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Baccalauréat option musique facultative Toutes séries Sessions 2013/2014 L’œuvre et l’histoire Biographie Compositeur et pianiste français, Thierry Machuel a consacré la majeure partie de son travail à l’art choral, sur des textes d’auteurs contemporains dans toutes les langues. Son œuvre aborde aujourd’hui des territoires de plus en plus éloignés des langues européennes, avec un intérêt marqué pour les textes de témoignage, les écrits de Résistants ou de communautés ayant des expériences de vie singulières, comme ceux recueillis auprès de détenus entre 2008 et 2011 (« Or, les murs » , Grand Prix de l’Académie Charles Cros 2010). Il a été pensionnaire de la Villa Médicis et de la Casa Velazquez, s’est vu attribuer le prix Sacem de la musique vocale 2008, la bourse de la Fondation Beaumarchais en 2009 et une commande du Ministère de la Culture en 2010 pour la création de son prochain opéra, ainsi que le Grand Prix Lycéen des Compositeurs 2011. Ses œuvres chorales sont chantées dans de très nombreux pays. Références au passé : influences Thierry Machuel utilise dans son langage musical nombre de principes d’écriture préexistants, issus d’une tradition de la musique française du Xxème siècle représentée par Debussy et Ravel jusqu’à Messiaen et Dutilleux. Alors que certaines œuvres chorales avaient ouvert de nouvelles voies comme dans les exemples suivants, Thierry Machuel intègre une grande partie des codes du passé (modalité, tonalité, harmonie, techniques…) dans une attitude de postmodernité à l’instar d’autres compositeurs de sa génération comme Nicolas Bacri ou Philippe Hersant. - lux aeterna de Ligeti - Nuits de Xenakis - sequenza de Bério - récitations d’Aperghis L’œuvre, la musique et les autres arts Un compositeur pour la voix Écrire le chœur De nombreux entretiens consacrés au répertoire pour choeurs non professionnels ont montré une insuffisance: celle d’un répertoire aux langages résolument modernes, avec une grande exigence dans le choix des textes.

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Baccalauréat option musique facultative

Toutes séries Sessions 2013/2014

L’œuvre et l’histoire Biographie Compositeur et pianiste français, Thierry Machuel a consacré la majeure partie de son travail à l’art choral, sur des textes d’auteurs contemporains dans toutes les langues. Son œuvre aborde aujourd’hui des territoires de plus en plus éloignés des langues européennes, avec un intérêt marqué pour les textes de témoignage, les écrits de Résistants ou de communautés ayant des expériences de vie singulières, comme ceux recueillis auprès de détenus entre 2008 et 2011 (« Or, les murs » , Grand Prix de l’Académie Charles Cros 2010). Il a été pensionnaire de la Villa Médicis et de la Casa Velazquez, s’est vu attribuer le prix Sacem de la musique vocale 2008, la bourse de la Fondation Beaumarchais en 2009 et une commande du Ministère de la Culture en 2010 pour la création de son prochain opéra, ainsi que le Grand Prix Lycéen des Compositeurs 2011. Ses œuvres chorales sont chantées dans de très nombreux pays. Références au passé : influences Thierry Machuel utilise dans son langage musical nombre de principes d’écriture préexistants, issus d’une tradition de la musique française du Xxème siècle représentée par Debussy et Ravel jusqu’à Messiaen et Dutilleux. Alors que certaines œuvres chorales avaient ouvert de nouvelles voies comme dans les exemples suivants, Thierry Machuel intègre une grande partie des codes du passé (modalité, tonalité, harmonie, techniques…) dans une attitude de postmodernité à l’instar d’autres compositeurs de sa génération comme Nicolas Bacri ou Philippe Hersant.

- lux aeterna de Ligeti - Nuits de Xenakis - sequenza de Bério - récitations d’Aperghis

L’œuvre, la musique et les autres arts Un compositeur pour la voix Écrire le chœur De nombreux entretiens consacrés au répertoire pour choeurs non professionnels ont montré une insuffisance: celle d’un répertoire aux langages résolument modernes, avec une grande exigence dans le choix des textes.

