livre marafa hamidou yaya l'automne de la colere les versets politiques

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SISMONDI BARLEV BIDJOCKA EDITIONS PRESSE FORCE ONE MARAFA HAMIDOU YAYA : L’AUTOMNE DE LA COLÈRE Les versets politiques VICTIME DE L’ANTHROPOPHAGIE POLITIQUE DU SYSTÈME CAMEROUN : LES CAHIERS D’UNE TRANSITION CHAOTIQUE I Comment dissocier la lutte contre la corruption et les détournements, les règlements de compte politique et l’arène de la succession?

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Livre Marafa Hamidou Yaya l'Automne de La Colere Les Versets Politiques

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EDITIONS PRESSE FORCE ONE

SISMONDI BARLEV BIDJOCKA

EDITIONS PRESSE FORCE ONE

MARAFA HAMIDOU YAYA : L’AUTOMNE DE LA COLÈRE

Les versets politiques

VICTIME DE L’ANTHROPOPHAGIE POLITIQUE DU SYSTÈME

CAMEROUN : LES CAHIERS D’UNE TRANSITION CHAOTIQUE I

Comment dissocier la lutte contre la corruption et les détournements, les règlements de compte politique et l’arène de la succession?

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MIS A JOUR

MARAFA HAMIDOU YAYA

C’est un homme au physique esthétique, à la mise toujours soignée, discret ; et quand on

imagine l’avenir en écrivant « …Le président de la république Marafa Hamidou Yaya a reçu

ce jour le rassemblement de la jeunesse Camerounaise pour discuter des problèmes des

jeunes…», ça sonne vrai, réel, possible, et peut être souhaitable !tant l’homme force

l’admiration des camerounais par son sens de la rigueur, son charisme et sa vision d’un

Cameroun intègre prospère et démocratique, même s’il est le fruit d’un régime qui durant

trente ans nous a malmené, snobé, trainé. Sa version des faits pour ce qui lui est reproché,

relative à l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel, dans sa troisième lettre, met en lumière la

vérité, les acteurs et leurs rôles.

Il serait difficile ici, dans ce contexte, de faire confiance en la justice, car on a l’impression que

derrière la lutte contre la corruption se cache les jalousies malsaines de ceux qui ont trempé les

mains dans le sang du peuple (Marafa n’en est pas exempt) et ceux qui malgré tout, font leur

méa culpa, (Marafa) et peuvent être valablement utiles à ce Cameroun qui vient. Tenez par

exemple, Atangana Mebara Jean Marie, ancien secrétaire général de la présidence de la

république, a été acquitté par la juge Gilbert Schlick au mois d’avril 2012, mais la décision de

la justice n’a pas été respectée, le politique en a décidé autrement, et l’homme reste en prison,

d’où la difficulté de croire finalement à une justice libre et sereine, encore moins quand on

s’appelle Marafa et ses lettres incendiaires impliquant le chef de l’état et dévoilant les secrets

du régime agonisant du renouveau ! Comment ne pas croire que Nous pataugeons en plein

procès politique, où les uns et les autres en fonction des intérêts se servent des médias pour le

contrôle de l’opinion publique. Le Cameroun a besoin des hommes nouveaux, propres et se

remettent en cause en permanence pour demain.

Qui dans ce sérail peut se prévaloir du droit à la lapidation de Marafa ? Jacques Fame Ndongo,

Gregoire Owona, Belinga Eboutou, Cavaye Yeguie Djibril ?…Ces longs couteaux du système

entre autre, peuvent-ils à juste titre lancer la pierre à Marafa sur le plan de la gouvernance

publique ? Permettez-moi d’en douter ! Mark Twain à écrit « l'homme est le plus cruel de tous

les animaux, il est le seul capable d'infliger une douleur à ses congénères sans autres motif que

le plaisir » et Le philosophe Khalil Gibran ajoute « si vous portez le signe du diable, soyez

assez grand pour ne pas évoquer celui de l’autre »

Marafa Hamidou Yaya ne me connais pas, j’aurai pourtant pu être de ces jeunes tombés sous

les balles réelles du régime en février 2008, parce qu’ils ont posés des revendications légitimes

à travers le droit de manifester ! Et quand à une réception au domicile d’un diplomate, Marafa

dit dans une conversation informelle où se retrouvaient l’ambassadeur des USA, celui de

Libye, celui de France, (Laurent Esso était à trois mètre du groupe, figé et froid comme

d’habitude) Marafa s’interroge : « Je me demande toujours pourquoi nos forces de l’ordre

ont ouvert le feu sur ces enfants…il faudra un jour établir la responsabilité de cet ordre ! »

quand il fait cette observation, il est loin d’imaginer qu’il a marqué un point sur l’échiquier de

mon estime ! Contrairement aux autres, il est resté humain, sensible aux valeurs de

l’humanité. Il n’est pas de notre génération, mais il sait nous comprendre !

Face aux révélations qui l’éclabousse, le régime apporte une réponse déjà respectable à travers

Fame Ndongo, ensuite minable à travers la presse où on affiche à la une que Marafa est

homosexuel ! Cette riposte minable visait à emmener les jeunes à haïr Marafa, parce qu’on sait

que la jeunesse Camerounaise (à travers le rassemblement de la jeunesse Camerounaise) s’est

toujours mobilisée contre ce fléau. Marafa n’est pas Homosexuel ! Mais c’est de bonne guerre,

c’est la politique !

La lutte contre la corruption, nous la soutenons à fond, mais une fois que s’y mêle les

règlements de compte politique, nous nous-en désolidarisons ; Pas en notre nom ! Pas au

nom de la jeunesse ! Not in our name !

Alors, Marafa Hamidou Yaya intéressant ? Incontestablement ! «Dangereux»

éventuellement ! Utile au Cameroun, certainement !

3

L’Opération épervier n’est plus une opération

purement technique de lutte contre la corruption

et la prévarication, mais une opération politique

anthropophagique

Stéphane Akoa Politologue

Chercheur à la fondation Paul Ango Ella. (Sur la RTS)

4

Moi, Sismondi barlev Bidjocka : Je suis jeune (34 ans en 2012),

Je suis un esprit libre et indépendant,

Et je compte le rester.

Ce que je dis, je le pense !

Je ne dois rien à Marafa, ni à Paul Biya !

Je ne suis ni corrompu, ni assassin !

Je suis un esprit libre, et je compte le rester

La jeunesse a le droit de savoir, et pour elle, je fais cette

compilation !

Sismondi Barlev Bidjocka

Porte-parole de la jeunesse Camerounaise

5

Président Paul Biya :

Le devoir que tu as prescrit à tes serviteurs d'exalter à

l'infini ta gloire et ta majesté… ! Oh maitre, la jeunesse a

finit par accepter que c’est vous Dieu, puisque vous vous

êtes emparé de se poste vacant ! Après trente ans de

règne, vous nous avez écris trente discours, jamais de

dialogue ! Oh maitre, mais qui sommes-nous pour

réclamer un dialogue direct avec toi ! Toi si grand, si

puissant, toi à l’image de Staline, de Brejnev, De

Gaule…de…de Jésus ! Oh maitre, l’insignifiante

jeunesse camerounaise, écervelée, consommatrice du

prêt à penser, se prosterne à tes pieds, soit éternel !

Merci quant même de nous avoir donné la liberté de

parler librement, d’aboyer ! (là je suis sincère)

Ce qui va plus loin que tes œuvres, ne t’atteint pas…tu as

droit de vit ou de mort sur tes sujets…

En toute sincérité, Ce que pense la jeunesse : OUI ! À la lutte

contre la corruption et les détournements de fonds, mais

NON ! Aux règlements de compte politique. Ceci est une

contribution de veille historique, qui échappe à l’évanescence

et intègre l’impératif de mémoire.

Sismondi Barlev Bidjocka

Porte-parole de la jeunesse Camerounaise

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SISMONDI BARLEV BIDJOCKA

MARAFA HAMIDOU YAYA : L’AUTOMNE DE LA COLÈRE

Les trois versets politiques Comment dissocier la lutte contre la corruption et les détournements, les

règlements de compte politique et l’arène de la succession ?

TEL 77 85 89 19

[email protected]

LES ÉDITIONS PRESSE FORCE ONE

7

L’opération épervier est une opération

d’assainissement des mœurs à travers la lutte

contre la corruption. Lancée en 2006, par le chef

de l’état Paul Biya sous la pression des bailleurs

de fonds dans un contexte de crise, elle est

accueillie avec enthousiasme par la population.

Une population qui réclame alors du sang pour

compenser et expier ses souffrances. Les

premières arrestations de personnalités publiques

accusées d’atteinte à la fortune publique sont

applaudies par l’ensemble de l’opinion nationale,

qui se met alors à rêver des lendemains

meilleurs, non pas parce que les habitudes auront

changées, mais parce que le peuple croit que les

fonds estimés à plusieurs centaines de milliards

retourneront dans les caisses de l’état. On est

alors dans un contexte de crise, et le seul

programme économique du Cameroun se résume

à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative

PPTE (Pays pauvre très endettés). C’est dans ce

contexte de crise, alors que les camerounais

CHAPITRE 1

CRÉPUSCULE

8

saignent pour cette objectif, que Paul Biya,

président de la république, décide de s’offrir un

avion présidentiel ; c’est cette opération foireuse

qui entraine la série de règlement de compte que

nous vivons sous le couvert de la lutte contre la

corruption ! Jacques Verges le célèbre avocat en

a profité pour s’offrir quelques milliards (il

s’était présenté à Paul Biya pour, disait-il aider à

rapatrier les fonds détournés et placés en Europe

par les prévaricateurs)

Plusieurs années plus tard, les arrestations se

poursuivent dans un contexte où Paul Biya à

travers une modification en 2008 de la

constitution et sa réélection en 2011, manifeste

de plus en plus le besoin de s’éterniser au

pouvoir, de mourir au pouvoir.

L’un des tournants important dans l’opération

épervier, s’effectue en 2008, avec les arrestations

de l’ancien Ministre des finances Polycarpe

Abah Abah, et de l’ancien Ministre de la santé

Urbain Olanguena Awono ; en effet, chose rare,

jamais vu, les cameras de la télévision d’état

vont filmer ces hommes couchés dans les

9

cellules de la direction de la police judiciaire de

Yaoundé, et diffusés au 20H.

L’opinion versatile commence alors à

s’interroger sur les motivations réelles de

l’opération épervier, et ce d’autant que la presse

locale classait ces hommes dans le « G11 »

(entendez Génération 2011, une nébuleuse de

jeune cadre du RDPC jamais déclarée, aspirant à

la succession de Paul Biya en 2011).

Entre temps, aucun franc n’est récupéré, alors

que les condamnations s’enchainent. Las,

fatigué, le peuple retourne sa veste, et désormais,

Paul Biya est prit pour cible, lui qui n’a jamais

signé le décret d’application de l’article 66 de la

constitution sur la déclaration des biens, rendant

carrément inefficace toute lutte efficace contre

la corruption et les détournements des fonds

publics.

L’arrestation de l’ancien Ministre d’état Marafa,

le même jour que l’ancien premier Ministre Inoni

Ephraim en avril 2012, va cristalliser les

jugements, figé les opinions, et inverser les

champs d’intérêts: Les lettres de Marafa écrites

10

depuis sa cellule de prison enflamment un pays

de plus en plus au bord de l’implosion politico

tribale dans une guerre de succession où le

maître du jeu veut tout contrôler jusqu’à la

tombe. Jusque là, aucune arrestation n’avait

suscitée autant de débat, charriée les haines, et

installer la peur ! Le Cameroun retient son

souffle, et le transfèrement de Marafa Hamidou

Yaya dans une prison Militaire (SED) en Mai

2012, témoigne de la frilosité d’un régime fragile

agonisant dans les ombres de son crépuscule. Le

spectre de Marafa hante le pouvoir de Yaoundé

et concentre l’actualité sur cette focale.

Le Cameroun est un bateau qui menace alors de

couler. Le commandant de bord, Paul Biya et son

régime, enclin à la luxure et méprisant le peuple

(il n’a pas parlé à la presse locale une seule fois

en trente ans de pouvoir), abhorrant la jeunesse,

snobant les vagissements de la société, est décidé

à couler avec son navire ! Le Cameroun attend

pour ainsi dire, sa nuit de cristal, au terme de

laquelle, la démocratie encore balbutiante sera

enterrée, et les successeurs choisiront au couteau

celui qui restera.

11

Dans son livre intitulé « Politiques », Aristote

nous apprend qu’ « un bon gouvernant est celui

qui sait aussi être commandé » Pourtant,

l’extrême mégalomanie du régime Biya (le poste

de Dieu était vacant, il s’en est emparé) au bout

de trente ans, a contribué à le déifié, prenant le

peuple en otage à travers une terreur permanente,

ramenant l’instance de ce peuple à « louer la

paix », dans une lente violence cathartique à

travers une doctrine médiatique à la Goebbels, où

ladite « Paix » régnait dans la guerre.

Réverbérations des ambitions légitimes

longtemps étouffées par la crainte du prince, les

excroissances de l’Opération épervier sont une

menace pour le Cameroun.

Le mercredi 18 avril 2012, le Journaliste Haman

Mana propose un texte éditorial intitulé « Du

pain, pas du sang ! », caractéristique de cet

environnement. L’éditorial va faire le tour du

pays ; Il écrit :

« Paul Biya n’est jamais allé aussi loin dans la

célébration punitive des ses anciens collaborateurs. Dans

l’histoire politique des Etats modernes, il n’y a que le

12

stalinisme qui a fait pire dans la mise en disgrâce et la

purge de ses anciens dignitaires... En décidant

l’emprisonnement brutal de son ancien Premier ministre,

Inoni Ephraïm, et de son ancien ministre de

l’Administration Territoriale et de la Décentralisation,

Marafa Hamidou Yaya, le monarque de Mvomeka’a vient

de sceller,

Dans le ciment du cynisme et du reniement de soi, la

disqualification historique et définitive dont on hésitait

encore à accabler le biyaïsme après 30 ans

d’approximations, d’errances idéologiques, de

tricheries électorales et de règne de l’indigence

axiologique. Le Renouveau national voudrait alors se

dérober à la redoutable efficacité de l’Histoire, qui le

jugera de manière impitoyable, pour tenter de se

reconstruire une légitimité longtemps perdue sur les

débris des arrestations spectaculaires de ses propres

dignitaires d’hier au milieu d’un concert de

récriminations et de doute. Car le peuple qui voulait du

sang hier demande, désormais, plus simplement du pain.

On a pris la véritable mesure du redondant et mauvais

gymkhana entre le palais de Justice et la prison de

Kondengui. Et cela n’amuse plus que les simples

d’esprit…

En choisissant l’arme de la machine politico-judiciaire

pour broyer de très hautes personnalités de la

République dont pas moins de trois secrétaires généraux

de la présidence de la République et désormais un ancien

Premier ministre, le président Paul Biya fait le

réquisitoire de son propre règne. Comment-a-t-il pu se

13

tromper autant dans le choix de tous ces proches

collaborateurs qui font aujourd’hui l’objet de poursuites

judiciaires et d’incarcérations ? Comment de hauts

commis de l’Etat, jadis auréolés de tous les pouvoirs et

de tous les honneurs, ont-ils fait pour en arriver à une

telle déchéance politico-morale ? Craints et respectés

hier, ils sont désormais traités comme de misérables

voleurs de poules, de vulgaires bandits qui nous

rappellent les risibles équipées des Dalton dans notre

littérature de jeunesse.

Tant de ministres, de directeurs généraux, de secrétaires

généraux et autres responsables du Cameroun en prison

ne peuvent dédouaner Paul Biya d’avoir, lui- même

constitué une classe politico-administrative si infertile en

idées, si pauvre en patriotisme et surtout si peu

respectueuse de la fortune publique.

Que l’opération Epervier soit aujourd’hui une opération

de lutte contre la corruption et les détournements de

deniers publics ou, alors, une vaste entreprise

d’élimination politique de valeureux prétendants à la

magistrature suprême, le dénominateur commun reste la

déliquescence d’un régime pris dans ses propres

contradictions et qui se refuse à assumer la purulence de

ses plaies et tente se réfugier derrière un violent

cannibalisme où il est contraint de se nourrir du sang de

ses propres enfants dans ses derniers spasmes convulsifs.

Si donc l’opération Epervier nous fait la grâce de ne

perdre de temps demain pour juger un régime qui le fait

déjà lui-même, il restera toujours pour nous comme le

miroir symbolique de l’homme Paul Biya, lancé dans une

14

entreprise désespérée de reconquête de sens. La voracité

frénétique avec laquelle sa redoutable machine

répressive politico-juridique disloque, désarticule et

déconstruit les destins et les corps de ces hommes et de

ces femmes vient dire à suffisance la faillite d’un

système qui ne survit plus que dans la délectation

éphémère que lui offrent les humiliations de ceux qu’il

adoubait encore hier ; l’Etat cannibale se repaît sous la

férule de son prophète pris dans le tourbillon de la fin

mais broyant ses victimes dans une giclée de sang pour

apaiser sa déception et fuir la sentence qui l’attend lui –

même. Voilà un maitre qui balance tous ses élèves sans

la moindre émotion, ni le moindre ressenti. Sans ciller ni

vaciller…

Après avoir constitué une classe dirigeante et une

génération d’hommes et de femmes insensibles au

terrible destin de leurs concitoyens, l’homme du 06

novembre 1982 voudrait s’en débarrasser pour

constituer à lui seul le commencement et la fin de son

régime qu’il rêve propre et irréprochable. Comme s’il fut

le seul innocent au milieu de 19 millions de coupables…

Les mauvais films du cinéma de Hong-Kong de notre

jeunesse nous montraient bien qu’après la chute des

phalanges, puis du bras droit de la triade, finissait tout

de même par tomber, celui que nous appelions le « chef

bandit ».

15

Qui est Marafa ?

Né vers 1952, Marafa Hamidou Yaya est un

homme politique camerounais, ancien ministre

d'État chargé de l'administration territoriale et de

la décentralisation et ancien secrétaire général de

la présidence de la république, candidat non

déclaré (avant son arrestation) à la succession de

Paul Biya (avec des fortes chances de succès

sous réserve qu’il nous prouve qu’il n’a pas

détourné l’argent de l’albatros, chose qu’il

n’avait pas encore fait au bout de deux lettres

depuis sa cellule de prison). La jeunesse attendait

toujours, et ceci est une partie de l’histoire que

nous écrivons.

C’est un homme dont la personnalité force le

respect, et la jeunesse attend toujours qu’il

démontre qu’il n’a rien à voir avec ce qui

l’amène officiellement en prison.

Du haut de ses soixante ans, il reste

charismatique et assez élégant dans sa mise.

CHAPITRE 2

LE PORTRAIT

16

Issu de l'aristocratie peule de Garoua dans le

nord du pays, ingénieur diplômé en pétrochimie

de l'Université du Kansas (États-Unis), il dirige

de 1981 à 1990 le département de l'exploitation-

production de la Société Nationale des

Hydrocarbures (SNH).

Marafa Hamidou Yaya risque fortement d'être

inquiété dans l'opération épervier au Cameroun,

peut-on lire sur internet ; En effet, de

nombreuses personnes estiment qu'il est

susceptible d'être le prochain sur la liste

notamment à cause de malversations financières

supposées dans l'affaire qui a déjà conduit Yves

Michel Fotso ancien Directeur Général de la

CAMAIR en prison.

Toujours dans le cadre de cette affaire, le juge

d'instruction du Tgi du Mfoundi a interrogé

l'ancien ministre des finances Meva'a m'eboutou

qui accable Marafa Hamidou Yaya qui était à

l'époque secrétaire générale de la présidence de

la république. Meva'a m'eboutou a affirmé au

juge que le secrétaire général l’a informé de la

décision d’acquérir un avion présidentiel et qu’il

17

fallait trouver 24 milliards Fcfa dans les 72h.

C’est alors qu’il a instruit l’administrateur

directeur général de la SNH de payer ladite

somme. Instruction qui a été respectée, confie

l’ancien ministre des Finances. L’ancien ministre

d’État camerounais chargé de l’Administration

territoriale Marafa Hamidou Yaya est présenté à

un juge d’instruction le 16 avril 2012, puis mis

en détention préventive à Kondengui la prison

centrale de Yaoundé.

Des sources médias nous enseignent que

L’homme que le procureur de la République

vient de mettre sous mandat de dépôt à la prison

centrale de Kondengui est un ingénieur

pétrochimiste formé en France et aux Etats-Unis.

Né il y a une soixantaine d’années dans la région

du Nord, les observateurs avertis situent son

entrée dans le sérail politique du Renouveau

justement après le triste épisode d’avril 1984, au

cours de laquelle il a frôlé de très peu la mort.

