l'histoire
DESCRIPTION
L'histoire-réalité met en jeu la collectivité des hommes et donc des CULTURES aussi bien que des individus. Les deux questions philosophiques fondamentales sont de savoir : 1) Si l'histoire constitue un processus cohérent et orienté, si elle répond à des lois et tend vers une fin, si donc elle possède un SENS ; 2) Quelle place tient l'homme (individuellement et collectivement) dans un tel processus (c'est-à-dire : fait-il l'histoire ou est-ce l'histoire qui le fait ?). Dans cette perspective, on s'interroge non seulement sur le rôle de la RAISON et de la VOLONTÉ, mais aussi sur celui des PASSIONS et de la VIOLENCE.TRANSCRIPT
L’HISTOIREFormateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à
l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013
L’HISTOIRE
histoire vient du grec historia, qui signifie d’abord enquête, recherche, information, puis
récit, enfin histoire.
En français, le mot histoire a deux sens principaux :
1. L’histoire-réalité : l’ensemble des événements passés, présents ou à venir.
2. L’histoire-connaissance : la « science » ou du moins l’étude de l’histoire-réalité, l’effort
pour savoir et expliquer ce qui a vraiment eu lieu dans le passé.
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1
Etymologie
L’HISTOIREL’histoire-réalité met en jeu la collectivité des
hommes et donc des CULTURES aussi bien que des individus. Les deux questions philosophiques
fondamentales sont de savoir :
1. Si l’histoire constitue un processus cohérent et orienté, si elle répond à des lois et tend vers une
fin, si donc elle possède un SENS ;
2. Quelle place tient l’homme (individuellement et collectivement) dans un tel processus (c’est-à-
dire : fait-il l’histoire ou est-ce l’histoire qui le fait ?).
Dans cette perspective, on s’interroge non seulement sur le rôle de la RAISON et de la
VOLONTE, mais aussi sur celui des PASSIONS et de la VIOLENCE.
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EtymologieDéfinitions
L’HISTOIRE
Peut-on parler de « tournants de l’histoire » ?
Collection Philosophique
3
EtymologieDéfinitionsQuestion
Au sens figuré, celui qui nous intéresse ici, « tournant » signifie « moment où ce qui
évolue change de direction » (Petit Robert).
Parler de « tournants » de l’histoire, c’est donc poser la question d’un sens de
l’histoire, puisque la définition de « tournant » enveloppe l’idée de direction.
L’HISTOIREPeut-on parler de « tournants de
l’histoire » ?
Collection Philosophique
4
EtymologieDéfinitionsQuestion
Par ailleurs on nous demande si l’on peut et non si l’on doit parler de tournants de l’histoire
:On pourra donc soit tenter de démontrer que
l’histoire a ou n’a pas de sens, et, selon la conclusion adoptée, qu’elle connaît ou non des « tournants » ; soit considérer, comme nous le
ferons ici dans ce cours, que cette démonstration est impossible, et donc
chercher à quelles conditions on peut parler sans contradiction logique de tournants de
l’histoire, c’est-à-dire quelle (s) conception (s) de l’histoire implique le fait de parler de
« tournants ».
L’HISTOIRE
Le problème philosophique fondamental posé par l’histoire est de savoir si elle a
un sens et une cohérence, si elle s’avance vers une fin, un but, ou si elle
n’est qu’une suite incohérente et absurde d’événements.
Et c’est bien, en dernière analyse, ce problème qui se pose quand on demande si l’on peut parler de
« tournants de l’histoire ».
Collection Philosophique
5
EtymologieDéfinitionsQuestion
Introduction
L’HISTOIRE
Car dire qu’il y a « tournants », c’est dire qu’il y a changements de direction,
donc que l’histoire est, même temporairement, même
provisoirement, orientée, donc qu’elle possède, au moins à un moment
donné, un certain sens.
