libera -- histoire des théologies chrétiennes dans l'occident médiéval

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Alain de Libera Conférence de M. Alain de Libera In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 104, 1995-1996. 1995. pp. 383-388. Citer ce document / Cite this document : de Libera Alain. Conférence de M. Alain de Libera. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 104, 1995-1996. 1995. pp. 383-388. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ephe_0000-0002_1995_num_108_104_15189

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  • Alain de Libera

    Confrence de M. Alain de LiberaIn: cole pratique des hautes tudes, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 104, 1995-1996. 1995. pp.383-388.

    Citer ce document / Cite this document :

    de Libera Alain. Confrence de M. Alain de Libera. In: cole pratique des hautes tudes, Section des sciences religieuses.Annuaire. Tome 104, 1995-1996. 1995. pp. 383-388.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ephe_0000-0002_1995_num_108_104_15189

  • Histoire des thologies chrtiennes dans l'Occident mdival

    Confrence de M. Alain de Libra Directeur d'tudes

    Aprs les travaux mens en 1994-1995 sur l'interprtation du De anima, III, par Averros (dont on retrouvera la substance dans la traduction du Grand commentaire actuellement sous presse aux ditions GF-Flammarion), le sminaire de 1995/1996 a t consacr au problme des universaux. Trois directions de recherche (venant en complment du livre publi sur La Querelle des universaux) ont t suivies. La premire, faisant suite aux travaux de Ph. Hoffmann {ci. Annuaire, t. 101, 1992- 1993, p. 241-245) et nos propres recherches sur ce thme, a port sur l'origine de la thorie mdivale des trois tats de l'universel. Aux deux intermdiaires que nous avions identifis entre la scolastique noplatonicienne du VIe sicle et celle du xine - savoir : Avicenne, Logica, f 12rA, et Eustrate, In Primum Aristotelis Moralium ad Nicomachum, 1096al0-14 (d. Mercken, p. 69, 4-70, 14) - nous avons pu ajouter l'important tmoignage de Simplicius, In Praedicamenta Aristotelis, d. A. Pattin, p. 110, 3-111, 14, dont nous avons montr, toutefois, qu'il n'avait pas jou le rle de premier plan qui avait t celui d'Avicenne. Revenant sur le texte d'Eustrate, nous avons ensuite propos une source pour la doctrine mrologique de l'universel comme tout, attribue par le philosophe byzantin aux platoniciens : Proclus. De fait, la distinction entre les trois sortes de touts mentionne par Eustrate est labore en dtails par Proclus dans les propositions 66-69 des lments de thologie. La distinction elle-mme figure en toutes lettres dans la proposition 67 : tant entendu que, considrs les uns par rapport aux autres, les tres sont ou bien des touts ou bien des parties (prop. 66), Proclus pose que toute totalit est ou bien antrieure ses parties, ou bien compose de parties, ou bien immanente une partie . La version latine de Guillaume de Moerbeke dit : Omnis totalitas aut ante partes est aut ex partibus aut in parte. Comme l'explique le commentaire de la proposition 67, le tout antrieur ses parties est h forme d'une pluralit d'tres, prexistant dans sa cause ; le tout compos de parties est la forme prise dans l'ensemble simultan de ses parties , i.e. le tout dans sa subsistance propre ; le tout immanent la partie est la forme saisie en chacune de ses parties

    Annuaire EPHE, Section sciences religieuses, 1. 104 (1995-1996)

  • 384 Histoire des thologies chrtiennes dans l'Occident mdival

    devenue elle-mme tout par la participation au tout qui fait d'elle un tout partiel - d'un mot : le tout particip. C'est cette tripartition qui, superpose la thorie des trois tats de l'universel, donne la curieuse division d'Eustrate, o le concept abstrait d'Aristote prend la place du tout particip selon Proclus.

