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16 DÉCEMBRE 2006 - N°428 • 1,5 € DES SOCIALISTES ISSN : 1278-6772 JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT Créer une dynamique dès le premier tour PHILLIPPE GUYOT DÉLÉGUÉ NATIONAL À L’EXCLUSION Quand j’étais SDF Quand j’étais SDF L ’hebdo L ’hebdo BERTRAND GUAY/AFP

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JEAN-PIERRECHEVÈNEMENT

Créer unedynamique

dès le premier tour

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Jean-Pierre Chevènement,président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), s’est retiré,le 10 décembre, de la course à l’Élysée au profit de Ségolène Royal. Dans unentretien à L’hebdo des socialistes, il explique les raisons qui l’ont conduit à prendre cette décision.

Quelles sont les raisons devotre ralliement à la candida-ture de Ségolène Royal ?

Je récuse le terme de rallie-ment. Parlons plutôt d’unaccord politique, au termeduquel j’ai accepté de retirer macandidature et de soutenirSégolène Royal pour créer unedynamique dès le premier tour.Le MRC et le PS ont en communune histoire, mais aussi uncontentieux, portant notam-ment sur l’Europe.

À bien des égards, celui-ci aété tranché par le peuple fran-çais, le 29 mai 2005, qui s’estprononcé contre le projet deConstitution européenne. Cettecontradiction est motrice à par-tir du moment où dans le textede l’accord politique, il n’est plusquestion de ratification du texterejeté et où la réorientation éco-nomique de l’Europe est poséeen termes clairs, via l’instaura-tion d’un gouvernement écono-mique de la zone euro et laréforme des statuts de la Banquecentrale européenne (BCE). Nousconsidérons que les conditionssont réunies pour une campagnecommune. Nous avons pris soin,avec Ségolène Royal, puis Fran-çois Hollande, d’améliorer letexte, à partir d’une moutureélaborée entre nos deux partisdès le mois de juin. Après unesuspension de plusieurs mois, lesnégociations ont repris lasemaine dernière pour aboutir àcet accord.

Compte tenu de la configura-

tion actuelle et de la faiblesseprobable de nos alliés au secondtour, il m’a semblé souhaitablede créer une forte dynamique depremier tour. C’était clairementle vœu de Ségolène Royal quis’est déclarée convaincue de lanécessité d’agir avant les fêtes,au lieu d’attendre le mois demars et l’enregistrement des par-rainages devant le Conseilconstitutionnel ou le soir du pre-mier tour. J’ai donc choisi de pri-vilégier cette dynamique dès lorsque notre accord portait sur despoints essentiels à nos yeux, telsque la politique industrielle eténergétique, la République etses valeurs, la sécurité, la laï-cité, l’égalité devant la loi, ycompris en Corse, l’accès de tousà la citoyenneté… La discussiona été serrée sur le problème desinstitutions. Nous souhaitons,en effet, que la responsabilitésoit clairement située dans l’É-tat. Le texte élaboré est conve-nable.

Enfin, la dernière partie dutexte touche à la politique exté-rieure et à la défense. Elle noussatisfait pleinement dans lamesure où nous refusons ensem-ble une justice internationale àdeux vitesses et où nous nous

déclarons favorables à uneréorientation de notre politiqueextérieure en direction du Sud etnotamment de l’Afrique, autourdu principe de codéveloppe-ment.

En résumé, ce texte est unebonne synthèse, en dépit desdifférences de sensibilité quinous séparent parfois sur laquestion de la Nation. Nous pen-sons, en effet, au même titreque Jaurès, qu’un peu d’interna-tionalisme éloigne de la patrie etque beaucoup y ramène. Et quel’Europe doit se construire à par-tir des peuples pour retrouver lesol ferme de la démocratie quivit dans les nations et renouer lelien entre nos concitoyens et lescentres de décision qui aujour-d’hui leur échappent. Ce débatn’est sans doute pas clos.

Ségolène Royal saura, j’en suissûr, provoquer le rassemblementunitaire de la gauche. Ceux quise disent anti-libéraux éprou-vent les plus grandes difficultésà trouver un accord. Notreentente leur offre une perspec-tive positive dans la mesure oùils peuvent voir en moi, bien querépublicain, un représentantincontestable et conséquent del’antilibéralisme.

UN DERNIERMÉPRISComme tout tyran qui se respecte, le généralPinochet aura défié et mépriséson peuple jusqu’au bout,affirmant encore il y a peu : « Tout ce que j’ai fait, je le ferais à nouveau. »Jusqu’au bout et si longtemps.La nature, injuste et implacable, aura épargné le fossoyeur du peuple chilien.Une longue vie, une viepleine ; combien de faste et d’honneurs, combien de meurtres et de torture.Mais sa mort n’en est pasmoins arrivée trop tôt, même après 91 années d’une existence coupable. Elle constitue un derniermépris adressé au peuplechilien, puisqu’il part à la veille d’un procès au coursduquel il aurait eu à répondrede ses crimes. La justicedes hommes ne le jugera pas.L’histoire s’en chargera, de même qu’elle jugera celleset ceux qui, comme MargaretThatcher, osent encorelui témoigner fidélité.Si le procès du généralPinochet n’aura pas lieu, ceux des collaborateurs de la dictature encore en viese tiendront et permettrontaux Chiliens d’achever de panser les plaies laisséespar 17 années de tyrannie. Des plaies qui se refermentavec le renouveaudémocratique du pays,incarné aujourd’hui parMichelle Bachelet. Elle, qui porte dans sa chair la marque de la résistance et dont l’élection symbolise la victoire des victimes de la dictature. Ces victimesdont l’exercice du pouvoir,irréprochable, matérialise et pérennise la revanche de la liberté sur la tyrannie.

LE BILLETDE JULIENDRAY

A C T U A L I T É S

2L’HEBDO DES SOCIALISTES 16 décembre 2006

« Créer une dynamiquedès le premier tour »

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Quels sont les termes de cetaccord ?

Il comprend trois volets essen-tiels. La relance économique etla lutte contre le chômage à tra-vers la réorientation de l’Europe,d’abord. La République relevée,ensuite, et la voix retrouvée dela France en Europe et dans lemonde. Un volet électoral, enfin.Certains, hypocritement, fontmine de croire que cet accord estjustifié par des considérationsélectorales. C’est absurde. Lesidées sont toujours défenduespar des hommes et des femmes.Le plus important, dans l’immé-diat, c’est la dynamique prési-dentielle. Les législatives vien-dront ensuite.

J’observe, par ailleurs, queceux qui évoquaient, il y aquelques années, un « virage àdroite » à mon sujet sont lesmêmes qui aujourd’hui critiquenten termes analogues SégolèneRoyal, au motif qu’elle défenddes positions de bon sens, enrefusant, notamment, d’opposerprévention et répression. Lesdeux doivent aller de pair. Lasanction est un rappel pédago-gique à la règle. Ségolène a ducharisme et du caractère. Elle l’adémontré. Le devoir de ceux quijouissent d’une certaine expé-rience – et la mienne est lon-gue – est de se mobiliser pour lasoutenir dans cette bataille.

Votre nom est indissociable del’histoire du Parti socialistejusqu’à votre rupture. Cettecampagne est-elle synonyme,pour vous, de retrouvailles oud’un mariage de raison ?

Chaque fois que le Parti socia-liste et sa composante républi-caine ont trouvé un accord, lasuite des événements a été favo-rable à la gauche. Ainsi entre leCongrès d’Épinay, en 1971, l’éla-boration du programme du PS,dont François Mitterrand m’achargé, et les législatives de1983. Notre mise à l’écart, en1975, a débouché sur l’échec de1978. Nous nous sommes retrou-vés à Metz, deux ans avant l’al-

ternance de 1981, avant de nouséloigner à nouveau à partir de1983. Après le traité de Maas-tricht, j’ai considéré qu’il étaitplus honnête de militer endehors du Parti, en créant leMouvement des citoyens (MDC).Ce qui ne nous a pas empêchésde nous retrouver en 1995, auprofit d’une dynamique positivequi a joué entre 1997 et 1999.Nous avons ensuite été margina-lisés, pas seulement sur la Corse,mais aussi sur la Constitutioneuropéenne, la lutte contre ladélinquance ou bien encore lalibéralisation des servicespublics et la politique indus-trielle. Dès lors que la gaucheplurielle s’est montrée incapablede se retrouver sur un projetcohérent, l’échec, en 2002, asuivi. Si nos familles politiquess’étaient trouvées unies, ce queje souhaitais, nous aurions sansdoute évité la déconvenue du 21 avril.

