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Les techniques de la pratique de comptabilité d’intention : le cas de la Cote d’Ivoire VANGAH Yann-Cédric Armel, Docteur, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan Adresse électronique : [email protected] NGANTCHOU Alexis, Maître de Conférences Agrégé, Université de Douala, Cameroun Adresse électronique : [email protected] Résumé : L’objectif de ce papier est de comprendre la pratique de comptabilité d’intention dans les entreprises ivoiriennes. Pour y parvenir, nous vérifions son effectivité et nous identifions les techniques utilisées. Adoptant une approche qualitative de type exploratoire, la comptabilité d’intention est effective par les ajustements comptables décelés dans les états financiers. S’agissant des techniques, les entreprises ivoiriennes recourent à l’estimation des provisions sur créances clients pour améliorer le résultat. Mots-clés : Comptabilité d’intention ou créative, approche politico-contractuelle, approche cognitive, cartographie cognitive Abstract : The purpose of this paper is to understand the practice of intention accounting in Ivorian companies. To do this, we check its effectiveness and we identify the techniques used. Taking an exploratory qualitative approach, accounting is effective through the accounting adjustments found in the financial statements. Regarding the techniques, Ivorian companies using the estimation of provisions on customers to improve the result. Keywords: Intent or creative accounting, politico-contractual approach, cognitive approach, cognitive mapping

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Page 1: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

Les techniques de la pratique de comptabilité d’intention :

le cas de la Cote d’Ivoire

VANGAH Yann-Cédric Armel, Docteur, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan

Adresse électronique : [email protected]

NGANTCHOU Alexis, Maître de Conférences Agrégé, Université de Douala, Cameroun

Adresse électronique : [email protected]

Résumé :

L’objectif de ce papier est de comprendre la pratique de comptabilité d’intention dans les

entreprises ivoiriennes. Pour y parvenir, nous vérifions son effectivité et nous identifions les

techniques utilisées. Adoptant une approche qualitative de type exploratoire, la comptabilité

d’intention est effective par les ajustements comptables décelés dans les états financiers.

S’agissant des techniques, les entreprises ivoiriennes recourent à l’estimation des provisions

sur créances clients pour améliorer le résultat.

Mots-clés : Comptabilité d’intention ou créative, approche politico-contractuelle, approche

cognitive, cartographie cognitive

Abstract :

The purpose of this paper is to understand the practice of intention accounting in Ivorian

companies. To do this, we check its effectiveness and we identify the techniques used. Taking

an exploratory qualitative approach, accounting is effective through the accounting adjustments

found in the financial statements. Regarding the techniques, Ivorian companies using the

estimation of provisions on customers to improve the result.

Keywords: Intent or creative accounting, politico-contractual approach, cognitive approach,

cognitive mapping

Page 2: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

Introduction

La question de la qualité des nombres comptables est un débat qui date d’une époque bien

antérieure. Les travaux de recherche de Littleton (1940), font émerger ce débat dans la première

moitié du 20e siècle. Au moyen des scandales financiers, nous assistons de nouveau à

l’apparition de l’expression « manipulation comptable ». En effet, ils mettent en exergue un

certain nombre d’enseignements. Le premier est lié au profil éthique des principaux

préparateurs des nombres comptables. Dans ce cas, la qualité des nombres comptables se

détermine à partir du profil éthique des préparateurs. Le second concerne la réalité du

phénomène de manipulation comptable. Les scandales financiers réussissent à montrer le statut

théorique de la question de la manipulation comptable dû à une absence d’observations

empiriques.

En générale, la problématique de la manipulation comptable est issue d’une asymétrie

d’informations. Selon les motivations qui sont propres à la partie détenant l’information, la

qualité du signal émis se voit être manipulé.

De façon théorique, nous observons une regain d’intérêt de la part de la communauté

scientifique à offrir un contenu à l’expression « manipulation comptable ». Stolowy et Breton

(2003) dressent une revue de la littérature d’ordre conceptuel. Ils parviennent à établir une

différence entre la « gestion des données comptables » et la « fraude ». Selon les auteurs, si la

fraude à pour vocation de violer les règles comptables éditées par les organes de régulation, la

gestion des données comptables se distingue par une intervention volontaire en vue de donner

aux nombres comptables une image flatteuse. Pour Colasse (1992), il y a manipulation des

nombres comptables des lors qu’il existe des brèches discrétionnaires laissées par la

règlementation comptable. A partir de ce moment, les préparateurs des nombres comptables

parviennent à les exploiter de façon opportuniste pour atteindre leurs objectifs.

Au vue de la littérature sur la question de la manipulation des nombres comptables, trois grands

axes de recherche peuvent émerger. Le premier axe de recherche concerne la mesure de la

manipulation comptable. La plupart des chercheurs mesurent la manipulation des nombres

comptables à partir des modèles d’estimation déployés par Jones (1991) et Dechow (1995).

Compte tenu des erreurs éventuels que ces modèles engendrent (Jeanjean, 2001), l’on assiste à

l’apparition du deuxième axe de recherche basé sur la méthode de Burgsthaler et Dichev (1997).

La démarche mise en place par ces auteurs vise à observer le phénomène de manipulation des

nombres comptables par les seuils. Quant au troisième axe, il s’intéresse particulièrement aux

questions de motivation et de technique de la manipulation des nombres comptables. Plusieurs

auteurs ont marqué un intérêt à expliquer la manipulation des nombres comptables dans

plusieurs contextes. Aux Etats-Unis, Boynton et al. (1992) précisent que les dirigeants des

entreprises américaines arrivent à réduire le taux d’imposition en reportant le résultat dans le

temps. Pour Jutimala et Saha (2016), elles manipulent leur résultat dans le but de partager aux

propriétaires des dividendes élevés. Dans d’autres cas, l’une des motivations peut être la volonté

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d’atteindre les objectifs internes (Burgstahler et Eames, 2003). Les travaux de Dahi (1996)

parviennent des conclusions différentes de celles énoncés par les précédents chercheurs.

En effet dans les banques américaines, la manipulation comptable s’explique par la volonté

d’écarter un manager. Rahman et al (2012) rejoignent Dahi (1996) dans cette conclusion. Pour

les auteurs, le dirigeant est tenté de manipuler l’information comptable pour percevoir des

bonus élevés. Par contre dans le cas des analystes financiers, il y a manipulation comptable afin

de satisfaire les prévisions des analystes financiers.

