l’origine et l’évolution du génie-conseil québécois en

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L’origine et l’évolution du génie-conseil québécois en foresterie sur les marchés internationaux Par un pilier de la profession Jean-Louis Kérouac, ing. f., M.Sc. Mars 2017 ISBN : 978-2-9811938-4-1

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L’origineetl’évolutiondugénie-conseilquébécoisenforesterie

surlesmarchésinternationaux

Parunpilierdelaprofession

Jean-LouisKérouac,ing.f.,M.Sc.

Mars2017ISBN:978-2-9811938-4-1

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TabledesmatièresAvant-propos.....................................................................................................................4

1950-1960..........................................................................................................................4

1960-1970..........................................................................................................................5

1970-1980..........................................................................................................................7

1980-1990........................................................................................................................10

1990-2000........................................................................................................................12

2000-2015........................................................................................................................15

Conclusion........................................................................................................................18

Listedesfigures

Figure1:JardincommémoratifduXIIeCongrèsforestiermondial,2003. 4Figure2:OvationàJean-LouisKérouaclorsdelaclôtureduXIIeCongrèsforestier

mondialàQuébec,2003. 4Figure3:RalphRoberts,ACDI. 5Figure4:Agencecanadiennededéveloppementinternational. 6Figure5:JacquesGauthier,1934-2006. 6Figure6:AndréLafond,1920-2014 6Figure7:Présentationdurapportfinald’inventairesforestiersdeTrinité-et-Tobago,31

janvier1980. 8Figure8:Travauxd’inventairesauCamerounen1985-1987. 9Figure9:ThomasKevinDrummond,ministredesTerresetForêts,1970-1975. 9Figure10:JacquesPoirier. 10Figure11:ExploitationforestièreauGabonen1999. 11Figure12:Côted’Ivoire,1988. 11Figure13:Jean-LouisKérouacavecunclientd’Éthiopie,SultanTilimo,en1994. 13Figure14:Formationenphoto-interprétationenJamaïqueen1998. 14Figure15:Lesartisansduprix« Unarbreàaimer »,en2008. 15Figure16:Sociétédecoopérationpourledéveloppementinternational. 16Figure17:Jean-LouisKérouacauXIIIeCongrèsforestiermondial2009enArgentine. 18

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Avant-proposCen’estpastouslesjoursquelesconsultantsen foresterie décident de parler d’eux pourprendre conscience de leurs actions passéesafind’orienterleuravenir.Le génie-conseil connaît actuellement, danstouteslessphèresd’activités,unecontractionimposée par les travaux de la CommissionCharbonneau sur l’industrie de laconstruction. Cette enquête, terminée en2015,n’estpaslaseulequiaaffectélegénie-conseilenforesterie. Il fautserappelerqu’en2004-2005 la Commission Coulombe sur laforesteriequébécoise avait provoqué toutunchambardement dans la gestion du domaineforestierpublic.Ilnefautpasoubliernonpluslacrisevécueparlesecteurforestieren1999avec la sortie du film« L’Erreur boréale » et,bien sûr, le contentieux commercial entre lesÉtats-Unis et le Canada concernant le boisd’œuvrecanadienexportécheznosvoisinsduSud.Figure1:JardincommémoratifduXIIeCongrèsforestiermondial,2003.

Source:CollectiondeJean-LouisKérouac.Ces événements, tout comme les avancéestechnologiques du secteur, ont fortementmodifié legénie-conseilenforesterietantsurle marché local qu’international. En effet,depuis le milieu des années1960, le génie-conseil en foresterie a connuunepériodedecroissanceimpressionnantetantsurlemarchélocal qu’à l’international. De grandsévénements internationaux tenus au Québecontmarquélesannées1980,1990et2000.Onsesouviendradugrandrassemblementde1984,leCongrèsforestierinternationalaveclaparticipation de l’Ordre des ingénieurs

forestiersduQuébec,del’InstitutforestierduCanada,delaSocietyofAmericanForestersetde l’Association internationale desassociations d’ingénieurs forestiers qui avaitrassemblé plus de 1 900 participants àQuébec. En 1995, les fêtes soulignant les 50ans de la FAO (Food and agricultureorganization) avaient réuni plus de 2 500personnes spécialistes de la forêt, del’agriculture,despêchesetdel’alimentation.Enfinen2003,leQuébecetleCanadaontétéleshôtesduXIIeCongrèsforestiermondial,cegrand rassemblement planétaire qui avaitréuni plus de 4 500 participants. Ce grandrassemblement a été immortalisé parl’érection d’un jardin commémoratif duCongrès localisé sur les Plaines d’Abraham àQuébec1 où l’on retrouve les arbresemblématiques des dix provincescanadiennes, des trois territoires et duCanada, ces arbres étant jumelés à un arbred’unautrepaysoucontinent.Cesgrandsévénementssontdessignesquelaforesterie québécoise a écrit son histoire aucours des 50 dernières années, même àl’étranger.Figure2:OvationàJean-LouisKérouaclorsdelaclôtureduXIIeCongrèsforestiermondialàQuébec,2003.

De gauche à droite: T. H. Herb Dhaliwal, ministre desRessourcesnaturellesduCanada, SamHamad,ministredes Ressources naturelles. de la Faune et des Parcs duQuébec, M.Jean-Louis Kérouac, Secrétaire général duCongrès et Dr Hosny El Lakany, Assistant-directeurgénéral,DépartementdesForêts,FAO.Source:CollectiondeJean-LouisKérouac.

1950-1960Il faut remonter après la Seconde Guerremondiale pour retrouver la foresterie

1http://www.ccbn-nbc.gc.ca/fr/nature-jardins/promenade-sur-parc/

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canadienne à l’international. La guerre duPacifique avait créédenombreuxbesoins. LeCanada,parleplanColombo2,avaitétéappeléà jouerunrôleenforesteriedans lecadredece plan de reconstruction. Pourquoi enforesterie ? J’aiapprisà lapetiteécoleque leCanadaétait leplus importantproducteurdepapier journal aumonde et que la foresterieallaitauxCanadienscommeungant.Dèscetteépoque,laforesteriecanadienneaétéchoisiecomme un axe de coopération avec les paysenvoiededéveloppement.C’est ainsi que l’on retrouvera des forestierscanadiensauCeylan,aujourd’hui leSriLanka,et au Pakistan oriental (Eastern Pakistan),devenu le Bangladesh, après la guerre deSécessionduPakistanoccidentalde1972.Lesgrandes firmes de foresterie de l’Ouestcanadien telles que C. D. Schulz, Simmons,Reid Collins, T.M. Thompson, Sandwell,Forestal et bien d’autres ont su profiter despremiers projets de coopération financés parlePlanColombo.C’estainsiqu’entreenscène,au Bangladesh, Georges Nagle parl’intermédiaire de Forestal qui s’était vuconfierl’inventairedesforêtsdemangrovesetl’élaboration d’un plan d’affectation desterres.Une firmedeMontréal, spécialiséeenpâtes et papiers, Stadler and Hurter, aégalement œuvré dans ce pays à cetteépoque.

