l'industrialisation de la formation guillemet 2004

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93-118 Distribution électronique Cairn pour les éditions Lavoisier. © Lavoisier. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. L’industrialisation de la formation, la fin d’un paradigme ? Patrick Guillemet Télé-université 4750, Av. Henri-Julien Montréal (Québec) H2T 3E4 Canada Patrick_Guillemet.at.teluq.uquebec.ca 1 Depuis près dune quarantaine dannées, de nombreux travaux se sont attachés à analyser le système éducatif – et particulièrement la formation à distance – à l’aide d’un modèle industriel, tant pour en décrire le fonctionnement que les évolutions et les enjeux. Toutefois, aussi bien le choix d’un modèle industriel pertinent que la définition même du processus d’industrialisation de la formation ont fait l’objet de vifs débats, et la validité de la référence au modèle industriel a été récemment remise en question dans le contexte du développement des technologies d’apprentissage virtuel qui la rendraient caduque. Le texte qui suit tente de placer en perspective ces multiples contributions en soulignant leurs forces et leurs limites, et d’examiner dans quelle mesure l’analogie industrielle peut avoir valeur de paradigme fécond pour saisir les tendances qui marquent les transformations actuelles de ce système, ainsi que leurs lignes de force. 2 Lorsque Otto Peters publie en 1967 sa monographie de 45 pages où il

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93-118

Distribution électronique Cairn pour les éditions

Lavoisier. © Lavoisier. Tous droits réservés pour tous

pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de

l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie)

partiellement ou totalement le présent article, de le

stocker dans une banque de données ou de le

communiquer au public sous quelque forme et de quelque

manière que ce soit.

L’industrialisation de la formation, la fin d’un paradigme ?

Patrick Guillemet

Télé-université

4750, Av. Henri-Julien

Montréal (Québec) H2T 3E4

Canada

Patrick_Guillemet.at.teluq.uquebec.ca

1Depuis près d’une quarantaine d’années, de nombreux travaux se

sont attachés à analyser le système éducatif – et particulièrement la

formation à distance – à l’aide d’un modèle industriel, tant pour en

décrire le fonctionnement que les évolutions et les enjeux. Toutefois,

aussi bien le choix d’un modèle industriel pertinent que la définition

même du processus d’industrialisation de la formation ont fait l’objet

de vifs débats, et la validité de la référence au modèle industriel a été

récemment remise en question dans le contexte du développement

des technologies d’apprentissage virtuel qui la rendraient caduque. Le

texte qui suit tente de placer en perspective ces multiples

contributions en soulignant leurs forces et leurs limites, et d’examiner

dans quelle mesure l’analogie industrielle peut avoir valeur de

paradigme fécond pour saisir les tendances qui marquent les

transformations actuelles de ce système, ainsi que leurs lignes de

force.

2Lorsque Otto Peters publie en 1967 sa monographie de 45 pages où il

analyse l’enseignement à distance en la comparant à la production

industrielle, il y a déjà bien longtemps que la référence industrielle a

marqué l’étude de l’éducation. Ainsi, le roman de Dickens Hard

Times, publié en 1854, dépeint de façon mordante l’école de

Coketown, une ville industrielle du nord de l’Angleterre, dont le

principe pédagogique est l’apprentissage utilitaire et où toute

expression d’émotion et de créativité est strictement réprimée. C’est

l’époque où le travail des enfants commence à être réglementé et où ils

doivent être éduqués pendant au moins deux heures par jour durant

leur temps de travail à la manufacture. Cette école, où les employeurs

viennent recruter du « personnel responsable », enseigne des

connaissances factuelles, directement applicables, et ses salles de

classe rappellent la manufacture ; elle est inspirée par la philosophie

d’éducation utilitariste de Bentham, qui répond aux exigences de la

société industrielle de l’époque (Bradley, 1999).

3L’étude de l’influence du mode de fonctionnement industriel sur

l’activité éducative attendra pourtant bien des années, même si on

commence à voir que les activités de recherche sont de plus en plus

organisées à l’image de l’industrie – avec la mécanisation, la

méthodisation et la dépersonnalisation du processus de production

(Plessner, 1922) – et l’affirmation d’un processus d’industrialisation

de l’enseignement se précise avec vigueur (Enzensberger, 1962). A ces

intuitions, Peters, se réclamant de Comenius qui comparait en 1649

l’art de l’enseignement à celui de l’impression, ajoute la force de la

démonstration en décrivant le caractère industriel de la formation à

distance : le processus d’enseignement y est basé sur la division du

travail, qui est pris en charge par un ensemble de spécialistes ; elle

utilise du matériel technique destiné à assurer une production de

masse ; elle met en œuvre des principes d’organisation rationnelle du

travail ; elle a recours à des technologies modernes, ce qui a pour effet

de réduire le personnel ; les étudiants travaillent à partir de cours

conçus et testés à l’avance ; et l’efficacité des cours à distance peut être

mesurée à l’aide de méthodes scientifiques.

4Rationalisation, division du travail, mécanisation, chaîne de montage,

production de masse, travail préparatoire, planification, organisation,

méthodes de contrôle scientifiques, formalisation, standardisation,

changement des fonctions, objectification, concentration et

centralisation : ce sont bien là des caractéristiques industrielles que

l’on retrouve dans l’enseignement à distance. Sa structure est

L’émergence du paradigme

considérablement déterminée par des principes d’industrialisation, en

particulier la rationalisation, la division du travail et la production de

masse. Son mode d’enseignement est graduellement restructuré par la

mécanisation et l’automation. Elle présente ainsi un ensemble de

traits particuliers qui font d’elle une méthode d’enseignement

rationalisée qui repose sur l’application de principes d’organisation

industrielle et sur l’utilisation intensive de la technologie.

5A la proposition de Peters, d’envisager la formation à distance comme

la forme d’éducation la plus industrialisée, répond la même année

l’injonction de Lê Thanh Koi. Il faut, dit-il, « appliquer l’analyse

économique à l’éducation en la considérant comme une industrie »,

afin de « maximiser sa contribution au développement économique et

social de la nation », l’efficacité de la formation étant entendue au

sens pédagogique, économique, social et politique. L’appareil éducatif

a une mission industrielle, tant par les ressources qu’il absorbe que

par l’importance de sa « production » : il doit tendre vers un

rendement élevé (Than Khoi, 1967). Cette fois, il ne s’agit plus d’une

analogie, mais bel et bien d’une exigence, celle de la rationalisation de

l’acte éducatif. La voie de l’étude de l’industrialisation de la formation

est maintenant ouverte.

6Il faudra attendre une dizaine d’années pour que s’engage le débat sur

les propositions de Peters, qu’il précise en 1973. Plusieurs critiques lui

sont adressées à partir de 1980 : la séparation qu’il a établie entre

l’éducation à distance et l’éducation conventionnelle est contestable,

même s’il est vrai que l’enseignement à distance est la forme

d’éducation la plus industrialisée (Keegan, 1980). Et si

l’industrialisation de la formation pouvait être une référence

pertinente dans les années 1970, au début des universités ouvertes

(Open Universities), marqué par la nécessité d’une diffusion de

masse, elle a beaucoup perdu de sa pertinence avec les désillusions

des années 80 (Ehmann, 1981 ; Jeavons, 1986). De plus, la description

de la technologie de la formation à distance qu’a donnée Peters

apparaît très problématique (Schwittmann, 1982) et sa vision de

l’industrialisation n’est vraie qu’à moitié, car si la conception et la

production des cours en formation à distance sont effectivement

industrialisées, l’industrialisation des services de support à l’étudiant

n’est tout simplement pas possible (Sewart, 1982).