Thierry Machuel entretient un lien étroit avec les textes qu’il met en musique et toutes les techniques qu’il utilise dans ses œuvres découlent en grande partie du sens ou de la musique même des mots qu’il n’hésite pas à prendre en dictée pour en saisir l’essence musicale. « La qualité de l’émotion ressentie par les chanteurs et le public ne dépend pas du degré de virtuosité, mais de la justesse des engagements de chacun , de l’auteur des textes, du compositeur, du chef, de l’ensemble des choristes, et même du public d’une certaine manière, comme s’il s’agissait là d’une action dont l’enjeu dépasse de loin celui de la musique en elle-même. »

L’œuvre et son organisation

Langston Hughes (1er février 1902 — 22 mai 1967) Poète, nouvelliste, dramaturge , éditorialiste américain du xxe siècle. Sa renommée est due en grande partie à son implication dans le mouvement culturel communément appelé Renaissance de Harlemqui a secoué Harlem dans les années 1920. Ecrite en hommage à Billie Holiday, « Dark like me » est une longue fresque évoquant la condition des Noirs aux USA dans la 1ère moitié du Xxème siècle. L’œuvre est construite comme une succession de courts tableaux

1) Brass spittoons : histoire d’un « boy » nettoyant les crachoirs dans les grands Hôtels de Detroit ou Chicago

2) Puzzled : expressions entendues dans les rues de Harlem sur l’augmentation du coût de la vie, la difficulté à trouver un emploi

3) Afraid : sur l’angoisse de la solitude 4) Homesick blues : sur le désir d’un retour vers le sud 5) Daybreak in Alabama : sur l’espoir d’un monde plus fraternel 6) Dream variation : rêve d’un instant heureux au coucher du soleil.

Des extraits du discours de Martin Luther King sont entendus en contrepoint de ce poême L’ouverture est une variation pour chœur de la chanson de Lewis Allan « strange fruit » que Billie Holiday a enregistré en 1939 (partition non disponible) Afraid Text by Langston Hughes We cry among the skyscrapers As our ancestors Cried among the palms in Africa Because we are alone, It is night,And we're afraid.

Avoir peur Nous pleurons parmi les gratte-ciels Ainsi que nos ancêtres Pleuraient parmi les palmiers de l'Afrique Parce que nous sommes tout seuls, C'est la nuit, Et nous avons peur.

- Tableau très court

- Forte dominante mélodique - Pulsation ternaire (référence au blues) - Gamme de do# mineur avec tierce majeure/mineure (blue note)

et 2ème degré abaissé (ré bécarre, créant un intervalle tendu de Triton avec la note polaire)

- Forte polarité sur sol # (notes pédale) - Importance de la prosodie et des silences, proportionnels à la

Longueur des phrases chantées - Enchainé avec « homesick blues »

Le blues du pays Le pont du chemin de fer C'est une chanson triste dans les airs. Le pont du chemin de fer C'est une chanson triste dans les airs. Chaque fois qu'un train passe J'veux m'en aller vers d'autres terres. J'descendis jusqu'à la gare Le coeur sur les lèvres. Descendis jusqu'à la gare Le coeur sur les lèvres. Cherchant un wagon de marchandises Pour me rouler vers le Sud, quelque part. Le blues du pays, Seigneur, C'est terrible de l'avoir pris. Le blues du pays, c'est une chose Terrible de l'avoir pris. Pour m'empêcher de pleurer J'ouvre la bouche, et puis je ris.