2 Dans le contexte de la Guerre froide, des paysmembres du Commonwealth britannique, réuni àColombo lacapitaleduCeylan,aujourd’hui leSriLanka,mettent en vigueur un plan de développementéconomique coopératif. Il a pour but d'améliorer lesconditions de vie de la population de certains Étatsasiatiquesafind'endiguerlamenacecommunistequis'yprofile.

Figure3:RalphRoberts,ACDI.

Source:CollectiondeRalphRoberts.RalphRoberts,responsablejusqu’àsaretraitede la cellule forestière au sein de l’Agencecanadienne de développement international(ACDI), indique, qu’à cette époque, CIPGatineau, une société forestière du Québec,s’étaitintéresséeàuneusinedepanneauxauBangladesh. Un forestier canadien afortement marqué la décennie1950, selonRalphRoberts. Il s’agit deGeorgesNagle, quiseraplustardlefondateurdelafirmeNawitkaetquifut,danslesannées1990,unpartenaired’affairedeDarveau,Grenier,Routhier(DGR).Au Québec, dans les années1950, c’est lagrande noirceur, période peu propice àl’ouverture sur le monde. Le Québec sepréparait, comme beaucoup de régions dumonde,àassumersonavenir.

1960-1970À la fin des années1950 et début1960, degrandsévénementsseproduisentàl’étranger,les grandes puissances coloniales d’Europeaccordent l’indépendance à leurs colonies.Chez nous, c’est l’effervescence de laRévolutiontranquille.Au début des années1960, la section duministèredesAffairesextérieuresduCanada,External Aid, sera appelée à étendre sonaction à l’Afrique anglophone, en plus del’Asie. Un programme spécial pour ce sous-continentpermetaux forestiersde l’Ouestetà ses consultants de prendre une avance surnous. C’est une décennie pour laquelle labatailleétaittrèsinégaleentrel’Estetl’Ouestcanadien. En1968, avec l’arrivéedePierre E.Trudeauetlacréationdel’ACDI,lesfirmesduQuébeccommencerontàs’imposer.

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Figure4:Agencecanadiennededéveloppementinternational.

Source:http://pointdebasculecanada.caLe premier président de l’ACDI a étéM.Maurice Strong, amipersonnel deM.PaulMartin,quifutégalementprésidentdePowerCorporation, d’Hydro Ontario et du SommetdelaterredeRioen1992.Ils’étaitadjointunCanadien, M.John Bene, pour l’aider àstructurerladivisionforêtauseindel’Agence.M. Bene avait été président de WelwoodCanadaetétaitactifàdemitempsauseinduministèredesAffairesextérieuresà lasectionExternal Aid. Il a recruté Ralph Roberts, unforestier queM. Bene avait connu au Kenya,pour l’appuyer dans la mise sur pied de lacelluleforestièreauseindelasection.Àcetteépoque, Ralph Roberts était à l’emploi de lafirmeSpartanAirServicesd’OttawaauKenyaqui avait comme mandat d’utiliser lesphotographiesaériennespour lacartographiedesressourcesnaturelles.On se souviendra que la prise dephotographies aériennes avait été largementutilisée pendant la dernière guerre mondialepour des fins militaires. Les entreprisesspécialiséesenprisedephotosontvitefaitdemettre ces clichés à disposition pourl’établissement des cartes de base et, par lasuite, pour la cartographie des ressourcesnaturelles.Cettefirmeavaituncorrespondantau Québec et était dirigée par M.GeorgesBrown, un ami de Jacques Gauthier alorsPrésident de Gauthier, Poulin, Thériault ltée(GPT) de Québec qui avait rencontré RalphRobertsauKenya.

Figure5:JacquesGauthier,1934-2006.

Source:CollectiondeJean-LouisKérouac.M. Bene s’est retiré de l’ACDI en 1975. Il acontribué à la création du CRDI, centre derecherche pour le développementinternational et à celle de l’ICRAF(International Centre for Research onAgroforestry). Une bourse annuelle, toujoursdisponible, John Bene Award honore sacontribution.Avant la création de l’ACDI, il n’y a pas tracedecontratsd’importancedonnésparExternalAIDàdesentitésduQuébec,bienqu’ilyenaiteuàdesfirmesdel’Ouestcanadien.En 1969, un an après la création de l’ACDI,Gauthier Poulin Thériault ltée décroche uncontratdeplusde1milliondedollarspourleProjetdeprotectiondesforêtsdechêne-liègeen Algérie. C’est pour ce projet que lesconfrèresGillesPoulin,GaétanSiroisetRogerLaroucheyferontleurspremièresarmes.Toujours en 1968, le Dr André Lafond, del’Université Laval, contracte trois forestiersfrancophones,soitJeanPaquet,PierreBolducet Pierre Côté. Ces trois forestiers ontparticipé au projet d’inventaire forestier duLaos.Figure6:AndréLafond,1920-2014

Source:SHFQ.

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À la même époque,Marcel Marcotte, uningénieur forestierconsidéré comme undespères de la foresterie québécoise àl’étrangeretquiavaittravailléantérieurementpour la firme Bélanger, Bourget de Québecsera recruté par la FAO pour des travaux auCambodge (1964-1969) et en Bosnie-Herzégovine (1969-1972) financés par lePNUD (ProgrammedesNationsUniespour leDéveloppement).Par lasuite, ila faitcarrièredenombreusesannéeschezGauthier,Poulin,Thériaultltée.AuQuébec,pendant lesannées1960,c’est laRévolution tranquille, les développements enéducation,lesgrandsprojetsd’Hydro-Québec.C’est durant cette décennie que la fonctionpublique québécoise forestière se met enplace, que s’organise le premier inventairedécennal, les belles années où il fallaitrattraper le retard des décennies de grandenoirceur d’après-guerre. Cela a été l’époquedes pionniers, des précurseurs, de ceux quiontpréparélapistededécollage.Ladécenniesuivante a été celle de l’envol, à travers desprojets de pépinières qui auront permis ànombre de confrères de faire carrière enforesterieinternationale.Ilestimportantdementionnerlegrandprojetnational ARDA (Aménagement rural etdéveloppement de l’agriculture) avec la prisede photographies aériennes couvrant unegrandepartiedu territoireduQuébecqui futun apport important pour le développementdelaforesteriequébécoise.