En contexte euro-africain, Mard et Marsat (2012) étudient le lien entre la structure de

l’actionnariat et la gestion des résultats dans le cas des entreprises françaises. Les auteurs

postulent que la concentration de l’actionnariat pourrait limiter la gestion des résultats dans les

entreprises françaises cotées. Selon Verdier et Boutant (2016) la réduction d’effectif dans une

entreprise traduit la présence d’une manipulation comptable. Par le biais d’une estimation de la

gestion des résultats, les dirigeants des entreprises françaises cotées procèdent à un ajustement

de leur résultat comptable bien avant d’annoncer une réduction d’effectifs. Mard (2004) précise

également que les entreprises françaises cotées gèrent leur résultat pour éviter les pertes et les

baisses de résultat. En dehors de ces motivations, Mard et Marsat (2009) en identifient d’autres.

Les dirigeants sortants ont tendance à pratiquer une gestion des résultats à la hausse sur les deux

derniers exercices précédant leur départ. Comparativement aux travaux de Mard (2004), le

changement de dirigeant devient un facteur important dans l’explication des problèmes de

manipulation comptable. Par contre les recherches effectuées par Shabou et Boulila (2002)

s’inscrivent dans un autre axe de recherche, celui des techniques. Les auteurs envisagent dans

leurs travaux de tester quatre techniques de comptabilité créative : la valorisation des stocks, le

mode d’enregistrement des charges financières, la réévaluation du bilan et de l’escompte

commercial. A travers ces procédés, les auteurs cherchent à comprendre le mécanisme de

comptabilité créative dans les entreprises tunisiennes. Quant à Hamza (2012), il existe deux

catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première

concerne les procédés issus des accruals. En effet, les dirigeants pratiquent la gestion des

résultats en estimant les provisions, par l’évaluation des stocks, par une mauvaise classification

des dépenses. La seconde catégorie est une technique de gestion réelle. Les travaux de l’auteur

révèlent que les dirigeants tunisiens procèdent à la cession d’actif, au report d’investissement,

au retard ou avancement dans la comptabilisation pour gérer les résultats comptables. Au

Cameroun, Ngantchou (2008) montre que la gestion des données comptables est une technique

utilisée par les PME pour contourner le système fiscal camerounais qui paraît répressif. Rovier

(2017), rejoint l’auteur tout en soulignant qu’il existe une relation positive entre l’impôt sur les

sociétés et la pratique de la comptabilité créative. A travers cette revue de la littérature sur ce

troisième axe, nous remarquons plus d’enthousiasme de la part des chercheurs à expliquer le

phénomène. Cependant, nous observons encore très peu de travaux formulés sur les techniques

(Berland et al, 2016).

De façon pratique, une observation majeure est repérée dans le cas du contexte ivoirien. La

direction générale des impôts note une croissance des redressements fiscaux au cours des

années suivantes : 18 milliards de redressements en 2013 et 36 milliards dans les années 2016.

Ces statistiques exposent un soupçon sur la sincérité des déclarations faites par les entreprises

ivoiriennes durant ces trois années. Cela nous amène à nous interroger sur l’effectivité de la

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pratique de comptabilité d’intention. Si, elle est bel et bien effective, comment les entreprises

ivoiriennes s’y prennent ?

L’objectif de ce papier vise à comprendre la pratique de comptabilité d’intention en contexte

ivoirien. Pour y arriver, nous examinons son effectivité et nous identifions les techniques

utilisées par les dirigeants des entreprises ivoiriennes.

Nous débutons par une revue de la littérature sur l’expression « comptabilité d’intention ». Puis,

nous effectuons une discussion sur la théorie adaptée à l’axe de recherche dans lequel s’inscrit

ce papier. Ensuite, nous présentons le protocole de la démarche choisie pour mener à bien ce

travail de recherche. Enfin, nous exposons les résultats obtenus.

1. Le concept de comptabilité d’intention : une définition pour cette

recherche

La comptabilité d’intention ou comptabilité créative est un concept à connotation anglo-

saxonne. Il fait son apparition dans les années 70 par un ensemble de définitions données par

la presse économique et la communauté scientifique. Selon les journalistes de la presse

économique, plusieurs définitions sont recensées. Bertolus (1988) l’assimile à « l’art de truquer

un bilan ». Selon Pourquery (1991), la comptabilité d’intention est une comptabilité assimilable

à de l’art plastique. Par contre Tabuteau (1993) et Jacquin (1994) la définissent comme une

comptabilité dite « stratégique ». D’une dénomination embryonnaire, les auteurs migrent vers

un ensemble d’approche de définitions plutôt stratégique.

Pour Audas (1993), la comptabilité d’intention ou créative est un instrument qui sert à améliorer

les comptes présentés. Notamment, il s’agit d’un ensemble de pratiques utilisées en vue de

donner une image flatteuse aux comptes. Pasqualini (1993) soulignent qu’il s’agit d’une

comptabilité faisant preuve d’une imagination comparable à celle dont les acteurs financiers

font preuve en mettant en place de nouveaux instruments financiers. Lorsque nous examinons

ces approches définitionnelles, nous remarquons que la comptabilité d’intention est d’abord

une technique et non une seconde comptabilité mise en place par les acteurs de la gestion des

données comptables. Puis, son but majeur reste de celui d’offrir une image attirante des

comptes. Enfin, elle peut avoir une caractéristique comptable mais aussi financière. Autrement

dit, cette technique peut être utilisée pour agir sur des aspects comptables et non comptables :

une traduction de la créativité financière (Barthes et Gilbert, 1992). S’agissant de cette

recherche, nous définissons la comptabilité d’intention comme une technique utilisée par le

préparateur des états financiers. Animé par des intentions (objectifs), il s’en sert lors de

l’élaboration de la comptabilité financière.

2. Repères théoriques relatif à la pratique de comptabilité d’intention

Il est question dans ce point d’exposer les travaux empiriques qui se sont intéressés à cette

problématique. Mais aussi, de choisir la théorie la plus adaptée dans l’atteinte des objectifs que

nous sommes fixés dans ce papier.

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2.1 Un essai de synthèse de travaux de nature empirique sur la pratique de

comptabilité d’intention

Les débats scientifiques sur l’expression « comptabilité d’intention ou créative » sont nés après

les scandales financiers. La question de la qualité du contenu informatif des nombres

comptables représente l’une des préoccupations majeures de la communauté scientifique. L’un

des premiers axes de recherche est celui de la définition du concept. Les journalistes américains

utilisent l’expression « comptabilité créative » et tente d’apporter leur représentation mentale

qu’ils ont au sujet de ce concept (Griffiths, 1986). Il est important de rappeler que les auteurs

anglo-saxons dans leur élan d’apporter des définitions sur le concept parviennent juste à donner

des descriptions qui restent jusqu'à ce stade rudimentaires. Au niveau des chercheurs européens,

nous assistons à la naissance de deux courants : gestion des résultats comptables et comptabilité

créative. Stolowy et Breton (2003) précisent que le premier courant fait l’objet d’énormes

recherches empiriques. Notamment, par les modèles développés par Schipper (1989), Jones

(1991), DeAngelo et al. (1986), Burgsthaler et Dichev (1997). En effet, les premières

recherches empiriques se sont intéressées à définir des modèles pour mesurer la gestion des

résultats. Le constat que nous faisons est lié à la notion « gestion des résultats comptables ».

