréhende la situation en fonc­tion de la progression, du blocage ou du recul. Nous caractérisons donc le gain de ter­ritoire ou la perte d'espace par le rapport qu'auront entretenu, sur le terrain, la ligne de front et la ligne d'avantage au moment où se produit la fixation. Elle peut être définie comme « un des cas, dans le jeu, où le mou­vement du ballon se trouve bloqué, marque un temps d'arrêt, sans que le jeu s'inter­rompe » (1). Le temps de fixation correspond à l'inter­valle qui sépare l'instant où le mouvement du ballon s'interrompt et le moment où le ballon circule à nouveau (temps de libération). La libération de la balle peut être rapide ou différée. Sa modulation doit répondre à un objectif tactique : développer un « temps d'initiative » favorable au possesseur de la balle afin de créer de l'incertitude chez l'adversaire.

LE POINT DE RENCONTRE (POINT CRUCIAL)

Nous envisageons les différentes possibilités d'arrêt ou de blocage du ballon dans le mou­vement général, du point de vue de deux indi­cateurs interdépendants : le lieu du point de rencontre par rapport au système défensif et le rapport numérique qu'entretiennent l'attaque et la défense au point crucial. La mise en relation de ces deux critères nous conduit à déterminer le type de regroupement (mêlée spontanée* ou maul) qui devra être privilégié, afin d'optimiser les effets recher­chés au regard de la situation présente (des­sin 1 adapté de la modélisation de R. Dele­place). L'approche de l'utilisation des points de fixa­tion peut être synthétisée sous le seul angle de l'espace gagné ou perdu et du type de libéra­tion qui logiquement en découle. Nous pou­vons à partir du point crucial et du type de libération de balle à privilégier, envisager la ou les formes de jeu les plus pertinentes à utiliser. Dans le tableau 1 (p. 46), on trouvera les situations ci-après décrites (colonne ci-contre).

Lorsqu'on a franchi la ligne d'avantage

• En situation F2, le jeu déployé de contourne-ment permettra en l'utilisant dans le sens du mouvement général précédent, de concrétiser la marque en investissant les espaces libres. • En situation F1a, les deux formes de jeu à la main peuvent assurer la continuité du jeu. Seule la lecture de la configuration du dispo­sitif défensif (distribution des joueurs sur le terrain par rapport au point de fixation) permet de choisir la forme de jeu adaptée pour marquer. Lorsqu'on est bloqué sur (ou proche de) la ligne d'avantage

En situation F0 et F1b. le jeu déployé péné­trant s'impose pour être capable d'avancer tout en assurant la conservation et la conti­nuité du jeu (premier principe fondamental). Le jeu devant la défense se limite, le plus sou­vent, à deux passes courtes dont la dernière vise la pénétration. Lorsqu'on a reculé

En situation F3, quelles que soient la pression défensive et la perte de territoire, le temps gagné en résistant debout permet uniquement de rééquilibrer le rapport de force par le repla-

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cernent du soutien. La concentration des forces au point crucial afin de conserver la balle devient urgente. La seule forme de jeu possible et logique devient le jeu groupé péné­trant dans l'axe ou au « ras » du regroupement ballon porté.

LE TEMPS DE LIBÉRATION

Sortie de balle différée - Jeu groupé péné­trant (axe longitudinal)

• Lorsque la balle n'est pas disponible rapide­ment de manière involontaire, cela traduit une carence dans le processus de digestion de la balle. Les « sous-rôles socio-moteurs », d'étayeur, pousseur, nettoyeur, ne sont pas tenus efficacement ou sont mal coordonnés puisque l'adversaire parvient à pourrir la libé­ration de la balle. Dans ce cas, il faut revenir au cœur du regroupement pour progresser dans l'axe (groupé pénétrant dans l'axe). • Dans le cas d'une conduite volontaire, les joueurs retardent intentionnellement, et ce

jusqu'au moment opportun, la libération d'une balle disponible pour concentrer un nombre suffisant d'adversaires, lors d'une alternative progression-libération. Pour créer un temps d'initiative juste, la libé­ration de la balle devra être sollicitée au moment où l'orientation du jeu, à contre-pied, sera susceptible de produire des espaces libres conséquents par un jeu déployé d'évitement ou de contournement.

