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Dr. Angel ANGELIDIS L’HISTOIRE DE LA GRÈCE RACONTÉE AUTREMENT… LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN, CIBLE DE HAUTE TRAHISON Doc. AA – 08 FR – 09 – 2014

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Dr. Angel ANGELIDIS

L’HISTOIRE DE LA GRÈCE RACONTÉE AUTREMENT…

LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN, CIBLE DE HAUTE TRAHISON

Doc. AA – 08 FR – 09 – 2014

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2 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Auteur: Dr. Angel ANGELIDIS Docteur Ingénieur Agronome (ETSIA - Université Polytechnique de Madrid), Docteur d’Etat ès Sciences Economiques (Université de Montpellier), Ex-Membre du Cabinet du Commissaire G. Contogeorgis, (Commission Thorn 1981-1984) Ex-Chef de Division et Conseiller auprès du Parlement Européen, Ex-professeur invité à l’Ecole Diplomatique de Madrid et à l’Université Montesquieu Bordeaux IV, Comendador de la Orden Civil de Mérito Agrícola de España Comendador de la Real Orden de Isabel la Católica de España, American Order of Excellence and Academician for lifetime, American Bibliographical Institute, USA, Vice-Président de l’Institut de Gestion des Crises Géopolitiques, Thessalonique, Grèce.

De gauche à droite: Βυζάντιοv, Αυτοκρατορικός Θυρεός κατά τήν περίοδον τών Παλαιολόγων (Blason de l’Empire Byzantin, Dynastie de Paléologues - Coat of Arms of the Byzantine Empire, Paleologos Dynasty - Escudo del Imperio Bizantino, Dinastía de Paleólogos); Emblème du Patriarcat Orthodoxe de Constantinople - Coat of arms of the Orthodox Patriarchate of Constantinople - Escudo del Patriarcado Ortodoxo de Constantinopla; Aigle bicéphale russe impériale et contemporaine - Russian double-headed eagle Imperial and contemporary - Águila bicéfala rusa imperial y contemporánea; Armoiries de l'Alcazar de Tolède, Espagne - Coat of arms of the Alcazar of Toledo, Spain - Escudo del Alcázar de Toledo, España.

Éditeur : Dr. Angel ANGELIDIS 97, Avenue Marcel Thiry B - 1200 Bruxelles BELGIQUE

TÉL. & FAX : (+32) 02 762 91 19 E-MAIL : [email protected] WEBSITES : WWW.ANGELIDIS.EU, WWW.ANGELIDIS.BE

Les opinions exprimées dans ce document relèvent de la responsabilité exclusive de l’auteur.

La reproduction et la traduction de ce document à des fins non commerciales sont autorisées, à condition que la source soit expressément mentionnée et que l'auteur et l'éditeur en soient préalablement informés et qu'ils aient reçu un exemplaire de la publication. Imprimé à Bruxelles (2014).

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L’HISTOIRE DE LA GRÈCE RACONTÉE AUTREMENT…

LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN, CIBLE DE HAUTE TRAHISON

SOMMAIRE

1. Mort prématurée du Roi Paul Ier des Hellènes le 6 mars 1964.

2. Constantin II, un Roi trop jeune et inexpérimenté...

3. Le jeune Roi Constantin victime des "vieux loups" politiciens...

4. Le coup d'état des colonels du 21 avril 1967.

5. L'erreur du Roi de faire jurer un gouvernement imposé par les putschistes.

6. Le contrecoup raté du Roi du 13 décembre 1967.

7. Le Roi Constantin II en exil (1967-1973).

8. Le Roi Constantin II aurait dû se méfier des fausses promesses de Karamanlis et retourner en Grèce aussitôt après la chute de la Junte par sa propre initiative, conformément à la constitution de 1952.

9. Le Roi Constantin victime de la vengeance d'Andréas Papandréou.

10. Épilogue: depuis le départ du Roi et en conséquence des fallacieuses politiques menées par les politiciens, la Grèce a plongé dans une crise économique, sociale et morale sans précédent qui met en péril l’existence même de la nation; Quelle solution ?

ANNEXE: Images

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L’HISTOIRE DE LA GRÈCE RACONTÉE AUTREMENT…

LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN, CIBLE DE HAUTE TRAHISON

1. Mort prématurée du Roi Paul Ier des Hellènes le 6 mars 1964 Troisième et dernier fils de Constantin Ier de Grèce, il devient diadoque (c'est-à-dire héritier du trône de Grèce) suite à la restauration de son frère, le roi Georges II (qui n'a pas eu d'enfant), sur le trône de Grèce fin 1935. Fiancé à la princesse Frederika de Hanovre en 1936, il l'épousera deux ans plus tard. Lors de l'invasion de la Grèce par l'Italie de Mussolini le 28 octobre 1940, le diadoque Paul sert sur le front épirote en 1940-1941, et ensuite il quitte la Grèce avec sa famille lors de l’invasion de son pays par les forces de l’Allemagne-nazie venues au secours de leurs alliés italiens (Opération "Marita"). Soutenant le gouvernement grec en exil (présidé par le Roi Georges II), Paul passe la guerre entre Londres et l’Égypte (où des troupes grecques se battent à côté des alliés, notamment à la bataille d'El Alamein), tandis que son épouse et ses enfants trouvent refuge en Afrique du Sud. À la fin de la guerre, la Grèce connaît des divisions politiques qui entraînent une terrible confrontation entre les nationalistes et les communistes (en quête de prendre le pouvoir par les armes, contrairement aux accords de Yalta)1, empêchant la famille royale de rentrer dans son pays avant 1946. 1 Lors de l’accord de Moscou du 9 octobre 1944 entre Churchill et Staline, il avait été convenu que la Grèce resterait dans la zone d’influence occidentale, seul pays des Balkans dans le cas d’ailleurs, et ce malgré la présence massive de communistes dans les mouvements de résistance à l’occupation allemande. Une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, la situation politique reste très tendue en Grèce, où des violences opposent communistes, royalistes et forces britanniques commandées par le général Ronald Scobie. Après plusieurs mois d'instabilité, des élections libres finissent tout de même par être organisées, le 3 mars 1946, sous l'égide d'observateurs britanniques, français et américains. Le Parti populaire royaliste obtient alors une nette majorité au parlement et un référendum sur la monarchie est programmé par le nouveau gouvernement de Konstantinos Tsaldaris. Entre-temps, les registres électoraux sont contrôlés sous la supervision des Alliés. Le référendum est organisé pour le 1er septembre suivant, et les résultats officiels indiquent que 90 % des électeurs ont voté et que, parmi ceux-ci, 69 % ont exprimé leur désir de voir le roi revenir à la tête de l'État. Quatre jours plus tard, Tsaldaris se rend à Londres afin d'y inviter Georges II à revenir en Grèce. Le souverain quitte le Royaume-Uni à bord d'un avion, le 27 septembre et arrive le jour même près d'Éleusis, où il retrouve le diadoque Paul et son épouse Frederika. De là, la famille Royale gagne Phalère puis Athènes, où elle est reçue par une foule en liesse; un Te Deum est célébré par l'archevêque Damaskinos. Le parti Communiste (KKE), première force politique du pays à la libération, n'a pas réussi de prendre officiellement le pouvoir en décembre 1944. Dès lors, son bras armé (EAM-ELAS) refusa de se dissoudre et se tourna contre les troupes Alliées (grecques royalistes et britanniques) venues de l’Afrique du nord suite au départ des Allemands (novembre 1944). L'accord de Várkiza (février 1945) proclama un cessez-le-feu et des élections. Mais ces élections se tinrent dans un climat de terreur mené par les milices opposées, au point que les partis démocrates boycottèrent cette consultation. C'est ainsi que le commandant de l'EAM-ELAS Márkos Vafiádis (dit "Márkos") partit avec ses partisans dans les montagnes. Ils sont bien armés car ils ont reçu l'armement lourd laissé sur place par les Allemands suite à un accord passé avec eux en échange de laisser la voie libre à leur retraite. Ils bénéficient en outre du soutien des pays communistes voisins, en particulier du gouvernement de Tito, qui leur fournit des armes et du ravitaillement. Ayant définitivement rompu avec le gouvernement royaliste d'Athènes et acculées dans les montagnes, les milices de gauche créèrent en décembre 1947 l’Armée démocratique de la Grèce, conduite par d'anciens résistants de l'EAM-ELAS, avec un Gouvernement

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Le 1er avril 1947, Georges II s’éteint et son frère monte sur le trône sous le nom de Paul Ier Roi des Hellènes2. Il sera un roi aimé et règnera - sans interruption - de 1947 à 1964. Le Roi Paul Ier meurt d’un cancer de l’estomac en 1964, à l'âge de 63 ans, non sans avoir eu auparavant la joie de voir son fils Constantin sacré champion olympique en voile (1960) et de marier sa fille aînée Sofía avec le futur Roi Juan-Carlos Ier d’Espagne (1962). Paul Ier est succédé par son fils diadoque, Constantin, devenu Roi Constantin IIe des Hellènes.3

Révolutionnaire communiste. Pendant près de trois ans, l'Épire (sauf la côte) et la majeure partie de la Macédoine-Occidentale, ainsi que des zones de la Thessalie et de la Macédoine centrale, furent le territoire de la dite «République de Kónitsa» (communiste), tandis que le reste de la Grèce forma le "Royaume de Grèce". Dans les zones frontalières de la République de Kónitsa, un véritable front se mit en place, avec des offensives et contre-offensives des forces impliquées, communistes et royalistes. Des dizaines de villages changèrent de mains plusieurs fois et furent finalement abandonnés par leurs habitants, sommés de choisir un camp et accusés de trahison par l'autre. Le rapport de force fut tout d'abord favorable à l'EAM-ELAS, du fait de la connaissance du terrain, de son armement et de l'expérience de ses 50.000 hommes. De plus, les communistes grecs bénéficiaient du soutien logistique et politique des pays voisins du nord, devenus communistes à l’issue de la 2e Guerre mondiale (Albanie, Yougoslavie, Bulgarie). Dès lors, les tentatives des forces royalistes pour reprendre le contrôle des régions du nord se soldèrent par des échecs. La confrontation (appelée «Συμμοριτοπόλεμος» ou «Ἀνταρτοπόλεμος» et plus tard lorsque Andréas Papandréou monte au pouvoir «Ἐμφύλιος Πόλεμος») prit une dimension internationale avec les enjeux de la guerre froide. C'est à ce moment que le président Truman marqua sa volonté d'«aider la Grèce à sauvegarder son régime démocratique», en prenant le relais des Britanniques. C'est alors que Márkos, en voulant profiter de son avantage, prit une décision qui allait se révéler être une faute tactique. En effet, d'une guérilla défensive il décida de faire une armée offensive contre les forces régulières nationalistes, chose à laquelle les rebelles n'étaient pas préparés. Or, il fallait s'attirer le soutien de toute une partie de la population pour s'assurer de solides bases arrière et de ravitaillement. Mais les communistes firent pratiquer le rançonnement et l'aide forcée sur des civils, en éliminant brutalement les non obéissants, ce qui eut pour conséquence de baisser leur cote de popularité. De plus, Britanniques et Américains, désireux de ne pas voir la Grèce tomber dans l'orbite de Moscou, décidèrent d'aider militairement le gouvernement royaliste d'Athènes. Mieux formée et avec un moral plus élevé, l'armée nationaliste parvint progressivement à reprendre le contrôle des zones perdues. Plus grave encore pour Márkos, en 1948, Staline exclut Tito du Kominform. Conséquence collatérale, le chef communiste grec perdit ses deux soutiens: Tito, parce que Márkos restait fidèle à la ligne de Moscou; Staline, parce que ce dernier, respectant les accords de Yalta concernant la Grèce, ferma la frontière bulgare. Il ne lui restait que l'appui (insuffisant) du parti communiste de l'Albanie. Ainsi, privé de bases arrière et de logistique, Márkos se trouva seul face à une armée gouvernementale redynamisée. En 1949, celle-ci sous le commandement du maréchal Papagos (vétéran de la guerre gréco-italienne de 1940-41) infligea une défaite définitive à l'armée communiste aux monts Grámmos-Vitsi en Macédoine du nord en 1948-49. Márkos dut par conséquent s'exiler en Bulgarie. Il reviendra en Grèce après la victoire d’Andréas Papandréou aux élections de 1981 et il sera même élu député du PASOK ! Beaucoup moins connue que celle d'Espagne, mais proportionnellement aussi tragique, la guerre civile grecque aurait fait 150.000 morts et des dizaines de milliers de réfugiés dans les pays communistes (de 80 à 100.000 selon les estimations). De nombreuses familles furent déchirées par le conflit, des milliers d'enfants se trouvèrent orphelins ou enlevés à leurs familles. Une diaspora communiste grecque s'implanta dans des pays d'Europe de l'Est (Yougoslavie, Hongrie, RDA...) et de l'Asie (Ouzbékistan, Kazakhstan...), où elle se trouva rapidement marginalisée en raison de la barrière de la langue et de l'hostilité des populations locales voyant dans ces étrangers ravitaillés gratuitement par le Parti, des privilégiés et des alliés de leurs oppresseurs. À partir de 1981 et grâce aux lois d'amnistie promulguées par le Gouvernement de PASOK d'Andréas Papandréou, beaucoup de ces familles de "Koukoués" (communistes, mot issu des initiales du parti communiste grec, KKE) désenchantés rentrèrent en Grèce, malgré les difficultés d'intégration (certains sont entre-temps passés au russe, au roumain, au serbe… perdant l'usage du grec, et la plupart n'étaient pas familiers de l'économie de marché). Une autre conséquence du soulèvement communiste fut la destruction totale de l'économie du pays, déjà gravement endommagée par les occupants allemands et bulgares. Cela a fait retarder la reconstruction du pays et son développement économique, contrairement à d'autres pays européens qui ont pu entamer leur relance économique dès le lendemain de la fin de la guerre. 2 En grec: Παῦλος A΄, Βασιλεὺς τῶν Ἑλλήνων, (Pávlos, Vasiléfs ton Ellínon). 3 En grec: Κωνσταντίνος Β΄, Βασιλεὺς τῶν Ἑλλήνων, (Constantinos II, Vasiléfs ton Ellínon).

