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FÉVRIER 2011 SYNTHÈSE DU SÉMINAIRE D’ÉCHANGES TECHNIQUES SUR LES ÉTUDES ET PROJETS DANS LA MÉTROPOLE LILLOISE Mardi 2 novembre 2010, ENSAP de Lille Intervenant tour à tour, Jean Louis Picqué, Directeur Campus Grand Lille, Loïc Laroche, chef de service Innovation & recherche de Lille Métropole et Nathan Starkman, Directeur de l’Agence de développement et d’urbanisme de Lille métropole rappellent que l’opération Campus Grand Lille est une opération partenariale centrée sur les trois universités publiques qui s’inscrit dans le cadre du plan Campus, engagé depuis 2008. Si le projet lillois a connu quelques difficul- tés à l’origine, il entre aujourd’hui en phase opérationnelle et est actuellement présenté à Paris, à la Cité de l’architecture, dans le cadre de l’exposition « 12 campus pour le 21 e siècle ». Les axes stratégiques du projet lillois sont : - le développement de l’excellence de la recherche par la création de 3 instituts (Sciences et technologies de l’information, biologie santé et matériaux) ; - le développement d’une formation de haut niveau, diversifiée et ouverte sur l’internatio- nal et l’économie régionale ; - l’attractivité de la vie étudiante, grâce notamment à la réhabilitation et la construc- tion de logements. Le projet s’appuie sur un important poten- tiel existant : le pôle universitaire est un ensemble vaste et multipolaire comprenant, toutes institutions confondues, 100 000 étudiants dans la métropole lilloise. La recherche, essentiellement présente au sein des universités publiques avec 3 000 docto- rants environ, reste cependant insuffisam- ment développée. Partant de la conviction qu’il n’y a pas de grande métropole sans grande université, Lille Métropole s’est engagé dans le soutien au développement universitaire en se dotant, en décembre 2009, de la compétence en matière de recherche. Le développement universitaire doit constituer l’un des grands projets de la métropole, inscrit dans son Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT). Le partage des connaissances entre tous les acteurs concernés constitue la base d’une réflexion commune en vue de la mise en œuvre de ce projet, de nature nécessaire- ment partenariale. PROPOS INTRODUCTIFS L’UNIVERSITÉ ET LA VILLE

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Page 1: l’univerSité et la ville - lille.archi.fr · notamment à la réhabilitation et la construc-tion de logements. Le projet s’appuie sur un important poten-tiel existant: le pôle

Février 2011

SynthèSe du Séminaire d’échangeS techniqueS Sur leS étudeS et projetS danS la métropole lilloiSeMardi 2 novembre 2010, ENSAP de Lille

Intervenant tour à tour, Jean Louis Picqué, Directeur Campus Grand Lille, Loïc Laroche, chef de service Innovation & recherche de Lille Métropole et Nathan Starkman, Directeur de l’Agence de développement et d’urbanisme de Lille métropole rappellent que l’opération Campus Grand Lille est une opération partenariale centrée sur les trois universités publiques qui s’inscrit dans le cadre du plan Campus, engagé depuis 2008. Si le projet lillois a connu quelques difficul-tés à l’origine, il entre aujourd’hui en phase opérationnelle et est actuellement présenté à Paris, à la Cité de l’architecture, dans le cadre de l’exposition « 12 campus pour le 21e siècle ».

Les axes stratégiques du projet lillois sont : - le développement de l’excellence de la recherche par la création de 3 instituts (Sciences et technologies de l’information, biologie santé et matériaux) ;- le développement d’une formation de haut niveau, diversifiée et ouverte sur l’internatio-nal et l’économie régionale ; - l’attractivité de la vie étudiante, grâce notamment à la réhabilitation et la construc-tion de logements.

Le projet s’appuie sur un important poten-tiel existant : le pôle universitaire est un ensemble vaste et multipolaire comprenant, toutes institutions confondues, 100 000 étudiants dans la métropole lilloise. La recherche, essentiellement présente au sein des universités publiques avec 3 000 docto-rants environ, reste cependant insuffisam-ment développée.

Partant de la conviction qu’il n’y a pas de grande métropole sans grande université,

Lille Métropole s’est engagé dans le soutien au développement universitaire en se dotant, en décembre 2009, de la compétence en matière de recherche. Le développement universitaire doit constituer l’un des grands projets de la métropole, inscrit dans son Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT).Le partage des connaissances entre tous les acteurs concernés constitue la base d’une réflexion commune en vue de la mise en œuvre de ce projet, de nature nécessaire-ment partenariale.

propoS introductiFS

l’univerSité et la ville

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un campuS vaSte et paySager : l’univerSité deS ScienceS et technologieS de lille

le campuS de la cité ScientiFique, genèSe du Site et rapport à la ville nouvelle►Serge Koval, ENSAPL

La cité scientifique est une création utopique des années 50, conçue comme une ville (centre administratif, stade, piscine, logements…) hors la ville existante. A l’époque, la présence des étudiants en ville était en effet perçue comme perturbatrice voire dommageable. Cependant le projet ini-tial n’a pas été achevé ; les fonctions urbaines voulues à la conception de la cité n’ont pas été réalisées. A la différence du campus américain, distinct mais en dialogue avec la ville, la cité scientifique initialement « ville » en pleins champs se suffit dans un contexte de réalisation rapide et économique des fonctions strictement universitaires. Par son organisa-tion radioconcentrique, le campus ne prévoyait pas de relations avec son contexte, au demeurant agricole. La création du VAL et de la ville nouvelle ont apporté la desserte manquant au campus sans revenir sur l’organisa-tion spatiale et le principe d’autarcie.