Définitions des termes

Digérer la balle : action d'éloignement de la balle de la ligne de front, lors d'un regroupement. Étayeur, pousseur, nettoyeur : sous-rôles socio-moteurs assumés par les joueurs attaquants non-porteurs de balle, en vue d'assurer la conservation de la balle au contact.

Jeu groupé : ce concept permet d'appréhender l'en­semble des modalités privilégiant la progression de la balle dans l'axe longitudinal mais réduisant plus ou moins la possibilité d'utilisation de l'espace latéral pour procéder à l'échange (tableau 2). Jeu groupé pénétrant : défini communément par l'axe de progression longitudinal privilégié et par l'organisation des joueurs soutiens au porteur de balle. Cette définition est à notre avis incomplète. Plus l'espace entre les défenseurs (intervalles) est « relâ­ché », plus le jeu en passes courtes, avant contact, est facilité favorisant la progression vers la cible relative­ment rapide, qui pourra aisément être entretenue dans l'axe longitudinal par une phase de mouvement géné­ral. Dès lors que le dispositif défensif procède au res­serrement de l'espace entre les joueurs, qu'il soit subi ou adaptatif, le temps d'échange décroît jusqu'à conduire à son impossibilité matérielle. L'échange ne peut se réaliser qu'après contact, voire blocage de la balle, ce qui conduit à gérer un point de fixation (maul déroulant ou bloqué et le ruck ou mêlée spontanée).

Jeu déployé : deuxième forme de jeu à la main qui appréhende l'ensemble des modalités privilégiant l'utilisation de l'espace latéral du terrain, grâce à l'échange. Maul : forme de jeu groupé assurant la progression de la balle dans l'axe longitudinal du terrain par l'échange au contact du partenaire porteur de balle et des adver­saires (3 joueurs + ballon porté). Passe-pivot : passe effectuée par un joueur sans déplacement, dans le but d'accélérer la progression de la balle sur l'axe latéral. Pourrir : actions de gêne, d'entrave et de retard pro­voquées par l'équipe défensive et subies par l'équipe attaquante lors de la libération de la balle, sur regrou­pement. Ruck ou mêlée spontanée : forme de jeu groupé assurant la conservation de la balle lorsque celle-ci est au sol (2 joueurs plaqueur-plaqué + ballon au sol). Se faire consommer : action de jeu consistant à mobiliser la présence de joueurs lors d'un point de fixa­tion à un endroit du terrain, afin d'utiliser ensuite un espace à densité défensive moindre. Tenu : tout joueur porteur de balle tenu au sol. doit à la fois libérer immédiatement le ballon et s'en éloigner afin ne pas gêner sa réutilisation (règle fondamentale appartenant au noyau central du règlement).

Sortie de balle rapide - Jeu déployé d'évite­ment (axe latéral)

Cette situation correspond à un impératif tac­tique de jeu lorsque la défense est en retard. Peu de défenseurs sont en barrage et la majo­rité d'entre eux sont en poursuite. Afin de conserver cet avantage temporel qui corres­pond à du territoire gagné, il y a tout intérêt à libérer rapidement la balle du regroupement en transformant le jeu. La forme de jeu privi­

légiant l'axe latéral s'impose, pour aller provoquer plus loin ou pour battre la défense déficiente numériquement sur cet axe.