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Cependant le Roi Paul Ier est mort sans avoir eu le temps de préparer suffisamment

son fils Constantin au trône, alors que l’opposition de gauche reprenait des forces au début des années 60, que la reine Frederika était critiquée à tout propos (c’était certes une femme de caractère, qui à l’occasion exerçait une certaine influence politique, mais certainement pas l’éminence grise qu’en a fait la propagande antimonarchiste), et que le train de vie de la famille royale était présenté par des parties de gauche comme somptueux (alors qu’il était moindre que celui de la plupart des monarchies occidentales à la même époque).4

2. Constantin II, un Roi trop jeune et inexpérimenté...

Constantin est né dans la résidence de Psychikó, près d'Athènes, le 2 juin 1940. Dès 1941, suite à l'invasion de la Grèce par l'Allemagne nazie et la chute d'Athènes fin avril 1941, Constantin suit la famille royale qui préfère de s'expatrier plutôt que de collaborer avec les occupants. Il ne revient dans son pays qu'en 1946. Avec le décès de son oncle, le roi Georges II, le 1er avril 1947, et la montée de son père Paul Ier sur le trône du Royaume de Grèce, le prince Constantin devient diadoque. Il n'a alors que six ans. Constantin a eu une éducation soignée et digne d'un diadoque. Après avoir suivi des études à l'école d'Anávryta jusqu'en 1958, il reçoit une formation militaire dans les différents corps d'armée en Grèce et à l'étranger. Il suit ensuite un programme spécial de sciences constitutionnelles et politiques à la Faculté de Droit de l'Université d'Athènes. C'est durant cette période qu'il rencontre pour la première fois, la princesse Anne-Marie de Danemark, fille du roi Frédéric IX et sœur de l'actuelle reine Margrethe II. Il l'épousera le 18.09.1964. Pendant sa jeunesse, le prince Constantin est un sportif passionné. En 1960, alors qu'il n'a que vingt ans, il participe aux Jeux olympiques de Rome en étant le porte-drapeau de la délégation hellène. Il concourt en voile dans la baie de Naples, et obtient la médaille d'or à l'épreuve de Dragon. Constantin est aussi, entre autres, un très bon nageur et une ceinture noire de karaté. Il fut le chef des scouts grecs et présida à l'ouverture du XIe Jamboree mondial de 1963 en Grèce. Lorsque le prince héritier Constantin est intronisé en tant que Roi, il n’a que 24 ans. Il manque d'expérience et il est donc inévitablement influencé par les conseillers et courtisans de la Cour et notamment de sa mère, la reine Frederika (Frederika de Hanovre, duchesse de Brunswick-Lunebourg, petite-fille de Guillaume II d'Allemagne et de son épouse Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg, née le 18 avril 1917 à Blankenburg, en Allemagne, et devenue par mariage reine des Hellènes et princesse de Danemark). La reine Frederika était réputée pour être une dame de caractère. 4 Les dépenses du mariage de Sofía avec Juan-Carlos d’Espagne (14 mai 1962) ont donné lieu à des critiques sur le coût de la cérémonie et la tradition de la dote non imposable de $ 300.000 pour Sofía à charge du budget de l’Etat grec. Les partis d'opposition du Parlement grec se sont abstenus de voter sur la proposition de la dote faite par le gouvernement de Constantin Karamanlis. La robe de mariage fut commanditée auprès de Jean Desses, le designer basé à Paris. Plus tard, Desses a fait remarquer que la robe n'était pas particulièrement coûteuse vu que la famille royale grecque lui a été signalée à être plus pauvre par rapport à leurs homologues royaux d’Europe.

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3. Le jeune Roi Constantin victime des "vieux loups" politiciens... Très vite le jeune Roi se heurta au centriste Geórgios Papandréou (76 ans) nommé au poste de Premier-ministre en février 1964, qui mettait fin à onze ans de gouvernement du parti de l'Union Nationale Radicale (ERE) de Constantin Karamanlis (conservateur). 5 Lorsqu’en 1965 Geórgios Papandréou décide la démobilisation de certains officiers de l'armée, le jeune souverain décide de résister à tout renvoi d'officiers, en particulier de ceux restés proches de la couronne. La citation en 1965 du propre fils de Geórgios Papandréou, Andréas Papandréou6, dans le scandale de l'ASPIDA7 donne raison aux craintes du roi sur une

5 L'Union Nationale Radicale (ERE) de Constantin Karamanlis remporta les élections du 29 octobre 1961 avec 50,80 % des voix. Le 31 octobre, Geórgios Papandréou affirma que les résultats étaient truqués. Karamanlis rétorqua que, si fraude il y avait, elle avait été organisée par le palais! La tension politique augmenta quand Papandréou refusa de reconnaître le gouvernement Karamanlis. Le 14 novembre 1961, il lança une "lutte persistante" (ἀνένδοτο ἀγώνα) contre Karamanlis. La tension entre le Premier-ministre et le palais augmente encore lorsque Karamanlis mit son veto à une initiative de collecte de fonds par la reine Frederika. En juillet 1963, Karamanlis démissionna de son poste de Premier-ministre après un nouveau désaccord avec le roi Paul et partit quatre mois à l'étranger. Le pays était alors en ébullition à cause de l'assassinat du député du parti de la Gauche Démocratique Unie (EDA) Grigoris Lambrakis, par des agents de l'extrême-droite pendant une manifestation pour la paix à Thessalonique. En novembre 1963, Karamanlis et son parti perdirent les élections législatives au profit du parti de l'Union du Centre (Ένωσις Κέντρου) de Geórgios Papandréou. Déçu par le résultat Karamanlis quitta la Grèce sous le nom de Triantafyllidis et passa les onze années suivantes en un exil à Paris en France, où il devint un ami de Valéry Giscard d'Estaing (le 20e président de la République française du 27.05.1974 au 21.05.1981). Il fut remplacé à la tête de l'ERE par Panagiotis Kanellópoulos, qui fut battu lors des élections de février 1964 gagnées par Papandréou avec un score inégalé de 53 % des suffrages. Pour rappel, Constantin Karamanlis un politicien inconnu originaire du nord de la Grèce, apparaît sur la scène politique grecque au début du règne de Paul Ier. Pour s'assurer d'une ascension rapide, il entra dans les bonnes grâces de la reine Frederika, dont il devint un ami très proche. Quand le Premier-ministre en exercice maréchal Papágos mourut en 1955, le roi Paul Ier le nomma contre toute attente Premier ministre. Le roi le fit ainsi passer devant Stéphanos Stephanópoulos et Panagiotis Kanellópoulos qui étaient considérés comme les favoris pour succéder à Papágos. Karamanlis considéra la couronne responsable de la perte de son poste de Premier-ministre. Il se vengera plus tard, à son retour en Grèce après la chute du régime des colonels le 24.07.1974. 6 Andréas est le fils de Geórgios Papandréou et de Sophía Mineyko. Durant ses études de droit à l'université d'Athènes, il fréquente les milieux trotskistes, ce qui lui vaut d'être arrêté et emprisonné en 1939, sous la régime de Metaxás. À sa sortie de prison il part s'exiler aux États-Unis d'Amérique. Il se marie à une Américaine et poursuit ses études à Harvard, où il obtient un doctorat en économie en 1943. En 1944, il acquiert la citoyenneté américaine et fait carrière comme professeur d'économie dans de prestigieuses universités américaines: Harvard où il enseigne jusqu'en 1947, Université du Minnesota, Northwestern puis Berkeley où il dirige le Département d'Économie. Il est ensuite nommé Professeur d'Économie à l'Université de Stockholm puis à celle de Toronto au Canada. Il revient en Grèce en 1961 pour diriger le Centre de planification économique, à la demande du Premier ministre Constantin Karamanlis. Il entre aussi en politique et est élu député d'Achaïe (la région d'où son père était originaire) pour l'Union du Centre aux élections législatives grecques de 1964. Il est ministre à la Présidence du gouvernement, puis ministre de la Coordination du gouvernement de son père, à un poste qui fait de lui le premier conseiller du Premier ministre. À l'inverse de son père qui défend une ligne centriste et libérale, Andréas mise sur la gauche procommuniste pour atteindre le pouvoir. Au sein du parti de son père - l'Union du Centre- il anime la tendance la plus structurée et qui représente l'aile centre-gauche. Il se trouve mêlé en 1965 à l'affaire ASPIDA (bouclier), une conspiration menée par de jeunes officiers de gauche. Le scandale qui s'ensuit provoque la chute du gouvernement de Geórgios Papandréou. 7 En grec: «Ἀξιωματικοί Σώσατε Πατρίδα Ιδανικά Δημοκρατία Ἀξιοκρατία». L’acronyme forme le mot ASPIDA “bouclier” en grec. C'était, essentiellement, un groupe d'officiers de l'armée relativement subalternes (capitaines ou commandants). De manière générale, ils étaient pro-centre et anti-droite, bien qu'il ne semble pas qu’ils aient beaucoup de sympathie pour les communistes. Le but de cette organisation secrète semble avoir été, d'une part, de s'opposer à la domination (réelle ou supposée) de l'armée grecque par la droite et aussi d’aider ses membres à obtenir des positions favorables, etc.

