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2010 ARCHÉOLOGIE EN NORD PAS-DE-CALAIS 26 Conduite des opérations : COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU DOUAISIS Direction de l’Archéologie Préventive Diagnostics : Stéphane Venet, Damien Censier Fouilles préventives : Christian Séverin, responsable d’opération, Renaud Leroy, adjoint Equipe de fouille : Marine Gourmelon, Sylvain Robelot, Amandine Lagoutte, Dany Masson, Marc-Alban Cantillon, Faustine Carpentier, Jean Driege, Jérôme Pamart, Philippe Vahé, Robin Pamart, Ali Rouibi, Damien Censier, Raphaël Asin, Guillaume Bron, Elodie Burgat, Caroline Bustos, Arnaud Dujardin, Leatitia Flament, Yannick Fleurquin, Géraldine Pernin, Frédéric Simon, Virginie Steiger, Emilie Vernalde. Topographie : Faustine Carpentier Céramologie : Eric Compagnon Anthropologie : Sophie Vattéoni Archéozoologie : Sophie Lefebvre Géomorphologie : O. Collette, Y. Petite Traitement du mobilier : Nacéra Latrèche Régie du mobilier archéologique : Charles Boucher, Anne- Laure Bonte, Leatitia Flament Logistique : Ariane Villemaux Suivi administratif : H. Censier Médiation : Christian Courivaud ARCHÉOLOGIE EN NORD-PAS-DE-CALAIS Publication de la DRAC Nord-Pas-de-Calais Service régional de l’Archéologie Ferme Saint-Sauveur Avenue du Bois 59650 Villeneuve d’Ascq. Auteur : Christian Séverin, Etienne Louis (CAD). Clichés : Christian Séverin, Sylvain Robelot, Renaud Leroy, Charles Boucher, (CAD). Société Balloïde Photo. Radiographie : Laboratoire d’analyses physiques et de caractérisation des matériaux (LAPCM) de la CAD Photo de couverture : Le village de Oisy-le-Verger, photographie aérienne (Altimage, Philippe Fruitier) DAO : Christian Séverin, Marine Gourmelon (CAD). Coordination et relecture : Philippe Hannois, Karine Delfolie et Gérard Fosse. (SRA - Nord-Pas-de-Calais). Pierre Demolon, Christian Courivaud (CAD) Réalisation : Agence Linéal : 03 20 41 40 76 ISSN 1765-811X Dépôt légal : Décembre 2010. Diffusé gratuitement par le SRA sur demande écrite dans la limite des stocks disponibles. L’ÉTAT ET LE PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE Le Ministère de la Culture, en application du livre V du Code du Patrimoine, a pour mission d’inventorier, protéger et étudier le patrimoine archéologique, de programmer, contrôler et évaluer la recherche scientifique tant dans le domaine de l'archéologie préventive que dans celui de la recherche programmée. Il assure également la diffusion des résultats. La mise en œuvre de ces missions est confiée aux Directions régionales des affaires Culturelles (Services régionaux de l’Archéologie). COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU DOUAISIS Direction de l’Archéologie Préventive Agréée par l'Etat pour la réalisation de diagnostics et de fouilles archéologiques, la CAD effectue les missions de surveillance de travaux, d'évaluation et de fouilles archéo- logiques préalablement aux projets d'aménagement sur le territoire de la Communauté d'Agglomération, soit trente- cinq communes du Douaisis. Ses compétences l'amènent à intervenir au-delà, en particulier dans l'Ostrevent. La CAD réalise également l'étude des découvertes. Elle dispose notamment pour cela de laboratoires d’anthropologie et de céramologie. Pour permettre au grand public et aux scolaires de découvrir l'archéologie, son service médiation met en œuvre des ateliers pédagogiques, des visites de chantiers de fouilles et des expositions temporaires.

