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m A uu——m._m .4 I '7' °«LÎ .e_° , if”Hä.ââài0ü Revue philoso;hique indépendante des Hautes Études Hypnotisme, Thèosophie Kabbale, Franc-Maçonnerie Sciences Occultes ———-'———— .94 7‘“ VOLUME. -—- 3‘“° ANNÉE SOMMAIRE DU Î (Avril 1890) PARTIE INITIATIQUE... Les Phénomènes ma giques . . . . . ... . . . .. Papus. (p. l à 23.) Les Mystères de la Solitude(suiteetfin). Stanisl. de Guaita. PARTIE PHILOSOPHIQUE (p. 23 à 37.) ET SCIENTIFIQUE. . . La Gnose de Valentïn. J. Stany-Doinel. (p. 3_‘ à 48;) _ Chromquesc1ennfique DTF.deCourmelles. (p. 48 à 53.) La Science Occulte (suite) . . . . . . . . ... .. Julien Lejay. (p 54 à 60.) Principes du Magné tisme (suite) .. . ... .. Rouxel. (p. m à 65.) PARTIE LITTÉRAIRE. . . Mandement .. . . . . . . .. Joséphin Pèladan. (p. 60 à 69.) Hespe’rus (suite) .. . . . . Catulle Mendès. (_P- 70 à 74:)_ _ . Legende (poesœ). . . . . Em1le Mmhelet. (p- 74-) Ce qu1 reste des Morts. Paul Marrot. (P- 75-) Bibliographie. Une Première. La Science éternelle} Groupe indépendant d‘Etudes ésotériques. —— La Presse. —— Nouvelles diverses. —‘Livres reçus. Lorrespondance. RÉDACTION : Administration, Abonnements: 29., rue de Trévise, 29 58, rue St-André—des—Arts, 58 PARIS PARIS Le Numéro '. UN FRANC. —— Un An: DIX FRANCS. «I C O R N E L_L v I\‘I\“ ERSIT\J 'I'I:'.I«M

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if”Hä.ââài0üRevue philoso;hique indépendante d

es

Hautes Études

Hypnotisme, Thèosophie

Kabbale, Franc-MaçonnerieSciences Occultes

———-'———— .94

7‘“ VOLUME. -—- 3‘“° ANNÉE

SOMMAIRE DU N°Î (Avril 1890)

PARTIE INITIATIQUE... Les Phénomènes ma

giques . . . . . . . . . . . .. Papus.(p. l à 23.)

Les Mystères de la

Solitude(suiteetfin). Stanisl. de Guaita.PARTIE PHILOSOPHIQUE (p. 23 à 37.)

ET SCIENTIFIQUE. . . La Gnose de Valentïn. J. Stany-Doinel.(p. 3

_‘ à 48;) _Chromquesc1ennfique DTF.deCourmelles.

(p. 48 à 53.)La Science Occulte

(suite) . . . . . . . . . . . .. Julien Lejay.

(p 54 à 60.)Principes du Magné

tisme (suite) . . . . . . .. Rouxel.(p. m à 65.)

PARTIE LITTÉRAIRE. . . Mandement . . . . . . . . .. Joséphin Pèladan.(p. 60 à 69.)

Hespe’rus (suite) . . . . . . Catulle Mendès.(_P- 70 à 74:)_ _ .

Legende (poesœ). . . . . Em1le Mmhelet.(p- 74-)

Ce qu1 reste des Morts. Paul Marrot.(P- 75-)

Bibliographie. — Une Première. — La Science éternelle} — Groupeindépendant d‘Etudes ésotériques. —— La Presse. —— Nouvellesdiverses. —‘Livres reçus.

— Lorrespondance.

RÉDACTION : Administration, Abonnements:

29., rue de Trévise, 29 58, rue St-André—des—Arts, 58

PARIS PARIS

Le Numéro '. UN FRANC. —— Un An: DIX FRANCS.

«I C O R N E L_L

v I\‘I\“ ERSIT\J'I'I:'.I«M

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RAMMELes Doctrines matérialistes ont vécu. .

E les ont voulu détruire les principes éternels qui sont l'essence

de la Société, de la Politique et de la Religion; mais elles n'ontabouti. qu’à de vaines et stériles négations. La Science expérimentale a conduit les savants malgré eux dans le domaine deslorces purement spirituelles par l‘hypnotisme et la suggestion à

distance. Efi"rayés des résultats de leurs propres expériences, les

Matérialistes en arrivent à les nier.

L’Initiation est l’organe principal de cette renaissance spiritualiste dont les efforts tendent:

Dans la. Science à constituer la Synthèse en appliquant la

I’IKC)

- méthode analogique des anciens aux découvertes analytiques des

expérimentateurs contemporains.Dans la Religion à donner une base solide à la Morale par la

découverte d’un même ésotérisme caché au fond de tous les cultes.

Dans la Philosophie à sortir des méthodes purement métaphysiques des Universitaires, à sortir des méthodes purementphysiques des positivistes pour unir dans une Synthèse uniquela Science et la Foi, le Visible et l'0cculte, la Physique et laMétaphysique.

Au point de vue social, l’Initiation adhère au programme de

toutes les revues et sociétés qui défendent l’arbitrage contrel’arbitraire, aujourd’hui en vigueur, et qui luttent contre les deuxgrands fléaux contemporains: le militarisme et la misère.

Enfin l’Initiation étudie impartialement tous les phénomènesdu Spiritisme, de l’Hypnotisme et de la Magie, phénomènes déjàconnus et pratiqués dès longtemps en Orient et surtout dans_l’lnde.

L’Initiation expose les opinions de toutes les écoles, maisn’appartient exclusivement à aucune. Elle compte parmi ses 50

rédacteurs, les auteurs les plus instruits dans chaque branche de

ces curieuses études.

La première partie de la.Revue (Initiatique) contientles articlesdestinés aux lecteurs déjà.v familiarisés avec les études de ScienceOcculte.

La seconde partie (Philosophique et Scientifique) s’adresse à

tous les gens du monde instruits.Enfin, la troisième partie (Littéraire) contient des poésies et des

nouvelles qui exposent aux dames et aux demoiselles ces aridesquestions d’une manière qu’elles savent toujours apprécier.

L’Initiation parait régulièrement le 15 de chaque mois etcompte déjà deux années d’existence. — Abonnement: 10 francspar an. -

;. «a_jJ:/;EJJ7758fi3’ W”

"Efl»fi» — ‘4 —

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PRINCIPAUX ,RÉDACTEURS E'_l‘ COLLABORATEURS

DE [Initiation

10

PARTIE INITIATIQUE

F. CH. BARLET. M. S. T. S; — STANISLAS DE GUAITA. S.'. I.-. 5;).

—- GEORGE MONTIÈRE, S.'. I.'. -— PAPUS, S.'. 1.-. — JOSÉPHIN

PÉLADAN, S.'. I.'.

20

PARTIE PHILOSOPHIQUE ET SCIENTIFIQUE

ALEPH. —-— Le BERTRAND.VÉN.'. — RENÉ CAILLIÉ. —

AUGUSTI|NCHABOSEAU. — G. DELANNE. — DELIÊZINIER. ——- .Ii'l.ES

DOINEL. -— ELY STAR. —- FABRE DES ESSARTS. — D‘” FOVEAU DE

GOURMELLES. —- JULES GIRAUD. — E GARY. — HENRI LASVIGNES.— J. LEJAY. — DONALD MAC-NAB. -— I\IARCUS DE VÈZE. —

NAPOLÉON NEY. -— EUGÈNE NUS. — G. POIREL. — G. POLTI. -—

JULES PRIOU. — Le Magnétiseur RAYMOND. — Le Magnétise ur AROBERT. — ROUXEL. — HENRI WELSCH. — OSWALD WIRTH.

30

PARTIE LITTÉRAIRE

MAURICE BEAUBOURG. — E. GOUDEAU. -—- MANOËL DE GRANDFORD.

— JULES LERMINA. —— L. HENNIQUE. — A. MATTHEY. -— I.UCIEN

MAUCHEL. — CATULLE MENDÈS. —- I'MILE MICHELET. — GEORGE

MONTIÈRE. -— CH. DE SIVRY. — CH. TORQUET.

40

POÉSIE

En. BAZIRE. — CH. DUBOURG. -— RODOLPHE DARZENS; —« P.

GIRALDON. -— PAUL MARROT. — MARNÈS. — A. MORIN. -— ROBERT

DE LA VlLLEHERVË.

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Groupe In‘dépendant fl’Etudes Esotériques

Sous LA DIRECTION DE LA REVUE L’INITIATION

Société pour l'étude de la Science Occulte Théorique et Pratique dans

toutes ses branches et indépendamment de toute école.

ORGANISATION SYNARCHIQUETrois grandes Commissions permanentes: Enseignement - Exéculit - Finances

PLUS DE 300 ADHÉRENTS

COURS & CONFÉRENCES PERMANENCESsur la Kabbale, la Théowphie, la Franc- Maçonnerie, la Science Occulte, etc.

ÉTUDES mausnæmcas PAR GROUPES menés. DES PHÉNOMÈNES DE SPIRITISME, DE MAGNÉTISME ET DE MAGIE

Correspondance hebdomadaire par Bulletin spécial avec tous les Membres

adhérents de Province et de l'Etranger.

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(A partir du 1‘” Mai)

BIBLIOTHÈQUE D’OCCULTISME' ET SALLE DE LECTURE

Contenant toutes les Revues d’Hermétisme du monde entier

S’adresser pour tous renseignements à M. Lucien MAUCHBL,

directeur général du Centre d‘Emdes du Groupe, 29, rue de

Trévise, Paris;

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' \ \\\\Ÿ ‘ JIi' '.6 @i\

PARTIE INITIATIQUE

ärs ÊHÉN‘GMÈNES 3ÏIAGi@UES”THÉORIES SPIRITES ET OCCULTISTES (DONNÉES GÉNÉRALES)

ÉCOLES SPIRITES

Ëounbien saisir les données de chaque école au su

E jet des phénomènes produits, quelques considé

rations préliminaires sont indispensables.

Le spiritisme expose un système philosophiquebien défini, ainsi du reste que les écoles d’occultisme.

L’homme, son passé, sa raison d’être et son avenir,

tels sont les sujets principaux qu’aborde cette philo

sophie spirite. L’Unz'yers et Dieu sont étudiés par

quelques écoles, mais sans jamais entrer dans des

considérations aussi profondes.

Tout d’abord comment doit-on considérer l’homme

vivant, tel que nous le voyons autour de nous sur

cette terre ?

(I) Extrait du volume du Congrès spirite et spiritualiæte (1889).

I

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2 L’INITIATION

L’homme est composé de trois principes bien dis

tincts:

1° Le corps matériel, support et moyen d’action des

deux autres principes;2° L’esprit, cause de la conscience, de l’intelligence

et de la volonté;

3° Entre ces deux principes opposés le périsprit ou

lien fluidique qui relie l’esprit au corps, et qui accom

pagne l’esprit après la mort terrestre et lui sert de

nouveau corps.

Allan Kardec étudie avec grand détail ce périsprit

qui constitue le point le plus important des doctrines

spirites.

Le corps, le périsprit et l’esprit, tels sont les trois

principes qui forment l’homme incarné.

D’où vient cet homme et où va-t-il i‘

D’après la majorité des écoles spirites, l'âme hu

maine tend au perfectionnement indéfini. Le moyen

de réaliser ce perfectionnement, ce sont les incarna—

tiens successives. L’âme ,. accompagnée de son pé—

risprit, se réincarne autant de fois qu'il est néces—

saire à son progrès.

Entre chaque incarnation, elle flotte dans les

espaces interplanétaires et peut entrer en commu—

nication avec ceux qui l’appellent.

Ceci nous amène à décrire ce qui se passe à la

mort.

Au moment de la mort, le périsprit se détache

progressivement du corps matériel. qu’il abandonne

sur la terre comme un vêtement désormais inutile.

Quand lelien qui unissait le périsprit au corps est dé

_-_

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES 3

finitivement rompu, l’homme est mort pour les gens

de la terre; il vient de naître pour ceux de l’espace.

Pendant les premiers moments de cette séparation,

l’esprit ne se rend pas compte du nouvel état où ilest; il est dans le trouble, il ne croit pas être mort, et

ce n’est que progressivement, souvent au bout de

plusieurs jours et même de plusieurs mois, qu’il a

conscience de son nouvel état. Il se voit alors entouré

de ses parents d’autrefois, de ses amis, de tous ceux

qu’il croyait morts et qui sont maintenant les seuls

vivants pour lui. Les vivants de la terre sont morts

à ses nouveaux yeux. Doué par son périsp_rit d’or

ganes plus subtils qu’avant sa désincarnation, il voit

sa famille de la terre ou ses amis, il cherche à leur

montrer qu‘il est encore près d‘eux, et pour cela il

agit au moyen de son périsprit sur les objets matériels

qui les environnent.

Il ne peut leur apparaître tel qu’il est sans qu’eux

mêmes ne s’y prêtent en alliant leur fluide magnétique

(leur périsprit encore incarné) à son propre périsprit.Voilà pourquoi il en est réduit à agir sur la matière;

De là ces coups, ces craquements multiples, ces phé_

nomènes inexplicables, attribués machinalement à lachaleur, au froid ou aux influences météorologiques

générales par ceux qui ne se doutent pas de la vérité.

Dans son nouvel état l’esprit progresse d’abord par

ce qu'il voit, ensuite par les enseignements des autres

esprits, enfin sous l’influence des bonheurs, des bonnes

pensées et des prières de ses proches restés sur terre.

Cet échange desioies et des progrès entre le monde

visible et le monde invisible constitue le fond de la

m.»— w,e. ._.n-v.-u-.æ >

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4 L’INITIATION

morale du spiritisme, morale reconnue très élevée,

même par les pires ennemis de ses doctrines.

Le monde invisible est donc formé par des esprits

plus ou moins avancés, bons ou méchants, ignorants

ou savants, ayant à leur disposition des fluides plus

ou moins puissants au moyen desquels ils peuvent

entrer en relations avec les vivants.

Ces relations s’établissent en général au moyen

d’objets matériels que les esprits font mouvoir en se

servant de leur périsprit combiné avec les fluides des

assistants et surtout de l’être humain qui sert de

médium.

Pour qu’un esprit se communique, il faut qu’il aità sa disposition le périsprit d’un vivant et des organes

matériels. C’est en alliant son périsprit à lui avec

celui du médium que l’esprit peut se servir des objets

matériels.

Ces objets matériels peuvent être des meubles

(tables, chaises, etc.), qu’il met en mouvement.

C’est le moyen généralement employé (phénomènes

physzques).

D’autres fois l’esprit agit directement sur le médium

endormi et se sert des organes matériels du médium

pour se manifester. Dans ce cas on voit le médium

changer l’expression générale de sa physionomie, le

timbre de la voix habituelle change également; c’est

un esprit qui parle en se servant du larynx et des

organes du médium en son lieu et place (phénomènes

psychiques, z'ncarnafions).’

D’autres fois encore l’esprit peut se montrer aux

vivants en condensant autour de lui de la matière. Il

«4

»«e

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES 5

se matérialise (phénomènes fluz‘dz‘ques, matérialisation; voyez les expériences à ce sujet de William

Crookes).’

Enfin dans d’autres cas l’esprit laisse des traces visibles de sa venue. Des objets matériels sont apportés à

traversles murailles, des écritures sontdirectement pro

jetées dans des ardoises ou sur du papier, et une foule

d’autres phénomènes du même genre sont produits.Ce sont là les principaux moyens qu’emploient les

«esprits désincarnés » pour communiquer avec les

vivants et pour montrer la réalité de leur existence.

Les personnes peu au courant de tous ces phéno

mènes se demanderont, en lisant ces lignes et bien

d’autres dans ce volume, si décidément ce ne sont

pas des aliénés dangereux à qui est confiée la tâche

d’exposer ici les idées des membres du congrès.

Quelques mots sont nécessaires pour rassurer ces

susceptibles personnes.

Voir des choses que le commun des mortels ne voit

pas journellement, entendre des paroles quand on est

seul, voir apparaître des revenants et croire à leur

réalité, ce sont là des signes évidents de dérangementcérébral pour nos bons médecins.

Ils ont raison s’ils veulent rester sur le terrain

scientifique, et c’est aux spirites à leur répondre sur

ce même terrain. Voilà pourquoi tous ceux qui ontétudié sincèrement ces phénomènes ont pris soin de

remplacer les organes humains par des instruments

enregistreurs purement mécaniques.

Là plus d’hallucination possible : le curseur qui

grave des courbes sur le noir de fumée, ou la plaque

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6 L’INITIATION

sensibilisée qui enregistre uneimage, ne peuvent être

hallucinés. Nous insistons longuement sur ces sortes

de preuves, et c’est bien volontairement. Il n’y a pas

en effet d’autre argument à opposer aux médecins

contemporains, qui savent tous que l’hallucination

d’un aliéné devient une réalité quand elle est contrôlée

par des appareils mécaniques. ,

Toute personne quz’à l'heure actuelle nie systéma

tiquement/es phénomènes du spiritisme (quelle qu’en

puisse être du reste l’explication) fait preuve d’igno

rance ou de mauvaise foi.

Ou

Revenons maintenant aux théories que nous avons

abondonnées pour faire cette digression.Nous avons montré les principales données de la

doctrine spirite sur l'homme. Il nous reste peu de

chose à dire.

L’Unz‘uers est conçu comme formant une série

d’étapes que parcourt l’esprit qui se perfectionne. Les

espaces interplanétaires sont peuplés d’espritdésincar

nés, et les diflérentes planètes de tous les systèmes

sont peuplés d’esprits incarnés dans des corps plus ou

moins parfaits suivant leur élévation.

L’unité detous les univers et de toutes les humanités

est ainsi proclamée par le spiritisme.

La question de Dieu est traitée d’une manière diffé

rente par presque toutes les écoles. Aussi nous abstien

drons-nous d’entrer dans aucun détail à ce sujet, nous

bornant à constater que la presque unanimité des

spirites croit à l’existence de Dieu.

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES . 7

En résumé, la doctrine du spiritisme, telle qu’elle

est conçue généralement en Europe, étudie principale—

ment l’homme sans entrer dans de grandes considéra

tions sur l’Univers et sur Dieu.

Voyons maintenant les opinions des écoles d’occul—

tisme sur ces mêmes sujets.

ÉCOLE D’OCCULTISME

Ainsi que nous l’avons dit précédemment, les kab—

balistes et les théosophes sont d’accord sur le fond

de la doctrine ésotérique.

Leurs enseignements se présentent tout d’abord à

l’esprit comme beaucoup plus compliqués que ceux du

spiritisme. L’analyse a été poussée dans ces doctrines

aussi loin que possible à propos de chaque question ;

de là l’impossibilité presque absolue d’en faire un

résumé tant soit peu complet.

L’occultisme admet comme absolument réels tous

les phénomènes du spiritisme. Cependant il restreint

considérablement l’influence des esprits dans la pro—

duction de ces phénomènes et les attribue à une foule

d’autres influences en action dans le monde invisible.

Nous aurons donc à voir successivement :

1° Comment est conçue la constitution de l’homme P

2° Quel est état de l’homme après la mort P

3° Quelle est la constitution de l’uniuers et celle de

Dieu, d’après ces écoles ? A

Nous exposerons tous ces enseignements de notre

mieux, mais sans jamais prendre parti pour l’une ou

l’autre des deux doctrines.

Notre devoir consiste à exposer et non à critiquer.

‘—>MMÀ-«=a—s

Page 12: L'Initiation : revue philosophique indẽpendante des … tendau perfectionnement indéfini. Lemoyen de réaliserce perfectionnement, ce sont les incarna — tiens successives. L’âme,

8 L’lNITIATION

Constitution de l'homme

L’homme est composé de trois principes fonda—

mentaux:'

1° Le corps matériel ;

2° Le corps astral ou médiateur plastique (la vie),

le périsprit des spirites ;'

3° L’âme (l’esprit des spirites).

Mais ce sont là les principes vus dans leur généra

lité. Chacun d’eux est composé de plusieurs éléments

distincts. La connaissance de ces éléments est indispensable pour bien comprendre ce qui se passe à la

mort.

Le corps est formé d’une foule de cellules maté—

rielles. Mais chacune de ces cellules et une vitalité

propre, est vivante. Cette vie spéciale de chaque

cellule est indépendante de la vie générale de l’être.

Le périsprit ou corps astral se présente ainsi com

posé :

La vie purement matérielle de l’homme, qui fait

croître ses organes à mesure qu’ils s’usent. Cette vie

charriée incessamment dans l’organisme par les glo—

bules du sang et localisée comme centre de réserve

dans les ganglions du nerf grand sympathique.'

C’est cette partie du périsprit ainsi localisée quipeut sortir hors de l’homme à l’état somnambuliqueou à l’état de médiumnité et qui contribue beaucoup

à la production des phénomènes.

Cet élément est le siège même de l’instinct, de l’in—

conscient et de toutes ses actions.

Enfin le périsprit, dans sa combinaison supérieure

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES 9

avec l’âme7 produit l'intelligence, d’où dérive la fa

culté d’apprendre pour l’homme (z'nz‘ellectualz‘teÿ.

