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LesPoèmesdel’ArcanedesaintGrégoiredeNazianze

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PhilippeMolac

LesPoèmesdel’ArcanedesaintGrégoiredeNazianze

ARTÈGE

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l’introductiondu«premier» : l’inconnaissancedumystèredeDieu,quecesoitdelapartdesangesetafortioridelapartdeshommes.L’inclusionavecleverbeoi]da,àcetitre,lesouligne.

Deuxièmement, s’il est assez aisé de soutenir que ledeuxième poème soit dévolu au Fils, il est moins faciled’attribuer le « troisième» exclusivement à l’Esprit, tant nousverronsquebeaucoupdevers–etenparticulierceuxformantlaquatrièmegrandesection–sontconsacrésplusà ladéfensedel’unité de la Trinité. Certains pourraient objecter avec raison,que cette unité est le cœur de la mission de l’Esprit dans lemystère de laTrinité immanente pour reprendre des catégoriescontemporaines. Mais dès le premier poème, c’est bien cettecausequeGrégoiretientàdéfendre(vers25–39).

Troisièmement, les thèmes se lient avec une harmoniecertaine, contrant ainsi les principaux arguments ariens. Nousaimerons à préciser la reprise de tel mot ou telle expression,d’unpoèmeàl’autrepourrappelerlaforcedesargumentsetdesimagesutilisésparGrégoirepourfairetriompherl’orthodoxie.

Quatrièmement, l’arrière-fond biblique et liturgique tisseunetoileunificatrice,principalementaveclareprisedesvisionsthéophaniques deMoïse et d’Isaïe.ExplicitementmentionnéesenCarm. I, 1, 1, 19, elles affleurent tout au long de ce grandensemblepouréclatertelunpointd’orguemajestueuxdanslesderniersversdutroisièmepoème.

Cinquièmement, la dimension pédagogique du dévoilementdu mystère Trinitaire est, elle aussi, unifiante, avec ses deuxlignes théologiques paradoxales : l’inconnaissance absolue deDieu en lui-même et la connaissance asymptotique donnée àl’êtrehumainparlabienveillantegrâcedivinedanssonprojetderévélationparétapes.

Enfin,etcen’estpaslemoindreaspect,lesoubassementdecatéchèsemystagogiqueesttrèsprésentdanscestroispoèmes.

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Dans le fond, n’est-ce pas Grégoire qui nous donnerait laréponse ? Avons-nous eu raison de séparer en trois sectionsdistinctes,ceàquoiiln’avaitdonnéaucuntitre?Ilsepeutquedans le fil de l’explication, par commodité pédagogique, nousnous laissions, nous aussi, aller à un tel découpage. Nousinvitonscependantdésormaisàessayerdepenserl’unitédecestrois poèmes. À l’image dumystère que notre pasteur désiraitaimer, ces trois poèmes ne sont-ils pas finalement ledéploiement d’une seule grande contemplation mise en vers ?Les«petitesailes»de l’esthétiquegrecqueontpermisànotredidascale de faire « retentir sa voix », mettant sa parole auservice du Logos lui-même serviteur du rayonnement de laTrinité,uniquemajestédivine.Et simplementces troispoèmesunisenunseulensemble,neseraient-ilspaslerefletdansl’artpoétiquedumystèreTrinitairelui-même?

Cesprécisionsdonnées,entronsdanscequelestraducteursetcommentateursontappelélepremierpoème23etquiapparaîtavant tout comme un chant de louange à la Trinité24 et unavertissementsévère–ilestvrai–àceuxquineselaissentpassaisir par elle25. Après un exorde qui se veut un chant à lagrandeurdelaTrinité(vers1–5),Grégoireprécisequ’ilprêtesavoixàladéfensedecelle-ci(vers6–14a).Puisdansuntroisièmetemps avec crainte il introduit son auditeur dans une sorte depréparation intérieure (vers 14b 24), avant de déployer sathéologiedelabeautéTrinitaire(vers25–39).

LechantdelagrandeurdelaTrinité:vers1–5

Lescinqpremiersverssontdoncl’exordedupoèmevoulant

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montrerd’embléelefosséimmenseentrelafragilitédelanaturehumaineet lamajestédivine. Il s’agit,pour le lecteur,d’entrerdans une attitude de contemplation du mystère de Dieu. Nonseulement l’intellect humain, mais même les puissancesangéliquesnepeuventatteindrelaprofondeurdecemystère.Enquelques mots, l’essentiel est livré : par la puissance del’intellect, les créatures humaines et angéliques peuventapprocher chacune selon leur rang, la grandeur divine,mais ladifférence absolue entre le Créateur et les créatures doitdemeurersauve.