1970-1980

Début1970, Paul Gérin-Lajoie remplaceMaurice Strong à la présidence de l’ACDI etc’est lacréationde lavice-présidenceAfriquefrancophonequi sera suiviede la créationdelavice-présidencedesAmériquesen1973.Au début des années1970, l’ACDI confie àJean Paquet le mandat de définir un vasteprojet d’inventaire forestier au Zaïre, l’ancienCongo belge. En même temps, le Dr AndréLafond, par l’intermédiaire du Fonds derecherchedel’UniversitéLaval(FRUL),meten

place un cours de foresterie à l’Université deLovanium dès 1970. Le Dr Marius Pineau del’Université Laval, René Rinfret, Jean-GuyLajoie, Pierre Bolduc et Raymond Gauthier yontœuvré. René Rinfret deviendra présidentdePoulinThériaultde1988à1990. Jean-GuyLajoieseraàl’emploideGPTetassociésavantde créer en 1975 la firme Lajoie, Séguin etassociés spécialisée dans l’ingénierie de latransformation des bois. Pierre Bolduc feracarrière à l’ACDI et aux Nations-Unies.Raymond Gauthier travaillera pour BlaisMcNeil en Russie. Il occupera aussi desfonctionspourTecsultauPérou.CecoursseraplustardoffertàBengamisa.Lespremiers forestiers à travailler à l’InstitutSupérieur d’Enseignement agronomique(ISEA) deBengamisaont été: AndréGagnon,Michel Desharnais et un dénomméSaint-Pierre.IlsfurentsuivisparGregAubéetAndré Paul, puis vinrent Michel Laverdière,Robert Chénard, Robert Fournier, CyrilThibeault, Normand Morin et DamienArseneault.Michel Laverdière finira sa carrière commefonctionnairede laFAO3etauraétémembrede la cellule forestière de l’ACDI denombreuses années à compter de 1980.Michel Laverdière aura été en poste pour laFAO à Rome, au Zimbabwe, au Ghana et enÉthiopie.ToujoursauCongo,àKinshasa, l’ACDImetenplace, sous la direction de René Rinfret, unbureau de coordination pour assurer le suividu programme forestier. Yvon Dubé yentreprendra sa carrière à l’étranger. Leprogrammeforestiercouvrirasurprèsdedeuxdécennies tous les secteurs de la foresteriedanscepays,de la formation,enpassantparl’inventaire, la mise en place du servicepermanent d’inventaire et d’aménagement(SPIAF), des activités de pépinières et dereboisement, de carbonisation, dedéveloppement industriel et de gestionforestière.

3FAO:OrganisationdesNations-Uniespourl’alimentationetl’agriculture

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Nombre d’intervenants québécois yparticiperont, l’Université Laval, les firmesprivées de consultants, des consultantsindividuels, et même en 1976, leGouvernement du Québec pourl’établissementduSPIAF.Faitànoter, lamiseen place du SPIAF constitue une illustrationdesprincipaleshistoires à succèsdurablesdela coopération forestière internationalefinancée par l’ACDI, car le SPIAF est nonseulement encore actif après plus de 35 ans,mais ilaété intégréauservice forestierde laRépublique démocratique du Congo (RDC) etconstitueuneentitéforestièreincontournabledans la gestion du domaine forestier de cepays.Nombre de confrères ont entrepris leurcarrière au Congo dont, entre autres,NicolasDolbec, André Lemelin, Claude J. Tremblay,Denis Buteau, Mario Belisle, Jacques Poirier,Jean-Guy Bernier, Roger Chartrand, RaynaldProvencher, ainsi que des agents forestiersimportants tels Guy Mercier, MichelDesharnais et Jerry Gagnon. GuyMercier quiavait commencé sa carrière comme employéde GPT et associés complètera sa carrièreinternationale à L’ACDI comme directeur deprogramme à la vice-présidence de l’Afrique,après avoir occupé un important poste à lavice-présidencedesAmériques.C’est au cours de cette décennie que deuxfirmesduQuébecsedonnerontlesstructurespour développer le marché international àpartir de dossiers majeurs: l’inventaireforestier de la cuvette centrale au Congo etl’inventaire des forêts indigènes des îles deTrinité-et-Tobago pour Gauthier, Poulin,Thériault limitée et l’inventaire des forêts duMassif central du Honduras, conquis dechaudesluttesparBlaisMcNeilàunefirmedel’Ouestcanadien.PierreLessard,FlorentMilotet P. H. Tremblay y consacreront plus deuxannées. Pierre Lessard après un emploi d’unan chez ForestalMontréal rejoindra la celluleforestière de l’ACDI en 1982,MM.Lessard etMilotavaientétélescofondateursdelafirmeCouillard,Lessard,Milotavantleuraffectationàl’étranger.

Figure7:Présentationdurapportfinald’inventairesforestiersdeTrinité-et-Tobago,31janvier1980.

De gauche à droite: M.Kenneth De Freitas, Directeurnational du projet d’inventaire forestier, Dr Bal S.Ramdial,ConservateurdesForêtsetJean-LouisKérouac,Directeur canadien du projet d’inventaire forestieraccompagnédupersonneladministratif.Source:CollectiondeJean-LouisKérouac.Gauthier, Poulin, Thériault ltée réussira àdécrocher un projet en Algérie visantl’inventaire et l’aménagement intégré desterres et forêts du nord de ce paysméditerranéen. Guy Gilbert et Jean Paquet ytravailleront, entre autres. Pour leCommonwealth Development Corporation,Jacques Gauthier et André Létourneauréaliseront un mandat pour appuyer la miseenplaced’unprojetderécupérationdesboisaprès un ouragan dans l’île de la Dominiquedans les Caraïbes. Début1974, AndréLétourneauetJean-LouisKérouacferontleurspremiers pas en Afrique en se rendant auNigéria pour un contrat de service forestier,en sous-traitance pour SNC qui analysaitl’implantation d’une usine de pâte et papierdansleMidwesternState.André Létourneau rejoindra la celluleforestière de l’ACDI vers 1976 au côté dePierre Bolduc et Ralph Roberts. Cette celluleregroupera au fil des années plusieursconfrères dont Pierre Lessard, MichelLaverdière, MichelleGauthier, DeniseRousseau et Yves Dubé qui travailla pour lafirmeDessauinternationalependantquelquesannées, de même que des collègues duCanada anglais dont Paul Martin, RichardBaerg et plusieurs consultants autonomesdontClaudeDesloges,JulienRivestdelafirmeJulien Rivest et associés, Joseph Denis

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Bourque, John Roper, Grant Scott, JohnWilson,PieterPrins,entreautres.Il est important dementionner queMichelleGauthier terminera sa carrière à la FAOcomme experte forestière en foresterieurbaine. La FAO aurait souligné sacontribution en désignant un parc urbain enson nom dans une communauté italienne.Poursapart,YvesDubéterminasacarrièreàla FAO comme expert en politique forestièreet est le coauteur d’une publication portantsur les enjeux intersectoriels des politiquesforestières.Il est important de noter que cette cellule aconçuaucoursdesannées1990unrépertoiredes ingénieurs forestiers consultantsautonomes pour l’appuyer dans laplanification et le suivi des projets forestiersfinancés par l’ACDI. Ce sont les firmesNawitka,souslagouvernedeGeorgeNagleetde Gérald Gagné de Darveau, Grenier,Routhier et associés (DGR), qui se sont vuesconfier cemandat. Comme le souligne RalphRoberts, l’ACDI a principalement utilisé, àparts égales, deux réservoirs de spécialistesforestierscanadiens, soit ceuxenprovenancedu Québec et ceux en provenance de laColombie-Britannique.Figure8:Travauxd’inventairesauCamerounen1985-1987.