Rescapé de dernière minute, il frappe à l’œil de

Paul Biya qui a besoin de rassurer l’élite du

Septentrion, écrit la presse ; après le divorce

d’avec son prédécesseur Ahmadou Ahidjo.

18

Marafa Hamidou Yaya est alors appelé à la

présidence de la République où il va occuper les

fonctions de conseiller technique avant d’être

nommé secrétaire d’Etat aux finances, au début

des années 90.

Lorsqu’il quitte le gouvernement en 1992, le

président le Biya le rappelle aussitôt après à ses

cotés pour être son conseiller spécial. Un poste

qu’il va occuper pendant un temps. En fait, le

retour au multipartisme n’aura pas été favorable

à Paul Biya dans le Septentrion. Malgré la

nomination d’un fils de cette région comme

Premier ministre en la personne de Sadou

Hayatou, le Rdpc, le parti de Paul Biya va perdre

les élections en faveur de l’Undp de Bello Bouba

Maïgari. La presse cybernétique ajoute que Paul

Biya a donc besoin des hommes dynamiques

pour se reconquérir le septentrion en général, et

le Nord en particulier. C’est ainsi qu’il va

s’appuyer entre autres sur Marafa Hamidou

Yaya. Ce denier va accroître son influence au

sein du sérail. Pendant les élections législatives

mars 1997, il fait reculer l’influence de l’Undp

dans le Nord. Et à l’issue de l’élection

19

présidentielle de la même année boycottée entre

autres par Bello Bouba, il devient l’homme de

Paul Biya dans la région du Nord.

C’est donc tout naturellement qu’il devient

secrétaire général de la présidence de la

République en 1999. C’est pendant qu’il

occupait ce poste qu’il lui est donné de gérer le

dossier de l’achat d’un avion présidentiel en

2001, dossier qui le conduit aujourd’hui dans les

liens de la détention. Entre temps Marafa devenu

ministre d’Etat ministre de l’Administration

territoriale et de la décentralisation aura sauvé les

élections législatives de 2002 et conduit le

processus de mise en œuvre de la

décentralisation. Connu pour son élégance

physique au point où certains au sein du sérail

l’appelaient le «sémillant ministre d’Etat»,

Marafa Hamidou Yaya faisait partie, du fait de

ses solides entrées supposées du côté de l’Elysée

en France, des hommes qu’on l’on qualifiait à

tort ou à raison, comme étant des hommes du

futur et de l’après Biya. Son incarcération vient

ainsi bloquer momentanément cette expansion

politique qui doit faire certainement réfléchir

20

tous ceux qui auprès de Paul Biya (aujourd’hui

âgé de près de 80 ans) se font distinguer par leur

compétence, leur dynamisme et leur activisme

politique.

« il fait l’essentiel de ses études au Cameroun. Du

primaire au secondaire, il n’abandonne pas sa ville

natale jusqu’à l’obtention du baccalauréat série D en

1973 au lycée de la même ville. Il poursuit ses études

académiques à la faculté des sciences de l’université de

Yaoundé de 1973 à 1976 où il décroche une licence en

géologie. A la suite d’un concours, Marafa va aux Etats-

unis où il fait de brillantes études à l’université du

Kansas encore appelé Ku. En 1980, il décroche un

diplôme en ingénierie pétrochimique.

De retour au bercail la même année, l’homme au

charisme avéré se trouve une place au soleil. Sa carrière

au bled débute par El-Serepca à Douala de mai à

septembre1980. Il ne fera pas long feu car ambitieux, il

pose ses valises à la Société nationale des hydrocarbures

(Snh) où il tient les rênes du département exploitation-

production pendant presque une décennie. Alors qu’on

ne lui prédisait guère des élans de politique, il fait une

ascension fulgurante dans les alcanes du pouvoir. Après

le département exploitation-production, dans la même

structure il devient conseiller technique en charge des

relations avec le Fonds monétaire international et la

21

Banque mondial. Commence ainsi une longue et

fructueuse carrière au cœur de la haute sphère politico-

administrative avec selon des indiscrétions, le

parrainage du philosophe Ebenezer Njoh Mouelle.

Secrétaire d’Etat n°2 au ministère des finances du 27

novembre 1992 à juillet 1994. Conseiller spécial du

président de la République entre juillet 1994 au 08

décembre 1997 puis secrétaire général de la présidence

de la République du 08 décembre 1997 au 27 avril 2001,

il quitte ce poste à la suite de la « magie » du décret

présidentiel pour rejoindre le ministère de

l’Administration territoriale et la décentralisation

(Minadt) en qualité de ministre d’Etat où d’aucun lui

donne le statut de « pion stratégique » de l’homme-lion.

Il joue plusieurs rôles prépondérants dans les différentes

phases électorales qu’a connu le Cameroun pendant son

séjour dans ce département ministériel. Qu’il s’agisse de

l’Observatoire national des élections (Onel) ou de

Elections Cameroon (Elecam), pour les camerounais, le

fils de Bibémi a toujours été pesé de tout son poids pour

mener à terme les échéances électorales au profit du

Paul Biya. Membre du comité central du Rassemblement

démocratique du peuple Cameroun (Rdpc), puis quelques

années plus tard, membre du bureau politique, Marafa a

de quoi faire peur estiment certains observateurs. C’est

finalement, le 9 décembre dernier qu’il s’est vu

décharger des ses fonctions ministérielles, lui ouvrant

22

ainsi les portes d’une sortie presque inattendue du

gouvernement. » (Agnes Tailé)

Et pour être plus complet avec se portrait, voici ce que

nous avons trouvé dans le journal LE JOUR … « Un

mois après son éviction du gouvernement, le 09

décembre 2011, Marafa Hamidou Yaya, l'ex-ministre

d'Etat, ministre de l'Administration territoriale et de la

Décentralisation, reçoit une bruyante visite à sa résidence

du quartier du Lac à Yaoundé. Un officier de police est

venu démonter le piquet de garde auquel il a encore droit.

L'officier de police ne se contente pas d'ordonner aux

hommes de garde de lever le pied. Il fait un tel raffut que

le maitre des lieux sort de derrière les rideaux de la

maison, pour s'enquérir de ce qui se passe. Interrogé, le

policier se montre insolent. Il a reçu des ordres : le

ministre d'État n'a plus droit à une garde. Ce dernier

reconnaît en ce fonctionnaire impudent l’un de ses

anciens protégés. Selon nos sources, Marafa Hamidou

Yaya apostrophe le policier : « C'est vous, un médiocre

que j'ai mis à la police pour rendre service à son père, qui

venez faire un boucan chez moi? »

La suite sera un vif échange entre les deux hommes, au

cours duquel l'homme d'État réussit à tirer les vers du nez

du jeune policier. Les dirigeants de la police ont plus tard

nié avoir commandé cette « mission ». Pour le sensitif

Marafa Hamidou Yaya, l'intrusion du policier dans son

domicile est signée. Ce jeune fonctionnaire que le

ministre a reconnu est le fils d'un officier supérieur de la

Direction de la sécurité présidentielle (Dsp). L'homme

politique sent passer le boulet et pare au plus pressé. Le

23

temps se gâte et il sait ce qu'il lui reste à faire quand ses

ennemis se rapprochent de si près. Il décide de prendre de

vitesse ceux qui veulent l'acculer à la prison et à l'oubli. Il

hâte les préparatifs d'un voyage qu'il se gardait de faire

dans son fief depuis sa sortie du gouvernement. Moins

d'une semaine après l'algarade, son avion atterrit à

Maroua. De nombreux chefs traditionnels et des

notabilités de la ville l'accueillent, une fois le tarmac

franchi. Un cortège de plusieurs dizaines de voitures,

dans les quelles se sont entassées des centaines de

supporters, l'accompagne à Garoua où il se rend en

voiture.

Le prince de Garoua

Dès les aurores, une foule immense de militants du Rdpc,

accourus des moindres recoins de la région, l'attend aux

portes de la ville. Ils jalonnent la route qui mène à la

résidence de Marafa Hamidou Yaya, au quartier

Marouaré, en périphérie de la ville. Parmi eux, des

notables de la ville dont, le délégué du gouvernement, en

personne. De nombreux visiteurs descendus de leurs

voitures immatriculés du « CA » officiel sont présents.

Les organisateurs font faire un détour au cortège de

plusieurs centaines de voitures auxquelles se sont

agrégées des motos, elles aussi par centaines. Sur son

passage la foule scande « Marafa président! ».

Il vient d'adresser à ses adversaires un message

subliminal, clairement décrypté par ses contempteurs. «

Le grand Nord n'est pas derrière lui ; Marafa est un

épiphénomène, un homme aux abois, un fauteur de

24

troubles, Garoua, ne l'aime pas tant et, du reste, ne l'a

jamais véritablement aimé », laissent-ils filtrer à travers

la presse.

Marafa Hamidou Yaya vient de marquer un coup

politique et c'est à Garoua qu'il l'a réussi. Garoua, cette

ville qui l'aime tant et qui, à tout le moins dans sa

noblesse, l'a toujours rejeté. Le rapport du ministre d'Etat

à cette ville appartient à l'histoire de la capitale de la

région du Nord.

Marafa Hamidou Yaya est par sa mère, l'arrière petit-fils

de Bouba Dewa, lamido de Garoua entre 1901 et 1921, à

qui le scribe Hayatou a succédé par une pantalonnade.

Le père de l'ancien ministre, Yaya Bedewo, est un

commerçant arrivé de Bedewo, un petit village situé à

proximité de l'arrondissement de Bibemi, à 60 Km de

Garoua. Il s'est installé à Garoua à la fin des années

1940.Il a épousé une petite fille de Bouba Dewa. Marafa

Hamidou Yaya va naître de cette union en 1952. La petite

famille est installée au « camp carreau », quartier situé à

la lisière de Foulbéré, le siège du lamidat.

Le jeune Marafa commence sa scolarité à l'école

principale de Garoua, puis à l'école franco-arabe. Il la

poursuit au lycée classique et moderne de Garoua, avant

de s'envoler vers la faculté des sciences de l'université du

Cameroun à Yaoundé, où il obtient une licence en

géologie. Après un concours lancé par l'African

American institute (AAI), il fait partie des étudiants qui

obtiennent une bourse d'étude pour les Etats Unis

d'Amérique. Il y obtient un Master's of science in

25

petroleum Engineering en 1980 a l'université du Kansas.

Dans cette même université, il se voit confier un poste

d'assistant de recherche, de 1978 à 1980, année de son

retour au Cameroun. Rentré au bercail, le jeune homme

ne s'éloigne pas des amphithéâtres. Il se fait recruter

comme enseignant vacataire à l'université de Yaoundé.

Mais à côté de cette vie d'universitaire, Marafa Hamidou

Yaya embrasse la carrière d'ingénieur pour laquelle il a

été formé. Il est recruté comme ingénieur réservoir en

mai 1980 à Elf Serepca, puis à la Société nationale des

hydrocarbures (Snh). En juin 1981, il devient le chef du

département exploration/production à la Snh. Commence

alors une carrière fulgurante dans l'entreprise. Il sera le

représentant du Cameroun au comité technique chargé de

réaliser l'étude de faisabilité d'une suite d'usines de

liquéfaction en vue de la mise en valeur du gaz naturel

camerounais. Marafa Hamidou Yaya connaît les affaires

de pétrole, mais il aime avant tout la politique.

L'égérie des Hayatou

Sa course derrière le cortège présidentiel le 06

novembre 1982, comme il l'a écrit, montre un peu le

caractère du jeune homme qui, en 1984, va goûter une

première fois aux affres de la détention. C'était lors de

putsch du 06 avril. Il y avait comme une purge des élites

originaires du grand nord ; il va être en tant que tel

brièvement interpellé. A sa sortie de prison, il poursuit sa

vie normale, qui est faite de son travail à la Snh et des

visites de courtoisie qu'il fait à ses amis, essentiellement

des ressortissants de Garoua comme lui. Il fréquente

26

surtout le petit cercle de joueurs de « Koss », un jeu de

carte très prisé à Garoua. Il s'intègre facilement à la

trentaine de jeunes qui se réunit les après-midi chez

Sanda, un vendeur de cigarettes qui tenait une petite

échoppe au-lieu dit Bicic Messa, près de la caserne des

sapeurs-pompiers du marché Mokolo à Yaoundé.

Tous les après midi après le travail, étudiants,

fonctionnaires, commerçants, et même des chômeurs se

retrouvent pour taper le carton, échanger des nouvelles de

Garoua. On débat de l'actualité, parfois jusque tard le

soir. Marafa se distingue par une rare intelligence pour

tout ce qui concerne la politique. Les habitués de chez

Sanda se fréquentent aussi assidument, ils s'assistent lors

des évènements heureux comme dans le malheur. Un des

piliers de cette joyeuse assemblée est le commissaire

Dairou Hayatou. Marafa Hamidou Yaya et lui se sont

rencontrés dès l'école et se sont retrouvés à Yaoundé. Les

deux hommes sont amis. Naturellement, le commissaire

présente son ami à son frère aîné, Sadou Hayatou, alors

ministre des Finances.

Le courant passe très vite entre l'homme d'Etat, pourtant

réputé distant et froid, et le jeune cadre de la Snh. Ils ont

un feeling. Sadou Hayatou prend l'ami de son jeune frère

sous son aile. Il aime ses qualités d'organisateur et de

rassembleur, surtout pour ce qui concerne les questions

politiques. Il a besoin de l'important carnet d'adresses du

joueur de cartes. Contrairement à son mentor parti dès

ses 18 ans poursuivre ses études en France, Marafa

Hamidou Yaya connaît tous les jeunes cadres originaires

27

de Garoua par le nom. Il les a connus sur les bancs du

lycée et, plus tard, à l'université.

Sadou Hayatou en fait son émissaire auprès de ces jeunes

et l'introduit dans les sphères du pouvoir. En 1990,

Marafa Hamidou Yaya est promu conseiller technique à

la présidence. En 1992, il est chargé de mission du Rdpc

pour la province du Nord, pour les élections législatives.

Son mentor l'avait en effet déjà introduit au comité

central du parti. Mais le parti de la flamme perd

lamentablement sur l'ensemble des trois provinces

septentrionales. C'est la bérézina pour le Premier

ministre. L'homme de la conférence tripartite qui avait

une stature d'homme d'Etat, n'a pas de base électorale.

Les hiérarques du Rdpc décident de lui faire la peau.

Pour sacquer un prince, on en choisit un autre.

En juillet 1992, Marafa Hamidou Yaya est fait membre

du comité central du Rdpc, puis passe rapidement

membre du bureau politique, où il remplace Sadou

Hayatou. Il est le président du comité Rdpc pour la

province du Nord, dans le cadre des élections

présidentielles du 11 octobre 1992. Le 27 novembre

1992, il fait ses premiers pas dans le gouvernement, où il

est nommé secrétaire d'Etat aux Finances. Le 21 juillet

1994, il retourne à la présidence au poste de conseiller

spécial. Le 07 décembre 1997, c'est la consécration.

Marafa Hamidou Yaya est nommé secrétaire général à la

présidence de la République. Le 24 août, cette fonction

s'auréole du titre de ministre d'Etat et il y est maintenu.

28

Marafa Hamidou Yaya va atteindre une stature

exceptionnelle dans l'histoire du Cameroun le 15 juin

2002. A la suite de l’échec des élections couplées

législatives - municipales, reportées parce que le matériel

n’était pas prêt, il est nommé ministre de l'Administration

territoriale, cumulativement avec ses fonctions de

secrétaire général de la présidence de la République.

Mais avant de remplacer Ferdinand Koungou Edima à la

fonction de Minat, le Sg/Pr l'a, disent les mauvaises

langues, « exploité ». C'était en 2000, lors de la

succession du lamido de Garoua, Ibrahim Abbo, décédé.

Bousculant une tradition qui veut que la succession soit

héréditaire, Marafa Hamidou Yaya exhume une loi mal

ficelée qui date du temps du président Amadou Ahidjo.

La loi règlemente la chefferie traditionnelle. Ce dernier

avait en effet accepté de promulguer cette loi, en se

gardant éventuellement de la moduler selon le contexte.

Le Sg/Pr veut qu'il y ait des élections. Il convainc Yerima

Iya Garo, son grand oncle maternel, de se porter

candidat. Le verdict des 12 notables qui constituent le

collège électoral est sans appel : 11 voix contre une en

faveur de Alim Hayatou. Son candidat a perdu, mais

Marafa Hamidou Yaya a du mal à se résigner. De ses

positions à la fois dans le Rdpc et dans le gouvernement,

il aurait monté des chefs de 2ème degré contre le

nouveau lamido.

Faiseur de rois

Alim Hayatou en destitue certains. Moussa Fodoué, chef

de Marouaré, un proche du Sg/ Pr, porte la fronde. Lors

29

d'une fête religieuse, il défie le protocole. En effet, selon

la tradition musulmane, le lamido est l'imam qui dirige la

prière. Il délègue juste la conduite de la prière à une

personne de son choix, il est donc le dernier à arriver.

Mais ce jour-là, Moussa Fodoué, revêtu d'atours de

lamido, à la tête d'une importante suite, s'arrange pour

arriver après le lamido. C'est l'échauffourée.

L’ambition de Marafa de constituer un « maillage »

administratif de la République est favorisée par la

publication de la liste des recrues à la police en 1998.

Depuis 1988, aucun recrutement ne s'était fait dans ce

corps tentaculaire, en raison du plan d'ajustement

structurel imposé par les bailleurs de fonds

internationaux. Le pays venait de traverser les années de

braise, du fait d'un retour houleux au multipartisme. Un

concours d'entrée à la police a été organisé en 1996, des

milliers de jeunes se sont rués pour le passer. Les

résultats, pour des raisons obscures, n'ont été proclamés

que deux ans plus tard et c'est le Sg/Pr qui, pour la

première fois, les a signés.

Candidat à la présidentielle

Marafa Hamidou Yaya a écrit dernièrement qu'il avait dit

au Chef de l'Etat que déposer sa candidature en 2011 ne

serait pas une bonne idée. A en croire des sources bien

introduites dans le Rdpc, l'ex-Sg/Pr ne s'est pas contenté

de prodiguer ce conseil et d'attendre. Il aurait contacté

des soutiens afin de présenter sa propre candidature.

D’après nos services, il a ainsi convaincu l'ambassadeur

d'une puissance étrangère qu'il avait le soutien de l'élite

30

politique du grand Nord. Il a organisé, à l'intention du

diplomate, une réunion au début de l'année 2010, où ceux

qui comptent en politique dans les trois régions

septentrionales ont été conviés. Beaucoup ne sont pas

venus. Ceux de l'Extrême-Nord se sont carrément

opposés à ce qu'un président de la République provienne

encore de la région du Nord, arguant que sous Amadou

Ahidjo ils ont été asservis et qu'ils n'ont connu un peu de

dignité et de respect que sous la présidence de Paul Biya.

Les soutiens étrangers de Marafa Hamidou Yaya ne se

seraient pas pour autant découragés. Ils lui ont concocté

un plan de bataille. Marafa Hamidou Yaya devait, lors

d'un incontournable congrès du Rdpc, déposer sa

candidature à la présidence nationale du parti en se

servant de sa popularité dans le grand Nord,

surreprésenté dans les instances du parti et d'autres

soutiens qu'il prétendait avoir. L'opération aurait pu

réussir, mais il y a eu une fuite. Paul Biya, mis au

parfum, a usé d'une ruse vieille comme la terre. Il a

attendu l'ultime moment du délai prévu par la loi pour le

dépôt des candidatures pour convoquer le congrès du

parti. Le camp de Marafa Hamidou Yaya s'était déjà

démobilisé, croyant qu'il n'y aurait pas de congrès.

Ils avaient toutefois un plan de rechange : Trouver un

parti bien implanté sur l'ensemble du territoire qui a une

idéologie voisine de celle du Rdpc et où Marafa

Hamidou Yaya pourrait avoir des sympathies. Un seul

parti correspond à ce profil : l’Undp. Des négociations

sont entreprises. Elles vont bon train. Une fois encore, la

nouvelle transpire. Une mise en scène spectaculaire est

31

organisée lors du dernier congrès. A la surprise des

délégués présents, le président du parti, Bello Bouba

Maigari, interrompt les travaux, sort de la salle et revient

accompagné du secrétaire général du Rdpc et de son

adjoint, qui prennent part aux débats. Ultime échec de la

« candidature » Marafa Hamidou Yaya. Le grand public

devra finalement attendre sa deuxième lettre ouverte à

Paul Biya, depuis le cachot de Kondengui, pour

véritablement découvrir les ambitions présidentielles de

cet autre ex-Sg/Pr qui a pris le chemin de la prison »

32

Alors que l’opération de lutte contre la corruption et les

détournements de fonds prend une tournure polysémique,

la jeunesse va opérer une sortie interpellatrice à travers

un plaidoyer visant l’application pure et simple de la

constitution.