Dessin 1 • : point de départ du mouvement de jeu

point de blocage FO : pas de gain de terrain F1 : peu de gain de terrain en profondeur F2 : gain de terrain important en profondeur F3 : perte de gain de terrain en profondeur

Tableau 1

Tableau 2

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DES EXEMPLES DE SITUATIONS

Du collège au lycée en passant par le club, chaque éducateur est confronté au problème que constitue la transmission d'un savoir en acte, lié aux différentes configurations des points de fixation. Les cascades de situations qui en découlent peuvent être adaptées en fonction du public en jouant sur de multiples variables, sur la base des propositions qui suivent. Varier les formes de lancement de jeu

Forme de jeux • « Au ras » : jeu groupé pénétrant (en passes courtes, dribbling, maul déroulant, ruck ou mêlée ouverte) et jeu déployé « court » pénétrant. • « Au large » : jeu déployé d'évitement de contournement.

• Au pied : par-dessus, entre les rideaux défen-sifs, dans l'axe profond. Espace utilisé

• Grand côté ou côté ouvert. • Au centre du terrain. • Petit côté ou côté fermé. Changement de statut • Sur ballons de récupération. • Sur contre-attaques, réceptions en bord de touche, au centre du terrain. Autres variables • Effectif : surnombre ou pas. • Dimensions du terrain (largeur et/ou profon­deur). • Type d'opposition (raisonnée : sans récupé­ration de la balle ; retardée ; réglementaire : avec récupération).

• Présence d'un, deux ou trois rideaux défen-sifs (R1, R2, R3). • Possibilité de jouer au pied ou pas, etc.

SITUATIONS DE RÉFÉRENCE Lancement de jeu derrière, dans, devant la défense et derrière l'attaque

Les joueurs situés dans la zone centrale de 20 m évoluent en mouvement de tourbillon (des­sin 2). L'enseignant effectue des lancements de jeux dans des zones variées (F0, Fl, F2, F3). Situation à 15x15

À partir du dispositif initial (dessin 3), il sera demandé à la défense de renforcer un des trois secteurs de R1, soit dans l'axe du point de fixation, aux abords du point de fixation ou sur la largeur par rapport au point crucial. L'adaptation de l'attaque doit témoigner de la prise en compte du renforcement du dispositif défensif. La présence de R3 donne la possibi­lité de jouer au pied après le premier impact.

UTILISATION DU POINT DE FIXATION Avec libération de la balle dans la défense

Situation de jeu à effectif réduit

Organisation : 3+2 x 2+3. Défense homme à homme. Joueurs indifférenciés au départ (dessin 4). Opposition raisonnée. Jeu au pied interdit. Consigne : avancer jusqu'au contact. Critère de réussite : Marquer 7 fois sur 10 entrées en posses­sion de balle. Situation à 7x7 (collectif partiel)

Organisation : joueurs en mou­vement. Fin de la situation sur essai ou faute de jeu. Opposition raisonnée. Jeu au pied interdit (dessin 5). Consigne : avancer jusqu'au contact. Critère de réussite : marquer 7 fois sur 10.

Dessin 2 Lancements de jeu : devant la défense (F1), dans le dos de la défense (F2), dans la défense (FO), dans le dos de l'attaque (F3).

ERS № 313 - MAI-JUIN 2005 Revue EP.S n°313 Mai-Juin 2005 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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Situation à 15x15 (collectif de ligne)