L’alliance du PS et du courantrépublicain, qui fait partie denotre héritage commun, s’esttoujours révélée positive, voirestructurante, en suscitant unevéritable éthique de la responsa-bilité. Je suis heureux qu’ellesoit à nouveau possible aujour-d’hui, même si l’histoire ne s’ar-rête pas au soir du 10 décembre2006, date de la ratification denotre accord politique. À charge,pour nous, de démontrer qu’ils’agit là, comme l’a dit SégolèneRoyal, « d’une alliance de longterme, de mouvement à mouve-ment, de personne à personne,qui produira ses fruits dans ladurée ». Je ne doute pas que cesoit possible. J’étais, le 12 décembre, dans le Pas-de-Calais, à Douvrin, avec OdetteDuriez, il y avait un enthou-siasme communicatif. On sentaitqu’un élan avait été créé. Jecontinuerai, bien entendu, à êtresur le terrain. Ségolène Royalm’a proposé de désigner desreprésentants au comité de cam-pagne et au comité politique, etm’a fait part de son intention deme convier à des rencontres uti-les, par exemple avec le prési-dent de l’Eurogroupe.

J’ai toujours cherché à orienterle Parti socialiste dans la bonnedirection. J’ai appelé, dans unpassé récent, à des états géné-raux de la gauche. J’espère quesur la base de la dynamique denotre campagne, ce désir pourradevenir un jour réalité. L’alliancede nos deux partis passe par unrespect mutuel. Soyons clairs :je n’accepte pas d’être le boucémissaire du 21 avril. C’est tropfacile. Les causes de notre échecsont plus profondes que ladispersion des voix de la gaucheau premier tour. Elles étaientavant tout politiques. Nous

devons avoir la lucidité de lereconnaître. Nous pourrons alorstourner la page de manière posi-tive et en écrire une autre, dyna-mique, tournée vers l’avenir et lareconquête.

Propos recueillis par Thierry Beauvan,

Pierre Kanuty et Bruno Tranchant

La version intégrale de cette interview et l’analyse de Bruno Le Roux, secrétairenational PS en charge des élections,sont consultables surwww.hebdo.parti-socialiste.fr

3 L’HEBDO DES SOCIALISTES16 décembre 2006

L’hebdo des socialistes 10, rue de Solferino 75333 Paris Cedex 07 • Tél. : 01 45 56 78 61 Fax : 01 45 56 76 83 (Pour obtenir vos correspondants, composez d’abord le 01.45.56)DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Maurice Braud • DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Claude Bartolone • RÉDACTEUR EN CHEF : Alain Herbeth (77.16) • RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Ariane Gil (77.92) • RÉDACTION : Bruno Tranchant (77.33) Pierre Kanuty(76.00) Fanny Costes ; Ariane Vincent ; Damien Ranger (76.27) • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Éric Lamien (76.27) • MAQUETTE : Christine Lovinger, Pascale Lecomte (78.92) • PHOTO : Philippe Grangeaud (76.27)• SECRÉTARIAT : Odile Fée(78.61) • COMPTABILITÉ : Michelle Boucher (79.04) • SECRÉTAIRE À LA RÉDACTION-ABONNEMENT : Sabine Sebah (78-57) • FLASHAGE ET IMPRESSION : PGE - (94) Saint-Mandé • ROUTAGE : Routex - 91080 Courcouronnes. N° commission paritaire :0109 P 11 223 – “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications. Ce numéro a été tiré à 235500 exemplaires.

Il y a des comparaisons heureuses. Alors que l’UMP tente, sans y parvenir, de simuler un débat démocratique, que l’unité de la droite se lézarde jusqu’au sein du conseil des ministres, la gauche se rassemble un peu plus avec le soutien, dès le premier tour, de Jean-Pierre Chevènement à Ségolène Royal,soutien qui vient après celui des radicaux de gauche.Avec le MRC, les désaccords subsistent. Nous ne défendons pas le même projet – nous serions alors dans le même parti – maisnous sommes capables de dépasser nos divergences, notammentsur le traité constitutionnel, pour proposer ensemble une nouvelleétape pour la France et l’Europe. C’est ce que nous avions réussidès novembre 2005 entre partisans du « oui » et du « non »avec la synthèse du congrès du Mans. C’est ce à quoi nous parvenons maintenant avec les Républicains Citoyens. Que soit particulièrement remercié Bruno Leroux qui aura contribué avec force et talent à cet aboutissement.La gauche ne peut gagner que si elle est unie. Elle peut l’être. C’est chose faite avec le PRG et le MRC. Ce message, nous devonsl’adresser maintenant à tous ces camarades qui se présententcomme plus radicaux ou plus anti-libéraux que nous, et qui, pour le moment, peinent à se trouver un-e porte-parole. Nous pourrions jouer la logique des institutions de la Ve

République : parier sur la victoire de notre candidate et conduirele « rouleau compresseur » un mois plus tard lors de législativesplus que jamais liées au scrutin présidentiel. Nous n’en faisons rien.Nous pourrions être indifférents au message des Verts, nousappuyer sur des sondages peu encourageants pour eux, et leurimposer nos ambitions. Il n’en est rien non plus.Notre porte reste ouverte. Pour la victoire, certes, mais passeulement. Ce que nous voulons, c’est construire dans la durée etpour cela, nous avons besoin de toute la gauche qui accepte de semesurer à l’exercice du pouvoir.Pour changer la politique comme pour changer la France, aucunebonne volonté ne sera de trop.

François Hollande

Construire pour la victoire et dans la durée

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Le PS a organisé, le 13 décembre, un séminairede travail sur le programmede l’UMP. Point de départ de ces rencontres, une note du secrétaire national en charge des études, Alain Bergounioux, établitune analyse critique des propositions formuléespar les partisans de Sarkozy.

Un texte ramasse-toutmâtiné de libéralisme.Sous couvert de « révo-lution politique », le

conseil national de l’UMP a enté-riné, le 16 novembre dernier, unprogramme électoral qui n’aitrien de moins qu’une versionrelookée d’un capitalisme adaptéaux seules exigences de ses pro-moteurs. « Cette logique libé-rale sur le plan économique etsocial ne s’exprime pas demanière ouverte, elle se dissi-mule derrière la formule du « libre choix » individuel, ou del’hymne récurrent au mérite »,constate Alain Bergounioux,secrétaire national (SN) encharge des études.

Sans appeler ouvertement à l’a-brogation de la durée légale du

temps de travail, l’UMP invite lessalariés à s’investir davantagepour bénéficier d’un meilleurtraitement. Cette stratégie decontournement se traduit parune grave remise en cause desacquis sociaux et syndicaux,dénoncée par Eric Besson, SN àl’économie et la fiscalité, etAlain Vidalies, SN chargé du tra-vail. Le constat vaut égalementpour l’éducation, où l’autonomieet le libre choix des parents jus-tifieraient la fin de la carte sco-laire, approche vivement criti-quée par Claude Roiron, SN àl’Éducation. « Le service public,quant à lui, est plébiscité, maisavec toujours moins de moyenset de personnels, et dans unpérimètre sans cesse pluscontesté par une société de mar-ché, présentée comme celle dulibre choix », dénonce AlainBergounioux.

Derrière cette rhétorique, l’UMPpourfend les principes d’égalitéet de solidarité. Selon son dis-cours, chacun est comptable deses réussites et de ses échecs.S’ensuit un lot de mesures quilaissent augurer le pire : nou-velle baisse de l’impôt sur lerevenu, altération profonde desdroits de succession, érosion del’ISF… « L’hymne au travail,

brandi comme un étendard, neparvient pas à dissimuler unefaiblesse concrète pour la renteet les situations acquises »,souligne Alain Bergounioux.

Autant dire que ces prétenduesmesures « volontaristes » ressas-sées par Sarkozy, se perdent dansle mirage de l’ultralibéralisme,dont Benoît Hamon (Europe) Béa-trice Marre (développement dura-ble) et Pascal Terrasse (santé etprotection sociale) ne cessent dedénoncer les effets. Et que diredes discours qui agitent le spectredu déclin, stigmatisant un peuplus encore exclus et immigrés,suspectés de tricher avec les reve-nus de solidarité ou d’assistance ?Ce qui conduit Delphine Batho(sécurité) et Razzy Hamadi, prési-dent du MJS, à adresser une vio-lente mise en garde à l’UMPcontre l’exaspération des catégo-ries populaires touchées, de pleinfouet, par la montée de la préca-rité et de l’insécurité.

« Visiblement, le citoyen, dansla vie politique comme dans la viesociale, n’est pas au cœur de ladémarche d’une formation poli-tique qui marque ainsi, sur cepoint clef, sa fidélité à ses devan-cières, l’UNR, l’UDR et le RPR »,conclut Alain Bergounioux.