7A ses critiques, Peters répond tout d’abord qu’il n’est pas un

promoteur de l’industrialisation dont il a montré la nature

problématique, notamment l’aliénation des étudiants et le risque de

manipulation qu’elle amène, de la part des groupes dominants. Pas

plus qu’il n’est un promoteur de la technologie éducative dont il a

également montré les dangers de fragmentation des connaissances et

de substitution d’une rationalité technique à une rationalité critique.

Selon lui, la formation à distance n’est pas tant une technologie

éducative qu’un changement social, lequel affecte les styles de vie de

façon beaucoup plus profonde. De même que la réponse aux besoins

des pays en voie de développement passe par l’industrialisation, de

même l’égalité des chances d’accès à l’éducation passe par

l’industrialisation de la formation : c’est un processus historique et

anthropologique à long terme, non une mode passagère, qui marquera

également les institutions bimodales, pratiquant à la fois la formation

à distance et l’enseignement traditionnel. Elle ne concerne d’ailleurs

pas seulement la conception et la production du matériel de cours,

mais bien toute l’organisation de la formation à distance, même dans

les tâches de conseil et de tutorat auprès des étudiants, qui elles aussi

sont touchées par la division du travail et la rationalisation.

L’industrialisation est donc là pour rester et c’est une caractéristique

essentielle de la formation à distance, si essentielle qu’elle la distingue

structurellement des autres formes d’éducation, une perspective qui

n’est d’ailleurs pas nécessairement réjouissante si on considère le

processus d’aliénation pédagogique qui l’accompagne (Peters, 1989).

8L’industrialisation, un processus social : une réflexion analogue

marque plusieurs études effectuées à la même époque sur l’utilisation

des médias en éducation, marquées par le constat que l’utilisation des

technologies est modelée par les usages sociaux et les valeurs

dominantes de la société, comme en témoigne l’exemple d’Edison, qui

destinait le gramophone à des fonctions pédagogiques mais dut, faute

de clients, se rabattre sur ses utilisations récréatives (Flichy, 1982).

Mais cette fois, à l’observation de ce processus s’ajoute une analyse

des relations qu’entretient le « monde » de l’éducation et les

industries de la communication. Trois postulats la caractérisent, selon

Pierre Mœglin (1986) : (1) à l’offre technologique répond une

demande éducative latente et préformée ; (2) il existe des besoins

propres au monde éducatif qui peuvent être définis de façon

administrative ; (3) il suffit de rechercher la meilleure adaptation

entre l’offre technologique et la demande éducative.

9Or, souligne Mœglin, cette analyse fait à la fois fi des enjeux

industriels, de la définition des besoins en fonction de l’offre

disponible, des stratégies des acteurs éducatifs et du poids des usages

dans l’utilisation des médias. Ainsi, le besoin d’une technologie ne

peut surgir et être exprimé que si les pratiques sont modelées par le

potentiel et les contraintes de cette technologie. Ce sont les habitudes

des usagers, les usages sociaux en place ou en formation qui

déterminent l’implantation des innovations techniques. La genèse des

besoins éducatifs s’effectue donc par rapport à une offre

technologique et marchande, et elle est déterminée à la fois par des

critères stratégiques et par des usages préexistants. Autrement dit,

l’éducation, dans son mode d’utilisation des technologies, est

influencée par une logique industrielle et sociale. En témoigne

l’exemple du satellite éducatif, dont l’expérimentation au Canada, en

France et aux Etats-Unis, dans les années 1970, donne lieu à la

rencontre de trois processus (Mœglin, 1988):

10« Tout d’abord, au prix de difficiles rapprochements,

ingénieurs, pédagogues, financeurs et décideurs s’entendent

sur le principe de leur association. Vient ensuite

l’expérimentation, puis entre enfin en ligne de compte

l’industrialisation de la communication éducative, forme

spécifique de l’industrialisation culturelle et de

l’informatisation sociale, dont le satellite éducatif se présente

comme le résultat en même temps que l’instrument de

prédilection. Compromis socio-technique, projet expérimental

et vecteur d’industrialisation, telles sont les trois

caractéristiques qui font du satellite éducatif un cas d’école,

particulièrement éclairant pour l’analyse et la compréhension

des mécanismes et logiques sociales présidant à la naissance

et au développement des médias en général.»

11L’exemple du satellite éducatif est ici révélateur, puisqu’il illustre

l’« obligation de communication » décrite par Bernard Miège en 1989,

qui gagne toutes les institutions sociales, et bien sûr l’appareil

éducatif. Utilisé dans les années 1970 pour des émissions éducatives,

des échanges communautaires et diverses activités de coopération

scientifique et culturelle à distance, à l’initiative des milieux éducatifs,

qui y voient un véhicule pour l’échange de produits et programmes de

formation et l’émergence de réseaux appelés à constituer une « société

pédagogique », ce projet qui s’inscrit bien dans le processus

d’industrialisation de la communication et de la culture décrit par

Miège. Dès lors débute la fiction du satellite éducatif, qui par lui-

même et grâce à la dimension planétaire de sa couverture aurait des

vertus éducatives. L’objectif est alors de faire prendre conscience aux

autorités ainsi qu’à l’opinion publique de l’utilité des réseaux

satellitaires et de préparer leur mise en œuvre opérationnelle, le tout

« pour déboucher, si les choses se passent bien, sur l’implantation de

services éducatifs par satellite justifiant par leur performance et les

économies qu’ils feront réaliser les investissements importants qu’ils

nécessiteront par ailleurs. » (Mœglin, 1994).

12Certes, ce n’est pas la première fois que les milieux éducatifs sont

sollicités par des industriels en quête de marchés : mais cette fois,

l’intensité du volontarisme, l’ampleur des enjeux institutionnels,

l’importance des ressources techniques, humaines et financières, et

surtout la convergence des initiatives et l’étroitesse de la coordination

semblent créer une situation nouvelle. Laquelle augurerait d’une

transition des sphères éducatives vers un mode de fonctionnement

moins artisanal, structuré selon des logiques d’industrialisation, mais

sans être principalement animé par la recherche de profits. Avec

l’étude des conditions de formation d’un média, le satellite éducatif, à

partir d’un ensemble de projets embryonnaires, et notamment de la

stabilisation de ses usages, est donc posée la question de

l’industrialisation éducative, une industrialisation qui aurait pour

origine « la crise d’appareils éducatifs de moins en moins en mesure

d’apporter par les moyens traditionnels de l’enseignement en

présentiel des réponses satisfaisantes aux déséquilibres du sous-

développement et des mutations structurelles de la

société. » (Mœglin, 1994).

13Caractéristique essentielle de la formation à distance, tendance

profonde de la communication éducative : chez Peters comme chez

Mœglin, l’industrialisation est perçue comme la marque d’un

changement social dont la technologie est le vecteur et dont

l’éducation devient l’enjeu. Le paradigme de l’industrialisation de la

formation vient d’apparaître, qui permet de mettre en évidence aussi

bien l’ampleur des changements éducatifs en cours que les risques

pédagogiques qui les accompagnent.

