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L’IMPORTANCE DE LA POLITIQUE ENERGETIQUE & CLIMATIQUE DE L’UE POUR LE PARLEMENT EUROPEEN DE 2014 A 2019

2 avril 2014

       

             

Elle est importante car :    

ì Les citoyens veulent une action européenne sur le changement climatique ;  

ì Une économie européenne vigoureuse et sobre en carbone peut être bénéfique pour la croissance et l'emploi ;  

ì Si l'Europe n'agit pas, le reste du monde est peu susceptible de le faire.

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Cette note est diffusée par le Réseau Action Climat-France, association spécialisée sur le thème des changements climatiques. Il est le représentant français du Climate Action Network et fédère 18 associations nationales de protection de l’environnement, d’usagers des transports, de promotion d’alternatives énergétiques et de solidarité internationale. Le RAC-F rassemble également des associations locales et des adhérents individuels. Sa mission est d’informer les citoyens sur les mécanismes, les causes et les impacts des changements climatiques et d’influer pour des politiques plus ambitieuses afin de limiter ces perturbations. Contact au Réseau Action Climat Célia Gautier, chargée des politiques européennes [email protected] I @CeliaGautier I +33 6 72 34 00 27

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Les changements climatiques ont frappé à la porte de l'Europe et les Européens réalisent leurs impacts sur leur vie quotidienne. Ils réalisent que les récents phénomènes météorologiques extrêmes ont infligé des dommages très coûteux aux infrastructures, aux récoltes et à la qualité de vie. Neuf Français sur dix considèrent que le dérèglement climatique est un problème grave. Ce chiffre est le même dans toute l'Union européenne. 83% des Français reconnaissent que lutter contre ce dérèglement et renforcer l'efficacité énergétique peut stimuler l'économie et l'emploi dans l'UE.i La législation pionnière adoptée par l'Europe en 2009 pour lutter contre les changements climatiques a facilité l’apparition de politiques climatiques dans plus de 100 autres pays, notamment les États-Unis, la Chine, l'Inde et le Brésil. L’Europe doit se saisir dès aujourd’hui des opportunités offertes par la transition vers un modèle énergétique, des modes de production et de consommation plus efficaces et sobres en émissions de gaz à effet de serre.

Le nouveau Parlement européen sera codécideur sur la législation européenne visant à mettre à jour les politiques énergétiques et climatiques actuelles de l'UE et à définir de nouveaux objectifs européens pour 2030. Quel que soit le résultat de ce débat, les politiques énergétiques et climatiques européennes demeureront une compétence fondamentale de l'Union européenne. Elles seront aussi un exemple positif du processus décisionnel européen.

« Lorsque le président de la Banque mondiale, M. Jim Yong Kim, qualifie le changement climatique de menace fondamentale pour le développement économique, que Mme Christine Lagarde, directrice générale du FMI, déclare qu’il s'agit de loin du plus grand défi économique du siècle et que M. Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, affirme que nous avons le choix « entre des actifs-épaves et une planète-épave », il apparaît clairement que le changement climatique est de plus en plus au cœur du débat sur la politique économique. »

Commissaire européenne chargée de l’action pour le climat Connie Hedegaard1  

3 raisons pour lesquelles la politique énergétique et climatique est importante pour les élections européennes et le futur Parlement européen :

ì Les politiques énergétiques et climatiques de l'UE jouent un rôle essentiel pour l'emploi, l'innovation et la compétitivité ;    

ì Les citoyens demandent une meilleure protection de la santé, des futures générations, et de leurs biens ;  

 ì Menées correctement, ces politiques offrent la possibilité de réduire les coûts de

l’énergie pour les contribuables européens.  

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1. DES POLITIQUES ÉNERGETIQUES ET CLIMATIQUES POUR L'EMPLOI, L'INNOVATION ET LA COMPÉTITIVITÉ EN EUROPE  

Le « Paquet » de politiques énergétiques et climatiques de l’UE, adoptées en 2009 pour l’horizon 2020, ont encouragé les investissements dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Cela a contribué, en retour, à créer une nouvelle industrie européenne des technologies propres et a renforcé l'emploi et la croissance, même pendant la crise économique.  

a. Création  d'emplois    

Les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique peuvent être des sources d'emploi de qualité, parfois plus que dans les secteurs énergétiques traditionnels.  ì Un investissement d'un million d'euros permet de créer 19 emplois dans l'efficacité

énergétique ou 14 emplois dans les renouvelables, contre seulement 5 dans le charbon ou le nucléaireii.    

