librairie laurent coulet - li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. cartulaire-censier...

88
Li v res anciens et modern e s PREMIÈRES ÉDITIONS LIVRES ILLUSTRÉS MANUSCRITS RELIURES CATALOGUE 47

Upload: others

Post on 04-Aug-2020

2 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

Page 1: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Li v res anciens et modern e sPREMIÈRES ÉDITIONS

LIVRES ILLUSTRÉS

MANUSCRITS

RELIURES

CATALOGUE 47

Page 2: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,
Page 3: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle.Manuscrit sur parchemin, 61 ff. in-4° (245 par 165 mm). 25 000 €

Cartulaire inédit, vraisemblablement le seul jamais dressé, du prieuré Saint-Vigor de Perrières(Calvados), fondé peu avant 1076 et dépendant de l’abbaye de Marmoutier.Élaboré au début du XIIe siècle, complété et mis à jour jusqu’au XVe siècle, il a fait l’objet d’uneconstruction en plusieurs étapes par adjonction de cahiers, tout en évoluant à partir de la fin du XIIIesiècle vers le statut de censier. 61 feuillets, répartis en 11 cahiers, ayant reçu une foliotation continue(de 2 à 62, le f. 1 mq.) qui n’est pas antérieure au XIVe siècle.

Contenu :1) - F. 2-3 : Acte passé en 1304 devant le vicomte de Falaise par lequel Geoffroi de la Motte-Fouquet,chevalier, reconnaît avoir reçu en héritage perpétuel de l’abbaye de Marmoutier et du prieuré dePerrières, leur ermitage de Sapient (y compris usages, dîmes, hommes et droits de justice endépendant), moyennant une rente de 10 livres tournois. Copie XIVe siècle F. 4-7 bl.

2) - F. 8-15 et 18-21 : Cartulaire, contenant chartes et conventions datées du XIe au XIIIe siècle,copiées du début du XIIe au XIIIe siècle. En tête, trois actes en copie intégrale : d’abord les deux chartesde donation originelles, par lesquelles Richard de Courcy remet à l’abbé de Marmoutier, Barthélemy,l’église de Saint-Vigor (entre 1071 et 1076, f. 10-11), et un certain nombre de biens et revenus situésalentour (une charruée de terre à Bernières, la dîme de deux moulins, l’église de Jort, un verger, etc.,1076, f. 8). La première fut souscrite par Guillaume le Conquérant (dont est figuré le signum crucis),la reine Mathilde et trois évêques normands ; c’est le seul des actes du cartulaire à avoir été édité, à partirde la charte originale conservée aux Archives départementales de l’Orne (H 2007), dans les RegestaRegum Anglo-Normannorum (1998, n° 198) ; les éditeurs, qui en signalent 5 transcriptions des XVIIIeet XIXe siècle, n’ont pas connu cette copie. La 3e charte, de 1109, est une donation par Robert deCourcy, fils de Richard, de terres situées en Normandie et en Angleterre (8v-10) ; elle est suivie d’uneconvention fixant les conditions dans lesquelles Guillaume, abbé de Marmoutier, s’engage à envoyerdes moines de l’abbaye mère à Perrières, et à y introduire ses usages (“secundum consuetudinemcellarum Maioris Monasterii”) ; le rédacteur de l’acte a précisé que Robert et Hugues, fils de Robert deCourcy, se trouvent alors en Angleterre auprès du roi Henri Ier.

Après ces trois actes initiaux, copiés de la main qui inaugura le cartulaire au début du XIIe siècle,suivent (f. 11v-21) des notices de chartes plus succinctes, occasionnellement datées (confirmations devente, donations de terres, vignes ou vergers, attribution de dîmes, droits de passage ou de moulinage,concessions d’églises, intervention d’évêques dans certains différends, comme celui qui oppose entre1144 et 1157 le prieuré à l’abbaye bénédictine de Saint-Evroult). L’une des chartes (f. 21v) est rédigéesur le modèle exact de celle donnée par Richard de Courcy avant 1076 (mêmes préambule etformulation du dispositif ) : Robert de Vieuxpont effectue une donation en faveur de Marmoutier,également souscrite par Guillaume, Mathilde, les évêques normands ainsi que Richard de Courcy(avant 1079, date de la mort de Jean évêque de Rouen). La charte originale de cet acte, qui a échappéaux éditeurs des Regesta Regum Anglo-Normannorum, semble n’avoir pas été conservée par ailleurs,même sous forme de copie.

Page 4: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Plusieurs procédés de mise en page employés pour la séquentialisation des quelque 75 chartesconsignées : initiale de grand module succinctement ornée ; initiale ou intitulé (toponyme) rubriqué ;bout-de-ligne ; crochet alinéaire. Deux feuillets ont été insérés dans cet ensemble au XIVe siècle ; l’und’eux (f. 17) conserve un censier du prieuré pour la seigneurie du Breuil ; en regard se trouve une lettresur papier du XVIIIe siècle, d’un certain Bérard, moine d’une abbaye non identifiée, à qui le prieur dePerrières a demandé transcription de quelques lignes relatives à une donation de 1340.

3) - F. 22 : deux chartes non datées de Renaud de Fresnay (fin XIVe - déb. XVe siècle), le f. 23 bl.

4) - F. 24-41 : censier dressé en 1282, par une même main, donnant un tableau complet du domainedu prieuré, organisé topographiquement (noms des tenanciers, nature des censives, montant desredevances) ; compléments et mises à jour au moins jusqu’au XIVe siècle (précision des localisations,ajout de nouveaux assujettis, indication de successions ou transmissions des terres ou granges) ; diverssignes d’utilisation ou de récolement (croix, points, sommes comptables) ; à signaler aux f. 40-41, laliste de tous les assujettis à la redevance en œufs et poules (126 noms).

5) - F. 42 : deux inventaires successifs de linges et ustensiles (1295 et 1307), de la même main.

6) - F. 43-54 : censier dressé à partir de 1328 (au moins 3 mains), organisé topographiquement ; dansl’énumération des redevances en latin, apparaît ponctuellement le français.

7) - F. 55 : autre copie, du XVe siècle, de la charte de Richard de Courcy de 1076.

8) - F. 55v-57 : censier pour la paroisse de Tôtes dressé en 1488, en français.

9) - F. 58-62 bl. : au verso du dernier feuillet se trouve curieusement copié, transversalement, un actede 1469 (année qui marque la fin de l’histoire du duché de Normandie et son rattachement à laFrance) : le lieutenant du bailliage de Caen et le vicomte de Falaise, agissant en qualité de commissairesdu roi aux montres (ancêtres des commissaires des guerres), reçoivent l’offre de “servir le roi” présentéepar le prieur Pierre Chausse.

Les cahiers 2, 3 et 4 constituent le cartulaire originel (XIIe siècle) ; ils ont été réglés à la mine de plombet à la pointe sèche, les régimes de piqûres pratiquées pour en effectuer le tracé restant visibles.Les cahiers 6 à 10, entièrement dédiés aux censiers successifs du prieuré, ont été ajoutés au XIIIe et auXIVe siècle.Les cahiers 1, 5 et 11, de même que les 2 feuillets ajoutés au cahier originel 3, ont été intégrés dans lecodex en un seul moment, pas avant le XIVe siècle ; ils témoignent de la persistance de la fonctioncartulaire du manuscrit, car y furent consignées chartes de donation ou reconnaissances de rente ; ilsont en commun d’avoir fait l’objet d’une réglure par pliage destinée à une copie en colonnes que lescribe n’a pas respectée.Manques aux marges supérieures de 9 feuillets, affectant la lecture de quelques lignes pour 4 d’entreeux.

Une source exceptionnelle pour l’histoire d’une partie du duché de Normandie et de cettecommunauté monastique, du XIe siècle à la fin de la Guerre de Cent Ans.

Le fondateur du prieuré, Richard de Courcy, qui apparaît ainsi que ses descendants à plusieurs reprisesdans le cartulaire, appartient à l’une des plus anciennes familles de Normandie, qui dès le XIe siècle pritpart à la conquête de l’Angleterre et y obtint des terres. Il figure dans plusieurs chartes souscrites parGuillaume le Conquérant. Son fils Robert de Courcy est inscrit sur le rôle des chevaliers bannerets quiaccompagnèrent le duc Robert II Courteheuse à la croisade en 1096 ; la famille compte également

Page 5: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Guillaume de Courcy, qui se rendit en Terre Sainte en 1190 avec Richard Cœur de Lion, ainsi que letrouvère Jean de Courcy (1360-1431).

Le cartulaire donne à voir comment les Courcy ont les premiers durablement conforté le temporel duprieuré de Perrières. Sa fondation vers 1076, et sa croissance, illustrent l’expansion de l’influence del’abbaye de Marmoutier : restaurée après les invasions normandes en 982, elle tend alors à devenir le“Cluny de l’Ouest”, constituant un empire monastique composé de petits centres économiques etspirituels ; l’abbatiat de Barthélemy (1064-1084) correspond justement à la plus intense période decréations. Perrières fut l’une des rares pièces normandes de ce vaste échiquier (O. Gantier recenseseulement 9 prieurés normands sur un total de 151 entre le Xe et le XIIe siècle, “Recherches sur lespossessions et les prieurés de l’abbaye de Marmoutier…”, Revue Mabillon, 1963, 1964, 1965). Il futdoté dès la fin du XIe siècle d’une exceptionnelle église de plus de 40 mètres de long, dont il subsisteaujourd’hui quelques éléments, ainsi qu’une imposante grange construite à la fin du XIIe siècle, “la plusbelle de Normandie” (L. Musset).

Sur le plan documentaire, ce manuscrit est exceptionnel pour deux principales raisons :- En tant que cartulaire (transcription organisée de documents diplomatiques réalisée par leur détenteurou pour son compte, rappelle la définition de la Commission internationale de Diplomatique), il relèved’un type de document emblématique des sources médiévales. Sa double qualité de cartulaire et decensier en fait du reste un tableau de l’histoire et des droits du prieuré en même temps qu’un documentterrier, investi pendant 4 siècles de plusieurs fonctions : commémorative (protection de la mémoire desdonateurs et des prieurs), juridique (attestation des titres), politique (affirmation de la communautéface aux autres établissements ecclésiastiques et aux autorités laïques) et économique (estimation desrichesses, gestion des revenus).

- Inédit, il rassemble des actes dont les chartes originelles pour certaines n’ont pas été conservées, etdont il n’existe pas d’autres témoins ; en effet, si l’abbaye de Marmoutier entretenait des cartulairesrégionaux à côté de son cartulaire général, la plupart de ceux-ci sont perdus depuis le XVIIIe siècle.C’est le cas de celui dressé pour la Normandie (D. Barthélemy, “Notes sur les cartulaires de Marmoutierau XIe siècle”, dans Les Cartulaires : actes de la table ronde organisée par l’École nationale des chartes,1993, p. 248).

Conservé dans le chartrier du prieuré de Saint-Vigor – il figure en tête de l’inventaire de ses titres etpapiers dressé en 1710 – il en a vraisemblablement été soustrait dès le XVIIIe siècle, se trouvant absentd’un second inventaire rédigé vers 1743 (AD Orne, H 2005-2006). Henri Stein est le seul avoir signaléce cartulaire, très brièvement et sans l’avoir vu, en 1907 (Bibliographie générale des cartulaires français,n° 3018) ; il rapporte qu’il se trouvait en 1870 dans la collection Boismorand, à Poitiers. Les historiensdu prieuré de Perrières et des établissements monastiques de Marmoutier, comme ceux du duché deNormandie, ont jusqu’à ce jour ignoré son existence.

Sur le prieuré : Statistique de l’arrondissement de Falaise, 1826-1829, II, 455-456. - A. de Caumont,Statistique monumentale du Calvados, 1846-1867, II, 326-327. - Dom Martène, Histoire de l’abbaye deMarmoutier, 1874-1875, I-426. - C. Hippeau, Dictionnaire topographique du Calvados, 1883, 218. -Ch. Beaunier, Abbayes et prieurés de l’ancienne France : prov. eccl. de Rouen, 1914, 228. - L. Musset, “Leprieuré de Perrières”, Art de Basse Normandie, 1960, p. 7-11 ; Id., Normandie romane, 1967, I-38.Sur ses chartes et archives : L. Duval, Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à1790 : Orne, série H, 1894, II, xxv-xxxi et 21-29. - J.-M. Bouvris, “Une notice originale inédite duXIe siècle du prieuré de Perrières”, Bulletin de la Société archéologique de l’Orne, 1981, p. 87-102.

Page 6: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

2. ROLEWINCK, Werner. Fasciculus temporum. Venise, Erhard Ratdolt, 1481. In-foliode [7], 64 ff. (table des matières précédant le texte), basane marbrée, dos à nerfs orné et doré,tranches mouchetées (reliure du XVIIe siècle).Relié avec : HÉRODOTE. Historiae. Paris, Josse Bade et Jehan Petit, 1528. [12], CXIII ff.MÉLA, Pomponius. Orbis situ libri tres. Paris, Jean Roigny, 1540. [14], 196, [72] pp.

14 000 €

Célèbre incunable illustré.Cette édition est issue de l’officine vénitienne d’ Érhard Ratdolt, qui fut toujours attentif à l’exécutiontypographique comme à la qualité des illustrations.

Le Fasciculus temporum connut une popularité exceptionnelle, comme en témoignent les vingt-cinqéditions latines et les sept en langue vernaculaire du vivant de l’auteur. L’ouvrage se présente commeune compilation des événements historiques depuis la création du monde. La chronologie s’achève enmai 1481, date de la mort et de la “descente en enfer” du sultan Mehmet II, conquérant deConstantinople.

68 bois gravés au trait dans le texte.Parmi ceux-ci, on distingue, la Création du Monde, l’Arche de Noé surmontée d’un arc-en-ciel, la Tourde Babel, et des vues de villes dont celle de la Piazza San Marco et du Grand Canal. L’édition de 1481offre de nouvelles figures de villes et de monuments, parfois répétées.

Bel exemplaire.Petites rousseurs, cernes sans atteinte au texte. Sans le premier feuillet blanc.

Hain, Repertorium Bibliographicum, 6928. - Goff, Incunabula in American Libraries R-264. -BnF, Catalogue des incunables, R-171.

Page 7: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

3. LORRIS, Guillaume de & MEUNG, Jean de. Le Rommant de la Rose nouvellementreveu et corrige oultre les precedentes impressions. Paris, Galliot du Pré, 1529. Petit in-8 de(8), CCCCIII ff., un f. bl. avec la marque de Galliot du Pré, maroquin rouge, plats ornésd’une dentelle florale à froid, dos à nerfs orné de cadres de filets à froid avec fleurons à froid,filets dorés sur les coupes, petite dentelle dorée intérieure, tranches dorées sur marbrure(Chambolle-Duru). 8 500 €

Célèbre édition, la première en lettres rondes, illustrée de 50 charmantes vignettes gravées sur bois.Titre imprimé en rouge et noir, portant la marque de Galliot du Pré.

Édition remarquable recherchée pour la qualité de sa typographie ainsi que la variété et la richesse deson illustration. Elle fait partie de la collection de poètes anciens publiée en lettres rondes par Galliotdu Pré.

“Suite charmante de vignettes, les unes dans un encadrement de feuillages de forme ovale (39 par 53 mm),les autres, plus influencées par l’art bâlois (40 par 45 mm), un nombre de 50 en tout. Elles ont l’intérêtd’illustrer de très près le texte et de manifester un réel effort de renouvellement” (Robert Brun, Le Livrefrançais de la Renaissance, p. 241).

Très bel exemplaire. Ravissante reliure de Chambolle-Duru à la discrète décoration florale.

Tchemerzine, Éditions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, IV, 229.

Page 8: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

4. BUDÉ, Guillaume. Su m m a i re ou Epitome du Livre de Asse faict par lecommandement du Roy… Paris, Guillaume de Bossozel pour Pierre Sergent, sans date [1537].In-16 de XC, (2) ff., veau fauve, triple filet doré en encadrement sur les plats, dos à nerfs ornéde soleils irradiants, pièce de titre de maroquin rouge, coupes et bordures décorées, tranchesmouchetées (reliure vers 1830). 2 500 €

Très rare édition de l’abrégé du De Asse connue à deux exemplaires.Le seul autre exemplaire est celui de la BnF (voir : Renouard, Éditions parisiennes du XVIe siècle, V, 391).

C’est l’avant-dernière édition parue du vivant de l’auteur. Elle porte, à l’ultime feuillet, la marquetypographique de Jean Saint-Denys, que Pierre Sergent avait reprise à son compte sans d’abord lamodifier.

Une commande royale pour la promotion du français.À la suite du succès du De Asse et partibus eius (1515), Guillaume Budé composa, à la demande deFrançois Ier, cet abrégé en français destiné aux lecteurs non latinistes. Allant des Grecs aux Romains, des Perses aux Hébreux, cet Épitomé reprend les grands thèmes du DeAsse : les systèmes de monnaies et mesures de l’Antiquité, les prix en vigueur aux différentes époques,les dépenses publiques et les budgets militaires de l’empire romain, ainsi qu’une réflexion politique etmorale sur le thème du luxe antique et moderne. Tout en gardant l’exigence scientifique qui lecaractérise, Budé met ici l’accent sur les épisodes et les personnages les plus connus : Alexandre leGrand, Antoine et Cléopâtre, Jules César, Auguste, Salomon.

Ainsi Guillaume Budé constitue-t-il l’ a rchétype de l’humaniste de la Renaissance, latiniste et hellénistedistingué, toujours soucieux, pour mieux servir un prince qui fut le grand promoteur du français, de mettrele savoir des anciens au service du présent. Il fut l’ami d’Érasme, de Thomas Mo re, de Rabelais, le fondateurdu Collège de France et le maître de la “librairie de Fo n t a i n e b l e a u”, future Bibliothèque nationale.

Bel exemplaire. Il provient des bibliothèques Jacobi Flach, Paul Schmidt et G. Grappe, avec ex-libris. Le premier était professeur au Collège de France, et comptait donc parmi les “héritiers” de G. Budé.

Page 9: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

5. COMMINES, Philippe de. Les Mémoires de Messire Philippe de Commines… Paris,Galliot du Pré, 1561. In-folio de (6) ff., 341pp., (9) pp. de table, maroquin rouge, plats ornésd’un décor à la Duseuil doré, dos à nerfs très finement orné d’un décor à feuillage doré,coupes et bordures décorées, tranches dorées sur marbrure (Petit). 6 500 €

Belle édition imprimée par Guillaume Morel pour Galliot du Pré dans la version établie par DenisSauvage. Elle est dédiée au roi Henri II.Elle est ornée d’un très beau titre imprimé dans un encadrement composite à colonnes et fronton gravésur bois, contenant la marque typographique de Galliot du Pré : Vogue la Guallée.

Le créateur du genre des Mémoires.D’abord conseiller de Charles le Téméraire avant de passer au service de Louis XI, Philippe deCommines composa ses Mémoires entre 1489 et 1498. Les 6 premiers livres sont consacrés àl’affrontement entre le duc de Bourgogne et Louis XI, et les deux derniers à la première expéditiond’Italie à laquelle il participa (1494-1495). Au-delà d’une traditionnelle chronique événementielle, Commines y justifie ses engagements etdéveloppe, avant Machiavel, ses réflexions sur l’action politique considérée du point de vue de sonefficacité. Il crée ainsi le genre des Mémoires dont il fixe les caractéristiques essentielles : refus du beaustyle et de l’érudition, information précise d’un témoin oculaire et point de vue personnel.

Un bréviaire politique.“Si les Mémoires sont l’œuvre d’un mémorialiste qui annonce Montaigne par le tour de son esprit, lesprocédés de son écriture et les leçons qu’il donne, ils constituent, de surcroît, une sorte de bréviairepolitique, comme l’avait vu Charles Quint” (Dictionnaire des littératures de langue française, I, 544).

Très bel exemplaire parfaitement établi par Petit.

En français dans le texte, 38. - Tchemerzine, Éditions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, II, 468.

Page 10: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

L’architecture aux architectes

6. ALBERTI, Leon Battista. L’Architettura di Leon Batista Alberti. Tradotta in linguaFiorentina da Cosimo Bartoli Gentil’huomo & Accademico Fiorentino. Con la aggiunta deDisegni. Firenze, Lorenzo Torrentino, 1550. In-4 de 404 pp., (11) ff., vélin ivoire, dos à nerfs(reliure du XVIIe siècle). 15 000 €

Première édition illustrée du premier traité moderne d’architecture.C’est à partir du milieu des années 1440 que Leon Battista Alberti (1404-1472) rédige son traité De reaedificatoria. Achevé en 1452 - il est alors offert au pape Nicolas V -, l’ouvrage a été composé en latin,langue véhiculaire des humanistes, tout comme précédemment le De Pictura du même Alberti.La diffusion originelle, manuscrite, du De re aedificatoria ne lui confère d’abord qu’une audiencerestreinte. C’est seulement en 1485, grâce au patronage de Lorenzo de Médicis, que ce traité estimprimé pour la première fois. Viennent ensuite plusieurs traductions dont la première en italien parPietro Lauro, parue à Venise en 1546. En 1550, un siècle après la rédaction du traité d’Alberti, unenouvelle traduction italienne, qui est aussi la première édition illustrée, est donnée par Cosimo Bartoli(1503-1572), humaniste ami de Vasari - auteur du frontispice - et diplomate au service des Médicis –la dédicace est adressée à Cosme Ier, futur grand-duc de Toscane. C’est cette version de Bartoli quiservira pour l’établissement de la traduction française chez Kerver en 1553.

De re aedificatoria avait été conçu sans images et diffusé ainsi pendant un siècle jusqu’à cette édition deBartoli. Alberti se méfiait en effet des copistes qui, en redessinant ses images, les auraient adultérées,leur faisant perdre toute valeur didactique. Les praticiens de l’architecture se plaindront de cettecarence. L’architettura de 1550, en langue vulgaire et illustrée, consacre donc le basculement de laréception de l’ouvrage d’Alberti : destiné initialement aux humanistes - l’architecture étant envisagéeavant tout comme une discipline intellectuelle -, il passait désormais au service des bâtisseurs.

L’Architettura comprend un titre frontispice allégorique, le portrait médaillon d’Alberti au verso, et 83autres xylographies de schémas, plans, élévations, et figures, dont plusieurs à pleine page. L’ouvrage estbien complet des deux planches - non paginées - qui constituent les parties supérieures des tempiettireprésentés aux pages 284 et 285 ; elles sont ici montées sur onglets.

Divisé en 10 livres, le traité d’Alberti se proposait de remplacer le De architectura de Vitruve. Tout enconservant la structure de l’ouvrage de son célèbre prédécesseur - cf. la reprise des 3 principes firmitas[solidité], utilitas, venustas -, Alberti en critiquait l’incohérence ainsi que l’obscurité de son vocabulaire.Pour Alberti, les idées des Anciens devaient être considérées comme des points de départ et non commedes auctoritates indépassables.

Les 3 premiers livres - correspondant à la firmitas - traitent du choix du site de construction, del’exposition, des matériaux, des ouvriers, des fondations et de la maçonnerie. Les livres 4 et 5 - utilitas -s’intéressent aux villes, murailles, et ponts et fixent des règles pour bâtir les palais, temples, hôpitaux,palais de sénateurs, etc. Les livres 6 à 9 - venustas - sont consacrés à l’ornement, et proposent uneréflexion sur la nature du beau et sur le bon goût ; Alberti y distingue les ornements convenables auxéglises, pyramides, autels, rues, portes, places publiques, bibliothèques, palais des souverains, etc. Ledernier livre enfin évoque les questions liées à l’eau et aux engins hydrauliques.

Très bel exemplaire, en vélin italien du XVIIe siècle.

Mortimer-Harvard Italian 16th Century Books, I, 12. - Mark J. Millard Architectural Collection, Italianand Spanish Books, 6. – M. Paoli, Leon Battista Alberti, Éd. de l’Imprimeur, 2004, pp. 57-62.