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26

Conduite des opérations :COMMUNAUTÉD’AGGLOMÉRATIONDU DOUAISISDirection de l’ArchéologiePréventive

Diagnostics :Stéphane Venet,Damien Censier

Fouilles préventives :Christian Séverin,responsable d’opération,Renaud Leroy, adjoint

Equipe de fouille :Marine Gourmelon,Sylvain Robelot,Amandine Lagoutte,Dany Masson,Marc-Alban Cantillon,Faustine Carpentier,Jean Driege,Jérôme Pamart,Philippe Vahé,Robin Pamart,Ali Rouibi,Damien Censier,Raphaël Asin,Guillaume Bron,Elodie Burgat,Caroline Bustos,Arnaud Dujardin,Leatitia Flament,Yannick Fleurquin,Géraldine Pernin,Frédéric Simon,Virginie Steiger,Emilie Vernalde.

Topographie :Faustine Carpentier

Céramologie :Eric Compagnon

Anthropologie :Sophie Vattéoni

Archéozoologie :Sophie Lefebvre

Géomorphologie :O. Collette, Y. Petite

Traitement du mobilier :Nacéra Latrèche

Régie du mobilierarchéologique :Charles Boucher, Anne-Laure Bonte, LeatitiaFlament

Logistique :Ariane Villemaux

Suivi administratif :H. Censier

Médiation :Christian Courivaud

ARCHÉOLOGIE ENNORD-PAS-DE-CALAISPublication de la DRACNord-Pas-de-CalaisService régionalde l’ArchéologieFerme Saint-SauveurAvenue du Bois59650 Villeneuve d’Ascq.

Auteur :Christian Séverin, Etienne Louis(CAD).

Clichés :Christian Séverin, SylvainRobelot, Renaud Leroy,Charles Boucher, (CAD).Société Balloïde Photo.

Radiographie :Laboratoire d’analyses physiqueset de caractérisation desmatériaux (LAPCM) de la CAD

Photo de couverture :Le village de Oisy-le-Verger,photographie aérienne(Altimage, Philippe Fruitier)

DAO :Christian Séverin, MarineGourmelon (CAD).

Coordination et relecture :Philippe Hannois, KarineDelfolie et Gérard Fosse.(SRA - Nord-Pas-de-Calais).Pierre Demolon, ChristianCourivaud (CAD)

Réalisation :Agence Linéal :03 20 41 40 76

ISSN 1765-811X

Dépôt légal : Décembre 2010.Diffusé gratuitement par le SRAsur demande écrite dans lalimite des stocks disponibles.

L’ÉTAT ET LE PATRIMOINEARCHÉOLOGIQUE

Le Ministère de la Culture,en application du livre Vdu Code du Patrimoine, a pourmission d’inventorier, protéger

et étudier le patrimoine archéologique,de programmer, contrôler et évaluer larecherche scientifique tant dans le domainede l'archéologie préventive que dans celuide la recherche programmée.Il assure également la diffusion des résultats.La mise en œuvre de ces missions est confiéeaux Directions régionales des affaires Culturelles(Services régionaux de l’Archéologie).

COMMUNAUTÉD’AGGLOMÉRATIONDU DOUAISISDirection de l’ArchéologiePréventive

Agréée par l'Etat pour la réalisationde diagnostics et de fouilles archéologiques,la CAD effectue les missions de surveillancede travaux, d'évaluation et de fouilles archéo-logiques préalablement aux projetsd'aménagement sur le territoire de laCommunauté d'Agglomération, soit trente-cinq communes du Douaisis.Ses compétences l'amènent à intervenirau-delà, en particulier dans l'Ostrevent.La CAD réalise également l'étudedes découvertes. Elle dispose notammentpour cela de laboratoires d’anthropologieet de céramologie.Pour permettre au grand publicet aux scolaires de découvrir l'archéologie,son service médiation met en œuvredes ateliers pédagogiques, des visitesde chantiers de fouilles et des expositionstemporaires.