Deux images ouvrent ce premier chant, les effets de laversification accentuant la précision de celles-ci. La césureprincipale des deux premiers vers se situe après sc⊠divh⊠si[frêle esquif] et pteruvgessi [ailes], deux substantifs au datifpluriel.Leparallèleentrelesdeuxpremiersversestparailleurscomplétéparplovon[navigation]etoujrano;n[ciel]àl’accusatifsingulier.L’insistancemarquéedupremiermotOij'da,manifestele poids d’expérience que l’auteur veut dès le commencementdonneràcequ’ilcouchesurcesvers:enutilisantl’imaged’unenavigation redoutable, cela rappelle les récits du naufrage queGrégoire essuya entre Alexandrie et Aegine en 35526. Lafragilité de la nature humaine est ainsi rendue par ces deuximages:celledelanavigationredoutablesurdefrêlesesquifsetcellede lapetitessedesailes.Cependant l’empressementde laquêtedeDieuestrenduparlerejet,audébutdutroisièmevers,duverbespevudomen[nousnoushâtons].

D’emblée,lepoètetientàsoulignerladistanceconsidérablequi existe entre Dieu et sa créature. Le contraste déjà préciséentre les petites ailes et l’immensité du firmament étoilé, estrepris dans le troisième vers avec l’expression Qeo;t⊠tjajnafaivnein. Cette expression que l’on retrouve au vers 36

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notre théologien emploie qumo;" qui lui est beaucoup moinshabituel.Est-cepournoterunenuancededésiramoureux?Oupourdésignerquelquechosetelquelecœurprofond?Entoutcas,latraductionlàencoremériteattention.LelangageducœurestplutôtredoutéchezlesPèresCappadociens.L’idéedudésircorrespondraitassezàlalogiquedeceprologue,etrespecteraità la fois la dimension apophatique du début du poème, maisaussil’unionmystiquepossibledanslemystèredel’incarnation.

Cela vient confirmer notre hypothèse selon laquelle il yauraitbienuneunitédepenséeduvers14bauvers24,etqu’enarrière-plan Grégoire laisse deviner à son lecteur toute ladimension intérieure etméditative de cemystère. Cela justifiedonc à nos yeux, le nouveaudécoupageque nous proposons :14b-24.

LemystèredelaTrinité:vers25–3950

Ayant campé les raisons de son discours, et les personnescapables de le comprendre et d’y entrer, en quelques versGrégoiretientàprésentàdonnerunrésumédeslignesmajeuresdesathéologieTrinitaire.Uneapprocheseulementintellectuelleouesthétique risqueraitde réduire–mêmedans leur légitimitérespective– la force ici incluseetexprimée.C’est tout le fruitd’uneexpérienceetd’uncombatquiestlivré.Uncombatquiacommencé dès les études athéniennes, puis dans le temps desrecherchesmonastiques àAnnesi auprèsdeBasile.UncombatquiacontinuéauprèsdeGrégoire l’AncienàNazianzemême:pour la défense de l’orthodoxie Trinitaire, notre théologien apréféré renoncer à ses aspirations érémitiques pour guider lepeuple à lui confié, dans la voie de la vérité. Cette lutte estdevenue poignante à Constantinople où il eut à affronter les

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piresavanies:tentativesdelapidation,demeurtre,d’usurpation,et pour le moins railleries, quolibets… C’est en sa chair quedans la capitale de l’Empire il eut à montrer une sorte desacrifice existentiel. Ce court poème – en respectant donc lesdivisions que nous proposons – est un peu à lire comme unesorte de testament spirituel, en synopse avec son grand poèmeautobiographique51.