La recherche d’un modèle

14A partir de 1990 va s’amorcer une réflexion sur la nature du modèle

industriel de l’enseignement à distance (Campion, 1990a, 1990b ;

Hickox et Moore, 1992 ; Campion, 1996). On a en effet conscience que

l’époque de la production et de la diffusion de masse qui avait

caractérisé les premières années des universités ouvertes est

maintenant terminée, et que l’enseignement à distance va devoir

modifier son offre éducative. Comme le note Richard Edwards en

1991 : « Les magasins ne gardent plus de grandes quantités d’un petit

nombre d’articles. Ils ont de petites quantités d’un grand nombre

d’articles. Il suffit de se promener sur n’importe quelle High Street

pour se rendre compte de ce changement. Les magasins répondent

aux demandes des consommateurs dans divers segments de marché

particuliers. Les produits ont un cycle de vie plus court et il y a un plus

grand besoin d’innovation et de présentation […] Le marché de masse

est mort, soi-disant remplacé par le choix et la toute-puissance du

consommateur. » (traduction libre)

15Mais si le modèle fordiste semble révolu, la définition du modèle

d’enseignement à distance s’avère vite ardue en raison de la

concurrence de divers paradigmes de production difficiles à

opérationnaliser ainsi que de la confusion fréquente entre le néo-

fordisme et le postfordisme. Le débat est virulent (Campion, 1992) : la

formation à distance suit-elle une évolution parallèle à celle des

modes de production, passant du modèle préindustriel au modèle

industriel (préfordiste), puis au modèle fordiste et au modèle

postfordiste ? L’avenir de l’enseignement à distance est-il dans le

postfordisme, caractérisé par l’autonomie des apprenants et le

contrôle du personnel académique sur la production des cours

(Farnes, 1993) ? Faut-il s’attendre au contraire à ce que le modèle

néo-fordiste, perpétuant le principe de division du travail et la

déqualification du personnel, ait le plus de chances de s’imposer

(Campion et Renner, 1992 ; Campion, 1993) ? N’est-il pas temps de

remettre en question le modèle d’Otto Peters, devenu inadéquat, alors

que la venue d’internet a radicalement modifié les relations dans

l’espace et dans le temps (Raggatt, 1993) ?

16Dans ce contexte d’interrogations multiples, trois articles de Greville

Rumble viennent jeter un pavé dans la mare.

17– Oui, dit-il, la réflexion sur le modèle industriel de la formation à

distance s’inspire de l’industrie automobile, mais il existe d’autres

modèles industriels – il en discerne huit, de la production proto-

industrielle à la production « mince » de Toyota – Et surtout,

l’industrialisation n’est pas l’apanage de la formation à distance,

puisque l’éducation dans son ensemble a été sujette à un processus

d’industrialisation, tout comme l’industrie manufacturière et les

industries de services, et Ritzer a même évoqué sa

« McDonaldisation ». Il est donc exact que la formation à distance est

une forme d’éducation industrialisée, mais elle n’est pas la seule en

son genre, et la typologie des modèles industriels qui sert de toile de

fond au débat est encore bien imprécise (Rumble, 1995a).

18– Quant à la formation à distance, jusqu’à quel point est-elle fordiste

comme l’a suggéré Peters, prenant l’Open University en exemple ?

Elle se base effectivement sur la division du travail, mais celle-ci n’est

pas propre au fordisme. Elle amène également une certaine

déqualification, mais seulement dans le cas des employés à contrat,

alors que les professeurs tendent au contraire à acquérir de nouvelles

qualifications. Quant à l’Open University, sa flexibilité s’est

considérablement accrue au cours des années, même si elle est encore

très bureaucratique, et elle ne vise pas un marché de masse. Bref,

estime Rumble, l’Open University n’est pas fordiste et le modèle

fordiste est inadéquat pour analyser la formation à distance (Rumble,

1995b).

19– Reste donc une seule question, celle de la viabilité du postfordisme.

Or, plusieurs problèmes se posent, indique Rumble : tout d’abord

celui de la tradition d’autonomie des professeurs, qui rend très

problématique un fonctionnement basé sur la mise sur pied d’équipes

multiqualifiées appelées à accomplir un grand nombre de tâches, tel

que le propose le modèle de la production « mince » ; mais aussi celui

de l’utilisation croissante de personnel contractuel, qui apparaît

désavantageux en raison de la perte du sens de la communauté

académique susceptible d’en résulter. Peut-être les universités de

formation à distance n’ont-elles pas le choix que de s’adapter à ce type

de fonctionnement. Toutefois, le degré de changement culturel requis

est immense et les changements seront douloureux (Rumble, 1995c).

20Comme on peut s’y attendre, ces textes suscitent de vives réactions.

Elles vont de la négation de l’industrialisation, irréalisable dans une

Un cadre sociologique

institution éducative en raison de son caractère totalement rationnel

et programmé (Fritsch, 1995) à un plaidoyer en faveur de la fécondité

de la théorie fordiste, malgré ses faiblesses, parce qu’elle permet

d’envisager la juxtaposition de plusieurs modes de production

(Campion, 1996), une théorie qui d’ailleurs sert de plus en plus de

cadre de référence aux universités traditionnelles (Jarvis, 1996). Mais

surtout, indique Peters, ils donnent de l’industrialisation une vision

trop étroite, oubliant qu’elle n’est pas seulement un changement du

processus de production, mais aussi un changement économique,

social, culturel et politique, et négligent un fait essentiel : la formation

à distance est une forme d’enseignement sui generis, caractérisée par

une planification rationnelle de l’enseignement, à laquelle résiste

l’enseignement traditionnel, même s’il s’ouvre à certaines formes de

rationalisation (Peters, 1996).

21Le débat se poursuivra, notamment dans un numéro spécial de la

revue Distance Education (Campion, 1995 ; Evans, 1995 ; Renner,

1995 ; Campion et Freeman, 1997 ; Campion, Freeman et Olivieri,

1997). Mais une chose est maintenant certaine : le modèle industriel

de la formation à distance crée des problèmes au niveau de

l’organisation du travail et s’accompagne d’une parcellisation de

l’enseignement. Enfin, il risque de réduire le processus éducatif à un

bien de consommation (Kaye, 1995). La controverse n’a donc pas

cessé depuis 1967 et la conclusion s’impose : il faut réviser la

conception industrielle de la formation à distance à la lumière de ces

contributions (Peters, 1997). Bref, trente ans plus tard, si le recours à

un modèle industriel permet d’analyser les problèmes rencontrés par

la formation à distance, la caractérisation de ce modèle apparaît

difficile, mais n’en constitue pas moins une entreprise nécessaire.

22Pendant que se déroulent ces débats dans le monde de l’enseignement

à distance, l’approche de l’industrialisation se fait plus synthétique

dans celui de l’enseignement traditionnel. On cherche ici à définir un

cadre permettant de saisir ce qui apparaît comme une

industrialisation embryonnaire, marquée par le recours à des formes

éducatives médiatisées et l’importation de méthodes et de valeurs en

provenance d’autres secteurs économiques, ainsi que par l’existence

de nombreux obstacles spécifiques au domaine éducatif qui s’ajoutent

à ceux que connaît l’industrialisation de la communication en général.

Cause première, la complexité singulière du milieu éducatif, liée à

l’inorganisation de ses acteurs, la prégnance de l’initiative publique et

la rémanence des pratiques et méthodes pédagogiques. A ceci

s’ajoutent d’autres obstacles, par exemple les limites du volontariat,

les difficultés propres à l’enseignement de certaines disciplines, la

résistance envers des modes tayloriens d’organisation du travail, ainsi

que la tension entre les valeurs marchandes et le principe de gratuité

des services éducatifs (Mœglin, 1991), sans oublier l’incapacité relative

des technologies à soutenir les pratiques autodidactiques sur

lesquelles repose le succès de l’industrialisation (Mœglin, 1992).

