l'histoire

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L’HISTOIRE Formateur : Yves LIOGIER Collection Philosophique Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013

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L'histoire-réalité met en jeu la collectivité des hommes et donc des CULTURES aussi bien que des individus. Les deux questions philosophiques fondamentales sont de savoir : 1) Si l'histoire constitue un processus cohérent et orienté, si elle répond à des lois et tend vers une fin, si donc elle possède un SENS ; 2) Quelle place tient l'homme (individuellement et collectivement) dans un tel processus (c'est-à-dire : fait-il l'histoire ou est-ce l'histoire qui le fait ?). Dans cette perspective, on s'interroge non seulement sur le rôle de la RAISON et de la VOLONTÉ, mais aussi sur celui des PASSIONS et de la VIOLENCE.

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Page 1: L'HISTOIRE

L’HISTOIREFormateur : Yves LIOGIER

Collection Philosophique

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à

l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013

Page 2: L'HISTOIRE

L’HISTOIRE

histoire vient du grec historia, qui signifie d’abord enquête, recherche, information, puis

récit, enfin histoire.

En français, le mot histoire a deux sens principaux :

1. L’histoire-réalité : l’ensemble des événements passés, présents ou à venir.

2. L’histoire-connaissance : la « science » ou du moins l’étude de l’histoire-réalité, l’effort

pour savoir et expliquer ce qui a vraiment eu lieu dans le passé.

Collection Philosophique

1

Etymologie

Page 3: L'HISTOIRE

L’HISTOIREL’histoire-réalité met en jeu la collectivité des

hommes et donc des CULTURES aussi bien que des individus. Les deux questions philosophiques

fondamentales sont de savoir :

1. Si l’histoire constitue un processus cohérent et orienté, si elle répond à des lois et tend vers une

fin, si donc elle possède un SENS ;

2. Quelle place tient l’homme (individuellement et collectivement) dans un tel processus (c’est-à-

dire : fait-il l’histoire ou est-ce l’histoire qui le fait ?).

Dans cette perspective, on s’interroge non seulement sur le rôle de la RAISON et de la

VOLONTE, mais aussi sur celui des PASSIONS et de la VIOLENCE.

Collection Philosophique

2

EtymologieDéfinitions

Page 4: L'HISTOIRE

L’HISTOIRE

Peut-on parler de « tournants de l’histoire » ?

Collection Philosophique

3

EtymologieDéfinitionsQuestion

Au sens figuré, celui qui nous intéresse ici, « tournant » signifie « moment où ce qui

évolue change de direction » (Petit Robert).

Parler de « tournants » de l’histoire, c’est donc poser la question d’un sens de

l’histoire, puisque la définition de « tournant » enveloppe l’idée de direction.

Page 5: L'HISTOIRE

L’HISTOIREPeut-on parler de « tournants de

l’histoire » ?

Collection Philosophique

4

EtymologieDéfinitionsQuestion

Par ailleurs on nous demande si l’on peut et non si l’on doit parler de tournants de l’histoire

:On pourra donc soit tenter de démontrer que

l’histoire a ou n’a pas de sens, et, selon la conclusion adoptée, qu’elle connaît ou non des « tournants » ; soit considérer, comme nous le

ferons ici dans ce cours, que cette démonstration est impossible, et donc

chercher à quelles conditions on peut parler sans contradiction logique de tournants de

l’histoire, c’est-à-dire quelle (s) conception (s) de l’histoire implique le fait de parler de

« tournants ».

Page 6: L'HISTOIRE

L’HISTOIRE

Le problème philosophique fondamental posé par l’histoire est de savoir si elle a

un sens et une cohérence, si elle s’avance vers une fin, un but, ou si elle

n’est qu’une suite incohérente et absurde d’événements.

Et c’est bien, en dernière analyse, ce problème qui se pose quand on demande si l’on peut parler de

« tournants de l’histoire ».

Collection Philosophique

5

EtymologieDéfinitionsQuestion

Introduction

Page 7: L'HISTOIRE

L’HISTOIRE

Car dire qu’il y a « tournants », c’est dire qu’il y a changements de direction,

donc que l’histoire est, même temporairement, même

provisoirement, orientée, donc qu’elle possède, au moins à un moment

donné, un certain sens.

