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CHRISTINE PELLET-BRISON LES VOYAGEURS DE L’INFINI

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CHRISTINE PELLET-BRISON LES VOYAGEURS DE L’INFINI

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Année 2114, Maison Blanche, Etats-Unis d’Amérique : 10h30. - Monsieur Jefferson, les délégations européennes, asiatiques, orientales et africaines viennent de faire leur entrée. - Merci Franck, J’arrive. Le président Jefferson était impatient et nerveux à la fois. Toutes les délégations avaient répondu à son invitation, il y avait bien longtemps qu'ils n'avaient t réunis. En effet, la dernière réunion, la plus importante du siècle concernait la paix mondiale, un accord signé par tous et qui devait changer la vie de tous les citoyens du monde entier, mais cette fois, il voulait discuter d'une chose très importante à ses yeux, quelque chose qui changerait encore la mentalité des gens, il savait que ce ne serait pas facile et était décidé à faire accepter son idée. Jefferson entra dans la salle de conférence pour y rejoindre ses invites occupés à siroter quelques cocktails. Il salua les uns, les autres, discutant de la pluie et du beau temps avec chaque convive afin de sonder ces derniers et prendre la température du groupe. Il arriva vers son homologue Français avec qui il avait quelques affinités, petits, le ventre bedonnant et la même coupe de cheveux, gominés et plaqués vers l'arrière de la tête. - Bonjour, mon cher Galoche. Comment allez-vous? Quoi de neuf dans votre beau pays? - Bonjour Jefferson. Je vais très bien, merci. En France, c'est le calme plat, mais qui s'en plaindrait! - Les éternels mécontents, biens sur!

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- Naturellement! Mais dites-moi, pourquoi cette réunion? Rien de grave j'espère? - Non, rassurez-vous. Je vous prépare une surprise, LA surprise du siècle! - Aie, aie, aie! Qu'est-ce que vous avez concocté! A ces mots, le président Américain s'installa sur une estrade et tapa des mains afin d'attirer l'attention sur lui. Il demanda à ses convives de prendre place autours de la table ronde de la pièce adjacente. Les invites ne se firent pas prier et partirent s'asseoir, certains plaçaient déjà leur casque traducteur sur les oreilles. Le président, lui, resta debout et commença. Il pouvait lire la curiosité dans chaque regard. - Mesdames, messieurs, tout d'abord je voulais vous remercier de votre présence. J'ai appris que dans tous les états tout allait pour le mieux, j'en suis heureux. Pourvu que ça dure! Des petits rires fusaient et ça et là, Jefferson avait réussi à détendre l'atmosphère, il avait marqué un point. Il continua. - Humm. Bon et bien, je me lance...J'ai eu une idée qui, je crois, changera beaucoup les mentalités seulement...Cette idée est très onéreuse et j'aurais besoin d'appuis financiers importants pour la mettre en œuvre... La délégation était pendue aux lèvres du président Américain. - ... Nous avons dans chacun de nos pays respectifs les moyens d'envoyer des hommes et des femmes dans l'espace à très grande vitesse dans des engins ultra perfectionnés. Nous avons visité notre galaxie sous toutes ses coutures ainsi que des galaxies proches de

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notre système solaire et, depuis nous ne sommes allés nul part! Le président Ivoirien s'interposa. - Si vous me le permettez, monsieur Jefferson, je crois que nous avons vu ce qu'il y avait à voir! Il n'y a plus aucun secret pour personne de nos jours. Tous approuvèrent. Jefferson dissipa le brouhaha qui s'était formé et reprit la parole. - Non, il nous reste le plus important...Découvrir ce qui se trouve après l'infini! Pour dire cela, il avait prit un air illuminé en regardant vers le ciel. Galoche prit la parole à son tour. - Mais l'infini, comme son nom l'indique, n'a pas de fin! Jefferson le regarda, amusé. - Et qu'en savez-vous, mon cher? - Effectivement, je n'en sais rien. Le président Russe Doskine s'interposa. - Imaginez le cout de cette expédition, tout ça pour dire tiens, il n'y a que du vide! Le président Américain voyait que la réunion tournait au vinaigre, il ne voulait pas laisser cette affaire et était bien décidé à faire changer d'avis toute cette assemblée. - Mais enfin, qu'en savez-vous? Le Président Italien Cantero fit remarquer. - Depuis la nuit des temps des chercheurs se creusent les méninges pour cela. Laissons les faire leur travail! Ils sont payés pour cela, non? L'Américain voyait peu à peu son plan s'écrouler et tentait de réparer les dégâts.

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- Ils peuvent chercher autre chose! Et puis comme ça, nous seront sûr de ce que nous avanceront! Les asiatiques et les orientaux étaient excédés par les propos extravagants de jefferson qui s'empressa de poursuivre. - L'équipage sera amené de découvrir d'autres galaxies, peut-être y aura-t-il sur leur chemin une planète habitable, des êtres viendront peut-être à leur rencontre! L'empereur Chinois Maki soupira. - Vous avez l'esprit fertile, monsieur, mais j'ai bien peur que votre idée ne soit saugrenue. Galoche, lui, trouvait que l'expérience ne serait pas si négative. Il émit son avis et, d'un "non" catégorique on passa à un "Pourquoi pas" mal assuré. Le président Français ajouta un élément intéressant. - Une équipe de journalistes pourraient être présent dans cette expédition, tous les soirs à heure fixe, les auditeurs pourraient avoir des nouvelles de ce qui s'est déroulé dans la journée et montrer des images. Un genre de télé réalité en somme. Il y eut un silence dans la salle. Certaines personnalités se regardaient, étonnées. D'autres étaient séduites par l'idée. Jefferson reprit du poil de la bête et fonça, et c'est avec un large sourire qu'il avança. - Une telle expédition devrait avoisiner la somme de cent milliards de dollars à peut près... Il y eut un silence de mort. Jefferson savait que le "hic" c'était l'argent à débourser. Son homologue Allemand brisa le silence. - A peut près?

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En effet, les précédentes expéditions passaient pour de la Gnognotte à côté de celle-ci. Le pauvre Américain fit volte face. - ...Mais à nous tous, se sera une broutille! Le roi du Maroc Ali III se leva. - Et comment croyez-vous que le contribuable va réagir? Il y aura une répercutions sur leurs impôts déjà élevés! Tout cela pour assouvir les caprices d'un président ! La délégation Africaine s'interposa à son tour. - De plus, vous parlez en dollars! Convertissez avec d'autres valeurs monétaires bien plus basses que les vôtres! Nos pays ne sont pas aussi développés que certains autres, ne l’oubliez pas! Le Russe Doskine prit la parole dans la foulée. - J'espère que l'Amérique prendra en charge une très grosse partie du budget! Le rouble n'est pas au mieux de sa forme ces temps-ci. Jefferson trouvait l'excuse un peu grosse mais ne répliqua point. Il ne voulait pas se mettre à dos l'une des plus grosses forces mondiales en aéronautiques, Il savait que leur aide serait précieuse. Le président d'Afrique du Sud Djoula s'avança. - Et qu'auront nous de plus alors? Jefferson répondît. - Mais nous saurons, enfin nous saurons! - Et si nous ne savons rien? Imaginez, autant d'argent investi pour rien? Y avez-vous pensé au moins? - Heu. Et bien je dois dire... Le Russe Doskine revient au galop. - Ha, vous voyez que vous n'êtes sûr de rien! - Mais voyons, c'est pour cela que je souhaite une telle mission, pour savoir enfin!

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Des soupirs se firent entendre. - ...C'est tout de même désolant que des histoires d'argent vous mettent dans des états pareils! - La présidente Togolaise s’offusqua. - Vous en avez de bonnes, vous! Nos pays sont fauchés depuis l'obligation du social! Vous savez fort bien que depuis les vingt cinq heures payées trente cinq les pays sont au bord du gouffre! - Mais imaginez enfin! imaginez un nouvel astéroïde, plus gros que celui de Mars 2098... Un nouveau silence de mort s'abattit dans la pièce. Tous se remémoraient, cet affreux jour où des centaines de milliers d'Indonésiens durent s'exiler jusqu'en Russie pour se protéger. Pourtant, l'astéroïde ne mesurait que quelques mètres mais avait fait des dégâts considérables dans ces contrées. Depuis, la Russie s'était vue augmenter son nombre d'habitants qu'ils avaient hébergé du mieux qu'ils le pouvaient. Jefferson poursuivit. - ...Si nous savions qu'une planète puisse nous accueillir En cas de coup dur, au cas où un autre astéroïde bien plus gros cette fois, menaçait notre planète, je crois que nous serions soulagés de pouvoir s'exiler ailleurs. Pensez-y! Le président Américain avait marqué un point supplémentaire. Le président Djoula calma le brouhaha. - Avez-vous pensé aux vivres et à l'eau nécessaires à la survie des spationautes? Et avec quel engin vont-ils s'embarquer?

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Jefferson prit sa tête entre ses mains. Tant de questions qu’il n’avait pas prévu, comment y répondre? Une voix se fit entendre dans le vacarme incessant. - En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées... L'Américain enleva les mains de son visage et regarda étonné son homologue Français. Ce dernier réitéra. - Je disais qu'en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. - Exprimez-vous, Galoche. - Si cette expédition est médiatisée, elle sera retransmise par l'audiovisuel... - Oui... - Il suffit de trouver des sponsors prêts à mettre la main au porte-monnaie. Doskine ricana. - Et pourquoi pas une course pendant que vous y êtes? Jefferson eut un sourire. - Mais non, il a raison! C'est ça l'idée! A coup sûr nous trouverons des sponsors fortunés prêts à tout pour faire vendre leurs marchandises! Mon cher Galoche, vous avez eu là une idée de génie! Tous se regardèrent et pensaient aux différents groupes d'entreprises de leur pays respectif assez fortunés pour apporter leur contribution en échange de médiatisation. Le projet fut voté dans la soirée, après maintes discutions. L'approbation fut dure à obtenir et il fallut jouer des coudes mais le rêve de Jefferson allait se concrétiser. Quatre hommes ou femmes de spécialités et de nationalités différentes ainsi qu'un journaliste ferait partie

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de l'équipage, la navette serait construite par des hommes et des femmes de tous états confondus, chacun apportant sa technologie. JEAN MARTIN Dans sa banlieue Lyonnaise, Jean Martin se préparait à donner son dernier cours de médecine avant les grandes vacances d'été. Il se prépara à la hâte, coiffa ses cheveux blonds et fila au plus vite car traverser la ville à cette heure relevait du parcours du combattant, pas moins de quatorze feux tricolores et onze ronds-points le séparaient de la faculté de médecine, autant dire qu'il fallait partir plus d'une heure et demie avant d'y accéder en priant très fort pour qu'il n'y ai pas d'accidents

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en chemin sans compter le temps de trouver une place pour se garer. C'est donc dans un certain stress qu'il commençait ses journées. Comme à l'accoutumée, l'amphithéâtre était comble et bruyant, les examens approchaient à grands pas et l'angoisse pouvait se lire dans les regards. Jean salua et commença son cours, les voix se turent, seuls le bruit des pages se faisaient entendre. De temps à autre et au fil des cours, il regarda sa montre et calcula le temps restant avant de retrouver ses collègues au bar-restaurant du coin de la rue pour déguster un dernier repas avant les vacances. - Plus qu'une demi-heure. Pensa-t-il. Il aimait son travail plus que tout au monde, sa thèse sur les mécanismes du cerveau lui avait valu les honneurs de la profession, beaucoup de zones d'ombres avaient été mises au jour grâce à ses recherches. La vie de Jean Martin se résumait à son travail au plus grand désarrois de sa mère qui attendait d'être grand-mère au plus vite car personne ne partageait la vie de son fils. Midi sonna et Jean quitta ses élèves pour rejoindre ses collègues. Dans les couloirs, il rencontra l'un d'eux, Pierre Langlois. - Comment va ce brave Jean? - Très bien, je te remercie. J'ai hâte d'être en vacances et j'ai vraiment besoin de repos avec tout ce stress que j'accumule. - A qui le dis-tu! J'ai parfois l'impression que la journée est interminable, sans compter les devoirs à corriger! En plus, j'ai été nommé pour superviser les examens!

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- Pas moi, Dieu merci! Pour une fois je serais tranquille. - Tu pars quelque pars. - Vers Montpellier, comme d'habitude. - Fidele à la Grande Motte! - J'aime l'architecture des lieux, et puis la Camargue, c'est magnifique.

Les deux hommes sortirent de la faculté et marchèrent jusqu'au coin de la rue, déjà, leurs autres collègues les y attendaient attablés en terrasse. Jean les salua. - On profite du soleil? Quelle belle journée. L'un d'eux se justifia en prétextant un teint palot. Ils déjeunèrent ensemble en parlant vacances plutôt que boulot et rechignèrent à se lever pour retourner au travail, par un si beau temps, c'était sacrilège mais il fallait y aller. La demie journée passa lentement puis enfin, ce fut l'heure des départs avec les "au revoir", les "bonnes vacances", les "reposes-toi bien" et les" à la rentrée". Quand Jean fut dans sa voiture, il n'y croyait pas. Il se regarda dans le rétroviseur et se parla à lui-même. - Enfin. Dit-il dans un soupir. Il démarra et traversa la ville dans les bouchons mais qu'importe, il était enfin en vacances et pensa qu'en arrivant chez lui, il se verserait un Pastis bien frais qu'il siroterait sur son balcon au soleil de fin d'après-midi. Des chants de klaxons le firent sortir de sa douce torpeur, le feu venait de passer au vert. Il ne fut soulagé que quand il arriva chez lui et, comme il se l'était promis, il se servit un Pastis bien frais. Il ne prit pas soin de ranger ses affaires qu'il avait étalé sur le canapé pour se prélasser avec sa boisson.

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Demain, il partait pour Montpellier où il avait loué un petit studio en dernière minute quand il avait su qu'il ne superviserait pas les examens de fin d'année. Sa valise était prête depuis trois jours, il était passé chez son coiffeur l'avant veille et avait vidé le contenu du frigidaire. Une bonne nuit de sommeil et hop, à la plage! L'autoroute avait t prise d'assaut par les premiers vacanciers au plus grand désarrois de Jean, persuadé qu'il était privilégié vu que les fac arrêtaient avant les scolaires, mais avec les vingt cinq heures fraichement pondues, les gens prenaient des vacances à tout bout de champs, surtout s'ils n'avaient pas de marmots! Il dû pester de longues heures contre les bouchons avant d'arriver à destination et, une fois sur place, les petits désagréments étaient vite oubliés. Il passa à l'agence pour Récupérer ses clés, monta ses bagages et appela sa mère pour la rassurer. Pour cela, il ouvrit une grande baie vitrée qui donnait sur la grande bleue et prit son téléphone-radio-télé-caméra-fax-internet-agenda....il n'eu qu'à dire "maman" et cette dernière après trois tonalités apparue sur l'écran. - Fiston! Tu es arrivé? - Oui, maman, mais ça n'a pas été sans mal! Je me demande comment font les gens pour partir aussi souvent! - De mon temps, on était encore aux trente heures! Avec leurs nouvelles mesures bientôt on ne travaillera plus que dix heures payées trente cinq! Les gens resteront sur le lieu de vacances et partiront au travail! - Tu es drôle, maman.

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- Ha, au fait. J'ai t relever ton courrier ce matin et il y a une lettre provenant de l'Elysée. - De L'Elysée? Tu dois faire erreur, maman... - Si, si, je t'assure! - Tu l'as ouverte? - Non, je ne me permettrais pas! - Alors ouvre-la s'il te plait. Il attendit quelques instants puis elle lu à haute voix. - Monsieur, Vous êtes attendu au commissariat de police le plus proche dans les plus brefs délais. - C'est tout? - Oui, hormis les formulations d'usages. Tu vois ce que c'est? - Non, pas du tout. - C'est peut-être une erreur, vas-y, je suis sure qu'ils t'ont prit pour un autre. La France est bourrée de Jean Martin! - Je vais me rendre à la police et je te tiens au courant. - D'accord. A plus tard. Il raccrocha. Il avait beau chercher, rien ne lui venait à l'esprit. Que lui voulait le président, lui remettre la légion d'honneur? Pourquoi pas...Il fut excité à cette idée et décida de partir sur le champ au commissariat de Montpellier. Il trouva facilement et entra. L'agent de faction à l'entrée le regarda de la tête aux pieds. En effet, dans l'empressement il avait gardé son bermuda, sa chemise à fleurs et ses tongs. L'agent ne pu s'empêcher la remarque. - Encore un touriste qui s'est fait voler son portefeuille! Jean s'avança. - Je suis Jean Martin, l'on m'a dit que...

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- Pouvez-vous me présenter vos papiers, monsieur? - Heu...Oui, bien-sûr...Il fouilla sa sacoche et tendit Sa carte magnétique où étaient formatées son identité, ses fonctions, son numéro de sécurité sociale, son matricule, ses antécédents.... - Merci monsieur. L'agent vérifia l'identité de Jean avec un scanner qu'il passa sur le visage de ce dernier. - Bien, que puis-je pour vous? - J'ai reçu une lettre de l'Elysée me demandant de me rendre au commissariat le plus proche. - Vous avez cette lettre? - non, non, c'est ma mère qui l'a ouverte ce matin, mais je peux lui demander de me la faxer. - Bien, faites. Il rappela sa mère qui lui faxa le document en question que Jean donna à l'agent. Ce dernier en prit connaissance et l'accompagna au bureau d'un supérieur. - Asseyez-vous monsieur. - Merci. Le supérieur contacta l'Elysée qui envoya un fax. L'homme lui tendit la lettre. Monsieur, je me permets par la présente de vous convier à mon bureau en la date du 12 juin 2114 afin de discuter avec vous d'une éventuelle mission.

Je compte sur votre présence à l'Elysée à quinze heures,

un chauffeur vous attendra à l'aéroport d'Orly. Cordialement votre. Le document était signé de la

main du président lui-même.

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Il n'en revenait pas. Lui, invité à l'Elysée par le président lui-même et pour une mission qui plus est! Une mission médicale, certainement sur le cerveau. Pourquoi lui? Pourquoi lui et pas un autre? Tout de même, quelle histoire! Il appela sa mère et lui conta son aventure, elle même n'en revenait pas, l'excitation se lisait sur son visage elle avait hâte de savoir le fin mot de cette histoire. Il appela également ses collègues afin de leur demander s'ils n'avaient pas entendus parler d'une éventuelle mission médicale dans un magazine ou émission mais ces derniers ne purent l'aider. Il sirota un Pastis sur le balcon de son studio tout en réfléchissant à tout cela, qui plus est, le douze juin était dans quatre jours il lui faudrait partir dans deux jours au plus tard et par là même oublier les vacances! Pourquoi une telle mission en été? Les politiciens ne partent-ils pas en congés? Pourvu que l’on n’a pas besoin de mes services tout de suite! Jean ne déballa pas sa valise, à quoi bon. Il descendit acheter les quelques provisions qui lui manquaient, passa par la plage afin de marcher sur le sable chaud puis remonta ses courses qu'il rangea. In fit cuire deux œufs durs et trancha deux belles tomates pour faire une salade. Pour son dessert, une glace qu'il prendra chez le vendeur en bas de l'immeuble fera l'affaire. Jean eu bien du mal à trouver le sommeil et ce n'est que vers deux heures du matin qu'il y parvint. Ses rêves étaient diffus, des hommes en blouses blanches disséquaient des cerveaux à la chaine pour les plonger dans du formol. Il s'approchait d'un cobaye et vit avec stupeur l'un

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de ses élèves et, plus loin, sa mère. Ces visions le firent se réveiller brutalement en sueur, il était six heures trente. - Quel cauchemar! Il s'essuya le visage à l'aide d'un mouchoir en papier puis se leva. Le jour pointait et une délicate fraicheur l'envahit quand il ouvrit la baie vitrée. Le professeur s'assit sur une chaise et mit ses pieds sur la table, une bonne odeur de café chatouillait ses narines. La journée passa vite, trop vite. Son après-midi à la plage s'était soldée par un affreux coup de soleil, suite à son endormissement prolongé sous ce dernier sans parasol, sa nuit ayant été trop courte. Le lendemain, il évita tout contact avec l'astre rayonnant et préféra rester sur son balcon avec des sacs de glaçons sur la peau ainsi qu'un badigeon de crème réparatrice. Jean regarda sa montre, il était presque seize heures et il décida de partir pour ne pas rentrer trop tard sur Lyon. La veille du fameux rendez-vous, il s'était aperçu qu'il n'avait pas grande chose de décent à se mettre, pourtant, il avait déballé pas mal d'affaires. Il réalisa qu'il lui fallait effectuer quelques achats, chose qu'il détestait et trouvait inutile, mais là, il n'aurait pas le choix. Il partit donc à la recherche d'un costume clair et infroissable qu'il trouva dans l'un des derniers magasins qu'il visita, puis en profita pour effectuer quelques courses. Il rentra chez lui pour confirmer son départ à l'agence de l'aéroport par le biais de son téléphone multifonctions. L'idée de préparer un repas lui effleura l'esprit mais l'appétit n'était pas au rendez-vous. Une

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tranche de jambon et un yaourt feraient l'affaire. Le stress le gagnait, il le savait. Tout un tas de scénarios se faisaient dans sa tête, du plus simple au plus compliqué, Jean tentait de se raisonner mais des pensées refaisaient surface. Il avait hâte d'être au lendemain pour en finir et savoir enfin. Ce fut enfin le grand jour. Sa mère l'avait conduit à l'aéroport en le sermonnant durant tout le trajet quand à sa posture ou son élocution devant le président mais Jean ne l'écoutait qu'à moitié, il n'était pas là mais déjà à Paris. Ils s’embrassèrent et le professeur descendit du véhicule, se dirigea vers la porte d'embarquement et présenta sa carte d'identité, on le fit patienter dans un salon où attendaient déjà maintes personnes. Sur le tableau d'affichage, il lu que son vol partait dans une vingtaine de minutes. C'était peu, pourtant il lui sembla que c'était une éternité tout comme le vol qui ne dura pourtant qu'un quart d'heure. A la sortie, un chauffeur l'attendait munit d'un écriteau électronique portant son nom et prénom. Il présenta ses papiers et se fit emmener dans Paris. Il pu apercevoir la tour Eiffel tronquée de moitié et les images des journaux télévisés refirent surface. Il revoyait ce jour du quatorze juillet, lors du défilé, cet avion de l'armée de l'air piloté automatiquement, dévier de sa trajectoire et couper en deux l'édifice. Il revoyait encore les centaines de personnes effroyablement écrasées par la tragédie, les gros titres dans les kiosques et les discutions à n'en plus finir en famille, au travail. Il réfléchît et s'étonna, il y avait déjà six

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ans que la tragédie avait eu lieue. Que le temps passait vite. Le chauffeur tourna dans une rue où des CRS montaient la garde, Jean reconnu l'entrée du palais de l'Elysée. Son cœur se mit à battre la chamade et tout ce qu'il avait pu Préparé se mêla dans sa tête. Le chauffeur ouvrit la porte et le professeur descendit. Deux agents lui demandèrent ses papiers ainsi que la lettre. Il présenta le tout et l'on le laissa pénétrer dans la cour de l'Elysée où un homme en habit l'escorta jusqu'à un salon gigantesque. Là, on le fit asseoir et patienter. Jean ressentit l'angoisse monter en lui, il ne pouvait pas fuir et se sentait prisonnier de cette immense pièce bourrée de dorures, de tableaux, de glaces. Un profond malaise l'envahit quand une porte s'ouvrit et laissa apparaître le secrétaire particulier du président. - Monsieur Jean Martin? Jean balbutia un "oui c'est bien moi" en se levant de son luxueux siège. - Si vous voulez bien me suivre, monsieur. Le court trajet du salon au bureau du président lui sembla encore une éternité. Le secrétaire ouvrit une porte et annonça l'arrivée du professeur. - Je vais verser. Pensa-t-il. - Faites entrer, Julien. Merci. Le secrétaire fit signe à Jean de rentrer, il pénétra dans un très grand bureau. Derrière ce dernier, Le président Galoche attendait le professeur, les mains derrière le dos. - Monsieur Martin, soyez le bienvenu à l'Elysée!

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Jean s'avança et il y eut une chaleureuse poignée de main entre les deux hommes. - Monsieur le président, c'est un honneur que de vous avoir en face de moi. - Je vous en prie, asseyez-vous donc. Je pense que vous avez hâte de savoir pourquoi je tenais à vous voir. - Effectivement, j'étais des plus étonnés à la lecture de votre lettre. De quelle mission voulez-vous parler? - Monsieur Martin. Vous avez fréquenté les meilleures écoles et votre thèse a fait le tour du monde. Vous êtes une lite de notre nation, la fierté d'une profession. - Merci mais je ne sais pas si je suis tout ce que vous dites! - Vous êtes trop modeste, monsieur Martin. Bien trop modeste. Qui plus est, votre niveau sportif est levé je crois. - Je pratique la natation, le jogging et l'aviron... - Bien! Les entrainements vous semblerons routiniers comme ça! - Heu...Les entrainements...Qu'entendez-vous par là? Monsieur le président? - Ha oui! Je ne vous l'ai pas encore dit...Nous avons besoin de vous pour une mission très particulière. - Ha...Et...Quelle est cette mission? - Une mission très spéciale! Quelle chance vous aurez! Vous avez été retenu pour une mission spatiale! Il y eut un moment de grand calme. Jean n'en croyait pas ses oreilles. Il avait dit "spéciale et spatiale" était-ce un lapsus ou avait-il bien entendu?

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- Quelque chose ne va pas monsieur Martin? - C'est plutôt que je suis étonné. J'ai bien peur de ne pas comprendre, monsieur le président. - Ce serait formidable pour votre carrière, non? Pensez donc à l'avenir de la France! Grace à vous la science va avancer! - Mais cette mission, quelle sera-t-elle? En quoi pourrais-je me rendre utile, je ne suis qu'un professeur de faculté et... - Vous aurez pour mission de découvrir ce que cache l'infini. - Pardon? - Avec mes homologues de la planète, nous avons mis au point cette mission très spéciale. Elle aura pour

particularité de s'intéresser à l'immensité de l'univers et même plus loin.

- Je n'ai jamais entendu parler d'un tel projet. - C'est tout à fait normal, rien n’a été divulgué. Pour l'instant, nous recrutons nos spationautes. Vous serez quatre scientifiques de spécialités différentes et de nationalités différentes également. Le président expliqua de long en large la future mission. Jean était perplexe mais Galoche réussît à attirer l'attention du professeur, ce dernier trouva tout d'abord l'idée utopique puis, petit à petit réalisa qu'il ne risquait pas grand chose et, de plus, le changement n'était pas pour lui déplaire, en effet, casser la routine quotidienne serait le bienvenu et aurait peut-être du bon. Il posa ensuite "LA" question, celle qui lui taraudait l'esprit. - Cette mission est prévue pour quand?

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- Vous devrez commencer les entrainements en octobre et la mission devra se faire en début d'année prochaine. Jean fut soulagé, il pourra passer des vacances prolongées et se préparer psychologiquement. PETER STENKLE Dans un bar du Wyoming, Peter Stekel, professeur de sciences es botanique attendait son grand ami en buvant une bière. Il était en avance aussi, il repensa à son étrange aventure. Il se revoyait chez lui, à huit heures du matin, les cheveux en bataille, se levant pour aller

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ouvrir à une énergumène qui sonnait intempestivement à la porte. - Ouais, ça vient, ça vient... Il cherchait son peignoir laissé la veille sur un dossier de chaise, oui mais quelle chaise? Il tournait et virait dans l'appartement pendant que la sonnette retentissait. - Oui, minute, j'arrive! Y'a pas l'feu... Il trouva enfin ce qu'il cherchait, l'enfila et ouvrit la porte d'entrée. Il allait vociférer quelques menaces mais s'arrêta net quand il se vit nez à nez avec un agent fédéral bedonnant et fier, des lunettes noires sur le nez. L'agent, visiblement énervé par tant d'attente lui demanda ses papiers. Stenkle le fit entrer et chercha sa carte magnétique dans sa poche de veste. Il tendit la carte au policier qui la passa dans un scanner portable puis rendit ladite carte à son propriétaire inquiet. - Monsieur Stekel, je dois vous remettre un pli de première importance, elle provient de la Maison Blanche. - De la Maison Blanche! C'est une blague... - Non, monsieur. L'agent s'en retourna comme il était venu en laissant le professeur seul. Ce dernier fila dans son salon et ouvrit la lettre sans une certaine inquiétude. Mr le Professeur Stekel, Merci de vous rendre au Pentagone le 12 aout 2114 avec ce courrier ainsi que votre carte d'identification. Nous voudrions nous entretenir avec vous au sujet d'une mission des plus importante. Votre présence est impérative, un jet privé vous attendra à l'aéroport du Wyoming le 12 au matin, à la descente de

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l'appareil un chauffeur vous y attendra et vous conduira jusqu'au Pentagone. Veuillez agréer, monsieur Stekel, nos salutations les meilleures. La lettre était signée par le commandant de l'armée de l'air ainsi que du président Jefferson. Une angoisse le prit au ventre, il se demandait bien ce que cela pouvait être, il avait hâte d’être au jour « j » afin de savoir, rien que de repenser à ça, il en avait mal au ventre. Il s’habilla vite fait bien fait, attrapa ses clés de voiture et fila jusqu’au bar où il avait ses habitudes. Une voix se fit entendre dans le bar. Un grand gars ventripotent tapa sur l'épaule du professeur sitôt celui-ci rentré dans l’établissement. - Hey, Peter! Commenta va? T'es tout palot, t'es pas malade au moins? - Salut Stan. Viens t'asseoir là j'ai quelque chose à te montrer. Il lui tendit le pli. Stan le lu avec attention et regarda son ami d'un air hébété. - C'est quoi ce truc? C'est sérieux? - Je veux mon neveu. - C'est quoi cette mission? - Si je le savais j'aurais pas mal au bide à ce point figure toi. Stan passa ses doigts dans ses cheveux bruns et relu la lettre encore et encore. Il commanda une bière et dévisagea son ami, déjà pas très épais, cette mine blafarde le rendait cadavérique. Il tenta de le rassurer du mieux qu'il le pouvait. - Pas de panique Peter, ce n’est peut-être pas grande chose. - Pourquoi moi?

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- Tu as écris pas mal de bouquins sur la botanique, tu es connu et reconnu, ce doit être pour ça. - Mais ils parlent d'une mission. Je ne vois pas ce que la botanique vient faire là dedans! - T'en sais rien, tu connais pas la mission en question. Attends de voir. - Je crois que je n’ai pas le choix. - Quand même, ils auraient pu t'en dire plus dans cette fichue lettre, c'est vrai quoi. Maintenant tu vas te faire des films c'est sûr! - C'est sûr. - Aller, t'en fais pas! Je te reconnais plus, toi d'habitude si grande gueule et sûr de toi. - Ouais ben pas là... Ils décidèrent tous deux de ne rien divulguer que ce soit à sa famille ou bien à ses collègues ou ses amis, ils seraient au courant après l'entrevue au Pentagone. Il n'était pas nécessaire d'aviser et d'inquiéter l'entourage sans savoir de quoi il s'agissait. Le professeur Stenkel fila à l'université où ses élèves l'attendaient. Ces derniers le trouvèrent distant et distrait à la fois, ils étaient d'accord pour dire que sa petite amie du moment l'avait plaqué. Le grand jour arriva enfin. Le professeur avait choisit un costume sportswear pour être à l'aise. Il vérifia encore une fois s'il avait bien tous les documents en sa possession avant d'héler un taxi. - A l'aéroport s'il vous plait. - C'est parti. Le taxi se faufila parmi les voitures. Le chauffeur voulu entamer la conversation mais le botaniste n'avait pas franchement la tête à ça

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et préféra répondre d'un sourire aux questions posées par l'homme qui n'insista pas plus. Ce dernier gara son taxi à l'entrée de l'aéroport, Stenkel prit son porte-documents et sortit du véhicule, il régla sa course et pénétra dans le hall de l'aéroport, s'adressa à l'hôtesse au sol. - Un jet m'attend, madame. - Vous devez me fournir un document, monsieur. Il chercha dans sa sacoche la lettre du pentagone et la tendit à l'hôtesse. Cette dernière acquiesça d'un sourire et accompagna Stenkel jusqu'à la porte sas. - Voici le jet que vous devez emprunter, monsieur Stenkel. Présentez la lettre au pilote en montant à bord. Je vous souhaite un agréable voyage. - Merci.

Il descendit quelques marches et fila vers l'appareil où l'attendait une femme blonde. - Je peux voir la lettre s'il vous plait? Il tendit encore le document au pilote qui le fit monter dans le jet. Un homme vêtu de bleu l'attendait. - Bonjour monsieur, je suis le steward. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit. - Bien, merci. Stenkel s'installa dans un fauteuil très confortable. Le steward lui demanda de se ceinturer avant le décollage. Les moteurs se mirent en marche et l'appareil trembla un peu puis, le jet décolla, les maisons devenaient de plus en plus petites et les villes semblaient maintenant minuscules. Pendant quelques instants, le professeur oublia pourquoi

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il était là. Il demanda quelque chose à boire au steward, ce dernier lui apporta un soda light puis le laissa seul. Des tas d'idées lui passaient par la tête au sujet de cette mission, il rêvait de pays lointains où des espèces d'arbres, de plantes et de fleurs restaient à étudier ou bien aider la médecine à élaborer de nouveaux médicaments grâce à son savoir. Le steward lui tapota doucement l'épaule. - Monsieur, vous vous êtes assoupi...Vous êtes arrivé. Stenkel émergea. Il regarda hébété autours de lui et se rappela soudain pourquoi il était là. Il remercia l'homme en bleu, récupéra sa sacoche et descendit de l'appareil. Il se dirigea vers la sortie, là, un chauffeur l'attendait. - Monsieur Stenkel? - Oui. - Pouvez-vous me présenter la lettre s'il vous plait. Décidément, cela devenait une habitude. Il chercha le document et le tendit au chauffeur qui la lui rendit après lecture. - Merci monsieur Stenkel. Suivez-moi. Il le suivit. L'homme le fit monter dans une somptueuse Limousine. Le professeur était comme un coq en pate, quel luxe rien que pour lui! Mais en valait-il réellement la peine? Dans cette merveille, l’on n’entendait même pas le moteur et les sièges en cuir étaient plus que confortables. Devant lui, il y avait un frigo bar et au dessus un écran de télévision. C'était la première fois qu'il montait dans un tel véhicule et il en était émerveillé. Le botaniste tripota un peu tous les boutons et s'amusa à faire monter et descendre

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une table escamotable. Le trajet, de par ce fait, lui sembla trop court et il fut déçu quand le chauffeur lui annonça qu'il était enfin arrivé à destination. Stenkel descendit de la voiture. Il était au Pentagone. On lui demanda encore les documents en sa possession puis on le fit patienter dans un couloir étroit mais profond, sombre et sans fioritures. Là, une femme en uniforme lui demanda de le suivre. Il avança dans les couloirs et s'enfonçait au cœur même du Pentagone. Un sas s'ouvrit et la femme fit pénétrer le botaniste dans une grande pièce où se tenait le président Jefferson. - Entrez, mon cher. Venez à moi, venez. Peter avança doucement et tendit la main au président, ce dernier accepta l'accolade. - Asseyez-vous, je vous en prie. Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. Voilà, vous avez été choisi pour une mission spatiale de tout premier ordre, la mission la plus belle, la plus coûteuse et la plus importante depuis

toutes les missions. Peter écoutait, étonné.

- Votre rôle, si vous l'acceptez, sera d'analyser des variétés vivantes et inconnues jusqu'alors. Des variétés que vous seriez susceptibles de découvrir au cours de cette mission. La finalité sera de découvrir ce qui se cache après le néant, ce que l'on nomme l'infini. Stenkel resta bouche bée. Il avait analysé chaque mot, chaque phrase mais n'était pas sûr de tout avoir compris. Jefferson s'en aperçu. - Monsieur Stenkel. Que pensez-vous d'une telle mission? - Et bien, je dois dire que c'est assez spécial...

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- A qui le dites-vous! Cette mission est primordiale pour l'avenir de l'humanité. Vous serez susceptible de découvrir des planètes habitables et puis enfin, nous pourrions évoluer au niveau religieux, admettre certaines choses. - C'est dangereux... - Je sais, je sais...Mais il faut savoir à présent. De plus, les autorités religieuses ont été consultées et sont d'accord pour qu'une telle mission est lieu et cela pour la paix dans le monde encore et toujours, il faut préserver cette paix! Voulez-vous en être l’un des acteurs? Etre celui qui a vu? Qui a découvert? Voulez-vous devenir l’un des héro de cette épopée formidable qui sera retransmise chaque jour sur toutes les chaines de télévision du monde entier? Peter se sentit tout à coup pousser des ailes, il était un autre homme. - Oui, je le veux! - Félicitations, professeur! Ils se serrèrent la main et Jefferson lui fit part des entrainements qu’il devrait subir avant le grand départ. Les deux hommes se quittèrent et se promirent de se revoir le plus tôt possible. Peter dormit d’une traite toute sa nuit, il faut dire qu’il s’était couché mort de fatigue par une telle journée. Encore étonné par son incroyable aventure, il en arriva à douter de ce qu’il avait vécu et se demanda s’il n’avait pas purement et simplement rêvé. Après un café serré et quelques biscuits, Stenkle appela ses amis, ses collègues et sa famille pour leur annoncer la nouvelle, il passa le restant de sa matinée avec eux, puis, il resta sur son canapé et réfléchit.

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Des tas de questions se bousculaient dans sa tête: Comment serait la navette? Qui seraient ses compagnons de route et surtout, allaient-ils s’entendre? Qu’allait-il découvrir au juste? Qu’y avait-il après l’infini? Pourquoi chercher ce genre de chose? Les différentes délégations avaient-elles déjà une idée et voulaient-elles en avoir le cœur net? Où cela allait-il mener? Les jours passèrent et ses nuits devenaient de plus en plus agitées, s’éveillant fréquemment en sueur à cause d’un cauchemar devenu récalcitrant où il se voyait aspiré dans un énorme trou noir. Simple peur ou prémonition? La dernière nuit avant ses entrainements, il ne ferma pas l’œil et, au petit matin il avala un jus d’une orange et quelques biscuits, sa journée serait des plus importantes car on l’attendait à la NASA afin qu’il se familiarise avec le matériel, le lieu et les entraineurs. Il prit à nouveau un jet qui le mena à la base où l’attendait le commandant Mc Gregor, un homme svelte et athlétique, les cheveux blonds coupés en brosse. Ce dernier l’accueillit comme il se doit, lui serrant la main avec robustesse. - Professeur Peter Stenkle, soyez le bienvenu ici. Suivez-moi, nous allons visiter les lieux. Vous passerez le plus clair de votre temps parmi nous, vous n’aurez pas beaucoup de sorties car vous devrez être opérationnel pour le début de l’année à venir, autant dire qu’il faudra en mettre un coup. - Et bien je sens que je vais en baver! - Rassurez-vous, vous vous y ferez! Les premiers jours vous sembleront fastidieux mais tout ira bien.

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Les deux hommes se dirigèrent vers la salle de sport. Il y avait là différentes machines dernier cri reliées par des électrodes vers des ordinateurs. Il passa devant chaque engin et admira la technologie avancée. Son appréhension allait croissante et le commandant Mc Gregor le rassura de nouveau. Il sortirent de la salle de sport et se dirigèrent vers une autre porte. Mc Gregor présenta les lieux. - Voici la cantine! - Formidable! Enfin un endroit qui me sera familier! - Ici, nous élaborons des repas d’après votre métabolisme et vos efforts fournis lors des entraînements. Des nutritionnistes veilleront au grain! Les deux hommes sortirent et filèrent vers une autre porte. Derrière, il y avait une pièce avec des bureaux et un tableau électronique. Stenkle fut étonné. - Une salle de classe! Je retourne à l’école? - Ici, vous apprendrez tout ce que vous devrez savoir pour exercer une telle mission que ce soit du point de vue psychologique que technique. - Il me semble que je vais vivre des heures passionnantes! - Certainement et n’oubliez jamais quoi qu’il advienne que vous êtes privilégié, que très peu de personnes avant et après vous auront la chance que vous avez. - Je n’en doute pas. - Très bien, maintenant, passons aux choses sérieuses.

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Le botaniste sentit son cœur battre. Que voulait-il dire par « choses sérieuses »? Ils prirent un autre couloir et passèrent deux autres portes pour aboutir devant une énorme machine. - Voici la fameuse centrifugeuse! Dans les pièces adjacentes se trouvent les simulateurs de vol.

Peter était soufflé. Il regarda autours de lui tel un enfant

qui s’émerveille. - J’en ai entendu parler, je l’ai vu dans des reportages et là...Elle est là! - C’est impressionnant, je dois bien le reconnaitre. Puis ils descendirent quelques marches. Là, un énorme tuyau était suspendu au plafond, tout autours il y avait d’énormes ventilateurs. - Nous voici dans le simulateur d’apesanteur. Vous volerez comme si vous étiez en situation réelle dans l'espace. Le professeur prit conscience de ce qui l'attendait et en frissonna de plaisir. Il descendit encore quelques marches pour arriver aux simulateurs de vol. - Ici, vous apprendrez le pilotage de la navette. Des images défileront sur le grand écran, devant vous nous ajouterons des aléas plus ou moins grave au fur et à mesure de vos entrainements afin de parer à d'éventuelles situations. - Combien d’heures devrais-je travailler quotidiennement? - Entre huit et dix heures environs. - C’est énorme!

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- Rassurez-vous, vous vous reposerez aussi mais vous savez, quand vous serez lancé, vous ne compterez pas vos heures! Ce sera du vingt quatre heures sur vingt-quatre! Peter « la grande gueule » se trouva tout petit tout d’un coup. Mc Gregor le rassura de nouveau. - pas de panique, vous ne serez pas seul. Vos acolytes seront là également, vous vous serrerez les coudes, croyez-moi! Les missions se passent toujours très bien. Quand la visite fut terminée, le commandant l’emmena jusque dans sa chambre ou Stenkle déballa ses affaires puis, il s’assit sur son lit. L’aventure commençait enfin.

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ELYSEE NGOTA Sur la base militaire de Johanesbourg, Elysée Ngota disséquait un jet. Depuis la fin des guerres, il n’y avait que peu d’avions à réparer aussi, afin d’apprendre les manipulations aux jeunes recrues, les dirigeants lui avaient procuré des jets et des chars usagés. Elysée avait une dextérité remarquable c’est pourquoi il avait été choisi pour ce travail plutôt bien rémunéré, ce qui permettait de faire vivre allégrement sa famille. Il vivait avec sa femme Nama et ses deux fils Salis et Moan non loin de son lieu de travail. Il regarda l’heure sur sa montre, il était seize heures passées, il lui fallait quitter son travail afin de ne pas excéder les vingt cinq heures car tout excédent n’était pas rémunéré. Elysée traversa le hall pour aller dans les vestiaires afin de se changer. Il sortit de la caserne dans sa voiture flambant neuve et s’arrêta en chemin pour acheter un ravissant bouquet de fleurs roses et jaunes car c’étaient les préférées de Nama. Quand il arriva chez lui, elle lui sauta au cou. - Tu me gâtes trop! - Rien n’est trop beau pour toi et pour ma petite fille que tu portes. Nama était aux anges, la belle métisse aux yeux clairs embrassa son mari et le prit par la main.

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- Viens, j’ai préparé des biscuits, tu sais ceux que tu aimes tant avec des noix de pécan dessus. - Hmm, je vais me régaler! Les enfants ne sont pas ici? - Ils ne devraient plus tarder à présent. Ta journée a été bonne ? - Oui, enfin très routinière pour ne rien te cacher. On s’ennuierait presque. Je me demande ce que les nouvelles recrues vont effectuer comme travaux dans quelques temps, les épaves se font rares, bientôt il faudra construire des avions pour les démonter ! - En même temps, ils sont bien obliger de recruter ! Imagine que tel ou tel pays déclare une guerre malgré les accords. - Oui, je suppose que c’est pour cela que l’armée recrute. Les enfants entrèrent sur ce fait et Nama partie faire chauffer un peu de lait pour préparer des chocolats. Quand toute la famille fut au complet, ils dégustèrent leur boisson, les enfants racontèrent leur journée d’école. Moan, le plus âgé, avait entendu deux de ses copains affirmer que leurs parents travaillant également à la caserne avaient reçu une lettre de mutation pour le Nord du pays. Nama regarda son époux, anxieuse. - Ho non, ça ne va pas recommencer! Elysée tenta de la calmer. - Ne t’inquiètes pas, si nous devions déménager, j’en aurais entendu parler. - Nous avons du partir quatre fois déjà! Je me sens si bien ici. - Si je recevais un tel courrier, j’irais discuter avec mes supérieurs hiérarchiques et je leur

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expliquerais que nous ne désirons plus de mutations aucunes et, qui plus est que tu es enceinte, que dans ton état il serait préférable de rester là où nous sommes. - Tu me le promets? - Je te le promets. Elle fut rassurée mais savait fort bien que s'il y avait mutation, son cher et tendre pourrait bien se défendre, il n'aurait pas forcément gain de cause, elle l'avait bien vu auparavant. Nama ne supporterait pas un autre déménagement avec toutes les contraintes que cela implique comme pour les enfants de quitter leurs amis, elle pour se faire à une nouvelle ville, trouver un emploi si besoin est et surtout s'éloigner peut-être encore de sa famille qu'elle ne voyait que très occasionnellement. Rien que d’y penser, la colère montait en elle et les larmes lui venaient mais, comme à chaque fois, elle accepterait, se montrerait forte et ne montrerait pas sa peine. Ils passèrent une bonne partie de la soirée dehors, sous la pergola dans une douce chaleur estivale. Les enfants étaient couchés. Ils sirotaient une tisane tranquillement, surtout que le lendemain, Elysée était de repos. Le couple se coucha donc tard. Ce fut la sonnerie du téléphone qui les réveilla vers les dix heures du matin. Son supérieur lui demanda de venir au plus vite à la caserne que cela était de prime importance et que sa carrière en serait bouleversée. Il ne s’étendit pas plus. Nama avait un pressentiment, l’angoisse du déménagement refaisait surface. Elle prépara du café, le couple ne dit mots jusqu'au départ d'Elysée pour la caserne. Nama, la première brisa le silence.

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- Défens-toi, je t'en supplie. - Je vais faire de mon mieux, je te l'ai promis. Elysée rageait à l'intérieur de lui. Quel culot, l'appeler de bon matin pour une soit disant excellente nouvelle qui changerait sa vie. Une mutation lui valait toujours une augmentation de salaire certes, mais il vivait déjà très bien avec ce qu'il avait et ne voulait pas plus, et puis il y avait Nama, Nama qui n'en pouvait plus de ces départs à la hâte, elle voulait à présent une petite vie tranquille et sans tralala. Comment allait-il expliquer à ses supérieurs qu’il ne désirait plus de mutations. Il y réfléchit tout en conduisant, il faillit même griller un stop mais la balise de sa voiture fit s’arrêter net cette dernière. Vive la nouvelle technologie, pensa-t-il. Il se gara devant l’entrée de la caserne. Son supérieur l’attendait devant la porte, tout sourire. Elysée décidément ne comprenait pas, c’était bien la première fois qu’on l’attendait comme cela. Il sortit du véhicule et se dirigea vers son commandant qui venait également à lui. Ce dernier lui serra la main quand Elysée voulu le saluer. - Mon cher Elysée, j’ai une grande nouvelle pour vous. Suivez-moi, nous parlerons mieux dans mon bureau. Elysée suivi son chef, étonné. Le supérieur le fit asseoir en face de lui et ouvrit un courrier du gouvernement Sud Africain. Elysée eut un sentiment mêlé de peur et de surprise. Le commandant commença. - J’ai reçu hier soir un pli urgent par scanner fax, il provient de la présidence, tenez-vous

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bien Ngota, vous avez été sélectionné pour une mission spéciale... - Moi... - Oui vous. Cela ne devrait pas vous étonner, vous avez reçu des entrainement extrêmement poussés dans l’aérospatiale, il était normal de penser à vous pour cette mission. - Oui...Mais...Quelle est donc cette mission si spéciale? - Si j’ai bien compris, vous devrez assister de grands scientifiques dans le but de chercher ce qui se trouve dans et après l’infini. Ngota se mit à rire aux éclats dévoilant ses dents blanches qui tranchaient avec sa peau d’ébène. - Vous me faites marcher, hein! J’y ai cru durant un moment ! - Je ne rigole pas, Ngota. Prenez-le comme vous voudrez, c’est peut-être la plus grosse connerie de tous les temps, il n’empêche que vous avez été sélectionné pour une mission spatiale, aussi grotesque qu’elle soit. Soyez-en fier Ngota. - Mais qui a eu cette idée loufoque? - Le président Américain Jefferson qui devait s’ennuyer ferme ce jour-là, mais qu’importe. C’est vous aujourd’hui qui êtes la vedette et ce, grâce à lui! Même si l’idée que vous vous en faites est comme vous dites un peu loufoque, vous serez considéré comme un héro et serez rémunéré en tant que tel! Ngota, prenez sur vous, vous ne le regretterez pas, de plus, vous ferez ce qui vous a toujours tenu à cœur. Elysée du se rendre à l’évidence, son supérieur avait raison, il avait bossé comme un dingue pour atteindre le summum et aujourd’hui, son

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rêve devenait réalité mais comment expliquer tout cela à Nama? Tant pis, il fallait qu’il signe, et puis il n’était pas question d’un quelconque déménagement puisque ça n’était que lui et lui seul qui partait, cela arrangerait les choses. - Quand devrais-je partir? - D’ici une quinzaine. Vous devrez vous rendre à la base de Bloemfontein afin de reprendre votre entrainement mais pour vous ce sera quelque peu routinier voir même empreint d’une certaine nostalgie. - Je crois que oui. - Pensez à l’avenir Ngota. Il y pensa très fort au volant de sa voiture en rentrant chez lui. Il était mitigé entre la joie et l’inquiétude car, il savait qu’une mission spatiale était de prime importance dans la vie d’un homme mais loin d’être idéale pour une famille. Comment allait-il annoncer la nouvelle à Nama? Comment allait-elle réagir? Elle allait se retrouver seule avec deux enfants et assumer la naissance d’un troisième. Comment allait-elle gérer tout à la fois? Mais une mission spatiale, ça ne se refuse pas, surtout quand on en a bavé pour sortir du ghetto et lui y était arrivé sans quitter son pays alors que d’autres avaient du s’exiler pour y arriver. Il était fier de lui, de ce qu’il était devenu, quelqu’un d’aisé et de respecté. En chemin, il s’arrêta devant un négociant en vin et acheta la meilleure bouteille de champagne du magasin. Il fallait fêter l’évènement comme il se doit. Il arriva en trombe chez lui, sa femme attendait sur le seuil, inquiète mais reprit le sourire à la vue de la bouteille.

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- Tu as eu une promotion? - Je vais tout t’expliquer. Entrons et asseyons-nous. Il prit deux coupes, ouvrit la bouteille et servit. - Chérie, j’ai une grande nouvelle. Je sais que pour toi ce sera dur mais il va falloir tenir le coup... Elle le regardait, inquiète. - ...Je vais être envoyé en mission dans l’espace. Nama le regarda, éberluée. - Quoi? - Oui chérie, tu as bien entendu je vais partir pour une mission spatiale. - Mais il va falloir partir et... - Non, non, non, toi, tu restes et tu m’attends, c’est tout! - Mais pour combien de temps? - Je n’en sais trop rien mais ensuite, quand je reviendrais j’aurais accumulé assez d’argent pour m’arrêter de travailler et je pourrais rester avec vous!

Sa femme ne savait qu’en penser, elle était mitigée. - Comment vais-je m’en sortir avec le bébé qui va arriver? - Tu embauchera une personne pour t’aider, au moins les premiers temps, après, tu verras. Elysée sentait sa femme angoissée. Il la rassura. - Tu es forte Nama, tu y arriveras et puis pense à plus tard! Je ne vais pas rester dix ans là haut! Ils restèrent à discuter jusqu’à l’heure du repas et Elysée emmena sa femme dans un somptueux restaurant de la ville pour fêter sa future mission. Il promit de venir voir sa

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famille le plus souvent possible avant son départ. Quinze jours plus tard, Elysée partit pour Bloemfontein où il fut accueilli à bras ouvert. Une femme en tailleur militaire dont la veste était pleine de médailles le fit entrer à l’intérieur de la base. - Monsieur Elysée Ngota, je suis Samia Bantou, je dirige ses lieux. Enchantée de vous avoir parmi nous. - Pareillement, madame. - Je vais vous faire découvrir les lieux. Le président vous attend. Elysée balbutia. - Le président Mais c’est trop d’honneur, je... - Ne vous inquiétez pas, c’est un homme charmant et il est plus au courant que moi de la mission qui vous attend. Les deux militaires avancèrent dans les couloirs de la base et arrivèrent vers une porte que Samia du ouvrir à l’aide d’une carte magnétique. Une immense salle pleine d’engins en tout genre apparu, des machines que Ngota connaissait bien puisqu’il avait subit des entrainement rudes sur ce genre d’appareils. Devant l’un d’eux, un grand homme trapu tripotait des boutons lumineux, il reconnu sans mal le président Sud Africain. Samia présenta les deux hommes, un immense sourire barrait leur visage. - Monsieur Ngota, quel plaisir de vous rencontrer! Je suis si fier que notre pays ait été retenu pour cette mission. - Je suis enchanté, monsieur le président. - Nous avons pour vous une mission extraordinaire que toutes les délégations ont

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approuvé, à savoir la découverte de l’infini. Il s’agira d’un voyage qui n’excédera pas une année et qui aura pour but, je vous l’ai dit de découvrir ce qui se trouve après l’infini...Si toutefois il y a quelque chose à trouver...Mais pour ne pas revenir bredouille, vous vous arrêterez de temps à autre quelque part afin de découvrir telle ou telle planète habitable ou non, des éléments inconnus jusqu’alors et pourquoi pas des êtres vivants! Votre rôle sera plus d’ordre mécanique bien entendu et l’on vous apprendra tout sur la navette qui vous conduira dans l’espace. - Et bien, cela m’a l’air très intéressant. Qui seront mes compagnons de route? - Nous n’en savons encore rien mais vous serez cinq en tout. Trois scientifiques, un mécanicien, et un journaliste. - Un journaliste? Pourquoi faire? - Pour que tous les citoyens du monde suivent vos périples à heures fixes! Elysée ne comprit pas bien l’intérêt d’être médiatisé mais le président lui expliqua les vraies raisons tout en visitant la base. La vie d’Elysée Ngota allait changer grâce à cette mission, il promit de travailler dur et de donner tout ce qu’il avait dans le ventre pour y arriver.