B. T.

« Un projet dangereux,injuste et coûteux ! »

Quand François Hollandedécrit la démarche de Sarkozy il rappelle qu’ellerepose sur une conceptionsimple, celle d’uneresponsabilité qui n’est jamaisla sienne. « Il a été associé àtoutes les grandes décisions,sans pour autant êtrecomptable de rien », soulignele Premier secrétaire. Etlorsque le patron de l’UMPretrouve ses amis dans lecadre de forums, c’est autour de Jean-Pierre Raffarin. « Difficile d’être l’homme de la rupture quand on laisseà l’ancien locataire de Matignon le soin de faireles présentations ! », ironiseFrançois Hollande. Autretravers du personnage :quand Sarkozy évoque, au gréde ses déplacements, la création d’un ministère de l’Immigration, il se gardebien de revenir sur la politiquequ’il a menée depuis quatreans dans ce domaine. C’estbien la preuve qu’il s’exprimeen candidat, au prix d’une « confusion insupportable »des genres. « Sarkozy, c’est lapensée de Giscard, la méthodede Chirac et la philosophie de Balladur », poursuit le Premier secrétaire. Il ne faitguère de doute, dans ces conditions, que le projetde l’UMP repose sur la reproduction des situationsacquises. « C’est laperpétuation des inégalités,années après années. Ceprojet est dangereux, injusteet coûteux ». Dangereux,parce que fondé en partie sur la provocation. Injuste,parce qu’il demande aux uns de travailler plus et aux autres de payer moins.Coûteux, enfin, parce qu’il se traduit par des baissesmassives d’impôt, pouraboutir à 73 milliards dedépenses supplémentaires. « Les Français ne sont pasdupes », conclut le chef de filedu Parti socialiste. B.T.

L’UMP ou la tentation libéraleA C T U A L I T É S

4L’HEBDO DES SOCIALISTES 16 décembre 2006

Henri WeberSecrétaire national à la formation

vous invite à débattre avecPierre Rosanvallon

Historien, directeur d’études à l’École des hautesétudes en sciences sociales (EHESS)

Président de la collection « La République des Idées »Auteur du livre : « La contre-démocratie »

Éditions du Seuil

Sur le thème :

« OÙ VA NOTRE DÉMOCRATIE ? »

Inscription obligatoire par e-mail à : [email protected]

ou par téléphone : 01 45 56 76 13

LE DÉPARTEMENT DE LA DRÔME RECRUTE

CHEF DE CABINET DU PRÉSIDENT

Poste de collaborateur de cabinet, basé à Valence(Drôme), à pourvoir au 1er février 2007Missions principales du poste :• Gestion politique de l’agenda• Rédaction de discours et interventions• Gestion de protocole, organisation de manifestationsQualités requises :• Excellente culture générale, territoriale et politique • Esprit de synthèse• Très bon niveau rédactionnel• Sens de l’organisation• Grande disponibilité

Contact : Isabelle ELZIERE-DELALLE, directrice de cabinetTél. : 04 75 79 26 62Fax : 04 75 42 08 [email protected]

LesentretiensD E S O L F E R I N O

Jeudi 11 janvier 2007de 18h30 à 20 h

Salle Marie-Thérèse Eyquem10, rue de Solférino – 75007 Paris

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5 L’HEBDO DES SOCIALISTES16 décembre 2006

D O S S I E R

L’exclusionn’est pas une fatalité

Philippe Guyot, aujourd’hui délégué national àl’exclusion auprès de François Hollande, a acceptéde replonger dans l’enfer des exclus, le temps d’unreportage photo, pour permettre aux lecteurs demieux comprendre ce monde parallèle. Son parcoursest également la preuve que la rue n’est pasinéluctable. Son témoignage est riche aussid’exemples de mesures simples qui faciliteraient lavie des SDF. En écho, notre dossier met en évidencedes initiatives locales aux résultats probants.Alors que la politique de la droite a accru lavulnérabilité sociale, le Projet socialiste propose desmesures concrètes pour sortir de la crise.

PHILIPPE GUYOTdélégué national à l’exclusion

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6L’HEBDO DES SOCIALISTES 16 décembre 2006

D O S S I E R Pendant dix longs mois, Philippe Guyot a vécu, au jour le jour, la grande exclusion des sans domicilefixe : le désespoir de la rue, la quête aléatoire d’une place en centre d’hébergement, la violencesociale faite aux personnes marginalisées. De cette terrible expérience lui vient une mission : faire connaître le sort de ses compagnons d’infortune. Socialiste, il décide d’alerter le Parti surses conditions de vie. Après une rencontre déterminante avec François Hollande, Philippe Guyotpoursuit désormais son combat en tant que délégué PS à l’exclusion.

Comment avez-vous basculédans l’exclusion ?

La dégringolade acommencé un matin demai 2003 à 8 heures,quand la police, unhuissier et un serrurier

sont venus sonner chez moi pourm’expulser de mon logement.Cela faisait plusieurs mois que jen’avais pas payé mon loyer, carj’avais été licencié économiquede l’entreprise de distribution oùje travaillais comme responsablede la logistique. J’avais de maig-res indemnités Assedic et je pri-vilégiais le paiement des facturesEDF, pour avoir au moins duchauffage. Là, le ciel vous tombesur la tête : où aller ? Où dor-mir ? Que faire ? Tout d’abord,je n’accepte pas ce qui m’arrive.Je me réfugie dans le déni, jeflotte, je ne sais pas commentréagir. La première nuit, je dorssur un banc, seul. La deuxièmeaussi, me demandant si je vaisdevenir un vrai clochard, alcoo-lique et malade. La troisième, je

me décide enfin à appeler le 115(le numéro du samu social), ettoute honte bue, je me retrouvedans un centre d’hébergementd’urgence, à Paris.

Les structures d’urgence sont-elles adaptées à une tellesituation de détresse ?

Non, là, c’est le choc ! Cafardssur les murs, puces dans les lits,deux toilettes et deux doucheshorriblement sales pour 80 bon-hommes… Je découvre lamanière dont on traite les SDFdans notre pays. Sans parler dela violence, des vols…

Je décide alors d’aller voir lesservices sociaux de ma communeoù l’on me dit en substance« débrouillez-vous », en medonnant un vieux guide des cen-tres d’hébergement qui date de2001. Je comprends alors que jene pourrai compter que sur moi-même. Je continue ma décou-verte des conditions de vie encentre d’hébergement pour SDF :on nous fout dehors à 8 heures

chaque matin, qu’il pleuve, qu’ilvente ou qu’il neige, avec inter-diction de revenir avant 19 heu-res, et le personnel nous traitecomme des animaux.

Je découvre aussi qu’on n’adroit qu’à dix jours de présencedans un centre, et qu’après, pen-dant un mois, c’est au jour lejour, « premier arrivé premierhébergé », avant de pouvoir ànouveau jouir d’une période dedix jours de répit ! C’est un non-sens alors que la réinsertionpasse avant tout par un peu destabilité. Mais comme il n’y a pasassez de place pour tout lemonde, cette règle permet unerotation des personnes. Du coup,devant les centres, il y a des filesd’attente très tôt dans l’après-midi, et si vous arrivez trop tard,tant pis pour vous, vous en serezquitte pour appeler le samusocial... qui ne pourra rien fairepuisque tout est complet depuisle matin. Vous irez donc dormirsous un pont ou sur un banc. Enfait il n’y a jamais assez de place

pour héberger tout le monde, etceux qui disent le contraire sontdes menteurs.

Rapidement, vous décidez d’alerter les politiques sur laréalité des conditions de priseen charge des SDF…

Au bout d’un mois, j’ai changéde centre, et me suis retrouvé auBourget, dans une structure pluspetite, où les rapports humainsétaient moins violents, mais lesconditions d’hygiène tout aussidéplorables. C’est là que je décidede me rebeller et de « profiter »de ma situation pour alerter quije peux sur les conditions de viedes SDF. J’écris au président de laCroix-Rouge, l’organisme qui gèrele centre. J’alerte le préfet. Jedeviens une sorte de porte-parolede mes compagnons d’infortune,qui m’appellent désormais affec-tueusement « M’sieur Philippe ».

Étant déjà militant du Partisocialiste, j’écris aussi une lettreà François Hollande qui, à magrande surprise, me répond. Nous

Sédentaires en hébergement d’urgence :c’est la contradiction vécue au quotidienpar des milliers de sans-logis. Une situa-tion inique qui commence seulement àêtre remise en cause. Comme à Marseille,par exemple, où le service d’hébergementet d’accompagnement à la stabilisation(SHAS) propose aux sans-abri un vérita-ble « camp de base » pour la réinser-tion. Un hébergement sur le moyenterme, de deux à quatre mois « qui per-met de souffler et de se poser »,explique son directeur Jean-Jacques Mer-lin. Les usagers, ici, ne sont pas misdehors au petit matin. Ils bénéficient

d’une chambre, d’une consigne fermée etde trois repas par jour. Un « confort »indispensable pour envisager sereine-ment une réintégration dans la société.Car si le foyer d’urgence maintient lesans-abri dans la marginalité, en l‘obli-geant à rechercher chaque jour de quoimanger et un toit pour dormir, l’héberge-ment de moyen terme permet de seconsacrer uniquement à la recherched’une solution durable. « La contrepar-tie, dans ce centre, c’est que la personnes’engage à faire des démarches de réin-sertion et à épargner », souligne Jean-Jacques Merlin. Un dispositif qui permet-

trait à 80 % des usagers passés par leSHAS de sortir de la « spirale de l’ur-gence ». Parmi eux, des jeunes, qui par-fois travaillent, les nouveaux « workingpoor » à la française, mais aussi des per-sonnes âgées. « Pour ce public, nousavons des accords avec des maisons deretraites de la région », précise le direc-teur du SAHS. Quant à ceux qui ne tra-vaillent pas, « on veille à ce qu’ils s’ins-crivent dans un parcours professionnel. »Le lieu, victime de son succès, est com-plet en permanence. Il est vrai qu’il nedispose que de 40 places.