La mise en place de cette situation impose le commentaire suivant. Le rugby moderne de haut niveau (du rugby international jusqu'au Top 16, voire quelques clubs de Pro D2) se caractérise par la volonté de pratique d'un « rugby total ». Le jeu vise la continuité du mouvement général afin de « consommer », user l'adversaire et ainsi le déstabiliser. Cette pratique offensive a engendré un renforce­ment exacerbé du dispositif défensif sur les plans individuel et collectif, afin de rééquili­brer le rapport de force. On assiste donc à un rapprochement de R2 par rapport à R1 tendant à confondre les deux courants défensifs pour renforcer la ligne de front et tenter de la rendre infranchissable. Pour des raisons évidentes de cohérence péda­gogique, notre proposition prendra en compte la structuration classique des trois courants défensifs. Organisation : Lancement de jeu effectué à partir d'une mêlée ordonnée, simulée (phase statique). Fin de la situation sur essai ou faute de jeu. Opposition raisonnée (dessin 6). Consignes Attaquants Franchir le premier rideau défensif : - en utilisant le coup de pied de récupération inter-rideau (entre R1 et R2). au sol ou par­dessus R1, lorsque la défense monte rapide­ment, - en prenant un intervalle (au coup de sifflet de l'enseignant, le défenseur occulte son pla­cage). 12 retarde la passe pour faire venir 13 à hau­teur, dans l'alternative d'échange avec le 13 à hauteur, ou par une passe sautée au 15 inter­calé à l'extérieur du 13. 13, par sa course latérale extérieure, agrandit l'intervalle défensif entre les défenseurs 12 et 13, qu'investit le 15 intercalé entre les atta­quants 12 et le 13. L'arrière 15 recevra la balle, à hauteur du 12 ou intérieur et en retrait du 13 afin de favoriser, si nécessaire, la créa­tion d'un intervalle plus conséquent.

Défenseurs • Alterner la vitesse de montée défensive, pour faciliter le choix de la forme de jeu. • Perdre volontairement et par convention le duel, pour faciliter le franchissement et la création du point de fixation lors de la ren­contre avec R2. Critère de réussite : marquer 6 fois sur 10 introductions (3 mêlées côté gauche, 4 au centre, 3 coté droit). Avec libération de la balle devant la défense

Situation de jeu à effectif réduit

Organisation : 3 x 3 (+ 2 sou­tiens, centrés ou décentrés à droite ou à gauche). L'entrée en jeu des deux joueurs sou­tiens intervient dès que la progression, dans le premier temps, puis la progression assortie de la conservation, ont assuré le franchissement de la ligne médiane par la balle. Défense homme à homme. Opposition raisonnée. Oppo­sition réglementaire dans un second temps. Jeu au pied interdit (dessin 7). Consigne : avancer jusqu'au contact. Critère de réussite : marquer 7 fois sur 10. Situation à 7x7

Organisation : joueurs en mouvement. Fin de la situa­tion sur essai ou faute de jeu. Opposition raisonnée. Jeu au pied interdit (dessin 8). Consigne : avancer jusqu'au contact. Critères de réussite : mar­quer 7 fois sur 10 entrées en possession de balle.

Situation à 15x15

Organisation : le lancement de jeu est effec­tué à partir d'une touche jouée, sur la ligne médiane en alternant côté gauche et côté droit (l'alignement comporte, à l'initiative de l'équipe attaquante, un effectif complet ou réduit). Le premier temps de jeu s'opère obli­gatoirement à la main. Au signal sonore de l'enseignant l'opposant direct au porteur de balle (PB) est contraint d'occulter son pla­cage, et ce jusqu'à ce que le PB ait franchi R1 et R2 pour se retrouver face à un des trois

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joueurs (11, 14, 15) composant R3. Opposi­tion raisonnée, puis opposition réglementaire. Fin de la situation sur essai ou faute de jeu. Jeu au pied interdit au départ, puis coup de pied de récupération autorisé assorti d'une opposition réglementaire. Consignes Attaquants • Progresser perpendiculairement vers la cible dès le franchissement pour « fixer » le défen­seur direct de R3. • Moduler sa vitesse de course pour permettre l'organisation du soutien lors de l'impact et du blocage au point de fixation. • Assurer la conservation de la balle par sa « digestion » efficace, en utilisant préféren-tiellement la mêlée spontanée, assortie d'une libération rapide. Défenseurs • Défense sur l'homme uniquement dans un premier temps. • Défense sur l'homme et sur la balle ensuite. • Organiser le repli défensif lors de la pour­suite pour éviter le débordement ou la péné­tration qui concrétisent la marque. Critères de réussite • Créer le point de fixation le plus près pos­sible (en deçà ou au-delà de la ligne des 22 m) 3 fois sur 5 entrées en possession de la balle, côté droit puis gauche, en évitant de se couper de ses soutiens. • Marquer 7 fois sur 10. Avec libération de la balle dans le dos la défense

Situation de jeu à effectif réduit

Organisation : 3+1 x 3+1.