Collection Philosophique

6

EtymologieDéfinitionsQuestion

Introduction

Page 8: L'HISTOIRE

L’HISTOIREToutefois, ainsi que le rappelait Sartre, la

question, si importante pour l’homme puisqu’elle gouverne dans une large

mesure son engagement dans le monde, de savoir si l’histoire a un sens, non

seulement n’est pas résolue, mais encore « est peut-être insoluble,

puisque toutes les réponses qu’on y fait (y compris la réponse de l’idéalisme :

« l’histoire de l’Egypte est l’histoire de l’égyptologie ») sont elles-mêmes

historiques »

(L’Être et le Néant, p. 629)Collection Philosophique

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EtymologieDéfinitionsQuestion

Introduction

Page 9: L'HISTOIRE

L’HISTOIREDans ces conditions, il convient de nous

demander non pas s’il est légitime du point de vue des faits de parler de tournants de l’histoire, mais quelles interprétations des

faits, quelles lectures de l’histoire implique le fait de parler de « tournants ».

Peut-il en effet réellement exister des tournants de l’histoire si l’on considère que celle-ci se

réduit à un chaos d’événements ? à une simple succession de faits, de changements

dépourvus de liens entre eux, sans rationalité, dus au seul hasard ?

Collection Philosophique

8

EtymologieDéfinitionsQuestion

Introduction

Page 10: L'HISTOIRE

L’HISTOIREPour qu’il y ait « tournants » de l’histoire, il

faut d’abord que l’on pose une histoire.

Mais peut-il également exister de tels tournants si l’on avance que l’histoire

possède une fin préétablie ?

On voit bien que parler de « tournants de l’histoire » c’est nécessairement sous-

entendre par là-même une certaine conception de l’histoire.

Collection Philosophique

9

EtymologieDéfinitionsQuestion

Introduction

Page 11: L'HISTOIRE

L’HISTOIRE

Nous examinerons donc quelles sont les diverses conceptions possibles de l’histoire et lesquelles autorisent à

parler de « tournants ».

Collection Philosophique

10

EtymologieDéfinitionsQuestion

Introduction

Page 12: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) L’histoire comme « moïra »

L’homme contemple les événements passés qui forment une suite douloureuse de guerres, de massacres, d’empires qui

s’élèvent pour disparaître bientôt.

Ces événements qui lui apparaissent aussi injustifiés qu’inévitables, il pourra les

attribuer au destin compris comme une force aveugle et funeste,

incompréhensible et irrationnelle, aux arrêts irrévocables.

Collection Philosophique

11

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fataliste

Page 13: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) L’histoire comme « moïra »

C’est la Moïra des Grecs, la « Fille de la nuit » d’Hésiode. De là un sentiment

tragique de l’histoire, puisque l’homme ne peut que s’élever contre l’absurdité

et l’injustice d’un tel destin, tout en sachant qu’il ne saurait y échapper,

que sa révolte sera inutile, que sa cause est juste et qu’il sera pourtant

vaincu.

Collection Philosophique

12

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fataliste

Page 14: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) L’histoire comme « moïra »

Si l’on partage une telle conception, on voit mal en quel sens l’on pourrait parler de véritables tournants de

l’histoire : ses prétendus tournants ne sont en réalité que des sinuosités qui mènent, malgré

d’apparents changements de direction, vers la fin préfixée et inéluctable :

Les illusoires « tournants » de la guerre de Troie, par exemple, où chaque fois la victoire semble changer

de camp, ne sont des tournants que pour les protagonistes, semblables à des acteurs qui

ignoreraient le dénouement de la pièce qu’ils jouent, de simples ruses d’auteur pour soutenir

l’attention des spectateurs ; mais la pièce et son dénouement sont déjà entièrement écrits.

Collection Philosophique

13

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fataliste

Page 15: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »

Si je vois dans l’histoire un destin conçu comme moïra, c’est que je cherche, et

échoue, à expliquer dans une perspective morale les faits historiques :

L’histoire n’a, d’un point de vue éthique, aucun sens. Mais je peux quitter cette optique et considérer les phénomènes historiques du seul point de vue de la

causalité :

Tout événement doit avoir une ou plusieurs causes dont il est l’effet.