- Pièce proche du blues : mesure ternaire, mélancolie, grille à 3 accords I, IV, V en do# mineur modal (sans sensible)

- Structure proche de la forme BAR (AAB) avec des carrures très strictes de 4 mesures

- Progression dynamique vers l’aigu - le thème passe des barytons aux sopranos - L’effectif choral s’amplifie tout le long de la pièce - Effet de crescendo par paliers - Trame chorale d’accompagnement en relais et diminutions rythmiques

Évoquant le départ, l’accélération et de « roulis » du train - Brouillage harmonique par tuilage dans l’enchainement des phrases

Amplifié par l’acoustique réverbérante - Fin suspensive sur ½ cadence en sol #

pour enchainer avec « daybreak in Alabama » en lab (sol#)

Mesure à 4 temps ternaires 12/8 : référence au blues

A

Do# mineur modal Mode de la sur do#

Thème aux barytonsa

Trame choraleSur le phonème « nen»+ crescendo évoquantLe train qui démarre

Accompagnement enostinato rythmiqueNoire/croche sur les degrés I IV V (do#, fa#, sol# sans sensible) et sur les paroles de « Afraid »

Sommaire

L’œuvre et l’histoire

L’œuvre, la musiqueEt les autres arts

L’œuvre et son organisation

Dark like me

Afraid Homesick blues

Paroles contre l’oubli

Ces âmes Ez dut ahaztu

Amal waqti

kemuri

X et XI XII et XIII XIV

Leçons de ténèbres

Début Centre Fin

VI … Ces âmes, nos âmes, nourries dès l’apparition du jour jusqu’au recouvrement nocturne, de ce que les illusions servent par désir de quelque chose qui s’émiette et se poussièrise, n’apaise jamais et a faim de néant. Voisines au cours des repas aux couverts argentés d’orgueil, des soeurs macabres qui leur parlent par intermittence l’idiome des mirages et celui de l’éphémère. Vagues, hallucinées par les rêveries d’un destin peint de la fluorescence des poésies déclamées dans les vallées de l’égarement ... Elles auraient glissé avec fluidité et sans obstacle, enveloppées d’une sensation de tendresse doucement mensongère, vers la demeure de l’oubli et de la perdition... Etape ultime, franchissement irréversible, gouffre des naufragés ... emportant le souvenir de leurs passages et de leurs oeuvres désertiques, cailloutés de passions qui pèsent sur le profond et interminable enfoncement dans une mémoire qui ne parlera qu’autour d’une balance dressée. Nul pour percevoir dans l’intérieur de leurs habitacles corporels, des coeurs cernés, enchaînés, cadenassés et scellés jusqu’à ce que toute formule prétentieusement magicienne ne puisse briser le moindre maillon… Des âmes, des hommes qui courent sur le tracé d’un chemin… (S-M.) texte de S-M, long et dense

- Utilisation de la voix parlée, chuchotée, chantée, imitant le vent - Création d’un brouhaha avec un débit de texte important - Écriture imitative proche du canon - Effet rythmique important du fait de l’indication « très articulé »

de la partition - Intérêt du codage : la phrase répétée « ces âmes… »

est écrite en caractères plus gros - Effets de puissance lors des tutti homorythmiques - Structure tripartite (+coda) avec impression de symétrie

autour de la seule mélodie chantée au centre de l’œuvre

Désagrégation finale avec entrées rapprochées en stretto sur le texte initial

coda

Structure globale

Canon tutti mélodie (axe central) canon tutti tutti canon stretto

P crescendo p crescendo decrescendo pp

A B A’ (+B en tuilage) coda

Sommaire

L’œuvre et l’histoire

L’œuvre, la musiqueEt les autres arts

L’œuvre et son organisation

Dark like me

Afraid Homesick blues

Paroles contre l’oubli

Ces âmes Ez dut ahaztu

Amal waqti

kemuri

X et XI XII et XIII XIV

Leçons de ténèbres

Début Centre Fin

N°10 : « ez dut ahaztu » Traduction Je n’ai pas oublié mon identité Je n’oublie pas l’amour des autres Quand et pourquoi je suis arrivé ici D’où je viens et où je veux aller Qui j’ai pour ami dans le chemin Et qui m’empêche Je porte dans mon souvenir Ceux qui sont tombés dans le chemin À eux j’offrirai la liberté Quand viendra ce jour rouge. Si j’oubliais cela, je ne serais plus moi.