23Objet d’attention particulière, la question des usages apparaît ici

comme un révélateur de la dynamique de l’industrialisation dans sa

cristallisation effective. Les usages, on l’a vu, apparaissent en effet

portés par une logique particulière qui les mène à prendre des formes

très différentes de celles prévues par les promoteurs des technologies

(Perriault, 1989). Et c’est seulement lorsqu’ils sont stabilisés que

l’industrialisation est susceptible de se concrétiser. En effet, les usages

sont : « des modes d’utilisation se manifestant avec suffisamment de

récurrence, et sous la forme d’habitudes relativement intégrées dans

la quotidienneté, pour être capables de se reproduire et

éventuellement de résister en tant que pratiques spécifiques ou de

s’imposer aux pratiques culturelles préexistantes. » (Lacroix, Mœglin

et Tremblay, 1992).

24Dans ce processus, les politiques et interventions étatiques jouent un

rôle initiateur et moteur, notamment par le discours promotionnel qui

les accompagne, lequel a pour but de faciliter l’acceptation de l’offre

technologique (Lacroix, Tremblay et Pronovost, 1993). Mais s’ils sont

relativement faciles à analyser étant donné leur grande visibilité, les

usages sont plus difficiles à cerner, à la fois en raison de leur

multiplicité et de leur caractère changeant et relativement souterrain.

L’attention se porte donc sur les points de vue des usagers et des

constatations étonnantes en résultent (Glikman, 1997) : alors que les

apprenants sont exposés à des situations de formation très

diversifiées, dont certaines conjuguent une utilisation intensive de la

technologie à une forte médiation humaine, tandis que d’autres, à

l’inverse, utilisent assez faiblement la technologie et font peu appel à

la médiation humaine, ces usagers se montrent assez peu sensibles à

cette dimension de leur apprentissage. Pour eux, le rapport de leur

formation avec leur travail et leur motivation est la préoccupation

première ; puis vient l’organisation de leurs études et leur relation

avec le tuteur, la médiatisation du dispositif d’enseignement venant

en dernier lieu (Glikman, 1998). Autrement dit, conclut Viviane

Glikman : « Les apprenants négocient avec l’offre technologique dans

les limites de la latitude accordée par le dispositif, en fonction de leurs

caractéristiques sociologiques et individuelles. Une fois de plus (…) la

pédagogie prime sur le technique. » (Glikman, Albero et Cristofoli,

1999).

25Second objet de réflexion, la technologie elle-même, ou plus

exactement la façon dont elle s’insère dans la sphère éducative. La

perspective proposée est ici résolument constructiviste et dialectique,

soulignant que la convergence technologique, donnée pour certaine,

est en réalité un construit social controversé, et que l’étude de

l’implantation des TICE doit prendre en compte trois types de

facteurs : la structure industrielle et les stratégies des acteurs, les

politiques et interventions étatiques, et la formation des usages

sociaux (Lacroix, Miège, Mœglin Pajon et Tremblay, 1993). Cette

société de l’information qui trouve son expression ultime dans les

autoroutes de l’information n’est-elle pas porteuse d’une soumission

aux lois de la société industrielle et de la marchandisation de

l’information et de la culture (Tremblay, 1995) ? Et devant les risques

d’accroissement des inégalités sociales qui l’accompagnent, ne faut-il

pas remettre en cause les idéologies, aussi bien l’interventionnisme à

tout crin que le libre marché (Lacroix et Tremblay, 1995) ? En fait,

cette convergence technologique donnée pour un fait nouveau et

décisif s’inscrit dans une longue tradition dans le milieu de

l’éducation, où la convergence plurimodale apparaît dès la fin des

années 1960, amenant avec elle l’ingénierie éducative qui donnera

naissance au projet d’industrialisation de la formation, dont le

vidéodisque et le satellite éducatif sont les témoins. Or, la

juxtaposition des ressources technologiques n’aboutit à une véritable

convergence que si les usagers intègrent ces ressources. De plus,

plusieurs modèles de convergence sont en concurrence, selon la

nature des intérêts industriels en jeu, entre lesquels la compétition est

virulente. Comme le souligne Pierre Mœglin en 1996 : « A la virulence

et aux enjeux de ces compétitions l’on ne comprend toutefois pas

grand chose si l’on oublie que ce sont en fait des sphères industrielles

et des logiques socio-économiques qui s’affrontent à travers elles (…)

C’en est en tout cas assez pour rompre avec la représentation d’un

territoire éducatif autonome où les décideurs exerceraient leur libre

arbitre sans contrainte exogène. »

26Alors que l’accent avait été initialement mis sur les particularités du

système éducatif s’opposant aux intérêts industriels, c’est maintenant

la fragilité de ce système qui est mise de l’avant. Concurrence des

intérêts industriels qui déclinent la convergence technologique selon

leurs voies multiples, injonction des pouvoirs publics pour que

l’appareil éducatif participe activement à cette convergence : on

comprend mieux devant la superposition de ces difficultés la tendance

à investir l’usager d’une autonomie qui lui permettra d’organiser avec

cohérence ces informations multiples. Cette propension à lui accorder

une responsabilité si difficile à incarner lors de la conception, et qui

jusqu’alors était celle de l’éducateur, est le signe du « démon de la

convergence », qui habite depuis longtemps la sphère éducative et

risque, par engouement technologique, de faire passer les

préoccupations pédagogiques au second rang.

27Convergence technologique, interventions publiques, prégnance des

usages, pressions sur les usagers, cette fois le cadre se tient. Le modèle

commence à être élaboré à partir de 1993, à partir du constat que

l’industrialisation n’a pas le statut de concept, qu’elle est associée à la

technologisation comme lieu de médiations multiples et qu’elle

comporte une forte dimension idéologique. Trois intuitions

caractérisent les premières réflexions : les mutations affectent

davantage les modèles auxquels se réfèrent les acteurs que leurs

modes de fonctionnement proprement dit ; les indices

d’industrialisation sont repérables à la fois au niveau micro et au

niveau macro ; et l’industrialisation du champ éducatif comporte une

dimension communicationnelle marquée par l’apparition de nouvelles

familles d’acteurs et par une évolution du rôle de l’enseignant grâce

aux nouvelles technologies. Et une certitude s’impose en 1993 aux

membres du séminaire Industrialisation de la formation : l’analyse de

l’industrialisation de la formation, envisagée comme composante des

industries culturelles, demande une analyse transdisciplinaire,

politique, économique, culturelle et sociale.

28La première concrétisation du concept se fait autour de la notion de

« bien éducatif" ». Cette préoccupation envers le projet de

modernisation de l’éducation amène d’emblée le constat de ses

handicaps – oubli des apprenants au profit d’une approche

[1]

instrumentaliste, utopie de la rationalisation et de la

« performativité » de l’enseignement, mais aussi divergences entre les

promoteurs des projets d’innovation – et plusieurs conclusions

provisoires viennent baliser la perspective de l’industrialisation

éducative. Tout d’abord, le succès des innovations technologiques

passe par les usages domestiques et l’industrie des programmes

éducatifs demeure embryonnaire en raison d’un modèle de

production hérité de l’industrie du livre. Quant à l’industrie éducative,

qui associe souvent les produits aux services, elle est doublement

écartelée, d’une part entre les équipes permanentes et les

contributeurs occasionnels, de l’autre entre le secteur de la formation

initiale et celui de la formation continue (Mœglin, 1994). Ainsi,

malgré les nombreux échecs des tentatives visant à intégrer les

technologies de communication aux pratiques éducatives, plusieurs

facteurs laissent croire un tel rapprochement possible, notamment la

recherche d’une limitation des coûts de l’éducation, le potentiel

d’innovation des industries de la culture et de l’information et

l’évolution des théories de l’apprentissage. Il ne faut pourtant pas

s’attendre à une croissance extensive, cette nouvelle industrialisation

étant celle de l’économie immatérielle et des productions en petite

série. Ainsi, les produits éducatifs pourront être marchands ou non

marchands – certains des produits marchands pouvant être

industrialisés – et certains secteurs éducatifs seront touchés tandis

que d’autres ne le seront pas (Miège, 1994).