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tentative de déstabilisation de l'armée de la part des partis de gauche. En voulant étouffer l'affaire en se nommant lui-même ministre de la défense, Geórgios Papandréou provoque un casus belli avec Constantin II. En juillet 1965, sous la pression de l'armée, le jeune roi Constantin II destitue Geórgios Papandréou. Cela fut rendu possible parce qu'un membre important du parti de Geórgios Papandréou (Union de Centre, EK), le politicien crétois Constantin Mitsotakis, fit sécession avec un nombre considérable des nouveaux élus qui cherchaient à exercer le pouvoir pour leur propre compte. C'est le début de «l'apostasie». Ce même Mitsotakis devint Premier ministre en 1989. Par la suite, le Roi Constantin II, mal conseillé, tente de former de gouvernements s'appuyant sur les dissidents du parti de l'Union de Centre et les députés conservateurs, qui échouent les uns après les autres. La nomination par le Roi de ces gouvernements éphémères successifs, au lieu de la proclamation immédiate de nouvelles élections, a porté atteinte à l'image de la monarchie et causé une crise constitutionnelle et une instabilité politique, qui a duré plus de deux ans et a conduit à la dictature des colonels de 1967-1974. Selon certaines sources8, en 1966 le Roi Constantin a dépêché son envoyé, Dimitrios Bitsios, à Paris avec mission de persuader l'ancien Premier-ministre Constantin Karamanlis pour retourner en Grèce et reprendre son rôle antérieur à la vie politique. Selon les affirmations de l'ancien monarque, Karamanlis a répondu à Bitsios qu'il reviendrait seulement si le Roi imposait la loi martiale, qu'il considérait comme sa prérogative constitutionnelle. Selon le correspondant du New York Times Cyrus L. Sulzberger, Karamanlis s'est ensuite envolé pour New York pour rencontrer le général de l’USAF Lauris Norstad afin de faire pression pour un coup d'État conservateur qui aurait pour but de l'établir comme chef de l'état en Grèce. Sulzberger allègue que Norstad a refusé de s’impliquer dans ces affaires. Quand en 1997 le Roi Constantin a réitéré les allégations de Sulzberger, Karamanlis a déclaré "qu'il ne traiterait pas avec des déclarations de l'ex-roi, car tant leur contenu que ses attitudes sont indignes de commentaire"...9

4. Le coup d'état des colonels du 21 avril 1967 En décembre 1966, pour sortir de la crise, un accord fut passé entre Papandréou et Panagiotis Kanellópoulos (dirigeant de l’ERE suite au départ de Karamanlis en (auto)exile à Paris), pour envisager l’organisation de nouvelles élections. Le gouvernement Paraskevópoulos fut nommé et chargé de préparer des élections anticipées. Mais des désaccords entre les politiciens entraînèrent sa démission. Le Roi nomma alors Kanellópoulos chef du gouvernement le 03.04 .1967. Ne disposant pas de majorité, Kanellópoulos annonça la dissolution de la chambre et fixa les nouvelles élections au 28.05.1967.

Les analystes politiques s'attendaient à ce que le parti de l’Union de Centre de Geórgios Papandréou émerge comme le plus grand parti, mais sans atteindre la majorité absolue, et Papandréou serait donc contraint à passer une alliance avec le parti de la Gauche

8 Cf. http://en.wikipedia.org/wiki/1967_Greek_coup_d'%C3%A9tat. 9 Cf. http://www.reference.com/browse/konstantinos+karamanlis

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Démocratique Unie (EDA), qui était soupçonnée d'être un proxy pour le parti communiste grec (KKE) interdit depuis la défaite des rebelles communistes en 1949. Cette possibilité a été utilisée comme prétexte pour le coup d'État auquel l'ambassade des USA à Athènes se trouvère mêlée. Les Américains craignaient en effet qu'en raison de l'âge avancé de Geórgios Papandréou (79 ans), son fils Andréas Papandréou (déjà impliqué dans l'affaire "ASPIDA") n'ait un rôle très important dans le nouveau gouvernement. Le 21 avril 1967, un groupe d'officiers menés par le Général de brigade Stylianós Pattakós et les colonels Geórgios Papadópoulos et Nikólaos Makarezos renversent le pouvoir par un coup d'état soigneusement préparé. Les colonels justifièrent leur coup d’état par l’existence d’une menace communiste, d’un coup de force qui serait survenu à l’occasion du premier discours électoral de Geórgios Papandréou planifié pour le 23.04.1967 à Thessalonique. Tous ces officiers n'avaient que des postes secondaires au sein de l'armée. Pour éviter la résistance du Roi, des chars sont aussitôt envoyés à Tatoï pour encercler la résidence royale. Toutes les communications téléphoniques ayant été coupées, le Roi ne dispose d'aucune marge de manœuvre, les putschistes avaient déjà falsifié sa signature sur les ordres émis. Résigné, Constantin II se rend le lendemain au Ministère de la Défense où sont rassemblés les putschistes et le Premier-ministre déchu Panagiotis Kanellópoulos. Les échanges sont vifs: dans un premier temps, Kanellópoulos (qui est arrêté dès les premières heures du putsch) exhorte le roi à user de son statut de commandant en chef de l'armée pour commander les officiers loyaux et écraser le coup d'État. Kanellópoulos avait raison car les putschistes ne sont que des officiers de second rang inconnus et le Roi aurait eu toutes les chances de l'emporter s’il avait choisi la voie du choc frontal. Cependant Constantin refuse pour, dit-il, «éviter un bain de sang». D'un autre côté, Constantin refuse aussi toute collaboration avec les putschistes, à moins que dans l'hypothétique futur gouvernement, des civils occupent certains ministères et que ce même gouvernement soit dirigé par un civil royaliste. Pour Constantin II cette apparente "collaboration" n'était qu'une tactique qui lui permettrait (il l'espérait) d'organiser un contrecoup. Il obtint satisfaction: le royaliste Constantin Kollias fut admis comme Premier-ministre.

Lors du putsch des colonels, Andréas Papandréou est arrêté, mais il parvient à quitter la Grèce avec l'aide de l’ambassade des États-Unis (dont il a la citoyenneté), tandis que son père Geórgios Papandréou meurt en résidence surveillée en 1968. Andréas Papandréou s’installa à Stockholm où il fonde le «Mouvement panhellénique de Libération» (PAK). Quelle fut la responsabilité des États-Unis dans le coup d’état du 21.04.1967 ? Selon le journal français "Le Monde", les États-Unis ne se sont pas opposés au coup d’état des colonels, mais ils s'en ont accommodés: «L’armée grecque entièrement dépendante des fournitures américaines ne paraît pas se heurter à des difficultés de ravitaillement»10. Il en est de même du régime qui: «[…] ne semble pas rencontrer l’hostilité [des Américains] […] ». Car, pour "Le Monde": «[…] la Grèce est un élément non négligeable dans le dispositif de

10 Le Monde, le 26 avril 1967, p. 1.

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10 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

l’OTAN […] s’ils furent surpris par le coup d’État, les [États-Unis] n’ont rien voulu tenter pour empêcher sa réussite […]».11 Pour le journal français l'"Humanité", le coup d’état du 21.04.1967 résulte clairement de l’application d’un plan américain «[…] préparé sous l’égide de l’OTAN et des services secrets US […] [ce plan] Prométhée préparé en cas de guerre avec un pays voisin […] prévoyait l’arrestation de dirigeants de gauche afin de prévenir une subversion […]».12 13 Compte tenu des documents déclassifiés depuis lors, il résulte que le coup d’Etat des colonels du 21.04.1967 fut soigneusement préparé et somptueusement exécuté, les putschistes ayant réussi dans moins de 20 minutes d’occuper les points stratégiques de la capitale, de neutraliser les autorités légitimes et d’arrêter toutes les personnalités politiques se trouvant sur leur liste. Il semblerait même qu’une partie des conspirateurs avait conçu un plan d’assassiner le Roi Constantin en provoquant un incident lors de la prise du pouvoir, ce plan ayant été écarté par Papadópoulos qui craignait une réaction massive des officiers royalistes.

Il convient de signaler que le général israélien Moshé Dayan se trouvait à Athènes au cours de la période du 20 au 24 avril 1967, sous le prétexte de rendre visite à sa fille Yaël Dayan qui travaillait comme assistant-réalisateur avec le cinéaste Michalis Kakogiannis pour le tournage du film "Les poisson sont sortis à terre" ("Τα ψάρια βγήκαν στη στεριά"). Cependant, il semblerait que la vraie raison de sa présence était qu'il voulait superviser personnellement le bon déroulement du putsch du 21.04.1967. Moshé Dayan comptait avec l’appui de certains conspirateurs grecs qui étaient des agents ou des collaborateurs de la Mossad, ainsi que des sionistes et massons locaux. Le succès du putsch des colonels permettra aux israéliens d’utiliser sans encombre les ports et aéroports grecs, ainsi que les bases américaines sur le territoire grec, durant la guerre de six-jours qui s’est déclenchée le 05.06.1967 pour mener des opérations militaires israéliennes contre l’Egypte et la Syrie.14

5. L'erreur du Roi de faire jurer un gouvernement imposé par les putschistes Le Roi Constantin II a commis l'erreur fatale de faire jurer, dans sa qualité du Chef d’Etat, le nouveau gouvernement imposé par les putschistes (contre l'avis de son Premier-ministre Panagiotis Kanellópoulos). Cet acte légitima le régime des colonels aux yeux de l'opinion publique grecque et internationale et endommagea irréparablement l'image de la monarchie. Sur la photographie de groupe avec les colonels lors de l'investiture officielle du gouvernement imposé par la Junte (cf. Image N° 12), on peut interpréter la moue de

11 Le Monde, le 27 avril 1967, p. 2. 12 L’Humanité, le 4 mai 1967, p. 3. 13 Le plan «Prométhée», fut un programme conçu par l’OTAN qui devait être mis en œuvre en cas d’insurrection communiste. À cause de l’implication de forces secrètes anticommunistes, le coup d’État militaire en Grèce fut qualifié de «coup Gladio» ; (cf. http://www.voltairenet.org/article179911.html). 14 Cf. http://rthodoxiapatridavasileia.blogspot.be/2013/05/21-3.html

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11 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Constantin II comme l'expression de son ennui à l'égard des colonels. On l'y voit en effet, entouré (à sa droite) du colonel Geórgios Papadópoulos et du Premier Ministre Constantin Kollias et à sa gauche du Général de brigade Stylianós Pattakós. Le Roi semble la seule personne à être soucieuse.

6. Le contrecoup raté du Roi du 13 décembre 1967 Le Roi Constantin avait l'espoir que bientôt les putschistes retourneraient à leurs fonctions militaires, mais il a très vite réalisé que par contre ils consolidaient progressivement leur domination de l'État, en particulier dans l'armée. Les putschistes savaient aussi que le Roi ne voulait pas de régime non parlementaire tel qu'ils cherchaient à établir. Pour cette raison, ils avaient piégé les télécommunications du palais par des punaises, ils surveillaient étroitement les mouvements du Roi, ils sapaient systématiquement la position des officiers supérieurs royalistes, tout en se préparant fiévreusement pour la nouvelle confrontation avec la monarchie qui semblait imminente. Dès le début, les relations entre le jeune roi et les colonels sont exécrables. Au début de l'automne 1967, alors qu'il est en visite officielle à Washington, le président Johnson fait remarquer à Constantin II qu'il pourrait changer de gouvernement, ce dernier lui rétorque que ce n'est pas son gouvernement. Cependant la remarque du président est vue par le Roi comme un signe d'encouragement à organiser un contrecoup d'état, même si aucune aide directe des États-Unis n'était à venir. Il se trompe, car les américains l’ont déjà lâché…

Selon certaines sources15, en octobre 1967 le Roi Constantin avait envoyé à Paris secrètement son secrétaire personnel le major Michel Arnaoutis pour informer Constantin Karamanlis de son intention de renverser la Junte. L’ex Premier-ministre ne s’est pas montré particulièrement enthousiaste et lui a répondu qu’il connaissait une autre voie beaucoup plus efficace qui se réaliserait bientôt et qui passerait par un renversement du régime des colonels suite à une péripétie extérieure, pour la gestion de laquelle il serait appelé de rentre au pays… Le 13 décembre de la même année, le Roi Constantin II tente un contrecoup d'état pour renverser la dictature des colonels. Constantin avait déjà commencé des consultations avec des officiers fidèles à lui à partir de l'été 1967. Son but était de mobiliser les unités de l'armée fidèles au Roi et de rétablir la légitimité parlementaire. La conception du plan du contrecoup fut confiée au Lieutenant-général Constantin Dovas, héros de la guerre gréco-italienne de 1940-41 et chef de la maison royale militaire. L'action a rejoint l'ensemble de la direction suprême de l'armée de l'air (Lieutenant-Général Antonakos) et de la marine militaire (Vice-amiral Dedes). Concernant l'armée de terre, ont adhéré au mouvement du Roi le Lieutenant-général Peridis commandant du 3e Corps d'armée à Thessalonique, le Lieutenant-général Kollias commandant de l'armée à Larisa, le Major-général Kehagiás commandant de Division à Kavala, le Major-général Manettas, les généraux de brigade Erselman (commandant de la 20ème Division blindée à Komotiní), le Major-général

15 Cf. http://rthodoxiapatridavasileia.blogspot.be/2013_08_01_archive.html

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12 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Zalochoris commandant de la 99e Division à Evros, ainsi que de nombreux autres officiers de grade supérieur. 16 Le plan prévoyait la capture de Thessalonique par des unités militaires loyales au Roi, la fermeture du défilé de Tempi (qui verrouille le passage entre la Macédoine et la Thessalie) et la défense de Lamia par l'armée à Larissa, tandis que le nouveau gouvernement qui serait installé par le Roi serait assermenté par l'archevêque Hiéronyme, considéré comme ami du Roi et confident personnel du palais.