Il n’y a pas d’analogie entre la cité scientifique et le Campus américain : ceux-ci sont accrochés à la ville ou la génèrent. Ils ont vocation à regrou-per les fonctions universitaires sans recherche d’autarcie. Leurs espaces publics et leur architecture sont de grande qualité et sont articulés à la ville, alors qu’une des principales critiques que formulent les urbanistes sur la cité scientifique concerne justement la qualité de ces espaces publics, verts, mais indéfinis.

Le site a été pensé de façon trop fonctionnaliste. Si l’introduction de plus de mixité paraît difficile, il est possible de restructurer les espaces collectifs tout en traitant les questions de la convivialité et du repérage, de la sûreté. De même, le 1% artistique, non mutualisé, est essaimé sur le site et n’est pas suffisamment pensé comme participant à la qualification de l’espace.L’entité spatiale de la cité scientifique échappe à la démocratie habituelle en ville et sur l’espace public. « Le projet urbain est a priori exclu de la cité scientifique ».

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ireVue aérienne de la cité scientifique en 1967

unidiverSité : ville / univerSité, regardS croiSéS Sur la cité ScientiFique►Denis Delbaere, ENSAPL, à partir de l’atelier public de paysage

Cette étude, menée en 2009 par les étudiants en paysage, avec une approche partenariale et multidisciplinaire, interroge la relation spatiale de Lille 1 et Lille 3 avec la ville. Elle convoque la question de la connectivité des espaces, de la grande échelle et par là-même la question du paysage.

Ont été déterminées 15 « figures » de paysage pour tirer parti de l’existant. Parmi elles, celle du métro a été identifiée comme fil conducteur pour pen-ser la relation ville/université. Les clairières urbaines, comme les espaces de stationnement peu utilisés, les espaces sportifs ou les espaces verts peu appropriés, se situent sur des zones de contact entre grands blocs fonction-nels. Notons la particularité de la dénivellation qui permet, par exemple, la création de passerelle pour recomposer l’espace public.

Des projets ont donc été proposés pour un territoire réconcilié : - 4 parcs pour jalonner un territoire ou comment créer des espaces d’échanges et de porosité là où se trouvent des barrières visuelles ;- la frange ouest pour repenser le statut de faubourg de Villeneuve d’Ascq ; - la déviation du boulevard du Breucq comme préalable à tout projet urbain de qualité ;- le statut du quartier du Triolo, où se concentre la question de la connexion.

A l’échelle de la métropole se pose la question de la multipolarité qui ne peut conduire à renoncer à une forme d’unité. La connexion se pose comme point prioritaire tant du point de vue physique, via le réseau viaire et piéton-nier, que de celui du paysage par la circulation visuelle et sensorielle.

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un campuS vaSte et paySager : l’univerSité deS ScienceS et technologieS de lille

Extrait de la présentation d’Hervé Lussiez : Plan de référence de la cité scientifique

plan de réFérence de la cité ScientiFique, etude ruelle►Hervé Lussiez, Campus Grand Lille

Le plan de référence de la cité scientifique, décidé en 2000 et confié à l’atelier Ruelle, a d’abord porté sur l’identification des problèmes affectant la vie quotidienne des usagers. En est tout d’abord ressortie l’omnipré-sence de la voiture, en dépit de la desserte en métro, et par conséquent la multiplication des parkings. Sont aussi apparues les lacunes de lisibilité, de repérage et de compréhension du site qui s’expliquent par une signalé-tique défaillante, une absence de hiérarchisation des parcours piéton et une urbanisation résultant davantage des opportunités foncières que du respect du schéma initial. Enfin, a été soulignée l’absence de continuité urbaine entre la ville et le domaine universitaire, problème accentué par la conception des voies, source d’insécurité pour les liaisons douces. Ces constats renforcent l’image d’un campus fermé sur lui-même.

Dans un second temps ont été présentées des pistes à explorer. L’enjeu majeur est la desserte du et vers le campus. Après arbitrage, il a été choisi de maintenir les voies internes au campus, pour faciliter l’accès direct à ses diverses fonctions. L’aménagement du Grand Stade apportera de nouveaux éléments de réponses. Les principes de circulation au sein du campus doivent être revus. Il est proposé de développer un cheminement central s’appuyant sur le tracé du viaduc du Val ; de créer un axe est/ouest met-tant en valeur le cœur du campus, la bibliothèque universitaire (BU) ; d’accroître la relation avec le quartier via des équipements à usage partagé par exemple.