ì Entre 300 000 et 400 000 nouveaux emplois seront créés par la politique de l'UE relative aux énergies renouvelables d'ici à 2020, qui viendront s'ajouter au 1,2 million de personnes travaillant déjà dans le secteur des renouvelables.iii  

 ì Les mesures relatives à l'efficacité énergétique pourraient permettre de créer 2

millions de nouveaux emplois d'ici à 2020iv et d'économiser entre 2 et 5 euros pour chaque euro investi, essentiellement grâce à la création d'emploisv.  

 ì La rénovation des bâtiments et la mise en place de mesures d'efficacité énergétique

sont des activités à forte intensité de main-d'œuvre, qui ne peuvent être délocalisées et peuvent permettre de réduire le chômage en Europe (27 millions de chômeurs)vi.  

La science du changement climatique Le changement climatique est le résultat du réchauffement progressif de la planète dans le cadre de la hausse des émissions de gaz à effet de serre, telles que le dioxyde de carbone, produites par les activités humaines. Ces gaz retiennent la chaleur du soleil, transformant la Terre en une immense serre. La plupart de l'économie et de la société est concernée : de la combustion du gaz ou du charbon dans une centrale à l'épandage d'engrais sur un champ, de la décomposition des déchets dans une décharge à l'utilisation d'une voiture - toutes ces activités émettent des gaz à effet de serre. Le changement climatique affecte le cycle de carbone de telle manière qu'il intensifiera l'accumulation de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publié en décembre 20131 par les plus grands experts en sciences atmosphériques au monde indique : "Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, l'influence de l’homme sur le système climatique est claire et pour limiter le changement climatique, il faudra réduire notablement et durablement les émissions de gaz à effet de serre".1

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b. L'avantage  compétitif  de  l'Europe  menacé  ?    

ì L’UE a été pionnière dans le développement des solutions au dérèglement climatique. À la fin de l'année 2012, elle comportait 44% de la production mondiale d'électricité d’origine renouvelable (à l’exclusion de l’hydroélectricité)vii.    

ì Au cours de la dernière décennie, la part de brevets déposés dans l'UE dans le domaine des énergies renouvelables s'est élevée à 40% - soit une part supérieure à celle des États-Unisviii. 35% du budget de 70 milliards d'euros de l'Union européenne consacré à la Recherche et développement pour la période 2014-2020 servira à soutenir les objectifs climatiques et énergétiquesix.  

Installations de production nette d’électricité dans l’Union européenne en 2000-2013 (Gigawatts)

ì Pourtant, malgré ce début impressionnant, l'Europe risque de perdre son avantage.

D'autres régions investissent massivement dans les technologies propres. C’est pourquoi l’EU doit poursuivre ses politiques ambitieuses et stimuler l'innovation.

 

La transition énergétique est en marche : depuis 2000, la hausse des énergies renouvelables a été assortie de la fermeture définitive de 19GW de centrales au charbon.

Efficacité énergétique : « Pour dire les choses simplement, le mégawatheure le plus propre sera celui dont nous n'aurons jamais besoin et le baril de pétrole le plus sûr celui que nous n'utiliserons jamais. En outre, [l'efficacité énergétique] correspond souvent à l'objectif le plus économique et le plus simple à atteindre dans des circonstances difficiles. »

Maria van der Hoeven, Directrice exécutive de l'Agence Internationale de l’Energie1  

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ì 138 pays ont désormais des objectifs en matière d'énergies renouvelables. En 2012, 70% des nouvelles installations de production d'électricité éolienne et 40% des nouveaux panneaux photovoltaïques ont été installés à l'extérieur de l'Europex.    

ì La Chine a plus que doublé son approvisionnement en électricité à partir de sources d'énergie renouvelables au cours de la dernière décennie. En Chine, le développement d’ici à 2035 des capacités de production d’électricité renouvelable devrait dépasser le déploiement de ces sources d’énergie pour les États-Unis, l’Europe et le Japon réunisxi.  