- Texte en basque d’Agustin FA - Utilisation d’une mesure à 5/8 inspirée du « zortziko » traditionnel basque dansé à 5 ou 7

temps (déjà utilisé par Ravel, d’origine basque, dans son quatuor à cordes) - Longue progression dynamique sur une structure tripartite - Thème modal en mode de mi sur ré puis sur mi (Phrygien) sur des

carrures de 7 mesures (référence au zortziko?) - Percussions avec les pieds des chanteurs comme une sorte de

marche funèbre inexorable et obsessionnelle sur le rythme - Beaucoup de répétitions dans les formules d’accompagnement

comme pour souligner le caractère monotone de la vie carcérale

Montée en puissance plus rapide :-De plus en plus aigu- crescendo-tutti

La respiration laisse placeAu silence (point d’orgue), à laRésonnance acoustiqueEt à la réflexion

« si j’oubliais ça, je ne serais plus moi ! »

Point d’exclamation !

Sommaire

L’œuvre et l’histoire

L’œuvre, la musiqueEt les autres arts

L’œuvre et son organisation

Dark like me

Afraid Homesick blues

Paroles contre l’oubli

Ces âmes Ez dut ahaztu

Amal waqti

kemuri

X et XI XII et XIII XIV

Leçons de ténèbres

Début Centre Fin

à l’origine pour baryton et cornet à bouquin sur des textes en arabe de Mahmoud Darwich Création Marcel Pérès et Jean Tubéry, dimanche 27 septembre 2010, Clairvaux, festival "Ombres et lumières" Mahmoud Darwich (né le 13 mars 1941 à Al-Birwah en Galilée (Palestine sous mandat britannique) et mort le 9 août 2008 à Houston (Texas, États-Unis), est une des figures de proue de la poésie palestinienne. Profondément engagé dans la lutte de son peuple, il ne cesse pour autant jamais d'espérer la paix et sa renommée dépasse largement les frontières de son pays. Il publie plus de vingt volumes de poésie, sept livres en prose et est rédacteur de plusieurs publications il est reconnu internationalement pour sa poésie qui se concentre sur sa nostalgie de la patrie perdue. Ses œuvres lui valent de multiples récompenses et il est publié dans au moins vingt-deux langues. Le cornet à bouquin Certains hasardent à faire remonter ses origines à l'olifant, taillé dans une défense d'éléphant, taillé dans une corne de bouc. Le cornet à bouquin est un instrument généralement en bois qui se joue grâce à une embouchure (corne, en ivoire ou en bois), ce qui le classe dans la famille des cuivres.

L'étymologie pour bouquin vientdrait de l'italien bocca (bouche).Le cornet à bouquin est fabriqué à partir de deux planches creusées puis collées, suivant une forme conique et courbe, le tout recouvert de parchemin ou de cuir, et percé de sept trous : 6 devant, 1 derrière. Le cornet muet est un cornet dont l'embouchure est taillée directement dans la masse du cornet, il est fabriqué en une seule pièce droite et n'est pas recouvert de cuir ni de parchemin.