Laconstructiondecettedernièresectiondupoèmeestaiséeàmettreenvaleurpar lascansiondumotQevo".Unepremièrefoisauvers25audébutaveceij'",unedeuxième fois toujoursaveclemêmemotauvers29enfinaleetunetroisièmefoisseulau vers 35. Une triple répétition qui manifeste évidemment lemystère de l’Un en Trois et des Trois en Un. Dans saformulation équilibrée, Grégoire esquive ainsi le risque d’êtreaccusé de trithéisme, sans toutefois verser dans lemonarchianisme. Il semble que nous retrouvons ici uneprofessiondefoiaveccettetriplerépétitionpouvantrappelerlesliturgies baptismales52. Les commentaires qui tentent derapprocher cette expression eij'" qevo" de quelques lointainesparentés avec des auteurs de la Grèce classique, ne paraissentpasfinalementtrouverdeprofondepertinence.Ilestaucontrairebien certain que Grégoire affirme dans tous les lieux de saproduction littéraire, la spécificité pour lui indépassable de larévélationdeDieudans leChrist, et ainsi de la foi chrétienneaniméeausoufflede l’EspritSaint.Encesens, ilconviendraitde relier encore ces poèmes à la veine des catéchèsesmystagogiques.

L’innascibilitéduPère:vers25–29ab

Le vers 25 s’ouvre sur l’unité divine, avec trois épithètesprécisesdontlesdeuxpremièrescommencentparlepréfixea,la

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troisième periv. Ainsi la logique de l’apophatisme garde-t-elletoute sa saveur, %Anarco" pouvant être traduit par « sansprincipe », est très habituellement employé par les Pères pourdésigner la première hypostase Trinitaire. La même remarques’applique à jAnaivtio" [sans cause]53. Plus difficile est lamanièrede rendreoujperivgrapto" [cequiest sans limite,noncirconscrit]… Un autre emploi de ce même vocable dans leDiscours28, 22 peut nous aider à préciser le sens : «Pw'" ojnou'"kai;perivgrapto"kai;ajorivsto"[commentl’espritestàlafois limité et sans bornes54 ?] » Nous pouvons retrouver latension entre le spirituel et le matériel dans le nou'" humain.Donc Dieu ne peut être pensé qu’être spirituel, mais il estévident que dans cette « sphère » spirituelle, il estindescriptible ; il estmême impensabledepouvoir endessinerquelque contour – selon l’étymologie possible dumot –, noussommesbientoujoursdansladimensionapophatique55.

Le vers 26 est caractérisé par l’insistance sur la doublereprisedelanégationh%,avecunforcementdelaversification;le troisièmepiedest unanapeste.Lesvocables sont égalementrépartisdefaçonàformerunchiasme:adverbetemporel+verbeeijmi+adverbetemporel.LeseffetsdestyleaidentàconcevoirqueDieuestbienau-dessusdutemps.Certainscommentateursont relié cette ligne théologique à celle exprimée dans ledeuxièmepoèmedogmatique:«Pavthra%sarko"ejw'n[lePèreest sans chair] » (vers 37), soulignant que dans ces vers,GrégoireveutmarquerqueDieuestsanscorps[sm'ma].Orc’estconfondreunefoisencoredeuxvocablessavrxetsw'maquinesont pas interchangeables dans la pensée nazianzéenne – unedérivehabituelleettropfréquenteàlaquellenousavonstentéderemédierdansunprécédentouvrage56–etnousajoutonsquelecontexteantiariendecespoèmesnousinviteàcroirequ’ilfaut

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oujchJssovnmegavloioPatro;"gennhvmatiseptw'/toivhnrJivzane%cein.tw'/mh;Qeo;nei*rgeQeoi'o.oujga;rajpovproqiPatro;"e%gnw"Pavin.hJdjajgevnhto"fwnh;gevnnhsi"tePatro;"a%po,oujqeovthto"e%pletoei%deadissa;(tiv"e%plassen_),ajmfi;djejkeivnhnajmfovterjejktov"ejovnta,fuvsi"djajkevasto"e%moige.eijme;nde;gevnnhsine%ceiLovgo"ou%tePathvrtisarkov",a%sarko"ejwvnejpidevxetai(ou%potetovssonajnqrwpw'nnovo"ejsti;najtavsqalo"wJ"to;noh'sai),kai;QeovnUiJovne%cei",gennhvtoro"a%xioneujco".eijdjejpivhrafevrwnPatro;"megavlouqeovthtimayidivw",keneovntedevo"prapivdessicaravsswn,th;nme;najparnhvsaio,bavloi"djej"ktivsmataCristovn,