La tension croissante dans les relations gréco-turques17 a apporté des changements dans les plans du Roi. Tandis qu'il avait été prévu initialement qu'il irait à Thessalonique, il a été obligé de commencer à partir de Kavala comme les unités fidèles à lui étaient été déplacées vers la Thrace. Le matin du 13 décembre 1967, toute la famille royale a volé par l'avion Royal vers Kavala avec un change de vêtements, abandonnant la résidence royale de Tatoï pour toujours, comme il sera prouvé par la suite. L'accompagnait le premier ministre Constantin Kollias, qui venait d'être informé sur le déclenchement de l'opération. À 11h30, Constantin et sa famille sont arrivés à Kavala. Les citoyens de Kavala lui ont réservé un accueil enthousiaste et la 11e Division sous le commandement du Major-général Kehagiás a immédiatement rejoint le mouvement royaliste. Cependant rien n'est allé selon le plan. Tout d'abord, le Major-général Manettas se présente une heure plus tôt que prévu au Pentagone à Athènes pour remettre l'ordre du Roi au Chef du quartier général de l'Armée, Ulysse Angelís, l'ordonnant de lui céder le commandement. Mais Angelis, un fidèle des putschistes, fait aussitôt arrêter Manettas et prévient toutes les unités de l'armée sur le contrecoup du Roi en leur précisant qu'elles ne doivent obéir qu'aux ordres donnés directement par lui- même. Tout élément de surprise fut donc définitivement perdu. A midi, toutes les bases aériennes en dehors d'Athènes avaient rejoint le mouvement du Roi, mais le plan ne prévoyait rien d'autre pour leur utilisation sauf de laisser tomber des tracts avec le message du Roi au-dessus d'Athènes. Le Vice-amiral Dedes, obéissant le roi, a ordonné l'ensemble de la flotte de guerre de naviguer à Kavala, mais cela fut sans importance pour l'issue des évènements. Le résultat final du contrecoup du Roi serait jugé en Thrace. Si le Roi réussissait à mettre rapidement en mouvement les unités fidèles à lui pour rejoindre les unités de Thessalonique en 24 heures, il aurait prévalu. Mais le major Liarákos a échoué à sa tentative

16 Cf. http://taneatismikrospilias24.weebly.com/iotasigmatauomicronrhoiotakappaalpha/-13-12-1967-1224 17 En novembre 1967, le général Grivas, farouche partisan de l’Enosis et membre de l’EOKA, responsable de la garde nationale chypriote du président Makarios attaqua deux villages turcs. Cet événement entraîna la mobilisation des troupes turques, de fortes tensions entre les deux communautés de l’île, mais aussi entre la Grèce et la Turquie. Le conflit se résolut par le départ du général Grivas pour Athènes et le retrait de la Division renforcée grecque de l’île (qui a débilité fatalement la capacité de défense de l’île, erreur qui sera prouvée fatale lors de l'invasion turque de Chypre en juillet 1974). L’indépendance de l’île fut réaffirmée. Toutefois, la réaffirmation de l’indépendance de l’île a marqué la fin de l’Enosis.

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13 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

de s'emparer de la station de radio à Thessalonique pour diffuser l'annonce royale. La ville était contrôlée par les unités LOK18 du brigadier-général Patilis fidèle aux putschistes. Le général de brigade Erselman donne l'ordre aux chars de la 20ème Division blindée à Komotini de marcher sur Thessalonique, mais il est arrêté par le major Sofikitis et des officiers moyens fidèles à Pattakós. Les chars changent de direction et se dirigent contre le Lieutenant-général Peridis commandant du 3e Corps d'armée à Thessalonique, fidèle au Roi. Peridis demande désespérément au Major-général Zalochoris à Evros d'aller le renforcer avec toutes ses unités. Les chars de la 99e Division blindée démarrent, mais la boue de la pluie battante ne leur permettait pas d'avancer rapidement. Par ailleurs certaines unités commandées par des officiers fidèles aux putschistes ont délibérément enregistré des retards. Dans l'après-midi, une compagnie de chars sous Sofikitis arrêtera le Lieutenant-général Peridis et son adjudant le Brigadier Vidalis à Komotini. Le Lieutenant-général Kollias à Larisa donne des ordres à ses unités de marcher sur le défilé de Tempi, mais ses officiers retardent pour exécuter les ordres lorsqu'ils réalisent leur but. Par ailleurs, toutes les unités déployées par Kollias de Lamia à Larisa sont rendues aux officiers loyaux des putschistes d'Athènes et fin de l'après-midi Kollias lui-même sera arrêté. Les mauvaises nouvelles arrivent l'une après l'autre au Roi à Kavala qui comprend que tout est perdu. Seulement avec la force aérienne, la flotte de guerre et la Division de Kavala il ne pouvaient pas réussir. Le coup de grâce lui sera donné par l'archevêque Hiéronyme qui sacre le 14.12.1967 la prestation de serment d'un nouveau gouvernement instauré par les putschistes sous l'autorité du général Zoïtákis comme régent à Athènes. Dans son désespoir et pour ne pas être capturé par les putschistes, le Roi avec toute sa famille et le Premier-ministre Kollias, s'envolent à bord de l'avion Royal, au milieu d'une pluie battante, sans plan de vol et sans suffisamment de carburant, de Kavala vers l'Italie. Selon certaines sources, Papadópoulos empêche ses forces d’abattre l'avion Royal permettant ainsi au Roi de s'échapper. À 04h00 tôt le matin du 14 décembre, l'avion Royal touche le sol de l'aéroport de Rome. La famille Royale de Grèce très bouleversée par la péripétie du contrecoup raté et le voyage difficile, mais toujours décente, est reçue par des dizaines de photojournalistes qui immortalisent la scène. Le Roi Constantin avait perdu son trône, la Reine Anne-Marie enceinte perdra son enfant... L'échec du contrecoup du Roi est dû à une combinaison de plusieurs facteurs. Le premier est que le plan fut mal préparé et coordonné. Le deuxième est le départ simultané de toute la famille royale accompagnée du Premier-ministre, ce qui a réveillé des soupçons dans les rangs des putschistes qu’une réaction majeure du Roi serait imminente. Le troisième est le changement du plan et l’atterrissage du Roi à Kavala, une petite ville de Macédoine de l’est, au lieu de Thessalonique, la deuxième plus grande ville du pays. Le quatrième est que les officiers supérieurs fidèles au Roi ne contrôlaient pas réellement leurs unités et ne savaient pas lesquels de leurs officiers subalternes avaient déjà adhéré aux putschistes afin de les

18 Brigade Montagnarde Grecque, Force d’Intervention Hellénique ou LOK, son acronyme en grec «Λόχος Ὀρεινῶν Καταδρομῶν, Lochos Oreinon Katadromon». Actuellement: ΛΟ.Κ. (ΛΟΧΟΣ ΚΡΟΥΣΕΩΣ, BRIGADE DE CHOC).

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14 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

éliminer à temps. Le cinquième est l'indéniable capacité politique et militaire des conspirateurs du 21 avril 1967. Pour commencer, ils étaient bien au courant des intentions et mouvements du Roi. Leurs réactions aussi furent rapides, précises et efficaces. Le 13.12. 1967 et quand tout de même ils avaient perdu le contrôle de la marine de guerre et l'armée de l'air, ils n'ont pas perdu leur sang-froid, mais ils ont réussi à isoler le Roi Constantin à Kavala, ils ont empêché ses partisans d'administrer leurs unités, tandis que, en fin de compte, ils ont même réussi à s'emparer de la bénédiction de l'archevêque Hiéronyme supposé ami du Roi.

Conclusion: Constantin II, jeune roi de 24 ans, était lié par le régime parlementaire constitutionnel grec dominé par des «vieux loups» politiciens d’une expérience datant d’avant la Seconde Guerre mondiale. Il ne pouvait faire le poids contre eux, et dans le contexte de la guerre froide aux yeux des américains il fallait quand même garder la Grèce hors de l’influence soviétique. Les américains l’ont donc lâché. Dès lors, le régime des colonels était pour eux une alternative. Mais il ne faut pas oublier que - contrairement à ce qui a été dit par ses adversaires lors du référendum pour l’abolissement de la monarchie au retour de la démocratie en 1974 - loin s d’avoir favorisé le coup d’Etat du 21 avril 1967, le Roi avait été le premier à s’opposer aux colonels lors de son contrecoup de décembre 1967, malheureusement avorté. En réalité, les colonels détestaient la monarchie, leur intention étant de l’abolir une fois leur régime consolidé, comme il sera prouvé par la suite des évènements.

7. Le Roi Constantin II en exil (1967-1973) Constantin II part en exil à Rome après sa tentative de contrecoup d'état et reste en dehors de la Grèce pendant toute la période de la dictature des colonels. En Grèce, c'est le général Geórgios Zoitákis qui remplace le Roi sur le trône le 14 décembre 1967 avec le titre de régent du royaume. Quelques années plus tard, il est démis de sa fonction et remplacé, le 21 mars 1972, par Geórgios Papadópoulos. Le 1er juin 1973, après un plébiscite controversé, Papadópoulos dépose officiellement le souverain, l'accusant d'avoir fomenté une insurrection dans la marine depuis son exil romain. Une république parlementaire présidentielle est instaurée et Geórgios Papadópoulos, seul candidat, est élu président de la République le 29 juillet 1973 pour une période de huit ans. Pendant cette période, la famille royale vit pendant deux mois dans l'ambassade de Grèce à Rome, puis pendant les cinq années suivantes dans une maison de la banlieue de Rome. En 1973, ils déménagent en Angleterre, d'abord à Chobham dans le Surrey, puis dans la banlieue de Londres à Hampstead.