Collection Philosophique

14

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fataliste

Page 16: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »

L’histoire sera alors saisie, ainsi que chez les stoïciens, comme un destin qui n’est plus

moïra mais eïmarmenê :

Le destin est un ordre, un enchaînement de causes, une loi résultant de la nature des

choses, de l’ordonnancement même du cosmos ; il est, selon les termes de

Chrysippe, « une disposition du tout depuis l’éternité, de chaque chose, suivant et

accompagnant chaque autre chose, disposition qui est inviolable », disposition donc à laquelle

les hommes ne peuvent pas échapper.Collection

Philosophique15

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fataliste

Page 17: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »

Certes, une telle conception du destin m’appelle à « me complaire à ce qui arrive » ; l’histoire,

en même temps qu’elle n’humilie plus les hommes, perd toute dimension tragique.

Cependant, en même temps que j’abandonne toute velléité de modifier le cours des

choses, d’y échapper, en reconnaissant la puissance du destin, je renonce à donner une

finalité à l’histoire des hommes autre que la production même de cet ordre avec lequel se

confond le destin.

Collection Philosophique

16

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fataliste

Page 18: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »

Ce dernier est à lui-même sa propre fin et, immuable, il ne peut que se reproduire

éternellement.

C’est pourquoi les stoïciens soutenaient l’idée d’un éternel retour et d’une périodique « conflagration », fin d’une histoire qui

s’ouvre sur son propre recommencement.

Dans ces conditions, voir dans l’histoire un destin, eïmarmenê, c’est nier au fond que

l’histoire existe, et qu’elle puisse donc connaître de réels « tournants ».

Collection Philosophique

17

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fataliste

Page 19: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme « eïmarmenê »

tous ses tournants ne sont que le cours normal et nécessaire des choses et

jamais ce cours ne change de direction.

Collection Philosophique

18

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fataliste

Page 20: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) Du destin à la Providence

Je ne puis donc, sous peine de la nier, considérer l’histoire comme un destin

qui ne serait qu’un pur « nœud de causes ».

Il faut que j’attribue à ce destin une finalité, un but en vue duquel il

ordonne l’histoire en lui conférant du même coup un sens.

Collection Philosophique

19

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologique

Page 21: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) Du destin à la Providence

Cette fin de l’histoire constitue alors un ordre à venir, qui remplacera de

manière irréversible l’ordre présent du monde humain et, par conséquent, du

cosmos tout entier, ce dernier se trouvant d’ailleurs modifié au fur et à mesure de l’avancement de l’histoire.

Collection Philosophique

20

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologique

Page 22: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) Du destin à la Providence

Cette conception téléologique me fait saisir le destin non plus comme eïmarmenê, mais

comme pronoïa, comme providence, expression d’une intelligence supérieure.

Telle est l’appréhension chrétienne de l’histoire qui voit cette fin dans l’établissement de

l’Eglise universelle (cf. Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, 3e partie) ou de

la Jérusalem céleste (cf. saint Augustin, La Cité de Dieu, Livres XV-XIX), état de paix

parfaite où les hommes seront unis pour jouir de Dieu.

Collection Philosophique

21

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologique

Page 23: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire

La Providence – et c’est ce qui instaure l’histoire en tant que telle – ne meut donc plus des individus

atomisés, comme le faisait le destin, mais oriente l’humanité saisie comme une totalité.

C’est ce qui ressort des paroles de saint Augustin, par exemple, lorsqu’il écrit que « la Providence

divine, qui conduit admirablement toutes choses, gouverne la suite des générations humaines

depuis Adam jusqu’à la fin des siècles comme un seul homme qui, depuis l’enfance à la vieillesse,

poursuit sa carrière dans le temps en passant par tous les âges »

(De quaestionibus 83, question 58).Collection Philosophique

22

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologique

Page 24: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire

Aussi a-t-on pu dire que « dans la pensée occidentale, le sens de l’histoire dérive du christianisme qui fait de chaque existence

une aventure solitaire où se joue le salut d’une âme, de l’humanité tout entière une

destinée une par sa vocation, entre la chute et la rédemption. Sécularisée dans l’idée de

progrès, cette philosophie n’en maintenait pas moins la double unité dont dépend

l’existence de l’histoire, celle des hommes et de leur avenir »

(Raymond Aron).Collection

Philosophique23

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologique

Page 25: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire

A cette Providence qui mènerait l’histoire, les hommes peuvent-ils échapper ?

L’histoire peut-elle connaître des tournants qui la détournerait de sa fin

initialement prévue ?