405Aajmfotevrwnqeovthtakatuvbrisa",wJkeneovfron,to;nme;nPaido;"a%mersa",o%djoujQeov",ei%perejtuvcqh.pa'nga;ro%mhvpotje%hn,luto;ntovde,kavntiQeoi'otoi'"megavloisilovgoisimevnh/,kai;e%mpedonei%h.tiv"de;lovgo",semevne%nqenajformhqevnta,fevriste,toi'"Cristou'paqevessiQeo;nmetevpeitagenevsqai,to;ndjuJpo;desma;fevrein,kai;so;nkaleveinoJmovdoulondoulosuvnh"geravessitimwvmenonajnti;Qeoi'o_ei%mine%teuxene%peitaQeo;"mevga"o%rganonejsqlo;n(calkeu;"wJ"rJaisth'raponhsamevno"dija^^maxan),w^^"kene%mjjjArcegovnoioQeou'ceiri;kteativssh/,wJdja%nkai;Cristoi'opevloiktivsi"oujranivoio

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qeovthto"ajpevxese,kai;mjejsavwsen,iJhth;rdusovdmoisinejpikuvya"paqevessin.h*nbrotov",ajlla;Qeov".Dabi;dgevno",ajlljAdavmoioplavsth".sarkofovro"mevn,ajta;rkai;swvmato"ejktov".mhtrov",parqenikh'"dev.perivgrafo",ajlljajmevtrhto".kai;favtnhmine%dekto,Mavgoi"devtevhJgemovneuenajsthvr,dwrofovroidja%re%ban,kai;gouvnatje%kamyan.wJ"broto;"h*lqjejpjajgw'na,uJpevrsceqedjwJ"ajdavmasto"

407Apeirasth;ntrissoi'sipalaivsmasin.eijdaruJpevsth,qrevyede;ciliavda",u^^dwrtjeij"oi*nona%meiye.louvsato,ajlljejkavqhrenaJmartavda",ajlljejbohvqhpneuvmatibrontaivh"fwnh'"u^^poUiJov"jAnavrcou:wJ"broto;"u^^pnone%dekto,kai;wJ"Qeov"eu%nasepovnton.gou'nakavmen,parevtoi"de;mevno"kai;gouvnatje%phxen.eu%xato.tiv"djejsavkouselitazomevnwnajmenhnw'n_h*nquvo",ajrciereu;"dev:quhpovlo",ajlla;Qeov"per.aijmjajnevqhkeQew'/,kovsmondjejkavqhrena%panta.kai;staurov"mina%eire,pavghdjh^^loisinaJmartav".ajlla;tivmoita;e^^kastalevgein_nekuvessinejmivcqh,e%rgetodjejknekuvwn,nekrou;"djajnevgeirepavroiqen.eijkeivnabrotevh"penivh",o^^deplou'to"ajsavrkou.mh;suvgetoi'"brotevoisinajtimavzeinqeovthta:keivnhde;cqonivhnmorfh;nejrikudevateu'cei,h%n,soivgjeujmenevwn,morfwvsatoa%fqito"UiJov".

LeFils,enpremierlecélébrerons-nousVénérantlesangquinouspurifiedenospassions,Pourcelaest-ilnécessairequ'unmortelviennesoutenirlespuissancescélestes,ContreunelanguerebelleàDieu,méchanteettuantlessiens.

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Rienn'étaitavantlePèreensamajesté.5Celuiquitienttoutenlui,distanceunissanteduPère,

EstengendréduPère,VerbeduDieumajestueux,Filsintemporel,Imagearchétypale,demêmenaturequeceluiquil'engendre.LagloireduPèrerésidedanscetillustreFils,Ilaresplendid'unefaçonconnueduPèreseuletqu'ilareçuedelui.

10Rienn'étaitprochedeladivinité,Aussiest-ilévidentpourtouslesmortelscommepourmoiQueriennepermetd'attribuermapropregénérationàladivinité,Oùiln'yaniécoulement,nicoupuredépravante.Simoijetransmetslavienonsanspassions(yétantenchaîné)

15Celuiquienestlibreestabsolumentsimpleetincorporel.Làoùlesnaturessontdistantes,leurdifférenceétonnerait-elledanslemodedegénération?Siletempsexistebienavantmoi,letempsn'estpasantérieurauverbe,[LePère]quil’engendreétantintemporel.SansprincipeétaitlePère,quin'arienperdudesadivinemajesté,

20LeFilsétaitalorsaveclePère,sonprinciped'éternité,Commelalumièreprendnaissancedelabeautédel'orbesolaire(mêmesitouteimageestendeçàdelamajestédivine);DepeurqueposantquelquechoseentrelePèreetleFils,Tousdeuxéternels,nousneséparionsleFilsroyalduPèreroyal.