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ARCHÉOLOGIE EN NORD - PAS-DE-CALAISOISY-LE-VERGER (PAS-DE-CALAIS)DU VILLAGE CAROLINGIEN À LA FORTERESSE MÉDIÉVALE

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Oisy-le-Verger est un village de 1300habitants, situé sur la rive droite de

la Sensée, à peu près à mi-distance età une douzaine de kilomètres de Douaiet de Cambrai. Le territoire communalest installé sur le plateau crayeux duCambrésis mais le noyau ancien du villagese concentre sur le sommet d’une petitecolline sableuse, butte résiduelle tertiaireculminant à près de 77 m d’altitude.

C’est là que s’élevaient, avant laRévolution, les murs d’une imposanteforteresse médiévale dont il ne resteplus guère de ruines monumentales.Le rempart, les seize tours et les troisportes ont été démontés au 18e s. et l’onne devine plus aujourd’hui que les

marches adoucies des terrasses artificiellesde la cour du château.

En 2008, les archéologues de laCommunauté d’Agglomération duDouaisisont fouillé le passé de cet étonnant sitecastral de près de 2 hectares de superficie.La fouille préventive a porté sur uneparcelle de 3000 m² promise à lotissementet située derrière l’église actuelle. Lesrésultats ont dépassé les attentes car unepartie du village carolingien de Oisy aaussi été découverte sous les terrasses duchâteau. Ils permettent ainsi d’étudierl’implantation et l’évolution d’un habitatsemi-urbain du haut Moyen-Age ainsique sa mutation lors de l’installationdu château au 11e s.

LA COLLINE DE OISY-LE-VERGER

1. Carte de la régionNord/Pas-de-Calais.

2. Vue générale du site(montage photographique).

3. Le village et les terrasses artifi-cielles du château.

4. La cour de château médiévalest prise d’assaut parles archéologues.

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1. Oisy-le-Verger d’aprèsla gouache d’Adriende Montigny, vers 1605(Albums de Croÿ).Cliché D.LefebvreDouai - Musée de la Chartreuse.

2. Extrait de la «Carte figurativedu Bourcq d’Oisÿ faicte etachevée par Jean Desmaretzarpenteur juré demeurant auditOisÿ le vingt huitde septembre mil sept centet un.» Archives communales(non côté). Encre surparchemin.

3. Superposition du plande 1701 sur le cadastre actuel.

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2 En bleu : «fossé arrenté a Antoine Hardy»

et «vivier au Seigneur».

En brun : portes, tours et courtine.

En rouge : bâtiments seigneuriaux.

En violet : église et enclos ecclésial.

UNE FORTERESSE DÉMESURÉE

Deux remarquables documents,réalisés à un siècle d’écart, permet-

tent une vision globale de l’impression-nant ensemble fortifié peu avant sadisparition. Il s’agit d’une gouache descélèbres albums de Croÿ, peinte vers1605 et d’un plan terrier inédit de 1701.

Au centre du complexe fortifié, la gouachemontre un imposant donjon muni decontreforts d’angles surmontés de bre-tèches. Cette construction en mauvais étaten 1605 est remplacée sur le plan de 1701par une bâtisse en retour d’équerre.D’après ce plan, une basse-cour, avec unlong bâtiment allongé, grange ou étables,est localisé à l’ouest du donjon, juste encontrebas de l’enclos ecclésial.

Ce noyau défensif est placé au centred’une vaste enceinte fortifiée, de plan

irrégulier, qui couvre une bonne partiedu versant sud de la colline. L’église et sonenclos en occupent l’angle nord-ouest,au point culminant. La longue courtine depierre est flanquée de 16 tours circulaires(d’après le plan de 1701)(3) et de troisportes. Ces dernières, selon la gouachede 1605(1), se présentent sous la forme detours-porches quadrangulaires flanquéespour deux d’entre-elles par des tours outourelles circulaires. Le plan-terrierindique ou suggère la présence de fossés,sans doute déjà largement remblayés.Au sud, en bas de pente, une sectionsemble toutefois toujours en eau, si l’on enjuge par la mention « vivier au seigneur ».

