lettre ouverte frère christian de la vierge,

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59 Chère amie Jocelyne C., “ Soyez bénie de la Vierge Marie, qui a tant souffert pour nous au pied de la Croix alors DOULOUREUSE ! ” Gardez confiance en la Puissance de la C ROIX GLORIEUSE. Car Dieu, dans sa Miséricorde, comble toutes les défaillances humaines de son Eglise. Il est le Maître de l’Histoire et du Temps, comme Il est le maître des coeurs. C’est lui qui dirige les Evénements du Monde et de l’Eglise, avec le concours des hommes ou malgré eux, s’ils sont défaillants. Dans ces E VÉNEMENTS de DOZULÉ, on éprouve un malaise concernant l’intervention de Satan. Il n’y a pas à s’étonner que l’adversaire ait cherché à s’immiscer dans les Messages et à séduire la voyante. Jésus lui- même l’affirme. Mais on a l’impression que tout n’a pas été dit en ce qui concerne le déroulement des faits : je parle des Apparitions contestées 45, 46 et 50. De plus, il y a des contradictions dans les témoignages de ceux qui ont vécu les Evénements. Des corrections aussi ont été faites après coup, semble-t-il. Or la VÉRITÉ S URNATURELLE ne peut se manifester que dans le respect de la Vérité naturelle des faits . Si celle-ci fait défaut, comment l’Esprit Saint pourra-t-il faire jaillir la lumière ? Il faudrait donc une Enquête Canonique, pour interroger d’abord séparément (c’est très important) chacun des Témoins, la voyante comprise, puis confronter ensemble leurs dépositions, afin de mettre à jour ce qui s’est passé exactement. Cela permettrait de dégager le “ fait brut ”, de l’interprétation psychologique ou spirituelle qu’on lui a donné après coup. Ce que je sais, ce dont je puis témoigner, dans mon expérience d’exorciste, c’est que SATAN est bien un “ Etre ” concret, réel, véritable et puissant dans le Mensonge et la Séduction. Il est contre la C ROIX , contre l’EUCHARISTIE, contre la VIERGE et bien sûr contre le CHAPELET. Il ne peut inviter à prier ni à adorer le SAINT SACREMENT, même par un geste, tellement il a de la haine envers le Christ et sa Sainte Présence. En tous ces faits étonnants de DOZULÉ, comme d’ailleurs en bien d’autres cas similaires, notre Sainte Eglise s’est montrée bien TIMIDE , voire PEUREUSE , craignant plus d’avoir à faire à une machination diabolique (même si dans certains milieux on n’est pas porté à admettre la véritable existence du Diable et son action) ou à la production quasi géniale d’un Inconscient (pourtant bien pauvre en connaissance théologique), qu’à une authentique Manifestation Surnaturelle. Je dirai avec humour que dans ce domaine, “ on ” croit plus facilement au Diable qu’à Dieu lui-même. Et pour se justifier, on recourt volontiers à une fausse conception de l’antique et médiévale vertu de PRUDENCE. On conçoit celle-ci comme une attitude passive, consistant à ne rien faire du tout, à laisser dormir “ dans un tiroir ” ou aux archives, ce qui est présenté comme venant d’En-Haut (Apparitions, Messages et Signes Miraculeux). On s’en réfère ainsi à une logique bien trop humaine et finalement incrédule : si cela vient de Dieu, c’est à Lui d’en fournir la Preuve; quant à nous, nous ne bougeons pas ! On est loin de la véritable PRUDENCE chrétienne : celle-ci consiste précisément à faire quelque chose , à entreprendre une action pour permettre à la VÉRITÉ de se manifester avec éclat, ou obliger le MALIN à dévoiler son Mensonge. Lorsque Magdala, trouvant le tombeau vide, est venue le dire aux apôtres Pierre et Jean, ceux- ci sont partis aussitôt sur les lieux, pour constater et vérifier le témoignage de la Sainte Femme. Et découvrant non seulement le tombeau vide, mais le Linceul (ou Suaire) qui, reposant sur la pierre nue, conservait, à travers ses plis, la trace du corps désormais disparu, c’est alors qu’ils ont cru. Ils sont donc venus VOIR, par eux-mêmes, et ils ont VU ! On ne peut leur reprocher de n’avoir rien fait. Ne serait-il pas bon que, dans des cas semblables, notre Sainte Eglise imite cette L ETTRE OUVERTE Frère Christian de la Vierge, prêtre exorciste

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Chère amie Jocelyne C., “ Soyez bénie de la Vierge Marie, qui a tant souffert pour nous au p ied de l a Cro ix a lo r s DOULOUREUSE ! ” “ Gardez confiance en la P u i s s a n c e d e l a C R O I X GLORIEUSE. Car Dieu, dans sa Miséricorde, comble toutes les défaillances humaines de son Eglise. Il est le Maître de l’Histoire et du Temps, comme Il est le maître des coeurs. C’est lui qui dirige les Evénements du Monde et de l’Eglise, avec le concours des hommes ou malgré eux, s’ils sont défaillants. Dans ces EVÉNEMENTS de DOZULÉ, on éprouve un malaise concernant l’intervention de Satan. Il n’y a pas à s’étonner que l’adversaire ait cherché à s’immiscer dans les Messages et à séduire la voyante. Jésus lui-même l’affirme. Mais on a l’impression que tout n’a pas été dit en ce qui concerne le déroulement des faits : je parle des Apparitions contestées 45, 46 et 50. De plus, il y a des c o n t r a d i c t i o n s d a n s l e s témoignages de ceux qui ont vécu les Evénements. Des corrections aussi ont été faites après coup, semble-t-il. Or la VÉRITÉ SURNATURELLE ne peut se manifester que dans le respect de la Vérité naturelle des faits. Si celle-ci fait défaut, comment l’Esprit Saint pourra-t-il faire jaillir la lumière ? Il faudrait donc une Enquête Canonique, pour interroger d’abord séparément (c’est très important) chacun des Témoins, la voyante comprise,

puis confronter ensemble leurs dépositions, afin de mettre à jour ce qui s’est passé exactement. Cela permettrait de dégager le “ fait brut ”, de l’interprétation psychologique ou spirituelle qu’on lui a donné après coup. Ce que je sais, ce dont je puis témoigner, dans mon expérience d’exorciste, c’est que SATAN est bien un “ Etre ” concret, réel, véritable et puissant dans le Mensonge et la Séduction. Il est cont re la CR O I X , contre l’EUCHARISTIE, contre la VIERGE et bien sûr contre le CHAPELET. Il ne peut inviter à prier ni à adorer le SAINT SACREMENT, même par un geste, tellement il a de la haine envers le Christ et sa Sainte Présence. En tous ces faits étonnants de DOZULÉ, comme d’ailleurs en bien d’autres cas similaires, notre Sainte Eglise s’est montrée bien T I M I D E , voi re P E U R E U S E , craignant plus d’avoir à faire à une machination diabolique (même si dans certains milieux on n’est pas porté à admettre la véritable existence du Diable et son action) ou à la production quasi géniale d’un Inconscient (pourtant bien pauvre en connaissance théologique), qu’à une authentique Manifestation Surnaturelle. Je dirai avec humour que dans ce domaine, “ on ” croit plus facilement au Diable qu’à Dieu lui-même. Et pour se justifier, on recourt vo lon t ie r s à une fausse conception de l’antique et médiévale vertu de PRUDENCE. On conçoit celle-ci comme une

attitude passive, consistant à ne rien faire du tout, à laisser dormir “ dans un tiroir ” ou aux archives, ce qui est présenté comme venant d ’ E n- H a u t ( A p p a r i t i o n s , Messages et Signes Miraculeux). On s’en réfère ainsi à une logique bien trop humaine et finalement incrédule : si cela vient de Dieu, c’est à Lui d’en fournir la Preuve; quant à nous, nous ne bougeons pas ! On est loin de la véritable PRUDENCE chrétienne : celle-ci consiste précisément à faire quelque chose, à entreprendre une action pour permettre à la VÉRITÉ de se manifester avec éclat, ou obliger le MALIN à dévoiler son Mensonge. Lorsque Magdala, trouvant le tombeau vide, est venue le dire aux apôtres Pierre et Jean, ceux-ci sont partis aussitôt sur les lieux, pour constater et vérifier le témoignage de la Sainte Femme. Et découvrant non seulement le tombeau vide, mais le Linceul (ou Suaire) qui, reposant sur la pierre nue, conservait, à travers ses plis, la trace du corps désormais disparu, c’est alors qu’ils ont cru. Ils sont donc venus VOIR, par eux-mêmes, et ils ont VU ! On ne peut leur reprocher de n’avoir rien fait. Ne serait-il pas bon que, dans des cas semblables, notre Sainte Eglise imite cette

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prêtre exorciste

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Sagesse active et courageuse. Voir d’abord; Juger ensuite.” Nde agir encore ! “J’ai peur que notre Sainte Eglise, dont nos Evêques sont nos Pasteurs vénérés qui doivent “ nous conduire vers les vrais pâturages ”, s’enlise dans la Bureaucratie, devenant peu à peu une vaste ADMINISTRATION, où le moindre fait inattendu d’ordre surnaturel l’inquiète et la met en garde. Or l’EGLISE est un CORPS VIVANT où circule constamment la sève printanière de l’ESPRIT, qui a pour Mission non seulement d’actualiser la MÉMOIRE du Christ dans ce qu’Il a vécu en sa chair, mais de la conduire vers la VÉRITÉ TOUTE ENTIÈRE. Tout n’a donc pas été dit. Ou plutôt, selon Daniel (12, 4 : “ garde SECRÈTES ces Paroles et conserve-les dans le Livre SCELLÉ jusqu’au Temps de la FIN ”), ce n’est qu’à travers les événements de son Histoire et l’expérience quotidienne de sa vie spirituelle que l’Eglise peu à peu acquiert l’Intelligence contenue dans les Paroles Révélées. Comme ce fut le cas des Disciples d’Emmaüs, à qui Jésus expliqua les ECRITURES qu’il connaissaient bien, en leur donnant la pleine “ intelligence ”. Les choses d’ordre surnaturel (ou dans un langage théologiquement p l u s r i g o u r e u x , d ’ o r d r e préternaturel) ne sont donc pas des faits exceptionnels, voire des anomalies, mais relèvent bien plutôt de la normalité d’une Vie de la grâce en pleine et vitale croissance. J’oserais dire à propos des Evénements de DOZULÉ : le Christ, étant Ressuscité et donc “ LE VIVANT ”, comme l’appelle l’Apocalypse, par le fait, Il est le contemporain de chacune des générations de chrétiens. Il est donc normal qu’Il se manifeste à l’un ou l’autre d’entre nous. Et

cela ne devrait étonner personne, mais au contraire combler l’Eglise de joie. C’est plutôt l’inverse qui devrait nous étonner : pourquoi le Christ qui est Présent au milieu de nous jusqu’à la Fin des Temps, n’apparaît-Il pas plus souvent ? Puissent nos Evêques, qui sont nos “ Pères ” dans la Foi, à qui Jésus a confié son Troupeau, et à qui nous devons respect, conf iance e t obéissance , comprendre cela et accueillir avec simplicité de coeur, le témoignage des humbles, des ”non-savants ” qui disent avoir “ VU ” et “ ENTENDU ” Celui en qui nous croyons tous et qui nous annonce son Retour “ pour bientôt ”. N’est-ce pas le privilège des petits et des âmes simples que “ d’entendre ce que l’Esprit dit aux Eglises ”. “ O Père, je te rends grâce d’avoir caché cela aux sages et aux savants et d’avoir révélé tes mystères aux humbles et aux petits ! ” Combien de larmes, larmes humaines voire de sang, parfois jusque dans ses statues, la Vierge doit-elle verser en notre temps si diff ici le et s i fermé au Surnaturel ? Paul VI, qui pressentait cette crise de l’Eglise, en avait appelé à son assistance en la déclarant “ MÈRE DE L’EGLISE ”. En Vierge obéissante et “ servante ” de l’Eglise, Elle avait répondu par ses nombreuses Apparitions dont certaines durent encore et par ses multiples MESSAGES délivrés souvent à de petites âmes, qui demeurent dans le secret de l’anonymat. “ Ô coeurs lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! ” disait Jésus à ses Disciples. N’encourons-nous pas le même reproche en notre époque si féconde en manifestations

surnaturelles : ô coeurs lents à croire tout ce que vous annoncent les prophètes de notre temps, que sont les mystiques et les petites âmes ! Je comprends et je sais, moi prêtre pécheur, qui n’ai pas la GRÂCE DOGMATIQUE, combien il est difficile parfois de discerner quel est l’“ Esprit ” qui parle au coeur de certaines âmes et comme on risque de se tromper dans ces aventures spirituelles. Et je rends grâce à Dieu, pour en avoir bénéficié bien des fois, qu’au dessus du prêtre il y a son Supérieur, s’il est religieux, et surtout son Evêque pour dire : Non ! cela ne vient pas de Dieu ! Et quoi qu’il en soit, même si l’Evêque, qui n’est qu’un homme, vient à se tromper (à condition qu’il fasse tout ce qu’il doit faire non seulement sur le plan canonique mais aussi selon les exigences de l’Evangile et le respect de la liberté de conscience - voir Vatican II -), il reste que le chemin de l’OBÉISSANCE, parfois héroïque, est l’unique voie qu’emprunte l’ESPRIT pour faire jaillir au grand jour la VÉRITÉ. E n c e q u i c o n c e r n e particulièrement la cause de DOZULÉ, j’ose inviter l’Autorité q u i j o u i t d e l a G R Â C E D O G M A T I Q U E e t dont la conscience est engagée, à relire le MESSAGE, en toute sérénité, et sans se préoccuper de l’élévation matérielle (ou symbolique) de la CROIX qui est demandée par Jésus. Car cela obnubile l’esprit du lecteur et porte à rejeter d ’ e m b l é e l ’ e n s e m b l e d u MESSAGE. Qu’on lise d’abord ce MESSAGE, sans autre souci que d’Ecouter la voyante, qu’on observe bien ce que Madeleine a vécu dans sa simplicité, puis qu’on interroge chacun des Témoins, avec bienveillance, ce

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qui ne veut pas dire sans un esprit critique. Et la Lumière se fera. Car l’ESPRIT agira. Mais il est b i e n tard ! Dans la juridiction civile, on accepte de re-juger une affaire déjà classée et de rouvrir un dossier fermé depuis longtemps.