Pour Ï_résumer, voici comment les écoles d’occul

tième analysent le périsprit (I) :

/Élément localisé dans les cellules du corps

La matériel et qui ne son-r JAMAIS hors du corps.'-*

Ë — Vitalité.>

Ë: (Combinaison du périsprit avec le corps matériel.)

3 Élément localisé dans les ganglions du nerf

E__ :; grand sympathique, élément qui PEUT SORTIR

... m hors du corps matériel dans certaines condi

ËÎ Ï tiens. — Corps astral, Ame animale.

m '53 Élémentlocalisé en partie dans le cerveau, qui

Ë" peut diriger le précédent consciemment

'.:.1 8 (magie). — Siège de la science de l’homme.°-' -— lime humaine.

‘ \ (Combinaison du périsprit avec l'esprit.)

On voit de suite à quel raffinement analytique les

écoles d’occultisme ont poussé leurs enseignements.

Voyons de même l’autre principe.

Ce que les spirites appellent l’esprit, et certains

occultistes l’âme, est ainsi analysé par ces derniers :

1“ Partie inférieure de l’Esprit, siège de lamémoire des choses terrestres et de leurintelligence. — Ame humaine. ‘

2° Partie moyenne de l’Esprit, siège de l’inspiration, de la double vue consciente et de lamoralité. — Ame angélique.

3° Partie supérieure de l’Esprit, siège de laprévision consciente de l’avenir. -— Amedivine.

ESPRIT

com

posé

de3

élé

ments

(I) Voy. la conférence sur la localisation physiologique du périsprit.

Page 14: L'Initiation : revue philosophique indẽpendante des … tendau perfectionnement indéfini. Lemoyen de réaliserce perfectionnement, ce sont les incarna — tiens successives. L’âme,

10 L’INITIATION

Les deux derniers éléments de l’Esprit ne sont pas

développés dans les races actuelles. Ils prendront pro—

gressivement naissance dans les races futures del’hu—

manité terrestre.

Connaissant ces données indispensables, il nous est

très facile de voir ce que devient l’homme après lamort.

État de l’homme après la mort/

Lafin de l’homme, c’est la fusion en Dieu dans la

totale conscience, et la totale puissance ou Nirvâna”.

Le moyen d’atteindre cette fin, c’est l’évolution mo—

rale, l’évolution libre et consciente des principes su

périeurs latents en chacun de nous.

Un Dieu tout despotique n’a pas à intervenir dans

l’état de notre vie future. Nous sommes nous—mêmes

nos seuls juges, et l’ensemble des mérites et des démé

rites (Karmal de notre dernière existence détermine

seul notre avenir, d’après les lois de la réaction tou

jours équivalente à l’action.

A la mort le corps matériel resté attaché à la terre,

d’où il provient. La vitalité des cellules’de ce corps

se répand dans la nature, où elle devient la vie des

êtres sans cesse générés (plantes, vers, etc. )

Un être fluidique se détache peu à peu de l’être ma

tériel ; maintenant inerte, cet être fluidique est for

mé des éléments suivants :

Le corps astral comme corps ;

L’âme animale comme vie (instinct) ;

Lesprincipes supérieurs, âme humaine, âme spi

rituelle, comme esprit, âme divine.

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES r 1

Cet être fluidique est saisi par les courants d’attrac

tion de la terre. Les principes supérieurs cherchent à

l’attirer en haut. les principes inférieurs (instinct et

corps astral) cherchent à l’attirer en bas.

L’être franchitles courants d’autant plus vite que

les principes supérieurs sont plus puissants. C’est la

souffrance particulière qui accompagne cette lutte que

toutes les religions exotériques ont symbolisée par le

purgatoire.

Cependant la séparation des principes s’effectue

progressivement; les principes inférieurs restent dans

l’atmosphère occulte de la terre et les principes supé—

rieurs se détachent des inférieurs, auxquels ils ne sont

plus liés que par un lien fluidique.A ce moment l’être

est ainsi constitué :

Ame angélique.Ame divine.

Lien fluidique.Science.

Mémoire des_ choses terrestres.Intelligence inférieure.

Lien fluidique.( Instincts grossiers.l Passions.

CORPS ASTRALPÊRlSPRIT

Principes supérieurs.{ }

Inconscient supérieur.

L'homme conscient (le moi).

%

Ame humaine.

InconscientAme animale. . .inferieur. .

Élé

menta

ire

.

Les principes inférieurs illuminés par l’intelligencede l’âme humaine forment ce que les occultistes

appellent un élémentaire, et flottent autour de la terre

dans le monde invisible, tandis que les principessupérieurs évoluent sur un autre. plan.

Voilà la première différence qui sépare les occultistes des spirites; les spirites admettant que l’esprit

:' " .> æwrrn--—r **w—r\væç-_

_ ' VV ‘ V 7A_..—r‘-—‘.—

Page 16: L'Initiation : revue philosophique indẽpendante des … tendau perfectionnement indéfini. Lemoyen de réaliserce perfectionnement, ce sont les incarna — tiens successives. L’âme,

I 2 L’INITIATION

reste toujours enveloppé du périsprit, les occultistes

enseignant que l’esprit se sépare progressivement du

périsprit.

D’après les occultistes, dans la plupart des cas,

l’esprit qui vient dans une séance est l’élémentaire de

la personne évoquée, c’est-à-dire un être qui ne pos—

sède du défunt que les instincts et la mémoire des

choses terrestres (voyez ci-dessus). Mais même cet

esprit élémentaire ne vient pas dans tous les cas et

d’autres influences agissent. Ceci nous amène à étu

dier la façon dont l’occultisme conçoit le monde invi

sible.

D’après le spiritisme, le monde invisible est peuplé

seulement d’esprits et de fluides.D’après l’occultisme, d’autres éléments s’y trouvent.

Ce sont d’abord les : ,

Élémentaz’res, principes inférieurs des êtres décédés

à la vie terrestre, puis : ,

Les Corps astraux des êtres tirants, périsprits des

médiums sertis inconsciemment hors de l’être, ou pé—

risprits des adeptes sortis consciemment du corps

dans un but déterminé ;

Les Ele’mentaux, êtres inférieurs n’ayant jamais été

incarnés, ne possédant aucune intelligence propre et

subissant l’influence de toutes les volontés humaines

bonnes ou mauvaises : ces êtres agissent dans les élé—

ments ;

Les Idées des hommes. Autour de chaque hommeses idées se trouvent, constituant, par la fusion de

chacune d’elles avec un élémental, un être réel quireste là plus ou moins longtemps suivant la tension

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES 13

I'_).ï .—*v1—.IFW g7-vve

cérébrale qui lui a donné naissance et qui agit bien

ou mal sur l’homme, suivant que l’idée est bonne

(enthousiasme) ou mauvaise (remords).

Expliquer en détails la constitution de tous ces

êtres, le moyen de les distinguer et de montrer la

réalité de leur existence, ce serait faire un traité com—

plet de magie pratique. Nous n’en avons pas le loisir

ici (1). .

Le spiritisme comme le magnétisme forment en

effet. d’après les occultistes, deux branches de l’an

tique Magz‘e, science profonde enseignée dans les

temples antiques après de terribles épreuves.

Un point important à noter tout d’abord, c’est que

la querelle entre les occultistes et les spirites à propos

des esprits et des élém‘entaires est une pure querelle

de mots.

Le spiritisme n’ayant pas établi l’existence des principes supérieurs admis par l’occultisme, il s’ensuit

que ce que le spirite appelle un esprit correspondabsolument à ce que l’occultiste appelle un élémen

taire. Ce sont des mots différents pour désigner la

même chose.

L’occultisme enseigne aussi que dans certains cas

on peut évoquer les principes supérieurs de l’être ;

mais qu’alors on court le risque de perpétrer le plus

grand des crimes. On fait perdre en effet à l’être ainsi

rappelé dans ce monde le bénéfice de tous ses efforts

pour s’en éloigner spirituellement. L’expérience seule

/

(i) Depuis}rois ans nous avons commencé un volume sur ce sujet. Cevolume parama sans doute cette année.

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14 L’INITIATION

permettra d’infirmer ou de confirmer cette observa—

tion.

En terminant cette étude sur le monde invisible,

rappelons qu’entre les êtres dont nous avons parlé,on

y rencontre des courantsfluidz‘ques delumière astrale,

courants non perceptibles à notre être physique, mais

qui deviennent immédiatement perceptibles à l’être

qui par la sortie de son corps astral a acquis le

sixième sens humain, sens encore inconnu de la plu

part des hommes actuels.

Cette LUMIÈRE ASTRALE est laforce—substance univer—

selle dont toutes les autres forces et toutes les autres

substances sont des modalités. Elle suit, à très peu de

chose près, les mêmes lois que l’électricité, une de ses

manifestations supérieures.

Pour tout résumer, voici ce qu’on rencontre dans

le monde invisiblé aux yeux matériels, visible à l’état

médianimique :‘

1° Les COURANTS remorques delumière astrale char

riant les:

2° ELÉMENTAUX, forces inconscientes des éléments;

3° ELÉMENTAIRES, restes des défunts, Esprits des

spirites ;

4.° IDÉES navanuas mas ETRES,êU‘CS collectifs)(Eugène

Nus) ; '

5° Cours FLUIDIQUES des médiums ou des adeptes. y

L’Univers et Dieu

L’occultisme entre dans des détails aussi nombreux

à propos de l’Univers et à propos de Dieu. Les spirites,

dont la doctrine n’aborde que fort peu ces problèmes,

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES 1 5

ont été quelque peu intrigués par les conclusions de

la section de l’occultisme du Congrès au sujet de

l’Univers et de Dieu.

Nous ne pouvons pas, faute de place, entrer dans

de grands détails à ce sujet; cependant deux mots sont

nécessaires pour déterminer les éléments primordiauxde cet enseignement.

'

L’occultisme enseigne que tout est vivant, depuis

la matière la plus solide jusqu’à Dieu.

Un échange perpétuel se fait entre tous les êtres, la

matière évolue à travers les règnes de la nature et les

races humaines vers l’Esprit. Cette évolution, connue

de toute antiquité dans l’Inde, vient à 'peine d’être

découverte par les savants occidentaux. Mais récipro

quement l’esprit involue vers la matière dans des

conditions déterminées.

L’évolution n’a jamais lieu sur la même planète

dans un même âge. Ainsi l’animal est bien un végétal

évolué, mais jamais, au grandjamais, on ne peut voir

sur la terre un végétal devenir un animal. Cette trans—

formation s’opère daas le monde invisible, entre les

grands cycles, et porte non sur le corps lui-même,

mais sur ce qui fabriquera le nouveau corps maté—

riel.'

De même que l’homme, chaque système solaire

naît, vit, pense et meurt. Les âges exacts d’un Univers

sont mathématiquement déterminés par les Brahma

nes indiens. Les personnes désireuses d’approfondirces questions pourront prendre connaissance de toute

la littérature théosophique qui traite de ces questions.

La place nous manque pour détailler davantage et

i... >—g—‘VË

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I 6 L’INITIATION

nous renvoyons le lecteur aux conclusions des six

sections d’occultisme, où il trouvera tous les détails

complémentaires.

RÉSUMÉ

Terminons ici l’exposé des théories générales des

diverses écoles représentées au Congrès. Comme ilest facile de le voir, les théories du spiritisme sont les

mêmes que celles de l’occultisme ; mais en moins

détaillé. La portée des enseignements du spiritismeest par suite plus grande, puisqu’il peut être compris

par un bien plus grand nombre de personnes. Les

enseignements, même théoriques,del’occultisme sont,

de par leur complication même, réservés aux cerveaux

pliés à toutes les difficultés des conceptions abs

traites.

Mais au fond c’est une doctrine identique qu’ensei

gnent les deux grandes écoles.

UNE SÉANCE SPIRITE EXPLIQUÉE SUIVANT LES DEUX THÉORIES

Pour bien préciser tout ce que nous avons dit, nousallons exposer côte à côte les opinions des deux écoles

spirites et occultistes au sujet des divers phénomènes

qui se produisent dans le cours d’une séance spirite.

Comme toujours, nous exposerons les enseigne

ments sans aucun parti pris, laissant à chacun le soin

de se faire une opinion d’après ses idées et ses expé—

riences personnelles.

Les théories spirites sur ces phénomènes sont trop

connues pour avoir besoin d’en indiquer les sources.

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES I 7

Les théories de l’occultisme au point de vue de ces

phénomènes ont été résumées par E lz)vlzas L6ÿl (I),H. P. Blauatsky (2), par Jules Lermina (3), et tout

dernièrement par Donald Mac Nul; (4). Ce dernierauteur, se plaçant sur le terrain exclusivement théoso

phique, donne des conclusions entièrement antispi—

rites, tout en affirmant la réalité expérimentale de tous

les phénomènes (apports, matérialisation, etc.).L’expé—

rience, nous le répétons,peut seule faire savoir qui a

‘raison.

Ceci dit, commençons les séances.

La première personne sur qui se porte l’intérêt,

c’est

Le médium

Qu’est—ce que le médium (5) ?

Spiritisme Occultisme

. a A ‘Intermédiaire entre les Erre dont le systeme nervivants et les esprits. veux présente une cons—

Instrument des esprits titution particulière quidans leur diverses manifes- permet au corps astral detations. sortir très facilement.

Agissant inconsciemmentsous l'influence des assistants ou du milieu ambiant(physique ou astral).

(I) Livre des Esprits.

(2) Ici: Unveiled et articles du Lucifer.

(3) A Brûler, conte astral.

(4) Etude expérimentale de quelques phénomènes de force psychique.

(5) Je tiens personnellement à remercier les médiums grâce aux uels"ai uétudier à loisir tous les phénomènes du spiritisme. Tout d’a 0rd

lVlc

%ablin, de Paris, avec qui j'ai étudié les matérialisatjous et les

apports, c'est un des médiums les plus remarquables que j‘aie vus; puis

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18 L’INITIATION

La Table

Le médium se met à la table, et la table se soulève.

Des coups sont frappés dans l’intérieur de la table.

Spiritisme Occultisme

Un esprit uni au fluide Le corps astral du médu médium agit sur la dium sort inconsciemmenttable. et soulève la table, soit seul

soit uni au corps astral desassistants ou à un élémen—

ta].

La table répond d’une façon intelligente aux ques

tions posées. Elle donne des noms, des dates précises

et' répond aussi parfaitement aux questions mentales.

Spiritisme Occultisme

L’esprit évoqué est là et L’inconscient (corps as—

se manifeste. tral) du médium lit direc—

tement dans l‘inconscientdu consultantqui suggèresans le savoir les réponses,

Et tout se passe absolu—mentàl’insu de la conscience du médium ou duconsultant.

La table s’enlève de terre sans contact et flotte

dans la chambre ( de même tout objet matériel).

Spiritisme Occultisme

Les esprits enlèvent la Le corps astral du mé—

table. dium, uni aux corps astrauxdes assistants, produit cesphénomènes. .

Des élémentaux peuvent\ y part1c1per.

M" Everitt, de Londres, qui a produit la lévitation complète d’objets

_matériels en pleine lumière; puis Mm D..., merveilleux médium àmcarnations; enfin M=-- Jeunehomme à Paris qui ont donné des séanceschez Mm Raymond Pognon.

'

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES 19

Séance obscure ‘

Pourquoi lait-on l’obscurité ?

Spiritisme

Les esprits se manifestentmieux et ont plus de forcedans l’obscurité ;lalumièrevague et diffuse convientaux phénomènes spirites.

Le médium s’endort.

Spiritisme

Les esprits vont se servirdu fluide du médium pourproduire les phénomènes.

Occultisme

Lalumière jaune dissoutles agglomérations astralésplus compactes.

La lumière vitale invi—sible à la lumière devientvisible dans l’obscurité.

Occultisme

A l’état cataleptique lasortie du corps astral estbeaucoup plus complète.Delà une plus grande force.

De petites lumières apparaissent autour du mé

dium.

Spiritisme

Ce sont les esprits qui se

rendent visibles à l’aide de

ces lumières phosphorescentes.

Occultisme

La vie du médium sortpar la rate ou le plexussympathique et devientvisible.

Les objets matériels sont enlevés dans la chambre.

Mêmes explications des deux parts que l’enlève«

ment total de la table.

Des mains matérielles font en quelques secondes

le tour des assistants, elles obéissent au commande—

ment mental.

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20 L’INITIATION

Spiritisme

Un ou plusieurs espritsmatérialisés mais non visibles produisent ces phénomènes.

Occultisme

Les mains du corps astraldu médium agissent loin delui, et produisent ces phéonomènes. 3

Des fleurs toutes fraîches tombent subitement et en

même temps sur tous les assistants, sans qu’il y ait

aucune supercherie possible. _

D’autres objets situés en dehors de la chambre sont

tout à coup apportés.

Spiritisme

Les esprits dématériali—sent la matière des objetsapportés et les rematérialisent ensuite.

Occultisme

1° Le corps astral dumédium, protégé inconsciemment parles assistants,se rend au lieu où sont lesobjets.

2° Par l’action de la viehumaine qui lui est propre,il dématérialise les objets ;

il les fait passer de l'étatsolide à l'état radiant.

3° Au moyen des élé—

mentaux et des courantsfluidiques, il transporte lamatière.

4° Il la rematérialise subitement au lieu de séances.

Des dessins sont subitement dessinés; des pages

d’écriture prennent subitement naissance.

Spiritisme

Les esprits écrivent oudessinent au moyen desfluides qu’ils ont à leurdisposition. Le médium est

Occultisme

L’inconscient du médiumécrit ou dessine les imagesqui flottent danslui ou dansle cerveau des assistants.

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LES PHÉNOMÈNES MAGIQUES 21

l’agent par lequel ils se

manifestent ainsi, en se

servant de son organisme.

Cette action s’opère aumoyen du sang même dumédium qui se matérialiseen noirsurle papier (I).

Un être matériel apparaît à côté du médium ou à

côté des assistants. Cet être parle et peut être touché

par les assistants. Il peut être photographié (expé—

riences d’Aksakof et de Crookes).

Spiritisme

Un esprit se matérialiseen se servant de tout ce

qui constitue la vie, chezle médium d’abord, ensuitechez les assistants et dansle milieu ambiant.

Occultisme

1° Le corps astral dumédium s'unit à un élémental, et aux corps astrauxdes assistants. -

2° Cet agglomérat prendla forme de l'idée quidominele médium ou l’undes assistants.

La Suggestion mentaledétermine la forme del'appantlon.

3° Cet agglomérat a toutesles propriétés du corpsmatériel.

L’apparition, l’observateur et le médium causent

ensemble.

Le médium est éveillé et cause à l’apparition ma

térialisée devant lui (expérience de Crookes).

Spiritisme

L’esprit se manifeste aumédium lui—même. Dansce fait ily a deux individualités distinctes et concrètes.

(I) El. Lévi, le Livre des Esprits.

Occultisme

( Nous ne connaissonspas l’explication de ce phénomène d’après l‘occultis—

me.)

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22 L’INITIATlON

L’apparition laisse des traces visibles de son pas‘ .

sage en moulant sa main dans de la paraffine.

Spiritisme

L’esprit produit volontairement ce phénomènepar un mode qui doit êtretrès simple, dont nous n'avons pas la clé.

Occultisme

Action toute simple dela main astrale du médium,qui se dissout après s’êtrematérialisée.

Un des assistants, ayant rompu la chaîne pour sai

sir une matérialisation, est blessé par la chute d’un

objet.

Spiritisme

Action des esprits. Lemédium n’a pas assez defluide à leur donner, oubien les assistants n’ontpas entre eux la communion de pensées, état spécialindispensable pour la réalisation parfaite du phéno—mène.

Occultisme

La chaîne magique reliaittous les corps astraux entreeux et formait une sorte delit fluidique sur lequelflottaient les objets.

La rupture de cette chaine entraîne la chute immédiate de ces objets.

Telles sont, d'après les deux écoles, les explications

possibles des phénomènes. Encore une fois nousn’avons pas à donner notre avis, les faits se char-y

geront de mettre tout le monde d’accord.&

CONCLUSION

Nous avons fait tous nos efforts pour résumer denotre mieux les opinions philosophiques et scienti—

fiques des écoles représentées au Congrès.

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LES MYSTÈRES DE LA SOLITUDE 23

Il ne faut s’en prendre qu’à nous-mêmes des erreurs

ou des lacunes que pourrait présenter ce résumé.

Nous avons tout sacrifié au désir d’être clair. Puisse

une même vérité luire bientôt pour tous, puisse notre

union se faire chaque jour plus étroite, tous groupés

contre le matérialisme, tous unis par l’affirmation de

la réalité des phénomènes. N’oublions jamais que

nos personnalités ou nos opinions d’école ne sont

:rien devant la vérité que nous sommes chargés de

répandre et marchons fraternellement à la conquête de

l’idéale religion scientifique et sociale de l’humanité.

PAPUS.

äès

Ælys’tères de la Ëlitucle

(“ LE SERPENT DE LA GENESE”, LIVRE II, CHAP. 2.)(Suite et fin)

" OUR nous en tenir aux larves, elles manquent,faisions—nous observer, de type générique et par

conséquent de forme qui leur appartienne en propre.