Extraits d’un recueil de poèmes intitulé « Etat de siège » où Mahmoud Darwich décrit une assignation à résidence, un enfermement (cf « paroles Contre l’oubli ») Textes très forts mais sans haine dans lesquels il décrit et analyse la situation de manière lucide Thierry Machuel réalise, comme à son habitude, des montages de textes En essayant de les agencer de telle sorte que cela puisse raconter une histoire cohérente. Ces textes sont chantés par Roula Safar, chanteuse Libanaise accompagnée par Jean Tubery Au cornet à bouquin 5. Nos tasses de café. Les oiseaux. Les arbres verts Aux ombrages bleus et le soleil qui saute d’un Mur à l’autre telle la gazelle.. L’eau des nuages aux formes infinies Dans ce qui nous reste de ciel, Et d’autres choses encore Dont le souvenir est remis à plus tard, Montrent que ce matin est fort, resplendissant, Et que nous sommes les hôtes de l’éternité. Le texte exprime la liberté intérieure enfin reconquise, la possibilité de ressentir hors de la haine et des contraintes de l’occupation politique : les sens nous rapportent toujours des échos du monde, le goût du café, le chant des oiseaux, les arbres, les nuages et surtout la lumière du soleil qui se lève. Le mode utilisé (mode de ré sur la) rappelle les chants traditionnels bretons, et contraste ainsi avec la langue, qui porte la chanteuse vers une interprétation orientalisante. La partie de cornet, très simple, écrite d’un seul jet et la voix qui s’en fait l’écho se répondent sans cesse, en un jeu serré d’imitations et d’ornementations.

Auteurs Issa Kobayashi, plus connu sous son prénom de plume Issa (signifiant « Tasse-de-thé »), est un poète japonais des XVIII et XIXe siècle. Il est né le 15 juin 1763 dans le village de Kashiwabara dans la province de Shinano et y meurt le 5 janvier 1828. Il est considéré comme l'un des quatre maîtres classiques du haïku japonais (Bashō, Buson, Issa, Shiki). Auteur d'environ 20 000 haïkus en quasi totalité composés au XIXe siècle, Issa rompt avec les formes de classicisme du XVIIIe de Buson en proposant un type de romantisme qui renouvelle le genre en y infusant l'autoportrait, l'autobiographie, et le sentiment personnel. Takuboku Ishikawa est le pseudonyme du poète japonais Hajime Ishikawa, né le 20 février 1886 et mort de tuberculose le 13 avril 1912 à l'âge de vingt-six ans. Surnommé « le Rimbaud japonais » et « le poète de la tristesse », il est plus connu sous la signature de son seul prénom, Takuboku. Le Haiku Le haïku, terme créé par le poète Masaoka Shiki (1867-1902), est une forme poétique très codifiée d'origine japonaise et dont la paternité, dans son esprit actuel, est attribuée au poète Bashō Matsuo (1644-1694) Il s'agit d'un petit poème visant à dire l'évanescence des choses. Encore appelé haïkaï (d'après le haïkaï no renga, forme antérieure plus triviale au xvie siècle) ou hokku (son nom d'origine), ce poème comporte 17 mores en trois segments 5-7-5, et est calligraphié sur une seule ligne verticale. Le haïku doit donner une notion de saison et doit comporter une césure La more est un son élémentaire émis lors de la phonation . Son nom provient du latin mora signifiant « retard » ou « délai ». La langue japonaise est connue pour sa structure en mores. Exemple : La lettre n, en fin de syllabe, constitue une more, de même que la 1ère partie d'une consonne double.

Ainsi, le mot Nippon (日本, Japon) est composé de deux syllabes mais de quatre mores : ni-p-po-n, ce

qui correspond aux quatre kanas utilisés pour transcrire le mot (にっぽん).

Le tanka Le tanka, (littéralement poème court), est un poème japonais sans rimes, de 31 mores sur cinq lignes. Le tanka est une forme de la poésie traditionnelle waka et est plus vieux que le haïku, dont il peut être considéré comme un ancêtre. Il fleurit pendant la période Heian (794-1192). Le tanka classique est toujours considéré au Japon comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire Il est construit en deux parties, la seconde venant conforter la première, traditionnellement un tercet de 17 pieds d'une structure 5-7-5 (devenu plus tard haïku) appelé kami-no-ku, et la deuxième un distique ou couplet de 14 pieds de structure 7-7 appelé shimo-no-ku

Kemuri (fumées)