Les industries à forte intensité énergétique prétendent que la politique climatique de l'UE - et notamment le système d'échange de quotas d'émissions de gaz carbonique - a entraîné une hausse des prix de l'énergie susceptible de menacer la compétitivité. Ces affirmations ne sont absolument pas fondées :  ì Les prix de l'énergie sont déterminés avant tout par les prix des matières premières, les

questions géopolitiques et les différents régimes fiscaux nationaux, puis par des spécificités telles que les contrats à long terme pour l'électricité.    

ì Pour 92% de l'industrie allemande, les coûts de l'énergie ne représentent, en moyenne, que 1,6% de leur revenuxii.    

ì De nombreuses études ont démontré que les entreprises européennes délocalisent avant tout pour investir les marchés émergents, où la demande de leurs produits est plus forte, le travail moins coûteux et moins réglementé, et les matières premières moins chères. Et non pas car les politiques climatiques y sont plus faiblesxiii.  

2. LES CITOYENS DEMANDENT UNE MEILLEURE PROTECTION DE LEUR SANTÉ, DE LEURS BIENS, ET DES GÉNÉRATIONS FUTURES

Le changement climatique est important parce que les citoyens en ont décidé ainsi. Ces derniers le considèrent de plus en plus comme responsable des conditions météorologiques capricieuses et des répercussions concrètes que celles-ci ont sur leur quotidien : des hivers généralement doux aux vagues de chaleur l'été, des inondations aux tempêtes et autres catastrophes naturellesxiv.

ì 100 000 personnes ont été victimes de catastrophes naturelles en Europe au cours de

la dernière décenniexv. Les vagues de chaleur sont les catastrophes les plus meurtrières (75% des victimes), tandis que les inondations sont les plus coûteuses (50%-60%).

ì La facture annuelle des coûts de santé engendrés par la pollution atmosphérique causée par les centrales à charbon en Europe s'élève à 43 milliards d'eurosxvi.

Les autorités locales et régionales sont responsables de 70% des mesures concrètes visant à réduire les émissions et de 90% des mesures d'adaptation au changement climatiquexvii. Ces dernières vont de l'identification de l'infrastructure nécessaire, telle que les plaines inondables naturelles, à l'expérimentation d'arbres résistants à la chaleur, en passant par la promotion des voitures électriques. Toutes ces mesures locales reposent sur l'ambition et le soutien des politiques de l'UE.

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3. RÉDUIRE LA FACTURE ÉNERGÉTIQUE DES CONTRIBUABLES EUROPÉENS, RENFORCER LA SÉCURITÉ ÉNERGÉTIQUE DE L’EUROPE

Des politiques énergétiques et climatiques efficaces au sein de l'UE peuvent réduire les importations d'énergie de l’UE, qui pèsent lourd dans la facture énergétique et les déficits commerciaux des pays. Elles peuvent permettre de promouvoir l’indépendance et la sécurité énergétiques de l’Europe, tout en évitant de futurs coûts liés à la réparation des dommages. ì En 2012, la facture des importations d'énergie de l'Europe s'est élevée à 412 milliards

d'eurosxviii - soit plus que le PIB de la Polognexix. Cela représente environ 1 000 euros par an par foyer européen. La plupart proviennent de Russie, qui est le principal fournisseur de l'Europe en pétrole, gaz et charbonxx.

Les économies réalisées par l'Europe sur ses importations d’énergies fossiles peuvent lui permettre d'investir dans le développement de ses propres industries, notamment dans les filières d’avenir que sont les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. ì En 2010, les économies de 30 milliards d'euros réalisées grâce à la baisse des

importations de carburants fossiles ont été à peu près équivalentes au montant consacré aux subventions pour les renouvelablesxxi.

Les mesures d'aujourd'hui seront bien moins coûteuses que celles de demain, aussi bien pour s'adapter aux impacts des changements climatiques que pour les atténuer, ainsi que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

ì Pour l’année 2013, c’est en Europe qu’ont eu lieu les catastrophes naturelles les plus

coûteuses au niveau mondial. Il s’agit des inondations et tempêtes de grêle en Allemagne. Pour la première fois depuis deux décennies, elles se sont produites en Europe, et non aux États-Unisxxii.

