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LÉONARD DE VINCI : L’EXPÉRIENCE DE L’ART VENDREDI 25 OCTOBRE 2019 SAISON 2019-2020 AUDITORIUM DU LOUVRE

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Page 1: Léonard de Vinci - Le Louvre · Léonard de Vinci : science et modèles encyclopédiques de son époque par Carmen C. Bambach. 5 Image multispectrale en fausse couleur des Études

Léonard de Vinci : L’expérience de L’art

Vendredi 25 octoBre 2019

saison 2019-2020auditorium du Louvre

Page 2: Léonard de Vinci - Le Louvre · Léonard de Vinci : science et modèles encyclopédiques de son époque par Carmen C. Bambach. 5 Image multispectrale en fausse couleur des Études

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Léonard de Vinci : L’expérience de L’art

Colloque en lien aveC l’exposition : « léonard de vinCi »,

hall napoléon, jusqu’au 24 février 2020

En collaboration avec le C2RMF, le CNRS, E-RIHS, IPERION-CH

Comité d’organisation scientifique :

Vincent Delieuvin, musée du LouvreLouis Frank, musée du LouvreMichel Menu, C2RMFBruno Mottin, C2RMFÉlisabeth Ravaud, C2RMF

L’exposition « Léonard de Vinci » et l’achèvement du projet IPERION-CH (Integrated Platform for the European Research Infrastructure On Cultural Heritage) sont l’occasion de présenter à un large public les études, menées depuis une dizaine d’années par différentes institutions, sur les œuvres de l’artiste.La journée sera consacrée à la présentation de ces résultats inédits, susceptibles de faire mieux com-prendre la pratique singulière de Léonard de Vinci.

programme

10 hOuverturepar Isabelle Pallot-Frossard, C2RMF, et Dominique de Font-Réaulx, musée du Louvre

MatinéePrésident de séance : Vincent Delieuvin, musée du Louvre

10 h 15Léonard de Vinci : science et modèles encyclopédiques de son époquepar Carmen C. Bambach, The Metropolitan Museum of Art, New York

10 h 45Les dessins de Léonard conservés à Windsor : les dernières découvertespar Martin Clayton, Bibliothèque Royale de Windsor, Londres

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11 h 15À propos de trois « cartons préparatoires » considérés comme de Léonard de Vinci : le « Portrait d’Isabelle d’Este », la « Joconde nue », la « Tête d’enfant de trois-quarts »par Bruno Mottin, C2RMF

11 h 45Pathologies des textes littéraires et techniques de restauration. Étude de cas : Giorgio Vasaripar Louis Frank, musée du Louvre et Leticia Leratti, artiste peintre et sculptrice

12 h Révéler les choix matériels et techniques de Léonard de Vinci par l’analyse chimique : le cas du pigment blanc de plomb par Victor Gonzalez, Rijksmuseum, Amsterdam

12 h 30De Verrocchio à Léonard : recherches croisées en science et en histoire de l’art sur le « Baptême » de San Salvi, l’« Annonciation » de Monteoliveto et la « Madonna di Piazza »par Cecilia Frosinini, Opificio delle Pietre Dure, Florence

Après-midiPrésident de séance : Louis Frank, musée du Louvre

15 h L’ingénierie au service de la conservation des œuvres d’art : étude mécanique du support en bois de la Jocondepar Joseph Gril, CNRS / Université Clermont Auvergne

15 h 30La « Madone Benois » de Léonard de Vinci. Histoire et examens techniquespar Zoya Kuptsova, Musée de l’Ermitage, Saint Pétersbourg

16 h« La Dame à l’hermine (portrait de Cecilia Gallerani) » Recherches sur les matériaux et techniques de peinture de Léonard de Vinci et l’état de conservation de l’œuvrepar Julio Del Hoyo-Meléndez, Musée national de Cracovie

16 h 30Nouveaux regards sur Léonard par l’imagerie scientifiquepar Élisabeth Ravaud, C2RMF

17 h« La Vierge aux rochers » de Léonard de Vinci à la National Gallery de Londres : les dernières découvertes issues de la scanographie macro-SFX et de l’imagerie hyperspectralepar Marika Spring, National Gallery, Londres

17 h 30« La Vierge aux fuseaux – Madone Lansdowne » : hypothèses sur l’influence de Léonard de Vinci dans l’exécution de l’œuvre peintepar Cinzia Pasquali, Arcanes, Paris