Source:AECOM(Tecsult).Une autre contribution importante de lacellule forestièrede l’ACDI consisteen l’ajoutde conseillers forestiers comme appui dansl’identification, la planification et le suivi desprojets acceptés et financés par l’ACDI. Lesexperts recrutés venaient du secteur privécomme consultant autonome ou d’anciens

employés de firmes privées ou du secteurpublic en détachement ou récemmentretraité.OnsesouviendradeRenéRinfretauCongoetauHonduras,d’YvonDubéauBrésil,de Gilles Poulin au Cameroun, de Jean-LouisCaron en Côte d’Ivoire, de Jean Aubé etJacques Poirier auHonduras et au Congo, deJoseph-Denys Bourque au Sénégal, de DenisButeauauPérouetauHonduras.La dernière unité de support est un projetd’appui institutionnel au Honduras enforesterie, agriculture et environnementdéployé dans les années2000 et quiregroupait du personnel de différentesspécialités,telqueGastonGrenier,retraitédel’ACDI, comme agronome, Denis Buteaucomme expert forestier et Louis Labelle,autrefois de Groupe conseil Roche ltée,comme expert en environnement. Onretrouvera plus tard Gaston Grenier commecoordonnateur d’un vaste projet forestiercouvrant tout le bassin du Congo en Afriquecentrale.Ces affectations de personnel étaient fortimportantes pour les firmes du secteurprivées, car elles démontraient que l’ACDI sepréparait à lancer de vastes projets dedéveloppement.À la fin des années1970, un projet industriels’organise au Congo pour lequel Domtar seserait impliquée avec Gauthier, Poulin,ThériaultltéeetBoisetPlacagesgénéraux.Leprojetiradel’avantsansDomtar.Figure9:ThomasKevinDrummond,ministredesTerresetForêts,1970-1975.

Source:CollectiondeJacquesPoirier

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Au Québec, la majorité des mesuresmentionnées ci-dessous se sontmatérialiséesentre le début et la moitié de la décennie,notamment sous l’impulsion du ministre desTerres et Forêts de l’époque, KevinDrummond pour lequel Jacques Poirier a étélesecrétaireparticulierde1973à1976:• Livre blanc sur la politique forestière et

annoncedelarévocationdesconcessionsforestières ;

• création des forêts domaniales qui apropulsé à l’avant-scène l’industrie duboisdesciage ;

• Programmed’aideàlaforêtprivée ;• Loisurlecréditforestier ;• Loisurlesréservesécologiques ;• créationde44unitésdegestiondesforêts

publiques ;• mise en place du Comité de gestion

forestière(COGEF) ;• révision du mandat de REXFOR pour

appuyer le développement industrielforestier ;

• réalisationdupremierinventaireforestierdécennal ;

• réalisation de travaux majeurs d’Hydro-Québec et de la Société d’énergie de labaieJames ;

• Programme de modernisation del’industrie des pâtes et papiers (1979-1984) ;

• virage environnemental à la suite de laCommissionBrundtlandde1972.

La Révolution tranquille en foresterie n’a pasété si tranquille, car il y a eu une forterésistance de la grande industrie forestière,notamment en regard de la révocation desconcessions forestières. De plus, la mise enplace des opérations dignités contre lafermeture de paroisses marginales dans leBas-St-Laurent et la Gaspésie a générébeaucoup d’intérêt pour le programmed’aménagement des forêts privées par desgroupements forestiers locaux appuyés parcertainsreprésentantsduclergérégional.

Figure10:JacquesPoirier.

Source:CollectiondeJacquesPoirier.Pendant la décennie1970, la réalisation dupremier inventaire forestier décennal, ledéveloppement de pionniers dans l’industriede bois de sciage et les travaux majeursd’HydroQuébecetde laSociétéd’énergiedela Baie James (SEBJ) assureront un marchélocal très fort. Le virage environnementallancé par la Commission internationaleBrundtlanden1972,combinéaumarchélocal,permettra aux firmes de consultant enforesteriededévelopper,voiredeconsolider,leursactionsàl’étranger.

1980-1990Cette décennie est fort importante pour lesacteurs sur la scène de la foresterieinternationale. Le programme forestierdéveloppé au Congo se poursuit et le mêmemodèle est mis en place au Cameroun, auPérou et au Guyana. Le grand nombre deprojetsfinancésparl’ACDIfavorisel’arrivéedenouveaux joueurs. Le contenu des projetsprend en compte les enjeux identifiés par laCommission Brundtland sur les aspectssociaux et environnementaux. Dessociologues,desbiologistesetdesspécialistesenagroforesterieserontpartieintégrantedesprojets.Parmi les nouveaux venus, une firme de LaColombiebritannique,ReidColins, prendra larelèvedugouvernementduQuébecauCongo(Zaïre)et recruterades forestiersduQuébec,dont P. H. Tremblay, entre autres. Bois etPlacages généraux de Longueuil continuerasoninterventiondansleprojetindustrieldelaFORESCOM, dans la région du lac Maï

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Ndombe.LeconfrèrePierreMéthottravaillerade nombreuses années pour cette entrepriseetserarecrutéplustardparTecsultpourdesprojets au Cameroun et au Bangladesh. Il aœuvré de nombreuses années pour l’ONGaméricaine internationale World ResourceInstitutedeWashingtonD.C.Les deux firmes vedettes de la décennieprécédente continueront leur croissancependant cette période. Pour Blais McNeil,sous la direction de Jean Pouliot, c’est lemarchéduGuyana, duHonduras, du Sénégalet du Congo (Zaïre) de même qu’un projetd’inventaire privé au Nicaragua en Amériquecentrale.Figure11:ExploitationforestièreauGabonen1999.