10 ans après l’étude, les principales pistes dégagées restent d’actualité. La dynamique du Grand Stade ainsi que le Plan Campus devrait fournir au site les équipements structurants nécessaires pour hisser l’université dans la hiérarchie des Grand Campus.

le campuS de la cité ScientiFique, vivre et percevoir Son eSpace►Catherine Grout, ENSAPL professeur d’esthétique

Bien que vaste et paysager, le campus fut indiqué comme clos et sans horizon par ceux qui, participant à l’atelier sur le campus*, y travaillaient et y étudiaient. Or, sans horizon, il n’est pas un paysage. Il y a pay-sage parce que nous parcourons le pays, que nous marchons et que nous sommes entourés d’un horizon vers lequel nous nous dirigeons et par rapport auquel nous nous constituons comme sujet agissant. Quand la nuque est rigide, quand les yeux ne sont pas appelés par l’horizon, il n’y a pas d’ouverture et de lien au monde et aux autres. Un espace construit sans horizon, est indifférent au devenir des personnes qui s’y trouvent, y vivent et y travaillent. Dès lors, il convient de s’interroger sur la posture du concepteur : si celui-ci fait preuve d’un trop grand degré d’abstraction, il s’extrait du monde. Un concepteur sans relation corporelle avec son projet et sans intérêt pour son contexte spécifique produit une « œuvre indifférente à notre devenir » (Erwin Straus).

Pour remédier à cela, le concepteur doit imaginer le mouvement, anticiper sa présence et celle d’autrui et ne pas séparer le temps de l’espace. Une clé pour éviter cette perte fondamentale est de différencier espace et spatialité pour envisager comment le sujet vivant s’éprouve dans l’espace. L’enjeu concerne en même temps le campus comme lieu de formation scientifique, intellectuel, social et politique, et la ville comme lieu des rapports sociaux et de l’être ensemble en dehors d’une communauté et de la famille.Si vous partagez l’analyse qu’une absence d’horizon pose un problème grave pour l’être en tant qu’être vivant situé et relié aux autres, alors sans doute faut-il se demander comment, par quelle méthode, approche et manière d’être, nous pouvons sans hiatus concevoir un plan, un pro-gramme, dessiner des formes, inventer des ambiances, anticiper la pré-sence d’autrui et leur co-présence et ce, afin que l’espace construit soit bien destiné à des sujets entiers et situés.

* dans le cadre du rapport de recherche suite à l’appel de recherche du BRAUP portant sur « Art, Architecture, Paysages » auquel Serge Koval fait référence.

►Débat

Catherine Martos indique que l’Agence de développement et d’urbanisme de Lille métropole était assistante à maîtrise d’ouvrage pour l’« étude Ruelle ». Un séminaire partenarial organisé à cette occasion avait mis en évidence la multiplicité des acteurs et la complexité de la question foncière. Si la situation a évolué depuis lors sur le plan foncier, la gestion d’un site universitaire reste particulièrement complexe. La question du foncier occupe une place prégnante dans ses réflexions. Les collectivités n’interviennent pas dans la gestion des espaces et l’université manque de moyens pour les entretenir.

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un campuS minéral et concentré : l’univerSité charleS de gaulle

l’accroche de lille 3 au pont de BoiS►François Gruson, ENSAPL

Le quartier du Pont de Bois fait l’objet d’une opération de rénovation dans le cadre de l’ANRU. En son sein, « l’ilot 4 » revêt une importance parti-culière dans la structure de Villeneuve d’Ascq car il fait le lien entre les universités Lille 1 et Lille 3. La chaussée des visiteurs constitue un des axes structurants majeurs de la ville nouvelle.

L’un des enjeux de la rénovation du quartier repose sur la requalification des rez-de-chaussée. La ville nouvelle a été créée avec un principe de séparation des flux, qui implique une différenciation des plans : les RdC sont ainsi déconnectés du système piétonnier principal et des flux prin-cipaux. Un travail spécifique sur la chaussée haute est engagé dont le but est de lui redonner sa vocation initiale, celle de rue menant à l’uni-versité. Un travail est en cours pour la requalification des commerces, (aujourd’hui en majorité des « junk food »). La requalification de la rue haute permettra un meilleur lien avec le niveau le plus bas, c'est-à-dire celui du métro et de la gare routière. De même est mené un travail sur le stationnement : le parking souterrain de 3 niveaux est largement sous-utilisé, il faut donc trouver un stationnement qui soit davantage adapté aux pratiques des riverains.

Au niveau de l’habitat, du logement étudiant existait au sein des bâtiments bordant cet axe, ce qui contribuait à la mixité sociale. Cela n’est plus possible aujourd’hui, mais il serait intéressant d’intégrer à la réflexion un retour du logement étudiant. « Le vide laissé par le Collège Léon Blum est une opportunité foncière très intéressante pour faire sortir le campus de sa limite actuelle » : l’implantation de logements dans l’ancien collège permettrait de redonner un sens à la rue menant à l’université en faisant d’elle une liaison naturelle.

etudeS autour du Site pont de BoiS►Philippe Davoine, Campus Grand Lille et Blandine Ménager, Villeneuve d’Ascq

L’université de Lille 3, dite à l’époque « des betteraves », a été implantée en 1971, d’après les plans de Pierre Vago. La création du quartier Pont de bois est déjà alors prévue.