Luc Peillon

Hébergement : sortir de la spirale de l’urgence

« Des mesures simples peuventaméliorer la vie des SDF »

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7 L’HEBDO DES SOCIALISTES16 décembre 2006

nous rencontrons rue de Solfé-rino et il me demande de luiorganiser une visite du centre. Ilvient alors avec Jean-PaulHuchon, président de la régionIle-de-France, et plusieurs élusde Seine-Saint-Denis, et tousdécouvrent ce dont personne neparle jamais, entre flaques d’u-rine et cafards. En plus, ils man-quent d’attraper la gale, puisqu’ily avait à cette époque une épi-démie dans le centre !

Pourtant, la qualité de l’accueildes structures spécialiséesn’est-elle pas la base du pro-cessus de réinsertion ?

Oui, et mon expérience leprouve. On s’est davantageoccupé de moi dans le troisièmecentre d’hébergement que j’aifréquenté, à Saint-Ouen, unestructure gérée par la commune.Un personnel attentif m’a permisde décrocher un nouveau travailet, finalement, de pouvoirreprendre une vie normale aprèsdix mois de galère. Dix mois pen-dant lesquels j’ai alterné pério-des de désespoir profond, petitsmoments de répit, et parfoisenvies d’en finir une bonne foispour toutes, de tout laisser tom-ber et de me suicider. Être SDF,

c’est tellement dur, tellementhumiliant, qu’il faut être très fortpsychologiquement pour ne passombrer peu à peu, se mettre àboire, se négliger et perdre pied.

Moi, ce qui m’a sauvé, c’estaussi la mission que je m’étaisassignée : faire connaître le sortdes SDF. Et le soutien de quatrecamarades de ma section deSevran qui m’ont sorti la tête del’eau et donné des coups depieds aux fesses quand je som-brais. Sans eux, je serais clo-chard aujourd’hui…

Comment répondre plus effica-cement aux besoins des SDF ?

Il faudrait créer de petitesstructures pour l’accueil des SDF,avec du personnel qualifié, formépour recevoir ce public. Aujourd’-hui, le personnel des structuresd’accueil est trop souvent consti-tué de personnes en CDD qui nesont sensibilisées ni au social niau contact humain.

Il serait également utile queces structures comprennent desmédecins qui donneraient desconsultations d’alcoologie et depsychiatrie. Il faudrait surtoutque les centres d’hébergementsoient ouverts toute la journée,et qu’ils soient équipés d’ordina-

teurs et de téléphones : com-ment voulez-vous trouver unboulot quand on vous jettedehors tous les jours à 8 heuresdu matin ? Il y a de nombreuxbâtiments désaffectés que l’onpourrait réhabiliter pour ce typede structure.

L’essentiel, c’est d’avoir unvéritable soutien psychologiquede la part du personnel, d’êtreaidé par des gens qui vous évi-tent de sombrer et qui vousmotivent en vous proposant uncontrat moral du type : « jet’aide et en échange, toi tu cher-ches du travail », comme on l’afait pour moi à Saint-Ouen. C’estla clé pour s’en sortir : aider,rassurer et motiver des gens quisont extrêmement fragilisés.Comme cela, et comme cela seu-lement, ils ont une chance de seréinsérer rapidement dans lasociété et de ne pas sombrer.

Par-delà l’hébergement, quel-les mesures aideraient les SDFau quotidien ?

Certaines petites mesures sem-blent peu importantes, mais sontdéterminantes, telles la gratuitédes toilettes publiques à Paris.Une autre initiative qui va dansle bon sens : la prise en charge

par la région Ile-de-France de 75 % du coût des transports col-lectifs pour les rmistes. Ces deuxmesures, prises par la gauched’ailleurs, changent la vie desSDF. D’autant que la plupart descontrôles SNCF et RATP ont lieuentre le 1er et le 7 de chaquemois, alors que les SDF touchentleur RMI précisément le 7 ! Com-ment voulez-vous que les genscontinuent à chercher du boulotensuite ? On ne le sait pas, maisbeaucoup de SDF travaillent,souvent en CDD. Si, en plus, onleur met des bâtons dans lesroues, il y a un moment où ilscessent de lutter…

Et puis, il y a des petites cho-ses que l’on pourrait facilementfaire, des mesures simples pouraméliorer l’existence des SDF,comme faciliter leur domicilia-tion. Comment voulez-vous réin-tégrer une vie sociale (Assedic,ANPE, Sécu, entretiens d’embau-che…) quand vous n’avez mêmepas d’adresse où recevoir votrecourrier ? Bref : il y a beaucoupà faire pour améliorer le sort desSDF dans notre pays, et c’est lesens de mon engagement aprèsde François Hollande.

Propos recueillis par Jacques Bernard

E X C L U S I O N

« La première chose àlaquelle tu penses le matin,dès que tu es sorti du centred’hébergement, c’est lacabine, la cabine, la cabine,pour appeler le 115 et trouverune place dans un autre centred’hébergement le soir. Tantque tu ne sais pas où tu vaspasser la nuit, tu ne te senspas bien, tu ne penses à riend’autre. »

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8L’HEBDO DES SOCIALISTES 16 décembre 2006

D O S S I E R

Des entreprises en manque de salariésd’un côté, des chômeurs en mal de travailde l’autre… et les GEIQ entre les deux. UnGEIQ, c’est un Groupement d’employeurspour l’insertion et la qualification. Der-rière cet acronyme barbare se cache undispositif efficace : un groupement d’em-ployeurs, constitué en association Loi1901, servant d’interface entre un publicballotté d’une entreprise à l’autre et dessecteurs d’activité en difficulté de recrute-ment. Les GEIQ s’adressent prioritaire-ment aux jeunes sans qualification et auxadultes en difficulté d’insertion.

Pour le salarié, donc, un seul contrat, celui

qui le lie au GEIQ, même s’il s’en va tra-vailler dans différentes entreprises. Uneformation, également, puisqu’il s’agit d’uncontrat de professionnalisation. Côtéemployeur, la prise en charge administra-tive du salarié par le GEIQ et sa mise àdisposition dans des secteurs qui peinent àrecruter, souvent constitués de petites oumoyennes entreprises. Résultat : 84 % desjeunes issus du dispositif sortent avec unequalification. « Ils peuvent aussi se préva-loir d’une expérience professionnelle, et ça,c’est un vrai atout sur le marché du travail,surtout pour ce public très éloigné de l’em-ploi », souligne Arnaud Farhi, responsable

de la structure qui labellise les GEIQ. Il s’a-git parfois de petites formations, du type« certificat de qualification profession-nelle » ou « certificat de spécialisation »,mais répondant à de vrais besoins écono-miques. Un temps menacé suite à la sup-pression de la prime liée au contrat de qua-lification, le dispositif devrait connaîtreune « stabilisation », selon Arnaud Farhi,car « c’est une formule qui a fait ses preu-ves. Nombre de contrats en alternance n’au-raient jamais été signés sans le GEIQ. » En2005, 3 500 salariés ont bénéficié du sys-tème, dont 70 % ont trouvé un emploi àl’issu de leur formation. L. P.

Emploi : entreprises recherchent salariés

Un an après la distribution des premières tentes parMédecins du monde,leur pérennisation souligne combien la poli-tique de l’État ne faitqu’accroître la précarité.

L’hiver dernier, l’asso-ciation Médecins dumonde (MDM) a inau-guré la distribution detentes à Paris. Incon-

testablement généreuse, l’initia-tive devait au départ gérer l’ur-gence et se voulait uneinterpellation des pouvoirs pu-blics. Un an après, le problèmepersiste. Pire, la situation s’ag-grave suite à certaines décisionsde l’État. La restriction des alloca-tions chômage a provoqué l’explo-sion du nombre de rmistes, tandisque les expulsions locatives nefont que progresser (+ 40 % sur les six premiers moisde 2006 par rapport à la mêmepériode en 2005) et que les loisSarkozy ont augmenté le nombrede déboutés du droit d’asile, quierrent dans les structures d’héber-gement.

L’installation des tentes a permisun coup de projecteur sur le fléaude l’exclusion. Comme l’expliqueGraziella Robert, responsable de la

mission SDF de Médecins dumonde, « les tentes ont donné unevisibilité plus importante à undrame qui est sous nos yeux tousles jours. Notre action visait aussià éviter que les personnes qui refu-

sent d’aller dans les centres d’ur-gence ne restent dans le froid. »Mais les tentes ne peuvent êtrequ’une transition vers une solutionplus décente. Même si la mairie deParis et MDM ne sont pas toujours

La politique vue par les SDFSelon un sondage CSA-FNARS-La Croix réalisé en novembre2006, 35 % des sans domicilefixe disent « avoir envie des’intégrer » dans la sociétéfrançaise. C’est cinq points deplus qu’en 1997, et sept de plusqu’en 1994. 30 % (22 % en1997) affirment égalementvouloir la « transformer ».Seuls 7 % disent vouloir « vivre en marge » et 3 % en« profiter ». Les travailleurssociaux sont les personnes enlesquelles les SDF ont le plusconfiance (82 %), suivis desassociations (77 %), de lafamille (50 %), de l’ANPE (44 %), les hommes politiquesarrivant bons derniers avec 17 % (12 points de plus,cependant, qu’en 1997).Politiquement, 34 % des SDF sedéclarent inscrits sur les listesélectorales et 45 % envisagentde voter à la prochaineprésidentielle. Parmi eux,Ségolène Royal recueillerait 34 % des intentions de vote,Nicolas Sarkozy, 16 %, Jean-Marie Le Pen, François Bayrouet Arlette Laguiller, 5 %,Dominique Voynet et OlivierBesancenot, 4 %. Par ailleurs,80 % des SDF souhaitent que la lutte contre l’exclusion soitun des sujets prioritaires de la campagne présidentielle.Mais si 56 % considèrent que les hommes politiques ontles moyens d’améliorer la situation des plus démunis,seuls 30 % pensent qu’ils en ont la volonté.

L. P.

L

Les tentes, visibilité des ca rences de l’État

« Les tentes de Médecins du monde ont le mérite d’avoir mis sur laplace publique un problème dont personne ne voulait s’occuper. Commeça, on ne parle plus des SDF seulement l’hiver quand ils meurent de froid.Mais les tentes ne sont qu’une solution transitoire. Ce dont on a besoin,ce sont des centres d’hébergement adaptés, pas des tentes. »

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9 L’HEBDO DES SOCIALISTES16 décembre 2006

E X C L U S I O N

Quand les familles vivent dans la précarité, les enfants en sont les premières victimes. Le président d’Emmaüs France propose quinzemesures pour lutter contre cette vulnérabilité.

Deux millions d’enfantspauvres en France

Le constat fait parMartin Hirsch dans sonouvrage La pauvreté en

héritage est alarmant : « EnFrance, deux millions d’en-fants vivent aujourd’hui dansla pauvreté ». L’ancien con-seiller d’État et actuel prési-dent d’Emmaüs France s’ins-pire des recommandationsformulées par la commission« Famille, vulnérabilité, pau-vreté », qu’il pré-sida et qui remisun rapport au gou-vernement en avril2005. Quinze pro-positions concrè-tes visant à luttercontre la pauvretédes enfants etcelle – par exten-sion – des famillesconcernées sontmises en évidence.

Selon le prési-dent d’Emmaüs, leRMI a des « effets pervers » :ses bénéficiaires, lorsqu’ilsretrouvent du travail à mi-temps « voient leurs revenusbaisser », perdant les alloca-tions liées au statut dermiste. Il propose donc de luisubstituer le RSA, Revenu desolidarité active, une aide« garantissant que touteheure travaillée apporte un

complément de ressource ».L’auteur résume la détressedes mères, souvent seules, enrecherche d’activité : « pasd’emploi, pas de crèche, pasde crèche, pas d’emploi ». Laquestion du logement estégalement abordée. Nombrede ménages précaires viventde foyers en chambres d’hô-tel. D’autres habitent de véri-tables taudis. La vétusté des

i n s t a l l a t i o n sd’eau et d’électri-cité et l’humiditéentraînent acci-dents et maladieschez les enfants.« New deal loca-tif » proposé auxpropr iéta i res,respect de la loiSRU imposant unquota de 20 % delogements so-ciaux dans lesgrandes villes… :

tout un arsenal à mettre auprofit de la lutte contre le mallogement.

Martin Hirsch estime que lesplus fragiles sont parfois prisdans un cercle vicieux où les« difficultés s’accumulent ».Quand les problèmes liés àl’emploi, au logement, au sur-endettement, à la santé, et àl’accès à l’éducation s’imbri-quent, il faut alors considé-rer la situation dans sa glo-balité. Pour mettre en œuvreces projets, après les avoirtestés à petite échelle,Hirsch en appelle à la« volonté politique » del’ensemble des ministèresconcernés et à la « mobi-lisation générale ».

Anne-Aurélie Morell

« La pauvreté en héritage, 2 millions d’enfants pauvresen France », de Martin Hirsch,avec Sylvaine Villeneuve.Robert Laffont, 222 p., 18 euros.

L

d’accord, leurs objectifs sont com-muns : faire en sorte que ceux quivivent dans la rue retrouvent unhébergement durable grâce à unparcours de réinsertion.

Particulièrement mobilisée surla question, la mairie de Paris aaugmenté de 60 % depuis 2001 lebudget consacré à la solidarité :centres d’hébergement d’urgence,permanences sociales d’accueil,équipes de maraude… Une palettede solutions qui n’est cependantpas suffisante alors que Parisconcentre 62 % des places d’hé-bergement d’Ile-de-France. « Lesefforts déployés par certaines col-lectivités ne peuvent pas suffireface aux carences de l’État et à l’égoïsme de leurs voisines. Il esttemps que l’on applique la loi surla diversité de l’habitat de juillet1994 pour sortir de la notion deghetto. D’autant qu’en Ile-de-France, 188 communes s’affran-chissent également de la loi SRU(solidarité et renouvellementurbains) », regrette Gisèle Stieve-nard, adjointe au maire de Parisen charge de la solidarité et desaffaires sociales.

Face à la médiatisation de lasituation parisienne, Catherine

Vautrin, ministre déléguée à laCohésion sociale, a chargé Agnèsde Fleurieu, présidente de l’Obser-vatoire national de la pauvreté etde l’exclusion sociale, d’unemédiation pour trouver une solu-tion aux problèmes posés par lestentes. « Si son rapport, remis le10 août dernier, semble aller dansle bon sens », Graziella Robertdéplore qu’il soit « largementinsuffisant au regard des besoinsqui existent sur le terrain. »Mêmes attentes du côté de la mai-rie : « on a réussi à obtenir quecertains centres restent ouverts24 heures sur 24, avec un fonc-tionnement plus souple, mais lademande de Bertrand Delanoëpour qu’une conférence régionalesur l’hébergement et le logementdes plus démunis soit réunie restelettre morte. » En dépit des décla-rations, l’État semble donc campersur ses positions, tandis que denouvelles tentes risquent d’appa-raître cet hiver à Paris, mais aussien province.

Marine Batiste

ca rences de l’État

« Quand tu commences à telaisser aller sur l’apparence, c’estle début de la glissade. Moi je suistoujours resté propre quandj’étais SDF, c’est capital pour la manière dont les gens te regardent, et donc pourconserver une bonne image de soi. La laverie, ça coûte cher,mais ça fait partie des priorités.On pourrait aider les SDF, très simplement, en installant desmachines à laver gratuites dansles centres d’hébergement. »

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10 16 décembre 2006

D O S S I E R

L’EXCLUSION EN CHIFFRESn 788 euros par mois. C’est le

seuil de pauvreté en France,et 60 % de 1314 euros, lerevenu mensuel médian.

n 6,9 millions de personnesvivent sous le seuil depauvreté, soit, 22 % de la population française(Insee 2004).

n 86 500 personnes sont sans-abri en France (Insee 2001).Selon la Fondation AbbéPierre, il faut y ajouter 200 000 personnes hébergéesdurablement en hôtel, en habitat de fortune ou logées chez des parents et amis.

n 21 337 demandesd’hébergement ont étéenregistrées par le samusocial à Paris en 2005. Il n’a pu répondre qu’à 11 419 d’entre elles.

n 1,2 million personnesperçoivent le RMI. Le nombred’allocataires a plus quedoublé entre 1990 et 2005,passant de 500 000 à 1,26 million.

n 206 100 personnes perçoiventl’allocation de parent isolé (API).

n 400 400 personnesperçoivent l’allocation desolidarité spécifique (ASS).

n 610 000 personnes perçoiventl’allocation supplémentairevieillesse (FSV).

n 10 000 personnes perçoiventle revenu de solidarité (RSO)dans les DOM.

L’HEBDO DES SOCIALISTES

Sur le terrain, les élus sont en première ligne face àla progression de la misère. Exemples d’initiativesportées par des collectivités socialistes.

Réponses locales

La question de l’ex-clusion revient chaquehiver sur le devant dela scène. Et les acteursde terrain réclament

des avancées rapides, àquelques mois de l’élection pré-sidentielle. C’est sans compterle cynisme d’un gouvernementqui a choisi de baisser l’impôtsur la fortune pour les catégo-ries les plus aisées. Pour com-penser ces largesses, le gouver-nement a réduit comme peau dechagrin les subventionsallouées à la lutte contre l’ex-clusion et taillé sans merci dansl’accès universel aux soins.

Cette politique se traduit parun détricotage systématiquedes mesures adoptées par lagauche, dans la suite logique dela suppression des contratsaidés.

Depuis quatre ans, ce mêmegouvernement a limité la duréed’indemnisation du chômage etde l’allocation spécifique de soli-darité (ASS). La mise en place durevenu minimum d’activité(RMA) s’est soldée par la créa-tion d’une protection sociale aurabais. « Une véritable trappe àprécarité, dénonce Paulette

« Les fermeturesd’entreprises et lesrestructurations quiont suivi l’abandon dela sidérurgie et de lachimie ont laissé sur

le carreau toute une frange de lapopulation active, constateJean-Claude Villemin, adjoint aumaire de Creil et conseiller géné-ral socialiste de l’Oise. 4 000ouvriers se sont retrouvés auchômage, la précarité a gagné duterrain. Il était temps d’agir ! »Du coup, le conseil général s’est

investi dans la création de cent-res spécialisés dans l’insertiondes plus défavorisés. « Ces cent-res fournissent aux publicsconcernés des informations leurpermettant d’accéder à deshébergements d’urgence ou desurseoir à des difficultés ponc-tuelles, explique Jean-ClaudeVillemin. Leur présence répondau nombre de rmistes qui atteint,pour la seule année 2006, le chif-fre record de 11 % ! » La poli-tique initiée par l’exécutif dépar-temental porte aujourd’hui ses

Guinchard-Kunstler, responsablenationale PS aux politiques socia-les. Il est urgent de changer decap et de combattre les injusticessociales, territoriales et fiscalesqui mettent en cause notre pactepolitique. Il n’est pas acceptableque dans un pays qui occupe lecinquième rang économique mon-dial, des millions d’hommes et defemmes connaissent la faim, lamaladie, l’insalubrité ou la rue. »

L’échec du gouvernement estpatent. Il se traduit par un dur-cissement de l’accès aux soins,des restrictions à répétition descrédits d’action sociale et delutte contre les exclusions, et letransfert financier du RMI auxdépartements, alors que le nom-bre de bénéficiaires connaît unehausse spectaculaire.

Côté logement, les indicateurssont également au rouge. Aucours de la discussion budgétaire

de mi-novembre, la majorité s’estlivrée à une nouvelle coupe clairede 196 millions d’euros. En dépitde promesses répétées, ellerefuse de verser les APL (aidespersonnelles au logement) infé-rieures à 25 euros par mois, pri-vant ainsi plus de 120 000 ménages d’une presta-tion légitime. Les crédits allouésà la construction locative socialesubissent une baisse de 77millions par rapport à 2006, tan-dis que les ménages les plusmodestes se voient pénalisés, enraison de loyers inabordables.

« Le gouvernement ne mani-feste aucun intérêt pour les ques-tions liées à la grande pauvreté,constate Paulette Guinchard-Kunstler. Seule une volonté poli-tique forte, impulsée par la gau-che, nous permettra de sortir del’impasse. »

B. T.

Le gouvernement privilégie les classes les plus fortunées et multiplie les restric-tions qui appauvrissent davantage les personnes qui vivent dans la précarité.

Prendre aux pauvrespour donner aux riches

L

L

« Les bains douches municipaux sont des lieux stratégiques pour les SDF. C’est gratuit, on vous donne le kit brosse à dent, rasoir,tube de dentifrice, savon. J’y allais tôt le matin pour me requinquerpour la journée, d’autant que dans les centres d’hébergement, lesdouches sont tellement sales qu’elles sont inutilisables. »

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11 L’HEBDO DES SOCIALISTES16 décembre 2006

Pour sortir de la crise, le Partisocialiste avance plusieurspropositions en matière delogement, de santé et de luttecontre la pauvreté :

LOGEMENT :n La construction de 120 000logements sociaux annuels ;n Un « bouclier logement »permettant aux famillesmodestes de consacrer unmaximum de 25 % de leurbudget à l’habitat ;n Une garantie mutualisée desrisques locatifs pour loger leplus grand nombre de famillespossible, grâce à desmécanismes deconventionnement entrepropriétaires, locataires, Étatet collectivités locales quigarantissent le versement desloyers ;n Un droit au logementopposable, afin deresponsabiliser un peu plusencore l’État et les collectivitéslocales. (…)

SANTÉ :n Un plan national de luttecontre la pauvreté des enfants,en leur offrant l’accès auxsoins et aux besoins depremière nécessité, tout enveillant au respect del’obligation scolaire ;n La mise en œuvre d’unecarte de santé jeunes 16-25ans ouvrant droit à la gratuitéd’une consultation par unmédecin généraliste référent,avec accès à une prévention etdes soins adaptés ;n L’ouverture de 500 maisonsde santé pour tous, où chacunpourra trouver un accueilcoordonné et une meilleureprise en charge. (…)

PAUVRETÉ :n La simplification des aidesen intégrant les minimasociaux comme le RMI et lesdiverses allocations, au seind’un revenu de solidaritéactive (RSA). Avec l’ambitionclairement affirmée deconduire toutes les famillesau-dessus du seuil de pauvretéd’ici dix ans ;n L’instauration d’un serviceuniversel bancaire de base. (…)

PROPOSITIONSE X C L U S I O N

fruits, d’autant que le Fonds desolidarité logement (FSL) permetaux plus démunis de disposerd’un toit. « Notre souhait est designer une convention avec l’Agence nouvelle des solidaritésactives (ANSA) pour mettre aupoint des méthodes de réinsertionet agir par anticipation », souli-gne Jean-Claude Villemin.

À Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise),les demandes transitent par lecentre communal d’action sociale(CCAS). « Les familles en diffi-culté sont de plus en plus nom-breuses, s’inquiète Laure DaRocha, adjointe au maire, encharge de la solidarité. En témoi-gne l’augmentation spectaculairedes bons alimentaires et de sub-ventions pour régler des facturesd’électricité ou des réparationsautomobiles. » L’élue socialistes’est vue confier la direction d’ungroupe de travail chargé de réflé-chir à la création d’une épiceriesolidaire. « Une épicerie solidaireest un lieu où l’on respecte par-dessus tout la dignité de la per-sonne, résume Laure Da Rocha.Des professionnels y encadrentles usagers, avec un objectif pré-cis en matière de réinsertion.C’est aujourd’hui qu’il faut agir etpas demain. Au moment où lademande exige un véritable effortde notre part. »

Bruno TranchantReportage photo :

Philippe Grangeaud

Avec quel public travaillez-vous ?Je travaille avec des adolescents

qui ont entre 12 et 25 ans. Ilssont souvent en plein crise. Parailleurs, pour entrer dans l’âgeadulte, ils essaient de s’identifierau groupe auquel ils veulentappartenir. Le paradoxe, c’estqu’en cherchant ainsi à s’intégrerdans une bande, ils en viennent àse marginaliser vis-à-vis de lasociété. Quels sont les besoins de cesjeunes?

Ils sont très divers. Cela va debesoins très pratiques commel’instruction de dossiers adminis-tratifs ou de demandes de bour-ses jusqu’à des accompagnementsà la formation ou la recherched’aides à la création d’associa-tions, voire même la recherche deleurs origines. Le métier d’éduca-teur est vraiment au carrefour denombreuses disciplines : il fautêtre un peu juriste, un peu eth-nologue, un peu sociologue ! Comment s’effectue le contact ?

L’une de nos activités principa-les, c’est d’assurer une « pré-sence sociale » dans les quartiersdits sensibles, ceux de forte dés-

colarisation où de nombreux jeu-nes vivent dans des HLM et res-tent parfois toute la journée dansla rue. C’est cette présencesociale qui permet la prise decontact. On commence par unephase d’accroche qui peut pren-dre un peu de temps. D’abord onéchange des signes de tête quideviennent des « bonjour » etpuis des « quoi de neuf ». Ondiscute, on échange. Avez-vous une perception desrésultats de votre action ?

Nos objectifs ne sont pas aussiprécis que dans d’autres profes-sions, on travaille directement surl’humain : parfois les effets peu-vent être à très longs termes. Deplus, la période est difficile et laprécarité sévit partout, il est deplus en plus dur de trouver un tra-vail et de se loger correctement.Je crois que nos principaux atoutssont en nous. C’est à la fois notreengagement auprès des jeunes etnotre capacité à les écouter pourrétablir le dialogue. Il n’y a pas derecette miracle mais il faut sur-tout croire à ce que l’on fait.

Propos recueillis par Céline Mas

« Quoi de neuf ?

Les adolescents peuvent facilement basculer dansla désocialisation. Christophe, éducateur de rue enIle-de-France, évoque son travail.

« Le soir, il faut se dépêcher de gagnerle centre d’hébergement que l’on atrouvé dans la matinée : c’est « premier arrivé, premier servi ». Si tu arrives trop tard, tant pis pour toi,tu en es quitte pour rappeler le samusocial... qui ne pourra rien faire puisquetout est complet. Tu n’as plus qu’à aller dormir sous un pont ou sur un banc. »

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7 e C O N G R È S D U P S E

12L’HEBDO DES SOCIALISTES 16 décembre 2006

Le 7e congrès du Parti socialiste européen, qui s’est déroulé à Porto les 7 et 8 décembre derniers, a vu la réélection de Poul Nyrup Rasmussen à la présidence. Accueillie avec ferveur par la famille social-démocrate européenne, Ségolène Royal a placé sa candidature dans une perspective sociale européenne.

Un pas de plus pour l’Europe sociale

La famille socialisteeuropéenne est unegrande famille et lescongrès sont l’occasiond’en mesurer à la fois la

force et le potentiel. Le potentiel: 27 pays représentés par 32 par-tis ! La force : il n’y avait pasque des représentants de partisdans l’opposition ou d’anciensresponsables politiques. On a puainsi noter la présence d’AlfredGusenbauer, le vainqueur desélections autrichiennes, qui doitformer un gouvernement de coali-tion social-démocrate, FerencGyurcsány, le Premier ministrehongrois, à la tête d’une majoritésocial-démocrate élue le 21 avril2002 et réélue depuis, ou biensûr, José Sócrates, le Premierministre portugais, dont la popu-larité ne faiblit pas.

Le PSE avait aussi invité HowardDean, le président du Parti démo-crate américain.

Parmi les invités de marque, il yeut aussi Walid Joumblatt, le lea-der du PSP, le Parti socialistelibanais, venu demander auxsocialistes européens de s’unir

dans leur soutien à la démocratieet à l’indépendance du Pays ducèdre.

Un parti plus politique

Le PSE est un parti de partis.Mais depuis ce printemps, sonprésident, Poul Nyrup Rasmussen,a émis la volonté de s’ouvrir aux« militants du PSE » qui, sansêtre des adhérents directs, peu-vent s’exprimer et agir dans uncadre social-démocrate européen.

Jamais un congrès du PSE n’avait rassemblé autant demonde. À côté des délégationsdes partis – composées de memb-res des directions nationales, il yeut ces fameux militants du PSE.

Ainsi, le désir de nombreux adhé-rents épris d’Europe d’affirmerleur culture « internationaliste »et leur volonté de travailler par-delà les frontières commence àêtre satisfait et ce n’est qu’undébut...

Réélu dans un parti conforté etagrandi, Rasmussen peut donccontinuer à développer le PSEdans une Europe qui a plus quejamais besoin du social.D’ailleurs, jamais un texte aussiimportant sur l’Europe sociale

À l’occasion du congrès du Parti Socialisteeuropéen, l’Organisation des femmes du PSE(PES Women) a élu son nouveau bureau.Laurence Rossignol a été élue au sein de ce nouvel exécutif. La France est ainsimaintenant représentée dans cette instance.Par ailleurs, nos camarades,Philip Cordery,secrétaire général du PSE, et Alain Richard,vice-président, ont été reconduits dans leurfonction.

Jose Socrates, Premier ministre du Portugal,

Ségolène Royal, candidate socialiste,

et Poul Nyrup Rasmussen, président du Parti socialiste européen, réunis à Porto,

au Portugal le 7 décembre dernier.

ÉRIC

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/AFP

UNE VRAIE DÉLÉGATIONDE MILITANTS

PARISIENS !

À la Fédération de Paris*, lacommission Europes’implique depuis denombreux mois pour suivrel’actualité européenne etfaire la promotion du PSEauprès des militantsparisiens. La délégation aété la seule en Europe às’être mobilisée aussimassivement : un standpour présenter les activitésdes militants à Paris, desamendements proposés surles textes mis au vote, dontun sur les services publicsrepris par les déléguésnationaux et adopté dansla résolution finale « Pourune nouvelle Europe sociale», une commission pouréchanger avec des militantsPSE venus de toute l’Europe,et porter avec eux lavolonté de faire de ce partide partis un vrai parti demilitants. Résultat : au-delàdes avancées politiques etde l’élan d’une « nouvelleEurope sociale » impulsépar le congrès, les militantsont pu nouer des contactset revenir à Paris encoreplus motivés pourdévelopper un parti incarnéau-delà de ses leaders.

Marine Batiste* Paris est la plus grosse sectiond’adhérents directs au PSE

L « Entre le monde et la nation,

il y a l’Europe ».Jacques Delors

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13 L’HEBDO DES SOCIALISTES16 décembre 2006

n’avait été adopté par le PSE,vote qui signa une des grandesvictoires de la contribution dessocialistes français : tout d’a-bord, un amendement de mili-tants du PSE a pu être repris etsoutenu par les députés français.Surtout, le texte final reprendl’objectif d’une directive sur lesservices publics.

Bonne chance Ségolène !

La candidate socialiste étaitprobablement la personnalité laplus attendue, sur l’ensemble descamarades européens, elle repré-sente désormais l’espoir de voirles socialistes diriger à nouveaul’un des pays moteur de la cons-truction européenne. « Nousavons la nostalgie de la France,nous te soutenons tous, bonnechance » a résumé José Socrates,le Premier ministre portugais quiintervenait juste avant elle.

Ségolène Royal incarne égale-ment l’accession aux responsabi-lités de la première générationpolitique de l’après-guerre. Unegénération pour laquelle l’Europeest moins une réalité à laquelle ilfaut se plier par pragmatisme,que le cadre désormais naturel dela perception, de l’élaboration etde la réalisation de l’action poli-tique. Ségolène Royal a ainsiappelé le PSE à être un parti poli-tique qui affirme ses priorités etson autorité en fixant clairementdes objectifs qui soient la feuillede route des gouvernements degauche : « Je veux, si je suis élue,remettre l'Europe en mouvement,lui redonner un souffle. Je veuxque l'Europe avance par la preuveet l'action. Il nous faut construirel'Europe des gens, qui réussit àlutter contre le chômage, contrela vie chère, contre toutes les for-mes de précarité. Ce n'est plus àM. Trichet de décider de l'avenirde nos économies, c'est aux diri-geants démocratiquement élus.Remettre l'Europe sur les rails,cela suppose que la Banque cen-trale européenne soit soumise àdes décisions politiques, celles del'Eurogroupe, mais aussi celles duConseil européen. Il nous fautconstruire aussi l'Europe de lamatière grise, de l'intelligence,des qualifications, l'Europe de larecherche, de l'environnement etde l'après-pétrole. »

Une voie social-démocrate

en Europe

Le congrès de Porto se situaitdans un contexte internationalqui n’en finit plus de démontrerl’urgence d’une voie social-démocrate en Europe. Les États-Unis ont enfin pris consciencede leur ensablement fatal enIrak.

La tournée de Ségolène Royalau Proche-Orient a redonné de lacrédibilité au rôle que l’Europepeut jouer dans le monde face àla mondialisation libérale et aurepli nationaliste. Jacques Delorsne s’y est pas trompé qui a rap-pelé, dans un discours trèsoffensif et chaudement ap-plaudi, que « entre le monde etla nation, il y a l’Europe ».

Dans son discours, Rasmussena salué la construction d’une

alliance progressiste en Pologne,qui sera la base d’un nouveaucentre gauche, alternatif aurégime des jumeaux populistes.De même, il a félicité RomanoProdi et Piero Fassino, qui sonten train de construire la plusgrande force progressiste d’Ita-lie. « Au siècle dernier, nousavons créé un mouvement com-mun pour l’État providence,maintenant, il nous faut faire lamême chose au-delà des frontiè-res, un compromis progressistesur les sujets qui importent auxgens : l’emploi, les servicespublics, le changement clima-tique et la bonne gestion d’en-treprise. »

Le PSE a adopté six résolutionslors de son congrès parmi les-quelles une résolution qui portesur les ambitions communes d’ici2009 : le travail décent, un ser-vice public de la petite enfance,

la défense de l’environnement…Sur un rapport rédigé parJacques Delors et Poul NyrupRasmussen, le PSE a adopté unefeuille de route pour la réformeéconomique et sociale en dixprincipes.

Le PSE milite pour une troi-sième révolution industrielle, quioriente le monde vers les nou-veaux défis de l’énergie et du cli-mat.

Le congrès de Porto fut un suc-cès qui doit en précéder d’autres.L’espoir est permis de voir unegauche européenne renforcéeaborder les enjeux à venir. N’est-ce pas du Portugal que partirentles premiers navigateurs pourfaire le tour du monde ?

Pierre KanutyL’ensemble des textes du congrès,rapports, vidéos et résolutions esttéléchargeable sur le site du PSE :www.pes.org.

N°500 • samedi 2 janvier 2007 • 1,5€

RenconTre avec un éLu n Claudy Lebreton, président de la FNESR

EuroPe n Bruxelles en guerre contre Bush HisToire n Jaurès ou un monde meilleur

hebdoLDes socIaLIsTes

PHILLIPPE GUYOTSECRÉTAIRE NATIONALÀ L’EXCLUSIONQuandQuandj’étais SDF

L’hebdo change aussi le 2 janvier

« Le monde a changé,la France a changé,alors la politique doit changer »Ségolène Royal - congrès d’investiture26 novembre 2006

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ÉPOPÉE OUVRIÈRE

Brest 1950. La ville martyreest à reconstruire. Brest, l’an-cienne cité fortifiée n’est plusqu’un amas de ruines. Pour lareconstruire, plusieurs milliersd’ouvriers vivent dans desbaraques. Au printemps, c’estla grève et le 17 avril c’est ledrame. La police tire sur lafoule. Un homme meurt. Il s’ap-pelle Édouard Mazé. Il étaitjeune ouvrier du bâtiment. Lelendemain, Vautier, cinéastemilitant appelé par la CGT,débarque dans la ville en étatde siège. Il filme avec les

moyens du bord, sans prise deson, les lieux de la mobilisa-tion. Ce film est projeté avecpour seule bande sonore, la lec-ture du poème d’Éluard, Unhomme est mort, écrit en hom-mage à Gabriel Péri.

2006. Le film a disparu etcette épopée militante n’étaitplus racontée que par quelquesanciens. C’est l’une des magiesde la bande dessinée que depermettre cette double recons-titution. Armand Salacrou avaitchoisi le théâtre (BoulevardDurand) pour évoquer le dramede la condition ouvrière, Davo-deau choisit le dessin. Dans Lesmauvaises gens, primé à An-

goulême en 2005, il racontaitl’aventure de cathos de gauche,ruraux de l’Ouest, rencontrantle socialisme. Il récidive cettefois en couleur avec Un hommeest mort. Pour mémoire et pournotre plus grand bonheur.

Un homme est mort,Étienne Davodeau et Kris,

Futuropolis, 64 p., 15 euros

TRANCHES DE VIE

Pour une bouchée de pain, jevous parie que vous ferez plai-sir à vos proches en leur offrantle court roman de Joël Egloff,L’étourdissement. L’histoire enquelques mots : un pauvre hèrepaumé vit dans un taudis avecune grand-mère grinçante aufin fond d’une campagne froide,

déprimante et sans signe devie. Son travail aux abattoirsn’arrange rien : il assène descoups de massue, mécanique-ment, comme pour tromper lasolitude et diluer le désespoirdans l’infâme destin des bêtesde somme. Et c’est là que lamagie est distillée peu à peu :le narrateur alterne des scènesd’une irrécupérable cruautéavec des tranches de vie tend-res et poétiques. Sans pathos,tout en finesse, le personnage,dont on ne retiendra jamais lemystérieux prénom, parvient às’extraire de ce quotidien terri-ble pour rêver résolument à unnouvel ailleurs. Cet anonymeréjouissant, outre qu’il attisenotre capacité à nous émou-voir, porte en lui des remines-cences de la lutte des classesparce qu’il a conscience qu’ilappartient à une classe sociale

Idées cadeaux (suite)Quelques suggestions pour conciliergénérosité et engagement, désir d’offrir et rappel des échéances à venir, des cadeaux, oui, mais politiques.

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ornés de la tête de la reined’Angleterre ? Adoptez cemagnifique mug aux couleurs du parti pour que le café noir

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SI LES BONNES RÉSOLUTIONSPARTENT EN FUMÉE

Pour ceux qui ne tiendront pas leur bonne

résolution de nouvelleannée, rien de telqu’un cendrier de

poche pour protégerl’environnement,

quand l’on devra fumersa cigarette à l’extérieur

de lieux publics où elles serontbientôt totalement bannies.

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PRÊT POUR LESVICTOIRESL’année 2007 sera uneannée de victoire. Soyezprêt-e à déboucher lesbouteilles (avec ou sansalcool) en mai prochaingrâce à ce décapsuleur.Sa fonction reboucheurpermettra de conserverles liquides nonconsommés jusqu’auxrésultats des électionslégislatives en juin... 2 euros surwww.laboutiquedups.com

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NOËL DU PARFAIT MILITANT

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marginale, à un corps de métieratypique et peu désiré. Dans lemême temps, il ne cède pas,résiste, s’exauce, s’exhausseaussi et tente de construire unevie telle qu’il la veut. Il y a dusocialisme en lui, c’est sûr.

L’étourdissement,Joël Egloff, Le livre de poche,

140 p., 9,70 euros

DEMAIN LA GAUCHE

Il y a les livres qui racontentce qui existe déjà, et il y a ceuxqui font un pari sur l’avenir ettentent de le décrypter. Le livrede Stéphane Bugat se situedans cette seconde catégorie.L’auteur cherche les nouvelleslignes de clivage, les thèmessur lesquels demain la gauchepourra se distinguer et les fem-mes et les hommes sur lesquelsce changement peut reposer.Faisant sienne cette citation deFrançois Hollande, « toute l’épopée de la gauche cor-respond à l’éclosion de talentset de personnages », le journa-

liste dresse une galerie choisiede portraits. Les parcours desecrétaires nationaux reconnusmais encore méconnus, commeRebsamen, Vallini, Besson ouHidalgo côtoient ceux de par-faits inconnus du grand publiccomme Repentin, Romagnan ouCastaner qui sont parmi les jeu-nes pousses qui peuvent assu-rer la relève. Il n’est pas dit sic’est dans ce livre que le futurPremier ministre de SégolèneRoyal viendra puiser les nomsd’un futur gouvernement…

Et si la gauche changeait…,Stéphane Bugat, Jean-Claude

Gawsewitch éditeur, 282 p., 18,50 euros

HAVRES DE PAIX

« La première fois que je suisrentré dans une forêt, on nem’a pas demandé qui j’étais,d’où je venais et quelle étaitma religion. » Qu’elle soit tro-picale, équatoriale, boréale,tempérée ou méditerranéenne,la forêt est source de viehumaine, végétale et animale.C’est tout le cycle de la vie quiest menacé quand la frénésiede la déforestation jette sondévolu sur les derniers espacesvierges ou les forêts tropicales,et c’est tout l’environnementde la planète qui souffre.

188 pays ont adopté la Conven-tion sur la diversité biologiquecensée protéger les dernièresforêts tropicales. Mais chaqueannée, 18 millions d’hectaresde forêts (1 terrain de foot parseconde) disparaissent et c’estla vie de 500 millions d’êtreshumains qui s’en trouve grave-ment perturbée. Portraits d’ar-bres est une promenade magni-fique autour de la planète à ladécouverte de paysages respi-rant la sérénité, et un appel àla prise de conscience de l’im-portance de la préservation dece sans quoi l’homme n’auraitrien pu faire depuis la nuit destemps.

Portraits d’arbres,Michel Maliarevsky, Acanthe,

192 p., 38 euros

LE OFF DES FORUMSALTERMONDIALISTES

Les grands reportages fontleur place dans l’univers de labande dessinée ! Après Nicolas

Sarkozy, c’est au tour desforums altermondialistes defaire l’objet d’un grand repor-tage dessiné. Pierre Cattan,ancien cadre de l’Unef, aujour-d’hui rédacteur en chef dumagazine TOC et François Olis-laeger, dessinateur de presse etauteur de BD, ont mené l’en-quête. Pierre et François (qui semettent en scène dans le livre)sont partis avec la délégationd’Attac suivre le forum mondialde Caracas pour se retrouver aucœur du mouvement altermon-dialiste. Les deux reportersdécouvrent la mouvance anti-capitaliste avec ses mytholo-gies (la délégation cubaine estacclamée), ses stars (BernardCassen, Olivier Besancenot),ses contradictions (tout lemonde est logé au Hilton), sesréunions (interminables etincompréhensibles car chacuns’exprime dans sa langue sanssystème de traduction simulta-née) et son folklore (défilés,distributions de cartables auxVénézuéliens), etc. Un récitteinté d’humour et de sérieux àla fois, puisque les auteurs pré-cisent que « toute ressem-blance ne peut être fortuite »et que « les propos rapportéssont véridiques ».

Un autre monde est possible, Pierre Cattan etFrançois Olislaeger, HachetteLittératures, 96 p., 14 euros

Pages réalisées par Yasmina Ali Oulhadj,

Thomas Colognac, Céline Mas,Damien Ranger,

Corentin Segalen

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Ségolène Royal

10, rue de Solferino • 75007 Paris www.parti-socialiste.fr

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Ségolène Royalpour

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Disponibledans les

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