Les auteurs utilisent plus cette expression pour faire allusion à celle des anglo-saxons compte

tenu certainement de la connotation négative qu’elle laisse transparaître. Quant au second

courant de recherche prôné dans la revue de la littérature sur la gestion des données, les auteurs

notent un manque d’intérêt scientifique sur la question. Cependant Stolowy (2000) parvient à

dresser un inventaire théorique sur les techniques de comptabilité créative. Le troisième axe de

recherche suffisamment étudié par les chercheurs est celui lié aux facteurs explicatifs de la

gestion des résultats (Shabou, 2002 ; Othman, 2006 ; Mard, 2009 ; Mard, 2012 ; Hamza, 2012 ).

Leurs travaux de recherche parviennent à montrer les raisons qui poussent les entreprises à

gérer leur résultat comptable. Il s’agit entre autre de la fiscalité, de la volonté de se maintenir,

le désir d’obtenir des prêts bancaires, de la taille. Cependant, peu de chercheurs consacrent un

intérêt sur l’identification de façon empirique des techniques utilisées par les entreprises pour

contourner stratégiquement les règles comptables. Cela amène Berland et al (2016) à souligner

que les recherches jusque là demeurent encore accentuées sur des méthodes quantitatives.

Aussi, les auteurs ajoutent que la plupart des travaux ont une logique plutôt explicative au lieu

de chercher à comprendre le phénomène. C’est dans cette logique que s’inscrit l’objet de ce

travail de recherche. En effet, les recherches axées sur le débat de la qualité informatif des

nombres comptables se sont pour la plupart d’entre elles orientées vers les modes de mesure et

les facteurs explicatifs. Pour un contexte en voie de développement comme celui de la Côte

d’Ivoire, il paraît opportun de recourir à une méthode basée sur le comportement des acteurs.

Avoir recourt à une telle approche, nous permettrait non seulement d’obtenir une

compréhension fine sur la problématique de la comptabilité d’intention. Mais aussi, de parvenir

à dresser un inventaire sur les techniques de comptabilité d’intention en contexte ivoirien

comme le suggère Ngantchou (2008).

Page 6: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

Malgré, la faible portée des recherches sur les techniques, nous en recensons certaines. Il existe

de nombreuses techniques de comptabilité créative mise en évidence par la littérature

américaine. Bhasin (2015) dresse un inventaire des techniques de comptabilité créative.

L’auteur parvient à recenser un ensemble de procédés utilisés par les entreprises américaines

lorsqu’elles désirent manipuler leur résultat. La première concerne la comptabilisation des

revenus prématurés1. Il s’agit d’enregistrer les revenus issus d’une vente inexistante.

Pour pratiquer la comptabilité créative, les entreprises peuvent de même recourir à l’utilisation

des provisions excessives. Selon Shah et Butt (2011), elles permettent à l’entreprise

d’accumuler les dépenses afin d’afficher les bénéfices qui paraissent importants au cours des

périodes difficiles. La technique présentée par l’auteur a pour objectif de favoriser les

estimations du passif. En dehors de ces techniques, Jones (2011) souligne que la comptabilité

créative peut être pratiquée par le biais d’une manipulation de l’inventaire. Lorsque l’auteur

parle de manipuler l’inventaire, il s’agit précisément de manœuvrer sur les quantités lors de la

valorisation du stock à la date d’inventaire. L’auteur poursuit son raisonnement en précisant

que la quantité fait l’objet de manipulation dès lors que les profits sont susceptibles d’évoluer.

De plus, la quantité peut être manipulée par le canal d’une prise de contrôle qualifiée de rigide

par Jones (2011). Selon Bhasin (2015), le phénomène de comptabilité créative peut se

manifester par une utilisation agressive de la notion de matérialité. En effet, les entreprises, en

contexte anglo-saxon peuvent enregistrer intentionnellement les erreurs en se conformant à une

certaine limite définie préalablement. Les entreprises qui le font exploitent une faiblesse au

niveau de l’effet net du revenu. Mahbub et Shaikh (2016) mènent des recherches sur les

techniques de comptabilité créative en comparant les avis émis par deux catégories de

professionnels du chiffre : les auditeurs et les comptables. Les auteurs définissent la

comptabilité créative comme une pratique à travers laquelle les parties prenantes tirent un

avantage des lacunes de la politique comptable afin de donner aux états financiers une meilleure

présentation. Précisément, leur travail de recherche consiste à s’interroger sur le cap éventuel

qui existerait entre les auditeurs et les comptables concernant les techniques de comptabilité

créative. Pour répondre à cette interrogation, les auteurs utilisent les données primaires et

secondaires. S’agissant de la collecte des données primaires, elles sont recueillies auprès des

auditeurs et des comptables par la méthode d’échantillonnage probabiliste. Pour celle liée aux

données secondaires, livres, littératures, des journaux, des revues industrielles et les rapports

financiers produits par l’entreprise sont des supports.

Mahbub et Shaikh (2016) procèdent à deux types d’analyse, une fois les données recueillies.

Premièrement, l’analyse descriptive est utilisée pour exposer les caractéristiques des

informations collectées à analyser. Deuxièmement, le test statistique est par la suite mobilisé

dans l’atteinte des objectifs de leur travail de recherche. A la suite des analyses, une conclusion

1 L’auteur utilise le terme revenu « prématuré » parce qu’il est question de comptabiliser des revenus

pour une vente de marchandises légitime, mais principalement dans une période antérieure à celle fixée

par la règlementation comptable.

Page 7: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

importante à retenir : la technique utilisée par les entreprises a tendance à reclasser les dépenses

en actif afin d’augmenter le niveau de rentabilité ou d’ajuster la valeur de l’entreprise.

A l’instar des chercheurs en contexte américain, nous observons un intérêt de la part de la

communauté euro-africaine sur la question de la pratique de comptabilité d’intention ou

créative. Hamza (2012), dans le contexte des entreprises tunisiennes, cherche à examiner les

différentes pratiques de gestion des résultats comptables. L’auteur part du fait que les études

autour de cette thématique sont d’une extrême rareté. A contrario, celle de Shabou et Boulila

(2002) porte sur la vérification des hypothèses émises par la TPC.

Pour mettre en relief les pratiques utilisées par les entreprises tunisiennes, L’auteur collecte les

informations à partir d’une série d’entretiens avec les dirigeants ou responsables des entreprises.

Hamza (2012) effectue des interviews avec trois catégories de professionnel que sont

responsables et dirigeants des entreprises, analystes financiers et les commissaires aux comptes.