C’est si vrai, qu’elles se déterminent exactement sur

le modèle des individus qu’elles hantent.

Changent-elles d’atmosphère fluidique ? Se dé

tachent-elles d’un être pour en posséder un autre? —

C’est une mutation de forme instantanée, leur nature

simiesque se pliant aussitôt à la ressemblance de leur

nouveau père nourricier. Pour se coaguler et prendre

une apparence formelle, elles empruntent à ce dernier

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24. L’INITIATION

la substance biologique à cette fin requise : aussi

l’être obsédé ressent—il une subite impression de froid

pénétrant et même a-t-il conscience d’une déperdition

vitale assez notable.'

Tel est le cas du médium qui s’efforce de produireen public des fantômes astraux. Son vouloir étant

habile à modifier l’apparence de ces coagulations, il

sait, pour peu qu’il soit exercé convenablement, les

revêtir de toutes les formes qu’il arrête dans sa pen

sée. Faire apparaître une main, un pied, une tête, la

figure d’un animal, ou même celle d’objets de tout

autre nature, tels qu’un meuble. une carafe, un bou

quet : tout cela pour le médium n’est qu’un jeu.

Cette magie des transmutations touche de très près

d’une part aux mystères de la Lycantrophie, de

l’autre à ceux de la Palinge’nésie; une nuance seule

l’en distingue: les phénomènes de la Palingénésie

et de la Lycantrophie se réduisent à des modali—

sations du double éthe’ré d’un animal ou d’une plante;tandis que le corps astral n’est pas acteur, mais instrument, dans la création de formes extérieures par coagu—

lation d’une larve; iljoue seulement (comme l’indiqueson nom de médiateur plastique) un rôle d’intermé—

diaire entre la volonté du médium et l’être lémurien

qui constitue l’appendice fluidique de celui-ci.

La plupart des médiums, procédant par objectiva—

tions de larves, en sont quittes pour un peu de fatigue,

sauf à payer chèrement un jour pareille collaboration. Quelques rares, en qui l’on peut voir de véri—

tables occultistes, ne procèdent que par sorties en

corps astral, partielles ou complètes. Ils préfèrent à

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LES MYSTÈRES DE LA SOLITUDE 25

l’esclavage du pauvre possédé que les larves dévorent

tout vif, prendre sur soi les frais dynamiques de

l’expérience, quitte à tomber, celle-ci durant, en con

dition seconde ou même en catalepsie. Ils réalisent

ainsi des apports d’objets matériels et parviennent à

distendre leur libre sidéralité, jusqu’à produire tous

les phénomènes d’ubiquité vivante —- où sans doute

excelleront toujours les magiciens noirs, qui ne vont

pas sans le déploiement de toute une légion de larves

et d’élémentaux.

Mentionnerons-nous ici ces prétendus médiums

dont le talent se réduit à des subtilités d’escamoteurs ?

On ne saurait trop se mettre' en garde contre ces

faussaires de la médiumnité, ingénieux à toutes les

contrefaçons phénoméniques.

Rappellerons—nous la, manie commune à tant de

médiums excellents, qu’on voit compromettre l’évi

dence de faits probants à coup sûr, par un mélange

déplorable, avec des phénomènes impudemment et

parfois grossièrement simulés? Nous avons fait ailleurs

nos réserves à ce sujet, en démêlant la vraie cause

d’un charlatanisme aussi fréquent : elle réside dans

la superbe obstinée de ces glorieux, qui, mettant leur

amour—propre à donner le change sur une maladie

où ils voient leur maîtrise, se trouvent acculés à la

supercherie et contraints de suppléer tant bien que

mal aux intermittences de cet agent qui les épuise et

qu’ils appellent leur force.Pour un médium occultiste, c’est—à-dire actif; pour

dix médiums loyaux et sûrs, qui sont strictement

passifs , on rencontre peut—être trente médiums

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26 L’INITIATION

douteux et cinquante escamoteurs proprement

dits.

Au surplus, tel est le cachet des phénomènes non

simulés, qu’un observateur d’expérience ne parvient à

s’y méprendre qu’en y mettant de la bonne volonté.

'k>.«4

Pour finir, je veux toucher un mot des Incubes et des

Succubes. Le lecteur ne saurait s'en étonner : ces

spectres sont les produits de la solitude sexuelle.

On peut paraître se jouer des lois de la nature;

mais qui la violente s’expose à des représailles d’unordre souvent inattendu, avec accompagnement d’hu—

miliations terribles. Derrière ces humiliations même,

la Mère Céleste, toujours indulgente, s’ingénie à glis

ser quelque salutaire leçon pour ceux qu’elle juge

susceptibles de se corriger, ou un grain d’ellébore en

faveur des monomanes encore curables.

N’est-il pas des orgueilleux de la vertu, comme ilest des austères du vice P... Que de simples mortels,

alléchés et déçus par une vanité bien naïve, se flattent,

en gardant toute leur vie une rigoureuse continence,

d’éluder la norme sexuelle !

Le traducteur autorisé de Moïse fait bien dire au

Créateur du monde : Il n’estpas bon que l’homme soi!

seul (Genèse, II, 18); L’homme sejoindra à la femmeet ils seront une même chair (Genèse, Il, 24). Mais

qu’importe aux mystiques de la continence? Cet avis

et cette prescription ne sauraient être pour eux, les

purs, les saints, les privilégiés Eh bien, qu’ils ne

l’ignorent plus, ces présomptueux d’une vertu scan-y

»r v .;‘«-ær-tu . -ÿ' —

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LES MYSTÈRES DE LA SOLITUDE 27

_ -‘.—...fi.. ._.e<,.._, ,,

daleuse, puisqu’elle est anormale: en reniant la loi

des sexes, en se refusant à l’amour d’un époux, en se

dérobant au baiser d’un être comme eux de chair et

d’os, ils se sont désignés aux dégradantes promiscuités de l’Invisible, et voués d’eux-mêmes aux stériles

embrassements des fantômes.

Sans’doute, il est des cas où la continence absolue

se légitime logiquement; mais nous verrons tout à

l’heure à quelle quotité négligeable se réduisent ces

«cas.

Si ‘l’on excepte d’ailleurs les exemples assez fré

quents d’atrophie par non—usage des Organes physi

ques — à quoi correspondent parallèlement la dégé—

nérescence de certaines fonctions du cerveau et

quelque altération, au moins partielle, du sens mo

ral : à part ces cas pathologiques d’une castration sans

chirurgien ni scalpel, il est certain qu’en sevrant leur

cœur et leurs sens de toute satisfaction, ces fidèles d‘un

inflexible célibat n’ont pu abolir en eux ni la virtua

lité de l’amour sentimental, ni l’appétence au plaisir

physique —- et, schismatiques désorientés du senti—

ment comme de la sensation, ils aiment sans but, ils

désirent sans objet.

Or, tous les Verbes sont créateurs. —— Comme le

Verbe impératif objective ce qu’il veut, comme le

Verbe dogmatique réalise ce qu’il affirme, ainsi le

Verbe appétent évoque et suscite ce qu’il convoite.

Ici, pour éviter les redites, nous renvoyons le lec

teur à notre théorie des larves ; il y trouvera l’expli—

-catipÆ/du choc en retour qu’elles exercent sur les au

leur? de leur existence.

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2 8 L’INITIATION

—a

Ce qui est vrai pour les individus ne l’est pas moins

pour les collectivités humaines —- et la potentialité

créatrice des communs vouloirs se développe et s’ac—

croît en mode géométrique et en raison directe, pro—

portionnellement au nombre des êtres rassemblés

sous une même oriflamme, tous épris d’une chimère

identique, ou fervents d’un même idéal.

Là sans doute est la force des plus sublimes reli

gions, comme des sectes lès plus excentriques et des

communautés même les moins respectables. — Le

consensus des sorciers crée le sabbat en astral ;ainsile consensus du fanatisme musulman crée à la lettre

pour les fidèles le paradis rêvé par Mahomet ; ainsi le

consensus de certains mystiques ro'mpt l’équilibre du

monde hyperphysique, en y créant des tourbillons

de folle et contagieuse extase... — Mystères de la

multitude : voilà ce qui va faire en partie l’objet de

notre section X (3°chapitre du livre Il).Mais revenons à l’Incube et au Succube proprement

dits, où plusieurs ne veulent voir que le mythe su

ranné, l’incarnation purement poétique de la Pollution nocturne: ceux—là, pour accuser avec décence

ce petit désagrément intime et assez ridicule en soi,

disent simplement :j’ai rêvé.

Mais les anciens —— estimant que les diverses

angoisses du sommeil sont dues à la malice de cer

tains êtres fantastiques (t), pernicieux démons qui

(t) Ces deux opinions sont un peu extrêmes : toutes deux, dans lamoyenne des cas, expriment une part de vérité; c‘est la même questionenvxsage’e sons deux faces différentes. Le lecteur trouvera dans notrethéorie des larves le moyen de concilier ces deux appréciations d‘apparence inconciliable.

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LiS MYSTÈRES DE LA SOLITUDE 29

prennent plaisir à molester, étoufier et tourmenter le

dormeur, en pesant sur lui de tout le poids de leur

corps — les anciens confondaient volontiers les no—

tions de pollution nocturne et de cauchemar.

Les Grecs ont synthétisé les deux, en les personni

fiant sous l’appellation assez vague d’Ephialte (ra—

cine: Ëq>toiÂÂw, je m’élance sur); le mot latin Insultor

(racine : in sulto, je saute sur) témoigne par son

étymologie que cette conception n’avait pas varié en

passant de Grâce à Rome.

Levocable ’E<ptoihrjç, qu’on a traduit par Cauche—

mar, offrait donc un double sens. « L’Ephialz‘e, ditle bon Pierre Le Loyer, efloz‘t une maladie populaire

etePide’miale... » et il ajoute : « le croz‘ray qu’ily auoit

quelque chofe d’extraordinaire, voirefupernaiurel en

l'Ep/zz‘alte de Rome. » (Tome I du Livre des Spectres.

Paris, 1605, Buon, in-4°,page 97’. )

Ne haussons pas les épaules à la légère : cette opi—

nion du Conseiller au siège présidial d’Angers est très

remarquable. Notons bien qu’il dit maladie épidé—

miale et non pas contagieuse.

Or, qu’est-ce qu’une épidémie ? — C’est un agent

extérieur au malade, et qui, répandant l’infection

dans une zone parfaitement déterminable et circons

crite, frappe d’un même mal un grand nombre d’in—

dividus qui s’y trouvent. La zone dangereuse s’étend—

Aelle ? -— On dit : l’épidémiea gagné ; elle est ici, elle

s’arrête là..... Il s’agit donc bien d’une cause réelle,

objective, en dehors des êtres qui en ressentent les

effets.

Ceci revient à la théorie des Loca infesta du Père

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30 L’INITIATION

Thyrée , dont le livre appuie sur de nombreux

exemples la vieille idée traditionnelle des lieux

hantés.

Parmi ces derniers, les cloîtres ont toujours tenu

le premier rang. Cela devait être, puisqu’à tous égards

ils constituaient un terrain parfaitement propre à la

production comme au développement des larves en

général, et plus particulièrement de l’lncube et du

Succube. L’histoire ecclésiastique le constate, les

dossiers de sorcellerie en présentent la preuve offi

cielle, revêtue d’une sanction juridique ; enfin l’una

nimité des traditions populaires viendrait, pour peu

qu’il parût nécessaire, en fournir l’éloquente confirL

mation.

D’ailleurs tout le moyen âge — l’ascétique moyen

âge avec son fanatisme d’austérité fiévreuse et chagrine

—a vécu, si l’on peut dire, en concubinage réglé avec

les Invisibles.Voulons-nous des faits modernes ? -— Les livres de

médecine en foisonnent, et c’est au docteur Calmeil,

pensons-nous, que revientl’honneur d’avoir introduitdans le langage médical le terme assez piquant (I)

d’Hysle’rdde’monopaz‘hz’e. D‘autre part, les mission

naires catholiques en Chine (2) sont là pour nous ga

rantir le caractère également épidémique et meurtrier1“"

:

(I) N’implique-t-il pas un aveu tacite et peut-étréinconscient?

. (a) M. Gougenot des Mousseaux cite, entre autres, les RR. PPDesjlcques et Lemaitre, comme particulièrement édifiés sur le chapitrede ces incroyables épidé . ies. Les Indigèn;s qui en sont atteints meurent

à l’échéance de quatre àcinq ans, dans le marasme et la consomptmn.Un tromi‘eme missionnaire écrit: — u C'est une maladie presque en—

démiquede certaines provinces de la Chine que nous avons explorées;

nous 'appelons la malaria du Diable. » (Consulter les Hauts Phénomène: de la Magie, Paris, Plon,1854,in-8, pages 392-393.)

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LES MYSTÈRES DE LA SOLITUDE 31

qu’afl'ecte en Extrême Orient ce mal étrange, sous

l’étreinte duquel succombent des populations entières,

et que les indigènes qualifient de commerce d’amour

avec les esprits.

Dans certaineâ6 conditions exceptionnelles, nous ne

nions pas la possibilité de copulation avec un élémen

taire condensé,‘ni celle du viol accompli par un ma—

gicien noir, en sortie de corps astral... Mais sur le

mode de réalisation d’un tel acte, il convient de laisser

un voile impénétrable: tout commentaire serait lui

même criminel.

Pour en finir avec l’lncube et ses équivalents, il faut

bien toucher un mot, aussi prudent que possible, du

plus secret arcane de la théurgie pratique; effleurer

ce que certains Pères de la primitive Église ont flétri

de ces noms: mystère d’abomination, abîme d’inz’quité,

honte du sanctuaire, éternel opprobre des hommes et

des Dieux, tandis que les hiérophantes des nations y

voyaient la Communion céleste et la Chaîne de me.

Ecoutons d’abord Quantius Aucler, ce fou si para

doxal et parfois sensé , ce païen mystique du

xvme siècle, qui prêchait aux sans—culottes le culte de

Gérés et de la Grande Nuit: —— « Ce n’est pas ici le

lieu de vous dire comment une femme peut penser

que l’image des Forces de la Nature répandue dans sa

personne; l’ordre de tous ses membres; la modestie,

l’innocence et toutes les vertus dont sa taille, sa dé

marche et son visage sont l’excellent tableau, puis

sent plaire à une Intelligence Supérieure, et lui faire

désirer de s’y mêler et d’en jouir: c’est ainsi que

saint Paul prescrit que toutes les femmes soient voi—

t.,,_ _‘,wM-.._..

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3 2 L’INITIATION

lées dans les temples, de peur que leur beauté ne cause

des distractions aux Intelligences Supérieures quiassistent aux sacrés mystères... Vous aurez peine

à comprendre comment les Dieux peuvent être épris

de la beauté mortelle d’une femme et désirer de pos

séder les signes que la beauté intellectuelle répand sur

la forme extérieure. Vous connaissez peu l’amour l...

Comment une déesse peut s’adapter un corps solide

et désirer de recevoir en son sein le symbole des

forces et des vertus d’un héros ou celles d’un sage

puissantù). »

En transcrivant ces lignes embarrassées d’Aucler,

nous ne prétendons ni les expliquer, ni moins encore

entreprendre la justification de l’idée qu’elles trahis

sent...

Cela dit, rappellerons—nous pour mémoire l’alcôve

nuptiale et sacrée, tendue au sommet de la huitième

des tours superposées, qui dominaient à Babylone la

muraille du septentrion ? Là couchait, certaines nuits,

la femme choisie par les Mages pour les embrassements

du dieu Bélus.

Ce rite était commun d’ailleurs à tous les temples

de l’antiquité païennei

Les sceptiques, toujours prompts à fournir une

explication superficielle et piquante des usages dont

ils ne soupçonnent pas la portée, ne manqueront pas

de produire à ce propos l’anecdote de Pauline — la

prude et pieuse matrone, vendue à Mundus par les

prêtres d’Ambis —— et d'insinuer plaisamment que les

(I) La Thre’icie, seule voie des sciences divines et humaines, Paris,an VII de la Républ., in-8, pages I92 et 286-287, passtm.

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LES MYSTÈRES DE LA SOLITUDE 33:

choses se passaient en tous lieux comme à Rome, en

tous temps comme sous Tibère, les ministres du culte

jouant assez volontiers, dans les cas analogues, le

rôle du dieu... Loin de nous la prétention de nier.

qu’il en fût parfois ainsi. Mais de la constatation

d’une fraude éventuelle, conclure à la permanence, à

l’ubiquité du charlatanisme et de l’imposture, c’est

raisonner d’une sorte déraisonnable.

De pareils rites existaiènt—ils, oui ou non, dans la

plupart des sanctuaires du vieux monde ?

Qu’était-ce que l’Autopsz‘e des anciens mystères ? —

Qu’appelait-on l’Etat pneumatique des E lus, au cours

de la neuvième nuit des Eleusines? -— En quoi con—

sistait proprement la Telétie, ou Possession extatique

etjouissance des dieux de l'Hadès?

Qu’est-ce que certains kabbalistes appellent encore

le Baiser du Serpent de Feu P Qu’entendaient-ils, en

magie cérémonz’elle, par n:‘D‘JJ Shéekinah, la Présence

réelle de la Divinité ?

A quel arcane enfin fait allusion Moïse au Vl° cha

pitre de la Genèse:

1111:)": mm ni::rns mn'7sn un imu

: m: 1x27»: 5373 mm mm 1npu nm

Abstraction faite du sens hiéroglyphique pur, quelle

signification positive attribuer à ce verset 2, ainsi

rendu par Fabre d’Olivet: — Et ils considérèrent,

les Fils de Lui—les-dieux, ces Filles d’Adam, que

bonnes elles étaient: et ils prirent pour eux des

2

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34 L’INITIATION

épouses—corporelles de toutes celles qu’ils chérirent

le plus (1) ?

Il doit nous suffire, pour cette fois, d’avoir attiré

sur ces replis du serpent l’attention des esprits auda

cieux, investigateurs sans défaillance, que le respect

humain n’a pas encore figés dans un entêtement de

négation a priori. Ceux-là n’ont pas peur d’encourir

l’excommunication majeure du ridicule que le vul

gaire attache à la recherche de ces mystères trou

blants.

En somme, et sans revenir outre mesure sur des

théories que nous avons établies assez au long dans

ce chapitre, ni sur des principes généraux dont il est

loisible à chacun de tirer les conséquences détaillées

et des adaptations spéciales au problème de l’Ephialte,

disons, pour conclure, qu’en règle générale il faut

voir, dans les lncubes et les Succubes, des larves de

luxure, engendrées à foison, partout où des humains

se laissent rouler sur la pente des concupiscentes rê—

veries que leur suggère un célibat contraint.

Le célibat rigoureux est un outrage à la mère

nature. Tous les êtres, en effet, se manifestent en

mode bissexué, sur ce plan physique de la déchéance :

ils ne peuvent être restitués dans leur plénitude onto

logique, progressivement rendus à leur intégrale unité,

que par la fusion des électricités complémentaires et

la clôture du circuit qui va d’un pôle à l’autre.

On sent bien que nous ne parlons point seulement

au physique, mais au moral surtout età l’intellectuel.

(1) Langue hébraïque restituée; Paris, 1815, 2 vol. in-4, tome II.Cosmogonie de Moïse, p. 177.

1.-..Æ

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LES MYSTÈRES DE LA SOLITUDE

C’est ce qu’on pourra mieux saisir au chapitre sui

vant, où nous exposerons la grande loi généralement

insoupçonnée de la polarité double et quadruple dans

l’Androgyne humain..... Les deux pôles positif et

négatif ne valent que l’un par l’autre; de l’un comme

de l’autre, l’isolement fait un non-sens.

Telle est la règle. * Voici l’exception : dans deux

cas seulement, l’homme ou la femme peut logique—

ment s’abstraire :

1° En vue de l’acquisition de certaines facultés ma

giques, ainsi que nous comptons le détailler ailleurs;2° Pour la pratique d’un mysticisme particulier,

tout d’abne’gaz‘z’on et de renoncement final, où tendent

intuitivement ceux-là qu’une irrésistible vocation pré—

destine à la vie religieuse, dans le sein de telle com—

munauté. des ordres dits contemplafifs.

Ces deux cas limitatifs mis à part, la solitude

sexuelle n’a pas d’excuse, et quand elle se prolonge,

on sait maintenant à quoi s’exposent ses fervents.....

Nous l’avons dit : tous les êtres constitutifs de

l’Univers-vivant sont comme Lui androgynes; ils

se manifestent par le binaire, en mode d’antagonisme

équilibré.

Ils ne peuvent se produire et se reproduire dans le

temps et l’étendue qu’à la faveur d’une double polarisation, d’un schisme en deux natures dont l’hostilité

n’est qu’apparentè; car les deux pôles ne s’opposent

l’un à l’autre que pour être unis: le Vide appelle le

Plein ; le Plein recherche le Vide. Et ces termes complé—

mentaires du grand arcane de la Vie n’ont de valeur

et de raison d’être que dans la nécessité-de leur mu—

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3 6 L’iN lTIATION

tuelle pénétration: isolés, ils ne sont rien et ne peuvent

qu’efforts stériles, subversion, désordre...