18 hTable-rondeL’expérience de l’art chez Léonardavec Carmen Bambach, Vincent Delieuvin, Louis Frank et Michel Menu

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Léonard de Vinci, Diverses esquisses et notes : buste d’homme âgé, études botaniques, exercices de géométrie et autres sujets (recto), vers 1490-1492. Plume et encre brune de deux teintes différentes, pinceau et lavis brun, stylet et compas, Windsor Castle, The Royal Collection, Royal Library © Her Majesty Queen Elizabeth II 2019

Cette communication propose d’explorer ce que le concept de « science » signifiait pour le grand maître et ses contemporains. L’universalité du génie de Léonard de Vinci a été l’un des topoï les plus constants de notre époque, que ce soit dans les écrits populaires ou savants, et en particulier la notion d’artiste-scientifique qu’il incarnait, qui a transcendé son époque et continue de nous fasciner. Au cours de ce processus, n’avons-nous pas, cependant, sacrifié une approche plus équilibrée et historique ? Comment parvenir à comprendre la contribution de Léonard à la science, tout en tenant compte de l’état du savoir de cette époque ? Et pouvons-nous voir cela sous un jour positif ? L’un des modèles d’interprétation que nous entendons explorer émane de l’étude de la principale encyclopédie de l’époque de l’artiste, De expetendis et fugiendis rebus, de Giorgio Valla, publiée en 1501 à Venise, après la mort de son auteur. Il est clair qu’en 1503-1505, Léonard était en possession de l’encyclopédie de Valla, tel que l’indique l’inventaire de la bibliothèque de l’artiste dans le Codex Madrid II. Quels thèmes et systèmes de connaissances de l’encyclopédie de Valla ont pu avoir une résonance particulière pour Léonard et son œuvre en tant que peintre ? La géométrie et la démonstration géométrique étaient considérées comme la base de nombreuses disciplines scientifiques à l’époque de l’artiste.

Carmen C. Bambach est conservatrice des dessins et des estampes au Metropolitan Museum of Art de New-York et membre de l’Académie américaine des arts et des sciences. Le 4 avril 2019, elle a reçu le prix d’excellence inaugural de la Vilcek Foundation pour sa contribution à la société et à la culture américaine en tant qu’immigrée. Son ouvrage Michelangelo : Divine Draftsman and Designer, qui a accompagné son exposition au Metropolitan Museum, a remporté le prix du livre Phyllis Goodhart Gordan de la Renaissance Society of America en 2019 et a été récompensé par l’Association of American Museum Curators en 2018. Elle a été professeure Andrew W. Mellon en 2010-2012 au Center for Advanced Study in the Visual Arts de la National Gallery of Art. Sa bibliographie comprend Drawing and Painting in the Italian Renaissance Workshop: Theory and Practice, 1300-1600 (prix Salimbeni 2000). Son dernier ouvrage Leonardo da Vinci Rediscovered, en 4 volumes (Yale University Press), vient tout juste d’être publié (juillet 2019). Elle a organisé plusieurs expositions au Metropolitan Museum.

10 h 15

Léonard de Vinci : science et modèles encyclopédiques de son époque

par Carmen C. Bambach

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Image multispectrale en fausse couleur des Études de chevaux de Léonard de Vinci, vers 1480, pointe de métal sur papier préparé chamois pâle, Windsor Castle,

The Royal Collection© Her Majesty Queen Elizabeth II, 2019

La collection de dessins de Léonard conservée au château de Windsor (plus de 500 feuilles) est représentative de l’ensemble des techniques et matériaux utilisés par l’artiste. Les dernières recherches scientifiques menées par les conservateurs de la Royal Collection, en collaboration avec plusieurs autres institutions, ont permis d’en savoir plus sur les matériaux que Léonard utilisait, ainsi que sur la manière dont il s’en servait. Pour mener à bien ces recherches, les conservateurs ont fait appel à la microscopie, à l’imagerie en infrarouge et ultraviolet, à la spectroscopie Raman, à la fluorescence X et à la micro-spectroscopie de fluorescence X sous rayonnement synchrotron. Nous avons été en mesure d’analyser la composition des pointes de métal de Léonard de Vinci, ce qui nous a permis de comprendre pourquoi certains de ses dessins à la pointe de métal se sont peu à peu effacés, d’identifier les pigments et teintures de ses préparations et aquarelles, de différencier son usage de la pointe de plomb, du fusain et de la pierre noire pour les dessins sous-jacents et d’étudier ceux-ci à la lumière infrarouge, d’examiner les différents types de papier qu’il utilisait, etc. Ces recherches ont été publiées dans un ouvrage d’Alan Donnithorne intitulé Leonardo da Vinci : A Closer Look.