Officiellement donc, Constantin II cesse d'être roi de son pays le 1er juin 1973. Le 7 octobre 1973, le gouvernement de Papadópoulos lui verse 120 millions de drachmes (environ 3 millions de $) pour les biens expropriés de la famille royale. Pour la plupart des analystes, il résulte indéniable que le régime de Papadópoulos a pu se maintenir au pouvoir grâce aux USA: Selon le journal français «Le Monde»: «Les rapports gréco-américains [se sont] notablement renforcés depuis le coup d’État du 21 avril 1967 […] appui militaire, économique et politique des États-Unis […] le régime ne paraît nullement

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15 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

menacé […]. La junte serait depuis longtemps renversée si elle ne bénéficiait pas de l’aide américaine»19. «Indéniablement les Américains sont partout […] grosses sociétés (Litton, Ford...), les investissements américains […] et les grandes banques ouvrent de nouvelles succursales […]. À cette aide indirecte s’ajouterait un soutien financier impossible à évaluer […] pas inférieur à 200 millions de dollars […] Il manquait une somme de cet ordre au gouvernement pour enrayer la crise économique dans les villes et soutenir le secteur agricole […]».20 Le refus de Papadópoulos de se montrer compréhensif à l’égard de Washington au cours de la crise du Proche-Orient (guerre du Kippour, octobre 1973) et d’accorder la moindre facilité au ravitaillement d‘Israël semble avoir vivement indisposé les américains à son égard qui ont alors donné le feu vert à son éviction. Le 25 novembre 1973, Papadópoulos est renversé par des éléments intransigeants de l'armée agissant sous le commandement du brigadier Dimitrios Ioannidis, chef de la police militaire ESA. Ioannidis installe son ami et proche Phédon Guizikis comme Président de la République. Papadópoulos est arrêté et la Grèce redevient alors une dictature militaire au sens pure du terme. Totalement inexpérimenté en politique, Ioannidis tombe au piège de Kissinger et soutient le coup d'État de la seconde EOKA chypriote du 15.07.1974 qui affiche comme objectif l'union de Chypre avec la Grèce (Enosis). Makarios est renversé et remplacé par Nicos Samson. Mais, au lieu de déclarer immédiatement l'union réclamée par la population majoritairement grecque de l'île, Samson s'enlise dans des pourparlers improductifs avec l'ONU. Les turcs saisissent alors l'occasion et – se considérant comme garants de l’indépendance de Chypre par les accords de Londres-Zürich signés par Karamanlis en 1959 – ils envahissent rapidement le nord de Chypre avec l'appui des américains. La mobilisation générale est décrétée par le régime d'Athènes. Ne pouvant ni négocier ni obtenir une victoire sur les turcs aidés par les américains, la Junte est dans l'impasse. Le secrétaire d'Etat américain aux Affaires Etrangères Henry Kissinger laisse publier certains commentaires sur un changement prochain de gouvernement en Grèce. Le journal français "Le Monde" reprend ses déclarations, faites le 22 juillet à Washington, dans un éditorial intitulé «Dear Henry» : «nous ne pouvons pas formuler un jugement clair sur les forces qui vont d’emparer du gouvernement». Ces propos appellent le commentaire suivant : «volontiers désinvolte avec ses alliés […], mais jamais encore le chef de la diplomatie américaine n’avait annoncé un coup d’État dans une capitale amie […] il vient de le faire implicitement […]». En conséquence, pour le journal : «on sait que la forme actuelle du pouvoir va changer […] on parlait beaucoup du retour du Roi […] [de] M. Caramanlis».21 La Junte fit alors appel à Constantin Karamanlis (auto)exilé à Paris en 1963, qui ne posa aucune condition à son retour d'exil. Karamanlis se montre au début relativement tolérant à l'égard des putschistes. Mais dès qu'il eut le pouvoir bien en mains, il fit arrêter tous les responsables du coup d’Etat de 1967, ainsi que leurs acolytes. Ils seront jugés en août

19 Le Monde, le 20 avril 1968, pp. 1 et 4. 20 Le Monde, le 20 avril 1968, p. 4. 21 Le Monde, le 24 juillet 1974, p. 1.

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16 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

1975 et condamnés à mort pour haute trahison (Papadópoulos, Pattakós, Makarezos et Ioannidis). Ces peines seront ensuite commuées à la réclusion à perpétuité.

8. Le Roi Constantin II aurait dû se méfier des fausses promesses de Karamanlis et retourner en Grèce aussitôt après la chute de la Junte par sa propre initiative, conformément à la constitution de 1952 Suite à l’invasion de Chypre par les turcs et leur incapacité de gérer la grave crise nationale, les dirigeants militaires de la Junte (sauf Ioannidis) décident de remettre le pouvoir aux civils. Le 23 juillet 1974, le Président Phédon Guizikis convoque une réunion de la vieille garde politicienne, qui comprend des personnalités comme Panagiotis Kanellópoulos, Spiros Markezinis, Stéphanos Stephanópoulos, Evángelos Avéroff et autres. Les chefs des forces armées participent également à la réunion. L'ordre du jour est de nommer un gouvernement d'unité nationale qui conduirait le pays à des élections. Panagiotis Kanellópoulos a été originellement proposé comme la tête du nouveau gouvernement intérimaire. Il a été le Premier-ministre déposé initialement par la dictature en 1967 et un homme politique éminent qui avait critiqué à plusieurs reprises Papadópoulos et son successeur Ioannidis. Toutefois, Evángelos Avéroff (un proche de Karamanlis), contre-propose Constantin Karamanlis. Guizikis et les chefs des forces armées expriment certaines réserves, mais finalement Guizikis décide d'inviter Karamanlis à assumer la fonction de Premier-ministre. Karamanlis rentre au pays le 24.07.1974, suivi par Andréas Papandréou en septembre 1974.

Durant le temps de la dictature et à partir de son exile, le Roi Constantin a eu des contacts avec des hommes politiques grecs, en Grèce et hors de la Grèce. Dans ce contexte, il a avait aussi parlé avec Karamanlis par téléphone et ils avaient convenu qu'ils reviendraient ensemble au pays après la chute de la Junte. Cependant, lorsque Karamanlis est retourné, il a dit au Roi «ne venez pas jusqu'à ce que je vous le dis quand à venir, puisque les choses sont difficiles et il peut y avoir plusieurs conspirations en cours». Et le Roi Constantin attend encore ce coup de fil de Karamanlis...

Dans la soirée du 17.11.1973, le Roi Constantin a diné avec le ministre Britannique des Affaires Etrangères Sir Douglas-Home qui lui a demandé des informations et son avis sur les évolutions politiques en Grèce. Le Roi lui a répondu qu’il ne fallait pas soutenir les attaques de la Junte contre les étudiants révoltés de l’Université Polytechnique et l’a prévenu que – si Papadópoulos tombait, Ioannidis aurait pris le pouvoir. Cependant le Premier-ministre Britannique ne l’a pas cru, assumant que Papadópoulos était assez fort et qu’Ioannidis n’était qu’un inconnu. Il convient de rappeler que le 13.06.1973, le Royaume-Uni avait reconnu le régime de la république instauré par Papadópoulos. En septembre 1974, le Roi Constantin s’est réuni avec le Premier-ministre Britannique Harold Wilson et l’a informé qu’il avait été contacté mi-août par des Chefs des états-majors des armées pour retourner en Grèce et qu’il leur avait dit qu’il attendait une invitation de la part de Karamanlis. Conformément à la Loi, après la chute de la dictature, la Constitution monarchique de 1952 devrait être rétablie. Ce qui est arrivé fut contraire à l'ordre constitutionnel. Au lieu de

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17 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

rappeler le Roi, Karamanlis organise précipitamment des élections législatives tenues le 17 novembre 1974, qui sont remportées par son parti de la «Nouvelle Démocratie» avec 54,4 % des voix (220 députés sur 300 au total). Fort de cette écrasante majorité, Karamanlis décide de devenir lui-même le monarque au lieu de rappeler le vrai Monarque ; il n’a pas besoin d’un jeune Roi par-dessus de sa tête pour le contrôler. De plus, il tient la monarchie comme responsable de son échec électoral suivi de son (auto)exil au début des années 60.

Bien qu'il ait été le leader de la droite monarchiste traditionnelle et qu’il avait servi comme premier ministre sous un Roi pendant huit ans (de 1955 à 1963), Karamanlis ne fera donc aucune tentative pour restaurer la monarchie. Il s’abstiendra aussi, et ce, contrairement à ses promesses, de tout contact avec le Roi Constantin. Dans la foulée des élections du 17.11.1974, il appellera pour un référendum tenu le 8 décembre 1974 et portant sur la question si la Grèce verrait la restauration de la monarchie ou resterait une République, sans référence à la République illégale encore en place nommée par la Junte militaire. Le Roi n'a pas été autorisé à revenir à la Grèce pour faire campagne au nom des avantages pour la Grèce de la monarchie constitutionnelle. Il fut seulement autorisé à diffuser au peuple grec des messages télévisés à partir de Londres. Indubitablement, il s’agissait d’un acte délibéré du gouvernement de Karamanlis de saper toute chance de rétablir la monarchie en Grèce.

Le référendum envisageait deux questions: au niveau institutionnel, la façon d'élire le chef de l'Etat (élu, non héréditaire) et au niveau politique, empêcher le retour du Roi Constantine. La campagne électorale a été principalement livrée moyennant des discours et débats à la télévision. Les partis politiques se sont abstenus de la campagne référendaire et donc les discours/débats télévisés ont été faits entre individus représentant l'une ou l'autre perception, plutôt qu'entre les représentants des partis. Officiellement, Karamanlis s’est abstenu de donner de consigne de vote aux électeurs de son parti «Nouvelle Démocratie» issu de la droite traditionnellement pro-monarchiste, ce qui a encouragé l’abstention voire favorisé le vote antiroyaliste. Cependant, les partis de l'Union de Centre, le PASOK d'Andréas Papandréou et les partis de la gauche Communiste ne cachaient pas leurs convictions antiroyalistes. Des personnalités de gauche connues pour leurs sentiments antiroyalistes - tels que Costas Simitis, un des fondateurs du PASOK et ensuite Premier-ministre (1996-2004) - ont mené une campagne virulente contre la monarchie.

Finalement, 1.443.804 de grecs (30,8 % des votants) ont soutenu la monarchie, tandis que 3.236.345 (69,2 %) ont rejeté l'idée d'une «démocratie couronnée», que le roi avait appelé son concept d'une monarchie grecque renouvelée. Le taux de participation était de 75,6 %, 1.328.665 de grecs (24.4% de l’électorat), n'ayant pas mis leur vote dans les urnes.

La grande majorité des jeunes, séduits par des slogans gauchistes largement diffusés après la révolte de l’Ecole Polytechnique et la chute de la junte, ont voté contre la monarchie. Le résultat a été aussi conséquence du fait que presque tous les grands partis, y compris le parti au pouvoir «Nouvelle Démocratie» du Premier-ministre Constantin Karamanlis, étaient en faveur de que la Grèce devienne une République. Des groupes de gauchistes aveuglés par leur haine contre la monarchie ont jubilé dans les rues d’Athènes dès l’annonce des résultats du référendum. Ils avaient oubliés que c’était sous le régime de Royaume que la Grèce a plus

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que doublé son territoire et sa population22. Ils avaient aussi oublié que la monarchie n’a pas collaboré avec les fascistes, mais est partie en exile avec les forces armées grecques qui sont parvenues à joindre le Moyen-Orient et que c’est grâce à son engagement aux côtés des alliés que la Grèce fut parmi les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale23.

Avec l'annonce des résultats, Constantin Karamanlis a commenté : «aujourd'hui un cancer a été enlevé du corps de la nation» ! Cette déclaration est au moins surprenante compte tenu du fait que l'ascension politique de Constantin Karamanlis dans les années cinquante a été due en grande partie à l'appui donné par le Roi Paul et la Reine Frederika, parents du Roi Constantin.

De sa part, le Roi Constantin a accepté avec dignité le résultat du référendum arec la déclaration suivante : "Hommes et femmes de Grèce, fidèle à mon manifeste, je réitère l'importance de l'unité nationale dans un souci de normalité, de progrès et de prospérité du pays et j'espère sincèrement que les développements justifieront le résultat obtenu par le vote d'hier».

Afin d’estomper les critiques pour son comportement ambivalent durant la campagne du référendum, Caramanlis lance via ses proches une campagne visant à discréditer le Roi Constantin aux yeux de l’opinion publique. En octobre 1976, le secrétaire d’Etat à l’intérieur Georges Rallis (devenu Premier-ministre en 1980 à la place de Caramanlis qui est passé à la Présidence de la République) a accusé le Roi de comploter pour renverser le gouvernement de Karamanlis. Le Roi a réfuté énergiquement ces accusations durant des réunions qu’il a eu (à sa demande) avec la reine Elisabeth d’Angleterre et le Premier-ministre Callaghan, les 6 et 8 novembre 1976, respectivement. Une partie de la presse hellénique a aussi mené une campagne diffamatoire soutenue contre le Roi et la monarchie.