PLAIDOYER DE LA JEUNESSE CAMEROUNAISE

POUR L’APPLICATION DE L’ARTICLE 66 SUR LA

DÉCLARATION DES BIENS PUBLIE EN MAI 2012

PRÉSENTATION DE L’ORGANISATION

Le Rassemblement de la jeunesse Camerounaise (RJC)

est la principale plate-forme indépendante réunissant les

jeunes du Cameroun, appartenant aux mouvements

associatif ou pas. Crée en 2006, et légalement déclarée

conformément à la loi en 2008 ; notre objectif est de

défendre les intérêts des jeunes et nous battre pour la

prise en compte de nos aspirations dans les processus de

décision, et ce plaidoyer est l’une de nos aspirations du

moment.

CHAPITRE 3

LA PAROLE DES JEUNES

33

CONTEXTE

Au Moment où l’opération de lutte contre la corruption

et les détournements de fonds public dénommé

ÉPERVIER atteint une nouvelle échelle, la jeunesse

Camerounaise comprend la controverse qui s’installe.

En effet, très applaudie au départ, l’opération est

désormais considérée par une partie importante de

l’opinion nationale et internationale, du corps

diplomatique, comme une opération d’épuration politique

destinée à préparer et à contrôler la succession à la tête de

l’état.

Pourtant la constitution est pourvue d’un instrument

fondamental de lutte contre la corruption et les

détournements, à savoir l’article 66 sur la déclaration des

biens jamais appliquée : Pourquoi ? L'article 66 de la

constitution de juin 1996 prescrit la déclaration des biens.

Mais seulement, les textes d’application de cette loi ne

sont pas publiés. Pourquoi ?

Cette question, tout le pays se la pose. Elle mobilise les

partisans du président pour défendre l’argument selon

laquelle il n’y a pas encore de dispositif destiné à

accueillir lesdites déclarations, l’opposition et la société

civile pour porter les accusations à charge selon

lesquelles les gestionnaires actuels de la fortune publique

ont tous peur de ne pouvoir justifier leur fortune.

34

Entre ces deux trois entités turgescentes, la jeunesse

Camerounaise intervient pour poser son constat, et

plaider pour l’application de la loi que nous nous sommes

tous accordé à respecter.

Pour la jeunesse Camerounaise, il n’y a pas de lutte réelle

et efficace sans l’application fondamentale d’une

déclaration de biens.

L'article 66 de la Constitution stipule notamment que le

président de la République , le Premier ministre, les

membres du gouvernement et assimilés, le président et

les membres du bureau de l'Assemblée nationale, le

président et les membres du bureau du Sénat, les députés,

les sénateurs, tout détenteur d'un mandat électif, les

secrétaires généraux des ministères et assimilés, les

directeurs des administrations centrales, les directeurs

généraux des entreprises publiques et para - publiques,

les magistrats, les personnels des administrations chargés

de l'assiette, du recouvrement et du maniement des

recettes publiques, tout gestionnaire de crédits et des

biens publics, doivent faire une déclaration de leurs biens

et avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de leur

fonction. Une loi détermine les autres catégories de

personnes assujetties aux dispositions du présent article

et en précise les modalités d'application.

35

EN 2009, LE VICE-PREMIER MINISTRE,

MINISTRE DE LA JUSTICE, AMADOU ALI

ANNONCE L’APPLICATION DE LADITE LOI

Jeudi 4 décembre 2008, le député Sdf du Wouri-Est,

Edward Kembeng, a interpellé le vice-premier ministre,

ministre de la Justice, Amadou Ali, sur la non-application

de l'article 66 de la Constitution et son impact sur la lutte

contre la corruption et les détournements des deniers

publics dans notre pays.

Il s'est notamment demandé comment on pouvait

déterminer les sommes volées par de hauts fonctionnaires

si au préalable on n'a pas une indication des biens et

avoirs de ceux-ci. Dans sa question, Edward Kembeng va

suggérer au ministre de la Justice de réfléchir à un moyen

d'amnistier ceux qui sont soupçonnés de détournement et

qui ne font pas encore l'objet de poursuite, à condition

que ceux-ci acceptent de rembourser les sommes qui leur

sont réclamées.

Dans sa réponse, Amadou Ali avait révélé aux députés

que le projet de texte portant application de cet article

sera finalisé de là à la fin du premier trimestre de l'année

2009 et les hauts fonctionnaires de la République

devaient se soumettent immédiatement à cet article.

Les partis politiques l’ont dit, la société civile l’a

demandé en vain, le corps diplomatique accrédité à

Yaoundé a insisté dessus, la jeunesse camerounaise à

travers le rassemblement de la jeunesse ne fait que

36

prendre en son compte cette aspiration citoyenne. Il est

nécessaire, urgent, fondamental voire vital d’appliquer

cet élément de la constitution afin de donner de la

crédibilité à l’opération de lutte contre la corruption

auquel la jeunesse souscrit complètement. Pour la

jeunesse, on doit y aller maintenant, car le Cameroun ne

s’accommode pas au rythme et la volonté de Paul Biya,

mais le contraire.

Lors du forum national sur la protection non judiciaire de

la fortune publique qui s’est tenu à Yaoundé récemment,

le Ministre chargé du Contrôle supérieur de l’Etat,

Henry Eyebe Ayissi a déclaré « En ce qui nous concerne,

l’occasion offerte par ce forum a été saisie pour

préconiser, à l’endroit desdits partenaires extérieurs, que

l’accent soit mis sur une évaluation globale et

compréhensible des progrès réalisés au fil des temps par

notre pays en matière de lutte contre la corruption, en

évitant toute focalisation excessive sur l’article 66 de la

constitution du Cameroun relatif à la déclaration des

biens et avoirs »

La jeunesse reste perplexe et étonnée par cette attitude

contradictoire, marquée par des déploiements tapageurs

pour la lutte contre les détournements et la corruption, et

la peur viscérale de l’application de la constitution.

Les recommandations du forum national sur la protection

non judiciaire de la fortune publique du 14 au 15 mars

37

2012 à Yaoundé, ne représentent rien pour la jeunesse,

tant que l’article 66 de la constitution n’est pas appliqué.

CONCLUSION

Jusqu’à ce que l’article 66 soit appliqué, Nous, jeunesse

Camerounaise, considérons donc le président et le

gouvernement de la république comme responsable du

phénomène de la corruption, qui peut facilement être

jugulé par l’application de la constitution dont il est le

garant.

Pour le Rassemblement de la Jeunesse Camerounaise

SISMONDI BARLEV BIDJOCKA

Le Porte-parole

Tél : 77 85 89 19

[email protected]

38

CHAPITRE 4

DÉCLARATION DES BIENS

Constitution du Cameroun

Art. 66.- Le Président de la République, Le Premier Ministre,

les membres du Gouvernement et assimilés, Le Président et

les membres du bureau de l’Assemblée Nationale, Le

Président et les membres du bureau du Sénat, les députés,

les sénateurs, tout détenteurs d’un mandat électif, les

Secrétaires Généraux des Ministères et assimilés, les

Directeurs des administrations centrales, les Directeurs

Généraux des entreprises publiques et para - publiques, les

Magistrats, les personnels des administrations chargés de

l’assiette, du recouvrement et du maniement des recettes

publiques, tout gestionnaire de crédits et des biens publics,

doivent faire une déclaration de leurs biens et avoirs au

début et à la fin de leur mandat ou de leur fonction.

39

LES LETTRES DE MARAFA HAMIDOU YAYA

LETTRE OUVERTE DE MARAFA HAMIDOU

YAYA A PAUL BIYA

Monsieur le président de la République, Le lundi 16 avril 2012, j’ai été convoqué par le juge

d’instruction du Tribunal de grande instance du Mfoundi

et écroué à la prison centrale de Kondengui, sans autre

forme de procès.

Vous avez certainement dû apprendre que j’ai demandé

la récusation de ce juge d’instruction qui était venu me

voir de son propre chef et qui, avec instance, m’a sollicité

pour que nous nous « arrangions » afin qu’il instruise le

dossier dans un sens qui me serait favorable ! J’ai tout

naturellement refusé sa proposition.

Je vous en avais rendu compte en son temps, pensant

que le président du Conseil supérieur de la magistrature

s’en serait ému.

Est-il besoin de vous le rappeler, monsieur le président

de la République, que c’est moi qui vous ai sollicité, par

correspondance en date du 7 mai 2008 à vous adressée,

pour être entendu par les instances judiciaires

compétentes, afin d’apporter mon témoignage et

contribuer à la manifestation de la vérité dans cette

scabreuse affaire que vous connaissez mieux que

quiconque parce que régulièrement informé de ce

CHAPITRE 5

LES VERSETS POLITIQUES DU MINISTRE D’ÉTAT

VERSET I

40

processus d’acquisition de votre avion, que vous suiviez

au jour le jour.

Vous savez bien que mon incarcération n’a rien à voir

avec cette affaire pour laquelle je ne suis coupable

d’aucun délit et surtout pas de celui que vous avez

instruit que l’on m’impute. J’espère que les débats à

venir permettront à nos compatriotes de savoir quel est le

rôle joué par tous les intervenants, et cela à tous les

niveaux. Vous savez également ce que je pense de

certaines de ces arrestations spectaculaires. Wikileaks

s’en est d’ailleurs fait largement l’écho.

Monsieur le président de la République, Le 06 novembre 1982, j’ai couru derrière votre cortège

du carrefour Warda jusqu’au rond-point de l’école de

Bastos. J’étais alors un jeune haut cadre de la Snh ; et à

ce moment-là, j’étais fier de mon pays. Par la suite j’ai

été séduit par votre discours et je me suis engagé corps et

âme derrière vous, convaincu de participer à l’édification

d’une société de paix et de justice. J’ai essayé de toutes

mes forces de travailler dans ce sens. Et vous le savez.

Nos compatriotes également l’apprendront.

Vous m’avez donné l’opportunité de servir notre pays à

un très haut niveau. Je l’ai fait avec enthousiasme,

engagement et je l’espère modestement, avec une

certaine compétence. Comme je vous l’ai dit dans le

message de vœux de nouvel an que je vous ai adressé le

30 décembre dernier, je continuerai à servir à l’endroit où

vous m’assignerez pour contribuer à faire de notre pays

un pays de paix et de Justice. Et de là où je suis, je puis

41

vous affirmer que mon enthousiasme et mon engagement

pour ces nobles causes restent intacts.

J’ai été votre proche collaborateur pendant dix-sept (17)

années sans discontinuer. D’abord comme conseiller

spécial, ensuite comme secrétaire général de la

présidence de la République et enfin comme ministre de

l’Administration territoriale et de la décentralisation

pendant près d’une décennie.

Je vous ai servi avec loyauté, sincérité et sans préjugé.

Comme vous le savez bien, pendant toutes ces années,

j’ai toujours refusé d’être un courtisan. (A titre

d’exemple, j’ai constamment refusé de m’associer aux

folklores des différentes éditions de « l’Appel du peuple

»). J’ai toujours préféré garder une liberté qui me

permettait de vous donner, en toute indépendance

d’esprit, des avis vous permettant de gérer les affaires de

l’État dans le plus grand intérêt de notre pays.

Ce n’était pas une position facile à assumer pour moi,

dans un environnement et un contexte qui sont les nôtres,

car je n’étais pas un de vos proches de longue date, ni

originaire de votre aire culturelle. J’ai cependant eu

l’impression que cette position, même si elle vous agaçait

quelquefois, était malgré tout appréciée de vous, ce qui

justifierait l’exceptionnelle durée et je dirais même

l’intensité de notre collaboration.

Cette indépendance d’esprit m’avait permis de vous dire,

après l’élection présidentielle de 2004, que ce septennat

42

devrait être le dernier pour vous et que nous devrions

tous nous mobiliser pour le succès des « grandes

ambitions » afin que votre sortie de la scène politique se

fasse avec fanfare, que vous jouissiez d’un repos bien

mérité, à l’intérieur de notre pays.

Etait-ce un crime de lèse-majesté ? C’est possible !

Mais j’exprimais sincèrement ce que je pensais à

l’époque être dans votre intérêt et dans celui de notre

pays. Ma conviction à l’époque était qu’un mandat

supplémentaire serait le mandat de trop. Comme nous

allons le voir, le harcèlement et la vindicte à mon égard

datent de ce temps-là ; aujourd’hui, je paye peut-être

pour cette lucide franchise.

Cette liberté m’a également permis de vous exprimer une

opinion sincère, comme l’illustrent les trois exemples

suivants, concernant le gouvernement de la République :

a) Après la formation du gouvernement consécutif à

l’élection présidentielle de 2004, vous m’avez accordé

une audience au cours de laquelle vous m’avez demandé

ce que les gens pensent du gouvernement.

Je vous ai répondu qu’ils pensent qu’avec un effectif

d’environ soixante-cinq (65) ministres et assimilés, le

gouvernement est pléthorique et manquerait d’efficacité.

Entre agacement et irritation, vous m’avez tenu ces

propos : «…Monsieur le ministre d’Etat, vous êtes

combien de ministres dans ce gouvernement ? Peut-être

dix (10) ou quinze (15) tout au plus. Le reste, ce sont

des fonctionnaires à qui j’ai donné le titre ».

43

Je vous ai répondu : « … C’est peut-être vrai, monsieur

le président de la République. Mais le problème, c’est

que ces fonctionnaires eux, se prennent pour des

ministres ».

Le dialogue à ce sujet s’est arrêté là.

b) De même, à la veille d’un remaniement, vous

m’avez fait l’honneur, au cours d’une audience, de

m’interroger sur un compatriote. Je vous ai répondu que

ce monsieur ne méritait pas de siéger au gouvernement

de la République. Vous avez développé des arguments

qui m’ont convaincu que votre décision était déjà prise.

Je vous ai alors dit : « …Monsieur le président de la

République, au cas où vous le nommeriez au

gouvernement, ne lui confiez surtout pas un

département ministériel ». Nous connaissons la suite.

c) Enfin, après la formation du gouvernement au sein

duquel monsieur Issa Tchiroma est devenu ministre (afin

de contrecarrer mes ambitions, aux dires de certains),

vous m’avez accordé une audience au cours de laquelle

vous m’avez demandé ce que les gens pensent du

nouveau gouvernement. Je vous ai répondu sans détour

que monsieur Issa Tchiroma ne mérite pas de siéger au

gouvernement de la République. Vous et moi et d’autres

(y compris lui-même) savons à quoi je fais référence. Je

vous ai dit en outre que je ne collaborerai jamais avec lui.

Jusqu’à présent, les gens pensent que notre « inimitié »

est d’ordre politique car nous sommes adversaires dans la

même circonscription. Cela n’a rien à voir et l’avenir le

prouvera.

Monsieur le président de la République,

44

Lorsque la vindicte à mon égard a commencé, j’ai traité

avec indifférence les ragots faisant état de ma déloyauté à

votre égard et je me suis abstenu de vous en importuner.

Mais lorsque votre entourage le plus proche est rentré

dans la danse, j’ai cru devoir à chaque fois, m’en ouvrir à

vous.

Ainsi, lorsqu’en novembre 2007, il a été demandé au

préfet du département du Mfoundi de « prolonger la

garde-à-vue administrative de quinze (15) jours

renouvelables » concernant vingt (20) personnes dont

dix-huit (18) sont des militaires de divers grades, j’ai

instruit le gouverneur de la province du Centre et le

préfet du département du Mfoundi de ne pas s’éxécuter et

de se conformer strictement aux dispositions de la loi. Je

vous en ai rendu compte par note en date du 21 novembre

2007. Ces personnes auraient été libérées quelques mois

plus tard sur vos instructions.

Quelques jours après le refus de l’administration

territoriale de cautionner cette mascarade, j’apprendrai

qu’il vous a été rapporté que les personnes concernées

seraient mes complices dans une tentative de

déstabilisation des institutions de la République.

Devant cette accusation extrêmement grave et devant la

récurrence des rapports systématiquement négatifs qui

vous parvenaient à mon sujet de la part de certaines

officines et sur lesquels vous ne me disiez rien, j’ai dû

prêter une oreille attentive à l’une des nombreuses offres

d’emploi qui m’étaient faites régulièrement au niveau

international. J’espérais que mon départ permettrait de

45

préserver la qualité des relations que j’ai eu l’honneur

d’entretenir avec vous. Je vous en ai fait part ainsi que de

mon désir de quitter le gouvernement au cours d’une

audience en date du 30 novembre 2007. Vous m’avez

expliqué que vous aviez encore besoin de moi et qu’en ce

qui vous concernait, vous me faisiez encore entièrement

confiance.

Je me dois cependant de rappeler à votre attention,

quelques faits suivants, entre autres :

a) Après les émeutes de février 2008, les rapports négatifs à

mon encontre se sont intensifiés. Pour mes détracteurs, mon

refus constant d’interdire ou de saisir les journaux et mon

approche des problèmes consistant à éviter une réponse

exagérément et inutilement violente ainsi qu’une répression

systématique, prouvaient à suffisance mon manque de loyauté

à votre égard.

A nouveau, je vous ai saisi par note en date du 5 mars

2008 pour vous rappeler que le département ministériel à

la tête duquel j’étais, est trop délicat pour avoir à sa tête

quelqu’un qui ne jouirait pas de votre confiance. J’ai également saisi l’occasion de cette note pour porter à votre

attention les relations incestueuses qui tendaient à se

développer entre l’Etat et le parti Rdpc, au vu d’une

correspondance me concernant adressée par le ministre de la

Justice au secrétaire général de ce parti. b) Dans un rapport cousu de fil blanc, en date du 24

juillet 2008, le député Mvondo Assam, vice-président de

la Commission de défense et de sécurité à l’Assemblée

nationale et par ailleurs votre neveu, faisant référence à «

différentes notes antérieures », vous souligne «

46

l’ambition d’un grand destin national » qui m’anime

ainsi que ma « stratégie de conquête du pouvoir ».

Je vous ai saisi par note en date du 17 septembre 2008

afin de « solliciter respectueusement l’ouverture d’une

enquête sur ces graves accusations ».

Au cours d’une audience ultérieure, j’ai évoqué la

nécessité de diligenter cette enquête, vous m’avez dit que

votre neveu ne sait pas ce qu’il fait ; vous m’avez

chaleureusement renouvelé votre confiance et vous

m’avez demandé de ne pas tenir compte de cet incident.

Je vous ai remercié tout en vous disant que si le député

Mvondo Assam ne sait pas ce qu’il fait, il ne devrait pas

occuper un poste aussi sensible à l’Assemblée nationale.

c) En février 2010, j’ai fait l’objet d’une interdiction de

sortie du territoire national. Cette mesure illégale a été

grossièrement rendue publique alors que je présidais à

Bertoua la commission mixte de sécurité entre le

Cameroun et la République centrafricaine, à la tête d’une

délégation camerounaise de cinq (5) membres du

gouvernement face à sept (7) membres du gouvernement

centrafricain. J’ai stoïquement fait face à mes

responsabilités.

A mon retour à Yaoundé, j’ai sollicité une audience au

cours de laquelle je vous vous ai à nouveau présenté ma

démission. A cette occasion, je vous ai renouvelé

l’impérieuse nécessité de nommer à la tête du ministère

de l’Administration territoriale et de la décentralisation

une personne qui non seulement jouirait de votre

confiance, mais aussi que l’on laisserait travailler en

toute sérénité. A nouveau vous avez refusé ma démission

et vous m’avez renouvelé votre confiance.

47

d) Avant la convocation du corps électoral pour

l’élection présidentielle du 9 octobre dernier, vous

m’avez fait recevoir par le Directeur du cabinet civil.

Une première ! Celui-ci m’a dit qu’il me recevait en

votre nom et que vous vouliez savoir si j’allais me

présenter contre vous à cette élection. J’ai été choqué car

ce faisant, vous donniez du crédit à la rumeur qui vous

avait été maintes fois rapportée selon laquelle j’aurais

créé un parti politique clandestin.

J’ai dit au directeur du cabinet civil de vous dire que

j’étais blessé aussi bien par le contenu du message que

par la manière dont il a été délivré. Je lui ai dit par

ailleurs de vous rassurer, par souci de responsabilité et

pour éviter toute crise inopportune, que je ferai tout mon

devoir pendant la période délicate avant, pendant et après

les élections, afin que la paix soit préservée dans notre

pays. Mais qu’après cette élection, compte tenu de

l’effritement continu de la confiance depuis bientôt (07)

ans et finalement de la perte manifeste de celle-ci, je

n’entendais plus continuer ma collaboration avec vous au

niveau du gouvernement.