10 h 45

Les dessins de Léonard conservés à Windsor : les dernières découvertes

par Martin Clayton

Martin Clayton est responsable des gravures et dessins de la Royal Collection à Windsor. Il est l’auteur de nombreuses publications sur les dessins italiens de la Royal Collection et a organisé plusieurs expositions sur les dessins de Léonard de Vinci, dont Leonardo da Vinci : The Divine and the Grotesque (2002) et Leonardo da Vinci : Anatomist (2012). En 2019, il a organisé 14 expositions sur les dessins de Léonard dans des musées et des galeries situés dans l’ensemble du Royaume-Uni, dont l’exposition Leonardo da Vinci : A Life in Drawing à la Queen’s Gallery de Londres, temps fort de cette série. Ces 14 expositions ont été vues par plus de 1 250 000 visiteurs. Martin Clayton enseigne à la fois les sciences naturelles et l’histoire de l’art à Cambridge. Depuis 1990, il travaille en collaboration étroite avec les restaurateurs de Windsor dans le cadre de la recherche scientifique sur les dessins de Léonard.

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Léonard de Vinci, Portrait d’Isabelle d’Este vers 1499-1500 musée du Louvre, MI 75, détail sous fluorescence d’ultraviolets © Jean-Louis Bellec, C2RMF

11 h 15

À propos de trois « cartons préparatoires » considérés comme de Léonard de Vinci : le « Portrait d’Isabelle d’Este », la « Joconde nue », la « Tête d’enfant de trois-quarts »

par Bruno Mottin

Les « cartons préparatoires » occupent une place à part parmi les dessins anciens. Constituant la dernière étape graphique avant la réalisation de l’œuvre définitive – peinture murale, tapisserie, peinture de chevalet ou vitrail – , ils ont souvent été considérés comme des œuvres purement utilitaires et ont été défigurés par leur usage répété.De ce fait, l’attribution des trois œuvres étudiées ici a été longtemps débattue : le Portrait d’Isabelle d’Este est à présent considéré comme une œuvre authentique de Léonard de Vinci, tandis que l’attribution de la Joconde nue reste discutée et que celle de la Tête d’enfant de trois-quarts paraît devoir être rejetée.Les débats relatifs à l’attribution de ces œuvres témoignent combien leur étude est difficile. Nous montrerons que les techniques d’imagerie et d’analyse scientifique apportent une moisson d’informations qui peuvent jouer un rôle décisif dans leur appréciation, en permettant de distinguer plus clairement les matériaux originaux des altérations et restaurations postérieures ultérieures, et d’en identifier les composants.

Bruno Mottin est conservateur général du patrimoine au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF). Il a publié de nombreuses études sur les peintures de Léonard de Vinci et de son entourage (La Joconde, la Vierge, Sainte Anne et l’Enfant Jésus, la Vierge aux Rochers, l’Annonciation Campana) ainsi que sur ses dessins.

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Léonard de Vinci, Draperie Saint Morys, détrempe sur toile de lin, musée du Louvre © RMN / Michel Urtado

Leticia Leratti, Restitution expérimentale de la Draperie Saint Morys, argile et drap imprégné d’argile © Louis Frank, Christophe Ibach

11 h 45

Pathologies des textes littéraires et techniques de restauration. Étude de cas : Giorgio Vasari

par Louis Frank et Leticia Leratti

Le texte de la seconde édition des Vies, publié par Vasari en 1568, est indéfiniment réédité comme une relique. On y conserve pieusement, jusqu’aux plus ineptes, les innombrables coquilles d’imprimerie dont il est émaillé, ainsi que les interpolations mal insérées qui en défigurent la syntaxe. Mais qui sait que ses éditeurs, qu’un scrupule en apparence aussi absolu semble devoir honorer, se sont par ailleurs permis, lorsque la chose les arrangeait, de changer les mots de l’auteur ? Tel est cependant le cas du passage de la Vie de Léonard où Vasari introduit la série des grandes Draperies monochromes sur toile de lin. L’analyse sémantique effectuée sur l’ensemble du corpus des Vies conduit à rétablir la leçon originelle, à en proposer une lecture rénovée et à soumettre, enfin, cette interprétation à l’épreuve de l’expérimentation.