Le village se développe en couronne, toutautour de l’enceinte et devant la porte deDouai, de part et d’autre de la place qui senomme en 1701 « le Marché ».

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Les traces d’implantation les plusanciennes sont clairsemées et reflètent

une présence plutôt discrète. Elles secaractérisent par deux aires d’inhumations :l’une à l’ouest (côté église actuelle) avec aumoins 7 sépultures, et l’autre dans la partiecentrale du site avec au moins 3 sépultures.Les tombes ouest montrent des caractéris-tiques qui permettent de les placer avant le8e s. Le deuxième ensemble est plus tardifmais antérieur au 10e s. L’occupationse signale aussi par quelques fossés de drai-nage et de rares équipements domestiques.

Au début du 10e siècle, le peuplementse densifie d’une manière qui semble sou-daine. Cela se manifeste par la créationd’un large chemin de terre constammententretenu (sans doute la rue principale duvillage) et d’une enceinte palissadée quicontraint le développement de l’habitat.

A l’intérieur, on retrouve toutes les com-posantes des établissements ruraux du hautMoyen-Âge : des bâtiments sur poteaux,des cabanes excavées servant d’ateliers detissage, des silos de stockage, des puits àeau et des fosses diverses qui pourraients’organiser dans un parcellaire régulier. Lavocation artisanale et peut-être commer-ciale du village est par ailleurs renforcéepar la présence d’un atelier de potier.

La «fortification» de l’enceinte par lamise en place d’une palissade en bois avectalus en terre souligne le caractère défen-sif du site.

Cette configuration particulière est peucommune. Elle confère à cet habitat uncaractère semi-urbain et un statut compa-rable à celui du castrum carolingien deDouai.

1. Plan des vestiges du village.

2. Cabane excavée du 11e s. avecancrages d’un métier à tisser.

3. Les fossés-palissades del’enceinte du village.

4. Broche de tissage (10e s.)en alliage cuivreux.

5. Bague en bronze décoréd’un S barré, provenantd’une sépulture (7e s).

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LE VILLAGE CAROLINGIEN

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Le four est constitué d’une chambrede chauffe et de deux chambres de

cuisson. La chambre de chauffe est unefosse ovale qui débouche sur les chambresde cuisson par l’intermédiaire d’alandierscreusés en tunnel.

Les chambres de cuisson circulaires mesu-rent environ 1 m de diamètre. Leursparois sont rougies par la chaleur sur uneépaisseur de 10 cm. Un bloc de grès posésur le fond fait office de pilier central.Ce point d’appui servait à empiler les potsen les inclinant jusqu’à ce qu’ils s’adossentcontre les parois des chambres de cuisson.Ces espaces ne montrent pas de traces deréfection. Cela traduit sans doute unedurée d’utilisation limitée dans le temps.La céramique de Oisy est de très bonnequalité, signe de la bonne maîtrise de cet

artisanat. Il s’agit principalement des réci-pients de teinte claire allant du blancau gris moyen. La production peut êtredivisée en quatre ensembles : la céramiquecommune sans décor ; la céramique ayantreçu un décor lissé ; les produits suppor-tant un décor peint ; les récipients glaçu-rés. Le répertoire typologique est assezlimité. Il se cantonne à des pots et descruches avec quelques gobelets et formesouvertes.

Les productions de Oisy sont très prochesde celles réalisées sur le site voisin deBaralle (à 7 km), seul site de fabrication depoteries carolingiennes connu jusqu’alorsdans le secteur. La production de céra-mique glaçurée est toutefois effectivementavérée à Oisy ce qui n’est pas le cas àBaralle.