Le besoin d’une étude sur le site apparaît dès 1995-1996 alors que de nouveaux bâtiments se sont greffés au projet initial et que la faculté de droit est transférée à Lille. L’objectif est de repenser la relation du cam-pus à la ville, de redéfinir son fonctionnement intérieur et l’aménagement de ses espaces extérieurs. L’étude, confiée à Michel Cantal-Dupart, met en évidence deux catégories de dysfonctionnement : ceux liés au rapport ville/campus, dans ses usages et son image, ainsi que ceux liés au cam-pus lui-même. Cela revient à se poser la question de l’urbanité du cam-pus, de sa fréquentation en dehors du temps d’enseignement.

L’université dispose d’éléments attractifs, tels le « Kino » et le parc, qui devraient être le ferment de sa relation avec la ville. Or, selon Cantal-Dupart, « le cœur de l’établissement peut être comparé à une citadelle, les bâtiments s’ouvrent sur une place d’armes, le Forum, et on y accède par des poternes et des passages dérobés qui ne sont signalés par aucune enseigne. Telle une place d’armes le Forum ne se traverse pas, il se contourne ». Les études qui suivront, relatives au renouvellement du quartier Pont de bois, reprendront l’idée de l’extension de la bibliothèque universitaire et du travail de la rue du Barreau comme élément d’ouverture du campus sur la ville. Seul l’Atelier Ruelle fera véritablement de l’univer-sité un enjeu du renouvellement urbain du quartier Pont de bois.

Le schéma directeur du Plan Campus conforte des éléments de liaisons avec la ville : l’aménagement d’un Learning center, axé sur l’égyptologie et l’archéologie, ouvert au public, la construction de 300 logements et la restructuration du pôle des équipements sportifs universitaires municipali-sés (ESUM). L’escalier donnant accès à la passerelle doit également être supprimé.

►Débat

Si l’intérêt de l’aménagement de la rue haute est largement partagé, des interrogations sont exprimées sur le fait de contraindre les flux à emprun-ter un circuit déterminé, en détruisant l’escalier d’accès direct à la passe-relle. François Gruson précise qu’il s’agit d’un élément déterminant pour attirer des commerces de qualités dans la rue haute. Pour William Hamlet, service planification urbaine de Lille Métropole, il faut aller au-delà du prisme universitaire et s’interroger sur le rôle de la chaussée pour ses riverains. De même pour le parc de l’université: est-il le cœur de l’univer-sité ou celui du quartier ?

La question de l’implantation de logements étudiant est posée comme un élément important d’articulation de l’université à la ville. Il existe une forte demande de logements étudiants autour du campus de lille 3. Jean-Louis Picqué indique qu’il est prévu d’en créer sur le boulevard de l’Ouest, en lien avec le parc sportif des ESUM, permettant ainsi la requalification de la frange du campus en lien avec la ville. Il est demandé de porter une attention particulière à la localisation de ces logements (accès au métro, lien avec la ville...). La réhabilitation du collège Léon Blum, pressenti pour l’accueil de logements étudiant, a été jugée, quant à elle, trop onéreuse.

Place du Forum – université Lille 3

Vue aérienne du campus Lille 3 en 1971

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l’univerSité intégrée au tiSSu urBain exiStant

l’implantation de la Faculté de droit au Sein du quartier moulinS de lille►Catherine Martos, Agence de développement et d’urbanisme de Lille Métropole

Rappelons au préalable que suite à l’extension de la ville de Lille au 19ème siècle, un quartier universitaire a été édifié à l’emplacement des anciennes fortifications sous l’impulsion du maire, après le transfert des universités de Douai à Lille. Un véritable « quartier latin » lillois est alors créé. 70 ans plus tard, les universités quitteront la ville…

En 1993, la faculté de droit trop à l’étroit au « Pont de Bois » cherche un nouveau site. La Ville de Lille qui a entamé la reconquête de son patri-moine industriel propose une filature désaffectée à Moulins, quartier en contrat de ville et souffrant d’une image dégradée.

Comment réussir cette implantation et en tirer parti pour le développement du quartier ? Pour accompagner l’arrivée de la faculté, la SAEM Soreli, qui construit l’édifice, anime un comité regroupant de nombreux partenaires. Parmi les propositions figure la requalification de l’espace public entre la station métro et la faculté et, sur l’axe dorsal du quartier, entre les places Vanhoenacker et Déliot. Les besoins de stationnement d’abord surévalués sont finalement réajustés ; les abords de la station de métro seront aménagés ainsi que les arrêts d’autobus pour favoriser l’utilisation des transports collectifs.

La faculté a été inaugurée en septembre 1995 : quinze ans après, com-ment l’université s’est-elle intégrée dans l’ancien quartier industriel ? Qu’a-t-elle impulsé ? Il est difficile de cerner ce qui revient à l’université. En 10 ans, 2000 logements ont été construits à Moulins. Un certain nombre d’équipements ont été créés ou rénovés comme la Maison Folie ou la salle de sports. La mutation du quartier se poursuit aujourd’hui avec le projet de la Porte de Valenciennes, ou le programme de requalification de l’habitat ancien. Le temps de mutation d’un quartier est très long. Si la faculté de droit a contribué à cette mutation, les propos restent mitigés sur la présence des étudiants : ils passent mais restent-ils ? Force est de constater que le quartier Saint-Michel, plus central, demeure toujours un quartier étudiant, 40 ans après le départ de l’université.