Quatorze ans plus tard, en février 1988, dans une interview à Londres, Constantin Mitsotakis (premier ministre de Grèce, de 1990 à 1993) - bien qu'il se définit lui-même comme un antiroyaliste - décrit la manière dont le référendum a été organisé avec la désignation d’ «injuste».

22 1863 : les îles ioniennes ; 1881 : la Thessalie ; 1897 : la Crète, 1912-13 : l’Epire du sud avec Ioannina et la Macédoine occidentale, central et orientale avec Thessalonique ; 1918-1920 : la Thrace occidentale ; 1947 : les îles du Dodécanèse. 23 En octobre 1940, la Grèce est envahie par l'Italie fasciste. La contre-attaque grecque est victorieuse mais entraîne une invasion du pays par l'Allemagne nazie (avec la collaboration de la Bulgarie) le 9 avril 1941 (opération «Marita». La Grèce est alors occupée par l'Italie, l'Allemagne et la Bulgarie, et un gouvernement collaborateur, qui supprime toute référence à la monarchie, voit le jour à Athènes. Le roi Georges II anime un gouvernement en exil. Une partie des forces armées grecques parvient à rejoindre le Moyen-Orient alors dominé par les Britanniques. Réarmées et encadrées par les Britanniques, placées sous l'autorité du gouvernement grec en exil, et renforcée par des volontaires issus des communautés grecques expatriées, les troupes grecques forment en Palestine mandataire l'Armée hellénique royale du Moyen-Orient (Βασιλικός Ἑλληνικός Στρατός Μέσης Ἀνατολῆς, ou ΒΕΣΜΑ), qui participe aux combats aux côtés des Alliés, notamment lors des campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient, où elles contribuent à la seconde bataille d'El Alamein. La 3ème brigade de montage des forces grecques libres participe ensuite à la campagne d'Italie et prend part à l'offensive contre la «ligne gothique». Rimini se rend aux forces grecques le 21 septembre 1944. Le protocole de reddition est rédigé en anglais, en italien et en grec. Les actions de la brigade grecque au cours de la bataille lui a valu le titre honorifique de «Brigade de Rimini» ("Ταξιαρχία Ρίμινι").

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9. Le Roi Constantin victime de la vengeance d'Andréas Papandréou

De retour en Grèce à la chute des colonels (1974), Andréas Papandréou quitte l'Union du Centre (parti fondé par son père) pour fonder son propre parti: le PASOK24. Le PASOK est destiné à rassembler toute la gauche non-communiste et même des communistes repentis, en combinant les thèmes du nationalisme et ceux du socialisme. Il réclame ainsi la fin de la soumission de la Grèce aux États-Unis («La Grèce aux Grecs !»), et promet d'importantes réformes économiques et sociales. Le PASOK connaît une ascension fulgurante en obtenant 14 % des voix en 1974, 25 % en 1977 et 48 % aux élections d’octobre 1981, ce qui lui permet d'écraser la droite en obtenant la majorité absolue des sièges au Parlement grec (173 députés sur 300). Les cris de ralliement d’Andréas Papandréou lors des élections étaient «hors de l'OTAN» : «éxo apó to NATO» et «hors de la CEE» : ' éxo apó tin Evrópi». Toutefois, Papandréou changea par la suite ses relations avec ces deux organisations. La victoire écrasante d’Andréas Papandréou prônant des slogans anti-européens aux élections d’octobre 1981, à peine quelques mois après l’entrée en vigueur du Traité d’adhésion de la Grèce à la CEE (01.01.1981), est considérée comme une gifle à l’ancien Premier-ministre Karamanlis qui a initié le processus d’adhésion de la Grèce à la CEE en juin 1975.

Andréas Papandréou forme alors le premier gouvernement socialiste de l'histoire de la Grèce, dans lequel il exerce conjointement les fonctions de Premier-ministre et de ministre de la Défense. Il modifie aussi la nouvelle constitution de juin 1975, en déplumant le président de tout pouvoir réel au bénéfice de celui du Premier-ministre. Mais contrairement à ce qu'annonçait le programme du PASOK, Andréas Papandréou mène une politique plutôt modérée. Il conduit une politique économique comportant la concession d’augmentations salariales et d’autres avantages fiscaux, fondés sur des dévaluations monétaires et des déficits budgétaires. Mais, la plupart de ses promesses de vraies réformes économiques et sociales restent lettre morte, tout juste avance-t-il quelques mesures concernant le droit familial et les rapports sociaux. Il rouvre par contre le chapitre noir de la guerre civile en réhabilitant les résistants communistes grecs, exilés depuis 35 ans dans les pays de l'Est, et autorise leur retour. Le PASOK pourra ainsi bénéficier du droit de vote qui leur est accordé. Aussi Papandréou va à l'encontre de ses discours en menant une politique pro-européenne et pro-atlantique (les bases de l'OTAN ne sont pas démantelées et la Grèce reste dans la CEE).

Quant à Constantin Karamanlis, il quitte la présidence de son parti «Nouvelle Démocratie» et il est élu président de la République en 1980, quelques mois avant la victoire du PASOK qui modifiera le rapport de forces au sein du Parlement. En 1985, Karamanlis cède son poste au socialiste Chrístos Sartzetákis25, le PASOK au pouvoir depuis 1981 préférant un candidat issu de ses rangs. Il sera réélu en 1990 lorsque les conservateurs reprennent le pouvoir sous (l’ex-apostat du parti de l’Union du Centre) Constantin Mitsotakis et terminera son mandat en cohabitation avec le PASOK en 1995. Il meurt en 1998 (à 91 ans).

24 PASOK (en grec: ΠΑ.ΣΟ.Κ. acronyme de «Πανελλήνιο Σοσιαλιστικό Κίνημα» / Panellínio Sosialistikó Kínima, «mouvement socialiste panhellénique»). 25 Juge de Première instance de Thessalonique, il est chargé de l'instruction de l'assassinat du député de la gauche Gregóris Lambrákis, en 1963.

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Malgré ses promesses non-tenues, Andréas Papandréou reçoit un second mandat populaire aux élections législatives de 1985 (victoire du PASOK qui obtient 46 % des voix). Reconduit dans sa fonction de chef du gouvernement, il change de cap et conduit une politique d'austérité qui touche durement la population. Ce deuxième mandat est marqué par d'importants problèmes économiques, ainsi que par un certain nombre de scandales. La liaison du Premier-ministre avec une jeune hôtesse de l'air, Dimitra Liani, fait chuter sa popularité. Cela entraîne sa rupture (familiale et politique) avec son fils Geórgios Papandréou Jr., alors ministre du gouvernement de PASOK. Malgré tout, le PASOK obtient encore 39 % des voix lors des élections de juin 1989 et 41 % lors de celles de novembre 1989. Le troisième scrutin en moins d'un an en avril 1990 voit le PASOK à 39 %, pas assez pour empêcher la formation d’un gouvernement de la Nouvelle Démocratie sous Constantin Mitsotakis. Une commission d'enquête parlementaire se penche alors sur les accusations de corruption et d'écoutes téléphoniques illégales portées contre Andréas Papandréou, qui est acquitté en 1992.

Papandréou répond à tous ses détracteurs en remportant (contre toute expectative) les élections législatives de 1993 et en formant un nouveau gouvernement. Dès lors, il place sa jeune épouse Dimitra Liani à la tête de son cabinet et revient aux affaires, mais devenu malade, délègue la plupart de ses tâches à ses ministres. Il ne se présente pas en 1995 à l'élection présidentielle organisée au Parlement. Le 22 janvier 1996, le Premier-ministre, malade, présente au Palais présidentiel d’Athènes sa démission à Constantin Stephanopoulos. Il quitte le pouvoir le lendemain. Il meurt le 23 juin 1996 (à 77 ans).

La reine Frederika meurt le 6 février 1981 à Madrid, d'une crise cardiaque survenue lors d'une opération de la cataracte. Elle est enterrée à l’ancienne résidence Royale de Tatoï, dans la banlieue d'Athènes. Andréas Papandréou n’autorise qu’à titre «exceptionnel» le Roi Constantin et sa famille à séjourner quelques heures (!) en Grèce pour assister aux funérailles.

En 1988, Constantin Mitsotakis, ancien ministre du gouvernement centriste de Geórgios Papandréou (un des apostats) et nouveau leader du parti de la "Nouvelle Démocratie" (conservateur), remet publiquement en cause «l'impartialité» du référendum de 1974. En 1990, Constantin Mitsotakis devient Premier-ministre et en 1992 le Roi Constantin conclut un accord avec son gouvernement pour céder la plupart de ses terres en Grèce, en faveur d’une fondation à but non lucratif en échange de l'ancien palais de Tatoï près d'Athènes et le droit d'exporter un certain nombre de biens mobiliers de la Grèce. En 1994, le deuxième gouvernement d’Andréas Papandréou revenu au pouvoir adopte une nouvelle loi qui inverse l'accord de 1992 et dépouille le Roi Constantin de toute sa propriété en Grèce y compris le domaine royal de Tatoï (où sont enterrés 21 membres de la famille royale grecque, dont le roi Paul et la reine Frederika) ; de plus, il lui ôte sa citoyenneté grecque. Le Roi Constantin a poursuivi la Grèce devant la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg pour € 500 millions en compensation pour les biens saisis. Il gagne en droit, mais obtient une quantité beaucoup plus petite, recevant une compensation monétaire d’à peine € 12 millions pour tous les objets perdus, avec une somme bien moindre attribuée à sa jeune sœur célibataire, la princesse Irène de Grèce et de Danemark et sa tante la princesse Ekaterini de Grèce et de Danemark.

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Le gouvernement grec a choisi de payer ces compensations à charge du Fonds pour «catastrophes naturelles extraordinaires» (!), mais il n’a pas restitué des terres, la Cour européenne des droits de l'homme n’ayant pas statué à cet égard car elle n’est compétente que pour des indemnisations monétaires. Le méchant comportement d’Andréas Papandréou vis-à-vis du Roi est révélateur de sa haine viscérale à l’égard de l’ancien monarque et toute la famille Royale de Grèce. Laissé depuis de longues années à l’abandon, certains des bâtiments de l’ex domaine royal menacent ruine. Une tentative de restauration, sous la houlette de Costas Stamatópoulos historien de l’association «Tatoï Friends Association», a vu le jour tout récemment visant à permettre la progressive réhabilitation des lieux pour y développer de nouveaux projets comme la création d’un musée, d’un restaurant pour les visiteurs, etc.26

Entre le 9 et le 23 août 1993, le Roi Constantin II et sa famille, en exil à Londres, réalisent une visite en Grèce. Il n'était pas revenu dans son pays depuis l'enterrement de sa mère en 1981. En août 2004, Constantin II revient en Grèce pour les Jeux olympiques d'Athènes en tant que membre du comité international olympique. Le 24 décembre 2004, Constantin II et sa famille visitent le palais présidentiel d'Athènes (l'ancien palais royal) où ils rencontrent le président Constantin Stephanópoulos. En 2008, pendant les Jeux olympiques de 2008 à Pékin, Constantin II, en tant que membre honoraire du comité international olympique, préside aux remises des médailles de la voile et il est fortement applaudi. Il est également coprésident d'honneur de la Fédération internationale de voile avec le roi Harald V de Norvège, depuis 1994.

Depuis le mariage de leur fils, Nikólaos en août 2010, le couple Royal revint en Grèce ; il réside actuellement à Porto Cheli, Péloponnèse.

10. Épilogue: depuis le départ du Roi et en conséquence des fallacieuses politiques menées par les politiciens, la Grèce a plongé dans une crise économique, sociale et morale sans précédent qui met en péril l’existence même de la nation; Quelle solution ?