Source:AECOM(Tecsult).Gauthier, Poulin, Thériault ltée est devenuemembre de la société d’ingénierie Tecsult en1982. Cette société d’ingénierie était déjàactive sur les marchés internationaux depuisle milieu des années1960. Groupe Poulin,Thériault ltée (GPT) (anciennement Gauthier,Poulin, Thériault ltée) tirera profit de saprésence au Cameroun, financée par l’ACDI,pour décrocher d’importants mandatsfinancés par la Banque mondiale pour leprojetd’assistancetechniqueenpépinièresetreboisement. GPT obtiendra également unprojet d’inventaire forestier au Cameroun,financé par la Banque islamique dedéveloppement. GPT décrochera, au débutdes années1990, un important projetd’inventaire forestier en Républiquecentrafricaine. La firme se verra confier unmandat d’assistance au Pérou par l’ACDI, ets’associera à un nouveau joueur, Groupe

Conseil Roche ltée, pour une réalisationcommuneauHondurasd’unaménagementdelaforêtfeuilluedanslenorddecepays.Depuis 1981,Groupe-conseil Roche ltée avaitmis sur piedunedivision bois et forêts et enavait confié le développement à Jean-GuyLajoie et Jean-Louis Kérouac. La vigueur dumarché local, les grands projets industrielscomme PANVAL et les nombreux projetsfinancésparl’ACDIontcontribuéàl’arrivéedecenouveau joueur.Dès1983,Groupe-conseilRoche ltée décroche un projet en Colombiepour un projet d’aménagement des bassinsversants.Legroupeseverraconfierunprojetd’appui institutionnel forestier à Sainte-Luciedans les Caraïbes, financé par l’ACDI, en plusde prestations en cartographie forestière enCôte d’Ivoire financée par la Banquemondiale.Figure12:Côted’Ivoire,1988.

Degaucheàdroite:M.Jean-LouisKérouacencompagniedeM.KonanSoundele,DirecteurgénéraldelaSODEFORetdeM.RobertDeffrasnesduministèredel’ÉnergieetdesRessourcesduQuébec.Source:CollectiondeJean-LouisKérouac.Pendant cette décennie, un consortiumquébécois, Interfor, qui regroupe les firmesGauthier, Parent, Dryade et DGR, se verraconfierunmandatde laBanquemondialeauBurkina Faso pour un projet de reboisementetunprojetd’assistancetechniqueauMalawifinancé par l’ACDI. Interfor cessera sesactivitésaudébutdesannées1990.Le Gouvernement du Québec continuera sesinterventions en foresterie internationale parun projet de renforcement institutionnel au

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Rwanda financépar l’ACDI.Ceprojetprendrafinàlasuitedugénocideen1994.Il est important dementionner une initiativeinternationalequiauraunimpactmajeurpourl’identification de projets forestiersd’envergure à travers le monde. Il s’agit duPlan d’action forestier tropical (TropicalForestry Action Plan)4. C’est ainsi que l’onretrouvera des forestiers du Québec et duCanada qui agiront pour l’ACDI dans lapréparation de plans d’action forestierstropicaux et dans l’identification de projetspouratteindrelesobjectifsdespayscommelePérou,laGuyana,laJamaïque,leHondurasetla Tanzanie. Par la suite, plusieurs firmes duQuébecseverrontconfierlaréalisationdecesprojets,dont leprojetTrees forTomorrowenJamaïque.LeTropicalForestryAdvisoryNetworkseramissur pied et Ralph Roberts en sera le secondprésident. À l’origine de cette initiativeinternationale,ilfautsoulignerlaparticipationdu fonds mondial pour la nature (WWF).Comme lesplansd’action forestiers tropicauxidentifiaientdesprojetsdetransformationdesbois,WWFs’estdissociérapidementdecetteinitiative et a, par la suite, mis de l’avant lanormeFSC.Un fait très important à signaler au cours decette décennie est l’arrivée d’un organismenon gouvernemental (ONG), le SUCO pourServiceuniversitairecanadienoutre-merdansle cadre d’un programmed’agroforesterie enGuinée Bissau. Près d’une dizaine de jeunesforestiersduQuébecyferont leurspremièresarmes, dont Roland Camirand, Denis Cabana,JeanBonneville,MichelleGauthieretFrançoisMartel,JacquesRousseau,entreautres.Pendant cette décennie, les universitéscanadiennesontaussiétéactivesà l’étrangerdont l’université de Toronto au Pérou etl’UniversitéLavalauMaroc,entreautres.

4 Les Plans d’actions forestiers tropicaux, définis pourchaquepays,ont servi à coordonner le financementenprovenancedespaysdonateursetdesdiversesagencesdedéveloppementinternational.

Au sortir de cette décennie, trois firmes duQuébec, GPT (Tecsult), Groupe-conseil Rocheltée et BlaisMcNeil se démarquent et ont suutiliserlelevierdel’ACDIpourdévelopperleurclientèle internationale. Cette décennieconstitue à plusieurs titres l’affirmation ou laconquête des marchés étrangers par lesforestiersduQuébec.Sur lascènequébécoise,cettedécennieaétémarquéepar:• Crisedesfinancespubliquesde1982 ;• mise en place d’un nouveau régime

forestieren1986 ;• création et disparitiond’unministèredes

Forêts ;• affaissement de la demande de services

forestierssurlemarchélocal,enraisondunouveaurégimeforestier.

En 1989, la chute du mur de Berlin et la finprévue du communiste auront desconséquences sur lesbudgets allouésà l’aideàl’étrangeraucoursdesdécenniessuivantes.En effet, les gouvernements occidentauxn’auront plus l’excuse du danger ducommunisme et devront faire face à la lutteaudéficitbudgétaire.Lesbudgetsserontaussiorientés pour aider les nations quirechercheront la démocratie comme systèmepolitique.

1990-2000Cette décennie sera marquée par larestructuration des entités en activité àl’étranger et, déjà, à une gestion de ladécroissance de la demande de service de lapartdel’ACDI.Selon Ralph Roberts, l’agence a suivi uncourant mondial qui a incité toutes lesagences d’aide bilatérales et multilatérales àrevoir leurs interventions orientées depuisquelques décennies sur des projetsd’infrastructure et de développement desressources naturelles. La concentration del’aide à l’étranger a donc été axée sur ledéveloppement social, soit vers la santé,l’éducationetunemeilleuregouvernanceversladémocratie.