Collection Philosophique
6
EtymologieDéfinitionsQuestion
Introduction
L’HISTOIREToutefois, ainsi que le rappelait Sartre, la
question, si importante pour l’homme puisqu’elle gouverne dans une large
mesure son engagement dans le monde, de savoir si l’histoire a un sens, non
seulement n’est pas résolue, mais encore « est peut-être insoluble,
puisque toutes les réponses qu’on y fait (y compris la réponse de l’idéalisme :
« l’histoire de l’Egypte est l’histoire de l’égyptologie ») sont elles-mêmes
historiques »
(L’Être et le Néant, p. 629)Collection Philosophique
7
EtymologieDéfinitionsQuestion
Introduction
L’HISTOIREDans ces conditions, il convient de nous
demander non pas s’il est légitime du point de vue des faits de parler de tournants de l’histoire, mais quelles interprétations des
faits, quelles lectures de l’histoire implique le fait de parler de « tournants ».
Peut-il en effet réellement exister des tournants de l’histoire si l’on considère que celle-ci se
réduit à un chaos d’événements ? à une simple succession de faits, de changements
dépourvus de liens entre eux, sans rationalité, dus au seul hasard ?
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8
EtymologieDéfinitionsQuestion
Introduction
L’HISTOIREPour qu’il y ait « tournants » de l’histoire, il
faut d’abord que l’on pose une histoire.
Mais peut-il également exister de tels tournants si l’on avance que l’histoire
possède une fin préétablie ?
On voit bien que parler de « tournants de l’histoire » c’est nécessairement sous-
entendre par là-même une certaine conception de l’histoire.
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9
EtymologieDéfinitionsQuestion
Introduction
L’HISTOIRE
Nous examinerons donc quelles sont les diverses conceptions possibles de l’histoire et lesquelles autorisent à
parler de « tournants ».
Collection Philosophique
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EtymologieDéfinitionsQuestion
Introduction
L’HISTOIREa) L’histoire comme « moïra »
L’homme contemple les événements passés qui forment une suite douloureuse de guerres, de massacres, d’empires qui
s’élèvent pour disparaître bientôt.
Ces événements qui lui apparaissent aussi injustifiés qu’inévitables, il pourra les
attribuer au destin compris comme une force aveugle et funeste,
incompréhensible et irrationnelle, aux arrêts irrévocables.
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EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fataliste
L’HISTOIREa) L’histoire comme « moïra »
C’est la Moïra des Grecs, la « Fille de la nuit » d’Hésiode. De là un sentiment
tragique de l’histoire, puisque l’homme ne peut que s’élever contre l’absurdité
et l’injustice d’un tel destin, tout en sachant qu’il ne saurait y échapper,
que sa révolte sera inutile, que sa cause est juste et qu’il sera pourtant
vaincu.
Collection Philosophique
12
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fataliste
L’HISTOIREa) L’histoire comme « moïra »
Si l’on partage une telle conception, on voit mal en quel sens l’on pourrait parler de véritables tournants de
l’histoire : ses prétendus tournants ne sont en réalité que des sinuosités qui mènent, malgré
d’apparents changements de direction, vers la fin préfixée et inéluctable :
Les illusoires « tournants » de la guerre de Troie, par exemple, où chaque fois la victoire semble changer
de camp, ne sont des tournants que pour les protagonistes, semblables à des acteurs qui
ignoreraient le dénouement de la pièce qu’ils jouent, de simples ruses d’auteur pour soutenir
l’attention des spectateurs ; mais la pièce et son dénouement sont déjà entièrement écrits.
Collection Philosophique
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EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fataliste
L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »
Si je vois dans l’histoire un destin conçu comme moïra, c’est que je cherche, et
échoue, à expliquer dans une perspective morale les faits historiques :
L’histoire n’a, d’un point de vue éthique, aucun sens. Mais je peux quitter cette optique et considérer les phénomènes historiques du seul point de vue de la
causalité :
Tout événement doit avoir une ou plusieurs causes dont il est l’effet.
Collection Philosophique
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EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fataliste
L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »
L’histoire sera alors saisie, ainsi que chez les stoïciens, comme un destin qui n’est plus
moïra mais eïmarmenê :
Le destin est un ordre, un enchaînement de causes, une loi résultant de la nature des
choses, de l’ordonnancement même du cosmos ; il est, selon les termes de
Chrysippe, « une disposition du tout depuis l’éternité, de chaque chose, suivant et
accompagnant chaque autre chose, disposition qui est inviolable », disposition donc à laquelle
les hommes ne peuvent pas échapper.Collection
Philosophique15
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fataliste
L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »
Certes, une telle conception du destin m’appelle à « me complaire à ce qui arrive » ; l’histoire,
en même temps qu’elle n’humilie plus les hommes, perd toute dimension tragique.