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SU YAMACHI Une délicate fumée blanche sortait d’un gros tube à essais, une fumée odorante, sorte de mélange de jasmin et fleur d’oranger. Derrière tout cela, un petit homme rieur observait ou plutôt admirait cette mixture. Un homme corpulent entra dans le laboratoire, un professeur de chimie également. Il ferma les yeux afin de mieux capter les délicieux effluves de son collègue. Presqu’enivré, il avança. - Un nouveau désodorisant, je suppose? - Non mon cher Nguyen, je préparais seulement un peu de thé. Si vous voulez le partager avec moi, ce sera un plaisir. L’homme ne refusa point une offre aussi alléchante. - Bien volontiers, mais quelle idée originale que de préparer le thé dans un tube à essais!

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- A défaut de casserole, l’on prend ce que l’on peut! Su Yamachi sortit deux petits bols de porcelaine chinoise et versa le délicieux liquide dont la senteur embaumait à présent tout le laboratoire. Il n’avait pas son égal pour préparer des mixtures en tout genre et il gardait secret chaque préparation, parfois, quand il était très content de lui, le chimiste notait la recette dans un petit calepin prévu à cet effet. Il était le maître incontesté du thé et des tisanes, sachant mêler les arômes et mélanger les plantes à des fins thérapeutiques. Sa grand-mère l’avait initié très tôt à cette doctrine qu’elle tenait elle-même de sa grand-mère qui elle même la tenait de sa grand-mère. Autant dire que des générations s’étaient succédées dans cette culture ancestrale. Les deux chimistes dégustaient le liquide parfumé. Nguyen le félicita. - C’est tout simplement délicieux! Mais dites-moi, sur quoi travaillez-vous en ce moment, enfin quand vous ne préparez pas du thé? - Je travaille sur les propriétés cachées du tabac et de la menthe. J’ai trouvé que des molécules propres à ces deux plantes ont des vertus médicinales importantes. On obtient en décoction un puissant fortifiant musculaire. Un grand laboratoire pharmaceutique me paye pour trouver de nouveaux médicaments sans produits chimiques aucuns! Moi qui suis chimiste c'est un comble vous ne trouvez pas? - Ha bien, oui plutôt! Mais si ils payent bien. Ils bavardèrent un moment puis retournèrent à leurs activités respectives jusqu'à seize heures, heures ou les deux chimistes prenaient leur bus.

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Le ciel de Chine était voilé mais ne faisait en rien oublier la chaleur de l'été. De son balcon, il voyait sa ville Tsùin Tao et l'océan Pacifique. Su Yamachi contempla le spectacle un instant en grignotant quelques friandises du haut de son douzième étage. Les bateaux sur le port semblaient minuscules et dans l’avenue, plus bas, des autos klaxonnaient, les bicyclettes et les vélomoteurs ressemblaient à un long serpent. Il rentra ensuite dans son salon et ouvrit son courrier. Sa facture internet téléphone télé lui semblait excessive comme d'habitude, il jeta le reste dans le vide ordures car sans intérêt. Su s’installa sur sa natte et prit la position du lotus pour entamer son yoga quotidien, si bénéfique après une journée de travail. Autours de lui, les murs étaient couverts de ses diplômes de biologie, de chimie quelle soit nucléaire ou botanique. Ses talents étaient reconnus de tous, ses compétences avaient dépassées les frontières. En effet, Su Yamachi avait écrit huit livres édités dans plusieurs langues et ses travaux avaient été repris par maints chimistes ou biologistes, sa réputation n’était donc plus à faire. Pourtant, tout lui semblait facile, il se revoyait à l’âge de dix ans jouant avec sa boîte d’apprenti chimiste que son père lui avait offert pour ses dix ans. Ce fut pour lui le début de sa vocation car, depuis ce temps, il ne cessait de faire des mélanges, Il avait même faillit mourir asphyxié lors d’une expérience ratée! Sa mère l’abonna à des revues scientifiques et inscrivit son fils au club des Joyeux Laborantins de son quartier afin que tout rentre dans l’ordre! Son avenir était

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donc tout tracé, il vivait désormais de son hobby. Su ne fut donc pas très surpris quand il reçu la nouvelle, à savoir qu’il avait été retenu pour une mission spatiale en qualité de scientifique en chimie. La lettre lui avait été envoyée en recommandé, on le sommait de se rendre au plus vite au bureau de police le plus proche afin d’y récupérer une seconde lettre signée par l’empereur en personne. Il fut quelque peu surpris par la tâche à effectuer mais ne rechigna point. Il avait rendez-vous d’ici deux jours à la base de Beipei près des rives du Yang Tse Kiang pour découvrir les lieux où il s’entrainerait. Il avait hâte d’y aller, il avait encore cette âme d’enfant que tout émerveille. Son dernier jour au laboratoire fut émouvant, tous avaient de la peine mais étaient fiers tout à la fois de connaitre un futur spationaute. Ses valises étaient prêtes, il prendrait le train dans à peine deux heures pour se rendre à la base, il partit sans se retourner, pour ne pas faire voir ses yeux pleins de larmes. Un taxi l’attendait en bas qui l’emmena jusqu’à la gare. Il monta dans le train à grande vitesse et s’installa près de la fenêtre où le paysage défilait très vite. Su choisit un mini-dvd dans le siège devant lui et l’inséra dans le lecteur. L’image apparut sur l’écran. Un film qu’il avait déjà vu mais tant pis, cela passerait le temps. Deux heures trente plus tard, on annonça son arrêt. Le chimiste prit sa valise et sortit. Un taxi l’attendait ici également, il s’engouffra dans l’auto qui l’emmena directement à la base de Beipei. Il fut étonné par la modernité des lieux. Le bâtiment ressemblait à des cubes

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multicolores assemblés les uns aux autres, il s’attendait plutôt à des locaux austères et gris. Un homme en uniforme vint jusqu’à lui. - Monsieur Su Yamachi? - Oui. Ils se saluèrent respectueusement. - Je suis Aito Mataka, c’est moi qui me chargerais de votre entrainement. Soyez le bienvenu. Su Yamachi salua encore l’homme et le suivit pour une visite guidée. On le mena dans d’immenses halls où il reconnu la fameuse centrifugeuse et un simulateur de vol dernier cri. Il visita la cantine et parlementa avec les cuisiniers pour s’assurer qu’ils avaient des plantes diverses et variées, quand il fut rassuré, le chimiste poursuivit sa visite. Il fut surpris par tant de salles qui, selon lui ne devaient pas servir à grand chose. Dans une des ces salles, on le fit asseoir afin de passer aux choses sérieuses. Aito lui expliqua la mission. - Vous avez été choisit pour cette mission car nous avions besoin d’un imminent chimiste aussi, nous n’avons pas du chercher bien longtemps, il était entendu de suite que ce serait vous et pas un autre. - Vous m’en voyez honoré. - Cette mission un peu spéciale a pour but la découverte de l’infini. Su Yamachi ouvrit grands les yeux. - La découverte de l’infini? Mais qu’est-ce que ça veux dire? - Le président Jefferson a convoqué toutes les délégations et toutes ont voté positivement pour ce genre de mission. Bien-sûr, ce ne sera pas le seul but à atteindre. Vous devrez visiter

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des planètes inconnues et les répertorier, les analyser. Ce sera bien plus passionnant, croyez-moi. - Je n’en doute pas mais... - Oui? - Quelque chose me chiffonne. L’infini est considéré par bien des religions pour abriter Dieu, on ne découvre pas l’infini, c’est tabou. Comment vont réagir les religieux, les croyants? N’avez-vous pas peur de heurter ces gens? Imaginez comme moi que l’infini n’existe pas, du moins qu’il n’y ai rien après, que du vide rien de plus. Il faudra réécrire les textes. - C’est un risque que nous devons prendre, je comprends parfaitement votre sentiment à l’égard d’une telle mission seulement, nous ne pouvons pas faire machine arrière, nous n’avons pas trop le choix. - C’est du suicide! Les peuples du monde entier ont signés pour qu’il n’y ait plus de guerres! Avec ce genre de mission nous attiserons les vieux griefs! - J’en ai peur... - Le pire, c’est moi qui a été choisit pour cette mission, monsieur! Je croyais que j’allais découvrir des belles choses, que j’allais contribuer au développement de la science et à la place de ça, on m’envoie au casse-pipe! Comment dois-je le prendre? - Je suis navré mais je ne pensais pas que vous le prendriez comme cela. Dites-vous que c’est bien pour l’avenir de la science que vous partirez et peut-être contribuerez-vous à la survie de la planète. - Pardon?

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- Si vous trouvez une planète habitable, peut-être en aurons nous besoin un jour, qui sait. Des catastrophes ont eu lieu déjà et peut-être que la découverte d’autres planètes aiderait les peuples à se sentir en plus en sécurité. Su Yamachi pesa le pour et le contre et puis, de toute manière il n’avait pas le choix, on l’avait choisi, il ne pouvait pas dire non à une telle expédition qui mettrait sa carrière bien au dessus de ce qu’elle était déjà. On l’emmena dans sa chambre où il étala sa natte et prit la position du lotus. Il méditait.

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CHARLENE VEYRIER - Mais qu’est-ce que tu fabriques, Charlène?! Le caméraman soupira une fois de plus, il avait l’habitude de vociférer auprès de la petite blonde et là, il y avait de quoi. En effet, la journaliste escaladait la grille d’une propriété privée. Des indicateurs lui avaient mentionné que se tenait là un colloque loin des regards indiscrets, aussi, elle ne voulait pas rater le scoop car si une délégation mondiale se déplaçait, ça n’était pas pour discuter de la pluie et du beau temps. Charlène guettait la sortie du groupe du haut de la grille, de là, elle voyait très bien les participants qui se trouvaient au premier étage de cette maison bourgeoise. - Charlène, descend! Ca t'avancera à quoi si tu t'écrases au sol? - D'ici je vois presque tout. Ils sont autours d’une table ronde, il ne semble pas y avoir de grabuge, non, ils ont l’air sereins. Ils ne doivent pas débattre de choses graves ...Ha... - Quoi « ha »? - Ils se lèvent! Attend, tiens moi je monte un peu plus haut... - Tu es folle! Redescend! - Oups... La journaliste venait de tomber derrière la grille sur un bosquet qui, heureusement amorti sa chute. Le caméraman très inquiet s’énerva.

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- Charlène!! Charlène tout va bien? Dis quelque chose!!! - Oups...Ca va, ça va...J’en serais quitte pour des plaies et des bosses. - Tu n’as rien de cassé dis? - Non. Dit-elle en se relevant tant bien que mal. - Quand est-ce que tu arrêteras tes conneries, Charlène? Un jour tu vas te tuer! Ne compte pas sur moi pour te suivre! Débrouille-toi comme tu peux! Charlène soupira. - Comme tu voudras! Après tout, je n’ai pas besoin de tes services! Un brouhaha les fit se retourner. La délégation était sortie et discutait devant la bâtisse. La journaliste eu tout juste le temps de se cacher derrière une haie et le caméraman s’éclipsa un peu plus loin dans la rue. Charlène entendit des bribes de conversations. Les mots « mission », « scientifique », « navette », »sponsors » revenaient souvent. Avec ce charabia, elle pensait qu’il s’agissait d’une course de scientifiques sponsorisés, à n’y rien comprendre. Elle tendit l’oreille plus encore en pestant intérieurement contre son ouïe pas si fine et contre les voitures qui passaient dans la rue et l’empêchait d’entendre quand elle senti une main se poser sur son épaule. - Je peux savoir ce que vous faites ici, madame? Elle se retourna et vit un fort beau jeune homme mais plutôt grand et trapu, l’œil mauvais, une vraie armoire à glace de trois ou quatre têtes de plus qu’elle. Elle balbutia. - Je, heu...Je suis journaliste...

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Elle lui tendit sa carte de presse, il détailla le document et lui rendit. Le garde du corps l’emmena vers la délégation qui regardait dans sa direction, tous très étonnés voir inquiets. L’homme la présenta. - Regardez ce que j’ai trouvé derrière un massif! Une journaliste. Tous avaient les yeux rivés sur elle. Elle entendait parler en plusieurs langues et bien qu’elle ne comprenait pas un mot de ce qui se disait, elle ressentait en eux de la colère. Charlène frissonnait, le garde du corps l’emmena à l’intérieur de la bâtisse. Là, elle reconnu sans mal les conseillers des présidents Français, Américains, Sud Africain. Le conseiller Français l’interrogea. - Que venez-vous faire ici? - Je suis journaliste. J’ai entendu dire qu’une délégation mondiale se retrouverait ici alors pour avoir le scoop, je me suis débrouillée pour arriver jusqu’à vous. Le conseiller, visiblement embêté poursuivit. - Avez-vous entendu quelque chose? - Et bien heu... - Je vous en prie, c’est de prime importance! Le garde du corps s’avança et la prit par le bras. - On vous a posé une question, je crois. Charlène avoua. - Si j’ai bien compris, vous voulez organiser une course de navettes sponsorisées avec des scientifiques... Les conseillers s’esclaffèrent et, la journaliste vexée n’y comprit rien de rien. Le conseiller Américain demanda en parfait Français. - Ouf, elle n’a rien comprit !

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Le conseiller belge continua en se moquant. - On cherchait un journaliste, nous l’avons trouvé ! - Pourquoi pas elle ? Réitéra le conseiller français. Le Sud Africain riait de plus belle. - Vous voulez rire! La journaliste ne savait plus à quel sein se vouer et se demanda si c’était du lard ou du cochon. Elle s’offusqua. - Puis-je savoir ce qui vous fait tant rire? Le Français la regarda d’un air amusé. - Après tout, nous n’avons encore pas statué sur le journaliste...Madame? - Mademoiselle. Veyrier, Charlène Veyrier. - Mademoiselle Veyrier, vous serez la première des journalistes à connaître ce scoop alors, prenez des notes. Elle prit nerveusement son dictaphone dans sa poche et appuya sur la touche d’enregistrement. - Je vous écoute. - Bien. Nous sommes à la recherche d’un ou d’une journaliste pour partir pour une mission spatiale qui devrait durer à peu près une année. Ce ou cette dernière sera à l’antenne tous les soirs à heure fixe afin de tenir au courant tous les citoyens de la terre de ce qu’auront découvert les quatre scientifiques présents à bord de la navette. Charlène regarda le conseiller et, pendant quelques secondes, elle crue à un canular mais le sérieux de cet homme prit le dessus .Il devait forcément dire vrai. Elle sauta sur l’occasion. - Ce ou...Cette journaliste, comment doit-il être...Du moins, qui recherchez-vous

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exactement? Quelles aptitudes faut il avoir pour s’engager dans une telle mission? Le conseiller réfléchit puis avança. - Il nous faut quelqu’un d’assez sportif et résistant pour ce poste. Quelqu’un capable de franchir les barrières et tomber sans embûches! Un peu ...Comme vous, non? - Je fais du fitness en salle tous les jeudis soirs! Je suis capable de courir un bon kilomètre sans trop m’arrêter et puis franchir les barrières et tomber, ça me connait! - Vraiment? - Vraiment! - Mademoiselle, je crains fort que vous ne soyez pas celle qu’il nous faut, nous avons besoins de quelqu’un de carré, de costaud... Charlène se voyait déjà sur tous les écrans de télévision, présentant le journal de la lune aussi, elle ne lâcha pas prise facilement. - Je me sens assez forte pour ce genre de mission, je l’assumerai très bien, vous verrez! - Ecoutez mademoiselle. Je sais que la place sera chère et que votre carrière en serait ainsi boostée mais... Elle ne le laissa pas finir sa phrase, elle se débattit corps et ongles pour obtenir ce poste si important. - Je vous assure que je suis la personne que vous recherchez ! Je travaillerais dur, je subirais les entrainements les plus poussés et j’y arriverais ! Faites moi confiance ! Le belge la regarda puis regarda ses homologues d’un air interrogateur. Les mimiques étaient mitigées. Le conseiller suisse prit la parole.

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- C’est que nous pensions à Patrick Legat pour ce poste… Le français le coupa.

- …Nous pensions plutôt à Gregoire Paret… Charlène profita de cette discorde pour s’interposer. - Vous voyez, vous n’avez encore pas décidé qui allait prendre ce poste ! Ne vous battez pas, vous avez devant vous la future journaliste de l’espace ! Elle y arriva donc et, dans l’avion qui la menait à la base d’Annecy, elle se demandait encore comment elle avait pu convaincre une cohorte de conseillers. Elle repensa alors à cette entrevue avec le président Galoche qui fut séduit par son courage et sa ténacité. Charlène en avait encore des frissons sur tout le corps. Un taxi l’attendait à la sortie de l’aéroport. Il la conduisit jusqu’à la base, coincée entre les montagnes. Les routes étaient sinueuses et les ravins si près et si profonds! Au loin, elle voyait la base en contrebas et avait hâte d’arriver. Pourtant, il ne partait pas gagnante, on l’avait avertie que ce ne serait pas chose facile et que, vu son manque d’entraînement, elle devrait travailler plus que n’importe qui. Charlène avait foie en elle, elle était persuadée d’y arriver, il le fallait de toute manière, sa carrière en dépendait, demain elle présenterait peut-être le vingt heures sur une chaine à très forte audience, consécration suprême dans la vie d’un journaliste mais tellement rare en même temps. Elle travaillerait dure pour atteindre son but, elle se l’était jurée. Le taxi l’arrêta devant la base. Un homme en tenue militaire l’accueillit à sa descente du

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véhicule et l’emmena dans l’immense bâtisse. Un gradé la prit en charge. Un bel homme brun aux yeux clairs. - Mademoiselle Veyrier. Je suis le colonel Vic, soyez la bienvenue. Je vais vous faire faire le tour du propriétaire afin que vous preniez vos marques et vous sentiez plus à l’aise. Suivez-moi. Et ils arpentèrent la base sous tous les angles, visitant les différentes salles où elle devrait travailler et entretenir son corps ou forger son endurance. L’une des salles attira particulièrement son attention, une pièce où étaient regroupés tout le matériel nécessaire à la communication avec des machines audio et vidéo dernier cri, elle se retrouverait ici dans son élément, seule consolations par rapport aux autres exercices qu’elle devrait subir. Le colonel l’emmena ensuite jusque dans sa chambre afin qu’elle puisse se mettre à l’aise et prendre une douche souveraine. Cinq mois durant, elle allait vivre dans cet endroit austère mais elle était fière, ce serait SON aventure, certainement la plus belle histoire de sa vie et elle vivrait cette expérience à fond pour rentrer dans l’histoire.

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COLLOQUE La liste des astronautes était arrivée sur le bureau des différents chefs d’états de la planète. Jefferson exultait, il lu et relu la liste des heureux élus. CARTES D’IDENTITES

Martin - Jean - 36 ans - 1m77- 75 Kg - Français - Scientifique - spécialité : Médecine.

Ngota - Elysée - 37 ans - 1m92 - 82 Kg - Sud Africain – Ingénieur – Spécialité : Mécanique.

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Stenkle - Peter - 36 ans - 1m80- 78Kg - Américain – Scientifique - Spécialité: Botanique.

Yamachi - Su - 37 ans - 1m69- 70Kg- Chinois - Scientifique - Spécialité: Chimie.

Veyrier - Charlène - 32 ans - 1m63 - 56Kg - Française - Journaliste. Enfin son rêve allait se concrétiser, tout était fin prêt, l’équipage formé et la navette simonisée. La joie se lisait sur son visage. Pour fêter cet évènement, il emmena sa femme Emily au restaurant où le Champagne coula à flot. Elle regarda son mari amoureusement. - Alors cette fois ça y est, bientôt la mise à feu? - J’y suis arrivé, Emily! Tu te rends compte que mon rêve le plus fou va se concrétiser! Comme j’aurais aimé faire parti du voyage. - Pour cela il aurait fallut t’orienter autrement, la politique ça n’est pas l’idéal pour devenir astronaute! Ils rirent et trinquèrent à la future mission. Le président avait des rêves plein la tête. Il avait décidé de faire intervenir les journalistes du monde entier afin de les tenir informés du départ imminent de la navette. Il avait préparé son discours pour demain, il partirait tôt dans la matinée pour rejoindre la Guyane, terre de départ des navettes Françaises où les Russes et les Orientaux s’étaient donnés la main afin de construire un engin hors du commun. Le président Galoche attendait son homologue Américain dans le hall où la navette avait vu le jour, il regarda une énième fois sa montre. - Mais qu’est-ce qu’il fait? Les journalistes s’impatientaient au dehors. Certains essayaient même de trouver une

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fenêtre ou une simple issue afin d’être les premiers sur les lieux mais la base était un endroit sûr et aucun d’eux ne réussit à s’introduire à l’intérieur. Jefferson arriva enfin. Un agent l’emmena jusqu’à l’antre où Galoche arpentait de long en large l’immense hall. Quand il vit le président, Galoche soupira. - Enfin vous voilà! Je ne vous attendais plus. Ils se serrèrent la main cordialement et Jefferson expliqua les petits problèmes qui étaient survenus à son jet privé alors qu’il allait décoller et du coup, prendre un autre appareil pour se rendre à son rendez-vous. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il s’était levé un peu à la bourre et avait pesté contre son réveil matin et aussi après tous ses collaborateurs qui n’avaient pas été fichu de le réveiller non plus. Les deux hommes partirent dans la cour de décollage pour y admirer ensemble la navette. Jefferson ne cachait pas sa nervosité - Ca y’est, cette fois c’est la bonne! J’ai hâte, j’ai hâte, si vous saviez comme j’ai hâte! - Il n’y a pas que vous! Les astronautes sont pressés d’y aller m’a-t-on dit. Je les comprends un peu, cela fait plusieurs mois qu’ils travaillent durs. Jefferson était fier. L’idée venait de lui et, pour une fois, toutes les délégations l ‘avaient suivi. - Mon brave Galoche, les différents états ont fait le bon choix sur les astronautes, ce sont les plus doués de leur nation, avec des gens comme ça, la mission sera une réussite! - Je n’en doute pas une seconde. - Petit veinard, il y a deux Français à bord si je ne m’abuse?

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- Oui, c’est bien cela. Le médecin et la journaliste, mais c’est le fruit du hasard, croyez-moi, je n’y suis pour pas grand chose du moins pour mademoiselle Veyrier. - Je vous taquine! Bien sûr que vous n’y êtes pour rien. Je suis content pour vous, pour votre nation. Galoche le remercia. Ils arrivèrent dans la cour et eurent un recul face à la navette. Il faut dire qu’elle était quelque peu bigarrée vu le nombre de sponsors que chaque pays avait trouvé. Des marques de soda, d’entreprises informatiques, de jeans, d’aliments pour chiens, d’électroménagers, de jouets, des grandes sociétés à réputation mondiales se faisaient face. Les rares morceaux de navette libre étaient pour les hublots. Les deux hommes eurent comme un haut le cœur tellement l’appareil était criard. Galoche, le premier, brisa le silence. - Comme ça s’ils découvrent une planète pourvue d’être intelligents, ils sauront qu’ils peuvent faire leurs courses sur Terre. - Et puis quand elle sera à la retraite on la donnera à un parc d’attraction. Ils s’avancèrent plus encore. Une échelle de quelques marches montait vers la porte principale de l’engin. Ils grimpèrent jusqu’en haut de celle-ci et hésitèrent avant d’y pénétrer, comme si il s’agissait d’un lieu de culte. Un homme les attendait à l’intérieur. - Bienvenue messieurs. Je suis le colonel Ristoff, de l’armée Russe. Venez avec moi, je vais vous faire faire le tour du propriétaire comme on dit par chez vous!

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Les présidents saluèrent le colonel et le suivirent. Ils étaient dans l’entrée, dans une petite pièce. - Vous êtes ici dans le sas de décontamination mais aussi de dépressurisation. Après chaque sortie, tous les astronautes passent par ici avant de rejoindre l'intérieur de la navette. Ils passèrent le sas et entrèrent dans une autre pièce, plutôt un couloir. - Sur votre droite, il y a la réserve de carburant et à votre gauche la réserve d'eau. Ils continuèrent la visite guidée. Le colonel Ristoff ouvrit six portes se faisant face. - Voici les chambres des astronautes et la salle blanche pour le médecin avec du matériel dernier cri. Jefferson fut étonné. - Vous croyez qu’il était nécessaire de prévoir une salle blanche? Le colonel expliqua qu’un accident était toujours possible et pourquoi pas une mise en quarantaine, le voyage serait long et il fallait prévoir le pire comme le meilleur. Les présidents approuvèrent. La visite se poursuivit avec la cuisine, le bureau muni de six ordinateurs et du matériel nécessaire à la transmission d’images. Galoche s’intéressa de prêt à la cuisine qu’il trouva petite pour six personnes. Le colonel expliqua que les astronautes n’étaient pas en mission pour rester des heures à table mais bien pour y travailler. Il leur montra ensuite l’immense réserve de nourriture déshydratée. Le président Français fut rassuré, ces « petits » ne mourraient pas de faim. Puis, les deux compères arrivèrent dans la salle de pilotage, des dizaines de

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manomètres, de boutons, de poignées en tout genre ornaient le tableau de bord. Les deux présidents évitèrent de s’en approcher de peur de commettre l’irréparable. Ils sortirent assez vite du cockpit et, à côté du sas où ils venaient d’entrer, il y avait un autre sas, le colonel continua sa visite. - Voici un petit studio de télévision! Le plus petit du monde! Les Orientaux ont fait du bon boulot! Les trois hommes passèrent ensuite dans la salle de sport où les astronautes pourraient venir s’entretenir et se défouler. Il y avait là un rameur, un vélo et un tapis de marche. A côté de cette petite salle de sport se trouvait la salle de repos. Des fauteuils confortables et ergonomiques faisaient faces à d’autres fauteuils munis de masseurs électroniques. Puis, ils finirent par la salle des machines. C’était un vaste endroit, le cœur même de l’appareil. Des outils neufs et étincelants étaient rangés avec précaution sur un établi prévu à cet effet, Un ordinateur central avait été programmé pour détecter la moindre faille dans le moteur ainsi que dans toute la navette. Jefferson et Galoche s'émerveillaient de tout tels des gosses dans une fête foraine. Le téléphone de Jefferson se mit à vibrer. - Oui? D'accord, nous arrivons. Il fit signe à son homologue que les journalistes les attendaient. Ils sortirent de la navette et se rendirent dans la cour où déjà, crépitaient les appareils numériques. Les deux présidents s’installèrent sur une estrade, face aux journalistes venus du monde entier. Puisque c’était la France qui accueillait la navette, ce

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fut Galoche qui intervint le premier. Il fit taire le brouhaha et commença. - S’il vous plait...Merci. Tout d’abord, merci d’être venu si nombreux. Vous vous trouvez devant la navette spatiale qui emmènera quatre astronautes ainsi qu’une journaliste dans l’espace, à la conquête de l’infini. Toutes les délégations du monde ont signé pour participer à ce projet d’envergure, aussi, tous les jours à heures fixes, seront retransmises les images de la journée. Un journaliste se leva. - Vous désirez découvrir ce que cache l’infini? C’est inimaginable! Avez-vous pensez aux diverses religions qui ont une vision du monde et de l’univers qui leur est propres? - Je sais, la science et la religion ne font pas bon ménage, mais il faut bien faire des recherches!

Une autre s’interposa. - Avez-vous une idée de ce que vous cherchez? - Non, nous partons à l’aventure! Ce ne sera que plus excitant! Une autre journaliste se leva et prit la parole. - Et s’il n’y avait rien? Jefferson prit la parole à son tour. - Les astronautes vont faire un très long voyage, ils rencontreront à coup sûr de nouvelles planètes qu’ils visiteront ou étudieront. - Et s’ils ne trouvent rien ensuite? - Il faudrait se rendre à l’évidence, l’infini resterait l’infini. Un jeune homme se leva. - Ce serait un échec à vos yeux? - Non.

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- Et s’ils rentraient en contact avec des extra-terrestres? Y avez-vous pensez? Galoche poursuivit. - Evidement! Nos astronautes ont suivit des cours spécifiques et ont reçu des recommandations importantes si tel était le cas, ils sont parés à toutes éventualités de plus, la navette est équipée de matériaux des plus robustes, résistants à toute forme d’agressions qu’elles soient naturelles ou non. - Une femme intervint. - Etes-vous sûr d’avoir pensé à tout? - Cela fait des mois que des scientifiques s’occupent de cette mission, tout ira pour le mieux. - Et la nourriture? Jefferson continua devant l’afflux de questions. - Des cuisiniers ont élaboré et mitonné des petits plats spécifiques. Ils vont être aux petits oignons nos scientifiques! - Et l’eau? - Il y a un apport d’eau important, de plus, la réserve sera reconstituée automatiquement par un procédé révolutionnaire. Un autre journaliste s’interposa. - Il parait que le monde entier pourra suivre les péripéties des astronautes tous les jours. Est-ce vrai? - Parfaitement! Il y aurait même des flashs spéciaux si besoin était! - Vous n’avez pas peur qu’ils soient un peu palots vos scientifiques à la longue? - Vous êtes drôle! Non, il y a quelques ampoules UV dans l’appareil pour qu’ils restent un peu hâlés! La défense des animaux intervint à son tour.

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- Emmèneront-ils des animaux à bord? - Absolument pas! Nos amis les bêtes resteront sur Terre où elles y sont bien mieux!

La femme se rassis, soulagée. Une autre prit sa place. - Et si l’un des scientifiques se blessait? - Il y a un médecin scientifique à bord qui est Jean Martin, les autres ont, bien entendu, des notions médicales. Il y a même une salle blanche à l’intérieur de la navette! Un homme d’une soixantaine d’années se leva. - Et s’ils rencontraient Dieu, vos scientifiques? Y avez-vous également pensé? - Oui, bien-sûr que nous y avons pensé! - Et s’Il se présentait comme étant Allah? - Et bien au moins, nous serions fixés! - Vous pensez aux guerres de religions? Je crois que vous n’avez pas pensez à ce que vous pourriez éveiller chez certains et je pense que cette mission pourrait être néfaste. Galoche reprit la parole quelque peu gêné par la question qui venait d’être soulevée. - Prenons cette mission du côté scientifique, je préfère. Par bonheur, une jeune journaliste continua sur un tout autre sujet, ce qui rassura les deux chefs d’état. - Le voyage sera-t-il long? - Il n’excèdera pas une année, si au terme de cette dernière ils n’ont rien trouvé, ils reviendront. - Pouvons-nous visitez la navette? - Malheureusement, nous avons peur que, vu le surnombre de journalistes, il y ait quelques détériorations!

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Un bruit se fit entendre dans le fond de la cour. Les quatre astronautes et la journaliste arrivèrent. Tous les reporters s’en allèrent à leur rencontre posant des multitudes de questions à la fois, ce qui arrangeait bien les deux présidents qui purent enfin s’entretenir seul à seul. Galoche trouvait que la religion prenait une place trop importante dans les débats, Jefferson s’offusqua. - La religion, ils n’ont que cela à la bouche! Moi je vous dis qu’il n’y a rien de très religieux dans cette mission J’en mettrais ma main à couper! - Attention, porter une fausse main ne doit pas être très pratique! - Je ne sais pas comment je dois le prendre. - Prenez-le comme vous voulez, de toute façon il est trop tard pour reculer. Ils se tournèrent et virent les journalistes s’emparer de plus belle des astronautes. Ils étaient littéralement mitraillés de toute part et leur brouhaha ne cessait d’augmenter. Les pauvres n’auraient jamais pensé qu’ils susciteraient un tel engouement. Ils étaient devenus des stars. Ngota pensait à sa petite famille qui serait si fière de lui. Jean essayait de répondre aux diverses questions qui fusaient, tendis que Stenkle prit une pause très classe devant les photographes, il pensait à la tête de ses collègues quand il le verrait sur tous les journaux. Yamachi se fit petit et sortit du groupe afin d’éviter tout stress lié à la liesse du départ. Charlène tentait en vain de se faufiler à travers la cohue mais les journalistes ne la laissait pas passer et des questions fusaient et ça et là si bien qu’elle dû répondre à quelques

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unes d’entre elles sans vraiment d’enthousiasme. Devant tant de tumulte, la sécurité fit évacuer les journalistes et les astronautes purent enfin gagner la navette dans de meilleures conditions. Ils se saluèrent mutuellement. Yamachi se manifesta le premier. - J’ai bien cru que nous n’y arriverions pas! Enchanté, je suis Su Yamachi. - Bonjour, moi c’est Jean Martin. Les autres se présentèrent à leur tour et se serrèrent la main fraternellement, ils allaient partager leurs aventures, la navette, leur peine, leur joie, leurs repas pendant une année. Ils allaient faire connaissance et s’apprécier au fil des jours. Le stress se lisait sur leur visage et ils hésitèrent avant de grimper dans leur engin, ce fut le colonel Ristoff qui les accompagna et leur fit visiter la navette. Demain serait un grand jour. LE GRAND JOUR

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Ils avaient dormis dans la navette, histoire de se familiariser avec les lieux. Curieusement, ils avaient trouvés le sommeil rapidement, soupçonnant leurs supérieurs d’avoir glissé un tranquillisant dans leur boisson. Ils prirent leur premier petit déjeuner ensemble dans la cuisinette, ce fut Su Yamachi qui prépara la collation de ses acolytes. Pendant ce repas, ils parlèrent de leur appréhension, de leur manque de confiance soudaine. Ils comprirent qu’ils deviendraient des confidents et des amis plutôt que de simples collègues. Ils partirent ensuite à la découverte de leurs combinaisons et furent surpris par les multitudes de couleurs qui ornaient leurs vêtements respectifs où toute une ribambelle de logos y figuraient. Jean fit remarquer à juste titre qu’ils ressembleraient à des hommes de foires plutôt qu’à des astronautes et les autres furent tout à fait d’accord avec lui. Il restait quelques heures avant le départ, ils partirent en salle de repos où une ingénieur devait régler les derniers détails avec eux, gérer leur stress les encourager face à la mission et répondre à d’éventuelles questions de dernière minute. Ensuite, elle fit avec eux le tour de la navette afin de leur expliquer plus en détail les fonctionnalités de chaque appareil. Dans le cockpit, elle avait posé leur casque marqué du nom de chacun puis, quand tout fut réglé, elle descendit de l’appareil et laissa seul les astronautes. Le moment du départ était proche. Un silence pesant régnait à présent et l’angoisse était perceptible, palpable même, Les soupirs se

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faisaient longs et bruyants au fil des minutes qui passaient. Stenkle essuyaient ses mains moites contre sa combinaison. Un appel de la base les fit se lever nerveusement. - Veuillez prendre place dans le cockpit, le départ s’effectuera dans quinze minutes. Ils se regardèrent furtivement et filèrent tous les cinq à l’avant de l’appareil. Comme prévu, Stenkle et Jean se placeraient à l’avant, Su, Ngota et Charlène prendraient place juste derrière eux. Ils s’harnachèrent et enfilèrent leur casque. Ils ressentirent les vibrations de la navette qui se tournait en direction des étoiles, tous étaient nerveux et priaient pour que tout se passe pour le mieux. Les minutes passées leur semblèrent des heures, des heures de peurs et d’appréhensions. A la base, les dernières vérifications s’effectuaient. Les astronautes entendirent ensuite très clairement l’annonce de la mise à feu et la navette trembla de tout côté, le compte à rebours se mit en marche et ils pouvaient entendre les gens de la base égrainer les chiffres les un après les autres. - Vingt, dix neuf, dix huit...Dix, neuf, huit...Trois, deux, un, zéro! Stenkle et Jean actionnèrent un levier et la navette partit à vitesse grand V. Les astronautes étaient collés à leur siège et ne pouvaient plus bouger tant la pression était forte. Charlène se sentit partir et s’évanouie, elle avait pourtant subit comme les autres les tests de pression dans la centrifugeuse. Au bout d’une dizaine de minutes, la base demanda de couper les gaz, les pilotes qui avaient gardés les mains sur les leviers exécutèrent les ordres et abaissèrent ces

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derniers. La navette s’était satellisée comme prévu autours de la Terre grâce à son attraction. Ils restèrent un instant où ils se trouvaient afin de reprendre leurs esprits avant de pouvoir communiquer avec la base. Jean s’y colla. - Tout va bien. Mission accomplie. - Bravo! Ils entendirent les cris de joie et les bouchons de Champagne sauter. Eux se remettaient petit à petit de leur prouesse. Su et Ngota enlevèrent le casque de Charlène qui se remettait mal et la secouèrent légèrement pour lui faire reprendre conscience. Elle ouvrit les yeux, la Terre semblait si petite d’ici et ces couleurs si jolies. Elle l’avait vu sur des photos dans des livres mais jamais elle n’aurait cru la voir en vraie, elle était en extase mais un appel radio la fit sortir de sa douce torpeur. - Ici la base. Est-ce que tout va bien? Il faudrait dors et déjà commencer à vous propulser. Stenkle les rassura. - Notre journaliste a eu une petite défaillance mais à présent elle se remet. A peine avait-il dit cela que Charlène se leva en trombe pour filer illico aux toilettes sur ses jambes flageolantes. La base poursuivit. - Il faudrait qu’elle prenne l’antenne d’ici une heure environ, il faut que nous fassions un test de transmission. Jean partit à sa recherche et la trouva ressortant des toilettes, blême comme un linge. - Tu vas bien? - Pas vraiment...

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Il l’emmena dans la salle blanche et lui administra un remontant à l’aide d’une petite seringue. Elle se sentit un peu mieux. - Il faudrait être à ton poste de travail d’ici une heure, la base veut savoir si tout fonctionne. - Ho la la, déjà - Nous ne sommes pas là pour nous prélasser! Repose-toi un peu, après tu iras te poudrer le nez! Elle acquiesça d’un sourire, il repartit voir ses collègues qui attendaient leur retour dans le cockpit pour pouvoir enfin repartir. Jean les rassura. - Elle arrive, ce sont les risques du métier, elle s'y fera. Charlène arriva sur ces entrefaites, prit sa place et se prépara pour la propulsion. Malgré ce qu'on lui avait enseigné sur Terre, elle sentit son cœur battre à l'idée de ne pas supporter à nouveau un déplacement à très haute vitesse et tenta de pratiquer la relaxation telle qu'on lui avait apprit à la base d'Annecy mais Charlène n'eut guère le temps de respirer profondément que déjà, la navette s'enfonça dans le vide interstellaire, elle se sentit clouée au siège et sa poitrine s'écrasait comme un ballon de baudruche sur lequel on appuie, aussi, elle respira très lentement mais régulièrement et, quand la navette stoppa, la journaliste se sentit regonfler, sa respiration redevint normale. Elle attendit un instant, pour voir mais rien ne se passa, elle expia un grand Ouf de soulagement tout en appréhendant la prochaine fois. Elle regarda devant elle, il n'y avait plus rien. La Terre avait disparue, les planètes alentours également, il n'y avait plus que du vide, seules

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quelques étoiles parsemaient le vide infini. Elle s'affola presque et se sentit perdue dans l'immensité spatiale. - Tout va bien, Charlène? Ngota s'inquiéta pour la journaliste qui semblait dans le vague mais cette dernière le rassura. - Oui...Oui ça va, juste un peu déboussolée c'est tout. Stenkle lui avoua que lui aussi était un peu perdu ce qui la rasséréna quelque peu. Yamachi proposa un thé de sa composition qu'il servirait dans la salle de repos. Tous s'accordèrent pour dire qu'ils l'avaient amplement mérité et acceptèrent la requête. La base contacta l'équipage. - Base à navette, m'entendez-vous?

Jean réceptionna l'appel tandis que les autres s'éclipsèrent. - Navette à la base, j’écoute. - La propulsion s’est bien déroulée. Comment ça va chez vous? - Très bien. Nous partons nous reposer un peu avant d’entamer quoi que ce soit. - Vous l’avez bien mérité! Nous aimerions que vous scrutiez ce qui se passe aux alentours et ainsi nous tenir informés régulièrement sur vos travaux. - Bien entendu. Nous ferons un tour d’horizon avant que Charlène ne teste les appareils de communication comme cela, vous aurez aussi des images. - Excellente idée! A toute à l’heure. Jean fila dans la salle de repos afin de rejoindre ses acolytes, Su n’en avait pas terminé avec sa mixture mais déjà des effluves se dispersaient

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dans le vaisseau, ils en avaient l’eau à la bouche. Quand Yamachi apparut avec un plateau sur lequel les cinq tasses fumaient, il fut acclamé comme il se doit. Ngota remercia son collègue et déjà ami, se leva et improvisa un speech à l’intention de tous tendis que Su posait les tasses sur la table basse. - Chers collègues, nous allons boire ensemble pour la première fois dans l’espace! J’aimerai que nous nous délections de ce breuvage en trinquant à notre future réussite et que cette mission fasse de nous des amis à jamais et que cette mission soit un réussite pour nous, pour la base et surtout pour tous ces gens sur Terre qui attendent quelque chose de nous! A votre santé à tous! Il fut applaudit par les autres. Ils levèrent leur tasse et trinquèrent en riant. Yamachi fut félicité pour son thé. Tout en buvant, ils racontèrent un peu de leur histoire, de leur vie, comment ils en étaient arrivés là. L’équipage était parti depuis peu et déjà, leur famille respective leur manquait. Il faut dire qu’il ne les avaient pas forcément bien vu entre leur entrainement et le départ mais tous s’épaulaient, une véritable équipe soudée commençait à naitre. Charlène se prépara à émettre au studio, les scientifiques, eux, scrutaient les alentours avec un télescope relié aux appareils de transmission. La base aurait la parole et l’image. - La base, ici Charlène Veyrier. Vous m'entendez la base? - Oui parfaitement. - Je commence le réglage.

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- Parlez Charlène, on règle de notre côté. - Vous avez les images? - Il nous faudrait plus de sombre, on est éblouît. Les réglages durèrent plus d'une heure, pendant ce temps, les scientifiques analysèrent quelques planètes qu'ils apercevaient au loin. Stenkle découvrit une planète presqu'identique à Mars, aussi rouge, bourrée de cuivre et sa température quasi similaire aux alentours de soixante degrés Celsius. Jean, s'attarda sur un astre de glace qui lui sembla énorme et Yamachi s'évertua à chercher la Terre mais en vain car ils étaient déjà à quelques milliards d'années lumière de cette dernière. Élysée, quand à lui, se connecta aux différents réseaux de la navette afin de contrôler le bon fonctionnement de celle-ci, apparemment, tout allait pour le mieux à l'intérieur comme à l'extérieur. Les heures passèrent. Jean prit la tension de l'équipage et s'assura que tous allaient bien. Charlène avait un pouls un peu trop rapide, le médecin lui administra un calmant. Il fallait qu'elle soit bien lors de sa première émission qui serait diffusée dans à peine une vingtaine de minutes. La journaliste se fit belle, se poudra le visage et maquilla ses yeux discrètement, un peu de blush sur ses joues lui donnait bonne mine. Charlène se posta devant la caméra et attendait le signal de la base pour s'exprimer. Pendant ce temps, elle rangea ses petits papiers et rectifia sa coiffure jusqu’à ce qu’on lui demande si elle était prête

- Charlène, attention ça va être à vous! Le compte à rebours s'actionna, elle s'asseyais correctement et toussa. Une musique lui

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parvint aux oreilles, elle reconnu le générique de son émission. Un présentateur salua les téléspectateurs et commença. - Bonsoir à tous, je suis très heureux de présenter cette émission quotidienne "Au plus près des étoiles" qui sera diffusée de par le monde... Le présentateur, beau jeune homme brun avec de beaux yeux verts expliqua plus en détail ce qu'il se passerait tous les soirs et rappela l'historique de la mission. Puis, il décida sans plus attendre de donner la parole à Charlène. - Charlène, m'entendez-vous? Charlène? Le visage de la journaliste apparut sur les écrans. - Oui Marc, je vous entends très bien! - Charlène pouvez-vous expliquer aux téléspectateurs ce qui se passe autours de vous? - Et bien, comme vous pouvez le constater derrière moi, nous sommes cernés par de lointaines étoiles qui ont été analysées. Nous ressentons néanmoins un vide immense, oppressant même. - Et nos scientifiques ont découverts quelque chose d'intéressant? - Non. Du moins rien qui ne soit déjà connu dans notre galaxie, d'ailleurs, certaines planètes ressemblent à s'y méprendre à d'autres planètes de notre système solaire, nous avons ainsi la copie conforme de Mars! - C'est étonnant Charlène! - Oui tout à fait Marc. - Mais dites-moi, je crois que nos téléspectateurs sont curieux de voir les scientifiques! Pouvez-vous nous les présenter?

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- Mais bien entendu... Elle appela ses collègues. - ...Les voici... Ils se placèrent derrière la journaliste qui pu ainsi les présenter. - ...Voici Peter Stenkle notre botaniste, à ses côtés il y a Jean Martin notre spécialiste en médecine, il y a également Élysée Ngota notre mécanicien hors pair et enfin Su Yamachi notre chimiste de grande renomée. Ils saluèrent la caméra en souriant, un sourire confiant et amusé tout à la fois. Le présentateur reprit le cours de son émission. - Voilà une bonne équipe me semble-t-il! - Vous voyez juste mon cher Marc! - Charlène, si vous le voulez bien, nous allons passer à notre jeu! Nos téléspectateurs peuvent gagner la modique somme de dix mille euros en répondant à notre question du jour. - Ha! Voilà qui est intéressant Marc! - Et oui Charlène mais malheureusement vous ne pouvez pas participer! - Quel dommage! - Regardez bien en bas de votre écran, la question va s'afficher, attention. La voici: Quelle est la profession d'Élysée Ngota? Vous avez la réponse? Alors tapez le numéro qui s'affiche sur votre téléviseur et dites simplement la dénomination d'Élysée Nota. Si vous êtes tiré au sort, vous empocherez la coquette somme de dix mille euros! Sur l'écran, le numéro apparut de nouveau suivi de la mention: cinq euros dix par appel. - Charlène, il est l'heure de nous quitter à présent! - Et oui Marc.

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- Bien-sûr, si une information importante arrivait, vous seriez diffusé à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. - Parfaitement et ce, pour vous tenir informé au cas où quelque chose de spécial serait analysé. Je vous donne rendez-vous demain à la même heure. Au revoir à tous! - Au revoir Charlène et à demain! Elle entendit le générique mais son visage était toujours à l’écran. La journaliste resta souriante jusqu’au bout puis souffla quand tout fut terminé. - Ouf, c’est pas trop tôt. Vous m’entendez en régie? - Oui. - Comment c’était? - Pas mal mais essayez d’être légèrement plus grave dans vos propos, c’est sensé être une grande émission à forts rebondissements! - Alors dites à Marc d’être moins pimpant! On aurait plutôt dit un jeu télévisé! - On rôde, on prendra de plus en plus d’assurance... - Bien. Charlène débrancha ses appareils et appela la base afin de savoir ce qu’ils pensaient de l’émission mais ces derniers étaient plutôt évasifs et la journaliste ne fut pas plus avancée. Elle s’étira sur son fauteuil et se dit que tout s’était fort bien déroulé, un fumet s’échappait de la cuisine, elle saliva. Yamachi avait investi la salle des repas afin d’y préparer un dîner léger afin de ne pas brusquer leur corps déjà soumis à d’énormes chocs et traumatisés par la souffrance. En fin cordon bleu, il trouva des légumes qu’il réhydrata dans l’eau, les coupa

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en julienne et les mit frire dans un four spécial. Il arrosa le tout d’un bouillon de viande qui fit chanter les légumes à son contact, libérant ainsi des senteurs terriblement alléchantes. En fouillant les réserves, Su trouva de la compote de pommes en sachet, il ouvrit ses derniers, disposa le dessert sur des assiettes et y parsema de copeaux de chocolat noir puis, il vérifia la cuisson des aliments et, content de lui s’époumona: - A table! Ses acolytes fermèrent le programme des ordinateurs et se précipitèrent autours de la table de la cuisine où Yamachi plaça les assiettes fumantes. Le moment était propice aux échanges et chacun y allait bon train sur des choses plus ou moins importantes, l’émission de Charlène, la disposition des étoiles ou les entrainements que chacun avaient subit. Tous échangèrent leur point de vue et de par ce fait apprirent à encore mieux se connaître. L’entente était cordiale et les rires allaient bon train puis, fatigués, ils prirent une douche souveraine et se couchèrent pour quelques heures. Le silence envahit peu à peu le vaisseau seul, le seul ronronnement du conditionneur d’air vomissait parfois un râle angoissant qui passait totalement inaperçu quand l’équipage était en activité. Malgré ce sinistre bruit, ils ne tardèrent pas à s'endormir.

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SYMPHONIE DE COULEURS Yamachi s'étira tel un chat, bailla et bailla encore Il fut surpris par le silence qui régnait alors, il devina qu’il était le premier éveillé Doucement, il posa le pied par terre et resta un instant assis au bord de sa couchette puis, enfila ses chaussures blanches. Il s’étira de nouveau, les étirements étaient pour lui une véritable institution aussi, il en usait plus que de raison, cela lui procurait bien être et souplesse dans sa vie quotidienne de plus, il ne souffrait d’aucunes douleurs articulaires ou musculaires. Le scientifique sortit de sa chambre, fila aux toilettes puis parti dans la cuisine afin d’y préparer les collations pour chacun du moins un minimum car il ne connaissait encore pas les goûts et les habitudes de ses acolytes. Il fit infuser du thé, fit couler un café et chercha dans la réserve les granules d’oranges afin de les hydrater. Su attrapa également un paquet de biscottes qu’il trouva décidément trop blanches mais qui feraient bien l’affaire et déposa le tout sur le plateau roulant qu’il emmena ensuite dans la salle de repos car la position des sièges

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de cette pièce étaient propices à la digestion paresseuse du premier repas de la journée. Une chasse d’eau se fit entendre. Yamachi ne serait pas seul à prendre une collation. Il attendit et tenta de deviner qui cela pourrait être, il paria sur Ngota. Perdu, c’était Jean qui passa le seuil de la salle de repos, il émit un « bonjour » presque chuchoté et déclina un sourire. - Bien dormi Jean? - Comme un bébé! Mais tu es bien matinal...enfin si on est bien le matin! Je me demande quelle heure il peut être en France. - Et en Chine! - Oui, aussi! On est déjà mal à l’aise avec les décalages horaires sur Terre mais alors dans l’espace on a plus de repère. - Je pense qu’il vaut mieux ne pas savoir après tout, on risquerait d’être perdus. - Je le pense aussi. Ngota passa également le seuil de la salle de repos suivit de près par Stenkle puis Charlène en bonne dernière qui prétexta une toilette sommaire pour apparaître plus fraiche. Chacun relata son sommeil voir son rêve afin d’y donner un semblant d’explication, le plus curieux fut le rêve de Jean ou ce dernier se voyait flotter dans les airs dans un climat serein et tiède. Tous tentèrent d’apporter leur lumière selon leur croyance ou leur culture mais le rêve du médecin ne trouva décidément pas une quelconque explication, le mystère demeurerait entier. L’équipage resta un bon moment sur les banquettes confortables avant de se lever enfin pour affronter la journée qui commençait. Ils

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partirent faire un brin de toilette puis se retrouvèrent dans la salle des PC afin de visionner les images de la nuit. Ils devinèrent que rien n’avait du être intéressant car aucune sirène ne s’était déclenchée, mais les scientifiques curieux de nature passèrent le film du début jusqu’à la fin. Hormis un météore, quelques lointaines étoiles et autres débris extra-terrestres, rien n’apparaissait sur les écrans. Ngota appela la base. Cette dernière exigea de repartir à grande vitesse afin de visiter autre chose mais surtout pour avancer dans les recherches de l’infini. L’équipage au complet s’installa donc dans le cockpit de la navette. Charlène avait le cœur battant aussi, elle respira plus fort et plus profondément afin de se relaxer au mieux et supporter ainsi la forte poussée qui l’attendait. Jean la regarda, il la vit sourire mais devina du stress dans son regard. Ngota fit démarrer le prompteur, les secondes s’égrainèrent puis la navette partit pour vingt minutes de course folle à travers l’espace, évitant tous les obstacles sur sa trajectoire qui parfois occasionnaient quelques soubresauts pas terribles. Leur tête bougeait en tout sens sans qu’ils puissent la retenir vraiment. L’attente de la décélération leur semblait interminable et tous priaient pour que cela finisse enfin. La navette stoppa sa course lentement. Ils ôtèrent leur casque qui semblait peser des tonnes et restèrent un moment assis afin de récupérer un peu. Jean se tourna vers Charlène pour s'assurer que tout allait bien, elle devina la question dans son regard et répondît de la

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même façon que ça pouvait aller en dodelinant de sa tête. Ngota appela la base afin de rassurer les ingénieurs puis l'équipage sortit du cockpit pour filer dans la salle de repos. Leur corps était mit à rude preuve et il fallait qu'ils se remettent d'une telle brutalité. Ils ne parlèrent pas, seul leur respiration se faisait entendre parfois même une toux les faisait se retourner. Ils restèrent quelques minutes quand la sirène se fit entendre. On pu lire de l’étonnement dans leur regard. Ils oublièrent leur fatigue et coururent jusqu’aux PC, sur ces derniers les mots « astre en formation » clignotaient en rouge. En effet, au loin un amalgame de débris dans une spirale formaient un agglomérât. Pour les néophytes, il s'agirait d'une simple curiosité mais pour des scientifiques l'évènement était de taille. Stenkle pria la journaliste de prendre l'antenne au plus vite car le spectacle valait d'être vu car rare, elle exécuta et prit son poste dans la salle de transmission où elle appela la base afin qu'il la mette en relation directe avec le studio. - La base, ici Charlène. Nous devons prendre l’antenne pour relater un événement rare selon les dires des scientifiques. Il s’agirait d’un astre en formation. - Très bien, nous avertissons les différentes chaines. Tiens toi prête à prendre l’antenne. La journaliste attendit quelques minutes puis un prompteur apparut sur son écran égrainant les secondes avant son flash spécial. Dix, neuf, huit …Deux, un. - C’est à toi, Charlène.

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- Bonjour ou bonsoir à tous. Ici Charlène Veyrier pour l'émission "Au plus près des étoiles". Nous interrompons votre émission suite à un évènement trop rare pour ne pas être diffusé en direct. En effet, vous allez assister à la naissance d'un astre, une naissance qui pourrait bien ressembler à celle de la Terre en des temps plus reculés. Je vais donner la parole aux scientifiques qui connaissent le sujet. Je peux vous dire que c’est l’admiration et surtout l’excitation qui règnent ici... Elle dirigea la caméra sur les scientifiques rivés sur leur écran d’ordinateur. - ...Ils sont littéralement absorbés par ce qu’ils voient. Messieurs, peut-être pourriez-vous nous dire un mot sur ce fait exceptionnel? Yamachi se tourna vers la caméra. - Nous assistons ici à la naissance d’une planète. Regardez ce tourbillon, cette spirale qui semble aspirer de la poussière, des particules, dans quelques milliers d’années cela formera une planète. Charlène questionna. - A-t-on une idée à quoi ressemblera cette planète? - Non, nous ne pouvons rien savoir à ce stade si peu avancé. - Est-ce vraiment les tous premiers instants de formation? - Oui, assurément! C’est pour cela que cet évènement est formidable! Nous pouvons analyser les tous premiers instants d’un astre en formation et ainsi nous éclairer quand à la formation de la Terre. Nous allons recueillir le plus d’informations possible et les inscrire sur une banque de données afin que les

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scientifiques sur Terre puissent travailler à leur tour sur le sujet. La caméra filmait cet instant magique. La journaliste poursuivit son interrogatoire. Sur Terre, les téléspectateurs n’en perdaient pas une miette. Le reportage passa ensuite dans tous les journaux, aux vingt heures, aux treize heures et au minuit de chaque pays. L’apparition des scientifiques était un grand moment, des paris s’étaient ouverts sur la découverte de l’infini. L’émission suscitait le réel engouement des populations. Dans leur navette, l’équipage ne se souciait pas vraiment de ce qui se passait si loin d’eux, trop occupés dans leurs recherches. Les scientifiques étaient penchés sur leur PC à analyser le cours des évènements. Charlène rédigeait ses notes pour la diffusion du soir. Tous vaquaient à leurs occupations tant et si bien que le silence régnait dans le vaisseau. La journaliste trouvait le voyage plutôt ennuyeux, sa famille et ses amis lui manquaient terriblement. Comme elle aurait aimé parler à sa mère ou à sa meilleure amie mais de là où elle se trouvait, c’était chose impossible elle le savait et des larmes apparurent sur ses joues qu’elle essuya vite fait pour ne pas que les autres le remarque, il fallait sourire, faire croire que l’aventure était formidable et elle l’était bel et bien. La journaliste vit Yamachi se lever et se diriger vers elle, elle fit mine de se plonger dans ses notes mais le chimiste fila hors de la salle de travail. « Ouf » pensa-t-elle, les yeux encore rougis par les larmes auraient éveillés des soupçons quand à son mal-être ce qu’elle ne voulait surtout pas. Ses collègues

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semblaient tellement prit dans leur travail, il ne fallait pas les déranger avec des broutilles. Un fumet délicat se dégagea dans la navette, tous se détournèrent de leur occupation respective avec le sourire aux lèvres. Yamachi préparait une infusion dont il avait le secret. Ils se levèrent et filèrent dans la salle de repos en poussant des « ha! » de satisfaction. Avec tout ce travail ils en oubliaient de boire mais le chimiste veillait, il servit la boisson fumante à ses collègues qui remercièrent à tour de bras, bientôt, la bonne humeur fit place autours de la table basse. Charlène tenta d’éradiquer son mal par la communication. - J’espère que notre voyage ne sera pas trop ennuyeux. Stenkle paraissait content de ce qui lui arrivait et lui sembla que l’on ne pouvait s’ennuyer dans de telles circonstances. La journaliste renchérit. - Si seulement nous pouvions découvrir une planète avec des espaces vierges ou bien habitable avec, pourquoi pas des autochtones... Yamachi s’interposa. - Je suis persuadé que nous vivrons des choses hors du commun! Stenkle ricana. - Pour ce qui est des choses hors du commun je veux bien mais une planète habitable et ses habitants permettez-moi d’en douter! Charlène s’offusqua presque. - Tu n’es pas très romanesque, Peter. Jean poursuivit. - Tu sais il a raison! Il n’y a que très peu de chance pour que nous rencontrions des êtres pourvus d’intelligence! Il faudrait que cette

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planète regroupe tous les éléments identiques à la notre, des océans, un soleil d’égale distance avec la Terre, les mêmes molécules etc.! Et quand bien même nous tomberions sur une telle planète, je doute qu’elle soit habitée par des êtres civilisés, de plus, leur ressemblance avec nous serait de l’ordre de 0,0000001%! La journaliste était visiblement déçue et le revendiqua. - Ho...C’est dommage. Yamachi la rassura. - Nous sommes scientifiques, Charlène! Nous nous exprimons en chiffres et avançons nos suppositions. Il se peut toutefois que nous rencontrions une planète intéressante, ça n’est pas non plus exclu! Une planète où l’air serait respirable, où pousseraient des plantes. - Ha ben tant mieux! Enfin quelqu’un de positif! Elle rêvait alors à de fabuleux paysages dignes du paradis mais Jean la fit sortir de sa douce torpeur. - Tu penses à quoi là? - Ho à rien de bien spécial. Stenkle proposa de retourner au travail, on lui donna raison. Ils débarrassèrent la table et retournèrent à leurs PC. La journaliste se pencha sur leurs travaux et se fit expliquer plus en détail les analyses qui s’affichaient sur les écrans afin de pouvoir les relater dans son émission. Elle questionna également Ngota sur les mécanismes de la navette au cas où un soir elle n’aurait pas grand chose à dire, il lui expliqua en gros le fonctionnement de la navette et lui promit plus de détails quand il irait vérifier la salle des machines.

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Le temps passa plus ou moins vite puis, Charlène fila dans son mini-studio afin de se préparer puis contacta la base pour qu’on la connecte avec le studio sur Terre. On la fit patienter, elle entendit enfin la voix de Marc. - Salut Charlène! Comment ça se passe là haut? - Pas trop mal. - J’ai vu ton reportage cette nuit, l’émission sera une réussite! Ils discutèrent des préparatifs de l’émission avant la retransmission et réglèrent quelques détails. Pendant ce temps, les scientifiques se réunirent afin de trouver une éventuelle suite à donner dans leurs recherches. Fallait-il rester parfois plus au même endroit pour étudier mais en contre partie rester plus longtemps dans l’espace ou bien ne pas s’attarder et revenir ainsi plus vite au bercail. La question fut posée mais dure à solutionner. Stenkle ne souhaitait pas rester indéfiniment mais avouait volontiers que s’ils découvraient quelques mystères il voudrait bien en discuter. Les autres pensaient vaguement la même chose. Yamachi souleva un problème supplémentaire, à savoir si cette réunion était utile à ce jour. En effet, ils n’étaient que depuis peu de temps dans l’espace et donc vifs et sereins mais qu’en serait-il dans quelques mois avec la fatigue et la lassitude? Le chimiste préconisa de vivre l’aventure au jour le jour sans se poser plus de questions, les autres approuvèrent. Elysée rassura l’équipe en leur soutenant que, finalement, c’était la quête de l’infini qu’ils étaient venus découvrir et que le reste demeurait secondaire.

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Un appel de la base les coupa dans leur discussion. Jean se pencha sur le micro près de son PC. - Oui la base. - Bravo pour ce documentaire! Des scientifiques de tous bords de par le monde se sont passionnés et vont commencer des programmes de recherches! - Nous sommes heureux de pouvoir contribuer à l’avancée de la science. - Encore bravo à tous! Nous préconisons que vous apparaissiez sur les écrans lors de l’émission de Charlène, vous avez mérité votre heure de gloire! - Nous n’y manquerons pas! - Alors préparez-vous, l’émission va commencer d’ici quinze minutes. Ils filèrent tous les quatre jusque dans le mini-studio et prirent place derrière la journaliste qui se tenait prête. Le prompteur se mit en marche puis, ils entendirent le générique et virent leurs visages apparaitre sur l’écran. Le présentateur commença. - Bonsoir ou bonjour à toutes et à tous. « Au plus près des étoiles » est heureuse de vous faire découvrir des images incroyablement belles et surtout très rares puisqu’il s’agit d’un document sur un astre en formation! Sur place, Charlène Veyrier a filmé pour nous cet évènement, elle va tout d’abord nous en parler et je crois même que les scientifiques seront présents également afin de nous apporter plus de lumière sur cet exceptionnel phénomène. Charlène, vous m’entendez? - Oui Marc, je vous entends très bien et bien comme vous le relatiez précédemment, nous

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avons eu un spectacle extraordinaire sous l'œil de la caméra... Elle expliqua plus en détail les images qui défilaient sur l'écran. Parfois, l'un des scientifiques ajoutait une anecdote ou un fait afin de corroborer les dires de la journaliste. Marc transmettait les questions que les téléspectateurs posaient par le biais d'un site internet spécialement conçu pour l'émission, les spationautes répondaient de leur mieux sans exagérer sur les jargons scientifiques. Ces derniers paraissaient plutôt ravis que tant de monde s'intéressent à ce projet et ils remercièrent tous ces gens qui leur envoyaient des messages de soutien et d'amitié. Le présentateur poursuivit. - Une telle découverte doit vous ravir, vous êtes chanceux de pouvoir la vivre en direct et de si près! Yamachi répondit. - Nous sommes très fiers effectivement mais quel travail! Rien ne doit nous échapper. Nous sommes conscients que cette aventure est primordiale pour les générations à venir et que chaque découverte que nous ferons permettra aux scientifiques d'en savoir plus mais aussi que ces derniers devront peut-être remettre en question leur thèse, leurs travaux ou encore leur croyance dans ce domaine. - Vous pensez qu'il reste encore des zones d'ombres à éclaircir dans le domaine scientifique? - Beaucoup de travaux reposent encore sur des théories! Nous serions fiers d’éclaircir ces zones d’ombres. Jean continua.

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- Je pense que cette mission éclairera certaines thèses et aidera à comprendre certaines choses. - Vous êtes médecin je crois, Jean? - Oui c'est bien cela. - Pensez-vous faire des découvertes afin d'aider la recherche durant cette mission? - Pas par le biais de découvertes, quoi que...Mais je suis ici pour tester l'équilibre de chacun dans l'espace, équilibre psychique, psychologique et physique. - Alors là, j’ai une question de madame Nawell de Toronto pour vous Jean. « si vous rencontriez des extra-terrestres, vous a-t-on demandé de les étudier. Si oui, de quelles manières? » Jean émit un petit rire puis répondit. - Nous avons eu quelques directives à ce sujet, effectivement mais je vous rassure nous ne sommes pas là pour disséquer qui que ce soit! Si d’aventure il nous arrivait de croiser des êtres quels qu’ils soient, nous devrons les étudier dans leur biotopes et ramener le plus d’informations possibles à leur sujet. mais nous avons ordre de nous protéger avant tout. - Vous croyez que vous rencontrerez de la vie sur une planète? Stenkle s’interposa. - Nous ne pensons pas non. - Qu’est-ce qui vous fait dire cela, Peter? - Il faudrait une chance inouïe pour trouver de la vie quelque part. A toute rigueur, et je sais que je vais en décevoir plus d’un, nous pourrions étudier des plantes qui sont, elles aussi, des êtres vivants! - Vous nous gâchez le plaisir dites-moi! - J’en ai bien peur oui!

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Le présentateur rigola. - Pour terminer cette émission, je vais poser la question du jour: Qu’ont découvert les scientifiques aujourd’hui Un astre en formation - B: des extra-terrestres - C: La nébuleuse Orion. Si vous avez la réponse, téléphonez au numéro qui s’affiche au bas de votre écran et dites A, B, ou C. Le gagnant tiré au sort remportera la somme de dix mille euros! Bonnes chances à vous tous! Charlène, il est temps de nous quitter! - Et bien oui, Marc j’en ai peur! Mais nous nous retrouvons demain à la même heure! - Bien entendu, Charlène! Et si quelque chose d’extraordinaire devait arriver, vous seriez de suite à l’antenne comme cette nuit. A bientôt à toutes et à tous et à demain pour votre émission « Au plus près des étoiles »! Le générique de fin se fit entendre et les visages restèrent à l’écran jusqu’au bout. L’équipage souffla et se serra la main en se remerciant mutuellement. Yamachi se leva et fila dans la cuisine. - Nous passerons à table dans une vingtaine de minutes! Ngota voulu l’aider mais le chimiste refusa poliment l’offre en prétextant que les lieux étaient bien trop exigus pour deux personnes, ils se gêneraient plus qu’autre chose. En réalité, Su voulait être seul pour exercer sa passion des fourneaux. Il trouva des sachets de purée/dindonneau déshydratés, fit la moue mais devant cette mal-bouffe il n’avait pas le choix aussi, il opta pour lesdits sachets et trouva également des sachets de flan qu’il dilua dans du lait tout aussi déshydraté, le chimiste pouffa

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à l’idée de ne plus avoir d’eau. La « tambouille » fut vite prête, il servit aussitôt dans la salle de repos. Ses collègues s’étonnèrent de la rapidité avec laquelle il avait préparé le repas, le chimiste s’excusa presque de servir des plats tout prêts. Jean le rassura. - Il paraitrait que ce serait de grands cuisiniers qui auraient préparé notre nourriture! Stenkle rigola. - Heureusement sinon je vous dit pas ce que l’on aurait dans nos assiettes! Ils dégustèrent le plat de Yamachi et y trouvèrent tout de même du plaisir, le goût des pommes de terre et du dindonneau étaient ma foie, bien restitués, même la texture des produits utilisés étaient fidèlement reproduits. L’équipage resta à discuter dans la salle de repos après le repas. La famille tînt une place importante dans leurs discutions, ainsi, apprenaient-ils que Ngota étaient papa de trois enfants dont une petite dernière en bas âge, il partit chercher des photographies dans sa chambre. Les autres étaient célibataires, Yamachi seul avait une petite amie qu’il voyait régulièrement. Leurs longues études n’avaient pas facilité la vie de couple et leur travail prenait beaucoup de place. Jean avait connu une gentille fille auparavant mais avouait que le temps lui manquait pour prendre du bon temps. Stenkle un peu honteux avoua qu’il n’était jamais avec la même femme et qu’il ne pensait nullement à une vie de famille et ne voulait pas entendre brailler des enfants. Charlène soupira.

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- Moi j’aurai bien aimé avoir quelqu’un mais dans mon métier je suis appelée à beaucoup me déplacer alors. je ne pense pas qu’un homme accepte ce genre de vie et puis, mon travail peut être aussi dangereux et j’aurais peur si j’avais eu des enfants qu’ils ne revoient pas leur mère prise en otage ou assassinée pour le droit à l’information. Les hommes approuvèrent son choix. Elysée revînt avec les clichés de sa famille qu’il fit passer aux autres qui s’extasièrent devant le bébé. Jean le félicita. - Bravo. Dis donc tu as une sacrée belle famille! Ils sont vraiment beaux tes enfants. - Merci mais tu sais, je le dois aussi à Nama, sans elle je ne serais pas là aujourd’hui. Charlène le regarda. - Elle a l’air de beaucoup compter pour toi. - Ha...Sans Nama je ne m’en serait pas tiré facilement. Je suis issu d’une famille pauvre et j’ai galéré pour en arriver où je suis. Nama a travaillé pour me payer mes études, elle avait complètement confiance en moi, elle y croyait pourtant, j’ai baissé les bras à plusieurs reprises mais elle a toujours été là pour me remonter le moral quand il était au plus bas. « Bat-toi! » qu’elle me disait, « Bat-toi tu en es capable! Montre leur qui tu es! Fais leur voir que toi aussi tu peux y arriver » ! Elle avait raison, je me suis battu et j’ai réussi! Stenkle applaudit. - Chapeau ta femme. Une idée passa dans la tête de Charlène. - Elle est formidable ton histoire! Et puis quel courage! J’aimerai faire un reportage comme ça, avec des exemples pareils, les jeunes

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pourraient en prendre de la graine et foncer. Tu accepterais que je fasse un documentaire sur ta vie? - Pourquoi pas, j’y réfléchirais. - Pense à la bonne cause! Il sourit en ramassant ses photos sur la table basse. - La nuit porte conseil. Je vais me coucher. L’équipage au complet se leva et chacun fila dans sa chambre pour une nouvelle nuit qu’ils espéraient sans problèmes. Leur sommeil fut paisible et, après un petit déjeuner léger, la base les somma de partir au plus vite afin d’avancer dans leurs recherches. Il exécutèrent les ordres et filèrent toujours plus loin. Le voyage se passa sans encombre et la navette stoppa sa course pour naviguer ensuite plus lentement. L’équipage scruta les environs, Stenkle s’étonna en regardant l’écran de contrôle. - Nous n’avons pas fait tout le trajet demandé! Jean et Ngota regardèrent à leur tour. Sur l’écran, il était indiqué que la navette s’était arrêtée au bout de dix minutes au lieu de vingt. Stenkle appela la base. - Navette à la base, m’entendez-vous? Nous avons un problème. Ils attendirent quelques secondes avant d’entendre avec soulagement une voix. - Ici la base. Nous vous recevons. Nous avons prit connaissance du problème. Attendez encore et n’enlevez surtout pas vos casques et vos combinaisons, on ne sait jamais, il y a peut-être eu un obstacle sur la trajectoire qui a freiné la navette, il suffit que les ordinateurs de

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bord reprennent de nouvelles données pour que vous avanciez de nouveau. Ils attendirent mais rien ne se passa. Les minutes parurent des heures puis, soudain les écrans s’éteignirent. Cette fois, la navette se mit à trembler durant deux minutes puis le problème s’arrêta d’un coup. Prudemment, Ngota fila aux PC pour s’assurer qu’ils fonctionnaient, il se précipita dans la salle des ordinateurs et scruta les écrans. Rien. Tout était parfaitement normal aussi, il fila illico dans la salle des machines afin de vérifier les différents systèmes mais tout allait pour le mieux, pas même un fusible n’était défectueux. Tout à coup, la navette subit un soubresaut puis un bruit violent se fit entendre. Tous pensaient à un impact. Charlène tremblait de tous ces membres, les hommes n’en menaient pas large non plus. Elle les regarda chacun leur tour, l’inquiétude se lisait dans ses yeux. - Qu’est-ce que c’était? Yamachi ôta son casque et défit sa ceinture. - Je n’en sais rien mais je ne vais pas rester là en attendant que ça passe. Les autres l’imitèrent et se rendirent dans la salle des ordinateurs c’est alors que la navette se remit à trembler, faisant choir Charlène et Jean. Yamachi et Peter restèrent debout par miracle. Ils arrivèrent tant bien que mal jusqu’aux PC mais ces derniers ne décelaient rien, absolument rien. Ngota les rejoignit. - Je ne comprends pas, tout est parfaitement normal! Stenkle pianota sur son ordinateur afin de vérifier les données de ce dernier mais ne

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découvrit pas plus d’éléments. Ce ne fut qu’au bout d’une heure que les tremblements stoppèrent vraiment. Jean ne se désarma pas. - Nous allons éplucher les PC! On restera le temps qu’il faudra mais on trouvera quelque chose! Ils obéirent. Pendant ce temps, Charlène conversait avec la base des suites à donner à ces complications. En pianotant et en allant chercher dans des sous menus, Ngota tomba sur des informations. - J’ai quelque chose! Les hommes se levèrent et accoururent vers le PC d’Elysée les yeux scotchés sur l’écran. - Regardez... Mon PC indique des interférences...Oui...Je crois savoir que si on passe aux abords de petits trous noirs l’on peut subir des chocs électriques de plus ou moins grandes intensités. Peter releva. - Nous avons échappé à une belle catastrophe! Jean rassura l’équipage. - Ca ne devait pas être d’énormes trous noirs sans quoi la navette aurait poursuivit sur une autre trajectoire, si elle est restée sur sa voie c’est que cela était sans conséquences notoires. Charlène revint parmi eux. - La base n’a pas de solution pour ce qui nous est arrivé... Ngota la coupa dans son élan. - Et bien nous, nous avons trouvé! Prend ton calepin et note... Elle exécuta. - ...Tu feras un tabac ce soir lors de ton émission!

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Il dicta à la journaliste ce qu’il avait sous les yeux et cette dernière prenait soigneusement note. Elle pensa qu’enfin il y aurait des rebondissements dans cette mission et avait hâte d’être devant les écrans. Stenkle brancha le pilote automatique afin que la navette avance puis rejoignit ses acolytes afin d’étudier le problème avec la base et envoyèrent les données à cette dernière afin que des spécialistes analysent le problème de leur côté. Ngota brancha les caméras d’extérieur afin de s’assurer que la carlingue de la navette n’avait subit aucun dommage et, lorsqu’il fut rassuré, il rejoignit ses collègues. Les quatre hommes se regroupèrent autours d’une table ronde pour soulever des hypothèses. Ngota trouva l’incident étrange, de plus c’était une grande première dans l’histoire de la conquête spatiale donc, tout était probable et tout pouvait être démontré et réfuté en même temps. Ils y voyaient là un incroyable casse-tête qui ne serait pas évident à résoudre. A quoi étaient dues les coupures, les tremblements et les impacts? A quoi tout cela était-il lié? Qu’est-ce qui était le facteur de tels déclenchements? Autant de questions posées qui n’aboutiraient peut-être qu’à de simples suppositions mais il fallait quand même mettre un nom sur ces phénomènes étranges et surtout les expliquer. Jean émit l’hypothèse qu’il y avait eu des interférences donc, il y avait eu des ondes, puisque cela s’amenuisait et revenait c’était parce que cela passant en « courant », le bruit prouvait que ces dernières étaient fortes, de par

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ce fait, il appela le phénomène « courant d’ondes fortes ». Yamachi hocha la tête. Il n’était pas franchement convaincu et ajouta. - Ce truc doit se balader, reste à définir si sa trajectoire est définie ou non. Si ce phénomène apparait comme bon lui semble, peut-être est-ce nous qui l’avons occasionné. La navette lancée à grande vitesse aurait pu engendrer cela. Stenkle pensa qu’il fallait laisser la question en suspend tant que le problème ne se reproduisait pas, mieux valait faire des comparaisons et des statistiques plutôt que de se lancer à corps perdu dans le sujet avec si peu d’éléments en leur possession. Ngota, lui, voulait comprendre mais pensa que Peter avait peut-être raison, en comparant deux évènements, l’on pouvait certainement aboutir à quelque chose de plus sérieux car, à ce stade ils n’en étaient qu’aux divagations. Ils restèrent quelques minutes sans dire un mot. Yamachi se leva pour préparer du thé, la journaliste le suivi, elle voulait le voir à l’œuvre. Le chimiste prit des petits sacs contenant des plantes de diverses variétés et, en fin connaisseur, choisit trois d’entre elles qu’il attrapa du bout des doigts. Les gestes étaient précis, mesurés, l’on aurait dit un pharmacien. Il prit une boule à infuser qu’il garnit de ce mélange et plaça cette dernière dans de l’eau frémissante. A cet instant se dégagea un effluve formidable qui mettait l’eau à la bouche. Charlène ferma les yeux pour mieux savourer le parfum qui s’échappait dans la cuisine, bientôt, toute la navette embaumerait ce fumet. La journaliste

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prépara des tasses et Su versa le liquide odorant, ils emmenèrent la boisson jusque dans la salle des PC. Stenkle pensa tout haut que le chimiste était un génie. Ils se délectèrent tous les cinq autours de la table ronde et, comme par magie, l’atmosphère devînt plus gaie, les sourires apparaissaient sur les visages et les calembours allaient bon train, ce thé était un véritable élixir de bien-être. La mixture avalée, Peter préconisa un nouvel essai de la navette dans les plus brefs délais. - Nous pourrons ainsi vérifier nos données si le phénomène se reproduit, dans ce cas nous pourrons nous appuyer sur du vécu. Qu’en pensez-vous?

Jean répondit. - Je suis d’accord. De toute manière il faut que nous avancions, nous n’avons pas le choix il faut aller plus loin. Su et Ngota furent tout aussi d’accord. Stenkle appela la base. - Stenkle à la base... - Oui Stenkle nous vous recevons. - Nous aimerions tenter une nouvelle fois la propulsion à grande vitesse. - Cela fait peu de temps que vous vous êtes arrêté, croyez-vous que vous tiendrez le choc sur un nouveau départ? - Je pense... - Nous voulons que Jean établisse un diagnostic sur chacun d’entre vous, lui compris. S’il s’avérait que vous n’êtes plus sous le choc alors nous serions d’accord. Ngota... - Oui?

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- Nous désirons que vous vérifiiez la navette sous toutes ses coutures avant un éventuel départ. Si les deux facteurs énoncés étaient positifs alors vous pourrez partir. Stekel approuva la requête. Ils se mirent au travail. Jean commença les examens de Ngota afin de libérer ce dernier au plus vite. Tensiomètre, stéthoscope et également électrocardiogrammes étaient au programme de l'examen. A tour de rôle l'équipage se laissa manipuler. Manifestement, tout allait pour le mieux puis, ce fut au tour de Charlène. Jean avait quelque appréhension à son sujet mais ce ne fut pas avéré, la journaliste se portait comme un charme. Le médecin finit les examens sur lui-même, il trouva les battements de son cœur un peu hauts mais savait fort bien que cela était du au thé qu'il venait d'avaler et donc, tout allait bien. Il ne restait plus qu'à attendre les conclusions d'Elysée quand au diagnostique de la navette et, au bout d'un petit quart d'heure, ils furent rassurés. Stenkle appela ne nouveau la base. Ses derniers répondirent. - Si tout va bien alors vous pouvez prendre place. Ce qu'ils firent. Une fois les casques verrouillés, le prompteur se mit en marche. La navette partit plus loin encore et s'arrêta au bout de trente minutes. Toujours aussi choqués, l'équipage resta un moment dans le cockpit afin de se remettre au mieux. Charlène commençait à prendre l'habitude des poussées excessives ce qui la rassura. Quand tout rentra dans l’ordre, ils

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retirèrent leur casque et partirent dans la salle de repos. Par le grand hublot, ils découvrirent un nouveau paysage, des planètes formaient un cercle autours d’eux. La journaliste était aux anges, une planète verte attira son attention. - Regardez! Vous croyez que cet astre est couvert de plantes? Stenkle rigola. - Non, je ne pense pas! Du gaz tout au plus! Charlène était déçue. Jean la consola. - Tu sais c’est déjà formidable d’être ici. Nous sommes seulement un groupuscule qui avons eu cette chance de parcourir l’espace et toi la seule et unique journaliste à avoir accompagné un équipage de scientifiques. Estime toi heureuse de ce que tu as autours de toi. Ngota ajouta. Ils t’on choisi pour cette mission et tu sais, même si tu n’as pas visité une seule planète, tu seras heureuse et fière de raconter ton périple autours de toi. Crois-moi. Elle acquiessa. Les hommes partirent dans la salle des ordinateurs elle, préféra rester pour rédiger des notes pour son émission. De loin, elle entendait les hommes râler à cause d’une soit-disante panne mais n’en fit pas cas et griffonna quelques mots sur son calepin. Elle réfléchit quels mots elle utiliserait pour qualifier tel ou tel évènement, choisir des mots oui, rendre accessible aux néophytes les termes employés par les scientifiques et ça n’était pas chose simple. De plus, il faudrait qu’elle raconte ce que l’équipage a vécu devant le curieux phénomène. Fallait-il employer un ton de gravité, ne pas heurter en restant neutre ou bien minimiser carrément l’évènement? La journaliste prit sa tête entre ses mains et cogita.

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Le cri de la sirène retentit soudain et la fit sursauter. - Qu’est-ce qui se passe encore? Hurla-t-elle. Jean la rassura de loin. - Pas de panique! Ce sont les PC qui se remettent en marche! - Il entendit Stenkle appeler la base. Tout avait du rentrer dans l’ordre. Rassurée, Charlène poursuivit ses activités. Elle passa en revue les étapes de l’incident et notait au fur et à mesure ce qu’elle avait ressentit. Une fois de plus, elle prit sa tête entre ses mains. Le calme régnait dans la navette, ce climat idéal facilitait grandement la réflexion aussi, elle ferma les yeux pour mieux se replonger dans l’action. Tout à coup, la sirène se mit à brailler encore une fois, elle allait crier pour que l’on arrête cette horrible chose mais elle entendit Peter s’exprimer. - Vous croyez qu’on lui en parle? Elle entendit également Jean répliquer. - On ne va plus la tenir ! La journaliste comprit aussitôt ce qui se passait et couru jusque dans la salle des ordinateurs, au passage, elle fit tomber son calepin et ses stylos et manqua s’affaler à cause d’un dérapage non contrôlé. Stenkle pouffa comme un enfant. - Tu n’as pas mit beaucoup de temps à rappliquer dis-moi! - Qu’est-ce qu’il y a? Dites-moi ce qu’il y a! Yamachi la fit asseoir. - Regarde sur l’écran... Elle scruta et vit une planète bleue, verte, ocre entourée de nuages. Elle n’osait parler. Yamachi poursuivit.

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- ...C’est une planète un peu semblable à la Terre. Elle avança. - Elle est habitable? - Il est trop tôt pour le dire, nous faisons des analyses plus poussées afin de savoir si l’air peut être respirable et si les pressions à sa surface ne sont pas trop fortes. - Sinon? Stenkle poursuivit. - Sinon nous serions écrasés pardi! - Ecrasés... La journaliste resta scotchée à l’écran de l’ordinateur. Pendant ce temps, les scientifiques s’activaient. Su cherchait le taux d’azote contenu dans l’air ainsi que la densité des autres gaz. Jean réveilla Charlène qui rêvait éveillée. - Tu devrais plutôt prendre des notes, non? - Oui, bien-sûr! Où avais-je la tête? - Dans les étoiles sans doute! - Certainement. Elle parti chercher de quoi noter et, au passage brancha sa caméra afin de filmer la planète en question. Elle croisa les doigts pour que les scientifiques lui annoncent si oui ou non l’astre était visitable avant que ne commence son émission. Elle retourna ensuite près des hommes. - Alors, où on en est?

Yamachi se tourna vers elle. - Au point mort. Les ordinateurs nous donnent quelques éléments mais trop peu à notre gout. Ils rament ces PC! Les informations arrivent au compte gouttes et pour exploiter les données il nous faudrait la totalité des infos!

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- Tu ne vois rien avec le peu que tu as? - Non. Nous devons avoir le plus de données possibles pour nous assurer que l’air est respirable. Je prends un exemple. Imagine que là, avec les informations que nous avons en notre possession on se disent « tiens, c’est bon l’air est respirable » mais au bout de dix minutes une autre info nous arrive et mentionne la présence importante de molécules d’hydrogènes dans l’air ambiant. - Et bien? - Et bien nous ne pourrions pas respirer cet air puisqu’il serait en sorte plein d’eau! - D’accord, j’ai compris. Tant que nous n’avons pas tous les éléments nous ne pouvons pas faire grand chose. - Voilà, tu as tout compris! Ngota scruta la surface de la planète avec un télescope intégré à son PC. - Si nous voulons plus de renseignements, il va falloir armer une sonde. Qu'est-ce qu'on fait? On l'envisage? Stenkle hésita. - On pourrait oui, mais si toutes les informations nous parviennent par le biais des PC ce serait dommage de sortir les grands moyens. - Cela nous ferait gagner du temps et en plus on serait au courant de ce qui se passe en surface. Jean lui donna raison. - C'est peut-être une bonne idée. Stenkle hésita encore mais Su le ravisa. - Admettons que les PC nous envoient la totalité des données... - Oui... - Qu'est-ce qu'on ferait?

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- Après analyses...On enverrait la sonde... - Alors que l'on envoi l'engin maintenant ou dans quelques temps cela reviendra au même et puis au niveau du gain de temps ce ne serait pas négligeable! N'oublie pas que notre temps dans l'espace est compté et que notre but premier est de savoir ce qui se cache dans l'infini! Tous lui donnèrent raison. Ngota partit dans la salle des machines afin de préparer le petit module et demanda à Charlène de le suivre, ce qu'elle fit avec excitation. - Tu pourras filmer le déroulement des opérations pour ton émission, tu verras, c'est passionnant! Si j'étais toi, je ferais une sorte de reportage que tu présenterais plus tard sur Terre ou bien si tu n'as rien à raconter un soir. Pour ce soir, tu peux relater seulement quelques bribes afin de donner l'eau à la bouche aux téléspectateurs. - Je suis partante! Ils déambulèrent dans les couloirs étroits de la navette avant d'accéder à la salle des machines. Charlène ne se sentit pas très à l'aise dans cet endroit glacial. Elle s'étonna du manque de fioritures, Élysée lui rappela que cette salle austère n'était pas conçue pour y vivre mais pour y travailler et éventuellement pour réparer de possibles dommages de plus, il lui expliqua qu'elle se trouvait au cœur de la navette, c'était ici le centre vital de l'appareil. Elle scruta autours d’elle. Au centre, il y avait un ordinateur. Autours, des dizaines de machines remplies de boutons lumineux. La journaliste évita de s’approcher de peur d’appuyer

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malencontreusement sur l'un d'eux. Elle vit Elysée e ouvrir un petit sas et fouiller à l'intérieur de celui-ci puis, il en sortit avec un petit engin qui ressemblait fort à une voiture télécommande telle qu'elle avait pu en voir chez les commerçants à l'approche des fêtes de Noël. Ngota lui donna raison, c'était bien une voiture radio guidée mais que celle-ci valait la bagatelle de plusieurs millions d'Euros! Plutôt cher pour un joujou. Charlène, en bonne journaliste commença à questionner. - Que fais-tu, là? - Là, je prépare le module. Je vais tout d'abord vérifier qu'il fonctionne parfaitement pour ne pas risquer de le perdre ou de le détruire bêtement. - Mais encore? - Je vais brancher la sonde à l'ordinateur afin de tester les caméras, ensuite, je demanderais à l'ordinateur de référencer toutes les pièces, je mettrais en marche la sonde et le PC vérifiera si tout fonctionne. - Comme dans une simple automobile? - Tout pareil! Ton garagiste À la même machine mais en moins fiable peut-être. - Je te crois sur parole. Combien de temps te faut-il pour t'assure r que tout fonctionne? - Si tout va bien, quelques minutes suffisent et, si au contraire quelque chose cloche, la mission serait retardée de plusieurs heures voir de plusieurs jours! - Pourvu que tout marche alors. - Tu l'as dit!

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Il brancha le module sur l'ordinateur et attendit quelques instants. Charlène se vit sur l'écran, le module en effet était tourné face contre elle. - Ca fonctionne Élysée! - Ca m'en a tout l'air. Je secoue un peu l'engin pour tester sa résistance aux chocs...Ca à l'air d'aller. L'ingénieur posa le module sur le sol et le fit rouler dans la pièce. Les commandes répondaient parfaitement, heureusement vu le prix que cela valait! Puis Ngota pianota sur son PC et des lignes se mirent à défiler très vite sur l'écran. Charlène s'étonna. - Comment tu vas voir si quelque chose cloche vu la rapidité avec laquelle défilent les informations? - Si quelque chose ne va pas, une ou plusieurs lignes clignoteront en rouge et le listing s'arrêterait automatiquement, de là, je saurais d'où provient la panne car je n'aurais plus qu'à cliquer sur l'anomalie pour que des informations apparaissent ainsi que la réparation adéquate. - C'est performant dit donc! - Oui très! Ce sont des machines issues des dernières technologies. Il vérifia encore quelques points puis avança. - L'engin est prêt! La journaliste était aux anges, la joie se lisait dans ses yeux. Ngota ouvrit un autre sas. Charlène regarda par dessus son épaule. Il y avait comme une espèce de niche dans le fond où l'ingénieur plaça le module très soigneusement. Il vérifia encore une fois pour éviter tout incident et referma le sas. Il expliqua que ce serait de là que partirait

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l'engin, un petit ascenseur descendrait l'appareil sous la navette pour que l'on puisse le faire partir. Ils rejoignirent les autres dans la salle des ordinateurs où les scientifiques s'affairaient à analyser le plus de données possible. L'ingénieur leur fit part que tout était prêt pour la mission. Peter appela la base. - Stenkle à la base. - Ici la base. - Avez-vous reçu les informations quand à la planète que nous venons d'étudier? - Nous en avons quelques bribes, les autres éléments nous arrivent petit à petit. C'est une belle trouvaille! - Nous allons envoyer une sonde sur la planète car il nous manque des informations importantes et nous voulons savoir ce qui se trouve dans le sol. - Vous allez extraire une carotte de sédiments? - Affirmatif. - Bien, tenez-nous au courant des dernières données. Nos scientifiques trépignent d'impatience! - Bien. Les hommes se mirent en place devant les PC. Ngota commença à entrer des chiffres puis des directives. Les autres contemplaient les écrans. Le module descendait doucement, bientôt, il apparut sur les écrans. Un "ha" de soulagement se fit entendre. Élysée lança le prompteur et le petit appareil fila droit sur la planète. Les scientifiques avaient les yeux rivés sur lui. L'ingénieur guidait le petit

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engin avec précaution. Le silence régnait à bord de la navette et le stress était palpable. Si la sonde rencontrait le moindre petit fragment de quoi que ce soit, elle serait désintégrée sur le champ et irrécupérable, bien sûr, il y en avait une autre de rechange mais cette dernière ne pourrait alors servir que pour une mission importante. Sur l'écran de Ngota, un minuteur apparut. Il égrainait le temps qu'il restait à la sonde pour atterrir sur l'astre, il restait un peu plus de sept minutes. L'équipage suivait l'engin toujours dans un silence de mort. La sonde traversait des zones nuageuses puis, plus bas apparurent des reliefs de végétation, l'eau était toute proche. Élysée changea la trajectoire pour ne pas risquer de noyer le module qui atterrît doucement et sans dommage sur le sol de la planète. Tous hurlèrent de joie, la mission était réussît. L'ingénieur propulsa l'engin et déjà, les informations se multiplièrent sur les écrans des PC. Charlène n'en ratait pas une miette et ses yeux rivés sur l'ordinateur de Jean étaient grands ouverts. L'engin attrapa quelques spécimens de plantes, de minéraux et sonda même l'eau qu'il analysait entre ses pinces. Les scientifiques exploitaient les données avec frénésie. Quelques mots fusaient et ça et là mais rien qui puisse intéresser la journaliste qui s'affairait sur chacun des ordinateurs. - Alors, on en est où? Les scientifiques lui souriaient poliment mais lui faisaient comprendre que ça n'était

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décidément pas le moment pour poser des questions. Puis, Yamachi se lança. - Et bien je crois que c'est bon! Qu'en pensez-vous chers confrères? Stenkle se détourna de son PC pour répondre. - Sur le plan botanique nous ne risquons pas grand chose pour l'instant mais j’attends encore quelques données. - Et toi Jean? Renchérît Su. - L'eau est à presque trente degrés Celsius, ce qui réchauffe pas mal l'air ambiant qui lui est à quarante trois degrés Celsius, j'imagine une atmosphère lourde. Yamachi poursuivit. - Les minéraux ne dégagent pas de matières toxiques malgré une fumée jaunâtre qui sort d'un caillou, il me semble reconnaitre une similitude avec du soufre mais ça n'en est pas. Jean, tu as la pression de l'air? - Oui, je viens de l'avoir et elle est à peu près égale à celle de la Terre. Le chimiste était ravi. - Bon, et bien voilà une bonne chose! Ils furent tous furent d'accord avec lui et ils se félicitèrent mutuellement pour leurs travaux. Seule Charlène un peu à l'écart se hasarda. - Alors? Jean l’avisa alors de l’excellente nouvelle qui se profilait au fil des données. - Et bien je crois que ça va être bon... - Qu’est-ce qui va être bon? Il l’a fit languir un peu. - Et bien, l’air est respirable, la pression atmosphérique est un peu lourde mais... - Mais quoi?

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Elle n'osait y croire. Jean lâcha enfin ce qu'elle rêvait d'entendre. - Je pense que cette planète est tout à fait visitable... Il n'eu pas le temps de finir sa phrase que déjà la journaliste sautait comme une puce en poussant des petits cris aigus. - Je n'en reviens pas, je n'en reviens pas! Nous allons visiter une planète! Tous étaient heureux de la voir si joyeuse. Yamachi proposa une tisane de sa spécialité pour fêter l'évènement. Il fit l'unanimité. Il fila dans la cuisine et prépara en plus un repas léger, les travaux des scientifiques avaient prit du temps et ils n'avaient encore rien avalé. Il fouilla dans la réserve et trouva des sachets de pâtes cuisinées avec des tomates, du basilic et un filet d'huile d'olive. - Ca fera très bien l'affaire. Il fit bouillir de l'eau afin de réhydrater les aliments et pour préparer sa tisane. Le chimiste prit une pincée de menthe poivrée et une poignée de verveine qu'il fit infuser. A peine avait-il jeté les plantes dans l'eau bouillante que déjà les aromes s'exhalaient, la navette fut parfumée en un rien de temps. Yamachi cria à ses acolytes de passer dans la salle de repos. Ils obéirent sans mal les pauvres avaient l'estomac sur les talons et mangèrent donc de bon appétit. Les discutions se portaient surtout sur la découverte de la planète et, tout en se rassasiant, ils décidèrent à l'unanimité de visiter l'astre dès le lendemain. Charlène apporterait sa caméra pour immortaliser leurs premiers pas et ainsi en faire profiter tous les Terriens par la même occasion.

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Stenkle laissa ses collègues pour aller s'entretenir avec la base. Il partit dans la salle des PC et appela. - Stenkle à la base, vous m’entendez? Quelques secondes s’écoulèrent puis la base répondit. - Ici la base. Tout va bien Peter? - Très bien! Je viens aux nouvelles, est-ce que vous avez reçu les données d'une planète presque similaire à la Terre? - Oui, en partie! Les informations nous arrivent plus lentement qu'avant, j'ai bien peur que plus vous irez loin et moins l'on recevra de données. Que pouvez-vous me dire sur ladite planète que nous ne saurions déjà? - Et bien sa pression est approximativement similaire à celle de la Terre mais il nous faudra tout de même prendre les masques pour compenser. La révolution de cet astre est de l'ordre de vingt cinq heures, zéro deux minutes et trente sept secondes contre vingt trois heures, cinquante six minutes et quatre secondes pour la Terre. Les trois satellites naturels qui gravitent autours n'occasionnent aucunes perturbations en surface car leur distance par rapport à cette planète est excessive. Son volume est de l’ordre de six cent trente millions vingt et un mille cent dix exposant trois kilomètres carrés, sa masse est de six point dix exposant trente tonnes. Son âge reste à déterminer. Deux soleils l’illuminent de façon permanente, il n’y a donc pas de nuit, les plantes existantes ne vivent donc pas comme sur Terre puisqu’elles n’ont pas de repos. la densité de l’eau est de sept contre cinq cinquante deux sur notre planète et la pesanteur

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équatoriale est de zéro quatre vingt dix neuf contre un chez nous. Ensuite, comparativement, elle ne possède pas de zones désertiques, juste quelques degrés de moins à ses pôles variant d’à peine trois degrés Celsius, passant à l’équateur de trente et un à trente quatre degrés Celsius pour baisser aux pôles de vingt huit à trente et un degré Celsius, il n’y a donc pas de climats changeants. Ses reliefs sont de moindre importance puisque le sommet le plus haut est à seulement deux cent mètres. Voilà ce que nous pouvons vous dire pour l’instant. - C’est pas mal du tout! Est-ce que vous pensez pouvoir atterrir sur cette planète et quand? - Nous pensons nous y rendre dès demain à la première heure... - Pourquoi pas dans l’immédiat? - Il faut préparer cette mission et cela nous prendra un peu de temps car nous voulons vérifier tous les appareils et instruments puisque ce sera la première fois que nous les utiliserons, de plus, il se fait tard et Charlène doit préparer son émission de ce soir. - Bon, nous sommes d’accord avec vous seulement n’oubliez pas qu’il vous faut avancer encore plus loin. - Nous ne l’oublions pas, rassurez-vous! - Très bien alors à plus tard. - A plus tard. Peter vociféra. Ils en avaient de bonnes eux, bientôt il leur faudrait travailler sans repos, il aurait bien aimé les voir à leur place. Jean s’étonna. - Tu râles?

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- A les écouter, il fallait visiter cette planète sur l’heure et le plus vite possible! - Ils sont gonflés... - Plutôt oui. - Surtout qu’ils tenaient particulièrement à ce que l’on découvre une planète habitable! Ils rirent de leur bêtise quand les autres arrivèrent. Charlène apportait avec elle son calepin afin de prendre des notes claires et préparer son émission. Yamachi lui dicta le plus d’éléments possibles, elle se fit expliquer quelques points qu’elle trouvaient compliqués pour les néophytes puis, elle fila dans le mini-studio. Pendant ce temps, les scientifiques testeraient le matériel pour la mission. Ngota suggéra de vérifier la mini-navette avant tout autre chose et descendit donc dans l’antre de l’appareil. L’ingénieur arriva dans la salle des machines et se dirigea vers un sas qu’il ouvrit. La navette aux couleurs d’un soda, flambant neuve faisait face à un grand sas, la sortie en quelque sorte. Il monta à bord du véhicule spatial alluma la radio et testa. - Ici Elysée, vous m’entendez? Il reconnu la voix de Yamachi. - Oui nous t’entendons. - Moi également! Je lance un programme sur l’ordinateur de bord, dis-moi si tu reçois les informations. Il attendit quelques secondes puis, Yamachi lui confirma que tout fonctionnait. - Maintenant regarde sur ton écran. Tu devrais voir le sas ainsi que les données de ce dernier qui devraient s'afficher. - Ca fonctionne...

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- Bon, est-ce que le taux d'oxygène s'affiche? Le carburant ? - Oui oui, j'ai aussi le poids de la navette, ton poids s'affiche aussi...Le PC indique que les moteurs ne sont pas en marche, que les lumières sont éteintes...Ha, là tu les a allumés...Il y a une ampoule qui clignote, c'est normal? - Oui, ça veut dire que toutes les lumières sont allumées. - Ha...Il y a aussi le poids maximum que nous ne devons pas excéder. - Bon et bien tout à l'air de fonctionner. Tu as aussi le taux d'oxygène? - Egalement. - Je vais vérifier les combinaisons. - OK. Yamachi attendait devant l'ordinateur, Peter et Jean vérifiaient leurs écrans au cas où d'autres informations leur arriveraient car le module parcourait encore le sol de la planète. Élysée passa sa combinaison bariolée, bardée de logos en tous genres et plaça le casque sur sa tête. Il actionna une molette afin que l'oxygène emplisse le vêtement. - Tu m'entends Su? - Oui. - Qu'est-ce qui s'affiche sur l'écran? - Le taux d'oxygène, le taux de consommation de ce dernier et ce qui reste. Il y a encore ton poids qui s'affiche! - C'est normal, sur certaines planètes on pèse plus lourd que sur d'autres, c'est juste une indication pour mesurer la pression extérieure. - Bon. Il y a aussi la température extérieure et celle de ton corps également.

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- Parfait. L'ingénieur passa au crible toutes les combinaisons et s'assura ainsi qu'elles ne présentaient aucun danger. Il vérifia ensuite les appareils de mesures. Tout fonctionnait, ils pourraient partir tranquilles. Élysée rejoignit ses acolytes afin de mettre les choses au point. Jean et Peter fixaient toujours leurs écrans, il n'y avait pas grand chose de nouveau hormis quelques roches. Yamachi leur suggéra une réunion afin de discuter des derniers éléments, les hommes se regroupèrent autours de la table centrale. Charlène brancha le récepteur pour visualiser Marc, le présentateur. - Marc? Marc tu es là ? C'est Charlène. - Oui, je suis là! Alors quoi de nouveau? - Quelque chose d'extraordinaire! - Dis-moi tout! Elle lui expliqua en détail leur découverte. Le présentateur exultait, l'audience serait à son comble encore une fois. - Tu as des images? - Et comment! La journaliste lui envoya les images puis, ils préparèrent l’émission en fonction de la découverte, tout graviterait autours de cela, même la question du jour. Quand enfin, l’émission démarra, le générique fut lancé. Marc commença. - « Au plus près des étoiles » bonjour! Charlène renchérit. - Bonjour à tous! - Alors Charlène ce soir il y a du nouveau je crois.

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- Et bien oui Marc puisque nos scientifiques ont découverts aujourd’hui, tenez vous bien...Une planète habitable! Oui oui, vous avez bien entendu, une planète similaire à la Terre que nous visiterons dans quelques heures et en direct sur vos écrans! - C’est formidable Charlène! - C’est extraordinaire et pour vous mettre l’eau à la bouche, je vous est apporté quelques images que notre robot nous a envoyé car lui, est déjà sur la planète! Les images défilaient. Les Terriens étaient fascinés par ce qu’ils voyaient et des cris de joies fusaient des maisons ou des appartements. Certains enregistraient toutes les émissions, il y avait de véritables fans de par le monde entier qui s’écrivaient via internet pour échanger leur point de vue. L’émission était de loin la plus regardée dans le monde et battait des records d’audience. Des clubs s’étaient formés et des industriels du jouet réfléchissaient déjà à la conception de figurines, de jeux, de mannequins à l’effigie des astronautes. La folie que suscitait l’émission allait grandissante au fil du temps. Marc reprit la parole. - Et bien nous avons hâte d’en savoir d’avantage Charlène. Qu’en pensent les scientifiques? - Là ils sont en pleine réunion, je ne vais pas les déranger car ils préparent la mission de demain! - Et quelle mission! Le présentateur posa le doigt sur son oreillette. - Je crois Charlène que nous avons des questions qui nous arrivent...Y’a t-il de la vie

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sur la planète? C’est une question du petit Grégoire de Francfort. - Il y a de la vie mais sous forme de plantes. - Pas d’extra-terrestres? - Non, malheureusement Grégoire. - Une autre question...Oui...Ha, est-ce qu'un être humain pourrait vivre sur la planète? C'est une question de monsieur Gazaki de Corées unifiées. - Par rapport aux données que nous avons, il serait possible de visiter sans trop de problèmes mais pour ce qui est d'y vivre c'est une autre histoire. Apparemment, l'atmosphère y est un peu trop lourd et humide ce qui génèrerait des problèmes respiratoires et veineux. - Une dernière question prise au hasard...Monsieur Noyel de Suisse...Y'a-t-il des plantes consommables sur la planète? Bonne question. - Nous ne savons pas encore si la flore est comestible ou non, nous en saurons peut-être plus lors de la visite où nous rapporterons à bord de la navette des échantillons de toutes sortes. - Merci Charlène pour tous ses éléments. Nous allons passer à présent à la question du jour. Quelle est-elle Charlène? - Qu'a-t-on envoyé sur la planète: A: Un robot. B: Un scientifique. C: Un animal. - si vous avez la réponse appeler le numéro qui s'affiche sur vos écrans et dites A, B ou C. Le gagnant tiré au sort se verra attribuer la somme de dix mille euros. Bonne chance à tous! Charlène... - Oui Marc...