J’ai fait part à mes proches de cette blessure ainsi que de

la décision de ne pas figurer au gouvernement après

l’élection présidentielle.

Après la clôture du dépôt de candidatures et ayant

constaté que la mienne n’y figurait pas, le directeur du

cabinet civil m’a à nouveau reçu pour me dire de ne pas

surinterpréter votre message qui est allé au-delà de votre

pensée et que vous me recevriez bientôt pour lever toute

équivoque. Je lui ai répondu que je n’étais pas

demandeur d’une audience et que ma décision de ne plus

48

faire partie du gouvernement après l’élection

présidentielle était non négociable. J’avais alors mesuré

toute la portée de ces paroles de Fénelon à Louis XIV :

«Vous êtes né, Sir, avec un cœur droit et équitable, mais

ceux qui vous ont élevé ne vous ont donné pour science

de gouverner, que la méfiance». e) Après mon départ du gouvernement, une certaine

presse en furie et aux ordres, s’est mise à préparer

l’opinion (comme il est désormais de coutume) pour mon

incarcération à venir, faisant fi au passage des intérêts de

notre pays.

C’est ainsi que le monde entier apprendra que je suis à la

tête d’une armée de 6.000 rebelles ! A ce jour, je n’ai pas

été interrogé sur cette volonté affichée de déstabilisation

qui aurait été éventrée. A ma connaissance, ceux qui ont

publié cette grossièreté ne l’ont pas été non plus. On se

serait limité à dire que la grossièreté se le dispute à la

bêtise si ce n’est que c’est notre pays qui souffre de cette

image pré-insurrectionnelle.

De même, cette obsession à me lier à la France alors que

c’est du Cameroun qu’il s’agit ! Des notes de

renseignements vous parviennent selon lesquelles

l’ambassadeur de France à Yaoundé viendrait souvent à

mon domicile en cachette, dans une voiture banalisée,

afin que nous élaborions des plans de déstabilisation de

notre pays.

Aussi, des informations sont distillées dans le public sur

mes prétendues relations avec un grand industriel

français qui viendrait souvent clandestinement à Garoua

me rencontrer pour le même objet. Notre pays serait-il

devenu une passoire pour que l’on y pénètre sans visa ou

49

y faire atterrir des aéronefs sans une autorisation

préalable de survol du territoire ?

Monsieur le président de la République, Vous me connaissez très bien. Je ne cache ni mes

opinions ni mes agissements.

Vous comprenez donc qu’ayant recouvré ma liberté de

parole car n’étant plus tenu par une quelconque

obligation de solidarité ou de réserve, je puisse exposer,

échanger et partager avec tous nos compatriotes mes

idées et mes réflexions que je vous réservais en toute

exclusivité ou que je ne développais qu’au cours des

réunions à huis clos. Ces idées et ces réflexions portent

particulièrement sur la paix et la justice.

Et avant de terminer, permettez-moi de vous assurer, que

du fond de mon cachot, je n’ai ni haine, ni regrets, et que

je ne nourris ni mélancolie, ni amertume. Surtout, je n’ai

aucune pulsion suicidaire. S’il m’arrivait quelque chose

par inadvertance, ce ne serait ni de mon fait, ni du fait

des repas que je me fais livrer par ma famille. Bien que

n’ayant pas particulièrement peur de la mort, j’aimerais

que si cette fâcheuse éventualité survenait, les

responsabilités soient bien établies.

Marafa Hamidou Yaya

Fenêtre

J’espère que les débats à venir permettront à nos

compatriotes de savoir quel est le rôle joué par tous les

intervenants, et cela à tous les niveaux. Vous savez

également ce que je pense de certaines de ces arrestations

spectaculaires. Wikileaks s’en est d’ailleurs fait

largement l’écho.

50

J’ai toujours préféré garder une liberté qui me permettait

de vous donner, en toute indépendance d’esprit, des avis

vous permettant de gérer les affaires de l’Etat dans le

plus grand intérêt de notre pays.

Cette indépendance d’esprit m’avait permis de vous dire,

après l’élection présidentielle de 2004, que ce septennat

devrait être le dernier pour vous et que nous devrions

tous nous mobiliser pour le succès des « grandes

ambitions » afin que votre sortie de la scène politique se

fasse avec fanfare, que vous jouissiez d’un repos bien

mérité, à l’intérieur de notre pays.

Entre agacement et irritation, vous m’avez tenu ces

propos : «…Monsieur le ministre d’Etat, vous êtes

combien de ministres dans ce gouvernement ? Peut-être

dix (10) ou quinze (15) tout au plus. Le reste, ce sont

des fonctionnaires à qui j’ai donné le titre ».

51

52

DEUXIÈME LETTRE OUVERTE DE MARAFA

HAMIDOU YAYA AU PRÉSIDENT DE LA

RÉPUBLIQUE SUR LE CODE ÉLECTORAL ET LA

PRÉSERVATION DE LA PAIX.

Monsieur le président de la République

Vous avez promulgué la loi n°2012/001 du 19 avril 2012

portant code électoral. Permettez-moi de relever les

insuffisances et les omissions contenues dans cette loi

avant d’aborder la problématique du code électoral et

celle de la succession à la tête de l’Etat, afin de préserver

la paix dans notre pays.

I-Insuffisances et omissions de la loi du 19 avril 2012

En ma qualité d’ancien ministre de l’Administration

territoriale et de la Décentralisation, j’ai lu cette loi avec

attention.

J’ai noté pendant les débats à l’Assemblée nationale, la

sagacité des députés qui ont empêché que cette loi soit

adoptée en catimini et qui vous ont également évité le

parjure en s’élevant contre la disposition

anticonstitutionnelle du mandat impératif.

CHAPITRE 6

VERSET II

LA SECONDE LETTRE

53

D’autre part, les insuffisances et les omissions ci-après

contenues dans cette loi méritent d’être adressées :

a)Article 70 (3) et (4)

Le récépissé remis au moment de l’inscription est source

de conflits. C’est un document non sécurisé. Il peut être

dupliqué, photocopié ou fabriqué par qui le voudra.

Aussi, les électeurs pourront, le moment venu, brandir

plusieurs récépissés en leur nom ou un même récépissé

délivré à plusieurs personnes. Il y aurait donc lieu de

remettre à chaque électeur sa carte électorale au moment

de son inscription sur la liste électorale.

b) Article 75 (3)

Cet article dispose qu’«en cas de refonte, le Directeur

général des élections peut proroger la période…pour une

durée n’excédant pas trois mois ». C’est-à-dire

concrètement que cette période pourrait aller jusqu’au 30

novembre.

Dans ce cas, la loi devrait aménager les autres délais se

rapportant à cette opération. En particulier :

-le délai de transmission au démembrement

départemental du procès-verbal des travaux de la

commission de révision des listes électorales, fixé au plus

tard le 20 octobre (article 78 (1)) ;

54

-le délai de transmission du fichier électoral provisoire du

département pour affichage, fixé au plus tard le 20

octobre (article 78 (2)) ;

-le délai de transmission du procès-verbal des opérations

rectificatives, fixé au plus tard le 10 novembre (article 79

(1)) ;

-le délai de transmission du fichier électoral révisé, fixé

au plus tard le 10 décembre (article 79 (2)) ;

-le délai de publication de la liste électorale nationale,

fixé au plus tard le 30 décembre (article 80).

c) Article 87 (1)

Il y aurait lieu de mettre fin à la campagne électorale

l’avant-veille du scrutin à minuit afin de permettre à

toutes les parties prenantes (candidats, partis politiques,

administration, Elecam et commissions locales de vote

notamment) de préparer sereinement le jour du scrutin.

d) Article 122 (2)

Un certificat médical devrait figurer dans les pièces

devant accompagner les déclarations de candidature à la

présidence de la République.

e) Titre VI

55

Nulle part dans la loi l’on ne trouve les dispositions

relatives à l’exécutif communal (maire et adjoints), à son

élection et au nombre d’adjoints aux maires. Elles

devraient être réintroduites.

f) Article 219 (1)

Il y aurait lieu de préciser que seuls les partis politiques

ayant pris part aux élections générales dans la région

concernée peuvent participer aux élections partielles,

comme cela a été pour les élections des députés (article

155 (4)) ; des conseillers municipaux (article 174 (1)) et

des conseillers généraux (article 268 (3)).

II-La problématique du code électoral

A la veille de l’élection présidentielle de 2004, j’ai

parcouru les dix (10) provinces de notre pays et j’ai tenu

des réunions publiques dans chaque capitale provinciale

avec l’ensemble des parties prenantes concernées par les

élections. Ces réunions, parfois houleuses, ont vu la

participation des chefs des partis politiques et de leurs

responsables à la base, des députés, des conseillers

municipaux, des chefs traditionnels, des responsables de

la société civile et naturellement de la presse.

A cette occasion, j’ai recueilli les doléances de nos

compatriotes portant sur le processus électoral. Celles-ci

portaient particulièrement sur l’amélioration de la

56

législation électorale et sur le retrait de l’administration

du processus.

En février 2006, je vous ai soumis la toute première

mouture d’un code électoral.

Au cours de l’année 2006, des missions d’étude ont été

envoyées dans certains pays et ont abouti à l’élaboration

de la loi du 29 décembre 2006 portant création,

organisation et fonctionnement d’ «Elections Cameroon

» (Elecam).

En février 2008, je vous ai soumis une mouture définitive

du projet de code électoral en vous suggérant que le

Premier ministre organise des consultations avec les

partis politiques et la société civile, leur remettre le projet

de code électoral afin qu’ils l’enrichissent éventuellement

pour aboutir à un document consensuel devant être

adopté par voie de référendum.

C’est ainsi que la loi fixant les procédures du référendum

a été adoptée par l’Assemblée nationale et promulguée le

13 avril 2010.

Monsieur le président de la République,

Des élections mal organisées ou dont les résultats sont

contestés sont sources de conflits et de rupture de la paix

sociale.

57

Un code électoral devrait être consensuel afin :

-d’encourager la participation d’un maximum d’électeurs

;

-de permettre des élections justes et transparentes

donnant toute leur légitimité aux élus ;

-de favoriser une culture d’acceptation des résultats.

Ce n’est malheureusement pas le cas du code objet de la

loi du 19 avril 2012.

D’autre part, vous connaissez mes réserves maintes fois

exprimées concernant l’organisation et le fonctionnement

d’Elecam. Nous avons tous été témoins des

dysfonctionnements de cet organisme à l’occasion de la

dernière élection présidentielle. Ce qui a obligé

l’administration de reprendre en main au dernier

moment, le processus électoral afin de sauver la paix

dans notre pays.

Je persiste à dire que tel qu’organisé et tel qu’il

fonctionne, Elecam ne pourra pas organiser les élections

législatives et municipales. Des propositions

d’amélioration de l’organisation et du fonctionnement de

cet organisme vous ont été faites en son temps ; elles

méritent d’être prises en compte afin de préserver la paix

dans notre pays.

58

Peut-être que mes inquiétudes sont infondées puisque les

élections législatives et municipales sont renvoyées aux

calendes grecques frustrant nos concitoyens de leur droit

de choisir leurs représentants.

Nous en arrivons ainsi à ce paradoxe : les pays en crise se

débattent pour organiser des élections afin d’en sortir.

Notre pays s’abstient d’organiser des élections et prend

de ce fait le risque d’être précipité dans une crise.

III- La problématique de la succession à la tête de l’État

Le 3 septembre 2010, je vous ai fait parvenir une note

(cf. annexe ci-joint) suite à des informations qui

m’étaient parvenues et selon lesquelles vous auriez

l’intention de faire modifier la Constitution en vue de

créer un poste de Vice-président de la République, avec

droit de succession à la Magistrature Suprême de notre

pays.

Dans cette note, je vous faisais part de ce que « la

lisibilité d’un successeur est tout à fait concevable dans

un système politique de parti unique fermé où tous les

acteurs politiques sont soumis à une discipline stricte

d’acceptation des choix de leur chef. Et même dans ce

cas-là, des difficultés surgissent, mettant en danger la

stabilité du Pays ». Notre pays en a d’ailleurs fait l’amère

expérience.

59

Je vous suggérais « de renforcer les structures qui, le

moment venu, doivent gérer une éventuelle succession ».

De côté, parti dominant auquel nous appartenons tous les

deux, « devrait voir le collège (Bureau politique ou autre

organe) chargé de designer l’éventuel candidat à la

Magistrature Suprême en cas de vacance, renforcé et

enrichi d’hommes de qualité ».

D’un l’autre côté, le « les organes constitutionnels

devraient être mis en place avec à leurs têtes, des

hommes très soucieux de l’intérêt national (Conseil

Constitutionnel et Présidence du Sénat notamment) ».

Les deux ou trois de mes proches à qui j’ai fait part de ce

qui précède ont désapprouvé ma démarche, au motif que

j’aurais pu être le bénéficiaire d’une éventuelle

désignation.

Je leur ai répondu que je n’avais aucune envie d’être

nommé Président de la République.

En effet, je suis porteur d’un projet mettant en avant les

exigences de PAIX et de JUSTICE permettant de bâtir

une société de confiance.

D’autres Camerounais sont certainement porteurs

d’autres projets. Il me semble naturel et sain que le

moment venu, chaque prétendant à la Magistrature

60

Suprême, soumette son projet, l’explique et le défende

devant nos compatriotes qui, à travers une élection libre

et transparente, choisiront celui ou celle qu’ils voudront

mettre à la tête de l’État. L’heureux bénéficiaire de leur

confiance aura ainsi toute la légitimité nécessaire pour

conduire son action pendant la durée du mandat qui lui

sera confié.

Monsieur le Président de la République,

Les Camerounais sont un peuple majeur. Laissez-les

choisir leurs représentants et leurs dirigeants en toute

liberté et en toute transparence. C’est la seule manière

d’assurer à notre pays un avenir dans la paix.

En ce qui concerne, de là où je suis, je continuerai à

parfaire le projet dont je suis porteur et à le soumettre,

chaque fois que cela est possible, à la critique de nos

compatriotes auxquels je propose d’ores et déjà que nous

nous mobilisions tous pour bâtir une société de

confiance.

Yaoundé le 13 mai 2012.

Yaoundé le 03 septembre 2010

Marafa Hamidou Yaya

61

Note

Pour Monsieur Le président de la République

Je vous prie de bien vouloir me pardonner de

devoir distraire votre très haute attention, en

évoquant l’importante question d’une éventuelle

modification de la Constitution dans un avenir

plus ou moins proche.

En effet, il m’est revenu que le vice-Premier

ministre, ministre de la Justice ainsi que le

ministre délégué à la présidence de la

République chargé de la Défense, ont fait des

indiscrétions, le premier à des journalistes

internationaux lors de son séjour à Brazzaville à

l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance

du Congo, et le second à quelques amis, sur votre

intention prochaine de créer un poste de vice-

président de la République , avec droit de

succession à la Magistrature Suprême de notre

pays.

Si leurs allégations étaient avérées, je vous livre

très humblement une modeste réflexion sur cette

question importante de la vie de la Nation.

62

En effet, depuis que vous avez installé le

Cameroun dans la modernité en faisant de lui un

pays démocratique et ouvert, la lisibilité du

successeur potentiel du Président de la

République devient un facteur d’instabilité et

perturbateur en ce qu’elle pourrait organiser de

façon permanente, de petits trafics d’influence et

de spéculations. Par ailleurs, la personne

désignée fera de la part de certains de vos fidèles

et inconditionnels, l’objet d’ « attaques »

systématiques, quand ce ne sont pas les

originaires d’autres tribus, frustrés de la non-

désignation d’un des leurs ; qui s’en

chargeraient. Tout ceci est de nature à parasiter

et à paralyser un système politique en quête

d’efficience pour la réalisation des grands projets

de développement qui vous tient à cœur.

La lisibilité d’un successeur est tout à fait

concevable dans un système politique de parti

unique fermé où tous les acteurs politiques sont

soumis à une discipline stricte d’acceptation des

choix de leur chef. Et même dans ce cas-là, des

difficultés surgissent, mettant en danger la

stabilité du pays.

63

Par contre, il serait peut-être probablement plus

indiqué de renforcer les structures qui, le

moment venu, doivent gérer une éventuelle

succession. Ces structures concernent le parti

dominant qui devrait voir le collège (Bureau

politique ou autre organe) chargé de désigner

l’éventuel candidat à la Magistrature Suprême en

cas de vacance, renforcé et enrichi d’hommes de

qualité. Simultanément, les organes

constitutionnels devraient être mis en place avec

à leurs têtes, des hommes très soucieux de

l’intérêt national (Conseil constitutionnel,

Présidence du Sénat).

Dans un pays comme le notre, cette solution de

renforcement de structures (organes

constitutionnels et parti) , offre l’avantage

d’évacuer, sinon diluer le débat sur la succession

qui ne serait plus cristallisé sur un seul individu.

L’exemple du Gabon, pour lequel vous avez joué

un rôle stabilisateur important, est éloquent à cet

égard ; alors que celui du Nigéria, où le

successeur est d’emblée lisible (quoique élu sur

le même ticket que le président de la

64

République), est porteur d’importants germes de

déstabilisation.

Monsieur le Président de la République,

Ma modeste contribution a aussi pour avantage

de placer le Chef de l’Etat, et lui exclusivement,

au cœur du système politique jusqu’au bout ;

tous les acteurs politiques significatifs ne

réalisent le consensus qu’autour de sa personne.

Je serai honoré de pouvoir mieux exposer et

densifier ma suggestion à l’occasion d’une

prochaine audience, lorsque le calendrier de

Monsieur le Président de la République le

permettra.

Yaoundé, le 03 Septembre 2010

Marafa Hamidou Yaya

65

Au lendemain de cette deuxième lettre de Marafa, la

jeunesse Camerounaise intriguée, s’adresse alors au

Ministre d’État à travers une correspondance.

Yaoundé la 14 mai 2012

Lettre de la jeunesse à Monsieur le Ministre d’État

Marafa Hamidou Yaya

La jeunesse Camerounaise réunie au sein du

Rassemblement de la jeunesse (RJC), a l’honneur de

vous adresser la présente au lendemain de la publication

de votre seconde lettre ouverte à Monsieur le président de

la république.

Nous sommes de la génération qui n’avons pratiquement

connu que Paul Biya (et son régime y compris vous)

comme président. Pour ceux qui comme moi sont âgés

de trente quatre ans à ce jour, vos lettres nous enseigne

assez sur le fonctionnement de notre pays ces trente

dernières années, et nous vous en remercions pour la

mémoire de l’histoire.

Toutefois, nous restons intrigués.

Les simples d’esprit que nous sommes (pour le régime

que vous avez servi pendant tout ce temps, les jeunes

sont des écervelés simples d’esprits) attendions que dès

votre première prise de parole après votre arrestation,

CHAPITRE 7

LETTRE DE LA JEUNESSE

66

vous vous acquittiez d’un devoir d’explication, votre

version de fait dans la scabreuse affaire des trente un

millions de dollars destinés à l’achat de l’avion

présidentiel, et dont vous êtes accusé d’avoir avec des

coaccusés, détourné à vos fins personnels.

Que s’est-il passé dans cette affaire ?

Quelle est votre part de responsabilité ? Etc.

Des questions simples de la jeunesse camerounaise

(simple d’esprit) qui a le droit de savoir.

Dites-nous votre part de vérité, Monsieur Le Ministre.

Vous avez partagé avec nous vos confidences avec le

président, vous nous avez appris beaucoup d’autre chose,

vous avez donné votre avis sur le code électoral, Vous

avez parlé à propos de la succession du président Biya,

merci, mais vous ne nous avez rien dit à propos de ce

dont on vous accuse. Certes, nous ne sommes pas des

juges, mais nous sommes le peuple, et nous avons le droit

de savoir.

C’est tout ce qui nous intéresse d’abord, car vous êtes

sans ignorer que la mal gouvernance, la corruption, les

détournements de deniers public sont actuellement ce qui

maintien la jeunesse dans une situation de misère

perpétuelle dans le régime qui était le vôtre. Certains sont

67

prisonniers des hôpitaux pour incapacité à régler des

notes infimes de soins.

Jusqu’ici l’attitude du régime vis-à-vis de la jeunesse est

une attitude de mépris et de snobisme. Nous espérons que

vous daignerez nous répondre en faisant la différence.

Respectueusement

Sismondi Barlev BIDJOCKA

Porte-parole de la jeunesse Camerounaise

TEL : 77 85 89 19

68

Le Ministre d’État répond à la lettre de la jeunesse.

Quelques jours après cette sortie du Rassemblement de la

jeunesse Camerounaise, Marafa réagit :

‘’Qui a peur d’un procès transparent et public ?’’

