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    P H

    O T O M O N D A D O R I P O R T F O L I O V I A G E T T Y I M A G E S

    PETER OTOOLE,LAWRENCE DROB

    PAGES 22-23

    BIENSMALACQUIS

    SURLAPISTEDU

    CONGOLes oublisdu retraitdAfghanistanIls taientcuisiniers,gardesou traducteursau servicede larme franaiseAbandonns lors dudpartanticip des troupes, dbut2012, ils sont aujourdhuilacible des talibans quiles considrent commedes tratres.

    PAGES 6-7

    Enqute. Aprs laGuine-Equatorialeet leGabon,lajustice franaisesintresse deprsauxdpensespharaoniquesdelafamilleSassou-Nguesso.

    LE NUMRIQUECOULEURFRENCH TECH

    NOTRECAHIERSURLCONOMIEINNOVANTE,8 PAGESCENTRALES

    ECO FUTUR

    LENUMRIQUEPRENDSESQUARTIERS

    AVECSONPLANFRENCHTECH,LETATVEUTBOOSTER LE2.0LAFRANAISESURLASCNEINTERNATIONALE.

    COCORICO

    A u N u m a , P a r i s

    , l e s p a c e

    d e c o w o r k i n g .

    P H O T O R A P H A L D A U T I G N Y

    INTERVIEW JEAN-CYRILSPINETTA,PATRON-PILOTEDUNLABOSOCIAL PAGEVIDEMAIN DUSOLEILDANSLESTUYAUX PAGEVIII

    ECOFUTURPAGES 2-4

    1,60 EURO. PREMIRE DITION NO10137 LUNDI16DCEMBRE2013 WWW.LIBERATION

    IMPRIM EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,30 , Andorre 1,60 , Autriche 2,80 , Belgique 1,70 , Canada 4,50 $, Danemark 27 Kr, DOM 2,40 , Espagne 2,30 , Etats-Unis 5 $, Finlande 2,70 , Grande-Bretagne 1,80 , Grce 2,70 ,Irlande 2,40 , Isral 20 ILS, Italie 2,30 , Luxembourg 1,70 , Maroc 17 Dh, Norvge 27 Kr, Pays-Bas 2,30 , Portugal (cont.) 2,40 , Slovnie 2,70 , Sude 24 Kr, Suisse 3,20 FS, TOM 420 CFP, Tunisie 2,40 DT, Zone CFA 2 000CFA.

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    ParFABRICEROUSSELOT

    Pillage

    A cejour, il nexistetoujours pas de dfinitionofficielle desbiensmalacquis. Mais lesONGquisuivent le dossier de prsdepuis longtempsont unecertitude: ces avoirs etbienspublicsdtournsdu budgetdun Etatpardesleaders peu scrupuleuxreprsentent des centaines

    de milliards de dollars surla plante. En France,la plainte dpose en 2008par TransparencyInternational contre OmarBongo, Teodoro Obiang etDenis Sassou-Nguessoainiti uneinstruction quinen finit plusde rvlerla folie desgrandeursde ces chefs dEtatafricains.Lenqutequenouspublions aujourdhuiconfirme que la justice estsurla pistedu trainde viefastueuxde la familleSassou-Nguesso, qui rgnetoute-puissante surle Congo-Brazzaville.

    Le pillageseraitsystmatiqueet organis,et reprsenteraitau moins60 millions deuros dedpenses dans lHexagonedepuis 2005, entre bijoux gogo, voitures de luxeet opulents logements avecpiscine.A lheureoFranoisHollande dploieses troupesen Afriquepour tenterde faire valoirla voie dmocratiqueauprsde nations boutde souffle, ces lmentsmettent une nouvelle foisen vidence toutelambigut duneFranafrique donton veutse dbarrasser maisquireste omniprsente.Paris peut-il se permettrelongtemps dentretenirdesliens privilgisavecdesrgimes qui volentouvertementleurpopulation? Oui,dirontcertains,au vudes enjeuxconomiqueset politiquesde la Franceau Congo-Brazzaville ouailleurs.Cest pourtant enliminant unebonnefoispour toutes ces aberrationset enlaissant la justiceengager des poursuitesau plushaut niveau contreles coupables que lonpourra commencer rtablir unerelationplussaine avec le continentafricain.

    DITORIAL

    Denis Sassou-Nguesso, lorsdu sommetpour la paixet la scurit en Afrique, le 6 dcembre, lElyse. PHOTOLAURENT TROUDE

    Aprs la Guine-Equatoriale, la justicefranaise se concentre dsormaissur leclan Sassou-Nguesso, aupouvoir Brazzaville etqui mne grand train Paris.

    Biens mal acquis,au tour du Congo

    Les dlires financiers du fils duprsident Obiang (Guine-Equatoriale) enFrancesontd-sormaisconnus,et laplupartde

    sesbiens confisqus.Cechapitre-lestquasimentclos.Les policierschargsdelenqutesurles biens malacquis(BMA)decertainschefsdEtatsafricainsdanslHexagone sapprtent maintenant ouvrirde nouveauxfronts.CeluiduGa-bonles enquteurs ont dj gel de

    nombreux avoirsap-partenant lafamilleBongo et perquisiti-

    onn leurs logements (lire page 4),mais surtout celui du Congo-Brazza-ville. Aprs avoirpass au criblepen-dant plusde deux anslesdpenses duclan du Prsident, Denis Sassou-Nguesso, lesenquteurscommencent endresser lebilan.Daprsunesyn-thse rdige cett, ceserait60 mil-lions deuros au bas mot, provenantdargentpubliccongolais,quiauraienttdpenssen France depuis2005par

    les proches du dirigeant pour acheterbijoux,vtements, montres ou encorelogementsde luxe. Lenomdu prsidentlui-mme apparat peusur cesfacturesdmentielles. Mais ce dernier restesuspect daprslespoliciersdutili-serdes personnesde sonentourage pour placer les fonds potentiellement issus de dtournements ou de corruption dans le butdopacifier son patrimoine.

    MONOPOLY.Aprs laGuine, lanne prochaine devraittre celle desclansSas-sou et Bongo, commente WilliamBourdon,avocatdelONGTransparencyInternational, partieciviledansle dos-sierdes BMA,dclenchparuneplaintede Sherpa,autreONG, en 2007.Daprsdessources judiciaires, lespre-miresconvocationsdesmembresde lafamille Sassou-Nguesso vivant enFrancepar intermittence(fille, gendre,neveu),pourraient intervenirdans lesprochainsmois. Lescandidatspour les prochaines auditions ne sont pas nim- porte lesquels, les juges prennent leur temps, poursuitMe Bourdon.Maisil ny

    aura pasdimmunit pour ceux quipillent lesressources deleurpays. 60millionspour des voitures, bijoux, boutons demanchettesCestun inventaire, djvoqupar Mediapart etqueLibration a puconsulter, quidonne,au choix,letournisou la nause.Autout dbutde leurenqute,les poli-ciersont relevlesadressesduclanSas-sou-Nguessoen France. Ils en ont r-pertori une vingtaine, toutes situespluttdu bonct duMonopoly pari-sien: rueMarbeuf,ruedela Pompe, ruede Marignan, et Neuilly-sur-Seine.Aidspar certainsopposantsau pouvoircongolais (et ils sontnombreux, DenisSassou-Nguesso tant lu depuis1979,avecseulementuneinterruptiondecinqans), lespoliciersont galementttuyautssurleshabitudes deshop-pingdu clan.A chaquedemandeder-quisition judiciaire envoye dans unmagasin deluxe,les enquteursontfaitbonne pioche. La boutique Pape, parexemple, tailleursur mesuresitudansleVIIe arrondissementde Paris, connatbien les Sassou-Nguesso. Entre 2005et 2011, le Prsident lui-mme a d-pens pourdes chemises et costumessur-mesure 1,18 million deuros. Dessommespayesviades virementsde-puis des comptes en Suisse. Sur lamme priode, lefilsdu prsident, De-nis Christel Sassou-Nguesso,a investi473796euros danssonaccoutrement.Ilchange dechemisestrois ouquatre fois parjour,et sevante denejamais leslaver et de les utiliser comme des Kleenex, juge mme bon dajouter un ancienprochedu clan Sassou.Mais suivons les traces du fils dans leluxueuxParis.Lhomme,par ailleursdi-recteurgnral adjointde lavalptro-lierde laSocitnationaledes ptrolescongolais(SNPC),est dpensier.Il aimelesvoitures (lespoliciersontrpertoriseptbolides PorscheCayenne,Mase-rati,Bentleycoup, etc.), lescostumes(uneautre facturepourdes chemises etboutonsdemanchettesenoretpierresslve 257000 euros), les montres

    ParVIOLETTELAZARDLESSENTIEL

    LE CONTEXTELe Congo estdsormais au curde linstructionfranaise sur les biensmal acquis parles chefs dEtatafricains.

    LENJEUQuelles relationsmaintenir avecle prsident Nguesso,au pouvoir Brazzaville?

    ENQUTE

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    Lhtel particulierde JulienneSassou, Neuilly-sur-Seine.Elleet sonpoux ontdpensplusieursmillionsdeurospour lacheter et le rnover. PHOTO MARCCHAUMEIL. DIVERGENCE

    Le gouvernement doit composer avec leschefs dEtat impliqus.

    Le difficile pas de deux deParis avec les dirigeants vissL a technique est vieillecomme la Franafrique.Quandun dirigeantafricainde lancienpr carr nest pasenodeurde saintet Parisou queson toileplit dangereusement,il existeun moyen imparablepourforcerlesportesde lElyse: ren-dreserviceau grandfrre.Feule prsident du Gabon OmarBongoOndimba(dcden2009)avaitmontrlexemple: combiendefois na-t-ilpas mis disposi-tion laroport deLibrevillepour per-mettrelvacuationde ressortissantsfranais pris dansla tourmente duncoup dEtat oudune rbellion dans la rgion?Sansoublierses nombreusesm-diations,effectues lademandedeParisoudesapropreinitiative.Notamment enCentrafrique,dontil parlaitla langue (lesango).Rticences. Denis Sassou-Nguesso, le prsident vie duCongo-Brazzaville,a bienretenulaleon. Cestemps-ci,il renddesservicesprcieux. Dbut dcem-bre, il a ainsi envoy 500 soldatssupplmentaires enCentrafrique,venus renforcer la force africainedploye sur place, la Fomac(Forcemultinationalede lAfriquecentrale),qui ena bien besoin. Ilagalementprtde largent sonhomologue ivoirien, AlassaneOuattara, trs proche de Paris etqui a dumal boucler ses finsde

    mois. Bref, Sassou sait se rendreindispensable.Aprssonlection,FranoisHol-lande,qui avait proclampendantsacampagnesa volontde ruptureavec la Franafrique, a boud ledirigeantcongolaisde longues se-maines.Revenuau pouvoiren1997aprs des combats sanglants Brazzaville,Sassouest souponnde dtournements massifs dar-gent public et fait lobjet duneplaintedanslaffairedes biensmal

    acquis (lire ci-contre). En outre,sonrgimeestaccus davoir faitexcuter,enmai1999,descentai-nesde personnessouponnesdecollusionavec loppositionarme.Uneaffairesurnommele mas-sacredu Beach.Malgr sesrticences,le prsidentfranaisa dcomposeravecSas-sou-Nguesso, interlocuteur quilestdifficiledignorer surla scnetroubledelAfrique centrale.Lesdeux hommesont euunentretienentte tte lors dusommetAfri-que-France delElyse, il y a dix jours.Seloncertainesindiscrtionsctcongolais distilles auPoint,ledirigeantafricain seseraitplaintvertementde lingrencedelajus-ticefranaisedansles affairesint-rieures de son pays. Une preuve

    supplmentaire que Sassou-Nguesso confond lessphrespri-veet publique.Mais lElyse semble vouloirmaintenir le cap: entretenir deslienspolitiques et diplomatiquesindispensables avecles dirigeantsdespays impliqusdanslaffairedes BMA Gabon,Congo etGui-ne quatoriale sans interfrerdanslinstructionencours Paris.Ainsi, lors du raout franco-afri-cain de lElyse, le dirigeantquato-guineenTeodoroObianga-t-il faitune courteapparition.Parisfaituneerreurmagistraleen le snobbant,seplaignaitunprochedu rgime. Il a beaucoupdargent etpourraitfinancerla forceafricaine en Centrafrique.Ptrole. Les relations de ParisavecAli Bongo, lefilsde sonpre,sont plus distendues que par lepass.Mais, lencore, il faut m-nagerle prsidentdu Gabon.Totaly exploite toujours du ptroleet,surtout, la France dispose dunebasemilitaire Libreville,plate-forme cruciale en ces tempsdopration Sangaris en Cen-trafrique. SelonlaLettre duconti-nent (publicationspcialise danslesquestionsafricaines),leminis-tre de la Dfense, Jean-Yves LeDrian, sestfendudunerencontreauprs dAli Bongo et de DenisSassou-Nguesso en marge dusommet franco-africainde lEly-se.Plus quune simple visite decourtoisie.

    THOMASHOFNUNG

    LElysesemble vouloirmaintenirlecap: entretenirdeslienspolitiquessans interfrerdanslinstructionencours Paris.

    (22160euroschezDubail)et leconfort.Depuisdbut 2005,il a investi plusde8 millions deuros dans la rnovationdunappartementparisienetdunhtelparticulierde Neuilly,styleNapolon,Empire, daprs larchitecte entendupar la police.

    SYSTME.Autremembreduclan Sassoutrs dpensier: Jean-Jacques Bouya,ministre de la Direction des grandstravaux (DGT)etparailleursneveuduprsident.Celui-ci aimeVuitton(plusde 136000 euros dpenssentre2005et2011)et lesvoitures( Paris, ilenpos-sdequatre,dontuneBMWetdeuxMa-serati).Mais lepersonnage est intres-santau-del desesdpenses.CommelexpliqueSergeBerrebi, homme daf-faires enconflitaveclesautorits con-golaises, dont il estime quelles lontspoli, Bouya est suspect dtre aucurdun systmede corruption.De- puisune dizainedannes,il a la respon-sabilit de toute construction et de tout marchau-dessusde300000euros, ex-pliquecethomme, entendu deux re-priseslorsde lenquteet jointparLib-ration.Unegrandepartiedelacorruption passe parla surfacturationde cesgrands travaux. Toujoursdaprs Berrebi,desmillionsdeurospassententre lesmainsdecemonsieurdontla comptenceserait uneformationde navigateurdans lavia-tioncommerciale.La minutieuseenqutesur lescircuitsfinanciers qui approvisionnent lescomptesde la familleSassoucorroboreen partiecesdires.Depuis 2007,cri-vent les policiers dans une note de juin 2013, plus de 60 millions ont ttransfrspar laDGTsur descomptesbancaires dtenus par des socitsplanques dans des paradis fiscaux,dontlesbnficiairessontdes membresoudes prochesduclanSassou.Grcela collaboration de plusieurs cellulesdenqute financire en France et ltranger, lesenquteurs ont identifile commanditaire de virements de laDGT: ladirection gn-

    CONTRE-ATTAQUEDESOBIANGLajustice franaisearejeten juin des recoursde la Guine-Equatorialevisant faire annuler toutunpan de lenqute surlaffaire desbiens malacquis, ainsi que le man-datdarrt europen lanccontre Teodorin Obiang.Outre ses requtesdevantla chambre de lins-truction de la cour dappelde Paris, la Guine-Equa-toriale a saisi laCourinternationalede justicepour obtenir lannulationde lenqute contre le pr-sident, TeodoroObiang, etson fils.Auparavant minis-trede lAgriculturede sonpays,Teodorin Obiang enestdsormais le deuximevice-prsident.

    REPRES

    RPDM DUCONGO

    GABON

    CAMEROUN

    200 km

    Brazzaville

    CONGO

    Sources : Pnud, OCDE, FMI - estim. 2013

    PopulationPIB par habitantEsprance de viePauvret(part de la population vivantavec moins de 1,25 dollar par jour)

    142e sur 186 payssur lindicateurde dveloppement humain

    4 182 000 hab.2 582 euros

    57,8 ans54,1 %

    Suite page 4

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    rale du Trsor Brazzaville. Les fonds sont ensuite transfrs, pour la plupart vers dautres

    paystrangers, dont la France, aux fins dinvestissements dans limmobilier ou achat de grande valeur et dobjets pr-cieux(voitures, bijoux),concluent lesenquteurs.Parmicesvirements,figureun transfert de 1,3 million deuros Arije, joaillier de luxe parisien. Lesfilsdu prsident Sassou apparaissentcomme des bons clients dans les fi-chiersde labijouterie.Prsde1 milliondeurosontaussi tvirs laRserve,uneentreprise de locationdapparte-ment de grand luxedans la capitale.

    GESTIONNAIRE.Jene suis pasun pro-cheduclanSassou.Je nelesconnaispas,enfindenom.Touta,ce sontdesamalga-mes,a sestfaitau hasarddes rencontres.Jevaisrectifier, et rtablirla ralit auprs despoliciers. Lhomme quiparle,bal-butie et raccroche aprs seulementquelquesminutesdeconversationhsi-tante avec Libration se nommePhillipeC. Il estdenationalitfranaise,rsidenten Suisse etpourrait, selon lesenquteurs,trele gestionnaire defor-tuneduclanSassou.Agde 59ans,diri-geant deLemanfi (laFinanciredu L-man SA), cest lui qui a opr tous les

    montagesfinanciersautourdu clanSas-sou, parlesquelsont transitles 60mil-lions deuros. Ausein desmyriades desocits cransdomicilisdans despa-radisfiscaux, il estsouventle seulhabi-lit agir.Et, chaquefois, cestlui quiprsenteles bnficiaires(uneniceouunneveudeDenisSassou-Nguesso,leministre congolais de lEnseignementtechnique et professionnel, lattachmilitaire de lambassade du Congo enFrance)auxtablissementsfinanciers.Afin de justifier de lorigine lgale des fonds,crivent les enquteurs,M.C.a donnaux tablissementsfinanciersdes contratset autres documentsquicontien-draientde nombreuses anomalies.Cenestpas laseulefacesombre dufi-nancier franco-suisse. PhilippeC. ap-paratgalementdans lanbuleuse dessocits appartenant un certain Lu-cien Ebata, traderen ptrolecongolais.Cestun hommedaffaires dela rgion duprsidentSassou-Nguesso, laCuvette [Nord], dtaille Serge Berrebi. Il a pu sintroduire sur le marchdimportation dedieselau Congo-Brazzaville.La seule manire depouvoir intervenir surce mar-chest dtredu clan aupouvoir, sinon,on na strictement aucune chance dy parvenir. Ebataest lepatrondeForbes Afrique (dclinaison dumagazineco-

    nomique amricain qui opre chaqueanne leclassement desgrandes fortu-nesde laplante)et unfamilierdecer-tainshommes politiquefranais.Ltdernier,lorsduneconfrencedeForbes Brazzaville(sur le thme desclassesmoyennes en Afrique et anime parChristineOckrent), LucienEbataavaitinvit Jean-Franois Copp pour uneintervention,moyennantrtribution.

    PROCDURE ILLGALE. Me Jean-Pierre Versini-Campinchiest lun desavocats de la rpublique du Congo, etnonduprsidentSassou-Nguesso,qui nest pasmis encause parla justicefran-aisedans laprocduredesBMA. Mon client, la rpubliquedu Congo, se rserve le droit dengager une action devant la Courinternationalede justicedeLaHaye et galementdevantun tribunalcivilfran-aispourfautelourdede linstitutionjudi-ciaire, dfendmmelavocat.La proc-dure poursuivieen Franceest illgaleau regard du droit international, les tribu-naux franais nayant aucun droitdin-vestiguer sur les comptes publics dun Etat tranger souverain. Me Versini-Campinchi ajoute: Dautres chefs dEtats ptrolierset leursparentlesd- pensentdes sommesincommensurables en Francesans tre inquits.

    Elleest agentdassurance,lui estjuriste.JulienneSassou,

    pouseJohnson,est surtoutla filleduprsidentdu CongoetGuy Johnson, sonpoux. Depuis2006, lecouplea dpens plus de8 millionsdeuros,sansaucunrecours lemprunt, pouracheterpuisrnover un htelparticulierde Neuilly-sur-Seine.Lors de leurperquisition en fvrier,lespoliciers y ontdcouvertunesallede gymet unepiscine intrieure,ainsique desvoitures deluxedansle garage.Grce un mticuleuxtravaildenqute,ilspensent avoir identifilorigine desfondsdpenss:unevaste oprationde corruption surle marchde la tlphonie auCongo.Lesfaitsdcritsdansune noteTracfinrdigeen juin 2013sont lessuivants.Pour pouvoirsimplanter au Congo, un groupegyptien, Orascom,auraitpromisaux autoritscongolaises doffrir20% despartsdu march JulienneSassou.Orascomobtientle marchfin2005,dbut2006. En2006,notentlesenquteurs,legrouperevendsaparticipation unesocitsud-africainepour100millionsde dollars (73millionsdeuros).Cest alorsquilrglesa detteen monnaiesonnanteettrbuchante la filledu prsident. Entremi-2006et finmars2008 , poursuivent lesenquteurs, troiscomptesdtenuspardessocitsinstalles auxSeychelles et lleMaurice reoivent12 millions deuros. Quiestle crditeur?Un hommedaffaire dOrascom. Et quiappartiennentlescomptesen banque? Lunedes bnficiairesestJulienne OlgaJohnson.Lautre,Guy Johnson. Lavocatdecedernier, M e Olivier Pardo, na passouhaitdonnersuite notreappel. ToutcommeM e Samia Maktouf,conseil de JulienneSassou. V.L.

    LES MILLIONS DE LA FILLE SASSOU

    Ltause resserre sur le vice-prsidentde Guine-Equatoriale,alors quelenqute gabonaisesemble mise de ct.