Page 11: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,
Page 12: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

En vélin doré

7. DU CHOUL, Guillaume. Discours sur la Castramétation et discipline militaire desanciens romains, des bains & antiques exercitations grecques & romaines.Précédé de : Discours de la religion des anciens romains. Lyon, Guillaume Rouillé, 1567.2 parties en un volume in-4 de 154 pp. et (5) ff. pour la Castramétation et de 339 pp. et(28) ff. pour la Religion, vélin ivoire à rabats, filet doré d’encadrement sur les plats, largemédaillon central azuré et doré, dos orné de filets et roulettes dorés répétés, tranches dorées(reliure de l’époque). 7 500 €

C’est l’un des plus beaux livres produits par l’éditeur lyonnais Guillaume Rouillé.Sa belle marque d’imprimeur figure sur les deux titres. Aux versos de ceux-ci, armoiries de Du Chouldessinées par Pierre Eskrich.

Magnifique suite gravée sur bois.Elle est l’œuvre de Pierre Eskrich - dit aussi Pierre Vase - qui fut l’un des artistes préférés de GuillaumeRouillé et l’auteur d’incomparables suites gravées. Le Discours de la Religion est illustré de 577médailles. Le Discours sur la Castramétation est illustré de 46 figures à pleine page, 18 à mi-page, et d’ungrand plan dépliant : Figure du camp des Romains.

L’antiquité romaine sort de l’ombre.Le Discours de la religion des anciens Romainsest célèbre pour l’abondance de sonillustration. L’ouvrage est dédié à Clauded’Urfé en remerciement des services rendus àl’auteur et aux siens à Rome, allusion auséjour de Jean Du Choul dans la suite del’ambassadeur du roi de France. La Religion,que l’on trouve dans bien des catalogues debibliothèques anciennes, servit de répertoireiconographique à plusieurs peintres commeNicolas Poussin.

Le Discours sur la Ca s t ramétation e s tessentiellement un commentaire de planchessur l’armée romaine. On pense que cette bellesuite gravée fut inspirée à Du Choul par lesdessins de la colonne Trajane qu’il ava i tobservé lors de son séjour à Rome. Le texte enappendice, “Des Bains”, contient trois boisgravés à pleine page et trois plus petits, queBaudrier attribue également à Pierre Eskrich.

Très bel exemplaire en vélin doré du temps.

Baudrier, Bibliographie Lyonnaise, IX, 312-313. - Brun, Le Livre français illustré de la Renaissance, 172-173. - Cockle, A Bibliography of military books, 702. - Adams, Cambridge Library, I, 1025. - Mortimer-Harvard, I, 180 et 181 pour les éditions de 1556 et 1557.

Page 13: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

8. ÉSOPE. Æsopi Phrygis et aliorum Fabulae. Elegantissimis Iconibus ac Indiceillustratae, & diligentius quam antehac emendatae. Lyon, Héritiers de Jacques de Giunta,1569. In-16 de 307, (13) pp., veau havane, double encadrement de filets à froid sur les plats,fleurs de lys dorées aux angles, fleuron doré au centre, dos à nerf orné de fleurons dorés(reliure de l’époque - dos moderne). 2 000 €

Élégante contrefaçon d’une des plus célèbreséditions illustrées des Fables au XVIe siècle.

Cette édition lyonnaise - inconnue deBaudrier - réunit 346 fables en latin, d’Ésopemais aussi des textes de ses suiveurs oucommentateurs antiques comme modernes :L o re n zo Valla, Aulus Gelle, Pline, AngePolitien, Érasme, etc.

L’ouvrage est orné de 99 vignettes sur bois(format 35 par 48 mm) qui démarquent, enles inversant, les gravures de Be rn a rdSalomon. Celui-ci les avait exécutées pourl’édition donnée par Jean de Tournes en1547.

“ Petit Be r n a rd” fut en effet un desreprésentants essentiels de la gravure sur boisà Lyon entre 1540 et 1560. Il eut uneinfluence décisive sur l’illustration du livre“au point qu’une grande partie des graveursde la ville, au milieu du XVIe siècle, lereprennent plus ou moins ouvertement pourmodèle” (Estelle Leutrat, Les débuts de lagravure sur cuivre en France, Lyon 1520-1565,p. 38).

Au décès de Jacques Giunta (1546), ses filleset héritières poursuivirent le commerc epaternel sous la raison “Héritiers de JacquesGi u n t a”. Ju s q u’en 1572 - date de saliquidation - cette maison fut administrée parl’un des gendres - Guillaume Regnault - puispar l’un de ses cousins florentins, PhilippeTinghi (Baudrier, Bibliographie lyonnaise, VI,pp. 223-224).

Bel exemplaire. De la bibliothèque Georges Emmanuel Langavec ex-libris.

R. Brun, Le Li v re français illustré de laRenaissance, p. 184.

Page 14: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Le Champollion des humanistes

9. HORAPOLLON. Ori Apollinis Niliaci, de Sacris Ægyptiorum notis, Ægyptiacèexpressis Libri duo, iconibus illustrati et aucti, Nunc primum in Latinum ac Gallicumsermonem conversi. Parisiis, Apud Galeotum à Prato, & Ioannem Ruellium Via Iacobæa,[Galliot Du Pré et Jean Ruelle], 1574. Petit in-8 de (8), 108 ff., maroquin havane, doubleencadrement de filets à froid, écoinçons et large fleuron central dorés, dos à nerfs orné defleurons dorés, titre doré, double filet doré sur les coupes, dentelle intérieure, tranches doréessur marbrure (Lortic). 7 000 €

Édition française illustrée de 194 bois gravés.Ce sont les mêmes que ceux utilisés par Kerver pour l’impression parisienne de 1551. Chaque vignette,inscrite dans un encadrement décoratif, est suivie d’une explication en français avec le texte latin enregard.

C’est au début du XVe siècle que le manuscrit grec des Hiéroglyphica d’Horapollon, découvert par lereligieux voyageur Cristoforo Buondelmonti sur l’île grecque d’Andros, fut rapporté à Florence.L’auteur de ce texte - originellement rédigé en copte -, le philosophe alexandrin du Ve siècle de notreère, Horapollon ou Horus Apollon, qui possédait encore quelques connaissances de l’écriture desanciens Égyptiens, interprète les hiéroglyphes comme des figures ayant un sens allégorique et noncomme des signes phonétiques. Il y associe des éléments empruntés aux auteurs grecs et latins ayantcompilé les croyances relatives aux animaux. L’intérêt suscité par de ce traité auprès des humanistes italiens fut immédiat : il circula sous formes decopies manuscrites avant d’être édité pour la première fois par Alde Manuce en 1505. Suivirent alorsdifférentes traductions en latin, italien, ou allemand. La première française, donnée en 1543 parJacques Kerver, fut aussi la première illustrée.

Répondant à l’idée que l’image constitue unvéritable langage - cryptique - permettantd’exprimer pensées et concepts, lesHiéroglyphica furent assimilés aux emblèmeset leur servirent de répertoire iconographique. L’ouvrage d’Horapollon, à l’instar du Songe dePoliphile - tous deux traduits en français parJean Ma rtin - exerça une influencei m p o rtante au cœur de la pensée de laRenaissance.

Très bel exe m p l a i re en maro q u i nparfaitement établi par Lortic. De la bibliothèque Ambroise Firmin Didotavec ex-libris.

Je a n - Ma rc Chatelain, Li v res d’emblèmes et dedevises, une anthologie (1531-1735), 1. - Bru n ,Le Li v re français illustré de la Re n a i s s a n c e, p. 224.- Mo rt i m e r - Ha rva rd, French Sixteenth Ce n t u ryB o o k s, n° 316. - Guy de Te rva rent, Attributs etsymboles dans l’ a rt pro f a n e : dictionnaire d’ u nlangage perdu, 1450-1600, p. 8.

Page 15: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

“L’Anti-Machiavel”

10. [GENTILLET, Innocent]. Discours surles moyens de bien gouverner et maintenir enbonne paix un royaume ou autre principauté.Divisez en trois parties, à savoir du conseil, dela religion & police que doit tenir un prince.Contre Nicolas Machiavel Florentin. Sans lieu[Genève], 1576. In-8, vélin ivoire souple del’époque. 5 500 €

Édition originale d’une grande rareté.L’ouvrage pourrait avoir été imprimé à Genève.

C’est la première réfutation de Machiavel et unecontribution importante à la science politiqueavant Bodin. Elle est l’œuvre d’un jurisconsultefrançais, Innocent Gentillet, que ses opinionsprotestantes exileront à Genève en 1585.Les Discours sur les moyens de bien gouve rn e rconnurent une grande vogue que sanctionnent unequinzaine d’éditions successives - en français, en latin et en anglais - jusqu’au milieu du XVIIe siècle.L’ouvrage est connu sous le nom d’Anti-Machiavel, deux siècles avant que l’ouvrage du même nom,écrit par Polignac, ne voit le jour.

Très joli exemplaire en vélin souple du temps.Ex-libris manuscrit du XVIIe siècle sur le titre : sum Petri Junii Hadr. F.Il s’agit du fils de Hadrianus Junius, auteur d’un célèbre livre d’emblèmes publié chez Plantin en 1565.

11. [HOTMAN, Antoine]. Traicte de la dissolution du mariage par l’impuissance &froideur de l’homme ou de la femme. Paris, Mamert Patisson et Robert Estienne, 1581. Petitin-8 de 30 ff., veau fauve glacé, filet doré en encadrement sur les plats, lys à froid aux angles,dos orné, titre en long, roulettes dorées sur les coupes, bordures décorées d’entrelacsgéométriques à froid, tranches dorées (reliure vers 1830). 2 500 €

Édition originale que Renouard donne pour “peu commune”.Titre orné de la marque typographique de Robert Estienne avec sa devise : “Noli altum sapere, sed time”.

Antoine Hotman était le frère du célèbre jurisconsulte François Hotman. Il fut aussi ardent ligueur queson frère était zélé calviniste. Son Traité de la dissolution du mariage fit grand bruit en son temps car ils’élevait avec beaucoup de force et une grande liberté de langage contre la manière dont étaientconduites les enquêtes dans les cas d’impuissance ou de frigidité.

Bel exemplaire, entièrement réglé, et délicatement relié à la Restauration.

Renouard, Annales de l’imprimerie des Estienne, 183. - Brunet, Manuel de l’amateur, V, 917.

Page 16: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

12. DONI, Antonio Francesco. Les Mondes célestes, terrestres et infernaux… L’Enfer desescoliers, des mal Mariez, des Putains et Ruffians, des Soldats & Capitaines poltrons, despiètres Docteurs, des Usuriers, des Poëtes & compositeurs ignorans. Augmentéz du Mondedes Cornuz & de l’Enfer des Ingrats. Lyon, Estienne Michel, 1583. In-8 de (12) ff., 735 pp.(verso blanc), 122 pp., 21 pp. (verso blanc), maroquin rouge, filets dorés sur les plats, dos ànerfs orné de caissons de fleurons dorés, coupes et bordures décorées, tranches dorées surmarbrures (David). 8 000 €

Édition en partie originale, la meilleure et la plus complète.“Cette troisième édition est de beaucoup préférable aux deux premières données par le même libraire”(Baudrier, Bibliographie lyonnaise, IV, 146).Elle se rencontre indistinctement au nom de Barthélémy Honorat ou de son associé Étienne Michel.

Belle et curieuse illustration représentant les différents enfers.Elle comporte 17 gravures sur bois. 16 sont comprises dans des médaillons de forme ronde (diamètre :60 mm). Le dernier est plus grand et compris dans un ovale (92 x 62 mm).

Une utopie par l’éditeur de Thomas More.Le Florentin Doni (1513-1574), ami puis ennemi de l’Arétin, défroqué, imprimeur à Florence, enbutte à l’hostilité des Junte, puis écrivain et libraire à Venise, fut l’éditeur, avec Ortensio Landi, de latraduction italienne de L’Utopie de Thomas More (Venise, 1548).Les Mondes célestes, terrestres et infernaux est son meilleur livre. Il présente, en général sous forme dedialogues, différents univers, célestes ou infernaux. On remarquera en particulier le Monde sage, “enforme de cercle parfait, à la manière d’une étoile. La paix y est perpétuelle, il n’y a pas de monnaie, la raisondomine en tout, l’amour est libre et les enfants sont adoptés par l’État, enfin tous les habitants y sont égauxet vêtus uniformément” (Pierre Versins, Encyclopédie de l’Utopie).

Très bel exemplaire provenant de la bibliothèque du baron Sellière.Les deux premiers cahiers sont un peu courts.

Brunet, Manuel de l’amateur, II, 812. - Bibliotheca esoterica, n° 1323. - BnF, Utopie, n° 75 (pourl’originale italienne).

Page 17: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

13. MENGHI, Girolamo. Flagellumdæmonum, seu exorcismi terribiles,potentissimos et efficaces… Bononiæ[B o l o g n e], Apud Joannem Ro s s i u m ,1584. 4 parties en un volume in-8 de(12) ff., 254 pp., (1) f. d’errata, (4) ff.d’index (pour le Flagellum dæmonum),de 94 pp. (pour le Re m e d i aefficacissima), de (12) ff., 330 pp., (1) f.d’errata (pour le Fustis daemonum) etde (8) ff. (pour le De examine) ,maroquin citron, triple filet doré enencadrement, armes au centre, dos ànerfs orné de cadres de filets dorés avecc h i f f res centraux, coupes décorées,tranches cirées (reliure de l’époque).

15 000 €

Cinquième édition, très augmentée et enpartie originale.Parue pour la première fois en 1580, c’est lameilleure et la plus complète édition de cemanuel d’exorcisme et de démonologie.Son succès fut immense pendant près de150 ans. Il fut mis à l’index en 1709. L’ouvrage de Girolamo Menghi se situe dans un contexte religieuxde stigmatisation exacerbée de prétendues pratiques sataniques. Il expose, avec précision, les moyens dereconnaître la présence des démons, comment les interroger, distinguer les possédés, procéder au rituelde l’exorcisme, rituel long et compliqué fait de formules, de prières et d’onction d’eau bénite.

Très bel exemplaire en maroquin citron aux premières armes et au chiffre - I.A.D.T. - de Jacques-Auguste de Thou. Cette reliure est antérieure à 1587, date de son mariage avec sa première femme à lasuite duquel il modifia ses armoiries.Il porte en outre la cote manuscrite de la bibliothèque Rohan-Soubise en haut du premier plat et sur lefeuillet de garde.

Il a ensuite appartenu à William Beckford, dont il porte l’ex-libris.Immensément riche, William Beckford fut l’un des plus grands collectionneurs anglais de tous lestemps. Seymour de Ricci, qui connaissait sa bibliothèque, le décrit comme un dandy en perpétuellequête de rareté : “The result of these bizarre tastes was less a library, in the proper sense of the word, than acabinet of bibliographical rarities and freaks, each one a gem of its kind.”

Coumont, Demonology and Witchcraft, M59.5. - Bibliotheca esoterica, n° 3039 (pour une édition de1595). - Caillet, Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes, n° 7378 (pour des éditionsde 1582 et 1599).

Page 18: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

14. MONTAIGNE, Michel de. Essais de Michel Seigneur de Montaigne. Cinquiesmeedition augmentée d’un troisiesme livre et de six cents additions aux deux premiers. Paris,Abel l’Angelier, 1588. In-4 de (4) ff et 504 ff., mal chiffré 496 (avec de nombreuses erreursde pagination), maroquin rouge, plats ornés d’encadrements de filets dorés, dos à nerfs ornésd’un décor à feuillage inspiré des reliures à la fanfare, coupes et bordures décorées, tranchesdorées sur marbrure, étui (Trautz-Bauzonnet). 28 000 €

Édition originale du troisième Livre.

C’est la dernière édition dont Montaigne ait arrêté la rédaction de manière définitive. Le travail derévision des livres I et II est considérable : par rapport aux éditions précédentes, il y a 641 additionsimportantes et 543 citations nouvelles.

Annoncée au titre comme étant la “cinquiesme édition”, c’est en réalité la quatrième des Essais. Ce quipose une énigme non résolue : on ne connaît pas de quatrième édition. Plusieurs hypothèses existent :une autre édition bordelaise publiée après 1582, la remise en vente de l’originale de 1580 avec un titreà la date corrigée, une édition rouennaise selon La Croix du Maine ou encore un partage de l’éditionparisienne ?

Remarquable titre-frontispice gravé à l’eau-forte, en très bel état de conservation, ce qui est peucommun, la gravure étant d’une justification plus grande que le texte.

Très bel exemplaire en maroquin de Trautz-Bauzonnet à grandes marges : 246 mm.Bon nombre d’exemplaires ont une hauteur de marges inférieure à 240 mm. En revanche, quelques-uns, très rares, dépassent 250 mm.

Exe m p l a i re cité par Bru n e t(Suppl., col. 1097).Des bibliothèques Ga n c i a(1868, n° 221) et comte OctaveBéhague (I, 1880, n° 136).

En 1876, cet exemplaire figuraitau catalogue à prix marqués deGo n z a l ez - Bachelin ; puis en1881 au répertoire de Morgandet Fatout (n° 6999).

Sayce et Maskell, A descriptiveBi b l i o g raphy of Mo n t a i g n e’sEssais, n° 4. - Jean Balsamo etMichel Simonin, Abel L’Angelier,n° 204.

Page 19: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Une trompette de sédition (Bayle)

15. BOUCHER, Jean. Sermons de la simulée conversion et nullité de la prétendueabsolution de Henry de Bourbon, Prince de Bearn, à S. Denys en France, le Dimanche 25juillet 1593… Paris, Chaudière, 1594. In-8 de (6) ff., 645 pp., mal num. 625, (11) ff.,maroquin violine, plats ornés de filets et roulettes dorés, dentelles dorées et à froid avecmarguerites et feuilles de vigne dorées sur fond de pointillé, dos à nerfs plats orné de palette,roulettes et filets dorés avec des motifs floraux dorés et à froid, coupes et bordures décorées,tranches dorées (reliure début XIXe siècle). 3 400 €

Réimpression de l’édition originale publiéela même année.Les deux éditions, publiées à quelquessemaines d’intervalle, furent interdites à lademande expresse d’Henri IV. Elles sontaussi rares l’une que l’autre.

Le plus féroce des ligueurs.Les sermons de Jean Boucher sont restésc é l è b res comme les plus violents qu’ a i tproduits la Sainte Ligue. Du Ier au 9 août1593, une semaine après l’ a b j u r a t i o nd’Henri IV, il prononça, en l’église de Saint-Méry à Paris, neuf sermons dans lesquels ilrefuta la conversion d’ Henri IV aucatholicisme et invita le peuple à ne pasl’accepter comme roi.

Obligé de fuir la capitale, il écrira par la suiteune Apologie pour Jean Chatel, qui avait tentéd’assassiner le roi, dans laquelle il qualifiel’acte de juste et héroïque et recommandemême de l’imiter.

Michaud note que “ce fut dans sa chambre quese tint, en 1585, la première assemblée desligueurs, et il s’en déclara l’apôtre le plus ardent.On le vit, le 2 septembre 1587, faire sonner letocsin de son église pour donner le signal de la révolte, monter en chaire pour animer ses paroissiens contreleur souverain, et publier des libelles séditieux pour propager au loin le zèle frénétique qui l’agitait”.

Très bel exemplaire en pleine reliure décorée d’époque Restauration.Elle peut être attribuée à Courteval, actif de 1796 à 1836. Ce fut l’un des plus brillants artisansparisiens du tout début du XIXe siècle.

Hauser, Les Sources de l’histoire de France, X, n° 3074. - Brunet, Manuel du Libraire, I, 1151. - Graesse,Trésor des livres rares et précieux, I, 506.

Page 20: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

16. GODARD, Jean. L’Oracle ou le chant de Protée, Contenant la Prédiction desVaillances & Victoires de Henry IIIIe très Chrestien & tres Victorieux Roy de France & deNavarre. Avec les Trophées du mesme Seigneur. Paris, Jamet Mettayer et Pierre L’Huillier,1595. Petit in-8 de 36 ff., vélin rigide à la bradel, double filet doré et roulette dorée enencadrement sur les plats, fleurons dorés aux angles, dos orné de roulettes dorées avec titreen long, tranches dorées sur témoins (Bound by Lloyd, London). 2 500 €

Très rare édition collective à pagination continue de deux des principaux recueils de Jean Godard.Il s’agit de la deuxième édition pour L’Oracle, de la troisième pour Les Trophées, œuvres alors trèsrécentes puisque toutes deux parues en 1594.

Armoiries d’Henri IV au verso du feuillet 11, nombreux ornements typographiques.

Jean Godard (1564-1630) est un poète dont les œuvres ont peu circulé après sa mort, en dehors derares cercles d’amateurs et de bibliophiles, mais qui néanmoins possédait la maîtrise des modèlesantiques tout comme des maîtres italiens et surtout français. Parmi ces derniers, il connaissait sansdoute personnellement Baïf, auquel il dédia une pièce en des termes témoignant, d’après Jean-PaulBarbier, d’une certaines familiarité.Comme le montrent ces deux recueils - en réalité L’Oracle constitue plutôt un long panégyrique -Godard se fit l’apologue d’Henri IV, en cela trait d’union entre les poètes délicats ou tourmentés dusiècle des Valois et ceux qui, la paix religieuse plus ou moins revenue, serviront la gloire des Bourbons.

Bel exemplaire, élégamment relié au XIXe siècle par le relieur londonien Lloyd.

Jean-Paul Barbier (Ma bibliothèque poétique, IV, n° 48), qui ne mentionne pas cette édition parisienne,donne une liste chronologique des œuvres de Godard et en souligne la rareté.

17. LAU R E T, Christofle. La Do c t rine des temps et de l’ a s t ronomie unive r s e l l e.Contenant la démonstration du vray nombre des ans du monde, & des orbes célestes : selonleurs mouvemens naturels jusques à présent la plus-part incognus. Par Christofle Lauret deProvins. A Monseigneur Messire Martin Ruzé [...]. Paris, Philippe Du Pré, 1598. In-folio de(4), 133, (5) ff., vélin ivoire souple moucheté, dos lisse de veau lavallière orné de caissons defleurons dorés contrecollé (reliure de l’époque). 2 000 €

Édition originale rare. Elle fait défaut à Tardy, Bibliographie générale de la mesure du temps.

Elle comprend de nombreuses tables astronomiques. Bandeaux, culs-de-lampe et lettrines gravés surbois dans le goût bellifontain.

Professeur de rhétorique, avocat au siège présidial de Provins, membre de l’académie des beaux espritsde ladite ville, Christofle Lauret (1547-1616) s’intéressa également aux recherches astronomiques.

Dans le contexte du développement d’une littérature apocalyptique, à la fin du XVIe siècle, Laurets’appuie sur l’astronomie pour proposer un comput des temps. À l’aide d’observations des mouvementscélestes, il s’applique à dater les principaux événements de l’histoire du monde - c’est-à-dire de l’histoiresacrée comme profane. Il place ainsi la Crucifixion “le Vendredy trentiesme Mars l’an du monde cinqmil trois cens trente-sep, & de salut trente-six”.

Page 21: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

L’épître finale de Palma Cayet - lui-même nommé chronologue en 1596 - au pape Clément VIII, metbien en perspective ce développement d’un esprit scientifique qui se veut compatible avec la loi divine.

Bel exemplaire en vélin de l’époque. Marque d’appartenance manuscrite à l’encre brune au bas de la page de titre : “Ex libris Cartusiae VallisDei”. Quelques mouillures en fin de volume.

18. MACHIAVEL, Nicolas. Le Prince.Précédé de : Les Discours de l’estat de paix et de guerre, sur la première décade de Tite-Live.Paris, Adrian Perier, 1597. Petit in-12 de 719 pp., (5) pp., vélin de l’époque. 2 000 €

Belle édition conjointe des deux livres clé de Machiavel.

L’édition originale italienne du Discours sur la première décade de Tite-Live est antérieure d’un an à celledu Prince, paru en 1532.

Travail de plus grande ampleur, commencé avant la rédaction du Prince mais achevé postérieurement,les Discours permettent de replacer ce fameux traité, qu’ils contredisent parfois, dans le contexte del’histoire italienne et de ses influences romaines.