1. La chambre de cuisson ouesten cours de dégagement.

2. Fragments de céramiquesà décors peints.

3. Répertoire typologiquecomposé de pots ovoïdes, decruches avec goulots-verseurset de gobelets.

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UN FOUR DE POTIER DU DÉBUT DU 10e S.

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sablières basses (dont un est équipé d’unecaveà parement de calcaire), des cabanes exca-vées de tradition haut-médiévale et degrandes latrines très souvent renouvelées.L’une d’elles a servi de dépotoir danslequel plusieurs vases ont été mis au rebut.

Les vestiges rencontrés sur la «basse-cour» sont de natures très comparablesmais la présence de nombreux silos degrande capacité donne à cette cour unevocation plutôt économique.

Bien qu’amputé d’un quartier, le villagene disparaît pas. Il est visiblementcontraint de se développer à l’extérieur dusite castral. En 1120, l’évêque de CambraiBurchard et ses troupes tentent en vainde s’emparer du château. À défaut,ils «prirent la ville dehors la frimieté[château] et mirent tout à fu [feu]».

C’est au châtelain Hugues d’Oisy queles textes attribuent la première

construction du château, vers le milieudu 11e s. Le site change radicalement denature à cette époque : le quartierd’habitation est rasé et le terrain est remisen état pour faire place à une vaste rési-dence seigneuriale de type motte féodale.

Le creusement de puissants fossés défen-sifs, larges de 11 à 13 m, aboutit à unedivision de l’espace au moins en deuxparties distinctes. Une cour est implantéesur la partie la plus haute du site. Elle estdésignée sous l’appellation de «haute-cour» par opposition à la «basse-cour»,nom donné à la cour orientale située encontrebas.

Sur la «haute-cour», l’espace est conti-nuellement investi par des bâtimentsd’habitation construits sur poteaux et

1. Plan des vestiges du site castral.

2. La cave à parement de calcaire(12e s.).

3. Un silo de la «basse-cour».

4. Fouille de latrines du 12e s.

5. Pot à cuire et pichet très décoréprovenant des latrines (12e s.).

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LA MOTTE FÉODALE D’HUGUES D’OISY

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En 1189, la châtellenie passe parmariage aux Montmirail puis, en

1262 aux Coucy.

Vers la fin du 12e s., la motte féodale dispa-raît et elle est remplacée par la forteresse depierre qui est représentée sur la gravure desalbums de Croÿ.

La position du chantier de fouille a offertl’opportunité d’observer les aménagementsréalisées à proximité de la porte de Douai :une portion de la courtine (totalementépierrée au 18e s.) et des douves, les abordsde l’enclos ecclésial, mais aussi une rue bor-dée de quelques bâtiments.

La chaussée, large de 8,50 m, est entière-ment gravillonée. Elle se dirige vers le norden direction de la porte de Douai et devaitsans doute mener au donjon vers le sud.

Des habitations en pans de bois fondées surdes sablières basses sont alignées sur le frontde la rue. Une grande bâtisse accueilleun atelier de forgeron. A l’extérieur, denombreux fers à cheval usagés et des clousde ferrure jonchaient le sol en craied’une petite cour destinée à des travauxde maréchalerie.

En 1216, une charte defranchise est octroyée auxhabitants de Oisy par Jeande Montmirail. Une allusion àl’enceinte d’un bourg y est suggérée : «qui-conques vaura venir au chastel d’Oisy, pourcause de demourer...». Quelques décenniesplus tard cependant, le quartier d’habitationn’existe plus. La puissante forteresse survit àla guerre de Cent Ans mais son déclinapproche. En 1594, elle n’est plus qu’un« vieil chasteau en partie ruiné ».

LA FORTERESSE DE JEAN DE MONTMIRAIL

1. Plan des vestiges dela forteresse médiévale.

2. La rue de la Porte de Douaiet la forge (13e s.).

3. Boucle en fer et pointede flèche en fer (13e s.).

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