Archiviste-paléographe, philologue et spécialiste de la Renaissance italienne, Louis Frank est conservateur en chef au département des Arts graphiques du musée du Louvre. Ses recherches actuelles portent sur la réédition critique, la traduction et le commentaire de la Vie de Léonard de Vinci, peintre et sculpteur florentin, de Giorgio Vasari. Il est commissaire, avec Vincent Delieuvin, de l’exposition « Léonard de Vinci ».

Leticia Leratti est peintre et sculptrice, attachée à l’étude des techniques graphiques et picturales anciennes, notamment celles de Léonard. Elle est l’auteur de la restitution du médaillon de la Draperie Saint Morys.

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L’analyse par diffraction des rayons X permet de modéliser à l’échelle nanométrique les particules du pigment employé par Léonard de Vinci © C2RMF et Victor Gonzalez

12 h

Révéler les choix matériels et techniques de Léonard de Vinci par l’analyse chimique : le cas du pigment blanc de plomb

par Victor Gonzalez

Les sources historiques révèlent que différentes qualités de pigments étaient produites puis utilisées par les peintres de la Renaissance, selon le résultat pictural qu’ils souhaitaient obtenir. Les meilleurs produits étaient ainsi loués pour leurs exceptionnelles propriétés optiques. C’est notamment le cas du pigment inorganique blanc de plomb, omniprésent dans les œuvres peintes. Mais si de nombreuses recettes de préparation ont étés consignées dans les traités de peinture, les artistes ne révélaient jamais quelle qualité précise de pigment ils employaient. Aujourd’hui pourtant, l’analyse chimique permet de discriminer au sein même des peintures les différentes qualités de pigment en présence, levant ainsi le voile sur les secrets de fabrication et les techniques picturales des grands maîtres. Cette communication présentera des recherches récentes visant à révéler les choix de Léonard de Vinci quant à son utilisation du pigment blanc de plomb. On s’attachera à connecter des résultats chimiques obtenus sur des œuvres majeures de Léonard de Vinci aux recettes employées à son époque, mais également aux indices qu’il a pu laisser dans ses manuscrits.

Victor Gonzalez est aujourd’hui Junior Scientist au sein du Science Department du Rijksmuseum, Amsterdam. Sa recherche se concentre sur l’analyse scientifique des matériaux et techniques des grands maîtres, et plus particulièrement des pigments inorganiques. Avant d’occuper ce poste, il a effectué des recherches au sein de l’université TU Delft (Pays-Bas), après avoir obtenu un doctorat en chimie de l’université Sorbonne-UPMC, mené au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France à Paris.

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12 h 30

De Verrocchio à Léonard : recherches croisées en science et en histoire de l’art sur le « Baptême » de San Salvi, l’« Annonciation » de Monteoliveto et la « Madonna di Piazza »

par Cecilia Frosinini

La comparaison de la Madonna di Piazza (d’Andrea del Verrocchio), de l’Annonciation de Monteoliveto (de Léonard de Vinci) et du Baptême wdu Christ de San Salvi (de Verrocchio et Léonard) en imagerie par réflectographie infrarouge, permet d’étudier les différences et similitudes qui caractérisent les manières des deux artistes et, par là-même, leur collaboration artistique. Traditionnellement, la présence documentée de Léonard dans l’atelier de Verrocchio est interprétée par les historiens de l’art comme l’éducation artistique du premier par le second. Plus vraisemblablement et si l’on considère l’âge de Léonard, tous deux étaient associés. L’étude de certaines de leurs œuvres exécutées du temps de leur association révèlent ainsi des résultats intéressants.