Depuis mon incarcération, les camerounais s’interrogent

sur les raisons pour lesquelles je ne m’exprime que sur

les sujets autres que celui pour lequel je suis supposé être

détenu. En effet, le 16 Avril 2012, répondant à une

demande du juge d’instruction près le tribunal de grande

instance du Mfoundi, pour y être entendu sur les faits

relatifs à l’affaire « Ministère public et Etat du

Cameroun contre Atangana Mebara Jean-Marie, Otélé

Essomba Hubert, Mendouga Jérôme, Fotso Yves

Micchel et autre » (c,annexe n°1). J’ai été mis sous

mandat de dépôt au motif vague de « Détournement de

deniers publics en coaction et complicité (c.f annexe

n°2)…

Je ne sais ni quand ce détournement a eu lieu , ni sur quoi

il porte , ni de quel montant il s’agit, ni qui en est l’auteur

principal , ni quels sont les complices.

CHAPITRE 8

VERSET III

LA TROISIÈME LETTRE DE MARAFA

69

Je présume qu’il s’agirait de l’affaire relative à

l’acquisition d’un avion pour les déplacements du

président de la république, pour laquelle la juge

d’instruction aurait été instruit de m’imputer une

indélicatesse pour laquelle il avait rendu une ordonnance,

de disjonction en janvier 2010 et dont j’ai eu

connaissance, car mise en ligne sur internet et publiée

dans son intégralité par la presse Locale.

S’il s’agit effectivement de cela, je réitère solennellement

mon innocence malgré « les vraisemblances » dont il

me revient qu’elles auraient assemblée pour les bénéfices

de la cause et qui relèvent d’une démarche inductive.

Je rappelle à nouveau que lorsque les enquêtes relatives à

l’acquisition de d’un aéronef destiné au président de la

république ont été ouvertes et que les différentes

personnes ayant intervenu dans ce dossier ont été

interrogées, c’est moi qui avait, par acquis de conscience,

sollicité le président de la république par note en date du

7 mai 2008 pour être également entendu par les

instances compétentes dans le cadre de ces enquêtes,

afin de contribuer à la manifester la vérité. C’est ainsi

que j’ai été interrogé le 15 juillet 2008 par par les

responsables de la direction de la police judiciaire ; A ce

jour, c’est la seule fois qu’il m’a été demandé quelque

chose sur cette affaire.

70

Au stade où nous en sommes rendus, les camerounais ont

en effet le droit de savoir toute la vérité sur cette

malheureuse affaire du BBJ-II , à travers un procès

transparent et équitable qui seul, permettra de mettre fin à

l’imbroglio et à tout l’amalgame entretenus dans cette

affaire, et à dessein, me semble t-il.

I- DU CHOIX DE GIA INTERNATIONAL

Les principaux intervenants nationaux dans l’affaire de

l’acquisition du BBJ-II5 (boieng 737-800) sont : Le

président de la république, le secrétaire général de la

présidence de la république que j’étais, le Ministre de

l’économie et des finances, le chef d’état-major

particulier du président de la république, et

l’administrateur-directeur général de la Cameroon

Airlines( CAMAIR)

Au vu des informations dont nous disposons tous, aucun

d’entre nous n’avait présenté une objection quelconque à

ce que CAMAIR conclue un contrat avec GIA

INTERNATIONAL dans le cadre de cette acquisition. La

multinationale « THE BOEING COMPANY » n’a pas

hésité non plus à conclure et à signer un contrat avec GIA

INTERNATIONAL.

II- DU PAIEMENT DE GIA INTERNATIONAL

Au cours de nos différentes réunions relatives à cette

affaire, nous arrivés à deux (02) conclusions :

71

1- Le contrat devant lier CAMAIR et GIA

INTERNATIONAL comportait trois volets (03)

trois volets :

- La fabrication de l’avion par the Boieng

company ;

- La configuration de l’Habillage intérieurs par

la société « JET AVIATION » basé en suisse,

choisie par l’état major du président de la

république ;

- Et des équipements annexes (équipements de

communication sécurisés, systèmes de

protection anti-missiles notamment)

GIA INTERNATIONAL devait recevoir un « security

deposit » de trente un (31) millions de dollars, grâce

auquel cette société devait lever des financements pour

l’ensemble de ces opérations d’une valeur totale de

soixante douze (72) millions de dollars et livrer le BBJ-II

prêt à être utilisé. La durée du remboursement de ces

financements était fixée à dix (10) ans.

2- Le « security deposit » de trente et un (31)

millions de dollars devait s’éffectuer à travers

l’émission d’une « stand by letter of credit »

(accréditif à paiement différé) au profit de GIA

INTERNATIONAL qui se chargerait, grâce à

cette garantie et le nantissement de l’aéronef, de

lever des financements sur le marché

international. Cela présentait l’avantage d’éviter à

72

notre pays une prise de risque initiale excessive,

dès lors que la somme pour laquelle l’état

s’engageait n’était guère libérée et transférée

d’avance à GIA INTERNATIONAL.

Le Ministre de l’économie et des finances s’est opposé à

l’émission d’une « stand by letter of credit » et a dit qu’il

trouverait le moment venu, d’autres moyens pour payer

la « security deposit » à GIA INTERNATIONAL.

Le Ministre de l’économie et des finances était celui qui

avait en charge la gestion de la trésorerie de l’état. Je

n’avais ni à douter de ses propos, ni à lui donner des

instructions sur cette question.

Concernant ma qualité de président du conseil

d’administration de la SNH, il me convient de signaler

que cette fonction ne me donnait aucunement la latitude

d’interférer dans la gestion des revenus pétroliers

destinés, à ma connaissance, à alimenter le budget de

l’état, géré par le Ministre de l’économie et des finances.

C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai jamais convié

l’administrateur-directeur général de la SNH à aucune

réunion relative à un financement quelconque, ni à

l’occasion de cette affaire, ni à toute autre occasion

pendant que j’étais secrétaire général de la présidence de

la république.

73

J’ai été informé, une quinzaine de jours après notre

réunion, relative à l’acquisition du BBJ-II, par

l’administrateur-directeur général de la CAMAIR, et à

ma grande surprise, que les trente et un millions de

dollars (31) avaient été virés directement dans un compte

de GIA INTERNATIONAL aux États-Unis par le

Ministre de l’économie et des finances.

III- DE LA SUITE DE LA PROCÉDURE

A mon départ du secrétariat général de la présidence de

la république le 24 août 2002, le BBJ-II avait été

fabriqué par Boieng, le contrat relatif à la configuration

et à l’habillage intérieur de cet avion avait été conclu et

signé par JET AVIATION. Il y a lieu de noter que cette

société suisse n’avait pas non plus hésité à conclure et à

signer un contrat avec GIA INTERNATIONAL.

Il semblerait qu’après mon départ du secrétariat général

de la présidence de la république, d’après la lettre en date

du 04 septembre 2003 adressée à l’ambassadeur du

Cameroun à Washington par la société Boeing et dans

laquelle cette société exprimait son étonnement et son

embarras (conf annexe n°3), l’on se serait orienté vers

l’acquisition d’un Boeing 767-300 VIP en lieu et place

du BBJ-II (737-800). Et qu’en attendant la fabrication de

ce nouvel aéronef, un avion de type 767-200 d’occasion

aurait été loué ; c’est ce dernier qui aurait été baptisé

« l’albatros »

74

De ce fait, le contrat entre CAMAIR et GIA

INTERNATIONAL aurait été rompu et notre pays aurait

engagé des poursuites aux Etats-Unis à l’encontre de

GIA INTERNATIONAL ; poursuites ayant abouti à un

jugement en Aout 2006 à portland, dans la région de

l’Oregon, par lequel la Cameroun aurait été indemnisé.

Au vu de tout ce qui précède, je m’interroge sur les faits

suivants :

- Pour quelle raison le ministre de l’économie

et de finances a-t-il préféré transféré l’argent

de GIA INTERNATIONAL plutôt que

d’utiliser la solution sécurisée de la « stand

bye letter of credit » qui était proposée ?

- Pourquoi avoir décidé d’acquérir un Boieng

767-300 VIP en lieu et place du BBJ-II

(Boeing 737-800) déjà fabriqué.

Les réponses à ces questions permettraient d’édifier les

camerounais et prouveront mon innocence dans ce qui

semble m permettraient d’édifier les camerounais et

prouveront mon innocence dans ce qui semble m’imputé.

Dès lors, plus que tout autre, je réclame et je revendique

toute transparence à travers un procès équitable, dans le

cas où ce serait pour cette affaire que je suis incarcéré,

afin que toutes les responsabilités soient établies et que ,

75

le cas échéant, l’honneur et la dignité de ceux qui sont

injustement incriminés soient restaurés.

Marafa Hamidou Yaya

22 MAI 2012

OBSERVATIONS

Au bout de cette troisième lettre, la lumière commence à

se faire. Le Ministre des finances dont il est question ici

c’est Michel Meva’a Meboutou, l’oncle du président de

la république. C’est lui qui choisit délibérément d’ignorer

la procédure sécurisée du « stand by letter of credit »

pour expédier directement les fonds à GIA

INTERNATIONAL ; Pourquoi ? A-t-il une directive

écrite pour une « haute instruction » dans ce sens ? Les

débats au cours du procès à venir nous permettrons

d’avoir sa réponse, car c’est bien là le nœud du problème.

Le non respect des lois, des règles qu’on s’impose au

Cameroun, c’est bien ce qui fait problème avec le régime

du renouveau : de bonnes lois, des bonnes règles, mais

que personne ne respecte jamais. Le très respectable

Nelson Mandela citant Cheik Anta Diop en 2003, disait,

« la pire dérive morale pour une société, c’est d’atteindre

le degré de décrépitude où la loi ne représente que le

symbole ».

76

Marafa Hamidou Yaya, Polycarpe Abah Abah et Yves

Michel Fotso ont été transférés au secrétariat d’État à la

Défense (Sed) dans la nuit de Vendredi à Samedi, nuit du

25 au 26 mai 2012. Rappelons que le Ministre de la

justice Laurent Esso a prit soin auparavant de rendre

public un texte faisant des cellules du SED, une

extension de la prison centrale de Yaoundé.

Selon des sources proches du pénitencier, ce changement

de lieu détention est effectué dans le but de limiter les

visites et d’isoler les concernés. En effet, ces derniers

temps l’opinion publique été ébranlée suffisamment par

l’opération épervier qui n’a jamais fait l’unanimité. Les

récentes lettres de Marafa Hamidou Yaya, au président

Paul Biya et au peuple camerounais ont fait et continuer

de faire couler beaucoup d’encre. Des tracts de soutien

CHAPITRE 9

25 MAI 2012 MARAFA HAMIDOU YAYA, POLYCARPE ABAH ABAH, YVES MICHEL FOTSO

TRANSFÉRÉS AU SED (SECRÉTARIAT D’ETAT A LA GENDARMERIE)

77

ont en tout cas envahi la ville de Douala et commencent à

arriver à Yaoundé.

Il y a deux semaines, (Nous sommes le 28 mai 2012)

Polycarpe Abah Abah, alors qu’il avait visiblement

obtenu une permission de la part du régisseur de la prison

centrale, a été arrêté à son domicile du quartier Odza à

Yaoundé, par un commando d’élite et accusé de tentative

d’évasion.

78

ALORS QUE L’OPINION S’INTERROGE SUR LE

SURPRENANT SILENCE DU RDPC FACE AUX

ATTAQUES DE MARAFA,

Le 30 mai 2012, Jacques Fame Ndongo se décide enfin à

répondre à Marafa, a travers une lettre publiée dans le

journal du parti « L’ACTION »

« UN PLAIDOYER PRO-DOMO PEUT SE SITUER

À DES ANNÉES-LUMIÈRE DE LA VÉRITÉ »

A travers les médias, les militants du RDPC, les

Camerounais et les internautes du monde entier ont

assisté, éberlués, à la naissance d’un écrivain

camerounais qui rivalise d’inspiration et de ténacité avec

les célébricimes romanciers épistolaires français : Pierre

Choderlos de Laclos, (les liaisons dangereuses », 1782) ,

Jean-Jacques Rousseau « Julie ou la nouvelle Héloïse »

1761). Ou encore Madame Marie de Rabutin Chantal,

Marquise de Sévigné (qui écrivit les lettres « lettres » à sa

fille, Mme Rabutin Chantal de Grignan, pendant 30 ans

au 17e siècle). Naturellement, chaque écrivain a son style

(« le style c’est l’homme », nous apprends Georges-Louis

Leclerc, comte de Buffon). Autant celui des prosateurs

ci-dessus cités est limpide, fluide et étincelant, autant la

prose épistolaire du camarade Marafa Hamidou Yaya est

rigide, sèche, voire arithmétique. Normal : l’ex-Ministre

d’état, Ministre de l’administration territoriale, s’inscrit,

non dans le registre de la tendresse et de l’amour comme

CHAPITRE 10

LA RIPOSTE :

FAME NDONGO RÉPOND A MARAFA

79

Rousseau, Laclos, ou Mme de Sévigné, mais dans la

logique du désamour, de la « terreur amoureuse » (dirait

Shakespeare) ou du conflit politique que décrit si bien

Maurice Duverger, éminent professeur de sociologie

politique : « Le combat politique se déroule sur deux

plans :d’un côté entre les hommes, des groupes et des

classes qui luttent pour conquérir, partager ou influencer

le pouvoir ; de l’autre, entre le pouvoir qui commande et

les citoyens qui lui résistent » (introduction à la politique,

P.27). Bien que le président Paul Biya conduise une

politique de rassemblement, de concorde et de

démocratie, apaisée, il semble que d’aucuns préfèrent une

politique conflictuelle et haineuse. Ils n’hésitent pas à

tenir la dragée haute au président de la république, quitte

à transgresser le devoir de réserve qui est un sacro-saint

principe de droit administratif et à vitupérer (comme

Marafa) celui qui, discrétionnairement, l’a politiquement

hissé au firmament, il y a 20 ans (1992 ; Secrétaire d’état

aux finances). Mais cette attitude atypique ne nous

surprend guère, l’histoire étant parsemée de ces

reniements aussi loufoques que machiavéliques et

spectaculaires.

Au Niveau du Secrétariat à la communication du RDPC,

nous procédons à l’autopsie de la littérature épistolaire du

camarade Marafa, à l’aune de trois articulations.

- Discipline du parti

- La politique de la nation

80

- Le terrain judiciaire

Discipline du Parti

Le camarade Marafa Hamidou Yaya est membre du

RDPC, du Comité Central et du Bureau Politique.

Jusqu'à preuve du contraire, nous le considérons comme

l'un des nôtres, à part entière. Toutefois, si, " de jure ", il

appartient au RDPC, " de facto ", il semble avoir pris ses

distances (c'est un euphémisme) avec le RDPC dont il est

membre du Bureau politique depuis près de deux

décennies et, à ce titre, il est chargé d'assister le Président

National du RDPC (S.E. Paul BIYA) dans la conduite

des affaires du Parti en dehors des réunions du Comité

Central (article 26, alinéa 1 des Statuts). En présentant

aux Camerounais son projet de société, il se démarque

du RDPC (pour lequel il a battu campagne pendant

de longues années) car ce Parti soutient la politique

définie par le Président de la République, Président

National du RDPC. Je rappelle que le camarade Marafa

a toujours approuvé les résolutions de politique générale,

de politique économique et financière et de politique

sociale et culturelle inhérentes aux différents congrès

ordinaires et extraordinaires du RDPC depuis une

vingtaine d'années, y compris le Congrès ordinaire de

2011 dont il était l'un des membres de la commission de

politique générale. Stricto sensu, " la qualité de membre

du RDPC se perd soit par démission, soit par exclusion "

(article 9 des Statuts). Je ne sache pas que l'une ou l'autre

hypothèse soit validée. Toutefois, le fait, pour un membre

du RDPC, de présenter aux Camerounais un projet de

société autre que celui du Président National induit,

81

implicitement, que ce camarade déroge sciemment aux

dispositions pertinentes de l'article 31 des Statuts. Cela

signifie qu'il en tire, lui-même, les conséquences. Le

principe aristotélicien du tiers-exclu nous apprend que

nul ne saurait " être et ne pas être ".

- La politique de la Nation

L'article 5 de la Constitution stipule que " le Président de

la République définit la politique de la Nation ". Au

RDPC, nous constatons que pendant près de vingt ans

(Secrétaire d'Etat aux finances, Conseiller spécial du

Chef de l'Etat, Ministre d'Etat Secrétaire général de

la Présidence de la République, ministre d'Etat,

ministre de l'administration territoriale et de la

décentralisation où il fut en fonction pendant dix ans :

2002 – 2012, président du Conseil d'administration du

FEICOM), le camarade Marafa a toujours

scrupuleusement appliqué la politique définie par le

Président de la République, sans que la moindre

disjonction politique ne soit rendue publique entre celui

qui l'a nommé par décret cinq fois à des postes on ne peut

plus sensibles et lui-même.

Un décodage textuel de ses " Lettres "» nous permet de

déduire qu'il ne soutient plus cette politique. Mieux, il est

porteur d'un projet présidentiel autonome. Qui pis est, il

couvre d'opprobre son ancien mentor et promet, selon

certaines indiscrétions, de " déféquer " (excuser la

métaphore rabelaisienne) encore davantage sur celui

qui le nomma ministre d'Etat et le coopta, à 44 ans, au

Bureau politique du Parti proche du pouvoir. C'est

82

son droit le plus élémentaire, le Cameroun étant un Etat

de droit, une démocratie plurielle et un pays où " il n'est

plus besoin de prendre le maquis pour exprimer ses idées

", (dixit Paul BIYA à Bamenda, le 22 mars 1985). Au

demeurant, le Chef de l'Etat est un apôtre inoxydable

du libre débat d'idées : " Je suis convaincu de ce que la

construction du Cameroun moderne exige non seulement

la participation active de tous les enfants de mon pays,

mais encore et surtout une nouvelle organisation de la

vie commune qui repose sur le débat permanent dans la

libre confrontation des idées " (Pour le libéralisme

communautaire, p. 152).

Mais, le bât blesse à trois niveaux : d'abord la diversion (

je ne dis pas la " subversion ", un concept que, fort

heureusement, le Renouveau a proscrit du lexique

politique camerounais et qui, en d'autres temps, sema la

terreur dans de nombreuses familles camerounaises). Le

camarade Marafa est attendu sur le terrain judiciaire (au

tribunal) ; mais, il s'illustre sur le champ politique, ses

contempteurs diraient " politicien " en présentant à

l'opinion publique mondiale sa version des faits. C'est un

plaidoyer pro-domo, qui, comme chacun le sait (lui-

même y compris) peut, à l'instar de tous les plaidoyers

pro-domo, se situer à des années-lumière de la vérité ;

ensuite le divertissement (j'emprunte ce terme à Blaise

Pascal qui, dans Les Pensées, 1670, fustige l'attitude. de

l'Homme : incapable de regarder la réalité en face, il

cherche un exutoire où il peut s'auto-sublimer). C'est une

démarche tout à fait psychanalysable, la sublimation

étant un reflet du " ça " ; enfin, le manichéisme : le Chef

de l'Etat est peint sur un registre dantesque voire

83

ubuesque (Ubu Roi), lors même que l'image connue et

reconnue de S.E. Paul Biya est celle d'un homme d'Etat

pondéré, sage, perspicace, patriote, démocrate. Pensons

aux trésors de diplomatie, de finesse, de patience qu'il a

dû déployer pour affirmer la camerounité de la presqu'île

de Bakassi. Et quid de l'image du camarade Marafa ?

Selon lui-même, elle est angélique (loyauté, intégrité,

engagement, fidélité, rejet de la courtisanerie et de la

duplicité, conseils pertinents et perspicaces au Prince).

Voire !

Le terrain judiciaire

C'est sur ces eaux véridiques que le peuple camerounais

attend, maintenant, le camarade Marafa (et non sur de

prétendues " révélations fracassantes " ou sur un

narcissisme autopurificateur).

À ce sujet, il ne serait pas incongru de rappeler les

dispositions de la Constitution : " La Justice est rendue

sur le territoire de la République au nom du peuple

camerounais " (article 37). Au lieu de jeter l'anathème

sur le Chef de l'Etat qui est " le garant de l'indépendance

du pouvoir judiciaire " (article 37 de la Constitution) et

non le castrateur des ambitions présidentielles de certains

Camerounais (peut-on dire, pour prendre un

échantillon aléatoire, que Dieudonné Angoula, Gilles

Roger Belinga, Joseph Edou, Siyam Siwé, Mme

Haman Adama etc. voulaient devenir Président de la

République ? Garga Haman, Haméni Bieleu, J.J.