29Jusqu’ici, la notion d’industrialisation de la formation est donc une

approche permettant d’analyser les transformations de la sphère

éducative, autour de laquelle se constitue un nouveau champ

scientifique grâce aux premières recherches universitaires

(Deceuninck, Delamotte et Payeur, 1994 ; André, 1994 ; Bonizec,

1997). Quatre ans plus tard, l’accent – plus ambitieux – est mis sur les

« industries éducatives », envisagées de façon symétrique aux

industries culturelles. Ces industries éducatives sont des produits et

services – ou leur combinaison – « édités et mis à disposition sous

une forme classique ou mis en ligne et téléchargeables grâce aux

réseaux », qui témoignent d’un « processus bien réel affectant

inégalement et de façon différenciée l’enseignement français et

étranger, ainsi que la formation continue » (Fichez, 1998). Cette fois,

l’industrialisation de la formation est affirmée en tant que phénomène

bien palpable. Il faut dire que des chantiers ambitieux sont dans la

ligne de mire : l’exemple en est donné par les projets de campus

virtuel qui affichent leur intention de rationalisation organisationnelle

marquée par la substitution de capital au travail, ainsi que la

marchandisation de l’accès aux ressources d’étude, la servuction –

c’est-à-dire la prise en charge par les usagers de tâches jusqu’alors

dévolues aux enseignants – et une réingénierie didactique visant la

création de cours sur mesure à partir d’un « patron » universel

(Mœglin et Tremblay, 1998 ; Mœglin et Tremblay, 1999). Comment ne

pas y voir le début de la mise en place d’une autre façon d’apprendre,

basée sur le self-service, et d’une nouvelle voie de l’informatisation

sociale, porteuse du développement industriel des services de

formation et de recherche ? Comment ne pas y voir la preuve de

l’industrialisation de la formation ? Pourtant plusieurs problèmes

subsistent. En effet, l’usager est toujours ignoré lors de la conception

des systèmes qui sont mis de l’avant, tandis que l’ampleur des

investissements consentis demande à ce qu’ils soient amortis auprès

d’une large clientèle dont on peut douter de sa capacité à un haut

degré d’autonomie ; enfin, les professeurs sur lesquels repose la

médiatisation effective des cours s’avèrent quelque peu réticents à

entreprendre la démarche de modélisation qui leur est proposée

(Combès, 1998).

30L’industrialisation de la formation s’avère donc une heuristique

féconde pour cerner cette nouvelle réalité. Toutefois, si les études

montrent bien que cette industrialisation se situe à l’intersection des

champs économique, social et culturel, et qu’elle vise la

marchandisation des objets et services, il demeure difficile de la

caractériser en référence à des modèles tels que ceux de la grande

industrie, de la production flexible, des industries du tertiaire et des

industries culturelles, ce qui lui vaut de nombreuses résistances. Lieu

de rencontre de stratégies de coercition, de concurrence, de résistance

ou d’innovation, des industries éducatives sont sans doute en

émergence, mais de façon plutôt imprévisible, très embryonnaire dans

le cas des campus virtuels, plus affirmée dans le cas de la formation

multimédia en entreprise (Guillemet, 1998).

31L’approche de l’industrialisation de la formation inspirée par ce cadre

sociologique apparaît ainsi en 1998 singulièrement riche et fragile. Ses

références sont nombreuses et hétérogènes alors qu’elle s’inspire du

modèle de la grande industrie, du modèle postindustriel, du modèle

des industries du tertiaire et du modèle des industries culturelles.

Toutefois, la multiplicité de ces références rend délicate la tentative de

définition d’un modèle propre à analyser le champ éducatif, d’autant

que l’industrialisation de la formation est perçue comme un

phénomène tendanciel, marqué par la rencontre de multiples formes

industrielles avec des références éducatives multiples. Ceci explique

sans doute, constatent les principaux auteurs, pourquoi la notion

même d’industrialisation a été remise en question, certains

considérant que les produits éducatifs ne peuvent être comparés à

ceux de l’industrie ou soulignant la difficulté à repérer des exemples

d’industrialisation, alors que d’autres, à l’inverse, défendent la thèse

de l’industrialisation de la formation de façon si générale et si

excessive qu’il n’est pas possible d’expliquer les multiples évolutions

observables. Il faut donc, estime Pierre Mœglin, clarifier cette notion,

et notamment distinguer l’industrialisation dans la formation, qui fait

référence à des évolutions particulières, de l’industrialisation de la

formation, qui désigne un phénomène d’ensemble.

32Mais là encore, deux références théoriques différentes sont invoquées

pour caractériser l’industrialisation de la formation : la première,

inspirée des industries culturelles, définit l’industrialisation à partir

de la présence simultanée d’une intensité capitalistique, d’une

organisation rationnelle du travail et de la présence de machines ; la

seconde, tout en reprenant les caractéristiques de technologisation et

rationalisation, mais sans retenir la présence de l’intensité en capital,

y ajoute une dimension nouvelle, soit l’idéologisation des acteurs. Par

ailleurs, outre cet effort de clarification notionnelle, il importe de

mesurer les forces – endogènes et exogènes – qui poussent à

l’industrialisation de la formation, ainsi que leurs incohérences et les

obstacles qu’elles rencontrent, le tout résultant dans un processus

d’érosion à géométrie variable en raison des particularités du secteur

éducatif. Ainsi les forces qui poussent à l’industrialisation de la

formation ne sont pas nouvelles, mais certains secteurs éducatifs, par

exemple la formation à distance, risquent d’y être plus sensibles. Et

peut-être s’agit-il d’ailleurs de la réindustrialisation d’un système

éducatif déjà marqué par des principes industriels tels l’enseignement

de masse standardisé et planifié. Industrialisation ou

réindustrialisation : ces deux perspectives permettent de comprendre

les résistances que ce projet suscite, à la fois de la part de ceux qui ont

une vision artisanale de l’enseignement et de ceux qui contestent les

valeurs et la légitimité du nouvel ordre proposé (Mœglin, 1998).