Historienne de l’art attachée au ministère de la Culture, Cecilia Frosinini travaille depuis 1990 à l’Opificio delle Pietre Dure de Florence, où elle est directrice des Départements des Peintures de chevalet, Peintures murales et Papiers et parchemins. Elle est l’auteur de plus de 150 publications scientifiques en histoire de l’art et a mené des recherches sur les techniques artistiques de Piero della Francesca, Masaccio et Masolino, Gentile da Fabriano, Giotto, Leonardo da Vinci, Raphael, Caravage. Elle a présenté des conférences internationales sur l’histoire de l’art technique, les pratiques des artistes et la conservation des œuvres dans nombre d’institutions culturelles, parmi lesquelles : le Metropolitan Museum of Art, la National Gallery (Londres), le Courtauld Institute (Londres), la University of Virginia, the Yale University, l’Accademia Nazionale dei Lincei, le Kunsthistorisches Institut (Florence) ou le musée du Louvre. Dans ses publications, elle intègre la recherche de la technique et de l’histoire de l’art aux données issues d’analyses scientifiques pour une compréhension historique des techniques.Son expertise de Léonard comprend nombre d’articles et de conférences sur l’artiste, la supervision du traitement de conservation de l’Adoration des Mages (Galerie des Offices, Florence) et de la peinture murale monochrome dans la Sala delle Asse (château des Sforza, Milan). Elle a également été membre du comité scientifique international pour la restauration de la Sainte Anne (musée du Louvre).

Andrea del Verrocchio, Madonna di Piazza (cathédrale de Saint-Zénon, Pistoia), Léonard de Vinci, Annonciation (Galerie des Offices, Florence) et Andrea del Verrocchio et Léonard de Vinci, Le Baptême du Christ (Galerie des Offices, Florence) : détails des trois œuvres en réflectographie infra-rouge © Archivio Opificio delle Pietre Dure e CNR-INO

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15 h

L’ingénierie au service de la conservation des œuvres d’art : étude mécanique du support en bois de la « Joconde »

par Joseph Gril

Depuis son installation dans la salle des États en 2005, la planche de peuplier sur laquelle la Joconde est peinte, est suivie par une équipe franco-italienne de chercheurs en sciences du bois et mécanique des solides. Chargée d’évaluer la fragilité de l’œuvre tout en émettant des avis sur sa conservation préventive, elle a développé au fil des examens annuels des méthodes originales : mesures optiques de la forme et de l’effet d’actions mécaniques ; traverses instrumentées pour monitorer courbure et efforts appliqués au revers ; mesure des pressions exercées par la feuillure du châssis cadre... Ces données ont permis de construire des modèles virtuels simulant les effets des sollicitations hygro-mécaniques subies par l’œuvre, de démontrer le faible risque de dégradation moyennant le maintien de conditions de conservation stables et d’envisager des améliorations du dispositif d’encadrement. Cette approche de la conservation, basée sur l’apport des sciences de l’ingénieur et l’attention portée à des objets individuels, a connu depuis un essor remarquable.

Diplômé de l’École Polytechnique et de l’École Nationale du Génie Rural, des Eaux et des Forêts, Joseph Gril a accompli de long séjours à l’Université de Kyoto et est docteur de l’université Paris VI-Pierre et Marie Curie. Spécialiste de la rhéologie et des relations structure/propriétés dans le bois, il est depuis 1989 chercheur au CNRS, jusqu’en 2017 au laboratoire de Mécanique et Génie Civil de Montpellier, puis à l’Institut Pascal de Clermont-Ferrand. Impliqué dans des actions COST sur le bois depuis 1990, il est directeur du GDR 3544 Sciences du bois depuis 2012 et collabore avec l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Il a édité quatre livres, publié de nombreux articles et chapitres d’ouvrage, dont 82 articles référencés ISI. Il est membre de l’Académie Internationale des sciences du bois depuis 2008 et membre correspondant de l’Académie d’Agriculture depuis 2019.

Conservation du support en bois de la Joconde : simulation numérique de l’action mécanique du châssis-cadre © LMGC, UM, CNRS, Montpellier, France