Université Lille 2, Faculté de droit, Lille moulins

l’implantation d’un campuS de la diStriBution au centre de rouBaix►Karine Lesager, Ville de Roubaix

Le projet, situé dans le centre de Roubaix, au pied de la gare, concerne l’aménagement de 2 hectares, mais s’inscrit dans un projet de recompo-sition d’un quartier de 20 hectares fédérés autour de la mise en valeur des rives de la voie ferrée aménagées en corridor écologique. Appelé Campus de la distribution, le projet vise à regrouper trois entités univer-sitaires : l’Institut du Management de la Distribution (IMMD), l'UFR des Langues Etrangères Appliquées et l’IUT C ainsi qu’un cluster, une maison des étudiants, un restaurant universitaire et des logements étudiants. Le site bénéficie d’une large disponibilité foncière (2/3 du foncier appartient à RFF) et d’une grande accessibilité. Le projet s’inscrit dans le cadre de la reconquête du centre ville déjà en cours autour du musée de la Piscine, de l’avenue J-B Lebas et du quartier des modes. Le site offre de forts potentiels : une gare sous-exploitée malgré sa qualité patrimoniale et des ailes inexploitées, un parking de surface sous-utilisé…

Une étude urbaine a été lancée sur le grand périmètre afin de préserver la cohérence d’aménagement du site, et de favoriser l’émergence d’un quartier attractif, basé sur des principes d’urbanisme durable (qualité de l’espace public, organisation innovante du stationnement, mixité de fonctions). Le campus doit être catalyseur du projet d’aménagement d’en-semble. Pour la ville, les enjeux sont multiples : rayonnement universi-taire, économique et de recherche avec l’atteinte d’une masse critique de 5 000 étudiants ; reconquête urbaine écologique, via la trame verte ; mobilité, le site se situant au cœur d’un nœud d’échanges.

Le projet initial, partiellement soutenu par le Plan Campus, a dû être revu à la baisse. Seuls 2 300 étudiants sont finalement concernés : la relocali-sation de l’IUT C est abandonnée et les projets de Cluster et du CROUS réétudiés. La Ville espère que ce projet, plus modeste, permettra de générer une dynamique de recherche et de créer des liens avec les entre-prises. La maîtrise foncière est amorcée, l’aménageur sera désigné à l’été 2011 et le campus de la distribution réalisé par le biais d’un partenariat public privé (PPP).

Extrait de la présentation de Karine Lesager : études SAI-KVDS

►Débat

La Ville de Lille confirme que l’implantation de la faculté a permis de développer le quartier. Le départ prochain de l’IEP pose la question de la pérennité de ce développement. Des interrogations persistent sur la vie étudiante dans un quartier qui semble davantage vécu comme un lieu de passage - voire une cité dortoir - que comme un véritable lieu de vie pour les étudiants. Le quartier de Moulins dispose d’une offre de restauration mais pas de commerces de proximité. Cela pose également la question du temps de mutation d’un quartier : 15 ans après l’arrivée de la faculté, le restaurant universitaire prend enfin place. Mais, « le temps donne l’im-pression d’une inertie, il est néfaste à l’image du quartier ».

►Débat

La démarche partenariale entreprise par ce projet préfigure pour certains le futur mode de développement de l’université de Lille ; le projet universitaire est posé comme élément de centralité et le pari repose sur la synergie entre population étudiante, ville, et entreprises concernées, pour créer une nou-velle dynamique urbaine. Dans cette optique, une convention est également en projet entre l’IMMD et l’EDHEC pour créer en commun une infrastructure de développement : une pépinière pour l’accueil de jeunes entreprises innovantes.

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le pôle Santé : implantation univerSitaire, chr et euraSanté

l’extenSion univerSitaire autour du chr►Bruno Rossetti, Directeur technique du CHR de Lille

Il s’agit d’un site très particulier, le site hospitalier, qui date des années 1930. Le développement du site se poursuit à un rythme soutenu et correspond aux besoins d’un des principaux ensembles hospitaliers de France. 150 000 m² ont été construits en près de 20 ans. La coordina-tion n’est cependant pas toujours optimale entre acteurs. A l’époque de la construction de l’Hôpital Roger Salengro et de l’hôpital cardiologique arrive le métro. Les accès aux hôpitaux ont alors été organisés en fonction du schéma de desserte historique du métro. Si une telle desserte est un atout important pour le site, un changement de ce schéma a conduit à ce que le métro tourne le dos aux entrées des hôpitaux. De même, au nord ouest du site, les bâtiments implantés l’ont été avec un retrait de 65 mètres par rapport à la voie, en prévision de l’accueil d’une liaison douce, en 4 voies, projet qui n’est plus d’actualité.