33Avec cette exigence de clarification du concept d’industrialisation, et

Hallali ou chant du cygne ?

le nouvel effort de réflexion qu’elle implique, la tradition de

l’enseignement à distance et celle de l’enseignement traditionnel, sans

pourtant avoir été en contact l’une avec l’autre, se rejoignent ici

encore par une troublante coïncidence, dans leur exigence de

précision du concept d’industrialisation et du modèle d’organisation

éducative censé en être l’illustration. Dans les deux cas, cependant,

l’entreprise de définition du modèle industriel permettant d’analyser

les transformations éducatives s’avère ardue, tandis que la notion

même d’industrialisation semble difficile à cerner. Sans doute

l’ampleur de l’entreprise – analyser la transformation de l’ensemble

du système éducatif – explique-t-elle en large part ces difficultés,

aussi bien que la référence un peu contradictoire à une

industrialisation dont on cherche la nature et à une industrialisation

déjà réalisée dont l’analyse est peu explicite. Mais surtout, la

perspective macrosociologique adoptée empêche la prise en

considération de terrains multiples et différenciés, tandis que

l’absence d’indicateurs des différents degrés de l’industrialisation et la

définition tendancielle qui en est donnée rend difficile la lecture de

l’état plus ou moins industrialisé du système éducatif. Le travail de

clarification requis s’avère donc non seulement conceptuel, mais aussi

méthodologique, pour rendre l’heuristique féconde.

34Hésitations, prudence, complexité d’une part, coup de tonnerre de

l’autre. Là où les chercheurs tentaient par approximations successives

de cerner une réalité changeante, David F. Noble n’y va pas par quatre

chemins : l’industrialisation de la formation que d’autres cherchent à

définir, il la donne à voir, crûment, dans toute sa réalité industrielle,

avec sa description des « machines à diplômes virtuelles ».

35Tout comme le faisait le courant précédent, Noble souligne que

l’accent mis sur la modernisation de l’enseignement supérieur trouve

sa source dans le contexte de la crise du pétrole, au milieu des années

1970, qui a amené les leaders des pays industrialisés à opter pour le

développement des « industries du savoir », la marchandisation de

l’éducation et l’utilisation intensive des nouvelles technologies. Mais

Noble va plus loin : avec l’automation, l’éducation supérieure est

entrée dans une nouvelle ère, marquée par la confrontation entre les

administrateurs et la communauté académique. Cette transformation

met en jeu des acteurs industriels puissants, mais aussi les

administrateurs universitaires, ainsi que des universitaires

technozélotes, et la plupart des universités américaines sont

maintenant touchées, notamment par le biais des projets d’universités

virtuelles. Dans ce processus, les enseignants sont de plus en plus

dépossédés de leur travail et leurs emplois sont menacés à long terme.

De plus, l’utilisation des technologies se fait contre le gré de la

communauté académique (Noble, 1997). Toutefois les premiers signes

de résistance se manifestent – comme cette grève de deux mois

survenue à l’université de Toronto- face à ce qui apparaît comme une

menace à l’accessibilité des études supérieures dans plusieurs

universités américaines – UCLA, UC Berkeley, University of Colorado

– où des accords confidentiels passés avec des entreprises

commerciales menacent les droits de propriété intellectuelle (Noble,

1998a ; Noble 1998b).

36Quant à la formation à distance en ligne, fer de lance de la révolution

commerciale de ces universités, Noble souligne, tout comme Peters,

qu’elle implique une désintégration de l’acte éducatif porteuse

d’aliénation et de déqualification des professionnels de

l’enseignement. Mais parce que l’apprivoisement des nouvelles

technologies exige un investissement humain important qui va à

l’encontre des impératifs d’efficacité recherchés, Noble prédit à la

formation en ligne un sombre avenir. Sa situation lui rappelle en effet

celle de l’enseignement par correspondance au siècle dernier, dont on

vantait la souplesse et les possibilités d’individualisation de

l’enseignement, mais où en réalité l’investissement éducatif était

réduit au minimum, tout l’argent étant mis dans des dépenses

publicitaires, ce qui eut pour effet un taux d’abandon très élevé,

d’abord dans les écoles privées, puis dans les universités qui les

imitèrent . Un rapport publié en 1930 aux Etats-Unis concluait ainsi

à la faillite de ce type d’enseignement. Or, les mêmes universités se

font maintenant les promoteurs de la formation à distance sur

internet et le scénario d’une autre débâcle à l’américaine semble

devoir se répéter, à en juger par les résultats financiers désastreux de

ces universités virtuelles. A la différence que cette fois les enjeux sont

beaucoup plus importants, avec des perspectives d’expansion

mondiale (Noble, 1999 ; Noble, 2000). Mais tout ce qui brille n’est pas

or, et les administrateurs des universités américaines apprennent à

leurs dépens – par exemple ceux de UCLA – que la culture des

universités et celle des entreprises sont bien différentes, et qu’il

[2]

n’existe pas de gain facile dans la société capitaliste (Noble 2001).

37Ces appels à la croisade ne trouvent cependant guère d’écho et Noble

se voit reprocher un biais antitechnologique et une méconnaissance

de la technologie qui l’empêche d’apprécier ses pièges réels et le mène

à une lecture unidimensionnelle de la numérisation des universités.

Ses conclusions, non documentées, sur la moindre efficacité

pédagogique de l’enseignement en ligne sont contestées et

apparaissent prématurées. Et si ses efforts pour fustiger les

administrateurs sont jugés bien intentionnés, l’analyse qu’il présente

apparaît manichéenne, notamment parce qu’elle ignore le rôle joué

par les étudiants et les professeurs. Bref, ses thèses sont jugées peu

crédibles (White, 1999 ; Luke, 2000), même si elles posent la question

critique de l’interaction entre la technologie, l’économie, les cadres

juridiques et les structures organisationnelles. Sa lecture est peut-être

biaisée, mais elle impose de considérer la responsabilité qui incombe

aux formateurs dans leur utilisation des technologies (Agre, 1998 ;

American Federation of Teachers, 2001).

38Détermination ou indétermination ? Le mode d’existence de ces

« outils pour apprendre » apparaît décidément complexe, partagé

entre des éducateurs qui oublient souvent qu’ils sont aussi des

produits industriels et des industriels qui négligent souvent les

particularités du marché éducatif. De plus, la disparité des outils

accroît la difficulté de cette rencontre entre le secteur de l’éducation et

les autres secteurs sociaux, même si des tendances industrielles

semblables sont à l’œuvre, qui visent à rationaliser et à standardiser

l’enseignement. Ainsi, chaque outil ne s’impose ainsi pas en lui-

même, mais grâce à l’intervention de fédérations d’alliés, dont les

combats sont vifs (Mœglin, 1999). Rien n’est donc donné, et les

avancées de l’industrialisation demandent à être cernées en prenant

en compte les multiples caractéristiques des innovations faisant

intervenir des nouvelles technologies (Miège et Tremblay, 1999), ainsi

que les caractéristiques des marchés éducatifs (Inchauspé, 2001).

Mais à la vigilance se greffe aussi l’espoir qu’émergent dans ces

universités campus et à distance devenues hautement bureaucratisées

de nouvelles formes de vie interactive et de nouvelles relations

sociales entre les professeurs, les étudiants et les autorités

administratives – à l’instar de celles qui caractérisaient l’université

artisanale du 12e siècle – tout en répondant aux besoins d’apprentissage continu des travailleurs (Rumble, 1998). Plus encore,

l’université, au lieu de se transformer en machine à diplômes virtuelle,

ne pourrait-elle redevenir le gymnase présocratique qu’elle était à

l’origine, ouvert à l’interaction individuelle (Casper, 1995) ?