A la suite des entretiens, l’auteur classe les techniques de gestion des résultats en deux

catégories propres au contexte tunisien. La première catégorie de technique, révélée par les

analyses de l’auteur, est constituée des procédés issus des accruals. Les personnes interrogées

indiquent que les entreprises tunisiennes pratiquent la gestion des résultats en estimant les

provisions, par l’évaluation des stocks, à travers une mauvaise classification des dépenses. Par

une mauvaise rectification des erreurs antérieures ou l’adoption d’un mécanisme de

changement de méthodes comptables, les entreprises tunisiennes arrivent à pratiquer une

gestion des résultats. Dans la seconde catégorie, il s’agit des techniques de gestion réelle. Les

interlocuteurs évoquent les opérations liées à la cession d’actif, au report d’investissement, au

retard ou avancement dans la comptabilisation, moyens permettant de pratiquer la gestion des

résultats comptables. L’étude d’Hamza (2012) semble l’un des travaux de recherche ayant

recours à une démarche méthodologique qualitative en se focalisant sur les acteurs clés de la

gestion des données comptables comme le précise Stolowy et Breton (2003). Cependant,

l’étude de l’auteur ne prend pas en compte l’avis des responsables des impôts qui peuvent

contribuer à révéler davantage de techniques liées à la gestion des résultats comptables.

D’autres chercheurs étudient les techniques de gestion des résultats à partir des provisions

environnementales. Berthelot et al (2003) s’intéressent à cette problématique, compte tenu de

la perception des dirigeants d’entreprises, suite aux récents développements en matière de

provisions environnementales. Les auteurs cherchent à analyser le comportement des dirigeants

d’entreprises face à la comptabilisation des provisions environnementales.

Pour examiner la question, les auteurs utilisent un modèle s’appuyant sur ceux des chercheurs

américains2. Ils envisagent tester un ensemble de postulats notamment, des hypothèses du

lissage des résultats, de l’endettement, de la visibilité politique. Celles-ci sont vérifiées sur un

échantillon comprenant près de 180 entreprises ayant fait l’objet d’un recensement dans le

« Report on Business 1000 ». A l’issue des analyses suivantes à savoir, une analyse descriptive,

des tests de corrélation, une analyse multivariée examinant la sensibilité des résultats, les

auteurs sont parvenus aux conclusions suivantes : la première vague de conclusion précise que

les dirigeants d’entreprises on t tendance à exercer une certaine latitude au niveau du résultat

de façon mesurée. S’agissant de la seconde vague, les auteurs concluent que l’information,

concernant les provisions environnementales, paraît indispensable pour les investisseurs. Cela

2 A voir sous l’angle des modèles de Bartov (1993) et de Jiambalvo et al (1994).

Page 8: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

s’explique également par l’intérêt que portent les auditeurs et créanciers à l’élaboration d’un

bilan environnemental par les entreprises dans la mesure où il fournit un complément

d’information sur la valeur de l’entreprise (Berthelot et al, 2003).

2.2 Théories majeures sur la problématique de la comptabilité d’intention :

approche politico-contractuelle versus approche cognitive

Deux approches peuvent être mobilisées pour la problématique de la comptabilité d’intention

ou créative. La première approche est la théorie politico-contractuelle. Initié par Watts et

Zimmerman (1986), elle a pour objectif d’expliquer les motivations des dirigeants d’entreprises

quant aux choix comptables. L’explication concerne les pratiques comptables mais plus

généralement les choix des politiques comptables. Ils émanent de deux problématiques à savoir

l’agence et les coûts politiques auxquels est confrontée l’entreprise. La théorie de l’agence est

accentuée sur le processus contractuel regroupant tous les choix concernant la firme. Selon

Jensen et Meckling (1976), la firme est perçue comme un nœud de contrats issue de l’équilibre

du processus contractuel en rapport avec les objectifs divergents de chaque partie prenante. En

dehors de l’agence, les coûts politiques contribuent à l’explication des choix comptables. De

façon spécifique la théorie positive améliore la littérature empirique sur la recherche comptable

car elle s’intéresse à l’influence des informations comptable sur les utilisateurs des « financial

statements », encore appelé états financiers. En somme, il s’agit d’une théorie ayant une

vocation explicative.

Compte tenu du fait que les chercheurs de la TPC ne recourent pas à une étude des circonstances

dans lesquelles les parties prenantes prennent les décisions, Chabrak (1999) met en évidence

l’apport de l’approche cognitive. Elle s’inscrit dans une recherche orientée vers le

comportement des acteurs : Comptables et non-comptables. La plupart des travaux de recherche

utilisent l’approche positive de la comptabilité bien qu’elle soit réductrice de la réalité

(Chabrak, 1999). En effet, l’auteur souligne que la TPC parvient à présenter certaines

explications quant à la problématique de la « manipulation » sans en exposer celles relatives

aux choix effectués dans une organisation.

C’est ainsi que l’approche cognitive trouve son fondement car elle a pour objectif d’étudier de

manière fine les prises de décisions dans les organisations. En réalité, il ne s’agit pas d’une

théorie antagoniste à celle mise en évidence par l’école de Rochester mais plutôt d’une

approche complémentaire.

Dans le cadre de ce papier, nous optons pour l’approche cognitive pour diverses raisons. La

première est relative à l’objet de cette recherche qui vise à comprendre la pratique de

comptabilité d’intention en contexte ivoirien. Nous n’ambitionnons pas d’expliquer le

phénomène mais d’appréhender le comportement des acteurs dans les prises de décision.

La seconde raison concerne l’apport de cette approche dans la problématique de la

« comptabilité d’intention ou créative ». En effet, elle favoriserait une meilleure compréhension

des comportements des dirigeants face aux politiques comptables. Le choix d’un postulat

Page 9: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

cognitif se justifie dans le cadre de cette recherche par l’opportunité d’examiner le choix d’une

politique comptable (Chabrak, 1999).

3. Une enquête sur les techniques de la comptabilité d’intention : vers un

cadre méthodologique approprié en contexte ivoirien

Cette partie est l’occasion d’exposer la technique utilisée pour élaborer ce travail de recherche.

Par la suite, nous donnons une vision globale du cadre méthodologique.

3.1 La cartographie cognitive : une approche nouvelle en gestion

Conçu par le psychologue américain Tolman, la carte cognitive ou « Cognitive Map » est une

technique de modélisation qui entreprend de dépeindre les idées, croyances, valeurs et attitudes

d’un individu ainsi que les liens qui les relient, dans un format favorable à l’analyse (Eden et

al. 1983). Pour le chercheur, il s’agit d’approcher les représentations des thématiques qu’il

ambitionne de questionner. Selon Langfield-Smith (1992) son objectif vise à : « fournir une

description graphique du chemin de pensée unique d’un individu concernant un domaine

particulier et de telles cartes sont élaborées dans le but d’explorer l’expérience individuelle dans

toute sa spécificité ».

La carte cognitive apparaît comme une nouvelle perspective en gestion car elle est une

technique relativement récente (Gendre-Aegerter, 2008). Les cartes cognitives en gestion

partent des travaux de Eden et al (1983) où les auteurs suscitent un intérêt à l’endroit des

chercheurs en gestion stratégique. A ce moment, la cartographie cognitive devient un

instrument d’aide à la décision stratégique (Cossette, 2001). Cela nous amène à le mobiliser

dans le cadre de ce travail de recherche car nous nous situons dans une recherche

comportementale. Nous utilisons les cartes pour explorer de façon cognitive les techniques

mises en œuvre par les acteurs de la gestion des données comptables.

3.2 Une vision globale du cadre méthodologique de la recherche

Nous présentons le positionnement de la recherche ainsi que ses principaux objectifs. Puis, nous

indiquons la démarche adoptée pour mettre en œuvre ce travail de recherche.

3.2.1 Positionnement de la recherche

La présente recherche se situe dans le cadre référentiel des travaux qualitatifs de type

exploratoire car les recherches qualitatives permettent de mieux comprendre un phénomène ou

une situation pour après mener une intervention meilleure. Elle s’insère donc dans le postulat

de Giordano (2003) qui précisent que : « les recherches qualitatives visent à étudier les

phénomènes dans leur cadre naturel ». Charriere et Durieux (2003) ajoutent également que

l’exploration consiste à découvrir ou approfondir une structure ou un fonctionnement en vue

d’atteindre un double objectif : « la recherche d’explication et la recherche d’une

compréhension ».

Comparativement à une recherche quantitative qui recourt à une démarche de type déductive,

la recherche qualitative exploratoire peut retenir soit une démarche inductive, soit une démarche

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abductive. La déduction consiste à élaborer des postulats qui font par la suite l’objet de

confrontation au terrain.

Alors que dans l’induction, il est question de parvenir à tirer des conclusions générales en

prenant appuie sur des cas particuliers (Van der Maren, 2004). S’agissant de l’abduction, David

(2001) : « c’est la seule forme de raisonnement qui permet de générer des idées nouvelles ». Un

autre type de démarche est prônée par Yin (1990) : la démarche par étude de cas. Elle est

énormément utilisée en sciences de gestion et constitue une stratégie de recherche (Eisenhardt,

1989). Pour ce travail de recherche, nous choisissons la démarche à partir d’études de cas

multiple ou « comparaisons inter-sites » (Yin, 1990). Pour l’auteur, la comparaison d’études de

cas est une démarche qui est utilisée pour décrire un phénomène mais également de générer de

nouvelles théories. L’objectif est : « d’amener la recherche au-delà des résultats qu’un cas

unique pourrait apporter. On augmente ainsi l’authenticité des propositions émergentes »

(Gendre-Aegerter, 2008).

Dans une perspective de comprendre la pratique de comptabilité d’intention, nous utilisons la

cartographie cognitive (Allard-Poesi et al., 2003). Cet instrument correspond aux besoins de ce

travail de recherche car il nous permettrait d’étudier les représentations mentales des acteurs de

la gestion des données sur cette problématique dans un contexte de pays en voie de

développement comme celui de la Côte d’Ivoire. En somme, nous ambitionnons dans le cadre

d’une démarche abductive et avec des cartes cognitives d’explorer le comportement des acteurs

ivoiriens face à la comptabilité d’intention. La finalité est de proposer une première

conceptualisation susceptible de s’articuler avec les théories liées à cette problématique.

3.2.2 La démarche adoptée pour ce travail de recherche

Selon Royer et al. (2003), l’échantillon est perçu comme un ensemble d’éléments sur lesquels

le chercheur collecte ses données. Pour cette recherche, notre échantillon est composé d’un

ensemble d’acteurs opérant dans le domaine de la gestion des données comptables (Stolowy et

Breton, 2003). Il contient des acteurs dans le marché : auditeurs, dans la firme : dirigeants et

comptables, dans la société : Etat. La recherche qualitative exploratoire n’étant pas très

préoccupée par une représentativité quantitative, notre échantillon se compose d’acteurs

fortement hétérogènes. L’objectif est de comprendre les logiques des acteurs sur les techniques

de comptabilité d’intention tout en respectant leurs cadres de référence. Nous recourons aux

études de cas multiples pour éviter d’avoir une vision tunnel sur le phénomène que nous

étudions. Les acteurs sont sélectionnés à partir d’un annuaire des diplômés de la Maitrise des

Sciences Techniques Comptables et Financières (MSTCF) dans la ville d’Abidjan (Fabre et

Nikitin, 2008). Par le biais de cette filière, nous parvenons à obtenir d’autres acteurs (Bardin,

2003). Au total nous avons enquêté 25 acteurs après avoir contacté 40 professionnels à l’aide

d’un système de mailing, par courrier et appels téléphoniques. Le tableau ci-dessus donne un

aperçu sur les caractéristiques des personnes sélectionnées :

Page 11: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

Tableau n°1 : Caractéristiques des personnes interrogées

REPARTITION PAR FONCTION

FONCTIONS NOMBRE

Auditeur 12

Fisc (Etat) 2

Directeur 5

Chef comptable 2

Comptable 2

Contrôleur de gestion 2

TOTAL 25

Source : réalisation personnelle, enquête empirique

Les professionnels de l’information comptable et financière que nous avons interrogés sont

regroupés selon différentes fonctions dans les entreprises ivoiriennes. L’échantillon est donc

constitué de 61,90% de professionnels ayant pour mission principale de contrôler les comptes

présentés par les entreprises (auditeurs et fisc). Environ 38,09% de professionnels du chiffre

participant à la prise de décision sont également interrogés (directeurs, comptable, chefs

comptables et contrôleurs de gestion).

Plusieurs phases sont utilisées dans la collecte des données pour ce travail de recherche. La

première est l’exploration. Il s’agit précisément de la collecte des données auprès des acteurs

dans la gestion des données comptables. Nous effectuons celle-ci à l’aide d’un guide d’entretien

composé de deux grandes thématiques : Effectivité et identification des techniques de la

comptabilité d’intention. Par ce guide, nous réalisons des entretiens individuels de type semi-

directif. La durée d’un entretien varie entre 40 minutes et 1 heure conformément au propos de

chaque interviewé. Une fois que nous finissons l’entretien, nous le retranscrivons dans son

intégralité. La seconde phase est celle relative au codage. Une fois les retranscriptions faites,

nous effectuons le codage. L’objectif de cette étape est de parvenir à rédiger les concepts sous

forme de variable. Nous rappelons que les concepts comprennent les idées émises par les

répondants. A cet effet, nous nous engageons à respecter le plus possible les propos de ces

derniers. La troisième étape est celle de la validation. Afin de valider le contenu des propos

tenus par les personnes interrogées nous demandons pour chaque concept évoqué une

confirmation. La plupart des révélations faites corroboraient avec les précédentes. Le traitement

des données collectées se fait à partir du logiciel Decision Explorer. Cet outil contient une

analyse topographique et une analyse en profondeur du contenu.