Défense homme à homme. Opposition raison-

née. Jeu au pied interdit (des­sin 9). Consigne: avancer jusqu'au contact. Critère de réussite : marquer 7 fois sur 10. Variables L'intensité de la pression offen­sive peut être modulée par : - le nombre plus ou moins important de défenseurs dis­posés en R2 au départ de la situation (1 ou 2 pour des situations de 3+1 x 3+1 ou 2+2 x 2+2); - la forme de lancement de jeu utilisée. La passe directe à l'un des attaquants, non consomma­trice de temps, place le ou les derniers défenseurs sous forte pression offensive. Par contre, un lancement, ballon roulant au sol ou ballon plus ou moins aérien, réduit la pression défensive pour le défenseur en lui attribuant du temps. L'atta­quant doit dissocier, sur le plan temporel, l'entrée en possession de la balle, la prise d'informations et son organi­

sation motrice plus ou moins précipitée face au(x) défenseur(s).

Situation à 7x7

Organisation : joueurs en mouvement. Fin de la situation sur essai ou faute de jeu. Opposition raisonnée. Jeu au pied interdit (dessin 10). Consigne : avancer jusqu'au contact avec l'ultime défenseur. Critère de réussite : marquer 7 fois sur 10. Situation à 15x15 Organisation : le lancement de jeu est effec­tué à partir d'une pénalité accordée, jouée

obligatoirement à la main, en tout point du ter­rain (l'enseignant pose un ballon à terre entre les deux lignes des 10 m). Fin de la situation sur essai ou faute de jeu. Opposition raison-née, opposition réglementaire dans un second temps. Jeu au pied interdit au départ, puis coup de pied de récupération autorisé (dessin 11). Consignes Attaquants

• Progresser vers la cible en créant le point de fixation au-delà de la ligne d'avantage. • Assurer la conservation de la balle par sa « digestion » efficace, en utilisant à bon escient le maul ou la mêlée spontanée en fonc­tion des deux contraintes réglementaires que constituent le maul bloqué et le tenu. Franchir R1, en concentrant et déconcentrant la défense, lors des transformations de jeu. Défenseurs • Défense sur l'homme uniquement dans un premier temps. • Défense sur l'homme et sur la balle ensuite. • Alimenter, en permanence R1 et R2, pour éviter de se faire consommer. Critères de réussite • Franchir la ligne des 10 m 3 fois sur 5 entrées en possession de la balle en utilisant 2 regroupements maximum consécutifs au jeu groupé pénétrant. • Franchir la ligne des 22 m 3 fois sur 5 en uti­lisant 2 transformations de jeu à la main au maximum. • Marquer 1 fois sur les 5 entrées en posses­sion de la balle. Avec libération de la balle par l'attaque

L'attaque est en déséquilibre défavorable avec une pression défensive plus ou moins forte. Situation de jeu à effectif réduit

Organisation : 1+2x2+1. Défense homme à homme (dessin 12). Consigne : résister debout à la pression adverse, afin de permettre le repli des parte­naires pour rééquilibrer le rapport de force. Critère de réussite : conserver la balle.

EP.S№ 313-MAI-JUIN 2005 49 Revue EP.S n°313 Mai-Juin 2005 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

Page 6: L'UTILISATION PERTINENTE DES POINTS FIXATION

Variables

L'intensité de la pression défensive peut être modulée par : - le rapport plus ou moins important entre les premiers défenseurs disposés au départ de la situation et le(s) dernier(s) attaquant(s) (ici : 2 défenseurs contre 1 attaquant) ; - la forme de lancement de jeu. La passe directe au dernier attaquant place celui-ci sous pression défensive relativement moins forte que pour un lancement, ballon roulant au sol ou ballon plus ou moins aérien, qui réduit le temps dont il dispose ; - la distance qui sépare les premiers défen­

seurs au départ de la situation et le(s) dernier(s) attaquant(s). Situation à 7x7