Que serait le Père Divin, sans la Mère Céleste?

Que serait le Iod sans le Hé P ,

Dieu lui-même ne se manifeste que par l’intermé

diaire de son épouse, la Nature—naturante, dont le

rôle est de fournir aux principes qu’ll déploie une

substance plastique où s’informer et s’objectiver. ——

L’Esprit demeurerait incompréhensible, sans la Vie

qui le réactionne en le réfléchissant; la Vie demeure—

rait un non—sens informe et chaotique, à défaut d’Es—

prit qui l’élaborât.

Céleste et mutuel amour des deux facteurs de

l’Unz‘uers—essence : Esprit et Vie! Le Verbe rayonne

à jamais dans l’harmonie de leurs noces indissolubles.

Aussi le kabbaliste fameux Rabbi Shiméon ben

Jocka‘i, s’efforçant d’exprimer le non-être initial, ou

plutôt (car il n’y eut pas de commencement au sens

où l’on croit d’habitude) l’inanité respective des deux

Principes abstraits l’un de l’autre, dit—il :

: pas: pas pnuwn un s5

( Non respiciebatfacies adfaciem... p

(SIPHRA D’ZENIHOUTHA, I, a.)

Il faut que les deux faces d’En Haut se regardent:c’est alors — mais alors seulement —- que l’Eternel

masculin et 1’Eternel féminin se révèlent l’un à

l‘autre, dans un baiser d’où naît perpétuellement

1’Etre.

Ces principes sont d’ordre absolu ; ils portent en

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LES MYSTÈRES DE LA SOLITUDE 37

vç}“‘5

eux l’évidence de leur rectitude... Mais, puisque nous

avons ouvert le Zohar, nous ne le refermerons pas

sans en avoir préalablement transcrit un autre texte,

où la mutualité créatrice des célestes époux est rendue

par une image étrange et sublime :

— « Le Feu (lit-on dans les Commentaires) avaitjailli du Iod paternel de Dieu, comme un serpent, et,

sous son étreinte, la terre allaitpérir dévorée, quandla Mère Céleste — que béni soit son nom ! —- suscita

les vagues marines, qui vinrent aj]‘luer, libératrices,

sur la tête brûlante du serpent. »

L’arcane universel de la Vie réside en l‘incessante

réciprocité des deux qui ne font qu’un. -— L’isole

ment définitif des facteurs complémentaires de l’Etre

ferait, en réalisant la suprême solitude, fiamboyer sur

le mur de la nuit, désormais sans aurore, une sen—

tence qui serait la révélation soudaine de l’absurde et

du néant : la formule du grand Arcane de la Mort

éternelle.

FIN.

STANISLAS DE GUAITA.

’%

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PARTIE PHILOSOPHIQUE ET SCIENTIFIQUE

EA «Œvau DE Ÿ6AlÆl‘ll‘ll‘l

A mes frères et mes sœurs de l’Église Gnostique répan

dus dans les ténèbres de ce monde Hylique.

I

l’aborde la gnose de Valentin.

C’est la gnose complète. Je l’aborde avec foi, en

thousiasme et tremblement, carje sens que l’heure est

venue où la Doctrine longtemps muette, longtemps

cachée, longtemps persécutée, va jeter sur les hommes

de cette fin de siècle sa clarté salutaire et libératrice.

Je remercie Papas de m’avoir ouvert l’Initz’atz‘on,

pour cet apostolat gnostique. Le jour n’est pas loin

où je pourrai avec l’aide des Saints Bons exposer en

public, devant les hommes de bonne volonté du

grand et noble Paris, l’Evangile pour lequel ont vécu,

lutté, souffert, pleuré, versé leur sang, les martyrs,

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LA GNOSE DE VALENTIN 39

.. z..r.,.._.........æ . v‘u—n1-..œw»__.—«-.- _.....Mv.z:m.wxvr..æmhä_A—_t—’

les apôtres, les docteurs et les initiés depuis Simon le

Mage jusqu’au glorieux Albigeois.Notre âge est vraiment privilégié. Il voit refleurir

la Kabbale, la Théosophie, l’Initiation, l’Astrologie, la

Science occulte. Il assiste à un réveil prodigieux.Toute une constellation d’esprits éminents resplendit

dans son ciel psychique. Des revues, des journaux,des livres, répandent la lumière de l’Orient sur notre

terre occidentale. L’absolu se manifeste. N ’est-il pas

juste que la gnose qui a rayonné pendant plusieurs

siècles et qui s’est presque éteinte, reparaisse à son

tour dans le firmament des âmes ? Je ne suis qu’une

voix qui la proclame, cette voix ne résonnera pas dans

le désert. Mais que tout profane s’écarte. Nous ne

jetons pas les perles d’Ophir devant les Hyliques

ignorants.

Ilv

Le principe de la Gnose est celui—ci: ..

L’ABSOLU ÉMANE DES FORCES DIVINES QUI SONT SES

HYPOSTASES. CES ÉMANATIONS SONT PROJETÉES PAR cou

PLES (Syzygies) DE SÉRIES DÉCROISSANTES, CE SONT LES

ÉONS.

Atèç xozl 1:06; Aîôivocç ë-mzrjoe, dit Apollos dans l’épître

aux Hébreux (t. Il).

Au commencement était le SILENCE, Eon éternel,

source des Bons, l’invisible Silence, l’innommé, l’in—

eflable, l’ABîME; la langue vulgaire l’appelle Dieu.

Principe et cause, infini, enveloppé de soi—même,

il n’agissait pas. Mais dans son silence inviolé deux

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40 L‘INITIATION

« générateurs », le principe mâle et le principefemelle, l’un, le mâle, illuminateur d’en Haut, l’autre,

le femelle, illuminateur d’en Bas, contenaient la ra

cine, la source de l’Être, ou plutôt étaient eux-mêmes

la racine et la source.'

L’ABÎME (Buthor), s’enveloppant ainsi soi—même, se

contemplait avec sa coéternelle épouse, la PENSÉE

(Ennoia). Silencieuse comme Lui, Ennoia recevait

dans cette inexprimable embrassement le germe

fécond, le germe divin des Emanations. C’est par

Ennoia que l’ABIME allait engendrer. Car il était

amour, et l’amour aspire à se répandre. Et il n’ya pas

d’amour qui ne veuille quelque chose à aimer.

Il]

L’ABÎME voulut donc se répandre, et avec la Pensée

il émane l’INTELLIGENCE, l’Eon Noûs, le premier-né

(Monogênes), seul capable de comprendre la grandeur

de son Rêve. C’est le premier des Eons, l’ ’Apxw'1, il est

mâle, et Dieu se révèle par lui. L’acte qui l’émane

émane en même temps sa compagne, sa parente,

l’absolue VÉRITÉ (Alêtheia), Eon femelle à côté de

ql’Eon mâle, subjectivité à côté de l’objectivité. C’est

ainsi que se constitue la première Tétrade.

1 -— 2. Sigê-Ennoia(Silence et Pensée).3 — 4. Noûs-Alêtheia (Intelligence-Vérité).

Cette première tétrade est la manifestation inté

rieure, interne, de l’Absolu. '

Les Eons sortis de Dieu émanèrent à leur tour

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LA GNOSE DE VALENTIN 41

comme Dieu. Noûs et Alêtheia engendrèrent la

PAROLE et la VIE (Logos et Zôê). Logos et Zôê éma—

nèrent l’ESSENCE-HUMAINE (Anthropos) et l’ASSEMËLÉE

(Ecclésia). On doit savoir qu’Anthropos est l’Homme—

Type dont notre Humanité n’est qu’une copie loin—

taine, et qu’Ecclêsia est l’Ensemble du Cosmos. De

sorte que Anthropos, mâle, et Ecclésia, femelle, sont

les deux archétypes du monde de l’Intelligence et de

celui de la matière.

C’est la seconde tétrade.

5—7—.

Logos-Zôê.Anthropos—Ecclêsia.

6.

8.

Avec la première tétrade, cette deuxième tétrade

constitue l’Ogdoade qui condense les ineffables

beautés de l’UN, de l’ABSOLU.

ç

IV

Comme leur Père, les Eons allaient émaner, tou«

jours par syzygie, par couple, par principe mâle et

par principe femelle. Logos et Zôê émanèrent donc et

projetèrent :

r —-— 2. — Bythios et Mixis.

3 — 4. — Ageratos et Hénosis.

5 — 6. — Autophyès et Hedonê.

7— 8. — Akine’tos et Synkrasis.

9-— 10. — Menogenês et Makana.

Ces dix Eons forment la Décade.

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4.2 L’INITIATION

Anthropos et Ecclésia émanêrent et projetèrent:

I — 2. -— Paraclutos et Pistis.

3 — 4. — Patricos et Elpis.5 — 6. — Mêtricos et Agapê.

7— 8. — Aeinous et'Sunêsis.

9-— 10. — Ecclésiasticos et Makaridès

Il — 12. —— Telêtos et Sophia.

Ces douze Eons forment la_Dodécade.La réunion de l’Ogdoade, de la Décade et de la

Dodécade, manifestant par degrés successifs etdescen«

dants l’ABSOLU, constituent la PLENITUDE, ou, pour

parler le langage de Valentin, le PLÉROME.

Chacun des Eons est une hypostase de la vie de

l’ABîME DIVIN, un type qui le reproduit, un échelon

mystérieux pour monter jusqu’à lui. L’Ogdoade est

plus élevé que la Décade, et la Dodécade moins élevée.

Valentin disait avec Paul (Colossiens, II, 9): « En elle

habite le PLÉROME de la divinité. » — « ’Ev ou’rrq) xoz‘cozxeï

7räv -rô HÀfipwy.a T‘IÎG ®eéw,-roç. »‘ Ces notions contiennent l’essence de la Théologiedu grand Valentin. Vous devons maintenant exposer

avec la même clarté simple et sans emphase la cos—

mogénie de ce docteur de la Gnose.

V

Tous les EOns émanés de l’ABîME ne connaissaient

pas son essence, sa nature. Seul, Noûs (l’intelligence)

la Connaissait, étant le principe mâle sorti de lui et

d’Ennoia. «Personne, disent Matthieu et Luc, ne con

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LA GNOSE DE VALENTIN

naît le Père, si ce n’est le Fils.» (Matth., XI, 27;Luc., x, 22.)

Cette science parfaite cependant était ambitionnée

par tous les Bons. Ils émanaient de Dieu, ils tendaient

à Lui, ils l’aimaient, ils étaient dévorés du désir insa—

tiable de le connaître. Noûs leur aurait communiquécette science parfaite si le SILENCE éternel le lui eût

permis. Mais il ne le permit pas.

Par suite de l’émanation à mesure que les Eonsémanés s’éloignaient de leur source, du foyer de l’In—

fini, leur ignorance de ce mystère ineffable allait.croissant et leur langueur s’augmentait. Leur insa

tiable désir devenait une véritable sOuflrance. Cette

souffrance, SOPHIA la ressentait à un degré incalcu—

lable. Elle était le dernier Eon de la Dodécade, le '

plus loin du Père, par là même le plus ignorant du

secret de sa Natu’ie. Unie à Thélêtos (volonté), elle

ne pouvait supporter son principe mâle. Elle avait

soif de l’ABiME. Elle désirait s’unir avec Lui. Elleaimait la source des émanations, le père des Bons, le

premier Eon. Elle luttait ainsi contre l’impossible. Et

dans la violence passionnée de cette lutte, elle se serait

perdue, anéantie, si la LIMITE, l’Eon Horos, ne lui avait

été envoyée par SlGÊ (le Père). Horos fit rentrer Sophia

dans les limites de son être, dans les bornes de sa

nature. Emané pour restaurer l’harmonie du PLÉROME

troublée par les langueurs de Sophia, Horos se sentit

impuissant à remplir toute sa mission, car, dans sa

passion d’amour indicible, Sophia avait déjà gravi

les sublimes échelons de la PLÉNITUDE.

Il fallut aider Horos. C’est pourquoi, Noûs émana

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44 L’INITIATION

un couple nouveau: CHRIST et PNEUMA (l’Esprit).Ces deux Eons devaient pacifier le monde divin du

Plérome.

Christ apparaissant aux Eons leur expliqua le dé

ploiement de l’Absolu, ses lois, ses règles, ses exigen

ces, sa norme. Grâce à lui, les Eons comprirent que

l’Absolu, incompréhensible en soi, ne peut être

perçu et saisi que par ses manifestations, ses éma

nations, son devenir successif et que son incom

municable essence reposait dans l’éternel SIGÊ

(Silence). _

Après Christ, Pneuma parla aux Eons et leur en

seigna la sainte résignation et la sainte paix de l’ac—

quiescence.

Vl

Cependant les langueurs de SOPHIA n’avaient pas

été stériles. Sans le secours de son parent VOLONTÉ,

elle avait enfanté d’elle—même, durant ses ardeurs

inassouvies, un Bon femelle émané de son désir de

s’unir à l’ABîME.

Cet Eon, Acmno+rx, ou SOPHIA-TERRESTRE, préci

pité en naissant du Plérôme, exilé *dans le chaos,

errait hors des limites du Monde divin que lui barrait

impitoyablement Horos.Achamoth,en tombant du Plérome, avait eula vision

rapide de la Lumière ineflable qui lui était ravie. Lesentiment de sa chute, la pensée torturante de son

isolement la poursuivaient dans son exil. On pourrait

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LA GNOSE DE VALENTIN 45

lui appliquer ces beaux vers du poète ésotérique La

, martine :

Tout mortel est semblable à l’exile‘ d'Eden,Lorsque Dieu l'eut banni du céleste jardin ;Mesurant d'un regard les fatales Limites,Il s'asstt en pleurant aux portes interdites.Il entendit deloin, dans l'immortel séjour,L’harmonieux soupir de I'Eternel amour.

Souvent l’infortunée s’élançait jusqu’aux confins

de la Plénitude. Horosla repoussait, comme l’archange

au glaive flamboyant de la Bible repoussait Adamet Eve des portes resplendissantes du Paradis.

Alors, Achamoth roulait dans le vide et pleurait :

4

Borne’ dans sa nature, infini dans ses vœux,L'Homme est un Dieu tombé qui se souvient des Cieux.

De ces larmes sacrées naquit l’élément humide. De

cette tristesse Auguste sortit la matière.

Alors, Horos eut pitié d’Achamoth. Il émana pourla consoler l’Eon Jésus, dont elle devint la compagne

et qui fit briller sur elle un reflet du Plérome.

Ainsi rachetée et réhabilitée, Achamoth émana troiséléments: le Pneumatique, le Psychique, I’Hylique.De ces trois éléments elle forma le DÉMIURGE, ouvrier

inconscient des mondes d’en Bas.

VII

DÉMIURGE, qui avait en lui tout à la fois le reflet du

Plérome et l’élément naturel, sépare le principe

hylique du principe psychique, primitivement confon

dus dans le chaos, et en créa six mondes gouvernés

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46 L’INITIATION

par six Eons. Ces six mondes sont les sphères d’en

haut, la zone sextuple du Firmament.

Avec le principe hylique, Démiurge organisa le

monde matériel : « Ce monde subsiste en Dieu, disait

Valentin, comme une tache sur une tunique blanche.»

L’Eon de ce monde matériel est Satan, appelé aussi

l’Archôn de ce monde par saint Paul. Satan est né de

la matière, en même temps que son escorte d’esprits

pervers.

Bientôt Démiurge voulut combattre la méchanceté

de Satan. Il lui opposa un adversaire, l’HOMME.

L’âme de l’homme est formée d’un rayon du prin

cipe psychique ; son corps, d’un fragment hylique de

la matière. Achamoth insinua alors dans l’homme

un germe pneumatique. De là la triple nature de

l’homme.

Démiurge fut jaloux de son œuvre quand il vit

qu’elle était ennoblie par le germe pneumatique, étin—

celle du Plérqme. Pour se venger, il imposa à

l’homme l’obligation de s’abstenir du fruit savoureux

de l’arbre de la Science du Bien et du Mal.

L’homme désobéit à cette loi, se révolta contre

Démiurge et fut chassé du Paradis. Une triple enve

loppe hylique empoisonna son âme. Démiurge le sou

mit aux appétits des sens et lui donna le goût des vo—

luptés, afin d’étouffer en lui le germe de la lumière,

la clarté pneumatique que lui avait donnée Acha—

moth. \

Achamoth bienfaisante et douce, pitoyable et ma—

ternelle, Achamoth, « sel de la terre » et « lumière du

monde », donna alors à l’homme la GRACE, cet invi

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LA GNOSE DE VALENTIN

sible secours qui lui permet de résister aux natives

concupiscences.

Les hommes sont divisés en trois classes :

Les Pneumatiques ou Gnostiques, esprits supé

rieurs et initiés, qui suivent la lumière d’Achamoth ;

les Psychiques, flottant entre la lumière et les ténè

bres, entre Achamoth et Démiurge; les Hyliques,sujets de Satan, dont l’âme est matérielle et qui

seront anéantis.

Sera, ABEL, CAÏN,, représentent ces trois catégories.

Vlll

Il nous reste à exposer la Rédemption, d’après Va—

lentin.

Notre monde à nous Hommes a été racheté par

l’Eon Jésus. Il est venu par le canal immaculé de

1’Eon MIRIAM que nous nommons Marie. L’Eon Jésus

n’a rien de matériel. Il est formé d’un principe

psychique emprunté à Démiurge et d’un corps astral.

Il est animé par CHRIST, qui quitta le Plérome et se

reposa sur lui, en lui communiquant la puissance

absolue sur le monde de Satan.

Son enseignement a racheté et rachète encore les

Pneumatiques. Au moment de la Passion, Christos,

Eon impassible7 le soutint et le fortifia. La Croix(Stauros),devenue la limite qui sépare les Pneuma

tiques des autres hommes, est le symbole sacré de la

Gnose.

Telle est, dans son ensemble, la doctrine de Valen

tin. Elle répond à toutes les difficultés. Jamais l’Ab

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48'

L’INITIATION

Ww "' ’*

solu ne s’est manifesté plus lumineusement que dans

cette admirable épopée qui se passe successivement

dans les trois mondes. Il resterait à parler de la morale

Gnostique. Qu’il suffise maintenant de dire qu’elle

proclame Dieu innocent du mal, de la douleur et de

l’injustice.

L’origine du Mal nous fournira la matière d'une

autre étude.

Veuille 1’Eon qui accompagne chacun de nous

nous éclairer, nous illuminer, nous purifier. ’Ayfiv!

JULES STANY DOINEL.

“lÎIHRHNlWE ÊGlENTlFlQUE

LA LITTÉRATURE MAGNÉTIQUE

ÉËræs

Mystères du Magnétisme, un roman de Ray—

mond Maygrier, ont paru ces jours derniers chez

Dentu (1 vol. in—12, 320 pages, 3 fr. 50). Ce romanest honoré d’une préface de notre savant confrère -—

et plus excellent vulgarisateur encore — le docteur

Monin. Analysons d’abord cette préface, sur laquelle

nous avons maintes réserves à faire.

Au sujet des expériences publiques, si propres et si

promptes à détraquer qui les voit ou qui s’y prête,

nous partageons entièrement l’avis du docteur Menin,elles sont nuisibles et doivent être prescrites. C’est

l’avis que — non seul de notre avis, mais seul ora

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CHRONIQUE SCIENTIFIQUE

tout — nous avons défendu au Congrès magnétique

znternatz’onal, tenu à Paris du 21 au 27 octobre der

nier et dont nous étions vice—president. Donato,

Reybaud et autres'expérimentateurs publics n’étaient

pas de notre avis, et cela se conçoit. Cependant ren

dons-leur ici justice, ces expériences —- à un moment

donné — ont forcé l’attention du grand public, et par

suite cette ennemie de tout progrès qui la gêne —— à

s’occùper du magnétisme animal sous le nom d’hyp—

notisme. Heureuse de ressusciter un des siens —

mort oublié et méconnu, c’est le sort des novateurs—

elle a exhumé (la science officielle) le médecin James

Braid, de Manchester, et a démarqué le linge d’autrui.

A quoi bon d’ailleurs adorer ce qu’on a brûlé — ou à

peu près ——selon la parole éloquente de l’évêque saint

Remy au roi Clovis, qu’on peut parodier à l’usage des

Académies. Il y a des abdications d’orgueil que l’on

ne peut faire. Songez donc, 6 hommes, renier les

prétendus progrès que l’on a cru faire et qui vous ontillustré, c’est trop demander à notre malheureuse

espèce humaine! Et cependant, savants qui dédai

gnez de vous incliner devant la vérité, vos erreurs et

vos tâtonnements —— ne l’oubliez pas -— ne sônt pas

perdus et même détruits, ils vous ontillustrés. Donc,

inclinez-vouS devant les magnétiseurs, de l’héritage

desquels vous n’avez pris que la plus mauvaise part, le

sommeil provoqué par les agents physiques. Ils ont

détraqué parfois, et vous les imitez. Les tréteaux des

hôpitaux vous servent à des exhibitions grotesques

où les sujets vous raillent — oh ! derrière vous, mais

c’est déjà trop. — Dans ces séances malsaines, vous

‘- <-w-—-æ,-ilœvw‘I—_‘

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50 L’INITIATION

0

compromettez vos personnes, et surtout -— chose plus

grave — la science que vous voulez préconiser est

bien en danger entre vos mains. C’est un puissant

agent de guérison — le magnétisme humain, dont

l’hypnotisme n’est qu’une bien faible partie — mais

ce n’est pas une panacée. Le magnétisme est inoffen—

sif; l’hypnotisme, parfois dangereux. L’un peut se

passer du sommeil — c’est une action contagieuse de

la santé — l’autre l’exige toujours.’