Le texte du Prince figure dans la traduction française de Gaspard d’Auvergne - en date la seconde -précédée d’une épître au régent d’Écosse James Hamilton. Celui-ci fut en effet le patron du traducteuren tant que duc de Châtellerault, titre obtenuen récompense de son ralliement au campcatholique et de son rôle dans le mariage dudauphin de France avec Marie Stuart.

Mort en France en 1575, Hamilton, dans le butde consolider ses droits, bien réels, sur le trône,n’eut de cesse de changer de camp et de trahirsuccessivement tous les partis auxquels il s’étaitrallié - Français et Anglais, catholiques etprotestants - jusqu’à se retrouver jeté en prisonoù il dut abandonner ses prétentions à lasatisfaction générale.

Alors, le génial auteur florentin dont ilss’inspirait aurait-il fait fausse route ? Ou avait-ilmanqué à Hamilton cette qualité sur laquelleMa c h i a vel insiste tant dans son oeuvremaitresse, non le cynisme, ou l’opportunisme,mais la virtù, le courage propre à un espritrésolu ?

Très bel exemplaire en vélin de l’époque.

Page 22: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

19. RABELAIS, François. Les Œuvres… contenant cinq Livres de la vie, faits, & ditshéroïques de Gargantua, & de son fils Pantagruel, plus la pronostication pantagrueline, avel’oracle de la dive bouteille, & le mot de la bouteille… Anvers, Jean Fuet, 1605. In-12 allongéde 347, (7) de table - 469, (9) de table - 166 pp., (2) ff. de table, (14) ff., maroquin rouge,filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné de caissons dorés aux petits fers, coupes et borduresdécorées, tranches dorées sur marbrure (Lortic). 5 500 €

Belle édition portative des œuvres de Rabelais donnée par Jean Fuet à Anvers. Elle se recommande parsa belle typographie. Comme il se doit, le Cinquième Livre possède un titre à part avec la date de 1608.

Figure de la Dive bouteille gravée sur bois (p. 157 du Cinquième Livre). Nombreux ornementstypographiques.

Très bel exemplaire impeccablement relié par Lortic.

Rawles & Screech, A New Rabelais Bibliography, n° 84. - Plan, Bibliographie rabelaisienne, n° 120. -Tchemerzine, Editions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, V, 315.

20. SERRES, Olivier de. Le Théâtre d’Agriculture et Mesnage des champs d’Olivier deSerres Seigneur du Pradel. A Paris, chés Saugrain, 1615. In-4 de 1 titre-frontispice, (12) ff.,907 pp. (verso bl.), (13) ff., 1 f. bl., vélin de l’époque. 5 000 €

Dernière édition à laquelle Olivier de Serres ait pris part.L’édition suivante (1619), bien qu’également publiée de son vivant, est trop médiocre, selon Thiébaud,pour avoir été donnée avec l’aval de l’auteur.

Elle est illustrée d’un beau titre-frontispice orné d’un large encadrement gravé sur cuivre par Mallery,de 8 jolies vignettes gravées sur bois en tête de chaque livre, de 15 gravures sur bois de parterres dejardins et d’une grande planche hors texte dépliante.

Le premier grand traité français d’agronomie.Gentilhomme protestant ardéchois, Olivier de Serres expérimenta un quart de siècle durant, dans sondomaine du Pradel, différentes techniques révolutionnaires de culture. Il inventa et pratiqual’assolement, son intérêt s’étendit à l’irrigation, à l’élevage, aux forêts, à la vigne, aux plantesmédicinales. Il connaissait le maïs et la betterave et, près de deux siècles avant Parmentier, la pommede terre qu’il comparait à la truffe et nommait cartoufle. Son Théâtre d’Agriculture prodigue unenseignement inconnu jusqu’alors - différent de celui d’un Charles Estienne et de sa Maison Rustique -qui marquera durablement les esprits. Plus de vingt éditions successives en attestent le succès.

Olivier de Serres devint, à 60 ans, conseiller royal : Henri IV lui demanda son aide pour l’une des plusgrandes entreprises de son règne : planter d’immenses quantités de mûriers pour développer lecommerce de la soie.

Bel exemplaire, très pur, en vélin de l’époque.Petit renfort de papier en bas du titre.

Thiébaud, Bibliographie de la chasse, 841. - BnF, En Français dans le texte, 79.

Page 23: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

21. MONTAIGNE, Michel de. Les Essais de Michel seigneur de Montaigne. Paris,Michel Blageart, 1640. In-folio de (6) ff., 750 pp., (7) ff., maroquin rouge, plats ornés d’undécor doré à la Duseuil, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, coupes et borduresdécorées, tranches dorées sur marbrures (reliure dans le goût du XVIIe siècle). 4 800 €

Édition monumentale au format in-folio. C’est la plus grande jamais réalisée des Essais deMontaigne.Elle fut partagée entre Augustin Courbé, Robert Denain et Michel Blageart. Pour ce dernier, Sayce etMaskell distinguent deux tirages différents de la page de titre. Elle est ici en tirage B.

Le texte suit celui de 1595. Sayce considère cette édition comme la plus fidèle donnée au XVIIe siècle :“Misprints apart, it is therefore more faithful to the posthumous text of the Essais than any otherseventeenth-century edition, including those of 1617, 1625 and 1635 supervised by Mlle de Gournay.”

Très bel exemplaire.

Sayce et Maskell, A Descriptive Bibliography of Montaigne’s Essais 1580-1700, 27. - Tchemerzine,Éditions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, IV, 888. - Bibliothèque municipale de Bordeaux, Les Essaisde Montaigne, 1980, n° 18.

Page 24: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

22. CRAMAIL, Adrien de Montluc, comte de. Les Jeux de l’inconnu. Lyon, 1648. In-12de (4) ff., 440 pp., vélin de l’époque. 3 000 €

Quatrième édition. Donnée juste après la mort de l’auteur, c’est la plus complète (la première datede 1630).

Ce recueil satirique comprend 16 pièces. Certaines sont restées célèbres comme L’Infortune des filles dejoye, Le Discours du Ris, Le Courtisan grotesque, Le Don Quixotte Gascon, Le Herty, La Maigre…Viollet-Le-Duc lui consacre une longue notice (Bibliothèque poétique, pp. 172-174) : “Les Jeux del’inconnu sont des satires en prose contre le style ridicule, pédant et alambiqué, tout hérissé de pointes,alors en faveur… On reconnaît toujours la manière ingénieuse et vive employée par le comte deCramail pour signaler les défauts des conceptions de ses contemporains”.

C’est une figure très attachante que celle du comte de Cramail, Maréchal, grand aristocrate ligueurrallié à Henri IV, petit-fils de Blaise de Montluc. Les historiens de la littérature le rangent à côté deslibertins érudits. Ils rappellent aussi qu’il était lié avec Mathurin Régnier - qui lui dédiera sa deuxièmesatire - et avec Lucillio Vanini, brulé à Toulouse en 1619.Il fréquentait la cour de Louis XIII et appartenait au groupe des “In t r é p i d e s”. Son espritanticonformiste lui vaudra, sur ordre de Richelieu, un séjour de douze ans à la Bastille d’où il sortirainfirme.

“En 1952, l’illustration par Picasso du pamphlet La Maigre pour le poète éditeur Illiazd, a rappelé lapersonnalité singulière du comte de Cramail et mis en lumière la distinction de son œuvre (P. Berès,cat. Dix-septième siècle, n° 119).

Bel exemplaire en vélin du temps.

Page 25: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

23. NOSTRADAMUS. Les Prophéties de M. Michel Nostradamus, médecin du RoyCharles IX, et l’un des plus excellents Astronomes qui furent jamais. 64 ff. avec denombreuses erreurs de pagination.Suivi de : Centuries VIII, IX et X… 40 ff. avec de nombreuses erreurs de pagination.Suivi de : Présages tirez de ceux faicts par M. Nostradamus, és années 1555 et suivantesjusques en 1567. 24 ff. avec de nombreuses erreurs de pagination.Suivi de : Prédictions Admirables pour les ans courans en ce siècle… Présentées au très-grand Invincible et tres clément Prince Henri IV, vivant roy de france… Par Vincent Sève deBeaucaire en Languedoc dès le 19 mars 1605… Lyon, 1568 [i.e. Paris, 1649]. In-12, veaublond, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés, pièce de titre de maroquincaramel, coupes et bordures décorées, tranches dorées (Niédrée). 3 500 €

Édition antidatée, parue au moment de la Fronde. Portrait de Nostradamus sur le titre.

“Cette édition est célèbre”, dit Chomarat, “pour les deux quatrains 42 et 43 de la VIIe Centurieajoutés au moment de la Fronde en 1648 contre Mazarin”.Elle se distingue également par les prédictions de Vincent Sève, contenues dans la dernière partie, quin’apparaissent qu’au XVIIe siècle. Elle comprend : la préface à César, les Centuries I à VI complètes,les 44 premiers quatrains de la VIIe Centurie et les quatrains 73, 80, 82 et 83, la lettre à Henri II, lesVIIIe, IXe et Xe Centuries complètes, des parties des XIe et XIIe Centuries et le supplément de VincentSève, soit 58 quatrains supplémentaires (Michel Chomarat, Bibliographie Nostradamus, n° 105).

Né à Saint-Rémy-de-Provence, médecin àMontpellier à peu près au moment oùRabelais y publiait ses Pa n t a g ru é l i q u e spronostications, Nostradamus fut appelé àLyon pour soigner les victimes de l’épidémiequi s’y était déclarée. Ses prophéties n’ontété publiées pour la première fois qu’en1555.

Le plus célèbre des quatrains réputésprophétiques (avec, peut-être, le “quatrainde Va re n n e s”, IX, 20) est le tre n t e -cinquième de la pre m i è re Centurie quiannonce la mort d’Henri II :

Le lyon ieune le vieux surmontera,En champ bellique par singulier duelle,

Dans cage d’or les yeux luy creuera,Deux classes une, puis mourir, mort cruelle.

Bel exemplaire bien relié par Niédrée.De la bibliothèque Amédée Rigaud avec sonex-libris.

Page 26: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Le meilleur et le plus rare des ouvrages de Gombauld (Tchemerzine)

24. GOMBAULD, Jean Oger de. Les Epigrammes de Gombauld. Divisées en trois livres.Paris, Augustin Courbé, 1657. In-12 de (12) ff., 180 pp., maroquin rouge, triple filet doréd’encadrement, dos à nerfs orné de roulettes et caissons avec fleurons dorés, coupes filetéesor, bordures décorées, tranches dorées (Koehler). 1 500 €

Édition originale. Elle contient 319 épigrammes.

Gombauld fut l’un des premiers membres de L’Académie française; lié avec Malherbe, il avaitl’admiration de Boileau qui le tenait pour un maître de la langue et de la poésie. Il fut l’un des auteursdésignés pour examiner les vers du Cid lors de la polémique déclenchée par les rivaux de Corneille etl’un des rares à tenir pour lui. Il fut le protégé de Marie de Médicis qui lui versera une pension queRichelieu diminuera. Il faut dire que Gombault, homme profondément honnête, épris de liberté,refusa de se soumettre à la tyranie que le Cardinal exerça sur les Lettres.

Pour éclairer la personnalité de ce défenseur de la “grande poésie”, on peut citer un extrait de sa préfacequi s’adresse aux poètes galants et de salon qu’il avait en détestation : “Je n’ai pas le courage de les [LesEpigrammes] dédier à personne. Il semble que ceux qui dédient si volontiers leurs ouvrages ne cherchent pastant des protecteurs, que des complices de leurs fautes”.

Très bel exemplaire dans une élégante reliure de maroquin rouge de Koehler.

Tchemerzine, Éditions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, III, 440. - Bibliothèque Hector de Backer,772 : “Les Epigrammes de Gombauld sont ce qu’il a fait de plus remarquable. Elles ont un caractère demélancolie et de fierté qui peint l’auteur”.

25. THOMAS A KEMPIS. De Imitatione Christi Libri quatuor. Amsterdam, Louis &Daniel Elzevier, 1658. In-12 de 191 pp. chiffrées 19 à 210, (6) ff., maroquin olive, dentelledorée sur les plats, dos à nerfs orné et doré, doublures de maroquin citron ornées d’uneroulette dorée, tranches dorées sur marbrure (reliure de l’époque). 3 800 €

Seconde édition elzevirienne illustrée d’un frontispice gravé.Cet exemplaire comprend le texte seul de l’Imitation de Jésus-Christ, sans la préface et les commentairesen début et en fin de volume. On a cependant ajouté à l’époque un manuscrit de 12 pages dont laremarquable calligraphie est attribuée à Siméon le Couteux.

Précieux exemplaire de Jacques-François Collombat, imprimeur du roi avec son ex-libris héraldiqueau contre-plat et sa signature au bas du titre.Il devint imprimeur du roi en 1720, assurant ainsi la succession de son père. Tout en perpétuant latradition d’impression du Calendrier de la Cour, qui lui assurait d’importants revenus, il se spécialisadans la typographie orientale. Il publia notamment en 1746 la Grammatica hebraica et chaldaica.

Très bel exemplaire, entièrement réglé, en reliure doublée de l’époque (une note ancienne sur unfeuillet de garde l’attribue à Boyet).

De la bibliothèque de Mortimer L. Schiff avec son ex-libris.

Page 27: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

26. MONTAIGNE, Michel de. Les Essais. Nouvelle édition exactement purgée desdéfauts des précédentes, selon le vray original. Amsterdam, Anthoine Michiels, 1659.3 volumes in-12 de (25) ff., 468 pp. - (2) ff., 708 pp. - (2) ff., 510 pp., (39) ff., maroquincitron, triple filet doré sur les plats, dos lisses ornés d’un décor doré à la grotesque, pièces detitre et de tomaison de maroquin havane, coupes et bordures décorées, tranches dorées(reliures de l’époque). 6 800 €

Célèbre édition portative qui se joint à la collection elzévirienne.Elle est ornée d’un frontispice gravé en taille-douce par Clouwet avec le portrait et la devise deMontaigne.

On trouve en marge les noms des auteurs cités et des notes qui facilitent l’intelligence du texte; ellecontient de plus une Vie de l’auteur ainsi qu’une table générale pour les trois volumes.

Très bel exemplaire en maroquin citron de l’époque.De plus, il est très grand de marges : 153 mm.

Des bibliothèques Charlotte du Beryer (ex-libris manuscrit), Léo de Leymarie et P. R. Méry (ex-libris).

Sayce et Maskell, Montaigne’s Essais, n° 33. - Willems, Les Elzeviers, 1982.

[24][25] [26]

Page 28: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

27. DESMARETS de SAINT SORLIN, Jean. Clovis, ou la France chrestienne. Poèmehéroique. Paris, Théodore Girard, 1666. In-12 de (17) ff., 347 pp., veau fauve, triple filet doréd’encadrement sur les plats, armes de la comtesse de Verrue au centres, dos à nerfs ornés demotifs héraldiques dorés, coupes décorées, tranches dorées (reliure de l’époque). 2 800 €

Un titre-frontispice dessiné par Le Brun et gravé par Le Doyen, et 24 planches hors texte gravées surcuivre.Favori de Richelieu et l’un des fondateurs de l’Académie française, l’auteur de Clovis a pour ambitionde chanter les origines de la monarchie chrétienne. Son épopée constitue une déclaration de guerre desModernes contre les Anciens.

Exemplaire aux armes de Jeanne-Baptiste d’Albert de Luynes, comtesse de Verrue.Admirablement douée, aimant jusqu’au délire les lettres et les arts, son hôtel de la rue du Cherche-Midifut le rendez-vous des beaux esprits du premier tiers du XVIIIe siècle. Guigard nous rapporte que “sabibliothèque était surtout remarquable parmi tant de remarquables choses : un diamant serti d’or. Sousl’ébène délicatement fouillée se pressaient, non sans coquetterie, dix-huit mille volumes d’un choix exquis”.Ses livres furent vendus en 1737, l’année suivant sa mort. Ce fut le libraire Gabriel Martin qui en dressale catalogue de près de trois mille numéros.

Bel exemplaire. Etat est peu fréquent car, comme le fait remarquer Quentin-Bauchard, les volumesprovenant de la bibliothèque de la comtesse de Verrue “ont presque tous souffert de l’humidité”.

28. NOSTRADAMUS. Les Vr a yes Centuries et Prophéties de maistre Mi c h e lNostradamus... Avec la vie de l ’Autheur. Amsterdam, Jean Jansson & Veuve de ElizéeWeyerstraet, 1668. In-12 de (16) ff., 158 pp., maroquin vert, filets dorés d’encadrement, dosà nerfs orné de filets et fleurons dorés, coupes et bordures décorées, tranches dorées (Koehler).

1 900 €

“Jolie édition dont les beaux exemplaires sont rares et fortrecherchés” écrit Willems.

Le titre-frontispice, gravé sur cuivre, représente le supplicedu roi Charles Ier d’Angleterre dans sa partie supérieure etl’incendie de Londres dans sa partie inférieure.Beau portrait gravé de Nostradamus dans sa bibliothèque,entouré d’instruments scientifiques.

À la 7e Centurie, sous le n° 44, se trouve la célèbre allusionsupposée à la mort de Louis XVI :

Alors qu’un bour sera fort bon, Portant en soy les marques de justices,

De son sang lors portant lon nom, Par fuite injuste recevra son supplice.

Très bel exemplaire relié par Koehler.

Willems, Les El ze v i e r, II, n° 1797. - Chomarat, Bi b l i o g ra p h i eNo s t ra d a m u s, n° 246. - Dorbon, Bibliotheca esoterica, n° 3275.

Page 29: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

29. VISCHER, Georg Matthäus. Topographia Archiducatus Austriæ inferioris modernae.Vienne, 1672. 4 parties en un volume in-4 de (4) ff., 258 pl., veau fauve, filets à froid sur lesplats, dos lisse orné d’un décor de roulettes et d’un semis de billettes dorées, pièce de titre demaroquin havane, tranches rouges (reliure autrichienne de la fin du XVIIIe siècle). 10 000 €

Édition originale de ce premier atlas de l’Autriche. Il réunit 4 frontispices et 256 planches gravées en taille-douce qui portent 510 vues de villes, villages,places fortes et monastères (détail : Iere partie : front., 124 gravures sur 62 planches + 1 gravure seulesur une planche = 125 illustrations. - 2eme partie : front., 140 gravures sur 70 planches. - 3eme partie :front., 102 gravures sur 51 planches. - 4eme partie : front., 142 gravures sur 71 planches + 1 gravureseule sur une planche = 143 illustrations).

L’ouvrage est divisé en 4 parties - titre frontispice allégorique répété en ouverture de chacune d’elles -correspondant aux différentes régions de l’Autriche (Viertel unter Wienerwaldt - Vienne comprise -,Mostviertel, Weinviertel et Waldviertel). Pour chaque province, les sites représentés apparaissent selonl’ordre alphabétique, au nombre de deux par page. Le recueil s’ouvre sur plusieurs vues à vol d’oiseaude Vienne qui se développent en largeur sur des doubles pages. La plupart des planche de la Topographia ont été dessinées par Georg Matthäus Vischer (1628-1696).Voyageant à travers le pays, dressant ses relevés au moyen des instruments les plus modernes, ce dernierfut un géographe reconnu, expert notamment en matière de délimitation des frontières. Malgré le succès de son œuvre, Vischer connut à la fin de sa vie des difficultés financières et dut vendreses instruments et ses livres.

On remarquera enfin, au frontispice, la formule Cum Priv. Sac. Cæs. Maj. [Cum Privilegio SacræCæsariæ Majestatis], équivalent pour l’Empire du C. P. R. [cum Privilegio Regis] français.

Page 30: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

30. BARTOLI, Pietro Sante . Colonna Traiana eretta dal Senato, e Popolo romanoall’Imperatore Traiano Augusto nel suo Foro in Roma. Scolpita con l’Historie della Guerradacica la Prima e la Seconda Espeditione, e Vittoria contro il Re Decebaldo. Roma, Gio.Giacomo de Rossi, sans date [1673]. In-folio oblong (35,5 x 47 cm) de (9), 119 planches,demi-veau à coins, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, pièce de titre de maroquinvert (reliure de l’époque). 3 000 €

Premier tirage d’un des recueils gravés majeurs des antiquités de Rome.

L’ouvrage, entièrement gravé à l’eau-forte, comprend 2 planches de titre et de dédicace - à Louis XIV -une grande planche dépliante (109,5x19 cm) montrant le développement complet de la colonnetrajane - avec la coupe de l’ escalier intérieur - composée de 3 feuilles raboutées, 4 planches consacréesau socle et au plan de la colonne, et 119 tailles-douces numérotées (19,5 x 37 cm) aux reliefs historiés.

Cette colonne - d’une hauteur totale de plus de 40 m - avait été érigée en 113 sur le forum de Trajanpour immortaliser les campagnes militaires de l’empereur contre les Daces (101-102 et 105-107). Sonfût, constitué de 18 blocs de marbre de Carrare de 3,70 m de diamètre, est sculpté en bas-relief d’unefrise de 200 m de long, enroulée en spirale. La représentation du récit se développe selon une narrationcontinue, Trajan notamment est figuré à plusieurs reprises au fil des différents épisodes.

Les tailles-douces de ce recueil ont été dessinées et gravées par Pietro Sante Bartoli (1635-1700), élèvede Poussin, spécialisé dans la restitution des œuvres de l’Antiquité romaine. Chaque planche,comprenant des chiffres d’appel, est accompagnée d’un texte explicatif en italien. Ces annotations ontété établies par Giovanni Pietro Bellori (1613-96), commissaire pour les Antiquités de Rome - Bartolilui succédera en 1694 - et critique d’art, à partir du texte latin d’Alfonso Chacon paru en 1579.

Les planches de Bartoli qui restituent fidèlement les reliefs de la colonne trajane permettent d’apprécierpleinement cette source iconographique essentielle sur les équipements militaires, les costumes, lacastramétation, la poliorcétique, les différentes phases de combats de l’infanterie et de la cavalerie, leravitaillement, la construction de ponts, les sacrifices (cf. le suovetauril – immolation du porc, moutonet taureau – pl. 78), les ambassades, etc.Notons quelques scènes d’une particulière intensité dramatique comme la torture des prisonniersromains par les femmes daces (pl. 33), ou le suicide du roi vaincu Décébale (pl. 108).

Page 31: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

31. GALLAND, Pierre. Petri Castellani Magni Franciae Eleemosynarii Vita. Paris,François Muguet, 1674. In-8 de [4] ff., 307 pp., maroquin rouge de l’époque, encadrementd’un triple filet doré sur les plats, dos à nerfs orné et doré, coupes et bordures décorées,tranches dorées (reliure de l’époque). 4 000 €

Édition originale, donnée par Pierre Baluze, de l’ouvrage de Pierre Galland consacré au bibliothécairede François Ier, Pierre Duchâtel. L’ouvrage, rédigé vers 1555, était demeuré à l’état manuscrit. C’est àl’initiative d’Étienne Baluze qu’il fut publiéÀ la suite, on trouve trois texte en français de Pierre Duchâtel : le premier consacré à la mort et àl’enterrement de François Ier et deux sermons prononcés à cette même occasion.

Remarquable personnalité que celle de Pierre Duchâtel : sur recommandation d’Érasme, il futemployé comme correcteur chez Froben à Bâle puis, à son retour, fut présenté par Jean du Bellay àFrançois Ier qui en fit son lecteur ordinaire. Il dirigea un temps le Collège Royal, futur Collège deFrance, puis, succédant à Guillaume Budé, fut nommé en 1540 Maître de la Librairie du Roi, c’est-à-dire de sa Bibliothèque, alors située à Fontainebleau.Par l’intermédiaire de lettrés-voyageurs comme Guillaume Postel, André Thevet ou Pierre Gilles, ilacheta bon nombre de manuscrits anciens qui vinrent enrichir les collections royales. Ajoutonsqu’autant qu’il le put, il protégea Robert Estienne et Étienne Dolet.

Précieux ex-dono autographe signé d’Étienne Baluze :Pour Monsieur l’Abbé de Sainct Romain Ambassadeur du Roy en Suisse, Par son tres humble & tres obeissantserviteur, Baluze.