Série de 24 pièces dans lesquelles Thierry Machuel met en musique des Haikus d’ISSA et des Tankas de TAKUBOKU L’idée est de raconter la dernière année de Takuboku et son dernier jour Ce qui apporte une double unité temporelle à l’œuvre Les 14 Haikus représentent le passage des saisons du printemps au dégel, sont confiés uniquement au chœur d’enfants et sont construits sur une Série de 12 sons qui traverse l’année, à raison d’une note par saison, avec à la fin une reprise de la série dans l’ordre inversé. Les 10 tankas, expriment le cheminement intérieur du poète ainsi que ses dernières heures et sont confiés au ténor solo . Le chœur commente les interventions du ténor démarrant toujours d’un Unisson qui se déploie en « éventail » jusqu’au cluster pour retourner à L’unisson, ainsi Kemuri est aussi selon son auteur, une œuvre pédagogique amenant le chœur d’enfants à appréhender la musique moderne. Ces « clusters choisis » sont là pour « colorer » les haikus selon leur sens ou leur caractère

- Chœur d’enfants chantant les Haikus - Ténor solo représentant le poète et chantant les Tankas - Accompagnement à l’accordéon dont le jeu rappelle parfois le Shô

Japonais, sorte d’orgue à bouche utilisé dans la musique traditionnelle - Gongs et tam-tam pour la couleur asiatique par le timbre - Écriture imitative en dialogues - Mélodies utilisant le mode 2 de Messiaen ou ton/ ½ ton ,

des gammes mineures - Harmonie utilisant des couleurs tonales ou modales - Tuilages et enchainements par mutations progressives - Clusters « choisis » partant et finissant sur des unissons, - écriture en éventail, parfois en miroir : visée pédagogique

et proche du codage vertical de l’écriture du Japonais - Écriture fortement figurative pour décrire en musique les atmosphères

Poétiques des textes (figuralismes) - Jeux vocaux et travail sur les nuances et les phonèmes

Les leçons de Ténèbres sont un genre musical liturgique créé en France au XVIIe siècle et destiné au premier des trois nocturnes qui accompagnent chaque office des Ténèbres (matines des jeudi, vendredi et samedi saints). L'office porte le nom de ténèbres puisqu'il est chanté normalement très tôt le matin dans l'obscurité plus ou moins complète Cet office dure entre 1h30 et 2h45 et raconte les douleurs de la Passion de Jésus-Christ, le Jeudi saint, au Jardin des Oliviers; le Vendredi saint, devant les tribunaux et au Calvaire; le Samedi saint, au Sépulcre. Il arrive parfois qu’il se déroule en éteignant des bougies au fur et à mesure pour n’en garder qu’une seule allumée que l’on ravive au matin de Pâques. Ce genre disparaît dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, mais fournit un thème lyrique souvent évoqué en littérature jusqu'à l'époque contemporaine. La thématique est inspirée de trois éléments : (Thierry Machuel sur son site) - le trio d’abord, avec un thème dodécaphonique en deux accords de trois doubles-cordes - la prison ensuite, avec une série de 12 notes jouées chacune deux fois par un effet de rebond, à la manière du son produit par les serrures électroniques dont le tintement a remplacé celui des clefs métalliques - l’abbaye enfin, avec un schéma temporel extrêmement strict (comme la Règle monastique développée selon la liturgie des Heures, aussi contraignante que l’organisation carcérale) conçu pour une durée de douze minutes réparties en huit minutes de son et quatre de silence (total ou partiel). Forme en Arche - La mesure est à cinq temps, le plus souvent deux noires puis trois, afin de donner une alternance brève/longue qui, dans un tempo de 60 à la noire, suggère une respiration inquiète.

- Une longue cantilène, thrène angoissé que l’on entend une seule fois aux deux tiers de l’œuvre, après une première tentative avortée.

- La forme est en miroir temporel : dernière section en inversion de la première, le grave du début se concluant sur l’extrême aigu des accords de la fin. Les alternances de sons et de silence sont également reproduites de cette manière