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- Je vous dis pour ma part "à demain" quand à vous Charlène vous devriez passer à l'écran dans quelques heures. - parfaitement Marc. Au revoir Marc et au revoir à tous. Elle envoya un baiser au public avant d'entendre le générique de fin. Le présentateur termina l'émission à la hâte. - C'était "Au plus près des étoiles" à demain! La journaliste félicita le présentateur puis coupa la liaison. Le stress engendré par les passages à l'antenne était fort, il lui fallait quelques minutes pour se remettre et se sentir bien. Elle partit ensuite retrouver les hommes toujours attablés dans la salle des ordinateurs. Ils paraissaient calmes, sereins, elle devina que les questions qu'ils se posaient avaient trouvés réponses et qu'ainsi la mission se présentait bien. Elle se hasarda à leur demander si tout allait bien. Ils lui répondirent par un sourire, preuve que tout était positif. Elle fila ensuite dans la cuisine et chercha de quoi restaurer l'équipage, trouva des sachets de purée de carottes qu'elle prépara. Tout en cuisinant, elle souriait à l'idée qu'elle allait vivre une aventure passionnante et, même si elle avait douté quelques fois, elle ne regrettait en rien cette mission. Elle chantonnait une mélodie douce que sa petite nièce fredonnait parfois quand Yamachi fit irruption dans la cuisine. Charlène sursauta. - Su! Tu m'as fichu une de ces trouilles! - Pardonne-moi mais je suis tout autant étonné de te voir ici! - Je vous voyais très occupés alors je me suis dit que j'allais préparer le repas pour ce soir.

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Il se pencha sur les sachets vides afin de lire la composition de ces derniers, il fit la moue. - Pas terribles ces préparations. - On aurait dû les manger un jour ou l'autre de toute façon! - C'est ma foie vrai! Autant le faire vite pour qu'il ne reste que les plats délicieux! Ils rirent en cœur. Peter apparut sur le seuil de la cuisine. - Quelle gaieté ici! Charlène lui demanda d'appeler les autres pour qu'ils prennent leur repas, ce qu'il fit de sa grosse voix, les retardataires rappliquèrent bien vite. Ils goûtèrent à la mixture orange. Jean fit une drôle de tête. - Y'a eu mieux! Ils se regardèrent et approuvèrent du chef. La soirée se termina par un bref aperçu de ce qui allait se dérouler le lendemain puis, épuisés, ils rejoignirent leur chambre. Charlène fut réveillée la première, à peine quatre heures s'étaient écoulées, elle tenta de se rendormir mais n'y parvint pas, trop excitée par la mission. Elle resta au lit un moment, tourna et vira puis, elle entendit des pas dans le couloir. Manifestement quelqu'un ne pouvait pas mieux dormir. La journaliste ferma les yeux et tenta de reconnaitre le lève-tôt. Un pas un peu lourd, pas très vif, elle pensa à Jean ou à Su et se leva afin de vérifier. La journaliste ouvrit délicatement sa porte et se hasarda, elle aperçu Jean qui filait dans la cuisine, elle le suivit. - Tu prépares un café? Il se tourna, étonné.

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- Ho c’est toi! Oui, je prépare un café. Tu en veux? - Ce n’est pas de refus. Tu ne dors plus? - Non, j'ai eu grand peine à essayer de trouver le sommeil mais manifestement il m'a fait faux bond. Le stress de la mission sans doute. Elle fut étonnée qu'un homme comme lui puisse être stressé. Il avait l'air tellement sûr de lui. Charlène le dévisagea, il était plutôt bel homme malgré qu'il ne fût pas son genre au premier abord. Il s'aperçut qu'elle le regardait et en fut presque gêné, il se tourna quelque peu, elle fut tout aussi gênée que lui. Jean sorti deux tasses de plastique ainsi que deux cuillers, étala les sachets de saccarose près de la cafetière. L'odeur du café imprégnait la cuisine. Ils avalèrent leur café debout. Charlène posa la question fatidique qu'il attendait. - On décolle quand? - Le plus vite possible. Je vais attendre encore un peu et puis je ne sais pas si je ne les réveillerais pas plus tôt. - Hmm, je pense comme toi. - Prépare tout ce dont tu auras besoin pour filmer et commenter la mission, n'oublie rien car une fois sur la planète il sera trop tard pour faire machine arrière. - Compte sur moi, je n'oublierais rien. Elle termina sa tasse de café qu'elle jeta dans un vide ordures pour qu'il soit détruit et serve de combustible utile à la propulsion de la navette. La journaliste fila ensuite dans son mini-studio afin d'y préparer ce dont elle avait besoin. Jean réveilla ses acolytes qui eurent bien du mal à se lever. Stenkle rouspéta.

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- Ce n’est pas parce que t'es matinal que tout le monde doit l'être! - Désolé Peter. - Désolé, désolé... Ngota baillait à n'en plus pouvoir, aucuns sons ne sortaient de sa bouche, il demeura silencieux jusqu'à l'absorption de son café. Yamachi s'étira de long en large puis se leva avec le sourire, il se prépara du thé. Tous les trois étaient assis dans les canapés de la salle de repos. Peter se rendormit sur la banquette, Ngota le secouait de temps en temps pour tenter de le maintenir éveillé. Il s'adressa à Su. - Pourquoi on se lève si tôt? Ce n’était pas prévu! - Plus tôt nous visiterons cette planète et plus tôt nous partirons pour d'autres découvertes. Jean a raison, il faut faire vite, nous ne savons pas où se trouve ce que nous cherchons. Imagine que nous soyons près, très près du but à atteindre et que par faute de temps nous devions faire demi-tour. Ce serait dommage. Il faut mettre toutes les chances de notre côté, Elysée! Et puis plus tôt nous découvrirons l’infini et plus tôt nous rentrerons chez nous. - C’est pas bête. Stenkle se réveilla. - Non, c’est pas bête. - Alors levez-vous et préparez vous! Ils s’exécutèrent sur les bonnes paroles du chimiste. Il avait ce don de tout remettre d'aplomb en quelques mots. Tous s'activaient pour la mission l'on aurait dit une fourmilière. Seul Yamachi resta zen, en effet, il resterait seul dans la navette pendant que ses collègues

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visiteraient la planète, un chimiste n'était pas utile pour ce genre de mission tandis qu'un médecin, un botaniste, un mécanicien averti et une journaliste seraient primordiaux aussi, il les regarda s'activer. L'équipage était en grande effervescence. Il remarqua des sourires crispés, du stress plus qu'il n'en faudrait et entendit aussi quelques mots grossiers fuser et ça et là, ce qui le fit rire. Quand tout fut prêt, Yamachi se posta derrière l'écran de son ordinateur. Les autres, affublés de leur matériel descendirent dans la salle des machines afin d'enfiler leur combinaison et de prendre place dans la petite navette. Le cœur de Charlène battait à tout rompre, elle remarqua qu'elle n'était pas la seule à être angoissée mais n'en fit nullement cas. La voix de Su se fit entendre. - Vous êtes installés? Ngota aux commandes répondît que oui. Il activa des boutons, des manettes et des données s'inscrivirent sur l'écran face à lui, Charlène, derrière avec Jean ne pouvait lire quoi que ce soit mais à quoi bon. Le pilote envoya les directives. - Yamachi? - Oui... - Je mets les gaz. Prépare l'ouverture du sas. Il exécuta. Sur l'écran, il put lire « DEPRESSURISATION EN COURS », preuve que tout fonctionnait. La journaliste respira profondément, ses mains tremblaient, Jean s'en aperçut et mit sa main gantée sur la sienne. Il tremblait un peu lui aussi mais ce geste la rassura grandement. Élysée égrena les secondes restantes avant le départ.

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- Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un, départ. La navette vibra, le sas s'ouvrit sur l'espace et la navette partit lentement. Ngota s'assura que Yamachi suivait bien la trajectoire en lui demandant ce qu'il voyait sur son écran. Quand il fut tranquillisé, il propulsa la navette en direction de la planète. Devant eux, l'astre resplendissait. Les couleurs se fondaient au fur et à mesure de leur avancée, bientôt ce fut le vert qui prédominait. Charlène filmait ce qu'elle voyait mais aussi l'intérieur de l'appareil ainsi que la navette qui s'éloignait peu à peu. Régulièrement, Su faisait le point avec le pilote afin de s'assurer qu'aucuns débris n’étaient à proximité. Le voyage s'effectuait dans de bonnes conditions. Au bout d’une quinzaine de minutes, la navette se posa sur le sol de la planète. Elysée activa le système de dépressurisation avant que l’équipage ne sorte puis, le cockpit s’ouvrit. Ils n’osaient presque sortir. Charlène dû passer la première afin d’immortaliser leurs premiers pas sur cet astre. Elle filma cette aventure unique le sourire aux lèvres puis, elle fit un tour d’horizon. Ngota demanda à Yamachi de se connecter à la base pour que cette dernière retransmette les images sur tous les écrans. La journaliste était fière, elle commentait se qu’elle avait sous les yeux avec beaucoup de talent. Les scientifiques se mirent au travail, l’un récupérant des plantes, l’autre des minéraux et Ngota s’occupa de l’eau qui coulait dans le lit d’un ru. Ils prélevèrent autant d’échantillons que possible qu’ils enfermaient bien

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hermétiquement dans des fioles ou des sachets afin de pouvoir les analyser plus tard. L’atmosphère plus lourde que sur Terre les engourdissait un peu, comme si un poids leur avait été posé sur la tête et les épaules. Parfois, une légère brise donnait un semblant de vie à toute cette flore. Un silence pesant régnait sur la planète inhabitée pourtant, par habitude, la journaliste s’attendait à voir débouler je ne sais quel animal hors de cette jungle. Elle suivit les hommes toujours occupés à prélever des échantillons. Stenkle, en grand connaisseur fit remarquer devant la caméra certaines espèces cotylédones ou monocotylédones qui s'apparenteraient avec le blé ou les haricots sur Terre. Il mentionna également la présence d'épiphytes grimpant sur le tronc de certains arbres déjà fleuris aux couleurs chatoyantes ce qui faisait un mélange assez surprenant de jaune, d'orangé et de carmin. Certaines espèces couraient le long du sol pour chercher un peu de luminosité et, par endroit la flore occupait tellement de place qu'il fallait contourner ces bosquets colorés. Charlène filmait toujours mais assez maladroitement car ses gants trop épais ne lui facilitaient pas la tâche, de plus, Jean avait interdit formellement de les quitter au cas où certaines plantes seraient toxiques ou bien urticantes. Plus loin, alors que la végétation se fit plus dense apparut une trouée qui laissait entrapercevoir les rayon d’un des soleils, le spectacle était à couper le souffle, tant de beauté les mettait en émoi et ils restèrent quelques minutes à contempler ce paysage fabuleux. Peter fit remarquer la présence de

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baies roses ainsi que de petits fruits oblongs jaunes striés de vert qu’il préleva pour l’analyse. Ils avancèrent encore un peu mais la nature devenant encore plus dense ils durent rebrousser chemin. Ngota préconisa de retourner à la navette afin de parcourir les quelques kilomètres qui les séparaient du littoral. Les scientifiques approuvèrent ce choix. Ils récupérèrent le module d'exploration et repartirent. L'ingénieur prit les commandes de la navette. Il se dirigea vers l'étendue bleue, ils furent sur place en une vingtaine de minutes. Le paysage avait quelque peu changé, le sol était un peu moins pierreux et les plantes ne ressemblaient en rien à ce qu’ils avaient vu précédemment. Les feuilles paraissaient plus épaisses et les arbres plus massifs. Le roulis des vagues rappelait ceux de la Terre mais à la surface de l'eau elles formaient de petites pyramides certainement dues à l'attraction des planètes alentours ainsi qu'aux deux soleils. Ils s'approchèrent un peu plus de l'eau afin de recueillir un peu de cette dernière. Sur une dizaine de mètres, le sol était recouvert de pierres grises usées par des ressacs qui ne permettaient à aucunes plantes de subsister. Charlène fit un nouveau tour d'horizon afin que tous les téléspectateurs puissent admirer en même temps qu'elle les fabuleux paysages de la planète. Jean et Peter, plus loin, semblaient préoccupés, la journaliste les rejoignit, les hommes s'en retournèrent. - Nous rentrons. Lança Jean à Élysée.

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Ils retournèrent à la navette. Charlène annonça la fin du reportage puis ils repartirent. Ngota appela Yamachi, ce dernier s'empressa de les féliciter. Le voyage du retour se fit admirablement bien, la navette se gara dans sa soute. L'équipage passa sous une douche à infrarouges afin de se décontaminer puis ils ôtèrent leur combinaison. Charlène fit remarquer qu'elle se sentait d'un coup très légère, Jean lui expliqua que cela venait du fait qu'elle était plus lourde sur la planète et que cette différence lui donnait l'impression qu'elle allait s'envoler, ce qui la fit beaucoup rire. Tous les quatre passèrent le sas en claudiquant et se tinrent aux cloisons pour ne pas tomber. Yamachi riait aux éclats devant ce spectacle plutôt burlesque. - Je vous prépare du thé! - Bien volontiers! S’enquirent-ils. Les chercheurs s’asseyèrent dans la salle de repos pendant que la journaliste rangeait ses appareils. Elle revint peu de temps après, Jean et Peter étaient en pleine conversation. - Je n'arrive pas à comprendre...Peter, toi qui es spécialiste qu'en penses-tu? - Et bien à première vue cela parait étonnant certes mais il doit y avoir une explication et nous allons la trouver car nous sommes ici pour ça! - A la base ils auront peut-être la solution au problème. Yamachi arriva sur ces entrefaites. Il déposa les tasses de thé sur la table et s'interposa. - Je suppose qu'un élément vous a autant perturbé que moi!

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Élysée et Charlène se regardèrent sans trop comprendre. Peter leur ouvrit les yeux. - Il y a sur cette planètes moult fleurs très colorées et moult fruits, ce qui n'est pas normal vu qu'il n'y a pas d'êtres vivants! Élysée compris de suite. - Cela voudrait dire qu'il y a...Ou qu'il y aurait eu des animaux? - Je n'en sais rien, j'espère trouver des éléments dans les échantillons que nous avons ramenés. Charlène osa une supposition. - Et si les plantes étaient colorées juste comme ça... - Pour le fun... Pouffa Yamachi. - ...Je ne pense pas non plus. La faune et la flore s’adaptent à leur environnement, la couleur criarde des fleurs attirent les insectes et ces derniers pollinisent les espèces similaires en disséminant les spores. Dans le cas de cette planète, les couleurs devraient être presqu’identiques et plutôt fades. Tous se posèrent des questions utiles à leurs recherches. Ngota avança même l’idée que de minuscules insectes microbes invisibles à l’œil nu pouvaient évoluer sur l’astre. L’idée était pertinente et Yamachi allait chercher dans cette voie en analysant les échantillons d'air. L'équipage avala la boisson du chimiste puis fila dans la salle des PC pour y effectuer leurs premières recherches sur les échantillons. Avec précaution, ils manipulèrent les fioles, les sachets avec des gants de latex et des masques de protection afin d'éviter toute contamination. Comme prévu, Yamachi s'occupa d'analyser l'air. Pour ce faire, il planta une seringue dans

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le bouchon de caoutchouc de la fiole pour en aspirer le contenu puis, il injecta l'air dans un petit appareil relié au PC, ce dernier étant chargé d'analyser les données. Des chiffres et des mots compliqués s'affichaient à l'écran. Charlène ne comprenait pas du tout ce charabia mais le chimiste lui, paraissait plutôt à l'aise. Elle le regarda en souriant et prétexta d'aller préparer de quoi se restaurer vite fait. Jean s'occupa des minéraux qu'il visualisa au microscope. Stenkle s'intéressa quand à lui aux fleurs en essayant de détecter des éventuelles traces de micro pates d'insectes ou tout autre chose pouvant le mettre sur la voie. Ngota fila dans la soute afin de vérifier le matériel, la navette et le module, de retirer sur ce dernier les échantillons du sol de la planète. Tous vaquaient à leur travail respectif. Parfois des onomatopées fusaient lorsqu'un élément incongru était repéré, dans ce cas les autres se levaient pour voir et s'extasier à leur tour. Les heures passaient et, malgré quelques découvertes intéressantes, les scientifiques ne trouvèrent pas de solution à leur problème, Ils espéraient l'appui des chercheurs sur Terre afin d'élucider le mystère qui restait entier. Jean voulait en savoir plus, pour lui il était hors de question de s'arrêter en si bon chemin. Il demanda l'avis de ses collègues afin de retourner sur la planète et d’y prélever une carotte du sol mais bien plus conséquente que celle apportée par le module. Ils hésitèrent mais Yamachi lança une idée qui fit mouche. - L’on devrait effectuer des recherches dans l’océan, il y a peut-être des animaux qui en

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sortent pour se nourrir ou bien même pour se protéger d’éventuels dangers. Ils se regardèrent médusés. Comment n’y avaient-ils pas pensé! Ils contactèrent la base afin de leur soumettre l’idée d’une nouvelle recherche. Leurs supérieurs furent dubitatifs mais devant l’insistance des chercheurs ils n’eurent pas vraiment le choix aussi, ils accordèrent à l’équipage le droit de retourner sur la planète qui s’appelait dorénavant Stella. Jean trouva le nom joli et de circonstance puisque cela voulait dire étoile mais Peter le mit au courant qu’il s’agissait en fait du prénom de la petite fille du président Jefferson. - Tant pis, ça reste un joli nom quand même! Peter demanda ensuite à l’ingénieur s’il était possible de repartir de suite sur Stella. Ngota réprouva l’idée car il lui fallait faire des tests auparavant et puis l’intervalle entre les deux vols étaient trop courts. Ils remirent la mission au lendemain dès la première heure, ils devraient encore se lever tôt! Pendant ce temps, Charlène préparait son émission avec Marc le présentateur. Ils mirent au point la question du jour et attendirent le générique d" Au plus près des étoiles". - Bonsoir à toutes et bonsoir à tous! Au plus près des étoiles ce soir relatera l'époustouflante aventure de Charlène et des scientifiques. En effet, si vous n'avez pu suivre le direct, nous allons repasser les moments les plus importants mais aussi les plus beaux de cette extraordinaire mission! Charlène, avant toute chose, comment avez-vous vécu cette aventure? Mettez nous l'eau à la bouche!

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- Et bien c'était purement et simplement saisissant Marc! Le fait de visiter quelque chose que personne n'a vu avant vous est fort excitant je dois bien l'admettre! - Des émotions fortes en perspectives alors? - Ha oui! J'en ai encore des frissons à cet instant même Marc! - Et bien nous n’allons pas plus faire attendre nos téléspectateurs toujours aussi nombreux. Regardons ensemble le reportage de Charlène Veyrier. Pendant que le reportage passait sur les écrans, la journaliste se détendit un peu. Elle entendait en régie les premières questions posées par le biais d'Internet. Elle était ravie mais ô combien étonnée par la tournure que prenait cette mission. Serait-elle une star dès la mission terminée? Comment réagir face à une multitude de fans en délire? Elle pensa qu'aucuns d'eux n'avaient du être préparé à ce genre d'éventualité puis, elle entendit le présentateur qui lui indiquait la fin du reportage, elle se remit droite illico et souri. - Quelles belles images Charlène! - Merci Marc. - Je crois que vous avez un scoop, Charlène! - Parfaitement Marc. Et bien nous retournons demain sur la planète afin d'y effectuer encore des recherches et cette fois, tenez-vous bien. nous explorerons les profondeurs de l'océan! - Encore de riches heures en perspectives alors? - Je pense oui! - La régie me dit que des questions fusent de tous les pays...Nous allons en prendre quelques unes au hasard...Avez-vous découvert des

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espèces comestibles? C’est une question de Julio qui nous écrit d’Espagne. - Nous avons découvert des baies, des fruits également mais nous ne savons pas encore si nous pouvons les manger! - Vous n’y avez pas goûté Charlène? S’empressa de pouffer Marc. - Non, nous avons ce qu’il faut à bord! - Une autre question je crois...Oui...Avez-vous pleuré de joie dès votre arrivée sur la planète? C’est Maud de Belgique qui vous demande cela. - Non, pas spécialement mais je ne vous cache pas que j’étais émue et heureuse. - Ha! Une question très intéressante...Qui de vous cinq a posé le premier le pied sur la planète? C'est Marcello d'Italie qui pose la question. - Et bien c'est moi! Et oui, il a bien fallu filmer la descente des scientifiques! - Félicitations Charlène! Vous devez être très fière? - Plutôt oui! Je ne pensais pas que cela puisse m’arriver un jour je vous assure! - Je veux bien vous croire Charlène. Mais dites-moi? - Oui Marc? - Ce ne serait pas l’heure de la question du jour des fois? - Mais oui Marc! - Pour gagner dix milles euros, répondez à la question suivante: Comment se nomme la planète récemment découverte par les chercheurs? A: Astra. B: Planetta. C: Stella. Si vous avez la bonne réponse, appeler vite le numéro qui s'affiche au bas de votre écran dites

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A, B ou C et si vous êtes tiré au sort, vous remporterez la somme précité. C'était "Au plus près des étoiles" avec Charlène... - ...Et Marc. Nous vous disons à bientôt! - Au revoir à tous! Le générique partit, la journaliste coupa le son puis l'image. Elle se déstressa un instant, dit au revoir au présentateur et fila rejoindre ses acolytes dans la salle des ordinateurs, elle fut étonnée de ne pas y voir Su mais à l'odeur qui stagnait elle comprit vite qu'il leur concoctait un petit plat dont il avait le secret. Ils se mirent à table et discutèrent de la mission du lendemain qui ne devait excéder la matinée afin de partir au plus vite pour la suite de leurs aventures. Charlène leur fit part du succès grandissant de l'émission et, de par ce fait de l'importance qu'ils prenaient face à la population mondiale mais ils n'avaient pas l'air de s'en faire pour autant. La journaliste leur divulgua son inquiétude quand à leur popularité future, ils se contentèrent d'en rire. Elle qui travaillait dans les medias connaissait bien les problèmes qu'occasionnent la notoriété mais ils prirent la chose assez bien et puis, dirent-ils ils verraient bien une fois de retours sur Terre comment retourner le problème. Elle relativisa et mangea en écoutant les chercheurs parler de leurs analyses. Ils émettaient l'hypothèse qu'un groupe de chercheurs pourraient investir Stella et s'y installer afin de poursuivre les recherches et d'essayer de faire pousser des légumes et autres fruits au cas où une population importante devrait s'y rendre. Charlène émit un soupir. Pourquoi fallait-il toujours que les hommes investissent tout? Ne pouvaient-ils pas

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laisser les choses comme ils les avaient trouvé? Tout conquérir, tout manœuvrer, tout diriger. Ils leurs fallait apposer des marques de partout, leurs marques mais au nom de quoi au juste? De la postérité? De la race humaine? Qui étaient-ils pour s’octroyer certains droits ? Rien que d’y penser cela lui coupa la faim, surtout quand ces idées émanaient de Jean qu’elle croyait si différent des autres. Finalement, il ne dépareillait point la race humaine. La journaliste s’excusa et partit dans sa chambre. Elle se débarbouilla et coucha sur papier ce qu’elle avait sur le cœur puis, elle s’allongea sur son lit et laissa divaguer ses pensées. Elle vit ses parents qui, pensa-elle, devaient être très fiers d’elle, ses collègues également puis, son lieu de travail. Elle aurait donné n’importe quoi pour se retrouver auprès d’eux à cet instant. Comme son petit monde lui manquait. Elle se rappela alors qu’à la base d’entrainement on l’avait averti qu’un manque apparaitrait au bout de quelques jours et pour cela, elle devrait s’auto relaxer pour ne pas céder à la déprime. Charlène ferma les yeux et relaxa tous les muscles de son corps, s’imprégna des bruits de fond et s’imagina chez elle au chaud, près de la cheminée qui crépite et qui sent bon le feu de bois. Elle s’endormit bien vite oubliant les affres de cette journée. Quelqu’un toqua à sa porte et la fit sortir de son sommeil. Yamachi ouvrit très légèrement pour l’appeler. - Charlène! Charlène! - Oui... - Il faut te lever.

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- Ha oui, bien. Elle émergeait à peine, les yeux encore pleins de sommeil. La journaliste resta un moment assise sur son lit avant de poser un pied au sol puis, enfila ses chaussons et se rendit dans sa minuscule salle de bain afin de se passer sous un jet d’eau tiède puis froid et ainsi se réveiller. Vite fait, elle se maquilla légèrement et s'habilla puis elle fila dans la salle de repos où l'attendaient les hommes déjà attablés. Ils l'accueillirent avec un sourire qu'elle leur rendit. Jean s'étonna de son teint frais et promit qu’il essayerai la douche froide au petit matin dorénavant. Stenkle demanda à Élysée si tout était près pour la mission, ce dernier répondît par l'affirmative. Jean lança qu’il fallait faire vite car à la base, ils avaient assez attendu et puis leur mission était peut être loin d’être terminée. Yamachi approuva. - Faites bien ce que vous avez à faire sur cette planète car nous ne sommes pas près d’y retourner! Les autres lui donnèrent raison. Ils conclurent que leurs recherches ne devraient pas excéder la matinée et qu’ensuite, ils partiraient pour d’autres cieux. Aussi, ils se dépêchèrent de terminer leur repas, de préparer tout leur matériel respectif et filer jusqu’à la mini navette. Yamachi, derrière son écran attendait le départ. Le prompteur se mit en route et l’appareil sortit dans l’espace. - Yamachi, tout va bien? - Très bien Elysée. Rassuré, l’équipage resta serein le temps du voyage. La mini navette atterrit sans dommage

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sur le sol de Stella. Ngota coupa les gaz et dépressurisa l’appareil puis, ils sortirent au dehors. Stenkle s’occupa de prélever une carotte du sol à l’aide d’une foreuse, Elysée prépara la sonde qu’il accrocha sous la mini navette. Charlène filmait et commentait. L’équipage remonta à bord. Ngota survola en rase motte l’océan puis stoppa un peu plus loin afin de descendre la sonde. Celle-ci pénétra dans l’eau doucement, pilotée par l’ingénieur. Il fit en sorte qu’elle descende par pallier pour scruter les environs dans de bonnes conditions. Yamachi devant son écran n’en perdait pas une miette. Il attendait que des informations fusent mais hormis les analyses de l’eau, rien d’extraordinaire n’apparaissait. La sonde s’enfonça encore plus loin puis encore plus loin pour bientôt dépasser les quatre kilomètres. Le spot laser intégré éclairait sur plus de six mètres alentours quand une image leur cloua le bec. Yamachi n’en revenait pas, là, devant son écran apparut une forme qui ondoyait devant la caméra de la sonde. Charlène en avait la chair de poule, devant le micro de la caméra elle émit un « Bon Dieu » qui venait du cœur. Tous suivaient cette forme avec attention. Sur l’écran de Su, les informations fusaient. A y regarder de plus près, il s'agissait d'un être vivant de couleur blanc rosée, huit paires de palmes l’aidaient dans ses propulsions. Pas de bouche, pas de branchies non plus, les scientifiques ne savaient que penser. Une autre créature similaire apparut. Mâle, femelle? Peut-être ni l'un ni l'autre ou les deux à la fois qui savait. Ces êtres vivaient au plus profond de l'océan et semblaient être les seuls habitants.

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Mais de quoi se nourrissaient-ils et comment? L'eau de l'océan était-elle leur seule nourriture? Etait-ce le commencement de leur évolution? Tant de questions sans réponses les laissaient sur leur faim. Élysée fit descendre encore plus la sonde, les créatures la suivaient. Les scientifiques scrutaient leurs écrans mais rien d'autres n'apparaissait. Au bout de mille mètres, les créatures ne suivaient plus la sonde et des particules diffuses obscurcissaient d'avantage le champ de vision. Ngota actionna une manette qui fit ouvrir un bocal afin de récupérer un peu de ces choses. - Je fais une manip et j'irais ensuite voir plus loin si .... Charlène s'écria soudain. - Hey! Regardez! Une masse sombre fondait tout droit sur la sonde. Elle devait être assez loin devant car l'image n'était vraiment pas nette. Yamachi cria. - Ca s'en va! Rattrape-la! Ngota actionna la manette de propulsion et fila au plus près de la forme qui apparaissait et disparaissait à tout bout de champs. Charlène était sur les dents. - Mais c’est pas possible ça nous fait tourner en bourrique! Vous croyez que ce truc à une certaine intelligence? Jean lui annonça qu’il n’était pas devin et que sans analyse plus poussée il ne pourrait répondre à sa question. Au bout d’un quart d’heure, la masse sombre s’arrêta enfin de bouger et Elysée s’approcha doucement. Les images se firent de plus en

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plus nettes. Déjà ils apercevaient un peu la forme oblongue de la créature et aperçurent des espèces de pics sur tout son corps. Petit à petit, ils découvrirent que les pics étaient plutôt des masses molles mais l’image était encore floue. Stenkle demanda à l’ingénieur de régler les lumières qui lui semblaient palotes mais ce dernier lui affirma que rien ne s’était déréglé Charlène s’étonna. - Ce qui veut dire que... - Que la créature en question est énorme.... Stenkle scruta l’écran, il avait presque le nez dessus. - C’est incroyable....Cette chose doit mesurer des kilomètres...C’est impossible... Jean le coupa. - Nous ne sommes pas sur Terre, Peter, ici tout est possible... Charlène s’interrogea. - Ca n’est peut-être pas vivant... Jean lui affirma que cette créature bougeait donc ce ne pouvait être que vivant. La sonde évoluait toujours vers la masse noire, à présent ils distinguaient mieux les énormes doigts qui couvraient la créature des profondeurs. Jean appela Yamachi. - Qu’est-ce que te dit ton PC, Su? - Il évalue la profondeur, la densité de l’eau, la pression également et quand à la bête, l’analyseur lui attribut des mensurations extraordinaires...Tenez-vous bien! Un kilomètres trente six exactement! A ce moment, la sonde nagea juste au dessus des doigts de la créature, tout était net sur six mètres. Tous avaient le nez collé sur les écrans.

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Les doigts tentacules n’excédaient pas les deux mètres cinquante mais tout l'animal en était manifestement pourvu. Au bout de ces derniers, d'autres tentacules plus petits flottaient au gré des courants. Peter se demanda tout haut s'il y avait une tête quelque part en tout cas quelque chose qui leur servirait de repère car jusqu'à présent ils ne voyaient qu'une masse et rien d'autre. Jean le remit dans le droit chemin. - Arrêtons de penser en humain! Si ça se trouve il n'y a pas de tête! La notion de corps humain ne devrait pas t'effleurer l'esprit! Nous ne sommes pas sur Terre mais sur une planète inconnue avec des êtres inconnus. Tous les éléments que nous avons rencontrés sont propres à cette planète, nous sommes en train de découvrir des aspects différents de chez nous! Je conçois que les plantes ressemblent un peu aux nôtres mais la faune d’ici n’a manifestement aucune ressemblance avec quoi que ce soit que nous connaissions! Yamachi s’interposa. - Il a parfaitement raison, Peter! Ne prend aucune référence terrestre pour tes suppositions. Pas de tête, pas de bouche peut-être n’a t-elle pas besoin de se nourrir cette créature, même si tu trouves cela surprenant! Ils se turent un instant afin de méditer sur ces paroles. La sonde avançait toujours, Ngota la propulsa un peu afin d’avancer plus rapidement vers il ne savait quoi. Un bruit sourd se faisait entendre à intervalles réguliers au fur et à mesure de leur avancée. Le PC de Yamachi les analysa et en conclue qu’il s’agissait du cœur de la créature. Stenkle fut

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consolé en parti, la bête possédait bien quelque chose en commun avec la faune terrestre. Cette fois une chose était sûre, la créature était bien vivante! Les scientifiques se félicitèrent de cette belle découverte. L'ingénieur activa encore la sonde qui avança jusqu’ au bout de l’animal. Pas de queue, pas de tête, rien qui ne pouvait distinguer le devant du derrière si toutefois y il avait un devant et un derrière! La sonde passa sous la bête mais là aussi, aucune distinction entre le recto et le verso! Un ver blanchâtre pourvu de doigts dessus, dessous et même sur les côtés, voilà la description que fit Charlène devant la caméra! La sonde parcourue encore quelques kilomètres mais plus rien n’apparut à l’écran. Les scientifiques firent apparaitre que la flore aquatique n’existait pas dans cet océan du moins sur les kilomètres ratissés. Elysée fit remonter la sonde qui se fixa sous la mini navette et mit les gaz. De retours sur le vaisseau, ils s’empressèrent d’analyser les échantillons du sol et des eaux. La journaliste récupéra de quoi noter et commença à rédiger son rapport pour l’émission. Yamachi contacta la base afin de les tenir informés des dernières découvertes. Tous exultèrent mais les dirigeants se faisaient pressants. Les scientifiques devaient au plus vite avancer dans l’espace car leur but premier restait à atteindre, aussi, l’équipage rejoignit le cockpit et fila toujours plus loin. Le voyage devenait de plus en plus routinier, même Charlène s’en remettait de mieux en mieux et de plus en plus vite.

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Autours d’eux, il n’y avait plus que du vide, seules quelques étoiles scintillaient au loin. Ici, pas de planète visitable, pas d’êtres extraordinaires ni même d’astres en formation, donc du repos en perspective. Yamachi fila dans la cuisine tandis que le reste de l’équipage reprit les activités de recherches. Les analyses de l’eau apportaient quelques réponses quand à la nourriture qui aurait pu être ingérée par les êtres vivants en ce milieu aquatique. En effet, des micro-organismes apparaissaient en masse et à y regarder de plus près il s’agissait de matières mortes, certainement des animaux en décomposition avancée. Peter Stenkle analysa de son côté la carotte prélevée sur le sol. Des fragments de plantes apparaissaient très nettement, des graines sèches également et... - C’est quoi ça?... Jean le regarda et le questionna. - Quoi? - On dirait...Non...Si...Si, on dirait un fragment d’écaille! - Ca n’est pas possible enfin... - C’est toi qui me dis ça! Je croyais qu’il ne fallait pas penser en terrien? - C’est vrai mais en même temps ça parait bizarre, non? - Oui plutôt! - Branche le microscope électronique nous allons voir ça de plus près! Ils placèrent le fragment entre deux plaques de verre puis attendirent les résultats. L’image, grossie plusieurs fois fit apparaitre les caractéristiques du fragment. Sur l’écran du

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PC, s’affichèrent les données. Jean n’en revint pas. - Mais c’est vrai que c’est un morceau d’écaille! A combien de centimètres tu l’as trouvé? - Et bien...En fait c’était en surface. Les deux hommes se regardèrent, interrogateurs. Se pouvait-il que des êtres vivants peuplent Stella? Pourtant les données étaient formelles, aucun être n’avait été détecté. Jean émit une hypothèse. - Il se peut que les données informatiques ne soient pas bonnes. - Pourquoi? - Parce qu’elles émanent d’êtres humains pensant comme des humains! - Je ne te suis pas. - C’est fort simple pourtant! Les informations contenues dans les PC regroupent les connaissances d’autres scientifiques comme nous, bornés comme nous! Je suis sûr qu’ils ont donné des éléments de recherches basés sur la chaleur et le mouvement, de l’image. - Ca parait logique, non? - Et s’il n’y a ni chaleur, ni mouvements, ni d’image? Comment veux-tu analyser quoi que soit? - Hmm...mouais...Donc une créature transparente qui ne dégage aucune chaleur et reste immobile! - Par exemple...Ou bien simplement a-t-on prit un arbre pour un arbre... - Tu crois que... - Je ne crois rien, Peter! J’émet des hypothèses c’est tout!

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- Mais tu as peut-être raison! Nous sommes certainement passés à côté de quelque chose d’intéressant! - Console-toi, nous avons manqué de temps voilà tout. Notre mission première n’était pas de rester des semaines sur une planète visitable, nous le savions fort bien! Et puis rassure-toi, d’autres chercheurs après nous viendront faire un travail plus poussé que le nôtre. - On a qu’à se consoler comme ça! - On a pas le choix mon vieux! Ils parlèrent de tout cela autours du repas servi dans la salle de repos. Charlène vociférait contre les dirigeants. - Et dire que l’on a peut-être côtoyé des êtres! Ils ont certainement essayer de communiquer et nous n'avons rien entendu, rien vu! Stenkle la consola. - Ils avaient peut-être peur aussi! - Partir toujours plus loin! Ils n'ont que ça à la bouche! Jean l'asticota. - Notre mission est de découvrir l'infini, Charlène! - Mais également de découvrir des planètes habitables! Tu l’as entendu comme nous tous, Jean! - Mais tu n'as pas compris que c'était un prétexte pour que toutes les nations sponsorisent la mission! Tu es naïve, Charlène! Tu ne vois pas que nous sommes ici à cause d'un caprice de président! Charlène, ouvrent les yeux bon sang! La colère de Jean surprit les autres. Il s'en était prit à la journaliste pour se défouler, pour évacuer le trop plein. Elysée la consola.

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- Il n’a pas voulu te blesser tu sais, il t’aime bien. Yamachi poursuivit. - Il a raison toutefois. Il n’y a rien de plus injuste pour un chercheur que de stopper ses recherches, surtout pour des broutilles! Tu te rends compte comme nous que ce que nous avons vécus sur Stella était unique et exaltant! Même toi tu t’es prise au jeu, je me trompe? - Non... - Sous ses aspects sereins, Jean est un forcené du travail et du travail bien fait qui plus est. Là, il est resté sur sa faim et il a crié sa colère...Il a bien fait, il ne faut pas garder pour soi les soucis, il faut au contraire les exprimer et c’est ce qu’il a fait. Tu verras, il va s’excuser. Charlène termina son repas et fila dans son studio afin de se plonger dans son émission, histoire d’oublier l’engueulade qu’elle venait de subir. Son travail comptait plus que tout. Stenkle partit jusqu’à la salle de sport afin d’y retrouver Jean. Il resta dans l’embrasure de la porte en regardant son collègue pédaler. Jean s’en aperçu. - Qu’est-ce que tu veux? Je me suis mis en colère et alors? - Et alors tu es bien embêté. Le silence fut sa seule réponse. Stenkle poursuivit. - On est tous à cran tu sais. Tu as exprimé ce que l’on a sur le cœur depuis le début de cette fichue mission, depuis même l'entrainement. On s'est tous posé la question à savoir pourquoi nous? Pourquoi est-ce à nous à qui l’on a pensé pour passer pour des Guignols devant des

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millions de téléspectateurs? C’est une insulte à notre profession! Jean s’arrêta de pédaler et le regarda. - Alors toi aussi tu penses ça? - Qu’est-ce que tu crois? J’ai accepté cette mission pour couler des jours paisibles aux Seychelles! Jean rigola. - J’te jures c’est vrai! - Je dois t’avouer un truc. - Vas-y. - J’ai accepté cette mission pour que mon salaire soit plus conséquent et j’espérais également écrire un bouquin sur mon aventure. Yamachi apparut derrière eux. - Et moi c’est pour pouvoir ouvrir mon propre laboratoire de recherche! Ngota apparut à son tour. - Moi c’est pour ne plus jamais être muté, pour rester en permanence avec ma famille, pour voir mes enfants grandir. Ils s’étreignirent les uns les autres, plus que des collègues ils étaient des amis dorénavant. Ils rirent, se tapaient sur l’épaule quand une petite voix se fit entendre. - Moi, c’est pour la notoriété que j’ai accepté, je me suis battue pour me faire un nom, pour passer à la postérité, que l’on me reconnaisse dans la rue et que l’on me demande des autographes et que l’on me demande de présenter le vingt heures. C’est pour que les miens soient fiers de ma réussite. Ils la prirent dans leurs bras et l’embrassèrent.

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INCIDENT Les jours passèrent et les déplacements également. Les planètes, étoiles et astres en tout genres n’étayaient plus l’espace et à présent seul le vide prédominait, le fameux vide tant recherché ? Ce que l’on nomme l’infini ? Les chercheurs scrutaient et scrutaient encore ce néant, de quoi il était formé ce néant ? L’ennui se faisait sentir, les émissions de Charlène s’appauvrissaient et les rediffusions de la visite de Stella agrémentaient

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un peu le direct. Si rien ne se passait d’ici un ou deux jours, la journaliste à court de reportages prévoyait de passer un bêtisier sur tout l’équipage, ce qui ne ravissait pas les scientifiques. L’humeur des mauvais jours se faisait ressentir de plus en plus, surtout quand la base leur demandait d’étudier des données dix fois analysées aussi, les vélos et autres engins de sports fonctionnaient à haut régime. Ngota s’occupait de vérifier les appareils un à un, Jean avait décidé d’établir un check liste de tout l’équipage, Charlène tentait de trouver des idées pour fidéliser le public, Yamachi préparait des mixtures à base de plantes aux vertues relaxantes, quand à Stenkle il pédalait encore et toujours. La navette poursuivait sa trajectoire tranquillement grâce au pilotage automatique. Un silence de mort régnait à présent, un silence presqu’oppressant, l’on aurait dit que la vie s’était arrêtée à bord. Tous vaquaient à leurs occupations quand soudain, les sirènes d’alertes se mirent en marche. Yamachi lâcha ses plantes qui se déversèrent sur le sol, Jean et Charlène firent un bond tellement ils furent surpris, Peter et Ngota filèrent tout droit dans le cockpit. Les écrans de contrôle détectaient des astéroïdes venant droit sur eux. Elysée hurla. - Grouillez-vous il faut foutre le camps! Ils se dépêchèrent de mettre leur casque sur la tête mais déjà le bruit des impacts se faisait entendre. L’ingénieur mit les gaz mais curieusement, la navette ne répondit pas. Les impacts redoublaient et pire, s’intensifiaient. Stenkle jurait.

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- Bordel de merde qu’est-ce qui lui prend! Ngota paniqua. - J’en sais rien! Rien ne répond! Dégage, vas-y dégage! Charlène n’en menait pas large, par le hublot elle voyait les astéroïdes arriver et percuter le vaisseau. D’un coup, la navette vibra puis fila à une vitesse vertigineuse, une vitesse inhabituelle qui scotcha l’équipage aux sièges. Le sang leur montait à la tête et leur poitrine était littéralement écrasée par la pression, leur respiration devenait de plus en plus difficile, Stenkle perdit connaissance, Jean luttait pour rester en éveil puis, la navette stoppa sa course folle pour filer à vitesse constante. Tous ne purent réagir sur l’instant. Charlène avait tenu le choc et c’est elle la première qui ôta son casque, elle était blême et prête à vomir mais était dans un tel état qui lui était impossible de se lever. A ses côtés, Jean et Yamachi bougeaient un peu la tête et les bras, à l’avant, Stenkle était toujours évanoui, Elysée, à son tour, enleva son casque, il avait les yeux exorbités. Il regarda autours de lui et vit la journaliste le regarder, elle l’interrogea d’une petite voix tremblante. - Qu’est-ce qui s’est passé? - Je...Je n’en sais rien...Je ne sais pas... Bientôt le médecin fit surface. Il ordonna que tout le monde reste assis afin que leur corps reprenne vigueur sans gestes brusques afin de ne pas faire accélérer plus leur cœur déjà sollicité par le stress qu’ils venaient de subir et, sait-on jamais au cas où le vaisseau s’emballerait encore. Il secoua quelque peu

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Peter qui ouvrit les yeux doucement, Su fit un signe de la main pour dire que ça allait mieux. La respiration de chacun était difficile et un râle sortait parfois de leur pauvre corps meurtrit. Ngota tenta d'appeler la base mais cette dernière ne répondait pas, les metteurs avaient du se détériorer durant le voyage, il soupira. - Putain d'matériel...

Jean tenta de se lever et il y parvint péniblement, il fit un écart afin de ne pas tomber sur Charlène. Il fit signe à ses acolytes de rester sur leur siégé encore un peu. Un grésillement se fit entendre. La radio fonctionnait. La voix stressée d'une femme se fit entendre. - Ici la base, m'entendez-vous? Ngota actionna un voyant pour répondre. - Oui, nous vous entendons... - Que s'est-il passé? - Nous avons été victimes d'une pluie d'astéroïdes et nous avons essuyé un gros problème avec la navette qui est devenue folle... - Folle? - Oui folle...Nous avons été compressé par une pression énorme mais tout le monde va... - Vous pouvez m'en dire plus? Nous avons été brouillé. - Non, je ne peux rien dire encore. - Bon, reprenez-vous et tenez-nous au courant dès que vous en saurez plus. L'ingénieur coupa la radio. Il demanda à Jean s'il pouvait se lever, ce dernier lui fit signe que oui. Doucement il se leva de son siège, la tête

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lui tournait quelque peu mais il réussît tout de même à se mouvoir hors de la cabine de pilotage. Yamachi l'imita puis Jean, suivirent Charlène et Peter qui eut plus de mal que les autres. Ils se retrouvèrent dans la salle de repos afin de récupérer et tenter de mettre un nom sur ce qui venait de se dérouler. L'ingénieur ne cacha pas son angoisse quand aux impacts sur la carlingue de l'appareil. Grâce aux caméras extérieures, il pourrait constater les dégâts et il lui faudrait peut-être revêtir le scaphandre afin de réparer les éventuels dommages. Charlène posa "la" question fatidique. - Vous pensez que ça peut se reproduire? Les hommes se dévisagèrent sans oser se poser la question. Bien-sûr que oui cela pouvait se reproduire à tout moment et c’est bien là ce qui les gênait. Un « peut-être » fusa de la bouche de Jean. La journaliste frissonna à cette idée. Elle regarda Yamachi et le supplia d’aller préparer une de ses mixtures dont il avait le secret, il accepta sans rechigner. Elysée entama de nouveau la conversation. - Bon, il faut que je m’assure que tout est en ordre, si toutefois le problème se renouvelait, filez directement dans la cabine de pilotage et enfiler vite vos casques. Ils acquiescèrent et l'ingénieur fila dans la salle des PC afin de visionner le fuselage. Comme il s'en doutait il y avait eu des dégâts assez important pour devoir sortir et réparer aussi, il refusa la tisane Yamachi car avec l'apesanteur cela ne faisait pas bon ménage. Il détala jusqu'à la salle des machines, ouvrit un sas où se

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trouvaient les combinaisons puis enfila la sienne, s'harnacha puis, il passa dans un autre sas, dépressurisa ce dernier, commanda le sas d'ouverture qui s'ouvrit sur l'espace. Des poignées métalliques en guise d'échelle couvraient la paroi de la fusée, l'ascension était aisée puisque son corps ne pesait pas très lourd, bizarrement, il se trouva bien et prit même du plaisir à évoluer hors de la navette peut-être trop exiguë, il eu cette sensation de légèreté, de liberté, peut-être équivalente à celle des prisonniers retrouvant la leur après quelques années de détention. Jean le contacta afin de s'assurer que tous les appareils de communication fonctionnaient et ce fut le cas. Élysée relata ce qu'il voyait et ce qu'il comptait faire pour réparer. Par endroit, les astéroïdes avaient martelées si fort les matériaux que des impacts gros comme des balles de tennis apparaissaient et ça et là et, par bonheur, la tôle n'était pas perforée. Il fit le tour et découvrit que des poignées avaient été pulvérises à certains endroits aussi, il redoubla de précaution en s'y tenant car bien qu'il était harnaché il ne désirait pas tenter le diable et s'envoler. Il pouffa. Jean lui demanda ce qui le faisait rire. - Il y a un énorme impact sur le logo du groupe FARACE , l’ équipementier automobile, pile sur le « A » et maintenant on lit FARCE! Jean rigola à son tour. Pendant ce temps, Charlène préparait son émission mais le cœur n’y était pas car elle était encore sous le choc de l'incident.

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Jean trouvait Stenkle plutôt palot et demanda à Yamachi de prendre sa place à la surveillance de Ngota afin de s'occuper du botaniste. - Viens avec moi je voudrais t'ausculter. Peter obéis et suivit le médecin jusque dans la salle blanche. Il fit asseoir son collègue sur le lit et lui demanda de soulever sa manche pour un examen artériel. Ses doutes étaient fondés, Peter avait un pouls très bas, trop bas pour continuer à travailler aussi, il ordonna qu'il se repose et lui injecta une solution dans le sang à l'aide d'une seringue puis il le laissa et retourna dans la salle des PC où Su était toujours affairé avec Elysée. Il demanda des nouvelles du botaniste. - Pas alarmant mais il doit se reposer absolument, il a été secoué. Puis, se retournant vers Charlène, le médecin l’avisa qu’il était bientôt l’heure de la retransmission. Elle fit un bond quand elle s’aperçut qu’elle était à la bourre et fila illico dans le mini studio. - La base! La base!...Mettez-moi en relation avec les studios, vite, je suis en retard! Elle vit soulagée le visage du présentateur. - Ouf...Ca n’a pas commencé... - Non mais on a plus beaucoup de temps! Qu’est-ce qui s’est passé? A la base ils m’ont parlé d’un grave problème, c’est résolu? - Heu oui, oui c’est résolu.

Ils peaufinèrent l’émission puis elle entendit le générique. - Bienvenue dans l’émission « Au plus près des étoiles »! Avec nous Charlène Veyrier qui sort tout juste d'un incident technique elle va nous

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en dire un peu plus. Alors Charlène, que s'est-il donc passé? - Et bien nous avons essuyé une mésaventure de taille puisque nous avons été percuté par une pluie d'astéroïdes mais je vous rassure nous sommes indemnes! - Secoués tout de même Charlène! - Oui, pas mal secouée... - Surtout que la navette n'a pas répondu quand il a fallu partir! - Oui Marc, la navette nous a joué un sale tour. - Mais ça aurait pu être très dangereux Charlène. - Oui... - Vous auriez pu tous y rester! - Parfaitement mais heureusement nous avons un pilote averti qui en ce moment établi quelques réparations. Je lance le magnéto... Sur l'écran, l'on pouvait voir Ngota en pleine action. Yamachi lui demanda de saluer la caméra sur sa droite afin que les téléspectateurs puissent admirer l'homme en action puis, l'émission reprit. - Alors que fait-il Charlène, exactement? - Et bien Élysée colmate les trous qu'ont provoqués les impacts tout simplement. - Il a l'air à l'aise là où il est, je suis sûr que tous nos téléspectateurs seraient ravis, rêveraient même d'être à sa place! Charlène prit alors un air grave qui ne lui ressemblait pas et qui étonna Marc. - Je vous assure que si vous aviez été aussi près de la mort que nous je ne pense pas que vous rêveriez d'être là Marc...

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Le présentateur quelque peu décontenancé poursuivit, un rictus aux lèvres à la place de son traditionnel sourire. - Je suppose que vous avez eu très peur tous... - Oui, ça n’est pas une sinécure vous savez. Dans son oreillette, Marc entendait la régie lui demander de passer aux questions des téléspectateurs pour éviter tout débordement. Il coupa court et commença. - A présent, nous passerons aux questions internet du jour! Alors, une question d'Arlette du Périgord, en France donc: Est-ce qu'Elysée Ngota est le seul à pouvoir réparer la navette? Question intéressante. - Non. Il est certain qu'Élysée est le grand spécialiste en la matière mais nous avons été tous formés pour le suppléer au cas où. - Une autre question de Vladimir de Moscou: L'entente à bord est-elle bonne, n'y a-t-il pas de bisbilles entre vous? - Non. Nous nous entendons bien et je dirais même qu'une solide amitié s'est forgée entre nous tous. - C'est formidable Charlène! Une dernière question de Ernest de Dublin: Qui fait le ménage à bord? Charlène trouva les questions et particulièrement cette dernière comme futiles mais répondît tout de même. - Tous. Nous entretenons tous la navette mais vous savez il n'y a pas de poussière et hormis débarrasser la table et essuyer un peu celle-ci c'est bien tout ce que nous partageons! - Donc peu de ménage à bord, Charlène? - Très peu oui...

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- Nous allons passer à présent à la question du jour. Quelle est-elle Charlène cette Question? - Nous avons eu un souci aujourd’hui. Quel est-il? A: Nous avons t poursuivit par des extra-terrestres. B: Nous avons été martelé par une pluie d’astéroïdes et C: Nous sommes entrer dans un trou noir. - Appelez vite au numéro qui s’affiche sous votre écran et dites...A, B ou C pour espérer remporter la coquette somme de dix mille euros ! Merci Charlène et à demain pour suivre vos aventures intergalactiques dans « Au plus près des étoiles »! Le générique se fit entendre en fond sonore, les caméras s’éteignirent. Marc alors hors antenne commença à enguirlander la journaliste. - Qu’est-ce qui t’as prit de t’emballer de la sorte? On était à deux doigts du règlement de compte! - N’exagère pas veux-tu! Si tu avait vécu ce ... - Je sais, tu l’as déjà dit et devant tous les téléspectateurs en plus! - Je suis encore sous le choc! tu peux comprendre! J'ai la poitrine broyée et j'ai faillis y rester alors motus Marc! - Le monde n'est pas obligé de t'entendre te plaindre, Charlène! - Tu en as de bonnes toi, tu es bien tranquille sur Terre tandis que moi je risque gros ici! - Quoi qu'il en soit maîtrise-toi. Elle coupa la transmission et resta un moment pour méditer sur ce qui venait de ce passer. C'est à cet instant qu’elle réalisa qu’effectivement elle risquait sa vie, et pourquoi? Pour découvrir l’après infini! C’en était risible à la rigueur. Jean avait raison,

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c’était une mission pour Président capricieux et elle avait accepté le challenge! Il fallait être fou pour effectuer ce voyage, fou à lier. France: Dix neuf heures quinze à l’Elysée. - Mon cher Galoche! Je vous remercie pour cette invitation! Vous avez vu le succès de l’émission? - J’ai vu Jefferson. - Vous avez eu là une idée de génie. Ce voyage parait passionnant. - Il l’est Jefferson, il l’est. Comme je les envie tous! Voyageant au plus profond de l’espace, découvrir des planètes vierges, avoir sous les yeux un spectacle en permanence, se retrouver face au danger et s’en sortir grâce un matériel de pointe! - Hmm. Nous aimerions être à leur place mais comme le dit ma femme, il fallait suivre d’autres études! Un homme leur apporta un apéritif ainsi que des petits biscuits salés qu’il déposa devant les deux présidents puis il parti. Galoche le remercia. Jefferson poursuivit. - Mais dites-moi Galoche, s’il devaient leur arriver quelque chose, a-t-on prévu de leur apporter secours par un moyen quelconque? Il regarda le président américain avec stupeur. - Vous n’avez rien prévu?... Un silence s’établit entre les deux hommes d’état. Galoche continua. - ...Je pensais qu’aux Etats Unis on prévoyait ce genre de chose! Rassurez-moi, vous avez

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une navette de secours...Mais oui il y a Challenger XII! - Heu...Challenger XII ne serait pas capable d’aller aussi loin...Je pensais que la navette avait été faites en double et... - En double! Vous n’y êtes plus mon cher! Le coût d’une seule navette nous a déjà pas mal ruiné et puis le temps qu’il aurait fallu pour en construire une deuxième, notre mission n’en serait pas où elle en est! Jefferson réfléchit, prit son téléphone puis avança. - Je vais appeler nos homologues. Il y en aura bien un qui possédera une fusée d’aplomb! - Non! Non ne faites pas ça! On va passer pour des Guignols! - Nous n’en sommes plus à ça, Galoche! Il faut trouver la solution. Il contacta ses homologues, d’abord le président Russe qui fut plus qu’étonné par cet appel mais qui avoua son impuissance. L’empereur Chinois promis de rappeler dès qu’il se serait renseigné de son côté, quand aux Etats d’Afrique Unis, la ministre éclata de rire pensant d’abord à une blague mais déchanta vite fait quand l’américain réitéra froidement sa question. - Ne me dites pas que rien n’est prévu en cas de grabuge! Monsieur Jefferson...Vous possédez bien des navettes ultra-rapides? - Non Betty...Pas d’aussi performantes que celle-ci. - Mais les Challengers! Vous avez des milliers de touristes qui partent visiter Mars ou la lune! Ne me dites pas que vous n'avez rien?