25EnDieu,cequiestposéantécédence–telsletempsoula

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d’Eunome est Créateur de tout, et même du Fils, auquel ilcommunique sa puissance créatrice, sans le faire toutefoisparticiper à sa substance ; en cela le Fils est différent[ajnomovio"]duPère97.»

LanaturelibreetsimpledeDieu:vers14d-17

Laconjonctiondesubordinationeijauvers14dsemblebienmarquer ledébutd’unenouvelleséquence,néanmoins liéeà laprécédente.

Lesvers14d-16montrentladifférencefondamentaleentrelagénération humaine par laquelle Grégoire s’impliquepersonnellementdanslepoème,etlagénérationduFilsdeDieuau cœur du mystère Trinitaire. Les sonorités soulignent cettedifférence:concernantGrégoire,nousavonsuneallitérationen«gamma»;concernantleRédempteur,leson«pi»estpréféré.Le jeu des oppositions se trame autour du concept de«passion98».ChezlesCappadociens,c’estleconceptclefquimarque la division de l’être humain et sa complexité. Ladynamique de la vie spirituelle est fondée en ce point : pourretrouverl’imagedeDieu,l’êtrehumaindoit,souslamotiondel’EspritSaint,sedébarrasserdespassions,afinquelesemblablepuisse être uni au semblable, dans un réemploi platonicien99.L’adjectifajpaqh;"poséencontrethèse–«Moiquinesuispassanspassion»–estaussil’undesaxesmajeursdelathéologieTrinitaire deGrégoire (et de l’ensemble des Pères) : Dieu parnatureestimpassible.Lesubstantifdetov"[enchaîné]sembleunhapax nazianzéen et patristique100. De nouveau se pose unequestionquantàlatraduction,dérivantdedevwilestpréférabledechoisiriciunenuanced’enchaînementplusquedelimite.Lajustificationdecechoixrésidepremièrementdans lespremiers

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versdupoème,versquipointentimmédiatementsurlesangduFilsquisauvedespassions;etdeuxièmementdanslejugementthéologiquedesvers47–50où lemêmechampsémantiquedespassionsseretrouveetoùilestquestionduChristquilibèredeschaînes.Iln’estpasplusfacilederendregenevtwr.Lasolutionpar nous proposée : « Si je transmets la vie », ouvreincontestablementledébatconcernantlamanièreenlaquellelepéchéestvéhiculédansl’espècehumaine.Néanmoinsilnefautpas sous-estimer la réflexion de notre didascale sur ce point.Dansunautrepoèmeilécritbien:«Etlemalheurvintàcausede la chair dissolue de nos premiers parents qui ont engendrél’instabilité perpétrant la génération, ayant annulé lavirginité101.»Ilsemblequecesderniersverspeuventéclairerlesraisons de notre proposition, sans toutefois projeter troprapidementlesdéveloppementsaugustinienssurlemêmeterrain.Ceseraitsansdoutealorsfairefausseroute.

Par contraste la liberté duFils estmarquée par deuxmotscommençant par l’alpha privatif : a%phkto" [simple] etajswvmato" [incorporel]102. Si le second est d’usage assezcourant, le premier est beaucoup plus rare103. L’adverbepavmpan vient amplifier l’idée de la grandeur infinie du Filséternel.UnepremièreoppositionradicaleentrelesêtreshumainsetleFilsdeDieurésidedoncdanslaquestiondelalibertéetdurapportauxpassions.

Grégoire introduit dans les vers suivants (16d-17)l’improportionnalitéentreDieuetl’êtrehumainauregarddelanature.Laportéeduversestmiseenvaleurpar laparonomaseentre fuvsei" etgennhvsie",où la formeépiquepermetdebienconduirelaversification.Ilestcertainqueladistanceunissanteentre le Père et le Fils (vers 6), parce qu’ils sont de mêmeessence,nevautabsolumentpasentreDieuetl’êtrehumaindont

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les « natures » sont radicalement différentes. De plus, il fautremarquer la finesse de l’auteur qui tout à la fois pose uneinterrogationetclôtunesection,laissantaulecteurlapossibilitéde poursuivre la réflexion sur le mystère de la natureincompréhensible de Dieu. