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L’image de la femme dans les médias en RDC Rapport de monitorage 2013

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L’IMAGE DE LA FEMME DANS LES MEDIAS EN RDC | Rapport de monitorage – UCOFEM | 2013

OdP est un institut italien spécialisé dans la recherche théorique et empirique sur les médias. Il s’agit d’une organisation indépendante ; sa mission principale est la protection du pluralisme politique, social et culturel dans les médias par l’élaboration des méthodologies d’analyse appliquées à l’étude de la communication et à travers la réalisation de recherches visant à sensibiliser sur ces thèmes. Depuis 2002, l'OdP a développé un secteur d'études sur le genre, en participant à de nombreux projets de recherche et d'assistance au niveau national et international.

Osservatorio di Pavia

Via Roma, 10 - 27100 Pavia – Italie Adresse email : [email protected] Site web : www.osservatorio.it

UCOFEM est engagée dans la promotion du genre dans et par les médias. Au-delà de cet engagement, elle voudrait voir les femmes et les hommes participer de façon équitable à la gestion de la vie publique et privée, selon les instruments juridiques nationaux et internationaux sur les droits humains et particulièrement les droits de la femme.

Union Congolaise des Femmes des Médias,

3, avenue Bas Congo Gombe Kinshasa RDC, Adresse mail : [email protected] Site: www.ucofem.org

Rédactrices du rapport :

Manuela Malchiodi Pour OdP

Anna Mayimona Ngemba Y ont également contribué: Dorothée Swedi Mubake et Clarisse Museme Bukozi Pour UCOFEM

Formatage: Alca Kuvituanga Mvuala Crédit photos : Photos UCOFEM

Cette étude a été financée par

Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de l’Union Congolaise des Femmes dans les Médias et de l’Osservatorio di Pavia et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de FEI et des bailleurs du

Programme interbailleurs Médias pour la Démocratie et la Transparence en RDC

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TABLE DE MATIERES

TABLE DE MATIERES .....................................................................................3

Remerciements ........................................................................................4

Liste des acronymes ..................................................................................5

I. Synthèse des résultats ................................................................................6

Sommaire de l'étude ..................................................................................7

II. Introduction générale .............................................................................. 11

2.1 Contexte du pays ............................................................................... 11

2.2 Paysage médiatique ............................................................................ 12

2.3 Genre et médias en RDC ...................................................................... 13

2.4 Historique de l'étude ........................................................................... 14

2.5 Echantillon ...................................................................................... 16

2.6 Méthodologie .................................................................................... 16

2.7 Calendrier ....................................................................................... 18

III. Résultats de l’analyse quantitative ............................................................. 20

3.1 Représentation du genre dans l’audiovisuel ............................................ 21

3.2 Représentation du genre dans la presse écrite ......................................... 34

3.3 La visibilité féminine et masculine dans les medias congolais : une vue d’ensemble 45

IV. Résultats de l’analyse qualitative ............................................................... 47

V. Hommes et femmes dans les entreprise de presse en RDC .................................. 53

5.1 Hommes et femmes engagés dans les entreprises médiatiques ......................... 54

5.2 Composition de l’équipe dirigeante ......................................................... 55

Conclusion et recommandations ..................................................................... 56

Conclusion ............................................................................................ 57

Recommandations générales ...................................................................... 58


Remerciements

Le présent monitorage des médias congolais est le suivi de plusieurs études menées par l’UCOFEM et ses partenaires notamment Institut Panos Paris (IPP) en 2006 et Gender Links entre 2008 et 2010. En 2011, l’UCOFEM a mené une initiative propre pendant la période électorale. Elles ont pour finalité de faire l’état des lieux du genre dans les médias et évaluer les progrès réalisés dans l’application des instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux pour la promotion des droits humains, particulièrement ceux de la femme dans les médias suivant l’esprit de la plate forme de Beijing.

L’UCOFEM a collaboré avec l’Observatoire de Pavie pour la réalisation de cette édition de monitorage. Cette collaboration a porté sur un appui technique assurée par l’équipe de l’OdP. Giovanna Maiola a remis a niveau les connaissances des membres de l’UCOFEM. Manuela Malchiodi a pris le relais, grâce à une assistance à distance tout au long de la période de l’analyse, du traitement des données et la rédaction du rapport. Monia Azzalini a coordonné tout cet appui.

A Kinshasa, l’UCOFEM a travaillé avec une vingtaine de personnes: moniteurs, monitrices, un encodeur et une encodeuse, un assistant à la technique, une enquêteuse et une experte en pour réaliser ce monitoring. La grande partie des monitrices est venue de ses membres. Quatre associations partenaires y ont pris part. L’équipe de moniteurs et monitrices était composée d’Aurélie Mupepe Kwanza, Blandine Lusimana, Blandine Nzovo, Lili Mbala Dive, Geneviève Kumba, Evelyne Hagu, Doris Mozo Akiab Onya, Gisèle Bangolu, Eurudyce Kitutu, Nadine Mulembusa et Elsa Indombe de l’UCOFEM. Christine Nyembo Feza et Daddy Bisibu de l’Association des Journalistes de la Presse Féminine (AJPF), Rodin Muzolo de l’Association des Jeunes pour la Promotion de la Santé (AJPS), Désiré Kazadi de Journalistes pour la Promotion et la Défense des droits de l’Homme (JPDH) ; Anselme Mampuya Ngemba, Didier Lubenga et Carine Lomba Mbongo, indépendants. Bruno Uba Koli est venu du Centre de Monitoring des Médias Congolais du CSAC (CMMC)

Clarisse Ekoko a collecté les données statistiques dans les entreprises de presse, Lino Muziri et Lili Mbala ont saisi les données dans les bases des données presse écrite, radio et télévision.

Les moniteurs et monitrices étaient formés par l’équipe de l’UCOFEM ayant suivi la formation donnée par Giovanna Maiola de l’Observatoire de Pavie à Kinshasa du 24 au 26 juin 2013. Il s’agit Francine Umbalo wa Kabuya, Lilie Mbala, Nadine Mulembusa et Evelyne Hagu. Clarisse Museme Bukozi, Dorothée Swedi Mubake et Natacha Mozo Adjack ont apporté leur expertise. Anna Mayimona Ngemba a coordonné la recherche avec l’assistance de l’équipe de l’Observatoire de Pavie. Sylvestre Saidi Nyota a assuré la gestion administrative de la recherche, tandis que Didier Mbala a assisté l’équipe de coordination sur les aspects informatiques. Alca Kuvituanga Mvuala a fait le formatage.

Nous sommes profondément reconnaissants envers France Expertise Internationale (FEI), à travers le Programme multi bailleurs Médias pour la Démocratie et la Transparence (PMDT), financé par la coopération britannique (Ukaid), de l’Agence Suédoise de Développement International (SIDA) et la Coopération française pour le financement de ce projet.


Liste des acronymes

AA Antenne A ACP Agence Congolaise de Presse AFDL Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération AJPF Association des Journalistes de la Presse Féminine AJPS Association des Jeunes pour la Promotion de la Santé CAFCO Cadre de Concertation de la Femme Congolaise CCTV Canal Congo Télévision CNTV Canal Numérique Télévision CSAC Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication FEI France Expertise Internationale FPFE Fédération pour la Promotion des Femmes et des Enfants GEMSA Gender and Media in Southern Africa GL Gender Links GMMP Projet Mondial de monitoring des Médias GMPS Etude des progrès sur le genre et les médias HAM Haute Autorité des Médias IFASIC Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication IPP Institut Panos Paris JPDH Journalistes pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme MONUC Mission d’Observation des Nations Unions au Congo MONUSCO Mission d’Observation des Nations Unies pour la Sécurisation du Congo OMEC Observatoire des Médias Congolais OSC Organisation de la Société Civile RDC République Démocratique du Congo RTGA Radio Télévision du Groupe l’Avenir RTNC Radio Télévision Nationale Congolaise TIC Technologie de l’Information et de la Communication VBG Violence basée sur le Genre UCOFEM Union Congolaise des Femmes des Médias WACC World Association of Christian Communicators


I. Synthèse des résultats

Quelques membres de l’équipe de monitorage 2013 Photo UCOFEM


Sommaire de l'étude

Le monitorage réalisé a trouvé, en ce qui concerne l’image de la femme dans les médias de la RDC, les conclusions suivantes :

1.1. Un problème général de faible visibilité féminine

Dans les médias congolais on constate tout d’abord un problème de sous-représentation féminine :

• À la télévision, le pourcentage de femmes est 27%, et se situe entre 32% et 21% selon les chaînes ;

• À la radio, le taux est 22%, en passant d’un maximum de 27% à un minimum de 17% selon les stations ;

• Dans la presse écrite, il est encore plus bas : seulement 16% de femmes, entre 21% et 13% selon les titres.

• Pour l’ensemble des médias (télévision, radio et presse écrite), le pourcentage est 22%, et se situe entre 32% et 13% selon les organes de presse.

Ces pourcentages sont calculés sur l’ensemble des personnes, incluant le personnel « interne » aux médias (les professionnels : présentateurs, journalistes auteurs des reportages, envoyés, commentateurs, etc.) et les personnes « externes » (les sujets de l’information : protagonistes des nouvelles, sources, etc.). Si on sépare les deux composantes, on constate un décalage entre l’affirmation des femmes dans la profession et leur marginalité comme objet d’intérêt.

1.2. Une condition assez favorable pour les femmes à l’intérieur des rédactions, malgré quelque désavantage

La participation des femmes à la production des informations diffusées à la télévision rejoint un taux moyen de 43%, et pour certaines chaînes (CCTV, RTNC-TV et CNTV) elle atteint ou s’approche de la parité.

Il en est de même pour la radio, où le taux moyen est 40%, avec deux pics dépassant 50% (Radio Télé la Louange et Radio Elikya).

Dans la presse écrite, la situation est moins favorable : seulement 19% des journalistes qui signent les articles sont des femmes et seulement dans deux quotidiens elles dépassent 25% (La Prospérité et La Référence Plus). Il faut toutefois noter que la presse présente un grand nombre d’articles dont le genre de l’auteur est impossible à identifier.

Quelque désavantage est toutefois visible au niveau des rôles assignés aux femmes :

• À la télévision elles sont en majorité (59%) parmi les présentateurs de journaux, une position où l’« image » joue un rôle important ; alors qu’elles sont en minorité (41%) dans le rôle de journaliste/correspondant/ analyste/envoyé, basé davantage sur l’expérience et la compétence journalistique.

• À la radio, les femmes sont presque en parité dans le rôle de présentateur (49%), mais montrent un désavantage dans la position de journaliste/correspondant/ analyste/envoyé (38%).


• Dans la presse écrite, les femmes journalistes sont exclues des positions d’autorité et d’influence, c’est-à-dire la direction des quotidiens et le rôle d’éditorialiste. Elles signent très rarement les articles publiés à la Une.

Les journalistes télévisées sont moyennement plus jeunes que leurs confrères, ce qui pourrait être le résultat d’une entrée plus récente des femmes dans le milieu du journalisme, mais aussi de leur emploi surtout dans la position de présentateur, où le jeune âge et plus en général l’image sont des facteurs influents.

Concernant la couverture des différents thèmes, malgré quelques déséquilibres, les tâches confiées aux femmes journalistes de l’audiovisuel ne se démarquent pas excessivement de celles attribuées aux hommes. Elles ne sont pas reléguées dans la sphère des Soft News et dans la dimension locale, mais sont chargées aussi des questions nationales et internationales, s’occupent très souvent d’économie, accèdent significativement à la couverture des actualités politiques, et sont très présentes sinon majoritaires dans la sphère thématique plus « traditionnellement » féminine des actualités sociales. La criminalité et le sport, par contre, demeurent des domaines essentiellement masculins.

Dans la presse écrite, par contre, l’emploi des femmes et des hommes dans la couverture des Hard News et Soft News est plus déséquilibré. Les femmes s’occupent plus rarement des nouvelles importantes qui requièrent une diffusion immédiate, qui gagnent la Une et qui touchent dans la plupart des cas la politique, l’économie, les affaires internationales, la criminalité ; elles gagnent plus d’espace dans le traitement des Soft News, selon une division des tâches plutôt traditionnelle. Également, en passant de la dimension internationale à la dimension locale des nouvelles, on observe un taux décroissant de femmes employées pour la couverture.

1.3. La marginalité des femmes en tant qu’objets de discours

Malgré la présence importante de femmes dans les rédactions, le taux moyen de femmes représentées dans les nouvelles n’arrive qu’à 17% à la télévision, 11% à la radio et 15% dans la presse écrite.

Il semble qu’un plus grand nombre de femmes dans les rédactions entraîne plus d’attention pour les femmes dans le contenu des nouvelles. Cette relation qui est faible, mais évidente, dans l’audiovisuel, n’est pas visible dans les journaux, où l’effet « d’encouragement » est absent.

De plus, dans la presse écrite l’emplacement des sujets féminins dans l’espace des journaux dévoile d’autres désavantages : elles sont rarement citées dans les éditoriaux et les articles d’opinion, et elles apparaissent beaucoup plus rarement que les hommes dans les photos.

L’analyse des rôles fait ressortir un déséquilibre important : les femmes sont rarement protagonistes (16% à la télé, 10% à la radio, 15% dans la presse écrite), rarement interpellées en tant que sources expertes (14% à la télé, 10% à la radio, 15% dans la presse) ou en tant que célébrités (16% à la télé, 8% à la radio, 17% dans la presse). Plus souvent, elles sont évoquées ou interviewées dans un rôle imprécis ou « mineur » (33% à la télé, 35% à la radio, 29% dans la presse), c’est-à-dire de personnes communes, représentantes anonymes de l’opinion populaire ou comme sources de témoignages personnels.

Tout en étant sous-représentées dans la plupart des rôles importants, les femmes reçoivent l’attention médiatique plus souvent que les hommes en tant que victimes de violence, c’est-à-dire en tant que sujets faibles et protagonistes de Bad News.


Les personnes représentées dans les médias sont parfois identifiées à travers leurs relations familiales (« la femme de… », « le fils de… », etc.) : l’intérêt qu’elles suscitent découle davantage de leur lien à quelqu’un d’autre (une célébrité, le protagoniste d’une nouvelle) que de leur identité propre. Bien que peu utilisée en général, cette démarche est toutefois bien plus récurrente vis-à-vis des femmes, aussi bien à la télé qu’à la radio et dans les journaux.

Ce sont les tranches d’âge les plus jeunes à attirer l’attention des médias, quand il s’agit de femmes : la plupart des sujets féminins représentés ont moins de 50 ans. Pour les hommes, la donne s’inverse, la plupart ayant plus de 50 ans. Plus elle est âgée, plus la femme disparaît de l’information.