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- Les Challengers ne peuvent effectuer autant d'années lumières, elles se disloqueraient sous le choc! Et puis leurs réservoirs sont trop petits... - Vous n'y pensez pas monsieur Jefferson.... Il s'excusa pour le dérangement et raccrocha. Il regarda longuement son homologue français, l'embarras se lisait dans ses yeux. - Il ne faut rien dire...Surtout que rien ne s'ébruite, je ne veux pas que nos astronautes soient au courant de quoi que ce soit! - Alors rappelez tous les dirigeants et demandez leur de se taire! - C'est horrible... - Je crois que l’on n’a pas le choix. Il ne nous restera plus qu'à allumer des cierges et prier pour qu'il n'arrive rien de grave. Jefferson ralluma son téléphone et envoya des données secrètes à tous les chefs d'état. Sur l'heure, il reçu la moitié des réponses attendues, les autres ne tarderaient pas. Le premier ministre anglais le traita de bon à rien, le roi d'Espagne lui envoya ses condoléances avancées et l'Italie un point d'exclamation pour exprimer sa surprise. Galoche n'en revenait toujours pas. Comment avaient-ils pu omettre une telle éventualité? La soirée fut plutôt orientée vers le débat. Chacun essayant de trouver une solution au problème mais même avec de l'argent, c'était le temps qui leur manquerait. Jefferson émit l'idée de "trafiquer" la dernière navette Challenger XII afin de la rendre enfin opérationnelle. Mais il fallait bien admettre que cela était du cache misère plus qu'autre chose. Il donna l'ordre à la NASA de faire leur possible mais à

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l'autre bout de son téléphone vidéo il vit un ingénieur sourire ironiquement. Il comprit que c'était peine perdue mais qu'importe, il fallait faire voir que l'on s'occupait du problème. Il était deux heures du matin quand les deux hommes se rendirent dans leur chambre respective où ils ne purent trouver rapidement le sommeil. La nuit leur semblerait longue, voir interminable vu les pensées qu’ils avaient en tête. La vie de cinq astronautes était entre leurs mains et s’ils leur arrivaient malheur, aucuns présidents ne s’en remettraient, pire, cela raviverait certaines tensions que les citoyens du monde entier pensaient éteintes. Jefferson sentait la sueur couler sur son front et des scénarios catastrophes lui emplissaient la tête. Galoche repensa à ce jour où son homologue américain avait rassemblé tous les chefs d’états afin de leur soumettre son idée farfelue et où lui, président de la France l’avait soutenu et trouvé l’idée du sponsoring. Il s’en voulait presque à présent d’avoir été solidaire pour cette idée loufoque, idée qui pourrait conduire les citoyens à la catastrophe si quelque chose était découvert… Ngota termina une soudure pour colmater un vilaine fissure puis rentra. Il avait travaillé des heures et la fatigue se faisait sentir. Yamachi lui prépara une collation plus conséquente afin de rassasier l'homme qui avala d'un bon appétit son repas. Il questionna le chimiste. - Alors, on a une idée sur ce qui s'est passé? - Pas spécialement non. Tu crois que la navette a eu une défaillance technique?

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- C'est possible, il n'empêche que je n'ai rien trouvé d'anormal et les PC n'ont rien détectés de spécial. - C'est étrange non? - Plutôt oui. Il ne faudrait pas que cela arrive trop souvent car j’ai bien peur que la navette ne tienne pas le choc. Je ferais des essais demain quand nous partirons à grande vitesse, il faut trouver ce qui s’est passé, réparer éventuellement et faire en sorte que cela ne se reproduise pas. - On te fait confiance Elysée, c’est toi l’expert. - Où sont les autres? Couchés? - Couchés. - Je ne vais pas faire de vieux os moi non plus! Ton repas est succulent Su, je te remercie. - Il n’y a pas de quoi. Je vais débarrasser ton couvert, va te coucher. Ngota remercia le chimiste et partit se coucher. Yamachi le suivit de près. Le repos leur fut bénéfique et ils ne se levèrent que tardivement, de toute manière il n’y avait pas foule de travail à effectuer alors autant en profiter au cas où les choses changeraient. Le petit déjeuner se passa dans le calme, tous avaient les traits reposés, les incidents de la veille étaient loin et il fallait penser à déguerpir un peu plus loin encore, ce qu’ils firent un peu plus tard. Le voyage se passa très bien et l’équipage fut soulagé. Au dehors, des planètes attirèrent leur attention. Ils ne pensaient pas trouver d’autres astres aussi lointains mais ce fut surtout leur disposition qui les surprit. En effet, ils étaient placés en plusieurs spirales et tournaient tous dans le même sens. Stenkle appela la base qui reçu les images peu après. Ils

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eurent l’ordre d’étudier ce phénomène avant toute chose. Dans la salle des PC, déjà les machines s’activaient et les informations pleuvaient. A première vue, il n’y avait pas de planète visitable mais il fallait encore attendre un peu pour avoir toutes les données car l’ensemble de ce système était immense. Charlène récupéra les premières images afin de faire un reportage, les hommes se mirent au travail pour étudier ce qu’ils avaient sous les yeux. Ils furent tous surpris de constater que rien de nouveau n’apparaissaient sur les écrans, en effet, tous les éléments qui composaient les planètes étaient connus et similaires à sur Terre. Restait à définir le pourquoi du comment des mouvements en spirales, au premier abord, Yamachi tenta de l’expliquer par le fait qu’un courant passait entre les astres mais cela bien-sûr restait à prouver. Le calme régnait en maître à bord du vaisseau quand une espèce de vague berça doucement cette dernière. Tous se regardèrent. Curieusement, les PC n’enregistraient rien. Quelques minutes passèrent puis une autre vague les berça de nouveau et ainsi toutes les cinq minutes environs. Les ordinateurs ne relevaient que des petites anomalies anodines telles que des trajectoires modifiées mais rien de plus, ce qui inquiéta Élysée qui ordonna de passer dans la cabine pilotage et d'enfiler les casques. Il contacta la base mais cette dernière ne pouvait pas expliquer grand chose. L'équipage resta une bonne heure sur les sièges sans que rien de plus ne se passe hormis les vagues aussi, Ngota commença à enlever son casque, les autres l'imitèrent. Charlène fut soulagée.

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- Je n'en pouvais plus! Quelle chaleur là-dessous! Les hommes acquiescèrent tout en se levant quand soudain, une vague se fit plus forte, puis une autre et encore une autre. Tous les cinq s’asseyaient en hâte. Quelque chose était en train de se passer, les sirènes se mirent à hurler et la voix off se fit entendre. - FORCE EXTERIEURE ANORMALE VEUILLEZ GARDER VOTRE TRAJECTOIRE. Élysée ne comprenait pas ce qui se passait et ne pouvait répondre aux regards insistants et interrogatifs de ses compagnons de route. A présent, la navette se dirigeait seule, l'ingénieur déclencha une manœuvre afin de freiner la vitesse et ainsi rester stable mais à grand peine. Il décida alors de partir à grande vitesse pour échapper peut-être à cette pression. Il n'eu pas besoin de demander quoi que ce soit aux autres, il actionna les manettes et la navette partit à vive allure. En plus de la pression qu'ils subissaient, l'angoisse montait en eux. Ce fut les vingt minutes les plus longues qu'ils n'aient jamais vécues et, quand la navette s’arrêta, ils retrouvèrent le soulagement physique mais pas psychique. Ils restèrent assis en attendant de recevoir des informations de la base ou bien des PC. Avec le stress, la sueur perlait sur leur visage et leurs mains étaient moites. Finalement, ils ôtèrent leur casque et se levèrent. Toute communication avec la base était impossible pour l’instant, Elysée avait du pain sur la planche et un raz le bol commençait à se faire ressentir par tout l’équipage.

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Pendant que l’ingénieur tentait de réparer ce qui ne semblait pourtant pas être défectueux, les scientifiques tentaient de mettre un nom sur ce qu’ils venaient de vivre et Charlène notait tout ce qu’elle entendait en se demandant ce qu’elle faisait dans cette galère. Elle supplia Yamachi du regard mais ce dernier hocha la tête en signe de réprobation. Lui d’habitude si zen commençait à trouver que cette mission battait de l’aile. Elle partit donc préparer elle-même de quoi boire pendant que ces messieurs tentaient de se mettre d’accord sur leur point de vue respectif. De la cuisine, elle entendait les débats parfois houleux entre Stenkle et Jean. Elle pensait plutôt qu’il n’y avait pas de nom à donner à ce phénomène car il était inconnu jusqu’alors mais il fallait l’appeler n’importe comment, Tartempion ou Trucmuche, afin de l’enregistrer sur les PC au cas où des problèmes similaires viendraient à apparaître de nouveau. La journaliste déposa les tasses sur la petite table et chercha un peu de sucre dans un des placards quand quelque chose attira son attention. Des sillons se dessinaient dans la tisane! Pourtant elle ne ressentit rien de particulier, elle appela les hommes. - Hey! Venez voir un peu! Jean lança. - On est occupé, Charlène! - Venez, il y a quelque chose. Ils rappliquèrent et elle leur fit part de sa découverte. Ils regardaient le phénomène avec insistance. Stenkle demanda à Yamachi s’il avait déjà vu ce genre de phénomène avant, quand il préparait le thé mais ce dernier n’avait jamais rien vu de semblable auparavant, à

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moins qu’il n’y ai pas fait plus attention que cela. Charlène fit remarquer la régularité des ondes. Jean pensa alors qu’il pouvait s’agir des vibrations liées aux moteurs de la navette et, pour en avoir le cœur net, il demanda à Élysée toujours dans la mécanique informatique si cela était courant. - Alors là, tu m’en demandes trop...Mais pour être sûr, viens me rejoindre dans la salle des machines, si les ondes s’intensifient, c’est que ça viens de là! Jean trouva Elysée perspicace. Ils prirent une tasse et rejoignirent l’ingénieur puis se penchèrent sur la tasse afin d’étudier les fameux sillons. Rien n’avait changé, les ondes étaient autant régulières et leur intensité n’avait pas bougée. Ils trouvèrent cela étrange mais ne purent toujours pas mettre un nom sur ce qu’ils avaient sous le nez, c’était immonde pour des scientifiques habitués à trouver une réponse aux problèmes les plus compliqués. Ils durent retourner à leurs occupations mais demandèrent à Charlène de surveiller la tasse pendant qu’elle travaillait à son émission. Stenkle lui somma de les appeler si la fréquence devenait plus forte. Tous reprirent leur poste de travail. Machinalement, la journaliste regarda au dehors, il n’y avait que du vide, du noir complet, elle se remit sur son script en regardant de temps à autre l’eau dans la tasse. Tout était redevenu calme, seules, quelques paroles plus hautes lui parvenaient quand l’un n’était pas en accord avec l’autre. A ce rythme, elle n’allait pas beaucoup avancer et puis les idées commençaient à devenir floues, confuses,

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dénuées de sens pourtant il fallait continuer, le monde attendait avec impatience ses apparitions sur leur écran de télévision, elle aurait donné n’importe quoi pour accéder à la notoriété et aujourd’hui alors qu’elle était en haut de l’affiche, elle le regrettait presque. Elle se voyait chez elle, sur son petit balcon et ressentait même le soleil sur sa peau. Où était son petit monde? Elle se tourna afin de regarder une énième fois au dehors, toujours rien que du noir, les ténèbres, voilà, les ténèbres se disait-elle, c’était le mot qu’elle cherchait depuis un bon moment. L'eau de la tasse ondoyait encore régulièrement. Après le tumulte voilà l’ennui qui s’installe. Elle se pencha sur son papier, rien ne venait, pourquoi rien n’arrivait dans son crâne? Elle prit son visage entre ses mains, ses yeux commençaient à s’embuer quand la sirène retentit à nouveau. Elle couru jusqu’à la cabine de pilotage, Jean, Stenkle et Yamachi lui emboitèrent le pas et Ngota ne tarda pas derrière eux. Peter lâchait des jurons plus grossiers les uns que les autres, le pilote rageait. - Bon Dieu mais qu’est-ce qu’il y a encore?! Une fois les casques sur la tête, ils visualisèrent l’écran de contrôle: « MATIERES SOUPLES EN VUE » s’affichait. L’équipage se regardait étonnés. Yamachi questionna les autres. - C’est quoi des matières souples? Peter haussa les épaules. Jean fixa l’écran et fit remarquer les matières qui s’approchaient. - Regardez...C’est vrai que c’est mou, ça se déforme et ça se divise... Yamachi en resta muet. - Ca alors...

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Ngota vérifia les données. Les ordinateurs n’ordonnaient pas de décamper, il décida alors de ne pas partir et d’attendre encore un peu. De toute manière, les grandes vitesses répétitives n’étaient pas conseillées et la navette avait déjà été bien trop malmenée ces dernières heures. Charlène demanda si ces choses étaient dangereuses mais les hommes ne lui cachèrent point leur méconnaissance sur le sujet. La journaliste brancha la caméra pour filmer le nouveau phénomène et ainsi donner du piquant à son émission qui en avait bien besoin. Les matières molles arrivaient de plus en plus vite et des morceaux restaient collés sur la navette, un bout vînt même se fixer sur le hublot du cockpit. Les scientifiques en profitèrent pour l’étudier de près et, à y regarder mieux, cela glissait et laissait des traces comme de la bave d’escargot avant que le bout ne glisse plus bas pour se coincer sur les rivets. Les matières molles filèrent plus loin en laissant des morceaux sur le tout le vaisseau. Jean s’exclama. - Mais bon sang qu’est-ce qui se passe? Yamachi lui ouvrit les yeux. - Ce qui se passe? Et bien il se trouve que nous avons été plus loin que n'importe qui jusqu'alors et qu'il est normal et logique d'approcher des phénomènes inconnus! Voilà ce qui se passe! Nous n'en sommes qu'à peine au tiers de notre voyage que déjà nous rencontrons des difficultés grandissantes au fur et à mesure que nous avançons, or si ceci n'est qu'un début, je me demande bien ce qui nous attend plus loin!

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Il fit frissonner tout l'équipage. Ils se rendirent à l'évidence qu'il avait sûrement raison. Ngota essaya encore de communiquer avec la base mais cette dernière ne répondait pas. - Bordel mais elle va fonctionner oui ou merde! Yamachi enleva son casque, les autres l’imitèrent. L'ingénieur bredouilla dans sa barbe qu'il allait réparer au plus vite les appareils de communication mais avant, il posa la question fatidique. - Qui veut poursuivre cette mission? Tous le regardèrent sans dire mots mais leur silence était révélateur, il conclu donc qu'il demanderait à la base l'autorisation de faire demi-tour. L'équipage se leva et parti dans la salle des PC afin d'étudier les matières molles. Les ordinateurs ne purent pas spécialement les renseigner et sur les écrans l'on pouvait lire: « MATIERE INCONNUE ». Stenkle proposa d'aller chercher un peu de cette chose gluante directement sur la carlingue sitôt que Ngota aurait réparé la radio. Il brancha les caméras extérieures afin de visualiser les résidus de plus près pendant que Charlène prenait des notes et, dans le tumulte et le brouhaha, ils entendirent une voix. - Ici la base où étiez-vous tout va bien? Un grand "ouf" de soulagement et un grand sourire apparu sur leur visage puis, ils écoutèrent Élysée qui prit un ton grave. - Nous avons encore essuyé des ennuis et plus ça va et plus ils sont graves... - Mais vous allez bien tout de même? - Oui, enfin pour l’instant...Nous aimerions rentrer sur Terre...à l’unanimité.

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- Vous êtes fous? Le prix que nous coûte cette mission est énorme, c’est carrément un gouffre! Je ne pense pas qu’il soit judicieux de faire machine arrière! - Judicieux? Vous parlez argent alors que cinq personnes ont faillit y laisser leur vie! - Vous avez accepté cette mission, vous irez jusqu’au bout vous m’entendez! - Mais jusqu’au bout de quoi? Vous pouvez me le dire? - Non, ça c’est vous qui nous le direz mon cher! Reposez-vous et pas d’entourloupe devant les caméras! Charlène nous a fichu la trouille de notre vie hier, que cela ne se reproduise pas! L’enjeu est énorme il ne faut pas reculer maintenant. Par colère, Elysée coupa la communication pour rejoindre les autres. Il les vit devant lui la mine défaite. Jean s’insurgea. - Le fric...Le fric ils n’ont que ça à la bouche, le fric. Et nos sentiments dans tout ça, hein? Ils n’ont pas l’air de comprendre ce qui se passe. Yamachi répondit. - Ils ne peuvent pas se rendre compte de tout ce qu’on vit ici puisqu’ils n’y sont pas! Charlène vociféra. - Alors on ne peut même plus s’exprimer...J’aimerai les voir eux! Rester gaie et futile quand vous avez faillit y passer. Ils tentèrent de se calmer un peu et partirent dans la salle de repos. Yamachi prépara une tisane odorante et surtout relaxante, il fallait faire le point absolument sinon c’était la vie à bord qui serait menacée, sans entente, la vie deviendrait vite un enfer. Jean s’exprima mais en tant que médecin.

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- Je vais à nouveau établir un check liste sur chacun d’entre nous car nous sommes au bord de la crise de nerf! J’injecterais des décontractants régulièrement jusqu’à ce que les ennuis disparaissent un peu. J’enverrai les données médicales à la base tous les jours afin qu’ils se fassent une idée de ce que nous vivons au quotidien ainsi, les autres médecins sur place n’auront le choix que de nous faire faire demi-tour. Ils trouvèrent l’idée pas mal mais Peter leur ouvrit les yeux. - Et bien moi je pense qu’ils ne croirons en rien à tes diagnostics, ils diront que ce sont de belles foutaises. Il mit le moral des troupes à zéro. Yamachi préféra s’éclipser pour préparer un repas. Charlène s’écroula en sanglots sur la table basse. Ngota la prit dans ses bras et Jean l’amena jusque dans la salle blanche afin de lui administrer un calmant. Il la fit asseoir sur le lit et lui demanda de relever sa manche. Son pouls était plus haut que la normal, il fallait la calmer avant l’émission sinon elle allait craquer en direct. Le médecin lui administra le médicament qui fit effet presqu’immédiatement. - Ca va mieux? - Oui...j’ai craqué... - On craque tous je te rassure! - Demain sera un autre jour. - Tu penses comme Yamachi à présent? - C’est vrai qu’il aurait pu dire ça! - Il a du nous concocter un repas pour nous faire plaisir il ne faut pas le décevoir, allons-y.

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Il la prit par le bras pour l’aider à se relever et leur regard se croisèrent, ils restèrent un instant les yeux dans les yeux puis, il lâcha son bras. Elle se dirigea vers la porte et fila dans la salle de repos. Elysée lui demanda si tout allait bien, elle répondit par l’affirmative. Jean arriva à son tour avec une bouteille dans les mains. Yamachi qui lui emboitait le pas fut le premier surprit. - Tu as eu ça où ? Je croyais que c’était interdit! Peter s’exclama. - Quelle riche idée tu as eu là! Du Bordeaux en plus! Elysée lui demanda comment il avait pu dissimuler une bouteille dans ses bagages, Jean lui répondit. - Ils n’ont pas fouillé les bagages! Yamachi s’étonna. - Comment le sais-tu? - Parce que sinon ils les auraient trouvés pardi! Elysée le coupa. - Les? Tu veux dire que tu en as amené plusieurs? - Six... Ils félicitèrent le médecin qui allait pour déboucher le litre mais il chercha un tire-bouchon. Yamachi le dévisagea. - Tu ne l’as pas prévu? Jean se trouva bête. - ...Non... Ngota couru jusqu’à la salle des machines afin de récupérer sa caisse à outils, il y aurait certainement quelque chose pour ouvrir cette bouteille. Il chercha de fond en comble l’ustensile le plus approchant mais ne trouva

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qu’un petit tournevis capable de faire l’affaire, il attrapa une pince au passage et retourna voir les autres qui l’attendaient avec impatience. - J’ai ce qu’il faut, enfin je crois. Il ôta l’aluminium et découvrit le bouchon de plastique. Il félicita la science qui avait bannie le liège et enfonça le tournevis sur un côté car il voulait que le bouchon sorte pour l’attraper avec la pince. Jean lui souffla qu’il aurait pu être chirurgien tant ses gestes étaient précis. L’ingénieur le remercia et, au final, il exhiba bien haut le bouchon. Jean prit la bouteille et servit allègrement ses collègues qui le remercièrent chaleureusement. Yamachi avait trouvé du bœuf bourguignon déshydraté qui se mariait parfaitement au vin. Ils trinquèrent à leurs ennuis et goûtèrent cet excellent cru. Bientôt, la tablée se fit plus conviviale et les bêtises pleuvaient, Jean chanta même une chanson sur le vin blanc que tous reprirent à tue-tête. Quand le repas fut terminé, l'équipage se reprit en main et chacun vaqua à ses occupations. Élysée revêtît sa combinaison pour aller chercher de la gelée sur la navette. Il passa le sas, dépressurisa et grimpa sur l'appareil. Il manqua glisser plusieurs fois tant la navette était maculée de cette mixture. A bord, Charlène ressassa son speech, les idées étaient à présent plus claires. Yamachi veillait sur Elysée, Stenkle préparait le microscope et Jean commençait son check liste sur lui-même. Tout allait pour le mieux et la sérénité était revenue. L’ingénieur revint avec les échantillons mais devait retourner dehors pour désincruster toute

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la substance qui obstruait certains hublots et certaines caméras. Stenkle plaça l’échantillon entre deux plaques de verre et l’introduisit dans le microscope. Ce dernier mit en évidence un genre de pulpe. Le botaniste trouva pour le moins étrange que la gelée d’abord compacte se soit transformée en liquide visqueux, surtout que rien dans l’espace ne pouvait détériorer quoi que ce soit puisqu’il n’y avait pas d’air. Il mit ses remarques sur l’ordinateur et poursuivit ses recherches. Les PC ne décelaient pourtant rien de mieux et Peter fut déçu. Jean le consola en lui disant qu’il y avait encore mille choses à découvrir. Il approuva. Yamachi conversait avec Elysée bien tranquille dans l’immensité. Ce dernier philosopha. - Finalement on n’est pas trop mal ici! - Parle pour toi nous on est coincés à l’intérieur! - Tant pis pour vous! Je vois une toute petite lueur là - bas, tu la vois Su? - Oui, c’est une étoile lointaine. - Et si c’était le bout du tunnel? C’est peut-être là que ce trouve ce que nous venons chercher! - Va savoir! - On verra ça demain ou après demain... - Ou peut-être ne verrons nous rien du tout aussi. - Tu es défaitiste Su! Il faut que l’on trouve quelque chose sinon nous aurons fait ce voyage pour des clous et puis j’ai promis à mes enfants de ne revenir que si j’avais trouvé ce qui ce cache après l’infini.

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- Tu les aurais déçus alors si nous étions repartit - Ouais, et j’aurais pas été fier...Et moi je veux qu’ils soient fiers de leur papa... Yamachi entendit un reniflement, il resta un moment silencieux puis lança. - On trouvera, ils seront fiers. Charlène en avait les larmes aux yeux mais cacha son émotion. Elle fila dans le studio pour se préparer. Jean continua son diagnostic sur Peter. Il prit son pouls, écouta son cœur et plaça son stéthoscope sur sa gorge puis il lui fit ouvrir la bouche et tâta son ventre. - Tu as mal quelque part? - Un peu aux côtes mais ça passe petit à petit. - Hmm, le contre coup de la pression... - Evite de dormir sur les côtés ou sur le ventre. - Bien docteur. Ironisa le botaniste. Jean fila dans le studio de Charlène afin de poursuivre son travail. Elle était en train de se refaire une beauté. - Je viens pour t’ausculter, tu as le temps? - Oui viens. - assieds toi sur ton bureau et soulève ta manche. Elle exécuta les ordres du médecin. - Ton pouls a baissé depuis tout à l’heure, c’est bien. Il plaça son stéthoscope sur le cœur de la femme puis remonta doucement vers la gorge. Sa bouche touchait presque la sienne, ils s'effleurèrent les lèvres avant de s'embrasser. Elle ôta sa fermeture jusqu'en bas du ventre, prit la main de l'homme qu'elle glissa sur son

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sein, il la déshabilla et enleva sa combinaison. Jean enfila son sexe dans celui de Charlène et ils firent l'amour dans le studio, à l'abri des regards indiscrets. Ils ne purent rester longtemps l’un contre l’autre pour ne pas éveiller les soupçons. Les jalousies ne seraient pas les bienvenues dans un tel contexte. Les deux amants se cacheraient pour le bien-être de tous. Jean parti ensuite ausculter Yamachi et Charlène reprit son travail, elle était aux anges mais pressée par le temps il fallait qu’elle bosse vite, elle brancha la caméra et demanda à la base de transmettre les images. Le visage de Marc apparut sur l’écran. - Tu es mieux aujourd’hui? Fais gaffe à ce que tu vas dire, on a eu des remontrances par les présidents! Ils étaient furax! - Ne t’inquiète pas! - Alors quoi de neuf? - Encore des ennuis, toujours des ennuis pour ne pas changer et quelqu..... Elle n’eut le temps de finir sa phrase, la navette se mit à tanguer furieusement et les sirènes se mirent à hurler. - Charlène qu’est-ce qui se passe! Charlène! Elle fila illico dans la cabine de pilotage suivit de près par Stenkle. Yamachi et Jean ordonnèrent à Ngota de rentrer immédiatement et ce dernier ne se fit pas prier. D’un coup, la navette partit et les deux hommes durent s’accrocher à ce qu’ils trouvaient, yamachi hurlait le nom de l’ingénieur. La navette prenait de plus en plus de vitesse, jean et yamachi furent projetés à l’arrière, contre le microscope, ils étaient littéralement écrasés par

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la pression. Dans la cabine de pilotage, Stenkle essaya de maintenir la navette mais ses membres ne répondaient plus et sa tête ainsi que celle de Charlène étaient scotchées sur le siège. De nouveau l’air manqua tant leur thorax était aplati puis, doucement, la navette se mit à ralentir. Des larmes coulaient sur les joues de Charlène, son corps tout entier lui faisait mal, la douleur était à peine tenable. Où étaient les autres? Avaient-ils réussis à se tenir? Des râles se firent entendre et ça et là, ils étaient vivants. Il fallut plus de vingt minutes avant que Yamachi ne puisse le premier se lever. Jean à ses côtés soufflait comme un bœuf, il le plaça en position latérale de sécurité et se dirigea vers la cabine de pilotage où il vit ses collègues vivants. Stenkle se leva ainsi que Charlène, un râle se fit entendre, Jean pleurait toutes les larmes de son corps. - Ngota....Ngota... Ils comprirent alors ce qui s’était passé, Charlène mit ses mains sur son visage et fondit en larmes. Ngota n’avait pas eu le temps de revenir à bord à temps, il avait disparu dans l’espace infini. Tous étaient anéantis et plus un mot ne sortait de leur bouche, seuls les pleurs brisaient le silence. Ce fut un peu plus tard que Peter tenta d’appeler la base au secours mais seulement des grésillements se faisaient entendre alors il resta prostré devant la radio dans l’espoir que quelqu’un réponde. Charlène fila au studio pour essayer de joindre soit la base soit la chaine de télévision mais là aussi, ce fut peine perdue. Yamachi, devant son PC actionna les caméras extérieures, seul le

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filin qui retenait Elysée trainait derrière la navette, personne au bout. Où était-il à présent? Quelles ont été ses dernières paroles? A-t-il crié quelque chose? Et sa famille ? Comment allait-elle réagir ? Comment Nama allait-elle l’apprendre ? Les enfants étaient orphelins de père à l’heure actuelle et ils ne le savaient pas, pas encore probablement qu’ils jouaient aux astronautes dans le jardin ou bien étaient ils à l’école, savoir. Quelle heure était-il en Afrique du Sud? Ici plus de notion de temps, où se trouvaient-ils d’ailleurs? Avançaient-ils encore ou bien faisaient-ils machine arrière? Ici pas de gauche ni de droite ni haut ni bas, rien que du vide sidéral. La voix nasillarde de la radio lui fit reprendre conscience de la réalité. Stenkle répondit. - Bon sang mais que faisiez-vous? - Nous avons eu des interférences! Que ce passe-t-il là haut? - Il se passe que cette foutue navette est partie à grande vitesse toute seule et que Ngota a disparu! Voilà ce qu’il se passe ! - Elysée Ngota! - Parfaitement! Donc à présent, c’est vous qui prendrez le relais pour tout ce qui est de la mécanique. Il y eut un silence puis, Peter lança. - Comment ça! Je vous dit qu’Elysée Ngota est mort et tout ce que vous avez à me dire c’est « c’est vous qui prenez le relais »! Je vous parle de la mort d’un être humain, de notre collègue et ami, d’un brillant mécanicien et d’un père de famille ! - Nous avons compris, ne hurlez pas comme ça! Nous en sommes désolé Peter mais la vie

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continue! Ne baissez pas les bras, je vous en conjure! D’après nos calculs, vous avez fait plus de la moitié du voyage alors n’abandonnez pas maintenant!

Jean arriva derrière Peter et prit la parole. - Nous sommes au bout du rouleau! Nous avons essuyé un échec, d’autres ferons peut-être mieux après nous! - Un échec? Quel échec? Vous vous êtes plutôt bien débrouillés jusqu’à présent! La mort d’Elysée nous crève le cœur croyez-moi mais vous ne pouvez renoncer maintenant, vous avez tous signé pour un an de mission ne l’oubliez pas! Dites à Charlène qu’elle passe à l’antenne d’ici un quart d’heure, elle annoncera publiquement le décès d’Elysée. Ils coupèrent la transmission. Le reste de l’équipage était dans tous ses états et Charlène encore plus car c’était sur ses épaules que reposait la lourde charge d’annoncer le décès de l’ingénieur. Elle fila dans le studio et brancha les appareils, son air était grave, ses yeux rougis et le visage décomposé. Elle attendit que le prompteur se mis en marche puis annonça la triste nouvelle devant des millions de gens. - Bonjour. Nous avons encore essuyé de graves ennuis aujourd’hui et je dois vous annoncer la mort de notre collègue et ami Elysée Ngota dans l’exercice de ses fonctions. Nous contribuons à la peine de sa famille. C’était Charlène Veyrier pour un flash spécial d’ « Au plus près des étoiles ». Au revoir à tous, adieu Elysée. Elle coupa la transmission et s’effondra sur son bureau en tapant le poing sur la table.

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Sur Terre, l’annonce de la mort de l’ingénieur prit des proportions énormes, les flashs info redoublaient dans tous les pays et l’image d’Elysée était véhiculée dans tous les journaux, magazines et téléphones. Dans son pays, il eut droit à des funérailles nationales et fut médaillé à titre posthume par le président lui-même. Sa famille éplorée défilait malgré elle devant les caméras et les flashes, l'état indemniserait sa femme à vie. Il y eut des milliers de fleurs qui parvenaient du monde entier sur la tombe du mécanicien, il y en avait tellement que le petit cimetière de son village natal était bondé. Déjà, la mission spaciale prit un autre attrait, certains se demandaient si découvrir l’infini valait la vie d'un être humain et beaucoup se demandaient si les astronautes reviendraient un jour. Des messages arrivaient en masse sur les bureaux des dirigeants pour leur demander d'arrêter les recherches mais pour ces derniers, il en était hors de question. A bord de la navette, la vie suivait son cours et les jours passaient, inlassablement les mêmes. Les problèmes s'étaient résolus d'eux-mêmes et l’équipage suivait leur trajectoire. Ils voulaient tenir le coup pour Elysée, pour sa famille, C’étaient ces dernières volontés. Aux alentours, tout était noir, pas une étoile pas un soleil, rien, toujours ce vide angoissant, ils se sentaient si petits face à l’immensité. Stenkle avait suppléé Ngota et passait désormais son temps aux machines en plus des plantes de Stella à analyser, cette double casquette lui pesait mais il n’avait pas le choix. Yamachi lui donnait un coup de main de temps

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en temps ce qui allégeait tout de même sa charge de travail. Charlène prépara un repas sommaire car il fallait partir dans peu de temps, elle appela les hommes et servit la purée de carottes dans la salle de repos. Jean proposa un peu d’eau et la conversation commença. - Bon, si on faisait un tour de table afin de parler un peu de notre mission? Les autres se regardèrent. Yamachi commença. - Et bien vu ce que l’on voit dehors, je suppose que nous n’apprendrons rien de plus sur l’infini. Charlène fit remarquer qu’effectivement, il y avait peu de chance de découvrir quoi que ce soit de plus intéressant. Stenkle poursuivit. - Je pense que notre système solaire et ses alentours sont forts intéressants à étudier mais plus tu vas loin et moins il y a de choses à voir, la preuve! Le médecin ajouta. - Et bien quand notre mission aura été jusqu’au bout, nous pourrons effectivement dire que l’infini reste l’infini. Yamachi le coupa. - Ce qui ravira tout le monde sur Terre! Jean lui demanda pourquoi cette réponse. - Parce qu’au moins cela mettra tout le monde d’accord! Les religieux de tous ordres n’auront pas à se justifier de quoi que ce soit et les croyants seront rassurés...Le non-croyant également car imaginez qu’il y est un Dieu alors là! Je ne sais pas si je rentre!

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Ils rirent tous à ces paroles, cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient permis de rire, la mort d’Elysée les avait cloué. Pourtant, Yamachi avait raison, comment annoncer qu’un Dieu existe et qu’il est à la base de tout? Certains croiraient même à une supercherie, ils en étaient plus que persuadés. Combien de fois avaient-ils entendus la fameuse phrase « je ne crois que ce que je vois »? Plus les jours passaient et plus ils se demandaient ce qu’ils faisaient si loin de chez eux pour peut-être ne rien découvrir. Au final, seule la découverte de Stella aura été bénéfique, heureusement qu’il y avait eu cela sans quoi cette mission n’aurait servit strictement à rien, sans compter les sommes exorbitantes que cela avait coûté, sommes qui auraient pu servir à tant d’autres choses et aider les plus démunis sur Terre. La bonne humeur du départ s’était transformée en dégout et il leur fallait ne pas le montrer, faire comme si de rien était, garder le sourire et travailler encore et toujours, parfois dans d’affreuses conditions. L’équipage se préparait à partir malgré leur angoisse grandissante. Chacun plaça son casque sur la tête et s’harnacha. Peter avait prit la place d’Elysée et Yamachi celle de Peter. Le siège vacant leur rappelait leur ami et, quelque part, il était encore présent parmi eux comme pour les guider, les aider dans leur quête. La navette fila à grande vitesse, pour la première fois, Charlène plus à l’aise fixa le hublot du cockpit. Elle voyait l’espace défiler à une allure folle, parfois, elle croyait voir une lumière, de la couleur mais ne pouvait mettre

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un nom dessus, planète ou étoile? Sa vue ne focalisait pas à une telle vitesse. Doucement, la navette ralentie pour naviguer lentement. L’équipage resta un moment sur leur siège afin de se remettre de ce voyage puis, Jean se leva puis Charlène. Yamachi activa les micros et tenta de contacter la base mais celle-ci ne répondit pas. - Ca marche pas terrible leur truc... Peter acquiesça. - On essayera dans la salle des PC, vient. Ils partirent tout d’abord se reposer dans la salle de repos. Au dehors, toujours du vide, seule, une petite lumière au lointain transperçait la pénombre. Jean fit remarquer que leurs dires se vérifiaient, à savoir que plus ils avançaient et moins il y avait à voir. - On va finir par s’ennuyer ferme si ça continu! Peter se contenta de rire mais Yamachi soupira. - Je crois que tu as raison, on va finir par aller dormir pendant des heures durant pour repartir ensuite, quand on aura terminé notre voyage, on aura hiberné plus qu’un ours ou une marmotte! Charlène poursuivit. - Moi, ce qui m’ennui, c’est le voyage du retours! N’oublions pas qu’il nous faudra faire chemin arrière. Pourvu que nous passions par ailleurs! Peter ne la rassura pas. - J’ai bien peur que nous empruntions le même itinéraire qu’à l’aller ma pauvre! L’ordinateur de la navette enregistre notre trajectoire alors tu sais, au retour, on fera le même trajet! Elle leva les yeux au ciel.

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- Ca va être poilant... - Comme tu dis! Yamachi, comme à son habitude, parti dans la cuisine afin d’y préparer du thé. Il mélangea trois plantes et des écorces d’oranges séchées, une délicieuse odeur embaumait la navette. Le chimiste versa le liquide dans les tasses et rangea ses plantes. Quand il plaça les tasses sur le plateau, il remarqua alors que les ondes remarquées par Charlène étaient revenues mais semblaient plus fortes à présent. Il apporta le plateau jusqu’à ses collègues afin qu’ils remarques également le phénomène. Chacun contempla sa tasse. Peter, le premier, tenta une hypothèse. Il doit y avoir des ondes à l’extérieur de la navette, des ondes que nous ne percevons pas. Yamachi s’en étonna. - Je ne pense pas, Peter. Les PC auraient détectés quelque chose. Jean poursuivit. - Sauf si ces ondes leurs sont inconnues... Le chimiste l’interrompit. - ...Des ondes ce sont des ondes! Les PC devraient les détecter même s’ils ne peuvent mettre un nom dessus! Jean s’acharna sur sa théorie. - Nous ne les percevons pas personnellement ces ondes, Su! Les ordinateurs ont du être programmés de telle façon qu’ils ne détectent pas les infra-ondes! C’est fort possible! Peter les calma. - C’est très simple, dès que nous aurons la base, nous leur poseront la question voilà tout! Comme ça, nous seront enfin fixés! Pour

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l’instant, dégustons notre thé, nous nous occuperons de tout ça tout à l’heure. La journaliste leur précisa que cela leur ferait du travail et qu’ainsi, ils ne s’ennuieraient pas. Ils lui donnèrent raison et burent leur mixture puis, Stenkle fila jusqu’à la salle des machines afin de vérifier le matériel, quand aux autres, ils se retrouvèrent dans la salle des PC. Yamachi tenta de joindre encore la base mais cette dernière ne répondait pas. Le chimiste averti Peter par micro. - On ne peut toujours pas les joindre, tu peux vérifier que tout fonctionne, Peter? - OK, je vais tester. Pendant ce temps, Jean prit la tension de l’équipage. Yamachi faisait les cent pas et Charlène tentait de trouver des idées pour son émission. Les heures passèrent sans que rien n’évolue et la journaliste s’inquiéta pour la diffusion télévisée. En effet, s’ils n’arrivaient pas à contacter la base, elle ne pourrait pas émettre. Elle en fit part aux autres, ils comprirent son malaise mais ne pouvaient pas l’aider. Jean la rassura un peu. - Ton émission est très importante, Charlène, aussi ils vont faire l’impossible pour nous joindre, tu verras. Mais les heures défilaient et la base ne répondait toujours pas. Stenkle avait pourtant tout vérifié, le problème ne venait pas de la navette, c’était donc sur Terre que quelque chose n’allait pas, il leur faudrait attendre que tout rentre dans l’ordre ne serait-ce que pour aller plus loin. L’équipage prit alors quelques « vacances ». Jean et Peter pédalèrent dans la salle de sport,

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Charlène se refit une beauté dans sa salle de bain, quand à Su, il pointa le télescope sur la lumière lointaine et attendit que l'appareil focalise puis, l'image se fit plus nette. Il cru apercevoir un amas d'étoiles mais tout était si loin qu'il n'était sur de rien. Les ordinateurs ne purent lui en dire plus, seules quelques informations s'affichaient sur l'écran, bien maigres analyses car les PC ne donnaient pas d'éléments si la distance d'observation était importante. Le chimiste se jura d'interroger les analystes et les programmateurs afin de leurs mentionner son point de vue sur la chose. Il contempla encore ce qu'il avait sous les yeux puis, de guerre lasse, il éteignit le télescope et partit dans la cuisine pour y préparer le repas. Il dénicha un hachis Parmentier derrière tout un tas de sachets et se dit que cela ne devait pas être trop mauvais. Tout en délayant le contenu, il pensa à un bon canard laqué comme sa grand mère le préparait, il en avait l'eau à la bouche. Il se rappela les repas de famille lors du nouvel an Chinois, des fêtes dans les rues de sa ville où le dragon crachait des étincèles, où les feux d'artifices illuminaient le ciel. Comme tout cela était loin. Quel jour était-ce sur Terre? Le huit ou le dix janvier? Les festivités avaient elles eut déjà lieux? Certainement. Il eut comme de l'amertume, c'était la première fois qu'il ratait le nouvel an chinois, aussi, il se jura qu'il ferait doublement la fête au prochain, ce qui le consola un peu. Yamachi arriva avec son plateau dans la salle de repos, il du appeler ses collègues pour manger, ils ne se firent pas prier, Jean et Peter étaient sur les rotules, Charlène avait encore les

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cheveux mouillés mais qu’importe, ils prirent place et dégustèrent le plat fumant. Le silence régna un instant mais les discutions reprirent bien vite. Peter s'inquiétait car la communication n'était toujours pas établie entre eux et la base. - Je me demande ce qu’il leur est arrivé. Pourquoi ils ne réparent pas bon sang! Charlène pensa alors tout haut. - Et s’il était arrivé quelque chose sur Terre? Jean s’étonna. - Qu’est-ce que tu veux qu’il arrive? - Va savoir...Un tremblement de terre peut-être, un ouragan ou bien tout autre chose...Par exemple une centrale nucléaire qui explose ou bien... Peter l’arrêta. - C’est bon! Tu nous fout les jetons là! Jean lui donna raison. - C’est vrai quoi arrêtes! Charlène venait d’ouvrir une brèche. Ils pensèrent alors à un scénario catastrophe, une immense explosion voir même une météorite qui aurait percuté le sol terrestre et eux, dans cette navette, voués à une mort certaine ou bien obligé de retourner sur la planète Stella pour continuer à vivre comme ils le pourraient. Le stress et l’angoisse se lisaient sur les visages, le hachis Parmentier devint insipide tout d’un coup. Le silence régnait à présent et il sembla durer des heures. Quelle idée avait eu Charlène de lancer une telle chose? Cela pourtant les fit réfléchir. Quand fallait-il s’inquiéter? Quand devraient-ils prendre « la décision de faire machine arrière? Ils se sentirent alors bien

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seuls dans l’immensité, seuls mais heureusement quatre! De peur, Stenkle enguirlanda la journaliste. - Je te défends de dire quoi que ce soit de tel! A cause de toi on ne va pas dormir de la nuit! Elle sursauta. Jean soutint le botaniste. - Franchement Charlène t’aurais pu t’éviter! Tu exagères parfois! Charlène avait mit le doigt dans l’engrenage et même s’il y avait peu de malchance qu’une catastrophe se soit produite sur Terre, il n’en n’excluait pas la possibilité. Il demanda aux scientifiques de ne pas se cacher derrière la peur mais d’analyser le problème. En effet, cela faisait des heures que la communication était coupée, que fallait-il faire dans pareil cas? Il demanda alors si l’un d’entre eux avait étudié le problème à sa base d’entrainement? Ils se regardèrent mais avouèrent qu’ils avaient seulement survolé la chose et, à part quelques réparations, ils n’en n’avaient pas entendu parler plus que ça. Su réitéra alors sa question. - Alors, que fait-on dans un cas pareil? On attend? On attend quoi? On attend qui? Tous le regardaient, il continua. - Prenons le problème autrement. Il se peut que les appareils de transmissions soient définitivement hors d’usage dû à une coupure de courant ou un incendie peu importe d’ailleurs. Que faisons-nous? Est-ce que nous continuons coûte que coûte la mission? On reste en plan et on attend? On rebrousse chemin? Jean intervînt.

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- Il a raison. Nous nous emballons peut-être pour rien. En attendant, nous ne pouvons recevoir d’ordres de nos supérieurs alors on fait quoi? Peter lança alors son point de vue. - On a qu’à voter! Qui est pour poursuivre... Personne ne leva la main. - ...Qui est pour rester en plan en attendant que tout rentre éventuellement dans l’ordre? Yamachi et Peter levèrent la main. - ...Qui est pour rebrousser chemin? Charlène opta pour cette solution. Peter poursuivit. - Et toi Jean? - Et bien je dois dire que j’hésite...Rester ou repartir, mon cœur balance...Je ne sais pas. - Donc avec deux voix, on reste en plan et on attend que quelque chose se passe. Mais on attend combien de temps comme ça? Une nuit? Une journée entière? Une semaine? Yamachi s’interposa de nouveau. - Peut-être pas une semaine mais trois jours me paraissent raisonnables. Qu’en pensez-vous? Peter analysa le problème. - Bon, admettons qu’ils aient eu les méga-soucis à la base et qu’il faille tout réparer voir reconstruire, combien de temps mettraient-ils? Tous réfléchirent puis, Jean donna une estimation. - Disons aller, deux semaines? Charlène trouva que c’était trop long mais Jean justifia son choix. - C’est vraiment s’ils avaient eu de graves problèmes. Deux semaines à ne rien faire, seulement d’attendre leur mettaient les nerfs en pelote.

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Aucuns d’entre eux ne voulaient attendre tant de temps. Il fallait trouver un compromis, trois jours cela leur semblaient court aussi, ils votèrent et trouvèrent un terrain d’entente à dix jours, au delà, ils prendraient le trajet inverse et rentreraient sur Terre. Si les choses évoluaient ensuite, ils défendraient leur cause en prétextant la peur. Chacun partit ensuite dans sa chambre, ils ne trouvèrent pas le sommeil. Tous espéraient entendre grésiller la radio, le moindre bruit les mettaient en éveil, prêts à bondir. Le lendemain matin, après seulement une ou deux heures de léger sommeil, ils se levèrent à la queue leu leu, des cernes sous les yeux et le teint blême. Tous questionnèrent Peter du regard mais ce dernier répondit par la négative à chaque fois. Les soupirs fusaient, le petit déjeuner s’éternisa. Les heures défilaient et tous tournaient en rond. Peter récupéra des fragments de plantes de Stella et en poursuivit les analyses, yamachi en fit autant, il fallait bien s’occuper. Jean établit de nouveau un check liste et Charlène écrivait encore pour son émission au cas où. Elle scrutait par moment l’extérieur en espérant y voir quelque chose, une autre navette pourquoi pas, d’autres astronautes venus en renfort ou bien des êtres venus d’ailleurs. Etaient-ils seuls dans l’espace? Cette question lui donna l’idée d’écrire sur cette éventualité aussi, elle s’en donna à cœur joie. Seraient-ils hostiles? A quoi ressembleraient-ils? Quel serait leur moyen de communiquer? Auraient-ils peur de nous? Elle notait tout ce qui lui passait par la tête, extravagant ou non et

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tentait d’apporter une réponse à chacune de ses questions. De leur côté, les scientifiques s’affairaient sur des données qu’ils avaient lues des dizaines de fois. Parfois, ils échangeaient des statistiques sur la provenance des végétaux ou bien tentaient de mettre un nom à l’animal sous marin qu’ils avaient rencontré. Jean les rejoignit afin de compléter leurs analyses et surtout pour s’occuper. Si seulement ils avaient pu croiser une autre planète visitable, avoir de nouveau quelque chose à entreprendre. Finalement, Jean était déçu, il pensait trouver tellement de choses à étudier; même ses théories sur des systèmes solaires très éloignés ne s’appliquaient plus, ces derniers étaient plutôt proches de la Terre, ailleurs, le vide prédominait. Le reste du voyage risquait d’être long et sans surprise, une angoisse pour des chercheurs toujours sur le qui-vive et toujours avides de nouveautés. Il pensait que c’était bien la première et la dernière fois qu’il partait en mission spatiale, sa bonne vieille université lui manquait terriblement, le contact avec ses élèves également et par dessus tout ses collègues avec qui il aurait aimé partager un verre dans le bar du coin de la rue, il se promis de le faire dès son retours sur Terre, surtout qu’il aurait mille choses à raconter sur ses aventures intergalactiques. La journée passa lentement, coupée par les repas et le tea time, mais ce qui leur manquait le plus, c’était plutôt la vie sur Terre avant leur départ, la nostalgie refaisait surface. Ainsi, ils surent que Peter avait été opéré de

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l’appendicite à l’âge de trente et un ans, qu’il avait la phobie des serpents et qu’il détestait les macarons, Jean avait un ulcère à l’estomac et avoua son penchant pour les grands vins de Bordeaux, il n’était sortit avec une fille qu’à l’âge de vingt deux ans et il adorait les croissants chauds le matin au petit déjeuner. Yamachi évoqua ses vacances passées avec sa grand-mère d’où il tenait son penchant pour les plantes et leur mélange, ils surent également qu’il était d’une timidité maladive durant son enfance mais qu’il avait apprit à la vaincre en adoptant une attitude zen propre à son pays. Charlène quand à elle évoqua sa scolarité plutôt médiocre mais sa grande passion pour la communication et rêvait de présenter le journal de vingt heures depuis sa plus tendre enfance, là, il lui semblait tenir le bon bout pour postuler. Ils papotèrent jusque très tard dans la salle de repos, absorbant tisanes sur tisanes quand ils entendirent un grésillement. Peter sauta de son siège et fila dans la salle des PC. - La base...La base vous m’entendez! Les grésillements redoublèrent et parfois, des bribes de voix se firent entendre. Stenkle réitéra. - La base...La base je ne vous reçois pas très bien. Les grésillements s’intensifièrent encore et le botaniste persévéra. - Ici Peter, vous m’entendez? Parfois une phrase presqu’inaudible lui parvenait, il sentit une nette amélioration et ne perdit pas espoir. Les autres attendaient derrière lui. Charlène pesta.

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- C’est pas possible qu’est-ce qui se passe! Yamachi précisa que peut-être la distance les séparant de la base était devenue trop conséquente et que de par ce fait les communications auraient de plus en plus de mal à arriver. Elle lui donna finalement raison. Peter persévéra de nouveau quand enfin, ils entendirent une voix audible. - Ici la base, où êtes-vous?

L’équipage se regardait, étonné. Stenkle répondit. - Comment ça? Que voulez-vous dire? - Nous vous avons perdu et nous avons dirigé les émetteurs dans une toute autre direction que celle que vous empruntiez jusqu’à présent! Qu’est-ce qui vous a prit de vous détourner de votre itinéraire? Tous étaient surpris et ne comprenaient fichtrement rien. - Nous n’avons pas modifié notre trajectoire je vous assure! L’itinéraire a été calculé par vos soin je vous signale! Si vos PC ne fonctionnent pas nous n’y sommes pour rien! - Bon, pas de panique nous allons établir votre position plus en détail mais cela risque d’être un peu long. - On n’avance pas alors! - Pas pour le moment, on a déjà du mal à vous localiser alors si vous vous déplacez constamment on ne s’en sortira pas! Sinon tout roule? - Ca va, on s’ennui un peu mais on passe le temps comme on peut. - Et bien continuez on vous tient au courant quand on aura du nouveau. - Nous attendons vos directives.