Appelé à travailler à la bibliothèque deColbert à partir de 1667, Étienne Baluzes’efforcera d’en combler les lacunes et delui donner un aspect encyclopédique. Il sedépensera sans compter pour chercher etrassembler livres, manuscrits et documentsde toute sorte. “C’est bien, en effet, à larencontre d’un ministre bibliophile, jouissantde pouvoirs exceptionnels, et d’un savant,travailleur acharné, entièrement dévoué àson office, qu’est dû le prodigieux essor de labibliothèque Colbertine” (Denise Bloch, LaBibliothèque de Colbert, in Histoire desbibliothèques françaises, II, 157-175).

Très bel exe m p l a i re en maroquin del’époque.

Page 32: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

32. LA BRUYÈRE, Jean de. Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec lescaractères ou les Moeurs de ce siècle. Huitième édition, revue, corrigée et augmentée. Paris,Estienne Michallet, 1694. In-12 de (16) ff., 716, XLIV pp., (4) ff., maroquin rouge, filets àfroid sur les plats, dos à nerfs orné de même, filets dorés sur les coupes, petite dentelleintérieure dorée, tranches dorées sur marbrure (Hardy). 1 500 €

Huitième édition originale.Elle présente, à la suite des Caractères, le Discours de réception à l’Académie françoise, accompagné d’unelongue préface apologétique ; 46 Caractères nouveaux paraissent ici pour la première fois.Une main figurée en marge indique les nouveaux articles et au-dessous de la première on lit : “Marqueque l’on a exigé de moi pendant le cours de cette édition.”

Cette édition a subi de profonds remaniements. La Bruyère a voulu apporter à son œuvre une sorted’enchaînement logique, une suite insensible, comme il le dit lui-même dans son préambule (page 57).

Très bel exemplaire.

33. LA FONTAINE, Jean de. Les Œuvres postumes [sic]. Paris, Guillaume Deluyne, 1696.In-12 de (12), 276 pp., veau brun, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, pièce detitre de maroquin rouge, coupes décorées, tranches mouchetées rouges (reliure de l’époque).

1 200 €

Édition lyonnaise, parue la même année que l'originale qu'elle reproduit ligne à ligne. Elle avait été obtenue par le libraire Bachelu par partage du Privilège avec les libraires parisiensGuillaume de Luyne et Jean Pohier.

La Fontaine édité par sa maîtresse.L’ouvrage avait été publié par Mme Ulrich, amie de La Fontaine et du marquis de Sablé, à qui le recueilest dédié. Il contient 9 fables, le conte des Quiproquo, des lettres et des poésies, le tout inédit ou publiéseulement en Hollande. Il s’achève par la célèbre Epitaphe de M. de La Fontaine fayte par lui-même :

Jean s’en alla comme il était venu,Mangea le fonds avec le revenu,

Tint les trésors chose peu nécessaire.Quant à son temps, bien le sçut dispenser.Deux parts en fit, dont il voulait passer

L’une à dormir, & l’autre à ne rien faire.

“L’éditeur de ce recueil est Mme Ulrich, si connue par sa beauté et par ses amours. Fille d’un des violonsdu roi, elle avait été élevée aux frais de M. Ulrich, gentilhomme suédois remplissant les fonctions demaître d’hôtel du comte d’Auvergne, et elle avait épousé son protecteur; mais, à peine mariée, elle s’étaitjetée dans la galanterie. Le vieux La Fontaine, dont elle avait lu les contes avec passion, fut un de sesamants, et c’est à un autre de ses adorateurs, au marquis de Sablé qu’elle dédia le recueil des œuvresposthumes du fabuliste” (Picot, Catalogue J. de Rothschild, II, n° 1911).

Bel exemplaire en reliure du temps.

Tchemerzine, Éditions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, III, 892. - Rochambeau, Bibliographie desœuvres de La Fontaine, 614, n°26.

Page 33: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

34. B I D PAY. Les Fables de Pi l p a yphilosophe indien ; ou la conduite desrois. Paris, Claude Barbin, 1698. In-12 de(10) ff., 352 pp., maroquin rouge, triplefilet doré en encadrement, dos à nerfsorné de caissons de fleurons dorés, piècede titre de maroquin havane, coupes etbordures décorées, tranches dorées (reliurede l’époque). 3 500 €

Seconde édition de la traduction française deces Fables ayant inspiré La Fontaine. Elle est rare.

Elle eut beaucoup plus de succès que laprécédente, parue - sous le titre Le Livre desLumières ou la Conduite des rois - en 1644. Eneffet cette première traduction - faite parDavid Sahid d’ Ispahan, aidé de Gi l b e rtGaulmin, sur un texte persan - a ici été revueen privilégiant le style et l’intelligibilité pour lelecteur français, désormais habitué auxversions personnelles éblouissantes qu’en avaitdonné La Fontaine. Ce n’est sans doute pas unhasard si l’ouvrage paraît précisément chezl’éditeur de La Fontaine, Claude Barbin.

Bidpay - appelé aussi Bidpaï ou Pilpay - aurait vécu en Inde à peu près à l’époque où Alexandre s’yaventura. La légende veut que ce brahmane, également astrologue, ait reçu pour instructions d’uncertain prince Dabchélim de fournir à ce dernier un recueil des plus sages préceptes de politique et demorale. Son exemple fera de la fable le véhicule privilégié de ce type d’enseignement, d’abord en Inde,puis en Perse et dans la culture arabe. Les sources en sanskrit sont plurielles et indirectes et c’est par lebiais de diverses synthèses proposées par des auteurs perses et arabes que ces fameuses fables ont pu,finalement, concurrencer en occident l’influence de la tradition ésopique.

La Fontaine lui-même, dans l’avertissement précédant le second recueil des Fables, a pris soin desouligner avoir trouvé dans ce modèle oriental une source d’inspiration lui ayant permis de sedémarquer du froid Ésope : “J’ai jugé à propos de donner à la plupart [des fables du second recueil] unair et un tour un peu différent de celui que j’ai donné aux premières. (...) Je ne tiens pas qu’il soit nécessaired’en étaler ici les raisons, non plus que de dire où j’ai puisé ces deniers sujets. Seulement je dirai parreconnaissance, que j’en dois la plus grande partie à Pilpay, sage Indien.”

Très bel exemplaire en maroquin décoré du temps.Des bibliothèques vicomte de Tillières et La Sicotière avec ex-libris.

Brunet, Manuel de l’amateur, I, 937. - Jean de La Fontaine, sous la direction de Claire Lesage, BnF.,1995, p. 124. - Les Fables de La Fontaine et leurs sources orientales, M. Hasjadj-Aoul, Université deTlemcen, in Synergie n° 5.

Page 34: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

35. MAROT, Clément. Œuvres. La Haye, Adrian Moetjens, 1700. 2 volumes in-12 deXVI, 318 et de 319-732 pp., (8) ff., maroquin rouge, triple filet doré en encadrement avecfleurons aux angles, dos à nerfs ornés de caissons de fleurons dorés, pièces de maroquin vert,coupes et bordures décorées, tranches dorées (reliures de l’époque). 2 600 €

“Jolie édition, la plus recherchée” dit Brunet (III, 1458) qui ajoute : “Il est difficile de s’en procurerdes exemplaires bien conservés de marges et dont les feuillets n’aient pas une teinte rousse.” Les fleurons au titre des deux tomes sont identiques, signe indiscutable de première émission.Marot a été le premier poète français, en 1534 dans la Suite de l’adolescence, à classer ses poèmes pargenres : élégies, épitres, puis chants, épitaphes rassemblées sous le titre Cimetière... Ici les œuvrespoétiques sont par ailleurs suivies de ses traductions d’auteurs anciens - Virgile ou Ovide - et desfameux Pseaumes de David.

Bel exemplaire en maroquin de l’époque.Des bibliothèques T. N. Abdy et Gosford, avec ex-libris. À noter qu’une bonne partie de la prestigieuse bibliothèque du comte de Gosford (1806-1864) faitdésormais partie du fonds de la Pierpont Morgan Library.

Tchemerzine, Éditions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, IV, 506 : “Cette édition se joint à lacollection elzevirienne.”

36. PLATON. Les œuvres de Platon traduites en français. Paris, Anisson, 1701. 2 volumesin-12 de (34) ff., 555 pp. (1) f. - 616 pp., (1) f., maroquin rouge, triple filet d’encadrementsur les plats, dos à nerfs ornés et dorés, coupes et bordures décorées, tranches dorées surmarbrure (reliures de l’époque). 2 500 €

Célèbre traduction d’André Dacier qui se recommande par sa justesse.Protestant, Dacier fut Garde des livres du Cabinet du Roi, puis membre de l’Académie française mais dutabjurer sa foi en 1685. Il renouvelle ici son allégeance à travers une dédicace à Louis XIV. Celle-cis’ouvre sur un bandeau gravé sur bois des plus explicite : un soleil paré de trois fleurs de lys est portépar deux anges.

Le disciple de Socrate vu par le Grand Siècle.Dacier propose une vue d’ensemble de l’œuvre de Platon en analysant d’abord sa vie, puis sa doctrine,sa méthode et son style ; enfin ses commentateurs, en commençant par les humanistes, dont MasrileFicin. Cette édition témoigne de l’ambiguïté des penseurs du Grand Siècle attachés à la traditionhumaniste mais cherchant à faire table rase des interprétations passées.

Platon dans la bibliothèque d’un révolutionnaire.Cet exemplaire porte l’ex-libris de Nicolas-Jean Hugues de Bassville (1743-1793). Rédacteur duMercure national et auteur de plusieurs ouvrages érudits, comme les Éléments de mythologie (1789), ilfut assassiné à Rome au cours d’une des ses missions, alors qu’il était secrétaire de la délégation françaiseà Naples, sous la Convention.

Très bel exemplaire en maroquin rouge de l’époque.

M. Simon, Deux lectures de Platon au XVIIe siècle : Claude Fleury et André Dacier, pp. 77-86.

Page 35: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

37. RABELAIS, François. Œuvres publiées sous le titre de Faits et Dits du GéantGargantua et de son fils Pantagruel. Amsterdam, Henri Bordesius, 1711. 6 tomes en 5 volumesin-12 de (1) f., IV-L, 336 pp., (2) ff. - (1) f., VIII, 287 pp. - (1) f., XIX, 272 pp. (4) ff. -(1) f., LV, 288 pp., (2) ff. - (1) f., XVI, 223 pp., (2) ff., (1) f., 109 pp., (16) ff., maroquinrouge, triple filet doré d’encadrement sur le plats, dos lisses ornés de roulettes et fleuronsdorés, coupes et bordures décorées, tranches dorées (reliures de l’époque). 4 500 €

Importante édition, la première où le texte ait été établi de façon critique.

Elle a été donnée par Jacob Le Duchat (1658-1735), en collaboration avec Bernard de La Monnoye(1641-1728).Le texte annoté par Le Duchat, brillant philologue de confession protestante, demeurera la référenceobligée pour la plupart des éditions postérieures de Rabelais, même quand elles souhaiteront s’endémarquer. En 1752, par exemple, François-Marie de Marsy, opposant sa propre version - très“modernisée” - à la présente édition établie par Le Duchat, n’aura pas de mots assez sévères pourdénoncer… son excessive érudition !

L’illustration se compose d’un titre-frontispice - représentant l’auteur assis à sa table de travail - et d’unportrait de Rabelais gravés en taille-douce par W. de Broen, de 3 planches repliées donnant des vues dela Devinière et de la maison de Rabelais à Chinon, d’une carte repliée de la région chinonaise et d’unevignette de dédicace, le tout gravé en taille-douce.

Exceptionnel exemplaire en maroquin de l’époque.De la bibliothèque Edward Cane avec ex-libris.

Tchemerzine, Éditions originales et rares XVe-XVIIIe siècles, V, 319. - Cohen, Guide de l’amateur de livresà figures du XVIIIe siècle, 839. - Plan, Les Éditions de Rabelais de 1532 à 1711, n° 133.

[35][36]

[37]

Page 36: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

38. SAINT-GELAIS, Mellin de. Œuvres poétiques. Paris, [Coustelier], 1719. Petit in-12de (6) ff., 275 pp., (4) ff., maroquin rouge, triple filet doré en encadrement sur les plats,fleurons aux angles, dos lisse orné de caissons de fleurons dorés, pièces de maroquin vert,coupes et bordures décorées, tranches dorées (reliure de l’époque). 900 €

Dernière édition ancienne de Mellin de Saint-Gelais, en partie originale.Parmi les précédentes, celle de 1547 avait été presque totalement détruite par la volonté du poète, etl’édition de référence restait celle de 1574 bien qu’elle ne fut pas à proprement parler “définitive”.

L’avis au lecteur de cette nouvelle édition apporte quelques éclaircissements circonstanciés sur la sourcedont sont tirés les poèmes inédits : “Un manuscrit des Poésies de S. Gelais sorti de la bibliothèque de l’Abbédes Portes, a fourni la plus grande partie des augmentations, dont cette édition est enrichie ; le reste a été tiréde plusieurs recueils : la rareté des précédentes éditions de S. Gelais, fait espérer que cette dernière serafavorablement reçue.”

Poète de cour, émule de Marot - lequel fit son éloge, reproduit ici en fin d’ouvrage - et favori deHenri II, Saint-Gelais tenta de s’opposer à la gloire naissante de Ronsard, avant de se réconcilier aveclui. Il serait faux de déduire de cette querelle des anciens et des modernes avant la lettre que le poèteangoumois était un triste sire, encore moins un bonnet de nuit. Certaines pièces sont assez lestes, ainsiLa Mélancolie de Catin, d’autres inhabituelles comme Du jeu des Echecs, beaucoup sont légères etnaturellement la plupart, d’une façon ou d’une autre, vont aux Dames.

Bel exemplaire en reliure du temps.Des bibliothèques de Edward Arnold et de Hans Fürstemberg, avec ex-libris.

39. FÉNELON, François de Salignac de La Mothe. Les Avantures de Télémaque, filsd’Ulysse. Rotterdam, Jean Hofhout, 1725. In-12 de LIX pp. chiffrées à partir de la p. XIX,535 pp., (14) ff. dont 1 f.bl., maroquin vert, triple filet doré sur les plats, fleurons aux angles,dos lisse orné de roulettes dorées et de caissons de fleurons dorés, coupes et borduresdécorées, tranches dorées (Relié par Derôme le jeune, rue St. Jâque audessus de St. Benoist).

2 000 €

Édition hollandaise ouvertement concurrente et critique de l’édition donnée en 1717 par le petit-neveu de Fénelon.Le Télémaque est un traité pédagogique, articulé sur le quatrième chant de l’Odyssée, qui se rattache àun vaste programme d’instruction mené sur plusieurs années par Fénelon, alors précepteur du duc deBourgogne, petit-fils de Louis XIV. Cette édition propose des remarques - attribuées à Henri Philippede Limiers - ainsi que de possibles “clefs” pour lire l’ouvrage dont les personnages seraient desincarnations de Louis XIV et de divers courtisans.

L’illustration comprend une carte dépliante gravée par Rousset, un frontispice et 11 figures horstexte gravées en taille-douce par David Coster.L’illustrateur et graveur hollandais David Coster, habitué à graver les œuvres de grands maîtres tel VanDyck, est charmante et originale. Elle repose sur des effets de lumière contrastés, mettant en valeur lespersonnages au premier plan tout en créant, par opposition avec un arrière plan peuplé de figuresdélicatement ombrées, un très bel effet de profondeur.

Très bel exemplaire en maroquin vert décoré de Derôme avec son étiquette.

Page 37: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

40. PALINGÈNE, Pier Angelo MANZOLLI, dit. Le Zodiaque de la vie, ou Préceptespour diriger la Conduite & les Moeurs des Hommes. La Haye, Jean Swart, 1731. In-12 de(12) ff., 520 pp., maroquin olive, triple filet doré d’encadrement sur les plats, dos lisse ornéde caissons de fleurons dorés, pièce de titre de maroquin rouge, coupes et bordures décorées,tranches dorées (reliure de l’époque). 1 800 €

Édition originale française d’un ouvrage parmi les plus subversifs de la Renaissance.Elle est ornée de deux vignettes gravées, une au titre et l’autre au premier feuillet de l’Épitre - adresséepar le traducteur, La Monnerie, à Philippe Stanhope, baron de Chelfort, comte de Chesterfield, hommed’État et figure éminente des lettres britanniques.

Un grand rayonnement sur le long terme.L’expression très à la mode de “livre culte” pourrait s’appliquer à l’ouvrage de Manzolli, poète etmédecin, écrit en latin en 1534. Celui-ci, organisé par chapitres correspondant aux différents signes duzodiaque, brasse de multiples sujets. Reste qu’à n’en pas douter, le succès de cette première traductionfrançaise est avant tout attribuable à de nombreuses digressions polémiques, contre l’Église et le papeen particulier. Cependant Manzolli en réalité n’épargne personne : Luther, et jusqu’à la pédanterie decertains humanistes se trouvent ainsi pareillement épinglés.

Manzolli philosophe, homme de science ou sorcier ?S’étant peut-être aperçu, un peu tard, de la virulence des tirades du Zodiaque c o n t re l’Église, l’ In q u i s i t i o nfit en 1549 exhumer et brûler les restes de l’ a u t e u r, accusé de magie. La finalité re vendiquée du livre, quisera bien entendu mis à l’ Index, était de guider l’humanité sur la voie du bonheur par la science.Néanmoins, s’il contient des re m a rques scientifiques intéressantes sur des sujets tels que la va p e u r, laf ro n t i è re entre la science et la magie n’était, à l’époque, pas encore très nette. Ma n zolli croyait aux deux,et ce n’est pas non plus un hasard si la trame de son ouvrage lui est offerte par l’ a s t ro l o g i e .

Très bel exemplaire en maroquin de l’époque.De la bibliothèque d’Am. Berton, avec ex-libris.

Bibliotheca esoterica, n° 2929. - Caillet, Manuel bib. des sciences psychiques ou occultes, III, n° 7097.

[38] [39][24]

Page 38: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

41. LE SACRE DE LOUIS XV, roy de France et de Navarre, dans l’église de Reims, ledimanche 25 octobre 1722. Sans lieu ni date [Paris, 1731]. Grand in-folio de 1 titre-frontispice, 33 ff. gravés de texte avec encadrement, 2 ff. de table, 9 planches doubles et 30planches de costumes, veau marbré, sur les plats encadrement de filets, fleurons et fleurs delys dorés avec chiffres couronnés dorés aux angles, armes royales au centre, dos à nerfs ornéde caissons de fleurons dorés avec chiffre couronné répété, coupes et bordures décorées,tranches dorées (Relié par Padelpoup le jeune place Sorbonne à Paris). 12 000 €

Premier tirage : 39 planches et 9 grandes vignettes allégoriques gravées par Audran, Cochin père,Larmessin, Edelinck, Drevet, d’après les compositions du peintre Pierre Dulin.

Le sacre du roi Louis XV, âgé de douze ans, donna lieu à un livre grandiose. Il s’agit davantage d’unrecueil d’estampes que d’un livre à proprement parler. Texte et planches sont entièrement gravés, avecune recherche décorative qui éclipse les productions antérieures de l’Imprimerie royale.

Un reportage en images de la cérémonie.9 planches, tirées sur feuilles doubles de format in-plano, allient la précision documentaire à uneétourdissante habileté de mise en scène. Dans la préface, on constate avec regret que le “spectacle le plusdigne de l’empressement et de la vénération des peuples” n’était réservé qu’à un petit nombre. D’où lestableaux historiques qui devaient “contenter la curiosité non seulement des Français mais encore desnations étrangères” ; Lever du Roy, Le Roy allant à l’église, L’Arrivée de la Sainte Ampoule, Le Roy prosternédevant l’autel, La Cérémonie des onctions, Le couronnement du Roy, Le Roy mené au trône, La Cérémoniedes offrandes, et enfin Le Festin royal. Viennent ensuite 30 planches de costumes où défilent le roi, sespairs et les dignitaires de l’Etat en tenue d’apparat. Chaque personnage évolue dans un cadre élégantformé de feuillages, de palmes et de lauriers, toujours différent. Les tableautins sont l’œuvre de Perrot,peintre des Menus Plaisirs. Enfin, l’académicien Danchet et l’abbé Bignon furent chargés de lacomposition des huit grandes vignettes allégoriques représentant le Char du soleil, la Reine en prière, laReine retenant l’Abondance et les Grâces, etc.

Le dernier livre du sacre sous l’Ancien Régime.La publication du Sacre de Louis XV fut un événement d’autant plus attendu qu’il exigea en fait neufans de gestation. Le duc de Gesvres, premier gentilhomme de la chambre, et le peintre Pierre Dulin neprésentèrent le premier exemplaire au roi que le 24 décembre 1731. Il existait enfin un modèle qui servira d’archétype pour cette auguste cérémonie dont le rituel remontaità Clovis. Lorsqu’on avait voulu consulter les documents du sacre précédent pour entreprendre cetouvrage, on déplora que rien de précis n’eût été conservé. Quant à la relation du sacre de Louis XVI,en 1775, elle fut calquée sur celle de 1731 dont les planches seront reproduites en format réduit.

Les plats sont ornés d’un magnifique décor spécialement conçu pour l’occasion par Antoine-MichelPadeloup. Son étiquette est collée au bas du titre. Elle est du modèle que Padeloup, l’un des premiersa signer ses reliures par ce procédé, utilisera jusqu’en 1733 (voir : Paul Culot, Sur quelques reliuresd’époque à décor doré du Sacre de Louis XV, Cahiers de Mariemont, I, 1970, pp. 36-51).

Bel exemplaire aux armes et chiffre de Louis XV.Il provient de la bibliothèque de Madame Arman de Caillavet, l’égérie d’Anatole France, avec son ex-libris. Quelques restaurations très habiles.

Cohen, Livres à figures du XVIIIe siècle, 917. - Bléchet, Le Livre du sacre de Louis XV, dans Le Livre etl’Estampe, Bruxelles, 1995, n° 143, pp. 7-31. - Dupuigren et Desroussiles, Dieu en son Royaume, Bn,1991, n° 38.

Page 39: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,
Page 40: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

L’ouvrage fondamental de la sinologie naissante aux armes de Maurepas

42. FOURMONT, Étienne. Linguae Sinarum Mandarinicae hieroglyphicae grammaticaduplex, latinè, & cum characteribus Sinensium. Item Sinicorum Regiae Bibliothecaelibrorum catalogus… Paris, Hippolyte-Louis Guérin, Rollin fils, Joseph Bullot, 1742. In-folio,(12) - XL - IV - 516 - (4) pp. et 2 grands tableaux dépliants, maroquin rouge, trois filetsdorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné et doré, coupes et bordures décorées,tranches dorées (reliure de l’époque). 40 000 €

Édition originale.

Étienne Fourmont (1683-1745) se distingua assez jeune comme un orientaliste de premier plan ; il futnommé en 1715 professeur de langue arabe au Collège de France où il succéda à Galland, l’éditeur desContes des Mille et une nuits. Il fut chargé d’établir une grammaire et un dictionnaire de la languechinoise avec l’aide d’Arcadio Hoang-ji, jeune lettré chinois qui était venu de Chine et avait étéprésenté à Louis XIV. En dépit de la mort prématurée de Hoang-ji en 1716 qui le laissa seul, Fourmontpoursuivit son travail.

Il donna en 1719 les 214 clefs de l’écriture chinoise, et en 1728 un premier état de sa “Grammaticasinica”, dont la partie initiale fut publiée en 1737 sous le titre “Meditationes sinicae”. Cinq ans plus tard,suite à près de quarante ans d’efforts, parut cette grammaire comparée qui est l’œuvre de sa vie.

À la fin du livre se trouve, imprimé en caractères chinois, le Catalogue des livres chinois de la Bibliothèquedu Roi, lequel mentionne près de quatre mille titres, fruit pour la plupart des fructueuses relations queFourmont entretenait avec les missionnaires jésuites envoyés dans l’Empire du milieu. Il occupe lespages 343 à 511.

L’œuvre d’Étienne Fourmont marque les débuts de la sinologie en France.Il fut l’un des premiers érudits européens à écrire des grammaires de la langue chinoise et ses ouvragessont les premiers imprimés à Paris avec des caractères chinois. Voir à ce sujet : Cecile Leung, “ÉtienneFourmont (1683-1745): Oriental and Chinese Languages in Eighteenth-Century France” (LeuvenUniversity Press).

Très bel exemplaire en maroquin de l’époque aux armes de Jean-Frédéric Phélypeaux, comte deMaurepas et de Pontchartrain (1701-1781).Né en 1701, ministre d’Etat en 1739, il fut disgracié en 1749 pour une épigramme contre Madame dePompadour. Il vécut en exil à Pontchartrain jusqu’à l’avènement de Louis XVI qui le nomma chef duConseil royal des finances.

Cordier, Bibliotheca Sinica, 1659. - Olivier, Hermal et Roton, Reliures armoriées françaises, 2265 (fernon reproduit).

Page 41: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,
Page 42: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

43. PIRON, Alexis. La Métromanie ou le Poète. Comédie en vers et en cinq actes. Paris,Le Breton, 1738. In-8 de 6, 132 pp., (5) ff., maroquin rouge janséniste, chiffres couronnésaux angles, dos à nerfs orné de même, coupes et bordures décorées, tranches dorées surmarbrure, étui (Trautz-Bauzonnet). 2 000 €

Édition originale de la plus célèbre comédie de Piron.Cette pièce fut donnée à la Comédie-Française qui s’était fait un peu prier pour la jouer. Piron s’ymoquait en effet d’une mésaventure subie par Voltaire : celui-ci, séduit par les vers d’une certaineAntoinette Malcrais de La Vigne, lui avait adressé, dans le Mercure françois, une épître enthousiaste ;or cette fameuse muse n’était autre qu’un médiocre poète du nom de Desforges-Maillard.

Le collectionneur Hector de Backer à enrichi l’exemplaire de trois planches gravées : une de Cochingravée par Sornique, en deux états dont l’eau-forte pure, et une autre, non signée, en épreuve avant lalettre.

Très bel exemplaire au chiffre couronné du comte de Lurde.Il passa ensuite dans les bibliothèques de son neveu, le baron de Ruble (cat. 1899, n° 416), d’Hector deBacker (cat. 1926, n° 1146) et de Thore Virgin.

44. LA FONTAINE, Jean de. Contes et nouvelles en vers. Amsterdam, Paris, David jeune,1743. 2 tomes en 1 volume in-12 de (4) ff., XIV, 224 pp., (1) f. de table - (4) ff., 268 pp.,(1) f. de table, maroquin rouge, triple filet d’encadrement sur les plats, dos à nerfs orné decaissons de fleurons dorés, coupes et bordures décorées, tranches dorées sur marbrure (Duru1854). 3 800 €

Premier tirage des eaux-fortes de Charles-Nicolas Cochin.Un frontispice par Lebas, 2 vignettes de titreset de 70 vignettes à mi-page. 68 sont d’aprèsles dessins de Cochin et gravées par Fessard,Ravenet et Chadel. Les deux dernières sont desréductions de dessins de Lancret.

“Nous avons ici une très gracieuse édition desContes de La Fontaine, chaque conte estsurmonté d’une vignette de taille moyenne 52par 70” (Christian Michel, C h a rl e s - Ni c o l a sCochin et le livre illustré au XVIIIe siècle,n° 26).

Remarquable exemplaire, grand de marge, parfaitement relié par Duru.

Des bibliothèques Jules Janin (cat. 1877, n° 369) et Maxime Denesle (cat. 1978, n° 92) avec ex-libris.

Cohen, Livres à gravures du XVIIIe siècle, p. 557-558. - Rochambeau, Bibliographie des œuvres de LaFontaine, n° 68. - I.F.F., t. IV, n° 104.

Page 43: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

45. LONGUS. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. Sans lieu [Paris], 1745.In-12 de (6) ff., 159, XX pp., maroquin rouge, plats ornés d’une belle dentelle florale doréeaux petits fers, dos lisse orné et doré, pièce de titre de maroquin citron, filets dorés sur lescoupes, roulette intérieure, tranches dorées (reliure de l’époque). 3 500 €

Un frontispice de Coypel, 29 figures de Philippe d’Orléans gravées par Audran - y compris celle despetits pieds - et 4 culs-de-lampe de Cochin.Ce sont les mêmes figures que celles de l’édition dite du Régent de 1718, à tel titre que cette datesubsiste sur le frontispice.

Neveu de Louis XIV, Philippe d’Orléans avait été éloigné par la jalousie de son oncle des champs debataille où il commençait à se couvrir de gloire. Le jeune duc se consola de son inaction en s’adonnantà la musique et à la peinture (il avait pour professeur Antoine Coypel). Le gracieux roman de Longus, traduit par Amyot, lui a inspiré 29 compositions, retouchées cependantet gravées par Benoît Audran.

On remarquera quatre beaux culs-de-lampe de Cochin gravés spécialement pour cette édition de 1745.La dernière figure dite des petits pieds, dont le dessin a été attribué au comte de Caylus, ne faisait paspartie de la première édition publiée en 1718 (elle fut en fait gravée en 1729).

Très bel exemplaire en maroquin à dentelle de l’époque.De la collection Daniel Parker Coke avec ex-libris armorié.

Cohen, Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 652.

Page 44: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Une vie derrière le panache blanc

46. SULLY, Maximilien de Béthune, duc de. Mémoires de Maximilien de Béthune, ducde Sully, principal ministre de Henry le Grand. Mis en ordre : avec des Remarques. Par M.L. D. L. D. L. A Londres, 1745. 3 volumes in-4 de (2) ff., XXXVI, 596 pp., (2) ff. - (2) ff.,X, 664 pp., (1) f. - (2) ff., VI, 563, (1) pp., maroquin rouge, triple filet doré gras et maigreen encadrement sur les plats, armes au centre, dos à nerfs ornés d’un décor à la grotesquedoré, pièces de titre et de tomaison de maroquin citron, filets dorés sur les coupes, borduresdécorées, tranches dorées (reliures de l’époque). 15 000 €

Première édition modernisée, due aux soins de l’abbé de L’Escluse des Loges.Celui-ci, partant de l’édition princeps de ce texte biographique - les Mémoires des sages et royalesœconomies d’État, [...] - a entièrement rajeuni le style des secrétaires de Sully - les rédacteurs originaux -en faisant notamment parler le compagnon d’Henri IV à la première et non plus à la troisièmepersonne.

Ces Mémoires qui couvrent quatre décennies, de 1570 à la mort d’Henri IV, nous placent au cœur decette période charnière entre la crise politico-religieuse sous les derniers Valois et l’avènement d’unnouveau type de monarchie.

Les Mémoires de Sully sont illustrés de 56 portraits hors texte gravés sur cuivre et tirés dans desencadrements rocailles sur papier de Hollande.Ils proviennent de la collection d’Illustres réunie par Michel Odieuvre, “un marchand d’estampes quifaisait beaucoup graver et payait peu”, aux dires de Jean-Georges Wille qui réalisa de nombreuxportraits pour lui.

Non conçus ab origine pour cette édition, les portraits d’Odieuvre - même si leur nombre peutlégèrement varier d’un exemplaire à l’autre -, en font néanmoins partie. Pour cette raison, un feuilletde liste imprimé recto-verso a été relié avec l’édition, à la fin du premier volume dans notre exemplaire. Celui-ci comprend 56 effigies ainsi que la célèbre taille-douce de la Pyramide du Palais, érigée en 1595après l’attentat de Chastel contre le roi, soit en tout 57 planches.

Parmi les femmes et hommes célèbres représentés, citons les souverains Valois, Jeanne d’Albret,Coligny, les Guise, Catherine de Médicis, Gabrielle d’Estrées, Biron, Élisabeth d’Angleterre, MarieStuart, Théodore de Bèze, Louis XIII, Concini, Richelieu et bien entendu Henri IV et son fidèle Sully.

Très bel exemplaire en maroquin aux armes de Léopold-Charles de Choiseul (1724-1781),archevêque de Cambrai. (Cf. Guigard, Nouvel armorial du bibliophile, I, 257-258, fer n° 2). Des bibliothèques Gosford et Henry-Ralph Willett avec ex-libris.

Cohen, Manuel de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 961.

Page 45: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,
Page 46: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Le roman-gravure du chevalier à la triste figure

47. CERVANTÈS, Miguel de & COYPEL, Charles-Antoine. Les principales Avantures del’admirable Don Quichotte, représentées en figures par Coypel, Picart le Romain, et autreshabiles Maîtres : avec les Explications des XXI Planches de cette magnifique Collection,tirées de l’original espagnol de Miguel de Cervantes. La Haye, Pierre de Hondt, 1746. Grandin-4 de VIII, 330 pp., (1) f., maroquin rouge, large dentelle dorée sur les plats, dos à nerfsorné de caissons de fleurons dorés, pièce de titre de maroquin olive, double filet doré sur lescoupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées (reliure de l’époque). 25 000 €

L’un des plus beaux illustrés du XVIIIe siècle.

31 planches en premier tirage, avant les numéros.Imprimé comme un commentaire des images, chaque planche est accompagnée d’un extrait d’unedizaine de pages du chef-d’œuvre de Cervantès permettant de resituer la scène dans le roman. Dans ce qui apparaît comme une des ses réalisations majeures, Coypel a su mettre toute son inventivitéet sa verve au service de la dimension comique et grotesque du Don Quichotte, sans jamais sacrifier uneélégance et une légèreté toute Régence.

Issu d’une dynastie majeure de peintres, Charles-Antoine Coypel (1694-1752) fit dans la premièremoitié du XVIIIe siècle, une brillante carrière artistique couronnée par le poste de directeur del’Académie royale de peinture et de sculpture et le titre de Premier peintre du Roi.

Passionné de théâtre, il fut parallèlement dans sa jeunesse un auteur apprécié de comédies. Cette doubleattirance pour la peinture et les lettres trouva une de ses meilleures expressions dans les toiles qu’ildonna inspirées du Don Quichotte de Cervantès. À partir de 1715, Coypel peignit en effet 25 cartonspour une tenture destinée à être tissée par la manufacture des Gobelins (24 sont aujourd’hui conservésau château de Compiègne).

Les compositions de Coypel, complétées jusqu’à compter 31 planches - les 6 dernières par Jean-Philippe Le Bas, Boucher, Trémolières et Cochin - furent gravées et parurent chez Surugue, au formatin-folio en largeur, en 1724.

Installé à Amsterdam, Bernard Picart - lié aux Coypel et maître de Surugue - entreprit de donner uneadaptation gravée de la série, réduite au format in-4, en hauteur. À sa mort en 1733, il n’avait réaliséque douze planches. Plusieurs graveurs dont son élève Jakob van der Schley - il signa 13 tailles-doucesentre 1742 et 1745 - assisté de Pierre Tanje (5 pl.), et de Fokke (1 pl.) menèrent à son terme l’entreprise.

Magnifique exemplaire en maroquin à dentelle de l’époque. Des bibliothèques Sir Robert Abdy (cat. 1976, n° 55) et Marchal avec ex-libris.

Cohen, Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 216 : “Superbes illustrations ; livre trèsrecherché”. - Ray, Gordon N., The Art of the French Illustrated Book 1700 to 1914, pp. 13-15.

Page 47: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,
Page 48: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

48. L’OFFICE DE LA SEMAINE SAINTE À L’USAGE DE LA MAISON DU ROY. Paris, Collombat,1741. In-8, maroquin rouge, plats ornés d’une riche décor au petits fers consistant encompartiments quadrilobés faits de filets dorés remplis de motifs floraux, le reste du décorétant constitué d’un semis de de macles et d’hermines dorés (rappel des armoiries des Rohan-Soubise), armes au centre des plats, dos à nerfs ornés de caissons de fleurons dorés avec piècesd’armes dorées, coupes et bordures décorées, tranches dorées (reliure de l’époque). 5 800 €

Un frontispice, un titre travé et 4 figures hors texte de Humblot.

Exemplaire aux armes Armand-Gaston de Rohan, dit le cardinal de Soubise, connu d’abord sous lenom d’abbé de Ventadour.Evêque de Strasbourg, il fut commandeur des Ordres du Roi et membre de l’Académie française(Guigard, Armorial du bibliophile, I, 359).

Magnifique spécimen de reliure d’une richesse de décor exceptionnelle et d’une fraîcheur parfaite. Elle présente beaucoup d’analogies - sans être toutefois identique - avec une Semaine Sainte de1732décrite par Gumuchian (cat. reliures du XVe au XIXe siècle, n° 171, avec reproduction).

Le Goût est une connaissance des Régles par le sentiment

49. BATTEUX, Charles. Les Beaux Arts réduits à un même principe. Paris, Durand,1747. In-8 de (3) ff., XIII pp., (6), 308 pp., (7) ff., maroquin rouge, triple filet doré enencadrement sur les plats, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, double filet doré surles coupes, dentelle intérieure, tranches dorées (reliure de l’époque). 3 500 €

Seconde édition, ici sur grand papier.Parue un an après l’originale anonyme, avec quelques légères corrections et l’aveu officiel de l’auteur auterme de la dédicace au Dauphin. Elle est illustrée d’un frontispice, d’un fleuron de titre, d’un écussonet de trois vignettes gravées en taille-douce d’après Eisen.

Titulaire de la chaire de philosophie grecque et latine au Collège Royal, membre de l’Académie desInscriptions (1754) et de l’Académie française (1761), l’abbé Charles Batteux (1713-1780) donnaitavec cet ouvrage le traité d’esthétique majeur de la première moitié du siècle. L’auteur, inscrivant ses réflexions sous le magistère aristotélicien ainsi que sous l’empreinte sensualistede son temps, montre dans Les Beaux-Arts réduits à un même principe que les arts - Poésie, Peinture,Musique et Danse - sont fondés sur une règle commune : la mimesis ou imitation de la-belle-nature. Batteux livre notamment des réflexions essentielles sur le génie et le bon goût. Cette deuxième édition d’un livre qui exerça une influence déterminante en France mais aussi enAllemagne - traduit dès 1751 il est l’introducteur du terme “génie” dans la langue de Goethe -, parutl’année même du Salon de 1747, considéré, en raison des publications polémiques qu’il suscita, commel’acte de naissance de la critique d’art en France.

Très bel exemplaire, en grand papier sur Hollande et en maroquin de l’époque.Légère tache sombre sur plat.

Cohen, Li v res à gra v u res du XVIIIe siècle, 120. - A. Becq, Genèse de l’esthétique française moderne 1680-1 8 1 4, pp. 339-344, 425-432. - B. Saint Gi rons, Esthétiques du XVIIIe siècle, le modèle fra n ç a i s, pp. 83-98.

Page 49: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

50. DIDEROT, Denis. Lettre sur les aveugles, à l’usage de ceux qui voyent. A Londres,1749. In-12 de 220 pp., (1) f. d’Avis aux Relieurs et aux Brocheuses, veau havane, armes aucentre des plats, dos lisse orné et doré, pièce de titre de maroquin rouge, tranches dorées surmarbrure (reliure de l’époque). 5 000 €

Seconde édition donnée quelques semaines après l’originale.“Réimpression de l’édition originale, avec réimposition des formes de celle-ci”, dit David Adams qui dénom-bre quatre éditions différentes sous la même date.Imprimé clandestinement à Paris sous une fausse adresse londonienne, l’ouvrage se vendait par l’inter-médiaire du libraire Durand, l’un des quatre éditeurs de l’Encyclopédie.

L’illustration comprend 6 planches gravées en taille-douce.

Au confluent de la littérature, de la philosophie et de la science, la Lettre sur les Aveugles est un ouvrageaussi provocant que novateur. Il représente un tournant décisif dans la pensée de Diderot, passant duscepticisme au matérialisme athée. Il lui valut de passer trois mois au donjon de Vincennes.

Précieux exemplaire aux armes de Marie-Yves Desmaretz, comte de Maillebois, marquis d’Alègre.

Adams, Bibliographie des œuvres de Diderot, LG2. - Bn, En français dans le texte, n° 153. - Olivier,Hermal et Roton, Reliures armoriées françaises, n° 1373.

[48] [49] [50]

Page 50: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

51. MONTESQUIEU, Charles-Louis de Secondat, baron de. De l’Esprit des Loix, ou durapport que les loix doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les mœurs,le climat, la religion, le commerce, &c. Genève, Barillot & fils, sans date [Paris, Prault,1749]. 2 tomes en un volume in-4 de (4) ff., XXIV pp., 522 pp., (1) f. d’errata et de (2) ff.,XVI, 564 pp., veau brun, dos lisses ornés de roulettes et caissons de fleurons dorés, pièces detitre et de tomaison de maroquin rouge, tranches rouges (reliures de l’époque). 3 500 €

Seconde édition. Il s’agit d’une contrefaçon parisienne imprimée par le libraire Prault en janvier 1749.

On l’a souvent confondue avec l’édition originale : même pagination, même page de titre, elle s’endistingue toutefois par l’adresse bibliographique qui porte le nom du libraire Barrillot orthographié nonpas avec les deux r requis, mais un seul, ainsi que par un errata tenant sur une seul feuillet à la fin dutome I au lieu de deux.

L’ouvrage avait paru avec la tolérance tacite du chancelier d’Aguesseau, alors Garde des Sceaux, pourpeu que figurât sur le titre la mention d’une ville étrangère, le dégageant ainsi d’une responsabilitéparisienne.

Bel exemplaire en reliures de l’époque.

52. LA FONTAINE, Jean de. Fables choisies, mises en vers. Paris, Charles-Antoine Jombertpour Desaint & Saillant, 1755-1759 [1760]. 4 volumes in-folio, veau écaille, triple filet dorésur les plats en encadrement, dos à nerfs ornés de caissons de fleurons dorés, pièces de titreet de tomaison de maroquin citron, tranches dorées (reliures de l’époque). 12 000 €

L’un des plus beaux livres illustrés du XVIIIe siècle.Cette somptueuse édition est ornée d’un frontispice et de 275 planches hors texte d’après les dessins deJean-Baptiste Oudry, gravées sur cuivre par une équipe de 42 artistes sous la direction de NicolasCochin.

En réalisant à ses moments perdus, de 1729 à 1734, des dessins à la plume et au pinceau inspirés desfables de La Fontaine, Jean-Baptiste Oudry n’aurait eu d’autre raison que de se constituer un recueil desujets où puiser pour des peintures et des tapisseries. On ne peut cependant écarter l’idée qu’un travailaussi long et systématique - car Oudry suivit l’ordre des fables et les illustra toutes - pût s’effectuer aussien pensant à un livre futur.

Ils furent achetés en 1751 par le riche M. de Montenaut qui décida, avec le banquier Darcy, derassembler une équipe de graveurs en vue de donner une édition des Fables.Toutes les compositions furent redessinées par Cochin, à la mine de plomb cette fois. Au salon de 1753,plusieurs gravures terminées furent exposées. Les deux premiers volumes parurent en 1755, le troisièmeau début de l’année suivante. Toutefois, l’entreprise rencontra des difficultés financières et le quatrièmevolume, prévu pour octobre 1756, ne parut en 1760 que grâce au mécénat royal.

Le tirage des planches se fit sous les yeux de Montenaut dans son hôtel particulier. La typographie deCharles-Antoine Jombert fit également l’objet de toutes les attentions. L’édition fut tirée à près de milleexemplaires dont cent sur très grand papier. La moitié de ceux-ci furent offerts au roi en contrepartiede son aide.

Page 51: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Bel exemplaire en premier tirage : au troisième volume, la planche du Léopard ne porte pas encore surla banderole les deux mots fatidiques, signe de toute première émission.Petite mouillure sans gravité à quatre pages du tome III.

BnF, Des livres rares depuis l’invention de l’imprimerie, Paris, 1998, n° 207, notice de Catherine Allix. -Cohen, Manuel de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 549. - Gaucheron, La Préparation et lelancement d’un livre de luxe au XVIIIe siècle. in Arts et Métiers graphiques, 1927, pp. 77-82.

Page 52: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

53. LIBER COLLECTARUM LECTIONUM ET

C A PI T U LO RU M ; P RO FE S TO CO R P O R I S

CHRISTI ET OCTAVA EJUS SOLEMNI. 1750.Grand in-4 manuscrit de (1) f., 70 pp.,(1) f., maroquin rouge, large dentelledorée sur les plats, dos à nerfs orné etdoré, coupes et bord u res décorées,gardes de tabis bleu, tranches dorées(reliure de l’époque). 7 500 €

Cérémonial manuscrit du XVIIIe sièclepour la fête du Corpus Christi.

Manuscrit latin entièrement réglé etrubriqué réunissant la liturgie de la Fête-Dieu (60 jours après Pâques). Texte àl’encre brune cursive, titres et entêtes encapitales rouges et noires.

Bandeaux et culs-de-lampe floraux au lavisvert, rose et bleu : en tout 33 guirlandes etun grand bouquet sur une demi-page à lafin. Portées musicales.

Très bel exe m p l a i re en re l i u re demaroquin à dentelle de l’époque.

54. MONTESQUIEU, Charles-Louis de Secondat, baron de. Œuvres, nouvelle édition,revue, corrigée & considérablement augmentée par l’auteur. Amsterdam et Leipsick, chezArkstée et Merkus, 1758. 3 volumes in-4 de (2) ff., 32, LXXXVI, 527 pp. - (2) ff., XVI, 651pp., mal numérotées 643. - (2) ff., 747 pp., veau marbré, dos à nerfs ornés de roulettes etcaissons avec fleurons dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge, coupes filetéesor, tranches marbrées (reliures de l’époque). 1 200 €

Deuxième édition, en partie originale, de la belle collective établie par Richer et faite avec lacollaboration du fils de Montesquieu, d’après les textes ultimes donnés par ce dernier et leschangements trouvés dans ses archives.Elle est augmentée des Lettres familières de M. le président de Montesquieu. La plupart de ces Lettres sontadressées à son ami l’abbé Octavien de Guasco qui les publia séparément à Florence.

La collection comprend deux cartes géographiques dépliantes par Robert de Vaugondy destinées àillustrer L’Esprit des lois.

Bel exemplaire.

Tchemerzine, Éditions originales et rares XVe - XVIIIe siècles, IV, 933.

Page 53: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Avec la suite libre

55. BOCCACE. Le Décaméron. Londres [Paris] Prault, 1757. 5 volumes in-8 de VIII,320 - 292 - 203 - 280 - 269 pp., veau raciné, roulette dorée d’encadrement sur les plats, doslisses ornés de fleurons et roulettes dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge,coupes et bordures décorées, tranches dorées (reliures de l’époque). 5 000 €

Exemplaire de premier tirage, sur papier de Hollande, avec la plupart des épreuves portant au dos leparaphe caractéristique du premier état.

Cette célèbre édition est ornée de 5 frontispices, un portrait, 97 culs-de-lampe et 110 figures hors texteexécutés par les plus grands graveurs du temps, d’après les compositions spécialement dessinées pour lacirconstance de Gravelot, Boucher, Cochin et Eisen.

Exemplaire enrichi de la suite érotique.Elle se compose d’un frontispice portant le titre suivant : Estampes galantes des Contes de Boccace et de20 planches hors texte libres, non signées, mais de Gravelot.

Bel exemplaire, grand de marges (203 mm).Comme presque toujours, quelques feuillets sont légèrement roussis.

Cohen, Guide de l’amateur de livres illustrés du XVIIIème siècle, col. 158. - Gordon N. Ray, The art ofthe French illustrated book, n° 15. Le bibliographe classe l’ouvrage parmi les 100 Outstanding FrenchIllustrated Books, 1700-1914.

Page 54: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

L’amour à la campagne

56. ANNÉE GALANTE OU ÉTRENNE À L’AMOUR. Contes. Enrichis de figures et d’ariettes.Sans lieu ni date [Paris, 1773]. Grand in-8 de un titre et (40) ff., veau marbré, 3 filets doréssur les plats, dos lisse orné de caissons de fleurons dorés, pièces de titre et de tomaison demaroquin rouge, coupes et bordures décorées, tranches dorées (reliure de l’époque). 7 500 €

Édition originale de cet ouvrage trèsrare, entièrement gravé.

“Ce luxueux re c u e i l”, dit Pi a ,“p robablement tiré pour un petitnombre de riches amateurs, passe pouravoir été imprimé à Paris en 1773”.

13 scènes campagnardes érotiques.Premier tirage de l’illustration qui secompose de 13 figures libres : un titre et12 ravissantes figures libres à mi-page(format 83 par 61 mm), le tout gravé surcuivre et colorié à l’époque.

Chaque mois comporte 3 feuillets : unefigure gravée avec texte en vers, unechanson et un conte. En début devolume, un Pot-pourri des douze moisoccupe 3 feuillets.

Re m a rquable exe m p l a i re en colori sd’époque.Petites rousseurs éparses.

De la bibliothèque Edmond Petit avecson ex-libris.

Pascal Pia, Les Livres de l’enfer, p. 65. -Dutel. Bi b l i o g raphie des ouvra g e sé rotiques publiés clandestinement enFrance entre 1650 et 1880, III, A-80. -Gay, Bibliographie des ouvrages relatifs àl’amour, aux femmes et au mariage, I, p.227. - Cohen, Livres à gravures du XVIIIesiècle, p. 34. - Cat. Peyrefitte, II, n° 16.

Page 55: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

57. LA FONTAINE, Jean de. Contes et Nouvelles en vers. Amsterdam [Paris, Barbou],1762. 2 volumes in-8, maroquin vert, plats ornés d’une large dentelle dorée aux petits fers,dos lisses richement ornés et dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge, gardesde tabis citron, coupes et bordures décorées, tranches dorées (reliures de l’époque). 27 500 €

Fameuse édition, dite des Fermiers généraux.Ils n’épargnèrent aucune dépense pour ces deux volumes in-octavo publiés à leurs frais. Tout fut mis enœuvre pour produire le nec plus ultra du livre à vignettes. Les Contes ont été imprimés à Paris, avec les caractères de Fournier le jeune. Le tirage s’élève à deux mille exemplaires, tous sur papier de Hollande.

Premier tirage : deux portraits, celui de La Fontaine d’après Rigaud, gravé par Ficquet, et celui d’Eisen,d’après Vispré, gravé par Ficquet; quatre vignettes, 53 culs-de-lampe par Choffard et 80 figures d’aprèsEisen gravées par Aliamet, Baquoy, Choffard, Delafosse, Flipart, Lemire, Leveau, de Longueil etOuvrier.

C’est le triomphe de Charles Eisen, qui se plaît parfois à amplifier ce que le texte se borne à suggérer.Il est admirablement secondé par Choffard, graveur ornemaniste dont les culs-de-lampe sont d’uneinvention étourdissante.

Prestigieux exemplaire, très finement réglé, en beau maroquin à dentelle de l’époque.

Cohen, Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 558-570.

Page 56: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Le maître vignettiste des Lumières

58. EISEN, Charles. Huit dessins originaux pour les Chefs-d’œuvre dramatiques éditéspar Marmontel. 1773. Grand in-4 de 4 feuillets, demi-veau glacé havane à coins bordé d’unfilet à froid, dos à nerfs, pièces de titre de maroquin rouge et vert (reliure du XIXe siècle).

15 000 €

Recueil de 8 dessins originaux de Eisen pour les Chefs-d’œuvre dramatiques édités par Marmontel.Sanguine et traces de pierre noire sur peau vélin (90 x 142 mm).

L’ouvrage, paru en 1773 à Paris chez Grangé, devait être le premier d’une longue série, les Chefs-d’œuvredramatiques, ou Recueils des meilleures pièces de théâtre françois tragique, comique et lyrique, avec desdiscours préliminaires sur les trois genres, [...]. Publiée par les soins de Marmontel, cette édition critiqueaccompagnée de remarques et d’une vie des auteurs ne dépassa pourtant pas cet unique volume. Celui-ci rassemble trois pièces notables de la première moitié du XVIIe siècle : Sophonisbe (1634) de Mairet,Scévole (1646) de Du Ryer et Venceslas (1647) de Rotrou.

Cette publication luxueuse - le premier volume était vendu 21 livres et le prix des suivants fixé à 24 -se voulait remarquable par son iconographie : “L’idée d’ajouter au charme de la lecture une partie del’illusion que fait la scène, & le plaisir des yeux à celui de l’esprit, nous a engagés à réunir tout ce que labeauté de l’impression, du dessin & de la gravure, peut avoir de plus séduisant” (Prospectus).

C’est donc à Charles Eisen (1720-1778), un des plus prolifiques et des plus inventifs illustrateurs duSiècle de Louis XV - il a notamment donné les dessins pour les Contes de La Fontaine, édition desFermiers Généraux (1762), et Les Baisers de Dorat (1770) - que l’on fit appel pour l’ensemble desestampes, vignettes et culs-de-lampe qui ornent le volume.

Notre recueil, composé à la fin du XIXe siècle, réunit huit dessins originaux d’Eisen correspondant auxvignettes gravées à la tête des cinq actes de Scévole et des actes I, II et V de Venceslas.Les huit sanguines, fixées sur charnières mobiles sont montées deux par deux, dans des fenêtres l’uneau-dessus de l’autre, sur cartons forts reliés sur onglets. Chaque dessin, inversé par rapport à la gravure, est bordé d’un double trait d’encadrement et signé“CH. Eisen invenit et fecit 1773”.

Les cinq vignettes de Scévole mettent en scène le roi étrusque Porsenna, assiégeant Rome pour yrestaurer Tarquin, face à sa prisonnière, Junie fille de Brutus créateur de la République, et à Scévole -Mucius Scaevola [le gaucher], Romain venu tenter de l’assassiner dans son camp.Les trois vignettes de Venceslas, le chef-d’œuvre de Rotrou, montrent un monarque aux prises avecl’impossibilité d’être à la fois roi et père.

Exemplaire de la collection du baron de Portalis cité par Cohen.

Cohen, Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 699-690 : “La plupart des dessinsoriginaux d’Eisen, à la sanguine et au crayon, sur vélin sont chez M. Rodrigues ; huit de ceux-ci étaientjoints à l’exemplaire en veau ancien vendu 340 fr., vente Portalis (novembre 1878, n. 74)”.

Page 57: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,
Page 58: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

59. [LA MONTAGNE, Abbé]. Mémoires par M. le Comte de St. Germain. Ministre &Secrétaire d’Etat de la guerre, Lieutenant général des armées de France, Feld-Maréchal auservice de Sa Majesté, le Roi de Dannemark [sic], Chevalier Commandeur de l’Ordre del’Eléphant, écrits par lui-même. Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1779. In-8 de (3) ff., 335,(1) pp., maroquin vert, triple filet gras et maigre en encadrement sur les plats, dos lisse ornéd’un décor à la grotesque doré, pièce de titre de maroquin lavallière, coupes et borduresdécorées, tranches dorées (reliure de l’époque). 2 500 €

Édition originale.Parfois attribués à Pierre-Christian Wimpffen et plus vraisemblablement donnés à l’abbé de LaMontagne, ces Mémoires ont été publiés par Marc-Michel Rey, éditeur majeur des Lumières. La mêmeannée - 1779 - une contrefaçon paraît, vraisemblablement à Paris, avec une fausse adresse “En Suisse,chez les libraires associés” (cf. Quérard, Supercheries littéraires, III, 531).

Publié un an après sa mort, cet ouvrage réunit les projets de réforme des armées du comte de Saint-Germain. Élève des jésuites, se destinant initialement à la vie ecclésiastique, Claude-Louis de Saint-Germain(1707-1778) embrassa finalement la carrière des armes. À la suite d’un duel, il passe en Allemagne,d’abord au service de l’Électeur palatin, puis de celui de Bavière, avant de revenir en France commemaréchal de camp. Jalousé, il quitte à nouveau sa patrie pour le Danemark. Rentré définitivement enFrance ce militaire chevronné se retire alors en Alsace. Turgot et Malesherbes le présentent à Louis XVI qui le nomme ministre de la guerre en 1775. Fort deson expérience et de sa connaissance des divers systèmes militaires européens, il a pour mission deréformer l’organisation de l’armée française. Sa volonté de diminuer le nombre, qu’il juge excessif,d’officiers ou de supprimer certains régiments déclenche rapidement la fronde des gradés. Par ailleurs,Saint-Germain mécontente la troupe en voulant introduire la discipline à l’allemande, avec coups debâton en châtiment. Devant cette opposition générale, il se retire en 1777.

Très bel exemplaire en maroquin de l’époque.De la bibliothèque du Maréchal de Tallart avec ex-libris.

Il est enrichi d’une lettre autographe signée du comte de Saint-Germain, datée de Versailles le23 janvier 1776.

De la bibliothèque Pixerécourt

60. PIDANSAT de MAIROBERT, Mathieu-François & MOUFFLE d’ANGERVILLE,Barthelemy-François. Mémoires secrets pour servir à l’Histoire de la République desLettres en France, depuis M.DCC.LXII jusqu’à nos jours… Londres, John Adamson, 1784.36 volumes in-12, veau lavallière glacé, filet en encadrement sur les plats, dos à nerfs platsornés de fleurons et de roulettes dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin noir,coupes et bordures décorées, tranches marbrées (Simier). 7 000 €

Les Mémoires secrets, dits de Bachaumont, constituent un recueil d’anecdotes, d’épigrammes,chansons, satires, d’échos des pamphlets, “on dit”, rumeurs et secrets d’antichambres divers quiagitaient la Ville et la Cour, la vie publique et mondaine, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ilsrestituent également la critique des événements culturels : salons de peinture, publications de gravuresnouvelles, gazette théâtrale, actualité des lettres, etc.

Page 59: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Publiés originellement à partir de 1777, ces Mémoires - rédigés par deux célèbres nouvellistes, Pidansatde Mairobert (1727-1779) puis Mouffle d’Angerville (1728-1795) - présentent une chroniquerétrospective depuis 1762 jusqu’en 1787. Leur succès immédiat entraîne plusieurs éditions, ou rééditions partielles complétant des sériesexistantes. Notre exemplaire, daté de 1784 à 1789, constitue une de ces principales émissions dûmentrépertoriées par les historiens (cf. Sgard, Dictionnaire des journaux, II, p. 829).

Aux origines des Mémoires : la Paroisse.Les Mémoires secrets puisent leur source dans le salon de Mme Doublet, animé par son ami Louis Petitde Bachaumont (1690-1771). Ce célèbre lieu de la sociabilité parisienne au siècle des Lumièressurnommé la “Paroisse” - le logement de Mme Doublet et de Bachaumont était installé dans le couventdes Filles-Saint-Thomas rue Vivienne - devint le rendez-vous des anti-dévôts, pro-parlementaires, gensd’esprit, magistrats, écrivains, artistes, abbés, etc. On s’y montrait curieux de tous les bruits ; chaqueconvive - ou “Paroissien” - était ainsi invité à inscrire les dernières nouvelles sur deux registres : celuides informations sûres et celui des douteuses qui circulaient sous forme de “nouvelles à la main”recopiées et diffusées. Après la disparition de Mme Doublet et de Bachaumont en 1771, le secrétairede celui-ci - Pidansat de Mairobert - eut l’idée de publier les échos de la Paroisse et de les continuer.Après le suicide de Pidansat de Mairobert en 1779, Mouffle d’Angerville poursuivit la rédaction desMémoires secrets et apporta des additions substantielles aux volumes antérieurement rédigés, accordant,en pleine période pré-révolutionnaire, une place plus importante aux événements politiques.

Très bel exemplaire en veau glacé relié par Simier.De la bibliothèque Pixerécourt avec ex-libris. Sa vente, janvier 1839, n° 2162 “Joli exemplaire”, (signetnuméroté pour l’adjudication conservé).

Tawfik Mekki-Berrada in Dictionnaire des Journaux 1600-1789, Jean Sgard (dir.), 904 : “une dessources les plus abondantes et les plus précieuses pour l’étude du XVIIIe siècle”.

[59]

[60]

Page 60: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

61. BEAUMARCHAIS, Pierre-Augustin Caron de. La Folle journée, ou le Mariage deFigaro, comédie en cinq actes, en prose. Paris [Kehl], Ruault, 1785. Grand in-8 de LI,200 pp., (1) f., doubles filets dorés et roulettes dorées d’encadrement sur les plats, fleuronsaux angles, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, coupes et bordures décorées,tranches dorées sur marbrure, étui bordé (Thibaron - Joly). 2 000 €

Première édition illustrée.Imprimée à Kehl par Beaumarchais lui-même avec les mêmes caractères qui servirent pour les œuvresde Voltaire, elle est ornée de 5 figures hors texte dessinées par Saint-Quentin et gravées par Liénard(actes 1, 3 et 5), par Halbou (acte 2) et par Lingée (acte 4).Cet exemplaire comporte en outre un portrait-frontispice ajouté, gravé par Le Roy d’après Cochin.

On remarquera l’Avis de l’éditeur, placé en face du titre, qui ne manque pas de piquant. Contrefaite dèssa parution, la pièce fut jouée avec un texte défiguré. Beaumarchais met en garde les éventuelscandidats : “Des comédiens de province se sont permis de donner et représenter cette production commel’ouvrage de l’auteur : il n’a manqué à tous ces gens de bien que d’être loués dans quelques feuillespériodiques”.

La représentation de la pièce et sa publication furent retardées par l’opposition de Louis XVI ; onraconte que le roi se serait écrié, au passage du monologue de Figaro que lui lisait Madame Campan :“C’est détestable, cela ne sera jamais joué, il faut détruire la Bastille pour que la représentation de cette piècene fût pas une inconséquence dangereuse”.

Bel exemplaire, grand de marges, bien établi en maroquin décoré de Thibaron et Joly.Respectivement élèves de Trautz et de Gruel, ces deux relieurs ont fait atelier commun à partir de 1874.

Cohen, Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 125. - Gordon N. Ray, The Art of theFrench Illustrated Book, 68. - Cordier, Bibliographie des œuvres de Beaumarchais, 129.

Page 61: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

62. VADÉ, Jean-Joseph. Œuvres poissardes de J.-J. Vadé, suivies de celles de L’Écluse.Paris, Defer de Maisonneuve, 1796. In-4 de 6 pp., (1) f., 167 pp., maroquin rouge, triple filetdoré en encadrement sur les plats, dos à nerfs orné de masques et de marottes dorés dans descaissons de double filet doré avec feuillage doré aux angles, coupes et bordures décorées,tranches dorées sur témoins, étui (Chambolle-Duru). 3 500 €

Ce livre est le plus recherché de las é rie des livres imprimés encouleurs. Il a été tiré à 300exemplaires sur les presses de PierreFrançois Didot, le jeune.Les dernières années du dix-huitièmesiècle furent marquées parl’apparition de luxueux ouvragesillustrés de planches imprimées encouleurs. L’éditeur Defer deMa i s o n n e u ve fait partie despionniers de ce type d’impression.Déjà en 1792 il avait publié L eParadis perdu de Milton et en 1793La Mort d’Abel de Gessner.

Premier tirage des 4 compositionsoriginales hors texte de Nicolas-André Mo n s i a u . Elles ont étégravées par Clément et impriméesdirectement en couleurs.

Créateur du genre poissard, lePi c a rd Je a n - Joseph Va d é ( 1 7 2 0 -1757) était fils d’un simplecommerçant et, pour y avoir menéune jeunesse turbulente, avait duParis populaire qu’il décrivait avectant de verve une connaissance depremière main. Sa manière était à cepoint inédite que plutôt qu’ àquelque modèle littéraire, on l’ acomparé à des peintres flamands comme Teniers.

À la suite, se trouvent les œuvres de Louis de Thillay, dit L’Écluse (mort en 1792). Il était sans doutele seul auteur “poissard” digne de figurer sur un même volume à la suite de Vadé, auquel on l’associaitde son vivant. Petit noble du Gâtinais, acteur, chanteur, mais aussi chirurgien-dentiste ayant soignédit-on le roi de Pologne, ses chansons et autres petites pièces comiques avaient le don de mettre en joieson ami Voltaire.

Très bel exemplaire à toutes marges, parfaitement relié par Chambolle-Duru.

Cohen, Livres à gravures du XVIIIe siècle, 1005. - Gordon N. Ray, The Art of the French Illustrated Book1700 to 1914, n° 87.

Page 62: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Quand les vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que c’est nous qui les quittons

63. LA ROCHEFOUCAULD, duc de. Maximes et Réflexions morales. Paris, P. Didotl’Aîné, 1796. In-4 de (2) ff., XXIII, 147, (1) pp., maroquin rouge à grain long, roulettesdorées et à froid en encadrement sur les plats, larges fleurons dorés aux écoinçons, chiffrescouronnés au centre, dos à nerfs orné de fleurons dorés, dentelle intérieure dorée, doublureset gardes de tabis bleu, tranches dorées (reliure vers 1830). 3 000 €

Belle édition moderne des Maximes de La Rochefoucauld donnée par Pierre Didot.

Imprimée “avec un nouveau caractère gravé et fondu par Firmin Didot”, elle n’a été tirée qu’à250 exemplaires.Cette publication se distingue en effet par l’élégance de sa mise en page et de sa typographie.

S’ingénier à lever le masque, tel est le leitmotiv des Maximes. Le monde des hommes étantnécessairement corrompu, ce que nous nommons vertus ne peut-être, aux yeux de l’auteur,qu’apparence ou mensonge : “Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit.” - “Il y a de bons mariages, maisil n’y en a point de délicieux.”La notice liminaire, consacrée au duc de La Rochefoucauld, se conclut sur un éloge de la “véritablegrandeur de la noblesse”. Table des matières en fin de volume, fleuron gravé sur la page de titre.

Très bel exemplaire, grand de marges, dans une décorative reliure romantique de maroquin rouge,aux armes du duc Ferdinand Philippe d’Orléans (1810-1842), fils aîné de Louis-Philippe (Olivier,Hermal et Roton, Reliures armoriées françaises, 2580, fer n° 6.

64. MOLIÈRE. Œuvres. Paris, Didot, An VII 1799. 8 volumes in-12 de 274 pp., (1) f. -276 pp. - 287 pp. - 261 pp., (1) f. - 274 pp., (1) f. - 264 pp. - 302 pp. - 269 pp., maroquinrouge à grain long, double filet doré en cordon et entrelacs de cercles dorés en encadrementsur les plats, fleurons aux angles, dos lisse orné de doubles filets dorés, d’ombilics demaroquin vert mosaïqué et de feuillage, fleurettes et tridents dorés posés sur un fond à milleétoiles et points, coupes et bordures décorées, doublures de tabis bleu avec chainette doréed’encadrement, gardes elles aussi de tabis bleu, tranches dorées (Rel. P. Bozerian). 3 800 €

Une édition des Didot à la grande époque du Louvre.Prenant la suite de leur père François-Ambroise, qui se retira en 1789, Pierre Didot (1761-1853) et sonfrère Firmin (1764-1836) portèrent l’art des Didot à son apogée : beauté des caractères et du papier,exactitude de la correction.En 1799, leur procédé d’impression par stéréotypie est enfin bien au point, grâce aux perfectionnementstechniques de la période révolutionnaire, liés à la fabrication des assignats. Didot l’ainé était alorsinstallé au Louvre, dans l’ancien local de l’Imprimerie Royale.

Précieuses reliures de Bozerian de la fin de la période révolutionnaireCette période est pour Bozerian relieur celle de la consécration. Cinq ans plus tôt, désireux de faire aussiœuvre d’éditeur, il avait confié plusieurs ouvrages à imprimer aux Didot, qui de leur coté soutiendronttoujours son travail. Dès 1798, il est devenu le relieur à la mode, prospère mais surtout admiré, comme

Page 63: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

en témoigne ce qu’écrit alors Didot le jeune des reliures figurant dans la propre bibliothèque deBozerian : “Nous en regardons plusieurs comme les plus parfaites qui soient encore sorties des ateliers français,[…] parmi les nombreux chefs-d’œuvre que nous avons vu éclore sous la main aussi habile que laborieuse ducitoyen Bozerian. […] Plus heureux encore, si les recherches, les soins et les efforts du citoyen Bozerian pourarriver à la perfection sont couronnés d’un tel succès, que sa supériorité guérisse nos possesseurs de richescabinets de la manie d’envoyer relier leurs livres à Londres, et si nous voyons enfin cette branche importantede l’industrie française affranchie du tribut qu’elle a payé trop longtemps et qu’elle paye encore à nos éternelsrivaux !”

Qu’on soit ou pas convaincu par le raisonnement qui veut faire de Bozerian un héros national, il estdifficile d’ignorer la communauté de vues et la fraternité esthétique qui unissent alors les Didot et leurrelieur de prédilection, et l’importance de leur association pour le renouveau du style français.

Ce superbe exemplaire, à toutes marges et parfaitement pur, provient de la librairie Simonson àBruxelles, avec ex-libris.

Monglond, La France révolutionnaire et impériale, IV, 956. - Paul Lacroix, Bib. moliéresque, 366.

[63]

[64]

Page 64: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

65. RABELAIS, François. Œuvres suivies des remarques publiées en anglois par M. LeMotteux, et traduites en françois par C.D.M. Paris, Ferdinand Bastien, 1798. 3 volumesin-8 de (2) ff., XVI, 479 pp. - (2) ff., 634 pp. - (2) ff., 595 pp., veau fauve marbré, dentelledorée à la grecque en encadrement sur les plats, chiffre doré au centre, dos lisses ornés decaissons dorés alternant décoration aux mille points et guirlandes dorées à la grecque, piècesde titre et de tomaison de maroquin vert, coupes et bordures décorées, tranches dorées(reliures de l’époque). 2 000 €

Premier tirage de l’illustration.Un portrait-frontispice de Rabelais et 75 planches hors texte - dont 5 dépliantes - gravées sur cuivre.Elles sont ici en tirage avant la lettre.

Cette belle édition illustrée s’adressait, dès l’origine, aux bibliophiles, comme le montre le choix deproposer des grands papiers et de limiter le tirage.

Au texte de Rabelais s’ajoutent les remarques du normand Pierre-Antoine Le Motteux, huguenot exiléà Londres, responsable, à la fin du XVIIe siècle, de la première traduction complète de Rabelais enlangue anglaise.Ces remarques sont assez notables pour avoir servi de nouveau en 1830 de référence à un texte du grandmédiéviste et philologue Francisque Michel dont le Rabelais analysé, qui plus est, prenait précisémentcomme point de départ les 76 gravures de la présente édition.

Exemplaire très décoratif en reliures du temps au chiffre de J. H. Drême et avec son timbre humidesur chaque volume.

Cohen, Guide de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 843. - Monglond, La Francerévolutionnaire et impériale, IV, 582. - Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 599.

66. LEVAILLANT, François. Histoire naturelle des oiseaux d’Afrique. Paris, J. J. Fuchs etDelachaussée, [1796] 1799 -1808. 6 volumes grand in-4, [2]-XI-[1]-194, 206, 231, 141,163, 188 pp., demi-veau lavallière, dos à nerfs ornés d’un décor doré à la grotesque (reliuresà l’imitation de l’époque). 27 500 €

Édition originale et premier tirage d’un des plus beaux livres d’oiseaux jamais publiés.

300 planches en couleurs, dont 4 sont dépliantes, gravées par Claude Fessard et Jacques Louis Pérée,d’après les dessins de Johann Reinhold Forster (1729-1798), qui accompagna James Cook en tant quenaturaliste et artiste officiel de son second voyage autour du monde (1772-1775).

L’impression fut faite par Langlois, le grand maître de la gravure en couleur française au début duXIXe siècle. Il fut notamment responsable de la plupart des grands travaux de Redouté.

L’ouvrage fut édité simultanément en deux formats différents : grand in-quarto et grand in-folio.Contrairement aux habitudes des tirages en grand papier, il ne s’agit pas ici d’une réimposition maisd’une composition différente. En revanche, les planches sont les mêmes dans les exemplaires in-quartoet in-folio.