Cependant, en même temps que j’abandonne toute velléité de modifier le cours des
choses, d’y échapper, en reconnaissant la puissance du destin, je renonce à donner une
finalité à l’histoire des hommes autre que la production même de cet ordre avec lequel se
confond le destin.
Collection Philosophique
16
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fataliste
L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »
Ce dernier est à lui-même sa propre fin et, immuable, il ne peut que se reproduire
éternellement.
C’est pourquoi les stoïciens soutenaient l’idée d’un éternel retour et d’une périodique « conflagration », fin d’une histoire qui
s’ouvre sur son propre recommencement.
Dans ces conditions, voir dans l’histoire un destin, eïmarmenê, c’est nier au fond que
l’histoire existe, et qu’elle puisse donc connaître de réels « tournants ».
Collection Philosophique
17
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fataliste
L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »
tous ses tournants ne sont que le cours normal et nécessaire des choses et
jamais ce cours ne change de direction.
Collection Philosophique
18
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fataliste
L’HISTOIREa) Du destin à la Providence
Je ne puis donc, sous peine de la nier, considérer l’histoire comme un destin
qui ne serait qu’un pur « nœud de causes ».
Il faut que j’attribue à ce destin une finalité, un but en vue duquel il
ordonne l’histoire en lui conférant du même coup un sens.
Collection Philosophique
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EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologique
L’HISTOIREa) Du destin à la Providence
Cette fin de l’histoire constitue alors un ordre à venir, qui remplacera de
manière irréversible l’ordre présent du monde humain et, par conséquent, du
cosmos tout entier, ce dernier se trouvant d’ailleurs modifié au fur et à mesure de l’avancement de l’histoire.
Collection Philosophique
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EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologique
L’HISTOIREa) Du destin à la Providence
Cette conception téléologique me fait saisir le destin non plus comme eïmarmenê, mais
comme pronoïa, comme providence, expression d’une intelligence supérieure.
Telle est l’appréhension chrétienne de l’histoire qui voit cette fin dans l’établissement de
l’Eglise universelle (cf. Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, 3e partie) ou de
la Jérusalem céleste (cf. saint Augustin, La Cité de Dieu, Livres XV-XIX), état de paix
parfaite où les hommes seront unis pour jouir de Dieu.
Collection Philosophique
21
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologique
L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire
La Providence – et c’est ce qui instaure l’histoire en tant que telle – ne meut donc plus des individus
atomisés, comme le faisait le destin, mais oriente l’humanité saisie comme une totalité.
C’est ce qui ressort des paroles de saint Augustin, par exemple, lorsqu’il écrit que « la Providence
divine, qui conduit admirablement toutes choses, gouverne la suite des générations humaines
depuis Adam jusqu’à la fin des siècles comme un seul homme qui, depuis l’enfance à la vieillesse,
poursuit sa carrière dans le temps en passant par tous les âges »
(De quaestionibus 83, question 58).Collection Philosophique
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EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologique
L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire
Aussi a-t-on pu dire que « dans la pensée occidentale, le sens de l’histoire dérive du christianisme qui fait de chaque existence
une aventure solitaire où se joue le salut d’une âme, de l’humanité tout entière une
destinée une par sa vocation, entre la chute et la rédemption. Sécularisée dans l’idée de
progrès, cette philosophie n’en maintenait pas moins la double unité dont dépend
l’existence de l’histoire, celle des hommes et de leur avenir »
(Raymond Aron).Collection
Philosophique23
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologique
L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire
A cette Providence qui mènerait l’histoire, les hommes peuvent-ils échapper ?
L’histoire peut-elle connaître des tournants qui la détournerait de sa fin
initialement prévue ?