    Concernant la reprise mdivale de la distinction, second axe du travail de 1995/1996, on a d'abord examin les premires lecturae du Liber de causis, o la notion du triple universel joue un rle central. On a spcialement insist sur le statut de l'universel ante rem dans le modle manatiste pripatticien mis en uvre dans cette littrature et prcis son arrire-plan doctrinal: les propositions 9[10] et 10[ll] du Liber ( Toute intelligence est pleine de formes, Omnis intelligentia plena est formis et Toute intelligence pense les choses perptuelles, elles qui ne sont pas dtruites et ne tombent pas sous le temps, Omnis intelligentia intelligit res sempiternas quae non destruuntur neque cadunt sub tempore ) et leur source : la proposition 177 des lments de thologie de Proclus. Cette analyse a permis d'tudier ensuite les doctrines de Roger Bacon et celles d'Albert le Grand. L'tude des questions de Bacon sur la Mtaphysique d'Aristote consacres l' opinion des platoniciens, partisans des Ides a t l'occasion de prsenter certaines caractristiques de l'interprtation mdivale de Platon et d'expliquer les divers modles utiliss par les auteurs du dbut du XIIIe sicle pour distinguer l'Ide platonicienne de l'universel ante rem pripatticien . L'examen de l'exgse albertinienne du questionnaire de Porphyre a servi dgager une loi gnrale de l'interprtation pripatticienne mdivale de VIsagoge, partage par les lecturae du Livre des causes et Bacon : dans cette lecture de Porphyre, l'expression in solis nudis purisque intellectibus est prise comme renvoyant aux intellects purs et nus (= les Intelligences spares selon le Liber), et non, directement, l'me humaine. La Cause Premire, les mes et les intellects connaissent per formas exemplares sive per ydeas. La diffrence entre intellect et Cause premire est que, chez cette dernire, c'est son essence mme qui est l'exemplaire de tout ce qui est. Tel que le conoit Bacon, l'intellect, en revanche, connat grce des species concreatae, distinctes de sa propre substance ou essence, et infuses en lui par la Cause premire au premier instant de sa cration. Chez le pseudo-Adam de Bocfeld, qui suit la mme ligne interprtative que Bacon, les species innes (formae exemplares innatae) rsident dans les intellects spars avant de se trouver dans les mes. La Cause premire est dfinie comme Yexemplar nonfactum nec elaboratum ; Y exemplar factum, sed non labort um tant la cause exemplaire de toute la ralit, qui se trouve dans l'Intellect sans concider avec sa substance , et V exemplar factum et elaboratum, tant celui qui se trouve dans l'me - la seule diffrence entre les formes innes prsentes dans l'Intellect et celles qui sont dans l'me tant qu'elles sont parfaitement distinctes dans l'Intellect, et confuses dans l'me. Par rapport l'univers notique du Liber, les auteurs du XIIIe sicle oprent, toutefois, un changement capital : l'me qui, selon eux, contient les

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    exemplaria des choses sensibles, n'est pas l'me noble mais l'me humaine - un glissement, favoris par l'quivoque du mot anima.

    Aprs les travaux sur la notion du triple universel, le reste des sances a t consacr une enqute sur la signification du verbe huphistasthai employ par Porphyre dans la formulation initiale du problme des universaux : les universaux subsistent-ils ou consistent-ils en de simples concepts ? . Ce dernier ensemble de recherches a tent de montrer que derrire la notion de subsistance se trouvaient deux notions que la tradition ultrieure, notamment mdivale, avait distingues soigneusement : la substance et l' existence . On a ainsi pu examiner les deux lignes d'interprtation distinctes suivies par l'exgse du questionnaire porphyrien et les changements de sens qu'elle y induisait. Prise dans l'horizon de l'assimilation subsistance/ substance, la question de Porphyre est de savoir si les genres et les espces sont de vraies substances, s'ils sont effectivement prsents en hypostase ou ne subsistent qu' la faveur d'un simple projet de pense (selon la traduction de J.-F. Courtine). Si l'on a l'esprit que les genres et les espces sont, chez Aristote, dfinis comme des ousiai dliterai (= substances secondes), on voit comment, dans la ligature subsistance/substance, s'effectue, chez Porphyre, un des accompagnements majeurs de l'entre de Y ousia dans le registre de la substance et de la substanti alit, que la transposition romaine de Vousia en substantiel n'aura plus qu' durcir. Prise dans l'horizon de l'existence, la question renvoie, en revanche, une autre coupure, celle de l'existence relle par opposition ce que Brentano appellera l'in-existence ou inhrence mentale . C'est elle que l'on entend dans la deuxime Recherche logique, lorsque Husserl dfinit les deux interprtations errones qui ont domin l'volution des thories concernant les objets gnraux : l' hypostase mtaphysique du gnral ( le fait d'admettre une existence relle de l'espce hors de la pense ) et l' hypostase psychologique du gnral ( le fait d'admettre une existence relle de l'espce dans la pense ). Cette dernire interprtation est conforme la lecture que l'exgse mdivale a, en gnral, donn de la problmatique. Pour illustrer cette distinction on a tudi un certain nombre de textes de Roger Bacon (spec. les Quaesliones supra tertium prime philosophie, d. R. Steele, Opra hactenus inedita Rogeri Baconi, fasc. XI, Oxford, The Clarendon Press) sur le mode d'existence des universaux, consacrs au mode d'tre des fictions comme le Bouc-Cerf, le Centaure, la Chimre ou la Montagne d'Or (Bacon classant ces entits parmi les universaux). Cette enqute a permis de marquer la diffrence entre le questionnement mdival et le questionnement moderne sur les objets fictifs, les particuliers non existants et les objets impossibles, et de confronter les vues mdivales avec celles d'Alexius von Meinong sur la subsistance, l'existence et le statut des objets apatrides ( extrieurs l'tre ).

    Prenant comme fil conducteur la notion meinongienne d'extriorit l'tre on a ensuite compar le questionnaire de Porphyre sur les universaux et celui de Proclus sur le mal en confrontant le texte latin du De subsistentia malorum et sa traduction franaise ( Ce qu'il faut premire-

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    ment examiner, c'est si le mal est ou non ; et, dans l'affirmative, s'il est dans les intelligibles ou non ; et s'il est seulement dans les sensibles, si c'est selon une cause principale ou non ; et si non, s'il faut lui attribuer quelque substance ou s'il faut tenir son tre pour totalement insubstantiel ; et dans le premier cas, comment il existe si le principe est autre et d'o il tire son origine et jusqu'o il procde ) la version grecque d'Isaac Comnne le Sebastokrator. Dans ce contexte, on a t amen rexaminer la signification du grec parhupostasis et les diverses traductions qui en ont t proposes - qui existe paralllement , qui a une existence parallle , existence piphnomnale (Festugire), fausse existence (Gandillac), pseudo-existence (Saffrey-Westcrink), by- product , to subsist parallel to (O'Neill), etc.

    Les 7, 14, 21 et 28 mai de 9h 1 lh, MM. Francis Cheneval et Thomas Ricklin, de l'universit de Fribourg (Suisse), nous ont fait l'honneur de prsenter quatre confrences sur l'Interprtation du Banquet (Convivio) de Dante Alighieri.

    Auditeurs, tudiants, lves assidus : Fadla Alilat, Jean-Pascal Anfray, Gwenalle Aubry, Charles Baladier, Rmy Balleur, Jacques Beaugrand, , Magali Bessone, Olivier Boulnois, Christine Brousseau, Irne Caiazzo, Annick Canival, Georges Chepelev (Collge Franais de l'universit de Moscou), Ricardo Chiaradonna (Rome), Ccile Dubois, Guillaume Dye, Emmanuel Falque, Pascale Farago-Bermon, Laurence Figa-Talamanca (Rome, Erasmus), Claude Garoche, Marc Geoffroy, Nelson Gonzalez-Cortes, Ccile Imbert, Eric Joly, Zenon Kaluza (CNRS), Pawcl Krupa, Juliane Lay, Manuel Pulido Lazaro, Max Lejbowicz, Francesca Manno (Rome, Erasmus), Kristina Mitalaite (Vilnius), Peter Molnar, Patrice Mondot, Micheline Montot, Maria de Nazelle, Anne- Hlne Nicolas, Valentin Omelyantchik (Kiev), Kim Sung Ong Van Cong, P.M. Palaiologou (Universit d'Ionie), Agns Panossian, Blas Pinero Martinez (Barcelone, Erasmus), Luiz Felipe Ponde, (Sao Paulo), Josine Postic, Krzysztof Protz, Laurence Renault, Irne Rosier (CNRS), Michel Rouge, Hye Young Tcho, Dominique Turb, Jeanine Walter, Holger Wille (Bochum, Erasmus).

    Ont assist une partie des confrences : Hlne Aimard Petit, S. Al- Kindy, Juliette Bantos, Farrad Bekkaoui, Jol Biard (CNRS), Alain Bourcau (EHESS), Georgia Brouma, Francis Cheneval (Fribourg), Catherine Chomette, Emily Cottrell, Batrice Decossas, Emmanuel Faye (Tours), Riccardo Fedriga (Milan), Wolf Feuermann, Russ Friedmann (Univcrsity of Iowa), Jess Garon, Bernd Goebel, Jean-Louis Jamot- Collet, Michel Lerner (CNRS), Pierre Liquori, Cyrille Michon (Paris IV), Isabelle Pantin, Marco Pasi, Thomas Ricklin (Fribourg), Alain-Philippe Segonds (CNRS), Antonino Tin (Catane), Marie-Anne Vannier (Strasbourg), Anca Vassiliu, BoulosWakim.