Les expériences publiques ont eu des dangers par

leurs exagérations. Mesmer avait, dans ce sens ,

ouvert la voie, et ce sont les crises qu’il a provoquées

qui ont — qu’on nous passe l’expression — coulé lui

et sa cause. Pourquoi retomber dans ces errements?

C’est que le public exige—quand des connaissances,

qu’il n’a pas sucées avec le lait de sa nourrice, cho—

quent son prétendu bon sens — des phénomènes

abracadabrants. Pourquoi oublier que l’Académie de

Médecine a refusé d’admettre la magnétisme animal,

parce que, cherchant le merveilleux, elle ne l’a pas

trouvé? Profitons, une fois pour toutes, des exagéra

tions de nos devanciers et n’y retombons pas. Ne nous

associons cependant pas à des larcins, à des démar

cages de linge, et rendons à César ce qui appartient

à César et aux magnétiseurs ce qui leur appartient...

la découverte du magnétisme. Exigeons d’eux des

connaissances spéciales , un diplôme particuliercomme je l’ai exposé dans mon mémoire présenté au

Congrès magnétique international (Le Magnétisme

1 devant la loi, I brochure in-12, 50 pages; Carré, édi—

teur, I fr."), soit; mais ne localisons pas le magnétisme

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CHRONIQUE SCIENTIFIQUE 51

— je ne dis pas l’hypnotisme, qui n’en est qu’un frag

ment -— aux seuls médecins qui souvent n’y enten

dent rien. La clientèle absorbante, la routine et les

préjugés les dominent souvent trop. Et comme je

m’associe au docteur Monin quand il dit :

« Ce que nous demandons, c’est qu’on imp‘rime à

ces études une direction sérieuse et scientifique;

qu’on les réglemente et surtout qu’on les interdise

à tout charlatan, diplômé ou non, suspecté d’en faire

usage. »

Mais nous ne nous sommes pas, nous, seulement

associé, en pensée, à ce vœu, nous l’avons formulé à

notre Congrès ouvert — contrairement à celui des

hypnotiseurs qui ont craint la contradiction ! Avaientils donc ainsi le sentiment de leur insuffisance! —— Et

ce qui plus est, ce vœu que nous avons émis a été

voté, et les magnétiseurs ont nommé leurs vieuxennemis, les médecins; c’est là un oubli de soi—

même, digne d’être donné en exemple.

En effet, le Congrès magnétique a nommé une

Commission scientifique des Hautes Études Magné—

tiques, indépendante de lui-même, avec le comman—

dat de Rochas, administrateur de l’École Poly

technique comme président, le capitaine du génie

Colson, les docteurs Baraduc et votre serviteur, chers

lecteurs, comme membres. Nous travaillons, nous, et

la science officielle, qui paye ses sujets, croit à des

résultats erronés, tandis que nous, impartiaux, noüs

souciant peu des appellations jalouses de nos contem«

porains, nous émettons et suivons cette loi: « Il n’y

a pas de religion plus élevée que la vérité. »

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52 L’INITIATION

..,——...

Aussi la dite science officielle arrive à ce résultat

faux et dangereux — que de toute notre énergie nous

avons combattu dans notre mémoire du Congrès -—

que la volonté humaine est un mythe! Et là encore,

nous nous associons à notre savant confrère le doc

teur Menin :

« L’hypnotisé est loin d’être l’instrument passif

qu’on se figure: sa liberté morale ne sombre pas

entièrement. »'

Pour nous, elle ne sombre pas du. tout, et là, nous

prions encore le lecteur de se reporter à notre mémoire,

pour être — sinon convaincu — au moins forte

ment ébranlé, dans le sens de nos propres idées.

Quant au roman lui—même, M.Raymond Maygrierle fait rouler sur le Magnétisme et le Spiritisme et

sur leurs phénomènes troublants. L’auteur n’est pas

un croyant aux esprits et il attribue les faits qu’on leur

prête à des causes matérielles encore inconnues. C’est

là une opinion que nous partageons.

« Voyons, fait-il dire à son principal héros, en

toute conscience, est—il raisonnable de prétendre

qu’un esprit qui fut sur la terre un grand penseur, un

poète, un savant, s’amuse à remuer une table, un lit,

une chaise, quand ce n’est pas un chapeau P... C’est

lui faire, assurément, peu d’honneur. Parce que vous

placerez, d’une certaine façon, vos mains sur un

guéridon, il faudra qu’aussitôt cette âme d’élite aban

donne tout pour venir se mettreà la disposition d’une

vieille fille ou d’un charlatan quelconque? Non l...

le spiritisme, compris de la sorte, est faux, et ceux—là

seuls le défendent qui ont pour cela un intérêt puis

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CHRONIQUE SCIENTIFIQUE 53

saut. Ce que j’admets, c’est l’existence d’une force

inconnue et terrible, allant, dans certains cas, jusqu’à

détruire des lois connues , établies depuis long

temps... »

Et plus loin ce dialogue: « Si on rendait au cerveau

ce qui lui manque (par le magnétisme)? —Tu touches

àde graves questions que ne se permettrait pas de'

soulever Charcot. Bernheim, lui—même, hésiterait à

proclamer ce que tu avances... Tu parles comme un

profane... ».

Ces dernières phrases sont sans doute une ironie

sous la plume aiguisée du magnétiseur Raymond, de

l’1nitiaz‘ion.

Admirez cette leçon d’humilité donnée par un

autre magnétiseur, le héros du livre, félicité d’avoir

guéri un malade abandonné de la Faculté:

« Je ne permettrai jamais au meilleur de mes amis

de me poser en adversaire des médecins. J’ai obtenu,

je l’avoue, un résultat curieux à noter chez un pauvre

diable perdus. Faut-il en conclure forcément que le

magnétisme en est la cause... unique? Le premier

étudiant eût opéré de même. »

Les trucs qu’utilisent les médiums, les jours Où

leur force... psychique (d’après Crookes) manque,

sont dévoilés. Au milieu de ces idées sérieuses et

attachantes se déroule un roman d’amour non moins

attachant, mais qui a le tort de finir tristement.

En résumé, les Mystères du Magnétisme sont bien

et simplement écrits; ils constituent une œuvre

forte, utile et saine!

. D' V. FOVEAU DE GOURMELLES.

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54 L’INITIATION

Œs ‘Scxnucx ©ccumxAPPLIQUÉE A L’ÉCONOMIE POLITIQUE

CONFÉRENCE PAR M. JULIEN LEJAY

Avocat à la Cour d‘appel de Paris, Secrétaire de la Rédaction

de l‘Initiation.

(Suite)

Dans la société au contraire nous voyons des indi

vidus s’approprier des parties du sol. Ici le corpssocial ne constitue plus un support commun protégeant

tous les organes également et en vertu d’une loi de

l’organisme, mais un support mobile et soumis a

l’influence des diverses cellules.

Nous verrons les conséquences de cette infraction

à la loi organique, comme de toutes celles d’ailleurs 'que nous allons constater dans notre quatrième et

dernière partie.

Si nous examinons maintenant le ventre de

l’homme, nous voyons sans peine que les organes et

les cellules qui le composent ont un but unique: la

fabrication de l’élément matériel, et forment ce que

l’on appelle l’appareil de nutrition. Cellules et organes

coopèrent, chacun de leur façon, à cette fonction,

mais nous avons vu comment et en vertu de quelle

loi le travail est divisé, mais il est aussi organisé;

c’est en vertu d’une loi générale de tout l’organisme

que chaque cellule, que chaque organe accomplit tel

travail plutôt que tel autre.

Remarquons enfin que cellules et organes ne con

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LA SCIENCE OCCULTE 55

somment pas le fruit de leur travail, mais l’aban

donnent à l’appareil de nutrition tout entier qui réu

nit les divers éléments constitutifs du sang et va les

remettre à l’organe distributeur dont la mission est

de les lancer dans la circulation générale où cellules

et organes puiseront la vie.

Résumons ces données: Nous avons division,

organisation et corporz‘satz’on, si je puis m’exprimerainsi, du travail de nutrition.

Chaque cellule a un travail propre, mais ce travail

est soumis à la loi de l’organisme; il n’a pas pourfin directe le développement de la cellule qui le fait,

mais la production d’un des facteurs dont se compo—

sera le sang qui dispense la vie au corps tout entier.

Que se passe-t-il dans la sociétéz’

Nous remarquons bien des organes : l’agriculture,l’industrie, la maz’md’œuvre, etc. Mais sont-ils coor

donnés P

Il est facile, hélas, de se rendre compte que non.Agri—l

culteurs, industriels,financiers ne remplissent pas un

travail social, mais un travail personnel, et ce n’est que

leur intérêt personnel et non l’intérêt social qui guide

leurs travaux. L’ordre apparent qui règne entre ces

divers organes n’est qu’un équilibre plus ou moins

stable entre les intérêts généraux de ces organes libres ;

de même que dans chaque organe il n’est dû qu’à

l’équilibre instable des intérêts particuliers, dont la

concurrence est le balancier.

Agriculteurs et industriels, avons-nous dit, ne sont

guidés que par leur intérêt personnel. Comment cela

se peut—il faire P Dans le corps, nous avons vu que

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56 L’INITIATION

chaque cellule abandonnait le fruit de son travail à

l’économie générale qui le lui rendait sous une forme

parfaite, le sang. Il n’en est donc pas de même dans la

société ?

Évidemment non. Ici chaque travailleur conserve

le fruit de son travail et le transforme lui-même en

sang, c’est-à-dre en monnaie.

Mais ce sang social vient-il au moins d’une source

unique i’ Est-il canalisé? A-t—il une circulation régie

par une loi générale de l’organisme ? Non ! La mon—

naie va et vient, circule sans loi au milieu du corps

social, afflue ici, manque la selon les hasards et les

caprices de la production et de l’échange de cellules

individualistes et égoïstes. C’est l’lncoordination

dans la circulation comme dans la production! Maisne sommes-nous pas en présence d’une nouvelle

infraction à la loi de l’organisme? Le ventre de

l’homme n’a qu’une seulefonction, c’est la nutrition.

Ici nous voyons la nutrition et la circulation confon

dues. Dans l’homme le ventre est le centre de la

nutrition ; la poitrine, le centre de la circulation.

Dans la société le ventre contient à la fois et nutrition

et czrculatzon; reprenons les autres' différences que

nous avons constatées, l’incoordinahon des organes et

le travail égoïste des cellules, et nous aurons un résumé

des infractions à la loi de l’organisme dont nous mon—

trerons tout à l’heure les conséquences.

Passons à la poitrine. C’est dans la poitrinehumaine, avons—nous dit, que vient se condenser le

fruit du travail de toutes les cellules et de tous les

organes du ventre, le sang; il se vivifie sous l’action

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LA SCIENCE OCCULTE 57

des poumons, passe au cœur et de là irradie dans

tout l’organisme qu’il régénère. C’est ce que l’on

appelle la circulation.'

Nous voyons là l’élément mixte qui doit unir la

poitrine auventre. Quel est l’élément qui l’unit à

la tête et en fait bien ce terme médian dont nous

avons parlé au début, destiné à équilibrer ces deux

contraires le ventre et la tète? Cet élément c’est le grand

sympathique : Indépendant de la volonté, il est le ré

gulateur de tous les organes qui fonctionnent sans

l’intervention de celle-ci, par exemple, le cœur, le foie,

l’estomac. Si maintenant nous cherchons quelque

chose d’analogùe dans la société nous n’ytrouvons rien.

Nousavons— vu que le ventre avait absorbéf,la cir

culation. La tête a absorbé l’administratz’oh.

Le terme médian n’existe pas dans la société; les

deux contraires, l’Etat et le peuple, sont en présence;

si la loi occulte est vraie, ils doivent s’opposer cons

tamment l’un à l’autre; l’ordre ne peut pas régner

dans la société parce qu’il n’y a pas d’équilibre. Nous

verrons bientôt ce qu’il en est.

Lorsque je dis que le terme médian n’existe pas,

j’exagère évidemment. S’il était complètement absent,

la société ne serait pas ce qu’elle est actuellement

nous aurions l’anarchie ou le despotisme bien nets.

Ce terme médian existe à l'état embryonnaire : il se

manifeste dans l’économie , par l’intervention de

l’Etat dans la production et la circulation, dans l’ad—

ministration par l’autonomie relative de certaines

autorités locales; c’est là évidemment une circulationet une organisation bien élémentaire! Qu’est-ce en

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58 L’lNITIATION

effet que cette intervention intermittente et particu

lière de la volonté sociale à côté de l’action constante,

régulière et générale du cœur et du grand sympa

thique? Quoi qu’il en soit, nous voyons là un essai

d’organisation générale, une réaction lente du prin

cipe social contre le principe individuel, une confir

mation de la loi qui veut que les organes dépendent

de l’organisme et non l’organisme d’un organe quel

conque.

Comparons enfin la Tête et l’Etat.

Tête et Etat représentent la volonté : la volonté del’individu, la volonté de la société!

La volonté est produite au moyen d’un organe par

ticuliâ le cerveau, qui, comme tous les autres

organes, reçoit le sang nécessaire à sa vie et à son

développement, de la circulation générale dont la

poitrine est le centre.'

Si nous examinons cet organe, nous voyons qu’ilest composé de cellules spéciales, cellules affinées,

quintessenciées, subtilisées par l’organisme tout entier

La volonté dans l’homme est donc le produit d’un

organe spécial, le cerveau, nourri conformément à la

loi de l’organisme tout entier mais composé de cellules

particulières.

Dans la société l’Etat, organe de la volonté, ne

reçoit pas la monnaie, ce sang social, d’une circula

tion générale qui n’existe pas ; il la reçoit en vertu

d’une circulation particulière, l’impôt, qui part du

ventre pour arriver jusqu’à lui. Économiquement,

l’Etat ne semble pas faire partie intégrante du corpssocial; il s’en détache presque et n’est relié à lui que

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LA SCIENCE occu LTE 59

par une espèce de cordon ombilical qui est l'impôt!Cette opposition était encore plus frappante avant

1789, alors que tous ceux qui touchaient à l’Etat ne

payaient pas d’impôt. Depuis, le cordon s’est élargi,

mais au fond la situation est la même.

Si nous examinons maintenant les cellules qui

composent plus particulièrement l’organe de la

volonté, les gouvernants, nous voyons qu’elles pro—

viennent d’une sécrétion morbide intermittente, des

cellules quelles qu’elles soient qui composent le

corps !

Le cerveau dans l’homme est le produit du perfec

tionnement de cellules hiérarchiquement évoluées à

travers les générations.

Dans la société le cerveau se fabrique de toute pièce,

et les éléments en sont puisés à tous les degrés de la

hiérarchie sociale indistinctement.

Je n’insiste pas sur ces oppositions qui donnerontlieu dans le suite à quelque développement.

Faisons cependant un peu. de psychologie socialeen passant. Dans le corps, les organes agissent sur

la tête par les sensations. Les fonctions synthétisées

par le grand sympathique agissent par le senti—

ment; c’est la combinaison de ces sensations

et de ces sentiments qui fait naître idées et juge

ments, c’est—à-dire la pensée et la raison. Dans la

société, nous avons bien les sensations, et encore pas

depuis bien longtemps; c’est l’action des gouvernés

sur les gouvernants, le droit de suffrage et la liberté

de la presse. Mais il n’y a rien qui corresponde aux

.sentiments. C’est une administration indépendante

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60 L’INITIATION

seule qui pourrait manifester le trouble ou la régula

rité des fonctions sociales, mais nous avons vu que

l’administration est passive et n’a qu’à exécuter les

ordres de la volonté.

C’est là, disons-le en passant, la cause de la lutte,

. des autorités locales et de l’administration centrale;

c’est ce qui s’oppose à la décentralisation, car, à l’in—

coordinaiion des organes s’ajouterait immédiatement

l’incoordination des seules fonctions qui aujourd’huisoient socz'alz'sées et qui maintiennent l’ordre, les

fonctions administratives! La décentralisation ne

sera possible que le jour où la coordination des

organes et des fonctions sera parfaite et conforme\a la loi universelle. Alors , le gouvernement

n’aura rien à redouter de l’indépendance de l’admi

nistration. On ne fera plus depolz’tique ! Jusqu’à ce

jour (il est inutile, n’est—ce pas, de dire qu’il est assez

éloigné) toute tentative de décentralisation sera dange

reuse sinon funeste, elle précipitera la désagrégation

sociale et l’arnarchie.

J’ai volontairement anticipé sur la quatrième par

tie afin de rompre un peu la monotonie de ma com

paraison. .

Elle est achevée d’ailleurs. Nous venons de voir

(nécessairement d’une façon bien succincte) toutes les

manifestations sociales qui obéissent plus ou moins à

la loi de l’organisme humain et toutes celles qui la

violent.

JULIEN LEJAY.

(A suivre.)

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PRINCIPES COSMO-PSYCHIQUES DU MAGNÉTISME 6I

PRINGIPES EÜSM@* PSYEHIWES

ou maeuérrsuia(Suite.)

XXV.—Nous avons ditquele magnétisme produit,sur les personnes qui s’y soumettent, des effets phy—

siologiques, moraux et intellectuels. Nous voyons

déjà, par ce qui précède, quelques-uns de ces effets;

mais entrons plus avant dans la question et tâchons

d’expliquer comment ces phénomènes se produisent.

Commençons par les effets physiologiques.

Les observateurs les plus compétents et les plus

consciencieux ont constaté que le magnétisme produitsur l’organisme des effets qui, à première vue, parais—

sent contradictoires.

Tantôt il calme la douleur, tantôt il l’augmente et

produit des accès plus ou moins violents, des crises.

Quelquefois il guérit une maladie comme par en

chantement, d’autres fois il semble produire de toutes

pièces une maladie dont rien n’indiquait la présence,

et dont on ne peut attribuer la cause qu’à l’action

magnétique.

On sait par des milliers d’observations que le ma

gnétisme active la digestion, l’absorption, les sécré—

tions, les excrétions et même, d’après les expériences

de quelques magnétiseurs, qu’il accélère la décompo

sition des corps morts.

Une magnétisation assez courte suffit pour remé

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62 L’INITIATION

dier à une indigestion, pour dissiper l’ivresse, une

seule passe enlève le hoquet, c’est le cas de le dire,

avec la main.

Comment une seule force peut-elle produire des

effets si nombreux et si divers ?'

Si nous nous rappelons que toutes les fonctions des

organismes vivants sont régies par la force centripète

ou par la force centrifuge, savoir: les fonctions d’in

tégration, d’assimilation,de composition,par la force

centripète, et celles de désintégration, de désassimila

tion, de décomposition, par la force centrifuge, il

semble que le magnétisme devrait suivre l’une ou

l’autre de ces lois et non les deux.

C’est en raisonnant ainsi,peut-être inconsciemment,

que les esprits superficiels, ne pouvant concilier entre

eux les eflets contradictoires que produit le magné

tisme. les ont niés purement et simplement, les attri—

buant àl’imagination des sujets ; mais la contradiction

n’est qu’apparente.

Nous savons que le fluide magnétique est expansif.

Pendant qu’il pénètre dans l’organisme du patient, ilsuit le courant centripète et active les fonctions quien ressortent.

Une fois qu’il a pénétré l’organisme passif. et qu’il

s’y est accumulé, l’équilibre fluidique se trouve établi

entre l’opérateur et l’opéré. Si l’un abandonne alors

celui-ci à lui-même, le fluide expansifdontil est saturé

augmente dans son organisme le courant centrifuge,

que prend la prévalence sur le courant centripète et

accélère les fonctions de désintégration.

La maladie, la cause morbide qui, comme la santé

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PRINCIPES COSMO-PSYCHIQUES DU MAGNÉTISME 63

et comme la nourriture, suit le courant centripète et

ne se sent que lorsqu’elle atteint le centre, pourradonc être accélérée dans sa course si le fluide magné

tique la rencontre en son chemin, et elle se déclarera

plutôt qu’elle ne l’aurait fait sans cela.

Mais ce n’est pas le magnétisme qui l’engendre ;

le germe préexistait, le magnétisme n’a fait que pré—

cipiter son évolution. Il n’ya pas lieu de s’inquiéter

de ce phénomène; au contraire, le fluide magnétique,

qui a pressé son mouvement d’invasion, favorise en

suite, dans son reflux, son mouvement d’expulsion.On voit que c’est à tort que les ignorants et surtout

les savants, tout en niant la réalité du magnétisme,

l’accusent de causer des maladies. Il ne fait que les

découvrir pour, ensuite, les guérir. ,

Il va sans dire que la magnétisation peut être cura

tive suivant que le magnétiseur est sain ou malade;

car, comme l’a dit Paracelse, le magnès des per‘sonnes

saines attire l’aimant dépravé ou le chaos de celles quisont malades.