39Appréhensions, espérances : à ces spéculations se superposent des

observations étonnantes. Alors que les chercheurs en formation à

distance butent sur la définition de leur modèle industriel, que les

chercheurs provenant de l’enseignement traditionnel voient se

profiler des menaces d’industrialisation de la formation accrues sans

toutefois pouvoir en trouver la concrétisation et que des preuves

d’industrialisation sont brandies par David F. Noble, pour être

aussitôt contestées, d’autres transformations passent relativement

inaperçues. Ainsi, les pratiques d’enseignement en ligne des

universités sont-elles marquées par des tendances monopolistiques,

puisque s’il existe, au dernier décompte, quelque 288 plates-formes

de e-formation, deux d’entre elles occupent près de 80 % du marché

(Thot/Cursus, 2000), la plate-forme dominante – WebCT – étant

pour sa part utilisée dans quelque 2 500 institutions réparties dans 81

pays, dont les deux tiers sont aux Etats-Unis. La facilité

d’apprentissage de ces outils et l’autonomie qu’ils permettent au

professeur, qui ne dépend plus d’une équipe de production

multimédia, semblent expliquer leur adoption grandissante. Or, cette

standardisation témoigne bel et bien d’une certaine industrialisation

– parfois manifeste à l’occasion de choix institutionnels –, mais une

industrialisation plutôt insolite puisqu’elle ne se traduit pas par une

atomisation de l’enseignement, mais par une forme d’enseignement

plus organique (Guillemet et Provost, 1999), d’ailleurs relativement

bien acceptée par les professeurs qui ne semblent avoir d’autre

problème que le temps requis pour l’apprentissage de ces technologies

(Guillemet, 2002).

40Ce phénomène paradoxal témoigne sans doute de la rencontre

ambiguë de l’éducation avec les nouveaux médias et de la

recomposition du savoir qui l’accompagne (Labasse et Vedelago,

2000). Le diagnostic que pose Randy Garrison ne l’est pas moins :

l’étude de la formation à distance au 20e siècle, dit-il, montre qu’elle s’est attachée aux contraintes géographiques et a tenté d’y répondre

par la production de masse de cours préfabriqués. Le modèle

industriel d’Otto Peters correspond à cette période. A cette ère

industrielle succède, au 21e siècle, une ère postindustrielle où les préoccupations relatives aux transactions pédagogiques vont

De nouveaux territoires industriels ?

prédominer sur les préoccupations structurelles. La question est donc

de savoir si la formation à distance dispose d’une base théorique

adéquate pour prendre en compte les innovations technologiques et

les nouvelles pratiques qu’elles suscitent (Garrison, 2000). Encore

plus paradoxal est l’écho que donne Otto Peters lui-même à ce

diagnostic, lorsqu’il souligne que deux changements significatifs ont

eu lieu en éducation, soit le passage de l’apprentissage traditionnel à

l’apprentissage à distance – la forme d’enseignement et

d’apprentissage la plus industrialisée – puis le passage de

l’apprentissage à distance à l’apprentissage en ligne. Le premier était

caractérisé par l’« industrialisation » de l’éducation et la discussion de

ses variantes, telles la néo-industrialisation et la postindustrialisation.

Le second changement structurel est marqué par l’interprétation des

espaces d’apprentissage réels et virtuels (Peters, 2001).

41Ainsi, malgré la dénonciation par Noble du caractère industriel des

nouveaux campus virtuels, l’industrialisation de la formation cesse

donc de constituer une préoccupation dominante pour plusieurs

pédagogues, au premier chef Peters qui y voyait la caractéristique

principale de la formation à distance. De la même façon que le

passage de l’espace physique du campus à l’espace virtuel modifie de

façon radicale à leur avis la relation pédagogique et les modes

d’enseignement et d’apprentissage, l’accent serait désormais mis sur

l’aménagement pédagogique des espaces virtuels. Serait-ce la fin du

paradigme ?

42L’accent mis par les théoriciens de la formation à distance sur la

domestication des espaces virtuels n’a rien pour étonner dans le

contexte du développement de la e-formation, marqué par l’espoir de

nouvelles clientèles qu’accompagne le risque de concurrence accrue

de la part des institutions traditionnelles, mais il trouve également

une résonance particulière à la lumière des critiques adressées au

modèle industriel qui prévalait jusqu’alors. Avec les espaces virtuels et

les possibilités d’interaction qu’ils apportent, il semble, selon ces

théoriciens, que puisse être conjuré le processus d’aliénation de la

relation pédagogique dont était porteur le modèle industriel en

reconstituant à distance des possibilités d’interaction et de

collaboration similaires à celles du gymnase présocratique. Est-ce

assez pour en finir avec la référence au modèle industriel ? Sans doute

la référence au modèle fordiste de la production de masse semble bel

et bien révolue, mais il y a lieu de se demander si la réflexion sur le

modèle industriel de la formation à distance perd pour autant de son

utilité, alors que l’observation des pratiques d’enseignement en ligne

laisse percevoir une possibilité de réalisation du modèle postfordiste

basé sur la production de petites séries avec un haut degré

d’autonomie des opérateurs. D’autant que malgré les grandes

possibilités offertes par les nouvelles technologies, des choix dans

l’offre de produits et services éducatifs doivent toujours être faits en

tenant compte des contraintes techniques et budgétaires, ainsi que

des caractéristiques des publics rejoints. Une logique d’édition

s’impose donc ici, et la référence industrielle ne semble guère pouvoir

être évitée.

43Plus sensible, et de nature différente, est la gêne que suscite le

concept lui-même dans le champ de l’enseignement traditionnel, qui

associe deux univers si différents, dans leur essence et leur

fonctionnement, que l’éducation et l’industrie. Certes, cette

association n’est pas sacrilège et peut même contribuer à poser des

questions essentielles, comme en témoignent les analyses de David F.

Noble et les réactions qu’elles ont suscitées. Certes, la notion

d’industrialisation de la formation apparaît féconde pour cerner les

pressions qui s’exercent sur le milieu éducatif, décrire le rapport qui

unit le champ de la formation aux industries de la communication, et

pour baliser le terrain dans lequel s’inscrit la « néo-industrialisation »

de l’éducation (Miège, 1998) . En revanche, elle semble encore

relativement floue, puisqu’elle ne permet pas de saisir ni les

conditions d’émergence de certaines industries éducatives, ni leurs

caractéristiques. De telle sorte que l’industrialisation apparaît à la fois

comme une menace toujours plus présente (Friesen, 2003, Daniel,

2002 ; Daniel, 1996) , mais analysée de façon un peu biaisée, et

comme un phénomène assez paradoxal, puisque cette

industrialisation annoncée se fait aussi fuyante dans sa réalisation que

voyante dans ses intentions.

[3]

[4]

44Sans doute s’agit-il de cerner avec patience et minutie les avancées

effectives de l’industrialisation, comme le suggère la grille de lecture

proposée par Bernard Miège et Gaëtan Tremblay. Mais aussi peut-être

la barre de l’industrialisation éducative a-t-elle été placée un peu trop

haut, à vouloir simultanément repérer un discours et des pratiques de

gestion centrées sur la marchandisation de l’enseignement, une

atomisation des processus d’enseignement accompagnée de

déqualification des travailleurs, voire leur disparition, et une

rationalisation visant à prendre à contre-pied les modes de

fonctionnement existants. Même en cherchant à repérer une

industrialisation dans la formation plutôt qu’une industrialisation de

la formation, l’aventure risque de s’avérer relativement stérile, étant

donné les particularités du milieu éducatif et la difficulté d’y

implanter de nouvelles technologies et de nouveaux modes de travail,

et peut-être précisément en raison de l’ampleur des sollicitations dont

il est l’objet.