  • Alain de Libra 387

    Publications du directeur d'tudes

    La Mystique rhnane. D'Albert le Grand Matre Eckhart (Point Sagesses, 68), Paris, d. du Seuil, 1994.

    Srnit et dtachement chez Matre Eckhart , in Ch. Gagnebin, D. Schulthess, G. Seel, d., Le dpassement de soi dans la pense philosophique. Actes du colloque des 19 et 20 octobre 1990 pour les soixante -dix ans de Femand Brunner, Neuchtel, La Baconnire, 1994, p. 27-53.

    Mystique et philosophie : Matre Eckhart , in E. Zum Brunn, d., Voici Matre Eckhart, Grenoble, Jrme Millon, 1994, p. 319-340.

    Toute-puissance et thodice : Albert le Grand suivi de Albert le Grand, Commentaire du premier livre des Sentences, distinction 44, [trad. du latin], in O. Boulnois, d., La puissance et son ombre, Paris, Aubier, 1994, p. 141-168.

    Thomas d'Aquin. Contre Averros. L'unit de l'intellect contre les averrostes suivi des Textes contre Averros antrieurs 1270. Traduction, introduction, bibliographie, chronologie, notes et index, (GF, 713), Paris, Garnier-Flammarion, 1994 [398 p.]

    Averrosme thique et philosophie mystique. De la flicit intellectuelle la vie bienheureuse , in L. Bianchi, d., Filosofia e teologia nel Trecento. Studi in ricordo di Eugenio Randi, (Fdration Internationale des Instituts d'tudes Mdivales, Textes et tudes du Moyen Age, 1), Louvain-La-Neuve, 1994, p. 33-56.

    Existe-t-il une notique averroste ? Note sur la rception latine d'Averros au XIIIe sicle , in F. Niewhner & L. Sturlese, d., Averroismus im Mittelalter und in der Renaissance, Zurich, Spur Verlag, 1994, p. 51-80.

    Albert le Grand et la mystique allemande , in M. J.F.M. Hoenen, J.H. J. Schneider & G. Wieland, d., Philosophy and Learning. Universities in the Middle Ages, (Education and Society in the Middle Ages and Renaissance, 6), Leiden-New York-Kln, E.J. Brill, 1995, p. 29-42.

    Introduction in M. J.F.M. Hoenen & A. de Libra, d., Albertus Magnus und der Albertismus. Deutsche philo sophische Kultur des Mittelalters, (Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittclalters, XLVni), Leiden-New York-Kln, E.J. Brill, 1995, p. 9-14.

    Une figure emblmatique de l'hritage oubli , in Th. Fabre, d., L'hritage andalou, (Penser la Mditerrane des deux rives), La Tour d'Aigus, d. de l'Aube, 1995, p. 13-28.

    Averros, le trouble-fte , Alliage, 24-25 (1995), p. 60-69. L'identit du Dieu unique selon Matre Eckhart , in L'identit du

    Dieu unique du Christianisme et de l'Islam, Actes du colloque tenu en Sorbonnc le 13 mai 1995, (Cahiers de l'Institut des Hautes tudes Islamiques), septembre/dcembre 1995, p. 57-67.

    Sermo mysticus. La transposition du vocabulaire scolastique dans la mystique allemande du XIVe sicle, Rue Descartes, 14 (1995), p. 41-73.

  • 388 Histoire des thologies chrtiennes dans l'Occident mdival

    Le troisime pouvoir. Les intellectuels scolastiques et la politique , in B. Carlos Bazn, E. Andujar, L. G. Sbrocchi, d., Les philoso- phies morales et politiques au Moyen Age, Actes du IXe Congrs international de Philosophie mdivale, Ottawa, 17-22 aot 1992, (Publications du Laboratoire de la pense ancienne et mdivale, Universit d'Ottawa, I, 1), New York-Ottawa-Toronto, Legas, 1995, p. 241-266.

    La querelle des universaux. De Platon la fin du Moyen Age, (Des Travaux), Paris, d. du Seuil, 1996 [512 pages],

    L'Un ou la Trinit ? Sur un aspect trop connu de la thologie eckhartienne , Revue des sciences religieuses, 70 /l (1996), p. 31-47.

    La philosophie andalouse ou le rgime des solitaires , Le cheval de Troie, 13(1996), p. 71-79.

    Matre Eckhart. Le grain de snev, (Collection Ivoire), Paris, Arfuyen, 1996 [80 p.].

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