XXVI. — Lorsqu’on a recours au magnétisme

comme moyen thérapeutique, il importe donc de faire

choix d’un magnétiseur sain de corps et d’âme.

Les sensitifs (et tous les malades le sont à cet égard),

distinguent bien vite le fluide qui leur est salutaire de

celui qui leur est nuisible; on doit s’en rapporter à

eux.

Néanmoins, nous allons indiquer les principales

qualités requises pour qu’un magnétiseur soit bon

guérisseur, bon toucheur, comme dit le peuple.

Certains magnétiseurs, dit Deleuze, ont plus de

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64 L’INITIATION

puissance que d’autres, et le même magnétiseur ne

convient pas également à tous les malades. Il y a

même des magnétiseurs qui sont plus propres à gué

rir certaines maladies. Plusieurs personnes se croient

insensibles à l’action du magnétisme parce qu’elles

n’ont pas rencontré le magnétiseur qui leur convient.

Il découle de ce que nous avons dit précédemment

sur ce qui convient pour restituer au magnétiseur les

forces qu’il a dépensées, qu’un magnétiseurjouitd’une

puissance d’autant plus grande, plus sacrée, plus sa-,

lutaire, plus bienfaisante que son genre devie est plus

simple, plus frugal, plus près de la nature.

Sobriété, vie au grand air autant que possible, tra

vail corporel et intellectuel pondérés, tempérancc

dans tous les plaisirs, résignation courageuse dans les

adversités, en un mot RIEN TROP, comme dit Plu

tarque, tel doit être le régime du toucheur.

Ce sont la raison et l’expérience qui nous four—

nissent ces préceptes. .

Lisez les biographies des guérisseurs célèbres, vous

constaterez que presque tous ont été des gens simples,

des campagnards, puisant à même le grand réservoir

de la nature le fluide curatifqu’ils transmettaient aux

malades.

C’est aussi pour la même raison, parce que, faisant

de nécessité vertu, ils observaient les préceptes que

nous venons d’indiquer, que les peuples primitifsétaient doués de facultés magnétiques beaucoup plus

puissantes et plus élevées que nous autres civilisés,

dont le genre de vie physique et moral est si éloigné

de la nature.

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PRINCIPES COSMO-PSYCHIQUES nu MAGNÉTISME 65

XXVII. Les mêmes conditions sont aussi bien né—

cessaires pour recevoir l’impression magnétique que

pour la communiquer.En général, dit encore Deleuze, le magnétisme agit

d’une manière plus sensible et plus efficace sur les

personnes qui ont mené une vie simple et frugale, et

qui n’ont point été agitées par les passions, que sur

celles chez qui l’action de la nature a été troublée soit

par les habitudes du grand monde, soit par les remè

des. Aussi le magnétisme guérit-il bien plus promptement et bien mieux les gens de la campagne et les

enfants, que les personnes qui ont vécu dans le

monde, qui ont fait beaucoup de remèdes, et dont les

nerfs sont irrités.

Dupotet et tous les magnétiseurs les plus expéri—

mentés ont fait la même observation; et il est bon

d’ajouter que l’état moral des malades n’influe pas

moins sur l’efficacité du magnétisme que leur état

physique.

{A suivre.)

ROUXEL.

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- —‘__‘-.-—.——-—..,.1

gag... :

PARTIE LITTÉRAIRE

’lMAIËIDEMENÏ‘POUR LA MORT DU

Chevalier ADRIEN PELADANdes Ordres pontificaux del'Éperon d'Or et de Saint-Sylvestre, de l'Acndé—

mie des Arcades de Rome; honoré pour ses ouvrages theologiqucs debrefs nombreux de LL. 55. LL. PP. Pie IX et Léon XIII, celui-ciglorieusement régnant.

Aux abonnés et aux lecteurs des Annales du Surnaturel,Salut et lamentation en N.-S. J.-C. ‘

A ce silence, droit légitime des grandes douleurs,

N. T. C. F. et N. T. C. S., huit pâles jours seulement

ont été donnés, avant que Nous convions la famille

spirituelle au partage de l’immense regret.

La messe octénàire vient d‘être célébrée, au

milieu d’une grande assistance tout oppressée devant

cette disparition du modèle des chrétiens.

Nous avons voulu que la plus sublime harmonie

accompagnât une sublime mémoire; et le Parsifal du

grand Wagner légitimement a servi pour magnifier

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'uur:r

MANDEMENT 57

cet écrivain-prêtre dont toute la vie apparaît une

queste du Greal.

Tandis que la sainte musique de l’Extase du Ven

dredi Saint étonnait les échos de l’église paroissiale,le poème du Greal, thème que la croyante époque

chevaleresque a pieusement brodé, Nous semblait le

symbolisme même de la vie si dévotement militante

du chevalier Adrien PELADAN.

Cette coupe taillée dans le diamant qui tomba du

front de Lucifer précipité, la même qui servit à la

Sainte Cène, la même encore où Joseph d’Arimathie

recueillit sur le Golgotha le sang royal du Dieu cru—

cifié, cette suprême Eucharistie eut ses chevaliers—

prêtres, qui la gardaient en l’adorant.

Notre père fut un de ces moines militants de l’é

ternel Montsalvat (mont du Salut).’

Comme le héros de nos vieilles annales, réalisé par

Wagner, comme Parsifal, Adrien PELADAN naquitchevalier. A l’âge où les séductions de la chair et du

monde enlisent les plus grands, déjà missionné, iltitrait ses premiers vers : Efusions catholiques, Mé—

lodies catholiques. Il n’eut pas même la première

heure troublée d’un saint Augustin : né de Dieu, né

pour Dieu, ce fut un croisé et un mystique. Il a vécu

pour la seule Église; pour la seule Église il a écrit.

Écrit! La seule énumération de son calame effraie

rait l’esprit le plus polygraphe. Il nous faudrait plu—

sieurs pages pour dénombrer ses œuvres, et les con—

ditions où il les produisit augmentent devant Dieuleur mérite.

.

Être grand sur un grand théâtre, il n’y faut que du

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68 L’INITIATION

;f

génie; rester grand en de petites circonstances veut

plus : — de la sainteté.

A Lyon Où il fonda la première des Semaines

Religieuses, à Lille, à Nîmes, partout, il a été vox

clamantis in deserto, la voix qui arrachait un écho au

désert lui-même.

Mais, N. T. C. F., Dieu, en ses insondables des

seins, ne donne pas à la lame un fourreau qui l’égale.

Et_le chevalier Adrien PELADAN. qui, à soixante-quinzeans, travaillait dix heures par jour, aux œuvres de

lumière ou de charité, succomba, aflaibli par la mé

ditation et la prière, à une simple fluxion de poitrine.Sa mort, comme sa vie,Îa été d’un saint; nous la

magnifierons en l’oraison funèbre que nous allons

écrire et que vous recevrez, N. T. C. F.Vous fûtes ses plus chères joies ; il aimait, par—dessus

ses autres livres, ces Annales du Surnaturel qui

étonneront un jour la postérité, par la splendeur de

la foi et la profondeur des vues qui y scintillent.

Appliqué à une éthopée digne de Notre nom, mais

destiné à prêcher Dieu par la beauté, seule manifesta‘

tion divine, perceptible encore aux yeux aveuglés des

Babyloniens, parmi lesquels Nous vivons, comment

oser, d’une plume qui a servi à peindre des Farné

sines, continuer ces pages illuminées et pures ?

Telle Notre Vénération pour la sainteté de ce

recueil mystique, que nous préférons, aux offres

.nombreuses de continuation, et à Notre propre effort,

que la chaire s’effondre dans la disparition de celui

qui sept annéesy clama les ultima Verba d’un Nabî

d‘Israël.

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Ww..—m;wm. un".-. J.‘W!ÏIT‘Ï Î".Î'î . .Î"Î" L‘ '1‘}!,'.,I.T."'X‘Z «H'.'".ln

MANDEMENT 69

Les Annales du Surnz’zturel, c’était l'âme mêrqe du

chevalier Adrien PELADAN.

Le chevalier a été rappelé par son Suzerain Jésus,

le 7 mars, en la fête de saint Thomas d’Aquin.

N’essayons pas, Vous ses fidèles, Nous-même, son

fils, de souffler dans sa trompette de jugement, de

porter son orifiamme triomphant.Dernier maître penseur chrétien de la race des

Chateaubriand , des Lamartine , des Bonald, des

Saint-Bonnet, des Montalembert, des d’Aurevilly, ilaura été le suprême effort de la Foi, en ce siècle

abject, en ce pays de blasphémateurs arrogants.

A vous tous ses fils ou ses pairs, dont l'amitié en.v

Dieu le consolait du bien qu’il voulait et qu’on em«.

pêchait ;

A vous qui, sept ans, avez communié avec lui, sous

les Augustes espèces du Credo enflammé des Hilde—

brand et des François d’Assise;A vous, N. T. C. F., Nous demandons pour Lui

de vous souvenir, et la funèbre oraison que vous allez

recevoir vous y aidera pour la gloire du Nom inef—

fable et le triomphe de Notre Mère l’Église.

Nous vous saluons, N. T. C. F. et N. T. C. S., en

Jésus seul Dieu et en Pierre seul Roi.

JOSÉPHIN PELADAN.

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70 L’INITIATION

'-. ..x_--.s-..A. ...- . .

fissrtsss(Suite.)

111

ARCANES

Il reprit :

« 0 vous tous, mangeant, buvant, dormant

Sous le Ciel qui s’entr’ouvre impénétrablement,

Puz’ssz’eg—vous, par cet homme à qui je la révèle,

Apprendre, ô surdités aveugles .’ la Nouvelle

Que savent mon oreille et mes yeux revenus

Du voyage à travers les mondes inconnus!

Ait-dessus des enfers, sous le Ciel triple et double,

Plane un Monde baigné d’une lumière trouble,

Ses astres n’étant pas ténébreux ni vermez‘ls.

C ’est là que, réveillés du plus court des sommeils,

Les hommes qu’on croit morts sont conduits par un ange.

Qu’ils soient hommes encor, cela leur semble étrange,

Et chacun d’eux, vêtu comme il était vêtu,

Entend ces mots : «Esprit! qu’as- tucru P qu’aimaz‘s-tu? »Telle étant la contrée où l’Ange les amène

Qu’on n’y saurait mentir suivant la mode humaine,

L’un répond : « Je croyais que le tombeau jalouxNe s’ouvrait qu’à la faim de l’hyêne et des loups,Etj 'aimais, pour tromper mes funèbres détresses,

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HESPÉRUS 7 I

Les coupes et les yeux qui versent des ivresses. »

Un autre dit: « Je n’ai rien cru, je n’ai rien su,

Objectant à la Foi la peur d’être déçu;

Mais j’amassai de l’or afin de faire envie. »

Un troisième répond: « J’ai désiré la vie

Et l’ai cherchée aufond du mystère hagard;Mais l’abîme était trop profond pour mon regard. »

Un quatrième dit: « J’étais Roi. Mes prophètes

S ’e'criaient: « Vous et Dieu, vous êtes les deux Failes :« Seigneurs, regarder-vous en face sans ennui,« Et que, si l’un de l'autre estjaloux, ce soit lui. »

Je les croyais. Je fus terrible et débonnaz’re.

Ayant l’Az’gle, il fallait que j ’eusse le tonnerre ;

Mais j’avais des pitiés au retour des combats. »

Un cinquième, quifut dans l’Église ici—bas,

Dit: « J’étais catholique et croyais l’Évangile :

Que l’esprit survivrait mais que la chair fragileSe mêlerait au vent quifuit, je le prouvaz’s ;

Et dans un célibat plein de rêves mauvais

J’ai connu longuement les afi’reuses délices

De la blême abstinence et des rouges cilices. »

Tels ils parlent, ayant la Couleuvre à leurs pieds.

Mais l’Interrogateur leur dit: « Vous vous trompieg ;Et c’est de quoi le Cœur du Ciel soupire et saigne. »

Puis il les fait asseoir en cercle, et les enseigne.

Or, comme dans le monde aux douteuses clartésUn ange très savant parle aux ressuscités,

Je vous parle ici—bas, vivants que l’heure presse,s

Faites l’Œuvre, d’après l’Amour, par la Sagesse;

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72 L’INITIATION

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v-.ug.r"tflrvw

Mais quelle est la Sagesse, et quel est l’Amour P

Voicz.

Les saints avertisseurs d’Israé‘l endurer,

Les suscités de Dieu, disaient vrai; les sibyllesrNe mentaz‘ent pas aux pieds des Baals immobiles,

Ni celle que Saül implora dans Endor,zNi dans le carrefour d’un triple corridor '

Les femmes d’Éleusz‘s, de Delphes, ou de Cumes ;

Ces bouches ont bavé du vrai dans leurs écumes,

Et, malgré soi prophète en sa rébellion, Î

Astaroth, dans saint Jean, se nomme Apollyon.Certe il voulut séduire et tromper, mais le Traître,

S’efi'orçant d’être faux, ne put que le paraître,Car le mensonge est malaisé même aux satans ;

Et l’oracle d’Ép/1èse est sûr, si tu l’entends.

ADonc, médite, et poursuis l’âme éparse du Verbe.

Le sang court dans la chair, la racine est sous l’herbe.

Quand il a dans sa cave enseveli de l’or,

L’avare, qui réserve à ses fils ce trésor,

Pour qu'ils sachent l’endroit, le marque d'une obole .*

. Tel, Dieu mit sur le sens enfoui le symbole

Pour qu'aux yeux que n’a point aveuglés le Péché‘La Lettre révélât où l’Esprit fut caché.

Fouiller profondément; la trouvaille est certaine. l

Est—ce que Raphz‘dim n’est pas une fontaine,Bien que nulle eau d’abord ne coule du rocher?

Issachar dit: « Ma soif ne pourra s’étancher »,

Et, lâche, pour mourir, se couche sur la terre»

Mais vous, frappez le roc profond qui désaltérel

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HESPÉRUS 73\

Que des sables d’Horeb sourde la vérité;

C reuseg, puz’seg, —— l’efiort, fût—il vain, est compté,-.

Afin qu’ayant lavé vos erreurs dans l’eau saine,

Vous vous présentiez, purs, à l’éternelle Cène,‘

Et disie{: « Nul ne meurt. Dans le tombeau dormant,

La pourriture trompe et le squelette ment;

Le néant du cadavre est la funèbre embûche

Du Jaloux qui, d’étoile en étoile, trébuche

Dans le décombre noir des Trônes vermoulus,

Et se dit Lucifer, sachant qu’il ne l’est plus.Lefront allier survit, et les basses entraillesSurvivent; éternels, nions les funérailles.L’espoir de fuir le corps étendu sur le dos

Peut sourire aux porteurs des immondes fardeaux ;

Tel qui souiIla sa chair veut bien qu’on l’en délivre.

Mais quiconque, attentif au sens caché du Livre,Vécut selon le Vrai du Bien, et le comprit,Sait le Corps immortel à l’égal de l’Esprit.Comment périrait—II, étant l’unique forme?Dieu,c’estl’Hommedivin; le Ciel, c’estl'homme énorme,

Plus parfait, et mieux clos aux ruses du démon,

Mais ayant, comme l’Homme et la Femme, un Poumon :

L’Intelligenœ, un Cœur: la Charité suprême

(Car le Poumon perçoit, et, plus chaud, le Cazur aime),Un Front resplendissant de la sublimz’te’

De Connaître, des Bras qui sont la volonté,

Des Lombes que sacra l’horreur de l’Adultère,

Des Pieds, enfin, plus vils, étant presque la Terre.Et qui donc pourrait dire: il en est autrement,

Quand l'univers divin, qu’à notre entendement

Illustre leflambeau sacré des évidences,

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74 L’INITIATION

—wa:‘—:ætä::‘sfiäiäkä. :.‘2"7‘.1"‘_;v-'Â

Est le lieu des Accords et des Correspondances P

Selon que tout existe, il existe, plus pur :

Ses horizons sont bleus, mais d’espoir, non d’azur ;

L’éternel Orient le baigne avec largesse,

Mais de quel jour P du jour appelé la Sagesse;

Sesfleuves, c’est la Foi, plus limpide qu’une eau;

A-t—il un soleil P oui. Mais quel soleil P l’Agneau. »

Parlez ainsi devant la Porte occidentale,

A l’heure où le drap noir sur vos bières s’étale,

Pour que le serviteur du seuil, splendide et nu,

Bise : « Ils peuvent entrer, parce qu’ils ont connu. »

CATULLE MENDES.

(A suivre.)

LÉGENDE

5ËÎÊmm

seigneur Bouddha marchait seul, voyageant

A l’heure où se levaient les étoiles d’argent. :

Le Maître, flagelle’ par les bambous des jungles, l

Vivait dans sa pensée en regardant ses ongles. Ï

Or, il vit une mère tigresse aux flancs creux,

Dont le corps épuisé d’un jeûne douloureux

Râlait de n’avoir plus de lait pour sa portée.

Il aurait pu tuer cette bête éreinte’e,

Il dit : « Mère, voici de la viandepour toi. »

Et puis«il se coucha sur l’herbe et se tint coi,Etant rentré dans sa pensée interrompue,Et mourut avant que la bêtefût repue.

EMILE MICHELET.

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Œfl:f'iliI-..v3.l‘.;: r: .. .i'.Ï\.". ". ..

CE QUI RESTE DES MORTS

le qui

reste des morts

Ëauvmæ

âne, mon vieil âne à qui l'on prit la peau,Pour tendre le tambour retentissant au large,

ou donc es—tu P Je vois laflamme du drapeau

Palpitante et claquante au soufile de la charge ;

Ton cuir est noir de coups ;et le beau régiment,

Glorifié, s’avance en rythmant ses pas lestes.

'Et cependant, pauvre âne, où sont tes humbles restes P

Dans quel charnier profond gz‘s—tu confusément P

Chat maigre, chat nerveux à qui l’on prit la fibre,Pour doter d’un soupir l’âme inertie du bois,

Je sens courir, le long de l’instrument qui vibre, _

Un frisson de ta vie intense aux bords des toits.

J'entends se lamenter le doux violoncelle ;

Et charmé dolemment je pense à toi, je dis

Que tu nous a laissé ta part de Paradis,En te mêlant à la poussière universelle.

1Et toi, première aimée, 6 femme, où donc cs-tu P

Es-tu l’épouse stable ou la fille qui passe P

Dans le troupeau banal ton corps est descendu ;

Mon cerveau garde seul ta jeunesse et ta grâce.Il reste au souvenir des fragments de beauté,

Un teint chaud, des cheveux, des yeux pleins de folie ;

Et ce reste des Morts, longtemps, longtemps vous lie,

Par des vibrations de sensibilité.

PAUL MARROT.

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7b L’INITIATION

manoeuaeam

L. un MILLOUÉ. — Précis d’Histoire des Religions;Première partie :RILIGIONS DE L'INDE. I vol. de la Bibliothèque de vulgarisation du Mnse’e Guimet ; Ernest Leroux, éditeur. _

Le développement considérable, et si soudain, acquisen ces dernières années par les études hiérographiques, etle sens dans lequel elles évoluent, est une des formes lesplus intéressantes du grand élan qui emporte l’humanitécontemporaine vers la réintégration en la sainte Gnose.

Tandis que les chimistes, de décomposition en décomposition et d'induction en induction, s’acheminent à lacertitude de l’Unité de la Matière, et que les pathologistes retrouvent la thérapeutique Egyptiaque, et pré—

Egyptiaque, des érudits auscultent les Mythes, et nerient plus. '

Les uns —— ceux de Folklore — pieusementcueillent auxlèvres des simples les miettes d'épopées et les féeriesdont s’enchante l’innocence des enfantelets, les dits épouvantants dont frémit la veillée d‘hiver, les psalmodies oùs’enrêvent le pâtre et le marin, les actes et les gestes etles mots consacrés, jusqu’aux nasillements qu'aimentles fillettes pour rythmer leurs rondes, jusqu’aux formulettes éliminatoires par quoi va être désigné le loup,et de toutes ces menues choses ils proclament, hermétistes inconscients, la haute importance, ils pressententla signification profonde, et la cherchent. En AngleterreAndrew Lang, à Paris Émile Blémont et Henry Carnoyavec leur belle revue: La Tradition, tiennentla tête dece mouvement.

Les autres n’ont peut-être commencé à se préoccuperdes cultes qu’à la mode de Dupuis, de Volney, de tousles énergumènes de la secte à Voltaire: pour faire pièceau Catholicisme. Mais, une fois déblayé l’amoncellement

' des particularités caractéristiques, sont apparus, au cœurde chaque croyance, des dogmes partout les mêmes,bien qu'affublés de travestissements divers —- et logiques:un voyageur qui change de climat ne modifie-t-il pas sa

vêture ? Puis, à force d'obstinés labeurs ou par audacieu

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BIBLIOGRAPHIE

ses intuitions, beaucoup ont atteint le voile flottantdevant l'intime sanctuaire, et par de furtifs entrebâillements il leur a été donné d’entrevoir la similitude desPuissances adorées par l’humble foi des Clercs, et desLois hurlées par l’inquiète superbe des Laïcs. Et dèslors un respect les a saisis pour quelque manifestationque ce soit du sentiment religieux, et les voici en communion — pas tous à leur insu — avec les apôtres de larénovation occultiste.

C’est le spectacle que nous offrent les organisateurs duMusée Guimet, et les rédacteurs des publications y annexées: Annales du M.»G., Bibliothèque de Vulgarisationdu M. G., Revue de l’histoire des Religions. La pluparten effet sont Boudhistes; et je veux insister sur l’orthographe de ce mot, comme l’a fait récemment Papus dansune de ses limpides et savoureuses conférences: je nedis point que ces messieurs se soient convertis au cultedéificateur de tel ou tel grand homme; il est clair qu’ilsne se prosternent pas plus devant les images de Gautamale Bouddha que devant celles de Jésus le Christ ou deConfucius ; j’exprime qu’ils croient à la Budhi, à la Connaissance où se mathétisent l’universalité des spécularions.

M. L. de Milloué, conservateur de la collection plushaut citée, affirme remarquablement cette tendance parune Histoire des Religions de l’Inde, éditée il y a quelques jours.

Dès l'introduction, qui est un petit chef—d’œuvre d’intensité, la distinction est nettement faite entre « la religion et la hiérocratie >>,entre c les religions et la religion », et si l’auteur s’attache à l’exclusive physiologiedes Cultes, quelque soin qu’il prenne d’effacer sa. pér—sonnalité, en maint passage, ——par exemple à la fin de lapartie quatrième, qui traite du Bouddhisme (cette foisavec deux d), — elle trahit ses. nobles aspirations d’Esotériste.

Ce livre en effet veut avoir été écrit dans le seul butde fixer tout ce que la science officielle a pu apprendredes religions de l’Inde. Et il est certain que sous ce rap—port il est impossible de trouver en un si modique volume une aussi énorme provision de renseignements;

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78 L’INITIATION

documentation'corroborée d'une précieuse bibliographie,et telle que seul pouvait la donner un homme qui vitdepuis dix ans parmi les figurations multiples des pan—théons asiatiques. J’ajoute que cette érudition est rendueamie par un style fort agréable, où l'on peut relever,entre autres particularités, la fréquence des tournuresgermaniques, — rencontre jolie pour quiconque s’estimprégné de Hegel etde Gœthe.

La théorie de l’Involution et de l’Evolution, celles duKarma et des transmigrations de l'âme, sont énoncéesaussi bellement qu’eût pu le faire un Hermétiste convaincu; de même, la différence entre la création ab nihilo,invention des curés de campagne hypnotisés par la lettredes Ecritures, et l’émanation, telle que l'enseigne laKabbale, c'est-à-dire l’Esprit des Testaments, aussi bienque la Théosophie Aryenne, est expliquée à souhait.

Les prétentions de certains critiques à ne faire daterl’éclosion de l’intellectualité indoue que de l’invasiond’Alexandre, ou à voir dans la Bible Egypto-Kaldaique leprototype des Védas, sont réduites à leur nullité. Quantaux racontars colportés sur la métempsycose et surd’autres docrrines brahmâniques par des missionnairesassez peu avisés pour ne pas comprendre qu’un jour imminait où l’on vérifierait leurs assertions aux sourcesauthentiques, quelques mots incisifs en fontjustice.

Ce que l’on est convenu d’appeler les Paradis et lesEnfers est fort bien démontré ne point signifier des en

droits où le défunt se gave de jouissances ou geint sousles supplices, mais des états résultant du mérite et dudémérite acquis au cours des existences antérieures. Età ce propos sont rappelés, pour être détruits, les préjugés que des papistes encore ont répandus sur le Nirvana,lequel est le néant pour les seuls Bouddhas n qui ontvolontairement renoncé à la salvation des êtres » afin decontempler leur nombril,‘mais où ceux qui se sont faita une loi de propager parmi l’universalité des créaturesles vérités éternelles », tout en étant « délivrés à jamaisde l’obligation de renaitre ), conservent « leur personnalité et continuent à s’occuper des affaires du monde ».

Je note en passantla netteté, je pourrais dire la rudesse,avec laquelle l’auteur caractérise l’athéisme absolu et le

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UNE PREMIÈRE 79

désarmant fatalisme du système bouddhique, imprégnédes principes matérialistes de la philosophie Samkhya;puis je dois attirer l’attention sur un point capital. M. de

Milloué a fait (1) une étude approfondie de la religion des

Djaînas, et, après Colebrooke, Jacobi et avec bien d’autres chercheurs loyaux, il démontre que Mahâvira, le

24° et dernier Tirthâmkara, fut le précepteur de SakyaMouni. La paternité du Djaïnisme sur le Bouddhismeest donc établie péremptoirement, une fois de plus.

Enfin, au point de vue exotérique pur, on suit pas à

pas l'évolution naturelle de Informe des cultes hindous,dans son passage du Naturalisme Védique au Polythe’ismeBrahmânique, pour ensuite se transmuer en le PanthéismeDjaïno-Bouddhique et plus tard en le .Monothe'isme vir—

tuel du Vishnouïsme et du Sivaïsme; et l’histoire desdieux et des demi-dieux, des génies et des démons, des

schismes religieux et des sectes philosophiques, deslivressacrés et du rituel, est dite avec une précision méritoire.

Al’heure où tant de bonnes gens ergotent à tort et à

travers sur des sujets dont ils ne connaissent rien quece qu’en ont travesti soit des cléricaux trop zélés, soitdes « libres penseurs» (111) non moins intolérants, Soit,plus récemment, d’autres fanatiques qu’il n’est pas be—

soin de nommer, il serait désirable que fussent publiéesbeaucoup d’œuvres d’une érudition aussi bien informée,d’une conscience aussi droite.

AUGUSTIN CHABOSEAU.

ê@ua REMKÊRE

Théâtre de l‘Odéon : Amour, drame en trois parties et quatre tableaux,en prose, par LÊON HENNIQUE.

Un drame écrit dans un style merveilleux, dont le hé—

ros, sans peur et sans reproche, champion de l’honneuret du devoir, lutte sans défaillir jusqu’au bout, voilà’

(1) Voir L. DE MILLOUÉ, Essais sur la Reli ton des Jains, et id.,Étude sur le Mythe de Vrishabha (le premier irthâmkara}.

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80 L’INITIATION

deux obstacles au succès, en l’an de grâce 1890, où lamédiocrité n’entend pas abdiquer son trône de souveraine, où tout sentiment de noble générosité apparaîtcomme une duperie.

Les oreilles des auditeurs, accoutumées aux tiradesboutiquières des auteurs à la mode, ont trop d’épais—

seur pour ne point s’effaroucher de ces phrases délicates, ciselées comme des œuvres d’art, imagées et vi—

brantes, que la plupart de nos critiques déclareront à

coup sûr maniérées ou peut-être incompréhensibles.Quant à intéresser le public actuel aux vertus d'un

autre âge, à émouvoir des gens, que passionne le seuldésir d’emplir leurs poches, par le spectacle de la rési

gnation aux épreuves d’un vaillant que soutienent sa gentilhommerie et sa foi, c’est parler lumière à des aveu

gles: une marionnette vieux jeu, diront-ils, ce Jean DallIon comte de Ligny, doux et secourable pour les faibles,impeccable et miséricordieux !

En 1512, au temps où Gaston de Foix guerroyait contre Venise, |

Les Français, maîtres de Brescia la veille, organisentle pillage, envoient à l’échafaud les chefs prisonniers. Lafille du comte Rona, un de ceux désignés pour mourir,échappe à des soudards qui la poursuivent, et, protégéepar Jean de Ligny, devient sa femme.

Des années passent. Enchaîné dans les cachots desColonna, après la défaite de Ravenne, Jean a confié au bâtard Philippe, son frère, le soin de ramener en Francela nouvelle épousée ; mais celle-ci, ardente et farouche,celui-là trop faible, s’éprennent ensemble d‘amour. Dèssa rentrée, à la suite d’une évasion périlleuse, le comte,instruit de la vérité par un serviteur, chasse les félons.

Errants, misérables, ils rôdent autour du, château.Jean de Ligny mort les ferait riches 1 Philippe hésite,puis, affolé par la passion, pénètre avec sa maîtresse dansla chambre où sommeille son frère que la douleur a ter—

rassé. Prête à brandir le poignard, sa main retombe,mais la femme adultère saisit l’arme et frappe la victimequi meurt en pardonnant.

Une artiste de talent incontestable et de bel avenir,M“' Antonia Laurent, chargée du rôle si difficile de

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LA SCIENCE ÉTERNELLE 8 I

Maria Rona, a trouvé de superbes élans de passioninstinctive. MM. Candé (Jean de Ligny) et Balmettes(Philippe) incarnent assez bien leurs personnages. EnfinM"' Duhamel est d’une grâce très touchante et trèsmutine.

Grand succès ou succès d'estime, éloges ou critiques,peu importe, Léon Hennique a œuvré en artiste et adroit de s’enorgueillir. Son Jean de Ligny, d’un coup deson gantelet de fer, assommerait les avortons, accommodés à la sauce du jour, sans croyances, sans idéal. Siles rayons du Vrai et du Beau éblouissent la myopiecontemporaine, applaudissons du moins qui s’efforce d’eninfiltrer quelques reflets à. travers l‘opacité de ses bésicles !

GEORGE MONTIÈRE.

ILA semence ETERNEEEE

ENCYCLOPÉDIE DES ÉTUDES HERMÉTIQUES

La fin du XIX° siècle est marquée par un fait biencurieux: une'irrésistiblè impulsion entraîne tous lespenseurs vers un ordre de connaissances diamétralement

opposé aux enseignements tirés des sciences dites expérimentales.

La science moderne s’était targuée de satisfaire à

toutes les aspirations humaines par l’étude exclusive et

chaque jour resserrée de plus en plus des infinimentpetits. Elle a simplement réussi, et c'est un servxce dontil fautlui savoir gré, à prouver l’impuissance de l’expé—

rimentation lofsqu’elle n’est pas adjuvée par l’Intuitien et par la Tradition. Aussi cette fin de cycle voit—

-elle l’intellectualité des races d’0ccident aspirer à une

unification où l’analyse se complète par la synthèse, l’in—

finiment grand reprenant ses drOIts.

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82 L’INITIATION

Notre but, en publiant cette encyclopédie, n’est pas de

détruire toutes ces découvertes positives pour mettre à

leur place des affirmations vagues basées uniquementsur la métaphysique. Mais nous voulons rendre justiceet à la puissance de l’intuition et aux connaissancesscientifiques de l'antiquité, méconnues des modernes.Nous voulons montrer, par des preuves propres à satis—

faire les savants eux—mêmes, que la plupart des découvertes essentielles de notre science expérimentale contemporaine étaient familières aux initiés hindous, égyp—tiens, chaldéens. Nous nous efforcerons de replacer enleurjour exact les diverses théories philosophiques etscientifiques pr0posées depuis les origines de l’histoireet trop souvent travesties par des « érudits » qui se sontcopiés les uns les autres,sans remonter jusqu’aux sourcesvéritables, En proclamant ainsi la grandeur de nos maitres anciens, nous aurons à poursuivre la réhabilitationde plus d’un mécompris, la glorification de plus d’unmartyr. Nous ne prétendons pas non plus défendre unsystème religieux au nom d’un clergé quelconque ;maisnous irons chercher ce que tous les cultes ont conservéjalousement dans le i saint des saints» de leur ésotérisme,ce que lesinitiés de toutes les fraternités occultes se sonttransmis d’âge en âge, et nous en révélerons tout ce quenous pourrons, espérant démontrer ainsi l'idenme’ absolue de ces traditions avec les conclusions de la sciencemoderne logiquement complétée, et par conséquent lanécessité d’une réconciliation des doctrines laïques et

des dogmes religieux, la fatalité d’une reconquête pro—chaine de la Gnose intégrale.

Nous voulons tenter de faire apercevoir de quel journouveau la Physique, la Chimie,l’Astronomie, la Biologie,1’Ethnographie même s’éclairent à lalumière de ces enseignements ;comment 1'Histoire, grâce à eux, apparaîtsous un aspect inattendu ; combien enfin toutes nosconnaissances s’harmonisent sous l'influence de cetteméthode synthétique qui a toujours été et qui sera tou

jours l’apanage exclusif de la SIENCE ÉTERNELLE.Et comme l’Evolution sociale procède du développe

"ment intellectuel, le but de notre volonté d’Altruistes estde hâter l'effondrement de la civilisation présente, basée

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GROUPE INDÉPENDANT D’ÉTUDES ÉSOTÉRIQUES 83

sur un individualisme implacable et mesquin, pourplanter sur ses ruines l’étendard de Lumière et d’Amour.

Le Comité de rédaction :

F.-CH. BARLET, STANISLAS DE GUAITA, JoséPHIN PÉLADAN, PAPUS, EUGÈNE NUS,GEORGE MONTIERE, AUGUSTIN CHABOSEAU.

De nombreux rédacteurs, et du plus grand mérite, s’ad«

joindront à ces sept hermétistes pour la confection de

l’Encyclopédie.

’floues anaauana

D’ÉTUDES ÉSOTÉRIQUES

Le groupe Ésotérique, ayant décidé de créer uncentre d'Etudes théoriques et expérimentales sur leMerveilleux, donne, vendredi 18 avril, à deux heures,dans la salle de la Société d’Agriculture, rue de Grenelle, 84., une matinée artistique avec le concours de

Mme Sarah Bernhardt.Des œuvres d'Augusta Holmès seront exécutées sur

ses indications par ses meilleurs interprètes.Des poésies et causeries hermétiques par des mages

célèbres rempliront les intermèdes.Le prix du billet est de vingt francs.

*—r25

CONFÉRENCES -

Chaque vendredi une conférence est donnée par leGroupe dans le salon de la Bibliothèque internationaledes œuvres des Femmes, 21-23, passage Saulnier.

Le succès des causeries s’affirme chaque semaine

davantage; les salons, qui peuvent facilement contenirquatre-vingts personnes, sont insuffisants, et bientôt un

nouveau local sera nécessaire.

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84 L‘INITIATION

Le Spiritisme, la Franc-Maçonnerie et le Magnétismeont été successivement étudiés par Papas le mois dernier.

Lecamte de Larmandie a charmé les auditeurs par lalecture de fragments de ses œuvres (I4, mars).

Julien Leiay a remporté un véritable triomphe le 2|,avec son étude sur la Sociologie, et Emile Gargy a devoilé l’ésotérisme de la Prière le 28.

Les conférences, interrompues par les fêtes, vont bientôt reprendre dans le nouveau local du Groupe, 29, ruede Trévise.

‘.‘I>

TRAVAUX PRATIQUES

Le groupe A étudie les phénomènes au point de vue

spirite pur, sous la direction de M. A. FRANÇOIS.Le3 mars.— Le président fait une étude théorique

sur le spiritisme, les phénomènes et les médiums, puisles études pratiques commencent.

M. BLOCH fait plusieurs expériences du plus haut intérêt: Coups frappés. — Exécution d'un ordre écrit. ‘—

Découverte par le guéridon d’un objet caché pendant l‘absence du médium.

Séance obscure. — Coups frappés à distance (sanscontact) sur ou dans des objets déterminés.

Le 17 mars. — 1“ Théorie et état de l’âme après lamort. -— Formation des médiums.

2° Pratique : Evocations par la table et l’écriture.

Le Président du groupe,A. FRANÇOIS 5

Le groupe B étudie les phénomènes au point de vuescientifique, sans aucune théorie préétablie.

Le 19 mars. —— Allocution du président, M. L...—Expériences diverses. — Coups frappés. -— Essai d"crituro de la. main gauche. — Symptôme de Imagnétisation chez un assistant, etc.

Séance obscure. —- Mouvements spontanés de la table.-— Phénomènes divers.

Le Président du groupe B.

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GROUPE iNDE’PENDANT D’ÉTUDES ÉSOTÉRIQUES 85

il4!ÉTUDES PRATIQUES DE FRANC-MAÇONNERIE

Les adhérents du Groupe indépendant d'Etudes ésoté—

_, - riques sont admis, sur la présentation de leur carte, a' r prendre part aux. tenues blanches organisées par deux

Loges dépendant de la Grande Loge Symbolique Écos. saise.

" Ces tenues ont été inaugurées le 8 mars dernier et

auront lieu à l’avenir le deuxième samedi de chaquemois, à 8 h. 1/2 du soir, au local maçonnique, 5, ruePayenne.

Le but de ces réunions est de faireconnaître la Maçonnerie par le moyen de conférences, destinées à présenter en quelque sorte la conclusion des discussionsauxquelles se livrent les maçons dans leurs tenues privées. Il y aura trois conférences à chacune des tenuesblanches. Elles n’auront qu'une durée de vingt à trenteminutes chacune et seront coupées par des intermèdesmusicaux destinés à reposer agréablement l’attentiondes auditeurs.

La séance du 8 mars comportait l’ordre du jour sui- ‘vaut :

Des tenues blanches au point de vue de la propagandemaçonnique, par Oswald Wll'th, membre du Groupe

maç.‘. d’Etudes initiatiques ;

'L’influence de la Franc-Maçonnerie sur le mouvement È

révolutionnaire de 1789, par Bertrand, ex-vénérablede la L.'. la Renaissance, rédacteur de l'1nitiation ; Â,

_ De l’Ordre des avocats, par le Dr Chassaing, dé

puté de Paris.L’ordre des travaux de la Tenue blanche du 12 avril

n’est pas encore arrêté. On peut annoncer néanmoinsdès maintenant une conférence sur la Franc-Maçonnerieet la Fraternitédes peuples, par le signataire de la pré—

sente note, à qui doivent s’adresser les membres duGroupe d’Etudes ésotériques désireux de prendre partà des travaux de maçonnerie pratique.

OSWALD WIRTH, :

78, rue Lacondamine

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86 L’INITIATION

.ce

CRÉATION D’UN CENTRE D’ÉTUDES

Le I" mai, le Groupe indépendant d’Etudes ésotériquesouvrira au public son nouveau local, 29, rue Trévise, à

Paris.Ce local comprend :

1°' Une boutique où seront mis en vente tous lesouvrages et toutes les revues s’occupant de l’occultismedans toutes ses branches : cette librairie, rattachée auGroupe, prend le titre de Librairie du Merveilleux ;

2° Un salon de conversation ;

3° Une bibliozhèque d’occultisme , comprenant unegrande salle de lecture renfermant les principauxouvrages anciens et modernes sur la question et toutesles revues du monde entier ;

4° Une salle de conférences pouvant contenir 180 auditeurs, et des salles de cours;

5° Les bureaux de la Rédaction de l’Initintion et laBibliothèque internationale des œuvres des femmes, ainsique la Rédaction du Voile d’Isis, sont transférés au centregénéral du Groupe.

M. LUCIEN MAUCHEL est nommé directeur général duCentre d’études.

*kÏ» ‘

LE VOILE D’ISIS

L’apparition régulière du Bulletin hebdomadaire duGr0upe : Le Voile d’Isis, est retardée jusqu’à l‘établissement définitif du Centre d’études. .

Chaque numéro du Voile d’Isis comprendra :

1° Une chronique sur la Science Occulte; ,2° Un résumé des conférences faites au Groupe ;

3° Un résumé des études pratiques poursuivies dansles cercles fermés ;

4° Des réponses aux principales questions posées parles membres à la Commission d’enseignement ;

5° Des études sur la littérature et le théâtre dans leursrapports avec les doctrines de l’0ccultisme.

_17"Ï'

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LA PRESSE 87

Le Voile d’Isis est imprimé autographiquement afin de

réduire les frais au minimum. Les abonnés n’ontà payerque les frais d’envoi, d’achat de papier et de tirage ;

aussi l’abonnementà cet organe hebdomadaire ne coûte,

pourles membres du groupe et les abonnés de l’Initiation,que trois francs pour un an, payables en trois fois, partimbres ou par bon de poste. Le prix pour les autrespersonnes est de cinq francs. Ilsuffit donc d‘envoyer de

suite unfranc au bureau du journal, 29, rue de Trévise(Paris), pour recevoir le Voiled’lsis pendant quatre mois.

nécrsxous

M. AUGUSTIN CHABOSEAU S.'. I.'. est nommé rédacteuren chef du Voile d’Isis.

M. HENRI WELSCH S.‘. I.‘ . quitte, sur sa demande,ia rédaction du Voile d’Isis et est nommé chef des Cor-—

respondants du Groupe.

.Œa asse-| —

L'abondance de matières nous oblige, à notre grandregret, à remettre les analyses en détail des revuesd’occultisme de ce mois.

*’l» x

Signalons cependant le grand mouvement qui s’estproduit dans la. presse quotidienne en ces dernierstemps.

Le Public du 8 mars, la Revue Bleue du 8 mars, l’Uni—vers de 14. mars, les Droits du Peuple du 16 mars, le

M’ot d’ordre du 11 mars, la Liberté du 9 mars, le PetiNord du 23 mars, l’Observati0n française du 24 marspublient des études diverses sur mes doctrines.