Page 65: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Voyageur, ornithologue et naturaliste de grand renom, François Levaillant sut s’entourer des plusgrands artistes pour rendre avec authenticité la beauté des oiseaux exotiques qu’il recueillit lors de sesdifférents voyages en Afrique. Il a ainsi enrichi le Muséum national d’Histoire naturelle de la premièrecollection de perroquets et d’oiseaux de paradis.

Le seul concurrent de Gould.“ L e vaillant was until exceeded by Gould (and until now only by him) the producer of the mostc o m p re h e n s i ve series of works on exotic birds… It gives a compre h e n s i ve account of the birds of SouthAfrica, based on Le Va i l l a n t’s personal experiences and the collections he made during his journ e y’s to theregion. The style of the text is lively and it gives descriptions not only of the birds, but also of their habitsand habitats” (Fine Bird Books p. 90 et 118).

Bel exemplaire.

Ronsil, Bibliographie ornithologique française, 1780. - Anker, Bird Books and Bird Art, n° 297.

Page 66: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

L’arabe des affaires

67.RUPHY, Jacques-François. Dictionnaireabrégé François-Arabe, A l’usage de ceuxqui se destinent au Commerce du Levant.Paris, De l’Imprimerie de la République, An X[1802 v. st.]. In-4 de (2) ff., XVI, 227 pp.,c a rtonnage de l’époque de papier bleumarbré, non coupé, entièrement non rogné.

1 800 €

Édition originale.Entrepris à l’origine pour servir aux Françaisinstallés en Égypte à la suite de l’expédition deBonaparte, mais édité après l’évacuation du pays,ce Dictionnaire est présenté dans le Discoursp r é l i m i n a i re comme un utile vade-mecum àl’usage des marchands français au Levant. L’auteur encourage en effet ces derniers àapprendre l’arabe afin de ne plus “livrer leurpersonne et leurs intérêts à la discrétion de quelquetrucheman renégat”.

Dans ce dictionnaire, imprimé sur deux colonnes, à chaque mot en français correspond son équivalentimprimé en caractères arabes.

Bel exemplaire, entièrement non rogné.

68. PHÈDRE. Fables de Phèdre, affranchi d’Auguste. Paris, Didot l’aîné, 1806. 2 volumesin-12 de (2) ff., VII, 151 - 144 pp., maroquin rouge, guirlandes de feuillage doré enencadrement sur les plats, dos lisse orné de lyres dorées, coupes et bordures décorées,doublure de tabis bleu, tranches dorées (Lefebvre). 2 500 €

Une des plus jolies éditions des Fables de Phèdre, richement illustrée.Elle est dédiée à Fanny de Beauharnais, qui fut, entre autre, la protectrice d’André Chénier et de Restifde la Bretonne. Elles sont ici données dans la traduction du théologien de Port-Royal, Le Maistre deSacy. Le texte latin figure en regard.

L’illustration comprend 110 gravures hors texte en taille douce, par Moithey d’après Coiny et Le Fevre.89 sont en tirage avant la lettre. On note 9 signatures inversées.

Très bel exemplaire en maroquin décoré de Lefebvre, actif de 1805 à 1835 et neveu de Bozerian.

Brunet, Manuel de l’amateur, IV, p. 590. - Cohen, Livres à gravures du XVIIIe siècle, p. 799.

Page 67: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

69. CHRESTIEN, Jean-André. De la méthode iatraleptique, ou observations pratiques del’efficacité des remèdes administrés par la voie de l’absorption cutanée… et sur un nouveauremède dans le traitement des maladies vénériennes et lymphatiques. Paris, Croullebois &Crochard, 1811. In-8 de (2) ff., VXI, 464 pp., maroquin rouge à grain long, plats ornés d’unlarge encadrement de filets et pampres dorés avec caducées aux angles, armes aux centres, doslisse orné de caissons avec décor aux mille points et réserve d’un losange central avec caducéesdorés, coupes et bordures décorées, gardes de tabis bleu ciel, tranches dorées (Rel. P. Meslant).

8 500 €

Édition originale.Jean André Chrestien (1758-1840), partisan de l’inoculation, expose la méthode iatraleptique quiconsiste essentiellement à traiter les maladies par des onguents, des lotions, des pommades. Son ouvragedécrit des préparations à base d’opium, d’or, de camphre et de quinquina ainsi que les effets observés.

Précieux exemplaire en maroquin signé de l’époque aux armes de l’empereur Napoléon Ier.Piquante provenance lorsque l’on sait que les ouvrages médicaux n’avaient qu’une place restreinte dansla bibliothèque de l’Empereur au profit de l’histoire, des voyages, des romans ou du théâtre.

Le présent volume fut sans doute acquis par Ripault ou Barbier, qui avaient été chargés de constituerles différentes bibliothèques impériales. Il fut manifestement l’objet d’une attention particulière car laplupart des acquisitions étaient reliées très simplement, en veau. Les reliures de luxe, en maroquindécoré et signé, faisant figure d’exceptions.

Belle et décorative reliure de Meslant, ici relieur de l’Empereur, avant que de devenir, sous laRestauration, celui des Orléans.La reliure est impeccable, l’ouvrage sans rousseurs.

Bibliotheca Wallariana, n° 1975. - Wellcome Historical Medical Library, II, p. 344.

[68]

[69]

Page 68: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

70. GUIRAUD. Banque territoriale. Projet présenté au Roi. Avignon, Alphonse Berenguier,1814. In-12 de (1) f., 141 pp. (verso bl.), maroquin vert, roulette dorée en encadrement avecfleurs de lys aux angles et au centre, dos lisse orné de caissons fleurdelysés, coupes décorées,tranches dorées (reliure de l’époque). 2 500 €

Édition originale de ce très rare projet de réforme de la Banque Territoriale.On ne connaît que deux autres exemplaires : un à la BnF, un autre à Philadelphie (Penn Library).L’ouvrage ne fut probablement publié qu’à quelques exemplaires hors-commerce.

Restauration de la confiance bancaire.La Banque territoriale, qui fut constituée le 1er Fructidor An VII (18 août 1799), avait pour objectifde prêter des fonds aux propriétaires fonciers ayant besoin de ressources pour améliorer leurs propriétésou pour se lancer dans d’autres activités. Elle fut une tentative d’utilisation de la richesse foncière pourgarantir des titres mis en circulation.

Un projet dédié au roi présenté par un ancien fermier général.En 1814, Louis XVIII hérite du déficit budgétaire de l’Empire. Ce projet propose les moyensd’employer la Banque pour liquider la dette publique. Sont également abordés la question du discréditimpossible, la comparaison des papiers - avec un souvenir encore très présent de la faillite de Law dontil est abondamment question -, le concours de la Banque avec celle d’Escompte, l’influence réservée auSouverain sur la Banque, la destination des bénéfices de la Banque. Pour finir, avant un résumé général,les effets produits par la Banque sont abordés.

Très bel exemplaire en maroquin décoré de l’époque.

Quérard, La France littéraire, III, 546. - G. Jacoud, Le Billet en France, 1796-1803 : de la diversité aumonopole, Paris, 1996. - Non répertorié par l’I.N.E.D., Kress ou Enaudi.

Des malheureux que différens accidens avaient privés de l’exercice de leurs mains, en ont recouvré l’usage

71. D U T E RTRE, P. C h i rurgie. Traité d’opérations nouvelles, et inventions demécaniques, servant de moyens secondaires pour en assurer le succès. Paris, Méquignon-Marvis, 1814. In-8 de 85 pp., maroquin vert à grain long, dentelle de palmettes et d’acantheszoomorphes en encadrement sur les plats, armes au centre, dos lisse orné en alternance decaissons de fleurons dorés et de treillages dorés, coupes et bordures décorées, doublures etgardes de tabis rose avec frise dorée, tranches dorées (Doudey-Dupré). 2 500 €

Édition originale. Portrait-frontispice de l’auteur en médaillon et 21 planches consacrées à la chirurgie réparatrice de lamain.

“Mon Ouvrage n’est, à la vérité, qu’un simple recueil d’opérations chirurgicales, mais elles ont été couronnéesd’un succès complet”.

Très bel exemplaire dans une reliure aux armes du dernier prince de Condé, Louis-Henri-Joseph(1756-1830). (Olivier, Hermal et Roton, Reliures armoriées françaises, 2637). Des bibliothèques Mortimer L. Schiff et John Roland Abbey avec ex-libris.

Page 69: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Pré-entente cordiale

72. LUSCOMBE, Edmond et Matthew. Langue télégraphique universelle ou Code dessignaux… Le Havre, Stanislas Faure, sans date [1822]. In-8, maroquin marine à grain long,riche dentelle fleurdelysée dorée et à froid en encadrement sur les plats, armes royales doréessur le premier plat, chiffre couronné et supra-libris dorés sur le second plat, dos à nerfsfleurdelysé et orné de filets et roulettes dorés et à froid, titre en long, coupes et borduresdécorées, tranches dorées (Simier, R. du Roi). 2 800 €

Édition originale, non mise dans le commerce.Elle est ornée de trois planches gravées et coloriées, dont une dépliante.

Un ouvrage pionnier.Grâce, entre autres, aux planches en couleurs représentant flammes et pavillons, ainsi que leurspossibles combinaisons, ce livre présenté par deux employés de la Lloyd aux responsables de la marinefrançaise entend poser les base d’un système de signaux permettant à des navires de nationalitésdifférentes de communiquer entre eux. Le premier code véritablement international, adopté par laplupart des nations maritimes, ne verra le jour que plus de trois décennies plus tard, en 1855.

Mettre la Royale à l’école de l’Angleterre : du Blocus continental vers l’Entente cordiale ?Comme ce sera le cas en 1855, c’est l’Angleterre qui déjà fournit l’exemple de ces signaux destinés à lamarine marchande mais aussi à la flotte de guerre chargée de la protéger. Et dès 1822, la France, aprèsavoir cherché sous Napoléon à verrouiller le continent, considère désormais de son intérêt d’élargir seshorizons commerciaux et, on le verra bientôt, de bâtir comme son voisin si redoutable sur mer unempire dont la sécurité dépendra largement d’une certaine coopération entre les deux pays.

Magnifique exemplaire de présent relié par Simier en maroquin aux armes royales et chiffrecouronné du Ministre de la Marine et des colonies, Aimé Marie Gaspard de Clermont-Tonnerre.

[72][70] [71]

Page 70: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Médaille d’or des minuscules

73. [MÉDAILLE]. Précis de la Guerre d’Espagne d’après les rapports officiels jusqu’à ladélivrance du Roi Ferdinand. Sans lieu [Paris], 1823. 22 disques de papier entièrementgravés (45 mm diam.), boîte de métal doré circulaire. 1 900 €

Schraub Medaille ou médaille à système de propagande royaliste, sous la Restauration.

Boîte circulaire de métal doré (50 mm de diamètre). À l’avers, profil lauré de “Louis Antoine Ducd’Angoulême - Il nous a rendu la Victoire” et au revers, “A la gloire de l’armée française 1823” inscritau cœur d’une couronne de laurier. À l’intérieur de la partie supérieure du boîtier, profil gravé de“Louis XVIII Roi de France” dans un médaillon imprimé sur papier bleu ; à l’intérieur de la partieinférieure, armes du roi rayonnantes gravées.

Utilisant la forme d’une médaille commémorative à la gloire du duc d’Angoulême - héritier putatif dela couronne - comme coffret, Le Précis de la Guerre d’Espagne offre, en 22 feuillets, le récitchronologiques des opérations avec les noms des officiers qui s’étaient distingués. Chacune de cesrondelles, gravée recto-verso, comprend en moyenne 18 lignes de texte. Elles étaient originellementliées par un cordon de soie et dépliables en accordéon.

Ces “Schraub-Medaille” ou livres circulaires miniatures contenus dans un boîtier dévissable ont étélargement utilisés à des fins politiques. En France, dans le premier tiers du XIXe siècle, les propagandesbonapartiste et royaliste ont rivalisé dans l’usage de ce type d’objets, de gravures ou d’édition à système.

S’étant vu imposer contre son gré un gouvernement libéral, le roi d’Espagne Ferdinand VII fit appel àla Sainte-Alliance pour restaurer son pouvoir absolu. La France fut alors mandatée pour intervenir.Cette expédition militaire, placée sous le commandement du duc d’Angoulême, neveu de Louis XVIII,et associant royalistes et anciens soldats des guerres impériales, rétablit en quelques mois Ferdinand VII. La monarchie de Louis XVIII, avide de succès diplomatiques et guerriers après l’Empire, mit en exerguecette campagne couronnée par la victoire du Tro c a d é ro à Cadix. Ardemment souhaitée parChateaubriand, alors ministre des Affaires étrangères, cette nouvelle guerre d’Espagne symbolisait leretour de la France dans le concert des puissances européennes :“Mais enjamber d’un pas les Espagnes, réussir là où Bonaparte avait échoué, triompher sur ce même sol oùles armées de l’homme fantastique avaient eu des revers, faire en six mois ce qu’il n’avait pu faire en sept ans,c’était un véritable prodige” (Mémoires d’outre-tombe).

Page 71: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

74. LANTÉ, Louis-Marie & GATINE, Georges-Jacques & LA MÉSANGÈRE, Pierre de.Costumes des femmes de Hambourg, du Tyrol, de la Hollande, de la Suisse, de laFranconie, de l’Espagne, du royaume de Naples, etc., dessinés par la plupart par M. Lanté,gravés par M. Gatine, et coloriés, avec une explication pour chaque planche. Paris, Vassal etEssling, 1827. In-folio, demi-maroquin rouge à coins, dos lisse orné d’un encadrement dequadruple filet doré et d’un décor vertical de lys dorés (reliure de l’époque). 9 500 €

Édition originale.“Dans presque toute l’Europe les femmes de la première classe, et même celles de la seconde, prennent à tâchede suivre les modes de Paris : il a donc fallu, pour former une Galerie de Costumes caractéristiques, fairedessiner des costumes d’ouvrières, et même de servantes.”

100 belles planches hors texte gravées par Gatine, la plupart d’après Lanté et certaines par HoraceVernet, et coloriées.

Le texte accompagnant chaque planche constitue une des dernières contributions du très influentPierre de La Mésangère, directeur Journal des Dames et des modes de 1799 à 1831, année de sa mort.De fait, La Mésangère était à un titre ou à un autre l’initiateur de la plupart des publications concernantle costume ayant fait la renommée de Lanté et Gatine, entre autres artistes.

Bel exemplaire, bien relié à l’époque et sans rousseurs.

Colas, Bibliographie du costume, 1774. - Vicaire, Livres du XIXe siècle, IV, 1362. - Rahir, Bibliothèque del’amateur, 494. - Brunet, Manuel de l’amateur, III, 795.

Page 72: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

75. MOLIÈRE. Œuvres complètes. Avec les notes de tous les commentateurs. Éditionpubliée par L. Aimé-Martin. Paris, Lefèvre, 1824-1826. 8 volumes in-8, veau blond glacé,filets à froid avec poinçons dorés aux angles et roulette à froid en encadrement sur les plats,dos à nerfs plats ornés de filets dorés et à froid et de caissons de trilobes et quadrilobes dorés,pièces de titre et de tomaison de maroquin noir, coupes et bordures décorées, tranchesmarbrées (Bibolet). 3 000 €

Un des joyaux de la Collection des classiques françois.L’illustration se compose d’un portrait-frontispice gravé par Taurel et de 18 figures d’après Desenne,gravées par Bein, Adam, Leroux, Chollet, Sisco, Bosq, Devilliers jeune, Roger, Wedgurood, Ensom,Migneret et Croutelle.

Il s’agit de la première des éditions dirigées par Aimé-Martin, dont Lacroix souligne le remarquabletravail. Elle comprend une préface de l’éditeur et la Vie de Molière par Grimarest, annotée de façon àen faire, toujours d’après Lacroix, “un livre presque nouveau, appuyé sur des autorités nombreuses etimportantes”. Même si ses sources demeurent incertaines, Aimé-Martin a aussi été le premier à avancerune distribution des rôles pour toutes les pièces de Molière.

Très bel exemplaire en pleines reliures signées de Bibolet.Élève de Simier, ce maître de la reliure romantique travailla notamment pour Talleyrand.

Quelques rousseurs et cahiers brunis.

Vicaire, Livres du XIXe siècle, II, 526-527. - Paul Lacroix, Bibliographie moliéresque, 393.

76. BERNARDIN de SAINT-PIERRE. Paul et Virginie. Paris, Curmer, 1838. Fort in-8,cartonnage blanc glacé de l’éditeur orné d’un décor argenté de style indien, tranches dorées,chemise et étui. 2 000 €

L’édition la plus célèbre de Paul et Virginie et l’un des plus beaux romantiques. C’est, selonl’expression de Jules Brivois, “la perle des livres illustrés du XIXe siècle.”

L’illustration comprend une carte en couleurs, 7 portraits gravés sur acier, 29 figures hors texte tiréessur Chine appliqué et 450 vignettes dans le texte gravées sur bois de Tony Johannot, Français,Meissonier, Isabey, Paul Huet, Marville, etc…

Remarquable exemplaire revêtu du très rare cartonnage blanc glacé.“Rarissime couverture en papier blanc glacé ; l’ornementation des plats de cette couverture est la mêmeque celle imprimée en bleu clair, mais avec, en plus, un grand motif central de style hindou ;l’ornementation du dos, très riche, est totalement différente. On ne connaît que quelques spécimensseulement de cette belle couverture” (Catalogue Tristan Bernard, n° 58).

Très bel exemplaire, sans rousseurs.De la collection André Villet avec ex-libris.

Carteret, Le Trésor du bibliophile, p. 532 à 547. - Gordon, N. Ray, The Art of the French Illustrated Book,226. - Michel Bouvier, Catalogue Paul et Virginie, n° 65D.

Page 73: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Les passe-temps du pasteur

77. FROSSARD, Louis. Vues prises à Avignon, Villeneuve, Orange, Arles et autres lieuxcirconvoisins ; accompagnées d’un texte descriptif, de souvenirs historiques et de diversitinéraires. Paris, L. R. Delay, 1841. 2 volumes : un vol. in-4 de 88 pp., cartonnage de papiervert, large titre imprimé d’éditeur au premier plat, large fleuron décoratif au second - un vol.in-4 oblong de 33 dessins, percaline olive (reliures de l’époque). 3 600 €

Édition originale illustrée enrichie d’un album de dessins originaux dont plusieurs ont servi demodèles aux lithographies. L’ouvrage comprend une carte du département du Vaucluse, 4 vignettes etculs-de-lampe ainsi que 10 planches hors texte.

Cet exemplaire est accompagné d’un recueil de 33 dessins exécutés à la plume, encre brune et lavisgris sur papier chamois ou paille. Ils sont contrecollés sur les feuilles de l’album et encadrés d’un traità la mine de plomb. À l’angle supérieur droit de la page de garde ex-dono signé de l’auteur à l’encrebrune : “A mr aug. Picard, L. Frossard”. L’inscription à l’encre brune portée à l’angle opposé - “1838” -donne très vraisemblablement la date de constitution du recueil. Les dessins furent exécutés peuauparavant comme le confirme la première planche lithographiée hors texte des Vues prises à Avignon,datée de 1835. L’album réunit diverses esquisses et croquis inspirés par Avignon, sa région et même au-delà, parmi lesquels : 8 vues de la ville (dont 5 consacrées au pont de Saint-Bénezet et à sa chapelle ainsiqu’une procession devant l’église Saint-Martial), 7 de Villeneuve-lès-Avignon (Fort de Saint-André,tour Philippe le Bel, Collégiale, etc.), 4 d’Aigues-Mortes (Tour de Constance, remparts, bateaux, etc.),la Maison carrée de Nîmes, des silhouettes féminines au pied de la colonne de Pétrarque à Fontaine-de-Vaucluse, et 6 études de provençales.

Pasteur, Louis Frossard (1798-1873) fut en poste à Avignon de 1833 à 1847, avant d’être nommé àSaint-Martin (1848) puis à la Guadeloupe (1856).

Parmi les dessins réunis dans l’album, plusieurs peuvent être mis directement en relation avec leslithographies publiées dans les Vues prises à Avignon : une jeune femme (dessin 3) pour la planche“Costume provençal” (planche p. 78), Pont Bénezet (dess. 17) pour la planche p. 30 bis, chapelle dupont Saint Bénezet (dess. 27) pour la planche p. 30, etc.

Ex-dono de l’auteur à l’encre brune au revers du premier plat : “donné à Aug. Picard par Mr L.Frossard. Avignon 21 février 1843”.

Page 74: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

L’Europe est-elle finie ou va-t-elle recommencer ?

78. BARBEY D’AUREVILLY, Jules. Lettre autographe signée à Trebutien datée Vendredysoir [24 mars 1848]. 4 pages in-8 à l’encre brune. 4 000 €

Belle et longue lettre autographe signée de Barbey d’Aurevilly à son confident caennais Trebutien.

Il y est question de la publication de plusieurs articles de l’écrivain, mais ce dernier évoque égalementla situation politique dans la capitale un mois après les journées de février 1848 et lance, comme à sonhabitude, plusieurs anathèmes prophétiques.

Barbey peste contre les problèmes relatifs à la publication de la Revue du monde Catholique : Il y a desfautes typographiques qui blesseront furieusement vos yeux de linx, ô le plus religieux des correcteurs ! maisque voulez-vous ? depuis que les ouvriers se croient des législateurs, ils ne savent plus même leur métier. Puis,nuancé comme à son habitude : Je tuerais un correcteur d’épreuves qui fait des fautes, comme un chrétientuerait un chien turc.Il évoque un article de Calonnne, bon dans l’intention cruelle, implacable et d’une atroce justice, ne meconvient pas dans la forme. il manque de fil. c’est un rasoir qui ne coupe pas et qui meurtrit plus qu’il nehache. or, il faut hacher. ah ! si j’étais archéologue, je vous ferais voler en morceaux cette réputation usurpéeet je taillerais dans cette chair gâtée de savant avarié, des aiguillettes de canard.

Puis il donne son avis sur la situation explosive de la France : […] je serai plus du côté de l’ordre dontnous n’aurons jamais assez que du côté de la liberté dont nous commençons à avoir trop. Je vois le temps d’unbleu très foncé. Que ferais-je ? Je n’en sais rien encore. Dans les temps de Révolution, a dit profondément levieux Bonald, il est plus aisé de faire son devoir que de le connaître… Je n’ai plus d’encre et il est deux heuresdu matin. mon Dieu, que ne vous ai-je près de moi ! Qu’une bonne conversation nous ferait du bien ! Aulieu de cela, la solitude et la bouteille d’Alchool, la maitresse au cheveux d’or de Shéridan !Bonsoir ou plutôt bonjour. Nous allons assister à un fier spectacle pour des gens blasés. Les yeux des romainsn’auront peut-être rien vu de plus terrible que ce qui va se passer. De plus terrible ou de plus lâche. Ce seral’un des Deux. L’Europe est-elle finie ou va-t-elle recommencer ?Tout à vous d’un cœur d’Achille en amitié.Jules B. d’Aurevilly, en hâte !

Guillaume-Stanislas Trebutien (1800-1870), philologue, orientaliste, médiéviste. Installé à Caen àpartir de 1839, il fut nommé conservateur-adjoint à la bibliothèque. C’est à partir des années 1830 quedate sa relation avec Barbey. Ils échangèrent une correspondance de plusieurs centaines de lettres.Il sera dès lors le confident de l’écrivain qui lui dira tout ce qui touchait à sa vie, son travail, ses amitiés.Plusieurs textes de Barbey furent édités grâce au soutien de Trebutien.

“Son désintéressement est total ; [...] il se place tout naturellement dans le sillage d’un compatriote etd’un ami en qui il a foi [...] il sera le secrétaire, le confident, celui qui de loin comprend tout et, semettant entièrement au service de son futur grand homme, savoure par procuration les ivresses et lespérils de la dure quête de la gloire parisienne. Pour Barbey, une dévotion aussi totale et sincère est unsoutien inestimable. [...] Barbey aima Trebutien “comme un dieu incompris aimerait son premiercroyant”. [...] De quoi a besoin Trebutien, infirme, amoureux transi et souffrant du peu d’horizon desa vie ? Du dandysme de Barbey, de ses succès féminins, de ses relations flatteuses et de son existencemouvementée dans les agitations intellectuelles de la capitale. Tout cela, les lettres de Barbey le luiapportent abondamment [...]” (Philippe Berthier, Barbey d’Aurevilly et l’imagination, Droz, 1978, pp.17-19).