4. Présentation des résultats de la pratique de comptabilité d’intention en

contexte ivoirien

Deux principaux résultats sont présentés dans cette partie. Le premier concerne l’effectivité de

la pratique de comptabilité d’intention. Nous parvenons par des actes de manipulation à justifier

l’effectivité de cette forme de politique comptable adoptée par les entreprises ivoiriennes pour

contourner stratégiquement la réglementation comptable. Le second est relatif à l’identification

Page 12: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

des techniques. Si, cette pratique est bel et bien effective, ce résultat répond à la question liée

aux astuces utilisées par les acteurs dans le domaine de la gestion des données comptables.

4.1 L’effectivité de la pratique de comptabilité d’intention en contexte ivoirien

Pour vérifier l’effectivité de la comptabilité d’intention nous effectuons des entretiens avec les

auditeurs et le fisc. Aussi, nous utilisons les rapports d’audit qui contiennent les anomalies

détectées par les auditeurs dans le cadre des missions d’audit. Les données recueillies sont

exposées dans la carte cognitive ci-dessus :

Carte cognitive des contrôleurs : Auditeurs et fisc

La carte cognitive retrace l’ensemble des pensées mentales qu’ont les contrôleurs ou

vérificateurs des comptes sur l’effectivité de la pratique de comptabilité d’intention. Nous

remarquons que la plupart d’entre eux sont unanimes sur le fait que les entreprises ivoiriennes

dans leur majorité ne dérogent pas aux règles de pilotage (8 contrôleurs). Autrement dit, elles

pilotent toutes leur résultat en fonction de ce qu’elles désirent obtenir. D’autres contrôleurs dans

l’exercice de leurs fonctions affirment que : « l’acte principal de manipulation est lié au résultat

4- Les entreprises ivoiriennes

ne dérogent pas aux règles

de pilotage

2- Elles manipulent

le résultat

3- Les audits se terminent par

des ajustements

1- Les erreurs ou omissions

intentionnelles

5- 70% des entreprises contournent

stratégiquement les règles du

système comptable OHADA en leur

faveur

6- les entreprises effectuent des

changements significatifs

7- Non traçabilité de l’information

Présentée dans les états financiers

8- De gros doutes par rapport aux

méthodes choisies

9- Emission des réserves

dans les rapports d’audit

10- Refus de certification

rencontré dans les rapports

d’audit

11- augmentation du ratio

client sans qu’une

provision ne soit passée

12- Soupçonne l’entreprise

d’une intention de

manipulation

14- Les entreprises ne déclarent

pas tout le résultat

13- Les redressements

portent sur le résultat

15- La manipulation tourne

autour du résultat

16- Les traitements comptables

impactent la diffusion des

informations

Page 13: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

produit en fin d’année » (4 contrôleurs). En parcourant les propos et le contenu des rapport

d’audit, nous observons que ( 3 contrôleurs) soulignent de gros doutes sur les méthodes parfois

choisies par les entreprises. Cela nous permet d’identifier un acte de manipulation au niveau du

ratio client (1 contrôleur). Ils notent une augmentation du ratio client sans qu’une provision ne

soit constituée. Ce qui leur contraint d’émettre des réserves quant à la fiabilité de l’information

présentée dans les états financiers. Ces limitations aussi s’expliquent par une non traçabilité des

informations présentées dans les « financial statements » (5 contrôleurs). Un autre acte

justifiant l’effectivité de cette pratique en contexte ivoirien est celui des ajustements comptables

significatifs décélés lors des écritures d’inventaire (10 contrôleurs). En effet lors des écritures

des inventaires ils indiquent que les entreprises recourent à des régularisations à la hausse ou à

la baisse. Ces ajustements en fin d’année effectuées par celles-ci impactent considérablement

le résultat en fin d’exercice. Aussi, lors des contrôles effectués, un responsable des impôts nous

confie : « il existe de nombreuses erreurs ou omissions volontaires, cela nous conduit à

effectuer des redressements sur le résultat déclaré ». En dehors de ces erreurs volontaires, nous

remarquons une volonté manifeste de ne déclarer qu’une partie de leur résultat (2 responsables

des impôts). Le tableau suivant dresse une synthèse sur les critères d’existence de comptabilité

d’intention relevés après cette première phase :

Tableau n°2 : Critères d’existence de la pratique de comptabilité d’intention en contexte

ivoirien

NATURE DE L'EXISTENCE RELEVE PAR

NOMBRE

DE FOIS FREQUENCE (%)

Non traçabilité de l'information

présentée dans les Etats financiers Auditeur 3 21,42

Doute sur les méthodes choisies auditeur 3 21,42

Erreurs ou omissions volontaires Fisc 2 14,30 Ajustement comptable sur le résultat

en fin d'année Auditeur 6 42,86

Le tableau de synthèse ci-dessus montre qu’environ 42% des personnes interrogées (auditeurs)

estiment que le critère d’existence majeure de la comptabilité d’intention est la présence

d’ajustement comptable en fin d’année sur le résultat. Un peu plus de la moitié souligne que

l’effectivité de cette pratique en contexte ivoirien s’observe par des doutes sur les méthodes

comptables choisies et la non traçabilité de l’information comptable dans les états financiers.

Quant au fisc, ils notent un fort taux d’erreurs ou omissions volontaires lors des contrôles

fiscaux.

Source : enquête empirique

Page 14: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

4.2 La comptabilité d’intention en contexte ivoirien : techniques et discussion

Nous présentons deux catégories de résultat. Premièrement, nous exposons les techniques mises

en évidence par les contrôleurs ou vérificateurs des comptes : auditeurs et fisc. Deuxièmement,

les procédés utilisés par les dirigeants, comptables et contrôleurs de gestion constituent la

seconde vague de résultat.

4.2.1 Les techniques identifiées par les vérificateurs des comptes

Nous utilisons la carte cognitive suivante pour indiquer les représentations des acteurs sur

l’identification des techniques repérées dans le cadre de leurs missions.