Collection Philosophique

24

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologique

Page 26: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire

Si dans la conception théologique de l’histoire la notion de Providence a été

substituée à celle de destin, c’est assurément avant tout afin de sauver

la liberté des hommes :

Dieu gouvernerait l’histoire sans la déterminer absolument. Mais comment

concilier la volonté et la prescience divines, manifestées par les

prophéties, avec la liberté humaine ?Collection

Philosophique25

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologique

Page 27: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’instauration de l’histoire

On voit dès lors que si l’on peut parler de « tournants de l’histoire », il ne peut s’agir,

encore une fois, de changements effectifs et définitifs de direction :

De tels tournants ne peuvent qu’être soit des changements provisoires, marques de la

liberté des hommes en tant qu’ils se détournent de Dieu ou s’opposent à sa volonté, soit des étapes essentielles de

cette marche commune de l’humanité vers sa fin prévue par Dieu.

Collection Philosophique

26

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologique

Page 28: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) Connexion externe et connexion interne

Le recours à la Providence permet toujours, certes, de « découvrir » après coup dans le

chaos des événements un sens et une cohérence susceptibles d’en faire une

histoire. Mais, notait Hegel à propos de cette doctrine chrétienne de la Providence, « son objet est la Fin ultime, en soi et pour

soi absolument universelle. La religion ne va pas plus loin que cette représentation

générale et se contente de sa généralité »

(La Raison dans l’Histoire, coll. 10-18, p. 66).Collection

Philosophique27

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

Hegel

Page 29: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) Connexion externe et connexion

interne

De fait, le postulat d’une Providence ne me permet de poser qu’une connexion globale des événements, puisque cette

connexion leur est extérieure.

Il ne me permet pas de comprendre l’enchaînement même des événements

dans leurs connexions particulières.

Collection Philosophique

28

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

Hegel

Page 30: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) Connexion externe et connexion

interne

Si bien que l’histoire continue de m’apparaître comme un chaos :

La fin de l’histoire, c’est-à-dire le dessein de la Providence, m’est intelligible, non

l’histoire elle-même dans son déroulement réel, ce qui revient encore

à dire que d’une certaine manière l’histoire n’existe pas.

Collection Philosophique

29

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

Hegel

Page 31: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme réalisation de

l’Esprit

Il convient donc, selon Hegel, de dépasser la Providence appréhendée comme

connexion externe et d’affirmer l’existence d’une connexion interne des événements.

Car, en dernière analyse, observe Hegel, la foi en la Providence, « c’est la foi en ceci :

l’histoire est le produit de la Raison éternelle et la Raison a déterminé ses

grandes révolutions »

(id.)Collection Philosophique

30

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

Hegel

Page 32: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme réalisation de l’Esprit

C’est en soutenant cette connexion interne du processus historique et en tentant d’en dégager

la logique propre, la dialectique, que Hegel fonde véritablement l’histoire.

« Pour la première fois, observait Friedrich Engels, la totalité du monde naturel, historique et

spirituel est représentée comme un processus, c’est-à-dire comme comprise dans un

mouvement, un changement, une transformation et un développement incessants,

et la tentative est faite de démontrer la connexion interne dans ce mouvement et dans

ce développement. » Collection Philosophique

31

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

Hegel

Page 33: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme réalisation de

l’Esprit

Cependant, en faisant de ce processus une manifestation du processus de

réalisation de l’Universel, de l’Esprit, c’est-à-dire de « la marche graduelle par laquelle il parvient à sa vérité et

prend conscience de soi », Hegel admet que c’est cet Esprit qui mène

l’homme et le monde.

Collection Philosophique

32

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

Hegel

Page 34: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) L’histoire comme réalisation de l’Esprit

Les hommes ne sont que les instruments et les moyens de cette réalisation.

Les hommes ne peuvent véritablement faire l’histoire, ils ne peuvent que la penser :

Si l’histoire a un sens, si son déroulement est intégralement intelligible, elle reste

toutefois bien pour eux un destin auquel ils ne peuvent échapper, et les « tournants »

de l’histoire ne sont que les moments d’un développement dialectique nécessaire qui

les dépassent.Collection

Philosophique33

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

Hegel

Page 35: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) Critique de Hegel

Je puis toutefois soutenir avec Hegel l’existence d’une connexion interne

dans le processus que constitue l’histoire tout en refusant d’identifier ce processus à une réalisation de l’Esprit,

en refusant en d’autres termes de saisir le réel comme le résultat de cette

réalisation.

Collection Philosophique

34

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 36: L'HISTOIRE

L’HISTOIREa) Critique de Hegel

C’est ce que fit Marx, qui écrivait :

« Pour Hegel, le processus de la pensée, qu’il transforme même, sous le nom

d’idée, en un sujet indépendant, est le démiurge de la réalité, qui ne constitue

plus que son apparence extérieure. Pour moi, inversement, l’idéal n’est

rien d’autre que le matériel traduit et transposé dans la tête humaine. »

Collection Philosophique

35

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 37: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en

étant des produits de l’histoire

Dans ces conditions, pour Marx, l’histoire n’est pas un processus extérieur, ni

une suite d’événements imprévisibles survenant à une essence prédéfinie :

L’homme, comme le voulait un Bossuet, mais elle entraîne une diversité de

circonstances produisant une diversité d’hommes.

Collection Philosophique

36

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 38: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en

étant des produits de l’histoire

Il faut en effet ici souligner que selon Marx, il n’existe pas de nature humaine

immuable et prédéfinie :

« L’essence de l’homme, note-t-il, n’est pas une abstraction inhérente à

l’individu isolé. Dans sa réalité, elle est l’ensemble des rapports sociaux »

(VIe thèse sur Feuerbach).

Collection Philosophique

37

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 39: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en

étant des produits de l’histoire

Ce sont donc l’ensemble des conditions socio-historiques qui font l’homme.

Mais si « les hommes sont des produits des circonstances », il convient de ne

pas non plus oublier que « ce sont précisément les hommes qui

transforment les circonstances »

(IIIe thèse).

Collection Philosophique

38

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 40: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en

étant des produits de l’histoire

Si les hommes dépendent de l’histoire, il ne lui sont plus intégralement soumis :

« Ce n’est pas, soyez-en certains, nous dit Marx, l’histoire qui se sert de l’homme

comme moyen pour réaliser – comme si elle était une personne à part – ses fins à elle : elle n’est que l’activité de l’homme

qui poursuit ses fins à lui »

(Marx: La Sainte Famille, Ed. Sociales, p. 116).

Collection Philosophique

39

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 41: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en

étant des produits de l’histoire

Ainsi peut-on adopter l’idée que les hommes font l’histoire tout en étant

des produits de l’histoire.

Telle est bien l’interprétation que Sartre fait de l’analyse marxiste.

Collection Philosophique

40

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 42: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en étant des

produits de l’histoire

« J’ai dit, explique Sartre, que nous acceptions sans réserves les thèses exposées par Engels dans sa lettre à Marx :

« les hommes font leur histoire eux-mêmes mais dans un milieu donné qui les conditionne », toutefois ce texte

n’est pas des plus clairs et il reste susceptible de nombreuses interprétations. Comment faut-il entendre en effet que l’homme fait l’histoire, si par ailleurs, c’est

l’histoire qui le fait […] Si l’on veut donner toute sa complexité à la pensée marxiste il faudrait dire […] : les

hommes font leur histoire sur la base de conditions réelles antérieures, mais ce sont eux qui la font et non

les conditions antérieures : autrement ils seraient les simples véhicules de forces inhumaines qui régiraient à

travers eux le monde social »

(Sartre : Critique de la raison dialectique, « Questions de méthode »).

Collection Philosophique

41

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 43: L'HISTOIRE

L’HISTOIREb) Les hommes font l’histoire tout en

étant des produits de l’histoire

Selon cette conception, l’histoire reste donc ouverte tout en ayant un sens,

une direction, mais non une fin déterminée, et, étant ce que les

hommes la font, elle peut connaître de véritables tournants, de véritables

changements de direction.

Collection Philosophique

42

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Page 44: L'HISTOIRE

L’HISTOIRE

On ne peut guère parler de tournants de l’histoire que si l’on conçoit l’histoire

comme un processus doué d’une connexion interne et orienté, mais dont

la fin n’est pas rigoureusement prédéterminée parce que ce processus

dépendrait en partie de la liberté des hommes – ce qui demeure

indémontrable.

Collection Philosophique

43

EtymologieDéfinitionsQuestion

IntroductionConception

fatalisteConception théologiqueConception

métaphysique :

HegelConception

matérialiste : Marx

Conclusion

Page 45: L'HISTOIRE

L’HISTOIREFormateur : Yves LIOGIER

Collection Philosophique

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à

l’auteur. Dépôt légal : Octobre 2013

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