Aujourd’hui, le projet sud constitue à la fois un projet de plateau tech-nique, un projet hospitalo-universitaire et un projet d’urbanisme. Il figure dans le projet d’établissement du CHR. Il prévoit que les hôpitaux Roger Salengro et Cardiologique, aujourd’hui distincts ne formeront plus qu’un. En pratique, l’ensemble du site sud sera en site propre, les véhicules circulant en périphérie. Sont prévus en sous-sol un parc de stationnement ainsi qu’un réseau de galeries pour desservir la future hélistation.

L’implantation de la nouvelle station de métro en projet est contrainte par la construction de nouveaux bâtiments, n’appartenant pas au site hos-pitalier. Si Lille Métropole modifie cette implantation, le changement des entrées des hôpitaux et la réservation de terrain ne seront plus pertinents. Ce serait alors l’ensemble du projet du site hospitalier qui serait à revoir, soit un projet de 300 millions d’euros. Le CHR souhaite donc être mieux associé pour une meilleure coordination du projet.

►Débat

Le choix de la localisation de la station de métro pose la question de l’aménagement général du site et de la coordination des différents acteurs, certains étant aujourd’hui dans l’expectative. Philippe Ravier précise que l’implantation de la station de métro semble varier entre deux sites soit à l’entrée de l’hôpital Jeanne de Flandres, soit dans le prolongement direct du viaduc du métro.

Bruno Rossetti précise que la densification se fera par des activités mixtes, la seule contrainte étant la réalisation d’un parking souterrain, permettant la rentabilisation du foncier de l’hélistation. A l’ouest, seront privilégiés des baux emphytéotiques, permettant des évolutions à 30-40 ans, et à l’est les terrains seront mis en vente.

►Adèle Wickersheim - Alfred Peter paysages

L’atelier Alfred Peter a été sollicité dans le cadre de l’étude globale d’amé-nagement du secteur Sud-est d’Eurasanté, qui retranscrit une vision com-mune des orientations d’aménagement et ne se limite pas à la vision des aménageurs. Le secteur, d’une cinquantaine d’hectares, a été urbanisé de façon oppor-tuniste, avec comme pierre angulaire le CHR. Cet opportunisme a produit un quartier désorganisé, basé sur les seules fonctionnalités. Interface entre la ville et la nature, le site est également émaillé de contraintes : des catiches, un réseau d’hydrocarbures…qui seront utilisés comme moteur pour guider le projet d’aménagement. L’articulation ville-campagne constitue l’axe principal du projet.L’enjeu est de trouver des leviers communs pour développer un projet tendant à mutualiser et à densifier le site. Il est notamment proposé de s’appuyer sur la desserte ferroviaire alors que le site fait la part belle à la voiture. Le flux automobile doit être canalisé sur l’extérieur, la marche replacée au cœur du quartier. L’emprise dédiée au stationnement est importante, laissant des possibilités d’exploitation du foncier pour faire une ville plus intense. Le projet propose de recomposer la ville autour de la trame verte. Un axe vert, tel un squelette disposant de traverses irrigant le quartier, permettrait la desserte du quartier par des liaisons douces. Enfin, il est proposé de densi-fier la frange urbaine et de valoriser les espaces agricoles limitrophes.

►Débat

Au vu de ces deux présentations apparaissent des contradictions illustrant la nécessité de renforcer le partenariat et l’échange d’information. La maîtrise d’ouvrage, Lille Métropole, précise que l’étude a vocation à porter un regard à 10-15 ans sur le site, avec une logique d’ensemble. L’étude est actuellement en phase de diagnostic, présentant les premières orientations. Adèle Wickersheim précise que les projets de la Ville de Lille sont en cours d’intégration au schéma. L’accroche à la ceinture périphérique, au nord du site, est aujourd’hui très ténue du fait de coupures très fortes. La réflexion est en cours sur d’autres accroches du site à la ville.

CHR de Lille - D. Leblond

Extrait de la présentation d’Adèle Wickersheim : trame verte d’Eurasanté.

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projetS à l’échelle de la ville et deS campuS

le maSter plan de villeneuve d’aScq►Véronique Navet, Atelier Ruelle

Le Master Plan de Villeneuve d’Ascq est un outil d’aide à la décision et un document cadre. La ville se situe dans une logique de ville nouvelle renou-velée, de réhabilitation de logements sociaux. Le projet s’adresse donc aux habitants mais aussi aux 50 000 employés et 40 000 étudiants qui y travaillent.

Un des thèmes majeurs est la valorisation du capital de ville nature, par-ticularité de Villeneuve d’Ascq, qui constitue une composante forte de son attractivité. Cela pose la question de l’urbanisation et de sa maîtrise ; l’arc sud, constitué de ZAC successives, est particulièrement concerné par le rapport à l’espace agricole. Le Master Plan privilégie le potentiel de valo-risation des espaces urbains délaissés et des lisières pour refaire la ville sur elle-même (ex : abords du stadium, les grands parkings des univer-sités…). Le Master Plan met aussi l’accent sur les grandes liaisons pié-tonnes qui structurent le territoire communal. Les grands équipements, les universités, le forum des sciences, le centre commercial V2 sont reliés par le métro mais aussi par des chaussées hautes qu’il s’agit de restaurer. La liaison entre le quartier de l’hôtel de ville et l’université sera facilitée par la passerelle du Grand stade, axe potentiel de projets nouveaux. Il est aussi proposé de travailler sur les rues et avenues qui relient les différents quar-tiers en les pensant comme des « parcours repères » sur lesquels chaque composante de la ville peut trouver sa façade, affirmer sa présence.