Ekindi, et John Fru Ndi sont-ils en prison ? ), le

camarade Marafa devrait plutôt préparer avec méthode et

84

rigueur son argumentaire devant la Cour, où il y aura des

débats publics et contradictoires, à moins que ses avocats

que nous supposons pugnaces et sagaces, ne l'aient déjà

fait. C'est au tribunal que l'on " dit le droit " et non

sur Internet. Quelle est la problématique ? Convaincre

le juge, le moment venu, qu'il doit partir du statut de "

prévenu " (qui est le sien actuellement) à celui d'innocent

(non coupable), car il bénéficie toujours de la

présomption d'innocence que lui reconnait la Loi.

Gloser sur les intentions d'Hérode qu'aurait le président

de la République, " les insuffisances du code électoral "

qu'il appliqua sans sourciller officiellement (avant sa

modernisation en 2012) quand il était ministre d'Etat,

ministre de l'administration territoriale et de la

décentralisation, les entretiens privés avec le chef de

l'Etat, les avis et conseils dont il crédita le Président de la

République quand il occupait de hautes fonctions

ministérielles (l'avis d'un citoyen, fût-il ministre d'Etat et

membre du Bureau Politique, n'engage guère le peuple

camerounais qui, seul, peut, souverainement et

démocratiquement, par les urnes, décider du maintien ou

non, à ses fonctions régaliennes, du Président de la

République). Les " Lettres " du camarade Marafa

participent de ce que René Descartes appelle " une

opinion " (essentiellement relative, voire subjective) et

non pas, nécessairement, " la vérité ". Celle-ci requiert

les pré-requis méthodologiques suivants : observation,

hypothèse, vérification, loi.

Seul le pouvoir judiciaire est habilité à transformer

une opinion (plaidoyer pro-domo, plaidoirie d'un

85

avocat, articles décapants des médias, tracts

subrepticement placardés ou jetés dans la rue pour

que le prévenu soit « libéré » etc.) en une vérité, un

mensonge ou une demi-vérité. Et la décision de la

Cour a une valeur apodictique (encore que les voies

de recours soient possibles, grâce à la procédure de

l'appel). Ce n'est pas à un Ingénieur pétrochimiste de

haut vol que je l'apprendrais, car il s'agit-là, des

fondements irréfragables de la démarche scientifique

explicités par Gaston Bachelard. En définitive, nous

attendons (sans passion, rancune, rancœur ni haine)

ce que dira la Justice.

La séparation des pouvoirs que recommande Charles de

Secondat, baron de La Brèche et de Montesquieu dans

L'Esprit des lois (1748) nous amène à rappeler que le

Président Paul Biya ne dit pas le droit, en sa qualité de

chef du pouvoir exécutif. Cette prérogative appartient au

pouvoir judiciaire qui rend la justice, au nom du peuple

camerounais, en toute indépendance.

JACQUES FAME NDONGO (Secrétaire National à la communication du RDPC)

86

CHAPITRE 11

MIS AU POING

Qui dans ce pays de Paul Biya n’a jamais trempé la main

dans l’illégalité ? Personne, mais alors personne. Il ne

s’agit pas de justifier ou de dédouaner les responsables

d’atteinte à la fortune de l’état, mais de souligner que

pour la jeunesse, cette opération n’est plus une opération

d’assainissement, mais politique !

Le Cameroun a besoin d’une transition : que ce soit

Marafa ou Fame Ndongo qui remplace Paul Biya, on

veut une transition, maintenant !

Donner de l’argent à la presse à gage pour traiter Marafa

d’homosexuel (parce qu’on sait que la jeunesse déteste

cette criminalité de mœurs), que Direct8 la télévision de

Bolloré diffuse en ce mois de Mai 2012 un documentaire

où il dit que Marafa a prit 12 milliards pour privatiser

RGIFERCAM (CAMRAIL), qu’il a un palis à Kribi, une

agence immobilière etc…tout ça ne sert à rien, nous ne

sommes pas dupe, et nous trouvons cette riposte minable

! Mais c’est effectivement la politique, et c’est de bonne

guerre ! Toutefois, on se doit de dire qu’il s’agit de

politique, car comme le disait Hoderer, le personnage de

Jean Paul Sartre dans « Les Mains salles », En politique,

toutes les armes sont bonnes quand elles sont efficaces, et

la fin justifie les moyens.

Du timing des révélations de MHY

Un ami me fait remarquer que le timing des révélations

semble très bien réfléchi. Une perche a d'abord été tendue

aux partis politiques et aux chancelleries occidentales à

travers les lettres sur le code électoral et sur

87

l'instrumentalisation politique de son procès. Les derniers

l'ont saisie, les premiers n'ont pas assuré. Probablement à

cause de leur manque de courage, ou bien d'une absence

de stratégie.

Ensuite, à travers la lettre au sujet du Crash de la Camair,

une perche a été tendue à la communauté nationale, à la

Société civile, et encore aux partis politiques. L'objectif

ici est d'inciter les concernés et les partis politiques, plus

légitimes là dessus, à appeler à l'ouverture d'une enquête

pour établir les faits dénoncés.

Ne soyons pas pressés! Les révélations sur la gestion de

l'argent du pétrole viendra en temps opportun, soit

probablement lorsque l'arrêt de la subvention sur le

carburant viendra se rajouter à l'augmentation du prix de

l'électricité. Tout cela est bien prévue.

Dès que la moindre consultation électorale sera

annoncée, les révélations sur les fraudes électorales de

2004 et 2011 seront sur la place publique. Ce type me

semble bien préparé, ce n'est pas pour rien que les Barons

du Parti refusent presque tous de s'exposer.

Remarquez que dans sa stratégie à éviter de se prononcer

sur le fond de l'affaire Bb Jet, il évite uniquement de

tomber sur le coup de la loi. Pourtant, il a très bien dans

le cadre de sa troisième lettre ramené l'instruction aux

question fondamentales. Toute sa stratégie de récusation

du juge semble donc basée sur la nécessité de reprendre

l'instruction dès le départ. Pas bête le mec!

88

Enfin, dans chaque "opus", MHY ne manque pas de citer

un grand Penseur (Francophone d'abord, puis

Anglosaxon...), pour faire passer un message fort,

carrément un slogan! Ce n'est pas du tout un hasard

Une riposte Minable, orchestré dans la presse par le régime, destinée à

salir ! Marafa n’a jamais été homosexuel ! Parce qu’on sait que la

jeunesse a horreur de cette pratique, on l’utilise pour instrumentaliser

l’opinion !

89

QUELQUES JOURS AUPARAVANT L’AVOCAT DU

MINISTRE D’ETAT AVAIT PARLE :

Communiqué de presse

Il est tellement plus prudent de rester les bras croisés et

de regarder, de bien loin, alors que la réputation et

l’honneur d’une autre personne sont traînés dans la boue.

Toutefois, n’oublions pas la célèbre mise en garde de

Dante qui dans son œuvre La divine comédie déclare que

l’endroit le plus chaud de l’enfer est réservé aux

personnes qui en période de crise morale refusent de

prendre position ! Pour ma part, je prends position aux

côtés de M. Marafa : un monsieur décent et honorable,

que je connais voici plus de deux décennies, aux Etats-

Unis pour la première fois et puis au Cameroun. Au fil

des années, notre amitié est allée au- delà de nos

divergences politiques. Après avoir consacré vingt

années de ma vie professionnelle à la recherche, à

l’écriture, et à travailler comme consultant dans le monde

entier, sur des questions liées à la corruption dans les

milieux d’Etat et sur des crimes économiques, je devrais

être en mesure de reconnaitre un criminel économique :

M. Marafa en n’est pas un ! Au cours des jours et mois à

venir nous allons vous le prouver.

Marafa Hamidou Yaya est un éminent fils du Cameroun

qui s’est mis au service de son pays, ses concitoyens et

CHAPITRE 12

L’AVOCAT

90

de son Président avec loyauté, fidélité et brio, pour 17

longues années. Ce monsieur mérite mieux que d’être

emprisonné dans une cellule d’une prison à haute

sécurité. Pour cette raison, nous qui sommes chargés de

sa défense sommes déterminés à faire tout notre possible

afin d’assurer qu’il est traduit devant la justice pour

pouvoir contester ces fausses accusations. Tout au long

du procès, si on en arrive là, nous allons également

veiller à ce que ses droits, garantis par la constitution, à

une procédure équitable soient respectés à la lettre. Au

rang de ces garanties essentielles à un procès équitable

figurent :

o son droit à la présomption d’innocence jusqu’à preuve

de sa culpabilité avec le Ministère public portant la

charge de prouver la culpabilité de M. Marafa « au delà

de tout doute raisonnable », la plus haute norme de

preuve en matière de règle de preuve ;

o son droit à une notification rapide de la nature des

charges retenues contre sa personne ;

o son droit à être juge sans retard déraisonnable.

Nous mettons un accent particulier sur ces garanties

procédurales, car elles figurent au rang des valeurs

incontournables de toute société démocratique que le

Cameroun prétend être. Ces droits sont davantage

indispensables dans un contexte ou, comme c’est le cas

ici, l’accusé risque perdre sa liberté pour une longue

période.

91

Tout en veillant de près au respect des droits de notre

client à une procédure équitable, la défense s’attaquera

également aux accusations criminelles, au cas où il y en

aurait, qui seront lancées contre M. Marafa Hamidou. En

conséquence, la défense montera une défense vigoureuse

et agressive contre chaque chef d’inculpation ; contestant

à chaque étape les faits présumés et les arguments

juridiques appuyant chaque chef d’inculpation.

Je n’exagère point lorsque j’affirme que les yeux du

monde sont rivés sur le Cameroun, suivant le

déroulement de l’enquête menée contre le Ministre

Marafa Hamidou Yaya. Il faut dire qu’il y a une bonne

raison à cela : au cours de la dernière décennie environ le

Cameroun s’est distingué comme l’un des pays les plus

corrompus au monde. Par conséquent, ce n’est que

logique que l’opinion publique internationale soit pressée

de savoir si ces arrestations spectaculaires et détention de

hauts responsables, pour des actes présumés de

corruption et de détournement de dénis publics, sont une

mise en scène sans fond ou si, comme dans le cas du

Ministre Marafa, celles-ci cachent quelque chose de plus

sinistre : un complot machiavélique macabre pour écarter

de l’échiquier politique un homme d’Etat charismatique

et visionnaire, par tous les moyens nécessaires !!

La manière donc cette affaire sera gérée par notre justice

confirmera ou détrompera l’opinion publique (au pays et

à l’étranger) par rapport aux motivations inexprimées

derrière cette affaire. Dans tous les cas, le gouvernement

camerounais est avisé.

92

Professeur Ndiva Kofele Kale,Esq,avocat de la

défense. Etude Motande,Buea.

AVION PRÉSIDENTIEL : LES DÉTAILS QUI

ACCABLENT LE GOUVERNEMENT DE PAUL

BIYA

Elles sont contenues dans une correspondance de Boeing

à l’ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis en

septembre 2003.

A mesure que les jours passent, de nouveaux éléments

permettent de voir plus clair dans le processus foireux

d’achat de l’avion présidentiel. Un processus pour lequel

Yves Michel Fotso, ancien administrateur directeur

général de la Camair, Marafa Hamidou Yaya, ancien

Sgpr, Jean Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire

général à la présidence de la République, tous en

détention. Les uns au Secrétariat d’Etat à la Défense

(Marafa et Fotso) et Atangana Mebara à Kondengui.

Dans une lettre dont Mutations a pu se procurer copie, le

confectionneur de l’avion, Boeing avait écrit à

l’ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis, Jérôme

Mendouga, le 4 septembre 2003, afin de lui faire le point

sur la procédure d’achat d’un avion présidentiel Vip.

Ceci après une visite du colonel Mitlassou Justin, à

l’époque chef service des déplacements présidentiels à

l’état-major particulier du président de la République, de

hauts responsables de la Camair et de l’Autorité

aéronautique du Cameroun à Victor Ville en Californie.

Cette visite, qui s’est déroulée du 9 au 19 août 2003, ne

portait pas sur l’achat du BBJ-II, mais pour la location

93

d’un Boeing 767-200Vip (connu sous l’appellation

Albatros), en attendant la fabrication d’un avion

présidentiel proprement dit immatriculé, 767-300Vip.

Dans sa lettre adressée à Jérôme Mendouga, aujourd’hui

écroué à la Prison centrale de Kondengui, à Yaoundé

Boeing mettait déjà en garde le gouvernement du

Cameroun sur la confusion et la complexité qui entachait

la procédure en cours. L’entreprise américaine qui avait

été contacté pour le BBJ-2, pour un 767-300Vip, puis

pour la location d’un 767-200Vip, tout cela en moins de

deux ans, parle dans sa correspondance « d’activités

conflictuelles et séparées ».

Colonel Mitlassou

Elle souligne par ailleurs ne pas avoir eu des «

indications claires sur les intentions du gouvernement du

Cameroun.» Dès le début de la correspondance, Boeing

trouve troublant le fait que le gouvernement camerounais

ait pu envoyer deux équipes séparées pour se procurer un

business Jet-Vip pour les voyages présidentiels au

Cameroun. Confuse, Boeing donne jusqu’au 8 septembre

2003 au gouvernement du Cameroun pour que celui-ci

manifeste sa volonté de procéder à la location de

«L’Albatros ». A défaut, elle annonce son intention de

remettre l’avion sur le marché, afin de donner

l’opportunité à d’autres parties de procéder à sa location.

D’après Jean Marie Atangana Mebara, dans son ouvrage,

Lettre d’ailleurs, au retour de la mission, le colonel

Mitlassou lui remet le 20 août 2003 une fiche technique

sur laquelle il est mentionné : « l’avis technique de la dite

commission est favorable à l’acquisition de l’Albatros ».

Dans sa version des faits sur l’achat de l’avion

présidentiel contenu dans sa troisième lettre, Marafa

94

Hamidou Yaya s’interroge : Pourquoi avoir décidé

d’acquérir un Boeing 767-300 Vip en lieu et place du

Bbj-2 déjà fabriqué ? Une interrogation que l’entreprise

Boeing soulève elle-même en toile de fond dans sa lettre.

à l’ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis. Jean

Marie Atangana Mebara a sa petite idée à ce sujet. Il

affirme en effet, toujours dans « Lettres d’ailleurs » qu’«

ayant ainsi renoncé, au moins provisoirement à

l’acquisition d’un nouvel avion neuf, le chef de l’Etat

(Paul Biya) instruit de voir avec Boeing la possibilité que

cette firme puisse donner au Cameroun, en location

longue durée, entre deux et trois ans, un avion en

attendant l’atteinte du point d’achèvement ». Il poursuit

en soulignant : « Le BBJ-2 n’a pas pu être livré, en avril

2002, simplement parce que le financement n’a pas pu

être bouclé par Gia ; et je puis ajouter, parce que le

gouvernement n’a pas eu la bonne information à temps,

pour une autre réaction appropriée ».

Les sources de ce texte puisé sur facebook sont mal connues

95

96

CHAPITRE 13

CRISTALLISATION DU DÉBAT TRIBAL

Jusque là, on vivait au rythme plus manifeste de la

symétrie hégémonique béti-bamiléké ; aujourd’hui, la

triangulation est complète, et le Cameroun affiche de plus

en plus les différents écrans de belligérance. Mais la

jeunesse reste lucide : Marafa et certains autres ont-t-ils

détourné l’argent de l’état ou pas ? La lutte contre la

corruption, (opération soutenue par a jeunesse toute

entière au départ) s’est-elle muée en opération

d’épuration politique ? Une opération devenue le

dépotoir délirant des luttes politiques et tribales où

s’enchevêtre indissociablement haine, rancunes,

schizophrénie, jalousies malsaines dans les derniers

spasmes d’agonie d’un régime mal dans sa transition ?

Une chose est certaine, la lutte contre les détournements

de fonds et la corruption était sincère au départ, sous

l’exigence des bailleurs de fons, mais le régime en a

profité pour régler des comptes en interne dénuant

l’opération de son fondement. Muré dans la peur, le

peuple bavarde à la radio, seul liberté à lui accordé par le

renouveau, pour permettre l’exutoire des peines. Le chien

aboie, la caravane passe !

Nous vivons en ce moment au Cameroun, le Processus de

transition entre le fascisme démocratique, et un avenir

inconnu. Dans sa thèse de doctorat « La place des

régimes politiques internes dans l'analyse de la paix et de

la guerre », Isabelle LE BRETON-FALEZAN,

97

s’interroge : Jusqu’à quel point les phénomènes de paix

et de guerre dépendent-ils de la forme des régimes

politiques internes des Cités ? Il s’agit là d’une question

qui concerne les praticiens de la politique et d'un sujet

qui a suscité des controverses intellectuelles dans la

pensée politique ; L’examen attentif des grands auteurs

du passé suggère toutefois que certains contextes

historiques ont été particulièrement propices à

l'émergence de ce débat par ailleurs peu dissociable du

processus de consolidation de l’État. Le régime

Démocratique du renouveau est donc une source peu

claire de «l’absence de guerre » et recèle des prédictions

très incertaines en matière de paix au Cameroun.

L’analyse de Bayart est particulièrement pertinente et

subtile lorsqu’elle démontre l’entrelacement des racines

du pouvoir d’Etat africain et l’assimilation Réciproque

des élites. I1 a raison lorsqu’il affirme que l’ethnicité

n’est qu’une forme parmi un grand nombre d‘identités

africaines vécues et lorsqu’il montre que la lutte

factionnelle pour le contrôle politique suprême de 1’Etat

a contribué à façonner les distinctions ethniques au sein

même de la société. Le Cas Marafa et les évènements qui

l’accompagne est illustratif de cette sociologie politico

tribale.

98

99

Monsieur le Président de la République,

Je vous écris de la prison centrale de Kondengui où je

suis incarcéré. Avant tout, je réitère solennellement mon

innocence pour les faits qui semblent m'être reprochés et

j'espère bien avoir l'opportunité de le prouver devant les

tribunaux compétents.

Si je vous saisis aujourd'hui, c'est pour solliciter à

nouveau que justice soit rendue dans une autre affaire

d'avions (déjà!) où j'avais injustement été incriminé il y a

plus d'une dizaine d'années. Décidément, l'histoire a l'art

de bégayer ou plutôt de se répéter.

CHAPITRE 14

LA QUATRIÈME LETTRE DE MARAFA

100

Rendez-moi enfin justice et indemnisez les victimes. Car

seule une application saine de la justice permettra à notre

Pays de bâtir une SOCIÉTÉ DE CONFIANCE.

D'emblée, permettez-moi de présenter mes très sincères

excuses à nos compatriotes qui ont perdu des êtres chers

dans le crash du Boeing 737 de la CAMAIR à Douala en

1995. Je ne réveille leur douleur que pour demander à

nouveau que justice soit enfin rendue et que les ayants-

droit des victimes de cet accident soient adéquatement

indemnisés. C'est aussi cela le rôle de l'Etat.

En mai 1994, des accords écrits avaient été conduits à

Paris, en France, par lesquels la South African-Airways

(SAA) s'engageait à assurer la maintenance des Boeing

737 et 747 appartenant à la défunte CAMAIR.

Du fait de la défaillance et de la grossière négligence

dans l'exécution de ces contrats, le Boeing 737-200

immatriculé TJ-CBE et baptisé Le Nyong, s'est écrasé à

Douala le 03 décembre 1995, coûtant la vie à soixante et

onze (71) personnes. De même, en 1997, le Boeing 747-

200 Combi, Le Mont Cameroun, a perdu un réacteur en

plein vol, aux environs de Paris, en France. Un de nos

compagnons de détention à Kondengui était un des

passagers de ce vol. Il en est encore traumatisé.

Les deux (02) pilotes du Boeing 737 étaient des amis. Le

101

commandant de bord, Monsieur Younoussa AMAN

SALI et moi nous nous connaissions depuis l'enfance.

Nous avons partagé le même banc en classe Terminale

"D" au lycée de Garoua. Puis nous avons partagé la

même chambre à la Cité Universitaire de l'Université de

Yaoundé. Après son décès, j'ai été dans son village à Bé,

non loin de Garoua, et en compagnie de son frère le

lamido, nous avons prié sur sa tombe qui se trouve à

l'intérieur de la concession du lamidat.

J'ai connu le pilote, Monsieur Lombo, lorsque je

travaillais à la SNH et que je voyageais beaucoup. Nous

nous sommes rencontrés sur son lieu de travail, c'est-à-

dire dans les avions. C'était également un camarade

d'enfance de mon épouse à Douala. Cela a contribué à

nous rapprocher encore plus. Après son décès, mon

épouse et moi sommes allés réconforter sa mère et

ensemble, nous avons prié sur sa tombe qui se trouve

dans la cour de leur maison à Douala.