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Au début de la décennie, il est important desoulignerqu’auCameroun,SOFATI,une firmede Montréal, avait reçu un mandat pour laconstructiondesixlycéestechniques.Unefoisla construction complétée, la firme s’est vueconfier la formation du personnel enseignantavec l’appui du Consortium intercollégial dedéveloppement en éducation (CIDE). Depuis1981,lesforestierscanadiensétaientprésentsau Cameroun à travers un projet d’appuiinstitutionnel à l’administration forestièrecamerounaiseconduitparGPT,projetfinancépar l’ACDI. Les extrants de ce projet, dontentre autres, le manuel d’identification desespèces forestières camerounaises ont étéutilisésavec succèspourassurer la formationdu personnel enseignant camerounais dédiéaux techniques en foresterie reliées àl’aménagement forestier, à l’exploitationforestière et à l’industrie de transformationdesbois.Groupe-conseilRocheltéesepositionnedèsledébut des années1990 par l’obtention d’uncontratmajeurd’appuiinstitutionnelauBrésilet d’un mandat de soutien à l’implantationd’une pépinière en Chine financé par l’ACDI.Le groupe obtient également un mandat auMexique financé par la Banqueinteraméricaine de développement. Cetteorganisation est également fortementimpliquée sur le marché canadien dansd’importants projets industriels depanneaux.Elle est acquise aumilieu de la décennie parunefirmeaméricaine.Pour sa part, Blais McNeil a vécu unerestructuration interne, mais a quand mêmeréussi à développer un projet industriel enRussie avec du financement privé. Il aégalement participé à un projet d’inventaireforestierauMarocensous-traitancepourunefilialedeLavalin.Une firme de Québec, Del Degan, Masséréussit à décrocher un mandat en Tunisiefinancéepar laBanquemondiale,sans jamaisavoir profité d’un mandat de l’ACDI. Bois etPlacages généraux réussit avec PAMPEV àdécrocherdesmandatsauMalienassistancetechnique et en Tunisie pour l’installationd’unepépinière.

Darveau, Grenier, Routhier réussit, enassociationavec la firmeNawitkadeGeorgesNagle,àobtenirunmandatdel’ACDIvisantlasélectiondesexpertsque l’ACDIdoit recruterdetempsàautre.Il faut aussi souligner le retrait dugouvernement du Québec des projetsforestiers financéspar l’ACDI. Le génocide auRwandaetleschangementsdumoded’octroides mandats par l’ACDI en sont grandementresponsables, de même que la crise desfinancières publiques installée à demeuredepuislesannées1980.Figure13:Jean-LouisKérouacavecunclientd’Éthiopie,SultanTilimo,en1994.

Source:CollectiondeJean-LouisKérouac.

Au même moment, Tecsult consolide sesactivitésenAfriqueen réalisanten simultanédes projets majeurs d’inventaire en Éthiopieet en République centrafricaine, financés parla Banque mondiale. Les activités auCamerounavecdufinancementdel’ACDIsontreconduites avec plus d’ampleur etamèneront à la promulgation d’une nouvelleloi forestière et à la désignation d’un massifboisé comme« Forêt classée », unepremièredepuis des décennies dans ce pays d’Afriquecentrale. Financée par la Banque asiatique,Tecsult étendra ses activités au Bangladesh,demêmequ’enIndonésieetauVietnamavecun de la coopération industrielle de l’ACDI,ainsiqu’enArgentine,grâceàunfinancementde la Banque mondiale. L’ACDI lui confieégalement le projet d’aménagement de laforêtdeDouékouéenCôted’Ivoire.

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C’est une décennie qui est marquée par lalutteaudéficitfédéraletunecertaineapathiede la population pour l’aide à l’étranger,surtout au Canada anglais. L’ACDI ferme lerobinet et ne laisse plus entrer de nouveauxjoueurs sur des dossiers majeurs. Il y a biendes reconductions de projets parl’intermédiairedessommesdéjàbudgétéesetnon décaissées. Des difficultés dans laprogrammationdel’ACDIauBrésiletenChinesontàsouligneretamènerontdesfermeturesdeprogrammespourtanttrèsprometteurs.Leprogramme forestier au Congo et les projetsdeColombiesontaussiabandonnésenraisonde la situation politique. Le projet de Sainte-Lucie était pratiquement terminé et le projetInterim Forestry de Guyana n’a pas eu desuite.C’est aussi au cours de cette décennie, aprèslaconférencedeRiode1992,queleCanadaamissurpied leprojet internationaldes forêtsmodèlesauqueldesconsultantsautonomesetdes firmes privées ont été appelés à fournircertainsservicesdeplanificationetdesuivi.Au sortirde cettedécennie, toutes les firmesde l’Ouest canadien actives en foresterie surlesmarchés internationauxontété rayéesdelacarte.Laseulequisurvivait,ReidCollins,enpartenariat avec Tecsult en Jamaïque, estacquiseen1999parune firmeaméricainedunomd’ORM(OlympicResourceManagement)qui ne s’intéresse qu’à des projets financésparleprivé.Tecsultcomplèteraseulceprojet.Figure14:Formationenphoto-interprétationenJamaïqueen1998.

Source:AECOM(Tecsult),1998.Un changement très important de cettedécennie consiste en la mise en place de

l’affichage électronique des projets. Avantcetteréforme,lesfonctionnairesdressaientlalistedetouteslesfirmescanadiennesayantlacapacitétechniquederéaliser leprojet.Cettelongue liste était soumise au ministre quidéterminaitensuiteunecourtelisted’environ5 firmespar la suite invitées àprésenterunepropositiondeservice.Lafirmequiseclassaitpremièreaprès l’évaluationde sapropositiontechniqueétaitensuiteinvitéeànégocieruneentente contractuelle. Avec l’affichageélectronique, toutes les firmes ou même lesorganismes à but non lucratif peuventprésenterdespropositionsdeservice.Ce nouveau système favorise beaucoup plusles firmes multidisciplinaires. Il a surtoutpermisauxorganismesnongouvernementaux(ONG)d’envahirlesmarchéstraditionnelsdesfirmes de consultants en foresterie. L’arrivéedecesnouveaux joueurs,SOCODEVI,OXFAM,CECI, UDD, SDI, entre autres, annonçait desdécenniesdifficiles.SelonRalphRoberts,cetteincursiondesONGdanslechampdepratiquedes firmes de consultants répondait à unbesoindel’ACDI.Eneffet, lorsqu’iln’étaitpassouhaitablepourl’ACDIdesignerdesententesbilatérales avec certains pays récipiendaires,surtout en raison de leur gouvernancedéficiente et que les besoins d’assistance auchapitre du développement social étaientimportants,ellepréféraitconfiercesmandatsàdesONG, laissantàcesdernières lesoindes’associer avec des firmes privées à butlucratif, si nécessaire, pour des besoinsspécifiquesdeservicesd’ingénierie.L’ACDI a sans doute fait sienne la perceptionque des ONG coûtent moins cher que desfirmesàbut lucratif.Toutestàdémontrerdece côté et il faudra que le génie-conseil sedébarrasse de cette perception négative. Lesfirmesontunbut fortdifférentdesONG.Lesfirmes ont toujours cherché à se créer desexpertises spécialisées en ingénierie commecelles reliées à l’inventaire, la photo-interprétation forestière, la cartographie, lapréparation de plan d’aménagement, latransformation des bois. Enfin, chaque firmese constituait une équipe de base pourcombler les demandes de services en