Le monarque, comme une institution politique placé au-dessus des politiciens et des partis politiques, est un symbole qui unit les citoyens. C'est le rôle joué aujourd'hui par plusieurs monarques souverains (Grande-Bretagne, Belgique, Danemark, Suède, Pays-Bas, etc.). C'est un rôle fédérateur, garant de l’unité nationale, très important car il agit à la fois sur un plan psychologique et pragmatique.

Depuis que le Roi Constantin est parti, la Grèce est entrée dans une ère d’instabilité politique, la dictature des colonels ayant été remplacée par la dictature des partis politiques. Le départ du Roi en 1967 a amené à la tragédie de Chypre en 1974, dont la responsabilité remonte à Constantin Karamanlis – honoré à tort comme ethnarque – puisqu’il abandonne l’Union (Énosis) pour signer le 11.02.1959 les accords de Londres-Zürich qui reconnaissent à la Turquie le droit d’intervenir comme force garante de l’indépendance de l’île ! En outre,

26 Cf. http://www.noblesseetroyautes.com/2011/03/le-domaine-royal-de-tatoi-une-restauration-progressive/

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Karamanlis laisse faire les turcs à Chypre ; revenu au pays le 24.07.1974, il ne prend aucune initiative pour stopper les envahisseurs turcs, qui n’utilisent les cessez-le-feu que pour amplifier leurs attaques et finiront par occuper le 37% de l’île le 20.08.1974.

Depuis le référendum de 1974 et sa nouvelle constitution républicaine de 1975, la Grèce est devenue un pays de misère, de corruption et d’incivilités. Il n'y a rien pour ressembler à la gloire de la Grèce antique. La Grèce a reculé au lieu de progresser et est devenue un pays du tiers-monde. Cependant les politiciens et les partis politiques en Grèce prospèrent puisqu’ils reçoivent des fonds publics des rémunérations et des subventions parmi les plus élevés d'Europe. L'année dernière l'Etat grec a distribué aux partis politiques € 54 millions, soit plus de trois fois le montant dépensé à ce titre par l'Allemagne. Cela représente une moyenne de dix € par vote valide en Grèce, contre trois Euros pour l'Allemagne27. Cependant, les dépenses des partis politiques excèdent les financements reçus par l’Etat. Ainsi, le parti de la «Nouvelle Démocratie» (fondé par Constantin Karamanlis) doit à la Banque ATE € 120 millions et le parti de PASOK (fondé par Andréas Papandréou) doit à la même Banque € 110 millions. La Banque ATE a dû être sauvée de l'effondrement, et fut reprise par la Banque du Pirée.

Les députés grecs sont payés € 8.000 euros par mois, mais ils bénéficient en plus d’ avantages sociaux énormes qui incluent des voitures luxueuses gratuits28, des voyages gratuits, des subventions de loyer, des soins de santé de première classe gratuits, des assurances gratuites et des généreuses pensions en seulement quatre ans de service. Ces avantages font qu’en réalité la rémunération réelle des députés grecs dépassent le seuil de € 20.000/mois, soit € 700/jour 29! De plus ils jouissent de l'immunité, et Dieu seul sait de leurs pots-de-vin et de commissions occultes.

De surcroît, le refuge de la cleptocratie sur la place Syntagma d’Athènes (ancien palais royal) emploie un effectif de deux mille privilégiés des partis politiques. Quatorze cents d’entre eux sont des employés réguliers (huissiers, serveurs de verres d’eau, nettoyeurs…). Six cents autres sont des personnes supposés de travailler comme des consultants coûteux, puisqu’ils perçoivent des salaires allant jusqu’à € 10.000/mois ! 30 Leur efficacité est loin de correspondre au niveau de leurs rémunérations.

A titre de comparaison, le salaire moyen net dans le secteur privé grec s'est élevé à € 817 par mois en 2013, soit 20% de moins qu'en 2009, au début de la crise économique et sociale qui a frappé le pays. Selon les données de l'IKA, qui regroupe la majorité des assurés sociaux du privé, plus de la moitié (53,7%) a touché moins de € 1.000 bruts (environ 820

27 Cf. http://venitism.blogspot.be/2014/10/greek-creative-accounting-budget-for.html 28 Voir Image N° 19 : La Rolls-Royce de Constantin Karamanlis). 29 “The real salary of the deputies exceeds 20,000 Euro” - publication du journal «Ethnos» du 16 July 2012 ; http://www.grreporter.info/en/real_salary_deputies_exceeds_20000_euro/7340#sthash.4jnIPf7y.dpuf 30 “What Crisis? Greek Parliament Employee Earns €10,000 per Month …in Brussels” ; cf. http://www.keeptalkinggreece.com/2012/11/26/what-crisis-greek-parliament-employee-earns-e10000-per-month-in-brussels/

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euros nets). Le salaire minimum, raboté à plusieurs reprises, est gelé jusqu'en 2016 à € 580 par mois et € 511 pour les moins de 25 ans…31

Les principaux efforts des entrepreneurs et hommes d'affaires grecs ne se concentrent pas dans la production de biens produits à des prix compétitif afin d'augmenter leur part du marché et la croissance économique, mais pour soudoyer les cleptocrates, remplir de dizaines de papiers pour obtenir des licences infinies, détourner des règlements stupides, éviter la bureaucratie tyrannique et échapper à une fiscalité excessive et l’imposition de 23 % TVA.

Afin de faire oublier leur entière responsabilité pour la dette et regarnir leur blason de soi-disant patriotes, les cleptocrates ont cherché de détourner l’opinion publique vers de boucs émissaires, tels que les allemands auxquels ils réclament maintenant des réparations de guerre32. Cependant le fait de ressusciter cette réclamation 59 ans après la fin de la guerre est une preuve accablante de leur incompétence, car ces mêmes politiciens ont manifestement manqué de régler la question des réparations de guerre de l’Allemagne dues à la Grèce au moment décisif qui fut l’accord donné par les alliés vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale (parmi lesquels la Grèce) lors de la réunification de l’Allemagne en 1990.

L’invention de boucs émissaires libère les cleptocrates d’un certain mécontentement interne et leur fournit quelques gratifications narcissiques. Elle permet aussi une décharge justifiée d'agression. Les cleptocrates du PASOK ont ainsi choisi l’ancien ministre de la défense (un des fondateurs du PASOK et très proche collaborateur d’Andréas Papandréou) Akis Tsochatzópoulos comme bouc émissaire pour leurs péchés, parce que son style de vie correspondait à celui de la maison royale d'Arabie saoudite. Il est arrêté en avril 2012 pour avoir omis de déclarer sa propriété au fisc. De cette manière, ils espèrent qu’ils pourraient refroidir les grecs et les faire oublier les innombrables pots-de-vin et scandales financiers durant les gouvernements de la dynastie des Papandréou. Mais à l’évidence, ils sous-estiment l'intelligence des Grecs.

31 “Grèce: le salaire moyen à 817 euros”, Le Figaro, 27.07.2014 ; Cf. http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/07/27/97002-20140727FILWWW00067-grece-le-salaire-moyen-a-817-euros.php 32 Après l’invasion de la Grèce par les forces de l’Axe en 1940-41, l’Allemagne et l'Italie imposèrent à la Grèce non seulement des coûts d'occupation excessifs, mais aussi un prêt forcé (prêt d'occupation) pour un total de $ 3,5 milliards. Durant l’occupation, les allemands-nazi ont brûlé de nombreux villages, exécuté des nombreux habitants (des résistants et des civils), saisi les productions agricoles, minières et industrielles, pillé des trésors archéologiques, etc. Après la fin de la guerre, la Conférence de Paris a adjugé à la Grèce $ 7,1 milliards pour des réparations de guerre, soit environ la moitié de la revendication grecque ($ 14 milliards). L’Italie et la Bulgarie ont payé à la Grèce des réparations de guerre, mais non pas l'Allemagne, qui a cependant payé des réparations de guerre à la Pologne en 1956 et à la Yougoslavie en 1971. Suivant des calculs grecs, la valeur actuelle du volume du prêt de l'occupation serait de $ 163,8 et celle des réparations de guerre de $ 332, soit $ 495,8 milliards au total. L'économiste et conseiller du gouvernement français Jacques Delpla a estimé que les dettes de l'Allemagne vers la Grèce pour des dégâts et autres préjudices subis durant la deuxième guerre mondiale s'élevaient à $ 575 milliards (Les Echos, samedi 2 juillet 2011). La Grèce a exigé que l’Allemagne lui rembourse le prêt de l'occupation en 1945, 1946, 1947, 1964, 1965, 1966, 1974 et 1987, mais elle a oublié de mettre la question sur table au moment décisif qui fut la chute du mur de Berlin suivi de la réunification de l’Allemagne (1989-1990). Ce processus culmine avec le traité des 2+4, un traité de paix entre les deux États allemands et les quatre puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale (États-Unis, France, Royaume-Uni et Union soviétique) signé à Moscou le 12 septembre 1990. La responsabilité de cet «oubli» revient entièrement au Premier ministre de la Grèce de l’époque qui fut Constantin MITSOTAKIS connu pour son amitié avec le chancelier allemand Helmut Kohl

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24 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

L’alliance cleptocratique des mafias de partis politiques33 a trahi le Roi Constantin et encadré le pays d'une constitution ridicule qui accorde l'impunité aux membres du gouvernement (!), l’immunité aux députés (!) et le maiestas laesa au Président de la République ! Ces nouvelles autorités politiques ont reconnu l’impunité cleptocratique, reçu une myriade de pots de vin et de commissions occultes, échangé des sinécures pour des votes, propagé le cancer de la corruption, ruiné l'économie grecque, volé le Trésor national et les fonds de pension, volé les Banques, endetté le pays34 et les ménages à des niveaux insoutenables, enchaîné la Grèce à la troïka, condamné au chômage les travailleurs, poussé les jeunes à s’expatrier pour trouver du travail, ouvert les frontières du pays à l'immigration massive, imposé la justice kangourou, persécuté les vrais patriotes, remplacé la belle langue classique grecque (qui fut jadis langue universelle) par un artifice loufoque atroce, manipulé l'histoire grecque dans les manuels scolaires pour plaire aux Turcs, cédé le nom de Macédoine à un pseudo-État slavo-albanais, vendu les intérêts nationaux du pays aux étrangers, transformé le berceau de la démocratie à un berceau de cleptocratie, avili l'âme grecque, détérioré le sentiment national des Grecs, etc.

Tout politicien ayant accès à des fonds publics les a utilisés pour acheter des amis et électeurs, qui étaient alors redevables à la mafia politique. Pour la Grèce en a résulté une cleptocratie féodale, où les générations passent, mais les dynasties familiales (Karamanlis, Papandréou…) toujours restent en politique. L'odyssée de la «liste Lagarde» prouve que l'énorme corruption politique grecque continue bel et bien jusqu'à ce jour. Surtout, elle illustre comment les cleptocrates couvrent leurs arrières. 35 Le gouvernement de la "République de Grèce" torture ses citoyens avec une énorme imposition, un taux de 23 % de TVA, une bureaucratie infinie, des files d'attente infinies, des paperasses infinies, des licences infinies, des pots-de-vin infinis, une criminalité surdimensionnée, une brutalité policière, une télévision barbare et un sadisme infini. Les gréco-cleptocrates politiques sont fréquemment critiqués, hués, se voient lancés des œufs 33 En Grèce, il n'y a pas de vrais partis politiques, mais des mafias politiques ! Il n'y a pas de dirigeants politiques qui pourraient prétendre au profil, rôle et compétences tels que définis par les dictionnaires des sciences politiques, mais des «parrains» politiques. Les partis politiques ne permettent pas ouvrir la liste des candidats aux Parlement et permettre aux citoyens de se présenter en dehors des partis politiques aux élections. De plus, tout député ou membre du parti qui n’est pas totalement soumis à l’autorité du parrain est automatiquement expulsé du parti. 34 La dette grecque diffère de celle des autres nations, parce qu'elle n'est pas été créée uniquement en raison des dépenses démesurées des ménages réalisées à base de crédit, mais aussi à cause des pots de vin énormes sur des contrats d’achat hors prix d’équipements publics et d’armements. 35 À l'automne 2010, la directrice générale du FMI Christine Lagarde, qui était le ministre des Finances de France à l'époque, avait donné à son homologue grec George Papaconstantinou une liste de comptes bancaires, avec des informations sur les comptes, des clients grecs à la Banque HSBC en Suisse. Alors que l'état Français s’en est servi de cette liste pour collecter la moitié un demi-milliard de € de fonds expatriés illégalement du pays, Papaconstantinou a caché la liste et supprimé les noms des trois membres de sa famille ! Ajoutant l'insulte à l'injure, Papaconstantinou a prétendu qu'il ignorait ce qui s'est passé à la version originale de la liste Lagarde. Papaconstantinou fut succédé par Evángelos Venizélos, le leader actuel du PASOK, qui fait partie de la coalition gouvernementale. Venizélos a servi comme ministre des finances pendant neuf mois. Il est tristement célèbre pour avoir introduit l'impunité des cleptocrates il y a vingt ans. Venizélos n'a donné aucune information à ce propos et il n’a pas chargé non plus l’Escadre de Crimes financiers (SDOE) pour mener des enquêtes. Tout le monde pensait donc que la liste avait disparu. C'est seulement quand l'actuel ministre des Finances John Stournaras, qui avait entendu parler de la «liste Lagarde» et a voulu demander à Paris pour la version originale, que Venizélos s’est souvenu qu’il gardait la liste trafiquée par son prédécesseur dans son tiroir !