Concernant la représentation des professions/positions féminines et masculines, dans tous les médias analysés, les hommes sont beaucoup plus nombreux dans les professions de prestige, et aussi dans les professions communes ; les femmes se rattrapent dans l’activisme social. Mais elles sont aussi nombreuses dans la catégorie « Sans profession/Profession non déterminable », une catégorie qui se caractérise par un manque d’intérêt aux aspects professionnels, et qui contribue à entretenir l’image d’une femme aux marges du monde du travail.

Concernant les domaines thématiques auxquels les femmes sont associées, on remarque un résultat décevant : les hommes dominent la scène là où on discute des enjeux fondamentaux – politiques et économiques – et là où les décisions stratégiques sont prises. Pour les femmes, soit elles subissent une ghettoïsation dans les questions de genre, soit elles sont à l’écart des grands thèmes, comme la politique et l’économie, et deviennent un peu plus visibles dans les nouvelles de criminalité et violence, d’affaires sociales et juridiques et de mondanité. Sinon, il faut attendre que la catégorie thématique soit explicitement déclinée dans ses aspects de genre pour saluer l’apparition de sujets féminins.

1.4. Une attention limitée pour les questions de genre

On peut qualifier d’insuffisant l’intérêt que les médias audiovisuels congolais dans leur ensemble prêtent aux questions de genre :

• Seulement 1,6% des nouvelles dans les 6 stations radios analysées

• 3,4% des nouvelles dans les 7 chaînes télévisées analysées

• La presse écrite, bien que moins inclusive vis-à-vis des femmes, traite plus souvent que l’audiovisuel les questions de genre. 7% des articles les abordent, soit ils montrent une perspective de genre dans le traitement d’un thème général.

Dans les trois médias, il s’agit surtout de nouvelles sur les mouvements et les manifestations de femmes, ce qui fait penser que l’attention des médias s’active dans la plupart des cas lorsqu’elle est impulsée par les initiatives ponctuelles des mouvements féminins.

À part cela, c’est la participation politique des femmes qui n’a pas attiré un peu plus d’attention. Par contre, les reportages sur la violence contre les femmes et les initiatives de sensibilisation surprennent pour leur rareté, en considération de l’entité et de la gravité du problème dans l’ensemble du pays.

1.5. Bonnes et mauvaises pratiques

Un certain nombre d’images stéréotypées ont été identifiées. On observe rarement des stéréotypes flagrants. Il s’agit dans la plupart des cas de stéréotypes subtils, qui consistent tantôt à montrer les femmes et les hommes dans des rôles asymétriques et hiérarchisés, tantôt à les représenter dans


leurs domaines « traditionnels », c’est-à-dire la sphère privée pour les femmes et l’espace public pour les hommes.

Également, l’analyse qualitative a mis en évidence des « occasions manquées », c’est-à-dire des situations qui auraient demandé l’introduction d’une perspective de genre ou l’inclusion de voix et de points de vue féminins, sans que les journalistes aient saisi cette opportunité d’enrichir leur vision. Il s’agit parfois d’articles ou de reportages qui présentent des « bonnes intentions », c’est-à-dire le souci d’aborder les problèmes des femmes dans la société congolaise, mais qui finissent par traiter le thème suivant des démarches traditionnelles.

Toutefois, tout n’est pas négatif, et l’analyse a fait ressortir aussi des bonnes pratiques, notamment des reportages ou articles défiant les stéréotypes, recherchant l’équilibre de genre dans les sources de référence, ou encore valorisant le talent des femmes.

1.6. Une légère augmentation de la présence de femmes au sein des entreprises de presse

Une légère, mais importante augmentation du pourcentage des femmes est observé au sein des médias congolais. Sur 3140 personnes travaillant dans ces médias, 887 sont des femmes, soit 28%. Ces données concernent tous les services fonctionnant dans ces entreprises : de la rédaction à l’administration en passant par la technique et le marketing.

Une évolution de 3% est observée par rapport aux statistiques de l’année 2012 qui étaient de 25% de femmes engagées, pour tous les services confondus.

Dans l’équipe dirigeante des entreprises de presse, les femmes restent très rares. Sur les 19 médias analysés1, seuls 13 ont des femmes en leur sein, notamment l’ACP et Le Potentiel pour la presse écrite et RTNC, RTGA, Digital Congo, B-One et Top Congo pour l’audiovisuel. Deux de ces médias seulement ont atteint la parité à savoir : RTNC et Le Potentiel.

1 La RTNC tv et la RTNC radio sont fusionnées du fait qu’elles ont un conseil d’administration et un comité de gestion communs.


II. Introduction générale

Une séance de sensibilisation de l’UCOFEM, sous forme d’émission à la RTNC2 Photo UCOFEM


2.1 Contexte du pays

Située au cœur de l'Afrique et partageant ses frontières avec neuf pays, la République Démocratique du Congo a obtenu son indépendance en 1960. Avec une population estimée à plus de 60 millions d’habitants, elle est actuellement le deuxième pays en terme de densité en Afrique. Sa superficie est de 2 345 000 km². Son histoire est émaillée de beaucoup d’instabilités.

Les premières années de sa souveraineté nationale ont été marquées par de troubles et d’autres conflits qui ont connu leur point de chute en 1965 avec le coup d’Etat de Mobutu. Ce dernier prit le contrôle du pays en le dirigeant d'une main de fer pendant 32 ans. Au début des années 90, Mobutu est contraint de suivre le vent de la démocratisation qui soufflait à travers le monde en libéralisant la vie politique. Mais au bout de quelques années, il récupère la situation à son avantage. Pour mettre fin à cette dictature, une rébellion conduite par Laurent Désiré Kabila éclate à l’Est du pays et chasse Mobutu du pouvoir en 1997. Kabila à la tête de l’Alliance pour le Front de Démocratie et de Libération (AFDL) renomme le pays République Démocratique du Congo (RDC). Mais les conflits ne s'arrêtèrent pas pour autant, occasionnant des millions de déplacés dans le pays.

LD Kabila fût assassiné en 2001 et remplacé par son fils Joseph. Le jeune président prend langue avec les belligérants et les chefs rebelles à travers des pourparlers qui aboutissent à la signature d’un accord de paix prévoyant un partage du pouvoir. Les forces de maintien de la paix des Nations Unies, la MONUC, arrivèrent en avril 2000.

Depuis 2006, la RD Congo organise des élections multipartites. La République Démocratique du Congo jouit de très importantes ressources naturelles. Son économie a fortement décliné depuis les années 1980, alors qu’au moment de son indépendance en 1960, elle était la deuxième nation la plus industrialisée d'Afrique avec un secteur minier florissant et une agriculture productive. Les différents conflits armés ont réduit de manière drastique la production locale et les revenus nationaux. Le dernier rapport sur le développement mondial des Nations Unies la classe dernière.

Le pays compte près de 400 ethnies avec autant de dialectes, cependant le Kiswahili, le Tshiluba, le Lingala et le Kikongo sont les quatre langues nationales. Et la langue française est reconnue comme celle de travail.

Près de 80% des Congolais sont des chrétiens dont la grande proportion est composée de catholiques, suivis de protestants, de Kimbanguistes et musulmans. Depuis quelques années, l’espace religieux est aussi occupé par les églises indépendantes appelées « églises de réveil ».

2.2 Paysage médiatique L’environnement médiatique congolais est très prolifique. Depuis la libéralisation du pays au début des années 90, ce secteur a pris de l’envol. A ce jour, le pays compte plus de 80 chaînes de télévision, dont la majorité est concentrée à Kinshasa. Environ 270 radios pour la plupart communautaires ainsi qu’une centaine de journaux dont plus d’une dizaine paraissent régulièrement.

La liberté de la presse est garantie par la Constitution et la loi du 22 juin 1996 fixe les modalités de l’exercice de cette liberté. Cependant aucune subvention n’est accordée aux organes de presse. Ceux-ci vivent essentiellement de la publicité et des annonces, du reste rares du fait de la faiblesse


de l’économie nationale. Ce contexte difficile ne permet pas l’émergence des entreprises de presse bien structurées. Les médias congolais sont fortement influencés par la politique qui restreint leur indépendance et autonomie. Près de la moitié de chaînes de télévisions et des journaux de la presse écrite appartiennent ou sont apparentés aux hommes ou partis politiques.

Les médias privés ont apporté du nouveau pour assurer le pluralisme. Mais, ils sont limités par un manque de moyens. La production locale est très limitée au profit des programmes étrangers, surtout pour la télévision. Ces chaînes se transforment selon les moments en des caisses de résonance pour les intérêts de leurs initiateurs. Alors que la presse écrite est réservée à l’élite, la radio reste le medium le plus utilisé surtout dans les milieux ruraux.

En RDC, les médias sont régis par un ministère qui a en charge la Communication et les Médias. Un secrétariat général gère toutes les questions liées à l’administration du secteur. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de Communication (CSAC) qui assure la régulation des médias, a pour mission de veiller au respect de la loi sur l’exercice de la liberté de la presse tant écrite qu’audiovisuelle à garantir le droit du public à une information plurielle, fiable et objective. Tandis que l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) et l’Observatoire des Médias Congolais (OMEC) assurent l’autorégulation de la profession. Plusieurs associations professionnelles fonctionnent aux côtés de ces institutions pour défendre le droit d’accès aux sources d’information pour le journaliste et le droit à l’information pour le public.

2.3 Genre et médias en RDC Le vent de la démocratisation qui a soufflé à travers le monde, vers la fin des années 90, n’a pas épargné la RDC qui s’est engagée dans la voie du libéralisme. Le multipartisme instauré a favorisé la liberté de la presse. Ce qui justifie depuis, une floraison des médias entrainant l’affluence de plus en plus des femmes dans ce secteur.

Près d’une décennie après, le pays a organisé ses premières élections à suffrage universel. Dans la foulée de la tenue de ces élections, un référendum constitutionnel a consacré la parité homme-femme. Cinq ans après, ce vœu de la population peine à se réaliser. Dans les faits, l’égalité des chances est loin d’être appliquée faute de lois de mise en œuvre doublée d’un manque de volonté politique.

Au gouvernement et au Parlement issus des urnes, les femmes ne franchissent toujours pas la barre de 20% de représentation. Le faible pouvoir économique des femmes et le poids des coutumes, avec des préjugés défavorables envers la Congolaise, ne permettent pas à cette dernière d’affronter à armes égales, les différents domaines de la vie publique et surtout la politique.

Dans les médias congolais, la situation n’est guère différente. La parole n’est pas donnée de manière équitable aux femmes comme aux hommes lors de grandes questions nationales. L’homme est généralement présenté à son avantage alors que la femme continue à être clouée au pilori par des étiquettes et autres stéréotypes. Même les femmes qui travaillent dans les médias n’émergent pas toutes. Un vrai paradoxe puisque les statistiques des écoles supérieures de communication indiquent que plus ou moins 70 % d’apprenants dans leurs classes sont des étudiantes et ce, depuis près d’une dizaine d’années. Mais bien que diplômée, la femme journaliste n’est pas toujours embauchée en fonction de ses compétences.

En 2006, en collaboration avec l’IPP, l’UCOFEM a réalisé « La grille de travail des femmes journalistes et femmes dans les médias ». La RTNC, médium qui emploie le plus grand nombre d’agents avait 19,47% de femmes. Et sur un total de 308 directeurs, ce média public comptait cinq


femmes, soit 1,62%. Radio Okapi et Le Potentiel engageaient respectivement 26,19 et 11,45% des femmes. La moyenne pour tous les médias était de 20,35%.

Une étude a été menée en 2008 en RDC sur les femmes et les hommes dans les entreprises de presse intitulée « Les plafonds de verre dans l’échelle hiérarchique: Femmes et Hommes dans les médias en Afrique australe» par Gender Links, en partenariat avec l’Union Congolaise des Femmes des Médias (UCOFEM)/ Gender and Media Southern Africa (GEMSA). Cette étude renseigne que : les femmes constituent moins d’un quart du personnel des entreprises de presse de la RDC. Elles ne sont représentées qu’à concurrence de 22% contre 78% pour les hommes. Par ailleurs, elles ne sont représentées qu’à 18% sur les conseils d’administration et le comité de gestion des entreprises de presse. A la tête de ces entreprises, les femmes ne constituent que 8% et obtiennent, en outre, moins de meilleures conditions de travail que les hommes. Les femmes à 23% ont moins de chances que les hommes à 77% d’être employées à plein temps ou sous contrat à durée indéterminée. Et il y a 16% de femmes travaillant sous contrat à mi-temps en RDC. Les femmes sont sous-représentées dans tous les départements mais la plus grande proportion se trouve dans des branches considérées comme «celles des femmes», notamment celles des finances et de l’administration où elles sont représentées à hauteur de 33% et la publicité et le marketing à 34%.

Cette étude a également démontré qu’aucune entreprise de presse locale n’a de politique de genre mais que la plupart expriment le désir d’en disposer. En effet, 67% des entreprises de presse du pays, interrogées, visent à atteindre l’égalité du genre, conformément aux standards de la SADC d’atteindre la parité hommes-femmes d’ici 2015, qui applique les résolutions de la Plate forme de Beijing. Mais la faible représentation des femmes dans les médias ne reflète pas une perspective d’atteindre de cet objectif. Non seulement le plan de carrière des femmes n’est pas une priorité pour les entreprises de presse congolaises mais il n’y a pas suffisamment d’efforts pour cibler les femmes.

Le Code d’éthique sur le Genre dans les médias élaboré par l’ancienne HAM (Haute Autorité des Médias) lors d’une formation de Gender Links en juillet 2008 à Kinshasa et adopté par les journalistes en 2009, se présente comme un instrument approprié de promotion du genre dans et par les médias. Mais beaucoup de professionnels des médias ne le connaissent pas.

Sur le plan du cadre léga, la Constitution a consacré la parité hommes-femmes dans tous les domaines de la vie, mais cette politique peine à être appliquée. Quelques avancées ont été observées, notamment la création d’un Ministère de Genre, Famille et Enfant. Avec différents partenaires, des initiatives ont été prises pour réaliser l’objectif de la Constitution avec la stratégie nationale pour la lutte contre les violences basées sur le genre et la stratégie nationale d’intégration du genre. Mais le projet de loi sur la mise en œuvre de la parité homme-femme déposé au Parlement en 2011 tarde à être examiné.

2.4 Historique de l'étude La RDC est engagée comme beaucoup d’autres pays dans la promotion du genre. La reconnaissance de la parité homme- femme dans sa Constitution depuis 2006 en est la preuve. Une année auparavant, soit à la commémoration de la Conférence Mondiale des Femmes à Beijing en Chine, un monitorage d’un jour a été organisé pour évaluer le progrès réalisé dans l’accès des femmes aux médias. La RDC y a pris part à travers Radio Okapi. Cette étude a révélé que 21% des femmes contre 79% des hommes accèdent, comme source, aux médias à travers le monde. Ce pourcentage était de 19% pour les pays de la Communauté de Développement des pays de l’Afrique Australe (mieux connu sous son acronyme anglais, SADC), dont la RDC fait partie.

Comme évoqué plus haut, une première étude sur l’application du genre dans les médias congolais a été menée au pays. Avec l’Institut Panos Paris (IPP), l’UCOFEM a réalisé la « grille de travail


femmes journalistes et femmes dans les médias » en décembre 2006, en vue de présenter la situation des femmes dans les organes de presse congolais. Un échantillon de huit médias dont deux du secteur public a été utilisé. Seulement 14% des femmes ont été engagées dans la presse écrite et pour tous les médias étudiés, 8% des femmes ont occupé les postes de responsabilité. Les résultats de cette étude ont été partagés lors d’une rencontre régionale des femmes des médias des Grands Lacs à Bujumbura.

Depuis 2007, l’UCOFEM a commencé un partenariat avec Gender Links (GL) pour son intégration dans la communauté de la SADC. Elle a mené, la même année, avec la Fédération pour la Promotion des Femmes et Enfants (FPFE) de Madagascar et GEM PLUS des Seychelles, l’Etude de base sur le genre et le VIH/SIDA dans les pays francophones de la région. Cette étude a démontré que les sources féminines représentent une moyenne de 18% pour ces trois pays. Les médias congolais ont accordé, quant à eux, 15% d’accès aux femmes.

L’équipe de la RDC a participé à l’étude « Les Plafonds de verres dans les entreprises de presse de l’Afrique australe » en 2008. Le pays a présenté 22% des femmes engagées dans les organes de presse tandis que la moyenne régionale a été de 41%. Quand les résultats de cette dernière étude sont lancés en 2009, un autre monitoring est réalisé dans le cadre de GMPS (Etude des progrès sur le Genre et les Médias). Le pourcentage de femmes comme sources dans les médias connait une hausse de 4%, passant de 15% en 2007 à 19% en 2009. Parallèlement, la section GEMSA de la RDC représentée par l’UCOFEM co-coordonne la quatrième édition de GMMP (Projet Mondial de Monitoring des Médias) le 10 novembre 2009, organisé par la WACC (World Association of Christian Communicators). L’évolution est timide mais réelle. Le pourcentage des femmes qui parlent dans les médias du monde passe à 24%. Il était de 17%, 18% et 21%, respectivement en 1995, 2000 et 2005.

Forte de l’expérience accumulée et au vue de la tenue des élections en 2011, l’UCOFEM, grâce au financement du PMDT, a organisé un monitoring national pour évaluer les progrès réalisés depuis l’étude de 2009 et surtout après un travail de plaidoyer mené dans les organes de presse en partenariat avec Gender Links. Les résultats de cette étude ont servi à mener d’autres séances de sensibilisation en vue d’obtenir plus d’engagement dans la promotion du genre dans les médias congolais.

La présente étude s’inscrit dans la suite de ce processus qui a son origine dans les acquis de la plate forme de Beijing. L’UCOFEM a bénéficié, pour cela, d’un nouveau partenariat avec l’Observatoire de Pavie.


2.5 Echantillon Pour réussir notre monitoring, la sélection de l'échantillon a tenu compte de la diversité du paysage médiatique congolais qui est composé des médias de la presse écrite et de l'audiovisuel, des médias publics et privés et, parmi ces derniers, les médias commerciaux et communautaires, dont des radios confessionnelles et la radio onusienne Okapi.

L’analyse s’est déroulée pendant tout le mois de septembre, et a porté sur les journaux télévisés et radiophoniques de la plage horaire du prime time, et sur les principaux articles des quotidiens.

, La composition de l’échantillon se présente comme suit :

Nom du média Propriété Empreinte

Télévision

RTNC - TV Publique Nationale B-One Privée Nationale RTGA – TV Privée Nationale CCTV Privée Locale CNTV Privée Locale Numerica Privée Locale Antenne A Privée Locale

Radio

RTNC-Radio Publique Nationale Digital Congo Privée Nationale Radio Elikya Privée Nationale Radio Okapi Privée Nationale Top Congo Privée Nationale Radio Télé la Louange Privée Locale

Presse écrite

Agence Congolaise de Presse Publique Nationale Forums des As Privée Nationale L’Observateur Privée Nationale La Postérité Privée Nationale La Référence Plus Privée Nationale Le Phare Privée Nationale Le Potentiel Privée Nationale

2.6 Méthodologie La méthodologie utilisée combine deux démarches :

1. L’analyse de contenu quantitative et qualitative effectuée à l’aide d’une fiche d’analyse structurée interroge les articles des journaux et les reportages diffusés dans les journaux télévisés et radiophoniques sur une série de variables pertinentes ; ces informations, organisées dans les bases de données, sont traitées statistiquement et donnent lieu à des résultats synthétisé sous forme des tableaux et graphiques permettant de saisir les tendances présentes dans l’échantillon des médias.

Quels sont les aspects principaux pris en compte par cette analyse ?

Tout d’abord, la visibilité des femmes dans les différents médias, aussi bien du point de vue quantitatif que qualitatif. Il s’agit de s’interroger tout d’abord sur la présence importante ou marginale des femmes dans les médias et sur les caractéristiques de leur image, en comparaison à celles des hommes médiatisés. Y a-t-il dans les médias une présence équilibrée de femmes

MONITORAGE SUR LE GENRE DANS LES MEDIAS | Rapport de monitorage – UCOFEM | 2013

et d’hommes, reflétant la diversité sociale ? L’image des femmes que les médias renvoient reflète-t-elle la réalité, est-elle multidimensionnelle ou, tout au contraire, est-elle biaisée par des stéréotypes et appauvrie par des représentations unidimensionnelles ou simplifiées ? Pour répondre à ces questions, il est indispensable tout d’abord de mesurer et de décrire les éléments suivants :

• Le nombre de femmes sur le total des journalistes et des professionnels des médias sélectionnés

• Le nombre de femmes sur le total des sujets représentés • La présence de femmes dans les différents « lieux » des médias : les

différentes émissions, les différents types d’article, les différents emplacements dans les journaux…

• Les professions et positions sociales représentées pour les femmes et pour les hommes : politiques, entrepreneurs, ouvriers, scientifiques, domestiques….

• La raisons d'être des femmes et des hommes dans les médias : experts, protagonistes ou témoins d’événements, représentants de l’opinion populaire, porteurs d’expérience personnelle…

• Les thèmes associés aux femmes et aux hommes

Par ailleurs, au-delà de la présence quantitative des femmes dans les rédactions et parmi les personnes représentées, il faut également vérifier la visibilité de la question du genre. L’analyse thématique des nouvelles diffusées permet de répondre à ces questions :

• Les médias consacrent-ils une couverture adéquate aux questions relatives à l’égalité des genres ?

• Quel degré de sensibilité montrent-ils envers les problèmes spécifiques des femmes dans la société ?

2. Etude des cas : les reportages et les articles intéressants pour les objectifs de la recherche sont sélectionnés sur la base du schéma présenté ci dessous, et ensuite décrits à l’aide d’une simple fiche d’analyse purement qualitative, qui prévoit l’indication du type de cas, un résumé et une analyse synthétique.

1. Stéréotypes Mauvaise pratique

2. Occasions manquées/ Sans référence au genre Mauvaise pratique

3. Prises de conscience de genre

3.1. Mise en cause des stéréotypes

3.2. Équilibre de genre dans les sources de référence

3.3. Attention spécifique au genre

3.4. Perspective de genre

3.5. Valorisation du talent des femmes

Bonne pratique


2.7 Calendrier La présente analyse s’est déroulée tout le long du mois de septembre 2013. L’exercice a débuté le dimanche 1er septembre et a pris fin le lundi 30 septembre. Le tableau ci-dessous résume les dates auxquelles le monitorage des différents types de médias a été effectué.

- Les médias audiovisuels étaient programmés chaque deux jour (généralement les jours pairs de la semaine). La grande édition du journal de la soirée était le programme retenu pour l’analyse.

- Les médias de la presse écrite étaient également programmés chaque deux jours, mais différents de l’audiovisuel (généralement les jours impairs de la semaine).

Pendant la période de la réalisation du monitorage, la RDC organisait les travaux de Concertations nationales. Ces assisses avaient pour objectif de soutenir le dialogue entre les Congolais de différentes tendances politiques et de la société civile face à la crise que connait le pays, et plus particulièrement le conflit armé à l’Est.

La période choisie, à l’occurrence le mois de septembre est marqué également par la rentrée scolaire et la préparation de la reprise des cours à l’université. Ainsi on peut dire que la période est neutre pour permettre une analyse non influencée par un événement du genre célébration de la journée de la femme qui amène en RDC l’organisation de plusieurs manifestations sur les droits de la femme tout au long du mois de mars. Ou encore la campagne de 16 jours d’activisme contre les violences faites à la femme, avec un programme bien fourni sur les questions de VBG.


Calendrier du Monitoring des médias en 2012 Date Médias

Dimanche 01sept. Audiovisuel: RTNC, RTNC radio Lundi 02 sept. Tous: TV: Numerica, AA, RTGA; Radio: Okapi, Top Congo,

Presse écrite: ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Mardi 03 sept. Audiovisuel: RTNC tv, AA, Numerica, CCTV , CNTV, RTG, B-one RTNC radio, RTL ; Digital, Elikya, Okapi, Top Congo

Mercredi 04 sept. Jeudi 05 sept. TV: Numerica, AA, RTGA, , CCTV; RTNC tv, CNTV,B-one

Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL ,RTNC radio Vendredi 06 sept. Presse écrite: ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La

Référence Plus Samedi 07 sept. TV: Numerica, AA, RTGA, Congo Web, CCTV, CNTV;

Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL, RTNC radio Dimanche 08 sept. RTNC RADIO ET TV Lundi 09 t. Presse écrite: ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La

Référence Plus Mardi 10 sept. TV: Numerica, AA, RTGA, , CCTV; RTNC tv, CNTV,B-one

Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL ,RTNC radio Mercredi 11 sept. Presse écrite : ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur,

La Référence Plus Jeudi 12 sept. TV: Numerica, AA, RTGA, Congo Web, CCTV, CNTV; RTNC

Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL,RTNC Presse écrite : ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Vendredi 13 sept. Presse écrite : ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Samedi 14 sept. TV: AA, RTGA, Congo Web, CCTV; Radio, Top Congo, Elikya, Digital, RTL, Okapi

Dimanche 15 sept. RTNC RADIO ET TV

Lundi 16 sept. Presse écrite : ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Mardi 17sept. TV: Numerica, AA, RTGA, Congo Web, CCTV, RTNC Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL, RTNC

Mercredi 18 sept. Presse écrite : ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Jeudi 19 sept . TV: Numerica, AA, RTGA, Congo Web, CCTV, RTNCtv Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL, RTNC radio

Vendredi 20 sept. Presse écrite : ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Samedi 21 sept. TV: Numerica, AA, RTGA, Congo Web, CCTV, Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL

Dimanche 22 sept. RTNC RADIO ET TV

Lundi 23 sept. Presse écrite : ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Mardi 24 sept . TV: AA, RTGA, Congo Web, CCTV, Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL, RTNC

Mercredi 25 sept. Presse écrite: ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Jeudi 26 sept. TV: Numerica, AA, RTGA, Congo Web, CCTV, CNTV; RTNC Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL, RTNC

Vendredi 27 sept. Presse écrite: ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus

Samedi 28 sept. TV: Numerica, AA, RTGA, Congo Web, CCTV, Radio: Okapi, Top Congo, Elikya, Digital, RTL,RTNC

Dimanche 29 sept. RTNC; CNTV Lundi 30 sept. Tous : TV: RTGA, Congo Web, CCTV;

Radio: Okapi, Top Congo, Digital, Presse écrite: ACP, Le Potentiel, Le Phare, Forum des As, La Prospérité, L’Observateur, La Référence Plus


III. Résultats de l’analyse quantitative

Aurélie Mupepe en train d’analyser un titre de la presse écrite Photo UCOFEM


3.1 Représentation du genre dans l’audiovisuel 3.1.1 Visibilité des femmes et des hommes Dans l’échantillon analysé, 2 729 sujets ont été recensés sur les sept chaînes télévisées, et 1665 sur les six stations radio. Ce chiffre inclut le personnel « interne » aux médias (les professionnels : animateurs et présentateurs, journalistes auteurs des reportages, envoyés, commentateurs, etc.) et les personnes « externes » (les sujets de l’information : protagonistes des nouvelles, sources, etc.).

Les graphiques suivants représentent la visibilité des femmes et des hommes, calculés sur l’ensemble des sujets, à la télévision et à la radio. Ils dévoilent la marginalité des femmes dans les deux cas, plus accentuée à la radio.

Graphique 1 –Visibilité des femmes et des hommes – TV Graphique 2 – Visibilité des femmes et des hommes - RADIO

Comme il ressort des tableaux n° 1 et 2 présentés ci-dessus, les chaînes publiques montrent une présence féminine un peu plus large, aussi bien pour la télévision que pour la radio. Également, les chaînes locales semblent s’ouvrir un peu plus aux femmes, notamment dans la sphère télévisée.

Tableau 1 – Taux de présence féminine dans les chaînes publiques et privées

Tableau 2 – Taux de présence féminine dans les chaînes locales et nationales

Propriété Présence féminine (%) Propriété Présence féminine (%)TV Privée 26,2 Radio Privée 20,1%TV Publique 28,3 Radio Publique 26,7%

Diffusion Présence féminine (%) Diffusion Présence féminine (%)TV Locale 29,1 Radio Locale 22,4TV Nationale 24,1 Radio Nationale 21,8

H o m ms

F e m m e2 2 %

B a s e : 1 6 6 5

H o m m e7 3 %

F e m m e2 7 %

B a s e : 2 7 2 9


En entrant dans le détail des différents médias analysés, on note dans le graphique n° 3 que la présence féminine passe de 32% sur CCTV à 21% sur RTGA-TV. La télévision publique et les chaînes privées CCTV, Antenne A et Numerica présentent un taux de présence féminine supérieur à la moyenne.

Concernant la radio, ce taux varie entre 27% et 17%. C’est la radio publique recourt à la plus grande présence féminine ; Radio Elikya et Digital Congo affichent des valeurs supérieures à la moyenne.

Graphique 3 – Visibilité des femmes et des hommes dans les différentes chaînes TV et stations radio

Comme il a été précisé, la visibilité féminine mesurée par les tableaux et les graphiques précédents est issue de deux composantes : la présence de femmes parmi les professionnels des médias et parmi les personnes qui font l’objet du discours médiatique. Si on sépare les deux composantes, le résultat est intéressant car il montre un décalage entre la forte affirmation dans la profession et leur marginalité comme objet d’intérêt.

Ce décalage est évident dans le graphique n° 4. À la télévision, on constate une tendance à la parité parmi les professionnels (43% en moyenne, toutes chaînes confondues) mais une sous-représentation des personnes objet de l’information (17% en moyenne). Il en est de même pour la radio : 40% contre 11%.

32% 29% 28% 28% 27% 22% 21% 27% 24% 23% 22% 20% 17%

68% 71% 72% 72% 73% 79% 73% 76% 77% 78% 80% 83%78%

CCTV AA RTNC - TV Numerica CNTV B-One RTGA - TV RTNC –Radio

RadioElikya

DigitalCongo

RadioSango

Malamu

RadioOkapi

Top Congo

Femme Homme

Base : 4394

TV RADIO

Radio Télé la

Louange


Graphique 4 – Visibilité des femmes et des hommes parmi les professionnels et parmi les personnes représentées – TV et RADIO

Le graphique n°5 compare les deux pourcentages pour chaque chaîne télévisée. La surface la plus élevée montre la participation féminine à la production/diffusion d’informations, qui atteint la parité pour CCTV, et des niveaux proches de la parité pour RTNC-TV, Numerica, Antenne A et CNTV. La surface bleu claire, visiblement inférieure, représente la visibilité des femmes comme objet de l’information (protagonistes des nouvelles, sources, etc.). Il est intéressant de noter que les profils des deux surfaces ont une allure similaire, ce qui suggère qu’un plus grand nombre de femmes journalistes entraîne plus d’attention pour les femmes dans le contenu des nouvelles. Toutefois cette relation demeure plutôt faible, si, même dans la meilleure des options (parité parmi les journalistes), les femmes représentées dans les nouvelles ne dépassent pas 21%.

Graphique 5 - Taux de femmes journalistes et de femmes représentées (TV)

43%

17%

40%

11%

57%

83%

60%

89%

Professionnels TV Personnes représentées TV Professionnels Radio Personnes représentées Radio

Femmes Hommes

Base : 4394

TV RADIO

RTNC - TVB-One

NumericaCCTV

AARTGA - TV

CNTV

Femme objet d'information

Femme journaliste

47%

33%

47%50%

45%

37%

47%

20%17% 18% 21%

16%

12%16%0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%


Tout en confirmant l’existence d’une relation positive entre le taux de femmes dans les rédactions et le taux de femmes représentées, le graphique n°6 montre un décalage encore plus accentué pour les radios. Même la présence majoritaire de reportages signés par les femmes dans les rédactions de Radio Télé la Louange (59%) et de Radio Elikya (54%) n’arrive pas à hausser le taux des femmes objets d’information au-dessus de 16%.

Graphique 6 - Taux de femmes journalistes et de femmes représentées (RADIO)

3.1.2 Les professionnelles des médias Si on explore plus à fond les caractéristiques des femmes qui travaillent dans les médias, on observe que les chiffres favorables qu’on vient d’apprécier cachent quelques désavantages. À la télévision les femmes apparaissent en majorité (59%) parmi les présentateurs de journaux, une position où l’« image » et l’aspect physique jouent un rôle important; alors qu’elles se trouvent en minorité (41%) dans le rôle de journaliste/correspondant/analyste/envoyé, basé davantage sur l’expérience et la compétence journalistique. Ceci sur toutes les chaînes, exception faite pour CCTV, où les femmes dépassent les hommes sur les deux positions, et pour RTGA-TV, où tout au contraire elles sont minoritaires dans tous les rôles. Le rôle « Autre » est marginal, et inclut notamment la voix off et les présentateurs de météo.

À la radio, l’apport féminin est presque paritaire dans la présentation des journaux, mais le désavantage est plus fort sur la position de journaliste (38%). Ces différences sont visibles dans le graphique n°7.Le rôle « Autre » est marginal, et inclut notamment la voix off et les présentateurs de météo. À la radio, l’apport féminin est presque paritaire dans la présentation des journaux, mais le désavantage est plus fort sur la position de journaliste (38%).

Radio ElikyaTop Congo

RTNC – RadioRadio Okapi

Digital CongoRadio Télé La

Louange

Femme objet d'information

Femme journaliste

54%

31%

47%

29%

42%

59%

14%

10% 12%

6% 7%

16%0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%


Graphique 7 - Rôles des professionnels des médias selon le genre – TV et RADIO

Le profil des femmes professionnelles de la télévision diffère significativement du profil des hommes aussi sur le plan de l’âge (tableau n°3). Les femmes journalistes télévisées sont plus jeunes que leurs confrères, rentrant pour 43% des cas dans la tranche d’âge 19-34 ans, contre 27,7% des hommes. Ces derniers sont plus nombreux dans la tranche d’âge 35 -64 ans. Cette différence pourrait être le résultat d’une entrée plus récente des femmes dans le milieu du journalisme, mais peut-être aussi du fait qu’elles sont chargées surtout de la présentation des journaux, c’est-à-dire un rôle où l’image et le jeune âge sont des facteurs plus valorisés. Ce qui semble confirmé par une autre donnée : pour 17,3% des hommes journalistes, l’âge n’est pas déterminable, c’est-à-dire qu’il s’agit d’auteurs de reportages qui ne paraissent pas sur l’écran, tandis que pour les femmes cette situation est plus rare (12,7%), ce qui reflète leur nature plus fréquente de « visages » de la télé, notamment parmi les présentateurs.

Tableau 3 – La composition par classe d’âge des journalistes télévisés

Age Femme Homme Total

19-34 ans 43,0% 27,7% 34,3%

35-49 ans 41,8% 49,6% 46,2%

50-64 ans 2,6% 5,2% 4,1%

65 ans ou plus 0,0% 0,2% 0,1%

Non déterminable 12,7% 17,3% 15,3%

Total 100,0% 100,0% 100,0%Base: 982

59%

41%53% 49%

38%44%

41%

59%47% 51%

62%56%

Animateur /Présentateur

Journaliste Autre Animateur /Présentateur

Journaliste Autre

Femme Homme

Base : 1611

TV RADIO


Est-ce que les femmes journalistes s’occupent des mêmes thèmes que leurs confrères ? Sont-elles chargées dans la même mesure de couvrir les actualités locales, nationales et internationales ? Où, tout au contraire, sont-elles reléguées dans la sphère des Soft News2 et dans la dimension locale, comme il arrive dans beaucoup de Pays ?

Les tableaux et graphiques suivants ont sélectionné exclusivement le rôle de journaliste/ correspondant/reporter/analyste (car les présentateurs sont tenus de couvrir tous les arguments) et ont synthétisé les multiples thèmes traités en un nombre limité de catégories thématiques afin de rendre les résultats plus facilement lisibles.

Tout d’abord, avant d’explorer les différences de genre, il est utile de donner un aperçu de la hiérarchie des nouvelles dans l’information audiovisuelle. Comme le montre le graphique n° 8, la politique est le noyau central de l’information aussi bien radiophonique que télévisée, traitée par plus d’un tiers des nouvelles. L’économie, les questions sociales et juridiques sont également au centre de l’intérêt médiatique, mais dans une moindre mesure à la radio qu’à la télévision. La radio s’intéresse beaucoup plus à la criminalité et à la violence (15%, contre 4% à la TV), et aux événements sportifs (8% contre 5% à la télé). Le pourcentage de nouvelles consacrées aux sciences, santé et aux personnes célèbres, arts et médias sont assez proches – et minoritaires - dans les deux médias.

Dû en partie à la présence dans l’échantillon de chaînes locales, ce sont les nouvelles locales qui dominent l’information (53% pour la télévision et 49% pour la radio), suivies de près par les nouvelles d’envergure nationale (38% pour la télévision et 40% pour la radio), tandis que les dimensions régionale (Afrique centrale et méridionale) et internationale/globale sont secondaires.

Graphique 8 – Les domaines thématiques abordés par les journalistes, femmes et hommes confondus

2 Dans le journalisme anglo-saxon, les Hard News sont les nouvelles importantes qui requièrent une diffusion immédiate. Elles occupent généralement la Une, elles ont le caractère de l’urgence, et touchent dans la plupart des cas la politique, l’économie, les affaires internationales, la criminalité… Les Soft News touchent généralement des thèmes plus « légers », par exemple les faits de société, la mondanité, les faits-divers, le spectacle, etc. ; n’ayant pas l’attribut de l’urgence, leur diffusion peut être décalée, ce qui permet aux rédactions de disposer d’un matériel de « réserve » pour compléter le sommaire des journaux.

36%

37%

20%

13%

18%

16%

9%

7%

6% 5%

8% 15%4%

4%

1%

2%TV

Radio

Politique et gouvernement Economie Social et juridiqueSciences et santé Personnes célèbres, arts et médias SportCriminalité et violence Autres

Base : 1351


L’analyse des différences de genre sur le plan thématique montre que, bien que quelques déséquilibres soient visibles, les tâches confiées aux femmes journalistes ne se démarquent pas excessivement de celles attribuées aux hommes.

Pour la télévision, les tableaux n°4 et 5 mettent en évidence les résultats suivants :

1. Concernant les Hard News (informations importantes), la politique et la criminalité sont prioritairement confiées aux hommes, par contre l’économie est très souvent traitée par les femmes3.

2. Les femmes journalistes ont la priorité sur les nouvelles sociales/juridiques et de sciences et santé, alors que certaines soft news (faits divers) par excellence comme « Personnes célèbres, art et médias » sont couvertes majoritairement par les hommes ; tout comme la couverture du sport, qui reste une prérogative masculine dans la plupart des rédactions.

3. Les femmes journalistes s’occupent davantage d’informations locales que d’événements nationaux et régionaux, contrairement aux hommes. Une division des tâches plutôt inégale, donc, mais les dimensions de ce déséquilibre sont loin de configurer une exclusion. Par ailleurs, on note que les femmes couvrent assez souvent les évènements internationaux.

Tableaux 4 et 5 – Couverture des différents domaines thématiques par les journalistes télévisés selon le genre ; Caractère territorial des événements couverts par les journalistes télévisés femmes et hommes

Les résultats pour la radio, présentés dans les tableaux n°6 et 7, font état d’une application importante des femmes journaliste sur les thèmes relatifs à la science et à la santé, mais également économiques et politiques, qu’elles partagent avec leurs confrères ; par contre le domaine social, la criminalité, le sport et les nouvelles concernant les célébrités, arts et médias sont plutôt dans la sphère d’action des hommes. Par ailleurs, si les femmes semblent quelque peu laissées aux marges de la sphère régionale, elles couvrent souvent les événements aussi bien locaux que nationaux et internationaux. Il s’ensuit que la radio, légèrement défavorisée par rapport à la télévision en ce qui concerne le taux de femmes journalistes responsables des nouvelles diffusées (38% vs 41%), se « rattrape » dans la division des tâches.

3 Les femmes journalistes étant en minorité, dans les tableaux suivants elles apparaissent minoritaires sur la plupart des lignes. Afin d’identifier les catégories les plus caractéristiques pour chaque genre, il est utile de noter les pourcentages qui dépassent la valeur moyenne, qui est située au fond des tableaux dans la ligne « Total ». Cette lecture est suggérée à travers la mise en évidence graphique des pourcentages en question.

Domaine thématique Femme Homme Total Caractère territorial Femme Homme TotalSciences et santé 51,3% 48,7% 100,0% Local 44,9% 55,1% 100,0%Economie 50,0% 50,0% 100,0% National 36,2% 63,8% 100,0%Social et juridique 49,4% 50,6% 100,0% Regional 36,7% 63,3% 100,0%Criminalité et violence 37,8% 62,2% 100,0% International/Global 41,7% 58,3% 100,0%Personnes célèbres, arts et médias 37,3% 62,7% 100,0% Total 41,2% 58,8% 100,0%Politique et gouvernement 36,1% 63,9% 100,0%Sport 13,6% 86,4% 100,0%Autres 7,7% 92,3% 100,0%Total 41,2% 58,8% 100,0%Base: 855


Tableaux 6 et 7 – Couverture des différents domaines thématiques par les journalistes radiophoniques selon le genre ; Caractère territorial des événements couverts par les journalistes radiophoniques femmes et hommes

Ces résultats, intégrés d’une lecture d’autres tableaux plus détaillés concernant les thèmes spécifiques que les rédactions confient aux femmes et aux hommes, montrent une participation significative – voire égalitaire dans certains domaines - des femmes à la couverture des événements et des enjeux les plus importants pour la vie du Pays. Sans reproduire dans le texte d’autres tableaux trop détaillés, il est intéressant d’en synthétiser quelques résultats, radio et télévision confondues :

• Dans le domaine politique, les femmes s’occupent en priorité de tout ce qui est participation féminine, mais loin d’être reléguées dans cette sorte de « ghetto », couvrent souvent la politique nationale et internationale ; par contre elles se consacrent plus rarement aux questions de défense nationale et de sécurité.

• Elles couvrent à peu près tous les sous-thèmes du domaine économique : agriculture, affaires et commerce, politiques et stratégies économiques, consommation et prix, transports, pauvreté. Un peu moins, les questions économiques internationales et le travail.

• Dans le domaine criminalité et violence, où elles jouent un rôle minoritaire, elles signent toutefois tous les reportages sur la violence contre les femmes, et sont souvent les auteurs de nouvelles sur la violence contre les enfants et sur d’autres crimes violents ; par contre, la violence politique, les conflits et la guerre civile sont traitées en prévalence par des hommes.

• Pour ce qui est du domaine thématique sciences et santé, ce sont les femmes qui s’en occupent en majorité aussi bien à la télé qu’à la radio. Elles signent très souvent les nouvelles sur les maladies tropicales et les maladies sexuellement transmissibles, en plus de la santé reproductive, et cèdent quelque peu la place à leurs confrères sur la science, la technologie et l’environnement.

• Sur les thèmes sociaux et juridiques, où les femmes journalistes sont majoritaires dans l’information télévisée mais minoritaires à la radio, on observe une division des tâches plutôt traditionnelle : les femmes signent en priorité les nouvelles sur les traditions, le développement communautaire, et l’éducation. Les questions liées aux droits humains, aux migrations, aux lois de propriété et succession, et au système juridique en général reviennent prioritairement aux hommes.

• Également, dans la sphère personnes célèbres, arts et médias, les femmes s’occupent notamment de mode, beauté, mondanité ; assez souvent elles couvrent la vie culturelle et le divertissement, mais elles sont à l’écart des nouvelles sur les médias.

Domaine thématique Femme Homme Total Caractère territorial Femme Homme TotalSciences et santé 60,0% 40,0% 100,0% Local 37,6% 62,4% 100,0%Economie 47,7% 52,3% 100,0% National 39,1% 60,9% 100,0%Politique et gouvernement 40,0% 60,0% 100,0% Regional 29,6% 70,4% 100,0%Sport 31,6% 68,4% 100,0% International/Global 40,0% 60,0% 100,0%Social et juridique 30,8% 69,2% 100,0% Total 37,9% 62,1% 100,0%Criminalité et violence 28,4% 71,6% 100,0%Personnes célèbres, arts et médias 27,8% 72,2% 100,0%Autres 0,0% 100,0% 100,0%Total 37,9% 62,1% 100,0%

Base: 496


3.1.3 Le profil des femmes objets du discours médiatique Le fort désavantage numérique des femmes représentées dans l’information a été déjà souligné : à la télévision elles ne sont en moyenne que 17% des personnes montrées ou évoquées dans les nouvelles (et atteignent le taux de 20% seulement dans deux chaînes) ; à la radio, elles n’arrivent en moyenne qu’à 11%., avec un taux de présence qui varie entre 6% et 16% selon les stations.

Mais qu’en est-il de leur profil, comparé à celui des hommes ?

Tout d’abord, on peut s’interroger sur les rôles joués, c’est-à-dire sur leur « raison d’être » dans le discours médiatique. Pourquoi parle-t-on d’elles, pourquoi sont-elles interpellées en tant que sources ?

L’analyse des rôles fait ressortir un deuxième aspect du désavantage que les femmes endurent, en plus de la faible visibilité : elles sont rarement protagonistes, rarement interpellées en tant que sources expertes ou en tant que célébrités. Plus souvent, elles sont évoquées ou interviewées dans un rôle « mineur », c’est-à-dire de personne ordinaire, « vox populi », témoin d’événements.

Le graphique n°9 montre les rôles différents que les médias audiovisuels attribuent aux hommes et aux femmes dans le discours médiatique. Les hommes sont mis très souvent au cœur de la nouvelle en tant que protagonistes des événements rapportés. Sinon ils sont appelés à s’exprimer en tant qu’experts, commentateurs et porte-parole, c’est-à-dire en raison de compétences spécifiques qu’ils détiennent et de leurs responsabilités professionnelles. Souvent ils sont interpellés dans leur qualité de VIP (Very Important Person), grâce à leur renommée dans un domaine d’activité précis. Plus rarement ils obtiennent l’attention des médias comme représentants anonymes de l’opinion populaire ou comme sources de témoignages personnels.

Tout au contraire, les femmes sont rarement associées aux différents domaines d’expertise, et semblent n’offrir qu’un apport limité, circonscrit à leur expérience personnelle, à leur opinion de « Madame tout le monde ». La télévision et la radio se ressemblent, sauf que la radio accentue la marginalité féminine.

Graphique 9 - Rôles des personnes objet de discours selon le genre – TV et RADIO

16% 14% 16%27%

6% 10% 10% 8% 14% 21%

84% 86% 84%73%

94% 90% 90% 92% 86% 79%

Protagoniste Expert,commentateur,

porte-parole

VIP, célébrité Personnecommune, voxpopuli, témoin

Autre Protagoniste Expert,commentateur,

porte-parole

VIP, célébrité Personnecommune, voxpopuli, témoin

Autre

Femme Homme

Base : 2783

TV RADIO


Parmi les chaînes télévisées, trois seulement se distinguent pour une attention plus articulée vis-à-vis des femmes : CCTV, Numerica et RTNC-TV les posent plus souvent au cœur des nouvelles en tant que protagonistes (respectivement dans 31%, 33% et 20% des cas). En outre, CCTV et RTNC-TV valorisent un peu plus l’expertise féminine (16% et 15%), et Numerica donne une grande visibilité aux femmes célèbres (33%).

Parmi les radios, ce sont Elikya et Radio Télé la Louange qui se distinguent positivement, toutes les deux attribuant aux femmes le rôle d’experte dans une mesure supérieure à la moyenne (20% et 16%), et la dernière leur réservant davantage le rôle de protagoniste (18%). RTNC réserve un espace important aux femmes célèbres (27%).

Un autre élément à considérer quand on examine les raisons pour lesquelles certaines personnes accèdent à l’information, c’est le statut de victime. De nombreuses recherches ont révélé que les femmes, tout en étant habituellement sous-représentées dans la plupart des rôles importants, reçoivent l’attention médiatique plus souvent que les hommes en tant que victimes de violence. C’est-à-dire, en tant que sujets faibles et protagonistes de Bad News. Les médias congolais ne font pas exception à la règle :

• Dans les journaux télévisés, 3,7% des femmes représentées sont des victimes, contre 1,9% des hommes

• À la radio, où le thème criminalité est plus important, les journaux présentent 6,3% des femmes comme des victimes, contre 4% des hommes.

Quel est le profil des femmes représentées, du point de vue professionnel ? Les médias présentent-ils la multiplicité de professions où les femmes sont employées dans la vie réelle ou se limitent-ils à présenter des femmes reléguées aux marges du monde du travail, des femmes au foyer, des mères ?

Tableau 8 – La hiérarchie des professions/positions féminines et masculines représentées dans l’audiovisuel, TV et radios confondues

Si, dans le tableau n°8, on met de côté pour un moment le désavantage numérique des femmes (ce qui donnent comme résultats qu’elles sont moins représentées dans toutes les catégories) pour considérer seulement la distribution des professions à l’intérieur de chaque genre, on remarque que la hiérarchie des professions est la même pour les femmes et pour les hommes.

On assiste à une « déformation » typique due aux choix de l’agenda, un agenda privilégiant les thèmes politiques et économiques et s’intéressant surtout aux avis des décideurs. Ainsi, pour les femmes et pour les hommes, les professions/positions les plus représentées sont celles de prestige (tout d’abord les politiciens, puis les dirigeants, les enseignants et éducateurs, les médecins, les

Profession/Position Femme Homme Total

Profession de prestige 51,1% 67,2% 64,8%

Sans profession/N.d. 23,4% 11,3% 13,1%

Activistes 14,4% 6,8% 7,9%

Profession commune 3,9% 6,7% 6,3%

Célébrités 3,9% 4,2% 4,2%

Religieux 3,4% 3,2% 3,3%

Déviants 0,0% 0,5% 0,5%

Total 100,0% 100,0% 100,0%

Base : 2783


entrepreneurs, les avocats et magistrats, etc.). Ensuite les activistes de la société civile, les professions communes (employés, commerçants, ouvriers, agriculteurs, etc.), les célébrités, les religieux et enfin les déviants (criminels et suspects de crimes).

Toutefois, on observe des différences importantes dans le poids que chacune de ces positions revêt dans la hiérarchie : les hommes affichent des valeurs supérieures à la moyenne dans les professions de prestige, où l’écart entre les deux sexes est considérable (16%). De plus, si on entre dans le détail de ces professions, on constate que les femmes occupent surtout les positions d’enseignantes, éducatrices et dirigeantes de l’administration publique, tandis que les hommes monopolisent la politique, la magistrature et les professions culturelles et scientifiques.

Parmi les femmes on note un poids important de l’activisme social. La catégorie Sans profession/N.d., qui se range en deuxième position pour les femmes et les hommes, inclut les cas où la profession était impossible à identifier, et les cas où les personnes étaient présentées dans des positions génériques, sans référence au travail : femmes au foyer, parents, habitants d’un pays, étudiants, jeunes génériques. Cette catégorie, qui se caractérise par un manque d’intérêt aux aspects professionnels, concerne beaucoup plus les femmes que les hommes.

Comme il a été dit, le tableau précédent a l’avantage de montrer la composition professionnelle d’une sélection paritaire de femmes et d’hommes, en annulant les différences numériques entre les deux. Mais les hommes étant la grande majorité, ils sont prédominants dans toutes les professions. Surtout à la radio, la distance est très marquée entre les deux sexes sur le plan professionnel. Ainsi, pour revenir à un regard plus « réaliste », il est suffisant de faire le simple exercice qui consiste à visualiser un groupe de 100 personnes représentatif de ce qu’on observe effectivement à la télévision et à la radio. Voilà sa composition :

PERSONNES HOMMES FEMMES

exerçant des professions de prestige 56 9

ayant une profession commune 6 1

étant des activistes de la société civile 5 1

étant des célébrités 4 1

étant des religieux 2 1

dont la profession est indéterminée 10 4

Les personnes représentées dans l’audiovisuel sont parfois identifiées à travers leurs relations familiales (« la femme de… », « le fils de… », etc.). Il s’agit d’un mécanisme qui suggère et dévoile la subalternité de celui qui est présenté de la sorte : l’intérêt qu’il suscite découle davantage de son lien à quelqu’un d’autre (une célébrité, le protagoniste d’une nouvelle) que de sa propre identité. Cette démarche, bien que peu utilisée, est plus récurrente vis-à-vis des femmes :

• À la télévision, environ 4 femmes sur 100 sont présentées comme épouses, fiancées, filles, mères de quelqu’un ; pour les hommes, cette modalité d’identification est très rare, 0,5% des cas.

• A la radio, ceci arrive pour les femmes dans 2,7% des cas, contre 0,7% pour les hommes.

Du point de vue de l’âge, on remarque pour les femmes représentées à la télévision les mêmes tendances déjà observées pour les professionnelles : elles sont plus nombreuses dans les classes d’âge les plus jeunes et environ deux tiers ont un âge compris entre 12 et 49 ans. Pour les hommes, la concentration est plus forte dans la tranche d’âge 50-64, et ils restent nombreux même au-dessus de 65 ans (tableau n°9)


Tableau 9 – La composition par classe d’âge des femmes et des hommes représentés à la télévision

Concernant les domaines thématiques auxquels les femmes sont associées, on remarque un résultat décevant : si les femmes journalistes, malgré quelque déséquilibre, s’occupaient d’un large éventail de thèmes y compris les actualités économiques et politiques (tableaux 4 à 7), tout au contraire les femmes présentées dans l’information sont reléguées dans une sphère circonscrite d’arguments.

Tableaux 10 et 11 – Les catégories thématiques associées aux femmes et aux hommes – TV et RADIO

L’image de société que les médias congolais renvoient est à mesure des hommes : non seulement ils sont largement majoritaires, mais ils dominent la scène surtout là où on discute des enjeux fondamentaux – politiques et économiques – et là où les décisions stratégiques sont prises.

Comme le montrent les tableaux n.°10 et 11 ci-dessus, soit les femmes subissent une « ghettoïsation » dans les questions de genre (il n’y a que des femmes citées dans la catégorie « La jeune fille »), soit elles sont à l’écart des grands thèmes, tels que la politique et l’économie, et deviennent un peu plus visibles dans les nouvelles de criminalité et violence, d’affaires sociales et juridiques et de mondanité. Sinon, il faut attendre que la catégorie thématique soit explicitement déclinée dans ses aspects de genre pour saluer l’apparition de sujets féminins. Ce qui arrive de temps en temps quand on aborde, par exemple, le rôle des femmes dans la politique et dans la prise de décisions, ou la participation des femmes au processus économique, ou encore l’activisme en faveur des droits des femmes.

Age Femme Homme Total

12 ans ou moins 3,3% 0,0% 0,6%

13-18 ans 1,7% 0,3% 0,6%

19-34 ans 12,0% 6,6% 7,6%

35-49 ans 45,3% 34,4% 36,3%

50-64 ans 30,7% 45,8% 43,2%

65 ans ou plus 5,7% 10,0% 9,2%

Non déterminable 1,3% 2,8% 2,6%

Total 100,0% 100,0% 100,0%Base: 1747

Télévision RadioDomaine thématique Femme Homme Total Domaine thématique Femme Homme TotalLa jeune fille 100,0% 0,0% 100,0% Social et juridique 15,6% 84,4% 100,0%Criminalité et violence 28,6% 71,4% 100,0% Criminalité et violence 14,8% 85,2% 100,0%Social et juridique 26,3% 73,7% 100,0% Politique et gouvernement 10,3% 89,7% 100,0%Célébrités, arts et médias 22,0% 78,0% 100,0% Economie 7,9% 92,1% 100,0%Sciences et santé 17,2% 82,8% 100,0% Sport 7,9% 92,1% 100,0%Politique et gouvernement 13,2% 86,8% 100,0% Sciences et santé 6,1% 93,9% 100,0%Sport 11,8% 88,2% 100,0% Célébrités, arts et médias 2,7% 97,3% 100,0%Economie 11,4% 88,6% 100,0% Autres 0,0% 100,0% 100,0%Autres 50,0% 50,0% 100,0% Total 10,7% 89,3% 100,0%Total 17,2% 82,8% 100,0%Base : 1747 Base : 1036


3.1.4 L’attention spécifique à la question de genre Est-ce que les médias audiovisuels congolais consacrent leur attention aux thèmes liés à l’égalité et à la discrimination basée sur le genre ? Quelle est l’entité et la nature de cette attention ?

Certainement il est difficile d’établir un niveau « idéal » de couverture, au-dessous duquel, une sous-représentation des questions liées à l’égalité pourrait être constatée. Mais il est certain que, s’agissant d’un problème social crucial, il mériterait un traitement important, approfondi et constamment renouvelé par les médias. En ce sens, on peut qualifier d’insuffisant l’intérêt que les médias audiovisuels congolais dans leur ensemble prêtent à la question :

• seulement 10 nouvelles dans les 6 radios analysées, ce qui correspond à un taux de 1,6%

• 33 nouvelles dans les 7 chaînes télévisées analysées, pour un taux de 3,4%.

Les tableaux n°12 et 13 présentent les pourcentages relatifs aux différentes chaînes de TV et radio.

RTNC-TV d’un côté, Radio Télé la Louange et Elikya de l’autre se distinguent grâce à une plus grande attention à ces enjeux.

Tableaux 12 et 13 – Le taux de nouvelles focalisées sur les questions de genre dans les différentes chaînes télévisées et radiophoniques

Les tableaux suivants donnent plus de précisions sur le contenu spécifique de ces nouvelles.

Tableau 14 – Le contenu des nouvelles prêtant attention à la question de genre (Télévision)

TV Taux de nouvelles focalisées sur des questions de genre RADIO Taux de nouvelles focalisées sur

des questions de genreRTNC - TV 7,4% Radio Sango Malamu 5,9%AA 3,5% Radio Elikya 5,3%B-One 2,9% Digital Congo 1,8%RTGA - TV 2,7% Top Congo 1,4%CCTV 2,3% RTNC – Radio 1,1%CNTV 2,2% Radio Okapi 0,0%Numerica 0,9% Total 1,6%Total 3,4%

Base : 982 Base : 629

Thème Nombre de nouvellesMouvements, activisme, événements, manifestations, plaidoyer etc. en faveur de la femme… 15La participation des femmes à la politique et à la prise de décision 7Santé reproductive : contrôle des naissances, fécondité, stérilisation, amniocentèse, interruption de grossesse… 4Violence contre la femme, féminicide, harcèlement sexuel, violence domestique, viol, mutilation génitale… 4Economie: La participation des femmes au processus économique 3Total 33

Radio Télé la Louange


Tableau 15 – Le contenu des nouvelles prêtant attention à la question de genre (Radio)

La récurrence de nouvelles sur les mouvements et les manifestations de femmes fait penser que l’attention des médias s’active dans la plupart des cas lorsqu’elle est impulsée par les initiatives ponctuelles des mouvements féminins.

À part cela, c’est la participation politique des femmes à attirer le plus d’attention. Par contre, les reportages sur la violence contre les femmes surprennent pour leur rareté, en considération de l’entité et de la gravité du problème dans le pays réel. Il est curieux de constater un paradoxe qui est assez courant dans de nombreux pays : les femmes victimes de violence sont souvent les protagonistes de nouvelles de criminalité, se limitant habituellement à rapporter les faits sans approfondir les causes et les répercussions sociales du problème ; par contre, le discours de contexte, de dénonce et de sensibilisation reste très marginal.

3.2 Représentation du genre dans la presse écrite 3.2.1 Visibilité des femmes et des hommes Dans l’ensemble des 7 journaux analysés, il a été recensé 4396 sujets incluant le personnel « interne » et les personnes « externes » qui y sont représentées.

633 sont des femmes, 3370 des hommes et, pour 393 sujets, le genre n’est pas déterminable. Il s’agit des auteurs d’articles (dans une moindre mesure de lettres aux journaux) n’ayant pas signé ou ayant signé par des pseudonymes ou des abréviations qui ne permettent pas d’identifier le genre du signataire. Cette composante de sujets « sans sexe » n’est pas prise en compte - et de ce fait exclue de la base de la plupart des tableaux et des graphiques suivants, qui se focalisent sur la comparaison entre les femmes et les hommes.

Parmi les différents médias, la presse écrite semble le milieu le moins inclusif vis-à-vis des femmes : le taux de présence féminine y est le plus bas (graphique n°10).

Graphique 10 – Visibilité des femmes et des hommes – Presse écrite

Thème Nombre de nouvellesMouvements, activisme, événements, manifestations, plaidoyer etc. en faveur de la femme… 6La participation des femmes à la politique et à la prise de décision 3Santé reproductive : contrôle des naissances, fécondité, stérilisation, amniocentèse, interruption de grossesse… 1Total 10

F e m m1 6 %

H o m m8 4 %

B a s e : 4 0 0 3


Le quotidien public Agence Congolaise de Presse (ACP), avec un taux de présence féminine équivalent à 20,5%, dépasse la valeur moyenne de la presse privée, qui est de 15,4%.

Toutefois, parmi les quotidiens privés on observe des taux assez différents, allant de 21% pour Forum des As à 13% pour L’Observateur. Mis à part le quotidien public, Forum des As et La postérité, les autres titres se placent en dessous de la (très modeste) valeur moyenne de 16%, comme il ressort du graphique n°11.

Graphique 11 – Visibilité des femmes et des hommes dans les différents quotidiens

Les femmes sont rares aussi bien au niveau des professionnels que des personnes représentées dans les contenus. C’est justement dans la composition par sexe des professionnels que réside la différence par rapport à l’audiovisuel : loin du taux important de pénétration féminine dans le milieu des journalistes, observé à la télévision et à la radio, les femmes qui signent les articles de la presse écrite ne sont que 19% en moyenne.

De son côté, le taux de femmes représentées est à peu près en ligne avec les résultats de l’audiovisuel, c’est-à-dire 15% (graphique n. 12).

21% 20% 17% 15% 14% 13% 13%

79% 80% 83% 85% 86% 87% 87%

Forum des As AgenceCongolaise de

Presse

La Postérité La Référence Plus Le Potentiel Le Phare L’Observateur

Femme Homme

Base: 4003


Graphique 12 – Visibilité des femmes et des hommes parmi les professionnels et parmi les personnes représentées

Le graphique n°13 entre dans le détail, et présente ces deux catégories de sujets féminins dans les différents titres de la presse écrite. Il permet d’enregistrer une autre différence intéressante par rapport aux médias audiovisuels : dans ces derniers, un plus grand nombre de femmes dans les rédactions entraîne plus d’attention pour les femmes dans le contenu des nouvelles. Cette relation n’est pas visible dans les journaux, où l’effet « d’encouragement » est absent. Les quotidiens qui ont le plus grand nombre de femmes parmi les auteurs d’articles – La Postérité, La Référence Plus, Le Potentiel, Le Phare – affichent tous un taux de femmes représentées qui est inférieur à la moyenne. Le résultat « inverse » de l’Agence Congolaise de presse (seulement 6% d’articles signés par des femmes, mais 21% de femmes représentées) peut paraître curieux, mais il faut préciser que ce journal présente le plus grand taux d’articles rédactionnels pour lesquels il est impossible d’identifier le sexe (40%), ce qui fausse probablement le résultat.

19% 15%

81% 85%

Professionnels des médias Personnes représentées

Femme Homme

Base: 4003


Graphique 13 - Taux de femmes journalistes et de femmes représentées dans les différents journaux

3.2.2 Les professionnelles des médias D’autres désavantages pour les professionnelles de la presse écrite sont évidents dans les tableaux qui suivent.

Tout d’abord, les femmes journalistes signent très rarement les articles publiés à la « Une » (Page de couverture). Elles sont donc exclues de ce qui est l’emplacement privilégié des journaux.

Tableau 16 – Emplacement des articles signés par les femmes et par les hommes

30% 26% 21% 20% 18%8% 6% 13% 12% 13% 11%

24%15% 21%

70% 74% 79% 80% 82%92% 94%

87% 88% 87% 89%76%

85% 79%

Femme Homme

PROFESSIONNELS PERSONNES REPRESENTEES

Base: 4003

Page Femme Homme Total

La Une 3% 97% 100%

Autres pages 21% 79% 100%

Total 19% 81% 100%

Base : 964


Le type d’articles signés par les deux genres montre également une division du travail qui tend à exclure les femmes des éditoriaux et les met à l’écart des articles d’opinion ; elles sont nombreuses surtout dans la rédaction de comptes-rendus et de brèves, c’est-à-dire d’articles où les composantes d’élaboration et d’interprétation sont négligeables. La seule donnée positive, et qui montre une valorisation des compétences féminines, c’est un taux supérieur à la moyenne dans la rédaction d’article de fonds, reportages et enquêtes.

Tableau 17 – Le type d’articles signés par les femmes et par les hommes

L’exploration des rôles dans lesquels les femmes journalistes sont employées confirme les observations précédentes. Les femmes sont exclues des positions d’autorité et d’influence : elles ne sont jamais à la direction des quotidiens analysés et sont également exclues de la position d’éditorialiste, où s’exprime la ligne éditoriale du quotidien. Rarement elles sont responsables de rubriques, et deviennent plus nombreuses seulement dans la rédaction des articles ordinaires (faits divers).

Tableau 18 – Les rôles des professionnels de la presse écrite selon le genre

Type d'articles signés Femme Homme Total

Brève/ Synthèse 41% 59% 100%

Compte rendu 30% 70% 100%

Autre 22% 78% 100%

Article d’approfondissement/ Reportage/Enquête 21% 79% 100%

Photo 13% 88% 100%

Commentaire/Opinion 8% 92% 100%

Billet/Communiqué/Dépêche 7% 93% 100%

Interview 5% 95% 100%

Espace des lecteurs 0% 100% 100%

Éditorial 0% 100% 100%

Total 19% 81% 100%

Base : 964

Rôle Femme Homme Total

Journaliste auteur de l'article 21% 79% 100%

Responsable d'une rubrique 14% 86% 100%

Directeur du quotidien 0% 100% 100%

Editorialiste 0% 100% 100%

Autre 0% 100% 100%

Total 19% 81% 100%

Base : 964


Jusqu’ici, les données nous racontent une position subalterne des femmes dans les rédactions de la presse écrite. Cette impression est destinée à s'accroître lorsqu’on analyse les thèmes confiés aux journalistes. L’emploi des femmes et des hommes dans la couverture des Hard News et Soft News est ici plus déséquilibré que dans l’audiovisuel. Les femmes s’occupent plus rarement des premières (politique, économie, criminalité) et gagnent plus d’espace dans le traitement des Soft News, selon une division des taches plutôt « traditionnelle » (tableau n.°19). Parmi les différents titres, seulement La Postérité, La Référence Plus et dans une moindre mesure Forum des As confient un peu plus souvent les Hard News aux femmes.

Également, en passant de la dimension internationale à la dimension locale des nouvelles, on observe un taux décroissant de femmes employées pour la couverture (tableau n.°20).

Tableau 19 – La couverture des Hard News et des Soft News selon le genre

Tableau 20 – Caractère territorial des événements couverts par les journalistes selon le genre

Pour plus de précisions, il est possible d’observer les domaines thématiques assignés en prévalence aux femmes et aux hommes :

• Les femmes journalistes atteignent la parité seulement dans le traitement du thème spécifique « La jeune fille », bien qu’il s’agisse d’une donnée peu significative car basée seulement sur 4 articles.

• Les femmes sont surtout appelées à s’occuper des thèmes de sciences et santé.

• Elles sont souvent employées dans la couverture des affaires sociales et juridiques et des questions portant sur les célébrités, les arts et les médias ; catégories thématiques où elles affichent des taux supérieurs à la moyenne.

• L’utilisation de plumes féminines diminue progressivement en passant à l’économie et à la criminalité, pour chuter finalement avec la politique et surtout le sport.

Ces tendances générales sont visibles dans le graphique n°14.

Type de news Femme Homme Total

Hard News 16% 84% 100%

Soft News 23% 77% 100%

Total 19% 81% 100%

Base : 964

Caractère territorial Femme Homme Total

Local 26% 74% 100%

National 18% 82% 100%

Regional 8% 92% 100%

International/Global 6% 94% 100%

Total 19% 81% 100%

Base : 964


Ces tendances générales sont visibles dans le graphique n°14.

Graphique 14 – Couverture des différents domaines thématiques par les journalistes selon le genre

Si on intègre dans ces résultats d’autres informations tirées par des tableaux plus détaillés qui ne sont pas reproduits dans le texte pour ne pas l’alourdir, mais qui portent sur les arguments spécifiques que les rédactions confient aux femmes et aux hommes, on peut ajouter quelques remarques. Ces observations renforcent le constat d’une division des taches traditionnelle : tout d’abord, les femmes sont sollicitées surtout à couvrir les événements et les arguments qui touchent spécifiquement les femmes (qu’il s’agisse de violence, de santé ou de participation à la politique) ; deuxièmement, à l’intérieur des différentes catégories thématiques, elles traitent souvent les côtés les plus « légers ».

• Le domaine thématique sciences et santé apparaît nettement divisé en deux : les femmes s’occupent de santé (médecine de la reproduction, maladies tropicales, VIH-SIDA, autres épidémies, mesures d’hygiène, recherche médicale, etc.) et les hommes de science et technologie ainsi que d’environnement.

• Pour les thèmes sociaux et juridiques, les femmes signent en priorité les articles sur l’activisme féminin pour les droits, et dans une moindre mesure les articles sur les migrations, l’éducation et le système juridique en général. Les hommes s’occupent prioritairement de religion, traditions, développement communautaire, lois de propriété et succession, et droits humains.

• Le domaine célébrités, arts et médias montre une division des tâches assez nette, les hommes s’occupant prioritairement des arts, des loisirs et de culture, les femmes de médias et mondanité.

• Venant à l’économie, les femmes s’occupent de la participation féminine au processus économique, de la pauvreté, des aides aux démunis, d’économie rurale, mais ce sont les hommes qui écrivent à propos des politiques et stratégies économiques.

50%36%

25% 23% 20% 20%13% 2%

50%64%

75% 77% 80% 80%87%

98% 100%

La jeune fille Sciences etsanté

Social etjuridique

Célébrités, artset médias

Economie Criminalité etviolence

Politique etgouvernement

Sport Autres

Femme Homme

Base: 964


• Concernant la criminalité et la violence, les femmes sont souvent appelées à couvrir les épisodes de violence contre la femme. Les hommes s’occupent plus ou moins de toutes les formes de crimes (violents, non violents, émeutes, guerres, terrorisme) et des incidents.

• Les rares articles de politique signés par des femmes portent sur la participation féminine, moins sur la politique nationale et étrangère, contrairement aux hommes, qui par ailleurs monopolisent les nouvelles de défense et de sécurité.

• Les femmes sont pratiquement exclues du domaine sportif, où elles ne signent que 2 articles sur 86.

3.2.3 Profil des femmes objets du discours médiatique

Comme on a l’a déjà souligné (graphiques n.°12 et 13), les femmes sont en nette minorité dans le discours médiatique : seulement 15% du total des sujets représentés.

L’emplacement des sujets féminins dans l’espace hiérarchisé des journaux montre des caractéristiques ambivalentes. Tout d’abord, les femmes citées interpellées ou photographiées accèdent à la Une plus facilement que les femmes journalistes mais en tout cas beaucoup moins fréquemment que les hommes (tableau n.°21).

Tableau 21 – L’accès à la Une des femmes et des hommes représentés

Si on se base sur les chiffres relatifs, le tableau n.°22 nous dit que les femmes gagnent l’espace des journaux surtout dans les caricatures et dans les portraits. Toutefois, dans les deux cas, il s’agit de pourcentages peu significatifs car basés sur un nombre très limité de cas (4 caricatures et 5 portraits au total). En analysant les autres catégories, bien plus importantes du point de vue quantitatif, on peut avancer des remarques négatives et positives :

• Les femmes sont très rarement citées dans les éditoriaux et les articles d’opinion, c’est-à-dire là où on aborde le plus souvent les questions de grande importance pour la vie publique. Non seulement, cet espace stratégique n’est jamais gouverné par des plumes féminines, mais également il dédaigne les femmes dans ses arguments.

• Les femmes sont rarement photographiées. Par contre, les femmes semblent assez valorisées à travers les interviews et les articles d’approfondissement.

Page Femme Homme Total

La Une 18% 82% 100%

Autres pages 15% 85% 100%

Total 15% 85% 100%

Base: 3039


Comme on l’a fait pour l’audiovisuel, on s’interroge sur la « raison d’être » des femmes dans le discours médiatique - à quel titre sont-elles interpellées ou citées dans les articles - on note leur présence significative seulement dans le rôle le moins important et prestigieux : le plus souvent, elles sont évoquées ou interviewées en tant que personnes communes, interchangeables et anonymes, qui fournissent un témoignage personnel ou tout au plus représentent l’opinion populaire. Plus rarement, et contrairement aux hommes, elles apparaissent cruciales en tant que protagonistes des événements rapportés, ou sont appelées à s’exprimer en tant qu’experts, commentateurs et porte-parole, c’est-à-dire en raison de compétences et responsabilités spécifiques (sauf dans L’Agence Congolaise de presse et Forum des As, qui valorisent un peu plus les femmes dans ces deux rôles). Elles sont tout à fait minoritaires même parmi les célébrités, et parmi les lecteurs qui écrivent aux journaux pour exprimer leurs opinions (sauf dans Forum des As).

Graphique 15 – Les rôles des personnes représentées selon le genre

L’image des femmes représentées dans les quotidiens partage d’autres caractéristiques avec l’audiovisuel :

• Ce sont les tranches d’âge les plus jeunes qui attire l’attention des médias, quand il s’agit de femmes : 60% des sujets féminins représentés a moins de 50 ans. Plus elle est âgée, plus la femme disparaît de l’information. Pour les hommes, la donne s’inverse : 60% des sujets masculins représentés sur la presse ont plus de 50 ans.

• Les femmes attirent un peu plus l’attention que les hommes quand elles sont victimes de violence : parmi les femmes représentées dans les journaux analysés, 6% sont des victimes, tandis que le taux pour les hommes est de 4%.

• Les femmes sont identifiées plus souvent que les hommes à travers leurs relations familiales (2% contre 1%).

Qu’en est-il de l’image des femmes renvoyée par la presse écrite, du point de vue du travail? Le graphique n°16 montre le déséquilibre entre les positions professionnelles des femmes et des hommes. La surface du graphique comprend toutes les personnes représentées dans la presse écrite. L’espace est dominé par les hommes dans toutes les positions sociales et professionnelles,

15% 15% 11%21%

7% 6% 8%

85% 85% 89%79%

93% 94% 92%

Protagoniste de lacouverturemédiatique

Expert,commentateur,

porte-parole

VIP, célébrité Personne commune,vox populi, témoin

Lecteur et auteurd'une lettre au

journal

Célébrité auteur del'article/lettre

ouverte

Autre sourced'information "

externe "

Femme Homme

Base: 3039


en raison de leur prévalence numérique. Les femmes gagnent un peu d’espace sur deux positions : premièrement l’activisme social, une catégorie qui n’est pas purement professionnelle car elle inclut aussi le militantisme bénévole. Cette donnée est certainement positive car elle valorise l’entrée des femmes dans l’espace public et, en même temps, elle témoigne de la capacité de ces militantes de gagner l’attention médiatique. Il faut toutefois noter que cette visibilité concerne surtout les mouvements et le plaidoyer pour les droits de la femme, c’est-à-dire un visage partiel de l’implication féminine dans les grandes questions sociales.

L’autre position où les femmes marquent un pic c’est le « manque de profession » : femmes au foyer, mères, jeunes, habitants génériques d’un pays, personnes dont la profession n’est pas mentionnée. Cette donnée, qui ressemble à celle déjà observée dans l’audiovisuel, contribue à entretenir l’image d’une femme aux marges du monde du travail. En effet, peu présentes dans toutes les professions, elles restent à l’écart notamment des professions de prestige.

Graphique 16 – Les professions/positions représentées selon le genre

Le graphique n°17 met en lumière les domaines thématiques auxquels les femmes sont associées. Ce graphique ressemble au précédent (n°14) qui montrait les divers arguments couverts par les journalistes femmes et hommes. Bien que les chiffres soient quelque peu différents, on y retrouve la même prépondérance du thème la jeune fille, la prévalence des thèmes sociaux et la marginalité féminine dans l’information et le débat sur les grands thèmes politiques et économiques.

6%

27%

14%9%

14%

29%

11%

94%73%86%91%86%71%89%

Professions deprestige

Activistes Professionscommunes

Célébrités Religieux Sansprofession/N.d.

Déviants

Femme Homme

Base: 3039


Graphique 17 – Les catégories thématiques associées aux femmes et aux hommes

2.2.4 L’attention spécifique à la question de genre Bien que peu inclusive vis-à-vis des femmes, la presse écrite réserve une plus grande attention par rapport à l’audiovisuel au thème du genre.

Sur un total de 1357 nouvelles, 95 traitent ce thème spécifique ou abordent un thème général sous une perspective de genre ; ce qui donne un taux moyen de 7%.

Cette attention n’est pas la même dans les différents quotidiens. Un effort en ce sens est évident surtout dans l’Agence Congolaise de Presse et dans Forum des As. Les écarts sont visibles dans le tableau n. °23, et le tableau 24 précise mieux le contenu de ces nouvelles.

Tableau 22 – Le taux de nouvelles focalisées sur le genre dans les différents quotidiens

50%

19% 19% 18% 17% 15% 12% 12% 8%

50%

81% 81% 82% 83% 85% 88% 88% 92%

La jeune fille Sciences etsanté

Social etjuridique

Criminalité etviolence

Autres Economie Célébrités, artset médias

Politique etgouvernement

Sport

Femme Homme

Base: 3039

Journal Taux de nouvelles focalisées sur le genre

Nombre de nouvelles

Agence Congolaise de Presse 11,3% 27

Forum des As 8,6% 18

Le Phare 7,1% 9

Le Potentiel 6,0% 16

La Postérité 6,1% 11

L’Observateur 4,8% 11

La Référence Plus 2,9% 3

Total 7,0% 95


Tableau 23 – Le contenu des nouvelles prêtant attention à la question de genre

Ce sont les initiatives en faveur de la femme qui attirent la plus grande attention, en raison probablement de la mise en œuvre d’une stratégie médiatique des mouvements féminins.

La presse écrite semble également intéressée aux problèmes de santé féminine, notamment à la santé reproductive et à l’hygiène de la vie sexuelle.

La participation des femmes à la vie politique et économique fait l’objet d’un nombre discret d’articles, tandis que la violence contre les femmes apparaît encore une fois comme une préoccupation mineure. Les articles sur « médias et genre » rapportent des initiatives de la société civile (Ucofem) pour sensibiliser les journalistes à la question de genre.

3.3 La visibilité féminine et masculine dans les medias congolais : une vue d’ensemble

Le graphique n. 18 place tous les médias analysés sur un plan selon les pourcentages de visibilité féminine et masculine parmi les professionnels auteurs des nouvelles, et parmi les personnes représentées.

La ligne verticale procède d’une maximum visibilité féminine (extrémité supérieure) à un maximum de visibilité masculine (extrémité inférieure) parmi les personnes représentées. Une situation de parité homme-femme se trouverait au centre du graphique. Comme il est évident, aucun média ne se place dans la moitié supérieure du graphique. Tout au contraire, la presque totalité s’approche de l’extrémité inférieure, où la prépondérance masculine est sans concurrence.

La ligne horizontale procède d’un maximum de présence masculine (extrémité gauche) à un maximum de présence féminine (extrémité droite) parmi les professionnels. Ici la situation pour les femmes est moins défavorable : un bon nombre de médias s’approche ou dépasse la ligne médiane, ce qui signifie une affirmation des femmes dans les rédactions.

Thèmes Nombre de nouvelles

Mouvements, plaidoyer en faveur de la femme… 28

Santé féminine 19

Participation des femmes à la politique et à la prise de décision 16

Participation des femmes au processus économique 10

Education-scolarisation des filles 8

Médias et genre 8

Violence contre les femmes 5

Evolution des relations homme-femme 1

Total 95


Mais la plupart des médias se place dans le secteur inférieur à gauche, où la prépondérance masculine concerne aussi bien les professionnels que les sujets représentés.

Graphique 18 – Une vue d’ensemble de la visibilité féminine et masculine parmi les journalistes et parmi les personnes représentées, sur les différents médias


IV. Résultats de l’analyse qualitative

Deux journalistes lors d’une formation de l’Ucofem sur « Genre et médias » à l’intention des professionnels des médias de Kikwit

Photo UCOFEM


La partie qualitative du rapport s’occupe de rassembler des cas d’étude pouvant exemplifier certaines tendances de l’information congolaise, et illustrer celles qu’on appelle les mauvaises et les bonnes pratiques journalistiques du point de vue de l’égalité de genre.

Ces exemples peuvent suggérer comment produire une bonne information, en accordant l’attention nécessaire aux normes professionnelles, à la déontologie et à un souci de créativité. En effet, une information objective et impartiale, exhaustive et pluraliste, reflétant la diversité sociale et culturelle d’un contexte donné, est d’habitude une garantie contre la diffusion de tout stéréotype, y compris les stéréotypes de genre. Également, une information qui inclut le point de vue des femmes, et qui a recours à des sources balancées, s’enrichit de perspectives nouvelles et originales sur le monde.

Les reportages et les articles intéressants pour les objectifs de la recherche sont sélectionnés sur la base du schéma présenté dans l’introduction méthodologique, qui identifie trois types de couverture en ce qui concerne le genre, allant des mauvaises aux bonnes pratiques :

1. Stéréotypes sexistes

2. Occasions manquées / Sans référence au genre

3. Prise de conscience du genre

Ici de suite, ces typologies sont mieux précisées. En même temps, il est présenté quelques exemples qu’on peut ramener aux trois catégories et qui sont tirés des différents médias analysés: la télévision, la radio, et la presse écrite.

Ces exemples sont repris et approfondis dans le Guide à l’intention des journalistes pour l’amélioration de l’image de la femme dans les médias.

4.1 Les stéréotypes sexistes

• Représentations des femmes et des hommes dans des rôles asymétriques et hiérarchisés ; notamment les femmes en tant qu’objets sexuels, victimes, « servantes » ou personnes ordinaires et les hommes en tant que leaders, puissants, autorités, experts, personnes extraordinaires.

• Représentations répétées et contextuelles de femmes et d’hommes dans leurs domaines « traditionnels », c’est-à-dire la sphère privée pour les femmes et l’espace public pour les hommes ; en particulier, les femmes représentées en tant que mères de famille, épouses, domestiques et les hommes en tant que professionnels, experts, politiques, leaders, hommes d’affaires.

• Dans certains cas, les médias sont également responsables de renforcer les préjugés sur les femmes, en créant eux-mêmes des stéréotypes médiatiques bien connus par les chercheurs. À partir des asymétries historiques entre les genres, les médias bâtissent des représentations symboliques et stéréotypées des femmes et des hommes, en tant qu’images fonctionnelles à l’efficacité de la communication. Par exemple, dans la réalité, le crime est un domaine où les femmes sont moins nombreuses que les hommes ; cependant dans la représentation médiatique, les femmes sont bien présentes dans les nouvelles de criminalité et violence, en tant que victimes, car cela répond bien aux nécessités de spectacularisation et de conquête du public.


Exemples de stéréotypes sexistes identifiés

Les stéréotypes flagrants et exprimés de manière directe sont rares. Dans la plupart des cas, on a à faire avec des stéréotypes indirects et implicites, qui sont renforcés par la répétition : le fait, par exemple, d’attribuer aux hommes des rôles importants dans les nouvelles, et aux femmes des rôles secondaires, renvoie à une vision stéréotypée et inégale des genres et des relations de genre. La réitération fréquente de cette représentation ne fait que consolider le stéréotype.

Un reportage sur l’ouverture des travaux des concertations nationales au Palais du Peuple, diffusé dans la grande édition de 20h à la Télévision Nationale le 8 septembre 2013, réduit cet événement important à une affaire purement masculine et présente les femmes et les hommes dans des rôles asymétriques et hiérarchisés : il choisit d’interviewer huit hommes et aucune femme, malgré une ample présence féminine dans la salle, témoignée par les prises de caméra. Ce type de présentation des nouvelles, qui pourrait être classé également comme une occasion manquée de visibilité pour les femmes, cache et véhicule en même temps, de manière indirecte, un stéréotype assez typique, qui attribue aux hommes le pouvoir et la responsabilité des décisions, et réduit les femmes à simples spectatrices de l’activisme masculin.

Une autre forme de stéréotype, qui bouge entre victimisation et culpabilisation de la femme, est visible dans un article paru sur Forum des As le 2 septembre 2013. Malgré la bonne intention d’enquêter la pauvreté féminine dans certains quartiers de Kinshasa, l’auteur finit par dresser un tableau très sombre qui généralise l’état de pauvreté féminin, et limite la femme dans une position d’être faible et illettré, sans aucunement reconnaître son rôle d’acteur clé pour la survie du ménage. De plus, après avoir dressé ce portrait de femme faible et dépourvue de ressources, l’article lui attribue en quelque sorte la responsabilité de sa situation pénible, à cause d’un manque présumé d’information et de leadership : « …le pire transparaît lorsqu’on effectue la ronde dans ces secteurs, le mode de vie de femmes renvoie à un temps reculé de plusieurs siècles. Dans la majorité de cas, elles sont soumises aux pénibles travaux pour la survie. Pourtant, des possibilités existent, mais le manque d’information et l’absence de leadership féminin plombent tout. »

La tendance à reconduire les femmes à la sphère privée est visible dans plusieurs cas, là où les journalistes introduisent des précisions superflues sur l’état civil des femmes, même si l’argument porte sur des questions professionnelles.

Par exemple, un article de L’Observateur (23 septembre 2013) portant sur la première ordination de femmes théologiennes dans la 27ème communauté mennonite au Congo, donne le détail « mariée et mère de cinq enfants » pour l’une des femmes ordonnées. Une procédure qui n’est pas du tout courante quand il s’agit des hommes.

Dans un reportage du journal télévisé de la RTNC (7 septembre) portant sur la décoration des enseignants qui se sont distingués dans leur travail, la seule femme décorée est introduite comme l’épouse de l’ex premier ministre, ce qui a l’effet de diminuer ses mérites personnels pour la ramener à son statut familial.


4.2. Occasions manquées/ Sans référence au genre

• Emissions ou articles où l’on observe un manque d’équilibre et de diversité de genre dans les sources de référence, c’est-à-dire émissions/articles où l’on ne fait connaître qu’une seule perspective sur un thème.

• Emissions ou articles dépourvus d’une perspective de genre dans le traitement d’affaires quotidiennes qui intéressent les femmes autant que les hommes (comme les élections ou l’éducation), en privant les narrations de perspectives nouvelles et intéressantes.

Exemples d’occasions manquées identifiés

Le même article de L’Observateur déjà cité, portant sur la première ordination de femmes théologiennes, donne un très bon exemple d’occasion manquée. Bien que le titre pose les femmes au cœur de l’événement, l’article ne donne pas la voix aux premières intéressées et se contente d’interviewer des pasteurs hommes et un invité. Il s’en suit que la nouvelle, qui aurait du se focaliser sur ces femmes ayant finalement rejoint un domaine traditionnellement masculin, finit par se concentrer sur les hommes ayant permis cette « promotion » sociale et professionnelle. Les hommes se confirment dans le rôle de protagonistes et décideurs, les femmes de figurantes et bénéficiaires, en rejoignant le stéréotype décrit auparavant.