ì Chaque euro dépensé pour la protection contre les inondations permettrait d'éviter d'en dépenser 6 pour la réparation des dommagesxxiii. Les investissements dans la protection du climat empêcheront une flambée des coûts liés au dérèglement climatique.

ì D'après les estimations, le coût annuel de l'adaptation au changement climatique

s'élèvera à 100 milliards d'euros par an à partir de 2020xxiv, soit l'équivalent d'un nouveau renflouement des banques espagnoles tous les ans.

Les mesures de lutte contre le changement climatique de l'UE permettent également aux citoyens de faire des économies directes, notamment : ì Des économies de carburant : Les normes européennes d'efficacité des voitures

adoptées en 2008 ont réduit les émissions de CO2 des voitures de 15% entre 2008 et 2012xxv, soit l'équivalent d'une économie de carburant annuelle de 335 euros pour un conducteur classiquexxvi.

ì Des factures d'énergie des ménages moins élevées : Les mesures d'économie

d'énergie peuvent contribuer à compenser la hausse des factures d'énergie observée malgré la baisse de 35% à 45% des prix de gros entre 2008 et 2012. L'augmentation des factures des consommateurs au cours de cette période a été essentiellement due aux taxes et impôts prélevés par les gouvernements nationauxxxvii.

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POLITIQUE ENERGETIQUE ET CLIMATIQUE DE L'UNION EUROPEENNE AUJOURD’HUI La législation pionnière relative au climat et à l'énergie adoptée par l'UE en 2009 a été une première mondiale, qui a repoussé les limites de l'industrie européenne, engendré de l’innovation et de la création d’emplois malgré la crise. Elle a aussi provoqué l’émergence d’initiatives semblables dans le monde entier, de la Chine aux États-Unis. La politique de l'UE actuellement repose sur le trio d'objectifs "20-20-20" (ou « 3 x 20 ») à l’horizon 2020 fixé, par les dirigeants européens en 2007 :

ì Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport aux niveaux de 1990;

ì Faire passer la part des énergies renouvelables à 20% dans la consommation finale d'énergie; et

ì Réduire la consommation d’énergie via des gains d'efficacité énergétique de 20% par rapport au statu quo (objectif non contraignant).

L'UE devrait dépasser ses objectifs relatifs aux émissions de gaz à effet de serre et aux renouvelables. En 2012, elle avait déjà réduit ses émissions de18% par rapport aux niveaux de 1990 et fait passer la part des renouvelables à 13% dans la consommation finale d'énergie1. Les pays européens ne parviendront néanmoins qu’à s’approcher de l'objectif non-contraignant concernant l'efficacité énergétique. L’absence de contrainte pour ce dernier objectif est la principale raison pour laquelle il ne sera probablement pas respecté, le signal envoyé aux pays membres et aux acteurs économiques ayant été quasi inexistant. L'UE a également mis en place le premier système d'échange de quotas d'émissions de CO2 (EU ETS) au monde. Il oblige les industries européennes à prendre leurs responsabilités quant à la réduction de leurs rejets de dioxyde de carbone, et pour la majorité d’entre elles, à payer pour chaque tonne de CO2 qu'elles émettent. Pendant la crise, le prix du carbone a dégringolé en raison de la baisse de la production et donc de la faible demande pour les permis carbone, mais aussi et surtout de l’introduction massive sur le marché de crédits internationaux de compensation carbone à bas prix. Il est donc prévu une réforme structurelle du système de quotas de l'UE, notamment pour qu’il puisse mieux s'adapter aux cycles économiques. In fine, le marché de quotas carbone devrait permettre de faire émerger un véritable prix du carbone, qui envoie un signal clair aux industriels afin qu’ils décident d’investissements dans la transition énergétique. Le transport est la deuxième plus grande source d'émissions en Europe après l'énergie et ses émissions ont augmenté, tandis que celles d'autres secteurs diminuent1. L'UE s’est fixée un objectif de réduction des émissions pour le transport : une baisse de 60% par rapport aux niveaux de 1990 d'ici à 2050. C’est la seule région au monde à l’avoir fait. Au niveau international, la question des émissions de l’aviation et du transport maritime, qui augmentent fortement, est également une question clé. L’Union européenne a commencé à s’attaquer à la réduction des émissions de ces secteurs. Mais à ce jour, elle n’est pas parvenue à convaincre ses partenaires internationaux à adopter un mécanisme mondial de réduction des émissions maritimes et aériennes.