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15 h 30

La « Madone Benois » de Léonard de Vinci. Histoire et examens techniques

par Zoya Kuptsova

La Vierge à l’Enfant dite Madone Benois a été attribuée à Léonard de Vinci par le conservateur de la galerie de peintures du musée impérial de l’Ermitage Ernst Liphart au début du 20e siècle. L’histoire du tableau reste encore incertaine, en particulier les circonstances de son déplacement en Russie. L’œuvre est mentionnée pour la première fois au début du 19e siècle : elle se trouvait alors à Saint-Pétersbourg, dans la collection du général Alexandre Korsakov. Les premières « interventions » datent de la même époque. En 1824, la peinture a été détachée du bois et transférée sur une toile. Un siècle plus tard, celle-ci a été doublée. Lors de l’enlèvement de la couche de peinture et de l’enduit, on a pu découvrir des pentimenti d’après lesquels a été exécutée une lithographie. Le dessin préparatoire, avec de nombreux changements, est bien visible à l’infrarouge : on perçoit un autre contour de la tête de l’enfant, une coiffure différente et des détails du vêtement de la Vierge, ainsi que plusieurs positions des mains. Malgré ces multiples recherches et changements de la composition au stade du dessin, la Madone à la fleur figure parmi les rares œuvres authentiques achevées par Léonard de Vinci. Léonard de Vinci, Madone Benois, huile sur toile (transférée du bois),

musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg © Musée de l’Ermitage / Vladimir Terebenin

Zoya Kuptsova est conservatrice de la peinture italienne des 13e-16e siècles au sein du département Art de l’Europe occidentale du musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), où elle a notamment été commissaire des expositions « La Crucifixion de Michel-Ange pour Vittoria Colonna » et « Noli me tangere de Federico Barocci ». Elle a écrit des articles sur les œuvres de Giulio Romano, Maso da San Friano, le Cavalier d’Arpin, ainsi que sur l’histoire des collections d’art italien en Russie. Elle prépare actuellement l’exposition « Le trait de Raphaël » au musée de l’Ermitage (fin 2020) et est investie dans la restauration des fresques de l’atelier de Raphaël à la Villa Stati-Mattei au Mont Palatin de Rome.

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Paramètres de mesure par micro-fluorescence X utilisés pour déterminer les éléments associés aux pigments présents dans les couches picturales © Piotr Fraczek

16 h

« La Dame à l’hermine (portrait de Cecilia Gallerani) » Recherches sur les matériaux et techniques de peinture de Léonard de Vinci et l’état de conservation de l’œuvre

par Julio M. del Hoyo-Meléndez

Le tableau intitulé La Dame à l’hermine a été peint par Léonard de Vinci vers 1489-1490. Cette œuvre a été acquise par le prince Adam Jerzy Czartoryski vers 1800 en Italie. En 2012, un groupe de scientifiques travaillant au sein de différentes institutions en Pologne et à l’étranger ont mené la sixième campagne de recherche sur cette œuvre en se concentrant sur ses aspects techniques et sa conservation. Le fond a été repeint en noir, très probablement avant sa vente, au cours du 18e siècle. Le fond d’origine était probablement composé d’une préparation présentant de légères modulations de tons obtenues grâce à l’utilisation de pigments à base de fer. L’absence de pigments à base de cuivre sur ce fond permet d’écarter l’hypothèse d’une couche picturale existante sous la zone repeinte en noir. Les scientifiques ont noté une prépondérance du blanc de plomb dans les parties les plus claires du tableau, tandis que les transitions de tons ont été réalisées par l’application de fines couches d’un glacis à base de fer, suivant la technique du sfumato, très couramment utilisée dans les œuvres de Léonard. Les analyses physico-chimiques ont permis d’identifier les pigments caractéristiques employés par Léonard de Vinci, tels que le cinabre, les oxydes de fer, le jaune de plomb et d’étain, le blanc de plomb et le bleu outremer.

Julio M. del Hoyo-Meléndez est titulaire d’un doctorat en Sciences et Conservation du patrimoine culturel du département de Conservation et de Restauration du patrimoine culturel de l’Université polytechnique de Valence, en Espagne. En 2011, il a rejoint en tant que chercheur le Laboratoire d’analyses et de recherches non destructives sur les objets du patrimoine du musée national de Cracovie (Pologne). Le 1er janvier 2017, il a été nommé directeur du Laboratoire et directeur du Centre national de recherche sur le patrimoine culturel, deux organismes situés au sein du musée national de Cracovie. Il est également rédacteur en chef du journal de l’Institut américain de conservation depuis novembre 2014.