Barbey d’Aurevilly, Correspondance générale II, Philippe Berthier et Andrée Hirschi (dir.), p. 116-117.

Page 75: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

79. VERLAINE, Paul. Poëmes saturniens. Paris, Lemerre, 1866. In-12 de (4) ff., 164 pp.,maroquin vert janséniste, dos lisse, doublures de maroquin fushia, gardes de box fushia, tranchesdorées sur témoins, couvertures et dos conservés (reliure moderne). 3 000 €

Édition originale.Les Poëmes saturniens constituent le premier recueil poétique de Paul Verlaine. Il fut publié à compted’auteur par Lemerre. Les frais furent assurés par la cousine de Verlaine, Élisa. Verlaine avait tout d’abord songé à l’intituler Poèmes et Sonnets. L’ouvrage parut dans l’indifférence oususcitant des critiques peu amènes en dépit de services de presse adressés notamment à Victor Hugo,Leconte de Lisle, Banville, Sainte-Beuve, Goncourt et Victor de Laprade.

Verlaine prétendra dans La Critique des Poëmes Saturniens parue en 1890 que “les trois-quarts des pièces”du recueil “furent écrites en rhétorique et en seconde, plusieurs même en troisième”.

Bel exemplaire, non rogné, en élégante reliure triplée.Petite fente réparée à la première couverture.

Christian Galantaris, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, n° 3.

Page 76: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

80. VERLAINE, Paul. La Bonne Chanson. Paris, Lemerre, 1870. In-16 de (2) ff., 38 pp.,(2) ff., demi-percaline ivoire à la la Bradel, pièce de titre de veau gris au dos, couvertures etdos conservées, tête dorée, non rogné (Carayon). 4 000 €

Édition originale.Tirage à 590 exemplaires. Un des 550 imprimés sur vélin.

Ces poèmes, inspirés à Verlaine par ses fiançailles avec Mathilde Mauté de Fleurville, furent imprimésà ses frais en pleine guerre, en juillet 1870. Verlaine écrira vingt-cinq ans plus tard : “C’était divin et ça commençait à ravir, mon idylle. Et c’est dece moment que je conçus le plan, si le mot ne vous semble pas trop ambitieux pour un si minceouvrage, de cette Bonne Chanson qui se trouve, dans le bagage assez volumineux de mes vers, ce que jepréférerais comme sincère par excellence…”

Très bel exemplaire en reliure de l’époque.Fine et délicate, parfaitement accordée à l’ouvrage, elle est l’œuvre d’Émile Carayon, peintre-décorateurpuis relieur parisien de 1875 jusqu’à sa mort en 1909. Il fut l’un des principaux promoteurs des reliuresà décor japonisant. “Ses reliures impeccables de façon faisaient toujours l’admiration des connaisseursdans les expositions” (Fléty, Dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours, 38).

Christian Galantaris, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, n° 28.

81. FRANCE, Anatole. Les Poëmes dorés. Paris, Lemerre, 1873. In-12 de (2) ff. 146 pp.,(1) f., maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, filets dorés sur les coupes, doublures demaroquin vert, gardes de soie brochée à décor floral, tranches dorées, couvertures conservées(reliure de l’époque). 600 €

Édition originale. Exemplaire de première émission avec la couverture non rectifiée par Lemerre.

Un des 580 exemplaires sur vélin, seul tirage avec 2 exemplaires hors-commerce sur Chine.

Dédiés à Leconte de Lisle, Les Poëmes dorés sont le second livre d’Anatole France et son premier recueilpoétique. D’inspiration parnassienne, le volume recueillit un joli succès et permit à son auteurd’entamer une carrière de critique littéraire écouté (il refusera malheureusement pour le Parnassecontemporain des poèmes de Verlaine et Mallarmé, ce dont il se repentira toujours).

Très bel exemplaire en maroquin doublé de l’époque.

Page 77: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

82. DAUDET, Alphonse. Fromont jeune et Risler aîné. Paris, Charpentier, 1876. In-12,maroquin bleu roi, plats ornés d’un encadrement octogonal de quadruple filet doréoctogonal et roulette dorée, avec dentelle de fleurons dorée aux angles et s’inscrivant dans unsecond encadrement de double filet doré, dos à nerfs orné de filets dorés et de caissons defleurons dorés, coupes et bordures richement décorées, doublures de maroquin rouge avecdentelle dorée, gardes de tabis rouge, tranches dorées sur témoins, couvertures conservées(Lortic Fils). 2 300 €

Édition originale.Un des 50 exemplaires sur Hollande, seul tirage sur sur grand papier ; celui-ci n° 21.Le tirage initial de 1874, paru uniquement sur papier ordinaire, rencontra un succès inattendu. Devantla demande, il fut alors procédé à un tirage de tête unique sur Hollande.

La carrière d’Alphonse Daudet est au creux de la vague, à la suite de l’échec retentissant de L’Arlésienne,lorsque la parution de Fromont jeune et Risler aîné, son premier roman “parisien” lui apporte enfin toutle succès auquel il aspirait. En 1890, il devait ainsi écrire à ce propos : “Mon premier grand succès, lasanté, tous les miens encore vivants, ah ! que j’étais allègre et fier de vivre !”

Magnifique exemplaire en maroquin décoré de Lortic Fils.Une curiosité : l’étui est d’un type rare, à double dos “inversé”, destiné à soustraire le véritable dos del’ouvrage à la vue du public ou aux brûlures de la lumière.

Talvart et Place, Bibliographie des auteurs modernes de langue française, IV, 19b. - Carteret, Le Trésor dubibliophile, I, 195.

[81

[82]

Page 78: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Madame porte le chiton

83. DORÉ, Gustave. Dessin pour Roland furieux. 1879. Plume et encre noire, traces decrayon, rehauts de gouache blanche, sur carton ; 247 x 176 mm (150 x 150 pour le dessin) ;signé en bas à droite G. Doré. 2 500 €

Dessin original signé, non retenu, pour le Roland furieux.

En 1879 paraît chez Hachette le chef-d’œuvre de l’Arioste illustré par Doré. Il s’agit du dernier desgrands classiques de la littérature mis en images par l’artiste qui meurt quatre ans plus tard.

La scène représentée ressortit au chant XX de Roland. Elle concerne un récit dans le récit : celui dePhalante - fils adultérin de Clytemnestre - et de sa troupe, engagés comme mercenaires par la ville deDicthyne en Crète. Or, bientôt “les Crétoises devinrent éperdues pour Phalante et ses compagnons”.

La composition s’organise, selon un schéma pyramidal, autour de trois groupes principaux de guerriersgrecs que ces femmes lascives tentent de désarmer.Croisant références picturales mythologiques - cf. bacchanales, ou enlèvement des Sabines - avec lethème satirique du monde inversé, Doré représente, d’une plume alerte, des figures sensuelles -certaines nues -, échevelées, étreignant dans un corps à corps victorieux des combattants aux cuirasses,casques et armes dérisoires, débordés par l’ardeur de ces femmes amoureuses. L’une soulevant un Greccomme un trophée et une autre s’étant déjà emparé du dard et du bouclier d’un des éphèbes en guisede dépouilles opimes, témoignent de l’issue inéluctable du combat.

Traces de montage ancien avec indications de l’encadreur au dos.

Page 79: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

84. VERLAINE, Paul. Amour. Paris, Vanier, 1888. In-12 de 1 f. bl., (3) ff., 174 pp.,maroquin aubergine janséniste, dos à nerfs, coupes et bordures décorées, tête dorée, nonrogné (reliure de l’époque). 3 700 €

Édition originale tirée à 650 exemplaires.

Si l’ouvrage est dédié par Verlaine “À mon fils Georges Verlaine”, c’est en réalité à la mémoire de son élèveLucien Létinois que s’adressent bien des vers de ce recueil.

Envoi signé au faux-titre de Verlaine à Marcel Fouquier :À M. Marcel Fouquier Envoi sympathique de l’auteur. P. Verlaine.

Auteur de plusieurs ouvrages sur l’art, de chroniques - Jours heureux d’autrefois : une société et son époque1885-1935, paru dans les années 40 - et de portraits d’écrivains, Marcel Fouquier (1866-1961) est unefigure très représentative de ce milieu d’aristocrates esthètes que Proust, en particulier, a amplementdécrit dans son œuvre.

Très bel exemplaire en plein maroquin de l’époque.De la bibliothèque Simone de Caillavet, Madame André Maurois, avec ex-libris.

Christian Galantaris, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, n° 85.

85. FILLIS, James. Principes de dressage et d’équitation. Paris, Flammarion, 1892. In-8,percaline havane décorée de l’éditeur. 280 €

Troisième édition, revue, corrigée et augmentée.Elle est remarquable par son annexe, qui détaille la progression du cours fait par Fillis à Bruxelles en1890 et 1891, et comprend en outre un chapitre supplémentaire.

Une vignette au titre et 36 planches hors texte, soit une de plus que les éditions précédentes.À côté de planches lithographiées sur les dessins de René Valette, qui dans cette édition apparaissentmodifiées et signées par Louis Bombled, on trouve une planche inédite numérotée XXIII bis etplusieurs planches de phototypies - comme pour la vignette de titre - de photographies instantanées deDelton.

Anglais mais venu très tôt en France, James Fillis (1834-1913) fut un professeur d’équitation hors pairqui sut faire son chemin brillament du cirque des Champs-Élysées de Franconi au poste d’écuyer enchef à l’école centrale de cavalerie de Saint-Petersbourg. Il s’était par ailleurs spécialisé dans le dressagedes pur sang.

Mennessier de la Lance, Bibliographie hippique, I, 483-484.

Page 80: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

86. [CLAUDINET (pseud. de Claude Roger-Marx) & DUNOYER de SEGONZAC,André]. Les Vits imaginaires. 69 place des érections, sans date [Paris, fin des années 1920].In-12 broché, couverture blanche imprimée d’éditeur. 3 200 €

Édition originale illustrée de gravures érotiques de Dunoyer de Segonzac.Tirage unique à 250 exemplaires numérotés sur papier vergé d’Arches.

Ce recueil de neuf poèmes érotiques, publié à la fin des années 1920, est l’œuvre du critique et historiend’art Claude Roger-Marx. L’exemplaire contient une correction manuscrite de sa main.

9 compositions libres d’André Dunoyer de Segonzac. Il s’agit de la seule œuvre érotique gravée dupeintre.2 belles eaux-fortes originales hors texte, une vignette de titre rehaussée de rouge représentant un oiseausur un phallus, une vignette sur le feuillet de justification représentant une femme nue et 5 culs-de-lampe à motifs érotiques.

Remarquable exemplaire auquel ont été ajoutés un tirage à part sur Japon de grand format des deuxeaux-fortes signées par Dunoyer de Ségonzac.Ce tirage à part n’est nulle part décrit.

Très bel exemplaire à l’état de neuf.

Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en France entre 1880 et 1970, II,n° 2631. - Pascal Pia, Les Livres de l’enfer, pp. 793-794.

Page 81: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

87. BONDY, François de. Constance dans les cieux. Paris, La Lampe d’Argile, 1925. In-8,maroquin chocolat janséniste, dos à nerf, filet sur les coupes, doublures de maroquin marronglacé avec filet d’encadrement doré, tranches dorées, dos et couvertures conservés (Duboisd’Enghien-Dooms). 2 300 €

Le premier livre illustré par Marty.Le roman de François de Bondy est orné de 12 aquarelles à pleine page de Marty reproduites par lemaître-imprimeur Frazier-Soye, et coloriées au pochoir par ses soins.

Tirage à 287 exemplaires numérotés. Un des 250 sur vélin d’Arches ; celui-ci n° 153.

Le charme mondain des années folles.André-Édouard Marty (Paris 1882-1974), graveur et illustrateur français, dessina des décors et descostumes pour le Théâtre des Arts ou pour la Comédie Française. Il fut membre du jury à l’Expositiondes Arts décoratifs de 1925 et contribua ainsi à l’essor d’un art qui tranchait avec le classicisme.Ses aquarelles sont particulièrement délicates autant par leurs coloris que par les effets de transparence,la finesse du dessin. Marty est par ailleurs très sensible à la mode de ces années d’après-guerre dont ilpare les femmes, et aux atmosphères qu’il traduit par de chauds effets d’ombres et de lumières.

Parfait exemplaire en maroquin doublé de Dubois d’Enghien-Dooms.

Page 82: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

89. BARRÈS, Maurice. La Mort de Venise. Paris, Éditions Eos, 1930. In-folio, maroquinprune, colonnades de pilastres cannelés avec chapiteaux et entablements dorés aux petits ferset à froid, dos lisse orné, triple filet doré et encadrement intérieur à froid, doublures et gardesde soie moirée prune, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés, chemise dedemi-maroquin à bandes, étui (G. Cretté succ. de Marius Michel).

8 000 €

Cette édition est illustrée de 26 compositions de Maurice Denis gravées sur bois en couleurs.Couverture illustrée et 25 compositions dans le texte, dont 10 à pleine page, le tout gravé par JacquesBeltrand et son frère Georges.

Tirage unique à 225 exemplaires numérotés sur vélin de Rives ; celui-ci n° 217.

Exemplaire enrichi de deux suites uniques comme indiqué au crayon à la justification.Une décomposition des couleurs sur vélin pour l’ensemble des gravures. Elle comprend 103 planches.Une décomposition des couleurs pour 8 gravures. Elle comprend 26 planches.

Très bel exemplaire en maroquin décoré de Cretté.Cette reliure est décrite par Marcel Garrigou, Les Maîtres de la reliure. Georges Cretté, 1984, n° 27.

De la bibliothèque Alexandre Loewy (cat, 1996, n° 17) avec ex-libris.

Page 83: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

90. MONTFORT, Eugène. La Belle-Enfant ou l’amour à quarante ans. Paris, AmbroiseVollard, 1930. In-folio, maroquin caramel, plats entièrement ornés d’un décor floral styliséfait de filets dorés et de mosaïque de maroquin vert, bleu, noir et violet avec incrustations denacre, dos lisse, doublures et gardes de daim noir, tranches dorées sur témoins, couvertureset dos conservés, chemise en demi-maroquin taupe à bandes, étui (J. Anthoine-Legrain).

12 000 €

Cette édition est illustrée de 95 superbes eaux-fortes de Raoul Dufy tirées par Louis Fort.20 planches hors texte et 74 planches dans le texte, ainsi que la couverture illustrée.

Tirage à 390 exemplaires. Un des 245 exemplaires sur vélin d’Arches ; celui-ci n° 300.

François Chapon consacre ce livre comme l’un des plus réussis de l’artiste : “Verticalité des mâts, descheminées, des façades ; obliques affrontées des vagues, des voiles, des cordages, incurvations descoquillages, des corps, des ferronneries. Symphonie de lignes où la pureté de chacune concourt àl’harmonie cristalline de l’ensemble” (Le Peintre et le livre, pp. 73-75).

Superbe reliure mosaïquée de Jacques Anthoine-Legrain.Jacques Anthoine, gendre de Pierre Legrain, prit son nom lorsqu’il lui succéda en 1929 et exerçajusqu’en 1950 environ, produisant des décors de haute qualité qui témoignent d’une recherche trèspersonnelle.

Elanor M. Garvey, The Artist and the Book 1860-2000, n° 93.

Page 84: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Tirage de tête avec suite signée

91. CARROLL, Lewis & LAURENCIN, Marie. Alice in Wonderland. Illustrated with sixcoloured lithographs by Marie Laurencin. Paris, Black Sun Press, 1930. In-4 oblong brochésous couverture rempliée, 114 pp., chemise et étui. 6 500 €

Tirage limité à 790 exemplaires, 420 pour les États-Unis et 370 pour l’Europe (300 sur Rives, 50 Japonet 20 Hollande).

Un des 20 exemplaires de tête sur Hollande, les seuls à contenir la suite ; celui-ci justifié A et signé.Il contient une suite des 6 lithographies tirées en sanguine, chacune signée par Marie Laurencin.

92. MARDRUS, Dr Joseph-Charles. Ruth et Booz. Paris, François-Louis Schmied, 1930.In-folio en feuilles sous couvertures rempliées d’éditeur, chemise à rabats en demi-maroquinhavane à bandes, dos lisse orné de filets dorés, doublures de suédine, étui (A. Devauchelle).

15 000 €

28 magnifiques gravures sur bois en couleurs de François-Louis Schmied. Les compositions ont été gravées dans son atelier et imprimées, de même que le texte, sur ses proprespresses par ses élèves. Théo Schmied, son fils aîné, était chef d’atelier ; c’est lui qui signe la préface.

Tirage à 172 exemplaires. Un des 155 exemplaires numérotés sur Madagascar, celui-ci n° 15 signé parSchmied.

Page 85: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

Exceptionnel exemplaire enrichi de cinq suites des illustrations.Une suite en couleurs, sous chemise annotée par Schmied “Suites en couleurs n° 10”.Une suite en noir, sous chemise annotée par Schmied “Suites en noir n° 10”. Une suite en noir en tirage avant la lettre, sous chemise annotée par Schmied “Suite des fumés de Ruthet Booz n° 13”. Un ensemble de 23 planches de décomposition des couleurs sur Japon mince. Un ensemble de 10 feuillets doubles d’encadrements de texte imprimé en bistre sur Japon.

Les bibliographes citent l’existence de “quelques suites des bois en noir et en couleurs sur Japon mince”, sansen préciser le nombre et le détail.

François-Louis Schmied (Genève 1873 - Tahanaout 1941) fut un des grands promoteurs du livre dansla première moitié du XXe siècle. Après la guerre, il décida d’être son propre éditeur et s’installa dansun atelier à Paris pour graver, imprimer, relier. Remarquables par leur recherche de tons, et par lessimplifications des plans dans les paysages, ses gravures demandaient un très grand travail en raison dunombre de passages exigé par ses bois en couleurs. “Il fallait presque un mois pour imprimer une seulepage de ces livres” (Duncan).

Parfait exemplaire, l’un des les plus désirables que l’on puisse trouver.

Page 86: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

93. [MAILLOL, Aristide] VERHAEREN, Émile. Belle Chair. Paris, Édouard Pelletan,1931. In-4, box fauve, double filet doré en encadrement sur les plats, dos lisse, tête dorée,non rogné, couvertures et dos conservés, étui. 1 500 €

Édition originale.

Les onze poèmes de Verhaeren sont ornés de 16 compositions d’Aristide Maillol : 12 lithographies,3 gravures sur bois hors texte et une dans le texte.

Tirage à 255 exemplaires paraphés par l’éditeur.Un des 50 exemplaires sur Monval à la cuve ; celui-ci n° 26.

Bel exemplaire.De la bibliothèque François Ragazzoni (cat. 2003, n° 321) avec ex-libris.

94. [DUNOYER de SEGONZAC, André] VIRGILE. Les Géorgiques. Paris, Aux Dépens del’Artiste, 1944-1947. 2 volumes in-folio, maroquin grenat, premier plat orné de 3 épis de bléstylisés faits de filets dorés et de points dorés ou à l’oser noir et gris, dos lisse, tranches doréessur témoins, gardes de daim bleu, couvertures et dos conservés, chemise, étui (J. Rabaud -Fache, doreur). 8 500 €

Page 87: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

119 gravures à l’eau-forte à pleine page d’André Dunoyer de Segonzac.

Tirage unique à 250 exemplaires sur vélin d’Arches ; celui-ci n° 209.

“Cette somme d’impressions que fit naître la vue des vignobles au bord de la mer, des mâts à l’abri despins parasols, des abeilles bourdonnant dans la torpeur de midi, des lents attelages sur le sillon, ou desvendangeurs foulant le raisin auxquelles s’ajoutent, semble-t-il, des références visuelles à la nature d’Île-de-France, il faut attendre 1947 pour que, constituée en deux grands volumes par l’artiste remplaçantle commanditaire défunt, elle atteste un pouvoir attentif à fixer les anciennes cérémonies du terroir etl’image encore intacte de ses horizons” (François Chapon, Le Peintre et le livre, p. 164).

Parfait exemplaire en reliure décorée de Jacqueline Rabaud.On remarquera la qualité du décor mais également celle de la dorure qui est due au talent du doreurJules Fache dont Fléty dit : “Artisan doreur de grand talent, à l’esprit toujours orienté vers la recherche dela perfection et l’accroissement de ses connaissances, il dora pour la plupart des grands relieurs et décorateursde son temps”.

De la bibliothèque Lebaudy avec ex-libris.

Page 88: Librairie Laurent Coulet - Li v r es anciens et modern e s · 2017-12-22 · 1. CARTULAIRE-CENSIER DU PRIEURÉ DE PERRIÈRES (Normandie), XIIe-XVe siècle. Manuscrit sur parchemin,

ALBERTI, Leon Battista 6ANNÉE GALANTE 56BARBEY D’AUREVILLY, Jules 78BARRES, Maurice 89BARTOLI, Pietro Sante 30BATTEUX, Charles 49BEAUMARCHAIS 61BERNARDIN de SAINT-PIERRE 76BIDPAY 34BOCCACE 55BONDY, François de 87BOUCHER, Jean 15BUDE, Guillaume 4CARROLL, Lewis 91CARTULAIRE-CENSIER 1CERVANTES, Miguel de 47CHRESTIEN, Jean-André 69CLAUDINET (Claude Roger-Marx) 86COMMINES, Philippe de 5COYPEL, Charles-Antoine 47CRAMAIL, Adrien de Montluc, comte de 22DAUDET, Alphonse 82DESMARETS de SAINT SORLIN, Jean 27DIDEROT, Denis 50�DONI, Antonio Francesco 12DORÉ, Gustave 83DU CHOUL, Guillaume 7DUNOYER DE SEGONZAC, André 86DUTERTRE, P. 71EISEN, Charles 58ÉSOPE 8FENELON 39FILLIS, James 85FOURMONT, Etienne 42FRANCE, Anatole 81FROSSARD, Louis 77GALLAND, Pierre 31GATINE, Georges-Jacques 75GENTILLET, Innocent 10GODARD, Jean 16GOMBAULD, Jean Oger de 24GUIRAUD 70HORAPOLLON 9HOTMAN, Antoine 11LA BRUYERE, Jean de 32LA FONTAINE, Jean de 33,44,52,57LA MÉSANGÈRE, Pierre de 75

LA MONTAGNE, Abbé 59LANTÉ, Louis-Marie 74LA ROCHEFOUCAULD, duc de 63LAURENCIN, Marie 90LAURET, Christofle 17LEVAILLANT, François 66LIBER COLLECTARUM 53LONGUS 45LORRIS, Guillaume de 3LUSCOMBE, Edmond et Matthew 72MACHIAVEL, Nicolas 18MARDRUS, Dr Joseph-Charles 92MAROT, Clément 35MÉDAILLE. PRÉCIS DE LA GUERRE D’ESPAGNE 73MENGHI, Girolamo 13MEUNG, Jean de 3MOLIERE 64,75MONTAIGNE, Michel de 14,21,26MONTESQUIEU 51,54MONTFORT, Eugène 90MOUFFLE d’ANGERVILLE 60NOSTRADAMUS 23,28OFFICE DE LA SEMAINE SAINTE 48PALINGÈNE 40PHEDRE 68PIDANSAT de MAIROBERT 60PIRON, Alexis 43PLATON 36RABELAIS, François 19,37,65ROLEWINCK, Werner 2RUPHY, Jacques-François 67SACRE DE LOUIS XV 41SAINT-GELAIS, Mellin de 38SERRES, Olivier de 20SULLY, Maximilien de Béthune, duc de 46THOMAS A KEMPIS 25VADÉ, Jean-Joseph 62VERHAEREN, Émile 93VERLAINE, Paul 79,80,84VIRGILE 94VISCHER, Georg Matthäus 29