Signalons particulièrement le XIX° Siècle du 1"r avrilet le Matin du 9 mars dont nous donnons l’interviev in

extenso.*

In!

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88 L’INITIATION

BOUDDHA CHEZ NOUS

LA RELIGION HINDOUE A LA CONQUÊTE ne L’OCCIDENT

Entrevue avec un apôtre convaincu. — La perfection bouddhiste — Lebabysme. — La réincarnation de l’homme. — Théorie de l’évolutionet de l'involution. — Analyse et synthèse.

Les journaux viennois racontent que les autorités universitaires de la capitale de l’Autriche ont découvertun fait aussi extraordinaire qu’inattendu.

Un jeune étudiant, Udo Halsmeyer, pratiquerait lebouddhisme et chercherait à faire des adeptes. On neparlerait de rien moins que de le chasser de l'Université.

A propos de cette histoire, et tenant à avoir des renseignements précis sur le bouddhisme en Europe, noussommes allé voir M. Papus, qui s’est fait en France l’apôtre et le vulgarisateur de la religion des Hindous.Voici ce qu’il nous a dit:

—— Il y a en Europe un mouvement bouddhiste très

prononcé, mais qui est limité exclusivement aux espritsélevés en chaque pays. C’est ainsique je puis vous citer,parmi les bouddhistes les plus célèbres en France,MM. Burnouf, Léon de Rosny, Benoît Malon; en Angle.terre, le philosophe Max Muller; en Allemagne, Carl de

Prel, de Munich; Hartmann, le philosophe pessimiste.On peut d’ailleurs affirmer que toute l’école philosophique allemande actuelle est bouddhiste depuis longtemps. Richard Wagner était un fervent bouddhiste.

LA PRATIQUE

,_ Mais tous ces penseurs n’admettent que la doctrinebouddhiste, ils ne pratiquent pas. Le caractère curieuxde l’étudiant viennois est d’avoir voulu mettre en pra—

tique le rite bouddhiste, qui consiste essentiellementà s'abstenir de tout ce qui a vie, afin de développer dansl’homme des facultés qui existent à l’état latent.

Ces facultés sont caractérisées chez l’homme par lepressentiment, cet état spéçial qui fait qu’on Sent, parune faculté ou sens, qui‘n’est pas un des cinq sens

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LA PRESSE 89

'connus, qu’un bonheur ou un malheur va arriver. Cepressentiment échappe à toute analyse scientifique,d‘après les méthodes actuelles. Or le bouddhisme prétend que ce pressentiment est produit par un senslatent en nous et que la pratique de la méditationdéveloppe au suprême degré. Cette méditation est unexercice physique, physiologique et psychique. Physiquement, il faut faire prendre au corps l’habitude d’obéirpassivement à l’esprit: delà les macérations de l’étudiantviennois. Physiologiquement, il faut graduer la respiration de façon à régler les dépenses vitales à volonté, etpsychiquemenr, il faut concentrer toutes les forces organiques humaines sur le développement de ce sixièmesens': l’intuition. Ce sixième sens une fois acquis, lebouddhiste devient capable de savoir immédiatementlessecrets de la nature, de percevoir les forces en actiondans le monde et de produire, s’il le veut, des phénomènes qui paraissent surnaturels et qui ne sont que lamanifestation des forces très naturelles, mais encoreinconnues.

Le bouddhisme est une religion qui a été créée pourla race aryenne, tandis que le catholicisme est d’originesémite. A ce point de vue, le mouvement bouddhisteest donc une sorte de corollaire du mouvement antisémite.

Une religion créée en Perse vers 1860, le babysme,religion qui compte à l’heure actuelle plus de 122000martyrs, est fondée en grande partie sur le bouddhisme,allié au fouriérisme.

Le fondateur de cette religion, le Bah, était unjeune homme de dix-neuf ans, complètement illettré,qui est mort fusillé pour son idée. Aujourd’hui, le

babysme a plus de deux millions d’adhérents.

LA DOCTRINE

Maintenant que je vous ai fait connaître le boud—

dhisme pratique, ajoute notre interlocuteur, je vaisvous en exposer la doctrine.

Le bouddhisme respecte tout ce qui a vie ; c'est pourobéirà ce précepte mal comprisetpousséà l’exagération,

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go L’INITIATION

.—.

que certains bouddhistes en sont arrivés à éviter de tuerleurs poux et autres parasites. Ils croient à la réincarnation et non pas à la métempsycose. Les missionnaireschrétiens ont voulu créer cette confusion pour décrierle bouddhisme, qui, à mon avis, est incontestablementsupérieur au christianisme. Les bouddhistes croient quequand un riche s'est mal conduit, il jouit après sa mortd’un certain repos paradisiaque pour le payer des souf—frances de cette vie ; mais la punition commence au

moment où il est obligé de revenir comme homme surcette planète ou sur une autre ;il revient alors dans lecorps d’un misérable ;et il a d’autant moins de chancequ’il aété plus coupable dans l’existence antérieure. Demême un individu qui s’est bien conduit se réincarnedans le corps d’un riche. Tel est l’origine du mal et de

la souffrance.Le temps écoulé entre chaque rémcarnauon est en

moyenne de quinze cents ans. L’enfer éternel n’existepas, la terre est le lieu de souffrance véritable. Un dieuomnipotent n’a pas à intervenir après la mort, l’hommeest son seul juge d'après la loi fatale et toute physiquedes réactions égales à l’action. Cette loi s’appelle la loide Karma.

Les indiens croient à l’évolution, mais ils ont desdonnées bien supérieures à celles des Européens; ainsipour eux l’évolution ne s’arrête pas à l’homme ni à lavie actuelle. Chaque homme doit se développer d’abordphysiquement, puis intellectuellement, puis moralementjusqu’à devenir un Bouddha, c’est—à-dire un être toutdivin et qui se fond en dieu après la mort. Les réincarnations durent plus ou moins longtemps jusqu’à ce qu’onsoit devenu un Bouddha. Ainsi, le minéral évolue en vé

gétal, le végétal en animal, l’animal en homme, l’hommeen dieu; mais les différents stades de cette évolution nese font pas sur la même planète. Voilà. pourquoi il estimpossible, disent les Hindous, de voir sur notre planèteun singe devenir un homme, quoiqu’il soit inocntestableque cette évolution se passe dans l’invisible.

De même que le minéral devient dieu, dieu devientminéral, ce qui détermine un courant contraire au précédent, courant totalement inconnu des Occidentaux et

‘—.——..u«,_,‘. .A,

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LA PRESSE 91

appelé involution par les Hindous, par opposition à

l’évolution.Cette matérialisation progressive de la force divine

donne les mystères de l’Incarnation, enseignée dans toutesles religions, de même que la divinisation progressive dela matière donne l’explication du mystère de la Rédempion.Pour nous, les mystères fondamentaux du christia

nisme ne sont que des traductions de la religion des an—

ciens Hindous, comme l’a démontré, avec preuves à

l’appui, un missionnaire catholique, le P. Huc, qui s’estfait mettre à l’index pour sa loyauté.

LE BOUDDHISME EN FRANCE

Vous voyez la nouveauté de quelques-unes des idéesque je vous ai très rapidement exposées. Les chercheurseuropéens, et surtout les Français, portent leurs effortsvers ces études dans l’espoir d’arriver à des découvertesscientifiques nouvelles en alliant ces données orientales,dont le caractère est la synthèse, aux découvertes expérimentales contemporaines de l’Occident, qui sont duessurtout à l’analyse.

De là les différents travaux auxquels se livrent lesbouddhis es français, comme l’ethnographie, cultivéeplus particulièrement par de Rosny; la sociologie, parBenoit Malon; la physiologie, par moi, Papus; la philosophie, par de Guaita; la littérature, par Joséphin Pela.dan, Léon Hennique, Paul Adam, Jules Lermina, etc. (1).

Ainsi que vous le voyez, nous n’avons pris au bouddhisme que sa doctrine, on peut dire qu’aucun de nousne pratique; on cite cependant quelques bouddhistes,qui observent certains rites, mais ils se contentent d’êtrevegétariens,

Nous sommes réunis en un groupe, l’Initiation, et lesadhérents nous arrivent tous les jours de plus en plusnombreux. Je vais peut-être vous étonner, mais le journalisme nous en fournit un certain nombre.

(l) il est entendu que Guaita, Peladan, etc., étudient le Boudhismeavec un d) l‘antique sagesse ésotérique et ne sont nul|ement BouddhistesdlsClpl€s de Bouddha), ce qui serait profondément ridicule pour desommes de cette valeur.

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92 L’INITIATION

'AI

Le Moniteur Spirite et magnétique de Bruxelles publie les deux intéressantes communications sutvantes,

que nous signalons volontiers à tous nos lecteurs :

LA VOIX DES ESPRITS REPRODUITE’ PAR LE PHONOGRAPHE

EDISON

M. Gates, de New—York, dans sa lettre à M. Burns,

l’éditeur du Médium de Londres, raconte les faits sui—

vants :

1 J’ai été assez heureux d’assister à une séance chezMm° Williams, qui demeure n° 232 West 46 StreetNew-York. Chez elle, les esprits se communiquent parle phonographe Edison, qui reproduit non pas seulement les sons, mais les intonations, on pourrait mêmedire la personnalité de l’esprit, à tel point que j‘ai vupleurer des personnes qui reconnaissaient la voix de

ceux qui leur étaient chers. L’effet est saisissant : il voussemble sentir la présence de l’esprit, tant c’est naturel.

Nos amis d’outre-tombe nous disent qu’enfin ils posSèdent les conditions nécessaires, si longtemps'désiréespar eux, pour communiquer librement avec nous.

Pendant la séance un phénomène curieux s’est produit. Le phonographe était enveloppé de flammes bleuesqui éclairaient la chambre.

C’est une expérience que je n’oublierai de ma vie.

I'o ‘

Les journaux spirites des États-Unis d’Amérique ontdonné le compte rendu d’une séance à laquelle assis—

taient deux cents personnes, dans laquelle, par l'intermédiaire du médium M. Williams, se matérialisèrenttrente et un esprits : hommes, femmes et enfants, quifurent reconnus par leurs parents et amis, lesquels,séance tenante, dressèrent procès-verbal et attestèrent laVérité du fait. Cette séance, ajoute le narrateur, est unedes plus remarquables qui aient eu lieu en public.

*«V-*

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NOUVELLES DIVERSES

. Signalons à nos lecteurs qui lisent l'espagnol la Revista de Estudios psicologicos, de Barcelone (5 fr. par an),dirigée par le vicomte DE TORRES SOLANOT. Cette revue,fort bien faite, contient chaque mois le résumé completdes progrès et des nouvelles du spiritisme et du spiritualisme dans les pays de langue espagnole.

Nouvnmns avnusas

M"° Louise Abbéma expose, du mercredi 9au samedi

19 avril, dans les galeries particulières de M. GeorgesPetit, 12, rue Godot—de-Mauroi. ‘

'k’ ‘

Dans notre prochain numéro nous publierons uneétude sur l’origine du Mal au point de vue mystique, parnotre rédacteur en chef GEORGE MONTIÈRE. Titre : Lafaute d’Adam.

*241*

Nous commencerons également dans le prochain numéro une belle étude de notre collaborateur ÉMILEMICHILET sur l’Esote’risme dans l‘Art.

*:4»25 ,

A la salle des Capucines, les mages font une série deConférences sur I’Hermétisme le 2° et le 4° lundi de chaquemois.

Papus a déjà traité la Alagie au xnr' siècle le lundi10 mars, et Bouddha che:; nous le 24.. Voici le résumé de

cette dernière conférence :

BOUDDHA CHEZ NOUS

L‘Inde mystérieuse. —- Travaux des savants. —- L’origine des Religions et des Sciences de l’Occident. -—

L‘Exotérisme et 1’Esotérisme, — Unité des Sciences,unité des cultes.

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94 L’INITIATION

Brahmanisme et Bouddhisme. — Enseignements. —

Le Père Hue et ses travaux. — La légende de Krischna.—— Le Bouddhisme ésotérique et ses adeptes. — La Société Théosophique d’Adyar.

Bouddha chez nous. — Udo Halsmayer l’étudiantviennois. — Interview du Matin. — Bouddhisme et

Boudhlsme. — Singulière confusion. —— Le templeBouddhique de l’Exposition et son symbolisme. — LeMusée Guimet. —— Caractère du Baudhlsme en Europe.-— Occultisme. — Avenir du Bouddhisme et avenir duBoudhisme chez nous. — Conclusion.

ia I*

Le 14 avril, conférence sur les Revenants et la Magie,par Papas. Le 28, conférence de Stanislas de Guaita.

;*2|1«in

De notre collaborateur Paul Marrot, l’Europe‘enneillustrée, qui se publie à Bruxelles et à Paris, a donné le

Mariage de Su;anne, une nouvelle où se trouve étudiéun curieux cas de dédoublement de la personnalité.

«1‘'V‘

Un correspondant de l‘Inz‘tz‘atz‘on à La Plata, M. H.Girgeois, a subi des attaques injustifiées de la part d’unprétendu Suprême Conseil local. Nous rappelons ànotrefrère en S I.'. qu’il trouvera toujours un défenseurardent en notre revue.

Lwaes Reçus

MARC AMANIEUX. — La Révolution : les GrandesAmours, les Grandes Luttes, les Grands Drames, lesGrandes Lois. (Compte rendu prochainement.)

*2424

‘Illl.

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CORRESPONDANCE 9 5

WM. ....4‘.‘_v_—‘.._ A

Application de l’aimant (Magnétisme minéral) au traitement des maladies, avec I2 fig. dans le texte, par H.DURVILLE, in-16 de 64 pages. Prix 1 fr., à la Librairiedu magnétisme, 23, rue Saint—Merri.

Ouvrage très intéressant, tant au point de vue physiquequ'au point de vue physiologique et thérapeutique.Il contient un historique de l’application de l’aimant enmédecine, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nosjours ; une étude surla physique de l’aimant, où la pola—rité du corps humain et son analogie avec l’aimant estdémontrée ; une description des pièces aimantées à employer dans un traitement et une thérapeutique qui permet au malade de se traiter lui-même, dans le plus grandnombre des cas.

Cet ouvrage est l’application des principes que l'au—

teur a exposés dans son remarquable Traité expérimen—tal et thérapeutique de magnétisme.

*. "

Le Magnétisme humain considéré comme agent physique, par H. DURVILLE, in-18 de 36 pages. Prix : 60centimes, à la même librairie.

L’auteur démontre d’une façon claire et précise l’existence de l’agentdésigné vulgairement sous le nom defluide magnétique. Comme l’électricité, la chaleur, lalumière, c’est un mode vibratoire de l’éther. L’agent magnétique n’est donc pas une conception de l’imaginationpour expliquer les effets que l’on observe, car, dans certaines conditions, on peut le percevoir par les organesdes sens.

©©1annse©uauca

Paris, 17 mars 1890.

Je réponds à la note qui termine l’Initiation de cemois et qui concerne l’insertion d’un article de M. Doi

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96 L’INITIATION

nel dans le numéro ta de la Revue théosophique. —- Cen'est pas par un hasard ( inexplicable > puisque je te l’aiexpliqué d’une manière qui t'a paru très plausible, a huitjours, » comme tu le dis, u avant l’apparition du numéro. ) Je t’ai, en même temps, dit comment le toutrésultait d’une étourderie de ma part, dont la Directionn'avait pas été informée. Tu savais donc que toute res—

ponsabilité en retomberait infailliblement sur moi seul.Quand tu c signales ce singulier procédé à tous tes

lecteurs >, dis-moi, fais-tu œuvre d’ami? Je n’ai rien à

me reprocherà ton égard. Peux-tu en dire autant, au—

jourd’hui? Pour moi, même très piqué par des polé—

miques extérieures à cette question, je sens bien quejamais je n’aurais agi de la sorte.

GEORGES POLTI,

gérant de la Revue Théosophrque.

Tout en reconnaissant volontiers que nous avons faitplus de bruit que cet accident n’en valait la peine, nousdemandons ànotre ami Polti s’il n’y avait pas circon—stances atténuantes dans les événements extérieurs dontil parle. Mais, en vérité, nous aurions tort de nous fâcherl’un et l’autre, étant l'un et l’autre au-dessus de cespuérilités. Passons l’éponge tous les deux sur noscomptes, s’il veut bien, soyons camarades comme avant,et travaillons.

PAbIJS.

Le Gérant : ENCAUSSE.

TOURS, IMP. a. AnaAuur ET c", au: D: LA PRÉFECTURE. ô.

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AVIS IMPORTANT

A dater du 19" Mars 1890,M. Georges CARRÉ, éditeur,devient propriétaire de laRevue l’Im‘tiation.

C’est donc _à lui qu’il faudradésormais s’adresser pour lesabonnements, les annonces et

les services de la Revue.

A dater, du I“ mai, larédaction de l’Initiation seratransiéréé dans le superbelocal du Groupe Indépendantd’Études Ésotériques, 29, ruede Trém‘se, Paris.

c—-——___

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LIBRAIRIE CARRÉ, 58. RUE SAINT—ANDkÉ-DEs-AR'I‘S, PARIS

STANISLAS DE GUAITA

AU SEUIL DU MYSTÈRE2‘ édition, considérablement lugmenle’e, me deux eslampes, 200 page: in-8. 6'fr.

NOTE IMPORTAN TE

Quelques fautes se sont glissées dans cette deuxième édition.

Prière instante au lecteur de corriger sur son exemplaire,page 139, note du bas de la page, le 4° paragraphe, comme suit:

c< A jamais incompatible avec le Néant, où elle est en voie de« sombrer, l‘âme spirituelle trouve dans la profondite’ de sa natureet occulte un principe occasionnel d‘arrêt brusque — et qui la rejette« en arrière. »

PAPUSClef absolue de la Science Occulte. Le Tarot des

Bohémiens; le plus ancien livre du monde. I beau vol. de

plus de 350 pages avec 8 planches hors texte et plus de 200figures............ 9fr.»Traité élémentaire de Science occulte, mettant

chacun à même de comprendre et d’expliquer les théories et

les symboles employés par les anciens, les alchimistes, les

francs-maçons, etc. 4° édit. . . . . . . 3 fr. 50L’Occuliste contemporain . . . . . '1 » »

Le Sepher Jesirah. Les 32 voix de la sagesse: les 50

portes‘ de l’intelligence . . . . . . . . . il fr. »

Fabre d’Olivet et St-Yves d’Alveydre 0 » 75La. pierre philosophale. preuves irréfutables de son

existence.‘............. 1fr.»

m4544“W1mM .a» .—-.

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L’I N IT IAT I O N (””%’iäh“’”’)

mW ,._ -__;—__;. . A V. .-.:.: . _.

RÉDACTION%

ADMINISTRATION14, rue de Strasbourg, 14 ABONNEMENTS, VENTE AU NUMÉRO

PARIS,%

G. CARRÉDIRECTEUR: PA.PUS . ,

DIRECTEUR-ADJOINT : Lucien MAUCHEL l 58’ rue saznt-Andre_de&A ris

Rédacteur en chef: PARISGeorge MONTIERE _

Secrétaires de la Rédaction: FRANCE, un an. 10 fr.

:H. BA.RLET. —— J. LEJAY ÉTRANGER, -— 12 fr.

RÉDACTION : 14, rue de Strasbourg. -—- Chaque rédacteur

3ublie ses articles sous sa seule responsabilité. L’indépendance

absolue étant la raison d’être de la Revue, la direction ne se

)ermettra jamais aucune note dans le corps d’un article.

MANUSCRITS. —— Les ‘manuscrits doivent être adressés à la

rédaction. Ceux qui ne pourront être insérés ne seront pas rendus

‘i moins d’avis spécial. Un numéro de la Revue est toujours

:omposé d’avance ; les manuscrits reçus ne peuvent donc passer

au plus tôt que le mois suivant.

LIVRES ET REVUES. —— Tout livre ou brochure dont la rédaction

‘ecevra deux exemplaires sera sûrement annoncé et analysé s’il y

1 lieu. Les Revues qui désirent faire l’échange sont priées de

s’adresser à la rédaction.

ADMINISTRATION, ABONNEMENTS. -— Les abonnements

sont d’un an et se paient d‘avance à l’Administration par mandat,

son de poste ou autrement.

AVANTAGES DES ABONNÉS. — Les abonnés anciens et nouveaux

reçoivent gratuitement les primes fréquentes qu’a données et que

donnera l’Initiation. Chacune de ces primes représente à elle

seule la valeur du numéro. '

L’Initiation paraît le 15 de chaque mois en un beau numérode 96 pages, format d’un volume ordinaire. Elle est en vente chez

les principaux libraires de Paris (voir leur adresse à la 8° page).

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Salle de lecture et Bibliothè ne contenant les ouvrages‘ les plusrares sur la Science occu te,.la Kabbale, la Théosophie.

la Franc—Maçonnerie, etc., etc., et les revuesd’occultisme du monde entier.

Salle de conférences du Groupe indépendant d’Étudesésotériques.

Rédaction de l’Initz’alz‘on et du Voile d’Isis.

TOURS, IMP. E. ARRAULT ET CIE.

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