Ne serait-on pas en droit d’en attendre autant de la part de l’Eglise qui est bien plus qu’une juridiction ordinaire et qui relève de l’Esprit Saint lui-même, lequel dévoile ce qui était encore caché et qui rend droits les chemins mal engagés (séquence de la Pentecôte). “ L’ESPRIT SAINT et nous-mêmes avons décidé... ”

disait Pierre lors du premier concile de Jérusalem (Actes 15). Donc pas seulement Pierre, pas seulement l’homme, mais aussi l’ESPRIT. L’homme peut se tromper. Jamais l’ESPRIT ! Puisse le Seigneur lui-même nous donner à tous la Paix du coeur afin que quels que soient nos

La virginité de Marie est un thème presque incompréhensible pour notre époque. En effet, en période d'athéisme pratique ou i d é o l o g i q u e o u m ê m e d'agnosticisme ouvert, le rapport de Dieu à la virginité d'une femme apparaît un non-sens. Ou bien Dieu est spirituel, acte pur, pur esprit, éternel et tout-puissant ou il n'est pas. Or s'il est tel, qu'a-t-il besoin de garder le jardin secret d'une femme, “ l'hortus conclusus ”, enclos de Salomon dans le Cantique des cantiques.

S'il ne l'est pas, nous retombons dans les mythes du polythéisme anthropomorphique. Les dieux ont les passions des hommes. Pour ce qui est de la nature de femme de Marie, on peut comprendre la chasteté. En effet, Sigmund Freud a bien montré que l'inceste parental ou fraternel, même platonique, origine bien la névrose. Cet attardement affectif insconcient qui se perpétue en déplacements divers, sexuels, professionnels ou sociaux, est de nos jours soigné jusqu'à la création de nouveaux métiers de psychologie clinique.

Jésus avait ouvert le débat sur l'inceste en disant à ses disciples : “ celui qui aime plus que moi son père, sa mère, son frère, sa soeur ou ses enfants, est indigne de moi. "Celui qui met la main à la

charrue et retourne en arrière est indigne de moi. ” Tout retard ou retour névrotique nuit à l'affection portée au Messie, Fils de Dieu. Pour sa mère et ses fameux cousins appelés frères en hébreu, araméen et arabe, il est très net : “ qui sont ma mère et mes frères sinon ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique. ” C'est clair et net.

Un vicaire général de Strasbourg me disait : “ on ne peut plus parler de chasteté de nos jours. ” Je lui répondis : “ j'en parle tous les jours. ” Un analysant me dit souvent : “ là je ne suis pas clair. ” Traduction exacte de : pas chaste = incestueux. On peut donc imaginer que Marie fut claire avec elle-même, ses parents Joachim et Anne, son époux Joseph et son fils Jésus. Une jeune guide devant les vitraux de Chagall à Fraümunster d e Z u r i c h d é c l a r a i t imperturbable : “ l'artiste était juif ; il ignorait que Marie n'a pas existé. ” C'était le vitrail de l'arbre de Jessé, la généalogie de David, Marie, et Jésus. Que Marie ait existé ; qu'elle ait été chaste et pure, même les musulmans le croient et le disent. Par contre, la difficulté existe mais non pour les musulmans dont le Coran affirme : “ elle se retira de ses parents à l'orient et disposa un voile en deça d'eux. ” Ceci pour la chasteté et lui fait dire encore : “ comment aurais-je un fils alors que nul mortel ne m'a touchée et que je ne suis point femme ? ” S. XIX. Pour Jésus, elle est femme par contre : femme aux Noces de Cana et femme pour recevoir Jean c o m m e f i l s p e n d a n t s a crucifixion. La difficulté est sa pureté virginale. Pour le Coran “ les

La v i rg in i té de Mar ie

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anges dirent : O Marie ! Allah t'a choisie et purifiée. Il t'a choisie sur les femmes de ce monde. ”

Pour Duns Scot, 1266-1308, nouveau docteur de l'Eglise, Marie fut purifiée avant sa conception. Thomas d'Aquin ne le croyait pas. L'Eglise catholique a choisi l'écossais fransciscain ce temps et fait un dogme de l'Immaculée Conception dès 1854. Ce qui fut corroboré par Notre Dame à Bernadette de Lourdes le 25 mars 1858.

Or la virginité physique de Marie pour les anciens est liée à la virginité spirituelle consacrée à Dieu. La virginité et la pureté virginale sont le signe de l'autre pureté sans péchés, la pureté gardée de tout péché depuis la c o n c e p t i o n j u s q u ' à s o n “ emportement ” au ciel son “ assumptio ”, son assomption, fêtée le 15 août.

Pour notre époque c'est un non-sens ; la virginité n'est qu'une fleur en bouton donc non épanouie. L'Annonce d'Isaïe d'un fils Emmanuel était traduite en g r e c , p a r l e s S e p t a n t e d'Alexandrie par : “la vierge enfantera un fils”, ce que reprendra la Vulgate de Jérôme

au 4e Siècle. Aujourd'hui on préfère traduire l'hébreu et la Septante juive par : la jeune fille enfantera un fils, ou encore la jeune femme. Pourquoi cela ? Sigmund Freud n'y est pas pour rien, lui qui fit de toute religion le plus surmoïque de tous les sur-moi. De fait sa névrose obsessionnelle sociale est sans symptômes névrotiques et de fait un délire, à savoir une projection totale du manque, face au Grand Tout imaginaire qu'on appelle dieu ou divin. Le tabou virginal serait compris comme un manque d'ouverture à l'amour purement et simplement. Tel les basses pressions, le manque est la cause du tabou supposé. Et tout amour monté en épingle est tel les hautes pressions des vents alizés, le grand totem mythique qui mérite le sacrifice du réel bon et très bon, et produit des tempêtes.

La virginité de Marie serait ainsi selon la psychologie moderne un arriéré obscurantiste. Elle serait assimilable aux sacrifices humains des Indiens d'Amérique pour conjurer Quetzalcoat, le serpent à plumes divinisé de quelque météore meurtrier. Ou encore elle perpétuerait celui de

nos vierges druidiques immolées sur les dolmens voués à la fécondité de nos terres.

Or pour les anciens hébreux et pour la tradition catholique, orthodoxe ou luthérienne la compréhension et l'approche de la virginité de Marie est tout autre.

La pureté originelle est de ne pas se prendre pour ou “ comme des dieux ” à l'exemple d'Adam, Eve puis Caïn. La première vexation psychologique est de prendre la terre pour le centre du monde. La pureté c'est de se situer dans le manque face à la tout-puissance bienfaisante du Créateur et Père. Et Jésus n'a pas inventé mais repris cette dernière appellation. Dieu seul est pur car Dieu seul est Saint. Il est Unique et pur amour et doit être aimé plus que tout. Ex 20, 2 ; Dt 6, 4 ; 10, 12. Face à lui c'est la kénose ; l'homme n'est, à peu près, rien. Et les béatitudes accomplies par Jésus sont déjà dans les “ paroles écrites ” en hébreu : Bien-heureux l'eunuque, bien-heureuse la veuve et l'orphelin... ! Car Dieu les comble d’amour et de fécondité.

La pureté c'est l'humilité d'un Moïse qui n'est qu'humus, poussière, terre, argile face au Saint qui était, qui est et qui vient. Disons en passant que si descendre du singe selon Darwin est la 2e vexation psychologique, les hébreux faisaient remonter l'Adam à l'argile minérale. La virginité, la pureté virginale de Marie n'est pas un symbole de gloire sexuelle. Non c'est la pudeur et la modestie faite femme devant non pas l'absence sexuelle ou même la chasteté affective mais devant l'Amour Pur de Dieu.

Ici rien de cathare : il n'y a pas de

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pureté sexuelle en soi face à une sexualité impure et relevant du principe du mal. Non il y a élan d'amour spirituel exclusif et symbolique dans une vraie sublimation des passions pour un amour plus que tout, porté à celui qui peut dire JE SUIS plus que tout. Sans cette foi en Lui l'Incommensurable, le Clément et le Miséricordieux, la virginité tant de Marie que celle de Jésus est un incident ou un non-sens. L'absence d'acte d'amour n'a rien d'idéal sauf par le retrait narcissique d'un moi-idéal complètement égocentré et amoral, il est vrai. Non, Marie ne se vexait pas selon la première vexation psychologique de Freud de ne pas être le centre du monde. Non la pureté virginale de Marie restera celle de l'intouchée du Diable selon Mohammed, de la vierge immaculée pour Luther, non suspect d'idolâtrer la continence et la fausse mystique. Pour les catholiques et les orthodoxes, la virginité de la Toute Pure est offrande pleine de grâce, “ kécharitoméné ”, à Dieu pour qui rien n'est impossible.

La question de la conception et de la gestation virginale en Marie reste seconde puisqu'à Dieu est donné de ressusciter les morts, de repousser la mer et le Jourdain, et de refaire une santé aux aveugles et aux sourds voire aux lépreux.

L'ange Gabriel a répondu : “ l'Esprit Saint viendra sur toi et la Puissance du Très Haut te prendra sous son ombre. ” Celui qui a créé les mondes peut bien concevoir Jésus au sein de Marie.

Marie n'a pas l'air de subir la troisième vexation selon Freud qui la soumettrait à son inconscient porté vers le sacrifice de l'amour pour “ l'avenir d'une illusion ”. Non, elle chante

d'avoir choisi le plus grand amour pour un Dieu qui “ renverse les pouvoirs de leurs trônes ”.

Ainsi la virginité de Marie est une offrande d'amour et d'adoration au trois fois saint. C'est une question de pureté.

Qui se prend plus ou moins pour dieu, qui prend plus ou moins quelqu'un pour dieu, qui prend son couple ou sa sexualité pour divins, ne peut être pur, à savoir simplement et purement un homme ou une femme. Il y a idolatrie, autolâtrie et mélange de l'homme et Dieu. Ce n'est pas net !

Cette impureté propre à notre époque, où la scène primitive est la dernière idole de nos générations, est justement d'ajouter du délire à l'amour purement simplement humain. Qui veut tout, prend tout et se prend pour tout, ne peut accepter d'offrir ou de s'offrir une liberté de se garder vierge ou de s'accomplir virginalement ce qui est un manque naturel patent.

La symbolique hébraïque diffère en ceci du “ symbolon ” grec. Le second est un tout comportant deux parties exactes dans le partage. Le premier est fait de deux parts avec l'espace libre au milieu, l’espace sacré.

Un indien de l'Inde me disait vouloir revenir en son pays. Car ici il n'y avait que quatre éléments : la terre, l'eau, l'air et le feu. Chez lui il y avait “ l'espace ”. C'est notre “ ruah ” en hébreu, ce souffle de feu de Dieu qui passe entre les deux parts du sacrifice d'Abraham. C'est notre “ pneuma ” grec qui est gloire de Dieu et nuée de Moïse. C'est notre “ spiritus ” latin qui est présence au Saint des Saints et Souffle au Sinaï pour

Moïse ou Elie. C’est cet espace libre ou plutôt de liberté, voire de la liberté de Dieu d'abord, qui est plus que tout, qui est un et qui est unique.

C'est pour vivre en cet espace divin habité de Dieu que Marie et tant d'autres jusqu'aux frères de T a i z é p r é c é d é s p a r l e s diaconnesses protestantes ont choisi d'être eunuques pour le royaume de Dieu là où Dieu est roi d'amour et Père. Mais il ne s'agit pas d'une mutilation. Origène, le grand savant, s'émascula mais faisait préexister l ' â m e . L e 1 e r C o n c i l e oecuménique de tous les Chrétiens, alors unis, a pour premier canon de toute l'histoire de l'Eglise l'interdiction de castrer le futur prêtre. Il s'agit donc bien de castration symbolique donc de vraie sublimation par amour o b l a t i f . L e C o n c i l e d e Constant inople I I , le 5 e oecuménique refuse la tendance origéniste à prendre l'homme pour une sorte d'ange préexistant platonique.

L'Eglise alors universelle refusa dès l'origine ces tendances que l'on dirait aujourd'hui relever de l'angoisse métaphysique ou du sentiment océanique.

Pour cette fille d'Israël qui chante pour nos vingt siècles passés, la chute des superbes et l'élévation des humbles, seul Dieu est aimé plus que tout. Lui seul est l'océan d'amour, ce grand cri d'où jaillirent tous les mondes.

Toute la pureté du monde est de reconnaître qu'il est le seul et Unique Créateur, Sauveur et Pur Esprit autrement dit Saint Esprit. La virginité de Marie et de tout autre qu'il appelle n'a de but et de sens que dans l'élan qui fait dire à la Bien Aimée du Cantique de Salomon :

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Quand nous lisons les écrits de Mgr Badré et Mgr Pican, nous remarquons qu'ils relèvent plus de la loi canonique comme disposition de la raison que comme une disposition dérivant de la foi.

Le professeur E. Corecco, de l'Université de Fribourg, qui a suivi l'enseignement de K. Mörsdorf, nous a montré que face à la tradition plutôt juridique reliée à la théologie morale et à la théologie pratique de la pastorale et de la liturgie, la science canonique est une science théologique à part entière, selon la méthode juridique.

On ne sent que peu, dans les dispositions des deux évêques, ce t t e v i s ion théo log ique pastorale - ou juridique pastorale. On le voit encore avec Mgr Pican dans le différend qui l'oppose à son curé l'Abbé Lioux, jusqu'en un débat public à St Germain de Livet, où l'évêque s'exclame : "Lâchez-nous les baskets !"

N'y aurait-il là que des pasteurs et... des moutons, des supérieurs e t . . . des infér ieurs , des r e s p o n s a b l e s e t . . . d e s irresponsables ? Nous nous le demandions il y a trente ans, alors que Dom Eugenio Corecco était jeune professeur. Il deviendra évêque.

Quand Mgr Pican fait de la famille chrétienne, catholique et paroissiale une exclusive affaire de prêtres, et des prêtres, la seule

famille de ceux-ci, il semble bien r e s t r i c t i f . E c o u t o n s - l e : "Admettez qu'entre prêtres, nous ayons des problèmes de familles. Les problèmes de familles se traitent en famille. J'en appelle à votre responsabilité d'adultes". Mais être adulte et responsable serait donc croire et répondre que les simples fidèles de la paroisse ne sont pas une famille". Et Mgr P i c a n i n s i s t e : " L e s incompatibilités entre prêtres se règlent entre prêtres. Il est important que nous puissions l'accepter" - Pays d'Auge - 29 déc 1998. A vos gardes laïcs, enfants de qui ?