En 1999, alors que j'étais Secrétaire Général de la

Présidence de la République, le Ministre d'Etat délégué à

la Présidence, chargé de la Défense, Monsieur

AMADOU ALI vous a fait parvenir une note résultant

d'un entretien qu'il a eu avec son ami MILA ASSOUTE,

d'où il ressort que la négligence de SAA était due au fait

que cette entreprise corrompait des autorités du

Gouvernement camerounais et de la CAMAIR.

102

Cette corruption mise à nu, rendait juridiquement nuls les

contrats conclus entre SAA et CAMAIR. De ce fait, les

paiements de soixante-cinq (65) millions de dollars US

(soit au taux de 1$US = 500 frs CFA, Trente-deux

milliards cinq cent millions (32.500.000.000) francs

CFA) perçus par SAA dans le cadre de ces contrats

devraient être restitués à CAMAIR. En outre, des

dommages et intérêts devraient être exigés.

A l'époque le Ministre d'Etat, qui m'a toujours jalousé

pour des raisons qui lui sont propres et avec qui j'ai

entretenu des relations heurtées pendant notre

cohabitation au Gouvernement, ainsi que les autres

intervenants camerounais dans ce dossier, m'ont présenté

comme le principal bénéficiaire des fruits de cette

corruption.

Dès lors, tout a été mis en œuvre pour que ma

"culpabilité" soit connue de tout le monde. Les mêmes

journaux qui ont préparé l'opinion en vue de mon

incarcération avaient été mis à contribution, dans le cadre

d'une campagne haineuse et particulièrement violente à

l'époque.

Imaginez-vous, Monsieur le Président de la République.

J'étais votre principal collaborateur. Vous me receviez en

audience tous les jours. J'étais supposé être au centre de

103

ce tragique scandale, et je devais vous regarder dans les

yeux tous les jours!

Imaginez-vous, Monsieur le Président de la République.

Par ma supposée prévarication, je devenais responsable

des décès de deux (02) amis proches et d'une soixante

dizaine de nos compatriotes!

La conscience tourmentée, j'ai cherché à me rapprocher

de ceux qui ont survécu à cet accident. C'est ainsi que j'ai

reçu à ma table l'hôtesse de l'air Mademoiselle

WELISSANE. De même, chaque trimestre, je recevais à

mon bureau, Monsieur NDONG TOUNG, adjoint au

directeur des affaires générales à la Présidence de la

République également rescapé de ce crash. Je lui

établissais des ordres de mission pour aller effectuer ses

contrôles médicaux en France et y rencontrer son

psychiatre.

Au-delà du regard de ces deux compatriotes, j'essayais de

sonder leur âme pour savoir ce qu'ils pouvaient penser du

monstre que j'étais supposé être. Ce fut une torture

permanente pour moi.

Je me suis alors juré de ne rien ménager afin que la vérité

soit connue au sujet de cette affaire et que justice soit

rendue. La providence m'y aidera.

104

Sur vos instructions, j'ai saisi par correspondance en date

du 26 août 1999, le Directeur Général de TRANS-NET

Ltd de cette affaire (cf. Annexe 1). Par la suite, j'ai signé

un arrêté en date du 14 novembre 2000 portant création

d'un comité de suivi de l'exécution des contrats de

maintenance des avions entre CAMAIR et TRANS-NET-

SAA (cf. Annexe 2).

Ce comité avait pour mission entre autres, «d’ester en

justice et défendre les intérêts de CAMAIR et de l'Etat du

Cameroun dans les différends pouvant naître à l'occasion

de l'exécution de ces contrats».

Dans le cadre du travail de ce comité, le mécanisme de

cette corruption a été mis à nu, les différents acteurs et

bénéficiaires ont été identifiés et certains l'ont reconnu

formellement, au vu du rapport de mission en date du 07

décembre 2000 que le comité vous a adressé.

A AUCUN MOMENT MON NOM N'A ÉTÉ

ASSOCIÉ A CETTE SCABREUSE AFFAIRE.

Je vous avais alors proposé que le gain financier que

notre pays devait tirer de l'action engagée en justice

puisse être utilisé de la manière suivante:

a) Indemniser les ayants-droit des victimes de l'accident

du Boeing 737 à hauteur de cent millions (100.000.000)

105

de francs CFA par personne.

b) Renflouer la CAMAIR avec la différence afin de

consolider les fonds propres de cette compagnie.

Dès lors, j'étais devenu le témoin gênant. En effet, ceux

qui avaient intérêt à ce que je sois présenté comme le

bénéficiaire des fruits de cette corruption avaient été

formellement démasqués et ont été pris de panique. Non

seulement la presse ne parlera plus de cette affaire, mais

une stratégie insensée et diabolique sera mise en œuvre

pour me discréditer définitivement.

C'est ainsi que les concernés ont pris langue avec

Monsieur BANTU HOLOMISA, à l'époque membre du

parlement sud-africain, président du parti politique

"United Democratic Movement" et en mal de notoriété.

Celui-ci a écrit une lettre ouverte en date du 27 mars

2002 adressée à Son Excellence THABO MBEKI, alors

Président de la République d'Afrique du Sud et à vous-

même (cf. Annexe 3); lettre qu'il a lue en séance plénière

du parlement sud-africain, demandant la constitution

d'une commission d'enquête judiciaire sur l'affaire de

corruption impliquant la société TRANSNET.

Dans cette lettre, Monsieur BANTU HOLOMISA

reprend, selon lui, les allégations faites dans la presse

106

camerounaise selon lesquelles mon épouse (Nommément

citée) aurait fait plusieurs voyages en Afrique du Sud

pour recueillir les pots de vin de la société TRANSNET.

Effectivement, à l'époque, mon épouse avait fait plusieurs

voyages en Afrique du Sud pour des raisons de santé.

Elle y a subi plusieurs hospitalisations et opérations

chirurgicales dans des formations sanitaires et par des

praticiens également connus. Elle continue d'ailleurs à s'y

rendre et à s'y faire suivre; son dernier voyage remonte

au mois de mars 2012.

MON EPOUSE NE CONNAÎT NI TRANSNET NI

SES DIRIGEANTS ET N'EST EN RIEN

CONCERNEE PAR LES ÉLUCUBRATIONS DU

DÉPUTÉ SUD AFRICAIN BANTU HOLOMISA.

Après la stupéfaction, j'ai par correspondance en date du

12 avril 2002 à lui adressée (cf. Annexe 4) et transmise

par DHL (Lettre de transport aérien n° 358.2947.141),

informé Monsieur BANTU HOLOMISA que j'ai pris

connaissance de sa lettre ouverte avec beaucoup d'intérêt

que je la considérais comme une diffamation et qu'à

l'issue des procédures judiciaires en cours, je me

réservais le droit de le poursuivre en justice. J'ai

également porté à sa connaissance que copies de ma

correspondance seraient envoyées au Président THABO

107

MBEKI et à Vous-même. La vôtre vous a été transmise

le même jour par mes soins (cf. Annexe 5). Celle du

Président THABO MBEKI l'a été par DHL (Lettre de

transport aérien n° 358.2947.701).

Après plusieurs années, j'ai été informé que l'affaire a été

jugée, que TRANSNET a été condamné et que le

Cameroun a été indemnisé. A ma grande surprise,

AUCUN DES BÉNÉFICIAIRES CONNUS DES

FRUITS DE CETTE CORRUPTION N'A ETE

INQUIÉTÉ, NI SUR LE PLAN ADMINISTRATIF.

ENCORE MOINS SUR LE PLAN PÉNAL.

Même Monsieur AMADOU ALI qui était pourtant à

l'origine du déclenchement de cette affaire ne s'y est plus

intéressé, en qualité de Ministre de la Justice pendant

plus de dix (10) ans, alors qu'une soixante dizaine de nos

compatriotes ont perdu leur vie!

Afin de restaurer un tant soit peu mon honneur et celui de

mon épouse durablement salis et dont personne ne

semblait se soucier, j'ai saisi Monsieur TEM Emmanuel,

Avocat camerounais du Cabinet "LAPIN ATTORNEY"

basé à Johannesburg, pour engager une action en justice

pour diffamation contre Monsieur BANTU HOLOMISA.

Je vous en ai rendu compte par note en date du 18 juin

2005 (cf. Annexe 6)

108

Après avoir étudié le dossier que je lui ai confié et

effectué quelques démarches préliminaires, Monsieur

TEM m'a assuré de la justesse de ma démarche et de sa

conviction d'une issue qui me serait favorable d'un procès

éventuel (cf. Annexe 7.). Il m'a cependant mis en garde

contre le retentissement médiatique qu'entrainerait ce

procès en Afrique du Sud, ce qui ne manquerait pas de

porter un préjudice certain aux relations entre ce gays et

le nôtre.

J'ai sollicité une audience au cours de laquelle je vous ai

fait part de cette mise en garde de mes avocats. Vous

m'avez demandé de mettre fin à cette procédure afin de

préserver les intérêts de notre pays. A mon corps

défendant, j'ai dû suspendre cette procédure, me privant

ainsi de l'opportunité de restaurer mon honneur et celui

de mon épouse.

Je vous ai réitéré, à l'occasion de cette audience, la

nécessité d'indemniser les ayants-droit de l'accident du

Boeing 737 à hauteur de cent millions (100.000.000) de

francs CFA par personne, comme je vous l'avais déjà

proposé. Ce qui serait justice.

Quelle ne fut ma consternation lorsque quelques années

plus tard, les bénéficiaires de cette corruption ont été

promus dont certains à des fonctions gouvernementales!

Je vous avais alors fait part de Mon refus de collaborer

109

avec Monsieur ISSA TCHIROMA en particulier, par

respect pour la mémoire de mes deux (02) amis et des

autres victimes du crash du Boeing 737 de la CAMAIR

en 1995.

Monsieur le Président de la République,

Rendons justice à ces victimes. Car seule la justice nous

permettra collectivement de BATIR UNE SOCIETE DE

CONFIANCE.

Les tergiversations pourraient excéder et exaspérer nos

compatriotes, comme elles ont excédé et exaspéré

Cromwell à son époque pour moins que cela.

En effet, en 1653, après avoir appris que le parlement

essayait de continuer à siéger malgré un accord de

dissolution et après avoir échoué à s'entendre sur un

règlement intérieur applicable, Cromwell perdit patience.

Le 20 avril, il prit part à une session et écouta une ou

deux interventions. Puis il se leva et harangua les

membres du parlement. Ce discours n'a malheureusement

pas été préservé mais il a été souvent paraphrasé. Ainsi a

t-il dit: “...you have sat too long here for any good you

have been doing. Depart I say, and let us have done

with you. In me name of God, go!"

14 JUIN 2012

Marafa Hamidou Yaya

110

LES ANNEXES CITÉES DANS LA 4EME LETTRE

OUVERTE DE MARAFA HAMIDOU YAYA.

Annexe 1 Yaoundé, le 26 août 1999

N°047/CF/CAB/SG/PR

Le Secrétaire Général

A Monsieur Le Directeur Général de TRANSNET LTD

Private Bag x 47, JOHANNESBURG - SOUTH AFRICA 2000

Monsieur Le Directeur Général,

Nous avons l'honneur de vous adresser la présente lettre au sujet des accords

écrits conclus à Paris, France, en mai 1994, par lesquels la SAA s'engageait

à assurer la maintenance des Boeing 737 et 747 appartenant à la compagnie

publique CAMAIR.

Selon des informations reçues de Advanced Technics Trust Ltd et

confirmées ensuite par une mission d'enquête dépêchée â Johannesburg, dont

les membres ont rencontré les dirigeants de TRAWSNET LTD le 06 juillet

1999, vous affirmez clairement dans votre réponse à une instance introduite

contre vous par ATT à la High Court de Johannesburg que vous n'êtes pas

tenu de payer la somme due à ATT parce que l'accord aux termes duquel

vous deviez le faire est illégal en raison du fait que, et nous citons «il a été

conclu pour pouvoir verser des pots-de-vin à des cadres de la Cameroon

Airlines (CAMAIR) et à des hauts fonctionnaires camerounais afin de les

influencer, en leur qualité de responsables de l'attribution des marches de la

CAMAIR ou en tant que personnes dont la collaboration et/ou le

consentement et/ou l'intervention dans l'attribution de tels marchés étaient

requis, pour qu'ils concluent, collaborent à la conclusion, facilitent la

conclusion ou approuvent la conclusion entre South African Airways et la

CAMAIR d'un portant sur des services de maintenance à effectuer sur les

avions de la CAMAIR».

Il ressort également que vous avez déclaré dans votre réplique que vous avez

donc versé, à titre de pots-de-vin, la somme de 26.971.178,39 ZAR à ATT.

Pour notre part, nous ne sommes toujours pas au courant de la corruption

111

dont vous parlez. Toutefois, nous sommes stupéfait que vous admettiez, très

sincèrement avoir intentionnellement et consciemment versé, à des fins de

corruption, plus de 26.971.178,39 ZAR à des employés de la CAMAIR et à

des autorités camerounaises influentes pour inciter la CAMAIR à conclure

un contrat avec vous.

Permettez-nous de vous informer qu'aux termes des articles 134 et 142 du

Code pénal camerounais, la corruption est un délit.

Les déclarations contenues dans le dossier au Tribunal et celles publiées

dans la presse et sur Internet ne constituent pas seulement une grossière

diffamation à l'encontre de l'Etat camerounais et de la CAMAIR, mais aussi

un sérieux préjudice quant aux contrats passés et en cours de validité entre

SAA et la CAMAIR.

Par conséquent, nous vous demandons, dans un délai de 15 jours après

réception de la présente lettre:

1- de nous communiquer les noms de tous les employés de la CAMAIR et

des hautes autorités camerounaises qui se sont laissés corrompre;

2- de préciser les montants, les noms des bénéficiaires et le mode de

paiement;

3- d'expliquer en vertu de quoi:

a) Les contrats conclus entre la CAMAIR et vous en mai 1994 à Paris ne

devraient pas être considérés comme nuls et non avenus, compte tenu de vos

aveux de corruption, dont la conséquence serait le remboursement des 65

millions dollars EU que la CAMAIR vous a versés.

b) le contrat en cours avec la CAMAIR ne devrait pas être résilié en raison

de votre mauvaise foi et les sommes versées dans le cadre dudit contrat

restituées.

c) l'Etat camerounais et la CAMAIR ne pourraient pas demander réparation

en vous estant en Justice pour diffamation.

d) l'Etat camerounais et la CAMAIR ne pourraient pas, étant donné votre

conduite, vous rendre responsable des deux accidents, premièrement celui du

Boeing 737 à Douala le 05 décembre 1995 qui a coûté la vie à de

nombreuses personnes et, deuxièmement la perte du réacteur du Combi 747

à Paris en 1997, du fait de votre défaillance ou de votre grossière négligence

112

dans l'exécution des contrats conclus avec la CAMAIR.

Nous nous réservons le droit d'entreprendre toute action en attendant votre

réponse.

Veuillez agréer, Monsieur Le Directeur Général, l'expression de notre haute

considération. /-

Marafa Hamidou Yaya

Annexe 2

Arrête N°530/CAB/PR du 14 novembre 2000 portant création d'un

Comité de Suivi de l'exécution des contrats de maintenance des avions

entre CAMEROON AIRLINES et TRANSNET-SOUTH AFRICAN

AIRWAYS.

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,

VU la Constitution;

VU le décret n°971209 du 07 décembre 12997 portant organisation du

Gouvernement;

VU le décret n°97/209 du 08 décembre 1997 modifiant et complétant

certaines dispositions du décret n°92/070 du 09 avril 1992 portant

réorganisation de la Présidence de la République;

ARRETE

Article 1er- (1) II est créé un Comité de Suivi de l'exécution des contrats de

maintenance des Aéronefs entre Cameroon Airlines et Transnet SOUTH

African Airways ci-après dénommé «Le Comité».

(2) Le Comité de Suivi est rattaché au Secrétariat Général de la Présidence

de la République et placé sous l'autorité de celui-ci. Il est doté d'une

personnalité juridique et bénéficie d'une autonomie financière.

Article 2- Le Comité a pour mission:

• d'émettre des avis sur les contrats prévus à l'article 1er ci-dessus ;

• de suivre l'exécution desdits contrats

• d'ester en justice et défendre les intérêts de la CAMAIR et l'Etat du

Cameroun dans les différends pouvant naître à l'occasion de l'exécution de

113

ces contrats.

Article 3- (1) Le Comité est composé ainsi qu'il suit:

• M. Jean FOUMAN AKAME, Conseiller Technique au Secrétariat Général

de la Présidence de la République, Président;

• M. EGBE ACHUO Hillmann, Chargé de Mission au Secrétariat Général de

la Présidence de la République, Vice-président ;

• Mme Pauline Christine NGO MAN¬DENG, représentant du Ministère de

la Justice, Rapporteur;

• M. Bernard ATEBA, Cadre CAMAIR, Membre.

(2) Le Comité peut faire appel à fout expert ou institution dont, en raison de

ses compétences, la contribution est jugée utile.

Article 4- Le Comité se réunit, en tant que de besoin sur convocation de son

Président

Article 5- Le Comité rend régulièrement compte de ses activités au

Secrétaire Général de la Présidence de la République pour le compte du

Chef de l'Etat.

Article 6- Le budget de fonctionnement est financé par des contributions

spéciales des administrations et organismes publics.

Le Président du Comité de Suivi en est l'Ordonnateur.

Article 7- (1) Les fonctions de membres de Comité sont gratuites. Toutefois,

à l'occasion des réunions, des séances de travail et des déplacements, il leur

est alloué une indemnité dont le montant est arrêté par le Secrétaire Général

de la Présidence de la République sur proposition du Président du Comité.

(2) Dans le cadre de l'exécution des missions assignées au Comité, ses

membres peuvent bénéficier de certains avantages ou gratifications.

Article 8- Le présent arrêté sera enregistré, publié selon la procédure

d'urgence, puis inséré au Journal officiel en, français et en anglais. /-

114

YAOUNDE, le 14 NOV. 2000

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,

Et Par Délégation,

Le secrétaire Général de la présidence de la République

Marafa Hamidou Yaya

Annexe 3

LETTRE OUVERTE DE M. H.B. HOLOMISA, DEPUTE,

PRESIDENT DU UNITED DEMOCRA

TIC MOVEMENT (AFRIQUE DU SUD) A LEURS EXCELLENCES

MESSIEURS THABO

MBEKI, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE, ET

PAUL BIYA, PRESIDENT

DE LA REPUBLIQUE DU CAMEROUN

Objet: DEMANDE DE CONSTITUTION D'UNE COMMISSION

D'ENQUETE JUDI¬CIAIRE SUR L'AFFAIRE DE CORRUP¬TION

IMPLIQUANT LA SOCIETE TRANS-NETJ

Excellences,

Au cours d'une récente session parlementaire, j'ai soulevé le problème d'un

pot-de-vin de 26,9 millions de rands versés par Transnet dans ses

transactions au Cameroun. Veuillez trouver ci-joints une copie de mon

discours et des documents qui étayent mes déclarations.

Si nous nous félicitons de ce que l'affaire soit aujourd'hui portée devant les

tribunaux, l'argument selon lequel l'affaire est en instance, ce qui interdit

tout commentaire de la part du gouvernement, ne saurait s'appliquer dans ce

cas, étant donné l'importance de la couverture médiatique et les nouvelles

révélations faites dans les médias camerounais.

Ces comptes rendus sont toujours publiés régulièrement et fournissent des

détails précis sur le rôle et l'implication de plusieurs personnes et organismes

dans le scandale. Nous pensons également que les intérêts sud-africains sont

négativement affectés par ce scandale et que le gouvernement ne peut pas

garder le silence et rester inactif. Nous sommes préoccupés par les versions

115

contradictoires données par Transnet devant les tribunaux sur les

circonstances du versement du pot-de-vin. En effet, Transnet aurait reconnu

devant un tribunal sud-africain avoir versé ce pot-de-vin considérable, alors

qu'elle nie toute action semblable devant une juridiction internationale. Il est

particulièrement préoccupant que les médias camerounais aient publié des

informations selon lesquelles une certaine Madame Marafa, épouse d'un haut

responsable à la Présidence de la République du Cameroun, a effectué

plusieurs voyages en Afrique du Sud et aurait reçu ce pot-de-vin de la

société Transnet.

L'argent du contribuable sud-africain a été détourné pour verser ce pot-de-

vin qui serait très élevé. Le contribuable paie aujourd'hui la facture de ces

affaires. Troisième coup dur pour le contribuable: la saisie éventuelle des

avoirs de Transnet au Cameroun, d'une valeur approximative de 1 milliard

de rands.