Collection Philosophique
24
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologique
L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire
Si dans la conception théologique de l’histoire la notion de Providence a été
substituée à celle de destin, c’est assurément avant tout afin de sauver
la liberté des hommes :
Dieu gouvernerait l’histoire sans la déterminer absolument. Mais comment
concilier la volonté et la prescience divines, manifestées par les
prophéties, avec la liberté humaine ?Collection
Philosophique25
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologique
L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire
On voit dès lors que si l’on peut parler de « tournants de l’histoire », il ne peut s’agir,
encore une fois, de changements effectifs et définitifs de direction :
De tels tournants ne peuvent qu’être soit des changements provisoires, marques de la
liberté des hommes en tant qu’ils se détournent de Dieu ou s’opposent à sa volonté, soit des étapes essentielles de
cette marche commune de l’humanité vers sa fin prévue par Dieu.
Collection Philosophique
26
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologique
L’HISTOIREa) Connexion externe et connexion interne
Le recours à la Providence permet toujours, certes, de « découvrir » après coup dans le
chaos des événements un sens et une cohérence susceptibles d’en faire une
histoire. Mais, notait Hegel à propos de cette doctrine chrétienne de la Providence, « son objet est la Fin ultime, en soi et pour
soi absolument universelle. La religion ne va pas plus loin que cette représentation
générale et se contente de sa généralité »
(La Raison dans l’Histoire, coll. 10-18, p. 66).Collection
Philosophique27
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
Hegel
L’HISTOIREa) Connexion externe et connexion
interne
De fait, le postulat d’une Providence ne me permet de poser qu’une connexion globale des événements, puisque cette
connexion leur est extérieure.
Il ne me permet pas de comprendre l’enchaînement même des événements
dans leurs connexions particulières.
Collection Philosophique
28
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
Hegel
L’HISTOIREa) Connexion externe et connexion
interne
Si bien que l’histoire continue de m’apparaître comme un chaos :
La fin de l’histoire, c’est-à-dire le dessein de la Providence, m’est intelligible, non
l’histoire elle-même dans son déroulement réel, ce qui revient encore
à dire que d’une certaine manière l’histoire n’existe pas.
Collection Philosophique
29
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
Hegel
L’HISTOIREb) L’histoire comme réalisation de
l’Esprit
Il convient donc, selon Hegel, de dépasser la Providence appréhendée comme
connexion externe et d’affirmer l’existence d’une connexion interne des événements.
Car, en dernière analyse, observe Hegel, la foi en la Providence, « c’est la foi en ceci :
l’histoire est le produit de la Raison éternelle et la Raison a déterminé ses
grandes révolutions »
(id.)Collection Philosophique
30
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
Hegel
L’HISTOIREb) L’histoire comme réalisation de l’Esprit
C’est en soutenant cette connexion interne du processus historique et en tentant d’en dégager
la logique propre, la dialectique, que Hegel fonde véritablement l’histoire.
« Pour la première fois, observait Friedrich Engels, la totalité du monde naturel, historique et
spirituel est représentée comme un processus, c’est-à-dire comme comprise dans un
mouvement, un changement, une transformation et un développement incessants,
et la tentative est faite de démontrer la connexion interne dans ce mouvement et dans
ce développement. » Collection Philosophique
31
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
Hegel
L’HISTOIREb) L’histoire comme réalisation de
l’Esprit
Cependant, en faisant de ce processus une manifestation du processus de
réalisation de l’Universel, de l’Esprit, c’est-à-dire de « la marche graduelle par laquelle il parvient à sa vérité et
prend conscience de soi », Hegel admet que c’est cet Esprit qui mène
l’homme et le monde.
Collection Philosophique
32
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
Hegel
L’HISTOIREb) L’histoire comme réalisation de l’Esprit
Les hommes ne sont que les instruments et les moyens de cette réalisation.
Les hommes ne peuvent véritablement faire l’histoire, ils ne peuvent que la penser :
Si l’histoire a un sens, si son déroulement est intégralement intelligible, elle reste
toutefois bien pour eux un destin auquel ils ne peuvent échapper, et les « tournants »
de l’histoire ne sont que les moments d’un développement dialectique nécessaire qui
les dépassent.Collection
Philosophique33
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
Hegel
L’HISTOIREa) Critique de Hegel
Je puis toutefois soutenir avec Hegel l’existence d’une connexion interne
dans le processus que constitue l’histoire tout en refusant d’identifier ce processus à une réalisation de l’Esprit,
en refusant en d’autres termes de saisir le réel comme le résultat de cette
réalisation.