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ingénierie et répondre à des demandes desoumissionsdesorganismesdefinancement.Maintenir une expertise en ingénierieforestièreetoffrirdesservicescomplets,voilàle but que recherchent les firmes privées. Cen’estpasl’objectifquesesontfixélesONGquine sont pas habilitées à fournir des servicesd’ingénierieou,àtoutlemoins,quin’ontpaslestatutjuridiquepourlefaire.Également, il ne faut pas négliger desévénements mondiaux ayant sans doute eudesrépercussionssurl’ACDIquiafonctionnéàbasrégimependantcettedécennie.Laguerredu Golfe et la guerre du Kosovo en sont desexemples.AuQuébecpendantcettedécennie:• Compressions et gestion de la

décroissance ;• fusion duministère des Forêts avec celui

desRessourcesnaturelles ;• arrivée de nouvelles technologies

coûteuseseninvestissement ;• affaissement du marché local par une

déflation des prix, les prix de 1999 secomparant à ceux du début de ladécennie ;

• restructurationdecertainesentreprises ;• sortiedufilm« L’erreurboréale » ;• commission parlementaire pour la

révisiondurégimeforestierde1986.Pour assurer le développement de sesactivités à l’étranger, une entreprise se doitd’êtresoutenueparunmarchélocalfort.Desconditions très adverses ont provoqué leretrait total ou partiel de certainesorganisations du marché des services enforesterie internationale pendant cettedécennie.

2000-2015Au tournant d’un nouveau siècle, d’unnouveau millénaire, de nouveaux défis.Tecsult sera pratiquement la seule firme àœuvrer à l’étranger. Au Mexique, Tecsultconduira de 2004 à 2012 des inventairesforestiers nationaux, sous la direction deJacquesRousseau.Cesmandatsneserontpas

reconduits,desessaisdepartenariatavecdesONGsesoldentpardeséchecs.C’esten2007que la cellule de foresterie au sein de l’ACDIdisparaît et, avec elle, toute la mémoirecorporativeaccumuléeaucoursdesans.Aussi, il faut mentionner un des derniers,sinon ledernierprojet forestierde l’ACDI. Ceprojet visait à fournir un appui à la hauteadministrationforestièredeCuba.Ceprojetaéchappé aux firmes de l’est du Canada enraisond’uneerreurstratégique.Ilaétéconfiéà la firme John Roper et associés deVancouver et conduit demain demaître parJohn Roper, un forestier ayant acquis unegrande expérience au Honduras et enAmérique latine,entreautres. JacquesPoirieret Guy Gilbert ont contribué d’une façonponctuelleàceprojet.Tecsult, en association avec Reid Collins,réalisa le projet Trees for Tomorrow financépar L’ACDI. Ce projet a reçu, à sonachèvementen2008, leprestigieuxprix « Unarbreàaimer5 »,décernéparl’Associationdesingénieurs-conseils du Canada. L’ACDI luiconfieégalementleprojetd’aménagementdelaforêtdeDouékouéenCôted’Ivoire.Figure15:Lesartisansduprix« Unarbreàaimer »,en2008.

De gauche à droite: MM.Jean-Louis Kérouac, GuyParent, Jacques Poirier, Denis Baron et StéphaneTremblay.Source:collectionJean-LouisKérouac.En 2008, Tecsult passe aux mains d’unesociété américaine AECOM et les nouveauxacquéreurs sont actifs dans plusieurs paysavec des ressources locales. Seules certaines5http://www.acec.ca/fr/evenements_et_prix/prix_canadiens_genie_conseil/prix_2008/index.html

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expertises non disponibles localement sontrequises dans le cadre de projetsd’infrastructure, d’ingénierie reliée audomaine minier et pétrolier. Les services enenvironnement sont très demandés et laforesterieenfaitpartie.Certaines firmesontquandmêmecontinuéàœuvrerà l’étranger,maispourdesprojetsdefaible envergure, sauf le projet de Groupe-conseil Roche (Guy Gilbert) en Asie visantl’établissement d’une pépinière. Le GroupeDel Degan, Massé obtiendra des mandatspour la définition et le suivi de projets pourl’ACDIetlaBanquemondiale.La grande gagnante de cette période estl’ONG SOCODEVI qui, sous la gouverne duconfrère Richard Trudel, accompagne, entreautres, des minières canadiennes enAmériqueduSudetenAfriquepour lesaiderà s’intégrer avec harmonie dans le milieuphysiqueetsocialdecespays.Ilsembleaussiquel’UniversitéLavalaobtenuunmandatdel’ACDI pour des travaux sur le bassin duCongo. Le Centre d’enseignement et derecherche en foresterie, le CERFO est aussiactif sur desmandats de la Banque africaineen Guinée de même que des études auCameroun et des mandats reliés au vasteprojetdubassinduCongo.Figure16:Sociétédecoopérationpourledéveloppementinternational.

Source: http://www.jobillico.com/voir-entreprise/socodevi.dAtnLu.L’Université Laval a, depuis les années1960étéuneorganisationquiaouvertdesmarchéspour les forestiers du Québec. Rappelons lescontributions du corps professoral de laFaculté de foresterie, de géomatique et degéographie, entre autres, Dr André Lafond,Marius Pineau, Gilles Ladouceur, MichelMaldague, André Plamondon, PierreBellefleur, Damasse Kassa, Jean Tomlinson,PeteSewel,AurèleRichardetJeanPoliquin.Il

faut mentionner que l’Université Laval a étépartenaire institutionnel de Tecsult et deGroupe-conseilRocheltéedansleprojetPDBLau Honduras notamment par l’apport destagiaires étudiants dont certains ont étéintégrésauprojet.Mêmesionécrit l’histoiredu génie-conseil en foresterie, ce serait uneerreur de ne pas mentionner leur apport audéveloppement de notre industrie puisquecetteuniversitéestàl’originedelaformationde tous ces chefs d’entreprises qui ont vu lejour depuis les années1960 et qui ont suœuvrer avec succès sur les marchésinternationaux.Au Québec, les années2000 ont étéfortementmarquéespardesévénementsquiont provoqué une importante remise enquestion des acteurs de l’industrie par labaissedelademandedeservicesenforesterieet de la forte compétition que se sont livréelesfirmes.Cettefaiblessedumarchélocaln’apas permis de développer de nouvellesactivités à l’étranger. Les événements listésci-après ont forcé un repositionnement desprincipauxacteursdel’industrie:• Les changements apportés par

l’application des recommandations de laCommission Coulombe qui a fortementrapatrié au sein de l’administrationpublique des services qui étaient dans lepassé rendus en partie par le secteurprivé ;