    Le fils Obiang dans le viseur, Ali Bongo en sursisLenquteconcernantTeodorinObiang, le fils du prsidentde Guine-Equatoriale, abien avanc. Convoqupar lesju-gesfranais, le filsObiang,ex-mi-nistre de lAgriculture nomm vi-ce-prsident depuis ses ennuis judiciaires,a toujoursrefusde r-pondre leurs questions, se rfu-giant derrire sonimmunit.Mais,daprs lesdernirespices versesdu dossier judiciaire, TeodorinObiang pourrait tre entendu parun juge deson pays et trsvrai-semblablement tre misen exa-men pour blanchiment. Le prsi-dent Obiang, dans une lettre autrshonorablematreRoger LeLoire [juge dinstruction en charge delenqutesur lesBMA] se flicitequune commission rogatoire in-ternationaleait tenvoyeet con-fie laGuine-Equatorialeet indi-

    quelanomination dunmagistratde Malabo afin dauditionner sonfilssurleprsum dlitde biensmal acquisen Rpubliquefranaise.Impt rvolutionnaire.Depuis laperquisitiondanslhtelparticulierparisiendu filsprodigue, lesenqu-teurs onttentdensavoirplussurloriginedesesressources.Ils sontallsentendreenEspagnedanciensentrepreneursayant travailldanslesecteurdes boisprcieux, lunedesrichesses,avecle ptrole,de cepetitpaysdAfrique.LesdpensesenFrance dufilsObiang ont, pourlaplupart,trglesvia lecomptede la Somagui Forestal, socitcharge dexploiter le bois gui-nen Un des entrepreneurs af-firmequunsystmede taxervo-lutionnaire a t mis en place parTeodorinpour approvisionner sescomptes. Avant larrive du fils

    Obiang, expliquecetex-grandpro-pritaire dune socit forestireaujourdhui en conflit avec le r-gimedeMalaboet exilenEspagnedepuis2003,tousles entrepreneurspayaientdes taxesau Trsorpublic.Ilspouvaientensuitechargerleurs

    cargaisonspour lescommercialiser.Aveclarrive dufilsduPrsident,poursuitcet hommequi ditcrain-dre pour sa vie et dont on taira lenom, ondevaitluipayer lui, per-sonnellement, 10000 francs CFA[15euros, ndlr] parmtre cube[] pourpouvoirles charger, pouravoir

    lasignature delautorisationde char-ger pourexporter. Daprs lui, lesprixont flamb depuis sondpart.Cesontdesentrepreneurs toujoursen Guine qui len ont inform.Limpt lexportation seraitainsipass 15000francsCFA. Et

    unetaxe lexploitationaurait t ajoute.Daprslun desavocatsdu fils Obiang, Me Em-manuel Marsigny (re- jointparMe Jean-MarieViala),la SomaguiFores-talne brassepas dargent

    public,maisdesfonds privsde sonclient.Aucun dlitne pourraitdonctreconstitu.Turpitudes.Mon clientna aucun bien immobilier enson nompropre en France, affirme pour sapart Li-bration lavocat du prsident AliBongo Paris, Me PatrickMaison-

    neuve.Unefaon deddouanerlefilsdOmarBongo,au pouvoir de-puis2009,desventuelles turpitu-desde safamille largie?Curieusement, alors qu ses d-buts, lenqute sur les BMA avaitsurtoutsemblcibler leclanBongo,le voletgabonaisest actuellementlemoinsavanc.Mme si lespoli-ciers ont men dans lHexagone,dbut 2013,des perquisitionsdansdesproprits de lafamilleduPr-sident.Larelancedu voletgabonaisnestsans doute quunequestiondetemps.Selon undocument publien2009 parla section franaise deTransparencyInternational, la fa-mille Bongo et sesprochesposs-dent enFrance outre six garages,33 proprits, la plupart dans les quartiers les plus chics de Paris, les autres sur la Cte dAzur.

    T.H.et V.L.

    Teodorin Obiang pourraittreentenduparunjugedeGuine-Equatorialeettrsvraisemblablement tremisenexamen pourblanchiment.

    Suite de la page 3

    AliBongo, le6 dcembre,et TeodorinObiang, en2012. Aucentre,un immeubledtenupar la famille Obiang,avenueFoch, Paris. PHOTOS CHRISTOPHE ENA.AP ; MARCCHAUMEIL; ABDELHAKSENNA. AF

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    emportant leurmatrieldans descamions. Ilsne sont jamais revenus, dit Mohibullah.

    GRENADES.LejeuneAfghan,pre de quatre enfants, af-firmene pasleuren vouloir.Maisil dit sapeur etsonin-

    Lestalibansmetuerontunjour,jensuispersuad

    En quittant lAfghanistanlandernier, laFrancea laissderrire elle les habitantsqui lavaientsoutenue.Ils se retrouventaujourdhuiprispourcibles pardes extrmistes qui ont denouveau lechamps libre.

    ParLUCMATHIEUEnvoyspcial Surobi

    Les deux lettres sont en-tte etdmenttamponnes.Lapre-mire est signe de

    Qari Marjan, chef talibandUzbin, lavalleodixsol-dats franais ontt tus enaot 2008. La seconde dugnral Jean-PierrePalasset,en poste en Afghanistan jusquenavril 2012.Gul Mo-hammed (1) lesconserve dansune pochette enplastique o sont dessinesdes fleurs rouge et bleu. Ilne les sort que rarement.Il sait quelles dciderontde sonavenir.Dans la premire, dposeunenuitdevant saporte, lestalibans le menacent dansleur style habituel de luitrancher lagorgepour avoir travaill comme espion des Franais et avoir assur leur propagande. Tu ne seras pas pardonn pour tes crimes, ajoutent-ils. Dansla seconde, le gnral fran-aisle flicitepoursesbelles qualits intrinsques et son profond professionnalisme.Il le remercie galementdavoirfait preuve delaplus grande des collaborationsavec larmefranaise,quila aide depuis 2009 enorganisant des rencontresavec lesnotablesdudistrictde Surobi, une cinquan-taine de kilomtres lestde Kaboul.

    TRATRES.Cesdeux lettres,Gul Mohammed les a ajou-tes son dossier de de-mandede visapour laFrancerempli lan dernier. Il napas eu de nouvelles depuis.Javaiscomprisque ceuxqui avaient travaillavec lesmili-taires franais et qui taient menacs pourraient se rfu-gierenFrance.Maispeut-tre votre gouvernement na-t-il pas encore vot cette loi?demande-t-ildans la petitesalle dunrestaurantde Su-

    robi.Le gouvernementfran-ais na vot aucune loi oupromulguaucunedirective.Lobtentionou nondun visaest laisse lapprciationduncomitinterministrielqui reoit lesdossiers slec-tionnsparlarmeet lam-bassade deFrance Kaboul.Depuislan dernier,147 vi-sas ont t accords, encomptant ceux dlivrsaux membres des familles.Nous continuons exami-

    ner les demandes au cas par cas mais le processus

    de slection est quasiment achev, explique-t-on lambassade Kaboul.Aucune administration,mmepas lOtan,na comp-tabilis le nombre exactdAfghansemploysparlar-mefranaise depuisson ar-rive dans lepays, en2002.Ils sont au minimum plu-sieurscentaines avoirtra-vailldans ledistrictde Su-robietdans lesprovincesdeKapisa, du Wardak (ouest),du Logar (centre), de Kan-dahar (sud) et de Nanga-har(est).Ils taienttraduc-teurs, gardes de scurit,cuisiniers, manutention-naires, etc.Certainstaientpays directement par laFrance, dautres par dessous-traitantsafghans.Aux yeux des talibans, ilsincarnent lespires destra-tres,tout autantmprisablesque les infidles, les sol-dats trangers. Alors quelOtan acclre son retrait,et que le plus grand floudemeure sur la prsence ounon duneforceamricaineaprs la fin 2014, ils sontdevenus leurs principalescibles, au mme titre queles employs du gouverne-ment afghan. Durant lessix premiers mois de 2013,lesNationsunies ontcomp-tabilisplusde 310assas-sinats cibls de civils parles insurgs, soit une aug-mentation de prs de 30%par rapport lanne pr-cdente.

    Mohibullah,28ans,estsur laliste talibanedes hommesabattre. Ils le lui rappellentuneou deux fois parsemaineen lui envoyant des SMS ouen lui tlphonant. Ils me disent justequeje suis unes- pion,quils vontme tueret ils

    raccrochent, explique-t-il.SontortestdetravaillerpourRadio Surobi,un mdiaquelarme franaise a utilispour faire passer des mes-sages la population. Unmoyenparmi dautresde ga-gner les curset lesesprits

    des Afghans, espraient lesmilitaires. Jusqu ce quilspartent, le 31 juillet 2012.Un jour, les Franais nous ontdit quils allaienttre rem- placs par des soldats afghans. Deuxsemainesplus tard, ils avaient disparu en

    REPORTAGE

    Dessoldats franaisdu 92 e rgiment dinfanteriesur la route de Kaboul, aprs avoir officiellement pass le relais larme afghane

    LIBRATION LUNDI16DCEMBRE20136 MONDE

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    comprhension.LesFran-ais se sont bien comports avec la population. Et ils ont amlior la scurit. Mais depuis quils sont partis, elle se dgrade nouveau.A quoi cela a-t-il servi? Pourquoi nont-ils pas attendu de ga-gner avant de sen aller? La seulesolution pour les gens comme moi, cest de par-tir.Les talibansre-viennent et ils me tueront un jour ou lautre, jen suis persuad. Enat-tendant, Mohi-bullahne sort plusde Surobiet tente de se faire discret,commele luiontconseill lesservicessecretsafghans,quiont confirm la ralit dela menace.En apparence, rienne sem-ble pourtant avoir chang Surobi. Dans le centre-ville, lebazaret sesdizainesdchoppes colles lesunes

    aux autres restent bonds.Lesrestaurantsqui dominentla rivire de Kaboul serventtoujours despoissonsfrits, laspcialitlocale.Lesvoiturescontinuent de sarrter de-vant lestalsdevendeursdegrenades,ces fruitsrcoltsdans la province voisine de

    Kapisa. Mais les talibans sefont pressants. A leur ma-nire, faitedembuscadesetdincursions, ils se rappro-chent de cette vil le strat-gique carsitue surla routeentre Kaboul et Jalala-bad(est), comme silsvou-laientla prendreen tau.Cesdernires semaines, ils onttirsur lebureau denregis-

    trement des lecteurs situenplein centre et attaqu lebarrage,tuant lundespoli-ciers qui le gardaient. Ilscoupentaussi rgulirementla routedeJalalabad. Ilssur-gissent pargroupesdedixouquinze,arrtent lesvoitureset les camions, vrifient lesidentitsetkidnappent ceuxqui leursemblent suspects.Leursembuscadesnocturnesdurent moins dune demi-heure. Ils disparaissent en-suite moto,avantque lar-me afghane nait le tempsdintervenir.

    PROPAGANDE. Cest bien simple,hormisdans lecentre-ville et les abords du poste de police, nous nesommes plusen scurit, explique GulMo-hammed en pointant leschampsde blde lautrectdulacde Naghlu. Plusloin, quelqueskilomtres,dbutela province de Kapisa. L-bas, dans ces valles de Ta-

    gab,dAlassa,de Spee etdeBedraouqui remontent versle nord et lest du pays, laFrance a perdu cinquante-quatresoldatsencinqans de

    prsence.Le gouvernementafghan ne contrle rien, lestalibans ontimpos leur or-dre etmenacentdeltendredansles districtsvoisins.Meizam serendde moinsenmoinsenKapisa. Mdecin, iltravaille pour le gouverne-ment dans des cliniques deTagab, quipesentreautrespar la France. Lorsque lessoldats franaisontquitt laprovince,en novembre2012,ila dluiaussipartir.Jene pouvaisplushabiter Tagab.Lestalibans mavaient souvent vu avec eux, cest suffisant pourfaire demoiun espion.Je veux bien mourir mais pas

    comme a, pas commeils me tueraient, pascommeun chien quon abat, affirme-t-ildansun restaurantde Surobi.Il continue aller Tagabpourvoir sespatients,maisil ne sattarde pas.Les talibans sont partout, personne ne peutsopposer eux, expliqueson collgueHomayoun. Dans cette r-gion pachtoune et pacha particulirementconserva-trice, les insurgs ont ins-taur un gouvernementoffi-cieuxavec des responsablespour les oprations mili-taires, lducation, la santou la justice. Les numrosdesmollahsfaisantofficede juges sontplacardsdans lespiceries.Ilsuffit deles ap- peler en cas de problme. Ils donnentrendez-vous dansun vergerouunemosqueet ren-dentleur dcisionen quelques heures, quelques jours au maximum, ditHomayoun.Mieux vaut nepassopposer leursentence. Lestalibansont leurpropreprison,dansla valle de Bedraou. Cestune maison afghane clas-sique,auxmursen pis etautoit plat. Il y a quinze vingtdtenus enpermanence.Ilssontsouventbattus coups debton oude cble,dcritHomayoun.Circulant sans entrave, lestalibans recrutent facilementdans lesvallesde Kapisa. Ilsvisent surtoutles famillesoplusieursfilschment.Lun deuxlesrejointet lafamillene subitplus depression,expli-queMeizam.La propagandeestrode.Lesdiscoursappe-lant la luttecontre lesinfi-dles sont dlivrs dans lesmosques, aprslaprireduvendredi.Srsdeux, les ta-libans promettent depuisquelques mois une victoire rapide. Selonplusieursha-bitants de Tagab interrogspar Libration, une dlga-tion detalibansvenuedu Pa-kistanest arrivefin novem-bredans laprovinceavecunmessage manant de la

    choura de Quetta, lorganede direction dumouvement.2014estproche.Soyezvigi-lants et prparez-vous au combat. Nousferons chuter le

    gouvernement et prendrons Kaboul trs bientt, ont ditles missaires talibans.

    ENTRANS.Lepire,cest quils vont le faire, soupireMirzaMohammed,membrede la choura de Surobi, uneassemble de notables quifaitofficede conseilmunici-pal. Ilsnont jamaist aussi bien quips et entrans. Et ilnefautpascomptersurlar-meafghanepourles repous-ser. Au moins, les soldats franais allaient combattre dansles villages.LesAfghans ne font que tirer depuis leurs bases sanssortir. Ilsne tuent

    personne hormis des civils.Ldilesortun ordinateurdesasacoche etfaitdfiler unesrie de photos. On le voit,tout sourire, aux cts deJean dePontondAmcourt,ex-ambassadeur Kaboul,de plusieurs gnrauxfran-ais, dun colonel de gen-darmerie, de grads amri-cains. Mirza se dit capable,pour linstant, dassurer sascurit et affirme quil neveut pas de visa. Non, ce queje voudrais,cestvenir en France rencontrer vos parle-mentaires. Il faut leur expli-quer cequi sepasseici. Sirien nest fait,tout recommencera,les talibans reviendront au pouvoiret Al-Qaedase rins-tallera. Cette guerre naura servi rien. (1)A lademande des intresss,lesnomsont tmodifis.

    Ledpartanticipdestroupesfranaisesavait tdcidparNicolasSarkozyaprslamort, en janvier 2012en Kapisa, de quatresol-dats franais, tus parun homme vtu dun uni-forme militaire afghan.

    REPRES

    Notrepoliceetnotrearmesouffriront.Ilyaauradesconsquencessrieuses.HamidKarza prsidentafghan,samedi,proposdunventuel retraittotalamricainaprslafin2014

    Kaboul

    AFGHANISTAN

    PAKISTAN

    200 km

    TURKM Surobi

    212soldats franais sontactuellementdploysen Afghanistan,selonlOtan. La France acomptdans le pays jusqu 3600 militaires.

    Javaiscompris [quil seraitpossible]deserfugierenFrance.Maispeut-tre votregouvernement na-t-ilpasencore votcetteloi?UnAfghanquia travaillpourlaFrance

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    r labasede Tora, dans ledistrict deSurobi, le31 juillet2012. PHOTO ALEXANDERKLEIN.AFP

    LIBRATION LUNDI16DCEMBRE2013 MONDE 7

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    GrandecoalitionenAllemagne:leSPDenprendsonpartiLes militants sociaux-dmocrates ont vot pour participer au gouvernementdAngela Merkel,qui sera lue chancelire demain par la nouvelle majorit.

    Cest un triomphe pourSigmarGabriel.Le pr-sident du Parti social-dmocrate allemand

    avait arpent tout le payspendantdeuxsemainespourtenterde convaincreles plusrticents auseindesa formation.Etsamedi,prsde 76%des adhrentsdu SPD ont approuv laccord decoalitionconclu fin novembreaveclaCDU.Tantla proportiondejaque le tauxde participation (78%des 475000 adhrents ont donnleur voix par vote postal) font decette consultation un plbiscitepour lhomme fort du SPD. Lessociaux-dmocrates compterontsix ministres, dont la moiti defemmes, dans le prochain gou-

    vernement, contre neuf pour lesconservateurs.Demain, lesdputsde lanouvellemajoritvont pouvoirlire AngelaMerkelpour un troisimemandat lattedu pays,prs detrois moisaprsleslectionsdu 22septembre.

    Cela fait longtemps que je nai pastsi fierdtre social-dmocrate, a assur Gabriel

    samedi, lissuedu dcomptedesvotes dans un centre de tri postaldsaffectde Berlin. Desmilitantstaientvenusde toutelAllemagnepouraideraudpouillement,dpo-santtlphoneset ordinateurspor-tables avant dentrer dans la sallepourviter toute fuite avant lan-nonceofficielle des rsultats.

    FIERT. La consultation directede la base avant la signature dunaccord de coalition est une pre-

    mire dans lhistoire politique delAllemagne.SigmarGabriel lavaitpromise au lendemain des lec-tions,alorsquungrand nombre demilitants semblait refuser lidedunenouvellecoalitionCDU-SPD,comme entre 2005 et 2009. Cette

    dmarcheacertainementcontribu renforcerlimageduprsidentduparti. Au soir du 22 septembre, leSPD tait une formation lamineparla dfaite, avec25,7%des suf-frages,lun deses plus faiblessco-res.Etsi AngelaMerkel avaitratdepeula majorit absolueau Bundes-tag,ce ntaitqucausede lad-

    fection deson impopulaire allili-bral, le FDP. En consultant sabase, Sigmar Gabriel a rendu safiertauplusvieux partidu pays.LeSPDrputpouravoirtoujourstdubon ct dans lHistoire avaitften grandepompeses150ansau

    printemps.Mais le triomphe deSigmar Gabriel aaussi son revers. Lapresse allemande sedemandenotammentquelle sera la place

    des ministressociaux-dmocratesauseindu gouvernement,face lastructurepluttautoritaire et hi-rarchique de laCDU.LeSPDfonc-tionne de faon radicalement diff-rente, note ainsi le quotidienconservateurDieWelt. Sadirection se voit contrainte de consulter sa base, de limpliquer, pour pouvoir

    agirau niveaupolitique.OrleSPDauraaussidesdcisionsimpopulai-res prendre, et Sigmar Gabrielnotamment.A la tte dunminis-tre delEconomie auxcompten-

    cestendues latransition nerg-tique,cest luiqui devra grer lundes dossiers les plus sensibles duprochaingouvernement: tournerledosau nuclaireet favoriserle d-veloppementdesnergiesrenouve-lables, tout envitantla hausseduprix de llectricit, tant pour leconsommateur final quepour lin-dustrie.A lheure actuelle, le prixde llectricitest presquedeux foisplus cher en Allemagne quenFrance ou en Grande-Bretagne,avec de nombreuses exceptions,ressenties comme injustes, pourdesbranchesindustriellesparticu-lirement consommatrices.

    RCONCILIER.Andrea Nahles, jus-qualors secrtaire gnrale duSPD,hritera dunautre ministrepoids lourd, celui du Travail. Fortdun budget de 120 milliardsdeuros (loin devant le secondposte, la Dfense, et ses 30 mil-liards deuros), il reprsente lamoiti du budget total de lAlle-magne.Cestelle quiserachargede lintroductiondusalairemini-mum lensemble du pays dici 2017et de lassouplissementdelaretraite 67 ans pour les salarisayantcotisquarante-cinqannesauxrgimessociaux.Cesdeuxme-suresdoiventcontribuer rconci-lierle gouvernementMerkelavecles syndicats.Frank-Walter Steinmeier, jus-qualors chef du groupe parle-mentaire social-dmocrate auBundestag,retrouvera leministredesAffairestrangres,dontil taitle chef sous le gouvernementMerkel 1, entre 2005 et 2009. Ilnavait pas hsit y dfendredespositions diffrentesde cellesde la chancelire, notammentface laRussie.Ductdes chrtiens dmocrates,Wolfgang Schuble, doyen dugouvernement 71 ans,conserveralesFinances,ce quilaisseaugurerdumaintienducap de lapolitiqueeuropenne tandis quUrsulavonderLeyen,lunedes politicien-nes les plus populaires du pays,est la premire femme la ttedu ministre de la Dfense. Djpasse par le ministre de la Fa-mille(oelleamisenplaceled-veloppement descrcheset le sa-laire parental) et celui du Travail(oellestaitnotammentpronon-cepourle salaire minimum et lesquotas fminins latte desentre-prises), Ursula von der Leyen seplaceainsienpolepositionpour lasuccession dAngela Merkel,en 2017.

    ParNATHALIEVERSIEUXCorrespondanteBerlin

    SigmarGabrieldevragrer lundesdossierslesplussensibles: tournerledosaunuclaireetfavoriserlesnergies renouvelables.

    RCIT

    Leleader social-dmocrate, Sigmar Gabriel (aumicro),et lestnorsdu SPDlorsduneconfrencede presse, Berlin,hier. PHOTO JOHANNESEISELE.AFP

    15ministresse partageront lesportefeuillesdu futurgouver-nement:6 pourla CDU,3 pourla CSU et6 pourle SPD.

    ALLEMAGNE

    Sources : Commission europ., FMI, Pnud - estim. 2013

    PopulationEsprance de viePIB

    PIB par habitantDe e publique5e sur 186 pays sur lindicateurde dveloppement humain

    81 754 000 habitants80,6 ans

    2 723 millards deuros

    33 300 euros79,6 % du PIB

    Angela Merkel (Union chr-tienne dmocrate)deviendrademainchancelirepour la troi-simefois,suite laccordcon-clu avec les sociaux-dmocrates.Cette conservatrice, quia grandidans lex-Allemagne de lEst,avaitdj fait alliance avec leSPDlorsde sonpremier mandat, en 2005.