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Léonard de Vinci, Saint Jean Baptiste, INV 775, musée du Louvre. photographie en lumière directe et cartographie de la répartition du manganèse obtenue par fluorescence X 2D © C2RMF Thomas Clot - Éric Laval

16 h 30

Nouveaux regards sur Léonard par l’imagerie scientifique

par Élisabeth Ravaud

Grâce à une exemplaire collaboration avec le musée du Louvre, les chefs d’œuvre peints par Léonard de Vinci ont bénéficié depuis de nombreuses années de plusieurs campagnes d’imagerie scientifique. La dernière s’est déroulée durant les années 2018 – 2019 et a mis en œuvre la fluorescence X sous forme de cartographies. Les avancées ou découvertes les plus marquantes dévoilées par ces techniques sur le processus de création ou la mise en œuvre picturale de ces tableaux seront présentées dans cet exposé à l’occasion de la commémoration de l’artiste.

Élisabeth Ravaud est responsable des Études et Recherches sur les peintures de chevalet au département Recherche du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France. Médecin, spécialiste de l’imagerie scientifique et titulaire d’une thèse en histoire de l’art, elle travaille depuis de nombreuses années sur la technique picturale de Léonard et a publié des travaux sur plusieurs œuvres de l’artiste.

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Imagerie hyperspectrale d’un détail sur la droite de La Vierge aux rochers de Léonard de Vinci, à la National Gallery de Londres, révélant le dessin de l’ange et de l’Enfant Jésus appartenant à la composition initiale © The National Gallery, London

17 h

« La Vierge aux rochers » de Léonard de Vinci à la National Gallery de Londres : les dernières découvertes issues de la scanographie macro-SFX et de l’imagerie hyperspectrale

par Marika Spring

Une réflectographie infrarouge effectuée en 2005-2006 puis des études complémentaires réalisées à l’occasion de la restauration de 2008-2010 avaient déjà révélé, sous la surface de La Vierge aux rochers de Londres, un dessin préliminaire bien différent de la composition finale. En effet, la Vierge était située plus haut sur le panneau et représentée dans une position différente, regardant vers la droite et légèrement vers le bas, sa main gauche placée gracieusement sur sa poitrine. D’autres lignes semblant être liées à cette première ébauche avaient également suscité un grand intérêt, mais elles ne permettaient pas de discerner d’autres formes. En janvier 2019, nous avons eu l’opportunité de réexaminer cette œuvre grâce au scanner de macro-fluorescence X de la National Gallery et à un système d’imagerie hyperspectrale élaboré en interne. D’autres éléments de la composition initiale, notamment un Enfant Jésus et un ange dissimulés sous les rochers et le paysage visibles actuellement sur la droite, ont été révélés grâce à ces nouvelles techniques. Étonnamment, ils ont été dessinés avec un matériau contenant du zinc. Cette présentation détaillera ces découvertes, en les replaçant dans leur contexte historique et artistique, et évoquera la manière dont elles ont permis d’étendre nos connaissances sur l’évolution du tableau au cours de sa réalisation.

Marika Spring est directrice des Sciences et de la Recherche au sein de la National Gallery de Londres. Elle a rejoint le département scientifique en 1992, après avoir obtenu un diplôme en Sciences naturelles et un diplôme de troisième cycle en Conservation des tableaux, tous deux au sein de l’Université de Cambridge. Son domaine de recherche est l’étude des techniques et des matériaux de peinture historiques, dont l’étude technique d’écoles particulières (en particulier des 15e et 16e siècles), la détérioration des pigments historiques, l’histoire et l’utilisation de certains matériaux de peinture, ainsi que l’émergence de méthodes instrumentales pour les analyses et examens d’œuvres.

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La Vierge aux fuseaux (après restauration), collection privée © Arcanes

17 h 30

« La Vierge aux fuseaux – Madone Lansdowne » : hypothèses sur l’influence de Léonard de Vinci dans l’exécution de l’œuvre peinte