• le conflit sur le bois d’œuvre avec lesAméricains ;

• leniveaudescoupesannuelles fortementen baisse qui a provoqué un manque àgagnerimportantpourletrésorpublic ;

• l’arrivée de nouvelles technologies qui aobligé les firmes à consentir desinvestissements importants pourrépondreauxdemandesdeservices ;

• la Commission Charbonneau qui a jetéuneombresurtouteslesfirmesdegénie-conseil même si le secteur forestier n’ajamais été directement touché par lesenquêtesoulesallégations ;

• lacréationd’unministèredesForêts,delaFauneetdesParcsquidépendtotalementduConseildutrésorpourtous lesprojetsqu’il veut mettre de l’avant, cette

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situation étant créée par les faiblesrecettesdesredevancesforestières ;

• la situation précaire du ministère desForêts, de la Faune et des Parcs qui n’acomme objectif que de réduire sesdépensesetsesdemandesdeservicesoud’obtenirdesservicesàmoindrecoût.

Le début de la présente décennie aura étémarqué par la disparition de l’ACDI qui estredevenue une division du ministère desAffaires étrangères du Canada, comme avant1968. La disparition de ce navire amiral encoopérationconstitueunretourhistoriquedeprès d’un demi-siècle. L’ACDI a permis demettre de l’avant notre savoir-faire àl’étrangeret,parlasuite,denouspositionnersur les projets à financement privé oumultilatéral.Nousreverronspeut-êtreuneACDId’ici lafindeladécennie.Cependant,lesattentatsdu11septembre 2001, la lutte au terrorisme, sansoublier la guerre contre l’État islamiqueforceront les donateurs d’aide bilatérale àréorienter, pendant plusieurs décennies, leurbudgetd’assistanceversl’aidehumanitairedepremièrenécessité.Mais ce tout nouveau redémarrage desactivités à l’étranger fera face à de nouvellescontraintes,entreautres:• Le niveau d’éducation des pays en

développement a augmentéet le recoursà du personnel local est de premièrenécessitépourêtrecompétitif ;

• les besoins sont très spécialisés et nenécessitentsouventquedesinterventionsponctuellesoumêmeàdistance ;

• la sécurité physique et sanitaire dupersonnel ;

• les difficultés de recrutement dupersonnel nécessaire à long terme étantdonné la perception de risques accrus àvivre en pays de développement, que lesdeux personnes du couple ont chacuneleurcarrière,maisque,tropsouvent,uneseule pourra travailler dans le paysd’affectation ;

• la nécessité, de plus en plus pressante,d’intégrer les projets forestiers commevolet de développement dans desensembles de programmes souvent pluslarges et plus ambitieux ayant trait àl’environnement, l’agriculture, l’énergie,l’aménagementduterritoire ;

• la définition d’une approche d’ingénieriepour répondre au concept d’une gestionintégrée des ressources naturellesrenouvelables de la biosphère que sontl’eau,lessols,laforêt,lafaune,etc.

• lesobligationsfiscalesdupersonneletdesentreprises œuvrant à l’étranger, nullesdanslepassé,sontdésormaisobligatoireset forcent les entreprises à s’incorporerdanschacunpaysd’interventionetàtenircompte de toutes les taxes locales,commelataxesurlavaleurajoutée ;

• l’associationavecdesONGinternationalesetlocalesserauneobligationtantquelesbudgets d’aide resteront orientés vers ledéveloppementsocial ;

• la nécessité de répondre à la perceptionque les ONG sont moins dispendieusesquelesfirmesprivées ;

• lanécessitédecréerdespartenariatsavecd’autres firmes, nationales ouinternationales, pour être en mesure defournir tous les services que demandentlesnouveauxprojets ;

• enfin, la réalisation des projets financéspar l’aide bilatérale, c’est-à-dire l’aided’unpaysàunautre,estouverteàtoutesles firmes du pays donateur, ainsi qu’àtoutes les firmes étrangères pouvant sequalifierenmatièredequalitéetdecoût.

Tout cela pour conclure que rien n’estimpossible,maisquecequiaété faitdans lepassé ne pourra se répéter de la mêmemanière dans le futur. Cependant, il estimportant de se rappeler ce qui nous renddifférents des concurrents sur les marchésmondiauxenforesterie:C’estnotresavoir-faireetnostechnologies

misesaupointpourtraiterdegrandsensemblesforestiersdudomainepublic.

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ConclusionEnconclusion,soulignonsquelesfirmesdeconsultantenforesterieontsucroître,s’adapteraucoursdes50dernièresannéesetétendre leurexpertisesurplusieurscontinents.Terminonsce texteenidentifiant ceux qui sont considérés comme les pères de la foresterie québécoise à l’étranger: ducôté universitaire, le Dr André Lafond, et du côté des dirigeants des firmes privées, Georges R.Thériault,JacquesGauthier,MarcF.Poulin,lesfondateursdeGPT,RobertDarveaudeDGRetAndréMcNeildeBlaisMcNeil.Ces dirigeants d’entreprise ont pris le risque d’investir dans ce secteur d’activité en recrutant dupersonnelpourpréparerlescoûteusessoumissionsetréalisercesprojetsobtenusàl’autreboutdumonde. Leur savoir-faire et leurs technologies, mises au point pour traiter de grands ensemblesforestiersdudomainepublic, leurontpermisdesedémarquersur lesmarchés internationaux.Nuldoute que cette agilité à se développer,malgré des conditions adverses, saura encore ramener lesecteurdansunesituationdecroissance.Remerciements:L’auteurtientàremercierdeprécieuxcollaborateursquiontcommentéetcomplétéla première ébauche de ce texte. Ces remerciements s’adressent à MM.Michel Laverdière, PierreLessard,JacquesPoirieretRalphRoberts...l’auteurapuomettrebieninvolontairementdesprojetsetdesprofessionnelsimpliquésaucoursdetoutescesannées.L’auteurdemandeàceuxquiconsidèrentimportantescesomissionsinvolontairesdebienvouloirluisignalerpourunemiseàjouréventuelledecedocumentderecherche.Figure17:Jean-LouisKérouacauXIIIeCongrèsforestiermondial2009enArgentine.

Source:CollectiondeJean-LouisKérouac.Jean-Louis Kérouac aœuvré comme cadre supérieur pour des firmes privées de génie-conseil en foresterie(Gauthier,Poulin,Thériaultltée[GPT],Groupe-conseilRocheltée,TecsultetAECOM)pendantplusde35anseta été très actif sur les marchés internationaux en foresterie. Il a agi comme Secrétaire général pourl’organisationduXIIeCongrèsforestiermondialtenuàQuébecenseptembre2003.