Le travail avec les universités a permis de déterminer des sujets de pro-jets communs : le logement, la culture, les espaces publics associés à la trame verte, le patrimoine architectural… Le Master Plan identifie spatia-lement des lieux stratégiques d’accroche « ville/université ». Le logement étudiant n’a pas été considéré comme un enjeu spécifique aux sites uni-versitaires, mais comme intégrant une stratégie plus vaste d’offre de loge-ments diversifiés proches des lieux de vie.

Pour conclure, la gestion d’un site universitaire se rapproche souvent des difficultés rencontrées dans les grands ensembles d’habitat social : géné-rosité des espaces extérieurs, fonctionnalités non résolues, problèmes d’usages …et peu de moyens de gestion. La vision universitaire est sou-vent tiraillée entre ces questions de gestion et une vision empreinte d’une certaine « extraterritorialité ». Entre ces deux échelles, se situe le projet urbain porteur d’objectifs communs autour de l’attractivité territoriale et de la qualité du cadre de vie et de travail.

Extrait du Master plan de Villeneuve d’Ascq, atelier Ruelle • Tetra • Géodice

Schéma directeur immoBilier et d’aménagement du plan campuS►Mélanie Paye, SCET

La SCET a été sollicitée en mars 2009 pour réaliser en 3 mois le Schéma Directeur du Campus Grand Lille (plus de 60 000 étudiants pour un patri-moine à étudier de 800 000 m² SHON). L'objet de l'étude était dans un pre-mier temps la réalisation d'un audit fonctionnel quantitatif et qualitatif des bâtiments existants (diagnostic technique, analyse des occupations, fonctionnalité à l'échelle des bâtiments et à l'échelle des campus, analyses urbaines des sites...). Dans un second temps, des projections à 10 ans ont été réalisées en termes d'effectifs et de surfaces, servant de base à l'élabo-ration de scénarios d’aménagement de chaque site universitaire. Sur la base d’un diagnostic affiné et d’une étude de besoins, de grandes orientations ont été tracées, en accord avec la note d'intention du Campus Grand Lille.Pour la cité scientifique, les grands objectifs étaient de préserver les espaces verts du campus, de dédensifier dans une approche d'éco campus et de favo-riser les déplacements doux sur le site. Le cœur du campus sera renforcé en particulier grâce à une extension de la BU en « Learning center ». La structura-tion du campus en domaines d’enseignements sera préservée et les liaisons notamment avec la Haute Borne et vers Pont de Bois doivent être confortées. Le site de Pont de Bois dispose de surfaces suffisantes pour faire face aux évolutions d'effectifs. Le point principal concerne la requalification de l’entrée du site, du Forum et de l’accès au métro. Il est prévu de supprimer l’escalier accédant à la passerelle, de créer un parvis, de l’avenue jusqu’à la dalle, en recréant une façade urbaine grâce au Learning center, en extension de la BU. Des logements étudiants doivent être implantés en frange ouest. L’îlot vert, sous-utilisé, ainsi que le site sportif des ESUM doivent être requalifiés.Enfin, le Pôle santé et Moulins sont des sites plus contraints et disposant de filières en croissance.

►Débat

Il est constaté que le Plan Campus prévoit la construction de bâtiments sup-plémentaires mais que la question de l’inadaptation de certains bâtiments actuels aux besoins et leur démolition n’est pas posée. En dépit de sa per-tinence, il n’apparaissait pas opportun de soulever ce point dans le cadre concurrentiel du Plan campus. Jean-Louis Gournay, CROUS, indique qu’en matière de logement étudiant, il est nécessaire de maintenir une offre suffi-sante, impliquant de construire avant de démolir.Des interrogations naissent également sur la question du traitement des franges et de celui de l’espace public comme la voirie, pour laquelle il n’est pas prévu de budget à ce stade. Il est regretté que cette étude de programmation ne traduise pas de façon partagée l’aménagement global du site et n’aborde pas la question des espaces vides.

Extrait du schéma directeur et d’aménagement de la SCET

Page 8: l’univerSité et la ville - lille.archi.fr · notamment à la réhabilitation et la construc-tion de logements. Le projet s’appuie sur un important poten-tiel existant: le pôle

299, Boulevard de Leeds - 59777 EURALILLET. : (33) 03 20 63 33 50 - F. : (33) 03 20 63 73 [email protected] - www.adu-lille-metropole.org

L’Université et LA viLLeDirecteur de publication : nathan starkmanRédaction : thierry Baert, Cécile FéruMaquette : Jean-François BreitenbachImpression : AD Concept

►elémentS de déBat général

Des particularités universitaires à l’intégration dans la problématique urbaineL’université est une entité particulière, disposant d’un système politique propre. « La balance entre l’ouverture et la fermeture du campus sur la ville est per-manente. L’opération Campus doit faire évoluer les mentalités ». Les campus sont souvent regardés comme des micro-villes, échappant au projet urbain. Il faut leur donner davantage de visibilité en travaillant de véritables façades urbaines, particulièrement à Villeneuve d’Ascq.