Nous sommes préoccupés par les rumeurs selon lesquelles le gouvernement

sud-africain est sur le point de faire des démarches auprès du gouvernement

français afin que celui-ci exerce des pressions sur le gouvernement

camerounais pour l'arrêt des enquêtes et procès en cours au Cameroun. Une

telle démarche aurait-elle été suivie s'il n'y avait rien à cacher dans cette

affaire, au lieu que la position de Transnet soit défendue devant les

tribunaux?

En tant qu'Africains, nous avons tous le devoir d'être vigilants à l'égard des

affaires de corruption. C'est le seul moyen de nous départir du cliché d'un

continent arriéré et non civilisé. Les géniteurs et les potentiels bailleurs de

fonds du NEPAD ont reconnu que la bonne gouvernance est indispensable

pour le succès de cette initiative.

Les Présidents de la République sud-africaine et de la République du

Cameroun peuvent-ils assurer leurs populations qu'il n'y a rien à cacher?

Inversement, au cas où cette assurance ne peut être donnée, il faudra

s'attendre à ce que l'affaire soit soumise à une enquête exhaustive. On

pourrait par exemple se demander si les Présidents sud-africain et

camerounais se sont entretenus sur ce problème. Si tel est le cas, à quelle

date et quelle décision a été prise? Si cet entretien n'a pas eu lieu, quelle en

est la raison?

Etant donné ce qui précède, je demande au Président Thabo Mbeki de créer

de toute urgence une Commission d'enquête judiciaire sur celle affaire.

Veuillez agréer, Excellences, l'expression de ma très haute considération.

116

(é) H.B. Holomisa Député Président du United Democratic Movement

Afrique du Sud

Annexe 5

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE REPUBLIQUE DU

CAMEROUN

Paix-Travail-Patrie

Le Ministre d’Etat, Secrétaire Général

NOTE A LA TRES HAUTE ATTENTION DE MONSIEUR LE

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

M. HOLOMISA, Parlementaire et Président du Parti Politique dénommé «

United Democratic Movement » en Afrique du Sud a cru devoir, à travers

une Lettre Ouverte, appeler Votre Attention et celle du Président THABO

MBEKI sur la nécessité de créer une Commission d'Enquête Judiciaire

relative à des pratiques de corruption impliquant la Société Sud Africaine

TRANSMET.

Dans cette Lettre Ouverte, M. HOLOMISA m'a mule nommément mis en

cause ainsi que mon Epouse.

Autant je m'astreints à ne pas réagir aux outrances de notre Presse locale,

autant il m'a semblé utile et nécessaire de ne pas laisser une personnalité

étrangère me mettre ainsi injustement en cause.

C’est pourquoi j'ai répondu sans tarder à M. HOLOMISA.

Je Vous transmets respectueusement ci-joint copies de la Lettre Ouverte de

M. NOLOMISA et de ma réponse (ainsi que leurs traductions en français)

que je, compte également envoyer au Président THABO MBEKI.

Marafa Hamidou Yaya

Annexe 6

MINISTÈRE DE L'ADMINISTRATION TERRITORIALE ET DE LA

DÉCENTRALISATION

Yaoundé, le 18 juin 2005

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NOTE POUR MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

A/S d'une action en justice Afrique du Sud.

J'ai le très grand honneur de porter à Votre Très Haute connaissance que j'ai

engagé, à travers la firme d'avocats «LAPIN ATTORNEY» basée à

Johannesburg, une action en justice contre M. BANTOU HOLOMISA,

parlementaire et président du «United Democratic Movement» (LIDM) en

Afrique du Sud.

En effet le 27 mars 2002, au cours d'un débat parlementaire, M.

HOLOMISA avait soulevé la question d'un pot de vin de 26,9 millions de

rands payés par la société Transnet dans le cadre de ses opérations au

Cameroun.

De même dans une lettre ouverte en date du 27 mars 2002, M. HOLOMISA

a cru devoir appeler Votre Attention ainsi que celle du Président THABO

MBEKI sur la nécessité de créer une Commission d'enquête judiciaire

relative à des pratiques de corruption impliquant la société sud-africaine

Transnet.

Dans cette lettre ouverte, M. HOLOMISA m'avait nommément mis en cause

ainsi que mon épouse.

J'avais immédiatement réagi par lettre en date du 12 avril 2002 adressée à.

M. HOLOMISA dans laquelle je m'élevais avec force contre cette accusation

gratuite et diffamatoire.

J'avais en outre dit à M. HOLOMISA que le fait que l'affaire soit pendante

devant les tribunaux ne m'autorisait pas à en parler mais que je me réservais

le droit de saisir les tribunaux sur cette affaire dès la fin des enquêtes et du

procès sur l'affaire Transnet, afin que soient rétablis mon honneur et celui de

mon épouse qu'il a tant contribué à tenir.

Aujourd'hui, à ma connaissance, l'affaire a été jugée, Transnet a été

condamnée et le Cameroun a été indemnisé. Cependant, un doute pourrait

continuer à planer sur mon implication dans cette affaire. C'est pourquoi je

me suis résolu à engager une action judiciaire contre HOLOMISA afin qu'il

rétracte ses accusations, présente par les mêmes voies des excuses à mon

épouse et à moi-même espérant ainsi rétablir un tant soit peu notre

honorabilité.

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En effet, autant je m'astreints à ne pas réagir aux outrances de notre presse

locale, autant il m'a semblé utile et nécessaire de ne pas laisser une

personnalité étrangère mettre ainsi injustement en cause un haut responsable

dans notre pays.

Je Vous prie de trouver ci-joints, copies de la lettre ouverte de M.

HOLOMISA en date du 27 mars 2002 et de ma réponse en date du 12 avril

2002 ainsi que celles de leurs traductions respectives.

Marafa Hamidou Yaya

Cette Quatrième lettre du Ministre d’état Marafa, met en

lumière le détournement de 32 millions de dollars, soit

environ 16 milliards de nos FCFA, et les auteurs selon le

Ministre, ont été protégés, par le chef de l’état, et même

promus à des fonctions ministérielles, et les 71 morts

oubliés.

La jeunesse Camerounaise dans sa large majorité

comprend et pardonne à Marafa sa contribution aux

frasques des trente ans du régime Biya, parce que ce

dernier partage avec elle finalement, les secrets d’un

régime qui a toujours refusé de rendre compte au peuple !

Un régime insolent, et sournoisement violent. Oui, nous

lui pardonnons le trucage des élections, ses mensonges,

sa répression…il était aux ordres, et on sait maintenant

qu’il disait au chef de l’état ce qu’il pensait vraiment !

Pour une fois en trente ans, nous sommes au courant.

Alors oui, parle Marafa, parle le père, la jeunesse

t’écoute, c’est dans notre intérêt, nous avons le droit de

savoir.

RÉVÉLATIONS

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CHAPITRE 15

LA DEUXIÈME LETTRE DE LA JEUNESSE A MARAFA YAOUNDÉ LE 04 JUIN 2012

LE RASSEMBLEMENT DE LA JEUNESSE A MONSIEUR LE MINISTRE D’ETAT MARAFA HAMIDOU YAYA

Monsieur le Ministre d’état.

Au lendemain de votre seconde lettre au chef de l’état, la jeunesse à travers Rassemblement de la jeunesse

Camerounaise vous a demandé d’expliquer votre part de vérité dans la scabreuse affaire des 31 millions de dollars

destinés à l’achat de l’avion présidentiel. Vous y avez répondu à votre troisième lettre adressée au peuple Camerounais.

La jeunesse enthousiaste face à ces vérités jusqu’ici verrouillées par un système qui ne rend jamais compte au peuple,

pense que votre Méa Culpa, pour votre responsabilité dans ce régime est acceptée ! Oui, Monsieur le Ministre d’état, la

jeunesse pense que vous êtes utile à la république. Même si vous avez jusque là aidé aux « VICTOIRES » du renouveau

au terme des élections dont le système a le secret.

Nous les jeunes, nous sommes content de vos lettres, qui mettent en lumière des choses qu’on nous a caché depuis notre

berceau, à toute une génération ! Nous avions fini par croire que DIEU en personne se trouvait au sommet de l’état,

tellement on nous a snobés ! mais vous venez de démythifier ces angoisses, et nous savons maintenant à quel sauce nous

avons été mangé durant ces trente dernières années. Merci Monsieur le Ministre d’état.

Toutefois, nous avons encore besoin d’éclairages sur deux éléments essentiels pour définitivement digérer votre méa

culpa:

- Comment se définissaient les résultats des élections quand vous étiez MINATD ? (Vous nous en avez certes

un peu parlez dans l’une de vos lettres précédentes, mais nous voulons savoir se qui se passait dans la

cuisine)

- Qui a ordonné d’ouvrir le feu sur les jeunes en février 2008 ?

- La SNH (société Nationale des Hydrocarbures). Monsieur le Ministre, vous y avez travaillé en tant que

cadre et surtout en tant que président du conseil d’administration quand vous étiez SGPR ; La jeunesse

apprend que l’argent du pétrole n’a été budgétisé qu’en 2006 : Jusque là où allait-il ? et comment était-il

géré ?

Voilà Monsieur le Ministre d’état, pour des besoins d’éclairage et pour l’histoire, nous voulons savoir, nous

avons le droit de savoir.

Tout en vous souhaitant bon courage pour l’épreuve que vous traversez, Nous vous prions d’accepter l’expression de

notre profonde déférence.

Pour le Rassemblement de la jeunesse,

Le Porte-Parole de la jeunesse Camerounaise

Sismondi Barlev Bidjocka

Tél : 77 85 89 19

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Selon Wikileaks en avril 2011 déjà, Le ministre

camerounais de la Justice, Amadou Ali a confié à un

diplomate américain ses appréhensions sur l’après-Biya.

Rapportés par Wikileaks, ses propos sont à la Une de

tous les journaux locaux, rapporte Jeune Afrique.

« Les trois régions du Nord qui sont ethniquement et

culturellement différentes du reste du Cameroun vont

continuer à apporter leur soutien à Biya aussi longtemps

qu’il souhaitera demeurer président, mais le prochain

président du Cameroun ne viendra pas de l’ethnie

beti/bulu de Biya. Les Betis sont trop peu nombreux pour

s’opposer aux nordistes, encore moins au reste du

Cameroun. Des Bamilékés ont fait des ouvertures à des

élites du Nord pour forger une alliance entre leurs régions

respectives, mais les nordistes étaient si méfiants sur les

intentions des Bamilékés qu’ils ne concluraient jamais

une alliance pour soutenir un pouvoir politique bamiléké

». Ces propos, révélés par WikiLeaks, auraient été tenus

par le ministre de la Justice Amadou Ali, lors d’un

entretien en 2009 avec l’ancien ambassadeur des États-

Unis au Cameroun, Janet Garvey.

Dans ce contexte sulfureux, la transition s’annonce

chaotique, et la succession de Paul Biya difficile.

Si le Cameroun parvient à échapper à un affrontement

ethnique, ou tout simplement une guerre, ce ne sera pas

CHAPITRE16

Wikileaks

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parce que nous aurons été sages, mais parce qu’il

possible que quelque part une force veille aussi sur nous !

Au terme de tout ceci, Monsieur Marafa, la jeunesse

Camerounaise sais que vous avez truqué des élections

pour Paul Biya ; que vous n’avez pas empêché Paul Biya

de tuer les jeunes en 2008, que vous avez œuvré pour la

dictature…En attendant que vous reconnaissiez tous vos

pêchés, nous pensons que vous êtes encore utile au

Cameroun. Nous ne vous aiderons pas par conséquent à

sortir des griffes de vos amis, nous attendrons que vous

vous en tiriez, et ensuite, nous verrons dans quelle

mesure vous pourrez servir le Cameroun.

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CHAPITRE 17

PRINCIPE DE L’OBLIGATION DE RESERVE ET

DEVOIR DE MÉMOIRE

Désarçonné, déstabilisé par les vérités de Marafa, les

agents du parti au pouvoir brandissent l’argument du

devoir de réserve ; Parlons-en.

Tout agent public, quel que soit son rang dans la

hiérarchie, doit faire preuve de réserve et de mesure dans

l'expression écrite et orale de ses opinions personnelles à

l'égard des administrés et des autres agents publics.

La liberté d'opinion est reconnue aux agents publics ;

cette obligation ne concerne donc pas le contenu des

opinions, mais leur mode d'expression.

L'obligation de réserve s'applique à tous les agents durant

et après leur temps de service. Mais dans ce cas,

personne n’écrirait ses mémoires, et l’histoire n’aurait

aucune page !Marafa Hamidou Yaya est donc dans son

double droit :

- Il n’est plus en fonction

- Il assume pour les générations un devoir

d’Histoire

Conditions d'exercice de cette obligation

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Cette obligation s'applique avec plus ou moins de rigueur

selon la place dans la hiérarchie, les circonstances, les

modalités et formes d'expression.

Elle est particulièrement forte pour les hauts

fonctionnaires en général parce qu'ils sont directement

concernés par l'exécution des politiques publiques.

À l'inverse, les responsables syndicaux disposent, par

exemple, d'une plus grande liberté d'expression qui ne

doit toutefois pas sortir du domaine professionnel imparti

aux syndicats.

En outre, elle impose aussi aux agents publics d'éviter en

toutes circonstances les comportements susceptibles de

porter atteinte à la considération du service public par les

usagers.

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CHAPITRE 18

Toute une république en Prison, comment en est-

on arrivé là ?

La réponse est toute simple ! Une défaillance du

système ! Le chef a nommé les amis, pas pour leur

compétence, mais pour leur appartenance aux réseaux

sectaires, à la famille, bref, du népotisme ! Tenez, des

directeurs généraux d’entreprise d’état sous Paul Biya

sont « nommés à vie » ; le laxisme du chef, rarement

présent, toujours en voyage ! La confiscation de la

souveraineté du peuple ! Une poignée de citoyen a

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confisqué toute la richesse du pays ! souvent invité le 14

juillet à l’ambassade de France pour le cocktail à

l’occasion de la fête nationale de ce Pays, j’ai souvent

discuté avec des diplomates présents, et un autre au cours

d’une discussion nous a dit « Écoutez, le souci avec vos

dirigeants au Cameroun, c’est qu’ils vous tiennent de

grand discours sur le patriotisme, et quand vous leur

confiez un budget pour un projet, ils détournent tous les

fonds systématiquement ! » Et quand un monstre est né

de cette fabrique, l’opération ÉPERVIER a donné

l’occasion de faire le ménage tout en réglant des

comptes, avec en toile de fond, des jalousies malsaines,

la quête du pouvoir, le contrôle de la succession, la

délation, tout y passe, le Cameroun va mal.

Dans cette arène, tous ont participé, mais tous ne sont pas

pourris, il faut le souligner ! et quand quelqu’un fait son

mea-culpa, il est possible d’en tirer quelque chose pour le

pays. Marafa Hamidou Yaya nous est utile ! Que celui

qui est sain lui jette la première pierre ! Jacques Fame

Ndongo qui a réagit le premier aux sorties du Ministre

d’état ? Cavaye Djibril qui le 5 Juin 2012 à l’assemblée

nationale parle de lutte contre la corruption et accable son

ancien camarade de parti, rival politique au Nord ? Tous

pourris ! Tous pourris ! Pour nous les jeunes, Le seul et

unique responsable de cette situation c’est le président

Paul Biya.

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PS : SALAIRES DES MINISTRES CAMEROUNAIS

Richard Touna (Journaliste décédée paix en son âme)

nous apprenait déjà que La plupart des membres du

gouvernement camerounais souhaitent que

l'augmentation de la cagnotte budgétaire s'accompagne

aussi d'une revalorisation de leurs salaires.

Il n'y a pas que les petits agents de l'Etat pour se plaindre

du bas niveau de leurs revenus. Les ministres de la

République vivent aussi dans le stress financier. Même

s'ils trouvent des compensations diverses dans de

multiples opérations peu ou prou orthodoxes. Un ministre

d'Etat de la République du Cameroun gagne aujourd'hui

794.651 f cfa décomposé ainsi qu'il suit :

257.981f cfa de traitement de base,

217.387 d'indemnité de sujétion

et 319.283 f d'indemnité pour charges particulières.

Un «simple» ministre gagne quant à lui 679.297 f cfa

dont 253.876 f

cfa de traitement de base, 171.975 f cfa d'indemnité pour

charges particulières.

Les vice-ministres, (secrétaires d'Etat) s'en sortent avec

583.328 fcfa, les

délégués généraux et assimilés sont à 546.798.

Ces niveaux de revenus exposent les membres du

gouvernement à toutes sortes de compromissions au

regard des multiples sollicitations dont ils sont l'objet.

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L'ancien ministre Garga Haman Adji dans ses

«Mémoires», observe sans détours que, «si un ministre se

limite à ses émoluments, à ses frais d'hôtel fixés par le

budget et à la contribution de l'Etat à hauteur de 50%

pour l'achat à crédit de son véhicule d'apparat et de son

hôtel particulier, le tout lui créant des échéances

mensuelles à précompter sur son salaire, il est hors de

question que sa fonction en elle-même le rende riche

comme certains le pensent. Ce d'autant plus que sa

nomination lui attire des sujétions de tous ordres qu'il

essaye tant bien que mal de surmonter».

Un terreau pour la corruption et les détournements de

fonds publics.

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CONCLUSION

Lutter contre la corruption et les détournements de fonds

n’est déjà pas une volonté du président Paul Biya. Cette

opération qui débute en 2006, est provoquée par les

pressions de bailleurs de fond qui exigent un

environnement sain dans le cadre du point d’achèvement

de l’initiative PPTE (pays pauvre très endetté).

Nous en profitons enfin pour voir le président se

mobiliser, lui qui depuis 1986 (interview avec Éric

Chintche) demandait les preuves ! L’opération

déclenchée et accompagnée du soutien populaire va se

décrédibiliser à travers les règlements de compte

politique, la cristallisation tribale et le chaudron de la

succession. Nous sommes loin de la lutte contre la

corruption. La preuve, Atangana Mebara a été acquitté,

mais le politique a décidé de le maintenir en détention.

La lutte contre la corruption et la prévarication

commencera réellement le jour où le chef de l’état

acceptera l’application de l’article 66 de la constitution

sur la déclaration des biens. En attendant, nous n’y

sommes pas encore ! nous vivons des affrontements

politiques sous le couvert de l’opération Épervier.

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MARAFA HAMIDOU YAYA : L’AUTOMNE DE LA COLÈRE

Les trois versets politiques Comment dissocier la lutte contre la corruption et les détournements, les règlements de compte politique et

l’arène Chaotique de la succession de Paul Biya ?

Marafa Hamidou yaya : l’automne de la colère est une Chronique, le cliché

politique saisissant d’un moment important de la vie politique du Cameroun, à travers

l’affaire Marafa Hamidou Yaya, l’ex de Ministre d’état, ancien secrétaire général de la

présidence de la république, interpellé et placé sous mandat de dépôt à la prison

centrale de Yaoundé dans le cadre de l’Opération épervier de lutte contre la corruption

et les détournements de fonds. C’est également un regard documenté sur l’opération

épervier de plus en plus controversé, l'étude du mythe de la fin de l'histoire.

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Marafa Hamidou Yaya est une forte

personnalité respectable, discipliné, et moulé dans la rigueur des procédures

administratives. Cet homme qui a une part importante de responsabilité dans les

trente ans du régime Biya, est en ce moment écroué à la prison centrale de Yaoundé, accusé (par le régime) de détournement de fonds public : Vrai ou faux ? Qui est

Marafa ?

Depuis sa cellule, Marafa écrit. Des lettres explosives qui nous éclairent

sur le fonctionnement du régime Biya, un régime fermé qui en 30 ans n’a rendu aucun compte au peuple ! Un peuple qui du coup s’accroche à la perche Marafa,

acceptant son méa culpa. Ce livre démontre à suffisance la dangereuse mutation de

l’opération « Épervier », en règlement de compte politique.

Sismondi Barlev Bidjocka est journaliste

éditorialiste exerçant au Cameroun. Né le 11 mai 1978 à Mbandjock (Cameroun), il est titulaire d’un D.U et d’un Master en Journalisme et

management des médias. Il a été élu porte-parole de la jeunesse

Camerounaise en 2008. Honoré pour son travail de reporter en 2007 par le prix Suisse des radios du sud, et en 2008 par le prix Ross Cartland du

journaliste africain de l’année, il est également l’auteur de la magnifique

biographie du footballeur Camerounais Samuel Eto’o (Samuel Eto’o, une légende au présent chez l’Harmattan, L’exécution du nationaliste Ernest

Ouandié, et RFI la pravda du Quai d’Orsay chez le même éditeur).