Organisation : joueurs en mouvement. Fin de la situa­tion sur essai ou faute de jeu. Opposition raisonnée. Jeu au pied interdit (dessin 13). Consigne : résister debout à la pression adverse. Critère de réussite : garder la maîtrise du ballon 7 fois sur 10 entrées en possession de balle sans se faire pénaliser (tenu) ou rendre la balle réglementairement à l'adver­saire (maul bloqué 5 s, perte de balle lors de la mêlée spontanée). Situation à 15x15

Organisation : lancement de jeu effectué à partir d'une mêlée ordonnée, simulée, ou d'un regroupement avec bal­lon donné par l'enseignant à un joueur dans le mouvement général du jeu. Le « tour­billon » des joueurs en mou­vement se situe dans la zone des 20 m autour de l'ensei­

gnant sur la ligne médiane. Le mouvement général se développe mais lors de la première ou de la seconde transformation du jeu groupé au jeu déployé, le premier ou le second joueur de la ligne botte sur un des trois joueurs de R3, qui réceptionne. Fin de la situation sur essai ou faute de jeu. Opposition raisonnée. Contre interdit (dessin 14). Consignes

Attaquants-réceptionneurs • Au point de fixation, résister à la pression défensive en demeurant sur ses appuis le plus longtemps possible pour donner du temps au replacement des partenaires.

• Assurer la conservation de la balle par l'or­ganisation motrice du « corps-obstacle » et éloigner le plus possible la balle dans son camp. Attaquants non-porteurs de balle • Pousser, étayer, nettoyer pour avancer en jouant sur les axes de poussée, tout en assurant la digestion efficace du ballon. • Réorganiser au plus vite le soutien axial et latéral pour concentrer le dispositif adverse dans l'axe profond, proche du point de fixa­tion initial. Défenseurs • Défense sur l'homme uniquement jusqu'au jeu au pied. • Défense sur l'homme et sur la balle ensuite. Alimenter en permanence les différents cou­rants et la réserve axiale pour maintenir la pression, voire récupérer la balle. Critère de réussite : conserver la maîtrise du ballon pour pouvoir rejouer en avançant 7 fois sur 10 entrées en possession de balle (2 mêlées et 2 regroupements coté gauche, 1 mêlée et 1 regroupement au centre, 2 mêlées et 2 regroupements coté droit, en veillant à alterner ces différents lancements) sans se faire pénaliser (tenu), ou rendre la balle régle­mentairement à l'adversaire (maul bloqué 5 perte de balle lors de la mêlée spontanée).

Il ne paraît pas superflu de rappeler qu'utiliser avec discernement les points de fixation dans le mouvement général, participe de la capacité à s'adapter en toute circonstance au rapport de force du moment. Pour le sujet qui nous concerne, celui-ci s'apprécie du point de vue de la densité de l'opposition (rapport numé­rique attaque-défense au point crucial) et du point de vue du placement, de la situation de l'opposition (groupé, déployé, directions et vitesses de courses, etc.). Ceci constitue, selon nous, une compétence majeure qui, grâce à l'apprentissage, devrait pouvoir caractériser le savoir « jouer juste »,

c'est-à-dire l'efficience à opérer les choix de jeux pertinents, suscep­tibles de créer pour soi de la certi­tude et de l'incertitude chez l'ad­versaire. C'est à cette condition que l'on peut espérer concrétiser la marque et atteindre un certain pour­centage d'efficacité, lors des rares opportunités présentes à l'occasion d'une rencontre dont on s'accorde à dire qu'elle est « équilibrée ».

Jean-Pierre Noguès Département STAPS,

Site de Tarbes, Université de Pau et des pays de

l'Adour, IUFM Pau (64).

* Les mots en italiques sont définis dans l'en cadré p.46.

(1) De lep lace R., Rugby de mouvement Rugby total, Éd. Revue EP.S, 1979.

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