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NOUVELLES POLITIQUES ENERGETIQUES ET CLIMATIQUES DE L'UE POUR LE PARLEMENT EUROPEEN DE 2014 Le Parlement européen de 2014-2019 sera un décideur influent sur plusieurs nouvelles propositions de loi visant à réviser les politiques énergétiques et climatiques de l'UE à l'horizon des objectifs de 2030. Le débat a déjà été lancé dans le cadre de la communication, publiée le 22 janvier dernier par la Commission européenne, sur un « Paquet énergie-climat pour 2030 ». Les éléments du débat sont les suivants : Objectif de réduction des émissions de l'UE pour 2030 L’UE doit se doter d’un nouvel objectif de baisse de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, pour donner une visibilité aux acteurs économiques et tracer une trajectoire jusqu’en 2050. Elle doit aussi le faire rapidement afin d’être en mesure d’annoncer au niveau international sa contribution à l’effort mondial de lutte contre les changements climatiques après 2020. Cela se fera dans le cadre des négociations de l’Onu sur le climat. Fin 2015, la France accueillera à Paris la 21e conférence des Parties à la Convention des Nations unies sur le climat, qui doit voir l’adoption d’un accord mondial, efficace et équitable, visant à éviter un réchauffement de plus de 2°C. Les Etats membres examinent actuellement l'objectif proposé de la Commission européenne de réduire les émissions à l’intérieur de l’Europe de 40% d'ici à 2030 (par rapport à 1990). En mars dernier, le Conseil européen a fixé l’échéance pour prendre une décision à octobre 2014. Le parlement européen de 2009-2014 a voté en février 2014 en faveur d’un objectif contraignant de 40%. Pour rester sous la barre des 2°C, le Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) nous indique que les émissions mondiales devraient baisser de 40 à 70% par rapport à 2010. Cela signifie que l’Europe devrait se doter d’un objectif d’au moins 55% d’ici 2030 pour remplir sa part de l’effort, et que les autres émetteurs prennent des engagements tout aussi ambitieux. C’est pourquoi l’objectif proposé par la Commission européenne est jugé profondément insuffisant par la société civile mondiale.

ì La prochaine Commission européenne présentera une proposition de loi concernant ce nouvel objectif pour 2030.

Objectif d'utilisation des énergies renouvelables à l’horizon 2030 La Commission a proposé un objectif européen "d'au moins 27%" d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergie de l’UE en 2030. Face aux antagonismes des Etats membres, elle a proposé que cet objectif ne soit valable qu’au niveau européen et donc pas décliné en obligations nationales, contrairement à l’objectif 2020. Ce devrait être un point controversé de la législation finale. Une part de 27% de renouvelables en 2030 est très proche du statu quo. Avec cet objectif, l’UE n’accélèrerait pas le déploiement des énergies renouvelables. Ce serait une opportunité manquée. En allant plus vite dès aujourd’hui, l’Europe baisse le coût de l’action future contre le dérèglement climatique, accélère la baisse du coût des renouvelables et maintient son avantage sur ce type de technologie.

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Les acteurs des différentes filières renouvelables et la société civile demandent à l’Union européenne de se doter d’un objectif contraignant plus ambitieux, de 45% d’ici à 2030. C’est non seulement clé pour aller plus loin dans la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour envoyer un véritable à ce secteur. Aide d'État pour les énergies renouvelables Les nouvelles directives européennes relatives aux aides d'État dans les domaines de l'environnement et de l'énergie définiront les conditions des futurs mécanismes nationaux de soutien aux sources d'énergie renouvelables. Ils devraient encourager des systèmes plus compétitifs et axés sur le marché. Révision de la directive relative à l'efficacité énergétique La révision de la directive de 2012 relative à l'efficacité énergétique, qui commence cet été, devrait donner lieu à de nouvelles propositions de loi sur l'efficacité énergétique. Le principal débat aura pour objectif de déterminer s'il faut ou non définir un objectif européen contraignant d'efficacité énergétique pour 2030, étant donné que l'actuel objectif non contraignant de 20% pour 2020 ne sera probablement pas atteint. Système d'échange de quotas d'émissions de l'UE (ETS) Le nouveau Parlement européen examinera immédiatement de nouvelles propositions de loi visant à réformer le système ETS de l'UE pour lui permettre de s'adapter à l'évolution de la conjoncture économique, et votera à ce sujet. Le prix actuel du carbone dans le cadre de l'ETS demeure à un niveau très bas, à cause d’un important excédent de permis carbone sur le marché. Un accord mondial sur le climat à Paris en décembre 2015, qui permette de rester sous la barre des 2°C de réchauffement L'UE soutiendra un nouvel accord mondial sur le climat lors de la prochaine grande conférence des Nations unies sur le climat, qui se tiendra à Paris en décembre 2015. Le Parlement européen sera officiellement consulté sur la position de l'UE et la proposition d'accord international.