Mais si ce n'est qu'une "affaire de prêtres", pourquoi dire le 22 déc 1998 au même journal : "Je vais essayer d'être entendu. C'est cela l'important dans une communauté chrétienne". Mais l'évêque ne parle pas d'entendre, lui, même s'il voit : "on a une paroisse blessée. Cette communauté est blessée profondément". Et : "Je n'ai pas de raison de revenir sur ma décision". Quoiqu'il assure : "C'est à nous de nous porter vers ceux qui sont les plus fragiles". De là à dire que ce sont des malades... ! Mais Mgr Pican est pourtant concret en paroles: "Nous sommes les fils de l'incarnation, nous devons réduire toutes ces distances. Distances entre générations, entre cultures, entre religions, entre conceptions de l'existence. Nous sommes des réducteurs de distance". Pourtant, Mgr Pican "reçut un vieux prêtre, étranger à Ressource, pour parler des travaux de ses ingénieurs qui,

eux, sont refusés par lui. Les laïcs seront-ils toujours des enfants mineurs, sauf les protestants dans les rencontres œcuméniques ? Jésus, s'il est présent comme tant le croient, a su accueillir, en larmes, le prêtre de 68 ans mis à la retraite et même des amies de Mgr Gaillot en ce début 1999.

Pour conclure, disons que l'an prochain, il y aura trente ans que Jésus a visité Madeleine et que pour elle "depuis le 12 avril 1970, c'est la Résurrection". Nous disons cela car selon le canon 25,5 "une coutume contraire au droit canonique en vigueur (et la foi en la Croix Glorieuse ne l'est pas !), ou en dehors d'une loi canonique, n'obtient force de loi que si elle est observée d'une f a ç o n l é g i t i m e e t s a n s interruption durant trente années complètes". Ainsi, cette "Famille de Nazareth" qui a soutenu le projet de Dozulé et ce qu'on reproche à certains membres de Ressource existera de fait depuis 40 ans cet automne prochain. Et l'autorisation de garder le Saint

- Ordinat io rat ionis - ord inat io f ide i -

- Disposition de la raison - disposition de la foi -

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"Une Eglise qui semble devenue plus cléricale". C'est le sentiment de frère Timothy Radcliffe, Maître de l'ordre des Frères Prêcheurs de St Dominique. Et il le dit comme un déficit pour eux : "Nous avons l'air d'avoir perdu notre rôle". Et il conclut : " N o m b r e d e r e l i g i e u x demandent : la vie religieuse, quel sens aujourd'hui ?" 2 février 1999 dans "Prions en Eglise". Disons à cela que les prêtres se disent la même chose et même les laïcs, même si "la sainteté du mariage" est prêchée partout, mais vite brisée la moitié ou un tiers du temps. Et les prêtres mariés divorcent davantage. Le Père Radcliffe attribue cela à "une histoire du progrès, de survie du plus adapté, de triomphe du plus fort... Le moi moderne est seul et libre... L'histoire implicite de nos romans, de nos films, de notre philosophie, de notre économie et de notre politique. Mais elle a cessé de donner du sens à notre expérience... un sens à notre identité... une invitation à être un humain... Ce n'est pas la libre compétition". Et le supérieur général propose l'exemple de ses religieux : "Dans l'obéissance, nous rejetons aussi l'image de la vie comme combat pour la force... dans la pauvreté, nous renonçons à la compétition pour

le succès, la foire d'empoigne de la société de consommation. Dans la chasteté, nous acceptons que la fertilité la plus profonde que nous puissions avoir est celle du Dieu créateur qui ressuscite les morts". Quand nous lisons ainsi, ce qui saute aux yeux, c'est que la vie d'eunuques pour le royaume est soumise à cette parole de Jésus : “ comprenne qui pourra. ” Qui peut comprendre le progrès, sinon les élitistes ? Qui peut comprendre "la survie du p l u s a d a p t é " s i n o n l'opportuniste ? Qui peut comprendre la loi du plus fort sinon le dominateur ? Chacun sait, depuis Vatican II, que l'élite de l'Eglise furent les 3000 évêques dont le nombre est

en progression. Comment, pour ces évêques , n ' ê t r e pas opportunistes quand ils sont démunis de prêtres et de fidèles laïcs et happés par la politique sans économie propre sinon déficitaire. Par ailleurs sans la régulation plénière de leur clergé devenu clairsemé et de plus en plus loin du peuple, ils sont littéralement dévorés par les commissions où ils ne sont plus ni seuls, ni libres d'avoir le regard bienveillant de l'épiscope. Celui qui a un regard sûr devient surveillant, lui-même surveillé par toutes sortes de commiss ions . La France moyenne ne connaît guère sur le plan national que trois noms : Mgr Lustiger, Mgr Trouslard, Mgr Vernette. Qui connaît les évêques des deux Monseigneurs honoraires ? Le premier est connu comme papabile avec Mgr Martini de Milan, mais paraît-il serait trop fort de caractère pour être un jour élu dans un monde où la quantité va au moins exigeant, au plus commun, au moins expérimenté et à la plus faible identité. C'est la loi commerciale et parlementaire. Mais comme le pouvoir va à la force, à la compétition, à la foire d'empoigne, celui qui arrivera au pouvoir est celui qui avancera le plus masqué. Nous sommes dans une société franchement sectaire. Certes il faut bien des travailleurs de fond, de terrain, de fidélité et

Egl ise , grosse tête sans corps !

Sacrement en la chapelle ou l'oratoire d'une maison laïque selon les règles canoniques, lui a été accordée sans interruption par Mgr François Charrière, évêque de Genève, Lausanne et Fribourg, le 24 nov. 1970 et par deux autres évêques depuis. Cela fera 30 ans

en l'an 2000 le 24 novembre au chalet Claire à Fribourg en Suisse. "Consuetudo est optima legum interpres", Canon 27 "La coutume est l'interprète optimal des lois", pourrait s'entendre ici et faire accord. En effet, Mgr

Perrot, délégué de Paris, disait à une religieuse laïque, cette année, après la Messe qu'il a célébrée dans cette famille : "La Famille de Nazareth fait honneur à l'Eglise".

En la St Aubin,

le 1er mars 1999.

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d'expérience, mais ils sont balayés à la merci du plus fort. Ce n'est pas une société cléricale que la nouvelle intention d’église, mais bien une société épiscopale collégiale. L'obéissance n'intervient que pour ceux qui gênent le pouvoir. Elle est imposée à celui qu'on ne rencontre jamais. Un Mgr Pican refuse de rencontrer l'Abbé Lioux. Le secrétaire du Cardinal Lustiger perd le dossier de la Famille de Nazareth et celle-ci ne le rencontrera peut-être jamais. Mgr Badré avertit : “ ce n'est pas, dit-il une menace. ” “ Que ceux qui donnent pour la cause de D o z u l é e n s u b i r o n t l e s conséquences de l'Eglise et de l'Etat. ” Et il refuse de les rencontrer malgré l'appui de Mgr Perrot. Dans les trois mois, pour l'association de fidèles laïcs nonreconnue, l'Etat applique la loi des héritages hors familles, à des jeunes ayant enfants à charge, avec pénalité. Le tout payable en 20 jours par huissiers qui prélèvent à la banque, sur une association loi 1901, à but n o n l u c r a t i f e t d e bienfaisance. Injuste ? Non ? Ces gens, 37, ont payé et il faut être de vieille souche chrétienne pour désirer une Croix que seul un et des évêques peuvent ériger. Ils ne seraient ni catholiques, ni chrétiens ni généreux ? Eux, de ces jeunes familles, qui sont parmi les rares jeunes familles à payer le denier du culte et à faire le catéchisme font profiter, de leur vivant, quelqu'un qui n'est pas mort, il est vrai, mais bien né il y a 1999 ans quoique mort et ressuscité en 34. Au XIXème siècle, il y eut une cathédrale nouvelle et inachevée à Lille. Au XXème

siècle il y a une cathédrale de la Résur rec t ion à Evry où l'architecte se vantait par écrit de n'avoir voulu aucun signe religieux. Une croix discrète la surplombe cependant. Au XIXème siècle ce sont des milliers et des milliers de croix paroissiales de Mission qui ont été érigées en granit. Et voilà que des évêques et des curés portant croix à la b o u t o n n i è r e t r o u v e n t scandaleuses des croix sans C h r i s t p o u r t a n t s a n s triomphalisme artistique car d’une simplicité évangélique. Scandale ? Non, c'est la folie des simples fidèles de croire encore à l'essentiel de la foi et de leurs ancêtres et de l'espérance de l'action catholique. Est-ce que le milieu le plus difficile à évangéliser serait devenu le milieu chrétien. Les conférences épiscopales de nos diocèses sans frontières et de nos paroisses restructurées où par endroits l'expérience de chacun n'a plus de voix et où l'identité de certains paroissiens devient inconvenante à vouloir être reconnue.

Un Monseigneur supérieur général d'ordre religieux d'Orient nous disait ces jours-ci lors d'un décès, ses hautes études en notre pays. Il nous disait que là où les paroisses étaient sans prêtre, ils ordonnaient des gens mariés après deux ans de théologie. Par contre si des gens de leur église orientale devenaient fidèles ou prêtres de l 'église latine catholique cela ne faisait pas de difficulté. Mais l'inverse n'était pas possible car interdit. La loi du plus fort là encore serait à nuancer. En tout cas la diminution de la responsabilité des religieux comme des laïcs semble une porte qui se referme. Les prêtres ont fait ce qu'ils ont voulu. Et ce n'est pas parce qu'ils ont fait l'aumône à leurs amis laïcs des aumôneries que ceux-ci seront plus religieux. Ce n'est pas parce que les évêques ne voient plus à quoi servent les religieux que le Peuple de Dieu sera plus saint, même si canoniquement et théologiquement la sainteté de

Dieu descend vers tous par le canal de 5000 évêques. On assiste dans l'Eglise au même mouvement que dans le monde. Il y avait un premier, un second et un tiers-monde. Il n'y a plus que les pays développés et les sous-développés dont l'écart s'accentue avec l'apparition du quart-monde. Certains laïcs choisis en t ou t e accep t ion des personnes participent de la n é o - c l é r i c a l i s a t i o n épiscopalienne. Et ce Haut-Clergé devient le “ Grand Tout ” avec sa bonne névrose obsessionnelle sociale à deux vitesses. Celle des premiers et celle des seconds tout à fait angoissée. Le peloton n'a

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Comment l'Eglise sanctifie, potestas sanctificandi *,

dirige, potestas regendi, seuls évêques, était autrefois légitimement et validement faite par d'autres prêtres. Enfin, l'histoire de l'Eglise nous montre qu'à Alexandrie, les prêtres ne se contentaient pas d'élire le patriarche, mais qu’ils l'instituaient et le consacraient par l'imposition des mains, comme les évêques présents. Le pouvoir du Christ, Mt 28, 18, “l'exousia” est total, tel celui de l'Eglise.

Il s'exerce dans la personne du Christ. Ainsi, la consécration eucharistique, dans l'absolution du pardon sacramentel, dans l'indissolubilité du mariage sacramentel consommé. Ici, ce pouvoir ne peut être enlevé mais seulement son exercice.

Il s'exerce aussi au nom du Christ pour le gouvernement, la pastorale et l'enseignement, la catéchèse. Et ce pouvoir peut être retiré au prêtre et à l'évêque. Le pouvoir de sanctifier est donné à tous les baptisés en cas de nécessité pour le Baptême (et aux non baptisés si l'intention est droite et juste). Elle est encore accordée à tous ceux qui se donnent le sacrement de mariage, voire en certain cas aux témoins laïcs- Canon 1108, 1112, 1116. Pour tous les autres sacrements, le pouvoir de sanctifier est réservé aux prêtres et aux évêques. Et pour le sacrement de l'Ordre sous ses 3 degrés épiscopal, presbytéral, diaconal, il est réservé aux évêques. Et d'ordinaire, la confirmation est aussi réservée aux évêques. Les sacrements de Baptême, de Conf i rma t ion e t d 'Ordre m o d i f i e n t l e c a r a c t è r e ontologique et le statut de la

personne, en la personne du Christ ! Ce caractère est donc ineffaçable, et restera toujours valide et légitime pour l'éternité. "Les sacrements de Baptême, de Confirmation et d'Ordre, parce qu'ils impriment un caractère, ne peuvent être réitérés". Canon 845. "Le "Baptême" est "nécessaire au Salut (...) par lequel les êtres humains sont délivrés de leurs péchés, régénérés en enfants de Dieu et configurés au Christ par un caractère indélébile, sont incorporés à l'Eglise". Canon 849. "Le sacrement de Confirmation (...) imprime un caractère". Canon 879. "Par le sacrement de l'Ordre, d'institution divine, certains fidèles sont constitués ministres sacrés par le caractère indélébile dont ils sont marqués". Canon 1008. Ainsi un diacre, même s'il n'a pas le pouvoir sacramentel propre de sanctifier, reçoit un “caractère d ' ê t r e ” , s a n c t i f i a n t . S e s bénédictions et enseignements ont un caractère christique d'être autre que le simple baptisé et confirmé. Ce caractère demeurera dans l’éternité.

Le pouvoir de gouverner et le pouvoir d'enseigner ne sont pas exercés en la personne du Christ, mais au nom du Christ. Et donc ils ne sont pas liés au caractère et statut ontologique de la personne consacrée par le sacrement. "El les ne réclament pas forcément, en vue de leur exercice, une consécration sacramentelle, mais pour le moins une mission canonique qui peut, elle, être révoquée" - Canon 1336 et 1338 - Pr. Pier Virginio Aimone - 1998.

Ce pouvoir ou “exousia” en grec est donné par les “munera” en latin, les moyens, les services. Il est reçu selon le canon 375,2 par la consécration épiscopale. Mais il ne peut être exercé que dans la communion avec le pape et le collège de tous les évêques. Vatican II a corroboré ceci ! Cependant, il n'en a pas toujours été ainsi. Jusque-là, le pape de Rome était souverain pontife à son élection, dès son acceptation. Maintenant, la consécration épiscopale est nécessaire pour lui, de même que tout évêque doit être consacré dans les trois mois après son élection. Autrefois, un cardinal n’avait pas besoin d’être évêque. Il y avait des cardinaux prêtres, des cardinaux diacres, des cardinaux laïcs. Depuis Paul VI, un cardinal doit être ordonné évêque. Mais le cardinal de Lubac resta prêtre. De même, durant le Moyen-Age, les princes-évêques du Saint Empire romain germanique, par exemple, n'étaient pas consacrés après leur élection, ni les évêques commendataires. Mais ils exerçaient le pouvoir de diriger et d'enseigner selon leur office canonique. Il se pourrait que ceci revienne pour l'unité avec les protestants, si leur organisation pastorale est préservée. Ainsi, Ste Brigitte de Suède nommait et faisait ordonner les prêtres de son ordre. Ainsi, aujourd'hui, les abbés exempts des évêques et reliés à l’évêque de Rome.

De même, autrefois, des diacres et des laïcs exerçaient une v é r i t a b l e “ p o t e s t a s ” d e gouvernement. De même, l'ordination des prêtres, aujourd'hui confiée aux

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Ce soir de la Saint Aubin, nous risquerons une hypothèse après dix-huit mois de travail intense, pour voir, juger et agir à Dozulé selon l’apostolat des laïcs de l’Eglise. Le premier point serait que le Message de Dozulé serait donné par Jésus et St Michel pour que Satan, l'adversaire, soit détruit. Il l'est par l'Amour du Père dont la Bonté est infinie pour que soit finie la séduction de Satan qui domine le monde par le mensonge. Le second point serait de savoir comment Satan s'y prend-t-il ? Il sort de terre donc des rangs de l’humanité dominatrice ! Et il surgit par des hommes en qui il imite la bénédiction et la sanctification donnée du Père par le Fils avec le Saint Esprit, en hypocrite imitation religieuse, donc impie. I - Le 2 janvier 1976, la séduction paternaliste serait passée par Mgr Badré, l'évêque et le Père l'Horset, le curé. Ils se seraient endurcis, glacés. Ils

auraient blessé le coeur du Christ en refusant à Madeleine d'accomplir sa mission auprès du maire. Or il s'agissait de rendre à l'Eglise la terre dont elle doit devenir propriétaire. Ce refus laisse Madeleine croire qu'elle ne reverra plus Jésus. Le vicaire du Christ et le curé de son église s'étaient interposés sur un terrain où c'était à Madeleine de donner le Message et au magistrat de cette ville de vérifier le message et s’il était juste de se charger de rendre la terre à l'Eglise. Cela relevait de la loi civile qui régit le

rapport d’une électrice à son élu et de l’élu à son territoire. L'évêque et le prêtre auraient o u t r e p a s s é l a “ p o t e s t a s sanctificandi”, leur mission de sanctifier “ in persona Christi ” en la personne du Christ, en prenant par “ la potestas regendi ”, la place et la mission législative de la citoyenne et du gouvernement du maire. C'est erreur cléricale, il est vrai par tendance trop catholique. Mais Jésus lui n’avait pas voulu intervenir dans une affaire d’héritage ni face à César. Le contraire engendre l’anti-cléricalisme. Dieu aurait permis cela pour que cesse cette séduction, cette confusion et cette erreur qu'on voit à son extrême, dans la querelle des Melkites byzantins, des Guelfes et des Gibelins romains. Cela opposa d’abord l’Empire romain de Byzance aux églises orientales, puis l'Empire romain germanique à la papauté de Rome. A ce moment Gérard Cordonnier, le scientifique mystique n'est pas encore arrivé. Il n'arrivera qu'à la Sainte Croix de cette année là, le

Oui Seigneur Viens !

Marana tha Viens Seigneur Jésus , Ap 22,20 Maran atha le Seigneur vient, 2 Co 16, 22

Mais il faut que la communion avec la hiérarchie existe, ainsi que le mandat canonique. Les Pères Congar et Rahner, et d'autres, pensent que le pouvoir est unique de sanctifier, diriger et enseigner. D'autres pensent que, par exemple, le pape tire l'origine de son gouvernement et de son enseignement de sa mission canonique par élection acceptée. Le pouvoir d'enseignement - potestas docendi - n'appartient, de soi, qu'au pontife romain seul

mais représentant toute l’Eglise, et à tous les évêques, ensemble unis, en collège et au Souverain Pontife. Mais certains prêtres peuvent participer avec voix délibérative à un concile œcuménique -Canon 339,2.

Le pouvoir de gouverner - potestas regendi- n'appartient aussi qu'au pontife romain et à tous les autres évêques. Mais il appartient encore aux prêtres missionnés canoniquement par

leurs évêques. Ce pouvoir peut, même quand il n'implique pas un pouvoir de sanctifier, être transmis par mission canonique à des diacres et laïcs, ainsi qu'à des religieux - canon 129, 274, 596 et 618. Ce n'est pas alors un droit, mais une coopération à des ministères appartenant de droit aux Consacrés du Sacrement de l’Ordre. Selon le Code du Droit Canon 1917 et 1983 et le Professeur Pier

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14 septembre 1976, huit mois et demi plus tard. L’intervention troublante du clergé avait commencé. II – L’erreur cléricale du clergé de Bayeux va paralyser l’action du magistrat de cette ville de Dozulé ! Puis le curé va se porter vers le penseur Jean Guitton et ainsi vers la “ potestas docendi ” d’un laïc professeur, auditeur au Concile Vatican II. La confusion et l'abus de gouvernement du curé l’a amené à englober le pouvoir civil de diriger du maire. Le nouvel évêque et le nouveau curé iront même jusqu’aux injures méprisantes ou vulgaires indigne de tout pouvoir qui se respecte. Or Jean Guitton renvoie le curé vers un scientifique mystique attiré par l'orthodoxie. Quand la mission de sanctifier tout le peuple de Dieu se crispe sur la mission de gouverner, “ la potestas regendi ”, on arrive alors à u n e r e d o n d a n c e d e l'enseignement qui semble pouvoir réguler l'appétit de pouvoir. Certes la pensée grecque a forgé le dogme et l'orthodoxie. Mais on oublie, et ce sera l'erreur de Gérard Cordonnier, suivi par Madeleine Aumont qui s'incline et par le Père Jean-Baptiste Mauceaux qui préfère obéir à Dieu qu’aux évêques assimilés à des hommes non croyants et par Suzanne Avoyne qui agit selon sa conscience, que les prophètes sont soumis aux prophètes. L'ingénieur met de côté le curé introduisant alors la possibilité de sanctions qui demeurent 24 ans plus tard. Et de plus la “ mise à l'index ” de huit apparitions est faite par le directeur spirituel de Madeleine, même si certaines sont approuvées de fait comme celle de la remise des manuscrits au prêtre et celle de la conversion de Roland. Et celui-ci ne c o m p r e n d p a s a p r è s s a conversion que l’Eglise ne fasse

pas confiance à sa femme. Et il est encore accusé post mortem d'escroquerie par Mgr Badré jusqu’en ce début 1999. Pourtant l’ouvrier ne cherchait certes en sa colère aucun pouvoir ! III - L'abus de la liberté prophétique face à la “ potestas docendi ”, va ainsi amener à l'abus pastoral. L'évêque et le curé vont diviser les deux premières actrices du Message créant un petit schisme de fait entre elles et leurs amis. Le nouveau curé y prononcera même de petites “ excommunications de fait ” pour la communion eucharistique et l'assistance à la messe en semaine à l’égard des Avoyne et d'autres plus tard. L'autorité pastorale va paralyser t o u t l e m o u v e m e n t d e réconciliation et de purification de la Croix Glorieuse. En accusant de désobéir et de diviser sans preuve ni possibilité de réponse, on exclut certains. Le nouvel évêque, un religieux, ce qui est rare en France depuis longtemps va accentuer le rejet en y ajoutant ce mépris bien trop souvent propre aux états dits de perfection. Le débordement de la “ potestas regendi ”, pouvoir de diriger ira jusqu’à ce que Mgr Badré envoie des menaces civiles propres à l’Etat. Cela ira jusqu'à ce que l'Etat impose des taxes fiscales aux laïcs bénévoles. Cet impôt serait nul si les laïcs de Dozulé étaient protestants ou juifs. En effet l’Etat, pour les catholiques, ne reconnaît de but cultuel qu’aux seuls évêques. Ce qui n’est pas le cas pour les juifs, les protestants et maintenant les musulmans. Qui faut-il être pour être sanctifié par le pardon, la pur i f ica t ion , l ’amour , la communion et le réconfort de l’Esprit Saint ? N’est-ce pas Lui l’unique pasteur, prêtre, victime, autel et Nouvel Adam, Jésus ? Les laïcs catholiques seraient-ils

les seuls français interdits de culte et de là taxés sur des bases non cultuelles, s’ils osent honorer une fête catholique et chrétienne comme il en est peu d’autres. Mgr le Cardinal Lustiger a fait déclaré par son secrétaire cet été aux jeunes ignorer l’origine de cette Croix glorieuse, dont il désigna le président de l’enquête canonique suspendue! A travers tous ces incidents, on devine que Jésus veut purifier et réconcilier en la Croix Glorieuse, les Catholiques, les Orthodoxes, les Protestants, les Juifs et les musulmans. Or que fait Jésus pour remettre de l'ordre ?

1) Il promet à ceux qui vont se repentir et diront tous les jours la prière qu'il leur a enseignée, qu'en cette vie Satan n'aura plus de pouvoir sur eux et que pour tout un temps de souillure, en un instant, ils deviendront purs et seront fils de Dieu. C’est la prière de rogation, la prière de demande instante. C'est l'action sanctifiante de Dieu par la “ potestas sanctificandi ”, dans la personne de Jésus. C'est l'adoption filiale et éternelle du Père dont la Bonté est infinie et qui veut sauver l'humanité qui est au bord de l'abîme. Mais pour cela notre foi doit rester inébranlable comme celle de Madeleine, ap 44. Le Sacrement reste nul ou en attente sans la Foi active. Les ingénieurs penseurs et ouvriers de Ressource seraient fautifs de cette foi active ? Est-ce faute d’avoir la foi et de la manifester en respectant la légalité de l’Etat et la canonicité de l’Eglise ? Ce respect n’est pas du vent.

2) Jésus conseille à chacun comme à Gérard, et à ceux qui ont accueilli le message avec tant d'amour, de faire ce que leur conscience leur dictera après chaque recue i l l ement . I l demande : “ vous vous laisserez

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guider par Dieu. Ceux qui ne voudront pas écouter le Message ne seront pas appelés fils de Dieu ”-ap 44 bis. Car ils auront refusé la direction du Saint E s p r i t , l e c h e m i n d u Consolateur -ap 45- et la conduite “ Sancto Flamine ” par le Saint Souffle -ap 44 quinto-. Pour le faire, il faut accueillir la “ potestas docendi ”, le service d'enseignement de l'épouse du Christ dont le Saint Esprit est l'âme. C'est la parole du Fils de Dieu, fils de l'homme qui est espérance. Les laïcs de Ressource seraient aussi fautifs de croire à l’apostolat des laïcs. Ils ne doivent ni voir, ni juger, ni agir contre les deux évêques de Bayeux ! Cela nous y obéissons ! Mais est-il interdit d’informer les Evêques et le Peuple ? PS. Fin 1999. Un évêque attentif s’est assuré que nous ne sommes pas méprisés ! Merci. Deo gracias. Mais en 1992, quand nous nous sommes mis au service des fidèles de Dozulé ce fut à cause du mépris pour ces gens qui sont nos pères nos mères nos frères et soeurs enfants et grands parents et voisins. Nous avons partagé le mépris des “ gogos ”, nous partageons le destin des “ cinglés ” qui plantent une croix dans leur jardin comme Daniel et Huber t , nous par tageons l’ignoble de ceux qui ne savent pas “ ficeler des dossiers ” qui à la Congrégation de la Doctrine de la Foi apparaissent immondes. Faut-il un avocat pour parler à son père, à sa mère ? Faudra-t-il un avocat pour qu’un peuple ordinaire soit le milliard de catholiques déjà faible et honteux ou révolté parle à ses pères de l’Eglise ? 3) Jésus nous conduit : “ Vous en ce monde aujourd'hui, apôtre et prophète, agissez avec chacun selon votre cœur ”. C'est le service pastoral d’avoir du coeur.

Il relève de la “ potestas regendi ”. C’est le sacerdoce royal commun à tout baptisé, appelé à se conduire et à conduire les autres sans se tromper, ni tromper selon l 'Espérance d'amour et de Charité mise par l'Esprit Consolateur en nos coeurs fortifiés –ap 44 quarto. Lui, Son Coeur est plus grand que nos coeurs comme on le voit lors de la conversion de Roland –ap 49 bis - et encore dans le dernier message de St Michel obtenu par des neuvaines –ap 50-. Ah si l'Eglise de nos pasteurs laissait chacun agir selon son coeur, l'Esprit Saint, l'Avocat des pauvres en gagnerait tant à la purification ! L’Etat méfiant comme la justice accorde des associations aux citoyens. L’Eglise l’a accordé aux fidèles. Les évêques n’accordent que celles dont ils ont l’initiative. De fait, l’Etat revient vers ce choix qui vise à ne tolérer que les Associations qui le servent et les O.n.g. qui le soutiennent. Mais il parle d’accorder les associations à but cultuel sans autre. La pastorale a pour but de purifier le Peuple de Dieu par son pouvoir et son service de gouvernement. Purifier, est-ce réserver les droits de tous à une élite ? Est-ce les reconnaître à l ’ e t h n i e “ c a t h o ” , à “ l’intelligentia ” cléricale ? Le magistère a pour but de réconcilier les esprits des croyants par son pouvoir et son s e r v i c e d ' e n s e i g n e m e n t . L’œcuménisme offert aux protestants et aux orthodoxes est-il refusé aux simples fidèles ou moines simples catholiques ? La sanctification tant du sacerdoce royal que du sacerdoce ministériel a pour but de mener de la Croix à la Gloire en Dieu trois fois Saint par son pouvoir et son service de toute sainteté. La gloire catholique serait-elle

réservée aux JMJ et les JMJ à Mgr de Fato, à Mgr Boccardo, à Mgr et Cardinal Statford, à Mgr et Cardinal Lustiger et aux volontaires préchoisis des paroisses ?

- L'erreur de Mgr Badré et du Père l'Horset par rapport à Madeleine et à Suzanne à propos du message au maire, serait de ne pas être restés dans l'unité et la pureté, mais de contourner la loi de Dieu à leurs degrés de responsabilité. - Le trouble de l'évêque, du curé et de l'ingénieur Gérard, à propos de la diffusion du Message au peuple de Dieu, serait de ne pas croire à la sainteté, soit du Message de Jésus et des messagers pour les clercs, soit à la sainteté de l'Eglise pour les laïcs du moins pas suffisamment. - La séduction de Satan sur tous aurait été de leur faire oublier l ' ac t ion ca tho l ique donc universelle propre à toute action divine, soit chez les prêtres pour en avoir empêché sa diffusion dans le monde entier, soit chez l'ingénieur laïc et les chefs de pèlerinage pour avoir outrepassé le clergé. Car l'Eglise ne peut être universelle que si elle est apostolique donc reliée aux apôtres par la succession des évêques. Mais ceux-ci doivent ne pas se moquer de Dieu. “ Car ce que l'on sème, on le récolte ”, Galates 6,7. Seule la bonté est de Dieu Bon. Face à cela, Jésus demande à Madeleine trois fois d'être Son Apôtre. La première fois en lui demandant de porter 320 prières de Jésus aux foyers de la ville. La seconde fois en lui demandant, apôtre et prophète, d'agir selon son coeur, ap 45. Ce sera le ministère du coeur et de l'hospitalité en témoignant du Message et en invitant à le faire connaître. “ Soyez apôtres de

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Ce livre de Monsieur Claude Allègre, notre ministre de la recherche scientifique, dans la collection Livre de poche, Fayard 1997, Paris, pose une question qui comprend sa réponse. Il la développe en deux termes à la fin de son livre. Il s’appuie sur son maître à penser, Jean Bottéro, à propos de la foi. A la question : "Oui ou non, avez-vous la foi ? ", celui-là répondait : "A partir du moment où, dans un sens ou dans un autre je réponds à votre question, mon livre ne vaut plus rien". Pour que la question vaille, il aurait fallu poser la question de la science face à Dieu qui seul donne foi à l'homme et face à l'homme qui seul reçoit de Dieu la foi. Mr. Allègre répond encore par le mathématicien perse Umar Khayyam de Nichapur qui vivait au XIème siècle : "Tout le monde sait que je n'ai jamais murmuré la moindre prière" *1. Or c'est par la prière que la foi naît, continue de vivre, espère et aime. Sans la prière le croyant se coupe du télescope qui lui rend proches les étoiles. Perdre la foi n'induit pas, comme retirer l'œil du télescope, que les étoiles et son Créateur n'existent plus. "Tout le monde sait aussi que je n'ai jamais essayé de dissimuler mes défauts". Et selon cette pratique de l'humilité intellectuelle, on arrive à une rigueur de la pensée objective ; c'est une ascèse, un exercice. Encore faut-il connaître ses défauts! Mr. Allègre précise encore : "J'ignore s'il existe une justice et une miséricorde ; cependant, j'ai confiance, car j'ai toujours été sincère". La justice naît de l'amour du prochain connu dans

l'amour et l'amitié qui trouvent ou rendent égaux, et de Dieu quand il est connu comme plus proche de notre cœur que notre propre cœur, ceci quand on l'aime plus que tout. La miséricorde naît du désir de fécondité pour le petit, l'incapable, le démuni. C'est l'amour parental maternel et paternel animé par Dieu et éclairé par Lui. Mr. Allègre, et selon lui "la science propose un scénario partiel, provisoire, dans lequel l'homme n'est qu'un élément de la Nature dont il est le produit. Outre leur ambition commune de fournir une lecture cohérente du monde sensible, la religion et la science occupent le même espace : celui de la pensée humaine." Ceci n'est pas complet, ce qui de fait génère "compétition voire conflit" comme le remarque justement Mr. le ministre. En effet, la science et la religion non seulement n'ont pas le même objet mais encore ne fonctionnent pas selon la même organisation des facultés de l'homme! C'est comme si le conflit venait de ce que deux astronomes regardaient chacun par un bout de la lorgnette certes, mais encore le faisaient, l'un pour voir le visible et l'autre l'invisible. Chacun sait que le sentiment et l'intuition se mettent au service de la pensée dans les sciences dites exactes qui, expérimentales, rendent compte de la matière, ou en mathématiques, des formes virtuelles. D’où la Science est devenue, par la pensée, "centre du monde" : l'instrument de notre pensée est, pour trop de scientifiques, "le centre du

monde". Mais les épouses de nos grands scientifiques ou leurs enfants savent contourner "ce centre du monde". Le monde ancien faisait de cette matière notre terre le centre du monde. Certes la terre tourne autour du soleil. Et la science tourne auss i au tour des "cerveaux" humains qui la génèrent. Dieu face à la science est une idée de l'histoire humaine que scrutent les cerveaux de nos scientifiques ; mais Dieu échappe et parle un autre langage. Le fondamentalisme intégriste est un obscurantisme de la pensée, d'où sa rivalité heurtée avec la rigueur scientifique. La science relève de la pensée objective donc expérimentée dans les objets matériels, et sa force sera la prudence. Prendre la fonction humaine, dont l'aptitude est l'observation objective, pour le centre du monde est pour le moins imprudent en soi. B e r n a r d d e C l a i r v a u x , contrairement à la suggestion de Mr. Allègre, ne prêchait pas "l'ignorance pieuse" *2 ; il avait remarqué une loi psychique de première importance: "La foi est par définition incompréhensible, Dieu n'obéit pas à la loi ordinaire". Les anciens l'avaient compris en appelant l'ontologie : m é t a p h y s i q u e . E n e f f e t , psychologiquement, il y a un lien - et un lieu - résiduel incommensurable, irréductible et toujours voilé à l'autre. Cet objet résiduel a été perçu par

“DIEU FACE A LA SCIENCE”

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Sigmund Freud qui en a tiré la nécessité de la neutralité b i e n v e i l l a n t e . C e t o b j e t résiduaire, perçu par tout psychanalyste expérimenté, nous apparaît, après vingt ans de travail et de recherche, selon deux aspects : désir et liberté. Le désir va générer deux rapports exacts au transfert, appelés l'un positif et l'autre négatif, à savoir l'un de désir amoureux, l'autre d'identification amoureuse. La liberté va générer aussi deux rapports exacts au transfert, à savoir une liberté de résistance protégeant l'identité ou une liberté de défense sauvegardant l'acquis sur l'autre, justifié ou non. Mais il reste encore cette sacro-sainte névrose de transfert où amour et liberté paralysent l'action, le désir et l'identité de l’analysant. Et selon des e x p é r i e n c e s l o n g u e m e n t vérifiées, ces névroses de transfert appartiennent aux psychologies liées au grand Tout, aux Totems, aux Tabous et aux névroses obsessionnelles sociales de Sigmund Freud. En tout cas la réserve de l'analyste et sa neutralité bienveillante s'arrête avec respect b i e n v e i l l a n t f a c e à l'incompréhensible qui est toujours, en chaque cas, la liberté de désir d'amour de chaque personne. L’inconnaissance affectueuse de Bernard de Clairvaux ressortit de cette neutralité bienveillante et de toute rigueur de tolérance religieuse. Il se pourrait que le Docteur de l'Eglise qu'est Bernard, le bourguignon de Clairvaux, soit aussi prudent que le Docteur commun de l'Eglise, le normand des deux Siciles, Thomas d'Aquin. Il est justice et non seulement prudence de s'arrêter devant la

liberté du désir car c'est reconnaître une réalité ; elle est pieuse, certes, car affective et pas seulement d'affection parentale ou filiale mais conjointe. C'est cette tolérance affectueuse de la différence qu'on reconnaît dans les couples où l'amitié aide l'amour. C'est une aide semblable à l'amour; mais la liberté de l'amitié diffère de l'amour comme, je dis bien comme, une femme d'un homme. En effet, le sexe est une incomplétude physique qui demande le don de l'autre. Mais la différence sensitive des conjoints est certes physique et affective et, non point, réellement intellectuelle. La différence de forme intelligente vient de l'aide du sentiment et de la sensation dans le fonctionnement mental. Analogiquement, l’on peut imaginer! Car dans la symbolique il y a part de réalité! Ceci vaut, contrairement au mythe dont le fondement est le manque qu'on vient combler par un contraire imaginaire. En psychologie l'erreur ou l'ignorance volontaire à ce sujet, maintient ou génère la psychose. Ce n'est pas rien ! Quelques fois plus rares, le divin se manifeste en image pour les sens : par la vision, par la voix, par l'odeur, le toucher voire le goût là où il y a communion. Ces manifestations perceptibles aux sens physiques sont saisies et perçues par d'autres ou non et sont particulières aux rencontres de Dieu incarné dans la foi chrétienne. Autrement ce sont des images symboliques chez les hébreux par exemple. Par contre, chez eux et les chrétiens, la Présence divine est réelle quelque soit le signe manifeste. Ces rencontres, l'intelligence peut les comparer et elle les compare puisque la tradition les transmet

et provoque peu à peu l'adhésion de fidèles et de peuples qui croissent. Cette croissance a d'ailleurs un rythme humain comparab l e à c e l l e de s découvertes et cert i tudes humaines de la science.

Il est évident qu'une intuition prophétique est, elle aussi, vraie ou fausse et doit être contrôlée par l'expérience acquise. Quand il s'agit d'intuitions cosmiques et matérielles, ce sera d'autant plus nécessaire. De même, le sentiment prophétique ou de sagesse doit être soumis à l'expérience pour se trouver corroboré objectivement. Ainsi l'Eglise n'a jamais imposé comme dogme, la foi aux apparitions et elle a toujours laissé libre leurs interprétations. S'il y a prophétie dans l'espace temps, elle attendra l a p r euve h i s to r ique e t contrôlable concrètement au moment de sa réalisation. La certitude morale qu'offre la foi religieuse a ainsi une origine divine, donc dévoilée ou révélée par Dieu et par une corroboration historique. Ainsi l'histoire et l'économie du Salut annoncés par les livres hébreux ne sont devenus dogme qu'après leur réalisation messianique pour les chrétiens et à la fin du prophétisme d'Israël pour eux. Cette foi s'est révélée juste. Pour revenir à Bernard, le dernier des pères de l'Eglise dit-on, il assure que : "Dieu n'obéit pas à la loi ordinaire". Ceci veut simplement dire qu'il n'obéit pas à la loi humaine, à la loi de la nature humaine matérielle ou psychique. Nous l'admettons ici comme hypothèse à démontrer. Prenons l’exemple de Thomas d ' A q u i n : " C h e r c h e r à comprendre les lois de la Nature, c'est chercher à comprendre l'œuvre de Dieu, c'est donc se rapprocher de Lui". Notons que

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Thomas n'a pas du mettre de majuscule à la Nature : il y a la nature propre à l'expérience et la nature propre à la science. Mais la science n'est pas seulement expérimentale par les sens matériels et la pensée objective. Un certain Gérard Cordonnier, polytechnicien de talent, raconte comment il trouvait des réponses m a t h é m a t i q u e s e t e n recons t ru i sa i t ensu i t e l a démonstration parfois nouvelle que ses professeurs confirmèrent quelquefois en classe! Il m'arriva parfois, aussi en classe, de trouver ainsi moi-même la so lu t ion à une ques t ion mathématique avant de me construire le raisonnement expliquant le résultat et en classe, mes camarades me demandaient souvent conseil. Or je n'ai jamais osé parler de la manière incompréhensible qui me permettait d'arriver au bon résultat, ni à mes professeurs ni à mes amis... En phi losophie , puis en psychanalyse je récidivais, j’ai réfléchi beaucoup à chercher la troisième source du savoir avec l'expérience et la pensée. Et, selon moi, c’était en 1982 l'affectivité! Ce n'est qu'avec Jung que je reçus la théorie qui différenciait les deux fonctions d'expérience, sensation et intuition, et les deux fonctions de jugement, sentiment et pensée. J'ai alors reçu l'instrument spéculatif me permettant de relier l'intuition de l'artiste, l’intuition du spirituel, l’intuition de l'amoureux et l’intuition de l'ami aux sensations expérimentales, comportementales et matérielles sans pour cela rester borgne ou myope du sen t iment en hypertrophiant la pensée. La pensée de Thomas objectivant l'action de ses cinq sens pour définir les lois de la Nature n'enlevait rien à sa réserve

sentimentale ni à son sens intuitif du réel, exprimés dans son surnom de "bœuf muet", qui a fait parler le monde entier selon l'observation prophétique de Maître Aubert le "docteur universel" qu’est Albert le grand. "L'ignorance pieuse" de Bernard avait l’intuition non sans sentiment religieux, que le mystère de Dieu allait au delà de

la querelle des universaux et du conceptualisme d'Abélard. On l'appelait Docteur au flux de miel, ce grand entraîneur d'hommes qui... fit, plus que quiconque, pour l'Europe dite de Saint Benoît. Faut-il aujourd'hui renier, au nom du rationalisme d'Abélard, cet art cistercien qu'il a promu ? C'est que Bernard ajoute à la rigueur scientifique nécessaire à toute construction, le m i e l d e s e s s e n t i m e n t s chaleureux et doux. D'autre part, l'intelligence d'Abélard n'échappa pas à la castration de l'oncle de son amie Héloïse ni à la vindicte de ses moines qui, heureusement, n'aboutit pas à l'étrangler. L'intuition expérimentée et le sentiment cultivé n'enlève rien au j u g e m e n t o b j e c t i f n i à l'expérimentation rigoureuse. Ce qui est de soi extraordinaire et

incompréhensible, c'est l'amour humain d'Abélard et d’Héloïse et l'amour divin pour Dieu de Bernard. Le premier amour est naturel et le second surnaturel. En effet, l'intuition et la sentimentalité ajoutent toutes deux leur beauté et leur exactitude à la pensée et à la sensualité amoureuse d'Abélard qui furent toutes deux fécondes dans l'ordre de la nature humaine. Mais l'intuition spirituelle de Bernard et son sentiment religieux peuvent être de l'ordre de la nature tout en fournissant à la raison, matière à une réelle appréhension de Dieu. L'amour humain, l'amitié et l'amour des hommes pour Dieu m'ont toujours paru une au then t ique "p reuve" de l'existence de Dieu, de par l'appréhension en soi du désir amoureux qui porte en lui-même cet aspect unique, cet aspect irréductible à la matière et au temps, cette liberté jusque dans l'au-delà de la mort et cet absolu, pourtant pleinement tolérant, propre à tout amour authentique. Cela se retrouve à toute époque sous toutes les latitudes. Et, l'histoire et l'archéologie en témoignent. Et même l'être le plus débile garde accès à l'amour en une nature indéfinissable. Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, mais qu'elle peut, avec prudence, reconnaître en toute justice comme une expérience réelle et intuitivement universelle. Ainsi, l'homme, quand il parle de Dieu avec amour et passion amoureuse, témoigne d'un mystère. Ce mystère, en témoignent tous les mystiques qui en ont fait l'expérience, peut être réduit à un délire sans symptôme névrotique comme l'a décrit Freud. Mais il est non réductible à une ignorance! Sinon pourquoi ces amours de Dieu qui

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naissent ainsi sans lien entre eux, sont-ils constatés à toutes les époques et pour quelle raison les religions en parlent-elles toutes, exactement dans les mêmes termes, sans aucune possibilité de répétitions ou d'imitations? L'intuition de Dieu, le sentiment a m o u r e u x d e D i e u , l e cheminement de cet amour spirituel appelé union ou mariage mystique sont si semblables et si ressemblants qu'ils équivalent soit à une pathologie dont l'apparition est purement logique, soit alors à un amour unique et divin. Un des symptômes du délire est sa dégénérescence et la dégradation qui s'en suit. Or la fécondité de ces personnes se distingue de celle des faux mystiques par leur équilibre certes, mais encore par des fruits incompréhensibles et durables. Luther a fustigé cette réalité mystique, du moins en partie, mais il a généré une telle expérience dans les diaconesses et les moines de Taizé en Bourgogne. Or les témoignages de ces amants de Dieu ne sont pas postérieurs à leurs vies mais toujours immédiats. C e r t e s l a p e n s é e s e l o n l'appréhension scientifique de la matière ne peut à elle seule prouver et démontrer ces expériences. Par contre, la pensée sur la matière seule génère des monstres. Elle le fait en ces Etats monstrueux qui se donnent des

moyens aptes à détruire la terre. Elle le fait en ces économies multinationales qui induisent des famines et des désertifications. Elle le fait dans l'incapacité de m a î t r i s e r d r o g u e s , terrorismes et prostitution d'enfants. Et pourtant il est vrai que "nous vivons à une époque où la science n'a jamais été

aussi puissante, conquérante et savante". Or à cette époque, la femme n'a jamais été si malheureuse, sauf si elle est phallique. "Le but de la science est de construire une représentation objective du monde" donc "vérifiable" indépendamment de toute intervention divine. Mais à vérifier cette représentation, on peut comprendre que ce monde intellectuel, semblable chez l'homme et chez la femme, devient inégal pour elle vu la force et la capacité plus grande du sexe masculin face à la matière brute. C'est par elle qu'il y a déviance, dérive, inégalité, exploitation et humiliation. Ainsi la domination scientifique induit l'inégalité des sexes du fait de la réalité matérielle dominante du sexe viril. Curieusement, on constate aussi un retournement dans le fondamenta l i sme intégriste. Celui-ci impose intellectuellement des données vues comme religieuses mais il les traite comme des objets matériels. L'intellect obtus fait leur dogmatisme. La religion est réduite à une "femme-objet". Et la science sert finalement l'économique des plus forts, non des plus savants ; c 'est l'économique matérialiste. Or, "la science ne s'épanouit que dans la liberté", on ne le répétera jamais assez ! Et il faut bien le dire, ce ne sont

pas l e s savan t s ou l e s scientifiques qui dominent le monde mais ce sont les tenants matérialistes du pouvoir qui les u t i l i s en t . Car l e r ega rd scientifique ne fait pas de la science le centre du monde. Mais bien par sa pondération physique et matérielle, c'est le matérialisme qui est devenu le centre du monde, de même que l'or noir est l'épicentre du fondamentalisme islamique. Et Monsieur Allègre a bien raison: "le danger qui menace la science moderne c'est d'être conf inée dans l 'u t i le , la technologie, l'applique, ... ". "La r e l i g i o n a v a i t p e u r d u matérialisme, la science doit désormais se ga rde r de l'économisme, de l'utilitarisme exclusif. Au nom du “dieu Dollar”, l'économisme risque de la confiner donc de l'étouffer. A moins qu'elle le soit par l'obscurantisme fondamentaliste". "... Ou peut-être tout simplement (sciences et religions) englouties p a r l e f o n d a m e n t a l i s m e islamique". Vous parlez de la science : "Elle doit rester l'empire de la raison du raisonnable, c'est à dire l'adversaire du dogmatisme". Or c'est justement sous l'empire de la raison "raisonnable" que les r e l i g i o n s s o n t d e v e n u e s dogmatistes. Et là ce n'est pas un hasard que le pape dogmatiste Urbain VIII ait été d'abord l'admirateur inconditionnel de Galilée. Il y avait chez ce pape la même raideur intellectuelle que chez le savant. Le pouvoir politique du reste, tout comme pour Luther, fit décision et les princes allemands ont tranché. Benoit XIV, en 1757, désavouera l'intransigeance d'Urbain VIII. Pie IX, en 1848, retirera Copernic et Galilée de l'Index. Et Jean Paul II en 1992 réhabilite Galilée. Mais Képler aura raison contre Galilée à son époque sur la

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théorie des marées, ce n'est qu'en 1851 que Léon Foucault expliquera la rotation de la terre. Et ce n'est qu'en 1907 et en 1932 que Bergson réhabi l i te ra l ' in tui t ion comme valeur a u t h e n t i q u e d ' e x p é r i e n c e "scientifique". La science ne va-t-elle pas de conserve avec l'être humain dont la lenteur scientiste et dogmatiste peut retarder autant les sciences que les religions. Pour ce qui est des vérités religieuses catholiques, il en est deux sortes! .1. Les vérités du dogme, à savoir vérifiées par le peuple hébreu et les chrétiens ; elles sont contenues dans le Livre. Elles sont comme l'ossature de la Révélation. Elles concernent la "foi révélée" de la Bible. .2. Les vérités théologiquement certaines ; c'est le contenu de la Tradition chrétienne depuis Jésus. Elles concernent la "foi ecclésiastique", soit définies par l'Eglise en son Magistère, soit "très proches de la foi", soit "reconnues comme certaines" par la théologie, soit accueillies "par le sens commun des fidèles", ou "par probabilité" ou "plus probables" ou "bien fondées", ou par la "piété", à savoir la tradition des gens qui prient, soit enfin "par tolérance". Et c’est la plus petite certitude. A i n s i l e " d o g m e " d o i t comprendre autant de nuances et de degrés de certitudes que les sciences dites exactes. Or cette gradation n'est pas seulement liée aux degrés de cer t i tude scientifique, mais elle correspond aux degrés de certitudes des sciences humaines. Et là ce n'est plus l'expérience matérielle ou in tu i t ive qu i marque la graduation mais aussi le jugement du sentiment vérifié et intersubjectif. Sur la matière, l'homme objective l'objet sauf s'il a une vision artistique plus nuancée aux mille facettes. Sur

l'âme humaine sans parler encore du divin, l'homme est juge et partie comme on le voit entre Galilée et Barberini, son ancien admirateur. Parlons maintenant des certitudes "divines"! Certes l'être humain ne peut que faussement sublimer des certitudes scientifiques sur Dieu. Illuminisme de l'intuition, piétisme du sentiment, fanatisme de la pensée, obscurantisme porté sur le monde réel seront complémenta i r e s e t s e retrouveront dans toutes les formes religieuses. Ce sont les dysfonctionnements des diverses fonctions de l'âme. Par contre la certitude divine de la foi religieuse a deux auteurs selon toutes les traditions quelles qu'elles soient. Dieu se manifeste à la personne! Et la personne humaine le reçoit en son expérience intuitive et à son jugement sentimental subjectif ou mental raisonnable. La foi qui s'en est suivi ne sera plus dite "foi révélée" mais "foi ecclésiastique". Elle est contrôlée selon la foi révélée comparée à la t r a d i t i o n . U n c o n c i l e œcuménique comme une intervention du pape en tant que chef de l'Eglise et parlant en son nom, ne peuvent être déclarés infaillibles que parce qu'ils expriment ce qui a été cru comme vrai par tous, toujours et partout, donc "sans risque d'erreur". Cette certitude religieuse sera alors i s s u e d u M a g i s t è r e extraordinaire! Elle est rare. Ainsi un théologien, Jean Louis Bregues, peut écrire chez Mame en tant que membre de la Commiss ion Théo log ique Internationale : "A notre connaissance, le Magistère extraordinaire n'a jamais procédé, jusqu'à ce jour, à des déclarations de ce genre en matière morale. Rien ne l'empêche de le faire, cependant", sinon la prudence ! Par contre cette foi ecclésiastique

se nourrit du "Magistère ordinaire". Il est exercé par le pape, directement, tant par ses encycliques au monde entier, que p a r l e s " C o n g r é g a t i o n s Romaines" sortes de Ministères du religieux et présidées par des Cardinaux. Dans le cas de Galilée, le pape approuva "in forma commune", donc simplement, ce qui restait ni plus ni moins l'acte de la Congrégation de l'Index (1615), puis celle de l'Inquisition (1633). Si l'acte de la Congrégation r o m a i n e a l ' a p p r o b a t i o n spécifique du pape "in forma specifice", elle est qualifiée comme émanant de lui. Elle porte alors des indications telles que : "ex motu proprio" ou "ex scientia certa" ou "de apostolicae a u t o r i t a t i s p l e n i t u d i n e declaramus", de la plénitude de l'autorité apostolique... Il y a quatre degrés dans le magistère ordinaire romain, cf. catéchisme de l'Eglise catholique, n° 88 : . 1° . de foi révélée par Dieu comme dans le Magistère extraordinaire, . 2° . des vérités à recevoir définitivement comme "tenues et acceptées fermement", . 3° . des doctrines proposées de manière non définitives, . 4° . enfin des enseignements de type prudentiel. Si la terre, vue comme centre du monde, avait été pour l’Eglise une "proposition définitive" ou même "à tenir fermement", le pape aurait du s 'engager personnellement. Or il a laissé les Congrégations de l'Index et de l'Inquisition décider d’un débat mettant l'Eglise en cause, sans être présent , lui le Pape, et sans débat contradictoire. Il l'a fait politiquement, dans une erreur autoritaire qui a eu l'effet inverse. Il l'a fait dans une discipline qu'il ne maîtrisait pas, la discipline

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scientifique qu'il aimait tant. Il a donc porté un jugement téméraire qui a nui à la confiance dans l'Eglise, quoiqu'il ne l'ait pas engagée sur le plan doctrinal. Le cadre juridique qu'il a mis en place gardait sous réserve une proposition présentée de manière non définitive. Le retard de l'Eglise à la retirer est du à l'enjeu politique que Pie IX transgressa. L'enjeu scientifique, plutôt philosophique, c’est Jean Paul II qui v ient d’y répondre . L'intransigeance d'Urbain VIII avait été désavouée par Benoit XIV en 1757. La question actuelle se pose autrement. "C’est en ce sens que Denis Jeambar pose la question: au fond, la science n'a-t-elle pas remplacé Dieu au centre de la société? Or, avec la même force que j'affirme que la religion n'a pas le monopole de la morale, je soutiens, au risque d'être en désaccord avec certains de mes collègues, que la science ne permet pas, à elle seule, de bâtir

une morale. Certes elle constitue une éthique par sa méthode et le but qu'elle poursuit : la recherche de la vérité." Mais la morale a pour fondement la liberté de tous, qui ne peut être reconnue que par l'amitié de l'ensemble des personnes. "Imaginons une morale fondée sur la science au nom des lois de la nature. Celle-ci, on le sait, ne se préoccupe pas des faibles, des infirmes, des inadaptés. Au contraire on les élimine... L'eugénisme promu au rang d'ingénierie reviendrait à grands pas." Ceci dit, Mr. Allègre ne donne pas de base scientifique à son amitié pour les faibles ! Il lui donne au contraire une extension la plus large, tel Mohammed dans le Coran : "Recherche le Savoir, de ta naissance à ta mort jusqu'en Chine s'il le faut". Ainsi Mr Allègre de dire : "Et si Dieu existe, plutôt que dans le ciel, ne se trouve-t-il pas à l'intérieur du cerveau humain ? Mais là revient le dieu hasard qu’invoque

Einstein pour le développement de la science." Mr. Allègre y ajoute comme origine du progrès scientifique: le Livre, la Bible qui "favorise nécessairement le développement d ' u n e c o m m u n a u t é intellectuelle". Et plus tard, ce sont les universités nées de la curiosité des clercs. Et aussi c’est la compétition des religions juive et chrétienne d'abord, musulmane et orthodoxe ensuite et enfin catholique et protestante. Il met e n v a l e u r t r o i s m a î t r e s d'humanisme aux VIème et Vème siècles avant Jésus Christ. : Socrate : "Connais toi, toi-même." Bouddha : "Ton salut est dans la maîtrise de ta conduite." Confucius : "Seul compte le comportement vis-à-vis des autres hommes." Et il précise : "Une telle philosophie n'a rien à voir avec celle de Saint Bernard." Pourtant St Bernard en son

Une toute jeune docteur es sc iences , e t amie , nous communique en retour à sa lettre, la réponse cordiale de Monsieur le président de l’Académie des Sciences à Paris, une institution créée en 1666. Professeur émérite à l’université Louis Pasteur, il annonce “une cure de jouvence à des chercheurs au meilleur de leur carrière”, au journal : l’Alsace du 07.02.99. Il a présidé la soutenance de la thèse de notre amie, intitulée : “ Matière organique des sols : étude structurale et interactions avec des substances xéno-

biotiques ”. De Strasbourg, celle-ci avait analysé une terre de Normandie de laquelle elle avait extrait des HAP sur le site de la Haute Butte de Dozulé qui avait fait l’objet d’une étude historique depuis l’époque de Guillaume le Conquérant. Elle vient d’écrire à son Président son intérêt certes pour “ l’infiniment petit passionnant ”. Mais elle avoue avoir un grand faible pour “ l’infiniment grand ” qu’elle trouve “ encore plus passion-nant ”. Et elle présente le projet de Croix Glorieuse de Dozulé. La jeune docteur et chercheur

trouve un écho chez son président pour “ l’intérêt technique qu’il pourrait y avoir à aller jusqu’au bout de ce qui est possible actuellement en construction métallique”. C’est comme cela qu’ont été construits des ponts de plus en plus grands et de plus en plus beaux. Notons que Mr Knoll de la tour CN de Toronto et originaire de St Gall avait aussi comparé ce projet aux grands ponts projetés et réalisés par les Suisses à la demande du Négus d’Ethiopie. Celui-ci, quand il vit la maquette appuya dessus de la main. Comme elle s’écrasa, le Négus demanda si le projet était solide. Mr Knoll nous dit qu’il ne ferait pas de même avec nous. Il ajouta que les ingénieurs suisses présentèrent au Négus avec succès, une autre maquette cette fois bien solide. Ce jour là Mr

“ Académie des Sciences, la croyance en la Croix de Dozulé ”

La technique et l’urbanisme

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Knoll cependant avec une spontanéité bien scientifique appuya avec une expérience sans hésitation sur tous les points à vérifier de ce projet. Il déclara plus tard le projet solide. Mr le président montre la même urbanité, le même respect de l’engagement de son élève en appréciant “ la marque de confiance ” de lui en avoir soumis le projet. “ Il me déplait d’être critique, peut-être même cynique direz-vous ”, mais il se sent “ plus disposé à aider ceux dont l’engagement est davantage tourné vers la charité que vers la construction de monuments glorieux ”. Il ne voit pas comment aider à ce projet. Disons que “ Ressource ” et “ le syndicat convivial ” qui ont permis de mener à bien techniquement ce travail hors normes n’ont engagé à peu près que la dîme, si l’on peut dire, en leurs efforts concrets et sonnants pour cette “ Croix Glorieuse ” qui fait scandale, si l’on compare à leurs actions humanitaires. Avec l’Abbé Pierre dès 1959-60 à Sées pour les taudis et avec les gens de Pigalle et du quartier latin comme l’Abbé Guy Gilbert dès 1977, puis avec les blessés de la vie depuis 1979 et pour les orphelins du monde dès 1997, ce mouvement convivial concret ne sera toujours que mouvement vers les plus pauvres depuis

quarante ans. Et le moment de la Croix Glorieuse ne sera à une autre échelle et là aussi sur demande expresse que la répétition de l’apport de 1960-61 à restaurer la petite église-mère du diocèse de St Latuin, 1er évêque de Sées. De plus ni Ressource, ni le Syndicat convivial n’ont fait appel aux autres ni à la bienfaisance publique seulement à leurs membres. Ceci dit recevons avec la même douceur aimable la critique scientifique. La première critique obtient l’accord de la jeune docteur et celui de ses amis : “ Mais avouez qu’un dépassement de la technique ne serait pas en l’occurrence la justification de ce projet, qui est directement liée aux apparitions et donc à une f o r m e d e c r o y a n c e q u e personnellement, je ne peux m’empêcher de redouter ”. Oui comparaison n’est pas raison. Le dépassement de la technique ne peut justifier l’existence ou non d’apparitions, ni cette forme de croyance. Si elle y est liée, elle ne peut l’être que par image significative disons médiatique au meilleur sens du terme. C’est le rôle du pont de relier, d’être médiateur entre deux rives. C’est le rôle du pontife, du messager, du rasul, du médiateur de relier Dieu et les hommes. Mais il est d’un mouvement libre et raisonnable d’y croire ou non, d’en accepter ou non la

médiation. Sinon ce ne serait pas une liberté religieuse. La croyance en effet peut être le bouche-trou délirant du manque et de l’envie de croire à ce qui n’existe pas par projection euphorique et fausse. Il y va du bon sens que nous avons plus à craindre, puisque engagés, de cette forme de danger dont l’avenir d’une illusion a été scientifiquement décrite comme pathologie. Ici, il faut dire que le Dr Jacques Lacan non enclin à la foi chrétienne, où s’était engagé son propre f rè re moine bénédictin, a eu la rigueur d’avertir de ce danger les sociétés psychanalytiques à seul but scientifique parfois enclines à devenir “ des églises ”. Ceci vaut pour toute société qui dépasse ses limites vérifiables, par envie de dépassement, obsédée d’ infini, tous azimuts. N o u s r e c e v o n s d o n c l’avertissement de rigueur avec si possible un jugement prudentiel plus fermement exigeant. Mais M. le Président redoute-t-il vraiment cette forme de croyance, au moins pour lui ? Le deuxième avertissement qui puisse être “ critique ” voire à ces yeux ou à ces dires “ cyniques ”, relève non plus de la vertu de prudence scientifique mais de la vertu de justice sociale. Ici nous pensons à la révolte parfois méprisante des médias occidentaux face à la basilique de Yamoussoukro réalisée par le Président Houphouët Boigny en

côte d’Ivoire. Ils furent suivis en cela par les meilleurs de son pays, au sens de l’aristocratie intellectuelle. Un architecte travailla à ce centre, prévu réalistement pour être le pôle de l’Afrique occidentale, et l’avenir dira si ce but sera atteint. Il a aussi travaillé à l’incrustation de la Croix

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Glorieuse dans le ciel et sur la terre de Dozulé, ce qui est un travail à la fois d’informaticien et de géomètre tel Mr Jean Robin, géomètre ami. Or Jean Paul II, pour répondre à l’exigence de justice sociale partagée par tous et tous les médias, quand il s’agit de religion, a demandé de consacrer la même somme d’argent à la bienfaisance humanitaire. Et c’est ainsi que Yamassoukro est devenu, grâce à “ Notre Dame de la Paix ”, cité de la Paix entre au t r e s . Res sou rce e t l e mouvement convivial ne pensent pas plus donner d’importance gigantesque à la Croix Glorieuse qu’à l’érection d’un calvaire dans u n v i l l a g e e t à s o n développement. Si la Croix Glorieuse est si élevée c’est que c’est une Croix du Ressuscité sur le monde et un monde qui soupire dans les douleurs de l’enfantement à ressusciter et à se rénover dans le sens de la paix et la joie. A Oran, la cathédrale et la statue de Jeanne d’Arc en son parvis ont disparu et changé d’office. Mais Santa Cruz sur la mer demeure. Le signal de la Paix est immense à Dozulé, car immense est la tentation guerrière de notre temps. Mais revenons à notre critique : “ De même je vous avoue être ahuri de voir que le fascicule sur Dozulé, “ Etre mon Apôtre ”, mêle si aisément des éléments mystiques et une évaluation des retombées touristiques, du nombre de sites à prévoir etc… Les marchands n’ont pas encore été chassés du temple ! “ Cette critique a déjà été donnée et reste accusatrice et bien injuste. Car tout projet scientifique réalisé a besoin de telles études. A l’instant une dame vient frapper à notre porte vendre des images avec un papier de la sous-préfecture, pour nourrir ses enfants. J’ai déjà acheté la même

à des jeunes, eux aussi appuyés par l’administration. Avouons que l’argument d’un “ engagement davantage tourné vers la charité ” est récurrent. Ces dons ont du sens, à voir sur ces visages qui se sentent ou se montrent méprisés, le sourire du soulagement et le cri rayonnant : m e r c i d e v o t r e a m i t i é . L’humiliation du chômage ! Si la Croix Glorieuse n’ouvrait à la rénovation d’emplois stables avouons que nos membres à Ressource n’auraient pas voter le projet et encore moins ceux du syndicat convivial. Et puis si nous investissons à fonds perdus, ce seront bien les habitants qui en auront les fruits, sauf si l’administration fiscale en détourne 60% pour autre chose ! U n m a r c h a n d d o n n e r a i t gratuitement pour les profiteurs ? Nous serions débiles ! Or l’Etat qui n’hésite pas à exempter les sociétés sur des comptabilités légales mais sophistiquées sait que les associations à but non lucratif sont des palombes. Il ne se prive pas de tirer à vue ? Que Monsieur le Président de l’Académie des Sciences de l’Institut de France nous pardonne ou nous excuse. Nous donnons à perte et l’Etat est le premier à en tirer profit. Mais j u s t e m e n t , n o u s é v i t o n s l’escroquerie des pèlerins, si facile. Par ailleurs, les éléments mystiques de toutes les religions et de tous les siècles ou de tous les horizons du globe ou bien ont ou n’ont pas un contenu d’amour vrai entre Dieu et l’homme. Avouons que c’est un mystère alors ! Ou bien c’est une mystification à but de cacher, masquer ou maquiller une séduction, un rapt, un délire ou un détournement pervers de la réalité. Si oui toute mystique est de cette seconde réalité. Le but

humanitaire sera alors militant et nécessairement en vue de supprimer toute religion donc toute mystique. Si non, s’il s’avère que dans telle religion ou chez tel disciple qui suit la voie ou le véhicule de la divinité, il y a un grain, une semence, une réalité d’amour. Qu’y a-t-il d’ahurissant à prévoir le point de chute des visites aux lieux où l’amour choisit sa lune de miel là où les “ amoureux ” de Dieu veulent célébrer leur union à Dieu. L’homme est un être mi-d i u r n e , m i - n o c t u r n e nécessairement obligé de prévoir ses nuitées et son couvert. Les marchands du Temple c’est autre chose. Ce sont ceux qui exploitent le bien qui revient à Dieu et séduisent la naïveté des croyants. Là le fisc actuel est très armé ! Un chef d’entreprise qui nous déclarait payer autant d’impôts que Messieurs Barre et Giscard réunis était parti de la position d’ouvrier d’usine. Il me parla de ces marchands du Temple à Lourdes qui écœuraient le visiteur non-croyant. Je ne pouvais qu’être triste à cette opinion. Au moment où il ouvrait la porte je lui demandais s’il était jamais allé à Lourdes. “ Non ! oh mais si, il y a longtemps je passais là-bas. Je fus scandalisé par tous ces petits commerces… Et ce hasard me mena à l’intérieur des lieux d’apparition. Je fus ébahi. C’était le calme. Et je fus dans l’admiration de la foi tranquille des malades et de la gentillesse des infirmiers souvent bénévoles. Je décidai de rester là un jour de plus en ce havre de paix. Il avait rêvé que son conseil d’administration devait se tenir là et avait ri en disant c’est bien là un rêve, une utopie. Le cynisme sera toujours là où le sophisme jouxte la sagesse. Mais l’erreur ou la perversion ne fait

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que corroborer la véracité à atteindre ou à développer comme un germe de sa bogue. Là encore la bogue est soit l’enveloppe piquante du marron ou de la châtaigne ou bien le défaut de conception ou de réalisation d’un

programme se manifestant par d e s a n o m a l i e s d e fonctionnement. Et là nous sommes sûrs que ce genre de réalité sera, nous l’espérons gérée avec la rigueur et l’idéal des scientifiques de haut niveau tel

monsieur le Président. Gouverner n’est-il pas prévoir. Et la politique n’est pas tant idéologie pensée prudemment qu’économie sociale juste. Ainsi incidemment l’Académie des Sciences en son président nous rappelle une vraie

Cette Croix Glorieuse a ceci de commun avec la fête de la Croix Glorieuse fêtée en Orient le 14 septembre et en Occident, jusqu'en 1960, le 3 mai, que ces fêtes ont pris leur essor au moment de la fin de l’empire romain puis de la fin de l’empire byzantin en Orient, après la guerre avec les perses et les musulmans. Et en second lieu, la première fête de la croix est aussi due à une appar i t ion de croix lumineuse.

Fêtée le 3 mai à Rome, cette fête est sans doute originée de l'année 351 par l'apparition le 7 mai à 9 h du matin dans le ciel de Jérusalem au-dessus du Calvaire d'une croix lumineuse pendant plusieurs heures. Plus lumineuse que le soleil, dépassant le Mont des Oliviers, elle fut l'objet d'une lettre (PG col 1165) de St Cyrille de Jérusalem, patriarche en exercice, au fils de Constantin, l'empereur Constance, et recensée par les historiens Socrate 1.1.c28 et Bozonène 1.IV,c5. Elle fut visible par tous les yeux. C'était sous le pape Jules 1er en 352. La fête du 7 mai chez les grecs et du 3 mai chez les latins est ainsi due à une apparition de la croix lumineuse du Christ. Notons qu’au moment où l’Eglise

supprime la fête de l’Invention de la Croix, le 3 mai, Jésus ajoute la fête du 28 mars par l’apparition à Dozulé d’une Croix lumineuse. Or, le contexte ecclésial de cette intervention de Jésus est un temps de guerres dogmatiques et impérales. En 325, le concile œcuménique de Nicée avait rassemblé les évêques de l'empire à l'initiative de Constantin. Ils ne purent se mettre d'accord pour la même date à Pâques. Mais est alors affirmée la différence des trois diocèses d'empire : Rome, Alexandrie, Antioche. L'arianisme qui refuse la divinité de Jésus, suivi du macédonisme qui refuse la divinité de l'Esprit Saint, va se perpétuer jusqu'à vaincre l'Orient et l'Afrique avec l'Islam de Mohammed de 622 à Médine jusqu’à 732 à Poitiers.

Le fils de Constantin : Constance, empereur d'Orient et Constant, empereur d'Occident, avaient réuni, en 353, un concile à Sardique = Sofia de Bulgarie. Ils se disputèrent. C'est donc deux ans plus tôt qu'eut lieu l'apparition de la croix. Mais en 353, Athanase d'Alexandreie, Hilaire de Poitiers, Phodonius de Toulouse et beaucoup d'autres furent exilés à cause de leur fidélité à l'Eglise. "L'évêque des évêques" comme

l'appelait, par dérision, le dénommé Lucifer (=porte-lumière), évêque de Cagliari, fut déporté en Thrace. C'était le pape Libère. Son antipape s'appela Félix II. Libère, l'évêque du siège apostolique revint à Rome en 358. C'est lui qui traça le périmètre de la basilique Ste Marie majeure, le 5 août, après qu'il eut neigé. Imaginons qu'on dépose Jean-Paul II pour mettre un anti-pape. C'était ce climat !

En 366, lors de l'intronisation du pape Damase, des truands du cirque, fossoyeurs, armés de gourdins, massacrèrent plus de cent fidèles dans une basilique. Et l'historien païen Ammien

La Croix Glor ieuse de Dozulé

doit être "comparable à Jérusalem"

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Marcellin (Hist XXVII3,14) distingue les évêques de la ville "enrichis par les offrandes des matrones, assis en public dans des voitures, vêtus avec recherche, se faisant préparer d'abondants festins au point de surpasser dans leurs banquets, la table des rois" et ‘'certains évêques provinciaux que la simplicité d'une nourriture et d'une boisson très frugales, une modestie sensible jusque dans l'habillement et des regards t o u r n é s v e r s l e s o l , recommandent à l'éternelle divinité et à ses adorateurs véritables comme des hommes purs et vénérables". St Hilaire de Poitiers, St Martin de Tours, St Exupère de Toulouse furent de ceux-là. La fête du 14 septembre de l'élévation de la Ste Croix, puis depuis 1970 de la Croix Glorieuse, est aussi celle de la célébration de la croix découverte par Ste Hélène. Mais elle apparait liée, dès 335 selon la pèlerine espagnole Ethérie, à la basilique du Golgotha où était déposée la relique de la croix. Le lectionnaire arménien de Jèrusalem en fait foi en 490. Puis à Rome, le patriarche oriental Serge institue cette fête en tranférant un fragment de la vraie Croix au Vatican entre 687-701. En fait foi le Livre pontifical qui fait baiser et adorer un fragment de la Croix par tout le peuple chrétien. L'élévation de la Croix vient de ce que le prêtre, et en Orient le diacre, élevait la relique au-dessus des têtes pour bénir le peuple en chantant 100 ‘Pitié mon Dieu’ et cela vers les quatre points cardinaux. Or, cette fête prit son ampleur après le saccage et le massacre de Jérusalem par les Perses le 20 mars 314, puisque la Croix fut butin de guerre et 90 000 chrétiens assassinés. Or, le retour de la Croix, après la victoire

d'Héraclius a lieu le 21 mars 631. Et la basilique reconstruite abrita la relique. Les bysantins, devant la conquête islamique, la firent transporter à Constantinople avant le 23 juillet 636, date à laquelle ils furent écrasés sur le Yarmouk, laissant Jérusalem au patriarche Sophone qui remit la ville en 638 au calife Omar. Or, c'est le pape de Rome, Honorius 1er qui, élu le 27 octobre 625, mort le 12 octobre 638, étendit à l'Eglise Universelle la fête de l'exaltation de la Sainte Croix.

C'est vraiment le temps de la conquête musulmane. Omar par respect n’entra pas dans le Saint Sépulcre. En 1099, les Croisés prennent Jérusalem et mettent une croix en or sur le dôme du Rocher, lieu où Omar s’agenouilla pour vénérer le lieu du Temple, où il ne pénétra pas non plus ! Et en 1130, ils élèvent une nouvelle basilique. Mais Saladin reprend Jérusalem en 1187 et enlève cette croix. En 1228, Frédéric II reprend Jérusalem. En 1229, l'Islam la reprend jusqu'en 1970. Or, depuis 1970, les guerres actuelles avec l'Islam et aux Balkans sont nombreuses : Israël - Arabes : 1973 Kippour Iran - Irak : 1979 Palestine - Syrie - Liban - Israël : 1975-90 Golfe - Irak : 1990

Maroc - Saharaouis : 1976-92 Somalie : 1969-1995 Soudan : 1955-1999 contre le Sud du Soudan animiste Bosnie : 1993-95 Algérie : 1995-99 Kosovo, Tchétchénie et Timor : 1999 Notons par contre que l'influence islamique fut de nier la mort et la divinité de Jésus. Aussi l'Eglise demanda d’honorer les représentations de la Croix et de l'Agneau symbolique du sacrifice de Jésus. Car l'agneau, d'où la fête du mouton, avait été substitué au fils aîné d'Abraham. Et l'agneau pascal, de même, sera substitué aux fils premiers-nés des hébreux. Et l’Agneau de Dieu s’offrit en sacrifice pour les pécheurs. Or, la tradition islamique est qu'un autre ou Judas fut substitué à Jésus qui n'a pu connaître cette ignominie. L'Eglise demanda alors que Jésus soit représenté crucifié et mort sur la croix, ce qui se fait jusqu'à nos jours. Cependant, les croix glorieuses apparaissent ou bien nues et lumineuses ou bien derrière un Christ ressuscité et glorieux, souverain prêtre et prophète. La Croix Glorieuse est un rappel de la Résurrection de Jésus et de sa Divinité, quand bien même des chrétiens ne croient plus à la divinité de Jésus ni à sa résurrection ni à la leur, par la résurrection de la chair éternelle. Ainsi, l'Etat français vient de reconnaître, comme association cultuelle, les Témoins de Jéhovah qui nient la divinité de Jésus, et de même la scientologie de L.R. Hubbard- 1911-1986… ce qui est refusé aux fidèles de Dozulé *. La fête de la Croix Glorieuse depuis 1970 et les 7 apparitions de la Croix Glorieuse et les 7 de Jésus ressuscité de 1972 à 78 rappellent que Jésus est Sauveur

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Si Jésus vient rénover toute chose selon le Père et l’Esprit, il commencera certes par le levain de l’Eglise dans la pâte humaine. Le Concile Vatican I a rénové le service pontifical du St Père, vicaire du Christ, successeur de St Pierre, évêque de Rome et patriarche d’occident. Le Concile Vatican II a rénové le service épiscopal du Collège des Evêques en Corps Sacerdotal. Unis à la tête qui est le pape, ils sont successeurs des douze et quatorze Apôtres, en leurs églises singulières en lesquelles vit l’Eglise universelle. L’appel de Dozulé, où Jésus ouvrira le Livre de Vie que le Père lui a donné pouvoir d’ouvrir, est un appel explicite aux laïcs, tant consacrés que mariés, enfants ou célibataires. C’est un appel à transmettre le Message de Jésus, du Père et de l’Esprit, et de toute évidence pas seulement celui de Dozulé. La notion commune aux trois niveaux ecclésiaux est celle d’Eglise locale. La succession de St Pierre pour le Souverain Pontife se fait par l’église locale de Rome. Le siège apostolique et catholique est localisé à Rome.Le corps épiscopal, successeur des Apôtres, passe par les Eglises cathédrales de tous les diocèses et les Ordinaires des Religieux en pleine communion des saints. Le corps ecclésial de tous les

fidèles, quant à lui, naît toujours dans la paroisse de tel diocèse. Ce n’est pas rien que des synodes diocésains aient restructuré les paroisses. De plus, dans ces synodes, les choix se sont plus définis selon la démocratie d’élection que selon le droit laïc habituel. Les fidèles laïcs sont moins responsables devant les ecclésiastiques et leurs équipes néo-cléricales que les simples citoyens dans leurs communes, originées elles-mêmes des paroisses. Dans ces synodes diocésains, on a oublié, car de fait on n’en tenait plus compte, que les paroisses étaient des personnes morales, tout comme l’église diocésaine, tout comme l’église catholique. Et les anciennes paroisses étaient plus personnalisées sur les laïcs des lieux que les nouvelles paroisses centrées sur les clercs qui ont encore à s’enraciner. Certes la localisation de chacune est d’extension différente. En tout cas, l’église restera longtemps l’église paroissiale pour le commun des gens, même si elle n’est plus qu’un bâtiment communal en bien des cas, tandis que les nouvelles paroisses ressemblent à des aumôneries, du fait même que ce sont des aumôniers qui sont les nouveaux chefs des églises, du moins le plus souvent, assistés de leurs notables. Un curé était souvent vicaire

forain, donc tenait lieu du Christ en sa petite église locale. Le “ for ”, c’est le “ lieu ” de l’Eglise locale. Le quatrième lieu de l’Eglise, c’est la petite église qu’est la famille chrétienne selon Jean-Paul II. Là, on naît à la vie et là naît le chrétien. Là il grandit, se répare et se marie puis monte au ciel. L’Eglise ne sera rénovée que par - son unité plus visible chez tous les fidèles, - sa sainteté plus remarquable à la messe dominicale des paroisses, - sa catholicité plus manifeste dans la communion collégiale des évêques, - son apostolicité plus lumineuse dans la primauté du Pape et des Patriarches, et des curés stables. Car l’Eglise est en tous pleinement. Selon le Concile Vatican II LG 22: “ On devient membre du corps épiscopal en vertu de la consécration sacramentelle, et par la communion hiérarchique avec la tête du collège et avec ses membres. ” Selon Hervé Legrand, cette “formulation malheureuse ” est pourtant expressive d’une vraie synergie sacrée. C’est le même amour de Dieu qui donne son amour sacré aux évêques, afin qu’ils le diffusent à leur peuple, et qui les met en communion collégiale fraternelle. Et un même temps et

Rénover

l ’Egl ise

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mouvement les relie au Vicaire du Christ, puisque Dieu est unique, unique son Amour, unique son Fils Jésus Christ et unique son Esprit Saint, Paraclet. C’est parce que l’Eglise universelle ne fait qu’un seul corps en Christ, que le pape en est le vicaire premier, et en un certain sens hiérarchique, unique. C’est parce que l’Eglise diocésaine fait corps en Jésus que son évêque y préside à l’unité. C’est parce que le corps épiscopal représente l’unique corps mystique du Messie, Prêtre unique et rédempteur, qu’il ne peut exister qu’en pleine communion. C’est parce que le collège presbytéral ne fait qu’un autour de son évêque que chaque paroisse est une petite église locale, enracinée dans la foi du curé et des fidèles chrétiens. C’est parce que chaque famille chrétienne est une et sainte qu’el le es t pet i te égl ise domestique, profondément catholique et apostolique. On ne peut être pape sans autres évêques, ni évêque sans ses prêtres, ni prêtre sans fidèles, ni paroissiens sans fami lles croyantes, ni diacre sans toute cette hiérarchie, ni simple fidèle sans autres paroissiens, et diacres et prêtres, et évêques et Pape. L’opposition entre chef d’église locale et membre du collège épiscopal est aussi saugrenue que la question de savoir qui est premier l’œuf ou la poule, ou celle de la primeur entre le spermatozoïde et l’ovule. Il y a accord dans le Père, communion en Jésus, et admirable échange en l’Esprit. L’Eglise est une en sa hiérarchie et sa communion, car l’amour de Dieu les crée, les unit, les nourrit. A notre époque où les évêques ne se rendent plus toujours compte combien ils sont parfois devenus des potentats administratifs,

soucieux de renvoyer au dossier, au bureau ou à l’administration voisine, ne faut-il pas rappeler que la nomination à un évêché et la consécration épiscopale n’est pas magique, et ne réalise ni la présidence, ni la communion à la charité s’ils en oublient la charité la plus simple et fidèle, qui passe par le prochain proche avec qui il y a amitié directe, sans acception des personnes. Par ailleurs, il faut tout de même se rappeler que Jésus choisit ses disciples, puis ses Apôtres, et Pierre à leur tête, puis ses 72 disciples, avant de les ordonner prêtres ou évêques. Puis Jésus, après sa Résurrection, confirma Pierre en sa primauté. De même, l’Eglise fit encore un nouvel apôtre : Mathias, après la Résurrection et avant la Pentecôte. Saul et Barnabé, après cela, furent encore appelés Apôtres par l’Eglise. Et nous ne parlons pas de la liturgie, qui célèbre Madeleine Apôtre des Apôtres, et Marie Reine des Apôtres. Cela est à considérer dans la note apostolique de l’Eglise universelle. Mais de là à faire du Pape le chef du collège des évêques, comme le fait Hervé Legrand, tandis que l’expression “ tête visible de l’Eglise ” LG 18 ou chef de l’Eglise est, selon lui, “ à éviter ”, est une réduction dogmatique. Certes, Jésus est la tête de l’Eglise et les ordres ordonnés pour œuvrer dans ce ministère christique qui est d’être ensemble la tête de l’Eglise et des membres de son corps à la fois, justement en Christ! Aussi à Dozulé qui rappelle la mission des laïcs de Vatican II et confirme la liturgie, issue d’Orient, de la Croix Glorieuse, Jésus, par Madeleine, s’adresse - 33 ap - à la fois au chef de l’Eglise et aux chefs des Eglises. Or, n’oublions pas que Vatican II

a reconnu comme églises les églises protestantes sans évêques. Par ailleurs, il faut bien aussi ne pas réduire l’apostolicité à l’épiscopat. En effet, les évêques sont certes successeurs des Apôtres, mais les Apôtres avaient u n e p e r s o n n a l i t é b i e n particulière, qu’on retrouve dans les grandes Eglises particulières plutôt que dans les nombreuses Eglises diocésaines d’Orient ou d’Occident. De fait, toute Eglise ne se donne pas comme d’origine apostolique. Il doit bien y avoir des nuances dans l’apostolicité de l’Eglise, qui ne se réduit pas forcément au degré épiscopal du sacrement de l’ordre, ni à la communion des fidèles. Les Eglises patriarcales des premiers diocèses historiques semblent tenir plus à leurs origines apostoliques qu’aux différences diocésaines issues des grands “ départements ” romains. Il y avait d’abord le “ diocèse ” européen de Rome, asiatique d ’ A n t i o c h e e t a f r i c a i n d’Alexandrie, puis thrace de Constantinople, enfin palestinien de Jérusalem. Mais il faut tout de même admettre à part Jérusalem, liée au Christ, que les quatre patriarcats les plus apostoliques ont ce privilège sinon autant à cause de l’Empire romain qu’à cause de Pierre et Paul pour Rome, Pierre pour Antioche et le disciple de Pierre, Marc pour Alexandrie. Et quel apôtre invoquer pour Constantinople, sinon Paul et André ? Son “ oecuménisme ” est typiquement l’ “ oikouméné ” impériale, byzantine, laquelle sera reprise par le patriarcat orthodoxe de Moscou, troisième Rome avec son César, le Tsar. Ceci dit, quels que soient les attendus historiques, canoniques et dogmatiques, on ne peut guère laisser croire que l’apostolicité

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