Collection Philosophique
34
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIREa) Critique de Hegel
C’est ce que fit Marx, qui écrivait :
« Pour Hegel, le processus de la pensée, qu’il transforme même, sous le nom
d’idée, en un sujet indépendant, est le démiurge de la réalité, qui ne constitue
plus que son apparence extérieure. Pour moi, inversement, l’idéal n’est
rien d’autre que le matériel traduit et transposé dans la tête humaine. »
Collection Philosophique
35
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en
étant des produits de l’histoire
Dans ces conditions, pour Marx, l’histoire n’est pas un processus extérieur, ni
une suite d’événements imprévisibles survenant à une essence prédéfinie :
L’homme, comme le voulait un Bossuet, mais elle entraîne une diversité de
circonstances produisant une diversité d’hommes.
Collection Philosophique
36
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en
étant des produits de l’histoire
Il faut en effet ici souligner que selon Marx, il n’existe pas de nature humaine
immuable et prédéfinie :
« L’essence de l’homme, note-t-il, n’est pas une abstraction inhérente à
l’individu isolé. Dans sa réalité, elle est l’ensemble des rapports sociaux »
(VIe thèse sur Feuerbach).
Collection Philosophique
37
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en
étant des produits de l’histoire
Ce sont donc l’ensemble des conditions socio-historiques qui font l’homme.
Mais si « les hommes sont des produits des circonstances », il convient de ne
pas non plus oublier que « ce sont précisément les hommes qui
transforment les circonstances »
(IIIe thèse).
Collection Philosophique
38
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en
étant des produits de l’histoire
Si les hommes dépendent de l’histoire, il ne lui sont plus intégralement soumis :
« Ce n’est pas, soyez-en certains, nous dit Marx, l’histoire qui se sert de l’homme
comme moyen pour réaliser – comme si elle était une personne à part – ses fins à elle : elle n’est que l’activité de l’homme
qui poursuit ses fins à lui »
(Marx: La Sainte Famille, Ed. Sociales, p. 116).
Collection Philosophique
39
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en
étant des produits de l’histoire
Ainsi peut-on adopter l’idée que les hommes font l’histoire tout en étant
des produits de l’histoire.
Telle est bien l’interprétation que Sartre fait de l’analyse marxiste.
Collection Philosophique
40
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en étant des
produits de l’histoire
« J’ai dit, explique Sartre, que nous acceptions sans réserves les thèses exposées par Engels dans sa lettre à Marx :
« les hommes font leur histoire eux-mêmes mais dans un milieu donné qui les conditionne », toutefois ce texte
n’est pas des plus clairs et il reste susceptible de nombreuses interprétations. Comment faut-il entendre en effet que l’homme fait l’histoire, si par ailleurs, c’est
l’histoire qui le fait […] Si l’on veut donner toute sa complexité à la pensée marxiste il faudrait dire […] : les
hommes font leur histoire sur la base de conditions réelles antérieures, mais ce sont eux qui la font et non
les conditions antérieures : autrement ils seraient les simples véhicules de forces inhumaines qui régiraient à
travers eux le monde social »
(Sartre : Critique de la raison dialectique, « Questions de méthode »).
Collection Philosophique
41
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en
étant des produits de l’histoire
Selon cette conception, l’histoire reste donc ouverte tout en ayant un sens,
une direction, mais non une fin déterminée, et, étant ce que les
hommes la font, elle peut connaître de véritables tournants, de véritables
changements de direction.
Collection Philosophique
42
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
L’HISTOIRE
On ne peut guère parler de tournants de l’histoire que si l’on conçoit l’histoire
comme un processus doué d’une connexion interne et orienté, mais dont
la fin n’est pas rigoureusement prédéterminée parce que ce processus
dépendrait en partie de la liberté des hommes – ce qui demeure
indémontrable.
Collection Philosophique
43
EtymologieDéfinitionsQuestion
IntroductionConception
fatalisteConception théologiqueConception
métaphysique :
HegelConception
matérialiste : Marx
Conclusion
L’HISTOIREFormateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à
l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013
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