Il en est de même pour un reportage radiophonique diffusé à la RTNC, au cours de la grande édition du soir du journal parlé du 1er septembre, portant sur les difficultés d’accès à l’eau potable de la population du Nord Kivu. Étant donné que l’approvisionnement en eau est une activité reconnue à la femme, ses conditions de vie pénibles sont évoquées dans le reportage. Mais loin d’introduire dans la nouvelle une perspective de genre et de collecter l’avis direct des femmes, le discours reste entre le reporter et un parlementaire du Nord Kivu. Tout en étant une des principaux sujets concernés par le problème, la femme reste sans voix, et c’est un député homme qui parle à sa place. Comme dans l’exemple précédent, un glissement vers le stéréotype est aussi présent, en raison de la réduction de la femme à une éternelle victime, qu’on se limite à compatir au lieu de l’interpeller.

Un autre exemple est donné par un reportage de Digital Congo FM, diffusé dans la grande édition du journal parlé, le 23 septembre 2013, portant sur la prononciation du verdict du bourreau d’une fillette de 11 ans qui a été violée avant d’être assassinée. Il s’agit d’un procès qui a mobilisé l’opinion dans la ville, les autorités, la société civile et la population, et qui touche un problème si grave comme les violences faites aux femmes. C’était une bonne occasion pour accorder à la question toute l’ampleur qu’elle mérite, et pour mieux enraciner dans le débat public le problème de la violence contre les femmes, qui viole les droits humains et endommage la société dans son ensemble. Cependant, cette information occupe une position secondaire dans la hiérarchie des nouvelles : elle passe vers la fin du journal, après les informations politiques et économiques. De plus, à la place d’approfondir et de débattre le problème, en présentant les avis des multiples acteurs sociaux concernés (partie plaignante, société civile qui s’était engagée dans l’affaire, opinion publique, etc.) elle se limite à interviewer la ministre du genre, alors que cette affaire concerne aussi bien les femmes que les hommes, et non seulement les autorités mais la société toute entière.


4.3. Prise de conscience de genre

Cette dernière catégorie inclut des exemples positifs de couverture, où la prise de conscience de genre est évidente dans le contenu et également dans certains choix journalistiques qui dénotent une ligne éditoriale favorable à l’égalité. Par exemple, un article d’opinion publié à la une et signé par une femme, une émission de débat politique animé par une femme.

• Mise en cause des stéréotypes : émissions, reportages, articles, images où les stéréotypes sont mis en cause et où l’on encourage le débat sur des questions de genre dans la perspective des droits humains.

• Équilibre de genre dans les sources de référence : émissions, reportages, articles, images montrant un équilibre de genre quant aux personnes mentionnées, interviewées, photographiées ; incluant tant les points de vue des femmes que ceux des hommes (par exemple, l’opinion ou le témoignage de deux parents, père et mère, sur l’éducation des enfants).

• Attention spécifique au genre : émissions, reportages, articles, images portant sur l’inégalité entre les hommes et les femmes, ou spécifiquement consacrés à des thèmes féminins comme la question du « plafond de verre »; campagnes visant à promouvoir l’égalité de genre, Par exemple le droit à l’éducation des jeunes filles.

• Perspective de genre dans les nouvelles : émissions, reportages, articles, images montrant comme une question d’ordre général concerne spécifiquement les femmes ; incluant le point de vue des femmes dans le cadre d’une question générale, ou mettant en évidence les implications que les faits dont on parle ont sur la vie des femmes, ainsi que les solutions souhaitables sous une perspective d’égalité.

• Valorisation du talent des femmes : émissions, reportages, articles, images qui présentent une femme dans une position importante, par exemple un rôle décisionnel, une fonction influente, etc.

Exemples de prise de conscience de genre identifiés

Un article publié par l’Agence Congolaise de Presse (12 septembre) porte sur le phénomène de jeunes filles qui deviennent mères avant de contracter un mariage. Sur la base de préjugés très enracinés, la société congolaise a souvent tendance à condamner la fille, et à ne présenter qu’un seul aspect de ce phénomène de société. Pour cette raison, l’article en question est appréciable, du fait qu’il remet en cause les stéréotypes et montre un équilibre de genre quant aux sources de référence. Cinq personnes ont été interviewées dont deux femmes et trois hommes, qui évoquent les différents aspects du phénomène, ses causes et les solutions possibles. L’article insiste que la question concerne aussi bien les filles que les garçons, et l’auteur interroge une « fille mère » et un « garçon père ».

Un reportage de Top Congo sur les concertations nationales, diffusé le 10 septembre dans le journal parlé du soir, montre un autre bon exemple d’équilibre de genre quant aux sources de référence pour un sujet d’intérêt national. Les délégués à ces assisses viennent de partout dans le pays et même de l’étranger pour discuter de l’avenir du pays. La parole est accordée aux participants et c’est un homme et une femme qui sont abordés et ils s’expriment au micro d’un journaliste maison. Tous les deux jouissent d’un temps relativement long pour donner l’essentiel sur leur personne et pour énoncer leurs attentes par rapport aux travaux.


Encore, un reportage dans la grande édition du journal télévisé de CCTV montre un bon exemple de prise de conscience de genre et particulièrement de mise en cause des stéréotypes et de valorisation du talent des femmes. Le reportage, diffusé le 10 septembre 2013, porte sur l’élection d’une assemblée élective des dirigeants de la fédération de Nzango, un sport de loisir développé récemment en RDC et qui est pratiqué jusque là par les femmes essentiellement. Parmi les 8 membres de ce nouveau comité, 5 sont des femmes. Le reporter met l’accent sur l’arrivée pour la première fois de 5 femmes au sein d’un comité d’une fédération sportive en RDC.

D’autres exemples positifs viennent de certains portraits de femmes qui se sont distinguées pour leurs compétences et pour leur engagement dans divers domaines. En effet, les portraits et les entretiens sont des instruments favorables à la valorisation du talent féminin à travers les médias.


V. Hommes et femmes dans les entreprise de presse en RDC

Une séance de sensibilisation de l’Ucofem dans les bureaux de Digital Congo Photo UCOFEM


5.1 Hommes et femmes engagés dans les entreprises médiatiques Entreprise de presse Femme Homme Femme Homme Total

RTNC TV 30,0% 70,0% 472 1098 1570 B One 17,6% 82,4% 9 42 51 Antenne A 30,3% 69,7% 31 71 102 RTGA TV 18,0% 82,0% 34 155 189 Numerica 42,3% 57,7% 22 30 52 CANAL Congo Télévision 17,2% 82,8% 5 24 29 Canal Numérique Télévision 22,2% 77,8% 8 28 36 Digital Congo Radio 66,5% 33,5% 113 57 170 Radio Okapi 27,1% 72,9% 65 175 240 RADIO Elikya 38,5% 61,5% 10 16 26 Top Congo 50,0% 50,0% 13 13 26 Agence Congo laise de Presse 24,3% 75,7% 103 321 424

Forum des AS 6,5% 93,5% 2 29 31 L'Observateur 16,7% 83,3% 6 30 36 La Prospérité 23,5% 76,5% 8 26 34 La Référence Plus 46,9% 53,1% 15 17 32

Le Phare 25,9% 74,1% 7 20 27 Radio Télé La Louange 60,0% 40,0% 15 10 25

Le Potentiel 12,5% 87,5% 5 35 40 Total 28,2% 71,8% 887 2253 3140

Parallèlement à l’étude des contenus médiatiques, l’Ucofem a réalisé, à la même période une étude sur la place de l’homme et de la femme au sein de 20 médias congolais. Ceci est intéressant dans la mesure où, ces résultats permettent d’établir un lien entre les deux aspects de la problématique genre dans les médias, tels que posés à travers la plate forme de Beijing. Ils permettent ainsi d’orienter les actions à entreprendre pour une amélioration de l’image de la femme dans les médias.

Le tableau et le graphique ci après, nous renseignent que sur 3140 personnes travaillant dans ces médias, 887 sont des femmes, soit 28%. Ces données concernent tous les services fonctionnant dans ces entreprises : de la rédaction à l’administration en passant par la technique et le marketing.


Composition effectif général hommes et femmes dans au sein des médias

Une évolution de 3% est observée par rapport aux statistiques de l’année 2012 qui étaient de 25% de femmes engagées, pour tous les services confondus.

5.2 Composition de l’équipe dirigeante Entreprise de presse Femme Homme Femme Homme Total

RTNC TV 50,0% 50,0% 1 1 2

B One 11,1% 88,9% 1 8 9

Canal Numérique Télévision 0,0% 100,0% 0 7 7

Antenne A 0,0% 100,0% 0 2 2

CNTV 0,0% 100,0% 0 7 7

Digital Congo Radio 33,3% 66,7% 3 6 9

Radio Elikya 0,0% 100,0% 0 3 3

Top Congo 14,3% 85,7% 1 6 7

Agence Congo laise de Presse 33,3% 66,7% 1 2 3

Forum des AS 0,0% 100,0% 0 4 4

L'Observateur 0,0% 100,0% 0 1 1

Le Phare 0,0% 100,0% 0 1 1

RTGA 33,3% 66,7% 1 2 3

RTL 0,0% 100,0% 0 1 1

NUMERICA 0,0% 100,0% 0 5 5

Radio Okapi 0,0% 100,0% 0 3 3

La Prospérité 0,0% 100,0% 0 2 2

La Référence Plus 0,0% 100,0% 0 6 6 Le Potentiel 50,0% 50,0% 1 1 2

Dans l’équipe dirigeante des entreprises de presse, les femmes restent très rares. Sur les 19 médias analysés4, seuls 13 ont des femmes en leur sein, notamment l’ACP et Le Potentiel pour la presse écrite et RTNC, RTGA, Digital Congo, B-One et Top Congo pour l’audiovisuel. Deux seulement ont atteint la parité à savoir : RTNC et Le Potentiel.

4 La RTNC tv et la RTNC radio sont fusionnées du fait qu’elles ont un conseil d’administration et un comité de gestion communs.

28,2%

71,8%

Femme


Conclusion et recommandations


Conclusion

Le monitorage du genre dans les médias congolais, édition 2013 démontre un statu quo en ce qui concerne la présence des femmes comme sources dans les actualités par rapport à l’année dernière. Si l’année passée, tout en saluant le progrès réalisé depuis 2007, l’Ucofem a déploré la lenteur du rythme dans les progrès accomplis par les médias congolais, les présents résultats constituent une interpellation.

Dans les médias congolais on constate tout d’abord un problème de sous-représentation féminine. En effet, le genre dans les contenus médiatiques n’a pas connu de développement : 22% de femmes ont eu accès aux médias comme personnes internes et externes ou sources. A la télévision, le pourcentage de femmes est 27%, le taux est 22% à la radio et de 16% dans la presse écrite. En 2012, ce pourcentage était de 21,8%.

Les femmes dont l’âge varie entre 19 et 34 ans sont plus présents dans les contenus et l’accès des femmes de plus de 65 ans dans les médias est presque inexistant, alors que pour les hommes c’est la tranche d’âge de plus de 50 ans qui est plus active. Le pourcentage des femmes dans les organes de presse influence l’accès des femmes dans les contenus médiatiques. Par ailleurs, les médias représentent un environnement dans lequel les femmes sont moins nombreuses que les hommes dans toutes les professions, confinant ainsi les femmes au rôle au foyer ; les femmes sont les plus identifiées par rapport à un parent (mari, père, fils). Cependant les stéréotypes flagrants tendent à diminuer.

Encore une fois, la politique a dominé dans la presse congolaise au détriment d’autres sujets aussi d’intérêt national tel que le développement, l’économie, la santé, etc. Les sujets sur les violences basées sur le genre et le VIH/SIDA n’intéressent pas beaucoup les rédactions de la RDC. Ils ont été exploités seulement à 1,6%.

Au sein des entreprises de médias, la représentation des femmes a passé de 25% à 28,2%, soit 3% en l’espace d’une année. Un grand pas accompli ; quand on sait que les études menées précédemment ont révélé que les médias congolais ont eu besoin de six années pour réaliser une augmentation de 5% de femmes engagées dans les différents services. Cependant cette présence reste plus remarquable dans les services tels que la rédaction et le marketing. Les femmes sont toujours absentes dans l’équipe dirigeante des médias congolais.


Recommandations générales

Au regard du statu quo observé dans les contenus médiatiques d’une part et d’autre part des efforts fourni pour recruter un peu plus de femmes au sein des entreprises de presse en vue de se réduire les écarts entre les hommes et les femmes et promouvoir l’égalité des chances, il importe d’adresser les recommandations suivantes:

Aux médias

• Plus d’engagement dans l’amélioration de l’image de la femme à travers les contenus médiatiques et une gestion « genrée » du personnel ;

• L’organisation régulière d’évaluations de cet engagement au niveau interne de chaque médium engagé dans le processus ;

• La remise d’une récompense aux organes de presse qui font la différence dans la promotion du genre dans et par les médias

Aux formateurs des professionnels des médias

• La mise en œuvre des programmes de cours « genre et médias » dans l’enseignement de base en communication et en journalisme et dans les programmes de formation continue

• La proposition et la multiplication de programmes de formation sur les questions de genre aux propriétaires et autres responsables des organes de presse, producteurs et animateurs d’émissions et de rubriques

Aux associations des femmes

• La recherche de l’information et le renforcement des capacités des femmes pour se familiariser avec les médias

• Le partage d’informations sur les compétences des femmes en vue d’aider les médias à les identifier et les solliciter en cas de besoin

A la société civile y compris les associations des médias

• Travailler avec les médias sur les questions de genre pour une implication totale des communautés et des médias

• Mobiliser les médias autour des débats et échanges dans l’application du genre via les médias et les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication)

• Informer et former les consommateurs des médias afin qu’ils deviennent des consommateurs avisés, capables de faire des critiques constructives sur la prise en compte du genre

• Proposer des amendements des codes et des lois existants pour les rendre plus respectifs en matière du genre

Aux pouvoirs publics

• Encourager les initiatives des partenaires impliqués dans la promotion du genre dans et par les médias

• Encourager les médias de femmes et leur travail qui visent à transformer les autres médias

• Améliorer le cadre juridique des médias dans la prise en compte de la dimension genre


Observatoire de Pavie

OdP

Union congolaise des femmes de médias

Ucofem

Novembre 2013

[email protected]

www.ucofem.org

l’image de la femme dans les médias en rdc -...

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