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Yamachi s’angoissa. - Comment avons-nous pu nous éloigner de notre trajectoire? Où sommes-nous? Jean tenta de le rassurer. - Je n’en sais rien mais je pense que c’est une erreur de leur part. - Tu crois? - Comment en serait-il autrement? Si nous avions fait un crochet nous le saurions tout de même! Nous l’aurions ressentit! Peter lui donna raison. - Je pense que tu dis vrai, Jean. Ce doit être une erreur de la base, je ne vois pas non plus comment il pourrait en être autrement, les PC nous auraient signalés une anomalie, ça n’est pas normal. Charlène compatit. - Ils sont pas futés c’est tout ou alors ils ne veulent pas reconnaitre leur erreur! Quoi qu’il en soit, je vais rassurer la population. Elle s’en alla dans le mini-studio et se connecta à la base. La transmission se fit assez vite. La journaliste vit son image sur l’écran, elle entama son discours. - Bonjour ou bonsoir à tous, c’est Charlène Veyrier pour « Au plus près des étoiles ». Nous avons eu un souci de communication avec la base mais tout va s’arranger dans les heures à venir. Nous allons tous très bien, ne vous inquiétez pas, la mission se poursuit pour notre plus grand bonheur et pour vous apporter le plus d’informations possible. Je vous dis à très bientôt. Au revoir. Charlène coupa la transmission et rejoignit les hommes dans la salle des PC. Ils étaient encore en train d’aborder le problème sur la position

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de la navette et épluchaient toutes les données des ordinateurs afin de se rassurer. Ils avaient beau retourner le problème dans tous les sens, ils ne remarquaient rien d’anormal. Ils décidèrent alors d’aller dormir un peu, seul Peter resterait près de la radio mais n’excluait pas de se reposer un peu sur son siège. Bien que soulagés, ils eurent encore du mal à trouver le sommeil. Le lendemain, au réveil, Peter leur assura que la base avait dû orienter les transmetteurs dans une autre direction aussi, sa nuit avait été courte. Su contesta. - Tu leur a expliqué que nos PC n’ont rien détectés? - Plus que jamais mais ils ont du mal à le croire! Ils se penchent sur le sujet m’ont-ils dit! Jean sortit de ses gonds. - On sait quand même ce qu’on dit! On a vérifié plusieurs fois, non? Peter le calma. - Je sais, ils sont un peu têtus sur les bords. Mais qu’ils dissèquent leurs machines, qu’ils trouvent une explication, ça les occupera! Charlène demanda quelle était leur position actuelle. - Nous sommes à des milliards d’années lumières mais nous ne savons pas où exactement; selon la base, nous aurions fait comme un quart de tour au lieu d’aller tout droit. Elle avança quelque chose de pertinent. - Les ordinateurs ne sont peut-être pas très fiables après tout, imaginez que du départ nous nous soyons orientés même d’un millimètre trop de côté, qu’est-ce que ça donne au bout de plusieurs milliards d’années lumières?

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Stenkle répondit à sa question. - Ca donnerait à peu près notre position, tu as parfaitement raison Charlène, l’ennui vient sûrement de là, peut-être une mauvaise trajectoire du départ. Yamachi s’interposa. - Non, ça n’est pas possible. Si cela avait été le cas, la base nous aurait suivi car la trajectoire n’aurait pas été modifiée d’un seul coup. Peter le contredit. - Pas forcément, Su! Les transmetteurs étaient orientés d’une certaine manière, au bout d’un moment ils ne devaient plus nous capter car nous n’étions plus face à eux mais peut-être plus à gauche ou à droite en bas ou en haut! C’était peut-être pas grand chose mais cela a suffit pour semer le bazar à la base! Jean rigola. - De toute manière, une chose est sure c’est que nous avançons toujours! Droite, gauche peu importe, ils en font un foin pour si peu! Yamachi pensa que c’était plus la peur de les avoir perdu qui les avait traumatisés, la direction finalement n’avait que peu d’importance. Ils acquiescèrent la théorie de Su. Maintenant qu'ils savaient où ils étaient, ils purent avancer encore plus loin. Chacun enfila son casque. L'angoisse de la grande vitesse avait complètement disparue. Ils attendirent la mise à feu comme on attend que décolle un avion puis, la navette partit pour vingt minutes de course folle à travers l'espace. Charlène pensa qu'il était fou comme le corps pouvait s'habituer aux rigueurs extrêmes et ne plus ressentir les effets de la pression.

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L’espace défilait à vive allure, la journaliste se rappela alors d’un manège de parc d’attraction à peu près similaire et, curieusement, pendant un dixième de seconde, elle se crue sur Terre. L’appareil ralentit progressivement pour rester en vitesse de croisière. A leur plus grand étonnement, il y avait là quelques étoiles, un « ha »! de satisfaction sortit de la bouche de tous comme un soulagement, enfin y il allait avoir des choses à observer. L’équipage attendit quelques minutes avant de se lever et fila directement dans la salle des PC sans passer au préalable en salle de repos. Les ordinateurs commençaient à effectuer leurs recherches et chacun prit sa place devant son moniteur. Ils se mirent d’accord pour analyser leur propre étoile et d’échanger ensuite leur travail. Jean fixa l’objectif du PC sur un astre rouge. Les analyses recueillies lui confirmèrent la présence de cuivre en énorme quantité sous forme de pierres ou de rocs parfois de poudre en surface que le vent balayait. Des nuages de poussières jaunes et oranges tourbillonnaient et ça et là, la température au sol s’élevait à soixante cinq degrés Celsius. Le médecin mit en évidence la présence de cratères de deux kilomètres de diamètre et des montagnes pouvant atteindre pour la plus élevée à cinq mille sept cent dix mètres d’altitude à son point culminant. Il ne découvrit aucune trace de végétation ou de vie quelconque. Jean enregistra les données sur l’ordinateur au cas où d’autres explorateurs dans le futur seraient intéressés par la quantité de matière première, les réserves sur Terre s’appauvrissant il n’était

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pas exclus que certains viennent faire leur marché sur place! Yamachi fixa une planète grise et blanche. Plus le télescope se rapprochait de la surface et plus les couleurs apparaissaient, du rose, du bleu très pâle et encore du blanc. Les données analysaient du gaz en surface, du xénon et du gaz intégral, il en conclu donc qu’il devait y avoir du charbon, de la houille en combustion en sous sol. Là aussi le chimiste inventoria la planète à des fins d’explorations futures. Le PC analysa le noyau de l’astre et prouva l’existence en effet de houille à grande échelle sur le manteau se consumant au contact de la très haute température du noyau central. Peter jeta son dévolu sur un astre jaune orangé et marron où gravitaient autours des petits satellites naturels. Là également le gaz prédominait, le méthane et le gaz carbonique abondaient ce qui prouvait qu’il y avait des étendues humides. Il poussa donc l’exploration plus loin et découvrit des nappes d’eau, un genre de marais où des végétaux semblaient évoluer mais à y regarder de plus près, ces derniers étaient en décomposition. Il en conclu qu’il devait y avoir eu de grands bouleversements car les végétaux pourrissaient sur pied ainsi, il observa une forêt complètement décharnée où les bois étaient en pleine putréfaction. Il poussa l’analyse plus loin et découvrit et ça et là des cadavres en bien mauvais état, l’ordinateur précisa la présence de carbone ce qui prouvait que la vie existait mais venait de s’éteindre. Stenkle cru bon de

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faire venir ses collègues car il jugeait l’astre intéressant, ils accoururent, Charlène les suivait munit de son calepin. Peter leur soumit les données, ils étaient béats. - Regardez, on dirait que nous avons loupé de très peu l’extinction de la vie sur cette planète. Jean fixait l’écran et avança une première théorie. - La température a due monter de quelques degrés en peu de temps et vu l’humidité des lieux tout s’est mis à pourrir à vitesse grand V. Yamachi lui donna raison car rien en surface n’évoquait d’explosions ou de contamination. Il avança que ce devait être un endroit paisible, très boisé où la faune devait être abondante. Là, c’était une désolation, si la mission avait eu lieu un an plus tôt, ils auraient peut-être pu visiter les lieux sans même se douter de ce qu’il allait arriver. Peter conserva les données sur son ordinateur et se focalisa sur un autre point, le télescope s’approcha et les images se firent plus nettes. - Une nébuleuse!... « Des » nébuleuses! Ils accoururent au PC de leur collègue encore une fois. - Regardez comme c’est beau! Filme Charlène! Yamachi le coupa. - C’est beau mais c’est loin! Trop loin pour être correctement analysé, Peter. Jean le rassura. - Je te fais le pari que demain nous seront dessus! J’en mettrais ma main au feu! Su approuva. - Ho oui je le pense aussi. De là c’est déjà magnifique alors sur place...

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Stenkle, fixant toujours son écran s’exclama à son tour. - J’ai hâte d’y être! L’équipage avait reprit du poil de la bête, la gaieté pouvait se sentir, elle était palpable. Chacun se remit au travail le cœur en joie et Charlène remplissait des feuilles à tire larigot, l’émission serait de nouveau vivante à sa plus grande joie. Yamachi se leva et partit préparer de quoi se restaurer à la hâte, ils prendraient leur repas dans la salle des PC car il y avait encore maintes planètes à répertorier. Le chimiste trouva des sachets de pâtes cuisinées en sauce qu’il réhydrata et qu’il emporta sur la table de chaque membre d’équipage, tous le remercièrent, décidément Su leur était précieux car attentif à chaque personne et soucieux de faire plaisir. Les scientifiques passèrent plus de quarante planètes et astres en tout genre en revue qu’ils répertorièrent sur leur PC leur attribuant des identités à l’aide de chiffres et de lettres ainsi, la planète en décomposition se nommait à présent PL0012, rien à voir avec une planète respirable qui elle aurait droit à un nom propre, Stella en était un exemple concret. Charlène se prépara à émettre, elle se poudra le nez et prépara les images et rangea ses papiers puis se connecta à la base. Marc apparut sur l’écran. - Salut Charlène! Comment ça va aujourd’hui? La base m’a dit qu’il y avait du nouveau, tant mieux! On manquait cruellement de nouvelles fraiches!

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- A qui le dis-tu! On commençait à s’ennuyer ferme! Ils préparèrent ensemble l’émission puis vint l’heure de la transmission, le générique commença et Marc prit la parole. - Bonjour ou bonsoir à tous, bienvenue dans l’émission « Au plus près des étoiles »! Charlène Veyrier est avec nous. Bonjour Charlène! - Bonjour Marc! Bonjour à tous! - Alors Charlène quoi de neuf aujourd’hui? - Et bien Marc j’ai de bien belles images à offrir à notre public qui je sais est curieux de tout. - Vous nous mettez l’eau à la bouche, Charlène! Vite montrez-nous tout cela. Elle envoya le magnéto et les images défilèrent sur l’écran avec les commentaires des scientifiques, Il y eut un reportage plus conséquent sur la planète PL0012. Pendant ce temps, la journaliste prépara son texte qu’elle posa devant elle. Quand le reportage fut terminé, elle reprit la parole. - Vous avez pu voir ce que les scientifiques ont répertorié aujourd’hui, autant dire qu'ils n'ont pas chômé! - Effectivement ils ont eu du pain sur la planche dites-moi? - Oui plutôt, ils sont éreintés. Puis vinrent les questions du public. Charlène appréhendait ce moment car souvent elle devait répondre à des niaiseries et qui plus est avec le sourire. - Une question du petit Greg d’Argentine: « Allez-vous visiter la planète que Peter Stenkle à découvert » ?

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- Non, la température y est trop haute et puis les ordinateurs nous ont donnés tous les éléments que nous attendions. Marc reprit. - Donc pas de visite comme sur Stella? Vous pouvez nous en dire plus? - Et bien sur Stella des informations manquaient puisque beaucoup d’éléments étaient inconnus des ordinateurs alors que sur PL0012 les ordinateurs connaissaient les éléments donc nous n’avions pas besoin de perdre un temps fou à inspecter les lieux ou effectuer des carottages et des prélèvements en tout genre. - D’accord très bien. Une autre question du petit Anatoly de Croatie, beaucoup d’enfants aujourd’hui. « Est-ce que la nourriture est bonne » ? La journaliste prit son plus beau sourire pour répondre à cette idiotie. - Nous mangeons plutôt bien, ce sont des cuisiniers qui nous ont mitonné de bons petits plats déshydratés mais il est certain que l’on préfèrerait un bon cassoulet ou une choucroute de temps à autre! Le présentateur rigola. - Quel humour Charlène! Une dernière question de Kenza du Maroc: « Est-ce que le moral est bon à bord de la navette » ? En gros est-ce que vous ne trouvez pas le temps long? - Vous savez, quand nous avons du travail le moral des troupe se trouvera en hausse par contre, si nous sommes envahis par les soucis de tous ordres alors le moral est plus bas c’est sûr! Mais quoi qu’il en soit nous restons soudés et nous nous serrons les coudes mutuellement

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et c’est cela qui est merveilleux car même en cas de coups durs nous savons que nous pouvons nous reposer les uns sur les autres. - C’est formidable Charlène cette amitié qui vous uni et qui dure. - Bien-sûr que c’est formidable, Marc et heureusement que c’est comme ça! Imaginez que nous nous battions les uns les autres! Elle pouffa. Marc reprit le cours de l’émission. - Nous sommes heureux pour vous tous. Mais Charlène? - Oui Marc? - Ne serait-ce point l’heure de notre question mystère? - La question qui peut rapporter dix milles euros, Marc? - Mais oui Charlène! - Et bien oui mais quelle est-elle cette question, Marc? - Qui a découvert la planète PL0012? A- Peter Stenkle? B- Su Yamachi? C- Jean Martin? Pour répondre à la question du jour, appelez le numéro qui s’affiche au bas de votre écran et dites A, B ou C et peut-être gagnerez-vous la somme de dix milles euros. La journaliste s’aperçut que le coût de l’appel était passé de cinq euros dix à six euros aussi, à la fin de l’émission elle demanda pourquoi une telle augmentation, aussi, le présentateur lui fit comprendre que les sponsors réclamaient toujours plus d’argent car les états avaient du mal à financer les chercheurs et tout ce qui gravite autours de la mission. Elle s’en offusqua. - Tu crois à ces sornettes toi?

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- Non évidement! Mais qu’est-ce que j’y peut, hein? - Rien, bien-sûr. Dit-moi, encore une chose, promet-moi de sélectionner les questions dorénavant, elles sont de plus en plus nulles! J’ai l’impression d’être autours de gosses dans une cour de récréation ! - C'est un tirage au sort, je n'y peux rien! - Essaye de faire quelque chose je t'en supplie je craque! Essaye de comprendre qu’il y a des téléspectateurs adultes qui aimeraient certainement connaître des choses plus intéressantes que des questions d’enfants parfois très bêtes ! - Je vais voir ce que je peux faire mais je ne te promets rien! - OK merci quand même. Elle coupa la transmission et resta un moment sur son siège puis, elle rejoignit ses collègues qui devaient se trouver dans la salle de repos, à l’odeur, Su avait dû préparer un repas. Elle ne s’était pas trompée, les hommes l’attendaient pour commencer. Jean l’invita à s’asseoir. - Viens donc près de nous. Alors cette émission? - Comme d’habitude! Un sujet sérieux mais des questions nulles! Les hommes rigolèrent. Peter se gaussa. - Te plaint pas, tant que l’on ne te demande pas si tu as des rapports avec chacun d’entre nous? Les autres se mirent à rire, même Jean, un peu gêné et le principal concerné. Elle leur répondit en riant à son tour. - Vous plaisantez mais j'ai peur qu'une telle question soit posée! Imaginez un peu mon embarras! Qu'est-ce que je répondrais?

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Les rires redoublèrent et les réponses les plus absurdes fusèrent du genre: "Tous ensemble" ou bien "Ils sont tous gays". Ils prirent un fou rire qu'ils eurent du mal à contrôler et qui dura un bon moment puis, ils se calmèrent enfin et entamèrent leur repas dans la bonne humeur. La soirée fut tout aussi animée puisqu’ils trouvèrent de quoi s’occuper en chantant des chants traditionnels de leur pays respectif et surtout dans leur langue natale, les autres devaient reprendre le refrain sans se tromper ce qui occasionna des fous rires inextinguibles. Le jeu se termina tard dans la soirée puis ils allèrent se coucher. Quand tout fut calme, Charlène rejoignit Jean dans sa chambre, il n’alluma pas la lumière, elle se glissa sous ses draps et s’endormit dans ses bras.

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NEBULEUSES Su se réveilla en premier, s’étira longuement puis mit le pied au sol. Il passa dans sa salle de bain afin d’y prendre une douche, rentra dans la cabine et se passa un jet d’eau fraiche sur le corps. En se savonnant, il cru entendre des râles aussi, il tendit l’oreille mais n’entendit rien de spécial, croyant qu’il avait rêvé il reprit son pommeau de douche et se rinça. Le chimiste sortit de la cabine et s’essuya et cru entendre à nouveau un râle. Il décida de placer son oreille contre la cloison pour mieux écouter, derrière se trouvait la chambre du médecin; il entendit comme une conversation mais n’en était pas sûr du tout puis un petit rire fusa, le rire d’une femme. Yamachi comprit ce qui se passait et, tout en s’habillant il se demanda quelle attitude adopter face à pareille situation. Fallait-il en parler? Et si cela faisait des jaloux? Non, il ne dirait rien aux autres et peut-être même pas aux principaux concernés, il ferait comme si de rien était et il sortit de sa chambre pour aller dans la cuisine afin d’y préparer les petits déjeuners. Jean le suivit de près et, bien qu’ils ne soient que tous les deux,

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Su se refusa à tous commentaires ou réflexions qui pu gêner son ami. Il se contenta de lui dire bonjour. Jean lui répondit amicalement. - Bonjour Su, comment vas-tu? Bien dormi? - Comme un bébé, il faut dire que nous avions tous du sommeil à rattraper! - Pour sûr! Tu veux un coup de main? - Ca n’est pas de refus tiens, prends les tasses et emporte-les dans la salle de repos. Le médecin obéis et fila. Charlène apparut à son tour sur le seuil de la porte de la cuisine. - Bonjour Su. - Salut Charlène, bien dormi? - Ho oui. Yamachi rigola intérieurement. Sur qu’elle avait du passer une bonne nuit, une très bonne nuit même! - Tu peux emmener ceci dans la salle de repos s’il te plait? Il lui tendit un plateau où les céréales, les biscottes, les jus de fruits étaient entassés. - Bien-sûr Su. Elle partit à son tour suivit du chimiste. Ils déposèrent leur plateau sur la table et commencèrent à manger. Jean fut surprit de l’absence de Peter. Su lui rappela qu’il avait passé deux nuits presque blanches et que, de par ce fait il avait besoin de se reposer et de récupérer. Jean en bon médecin approuva. - Il faut qu’il dorme c’est sûr mais s’il n’est pas levé d’ici une heure il faudra aller le réveiller car nous devons partir direction les nébuleuses! Yamachi sourit, il avait hâte de voir ces merveilles et la journaliste également. Comme à son habitude, elle regarda au dehors, les planètes tournaient sur elles-mêmes, c’était

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grandiose, finalement, elle se dit que ce qu’elle était en train de vivre était formidable, que ferait-elle à présent si elle n’avait pas été remarquée lors du colloque? Qui aurait prit sa place? Le hasard faisait parfois bien les choses, elle avait saisie sa chance au bon moment, elle en était pleinement consciente. La venue de Peter la fit sortir de son rêve. - Salut à tous! Ils répondirent derechef. - Salut Peter! Le botaniste s’assit et se servit. Les autres avaient quasi terminé leur petit déjeuner mais ils restèrent avec leur ami pour qu’il ne prenne pas seul son repas. Jean fit allusion aux nébuleuses. - Tu sais qu’on a des choses à voir aujourd’hui! - Tu croyais que j’avais oublié! - Je pari que tu en as rêvé toute la nuit! Ils rirent, la bonne humeur était belle et bien revenue dans la navette. Après maintes vérifications, ils se rendirent dans le cockpit et enfilèrent leur casque, l’aventure n’était pas terminée. La navette se propulsa dans l’espace durant vingt minutes et stoppa doucement sa course comme toujours. Devant leurs yeux ébahis, les nébuleuses apparurent dans toutes leurs splendeurs. Une multitude de couleurs ondoyaient, un spectacle magnifique telle une récompense. Ils se levèrent et filèrent directement dans la salle des PC, les ordinateurs crachaient les informations, les hommes activèrent les télescopes et Charlène comme à son habitude sortit son calepin. Yamachi pensa tout haut. - Splendide, tout simplement splendide...

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Peter, encore sous le charme demanda à ses collègues si la nébuleuse à dominance rouge à la forme d’un aigle était à émission ou bien à réflexion. Jean éclaira ses lumières. - Il y a des rayons ultra-violets et la température des étoiles est très élevée si l’on en croit les données informatiques donc, ce serait plutôt une nébuleuse à émission. Yamachi confirma. - A émission, sûr! Charlène, prends des notes et branche ta caméra. Elle n’avait pas attendu qu’on lui demande quoi que ce soit, la journaliste, en bonne professionnelle qu’elle était avait devancé les choses. - C’est fait, Su! Peter analysa les dimensions de la nébuleuse et les compara avec Orion, la nébuleuse à tête de cheval mais cette dernière faisait pâle figure face à celle qu’il avait sous les yeux. En effet, l’aigle dépassait de sept fois la densité d’Orion. Yamachi se pencha sur l’autre nébuleuse, plus lointaine certes mais toute aussi belle où des teintes jaunes orangées formaient des nuages et ça et là, principalement composée de gaz et de matières interstellaires, elle s’obscurcissait par endroit cachant des étoiles alentours. La température de ses dernières était élevée également, l’ordinateur conclu à une nébuleuse à émission. La troisième fut observée par Jean. Une spirale avec en son centre une étoile qui émettait des rayonnements violacés à rouges, l'analyse pencha pour une nébuleuse planétaire à émission.

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Charlène demanda ce qu’il fallait noter pour que le grand public y comprenne quelque chose. Jean se tourna vers elle et lui expliqua le secret des nébuleuses. - Nous sommes en présence de nuages interstellaires formés de gaz et de poussières, ces couleurs violacées sont dues aux rayonnement ultra-violets émit par des étoiles très chaudes, ce qui donne un phénomène de luminescence, voilà pour la nébuleuse à émission. La nébuleuse à réflexion n’a pas de lumière propre, elle réfléchit seulement la lumière des étoiles. Dans les deux cas de figure, leur disparition est programmée au bout de dix milles ans environ. La journaliste prit note et remercia le médecin pour sa collaboration. Elle préparerait une émission grandiose pour le soir aussi, elle vérifia que la caméra focalisait bien ce qu’elle désirait puis partit dans son bureau pour travailler. Les hommes poursuivirent leurs recherches, inventorièrent leurs découvertes afin de laisser une trace. Peter appela la base pour leur annoncer leur trouvaille. - La base? Ici Peter, vous m’entendez? Un grésillement se fit entendre mais les voix n’étaient pas audibles. - La base pour Peter! Vous m’entendez? Mais là encore, la transmission ne pouvait se faire correctement. Stenkle souffla bruyamment, Jean s’étonna. - Tu n’arrives pas à les joindre? - Non, ça recommence! - Cette fois ils n’ont pas intérêt de dire que ça vient de nous! Ca ne marche pas leur truc!

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- On ne les contacte plus beaucoup, ils ont peut-être de mal à nous localiser. Il faudra qu’on les appelle plus souvent comme avant au moins ils pourront nous suivre plus facilement avec leurs radars. Yamachi s’interposa. - La distance n’aide pas non plus! Il est grand temps de faire machine arrière. Sur ce, il partit préparer du thé dans la cuisine laissant Jean et Peter s’époustoufler sur la radio. Ce dernier poursuivit inlassablement ses efforts. - La base pour Peter Stenkle... Il attendit quelques secondes et réitéra. - La base répondez! Des grésillements se firent entendre puis une voix claire répondit. Ce fut un soulagement pour les deux hommes. - Ici la base, bonjour à tous! - Nous avons des problèmes de communication ici, c’est la croix la bannière pour vous a voir! - Nous ne comprenons pas ce qui se passe, sans doutes y a-t-il des interférences nous empêche de vous entendre correctement. - Il faut trouver d’où cela vient, car de notre côté tout est parfaitement réglé. - Nous essayons, on ne se tournent pas les pouces vous savez! - Non, je ne sais pas! Quoi qu’il en soit, nous sommes devant trois nébuleuses à émissions que nous avons répertorié. Avez-vous reçu les données ainsi que les images? - C’est en train d’arriver, Peter, les ordinateurs crachent les informations. - C’est de plus en plus long...

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- Vu la distance, c’est déjà très bien de les recevoir, non? - C’est ce que nous faisait remarquer Su Yamachi il y a un instant. - C’est un homme exceptionnel, il est très réfléchi. Et Charlène, comment va-t-elle? - Très bien, elle prépare l’émission de ce soir. - Dites-lui que nous avons donné des directives pour que les questions des téléspectateurs soient plus intéressantes, les questions seront mieux triées dorénavant. - Nous lui diront, elle sera ravie. A bientôt. Stenkle coupa la transmission et se tourna vers Jean, une délicieuse odeur leur parvenait, ils filèrent dans la salle de repos et, au passage toquèrent à la porte du bureau de Charlène. Jean cria. - Le thé est servit! L’équipe se retrouva autours de la table basse et en profita pour asticoter les employés de la base. Su trouvait inacceptable de ne pouvoir la contacter à tout moment et engagea un scénario catastrophe. - Et s’il faut décamper au plus vite, on attend des plombes qu’ils veuillent bien répondre? Peter le rassura. - S’il y a un souci on ne va pas les attendre! On file c’est tout? - En avant ou en arrière? - On avise. Cette dernière réponse mit tout le monde d’accord. Ils sirotèrent leur thé en soufflant de temps en temps à cause de la chaleur. Les scientifiques discutèrent ensuite des nébuleuses dans leur jargon qui leur était propre aussi, Charlène se détourna pour scruter le paysage

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au dehors. Toutes ces couleurs, quelle beauté tout de même. Elle fixa un instant la spirale qui s’enroulait tout doucement autours de son noyau étoile, la lenteur de ce spectacle était relaxant au possible, une thérapie idéale pour tout stressé qui se respecte, se dit-elle. Son regard ne pouvait se décrocher de la nébuleuse mais quelque chose attira son attention. L’étoile centrale s’était mise à briller plus que d’ordinaire. Elle demanda aux hommes une explication sur ce curieux phénomène, Jean lui expliqua. - Le noyau est une étoile qui émet des rayons, parfois il se peut que ce rayonnement soit plus intense d’où cette luminescence plus forte. Elle le remercia et bu un peu de thé puis, elle retourna à ses contemplations. La lumière redoublait au centre de la spirale mais, à y regarder de plus près, elle vit que ça n’était pas l’étoile en elle-même qui scintillait mais un soleil derrière celle-ci. - Regardez! Il y a quelque chose derrière la nébuleuse en spirale! Les hommes scrutèrent au dehors mais le phénomène avait disparu. Jean réitéra son explication à la journaliste mais cette dernière tînt bon. - Je vous assure que cela se passait derrière la nébuleuse, pas dedans! Stenkle poursuivit. - Charlène, s’il y avait eu quelque chose de pas ordinaire les sirènes se seraient déclenchées! Ca n’est pas le cas alors arrête de stresser! Tout va bien je t’assure. Charlène fut presque vexée mais se résigna, après tout ils avaient peut-être raison, ils étaient scientifiques, elle non. Elle termina son thé et

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retourna au travail pendant que les hommes discutaient. Tout était calme, serein, la navette suivait son voyage lentement à travers l’espace, s’approchant un peu plus des nébuleuses, frôlant des poussières d’étoiles. La carlingue bigarrée se fondait dans les éléments colorés, ces derniers reflétant leurs lumières sur la navette tel un miroir. Parfois, un nuage opaque cachait une partie de l’aigle ou de la spirale, créant des ombres sur le vaisseau. Charlène contemplait ce paysage changeant avec enthousiasme, son reportage allait avoir un succès fou. Elle s’attarda sur le centre de la spirale quand celle-ci redoublait d’intensité puis, passait sur les autres nébuleuses, elle s’amusa sur la tête d’aigle car un nuage passa devant et forma un œil au bon endroit lui donnant presque vie. La dernière, bien que ne ressemblant à rien de précis n'était pas dénuée d’intérêt aussi, elle fixa son objectif sur celle-ci pour terminer son film. La journaliste retourna à ses papiers et autres ordinateurs quand elle entendit une voix d'homme s'exclamant assez fort, elle reconnu Stenkle. - Hey! Les PC ont analysés quelque chose pendant que nous étions en repos! Ils scrutèrent les écrans. Yamachi vociféra. - Pourquoi les sirènes ne sont pas misent à hurler? Décidément rien ne fonctionne plus! Jean examina de plus près les données et trouva la solution au problème. - C'était trop loin, voilà pourquoi nous n'avons pas été averti.

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Les scientifiques s’interrogèrent sur les analyses des PC car ses derniers n’avaient pu avoir que quelques bribes d’informations mais rien de très probant puisqu’ils n'avaient programmés que pour l'analyse des éléments proches. Les seuls renseignements qu’ils possédaient étaient la quantité de rayons émis par cette chose. Jean trouva le taux de luminosité énorme. - Je me demande pourquoi nous n’avons rien vu! Une telle lumière aurait du nous parvenir au travers des hublots! En même temps, nous étions tellement pris dans nos recherches... Il s’arrêta un instant. - Charlène! Elle, a vu quelque chose! Il appela la journaliste qui rappliqua aussitôt. - Que ce passe-t-il? Un problème? Yamachi la questionna. - Tout à l’heure, pendant l’heure du thé, tu nous a parlé d’une lumière... - Oui... - Peux-tu nous la décrire? - Et bien l’étoile de la spirale s’est mise à croitre d’un coup pour se dissiper ensuite puis revenir etcetera. Jean la regarda embêté. - Tu as peut-être assisté à quelque chose d’exceptionnel pendant que je te donnais un semblant d’explication! Je n’ai pas été professionnel, j’aurais du regarder et me rendre compte par moi-même! Si tu savais comme je m’en veux! - Ca n’est pas grave... - Si c’est grave! Nous sommes passé à côté d’une grande explosion ou je ne sais quoi encore!

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- Non je dis c’est pas grave parce que j’ai filmé le phénomène. Ils la regardèrent, émerveillés. Stenkle lui demande de passer la bande sur les PC afin qu’ils puissent se faire une idée sur les évènements qui venaient de se produire. Elle partit chercher son matériel qu’elle brancha directement sur les ordinateurs et fit défiler les images jusqu’au moment propice. Peter fit un arrêt sur image, tous scrutèrent leur écran. Derrière l’étoile centrale de la spirale évoluait une espèce de soleil qui allait et venait, mais malheureusement, des nuages opaques empêchaient de voir plus loin. Yamachi eut une idée. - Nous allons brancher tous les télescopes et scruter autours de nous, avec un peu de chance nous tomberons dessus! Jean le remit dans le droit chemin. - Avec beaucoup de chance même! Sois réaliste où est ce truc à présent? - A nous de le chercher! Stenkle se résigna et brancha tous les télescopes, ces derniers ratissaient les environs, les scientifiques suivaient sur leur écran, mais comment se focaliser sur quelque chose qui bouge constamment? De plus, les nébuleuses prenant un champs large, il était compliqué de percer au travers voir impossible à certains endroits pourtant, l'un des télescope fixa une masse jaune tournant sur elle même en se déplaçant. L'image était lointaine aussi, Peter rapprocha encore le télescope et dirigea les deux autres dans la même direction. Les images étaient floues mais les réglages automatiques firent leur travail, ils avaient sous

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leurs yeux une énorme boule de chaleur hérissée de pics un peu plus orangés à leur extrémité. Les télescopes suivaient ce drôle de soleil qui se dirigeait sur PL0012, arrêtant sa course pour se satelliser autours de cette dernière. Yamachi s'extasia. - C'est géant ce truc! Jean scrutait son écran, il n'en revenait pas. - Mon Dieu... Peter resta muet comme une carpe en contemplant le spectacle. Pourquoi ce soleil s'était placé autours de PL0012? Pourquoi elle n’est pas d'autres alors placée sur sa trajectoire? Etait-ce un soleil? Une planète formée d’éléments inconnus? Quel dommage que ce phénomène se produise si loin, les PC ne pouvaient plus effectuer d'analyses poussées à cette distance. Il pesta. - Punaise c'est pas vrai on loupe de peu des évènements, entre PL0012 et ce truc, on est vernis! Yamachi tenta une analyse. - Peut-être que ce qui est arrivé sur PL0012 est intimement lié à cette chose. Ca émet des radiations et de la chaleur, cela expliquerait le pourrissement des végétaux! Stenkle lui donna raison et questionna Jean pour avoir son avis seulement, ce dernier ne répondît pas, il semblait prit dans ses pensées aussi, Peter réitéra. - Jean! Jean, je pense que Su a raison et toi, qu'en penses-tu? Tu as une autre théorie? - Hm...Hein...Heu oui je suis d'accord avec lui également... - Tout va bien Jean? Tu as l'air subjugué!

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- Oui, ça va...Il y a juste que... - Que quoi? - Ho rien, ça n’est pas très important. Le médecin prit quelques clichés de l’étrange soleil afin de l’analyser un peu plus tard et garder des preuves de ce qu’il avait découvert mais ne voulait pas le divulguer maintenant, il voulait en avoir le cœur net et pendant que ses collègues poursuivaient leurs investigations, lui reprit les données des différents évènements qui leur était arrivé jusqu'à présent. Tous étaient si occupés qu'ils en oublièrent de prendre leur repas. Les yeux rivés sur les informations, ils restèrent des heures à essayer de comprendre ce phénomène étrange quand tout à coup, le soleil sortit du champ de la planète pour se diriger vers une autre afin de s'y satelliser également. Su s'étonna. - C'est bizarre, c'est la première fois que je vois un truc pareil! Charlène riposta. - Ce n’est peut-être pas une planète ou un soleil mais un vaisseau spatial! Un vaisseau comme le notre qui explore comme nous l'espace infini! La remarque était saugrenue mais pertinente. Pourquoi pas? Cela paraissait étonnant du premier point de vue mais personne ne pouvait savoir ce qu'une population extra-terrestre mettrait en œuvre pour explorer leur galaxie! Leurs matériaux de construction n'étaient certes pas comme ceux des Terriens car eux même différents! Stenkle décida de se pencher sur la question. Yamachi lui, était plus perplexe et se contenta de chercher la composition chimique ou le degré exact de rayonnements que

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produisait ce soleil. Jean analysait toujours les anciennes données, au fond de lui il savait que cette chose n’était pas extra-terrestre et il le prouverait dès qu’il en aurait terminé avec ses théories. Au cours de leurs recherches, le soleil changea sept fois de planètes, il fila de plus en plus loin et bientôt, ce ne fut plus qu’une étoile scintillante puis disparu complètement du champs de vision des télescopes. Jean fit remarquer qu’à cette allure, ce truc atteindrait la Terre dans deux milliards et demi d’années environs, ce qui, à échelle humaine était fort lointain mais à échelle terrestre pas si loin que ça. Charlène frissonna. - Ca veut dire qu’un beau jour cette chose viendra nous cuire...enfin cuire nos arrières, arrières, arrières petits enfants! Stenkle la rassura. - La technologie aura encore évoluée et ce truc sera détruit par des missiles avant qu’il ne s’approche de trop près! Ces mots la rassurèrent quelque peu. Elle fila dans son bureau afin de préparer son émission qui avait lieu dans une trentaine de minutes, il fallait bien ce temps pour que la transmission s’établisse. Elle alluma son écran et attendit d’avoir la base. Pendant ce temps, elle se maquilla et prépara ses fiches puis, quand même la base répondit clairement. - Charlène? Ici la base, nous vous connectons. - Ca n’est pas trop tôt! On va prendre du retard si ça continu! - Il faudra vous connecter une heure avant, plus ça ira et plus nous auront du mal à établir la communication.

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- C’est ce que je ferais demain. Elle vit le visage du présentateur apparaitre sur son écran. Il s’étonna du retard de la journaliste, elle lui expliqua les problèmes de transmission avec la base. Ils préparèrent vite fait l’émission et le générique commença. - « Au plus près des étoiles » bonsoir ou bonjour à tous toujours plus nombreux à nous regarder au quotidien! Charlène Veyrier est avec nous en direct, je crois qu’elle a des choses à nous montrer, n’est-ce pas Charlène? - Oui, Marc. Nous sommes arrivés aujourd’hui dans un endroit magnifique. En effet, trois nébuleuses se sont offertes à nos yeux pour notre plus grand bonheur. Je vous ai préparé un reportage haut en couleur et après cela, les nébuleuses n’auront plus aucuns secrets pour vous! - Regardons de suite le reportage de Charlène. Le magnéto se mit en route. Pendant ce temps, en régie, un technicien lui confirma qu’il avait choisi des questions sensées au préalable. Elle fut ravie de cette bonne nouvelle et le remercia du fond du cœur, elle était soulagée car elle repensa au fou rire de la veille. Quand le reportage fut terminé, son visage réapparut à l'écran. Le présentateur la félicita. - De bien belles images, Charlène. Un grand merci de la part de tous les téléspectateurs qui attendent de tels documentaires. - Je fais mon possible pour apporter le plus grand soin dans mes reportages, je veille à ce que tout soit à porter de tout public, jeunes et moins jeunes, scientifiques ou non.

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- L’accessibilité est essentielle et nous vous remercions de parler science même pour les plus néophytes, souvent nous rencontrons des messages à ce sujet, la preuve avec plus de trois milliards de téléspectateurs qui attendent chaque soir notre émission! Le chiffre la fit frémir. Trois milliards de personnes intéressées par cette mission, c'était hallucinant. - Voici à présent l'heure des questions! Alors, oui...Ha! Une question de monsieur Wanda des Etats d'Afrique Unis:" De combien d'étoiles est formée la nébuleuse en spirale"? - Alors la nébuleuse en spirale ne comporte qu'une seule et unique étoile en son centre qui forme ainsi un noyau. Ce qui la compose en revanche se sont des poussières intergalactiques et des gaz. - Très bien. Une question de madame Schmitt d’Allemagne: « Est-ce qu’une nébuleuse change de couleur »? - Non, généralement elle garde sa couleur jusqu'au bout. - Une dernière question de madame Tzin du Tibet: " Les nuages opaques sont-ils vraiment opaques"? - Oui, ils peuvent cacher une partie de la nébuleuse et même en rapprochant les télescopes, il est difficile voir impossible de voir au travers. - Merci Charlène pour ces réponses qui j'espère aura satisfait nos téléspectateurs. - Je vous en prie. - A présent nous allons passer à la question du jour! Comment gagner la coquette somme de dix milles euros

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C’est fort simple, en appelant au numéro qui s'affiche au bas de votre écran. Quelle est-elle cette question, Charlène? » Quel animal fait penser la nébuleuse rouge »? A- Une girafe? B- Un aigle? C- Un cheval? Si vous avez la bonne réponse, appelez au numéro qui s’affiche au bas de votre écran. C’était « Au plus près des étoiles » avec notre amie Charlène... - Et Marc! Le générique partit et la journaliste coupa l'image. Marc la remercia et lui donna rendez-vous pour le lendemain. Elle coupa la transmission et resta sur son siège un moment. Elle pensa aux trois milliards de téléspectateurs qui l'attendaient chaque soir, il fallait en faire part aux autres, c'était important, il fallait qu'ils sachent aussi, elle partit les voir dans la salle de repos où Su, une fois n'est pas coutume, avait préparé de quoi se restaurer. Ce dernier l'invita à prendre place. - Assied toi, vient manger un bout. - J'arrive, j'arrive! J’ai quelque chose à vous apprendre... Tous la regardèrent l’air interrogateur. - ...Trois milliards d’habitants nous attendent chaque soir! Stenkle ouvrit de grands yeux et s’exclama. - Trois milliards! Tu exagères! - Non, non, véridique! Yamachi s’étonna à son tour. - Ca commence à faire. Je ne sais pas si c’est une bonne idée qu’ils ont eu de créer une émission d’après nos aventures. Il aurait mieux valu faire un grand reportage à la fin de la mission et sortir un bouquin.

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Jean lui donna raison. - Tu n’as pas tors. Ca n’est pas très sain de récupérer de l’argent comme ça, surtout si on ne trouve rien à la fin. Stenkle ironisa. - Après ils n’en feront une télé-réalité avec des célébrités qui ne connaissent fichtrement rien comme il y a pas loin de cinquante ans en arrière! Jean lui répondit que cela ne l’étonnerait même pas car à présent, l’être humain était capable de tout pour gagner toujours plus d’argent. Charlène leur reparla de notoriété, elle y tenait car ils devaient s’y préparer, ils n’auraient pas le choix et leur expliqua qu’ils seraient invités de toute part dans les émissions télévisées ou les radios et qu’ils seraient contraints de signer un livre sur leur vie, ce qui les fit plutôt rire. La soirée passa comme toutes les autres à bavarder et refaire le monde seul Jean paraissait parfois distant et loin de tout, plongé dans ses pensées, de temps à autre l’inquiétude se lisait dans ses yeux. Ses amis se faisant du souci lui demandait si tout allait bien, il répondait par la positive en souriant mais d’un sourire forcé. Quand ils partirent se coucher, Charlène l’interrogea sur le seuil de sa chambre. - Qu'est-ce qui se passe? tu n'as pas l'air bien? - Je t'assure que tout va pour le mieux! - Pas à moi! Tu es pensif depuis peu, qu'est-ce qui ne va pas? - Je t'assure que je vais bien, je dois admettre que j'accuse un peu la fatigue mais je vais m'en remettre, c'est l'histoire d'un jour ou deux. Si cela perdure, je prendrais des vitamines.

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La journaliste cru à son mensonge et fila dans sa chambre en lui faisant un clin d'œil qu’il lui rendit. Une fois dans son lit, il sortit un calepin et nota leurs différentes péripéties puis les étudia encore une énième fois. De longs soupirs sortaient de sa bouche, il persévéra durant plusieurs heures puis, de guerre lasse, éteignit sa lampe. Après un petit déjeuner léger, ils repartirent vers d'autres cieux. Cette fois, plus de nébuleuses, quelques étoiles tout au plus constellaient l'espace; l'étude de ces dernières se ferait bien vite vu leur distance. Ils se levèrent et, branchèrent les télescopes afin de grossir au mieux d'éventuelles planètes. Certaines étaient attrayantes, intéressantes par leur composition ainsi, Stenkle répertoria une étoile jaune composée essentiellement de souffre où des flammèches sortaient de petits cratères, il la compara au barbecue à gaz de ses parents car les flammes formaient parfois une rampe. Le botaniste ironisa en demandant à Su de préparer quelques saucisses et autres côtes de porc à faire griller pour le prochain repas! Jean se focalisa sur une étoile rouge prête à exploser, bouillonnante à sa surface, il en déduit alors qu'il avait à faire à une supernova, heureusement, elle était assez loin, l’équipage ne risquait rien. Il pria pour que l'étoile explose en direct aussi, il brancha une caméra qu'il fixa sur la supernova afin qu'elle film en permanence au cas où. Une telle expérience serait unique en son genre, il ne fallait surtout pas rater cela et le médecin pensa même qu'il fallait contacter la base afin de rester le temps

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qu’il faut sur place. Il demanda l’avis de ses collègues, ils furent d’accord sur le principe mais doutaient fortement que la base accepte vu le temps qu’ils avaient déjà perdu au préalable. Le médecin essayerait tout de même car il partait du principe que qui ne tente rien n'a rien. Yamachi observa de son côté une étoile lumineuse mais dont l’intensité de rayonnement variait de temps à autre, son ordinateur décela une nova. Le chimiste la répertoria et passa à une autre étoile, jaune dont les rayonnements étaient intenses, le télescope se bruni automatiquement, il avait à faire à un soleil identique à celui qui chauffait sa bonne vieille Terre. Comme lui, de fortes explosions, gigantesques offraient un bien beau spectacle que Su montra à la journaliste afin d’agrémenter son émission. L’ordinateur calcula ses dimensions et trouva le chiffre de sept cent dix milles kilomètres soit des dimensions proches du soleil terrestre. L’hélium et l’hydrogène composaient l’étude de son rayonnement, il était donc composé de gaz. Le chimiste répertoria sa découverte, elle portait le nom de SO0003. L’étude des chercheurs dura tout de même deux heures trente et, fiers d’eux ils avaient inventoriés pas loin de cent trente planètes, soleils et astres en tout genre aussi, ils décidèrent de s’octroyer un moment de repos où Yamachi en profita pour préparer un thé digne de ce nom qu’ils avalèrent tranquillement dans la salle de repos puis, Stenkle les laissa pour rejoindre la salle des PC afin de contacter la base.

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- Peter à la base... La communication avait de plus en plus de mal à s’effectuer, le botaniste pensa qu’il leur faudrait rebrousser chemin bientôt car sans lien avec la base, la mission ne pouvait se faire correctement. Il réitéra. - Peter à la base... Toujours rien, pas même un grésillement, rien. - Peter à la base, vous m’entendez? Il cru entendre des grésillements et tendit l’oreille mais le phénomène ne se renouvela point. Il ne perdit pas espoir et continua vaille que vaille; - Peter Stenkle à la base, je veux une réponse! Un grésillement puis des bribes de voix se firent entendre. - Peter à la base, j’écoute! Il entendit des bribes de phrase mais ces dernières étaient entrecoupées par des blancs et donc la conversation était incompréhensible puis, petit à petit, la communication se fit plus nette. - Ici la base, bonjour Peter. - Bonjour à tous. Je crois qu’il va falloir prendre une sage décision vous savez. Nous ne pourrons bientôt plus communiquer. - Oui, nous en sommes bien conscients, nous y avons réfléchit depuis deux jours mais y il a les politiques d’un côté qui veulent poursuivre et les scientifiques et autres chercheurs et ingénieurs de l’autre qui désirent mettre un terme à la mission pour des raison de sécurité évidente. - Tant pis pour les politiciens! Qu’ils prennent notre place que Diable!

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- Je sais, Peter, c’est rageant et c’est pourquoi les négociations sont longues et fastidieuses, ils veulent gagner du temps pour que vous alliez plus loin encore, pour eux, chaque minute compte. - Pour nous également! Savoir si demain nous pourrons vous joindre! D’ailleurs, si cela était le cas, que devons-nous faire? - Vous faites machine arrière bien-sûr, ne tentez pas le Diable surtout! - Rassurez-vous nous ne feront pas preuve de témérité! - Bien. Où en êtes-vous? - Comme vous pouvez le voir, la navette s’est arrêtée dans une zone proche d’étoiles en tout genre que nous avons répertoriées, vous devriez avoir les données bientôt si tout va bien. - Elles arrivent. - Bien. Quels sont les ordres pour demain? - Continuez encore, tant que nous pouvons vous localiser il faut encore chercher mais je ne vous cache pas que nous ne sommes pas très optimistes sur vos découvertes futures sans vouloir vous blesser! - Rassurez-vous nous pensons la même chose. Des scientifiques après nous et dans des années futures avec une autre technologie prendront notre place et trouveront peut-être quelque chose! - Sans doute. - Bon et bien à demain si tout va bien. - A demain Peter. Le botaniste couru annoncer la bonne nouvelle à ses acolytes encore attablés dans la salle de repos.

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- Devinez! J’ai une bonne nouvelle! - On repart sur Terre! Scanda Charlène. - Presque! Ils sont en pourparler, ça ne devrait pas être trop long, deux ou trois jours tout au plus! Yamachi exulta. - Et bien, ça n’est pas trop tôt! - Tu penses! Les communications deviennent de plus en plus difficiles, bientôt nous ne pourrons plus contacter la base. Jean se consola. - Nous avons effectué le plus long voyage intergalactique, nous pouvons être fiers de nous, même si notre but n’a pu être atteint. Nous servirons de base et d’exemple pour les prochains qui prendrons notre place! Stenkle lui donna entièrement raison. Pour fêter cet évènement, Yamachi partit dans la cuisine afin d’y préparer un festin et Jean partit chercher une bouteille de Bordeaux. La liesse envahissait le vaisseau et les sourires étaient sur toutes les lèvres, ils dégustèrent le meilleurs hachis Parmentier qu’ils n’eu jamais mangé et les flans au chocolat, à la vanille et au caramel abondaient, à croire que Su avait épuisé le stock de desserts! Ils terminèrent difficilement les derniers pots, ils étaient rassasiés, repus de toute nourriture et ne pouvaient presque plus bouger ou alors avec difficulté. Jean enguirlanda sympathiquement le chimiste. - T’aurais pu en faire un peu moins! Ce soir je mange rien. Charlène lui conjura. - Ne me parlez plus de manger, de boire, d’ingurgiter, d’avaler et tout ce qui se rapporte à la nourriture, s’il vous plait!

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L’équipage resta longtemps sans bouger sur leur siège. Parfois un rot montait au plus grand soulagement de celui qui l’avait émit. Là, pas de convention, pas de bonnes manières, il n’y en avait que pour la digestion. Peter espéra très fort qu’il ne se passe rien de grave car dans leur état, ils ne pourraient être opérationnels à cent pour cent. Yamachi s’était assoupit, Charlène le suivait de près. Jean et Stenkle discutaient tranquillement de choses et d’autres et l’après repas se termina bien tardivement. Quand ils purent trainer leur carcasse, ils retournèrent aux PC afin de regarder si la supernova avait ou non explosée mais furent déçus, en même temps, ils savaient qu’une telle explosion pouvait se manifester dans seulement cinq ans! Jean ne perdit pas espoir et laissa la caméra tourner. Charlène fila dans son studio afin de préparer son émission, cette fois, elle avait prit soin de s’y prendre une bonne heure à l’avance et elle fit bien, la transmission ne pu se faire qu’au bout de trois quarts d’heure ce qui lui mit les nerfs en pelotes. Le visage de Marc apparut enfin. - Bon sang, Marc, j’y croyais plus! - Si ça continu je vais finir l’émission seul! - Peut-être va savoir. Une chose est sûre, nous allons bientôt faire demi-tour mais ne dit rien en direct car a n’est pas encore voté! - C’est dommage, je m’y faisais à cette émission! - Parle pour toi Marc! Si tu étais à ma place tu aurais hâte de revenir au bercail! - Alors, tu as du nouveau? Ils discutèrent autours de l’émission et préparèrent leurs papiers. La journaliste

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brancha sa caméra et fit visionner le film au présentateur et à la régie, elle avait le pressentiment que c’était la dernière émission importante et qu’après, ce serait du déjà vu. Elle se voyait sur le voyage du retour, croisant des planètes déjà répertoriées, frôlant Stella et apercevant au loin sa bonne vieille Terre. Elle était soulagée mais avait un pincement au cœur malgré tout. En effet, elle espérait encore faire « LA » découverte qui changerait la phase du monde. - Charlène?...Charlène?... La voix de Marc la fit sortir de son rêve. - Oui...Excuse-moi, j’avais la tête ailleurs! - On va commencer dans cinq minutes, tu es prête? - C’est OK. Elle entendit le générique puis Marc commencer l’émission. - Bienvenue à tous dans l’émission « Au plus près des étoiles »! Charlène est avec nous malgré les milliards d’années lumières qui nous séparent! Comment allez-vous Charlène? - Et bien ma foie nous allons bien. Aujourd’hui, les scientifiques ont étudiés une myriade d'étoiles, une bonne trentaine. J'ai filmé pour vous les plus belles ainsi que les commentaires des chercheurs. - Nous allons regarder de suite ce reportage signé Charlène Veyrier. La régie lança le film. La journaliste se recoiffa quelque peu et bu un peu d’eau car sa gorge était sèche; les aliments salés qu’elle avait ingurgités demandaient une surdose de boisson. Machinalement, elle regarda son verre, les ondes étaient revenues et créaient des cercles

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dans la tasse. Elle voulu le mentionner aux scientifiques mais le film se termina et elle dû reprendre le cours de son émission. - C’est un très beau reportage, Charlène. - Merci Marc. - Dans toutes ces planètes, il n’y en pas une seule visitable? - Non, ce sont principalement des étoiles. Il est très rare de découvrir des systèmes solaires identiques au notre vous savez. - Il est vrai que sur Terre nous avons l’esprit romanesque! - Le romanesque et la science ne font pas bon ménage, Marc! Le présentateur sourit et poursuivit. - Je crois qu’il est l’heure des questions, Charlène! - Je le pense aussi, Marc. - Alors, je consulte la régie...Oui...Voilà, une question de monsieur Georges de France: « Que pensez-vous de vos recherches effectuées jusqu’à maintenant »? Charlène ne s’attendait pas à ce genre de question, elle y répondit du mieux qu’elle le pouvait, il ne devait rien ressortir de négatif. - Nous sommes plutôt ravis de ce que nous vivons au jour le jour, c’est une aventure quotidienne exaltante. - Vous pouvez nous en dire plus? Ce monsieur voulait savoir ce que vous pensiez des recherches, je pense qu’il vous demande si cette mission a tenue ses promesses ou non. - Oui, je pense qu’elle a tenue ses promesses mais je m’exprimerais mieux quand elle sera terminée car à ce jour, le but premier reste à atteindre.