    REPRES Ce vote estune ftede ladmocratie.Sigmar GabrielleprsidentduPartisocial-dmocrate, lissueduvoteausein desaformation,quiadonnsamedisonfeuvertlagrandecoalitionaveclaCDUdAngelaMerkel

    LIBRATION LUNDI16DCEMBRE2013

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    MONDEXPRESSO 9

    Lesmanifestantsanti-Ianoukovitchhier, placede lIndpendance Kiev. PHOTO SERGEI GRITS. AP

    E n Ukraine, letournantpro-russene passepas.Hier, entre 200000 et300000 Ukrainiens se sontrunis pourle troisimedi-manche conscutif sur laplace de lIndpendance Kiev pour dire oui lUnioneuropenne etnon laRus-sieo leurprsident, ViktorIanoukovitch,quia rejetfinnovembre un accord pour-tant finalisavecBruxelles,se rend mardi avec des in-tentions quils jugent peuclaires. Les pro-Ianouko-vitch, qui avaient tenu sa-medileurpropremeeting surlaplacede lEurope, quel-quescentainesde mtres decelleolespro-europenssetiennent jouret nuit,ontfi-nalement renonc se ras-semblerde nouveau hiersurcetteplace, loignantainsi lerisquededrapagesentrelesdeux groupes.Entre-deux.Denombreu-ses rumeurs avaient courutoutle week-end, chauffantlatmosphre: larme seprpare, les forces anti-meute se renforcent, legouvernement engage destitouchkis (des mauvaisgarons) pour casser dumanifestant. Ledanger sem-ble cart pour linstant.Tout est possible parce que Ianoukovitchna pasdestra-tgiedesortie,constatelepo-litologue Volodymyr Fes-senko. Une partie de son entourage est pour le recours la force, et lautre partie, parmi laquelle dinfluents hommes daffaires, comme Rinat Akhmetov, veulent des pourparlers.

    Dans cet entre-deux, lespro-europens,quiontreuhier le soutien du snateuramricain John McCain,en-tendent montrer quils nevont passe laisserdmobili-ser nipar lefroid nipar lap-proche desftesde findan-ne. Ils ont dj remportdes points. Treize des dix-septmanifestantsemprison-nsont tremis en libert.Etdeux outroisdes respon-sablesdesviolencespolici-res du 30 novembre, quiavaient faitune centainede

    blesss ont t rvoqus.Parmieux, levice-prsidentduConseilde scurit natio-nale rebaptishiersous lesovationsconseildinscurit national par le leader delopposition, lechampiondeboxeVitaliKlitschko.Les opposants nentendentpassarrter l: ilsveulent ladmissiondu gouvernement,louverturede ngociations,etmme deslectionsanti-cipes.Ainsibien srque lasignaturede laccorddasso-ciation avec lUnion euro-penne, que le gouverne-mentna cessde repoussertout en promettant de lefaire, aupointque Bruxellesa fini hier par dire quellesuspendait les discussionsen raison du manque dengagement desautoritsukrainiennes.

    Samedi,le Premierministre,Mykola Azarov, a mmeaffirmsur laplacede lEu-rope devant ses 20000 30000 sympathisantsame-nsparcarset trains delestet du sud du pays, queBruxellesexigeait, avantdesupprimerles visas pour lesUkrainiens, la lgalisation desmariages homosexuels,ce quellejuge inadmissiblepour un pays chrtien. Laplupart desespartisans con-sidrentque lepaysnestpasprt. Jenemintressepas

    la politique, mais ma femmeregarde latlet elleme dit que lEurope,cest labaissedessalai-res etla hausse des factures de gaz et dlectricit, ex-

    pliquait dans la foule un jeune entrepreneur de Cri-me,une rgionrussophone.Empire. Les pro-euro-pens craignent que Ia-noukovitchnesigne demain Moscou un accord pourentrer dansuneunion doua-nire avec la Russie. Ils onttenu lui dire par le biaisdunersolutionquilnavaitpas mandat pour le faire.LUnion douanire est un projetgopolitique deMoscou dont lebut estde rtablir lem- pire qui sest ef fond r en1991,ditce texte luhiersur la place de lIndpen-dance par lex-ministreukrainiendesAffairestran-gres Boris Tarassiouk. Etsaluparla foule:Bandits,dgagez.

    Envoye spciale KievHLNEDESPIC-POPOVIC

    Mafemmeregarde latletellemedit que lEurope,cest labaissedessalaireset lahaussedesfactures.Unentrepreneurde Crime

    ManifestationsKiev,IanoukovitchMoscouFACE--FACELes pro-europens esprent empcherleurprsident designer un accord avec la Russie.

    15000foyersde Thessalonique,laprincipale ville dunord

    dela Grce, sont dsor-mais privsdlectricit,et donc souvent de chauf-fage,fautedavoirpuacquitter leursfacturesdepuisqueleurs revenusse sont effondrsen raisonde lacrise.Dans le journalKathimerini, le Premierministre,Antonis Samarasa exhort hier lazone euro confirmerdbut 2014unenouvelle rduction delnormedette de sonpays.

    Le choix deMehdiJomamontre quenotre grand peupleestcapable dersoudre sesdsaccords parledialogue.Lequotidien tunisien Adhamir hier, aprsladsignationsamedisoirdunnouveauPremierministre, rput technocrate,poursuccderaugouvernementislamistedEnnahda

    Ultime adieu auhros sud-africain: hier, aprs dixjoursdedeuilnational,Nelson Mandelaa tinhum avec leshon-neursmilitaires dans lepetitvillage de Qunu (province duCap-Oriental)o lex-prsidentavait passune partie desonenfance. Lacrmoniesestdrouledans unerela-tive intimit(450invits, tout de mme, tris surle volet).Les villageois de Qunu etdes localitsvoisinesnontpastconvis.Unaccrocquisajoute auxcritiques dun cheftraditionnel,quiaffirmait hiersurTwitter que le rituelancestral navaitpas trespect. Sans oublier lesspcu-lations selonlesquellesla famille souhaite interdire toutaccs public la tombe du leaderde la lutteanti-apar-theidaprs la crmonie. Seshritiers ont-ils t lahauteur de licne de la rconciliation? Prsent lors de cedernier adieu, le prsident, Jacob Zuma,a pu chercher viterun bain de fouleaprs avoirt copieusementhulors de lhommage de mardi,dans le stade de Soweto. EnAfrique du Sud, laprs-Mandelaa djcommenc.M.M.PHOTO MARCOLONGARI.AFP

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    INDIGNEPAGES2-5

    Aprsdesmoisdemensonges,JrmeCahuzacaavouhierdteniruncompteltrangeretatmisenexamen.Dequoiprovoquerunecrisepolitique.

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    PierreLaurent( g.),prsidentdu Parti de la gauche europenne,etAlexisTsipras(2 e dr.),candidat la prsidencede la Commission,hier Madrid.

    Agauche,uneunionsurlefronteuropenpourmieuxsediviserParisTout ensoutenant lacandidature duGrec Alexis Tsipras laprsidencede laCommission,les amis de Mlenchon rejettent la confdration departisdirige par Pierre Laurent.

    Alentre,le lustre estgi-gantesque.Dune inso-lente brillance. Avec sescouloirs sans fin,ses ta-

    pisseries paysagres accrochesaux murs et cette musique das-censeur qui descend du plafond,on oublie vite quon est Madrid ce week-end au4e congrs du Parti de lagauche europenne(PGE).Quona dbarqu ici pour observer unembryon de dmocratie euro-penne, lamise enorbitedu Grec

    AlexisTsipras comme candidat dela gauche antilibrale la prsi-dence de la Commission euro-penne et assister un nouvelpisode de la crise qui secoue leFront de gauchedepuis six mois.Nousvoildonc, dans ungrand h-tel. A quelques changeursdauto-

    route de laroport de la capitaleespagnole. Les350 dlgusetin-vits dontceuxdu Parti commu-niste franaisou duPartide gauchede Jean-Luc Mlenchon y ontdormi, mang, travaill etdbattudansun amphithtre rouge, tropgrand poureux, de leurs orienta-tions aux lections europennesquise tiendronten mai.Onest passdelambianceamicale

    dune internationale de parti auxprmices duneentitpoli-tique europenne , se rjouit

    lafigure franaise descommunisteseuropens,Francis Wurtz,bien calsursonstrapontin.Aumicro, Ber-nadette Sgol,secrtairegnrale

    de la confdration euro-penne des syndicats, en-tameune longueinterven-tion.La crise en Europe nous a forcs nous rapprocher, sorganiser , poursuitMaite

    Mola, vice-prsidente du PGE etmembre du Particommuniste es-pagnol. LAllemandDominic Heiliginsistesur lesrglescommunes,les dbats sur les contenus quon doit porter ensemble sur la scne euro- penne. Bagues tousles doigts,tatouagesquirecouvrentsesavant-

    braset mcheblonde ultrasoigne,cethomme estun haut responsable la directionde Die Linke.

    CONSERVATOIRE.Dune poignede partiscommunisteseuropenshistoriques regroups avant leseuropennes de 2004, le PGE ap-procheaujourdhuila vingtainedemembres. Nous privilgions un modede construction confdral qui

    ne soitpas seulement unejuxtaposi-tionde nations,maisuneprfigura-tion de lEuropequenous voulons,expliquePierre Laurent,patron descommunistesfranais. Cestainsiquun Jonas Sjstedt, leader duParti de gauche sudois est Ma-driden tantquinvit et refusede faire adhrer sonparti au PGE.Construire un partisupranational,cest en quelque sorte participer

    cette union fdrale. Or nous nous tions battus contre lentre de la Sude dans lUE. Que ce soit surleuro, ladetteou lefuturdesinsti-tutions europennes, toute cettegauche nest pas forcment rac-cord.Malgra,onest entrain de devenirune force attractivepourdes

    forces politiques nouvelles en Eu-rope, dfendLaurent.Saufqueriennevaplusavecsespropres allis franais. Devant laporte qui mne au dbat, voilMartine Billard, coprsidente duPartidegauche. Alors,cecongrs?a ronronne dit-elle. Vientalors Raquel Garrido, proche deMlenchon:LePGEnestpas la hauteurdesvnements,regrette-t-elle.amanque dallant,de dynami-que. Plustard,cestFranoisDe-lapierrequi glisseraquunepartiedu PGEsapparenteauconserva-toire des espcesmenaces.

    MIROIR.Mlenchon avaitprvudevenir Madrid. Il a annul pourcause de voyage en Equateur. AuPG, on aurait aim plus de con- frontation.Pasdececonsensus empchantde discuterdela recon-ductionde PierreLaurent la ttedu PGE. Car si les camarades deMlenchon soutiennent lacandida-turedAlexisTsipras laprsidencede la Commission europenne,cohrente avecleur stratgie derupture avecla social-dmocra-tie, ils ne veulent pas de PierreLaurent. Prparer une campagne europenneavec unprsidentduPGE quiappelle aller Parisauxmuni-cipales avec des reprsentants de la social-dmocratiebrouille notremes-sage , justifieBillard.A peineLaurentavait-ilfini sesem-brassadesetchanges debouquetsde fleurs avec Tsipras sur la scneducongrs que lePG a annoncsadcision de suspendre jusquaux municipalessaparticipation auPGE.Cestunedcision regrettable et incohrente , explique Laurent Libration . Aumoment ole PGE se rassemble pour la bataille deseuro- pennesavecla candidature dAlexis Tsipras,lheure nest pas ladisper-sion. LePGsestpourtant coltintoutle week-enddes runionspourfaire adoptersa motionsurlco-socialisme. Sur chaque normecolonneen miroirmenant lam-phithtre, ladlgationfranaiseavait multipliles affichettesenan-glais rappelant les 18 thses desonmanifeste surle sujet.Commedans un congrs bien franais olobjectifestsurtoutdavoir plusdevisibilit quele PCF.

    ParLILIANALEMAGNAEnvoyspcial MadridPhotoREINERWANDLER

    Le PGE nestpas lahauteurdesvnements.amanquedallant,dedynamique.RaquelGarridoproche deMlenchon

    RCIT REPRES

    LeParti de lagauche euro-penne (PGE) a t cren 2004. Il regroupe 26partis(plus 7 observateurs) issus dusocialisme,du communisme,du trotskismeou de lcologie.

    Parmi eux, lesAllemandsdeDieLinke, lesItaliens deRefondation communisteoulesGrecs de Syriza. CestPierreLaurent (PCF) quiprside la direction collgiale.

    5Cest le nombre deuro-dputsfranais qui sigentau seindu groupe de laGaucheunitaire europenne.

    LE PARTI DE LA GAUCHE EUROPENNE

    Nousappelons repenserlaconceptiondelUE, inventerunnouveau typedunion[]respectueuxdespeuples.PierreLaurentsurLibration.fr

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    Neufmois, 5000 kilomtres pied, la quasi-totalit desrgionsfranaises traverses Ledput qui marche , Jean Lassalle(Modem), a symboliquement rejoint lAssemble natio-nale samedi. Aprsavoircrois des centaines deFranaisauprs desquels il a ressenticolre, dsespoir et rsignation, il va maintenant rdigersescahiers de lespoir, variantedescahiers dedolances de la Rvolution.Lancienberger, trs prochede Franois Bayrou,ambitionne de lesremettre Franois Hollande.PHOTO MARCCHAUMEIL. DIVERGENCE

    MARCHE JEAN LASSALLE, LE RETOUR DU BTON

    R ic-Rac. En quittantlAlgrie il y a un anaprsunevisitedEtat fort quotient historique,FranoisHollandeavait pro-mis sonhomologue,Abde-laziz Bouteflika, la tenuedunerunioninterminist-rielle bilatrale avant lafin 2013.A deux semaines ducoupe-ret, cest chose faite avec ledplacement de Jean-MarcAyraultet deneufministresfranais Alger et Oran,aujourdhuietdemain. Qua-rante-huit heurespourpr-sider lepremier comitin-tergouvernemental de hautniveau (CIHN) entre lesdeux pays.Le format diplo-matique narien denouveaupour laFrance, quiorganisede tellesrunionsannuellesoubisannuellesavec laRus-sie, le Qubec et le Maroc.Maislintitulest indit.Chaudron.Si dordinaireonparle de comit intergou-vernemental ou de ru-nion dehaut niveau,Algera insist sur une nouvelleformulation fusionnant lesdeux.Dequoi prserver sonstatut part dans les rela-tionsmditerranennesde laFrance. Et ce faisant,se d-marquer peude fraisde sonvoisin marocain.PourParis,cettevisite vise soulignerla

    cooprationexemplaireen-tre les deux pays.Unan aprslediscourssurlapaixdes mmoiresdeHol-lande, quiavaitreconnu lessouffrances engendrespar132 ansde colonisation,Ayrault vientvoircomment faire encore progresser larela-tion bilatrale, on fait dj beaucoup ensemble, il faut faire plus, explique un di-plomate franais. De-puis2011,alors queses voi-

    sinsentraientdansla spiraledesprintempsarabes,grce sa renteptrolire,Algera(un peu) desserr ltau,augmentant les salaires etmaintenantle couvercle surle chaudron social. Maiscette stabilit de faade ca-cheune conomiehyperd-pendantedeshydrocarbures,desinstitutionssclroses etun chmage endmique.Autantde dossiersdont Hol-lande avait pris soin de nepasparlerlan derniertoutlaclbrationde lamitire-trouve.En Algrie, o le taux dechmage des jeunes d-

    passe 50% les moins detrenteans reprsentent 70%dessans-emploi laFrancea une norme carte jouerdans ledomainede ladiver-sificationindustrielleet delaformation professionnelle.Podium.Quatre institutsdetechnologie sont en projet,ainsi que des partenariatsentre grandes coles,dolaprsence des ministres delEducation,VincentPeillon,et de lEnseignementsup-

    rieur, GeneviveFioraso,dans lad-lgation Ayrault.Manuel Valls, encharge du dossiersensible delamo-bilit (les visas)

    entre les deux pays, et Ar-naudMontebourg sontga-lement du voyage: Alger ainsist surla prsencedu mi-nistredu Redressementpro-ductif,enfantde laFranceAlgrie dontlegrand-pre,KhermicheOuldCadi,taitn prs dOran au dbutduXXe sicle.Premier fournisseur de lAl-grie,la France voit saposi-tionseffriteretdevraitselontoute vraisemblancese faireravircetteanne sapremireplace sur le podium par laChine.

    De notre envoye spciale Alger LAUREBRETTON

    Manuel Valls,encharge

    dudossiersensibledelamobilit(les visas),sera duvoyage.

    AyraultmnesonquipeenAlgrieVISITEUncomit intergouvernementalde haut

    niveaua lieu Alger aujourdhui et demain.

    Fragile consensus sur loprationextrieure de la Franceen Centrafrique. Hier, lancienministre Bruno LeMaire(UMP) a expos defortes rserves qui tiennent dabord au peu de clart surlobjectifpolitique. Inquietpour nostroupes qui sont engages surle terrain, il a par ailleursdplorque la France soit seule dans cette expdition.En plus, cela a un cotfinancier qui est un cot impor-tant. Bruno LeMairesouhaite que le prsident de laRpubliqueobtienne un financement complmentaire dela part de lUnioneuropenne et que, le plusrapidement possible, les forces franaisessoient appuyes par dautres forces, des Nationsunies, de nos allis.PHOTO PIERPAOLOCITO.AP

    BRUNO LE MAIRE PERPLEXE SURLINTERVENTION EN CENTRAFRIQUE

    LES GENS

    Il y a beaucoupdinquitudedevoirunalli auquelona fait une place assezconsidrableauplanlectoral treincapabledassumer cetteresponsabilit.

    Jean-MarieLeGuendputPS,proposdescologistesDeuxfemmes au tapis Paris! Lacandidate PS lamairiede Paris, AnneHidalgo (XVe),et celle delUMP, Nathalie Kosciusko-Morizet (XIVe), seraientbattues dans leurs arron-dissements respectifs,selon deux sondages Ifop-Fiducialpour leJDD.Ausecond tour dans leXVe,dans lhypothse dunetriangulaireavec le FN,comme dans celle dunduel, lacandidate de ladroite (UMP-UDI,Modem)lemporterait,avecres-pectivement48% et54%des intentions de votecontre44% et46% pourHidalgo. Dans le XIVe, audeuxime tour, la socialisteCarine Petit totaliserait57% dessuffragescontre43% pourNKM. Toutesseraient cependant luesconseillresde Pariset pourraientdonc briguerlepostede maire delacapitale.Sondagesraliss du 10 au12dcembre, auprsde 500et 505personnes.

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    donne un coup de main son ami pour dmonter lefusil pompe,et je-ter lesmorceaux delarmedansdes poubelles.Les enquteurstententdsormais de retrouver, notam-ment dans les dcharges, les l-ments dufusilexhib BFMTVle15 novembre puisutilisLibra-tion pour blesser gravement un jeune photographeet La Dfensecontre un btiment de la Socit

    gnrale,le18 novembre. Depuis lamise enexamen le 22novembredAbdelhakimDekhar pourten-tatives dassassinat sur ces troisfaits, et pour enlvement et s-questration dun automobilistedePuteaux, lesvtementsports parle suspectparkakaki,doudounenoire, anorak rouge nont tou- jours pas t retrouvs, pas plusque les munitions balles san-

    glier Breneke ou cartouches plomb.Parcontre, le tenancier de lhtelRivoli rue des Mauvais garons Paris (IVe arr.)a rapport lapoliceune valise abandonne dans unechambre loueparDekharla veillede son arrestation, avec sa cartedidentit, lHommervolt dAlbertCamusetsa lettrede revendicationglobale de ses actions contre les

    infmes journaputes et les ban-quescapitalistes intitule Cest ledsespoiret luiseul quipermettrade dchirer lennemi. Dekharavait remis lammemissivedacty-lographiesur lordinateurde S-bastien S. Courbevoie cet amiquilhbergeaitde tempsen tempsdepuis leur rencontre Londresen 2000.

    BRACELET.Incarcr enFranceenoctobre1994pouravoirachet laSamaritaineun fusilayantserviaucouple dautonomes, AudryMaupinet FlorenceRey, tuer troispoliciers et un gardien de la paix,Dekhar avait t condamn enseptembre1998 quatre ansde pri-son pour association de malfai-teurs. Libraussitt, le Franco-Algrienndans lEst de laFrancedunpreouvrierdans lasidrur-gie, rejointune sur etun frre enGrande-Bretagne.Il y pouseunetudiante turqueen fvrier2000,divorce lannesuivante. Il sins-talleensuiteaveclUkrainienneVa-lentina A., a deux fils en 2004 et2006, puis estpoursuivipourvio-lences conjugales. Dekhar a tcondamnpources faits sixmoisde travaildintrtgnral, auportdun bracelet lectronique et uneassignation rsidenceavec inter-diction dapprocherle domiciledesonex-compagne etde sesenfants.Jusquau 16 juillet 2013.IlquittealorsLondrespourParis.ASbastienS.quilaccueille chez lui,il promet denerester quun mois,maisson sjoursternise.Sonap-pelen justiceestrejeten Grande-Bretagne le 14 octobre. Le lende-main, Dekharpasse laction. Du15au20 novembre,le fugitif dort lhtel. De son ct, Sbastien S.,diplmdconomiequiafaitun stage en alternance dans la finance mais touche le RSA, est parti deCourbevoiedu10 au18novembre.A son retour, daprs sa premireversion, Sbastien S.dort lematin puis, laprs-midi, allume la tl et reconnatson amisur les images de lappel tmoins. Il nebougepas. Il attendjusquce quilcroise Dekhar dansle hallde son immeuble 1h 30 dumatin [et lavertisse]:Jetai re-connu latl,je neveux plustac-cueillirchezmoi.Evoquantles tirs Libration , Dekharlui auraitlchJai fait uneconnerie.En ralit,Sbastien S. aurait donc aid Ab-delhakim faire disparatrele fusilet organiserson suicide, dit unenquteur: Il a vuDekharprendre lesmdicaments pourse tuer etde-mand les cls de la Clio sa sur pour luipermettredaller mourirdans cettevoiture. Puisse ravisant, S-bastien S.aalertla policequia d-couvertDekhardansun tat semi-comateux.

    RetourlacaselogeurdanslenqutesurAbdelhakimDekhar

    Lhomme qui a hberg le tireurprsum de Librationa t mis enexamen pourreceldemalfaiteuret dissimulation ou destruction de preuves.

    Sans la dnonciation aucommissariat de Courbe-voie (Hauts-de-Seine) deSbastien S.,32ans,qui h-

    bergeait Abdelhakim Dekhar, 48ans, celui-ci serait certainementmort sous leffet du Xanax et delImovane quil a avals hautedosepouren finir. Grce lui, labrigade criminelle de Paris a pulinterpeller in extremis borddune voiture gare dans un par-king de Bois-Colombes. Il nem-pche que le logeur de Dekharavait adapt le tmoignage livrle 20 novembre la police judi-ciaire. Convoqu jeudi au36,quai

    des Orfvres, Sbas-tien S. a finalementavouquil asu bien

    plus tt que ce quil prtendait que Dekhar tait recherchet surtoutquil la aid se dbarrasser de son arme, assureun enquteur.

    COUP DE MAIN.Plac en garde vue, Sbastien S. a t mis enexamen vendredi soir par le jugeparisien Quentin Dandoy, pourrecel demalfaiteur et dissimula-tion ou destruction de preuves,comme larvl Europe1. Lepar-quetde Parisavait requisson pla-cement en dtentionprovisoire. Ila tlaisslibresouscontrlejudi-ciaire. Selon un magistrat, il nesagit pasvraimentdunrebondis-sementde lenqute carce suspectne se trouvaitpas enFranceau moment desfaits.Cenestdonc pasun com- plice.Surla foide sonprocs-ver-bal daudition, la brigade crimi-nelle le tient pour un homme qui

    ParPATRICIA TOURANCHEAU

    RCIT

    Letireur de Librationtaithbergau premiertagedun immeublede Courbevoie(Hauts-de-Seine).

    PHOTOSJEAN-MICHEL SICOT

    REPRES

    M.Dekhar, toujoursengrve delafaim,refuse dsormaisdtreassistparunavocat.Me RmiLorrainaprssarencontreavecsonclient,le5dcembre

    Le15 novembre, un inconnu armdun fusil pompefait irruptionausige de BFMTV, Paris, menaantle rdacteuren chef.Trois jours plustard, Libration , unhommetire etblessegrivementun photographe.Lapolice engageune chasse lhomme. AbdelhakimDekhar estarrt le 20novembre. R E

    U T E R S

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    Elles voudraient tre davantage recon-nues, plusindpendanteset mieux payes.Lessages-femmes(quisontaussiparfoisdeshommes), mobilises depuisplus dedeuxmois, seront nouveauaujourdhuidans la rue, Paris et dans plusieursgrandes villes, alors quedes runions deconcertationssontencoursau ministredela Santsurle statutde cesprofession-nelsde lasant.Le collectifdassociations

    et lessyndicats lorigine dumouvementsouhaitentque lessages-femmesexerant lhpitalsortent de la fonctionpubliquehospitalirepour intgrerun statutmdi-calqui leur permettraitdtre plus auto-nomes,sur lemodledes mdecins prati-ciens hospitaliers. Mais aussi que lesfemmespuissentavoir recours leursser-vices pourdes suivis gyncologiques endehors de leurs grossesses.

    ARETOURSURUNEMOBILISATIONDEDEUX MOIS

    Les sages-femmes font lesige

    Leshommesne reprsententaujourdhuique34% du corps enseignant. PHOTO A.JOCARD.AFP

    B onne nouvelle, selonunetudedu ministredu Travail, lesmtierssont unpeuplusmixtesquily a trenteans. Lerapportpu-bli en fin de semaine der-nire est dailleurs titr:Une baissedelasgrgation depuistrente ans. Mauvaisenouvelle, en regardant deplusprs ltude, on remar-quequelvolution reste mi-nime(4% entroisdcennies)et, surtout, que les jeunes,les moins qualifis, ou lestrangers, continuentdoc-cuper desmtierspeumix-tes. En2011,les emplois des jeunes hommes et des jeunes femmes restent ainsi rpartis de manire moins galitaire queceuxde leursans,no-tent lesauteursdu rapport.En cause: lducation etlorientationprofessionnelle,particulirement pour les jeunesenfiliresprofession-nelles, CAP et BEP, forma-t ions de plus en plus

    sgrgationnistes. Certainsmtiersenpleindveloppe-ment, comme les aides domicile,aidesmnagresetassistantesmaternelles,sontainsi occups 97,7% pardesfemmes.Dautresse sontdmixiss. Cestlecasdesagriculteurs,desmanuten-tionnaires,des employsdebanqueetdassurance,maisaussides enseignants. Il y atrenteans, lesfemmesrepr-sentaient 56% du corpsenseignant, contre 66%aujourdhui.Dansles colesprimaires, le taux defmini-sation se monte mme82%.Prsdelamoitidesfemmes seconcentrentdansune dizaine de mtiers (sur86types demtiers rperto-ris). Ce qui nestpas le caschez les hommes, dont lesmtiers sontbeaucoup plusvaris. Mais trspeu dem-tierssont rellementmixtes.Parmiceuxqui ontbeaucoupprogress: lesprofessionnels

    du droit, arts et spectacles,communication et informa-tion. Et plus globalementceuxquirecrutentdesdipl-ms.La ministre des Droits desfemmes,NajatVallaud-Belk-acem, va lancer une sriedinitiatives en 2014 pourlutter contre ces sgrga-tions. Il sagirapar exemple,dans le secteur public, deplans dactionmixit avecdes objectifs chiffrs pour masculiniserles mtiersfmi-ninset viceversa.Etdans lesecteurpriv,de condition-nerlobtention demarchs des objectifs de mixit. Laministreentend se penchersurle secteurde lducation.Ladernirefoisquele dbatavait tlanc, sous NicolasSarkozy, ctaitpour savoirsi laugmentation densei-gnants hommes pourraitpermettre damliorerlautorit. No comment.

    ALICE GRAUD

    Autravail,lamixitnestpasgalepourtousEMPLOILa moitides femmes se concentre sur unedizaine de mtiers, daprs un rapportduministre.

    Leministre de lIntrieur, Manuel Valls, sest invitsamedidans labataillede chiffres qui oppose le PS lUMP Paris propos des effectifsde police. Il a affirm quelacapitale avaitbien perdu1200 policiers entre 2010et 2012,des chiffresbons rappeler, alorsqulpo-que, ladroitetait au pouvoir. ManuelValls a estimquecettebaisseavaitforcment des consquences dans leschiffres de la dlinquance:Avecmoins de policiers on fait moins bien, a-t-ilaffirm loccasion du lancementde la nouvelle zone de scurit prioritaire (ZSP) dansleXXe arrondissement, la troisime Paris. Leministrede lIntrieur et le maire de Paris, Bertrand Delano (PS),ontannoncdbut dcembre larrive de 300policierssupplmentaires dans les commissariats parisiens. Ber-trand Delano avait qualifi cette nouvelle deruptureavec le gouvernement Fillon sous lequelParisa perduprs de 1500policiers entre 2009 et2012.PHOTO AFP

    VALLS PRSENTE LADDITION SURLES EFFECTIFS DE POLICE PARIS

    LESGENS

    6 ansdeprison, cest la peinela plus lourde prononcepar lacour dappel deParisdans laffaire desviolscollectifs Fontenay-sous-Bois commis entre 1999 et 2001 surdeuxjeunes femmes.Sixhommesonttcondamnsetdeux acquitts. En premire instance, le verdict plusclment avaitdclench un toll chez lesassociationsfministes quiavaient parl dunpermis de violer.

    Plusieursmilliers de personnes ontdfil, hier, dans lesrues de Versailles lappelde laManif pour tous pourdnoncerla familiphobie du gouvernement .Selon la police, la manifestation a mobilis environ6000 personnes.Les organisateurs avanaient le chiffrede 30000participants. Lecortge, garni de ballons etdrapeaux bleus et roses, ainsi quede bonnetsroses,sestlancpeuaprs 15h30, derrire unebanderoleportantlinscriptionFamilles attaques = socit en danger .Mme si le gouvernement avance plus ou moins masqu,il y a une attaque systmatique lgard des familles , aaffirm uneporte-parole de la Manif pour tous.La loi Taubira [sur le mariage pour tous, dont lemouve-ment continue demander labrogation, ndlr]a t ll-ment dclencheur, a ditAlbric Dumont,autreporte-parole.Le socle de notre mobilisation reste la famille, au sens large. La familleen France, cest unevaleur plus que partout ailleurs ,alancenamontdudfilValriePcresse, dputeUMPdesYvelines, enprsence dautre lus locaux, dont lesmairesdeVersailles et du Chesnay.

    VERSAILLES, LA MANIF POUR TOUSBOUGE ENCORE

    LHISTOIRE

    Ilnefaut pasprendre touteslesmouchesquivolent pour desides.LaurentFabiushier, suri-Tl,ausujetdes propositionsdurapportsurlintgrationremis ennovembreMatignonetressorti cettefin desemaineparLeFigaro

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    LIBRATION LUNDI16DCEMBRE2013 FRANCEXPRESSO 13

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    14 VOUS FAMILLE & DUCATION

    PATRIARCATFini le patronyme etvive la libert ltat civil.Pourtant, la primaut de la ligne paternelle reste prpondrante.

    Aunomdupreoudelamre

    E t toi, comment tu tap-pelles? Longtempsca-denass, ltat civil selibre de plus en plus. Onpeutpresquefaireceque lonveut avec lesprnomset onpeutchoisir de transmettrelenomde famillede lamre.Le mouvement est gnralen Europe: a bouge de partout, sous limpulsion de lUnioneuropennequi insuffle des politiques dgalit entre lespres et lesmres,notentles sociologues VirginieDes-coutures et Baptiste Coul-mont,quiorganisaientla se-maine dernire lInstitutnationaldtudes dmogra-phiques (Ined) un colloquesurle thme: Noms etpr-noms, tablir lidentit danslempire du choix. Ironi-ques, les chercheurs souli-gnentquecetteapparencedelibertsnouvelles cachetou- jours desenjeuxdedomina-tion. Et,dans cette hirar-chie de lintime,le fmininlemporterarement.Il nyapassi longtemps,un sloganfministeaffirmait:Lepriv estpolitique.Toujoursvrai.Dmonstration.

    Patronyme, matronymeounom de famille?On neparleplus depatro-nyme depuis la loi du4 mars 2002 (entre en vi-gueur en 2005), mais denomdefamille.On aga-lement jetauxoubliettesleschefs de famille et lesnoms de jeune fille. Destermes qui portaient claire-mentlempreinte des marisetdespres.Dans lesusages,cest uneautre affaire. Sou-

    vent insidieuse. 95% desfemmesmariesadoptent lenom de leur poux. Pour-tant, le mariage ne le leurimpose pas. Depuis le 6 fructidor an II, donc depuis la Rvolution, rappelle Ca-mille Masclet, sociologue luniversitde Lausanne,le seul nom lgal reste celui de naissance. Ce sont les pra-tiques administrativesquiont imposce quiest unecoutume et pas du tout une obligation lgale. Dontacte.A chaque fois que le termepatronymerefait surface,uneassociation,le Groupedintrt pour le matro-nyme, tente de faire avan-cerla causede la lignema-ternelle en militant pourlusage de matronyme,rcoltant au passage quel-quesricanements.Pourtantlepatronyme,lui, ne faitrirepersonne.Ledoublenom:cadeauou boulet?En Allemagne, on peuttransmettre le nomdu preouceluide lamre,peuim-porte,du momentquil resteun seul nom larrive. EnFrance, depuis dix ans, onpeut porter le nom de sesdeux parents, dans lordresouhaitpar euxet condi-tion quetouslesenfantsdelafratrie portent le mme. Etdsormais, encasde dsac-cord,cest lordre alphab-tique qui lemporte. La loisur le mariage pour tous aintroduit cette solution:avant,ctait lenomdu prequi, encas de litige, passaitsystmatiquement devant.

    8,5% des enfants inscrits ltatcivil en2012portent undoublenomdefamille,selonlInsee. Mais, dans lcra-sante majorit descas, lenom du pre reste le premier ins-crit, souligneVirginie Des-coutures.AuQubec,la combinaisonpeut varier dun enfant lautre.Les Qubcoisontdurecul surla question: ilspra-tiquent le double nom de-puis1981.Or,quand quatrenoms arrivent en concur-rence lagnrationqui suit,le choix des deux noms retenir repose sur les paules desenfants. Cest parfois in-confortablepoureux,et bles-sant pour les parents dont le nomestcart, exposent lessociologuesLaurence Char-ton et Denyse Lemieux, duCentreurbanisation,cultureet socit de Montral.Poursen sortir, certains proc-dentuntirageausort.25%des enfants qubcois por-taient un double nom danslesannes 2000. Ilsne sontplusque 12%aujourdhui.

    Leprnom deladiscordeEn France,les parentsnontquetrois jourspour dclarerlenometle prnomdunen-fant ltat civil. En Alle-magne, ils disposent dunmois pour choisirle prnom.Tout le monde nessaie pasdeprnommersonfilsLu-cifer, Blanqui, Vercingto-rix comme la fministePaule Mink en 1881. Peineperdue. Mink voulait d-noncerle contrle de lEtat,raconte Carolyn J. Eichner,historienne luniversitdu

    Wisconsin.A lpoque,il fal-lait choisir dans le stock ducalendrier catholique oudes hros de lAntiquit.Laurait-on laisse faireaujourdhui? Sans doute.Depuis 1993, lechoixdu pr-nomestlibre.Cestentre lesparents quetout sejoue.Lesentretiensmens parAgnsPelageetSaraBrachet,deuxsociologues de lenquteElfe(1), fontapparatre quela discussion est rude entrelesparents.Surtoutquandilsveulent donner un prnomunique lenfant. Et quelindustriedu prnomsaitleur coller la pression avecdesguidesquiposentdem-bleunprnompourla vie.Lenjeu semble moindrequand il sagit de donnerplusieurs prnoms. Le codecivildonnedailleursla pos-sibilit un enfant dutilisercelui de son choix dans labrochettechoisie parses pa-rents. Et si rien ne va dansce lot, il peut engager uneprocdure juridique. Maisseules 3000 personnes(pour800000 naissances) fontcette dmarchechaquean-ne.Commequoi,dansune socito loncherche sim- poser soi-mme, constateBaptisteCoulmont, sociolo-gueau Centreculturesetso-citsurbaines,onsaccom-modefinalementduchoixdes parents.

    MARIE-JOLLE GROS(1)Etude longitudinale franaise depuis lenfance,quia commencen 2011etconcernera 20000enfantssurvingt ans.Elle implique deschercheurs de lIned,delInserm, de lInsee,etc.

    Alorsque laloi ne limposepas, 95% des femmes mariesadoptentle nomde leur poux. PHOTO RICAUDRAS.PLAINPICTURE

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    LIBRATION LUNDI16DCEMBRE2013

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    ArbitrageTapie:lerapportquidnonceleslargessesdeWoerth

    Unexpert judiciaire confirmelaristourne de 6189 millions deurosdimpts, rvlepar Libration,sur lindemnitobtenue parlhommedaffairesdans le litigeavecle Crdit lyonnais.

    EricWoerth a bienaccordunnormecadeau fiscalBernard Tapie.LorsqueLi-bration lavait rvl le

    25 octobre, lhomme daffairesstait indign. Nos informationssontpourtant confirmesnoirsurblanc par un rapport judiciaire,ralis le 16 septembre la de-mandedes jugesTournaire,Daeff et Thpot, en charge de lenqutepourescroquerie en bandeorgani-

    se sur larbi-tragequia soldle litigede Tapie

    aveclex-Crdit lyonnais.Ce document, auquel Libration aeuaccs,est signPaulPiot,undesassistants spcialiss (des ex-perts issus delamagistratureou dusecteurpriv)du plefinancier duTGI de Paris. Son rapport indiqueque lUMP Eric Woerth, lorsquiltaitministre duBudget, a bien ac-cord,contre lavis de ladminis-trationfiscale,un coupde pouce Tapie sur les impts payer surles405millions issusde larbitrage.Lexpert prcise que lhommedaffairesa bnfici dunecono-mie dimpts de 61 89 millionsdeurospar rapportaux scnariosdufisc. Deschiffrestrs prochesdelestimationraliseparLibration fin octobre(1).Lexpertapporteun lment nou-veau: Eric Woerth nest pas res-ponsablede la totalitde cetteris-tourne.Selonnoscalculs, ralisssur la base du rapport Piot, le ca-deau accord par le ministre sechiffre entre 50 et 78 millions. Lereste (11 millions) vient de la ma-niredont le liquidateur a rempli ladclaration dimptsdeGBT, lahol-ding en faillite de Tapie. De quoinourrir lenqutepourfraude fis-cale visant lhomme daffaires,ouverte le 13 septembre et gale-ment instruiteparle jugeTournaire.

    BRAS DE FER. Tout commence le7 juillet 2008avecla sentence desarbitres. Tapie touche 45 millionsdeprjudicemoral, netdimpts.Il veut quelindemnit principale(345 millions) soit taxe commeune plus-value ( 1,67%), ce qui

    aboutit moinsde5 millionsdim-pts. Le fisc estime au contrairequil faut appliquerlimptsurlessocits ( 33,33%), soit une fac-ture de 100 millionsdeuros.Aprsunlongbrasdefer,PhilippeParini, alors patron de la DGFIP(ladministrationfiscale),livreson

    verdict Woerth le20 mars 2009.Il luilaissele choixentre deux sc-narios. Soitlapplication strictedudroit(le projet1)etses100mil-lionsdimpts.Soit unetransactionavec Tapie (le projet 2), afindviter quilne conteste la factureen justice. Dans ce cas, limpttombe 72millions. Le patron dufisc joint sa note deux courriersquele ministre doit adresserau li-quidateurde Tapie.Woerthnaplusqu ensigner un.Le2 avril, il choisitleprojet 2, leplusfavorable Tapie.Le problme,cestquil y fait deschangements,sans consulter le fisc. Incompr-hensibles pour le non-initi, cesmodifications techniquessetradui-sent parde trs grosses ristournes

    pour Tapie.Lequelna pay, aufi-nal,que 11,2millionseuros.Par exemple, le ministre Eric Woerth a effacle motnetdupas-sif bancaire. [] Ce coup de pouce valait une rduction dimpt de 24millionsdeuros,indiquele rap-portPiot.MaisWoertha fait,selon

    nos informations,unsecondcadeau:le ministrea auto-risTapie dduireses dficits passsde faon illimi-te, alors que lefisc ne lautorisaitque sur cinq ans.

    Aufinal,le montant dudficit d-clar gnre une rduction dim- pts de 25 millions, note le rap-port.Enfin, le ministre a supprim unpassagedu courrier prcisantqueleprojet 2 taitune transactionamiable,en changedelaquelleTa-piedevait renoncer toutconten-tieux judiciaire.EricWoerthnesu-bordonne pas le tout un tel engagement, et [laisse] entendre quece quil proposeestconforme au droit et au seul droit, dplore lerapport. Par la suite, Tapie adailleurscontesten justice, avecsuccs,certainescrancesfiscalesantrieures la liquidationde sonempire. Perte sche pour lEtat:14,7 millions.

    En plus des ristournes accordesparEric Woerth, lerapport sinter-roge surde possibles irrgularitsdont serait responsable le liqui-dateurdeGBT.Piotpointe notam-ment desproduitsexceptionnelsde85millionsdeurosquinappa-raissent pas avoir t dclars,et qui nont donn lieu aucun impt.

    CHOC.Dire quonnousa faitun ca-deau, cest un purscandale, avaitdmenti Tapie suite nos rvla-tions du 25 octobre. De son ct,Woerth na toujours pas ragi(2).Curieusement, lesmdiasqui lontrcemmentinterview(le Monde,RCJ, i-Tl) nont pas jug utiledelinterroger cesujet.En revan-che, lancienministredu Budgetasuggr, le4 dcembre,unemesurechoc: suspendre durant un antous les contrles fiscaux visantles entreprises! Vu la crise, il fautuneadministrationaidante, et pas uniquement une administration punissante, a-t-ilplaid. Dequoimettre dubaumeau cur duchef dentreprise BernardTapie.MmesiEricWoertha assurquesonmo-ratoirenempcherait nullement lefisc de punir les fraudeurs par la suite.

    (1)De 54 83millions deuros.(2)Sonavocatna pasdonn suitenos demandes.

    ParYANNPHILIPPIN

    Eric Woertha supprim unpassageducourrier dupatrondufiscprcisant queleprojet 2 tait unetransactionamiableEnchange,Tapie devait renoncer toutcontentieuxjudiciaire.

    ENQUTE

    EricWoerth,quand il tait au Budget,a accordun abattement sur les405 millionsdeurostouchspar Tapie. SBASTIENCALVETET JACQUESDEMARTHON.AFP

    Uneinformation judiciairepourfraude fiscale visantTapiea t ouverte enseptembre.La procdurefait suite deuxplaintesdu ministrede lEcono-mie, qui suspecte lhommedaffaires de minorer sesrsultats financiers, touten essayant de rpartirdes fonds ltranger dansdiverses structuresopaques, afindchapperau fisc.

    REPRES

    Je vous invite nepasconfondrelinformationet lachasse lhomme.Jean-YvesLeBorgneavocatdEric Woerth,le25octobre

    89millions deuros,cest lemontant maximal de laristourne fiscale en faveurde Tapie.

    LIBRATION LUNDI16DCEMBRE2013 ECONOMIE 15

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    INTERVIEWJEAN-CYRILSPINETTA,PATRON-PILOTEDUNLABOSOCIALPAGEVIDEMAINDUSOLEILDANSLESTUYAUX PAGEVIII

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    Daccord, Parisnestpas SanFrancisco et sa banlieue

    nest pasla SiliconValley.Mais la capitale compteheureusement quelquesrepres geeks et start-upers: il y a le Numa en

    plein Silicon Sentier,la Gatlyrique quiexpose lesartsnumriques,lappinire ParisNord-Express, le FacLab de Gennevilliers(Hauts-de-Seine), lePetitFablabde Parisouencore lcoleSimplon.co.Autantde lieuxsusceptiblesde porterhaut lescouleursdelaFrance2.0 linternationalSeulementvoil,selon Jean-Louis Missika,adjoint PS au maire de Paris en charge delinnovation,onne sait pasassezque Paris est lundesterritoires numriquesles plusim- portantsdEurope,avec 400000 emplois,que notretissude start-upet dincubateursest plus richequLondresquia surtoutpour luidu ca-

    pital-risqueet du capital investissement.Pourdonnerun coup dacclrateur cetteFrance numrique encore trop discrte, laministre Fleur Pellerin a donc annonc enmars dernierla crationde quartiers num-riques. A Paris,celaprendrait laforme dunlieu tendard : la ministre de lEconomienumrique a rapidement voqu la halleFreyssinet.En province, FleurPellerinparledequinzequartiersnumriquesdansles villes les plusdynamiquesde lHexagone. Ellelesavait vendus, lorigine, comme des ru-

    nions gographiques des start-upers, descoles etde laR&D limagede lafameuseSiliconValley.Maisfinalement, sonplanpr-sent le27novembre nereprendpasce con-ceptde quartiers: il atrebaptis French

    Tech enrfrence laFrenchtouch.Objectif numro1: faire connatre lesforcesfranaisesen matiredinnovation numrique.Sil yabeaucoupde savoir-faireen France, nosentre- preneursontdumal grandirvite.Par ailleurs,un dcalage persiste entre la vivacit des start-upfra