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Notes                                                                                                                i http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/ebs/ebs_409_en.pdf

ii Political Economy Research Institute, université du Massachusetts

iii http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/european_economy/2014/pdf/ee1_en.pdf et

http://www.sustainlabour.org/documentos/Green%20and%20decent%20jobs-

%20An%20Overview%20from%20Europe%20FINAL.pdf

iv Discours vidéo lors de la conférence « Rénover l'Europe » de 2013 ; le parc immobilier européen représente environ

40% de la consommation d'énergie primaire et des rénovations "profondes" permettraient de réduire la

consommation énergétique - et les factures - de 75%, selon "Rénover l'Europe", une initiative de l'Alliance

européenne d'entreprises pour l'efficacité énergétique des bâtiments. Elle estime que l'Europe doit rénover

profondément au moins 3% de ses bâtiments tous les ans pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au

moins 80% d'ici à 2050. Les taux de rénovation actuels se situent autour de 1% et sont souvent standard (peu

profonds), ce qui signifie qu'ils ne permettent de réduire la consommation énergétique que de 20% à 30%.

v Banque allemande KfW

vi Lettre du 09/01/2014 de Tony Robson, PDG de Knauf Insulation, fournisseur mondial d'isolation au chiffre d'affaires

annuel de 1,2 milliards d'euros, au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso,.

vii http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2014:0015:FIN:FR:PDF

viii http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/european_economy/2014/pdf/ee1_en.pdf

ix http://www.vieuws.eu/environment/2030-climate-and-energy-framework-will-foster-innovation-claims-climate-

commissioner-hedegaard/

x http://climatestrategies.org/research/our-reports/category/73/382.html

xi Agence internationale de l'énergie ; http://www.renewableenergyworld.com/rea/news/article/2013/12/china-

doubles-renewable-energy-capacity-amid-push-to-cut-pollution

xii http://climatestrategies.org/research/our-reports/category/73/382.html

xiii Rapport ECORYS pour la Commission européenne ;

http://ec.europa.eu/clima/policies/ets/cap/leakage/docs/cl_evidence_factsheets_en.pdf

xiv http://www.nytimes.com/2012/04/18/science/earth/americans-link-global-warming-to-extreme-weather-poll-

says.html?_r=0

xv http://blogs.ec.europa.eu/georgieva/ (entrée du 10 déc. 2013)

xvi http://www.env-health.org/resources/press-releases/article/coal-s-health-bill-reaches-eur43

xvii PNUD

xviii http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/european_economy/2014/pdf/ee1_en.pdf

xix

http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/refreshTableAction.do?tab=table&plugin=1&pcode=tec00001&language=en

xx http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/Energy_production_and_imports

xxi http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2014:0015:FIN:FR:PDF

xxii http://www.munichre.com/en/media_relations/press_releases/2014/2014_01_07_press_release.aspx

xxiii Stratégie de l'UE relative à l'adaptation au changement climatique ; http://eur-

lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2013:0216:FIN:FR:PDF

xxiv Stratégie de l'UE relative à l'adaptation au changement climatique ; http://eur-

lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2013:0216:FIN:FR:PDF

xxv http://www.eea.europa.eu//publications/co2-emissions-performance-of-car-1

xxvi Transport & Environment

xxvii http://ec.europa.eu/energy/doc/2030/20140122_communication_energy_prices.pdf