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pourris et du yogourt par la foule indignée les qualifiant de traîtres! Toutefois, l'immunité des ministres et l'impunité des 300 députés sont leur abri contre la colère populaire. Puisque les Grecs continuent de voter pour les mêmes escrocs encore et encore, ils méritent ce qu'ils obtiennent ! Jadis, les 300 Spartiates de Léonidas ont marqué l’histoire mondiale avec leur courage et sacrifice aux Thermopyles. Maintenant les 300 députés sur la place Syntagma sont la honte de l’image et de la réputation du pays dans le monde entier. Ayant été manipulés par des politiciens qui se sont présentés comme des ethnarques, mais qui en réalité étaient des apatrides voire des traitres, les Grecs ont remplacé la monarchie par des dynasties familiales (Karamanlis, Papandréou…) qui se succèdent au pouvoir depuis un demi-siècle. Conclusion : Les politiciens se sont débarrassés du Roi afin de garder à eux-mêmes les privilèges du Roi, mais sans assumer ni ses tâches, non plus ses responsabilités. Mais la Grèce serait beaucoup mieux si la monarchie était restaurée. Le Roi Constantin devient émotionnel lorsqu’il parle du pays qu'il aime tant, celui qui l’a cependant traité si mal. Pour rappel, la plupart des membres de la royauté des Balkans (Bulgarie, Roumanie, Serbie…) ont eu leurs propriétés retournées et sont traités avec grand respect. Par contre, en Grèce, les propriétés royales même celles payées avec des fonds propres ont été expropriées sans indemnisation par les cleptocrates.

Depuis le départ du Roi et l’instauration de la république, la Grèce n’a connu que des catastrophes : l’invasion turque et l’occupation du nord de Chypre, la création de la zone grise à Imia, les violations répétées turques de l’espace aérien et maritime grec, le vol du nom de Macédoine, la crise financière, l’endettement massif, le marasme économique, le chômage, la fuite des jeunes à l’étranger, l’immigration clandestine, les suicides…Une dégénérescence généralisée s’est installée à ce pays pourtant réputé d’avoir été berceau de civilisation! Cela doit changer. En 1947, les patriotes grecs ont préféré le Royaume à une République dominée par des communistes. Les patriotes grecs d’aujourd’hui doivent faire de même. Le Roi, chef d’Etat garant de l’unité nationale et hors atteinte de la corruption des partis politiques, doit revenir. Faire perdurer le régime actuel n’amène nulle part. Les politiciens apatrides, corrompus et cleptocrates responsables doivent être jugés et châtiés. Nettoyer les écuries d'Augias fut l’un des dix exploits d’Héraclès. Il est d’actualité vu l’actuel état désastreux du pays. Il n’existe pas d’autre voie de salvation pour la Grèce.

Dr Angel ANGELIDIS Bruxelles, septembre 2014

"Avoir trop de chefs ne vaut rien : qu'un seul soit chef, qu'un seul soit roi"

Homère

«Ἔχειν ὑπεραρίθμους ἡγέτας ἄνευ ἀξίας ἐστίν: Εἶς μόνον ἡγέτης, Εἶς μόνον Βασιλεύς» (Ὅμηρος)

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ANNEXE: Images

Images N° 1 & 2: Constantin Karamanlis avec le Roi Paul I et la Reine Frederika dans les années 1950

Image N° 3: Constantin Karamanlis avec le Roi Paul et le diadoque Constantin dans les années 1950

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27 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 4: Les funérailles du Roi Paul de Grèce, mars 1964

Image N° 5: L’intronisation du Roi Constantin en mars 1964

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28 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 6: Le Roi Constantin épouse Anne-Marie le 18.09.1964

Image N° 7: Le Roi Constantin et la Reine Anne-Marie

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29 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Images N° 7 & 8: Le Roi Constantin avec les forces armées grecques

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30 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 9: Le Roi Constantin avec le Président Johnson

Image N° 10: Le Roi Constantin avec le PM Geórgios Papandréou

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31 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 11: Les auteurs du putsch du 21.04.1967

De gauche à droite : Nikólaos Makarezos, Stylianós Pattakós et Geórgios Papadópoulos.

Image N° 12: La photo reprochée

Le Roi Constantin forcé de faire jurer (26.04.1967) le premier gouvernement après le putsch du 21.04.1967.

Devant à la gauche, le colonel Geórgios Papadópoulos, derrière le Roi le Général de brigade Stylianós Pattakós.

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32 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 13: Contrecoup du Roi Constantin - Kavala, 13.12.1967

Image N° 14: Le Roi Constantin à Rome, suite au contrecoup raté du 13.12.1967

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Images N° 15 & 16:

Le brigadier Dimitrios Ioannidis (au centre) qui a renversé Papadópoulos, en novembre 1973.

Retour de Constantin Karamanlis à Athènes, le 24.07.1974, accompagné de son neveu Michalis Liapis (débout à la porte de l'avion). Liapis fut chef de cabinet de son oncle lorsque celui-ci fut Premier-ministre, puis Président de la république. Il a ensuite occupé plusieurs postes ministériels lors des gouvernements de Costas Karamanlis (un autre neveu de Constantin Karamanlis). Le 17.12.2013, Liapis a été arrêté à Athènes après que qu'il a été retrouvé à conduire une jeep de luxe avec des fausses plaques d'immatriculation et sans assurance. La police a effectué une vérification de son véhicule après qu'il avait omis de s'arrêter devant un feu rouge. Il est apparu par la suite que Liapis avait remis les plaques d'immatriculation réelles au Bureau de l'impôt en août de la même année pour éviter de payer un montant de 1.320 € en taxes routières. Liapis a été immédiatement condamné à une amende de 780 € pour la conduite d'un véhicule non assuré et autres infractions. Il devait subir son procès sous l'inculpation de délit le 19 décembre 2013...

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34 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 17: La dynastie Papandreou – Grand père, fils et petit fils

Image N° 18: Andréas Papandréou et Constantin Karamanlis – l’entente contre le Roi

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35 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 19: Constantin Karamanlis avec sa Rolls-Royce présidentielle

Constantin Karamanlis fut réputé pour son goût raffiné pour des biens de luxe.

Image N° 20: Les dynasties «Karamanlis» et «Papandréou»

A gauche : Costas Karamanlis, ex-Premier-ministre, 10.03.2004 - 06.10.2009 (neveu de Constantin Karamanlis). A droite : Georges Papandréou, ex-Premier-ministre, 06.10.2009 - 11.11.2011 (petit fils de Geórgios Papandréou). Les deux portent des lourdes responsabilités pour la crise financière grecque.

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36 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 21: Théodore Pángalos, connu comme le «Big fat Minister»

Ministre des Affaires étrangères de 1996 à 1999, en octobre 2009, il devient vice-président du gouvernement de Georges Papandréou Jr. Pángalos fut célèbre pour son langage coloré et les commentaires insultants sur les opposants politiques et des dignitaires étrangers. En 2010, il a irrité les Grecs quand, en réponse aux critiques que c’est à cause du détournement de fonds publics par des politiciens que le pays fut condamné à l'insolvabilité, il s'est prononcé en faveur de mesures d'austérité et accusé tous les citoyens grecs avec les mots "Mazí ta fágame" ("nous avons bouffé tous ensemble" [c.-à-d., nous avons tous détourné des fonds donc nous sommes tous responsables de la dette]).

Image N° 22: Venizélos – Lagarde (La «liste Lagarde»)

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Images N° 23 & 24: Tsipras (nouvelle étoile ascendante sur la scène politique grecque)…

Affiche électorale de SYRIZA en turc. SYRIZA a fait élire le turcophone Ayhan Karayusuf au Parlement grec

A gauche : Le nouveau leader du PASOK Evángelos Venizélos (un autre exemple de politicien grec avec obésité). A droite : Alexis Tsipras leader du parti de gauche procommuniste SYRIZA (2e au Parlement grec). Il prétend être le sauveur de la Grèce, ses acolytes le dénomment «Megas Tsiproléon» par antonymie duale (Napoléon) !!! Remarque : TSIPRAS, est le neveu de l’épouse du Général de brigade Stylianós Pattakós, un des principaux auteurs du coup d’Etat du 21.04.1967. Son père Paul Tsipras était le frère de l’épouse de Pattakós. En 1967, Paul Tsipras a fondé à Arta l’entreprise «Σκαπανεύς ΑΤΕ» active dans le secteur de l’ingénierie civile, qui a bénéficié de contrats importants concédés par le régime des colonels suite à l’intervention personnelle de Patakkós. Ses grands bénéfices lui ont permis de faire de dons généreux à l’archevêque Hiéronyme d’Athènes qui avait trahi le Roi Constantin en 1967 (cf. supra). Accusé d’abus financiers, Paul TSIPRAS fut obligé de s’expatrier aux pays arabes, où il étend ses activités et gagne davantage d’argent et d’influence. Après la chute de la Junte, Paul Tsipras retourne en Grèce avec le truc bien connu de «résistant»! Sa compagnie va de mieux en mieux car elle bénéficie désormais de contrats concédés par des gouvernements «antifascistes » et même des maires communistes, dans le cadre de procédures dites «démocratiques». Héraclès Tsipras, frère aîné de Paul Tsipras (donc l’oncle d’Alexis Tsipras) fut membre du parti de gauche procommuniste «Union de Gauche Démocratique» (EDA) durant les années 1950. Lors du putsch du 21.04.1967, il fut recherché car il figurait sur la liste des personnes subversives. Héraclès ayant réussi à fuir, la police militaire arrêta son frère Paul à sa place, qui fut t peu après relâché sur ordre de Pattakós. Héraclès se précipita de trouver un arrangement avec le régime des colonels, ce qu’il a réussi à tel point qu’en 1968 il fut nommé Président du fameux club de football «Panathinaïkós» d’Athènes. Celles-ci furent les uniques actions des frères Tsipras contre la dictature des colonels…

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38 Doc AA-09 FR-09-2014 «LES MALCHANCES DU ROI CONSTANTIN DE GRÈCE»

Image N° 25: Le Roi Constantin et la Reine Anne-Marie de Grèce

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Image N° 26: Le Roi Constantin avec ses trois fils en Grèce, 2010.

Image N° 27: Le Roi Constantin, avec Nicolas Sarkozy, le Roi Juan Carlos I, le prince diadoque Felipe et le Roi Siméon de Bulgarie, Palais Royal, Madrid, 15.01.2012

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Carte N° 1: La Grèce au temps de la Gloire – l’expansion territoriale du Royaume de Grèce

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Copyright: Dr. Angel ANGELIDIS, Brussels, September 2014