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- Bien, j’espère que cette réponse conviendra à monsieur Georges. Une deuxième question...de monsieur Salvador d’Espagne : »Est-ce que quelque chose d’extraordinaire vous fait penser que vous êtes proches du but »? La journaliste avait du mal à cerner les questions, elle regrettait déjà les nullités d’avant. Elle répondit tout de même. - Non, rien ne nous présage que nous sommes prèss du but. - Une dernière question de madame Korska de Roumanie « Est-ce que Charlène à une préférence pour l’un des scientifiques »? Elle était horrifiée. La question fatidique à laquelle elle ne voulait jamais répondre venait de tomber. Il fallait faire comme si de rien était, rester stoïque et garder son calme. La journaliste prit son plus beau sourire et répondit. - Nous sommes en mission pour travailler, pas pour faire autre chose! Nos emploi du temps sont blindés et le soir nous nous endormons comme des masses alors ce qui est de la bagatelle !.. Le présentateur la coupa. - Madame Korska voulait seulement savoir avec lequel vous vous entendiez le mieux... Charlène se sentit rougir jusqu’aux oreilles, son cœur se mit à battre à tout rompre, elle venait de se vendre en direct devant trois milliards de téléspectateurs. Elle balbutia. - Je...Je n'ai pas de préférence...Je les aime tous enfin je veux dire que je m'entend très bien avec tous... Voyant la réponse irrécupérable, le présentateur gêné coupa court et passa de suite

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à la question du jour. La journaliste ne savait plus où se mettre et laissa son acolyte présenter à sa place et n’écouta pas la question, elle se contenta de sourire bêtement et s’en voulait terriblement. Comment allait-elle expliquer cela aux hommes? Fallait-il leur relater d’ailleurs? Ils le sauraient de toute manière un jour ou l’autre et elle se demanda s’il fallait sortir du mini studio ou rester jusqu’à ce que tous soient couchés. Marc la sortit de sa torpeur quand l’émission fut terminée. - Mais qu’est-ce qui t’as prit? Là tu es bonne pour toutes les émissions de gags pendant des lustres! - Ho mon Dieu, Marc, qu’est-ce que j’ai fait? Qu’est-ce qui m’a prit de parler comme ça! Elle mit sa tête dans ses mains tremblantes, le présentateur la rassura. - Ne t’en fais pas va, c’est un mauvais moment c’est tout! Je t’ai raconté le jour où dans mon émission de variété j’ai dit à la chanteuse Vaya qu’elle se violait la face au lieu de voilait la face? - Ha oui, je me rappelle... - Et bien tu vois ce que j’ai pu endurer à ce moment là! Bienvenue au club de ceux qui disent des conneries! Elle se mit à rire et relativisa. Après tout, elle n’avait tué personne et il valait mieux prendre ces paroles à la rigolade. Charlène remercia Marc pour son soutien et coupa la transmission. Mais une question persistait: Comment allait-elle le dire aux scientifiques? Elle sortit du mini studio et fila dans la salle de repos où les hommes se prélassaient. Jean lui demanda comment était son émission.

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- Pas trop mal... - Pas trop mal?...Ca à été bien ou non? - Et bien j’ai commis une bourde... Elle leur expliqua ce qui s’était passé et ils eurent un fou rire inextinguible au plus grand bonheur de la journaliste qui fut ravie que tous le prennent ainsi. Ils restèrent dans la salle de repos durant plusieurs heures pour discuter, le thème le plus abordé était évidement leur retours sur Terre et chacun rêvait de retrouver famille, amis et collègues, de respirer l’air frais, de ressentir la fraicheur ou simplement de fouler le solide plancher des vaches. Pour certains, un bon repas dans un restaurant digne de ce nom devenait obligatoire, d’autres ayant besoin d’espace se juraient d’aller marcher en montagne et surtout, ils voulaient par dessus tout se confondre à la foule, discuter avec des gens dans des lieux publics bondés. Il est vrai que l’espace dans lequel ils vivaient étaient plutôt restreint et la sensation d’étouffement persistait. Ils partirent se coucher le cœur rempli de joie et avaient hâte d’être au lendemain. Le petit déjeuner avait t rapide et Stenkle tentait encore une énième fois de joindre la base quand celle-ci répondit enfin. - Ici la base, bonjour Stenkle. Peter se hâta de demander s’il fallait rebrousser chemin. - Qu’ont décidé nos supérieurs, on rentre ou on continu? - Vous partez de nouveau... Peter était dégoutté. Son visage le laissa deviner et la colère monta en lui.

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- ...Mais pour la dernière fois! Vous effectuerez ce jour votre dernier voyage à grande vitesse. - Génial! Si vous saviez comme nous avons attendu ce moment ! A ce moment, le visage du scientifique changea du tout au tout, un rictus de bonheur lui souligna la figure. - Je vous comprends. Tous sur Terre sont contents de vous et vous êtes attendus comme le messie! - Je vais annoncer la nouvelle à mes coéquipiers et nous partiront tout d e suite après. - Très bien. Dites à Charlène qu’elle prépare quelque chose d’exceptionnel pour la fin du voyage, un genre de rétrospective en quelque sorte. - Bien je le lui dirais. - On se recontacte dès votre arrêt. A bientôt! Peter coupa la communication et partit dans la salle de repos où les autres desservaient la table, il leur annonça la bonne nouvelle, tous exultaient et filèrent illico dans le cockpit. Là, ils enfilèrent leur casque et attendirent la mise à feu. La navette fila dans l’espace. Durant le trajet, tous espéraient trouver quelque chose d’exceptionnel, la fin de l’espace ou bien une planète hors du commun avec des habitants ayant un degré de connaissances supérieurs à la leur. Aussi, quand la navette stoppa, ils regardèrent autours d’eux histoire de voir ce qui les entouraient mais malheureusement, il n’y avait que du vide. Ils se levèrent un peu déçus mais heureux de repartir dès le lendemain. Yamachi les rassura en leur disant

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que le voyage du retour serait peut-être tout aussi exaltant et, en changeant un peu les données informatiques, il serait possible de rallonger ou de raccourcir les trajets et ainsi voir ce qu’ils n’avaient vu lors du voyage à l’aller. Ils trouvèrent l’idée formidable et partirent dans la salle de repos afin d’en discuter car il était vrai qu’ils avaient vu durant certains trajets à grande vitesse des formes et des couleurs qui faisaient penser à des galaxies. Le retour leur semblerait effectivement bien moins monotone s’ils devaient analyser des choses nouvelles. Après s’être reposés, ils partirent dans la salle des PC d’où ils interrogeraient ces derniers sur d’éventuels éléments gravitants peut-être autours d’eux mais à y regarder de plus près, rien de bien intéressant n’apparaissait sur les écrans. Ils décidèrent alors de répertorier ce qu’ils avaient analysés jusqu’à présent et pourquoi pas, reprendre certaines données. Peter tentait de joindre la base avec encore plus de difficultés. Pas même un grésillement ni quelques bribes de mots ne se faisaient entendre, il persévéra tout de même. Jean de son côté ouvrit le conteneur ou des échantillons de toutes sortes étaient rangés à but d’analyses futures pour y prendre de la matière molle, celle-là même qui avait obstruée les cavités de la navette. Il pensa alors à son collègue Elysée, mort à cause de cette chose. Ses yeux s’embuèrent mais il retint ses larmes et plaça l’échantillon entre deux plaques de verre qu’il mit sous le microscope. Cette matière lui rappelait quelque chose de familier, il lui fallait trouver ce que c’était et avancer

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une théorie, « LA » théorie qui lui tenait à cœur il qu’il cachait depuis un certain temps. Les données informatiques ne l’aidait guère à progresser dans son jugement car incomplètes ou inexistantes. Il se demanda alors qui était l’imbécile qui avait formaté les disques durs et dû se rendre à l’évidence qu’il devrait se débrouiller par ses propres moyens et utiliser ses connaissances personnelles s’il voulait progresser d’un iota mais la tâche n’était pas aisée aussi, il prit sa tête dans ses mains et réfléchit. Comment analyser cette chose sans ordinateur? Il fouilla dans son cerveau afin de trouver une solution puis, il se rappela soudain qu’il possédait dans son fourbi de médecin des boîtes de pétris au cas où une infection surviendrait, avec de telles boîtes, il lui serait possible d’aller plus loin, il partit donc à l’infirmerie pour récupérer une rouge et une marron. A l’aide d’un grand coton-tige sur lequel il avait prit de la matière molle, il barbouilla le contenu des boîtes qu’il referma et plaça dans un accélérateur de temps. De cette manière, il gagnerait un temps fou pour la lecture des données dans à peine deux heures au lieu de vingt quatre. Pendant ce temps, il élabora sa théorie pour l’instant pas très ordonnée. De son côté, Peter essayait en vain d’appeler la base mais dû se rendre à l’évidence que cette dernière n’arrivait pas à les localiser ou bien la distance devenait trop exagérée. Charlène préparait son émission dans le mini studio où elle enregistrait des passages intéressants. Elle fit en sorte qu’Elysée soit au premier plan le plus possible afin de lui rendre

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hommage. La journaliste évoquerait son souvenir et mentionnerait plusieurs fois son nom. Elle se rappelait avec beaucoup d’émotion la grande gentillesse et la patience de l’ingénieur, elle entendait encore sa voix, ses rires. Elle le ressentait encore dans le vaisseau, il était là encore avec eux. Yamachi répertoriait encore et toujours ses données plus pour s’occuper qu’autre chose. De longs soupirs sortaient de sa bouche et quelques jurons fusaient parfois lors d’une mauvaise manipulation. Deux heures passèrent ainsi, l’accélérateur de temps émit une sonnerie et Jean accouru pour retirer les boîtes. Sur la rouge, véritable bouillon de culture, apparaissaient des pourritures et la boîte à fond marron quand à elle révélait des micro-organismes, il fallait à présent analyser tout cela aussi, il se mit au travail. Un manuel sous les yeux lui indiqua ce qu’il voulait savoir, il s’écria: - Je le savais... Soudain, la navette fut prise de tremblements et tout l’équipage tomba de son siège. Peter appela tout le monde dans le cockpit et demanda que tous mettent leur casque au cas il aurait fallu décamper. Ils restèrent un long moment dans la cabine de pilotage, les tremblements redoublèrent puis ralentirent progressivement pour s’arrêter enfin. Ils attendirent encore un peu puis enlevèrent leur casque pour se lever mais les tremblements revinrent et ils durent replacer leur casque sur leur tête de nouveau si bien que Peter annonça le départ de la navette, ils se tinrent prêts. Le botaniste donna l’ordre à l’ordinateur de bord

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de faire machine arrière puis il actionna les manettes mais la navette parti droit devant comme une folle, l’équipage était cloué aux sièges, leur poitrine étaient écrasée par cette force spectaculaire, ils ne pouvaient à peine respirer. Quand le vaisseau freina, ils étaient dans un tel état qu’ils durent rester plus d’une demi-heure sans bouger et eurent bien du mal à retrouver leur souffle, une toux rauque s’installa chez chacun d’eux. Ils ne prirent pas la peine de regarder autours d’eux tant la douleur était intense et la navette avança tout droit sur un trou noir, quand Yamachi s’en aperçu et tenta de crier il était déjà trop tard, ils furent avalés et engloutis dans ce champs gravitationnel. La navette fut littéralement aspirée, l’équipage se sentit attiré par le haut, ils tombèrent durant de longues minutes qui leur sembla des heures, cette interminable chute les conduisit ailleurs, dans un élément inconnu. Encore sous le choc, ils regardèrent apeurés ce qui les entouraient, du vide, encore du vide, toujours du vide. La navette avança doucement dans une atmosphère paisible, les tremblements avaient disparus, ils purent retirer leur casque et, au lieu de filer dans la salle de repos, ils prirent la direction de la salle des PC afin de définir où ils se trouvaient. Peter pestait en toussant. - Pourquoi cette fichue merde est parti de l’avant, bordel! Il tenta de rétablir la communication mais personne ne répondit à ses appels intempestifs. Yamachi essaya de localiser l’endroit où ils se trouvaient mais là encore, rien ne s’affichait sur les écrans.

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Jean prit la tension de ses acolytes et vérifia que tout l’équipage allait bien, ses mains encore tremblantes trahissaient le stress et l’angoisse vécue. Il arriva à hauteur de Charlène qui avait le nez collé à l’un des hublots. - Regardez là-bas... Les hommes s’approchèrent. Une lueur claire tel un tunnel apparaissait au fur et à mesure que la navette avançait. - ...Qu’est-ce que c’est? Yamachi lui répondit qu’il n’en savait rien tout comme Jean et Peter par ailleurs. Ce premier alluma son PC et dirigea le télescope dans la direction de la lumière puis attendit. L’ordinateur ne trouva rien, Su tapa sur L’appareil mais toujours rien n’apparaissait. - Les ordinateurs nous laissent en plan! Manquait plus que ça! Peter s’époumonait à appeler la base, malgré tous ces efforts, il ne pu joindre quiconque et laissa la radio allumée au cas où. Jean parlait tout seul, le regard dans le vide. Charlène s’inquiéta auprès des autres. - Je crois qu’il n’est pas bien! Jean, répond! Qu’est-ce qu’il y a?

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LA THEORIE DE JEAN MARTIN Le médecin se tourna doucement vers Charlène et la regarda dans les yeux. - Je crois que nous sommes dans un corps... Les autres le regardèrent avec des yeux remplis d’inquiétude. Yamachi lui somma d’aller se reposer un peu, mais Jean refusa catégoriquement. Peter le prit par le bras mais le médecin refusa de suivre son collègue. - Ecoute, Jean, il faut te reposer, nous sommes tous exténués par ce que nous venons de subir alors prend sur toi et va au lit un moment. - Je ne suis pas malade! Laissez-moi. Un silence de mort régnait à présent à bord. Charlène était terrorisée par ce qu’avait avancé son ami. - Qu’est-ce qui te fait dire que nous sommes dans un corps? Pourquoi dis-tu cela, Jean?

Le médecin parti chercher ses documents et demanda aux autres d’aller dans la salle de repos.

Ils obéirent. Une fois installés, ils écoutèrent la théorie du

médecin. - Nous avons croisé sur notre chemin des astres en formation. Nos cellules ne sont-elles pas en formation constante? Interphase, prophase, métaphase, anaphase et télophase, tout comme ces astres qui explosent et se divisent? Ces pluies d’astéroïdes que nous avons essuyés ne vous font-elles pas penser aux globules blancs

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qui attaquent tout corps étranger? Et que dire des nébuleuses! Elles sont formées de gaz, le corps humain est également formé de gaz! Les impacts électriques que nous avons subit ressemblent à s’y méprendre à ce que produisent les terminaisons nerveuses et que dire de cette force qui nous poussait! N’avons nous pas été expulsé par le cœur? Tous le regardaient avec une certaine inquiétude. Yamachi tenta de lui redonner la raison. - Ce ne sont que des coïncidences, Jean! Effectivement tout ce que nous avons vécu ressemble à s’y méprendre à ce qui pourrait se passer dans notre corps mais de là à dire que nous sommes dans quelqu’un, là tu pousses vraiment le bouchon un peu loin!

Stenkle donna raison au chimiste. - Il y a beaucoup de chose sur Terre qui font penser à notre corps, ainsi, la mer et les océans ne sont pas une vessie pleine de pisse, les routes et les canaux ne sont pas des veines ou des veinules! Jean, remets-toi! Charlène poursuivit. - Et le reste, qu’est-ce que c’était? Les ondes dans nos tasses, les tremblements, les balancements? Ce sont des phénomènes normaux, Jean! Le médecin continua, sûr de lui. - Les ondes étaient régulières, probablement que c’était un rythme cardiaque, quand aux tremblements et les balancements, nous devions nous trouver dans un estomac... Il ne pu terminer sa théorie car Stenkle lui coupa la parole.

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- Ecoute, Jean, je te respecte beaucoup, tu es un ami formidable mais là, tu m’inquiètes! Je ne comprends pas où tu veux en venir! - ...Rappelez-vous de ce soleil qui transitait autours des planètes! C’était un virus semblable à celui du sida! Il tournait autours des astres et dès que ce dernier était contaminé, il passait à un autre! Su le remit dans le droit chemin. - Tu vas aller te reposer, je te préparerais une tisane formidable qui te remettra les idées en place! - J’ai la preuve irréfutable que ce que j’avance est vrai! Il partit dans la salle des PC afin d’aller y prendre les boîtes de pétris et retourna vers ses collègues. Il leur tendit les boîtes et chacun pu constater qu’elles avaient réagit. Stenkle posa la question que tous attendaient. - Qu’est-ce que ça prouve? - J’ai analysé la matière molle qui nous a heurté. Nous sommes en présence d’un mélange d’acides gastriques, salivaires et, tenez-vous bien...des aliments composent cette pâte, pour être plus exact, c’est de la pomme. Elysée a été digéré! Ils le fixèrent comme s’il s’agissait d’un fou ou d’un génie. Charlène, la première, brisa le silence qui s’était installé. - De la pomme...Tu en es sûr? Jean demanda alors au chimiste et au botaniste d’effectuer des recherches afin de vérifier la véracité de ses propres analyses. Ils acceptèrent et prirent les boîtes, de toute manière, ils n’avaient rien d’autres à faire et puis ils voulaient démontrer que le médecin frôlait la

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folie. Les deux hommes s’exécutèrent, ils durent se rendre à l’évidence, ils étaient bien en présence de résidus de pomme digérée par un organisme proche du leur. La nouvelle leur fit froid dans le dos, ils regardèrent ensuite le tunnel au dehors qui se rapprochait petit à petit, Su demanda alors. - Vous croyez que si nous empruntons ce tunnel nous nous retrouverons au dehors d’un corps? Des frissons parcoururent leur corps tout entier. Qui avait-il après? Quel monde les attendait là-bas? Ils ne représentaient qu’un microbe face à ce corps, les éléments extérieurs étaient peut-être hostiles. Etait-ce prudent de sortir? Stenkle préconisa une réunion, ils acceptèrent et filèrent dans la salle de repos. Ils se regardèrent longuement puis, Jean le premier, commença. - Si nous analysons la situation, nous nous apercevons que nous ne savons pas où nous sommes, où se trouve la Terre, dans quelle direction? Nous sommes bel et bien perdus j’en ai peur. Au point où nous en sommes, devons nous continuer? Nous sommes si proches du but! Stenkle poursuivit. - Peut-être allons-nous avoir des nouvelles de la base...sait-on jamais, nous devons essayer encore de communiquer. Qu’en penses-tu Su? - Je pense qu’il est risqué de sortir d’ici. Néanmoins, la curiosité est grande de savoir ce qui se trouve dehors, je préconise que nous sortions, nous pourrons ainsi voir dans quoi nous avons voyagé et pourquoi pas emprunter un autre itinéraire pour rentrer sur Terre! Si nous sortons d’un nez, nous pourrons repartir

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par une oreille par exemple qui est quand même la représentation de la communication. Tous le regardèrent. Cet homme était un génie, à lui seul il aurait pu convaincre toute une armée! Charlène avoua qu’elle trouvait l’idée formidable et qu’elle aurait aimé voir derrière le tunnel. Seul Peter restait à convaincre. - Bon, si je n’arrive pas à joindre la base... Su lui coupa la parole. - Si tu arrives à joindre la base, ils te demanderont de continuer le voyage! Réfléchit!.. Le chimiste avait raison, dans un cas comme dans l’autre il fallait poursuivre la mission. - ...Qu’est-ce que l’on fera si la base ne répond pas? Où irons-nous? Tu comptais rester ici et attendre? Attendre qui? Attendre quoi? Tu crois qu’ils vont se lancer à notre recherche? Tu rêves! Tu connais une navette similaire à la notre? J’ai une mauvaise nouvelle à t’apprendre, Peter, nous sommes voués à nous même ! Peter se résigna. Yamachi avait raison et même si la peur le tiraillait, il acquiesça du chef. - Pourquoi pas. L'ennui c'est si on ne peut plus revenir! Il faut mettre en évidence cette éventualité. Jean continua. - Je pense que si nous sortons, nous pourront théoriquement rentrer. Charlène poursuivit. - Et si une force nous laissait sortir mais par rentrer? Cette théorie là n’était pas mauvaise, il fallait prévoir une telle chose. Jean tenta d’éclaircir ses pensées.

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- S’il ne s’agissait que d’une faille, nous en retrouveront une ailleurs. Au pire, la navette est puissante, nous essayerons de nous propulser d’une manière ou d’une autre et ainsi repartir d’où nous sommes venus. Peter lança ensuite une autre hypothèse. - Et puis qui sait, nous ne sommes peut-être pas du tout dans un corps! Tout cela n’est peut-être que pure coïncidence après tout! Même Jean lui donna raison. Et pour en être sûr, il fallait sauter le pas, aller plus loin. Ils regardèrent encore le tunnel s’approcher, qu’avait-il derrière? Ils avaient conscience qu’ils étaient en train de vivre quelque chose d’unique et, malgré leur peur et leur angoisse, ils étaient prêts à pénétrer dans le tunnel. C’est alors que Peter se leva pour se diriger lentement vers la cabine de pilotage, les autres lui emboitèrent le pas et ils s’installèrent à leur place respective, machinalement, Charlène tapota le siège vide comme pour se rassurer. Yamachi le premier, mit son casque, les autres l’imitèrent. Jean tremblait quelque peu et l’inquiétude se lisait dans son regard. Regrettait-il sa théorie? Stenkle actionna doucement les manettes afin de donner un peu de pêche aux réacteurs, la navette avança plus vite. Plus le vaisseau s’approchait du tunnel et plus leur cœur battait plus fort. La lumière éclairait à présent entièrement le cône qu'ils venaient de pénétrer; curieusement, la lueur n'était pas aveuglante et la navette ne subissait aucun soubresauts ou tremblements, le bout du tunnel n'était à présent non loin, leur cœur battait à tout

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rompre et tous leurs membres tremblaient, Charlène n’en menait pas large mais elle fut rassurer en voyant ses acolytes dans le même état qu’elle, jamais elle n’avait vécu un tel stress auparavant, ses mains étaient moites et quelques perles de sueurs coulaient le long de sa nuque pourtant, elle sentait plutôt le froid l’envahir. Elle n’espérait qu’une chose, arriver vite et repartir aussitôt. La navette pénétra dans l’énorme trou lumineux, baigné de lumière; Peter n’accéléra point préférant ne pas brusquer les choses et ils voguèrent ainsi jusqu’à ce qu’ils aperçoivent où ils étaient sortit. Yamachi brisa le silence de plomb qui avait envahit la navette depuis leur départ. - Qu’est-ce que cela peut être? Personne ne répondit, il leur fallait aller encore plus loin pour espérer voir à quoi ressemblait cette chose, aussi, Peter accéléra de nouveau mais la masse restait informe malgré tout, vaporeuse même, se déplaçant tel un spectre, ils s’aperçurent que cette chose les suivait, le pilote stoppa alors les réacteurs et le spectre s’arrêta également. Charlène couru chercher sa caméra ainsi que de quoi noter et revint illico dans la cabine, elle alluma son matériel mais rien ne fonctionnait. - Foutue merde! La journaliste commença à griffonner quelques mots mais s’arrêta nette. - Hey! Les hommes se retournèrent et la questionnèrent du regard.

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- Mon crayon ne marche pas! Je ne peux rien tracer! Jean lui tendit un stylo. - Essaye avec celui-ci. Elle tenta de gribouiller sur son carnet mais toujours rien n’apparaissait sur le papier. - Ca non plus ça ne fonctionne pas! Un stylo passe encore mais mon crayon à papier alors là, je ne comprends plus ! Stenkle tenta d’appeler la base mais aucun son ne sortait de la radio. Tout à coup, la masse informe engloba la navette et une voix douce et cristalline sans distinction de sexe se fit entendre. - L’homme n’est-il jamais repu de connaissance? Jean, du trémolo dans la voix lui répondit. - Qui...Qui êtes-vous? - Je suis Lui, vous êtes Moi, je suis Vous... Ils se regardèrent, éberlués. - ...Vous avez traversé mon corps, vous êtes sorti de Moi, vous voilà en terre promise... Yamachi se sentit faiblir, ils étaient tétanisés et n’osaient croire ce qu’ils entendaient. - ...Mais ça n’était pas votre heure. Peter osa une question. - Vous voulez dire que lorsque nous mourrons c’est ici que nous arriverons? - Tous, tous vous arriverez en terre promise mais chacun à votre tour. Jean, estomaqué demanda à Lui s’il était Dieu. - Je suis Lui Peter s’énerva. - Mais qui Lui? - Je suis Lui et toutes les croyances s’apparentes à moi.

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Yamachi poursuivit. - Lui? Lui le Dieu de tous les peuples? Le même pour tous? - Le même pour tous. J’ai tous les noms. Charlène, émerveillée, parla à son tour. - Alors après notre univers il y a Vous? - Ca n’est pas votre univers, c’est le Mien. - Le votre? - Vous sortez d’une cellule de mon corps, quand vous souffrez je souffre, beaucoup moins depuis que vous ne vous battez plus mais j’ai mal quand vous cherchez à aller plus loin. Vous avez un Paradis que vous appelez Terre qui est l’une de mes cellules, une cellule qui est devenue cancéreuse depuis que vous l’avez polluée, transformée et le mal s’aggrave à chaque essai nucléaire, toute cette pollution que vous produisez chaque jour me fait souffrir d’avantage. Chaque fois que vous partez visiter des cellules saines vous les contaminez. Jean voulait comprendre. - Vous croyez que c’est nous qui vous rendons malade? - Oui. - Mais il fallait venir nous voir, nous expliquer... - J’ai envoyé voilà bien plus de deux milles ans un messager pour vous apporter la bonne parole mais vous ne l’avez pas écouté! Vous l’avez tué! Charlène balbutia. - Mais ça n’est pas nous! La voix gronda. - Si! Ce sont vos aïeux, vos ascendants qui ont fait cela! Vous êtes tous coupables! Chacun de vous a commis de graves erreurs, le simple fait

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de jeter un mégot au sol me salit, le simple fait de fumer aussi! Vous polluez vos prochains! J’ai voulu un monde de paix et d’amour que J’ai fait naitre dans mon corps, J’ai transformé des animaux en des êtres doués d’intelligence mais tous vous m’avez déçu! A la place de l’amour il y a eu la haine, à la place de la paix il y a eu la guerre; tuer, c’est tout ce dont vous êtes capables. Si vous mourrez, Je mourais et si Je meure il n’y a plus de paradis. Jean demanda alors. - Mais que voulez-vous que l’on fasse? A nous quatre, nous ne pesons pas lourds! - Comme Jésus, prêchez la bonne parole autours de vous, partagez le pain et le vin tout comme il l’a fait, dites au monde que vous êtes le fruit de mon corps et que vous apportez la paix et l’amour, dictez une loi rigoureuse mais juste et bonne qui vous aidera à trouver la paix intérieure, vous vous aiderez des dix commandements que J’ai dicté à un bien brave homme juché sur sa colline. Yamachi minauda. - Mais comment allons-nous faire? Personne ne nous croira! On ne peut pas revenir en arrière! - Alors allez de l’avant! Vous aurez la lourde tâche de recommencer tout à zéro en éradiquant et en punissant tout acte de violence et de pollution! Vous devrez préserver la nature et vos petits frères... Jean ne comprit pas. - Nos petits frères? - Les animaux! Protégez-les comme vous protégerez ceux que vous aimez. Yamachi réitéra.

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- Mais il y a tellement de peuples sur Terre! Comment ferons-nous? Nous ne parlons pas toutes les langues et que dirons nous aux gens? Ce que vous nous demandez est titanesque! Les questions fusaient de toute part, la voix les fit taire. - Assez! Quand Je vous renverrais sur Terre, les choses auront bien changées. Ils essayèrent de répondre mais plus aucuns sons ne sortaient de leur bouche. Ils se sentirent soulevés et s’endormirent. SUR TERRE Dans la base de la NASA, tous étaient en effervescence. Les radars ne trouvaient pas la navette et toute communication était impossible aussi, jours et nuits les ingénieurs travaillaient d’arrache pied. Un des responsables de la base, le capitaine Sanders alerta le président Jefferson qu’il appela directement sur sa ligne privée. - Nous sommes sans nouvelles des astronautes monsieur le président. - Avez-vous fait ce qu’il fallait? - Oui, tout. - Y’a-t-il encore un espoir même minime? - Minime, oui. Il se peut que nous ayons à nouveau une communication mais la question reste à savoir quand. Dans une minute ou bien

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six mois qui sait! Peut-être les joindrons-nous lorsqu’ils voudront atterrir. Que faut-il que l’on fasse, monsieur? - Et bien je dois dire que je n’ai pas pensé une seconde qu’il puisse y avoir un problème, je ne vous le cacherais pas mon cher Sanders. - Nous resterons bien-sûr à l’écoute jusqu’à ce que nous ayons des nouvelles, si tel était le cas, bien entendu, je vous recontacterais immédiatement. - Bien .Mais...Quand devrons-nous nous inquiéter? - Et bien je dirais qu’ils possèdent assez de nourritures pour tenir encore six mois... - Vous voulez dire qu’ils seront voués à eux-mêmes durant tout ce temps? Et s’ils sont perdus dans l’espace? - Le problème est là évidement, il faudra alors espérer qu’ils trouvent une planète habitable... - Mon Dieu... - Si seulement nous avions une navette similaire... - Nous n’en n’avons pas. Un long silence s’installa au bout du fil, les deux hommes n’avaient plus rien à dire tant cette nouvelle terrifiante les bouleversait. Des astronautes perdus, c’était un fait, était fort regrettable mais affronter la population et passer pour des moins que rien en était une autre. L’émission du soir allait alerter les gens et ainsi mettre en colère une majorité de personnes dans tous les pays du monde. Jefferson en tremblait d’avance, il appela son homologue Français afin de s’entretenir avec lui sur d’éventuelles représailles télévisées et la

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conduite à tenir au cas où les évènements s’aggraveraient. - Ecoutez Galoche, je sais que rien n’est encore perdu totalement mais si Sanders m’a contacté en personne, c’est qu’il est inquiet. - Il faut attendre encore,Jefferson. - Il faut prévoir un repli! Vous n’avez pas l’air de vous rendre compte de ce qui se passe! Si nous ne les retrouvons pas vous allez voir ce que vous allez voir! Je ne donne pas cher de notre notoriété et les élections de l’année prochaine seront bien compromises! Vous devez comprendre l’enjeu. - Je comprends tout à fait mais je dis que rien n’est encore perdu! Attendons, ils ont certainement eu un souci de radio voilà tout! Je suis sûr que vous allez me rappeler demain pour m’annoncer qu’on les a retrouvé! - Dieu puisse vous entendre. Les deux hommes se quittèrent. L’angoisse de l’émission du soir planait sur la Maison Blanche et sur l’Elysée. Régulièrement, le président se tenait informé auprès de la NASA dans l’espoir qu’il y ai une bonne nouvelle à annoncer aux téléspectateurs, malheureusement, il du se rendre à l’évidence. Marc se faisait maquiller dans sa loge. Le présentateur visiblement inquiet préparait ses fiches puis, il parti sur le plateau afin de peaufiner l’émission. Jusqu’au dernier moment, il demanda à la régie s’il y avait des images provenant de la navette mais aucunes nouvelles de Charlène ne leur arrivaient. Le générique commença et Marc du prendre seul la parole tout comme la veille et l’avant veille.

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- « Au plus près des étoiles » bienvenue à tous! Encore une fois je présenterais seul l’émission en effet, nous n’avons toujours aucune nouvelle de la navette mais les autorités concernées laissent entendre qu’il s’agirait d’un problème radio et que tout rentrera dans l’ordre d’ici quelques jours. J’ai invité l’ingénieur Robert Barbe qui œuvre à la NASA, afin qu’il nous explique un peu de quoi il en ressort. Bonjour Robert. - Bonjour ou...Bonsoir. Le présentateur rigola et lui donna raison, puis il continua. - Alors Robert, pouvez-vous nous expliquer un peu ce qu’il se passe à bord de la navette. - Et bien c’est fort simple, vu la distance qui nous sépare de la navette, les radars n’arrivant plus à la situer, il est normal que les communications ne puissent s’effectuer normalement. Les astronautes ont eu l’ordre de faire demi-tour à cause de ce problème, nous devrions les recontacter prochainement. - Mais s’il s’agit d’une simple panne? - Et bien tout l’équipage a reçu des notions de mécanique et savent réparer n’importe quelle panne, je ne suis donc pas inquiet s’il s’agit seulement d’une panne. - Vous paraissez plutôt serein donc. - Tout à fait! La mission s’est parfaitement bien déroulée jusqu’à présent et elle se déroulera très bien jusqu’au bout, je ne m’en fait pas. - On dit que le président Américain a contacté le président Galoche car il était plutôt inquiet. Qu’en pensez-vous? Pouvez-vous les rassurer? - On dit des choses, mais est-ce la vérité?

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- Avez-vous eu des consignes pour cette émission? - Quel genre de consignes? - Et bien est-ce que par exemple l’un ou l’autre président n’aurait-il pas intérêt à cacher certaines choses... L’ingénieur lui coupa la parole. - Non non, je vous rassure, rien de tout cela! Ils jouèrent au jeu du chat et de la souris pendant quelques temps puis Marc remercia l’homme et passa aux questions du jour. Pour la plupart, elles étaient plutôt alarmistes et l’ingénieur se contenta plus de rassurer que d’apporter des solutions concrètes. A la fin de l’émission, Marc, soucieux interrogea l’ingénieur plus franchement. - Dites-moi la vérité, que sont devenus les astronautes? Robert Barbe se sentit gêné et cette gêne démontrait bien la situation. Marc laissa ses bras tomber le long de son corps et l’ingénieur parti comme il était venu. A présent, le présentateur en était persuadé, il avait des raisons d’être inquiets, surtout si les autorités avaient employé un gars tel que Barbe afin de rassurer faussement les citoyens du monde. En effet, Barbe était un grand intime de Galoche, surtout lors de missions délicates à défendre comme lors du scandale des vaccins placebo vendus pour être de vrais médicaments. Dans les foyers du monde entier, l’inquiétude était à son comble et plus les jours passaient, plus cette inquiétude grandissait. L’on allait jusqu’à prier pour que l’on retrouve les scientifiques, des amoncellements de lettres, de sms, de fax et de mails envoyés aux présidents

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de tous les états. Des manifestations s’organisaient et les journaux et autres magazines qu’ils sur papier ou sur écran mentionnaient en gros titre l’inefficacité des recherches. Galoche dû contacter en urgence ses homologues en commençant par son grand ami Jefferson. - Vous aviez raison, il faut trouver une parade, quelque chose pour les calmer! - Vous avez une idée? Parce que moi pas du tout! Il faut envoyer une navette, Challenger XII fera amplement l’affaire! - Mais elle ne peut aller si loin! - Et qu’est-ce qu’ils en savent, hein? L’on a qu’à inventer que des mécaniciens partent pour réparer le vaisseau et le tour est joué! - Mais c’est n’importe quoi, voyons! Et dans quel but enverrons-nous ces astronautes? Ils ne sont pas bêtes à ce point! Ils savent bien que cette mission sera impossible. - Nous n’avons qu’à l’envoyer vide! Ni vu ni connu! - Mon pauvre Galoche, vous n’y êtes plus du tout! L’angoisse vous fait délirer. - Réfléchissez un peu, nous envoyons la navette autopilotée, cela nous laisse du temps pour avoir des nouvelles éventuelles des scientifiques! Comme cela, l’on pourra toujours prétendre que nous nous sommes mit en quatre pour les rechercher! D’un côté comme de l’autre, on a tout bon! Jefferson réfléchit tout en soupirant. L’idée du Français n’était peut-être pas si bête que cela et après tout, il n’avait pas de solutions à

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proposer, il demanda réflexion et appela tous les dirigeants des autres pays afin de les tenir informer puis rappela Galoche. - Bon...Et bien vous nous avez convaincu...Nous attendrons encore deux jours avant d’envoyer la navette Challenger XII histoire de gagner encore un peu de temps. - D’accord. Je me charge de mon côté d’avertir les médias, pour cela, je ferais venir la presse à l’Elysée. - Bon courage. - Merci. Galoche demanda à son secrétaire de faire intervenir les journalistes des plus grandes revues de presses pour le lendemain, d’ici là, il fallait trouver ce qu’il allait dire à tous ces reporters; il se mit immédiatement au travail et prépara un discours de circonstance. De son côté, le président Américain informa la NASA des derniers plans. Le capitaine Sanders n’en revint pas mais les ordres étaient les ordres même si ceux-ci relevaient de l’absurdité la plus complète. Sanders obéis donc et donna l’ordre de préparer Challenger XII. Le président Galoche était assis face aux reporters, l’air plutôt serein. Il commença son speech. - Bonjour à tous, merci d’être venus si nombreux. J’ai voulu cet entretien afin de rassurer les populations, mes homologues ont fait ou feront de même. Nous n’avons toujours aucunes nouvelles de nos astronautes aussi, nous avons décidé, les différents chefs d’états et moi-même, d’affréter une navette afin de porter secours aux quatre scientifiques, si

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besoin est, bien-sûr. Cette navette partira demain à la première heure, nous espérons évidement avoir des nouvelles avant! Challenger XII s’élancera avec un mécanicien et un ingénieur à son bord pour repérer et apporter assistance aux scientifiques et à la journaliste. Je vais à présent répondre à vos questions... Beaucoup de journalistes levèrent la main et les questions fusaient de toutes parts, un conseiller dû faire stopper ce brouhaha incessant et donner la parole à tour de rôle aux journaliste. Un petit homme brun se leva. - Monsieur le président, que ferez-vous si Challenger XII ne parvient pas à les retrouver? Y’a-t-il une alternative? - C’est une question de temps, j’ai entièrement confiance en cette mission, nous les retrouverons. Une femme blonde prit la parole à son tour. - Monsieur le président, pourquoi avoir tant tardé pour porter secours aux scientifiques? Est-ce vrai que vous n’aviez rien prévu au cas les choses iraient mal? - Pour répondre à votre première question, nous n’avons pas tardé en quoi que ce soit. En effet, nous nous sommes efforcés d’attendre des nouvelles des scientifiques dans un temps raisonnable, nous ne pouvions en aucun cas envoyer un jet avant ce laps de temps. Pour ce qui est de votre deuxième question, nous avions parfaitement prévu un tel cas. Challenger XII a été préparé spécialement et ce, en même temps que la navette au cas où les choses se compliqueraient. Une autre journaliste se leva.

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- Est-ce que les différents états ne nous cachent pas quelque chose d’important? - Que voulez-vous dire? - Peut-être les scientifiques ont-ils découverts une chose capitale mais bien trop importante pour être divulguée et de par ce fait on nous fait croire que la communication est coupée. - Vous devriez écrire des roman, madame! Cette mission avait pour but de découvrir ce qui se cachait derrière le mot « infini », nous étions prêts à accepter toute éventualité et pourquoi pas téléviser l’évènement! Galoche était fier de lui, il l’avait bien mouché. Malheureusement, il du mentir pour se sortir du pétrin et espéra très fort que ses homologues feraient de même. En effet, des questions de plus en plus sournoises lui étaient posées et il lui fallait user de mille cabrioles pour tenter d’y répondre. La conférence de presse dura près de deux heures et Galoche souffla un bon coup lorsque tous ces journalistes partirent. Il supplia Dieu de rétablir la communication afin d’avoir l’esprit tranquille. Il s’excusa auprès de son secrétaire et de son conseiller et partit dans ses appartements où il préféra rester seul afin de réfléchir. Finalement, cette mission était-elle bien essentielle? N’était-ce pas un caprice d’homme en mal de sensations fortes? Il se rappela encore et toujours de ce colloque à la Maison Blanche où toute cette histoire avait débutée, les chefs d’états hostiles au projet et lui qui soutenait son ami. Si seulement il avait pu revenir en arrière, si cette idée n’était pas sortie de la tête de Jefferson, cela aurait évité le scandale, l’affaire des scientifiques comme

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l’avaient mentionnés nombres de journaux. Il se dit qu’avec des « si », il referait le monde, il regarda le ciel de sa fenêtre machinalement, comme s’il espérait voir la navette au loin, il n’y avait qu’un ciel parsemé de nuages gris. Le président pensa soudain qu’il était de bon aloi d’arrêter l’émission du soir afin de ne pas envenimer les choses en espérant que cette histoire ne fasse pas boule de neige, de plus, dans le journal télévisé, on ne parlerait que des scientifiques et ce, jusqu’à ce que des nouvelles positives ou non parviennent et cela pourrait durer des mois, une affaire comme celle-ci pouvait coûter cher pour de futures élections. Il se cacha le visage de ses mains comme pour cacher la honte qui le tiraillait et resta assis dans son salon puis, il regarda son téléphone, il hésita un instant et appela Jefferson. - Galoche, comment allez-vous? - Bof... - Cette conférence de presse s’est-elle bien passée? - Oui, mais je doute que nous ayons les reconnaissances du public demain. Ils se doutent de quelque chose, j’en ai peur. - Challenger part demain, on aura la paix pendant quelques jours! Si j’étais vous je partirais me reposer un peu sous le soleil des Caraïbes en prétextant une rencontre avec un dirigeant. Il faut juste se mettre d’accord avec le président local et le tour est joué! Nous l’avons tous fait. - Je sais, je n’en suis pas à mon premier voyage. J’hésite à laisser le pays, s’il faut que j’intervienne il me faudra revenir en coup de

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vent et du haut de mes cinquante neuf ans, j’accuserai le coup du décalage horaire! - Parlez d’une histoire! Vous serez en à peine deux heures aux Caraïbes, idem pour revenir, et encore. - Je vais y réfléchir...Et chez vous, comment ça ce passe? - Mon premier ministre a fait le boulot à ma place! Il est tellement avide de pouvoir qu’il a été ravi de prendre ma place! Quelle aubaine pour une fois! Les américains sont en colère aussi, rassurez-vous il n’y a pas que chez vous! J’ai contacté la Chine, les Etats d’Afrique Unies, les espagnols et l’Argentine et bien c’est pareil chez eux. - Ca ne me rassure pas. Nous allons être éclaboussé par cette histoire et je ne donne pas cher de nos têtes! - Comme vous y allez! Ne paniquez pas, nous en avons vu d’autres et bien pire! Nous nous en sommes toujours relevés. Le président français relativisa. C’était peut-être un passage douloureux à passer mais que tous oublieraient bien vite, il suffisait de parler de choses bien plus importantes telles qu’une catastrophe ou d’une affaire épouvantable et il serait bel et bien fini de « l’affaire des scientifiques ». Il en parla à son confrère qui compatit. - Comme vous le dites si bien, Galoche, en France on n’a pas de pétrole mais on a des idées! Et là c’est une excellente idée que vous venez d’avoir, félicitations. Suffit juste de savoir de quoi vous allez parler et le tour est joué. - Je vais y réfléchir et je vous rappelle.

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Le président raccrocha et s’allongea sur son canapé. Il regarda les nouvelles du monde sur son téléphone portable et accéda aux nouvelles des différents pays, il avait bien l’intention de découvrir un génocide ou une catastrophe écologique, il tomba sur l’éruption d’un volcan en plein Atlantique qui menaçait une trentaine d’iles dans les alentours, il saisit l’occasion au bond et en avisa la presse, il contacta également l’agence de presse française afin d’arrêter les programmes et diffuser au plus vite les premières informations. Galoche appela tout de suite après le président Jefferson afin de le tenir au courant, ce dernier fit de même et la nouvelle se diffusa comme une trainée de poudre. LABORATOIRE P4, LYON. Deux scientifiques couverts des pieds à la tête œuvraient sur un virus à travers une vitrine traversée par deux paires de gants. L’un d’eux ouvrit une fiole plombée et versa le liquide jaunâtre qu’elle contenait sur une plaque de verre puis, lentement, il posa une autre plaque sur la première et glissa la préparation sous le microscope à balayage électronique. Ils

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regardèrent attentivement l’écran où fourmillaient des milliers de filaments enchevêtrés se reproduisant à vitesse grand V. L’un d’eux reconnu le microbe. - Filovirus. - Sans doute Marbourg... - Ou Ebola, oui, c’est l’Ebola. Ce foutu virus est ici depuis des dizaines d’années et nous n’avons toujours pas d’antidote pour le contrer. - Les américains sont dessus, c’est pour ça qu’ils veulent cet échantillon, pour mener à bien leur expérience, il parait qu’ils sont sur le point de trouver un vaccin contre ce truc. - Ce ne sera pas trop tôt! Depuis le temps que des peuples meurent dans d’atroces souffrances. L’un d’eux enferma le virus dans sa fiole qu’il ferma hermétiquement puis ouvrit la vitrine afin de la récupérer. Le scientifique passa au sas de décontamination et une porte s’ouvrit sur un militaire manifestement impatient qui prit la fiole et la plaça très délicatement dans un écrin puis rangea le tout dans une mallette. Il partit ensuite escorté de deux hommes jusque dans une voiture qui les attendait, cette dernière les mènerait jusqu’à l’aéroport où un petit jet affrété spécialement les y attendait. Sur la route, personne ne disait mots, ce ne fut qu’à bord du jet que les langues se délièrent. En effet, l’un des hommes remarqua la mallette fermée par des codes. - Je me demande bien ce qu’il y a là-dedans ! L’autre lui répondit en ricanant. - Sans doute un truc pas très catholique si tu veux savoir!

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Le militaire leur expliqua. Ces codes sont connus seulement par moi-même et par celui ou celle qui doit l’ouvrir. Cette mallette contient un virus mortel venu d’Afrique, du Zaïre plus exactement. - Un virus mortel? - Ebola est le plus terrible des virus, il s’insinue dans le corps par voies aériennes et en prend possession. Les premiers symptômes sont de violents maux de tête puis surviennent des écoulements de sang par tous les orifices sans exceptions même les plus petits comme les pores de la peau par exemple. L’individu se vide alors lentement, très lentement, on a l’impression que le type ne ressent rien parce qu’il devient hagard et a les yeux dans le vide...erreur! Il souffre le martyr. En plus, cette saloperie se propage à une vitesse fulgurante et tue le gars en deux ou trois semaines pas plus! Ensuite le virus quitte le corps mort et se propage dans un autre.

L’homme ricanant ne rigolait plus. Il regardait la mallette avec effrois. - C’est dingue...Et on le trouve exclusivement en Afrique? - Pour l’instant il a été localisé près de la rivière Zaïre et il serait transmit par des rongeurs aux dernières nouvelles. Des chercheurs sont sur place. - Ils ont bien du courage. L’autre homme tenta de se rassurer. - Heureusement qu’on n’a pas ça chez nous! - Heureusement oui sinon il faudrait seulement un mois pour qu’il colonise la terre entière. - Vous rigolez!

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- Pas du tout. De nos jours, avec les transports aériens on va de partout en un temps record. Prenons l’exemple d’un africain qui vient passer quelques jours en France, disons juste un seul homme, on est d’accord... - Oui. - ...Il va contaminer déjà les gens de l’aéroport d’où il est parti, gens qui partent pour diverses destinations, il va contaminer également les gens dans l’avion puis ceux de l’aéroport où il va atterrir puis, suivront des personnes de la ville où il transitera en croisant des enfants qui fréquentent des écoles, des adultes qui feront leurs courses au supermarché et d’autres qui côtoieront des infirmières, un postier par exemple et puis les membres de leur familles et on peut encore en rajouter! Des calculs ont été effectués, à raison de dix mille personnes qui se sont côtoyées dans une journée multiplié par dix mille autres cela donne un millions de personnes par jour et ce, pour ce seul et unique Zaïrois! Imaginez s’ils sont dix dans l’avion! Les deux hommes ne rigolaient plus du tout, un lourd silence s’imposa dans l’appareil; la mallette leur semblait être un monstre qu’ils n’osaient ni frôler ni même regarder avec insistance. Ils priaient pour que cette valisette ne s’ouvre pas et avaient hâte que le voyage se termine, les minutes leur semblaient des heures. Pour se sentir plus tranquille, l’un des escorteurs partit dans le cockpit en laissant son collègue avec le militaire. Le pilote, surpris par cette visite demanda pourquoi il venait à lui et l’homme lui expliqua ce qu’on venait de lui expliquer. Le pilote était tellement attentionné par ce qu’on lui racontait qu’il ne vit pas un pic

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rocheux devant lui, l’avion se précipita sur une montagne de la Cordillières des Andes et explosa sous le choc, il n’y eut aucun survivant. Sous la chaleur, la mallette se déforma puis ce fut le tour de l’étui entourant la fiole. Une deuxième explosion envoya la plus petite fiole dans les air qui retomba plus loin, à quelques mètres du sinistre; elle roula quelque peu, dévalant une pente abrupte quand un rocher freina sa course. Elle resta en ces lieux durant deux jours. Une équipe envoyée sur les lieux pour porter d’éventuels secours déclarèrent bien hâtivement que tout avait été carbonisé même le fameux virus puisque la mallette avait quasiment fondue. Les autorités en déduirent donc que tout danger était écarté et l’équipe quitta les lieux comme elle était venue. Au loin, un condor survolait la zone, l’œil acéré de l’oiseau aperçu quelque chose qui brillait au sol, il exécuta quelques cercles dans le ciel avant d’entamer une folle descente. L’air battait son front noir, plus il descendait et plus la lumière se faisait intense puis, de ses ailes, il cacha un bout de soleil et la lumière disparue bouleversant ainsi l’instinct de l’animal qui cherchait à présent où pouvait se trouver l’objet de ses convoitises; il contourna ensuite l’astre brûlant et le halo lumineux réapparut, la bête fondit sur sa proie et la prit entre ses serres pour l’emmener un peu plus loin, le poser au sol et donner de grands coups de bec mais la chose était tenace et le condor l’emmena encore un peu plus loin mais il vit alors un lapereau, aussi il lâcha sa proie pour fondre sur l’animal.

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La fiole dévala une pente et termina sa course dans une rivière. Là, elle fut emportée par le courant vers une carrière où des ouvriers s’activaient à nettoyer les eaux salies par leur usine en amont. A l’aide de pelles mécaniques, ils curaient le fond et déposaient les résidus pollués plus bas où des enfants de fermiers venaient jouer dans ces amas gluants et nauséabonds en s’amusant comme des petits fous. - Berk...C’est dégoutant! Un enfant brassait cette masse verte avec un bâton. Son copain en faisait autant quand ce dernier vit la fiole. - C’est quoi? Le premier regarda mais ne pu mettre un nom sur cette chose. - Il décida d’aller chercher l’objet pendant que son ami tentait de le ramener vers le bord. Le geste n’était pas aisé et ils durent trouver mille astuces pour pouvoir rapprocher la fiole de quelques mètres mais elle était toujours inaccessible aussi, l’un d’eux couru chercher un filet à papillon jusque chez lui et revint avec le précieux objet. Le jeune garçon tendait le bras mais il manquait seulement quelques centimètres pour pouvoir l’attraper; son copain, toujours muni de son bâton mais plus il essayait de ramener la fiole vers le bord et plus celle-ci s’enfonçait dans la boue. - On la perd! - Non, il ne faut pas! Attend... Il ôta l’un de ses souliers et le fixa solidement au bout du bâton à l’aide de son lacet puis, il se servit de son invention comme d’une pelle et fit venir à eux un maximum de boue verdâtre

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qu’ils fouillaient au fur et à mesure, enfin, ils trouvèrent la fiole. - Qu’est-ce que ça peut être? - Je ne sais pas...mais c’est beau. Emmène-le chez toi parce que si ma mère le trouve elle va le jeter. - Et si on essayait de l’ouvrir! - Avec quoi? L’autre réfléchit. - Avec une pierre. Ils cherchèrent et trouvèrent ce qu’ils voulaient mais l’objet tait d’une rare solidité aussi, le copain emporta la fiole chez lui et la cacha sous son oreiller. Sa mère, le voyant aussi sale, cria. - Quelle horreur! Va te laver immédiatement! Dans quel état tu te mets à chaque fois, je t’ai déjà dit de ne pas aller dans la carrière! L’enfant partit illico se doucher en prenant au passage une collation. A la télévision, le journal du soir relatait les dernières nouvelles. - ...Nous reviendront sur la catastrophe de l’océan Atlantique mais à présent, revenons à la disparition des astronautes. Nous n’avons toujours aucunes nouvelles des scientifiques et de la journaliste, tous espèrent que cette fois l’équipage de Challenger XII pourra rétablir la communication, le colonel Sanders ne se dit pas inquiet quand à la suite des évènements... L’enfant regarda sa mère. - Ils ne les ont pas retrouvé, maman? - Non mon chéri, toujours pas mais ils reviendront, tu verras. Maintenant va prendre ta douche nous allons passer à table. L’enfant parti se laver, avala le contenu de son assiette et partit se coucher. Il vérifia sous son

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oreiller, la fiole était toujours là, il replaça son polochon dessus et s’endormit. Le lendemain, il fila à l’école où il retrouva ses copains. Il fut fier d’exhiber son trésor dans la cours de récréation, un gros garçon joufflu arriva et présenta cinq billes. - Je te l’échange. Le propriétaire de la fiole le toisa. - Dix billes et ce truc est à toi. - Dix billes! C’est trop! - Tu rigoles! C’est un trésor Inca que j’ai découvert avec James! Il a droit à cinq billes lui aussi! L’autre réfléchit un moment pour finalement accepter l’offre. La journée passa et le rondouillard rentra chez lui où un copieux goûter l’attendait aussi, il posa son ordinateur sur le buffet ainsi que la fiole puis l’oublia. La mère, faisant un brin de ménage vit l’objet crasseux et le mit à la poubelle. - Pas de pitié pour les choses qui trainent. Le surlendemain, les éboueurs déchargèrent les conteneurs, l’un d’eux actionna un bouton rouge qui fit activer la pelle jusqu’au broyeur. Sous le choc violent et le tonnage de compression, la fiole déjà bien sollicitée éclata en laissant s’écouler le liquide jaunâtre qu’elle contenait. Les éboueurs furent les premiers contaminés, sur leur route ils croisèrent le laitier, deux facteurs, ils prirent un en-cas au bistrot du coin et avaient côtoyés plus de cent personnes, elles-mêmes contaminèrent leur entourage en allant chercher les enfants à l’école, prenant leur tour de travail à l’hôpital ou au supermarché.