par Cinzia Pasquali

En avril 1501, le frère Pietro da Novellara, supérieur des Carmélites, visite l’atelier de Léonard sur ordre d’Isabelle d’Este, marquise de Mantoue. À cette occasion, il voit et décrit un tableau en cours d’exécution, une Vierge aux fuseaux destinée à Edmond Robertet, favori du roi de France. Depuis, les traces de ce travail ont été perdues. À ce jour, deux « premières versions » sont connues : la Vierge aux fuseaux appartenant au duc de Buccleuch et celle appelée « Lansdowne », du nom du dernier propriétaire historique. Depuis les années 1930 jusqu’à nos jours, différentes campagnes de recherches scientifiques se sont succédées sur les deux œuvres. De nombreuses publications ont également essayé d’analyser, à la lumière des découvertes faites, l’existence et l’importance de l’intervention de Léonard, et surtout, de savoir si l’une de ces deux œuvres était la copie de l’autre ou si les deux étaient les copies d’un original perdu. La restauration de la Madone Lansdowne, entamée en 2016, après une longue période d’étude à l’Opificio delle Pietre Dure de Florence, révèle, malgré la vivacité matérielle du travail, une technique d’exécution comparable à celle de Léonard. L’intervention qui a lieu à Paris est exécutée par Cinzia Pasquali, suivie et dirigée par l’Opificio delle Pietre Dure (Marco Ciatti, Cecilia Frosinini et Roberto Bellucci) et fait partie d’un projet d’étude des différentes versions de la Vierge aux fuseaux, organisée par Vincent Delieuvin, à laquelle participent à la fois le Mo-LAB du projet européen, Iperion-CH et l’Opificio delle Pietre Dure. Les premiers résultats de cette recherche et de cette restauration sont présentés ici.

Diplômée de l’Institut Central de Restauration de Rome (ISCR), avec la double spécialisation Peintures et Sculptures, et titulaire d’une maîtrise des Sciences et techniques « Conservation des Biens Culturels » (université Paris I Panthéon Sorbonne), Cinzia Pasquali a conduit plusieurs chantiers de grande envergure en Italie et la restauration de nombreux tableaux. Installée en France depuis 1990, elle a dirigé la restauration de chantiers monumentaux tels que la galerie d’Apollon au Louvre, la galerie des Glaces au château de Versailles ou la Grande Singerie au château de Chantilly. Elle travaille régulièrement au C2RMF, où elle a notamment restauré la Sainte Anne de Léonard (Louvre), Saint Georges terrassant le dragon de Paolo Uccello (musée Jacquemart-André), L’ivresse de Noé de Giovanni Bellini (musée des Beaux-Arts de Besançon) ou encore le Bacchus attribué à l’atelier de Léonard (Louvre). Elle a publié de nombreux articles et participe à de multiples conférences à l’international sur la technique picturale des maîtres de l’art et sur la restauration des couches picturales associées. Son engagement dans le domaine de la conservation-restauration l’a également conduit à établir un programme européen d’enseignement au Maghreb.

Page 16: Léonard de Vinci - Le Louvre · Léonard de Vinci : science et modèles encyclopédiques de son époque par Carmen C. Bambach. 5 Image multispectrale en fausse couleur des Études

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18 hTable-rondeL’expérience de l’art chez Léonard

avec Carmen C. Bambach, Vincent Delieuvin, Louis Frank et Michel Menu

Vincent Delieuvin est conservateur en chef au département des Peintures du musée du Louvre, en charge de l’art italien du 16e siècle. Commissaire des expositions « Titien, Tintoret, Véronèse... Rivalités à Venise » (musée du Louvre, 2009) et « Raphaël, les dernières années » (musée du Louvre, 2012), il concentre actuellement son travail sur Léonard de Vinci auquel il a déjà consacré l’exposition « La Sainte Anne, l’ultime chef-d’œuvre de Léonard de Vinci » (musée du Louvre, 2012). En 2019, il est le commissaire avec Louis Frank, de la grande rétrospective organisée par le musée du Louvre à l’occasion de la célébration du 500e anniversaire de sa mort en France.

Docteur en physique et optique de l’université de la Sorbonne et titulaire de l’habilitation à diriger des recherches, Michel Menu est chef du département Recherche du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France au ministère de la culture.Son principal axe de recherche est l’étude de la couleur des œuvres d’art : au-delà de la caractérisation chimique, l’étude des propriétés physico-mécaniques (couleur, apparence, nano-indentation, rhéologie...) apporte des informations cruciales pour la compréhension des œuvres quant à leur élaboration et l’intention des artistes, ainsi que pour assurer leur conservation.Il mène un travail de collaboration et d’écriture avec des artistes contemporains, tels Sarkis, Pierre Buraglio, Marie-Ange Guilleminot, Claudie Hunzinger, Michel Paysant.Il est l’auteur de plus de deux-cents articles scientifiques et de livres, parmi lesquels Grünewald (F.-R. Martin, M. Menu et S. Ramond, 2012, Paris), Leonardo da Vinci’s technical practice (2014, Paris) et Art et science : l’or des œuvres (2017, Fondation Calouste Gulbenkian).

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