Le logement : enjeu d’implantation et de mixitéAu niveau du logement, Mme Muller, Directrice du Crous, indique qu’il est plus difficile d’intégrer le logement étudiant dans le paysage des villes, le loge-ment étant souvent considéré comme une variable d’ajustement de l’aménagement du territoire. Il y a 20 ans, il y avait 500 logements étudiants diffus dans le parc HLM, aujourd’hui on en compte 50, qui ne sont pas occupés. Comme le rappelle M. Buyle Bodin, le logement étudiant est souvent assimilé au Crous, or, il ne recouvre qu’une petite partie du parc. Enfin, à un certain niveau d’étude correspond souvent un certain type de logement et si pour les chercheurs il y a un certain impératif de proximité, cela n’est pas le cas général pour les étudiants. Une réflexion globale sur le logement étudiant pourrait être engagée à l’échelle de la métropole. Nathan Starkman pense qu’il ne faut pas renoncer à la mixité. La mixité urbaine est en enjeu fort, les étudiants participant à la construction de la ville. Si on veut faire de l’université un élément d’attractivité, cette mixité est incontournable.

Connexion des espaces et échelles de projet Il faut penser les aménagements universitaires à l’échelle de la métropole, celle-ci étant bien desservie par les transports, notamment par le métro. Une telle desserte donne une vision différente du rapport qu’entretiennent les lieux entre eux et il faut penser l’usage des campus au-delà de la communauté universitaire. Pour cela « il faut se donner les moyens de penser l’espace et de le penser ensemble ». Cela renvoie à « la façon dont on se pense soit même, à l’échelle du petit et du grand ». L’usage de cartes ne doit pas se limiter à l’emprise de l’université. De même qu’en est-il des franges et de l’espace public ?

inscrire le projet universitaire dans le projet métropolitainBeaucoup de présentations n’intégraient pas les projets limitrophes aux campus, tels que celui de la Haute Borne. Adopter une vision plus large permet plus de cohérence, ne serait ce que par la prise en compte de l’implantation à proximité de nouveaux équipements. Au-delà de la stricte opérationnalité il faut imaginer et mettre en œuvre une méthode de travail favorisant les synergies entre acteurs et mieux clarifier les rôles de chacun d’entre eux. Il est fait remarquer que le schéma directeur et d’aménagement de la SCET n’est pas un schéma directeur mais une étude de programmation. De fait, l’ensemble des projets n’y est pas pris en considération, et l’étude ne traduit pas de façon partagée l’aménagement de l’espace. L’enjeu est de parvenir à définir à la fois un schéma d’aménagement global à long terme et un mode opératoire pour le court-moyen terme et d’articuler les deux échelles de temps.

l’univerSité et la ville : un grand projet pour la métropole

propoS concluSiFS

L’objectif est de faire converger le développement urbain, économique et social. En cela, définir un schéma d’aménagement ou directeur revêt une importance considérable. Pour Alexandra Mahé, directrice adjointe de la direction espaces naturels et urbains de LMCU, le schéma renvoi à plu-sieurs questions : - La temporalité : à l’échelle du SCOT soit à une échéance à 20-30 ans, sans empêcher le développement des sites. - L’échelle : préférer une approche métropolitaine avec une déclinaison par site. - La gouvernance : le dialogue entrepris entre université et collectivité doit être poursuivi.

A cela, s’ajoute d’autres principes majeurs apparus dans les débats et rappelés par Nathan Starkman, directeur de l’Agence de développement et d’urbanisme de Lille Métropole : les disponibilités foncières ; la trame verte et bleue et la ville-nature ; la mixité. S’il existe parfois des conflits d’intérêts ou d’usage il y a aussi des intérêts partagés qui impliquent une approche partenariale, avec un regard sur une échelle plus grande. Il est important d’engager le débat, les réflexions, définir ce qui est structurant afin de prendre de l’avance et de pouvoir présenter des projets rapide-ment quand la conjoncture est favorable.

Le Projet Campus doit être une première étape, qui a permis, comme le rappelle Eric Naepels, Campus Grand Lille, d’amorcer un dialogue entre les universités et avec les collectivités locales.

►Débat

Catherine Grout rappelle qu’il est en effet nécessaire de se positionner dans le temps long et de se questionner sur le paysage. Prendre appui sur les chercheurs de la région peut s’avérer utile pour une appréhension dif-férente des enjeux. Jean-Marc Zuretti rappelle que la réflexion sera pour-suivie en atelier au sein de l’école d’architecture et de paysage de Lille avec une restitution au mois de février. Il réintroduit également la question du patrimoine existant ; le changement de vocation des bâtiments (habitat, commerce...) n’est pas maîtrisable à l’échelle métropolitaine. Il rappelle le contenu de la lettre de mission de l’Atelier du Plan Campus qui invite ce dernier à émettre des avis sur la qualité architecturale des projets. L’université dans la ville n’est pas qu’une question d’aménagement, c’est aussi une question d’intelligence collective dans la construction de la société de la connaissance : un grand défi pour l’agglomération.

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