Carte cognitive des contrôleurs : Auditeurs et fisc

1- Utilisation des provisions sur

créances clients pour le pilotage

2- Pilotage du résultat par une

augmentation des dotations aux

provisions sur créances en

période d’abondance

3- Reprise des provisions afin

d’ajuster le résultat

5- Reclasser la nature de la

charge pour être passible de

prélèvements fiscaux

6- Réduction du chiffre

d’affaires issue d’une décision de

la hiérarchie

8- Le bénéfice est réduit tout

comme le bénéfice industriel

commercial

4- L’entreprise passe des

provisions pour conserver

des réserves

7- Augmentation des charges

de la part du centre de

décision

9- Estimer ses charges

11- Etalement des charges

par une répartition des

prestations

12- Surestimer le montant des

abonnements (facture électricité)

tout en les provisionnant

10- Estimer ses provisions à partir de

taux définis en interne autre que ceux

pratiqués normalement

13- Utilisation des frais

généraux

14- Les systèmes de

facturation interne lorsque la

société mère ne fait de

chiffre d’affaires

15- Gestion des stocks par

les provisions

Page 15: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

La représentation mentale de la pensée des contrôleurs sur les procédés de comptabilité

d’intention en contexte ivoirien aboutit à des résultats. Les entreprises ivoiriennes recourent à

un ensemble de techniques pour pratiquer la comptabilité d’intention. Parmi celles-ci, elles

utilisent les provisions sur les créances clients pour le pilotage du résultat (8 auditeurs).

Précisément en période d’abondance, les entreprises ivoiriennes ont tendance à passer des

dotations aux provisions sur les créances. En se référant à l’article 322 du CGI sur les provisions

pour créances douteuses, deux aspects obligatoires doivent être respectés. Notamment

l’existence d’un contentieux effectif entre les parties concernées mais aussi le taux requis pour

calculer la provision. L’administration fiscale n’admet pas que la provision représente 100% de

la créance à recouvrer, sauf cas particulier. Aussi elle tolère qu’une provision à hauteur de 50%

la première année soit pratiquée si les éléments de justificatifs sont valables. De plus, elle

indique que ce montant peut augmenter selon les circonstances propres à l’événement ou à

l’affaire. A ce moment les dirigeants des entreprises pratiquent des taux en fonction de chaque

type de situation des l’instant que la règlementation fiscale l’autorise (3 auditeurs). Cela amène

les entreprises ivoiriennes lors des opérations d’inventaire à gonfler le montant des provisions

pour voir diminuer leur résultat et limiter leur imposition lors de la déclaration du résultat. En

dehors de la technique par l’estimation des provisions, elles procèdent également à la réduction

du chiffre d’affaire pour réduire le bénéfice industriel et commercial (BIC). Plus les entreprises

réduisent le chiffre d’affaire, moins elles paient la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). On assiste

à une technique de manipulation par la TVA (1 responsable auprès des impôts). Il existe aussi

un procédé qui consiste à reclasser la nature d’une charge dans un compte passible d’imposition

comme « transport administratif » (2 responsables auprès des impôts). L’utilisation de la

variation des stocks est aussi un procédé stratégique pour gérer son stock afin d’obtenir un

résultat souhaité (2 auditeurs). Le tableau suivant expose une synthèse des techniques

identifiées par l’ensemble des contrôleurs des comptes en contexte ivoirien :

Tableau n°3 : Techniques de comptabilité d’intention selon les contrôleurs

TECHNIQUE(S) AUDITEURS FISC TOTAL %

Estimation des provisions 8 0 8 32

Augmentation des charges par le centre de décision 1 2 3 12

Reclasser la nature de la charge dans un compte passible

d'impôt 0 2 2 8

Etalement des prestations dans le temps 4 1 5 20

Système de facturation interne 3 0 3 12

Gérer son stock à partir de la variation des stocks 4 0 4 16

Source : enquête empirique

La plupart des répondants considèrent l’estimation des provisions comme l’une des techniques

majeures de comptabilité d’intention dans les entreprises ivoiriennes. Environ 20% indiquent

qu’elles étalent leurs prestations dans le temps en vu de modifier le résultat ou atteindre le

résultat souhaité. Moins de la moitié pensent que le système de facturation interne, le

reclassement de la nature des charges, l’estimer des charges à la hausse et la gestion des stocks

par la variation sont des procédés qui contribuent à améliorer le résultat.

Page 16: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

4.2.2 Les techniques repérées par les dirigeants, comptables et

contrôleurs de gestion

Nous présentons la carte cognitive de l’ensemble de ces acteurs dans le domaine de la gestion

des données comptables afin d’avoir un aperçu sur les techniques de comptabilité d’intention.

Carte cognitive des dirigeants, comptables et contrôleurs de gestion

12- Les opérations d’inventaire

offrent la possibilité de

modifier le résultat

11- Les charges constatées

d’avance sont ramenées à un

seul exercice comptable

10- Impacter le résultat ou le

chiffre d’affaires en faisant

en sorte de constater

d’avance les produits

9- Minimiser ou gonfler

le stock par la

variation de stock

8- Utilisation de la

durée et du taux

d’amortissement

à l’avantage de

l’entreprise 7- Reclasser les

petits

matériels en

charge

2- Utilisation

abusive des

frais

généraux

6- Gérer son

stock par une

augmentation

ou une

diminution

5- Provisionner

suffisamment

pour atterrir

sur le résultat

souhaité

13- Au niveau des

charges on passe

toutes les provisions

possibles quitte à les

justifier avec un bon

argumentaire

3- Les comptes

de gestion

servent à

modifier le

résultat

1- On

gonfle le

chiffre

d’affaires

pour

améliorer

le résultat

en fin

d’année

4- Comptabilisation

des factures N+1

en fin N

14- Jouer sur la

valorisation

des actifs

biologiques

16- Utilisation de la

date de mise en

service ou

d’acquisition

contribue à

améliorer le

résultat

15- Les comptes

« 603, 68, 63,

65 »

améliorent le

résultat

17- Les

régularisations

en fin N

servent à gérer

le résultat

21- Les amortissements des

biens acquis en leasing

20- Les opérations de crédit bail

engendrent une double

charge qui minore le résultat

22- Surévaluation des provisions

sur créances avec un bon

argumentaire

23- Ajuster le

résultat via des

comptes de

variation de

stock « 603 ou

703 ».

Page 17: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

Tout comme dans la carte cognitive des contrôleurs ou vérificateurs, nous observons sur celle

la présence des opérations d’inventaire comme socle de la pratique de comptabilité d’intention

(5 interviewés). Les entreprises ivoiriennes cherchent à surévaluer le montant des provisions

sur créances à constituer tout en se basant sur l’article 322 du CGI (2 interviewés). Ce résultat

obtenu en contexte ivoirien semble rejoindre celle de Hamza (2012) qui soulignent que les

entreprises tunisiennes gèrent leur résultat par une estimation des provisions. Au delà de

l’estimation des provisions, (2 interviewés) affirment que : « l’utilisation abusive de frais

généraux impactent le résultat ». En parcourant le plan comptable général des entreprises, il

n’existe pas une définition explicite de la rubrique « frais généraux ». Alors une entreprise

bénéficiant de ce type d’information pourrait mettre tous les montants anormaux dans ce

compte pour atteindre un résultat souhaité. Le deuxième recours évoqué par les acteurs dans le

domaine de la gestion des données comptables est lié au stock. En effet par le biais de la

variation des stocks, les entreprises ivoiriennes parviennent à gonfler ou minimiser la valeur du

stock (6 interviewés). Aussi, lors des inventaires ils soulignent que : « nous jouons sur les

quantités de stock, soit nous les augmentons, soit nous les diminuons en vue d’atteindre le

résultat souhaité fixé en début d’année par le centre de décision » (4 interviewés). Par contre,

ce procédé est également révélé dans les entreprises tunisiennes pour améliorer le résultat

produit (Hamza, 2012). Les techniques à partir des provisions, des stocks font partir des

procédés théoriques mis en œuvre par Stolowy (2009). Une astuce qui n’a pas été observé dans

les travaux empiriques de l’auteur en contexte tunisien est l’amortissement. L’article 288 du

CGI (page 44) stipule que la valeur des biens normalement amortissables peut être passée

directement en charge. Un dirigeant de PME nous confie que : « le reclassement des petits

matériels en charge nous permet d’améliorer notre résultat bien que ceux-ci soient de faible

valeur ». Fixé par le CGI, la durée et le taux d’amortissement sont des rubriques utilisées par

les entreprises ivoiriennes pour pratiquer la comptabilité d’intention. Elles estiment ces durées

et taux préalablement définis par la réglementation fiscale ne prend pas en compte leurs réalités

quotidiennes (8 interviewés). Le tableau suivant dresse un inventaire des techniques de

comptabilité d’intention révélés par les dirigeants, comptables et contrôleurs de gestion :

Page 18: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

Tableau n°4 : Techniques de comptabilité d’intention selon les dirigeants, comptables et

contrôleurs de gestion

TECHNIQUE(S) DIRIGEANTS COMPTABLES

CONTROLEURS

DE GESTION TOTAL %

Estimation des

provisions

sur créances 3 1 0 4 16 Gérer le stock à la

hausse ou à la baisse par les variations de

stock 3 1 0 4 16 Reclassement abusif

des petits matériels

en charge 3 2 0 5 20 Utiliser les durées et

taux d'amortissement selon le vécu

quotidien des

entreprises 2 2 1 5 20 Amortissement des

biens acquis

en leasing 0 0 1 1 4

Utilisation abusive

des frais généraux 0 0 1 1 4 Enregistrer les

charges constatées sur un seul exercice 1 1 1 3 12

Comptabilisation des factures N+1 en Fin N 1 1 0 2 8

Source : enquête empirique

20% des personnes interrogées estiment que la pratique de la comptabilité d’intention s’effectue

d’une part par le reclassement des petits matériels en charge et d’autre part par l’utilisation de

la durée de vie, du taux d’amortissement à leur avantage. Environ 16% d’entre eux sont

unanimes sur l’estimation des provisions sur créances et la gestion des stocks comme le

deuxième recours de la comptabilité d’intention. Quant à 12% ils cherchent à comptabiliser les

charges constatées d’avance en un seul d’exercice en contournant stratégiquement le principe

de spécialisation d’exercice.

Page 19: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

Conclusion

L’objectif de cet article est de comprendre les techniques de la pratique de comptabilité

d’intention. Pour y arriver, nous cherchons à savoir si la comptabilité d’intention existe bel et

bien en contexte ivoirien. Afin d’atteindre cet objectif, nous recourons à une approche

qualitative de type exploratoire. Précisément, en mobilisant un cadre cognitif car plus accentué

sur une recherche comportementale dans laquelle l’objet de ce papier est constitué, nous

utilisons les cartes cognitives pour se faire une idée des techniques utilisées en contexte ivoirien.

Deux catégories de résultats sont obtenues à l’issue des analyses. La première catégorie

concerne l’effectivité de la pratique de comptabilité d’intention. Cette pratique existe et nous la

démontrons à partir des critères comme les ajustements comptables effectuées par les

entreprises en fin d’année, les limitations ou réserves émis dans les rapports d’audit, les erreurs

ou omissions décelées par le fisc lors des contrôles inopinés. La seconde vague de résultat est

relatif aux techniques de comptabilité d’intention repérées grâce aux cartes cognitives des

vérificateurs des comptes (auditeurs et responsables des impôts), des dirigeants, comptables et

contrôleurs de gestion. Selon le point de vue des vérificateurs, pour pratiquer la comptabilité

d’intention, les entreprises ivoiriennes procèdent à une estimation des provisions sur créances,

à la gestion des stocks par la variation des stocks, par le reclassement de la nature des charges

dans les comptes passibles d’imposition. Pour les dirigeants, comptables et contrôleurs de

gestion la comptabilité d’intention s’effectue par une utilisation abusive des frais généraux, par

la comptabilisation des charges constatées d’avance en un seul exercice comptable.

La contribution de ce papier est double. Premièrement, ce travail de recherche s’inscrit dans un

débat scientifique, particulièrement celui de la qualité du contenu informatif des chiffres

comptables. Autrement dit, il construit son objet sur la problématique de la comptabilité

d’intention ou créative qui selon Stolowy et Breton (2003) fait l’objet de très peu de recherches

empiriques. La plupart des recherches sur cet axe se sont intéressés à identifier les motivations

du phénomène alors que Berland et al (2016) stipulent qu’il serait pertinent de comprendre les

mécanismes utilisés par les entreprises pour pratiquer la comptabilité d’intention ou créative.

Cette perspective aussi est énoncée par Ngantchou (2008) qui souligne qu’il est important de

dresser un inventaire des techniques de comptabilité d’intention en contexte africain. Notre

travail s’est donc inscrit dans cette perspective en vue de présenter les procédés de comptabilité

d’intention en contexte ivoirien. Aussi, les auteurs suggèrent l’adoption d’une méthodologie

accentuée sur le comportement des acteurs dans le domaine de la gestion des données

comptables. La seconde contribution réside dans l’approche qualitative de type exploratoire

utilisée pour cerner les procédés de comptabilité d’intention. De plus, pour résoudre la

problématique de ce papier, nous mobilisons une approche cognitive qui s’intéresse plus à

l’aspect comportemental des acteurs (Chabrak, 1999). Comme perspectives de recherches

futures, il serait intéressant d’identifier les manipulateurs. Aussi, de valider ces techniques

identifiées dans le cadre de ce travail de recherche par une approche quantitative. La prédiction

de la pratique de comptabilité d’intention en contexte ivoirien est également une piste de

recherche très importante.

Page 20: Les techniques de la pratique de comptabilité …catégories de techniques de gestion des résultats dans les entreprises tunisiennes. La première concerne les procédés issus des

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