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Les populations furent atteintes de maux de tête en un temps record et les hôpitaux ne désemplirent pas. Le virus fut reconnu mais pour ne pas alarmer les gens, les autorités mentirent en inventant une tout autre maladie. En un peu plus d’un mois, tous les pays furent contaminés sans qu’aucun remède ne puisse les aider faute de temps pour l’inventer, des multitudes de cadavres sanguinolents s’entassaient et ça et là, partout des bûchers flambaient mais les morts étaient si nombreux qu’il fallait trouver des solutions pour s’en débarrasser au plus vite. Beaucoup s’étaient enfermés chez eux ou dans leur cave et il devenait ardu pour les miraculés de recenser tout le monde, surtout que les gens indemnes se faisaient de plus en plus rares aussi, ces derniers avaient décidés de se regrouper et de partir dans des lieux plus déserts, pour ce faire, un groupe partit dans la ville en criant afin que les survivants les entendes et que ces derniers puissent partir avec eux mais les chanceux étaient rares et ils se retrouvèrent à peine une vingtaine sur la route qui les mèneraient dans un endroit plus sûr. Certains priaient pour remercier Dieu de les avoir épargné, d’autres, au contraire, vociféraient en pleurant leurs morts. En chemin, ils rencontrèrent d’autres personnes bien portantes puis d’autres encore jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent dans une prairie où coulait une rivière. Ils établirent leur camp en ces lieux et s’y installèrent. Tous portaient assistance aux autres car traumatisés par ce douloureux évènement, par bonheur, un médecin faisait parti du lot, un artisan charpentier s’occupa de bâtir quelques cabanes

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pendant que d’autres chassaient ou cueillaient des baies pour nourrir cette communauté. Les repas étaient prit en commun et les conversations allaient bon train. Ainsi, untel s’alarmait pour le futur quand un autre se demandait si ce carnage n’avait pas été décidé par des dirigeants d’état. Une voix s’éleva alors. - Non, je vous rassure, ça n’est pas un coup d’état. Une femme d’un âge certain le regarda. - Qu’est-ce que vous en savez? Moi ça ne m’étonnerait même pas! - Non, je vous assure, madame... La vieille femme le regarda plus en détail. - Il me semble vous connaitre, qui êtes-vous? - Galoche, je suis le président français. J’étais en Argentine pour un meeting...Non, je me cachait pour être plus tranquille en fait... Un jeune argentin s’approcha de lui. - Monsieur le président nous sommes honorés de votre prés... - Non! Je ne suis plus président de rien! Je suis comme vous aujourd’hui, je n’ai plus rien, j’ai tout perdu et certainement ma famille avec. Un autre homme s’approcha. - Soyez le bienvenu parmi nous monsieur. - Merci. Les questions abondèrent alors. Pourquoi les avait-on abandonnés à leur sort? Pourquoi avaient-ils dû piller les magasins pour manger à leurs risques et périls? Pourquoi les autorités n’ont-elles rien fait pour sauver les leurs? Galoche ne pu leur répondre, il leur expliqua seulement que les personnes qu’ils appelaient les autorités avaient dû mourir également,

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qu’ils n’étaient pas plus immunisés malgré ce que tout le monde pouvait en penser. Ils étaient des êtres humains tout bonnement. Dans d’autres pays, des groupes s’étaient formés à l’identique. Il ne devait rester sur terre qu’un infime pourcentage de la population. Une hiérarchie se mit en place sans aucun traitement de faveur si untel était riche auparavant ou s’il exerçait un quelconque pouvoir. La vie, pas toujours facile suivait son cours et, par bonheur, l’été approchait, il serait alors plus aisé de bâtir des cabanes et faire quelques provisions. Des enfants naissaient et des couples se formaient, la vie reprenait son cours petit à petit, il fallait tout reconstruire et tout était à refaire. Ils s’aperçurent qu’il était bon d’avoir des voisins, que l’on pouvait compter sur une personne même si elle était différente; les races, la couleur de peau et le degré d’études n’avait aucune importance, tout le monde avait besoin de tout le monde. Ils étaient voués à eux-mêmes, pauvres de surcroit mais tellement riches de nouvelles choses. Tous étaient égaux.

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UN AN APRES Une année s’écoula sur Terre sans qu’aucunes maladies graves n’apparaissent, certains clans fêtèrent le triste anniversaire, d’autres relatèrent l’évènement tout au plus et, pour les plus téméraires ou nostalgiques, un pèlerinage eut lieu jusque dans les villes les plus proches, beaucoup se rattachèrent à leur passé et versèrent quelques larmes sur ce qu’ils avaient perdus à tout jamais. Des enfants visitaient les habitations, véritables terrains de jeux pour découvrir des trésors et emporter ce qui pouvait l’être mais pour les adultes, jeunes ou âgés, le pèlerinage fut une chose plutôt difficile à vivre, malgré le silence qui prédominait, ils avaient cette impression étrange que tout allait revivre et guettaient le moindre coin de rue à la recherche d’un parent ou ami disparu. Ils leur semblaient entendre le vacarme des rues et, par habitude, regardèrent à gauche et à droite pour traverser l’avenue pourtant déserte. Parfois, un reste de cadavre jonchait le sol, résidu d’os voué à tous les vents. Qui était-il? Ils passèrent leur chemin en se signant. Tout était resté comme avant, rien n’avait bougé, une jeune femme entra dans une boutique de vêtements afin d’emporter le peu qu’il restait sur les cintres, mais apparemment, d’autres étaient passés avant elle et le peu qu’elle pu prendre prit servirait aux habitants de son village, toutefois, le vol n’étant pas sa tasse de thé elle hésita à franchir le pas de porte de la boutique. Plus loin, trois hommes entrèrent dans un supermarché pour visiter les

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rayons, ils furent autant surpris que la jeune femme en apercevant les étals presque vides; de toute manière, les produits ayant périmés, il était effectivement plus judicieux de les consommer quand ils étaient bons, fort heureusement que certains se soient servit car les paquets éventrés par les rats abondaient, ces derniers fuyant dès l’arrivée des hommes. Ils se consolèrent sur les casseroles et autres couverts qui leur manquaient cruellement; ils trouvèrent également des duvets, des couvertures et des draps en parfait état qui seraient bien utiles au village et prirent quelques jouets aux enfants pour que ces derniers puissent s’amuser. Des gens croyants pénétrèrent dans l’église de la ville ou tout était intact. Ils prièrent pour leurs disparus et pour un avenir meilleurs. Certains demandaient pourquoi, d’autres, plus résignés, remerciaient d’être en vie. Machinalement, un homme fouilla sa poche pour y dénicher une pièce de monnaie pour la glisser dans le tronc mais se ravisa. Qu’est-ce que l’argent pouvait faire à l’heure actuelle. Pensa-t-il. La plus grosse fortune quelle qu’elle soit n’avait plus aucune valeur maintenant, les dorures, le contenu du tronc, les chandeliers et tout autres objets de valeur n’avaient pas été pillés, la preuve que tous les survivants avaient renoncés aux richesses de cette Terre. Ils ressortirent et se dirigèrent vers une droguerie afin d’y récupérer des bougies si utiles dans les cabanes mais n’en trouvèrent que très peu à cause des pillards, ils prirent des lampes torches à dynamo qu’ils trouvèrent dans l’arrière boutique.

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Deux femmes dévalisèrent un magasin de tissu et demandèrent aux enfants d’aller chercher des caddies de supermarché pour y déposer leur butin. Quand ils rentrèrent chez eux, tous poussaient un chariot rempli et lourd, les montées à effectuer relevaient du défi et les descentes leur arrachaient les bras mais qu’importe, ils ramenaient là un somptueux trésor qui ravirait tout le clan. Dans les autres villes, d’autres villageois firent la même chose qu’eux et ce, de par le monde entier. La vie n’était pas miséreuse mais rude, les gens n’avaient jamais connus de disettes, de guerres ou quoi que soit de similaire aussi, ils leur fussent encore difficiles même au bout d’une année de vivre une telle expérience. L’arrivée dans les villages fut pleine de joie et d’émotion à la vue de tant de richesses et dans beaucoup de clans, un repas festif fut donné et s’éternisa jusque tard dans la nuit. C’est à ce moment qu’ils ressentirent comme une secousse, courte, certes, mais une secousse tout de même puis, quelques minutes plus tard, une deuxième puis une troisième qui dura plusieurs minutes. Les villageois préférèrent sortir pour ne pas recevoir leur toit sur la tête. La panique fut totale et la ruée des gens incontrôlable quand une quatrième secousse plus puissante que les précédente fit trembler la terre, des crevasses se formèrent à certains endroits, engloutissant des cabanes et des villageois restés trop près de leur habitation. Tous courraient à perdre haleine, des familles portaient leur enfant à bout de bras, les cris et les pleurs envahissaient la campagne.

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Sur les côtes, des vagues immenses déferlèrent et s’abattirent sur des kilomètres, arrachant tout sur leur passage, des villages furent engloutis en quelques secondes seuls, les villageois les plus hauts perchés regardaient horrifiés ce qui se déroulait en dessous d'eux. Une jeune femme, les yeux exorbités, vit quelque chose qui la sidéra. Au loin, elle vit une île, un morceau de terre s’approcher de la côte, elle n’eut le temps de regarder plus car l’eau montait à une incroyable vitesse et elle dû suivre son clan qui fuyait en direction des crêtes. Leur ascension était malaisée car la terre tremblait et se fissurait. Parfois, il leur fallait rebrousser chemin car des sentiers étaient impraticables et des rochers énormes déboulaient les pentes montagneuses emportant avec eux des villageois, l’horreur était à son comble, il y avait un tel vacarme que les hurlements des hommes ne s’entendaient pas, tous courraient et essayaient de sauver leur peau. Les tremblements durèrent toute la nuit et une partie du matin, il ne restait plus qu’une poignée de survivants errants et ça et là en pleurant. Galoche était de ceux-là, les genoux à terre, il implorait le ciel en hurlant. - Pourquoi Seigneur, pourquoi? Qu’avons-nous fait? Pitié Seigneur, pitié!!! Il pleurait toutes les larmes de son corps, une femme vint le relever, une villageoise comme lui rescapée de l’horreur de la nuit. - Ca ne sert à rien de se lamenter, venez, ne restez pas là, l’orage va gronder. Elle le prit par le bras et l’emmena vers d’autres gens ayant survécus. Ils n’étaient que

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six et espéraient que d’autres arriveraient bientôt. Ils restèrent prostrés en attendant que les secousses s’arrêtent définitivement quand ils entendirent hurler une voix féminine, la jeune femme qui avait vu l’île se rapprocher arriva vers eux et leur demanda de les suivre. - Venez voir! Venez voir! Un homme tenta de la calmer. - Reste ici avec nous, c’est dangereux ailleurs! - Venez! C’est incroyable! La curiosité l’emporta sur la peur et, prudemment, ils la suivirent tous. Elle les emmena plus loin sur le haut d’une crête, de là, ils auraient dû voir l’océan mais furent sidérés de voir à la place des terres à perte de vue, oui, il s’agissait bien là d’un vaste continent venu s’imbriquer dans leur Amérique du Sud! Etait-ce l’Afrique? L’Europe? L’Asie? Tout était dévasté sur des kilomètres mais l’océan avait totalement disparu pourtant, ils n’avaient pas rêvés, les eaux étaient montées à des hauteurs faramineuses! Ils restèrent assis, les yeux grands ouverts à contempler ce curieux phénomène. Dans les terres, des habitants se retrouvèrent dans leur village où les cabanes avaient été détruites par les tremblements de terre. Il ne restait plus que la moitié des habitants, à peine une vingtaine à certains endroits et à peine plus de neuf dans d’autres. Les survivants étaient éprouvés par ce qu’ils venaient d’endurer, beaucoup restaient prostrés sans rien dire durant des heures. Les villes furent détruites, il n’y avait plus que des tas de ruines un peu partout, rien n’avait résisté au séisme de la nuit. La violence des

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éléments avait mit fin à des millénaires de progrès, à la quasi totalité de la vie, enfouit à jamais les trésors du passé, les pyramides, la muraille de Chine ou encore les temples Mayas. La Terre ressemblait à ce qu’elle avait été à ses débuts, un continent unique cerné d’océans où tout était à refaire, à recréer. Et si cela s’était déjà produit auparavant? Beaucoup philosophaient sur le passé et se posaient de multiples questions. Plus tard, les villages furent reconstruits et la vie suivit son cours tant bien que mal. Quelques aventuriers partirent à la recherche d’autres survivants ainsi, ils furent heureux de rencontrer des hommes comme eux, partis à la recherche d’un village qui voudrait bien les accueillir et où ils pourraient fonder une famille. Ils rencontrèrent un peu plus loin des villageois qui s’affairaient à la construction d’un pont au dessus d’une large rivière et encore plus loin, ils aidèrent quelques personnes à tracer un chemin à travers une épaisse forêt, rescapée miraculeusement des tremblements de terre. Mais tout ce remue ménage ne parvenait pas à faire véritablement sourire les gens, la peur du lendemain les tiraillait, la perte des leurs les attristait, la foie les avait quitté et ils n’avaient plus aucuns buts. Leur vie se résumait à manger, boire et dormir mais pour manger il fallait travailler dur cette terre et aller cueillir des baies, des champignons ou bien chasser. L’eau, pas toujours très propre provoquait parfois des dysenteries et la nuit, la peur du séisme et les bêtes sauvages en recrudescence

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empêchait de s’assoupir et de dormir dans de bonnes conditions. Parfois, des villageois découvraient un voisin mort pendu ou s’étant taillé les veines durant la nuit. La tristesse et l’angoisse gagnaient les populations qui ne voulaient plus vivre dans ces conditions. Bientôt, le froid s’installerait et les vivres viendraient à manquer, il faudrait ramasser du bois pour se chauffer et veiller à ne pas tomber malade durant les longs mois d’hiver. La peur avait fait place à l’espoir. LES MESSIES La navette amorça son atterrissage sur terre au beau milieu d’une prairie inhabitée. Les corps flottants des astronautes sortirent de par un sas, ils étaient encore inconscients. Ils montèrent droit dans le ciel, lentement, puis quand ils furent assez hauts, ils se dispersèrent pour descendre chacun dans une contrée différente. Quelques survivants les aperçurent et ça et là, certains se mettaient à genoux, d’autres priaient ou bien, apeurés filaient dans leur cabane

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En hurlant afin d’avertir les habitants que quelque chose était en train de se passer. Charlène, ouvrit les yeux doucement. La lueur du jour l’aveuglait ce qui lui fit faire une grimace puis, lentement, elle s’habitua à la lumière. Pendant un moment, elle se sentit hagarde et se demanda où elle se trouvait. Il n’y avait que du bois autours d’elle aussi, elle pensa qu’elle était toute près d’Annecy, dans un chalet mais une présence la fit se retourner, une présence familière. Sa maman était là, devant elle, prête à lui éponger le front avec un vulgaire morceau de tissu. - Maman? Où sommes-nous? Pourquoi nous habitons ici? On est en vacances? Sa mère se pencha sur elle, des larmes coulaient le long de ses joues. - Je suis là ma chérie... - Maman, j’ai fait un rêve étrange...J’étais dans l’espace pour une mission et j’ai rencontré Dieu, maman...Comme ça paraissait réel... La mère se taisait, elle ne pouvait dire mots tant elle pleurait. Charlène la prit dans ses bras. - Que se passe-t-il maman? Pourquoi tu pleures? Tu peux me donner un peu d’eau s’il te plait, je meure de soif. La mère exécuta l’ordre de sa fille et lui apporta de l’eau dans un bol rudimentaire creusé dans un morceau de bois. Etonnée, Charlène prit le bol et l’approcha de sa bouche. Elle s’étonna d’une lueur derrière elle et se tourna mais il n’y avait rien, aussi, elle rapprocha le récipient de ses lèvres, l’eau était lumineuse mais à y regarder de plus près, ça n’était pas l’eau qui brillait, elle découvrit avec stupeur que la lumière était sur le sommet de sa

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tête, elle se tâta le crâne mais ne ressentait rien, pourtant elle était là, au dessus d’elle, rayonnante, brillante, magnifique, divine: son auréole! Charlène réalisa alors qu’elle n’avait pas rêvé, elle avait bel et bien rencontré le Père Eternel et se leva comme une furie. - Mes amis, où sont mes amis? Elle manqua verser car elle tenait à peine debout, elle dû se rassoir sur ce qui lui servait de lit. - Maman! Où sont les autres? - Ma chérie, reste tranquille. Je ne sais pas où sont les astronautes, tu es arrivée seule. - Arrivée? Comment suis-je arrivée ici? J’étais dans la navette, maman! Je ne me rappelle de rien...Mon Dieu je suis amnésique, j’ai eu un accident c’est ça! La mère dû calmer sa fille qui commençait à s’énerver. - Ma chérie, calme toi! Je ne sais pas ce qui t’es arrivé, ce que je peux te dire c’est que tu es arrivée ici en volant... - En volant? Mais comment cela est possible?... - Tes pieds ne touchaient pas le sol et tu es arrivée jusqu’à moi. Dieu soit bénit, Il m’a rendu ma petite fille. Elle prit Charlène dans ses bras et la serra fort. La journaliste ne comprenait rien de ce que lui disait sa mère. - Où est papa? J’aimerai le voir... Sa maman la regarda et s’effondra en sanglot. - Que ce passe-t-il maman? Pourquoi tu pleures? Qu’est-il arrivé à papa? Dis-le moi maman! Qu’est-ce qui est arrivé à papa?

La mère regarda son enfant dans les yeux.

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- Je vais tout t’expliquer... Et elle lui raconta ce qui s’était passé durant son absence prolongée, la maladie, le séisme et ce qu’il restait autours d’eux aujourd’hui. Charlène ne savait pas s’il fallait rire ou pleurer, ainsi, sa seule famille était à présent sa maman, tous les autres étaient morts dans d’affreuses circonstances. Quand elle pu se lever, sa mère l’accompagna jusqu’à la porte et elles sortirent ensemble sous les yeux écarquillés des villageois qui s’empressaient de lui poser des questions. - C’est Dieu qui vous envoi? Vous l’avez rencontré? Vous nous apportez un message d’espoir? Est-ce qu’Il va nous redonner notre vie d’avant, dites? Toutes ces questions lui tournaient la tête aussi, elle invita la dizaine de personnes à s’assoir autours d’elle afin de leur expliquer son périple. Tous écoutaient la journaliste avec attention et ils poussèrent un « ho » ! De stupéfaction quand ils apprirent qu’ils étaient à l’intérieur du corps de Dieu. Elle leur avoua qu’elle avait connu la peur, le doute, la joie et qu’elle avait même voulu mourir. Une jeune femme lui demanda où pouvait bien se trouver ses collègues mais Charlène ne pu lui répondre. Une autre femme lui demanda si ce qu’ils avaient vécu était l’œuvre de Dieu. La journaliste avoua. - Oui, c’est bien l’œuvre de Dieu. Il a sélectionné plusieurs d’entre nous afin de rendre la Terre propre et surtout pour changer la mentalité des hommes, Il veut un monde bon, généreux, exsangue de malheurs et pour ce faire, il lui a fallu sacrifier beaucoup de

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gens. Vous êtes en vie, soyez heureux, vous avez été les élus de Dieu. Les visages rayonnaient de nouveau, Charlène était venu prêcher la bonne parole. Elle resta quelques jours dans le village puis prépara quelques minces affaires et partit à la recherche d’autres personnes. Ne sachant quel itinéraire emprunter, elle se laissa guider par une voix intérieure qui la mena jusqu’au village plus loin où elle fut accueillit à bras ouverts par trois des autochtones qui la reconnurent de suite. Elle se présenta au village entier, on lui apporta de quoi manger et boire et elle raconta son aventure aux personnes émerveillées d’entendre son histoire. Beaucoup étaient soulagés de la savoir en vie et, là aussi, elle resta quelques jours puis repartit de nouveau à travers les montagnes et les forêts pour apporter la bonne parole. Les plus sceptiques devinrent les plus ouverts à la foie. Elle était heureuse de parcourir le vaste monde pour la bonne cause et elle qui rêvait d’être connue et reconnue remercia Dieu pour avoir réalisé son rêve le plus cher.

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Jean s’éveilla lui aussi dans une cabane, entouré de personnes inconnues manifestement en liesse quand il ouvrit les yeux. On lui apporta de quoi se restaurer, des petites fraises, des myrtilles, des pommes de terre chaudes mais rien ne lui faisait réellement envie, seule un peu d’eau lui ferait plaisir. Il ne dit mots et se demanda ce qu’il faisait là alors qu’il était en mission avec les autres. Etait-ce une planète peuplée de gens comme les humains? La navette avait-elle eut des problèmes? Et puis qui étaient-ils tous ces gens pleins de bonnes intentions? Quand il pu boire un peu, sa langue se délia et il pu parler enfin. - Qu’est-ce que je fais là et qui êtes-vous? Un grand barbu à l’accent canadien lui répondit. - Vous êtes arrivé il y a de ça trois jours dans notre tribu... - Votre tribu? Mais où suis-je? - ...Vous nous tes arrivé en volant et puis quand on a vu que vous aviez une auréole sur la tête... Jean bondit hors du lit.

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- Comment ça une auréole? Vous plaisantez? Il se souvint alors de la mission, du tunnel lumineux et de la voix qui les gronde. Il resta les yeux grands ouverts en ne cessant de répéter. - C’était donc vrai, c’était donc vrai... Une femme vint à lui et lui demanda. - Racontez-nous votre histoire, nous en avons tellement besoin! S’il vous plait. Un jeune homme réitéra. - Oui s’il vous plait monsieur, racontez-nous. Il prit sa tête dans ses mains et tenta de rassembler ses souvenirs du mieux qu’il le pouvait puis, il accéda à leur requête. On le fit sortir et on l’installa sur un tronc, les habitants se ruèrent pour écouter les aventures du médecin. Il compta qu’il y avait à peine une vingtaine de personnes autours de lui. - Il y a d’autres personnes? Un homme lui répondit par la négative et Jean en fut étonné. L’homme lui expliqua que depuis le séisme, ils n’étaient plus nombreux au village. Le médecin le regarda, éberlué. - Le séisme? - Oui, le tremblement de terre... L’astronaute écarquilla les yeux et demanda des explications. Il fut retourné quand il apprit ce qu’il était arrivé sur Terre durant son absence. Dieu l’avait prévenu, tout aurait changé sur Terre. Il l’avait fait! Il avait réduit la Terre et ses habitants à néant! Il n’en revenait pas, c’était donc vrai, il devait prêcher la bonne parole à présent. Le médecin demanda à se voir dans une glace, une villageoise lui apporta un miroir de courtoisie quelques peu endommagé par les diverses catastrophes et le

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tendit à Jean qui se mira. Quelle ne fut pas sa grande stupéfaction en découvrant le cercle lumineux qui coiffait sa tête. Une femme lui demanda. - Vous êtes rassuré? - Non, pas vraiment. Il essaya de toucher l’auréole mais ne ressentait rien. Un gamin lui demanda de raconter à son tour ce qui s’était passé dans l’espace et pourquoi ils ne répondaient plus aux appels lancés par la base. Jean raconta toute l’histoire du début jusqu’à la fin et tous buvaient ses paroles comme on s’abreuve à une source fraiche et bienfaisante. La joie se lisait sur tous les visages et le médecin pensa qu’il avait fait là un premier pas dans son devoir. Il venait de comprendre qui lui faudrait partir de ce village pour aller vers d’autres aussi, il resta quelques jours et partit plus loin. Il laissa son cœur le guider et il traversa une épaisse forêt sombre de surcroit et bizarrement, il n’eut pas peur de ce qui l’entourait et était même plutôt serein. Il marcha durant trois jours, s’abreuvant aux sources et cueillant des fruits sauvages avant d’arriver dans un petit village où une douzaine de petites maisons se regroupaient. De braves villageois le reconnurent de suite et appelèrent les autres afin qu’ils voient à leur tour. Curieusement, ils n’avaient aucune crainte de cet homme affublé d’un halo de lumière sur la tête, au contraire, ils se sentirent rassurés et accueillirent Jean comme il se doit. On le fit assoir et on lui apporta de quoi manger à sa faim ainsi que de l’eau en quantité. Il fut surprit de déguster un poisson de rivière ainsi que de la dinde. Le médecin remercia ses hôtes et

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commença à raconter son périple à tous ces gens qui étaient avides de foie. Il leur expliqua que ce Dieu était celui de tous les hommes et qu’il avait plusieurs appellations, les habitants furent rassurés et purent prier leur Dieu sans risquer de l’offenser. On lui prépara de quoi dormir pour la nuit, il se promena un peu dans ce tout petit hameau de cabane quand un homme l’appela. - Jean Martin... Il se tourna et vit un petit homme sec le regarder. - Vous ne me reconnaissez pas? Il regarda attentivement l’homme. Son visage lui disait quelque chose mais ne pouvait mettre un nom dessus il demanda. - Je vous connais, oui...Mais d’où? L’université...Non. - Galoche...Le président, enfin l’ex président Français. Jean le regarda de plus près. L’homme qu’il avait connu si bien portant était à présent fin comme un fil de fer. - Vous avez bien changé. - La nourriture n’est pas celle que l’on avait auparavant et puis il faut travailler dur pour manger et faire des réserves, alors... - Galoche. Je ne m’attendais pas du tout à vous voir ici, je vous l’avoue! Et les autres? Enfin je veux dire les autres présidents. - Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. S’ils sont toujours en vie ils doivent loger dans une cabane comme celles-ci et vivre bien durement eux aussi!...Je...Je suis désolé pour tout, Jean. Tout cela est de ma faute. Si nous n’avions pas

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voté pour que cette mission s’effectue, nous n’en serions pas là aujourd’hui. - Ce qui est fait est fait, Galoche. Ne vous torturez pas les esprits, c’est trop tard pour faire machine arrière. - Tout de même, si... - Avec des « si » on referait le monde. Et puis moi aussi j’ai ma part de responsabilité, si nous n’avions pas suivi ce tunnel lumineux, nous serions revenus sains et sauf de cette mission et nous serions rentrés chez nous tranquillement. Nous avons été trop loin et nous l’avons payé cher. Les deux hommes se serrèrent l’un contre l’autre. Quel bonheur de revoir quelqu’un que l’on a côtoyé auparavant, même si ce quelqu’un est la cause de votre croix à porter. Jean resta trois jours dans le hameau et partit à la rencontre d’autres personnes dans un autre village.

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Peter Stenkle s’éveilla sur un transat sous un arbre au feuillage abondant, une douce chaleur enveloppait son corps, il était bien et referma les yeux un moment afin de savourer cet instant délicieux. Il pensa alors que cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était sentit si bien, c’était quand au juste? Avant la mission...Il ouvrit les yeux et tenta de se lever mais sortir d’un transat étant malaisé, il tomba à côté de ce dernier. Peter scruta autours de lui, il se trouvait dans une prairie tout près d’un bois et des chalets plutôt rudimentaires formaient un lot un peu plus loin. Le botaniste se rappela sa mission et ne comprenait en rien pourquoi il se trouvait là. La végétation alentours l’informa sur l’endroit où il se trouvait, sur Terre, dans un climat chaud avec un hiver tempéré. Etait-ce la Californie? Ca y ressemblait en tout cas. Près des chalets, il vit s’affairer un homme costaud bien charpenté qui tenait un seau rouge en plastique dans une main et un récipient dans l’autre, cet homme venait à lui. Peter se tourna et appela. - Charlène, Jean, Su? Vous êtes là? Hé! Où êtes-vous? Il entendit une voix lui répondre au loin. - J’arrive! Il ne connaissait pas cette voix et pour cause, c’était l’homme aux allures de bucheron qui venait à lui. Peter était étonné, avec un sourire gêné il questionna l’homme.

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- Bonjour...Vous n’auriez pas vu mes collègues? Et puis, excusez-moi si je vous parais stupide mais où sommes nous? Parce que là, je n’arrive pas à me remémorer quand j'aurais pu venir ici! L'homme le regarda avec un air étonné. - Vous ne savez pas où vous êtes? - Non, j’ai du avoir une absence ou quelque chose comme ça parce que je ne me souviens même pas de mon atterrissage, c’est vous dire! Vous pouvez m’expliquer s’il vous plait? L’étonnement de l’homme lui fit prendre conscience que quelque chose n’allait pas. Le bûcheron répliqua. - Ce serait plutôt à vous de m’expliquer professeur Stenkle. Il y eut un instant de silence avant que Peter, cherchant de quoi il en retournait, réponde. - Mais... expliquer quoi? Le bûcheron s’installa près du biologiste et prit place en face de lui. - Vous êtes arrivé ici il y a de ça trois jours, vous flottiez dans les airs et quand nous avons vu votre auréole nous nous sommes affairés à vous traiter dignement. Peter ne réalisa pas en premier lieu qu’il portait une auréole, son seul souci était de savoir où se trouvait ses collègues mais l’homme ne pu répondre à sa question. De plus, voyant l’ignorance du botaniste, il lui expliqua en détail ce qui était advenu des Etats-Unis d’Amérique ainsi que du reste du monde. Stenkle resta dans son transat l’air hagard. Est-ce qu’il fallait croire cette homme? Etait-il devenu fou? Ou bien avait-il réellement rencontré le Dieu universel? Il ne douta plus. Il

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se remémora alors le dialogue divin, il était l’élu et devrait dorénavant apporter la bonne parole autours de lui. Un frisson parcouru son corps, un mélange de terreur et de curiosité se mêlaient dans son crâne. Il n’avait pas le mode d’emploi pour s’exprimer en thème liturgique et avait peur de passer pour un gourou ou quelque chose de similaire mais il se souvenait que l’homme lui avait parlé d’une auréole aussi, il lui demanda des explications sur le sujet et le bûcheron qui venait de se présenter sous le nom de Paul partit chercher un morceau de miroir. Quand Peter aperçut le halo de lumière au dessus de sa tête, son sang ne fit qu’un tour. - Je ne me sens pas très bien... - Restez couché monsieur Stenkle. Je suis étonné que vous ne sachiez pas ce qui vous est arrivé. Mais Peter ne répondit pas de suite, il ne réalisait pas encore très bien la signification de cette aventure et lui sembla devenir fou. Il lui fallut quelques longues minutes pour réagir et demander de l’eau. Paul versa le liquide dans le vieux bol en pyrex qu’il avait apporté et le tendit à l’homme. - Merci Paul. Et il bu le contenu du récipient où se reflétait la lumière de son auréole puis, il demanda. - Où sommes-nous exactement? Paul chercha mais avoua. - Je n’en sais trop rien. Avant, j’habitais au Texas mais avec l’épidémie et ensuite les tremblements de terre, nous n’avons fait que fuir...Peut-être sommes-nous encore au Texas. - Vous êtes les seuls survivants?

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- Non, plus loin nous apercevons parfois de la fumée, ce qui nous dit qu’il y a des villages plus en aval, il y en a au moins trois, ici, là et là. Il pointait différents endroits avec son index. - Et vous n’avez pas essayé de les rencontrer ces gens? - Mon pauvre, nous avons eu déjà bien du mal à nous établir alors nous ne voulons pas déménager encore! Plus tard peut-être certains d’entre nous iront établir le contact mais pour l’instant présent, nous essayons de faire des provisions pour l’hiver à venir alors ce qui est des chemins, ça attendra bien! Il n’y a plus de chemins? - Il y en bien encore mais ils ne mènent plus nulle part! Quand aux routes, la végétation prend le dessus petit à petit, bientôt, il n’en restera plus. - Les choses ont bien changées alors... - Ha oui, plutôt! Nous sommes revenus au temps des pionniers, tout est à reconstruire. Votre venue parmi nous va nous éclairer et nous faire reprendre goût à la vie, nous en avions tellement besoin. Vous vous sentez mieux à présent? - Un peu mieux oui. - Très bien. Vous pouvez parler aisément? - Je pense... Il n’eut le temps de terminer sa phrase. Paul sortit un morceau de corne de sa poche et souffla dedans. C’est alors que Peter vit sortir du bois, des maisons et des champs une quinzaine de personnes, elles venaient à lui, certaines portaient des paniers, d’autres des plats. Au fur et à mesure que les gens

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approchaient, des questions de tous ordres fusaient auxquelles Peter ne pouvait pas répondre facilement. Une vieille femme fit rétablir le silence, les voix se turent et le botaniste pu s’exprimer enfin. - Bonjour à tous. Je suis Peter Stenkle, j’ai été envoyé en mission par la NASA car... Un jeune homme le coupa. - Nous savons tout cela, nous vous avons tous vu à la télé! Une femme poursuivit. - Nous voudrions savoir ce qui s’est passé ensuite! - Oui, racontez-nous! Dit une autre. Les questions fusaient de toutes parts et la vieille femme dû faire taire à nouveau ce vacarme. - Taisez-vous! Chacun à votre tour s’il vous plait! Peter demanda à tous de s’asseoir et il entama son histoire sans oublier ses périples. Les gens furent plus qu’attentifs lorsque parla de sa rencontre avec le nuage sans nom, il leur demanda de l’appeler comme ils le souhaiteraient mais de croire en Lui et surtout de préserver la santé de ce dernier. Beaucoup se signèrent et il ressentit la joie de vivre chez tous ces gens si démunis mais chanceux d’être encore en vie. Il leur fit prendre conscience que c’étaient eux qui éduqueraient les générations futures et que tout reposaient sur leurs épaules. Les villageois avaient enfin un but digne de ce nom. Peter resta trois jours dans le hameau, entre temps, une idée lui passa par la tête qu’il trouva lumineuse, son auréole brilla bien plus

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et il compris que cela changerait le monde à l’avenir si bien que l’auréole des autres élus s’illuminèrent et prirent l’idée qui leur semblait leur. Stenkle rassembla les villageois avant de partir. - Je vais m’en aller afin d’apporter la joie dans d’autres villages comme le votre. Pour l’avenir du genre humain, je vous demande au nom de notre Dieu de ne jamais plus frapper de monnaie, la seule monnaie sera le troc ou le service, c’est Lui qui vous le demande. Philosophez sur ce thème durant vos soirée au coin de l’âtre, comparer la vie avec et sans argent, vous vous apercevrez que cela évitera bien des malheurs. Je vous dit au revoir, peut-être nos chemins se croiseront-ils un jour au détours d’un autre village. Il salua la quinzaine de personnes et partit où son cœur le menait, il traversa des plaines et des rivières, des champs de ruine infestés de rats. Un vieux panneau rouillé et sale poussé par le vent grinçait sur son poteau et se détacha presqu’à ses pieds, il le ramassa, l’essuya avec le revers de sa manche et lu: Austin. Le Texas, il était au Texas dans une ville immense et à présent réduite à un tas de ruines. Dieu avait fait son œuvre, il fallait l’accepter. Il se rappela qu’il avait un couple d’amis aux abords de cette ville, où étaient ils à présents? Etaient-ils morts ou vivants? Il n’osait y penser mais se rassura quand il se souvint ce que lui avait soumit Dieu: « Vous irez tous au paradis mais chacun votre tour ». Il continua son chemin en portant son maigre paquetage jusqu’au village suivant où il fut accueillit

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comme il se doit. Il fut surprit par la diversité des races qui peuplaient les hameaux et l’entraide que chacun apportait à l’autre sans distinction de quoi que ce soit. La magie opérait, il était fier de lui. Yamachi s’éveilla sous une statue de Bouddha quelque peu endommagée. A ses côtés, un énorme plateau de fruits exhalait une délicieuse senteur de miel. Autours de lui, les cerisiers étaient en fleurs et tout respirait la plénitude. Il chercha tout au fond de sa mémoire mais ne voyait pas ce qu’il faisait à cet endroit, le chimiste se rappelait de la mission, son but, le tunnel et la conversation avec Lui puis plus rien. Il pensa alors qu’un accident était survenu, que l’équipage avait été sauvé et qu’il avait dû perdre la mémoire un tant soit peu. Mais où était-il au juste? En Asie? Il y paraissait en tous cas, mais pourquoi diable l’avait-on emmené jusqu’ici, sous cette représentation de Bouddha? Quelle étrangeté. Machinalement, il porta sa main vers le plateau de fruits pour prendre une orange mais une main le repoussa. Il se tourna afin de voir la personne s’opposant à ce qu’il mange et vit une jeune femme devant lui, elle avait l’air un peu débraillée et ses vêtements n’étaient pas spécialement propres. Etonné, il demanda. - Qui êtes-vous? - Je suis Din yan sing, Maître. Il la regarda, inquiet. - Pourquoi m’appelez-vous Maître? - Mais vous êtes un Dieu... - Qui, moi?

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Timidement, la jeune femme baissa les yeux et expliqua. - Vous portez un anneau lumineux sur votre tête, Maître... - Un anneau? Vous délirez mademoiselle! - Non, je vous assure, vous portez bien un anneau. Il tâta son crâne mais ne sentit rien de particulier aussi, la jeune chinoise partit chercher un miroir afin de lui prouver qu‘elle n’était pas folle. Quand Su se mira, il poussa un cri rauque d’effroi. La jeune femme s’inquiéta quelque peu. - Tout va bien, Maître? Su la remit sur le droit chemin. - Ne m’appelez pas Maître, Je vous en prie! - Comment faut-il vous nommer alors? - Je m’appelle Su Yamachi, je suis parti en mission avec trois autres scientifiques et une journaliste... - Je sais tout cela, j’ai regardé la télévision vous savez. Le chimiste commença sérieusement à s’inquiéter quand il repensa au discours de Lui, il venait de faire le rapprochement entre son auréole et la parole divine. Il prit l’initiative de se lever, Din l'aida à se mettre debout sa tête tournait, il dû se tenir à la statue pour ne pas tomber. - Comment suis-je arrivé là? Je voudrais voir les autres, où sont-ils? - Vous êtes arrivé sans marcher, à croire qu’un tapis roulant vous a mené jusqu’ici et vous étiez seul, il n’y avait personne d’autre que vous.

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Su manqua verser quand il réalisa qu’il faudrait parcourir le monde pour prêcher la bonne parole et confia son angoisse à Din. La jeune femme, compréhensive lui indiqua qu’il n’aurait pas besoin de traverser les océans et Yamachi demanda pourquoi. Elle lui expliqua ce qui était arrivé sur Terre durant leur absence, la terrible maladie et le séisme qui avait ravagé une partie des terres et qui avait soit disant rapprocher les continents. Su pensa tout d’abord à une plaisanterie, il ria même de ce que lui disait Din et, pour lui prouver encore une fois qu’elle avait raison, elle l’emmena sur un promontoire à quelques pas d’où ils se trouvaient tous les deux, elle le soutint pour l’aider à avancer et gravir le dôme. Ce qu’il vit le fit presque vaciller, elle dû le tenir pour ne pas qu’il tombe de nouveau. Une vision d’horreur s’offrait à lui, des villes dévastées en partie rongées par les eaux sur des kilomètres le fit se rendre à l’évidence. La voix tremblante il demanda. - Où sommes nous, Din? - Je ne sais pas exactement. Les anciens disent que nous sommes près de Ordos. - Ordos? Mais c’est en Mongolie! Vous voyez bien que le désert de Goby n’est pas à nos pieds! - Avec le climat et l’eau toute proche, la végétation a poussée comme par magie en très peu de temps, regardez les petits cerisiers autours de vous! Su s’inquiéta pour les siens, il demanda à Din si elle voulait bien l’emmener auprès de sa famille, voir ses parents lui tardait.

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La jeune chinoise dû lui apprendre qu’elle était seule avec six autres personnes et que le reste de la population avait très certainement périe ou bien avait fuit plus loin encore. Elle dû lui annoncer que seuls des petits groupes avaient pu s’en sortir car elle voyait au loin dans les montagnes de la fumée. Su s’asseya et prit sa tête dans ses mains. Seul, il était seul au monde. Sa famille avait probablement disparue, il eut du mal à ce faire à cette idée et se mit à pleurer. Din le consola, elle ne pensait pas qu’un Dieu puisse verser des larmes. Il l’a rassura en lui disant qu’il n’était pas un Dieu mais l’élu de ce dernier et qu’il devrait parcourir des kilomètres pour annoncer la bonne nouvelle. Au bout de quelques minutes, il se remit un peu de ses émotions et demanda. - Présente-moi aux survivants, j’ai à leur parler. Elle l’emmena vers sa petite tribu où il fut étonné d’être accueillit comme un roi. On le fit asseoir et on lui apporta de quoi boire et manger. Une vieille femme toute fripée lui souriait de sa bouche dent, elle lui demanda de conter son histoire. Le chimiste narra ses aventures et resta plus longtemps sur le passage du discours de Lui. On l’écoutait en silence, attentivement, il comprit alors que tous ces gens avaient besoin de lui, de son réconfort moral et qu’il lui faudrait donc quitter cet endroit pour se rendre dans un autre aussi, il resta quelques jours le temps de se remettre de ses émotions et il partit à l’aventure avec seulement un baluchon et une canne pour s'aider dans les moments difficiles. Il embrassa Din, salua les autres et s’en alla par delà les plaines et les montagnes. Et a et là, il croisait

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des ossements et il dû plusieurs fois fermer les yeux sur l’horreur que lui dévoilait son périple. Il marcha longtemps et gravit une montagne avant d’arriver dans un hameau; les habitants le regardèrent avec stupeur. Ils reconnurent tout d’abord le chimiste et l’accueillirent en tant que tel mais étaient subjugués par le halo de lumière qu’il portait au dessus de lui. Su dû expliquer ce qu’il avait vécu et les villageois, fous de joie, alertèrent les autres afin qu’ils profitent de cette l’heureuse nouvelle. Une trentaine d’individus arrivèrent de toutes parts pour saluer le nouveau venu, on essayait de toucher l’auréole et on l’assaillait de questions aussi, il dû faire asseoir tout le monde pour trouver enfin le calme et la plénitude. Une voix le fit regarder devant lui, un enfant d’une douzaine d’années l’interpella. - Vous êtes le chimiste de « Au plus près des étoiles »? - Oui, petit. Je suis Su Yamachi. - Que vous est-il arrivé après? - Après quoi, petit? - Vous ne répondiez plus à la NASA, alors pourquoi? Où étiez-vous? Su rassembla ses esprits et raconta encore ses aventures. Tous les habitants étaient sous le charme de ce périple rocambolesque mais tous avaient le cœur en joie quand il aborda le voyage dans le tunnel et son discours avec le Dieu sans nom. Un homme demanda alors comment il fallait nommer celui qui lui avait parlé. - Appelez-le comme vous le voulez, il n’a pas de nom précis, c’est le Dieu de tous les peuples, le même et unique pour tout le monde.

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Ici aussi, on lui offrit à boire et à manger. Les veillées du soir étaient animées et les questions fusaient. Su dévisageait chaque personne afin de trouver quelqu’un qu’il avait connu mais, malheureusement, tous ces gens étaient de parfaits inconnus. Il demanda toutefois si d’autres villages se trouvaient près de ce celui-ci et si quelqu’un savait ce qu’étaient devenu untel ou unetelle mais le pauvre pèlerin dû rester sur sa faim. Il espéra que plus loin, il rencontrerait un ami ou de la famille et c’est cette carotte qui le faisait avancer toujours plus loin, le bâton dans une main et le baluchon sur l’épaule. Ngota s’éveilla dans un endroit paradisiaque où pousse l’herbe fraiche et de fleurs. Les rayons du soleil effleuraient sa peau, il se souleva difficilement et partit à la recherche de quoi boire. Il ne se rappelait de rien, seules quelques bribes se manifestaient de temps à autres, notamment ce tunnel de lumière qui l’attirait, ce bien être formidable qu’il avait éprouvé à ce moment-là. Il avança encore vers une source sortant du sol et il se précipita sur elle pour s’abreuver de cette eau fraiche et bienfaisante. Il rassembla un peu ses idées et regarda autours de lui afin de voir si quelqu’un était là. Il appela. - Hé! Il y a quelqu’un? Mais même pas un écho ne répondit. Il réitéra mais ce fut peine perdue, il n’y avait personne aux alentours aussi, il poursuivit son chemin et grimpa sur une colline tout en regardant s’il était seul. Arrivé en haut, il regarda de l’autre

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côté et vit que la prairie s’étendait à des kilomètres encore. - Mais pourquoi je suis là? Hé! Vous m’entendez? Il y a quelqu’un? - Elysée... Il se tourna et ne vit personne. - Qui m’appelle? Où êtes-vous? C’est toi Nama?

Il entendit alors une voix dans le souffle du vent. - Elysée... Ngota contempla autours de lui, il n’y avait pas âme qui vive, aussi, il s’assit et attendit. Il vit alors devant lui un nuage qui avançait dans sa direction. Etonné, il fixa ce curieux phénomène qui se matérialisait au fur et à mesure qu’il avançait. Le nuage prit alors la forme d’un linceul flou, un fantôme en quelque sorte. Elysée se sentit soudain léger, il ne ressentait ni douleur ni angoisse et un profond bien-être et un sentiment d’amour l’envahirent. Il n’avait nullement peur de ce qu’il avait sous les yeux. Le linceul lui parla mais il l’entendait seulement au plus profond de lui. - Elysée, tu es revenu du royaume des morts, tu as été ressuscité et tu as été élu pour porter la bonne parole à tous les pauvres gens qui sont restés sur Terre. La voix lui expliqua ce qu’il était advenu du monde puis il fit apparaitre une auréole au dessus de sa tête. L’ingénieur partit alors à la rencontre des peuples en empruntant cette prairie verdoyante qui avait été auparavant le désert du Sahara puis se dirigea vers le Nord. Sur son chemin, il aperçut des cahutes en terre et s’approcha de ces dernières. Un homme vint

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à sa rencontre et, voyant le cercle de lumière, il partit en courant chercher le reste du village. - Le Messie! Le Messie! Il est là, il est arrivé parmi nous! venez vite! Ngota resta devant le village de fortune, des gens qu’il ne connaissait pas vinrent à lui et le prirent par le bras. - Viens. Soit le bienvenue ici. On le fit asseoir et on lui apporta quelques dattes et de l’eau puis une femme lui donna un morceau de cuisse de gazelle. Il remercia tous ces gens qui venaient à lui, ils étaient cent, peut-être plus, il y avait des enfants, des jeunes, des moins jeunes et des vieillards aussi. Il contempla un moment cette foule entassée devant lui et parla enfin. Tous ces gens ouvraient de grands yeux et écoutaient. - Je suis Elysée Ngota et je suis revenu du royaume des morts. J’ai eu la chance immense de rencontrer un Dieu qui m’a demandé d’aller au devant des hommes pour apporter la bonne parole et la joie. Vous êtes vous aussi élus de ce Dieu car vous êtes en vie, l’avenir de la Terre est entre vos mains, ce sera vous les bâtisseurs de demain, vous élèverez vos enfants dans la joie et la paix, l’argent sera bannit à tout jamais car il était le malheur à lui seul. Vous changerez de la nourriture contre des services, le vol sera puni et le crime avec lui. Ce Dieu m’a demandé que toutes souffrances soient bannies également et que la parole soit de mise pour venir à bout des récalcitrants. Il vous a donné une terre fertile pour que vous puissiez semer et cultiver, Il donne aux hommes une seconde chance afin qu’il puisse

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guérir son corps dont vous faites parti. Ne Le décevez pas, donnez aux autres, partagez, aidez, aimez, il vous sera rendu la pareille. Elysée resta quelques jours et parti plus au Nord encore. Il trouva un autre clan plus loin où il fut accueillit à bras ouverts. Les villageois se précipitèrent à sa rencontre, là, il cru vaciller. Sous ses yeux ébahis se dessinait une silhouette qu’il aurait reconnu entre mille autres. - Nama! - Élysée!

Ils se serrèrent l’un contre l’autre. Nama cria. - Salis, Moan! Jerrie ! Papa est de retours! Les gosses arrivèrent en courant et sautèrent au cou de leur père. Jamais il n’avait été aussi heureux, des larmes de joie coulaient le long de ses joues. - Comme vous m’avez manqué! Nama le prit par le bras et l’emmena plus loin afin qu’il s’assoit sur une pierre. - Reste-là, je t’apporte de quoi te restaurer. Elle revint avec eau et nourriture et dû pousser quelque peu les gens venus s’asseoir près de lui. - Je te croyais mort! Et cette auréole...Tu...Tu es ressuscité? - Oui, et je vais expliquer au monde ce qui m’est arrivé. Il entama son histoire et tous l’écoutèrent attentivement. Son périple passionnait les foules et tous voulaient entendre à nouveau parler l’élu. Les questions fusaient mais Elysée répondit à toutes sans exceptions. Il partit quelques jours après avec sa femme et ses enfants à travers les plaines et les champs, ils

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traversèrent des villes délabrées, ils durent affronter des vents violents et les intempéries mais ils étaient heureux d’être ensemble. DEUX ANS APRES Deux années s’étaient écoulées bien remplies. Chaque élu poursuivait sa route et à chaque fois, il rencontraient des gens nouveaux et avaient l’heureuse surprise d’entendre parler des autres passés avant eux. Ils étaient donc en vie et apportaient leur lot de joie. Les choses avaient bien changées et la vie suivait son cours avec ses joies, ses peines mais la vie continuait vaille que vaille. Les pèlerins avaient enduré tant de choses que la fatigue se faisait sentir de plus en plus. Tous pensaient à s’établir dans un village afin de s’y reposer et mener une vie normale. Charlène, après des kilomètres de marche dans des sentiers escarpés, aperçu un petit village de cabanes, idéal pour se poser un peu. Des habitants l’avaient vu arriver de loin avec son halo de lumière. Elle entendit l’un d’eux s’écrier. Nous en avons un deuxième vite, préparer quelque chose pour la restaurer ! Elle n’osait y croire. Avait elle bien entendu ? Y avait il un ingénieur dans ces cahutes ? Elle marcha un peu plus vite malgré ses pieds endoloris et, plus loin, elle aperçu celui qu’elle avait aimé il y avait quelques temps de cela.

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A sa vue, Jean couru à sa rencontre, il était fou de joie, il la prit dans ses bras. Charlène ne pu refreiner sa joie et son étonnement. - Jean! Quelle surprise, je ne m’attendais pas à te voir ici! - Et moi donc! Mais, tes cheveux... comme tu as changé… - Ils ont affreusement poussés, je sais et puis ils sont voués aux quatre vents alors...Tu as changé également dis-moi. - Je suis fourbu, Charlène, fatigué de tous ces périples. Il me semble que nous avons fait le tour des villages, mon cœur me le dit. - Je le pense aussi, Jean. Je crois que nous pouvons nous reposer à présent. Ils discutèrent du temps passé, de la mission si lointaine à présent et de cette rencontre inoubliable avec le Dieu de tous les hommes. Ils se félicitèrent de l’œuvre accomplie et espéraient retrouver les autres élus afin de partager des souvenirs avec eux. Ils restèrent deux jours dans le village puis, ils décidèrent de s’établir dans l’un d’eux plus au Sud car Charlène y avait passé un séjour remarquable et de plus, les lieux étaient paradisiaques. Ils entamèrent alors leur dernier périple à deux. Ils marchèrent durant dix jours à travers le continent, les haltes étaient de véritables moments de repos où ils pouvaient profiter l’un de l’autre. Ils virent passer des nomades tout près d’eux, ils voulaient trouver la Terre Promise, un lieu paradisiaque pour établir leur campement aussi, on leur demanda le chemin pour y accéder, Jean leur parla autours d’un repas.

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- La Terre Promise est devant vous, elle est partout à la fois. Votre Dieu vous a donné la chance d’être là et a tout fait pour que vous vous sentiez bien partout sur terre. La Terre Promise est vaste, à vous de savoir où vous voulez aller! La soirée se termina en dansant au son d’un tambour et d’une flûte puis, dès l’aube, chacun reprit sa route, la caravane vers le Nord, Jean et Charlène au Sud, ils voyaient au loin le village qui les accueillerait pour toujours. Quand ils arrivèrent, ils demandèrent le droit de s’établir en ces lieux, les villageois furent ravis de les compter parmi eux. - Soyez les bienvenus ici! Leur clama les habitants. On les aida à bâtir une maison, on leur alloua un bout de terre pour cultiver et on leur offrit quelques ustensiles pour démarrer dans la vie car ils ne possédaient rien que leur baluchon. La vie pouvait enfin suivre son cours et ils purent se reposer enfin. Charlène allait voir son compagnon au champ et l’aidait dans ses multiples tâches, son ventre s’arrondissait et Jean aimait poser ses mains dessus pour faire un vœu et, en bon médecin qu’il était pour s’assurer que tout allait bien. Les mois passèrent et le jour de la naissance arriva. Des femmes accouraient pour aider la future mère mais Jean veillait. Il savait que tout irait pour le mieux et il eut raison. Une petite fille vit le jour ou plutôt la nuit car il était tard quand elle apparue, ils lui donnèrent le nom de Léa, elle était belle et bien portante. Une femme entra dans leur maison et s’écria.

Page 305: les voyageurs de l'infinidata.over-blog-kiwi.com/0/88/82/84/20140111/ob_5ea503...2014/01/11  · l'infini! Pour dire cela, il avait prit un air illuminé en regardant vers le ciel

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- Dans le ciel! Une étoile au dessus de nous, venez voir! Et ils virent l’astre briller au dessus du village, une étoile bien plus scintillante que n’importe quelle autre. Plus loin, Elysée et sa famille la vit également. Nama s’en étonna. - Qu’est-ce que c’est? Ngota contempla l’astre et une voix à l’intérieur de lui-même lui demanda de partir dans sa direction. Il fit lever ses enfants et parti de suite. Peter vit aussi l’étoile briller, le botaniste emporta ses affaires et partit de suite. Il ressentait ce besoin tout au fond de lui. Su Yamachi fut réveillé par une voix presqu’inaudible qui le poussa à regarder le ciel. Il contempla la lumière et se leva en hâte, plia son campement et suivit la direction de l’astre. Il est écrit que le matin même, les trois Messies, guidés par l’étoile, arrivèrent dans le village les bras chargés d’offrandes.