45Pourtant, les modes d’enseignement se modifient et l’utilisation des

outils d’enseignement en ligne, le plus souvent de façon

complémentaire à l’enseignement en présence, devient une pratique

courante, qu’elle résulte de programmes institutionnels ou

d’initiatives individuelles. A cet égard, tout en reconnaissant le rôle

décisif des usagers dans l’adoption effective des technologies, le

courant de l’industrialisation de la formation semble y avoir accordé

assez peu d’attention, y préférant l’étude des interventions publiques

et des initiatives industrielles. Il est vrai que celles-ci sont très visibles

et hautement affirmées, alors qu’il est plus difficile de distinguer des

tendances parmi une myriade d’usages correspondant à des situations

très différenciées. Tout comme il est vrai qu’il est difficile d’énoncer

une théorie de l’usage à partir des propos des usagers, alors que ces

derniers n’ont souvent que peu de rapport avec la technologie mise à

leur disposition.

46Une approche sociologique peut-elle s’avérer féconde ? Elle

montrerait sans doute que les facteurs qui contribuent le plus à

l’adoption des technologies est leur relative facilité d’apprentissage

d’utilisation en regard des bénéfices qu’elles apportent (Jacquinot,

Mœglin, et Tremblay, 1999), comme en témoigne l’utilisation

généralisée de fonctions informatiques simples (par exemple

copier/coller, glisser/déposer et l’organisation hiérarchique de

fichiers et dossiers) et de logiciels conviviaux, tels Powerpoint ou

WebCT. Elle permettrait également de constater que l’abondance des

fonctionnalités offertes est loin d’être synonyme d’optimum

pédagogique, et que la tentation qu’ont certains éducateurs, de tirer

parti de toutes les ressources de la technologie et de miser notamment

sur ses possibilités d’interaction, de collaboration et de construction

Conclusion

des connaissances peut s’avérer contraire aux styles d’apprentissage

des étudiants, ainsi qu’à l’apprentissage lui-même. A l’inverse, une

telle approche sociologique permettrait sans doute de mieux

comprendre pourquoi bon nombre de personnes sont réticentes à

l’utilisation de ces outils, et quelles en sont les causes, réelles ou

imaginaires. Or, c’est précisément sur la capacité à saisir ces facteurs

– ce qu’on appelle en marketing le comportement du consommateur

– que repose le succès des industries éducatives.

47Reste une autre piste, radicalement différente. Dans la plupart de ces

études, l’industrialisation a été dépeinte comme une sorte de mal

nécessaire, afin de rendre l’enseignement à distance accessible au plus

grand nombre, ou comme une tentative de réduire l’éducation aux

finalités du monde capitaliste. Se pourrait-il pourtant qu’il en soit

autrement ? Dans ses commentaires sur ses romans consacrés aux

robots, Asimov indique qu’il commença à écrire cette série

précisément parce que jusqu’alors les robots, à l’instar de

Frankenstein, étaient toujours décrits comme des créatures

menaçantes : il imagina donc des garde-fous – les trois Lois de la

robotique – et le premier robot fut Robbie, un garde d’enfant si

attentionné que la mère de la petite fille dont il avait la charge en

devint vite jalouse. Mais cette vision heureuse des relations de

l’homme avec la machine n’a guère été suivie, alors que le cinéma

nous propose les clones meurtriers de Star Wars ou les androïdes

mutants des univers torturés de Philip K. Dick, et que les seuls robots

amis, anodins et un peu ridicules, sont R2D2 et C3PO. Dans sa

représentation des machines à enseigner, l’industrialisation de la

formation semble parfois céder elle aussi à la crainte de la machine à

enseigner, oubliant que les technologies peuvent aussi être

d’excellents compléments au professeur et qu’entre les deux peut

s’établir une relation de complicité.

48Ce rapide tour d’horizon aura permis de mesurer l’attrait de la

référence industrielle pour caractériser les changements du système

éducatif associés à l’utilisation des nouvelles technologies,

particulièrement dans le domaine de la formation à distance, mais

aussi d’en saisir les paradoxes. Modèle industriel omniprésent, qui

s’avère cependant bien difficile à cerner. Industrialisation des grands

projets, menaçante mais battue en brèche, nouvelles pratiques de

formation aux connotations industrielles, mais encore peu visibles :

l’industrialisation de la formation est un concept encore riche, autant

pour mesurer les dangers des transformations éducatives que pour

cerner les occasions de développement qu’elles offrent. Encore faut-il

en mesurer avec patience les avancées réelles et les conditions d’usage

dans les différents secteurs éducatifs, plutôt que de céder aux chants

des sirènes et de prendre les oracles pour monnaie sonnante.

L’annonce de la fin du paradigme nous semble donc un peu

prématurée, à condition de l’apprivoiser quelque peu. Puisse-t-il

permettre aux éducateurs de tirer le meilleur des technologies qui leur

sont offertes.

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[1] La notion de « bien éducatif » fait à la fois référence aux produits

éducatifs et aux finalités fondamentales de l’éducation. Elle s’appuie

sur les services de formation – immatériels et appuyés par des

produits matériels – ainsi que sur les industries culturelles.

[2] L’explication que propose Noble est bien sûr un peu manichéiste :

l’abandon en formation à distance est en effet imputable non

seulement à des facteurs institutionnels (notamment la qualité des

cours, de l’encadrement et des services aux étudiants), mais aussi à

des facteurs propres aux étudiants (compétences préalables,

disponibilité pour les études, intensité du travail personnel, etc.).

[3] Bernard Miège analyse ainsi le champ de l’éducation à l’aide des

concepts issus de la théorie des industries culturelles et souligne le

caractère limité de l’industrialisation de l’éducation, marquée

seulement par un élargissement de l’équipement, la mise en réseau et

la préparation de programmes expérimentaux.

Cet article présente les principales contributions qui ont marqué

l’étude de l’industrialisation de la formation, tant dans le domaine de

la formation à distance que de la formation en présence. Il met

également en lumière les principales problématiques qui ont été

abordées, ainsi que les caractérisations théoriques qui ont été

proposées. Il soutient enfin que malgré les imprécisions et les

insuffisances de ces travaux, l’industrialisation de la formation

demeure une heuristique féconde pour analyser les transformations

des pratiques éducatives liées au développement des technologies

d’apprentissage virtuel.

This paper describes the major pieces of scientific literature which

marked the study of the industrialisation of teaching, as well in

distance teaching as in presential learning. It also stresses the major

problems which have been studied and the theoretical explanations

proposed by the scholars in order to explain them. It finally asserts

that notwithstanding the vagueness of some of its statements and its

inadequacies, the concept of industrialisation of teaching remains a

meaningful way to analyse the transformation of pedagogical

practices induced by the technologies of virtual learning.

1. L’émergence du paradigme

2. La recherche d’un modèle

3. Un cadre sociologique

4. Hallali ou chant du cygne ?

5. De nouveaux territoires industriels ?

6. Conclusion

industrialisation industrie formation apprentissage distance université technologie modèle

paradigme usager médias sociologique

industrialisation industry teaching learning distance university technology model

paradigm user media

[4] Une illustration éclatante en est fournie par la critique que fait

Norm Friesen du courant des objets d’apprentissage, qui fait

actuellement l’objet d’importants investissements publics et privés, et

auquel Fries en reproche notamment une philosophie de formation

inspirée par les intérêts militaires. De façon plus discrète, mais tout

aussi efficace, John Daniel pose la question essentielle : « Technology

is the answer. What was the question ? », et insiste sur l’importance

de définir des stratégies technologiques permettant de conjuguer

l’augmentation de l’accessibilité et de la qualité des enseignements à

distance avec la réduction des coûts unitaires.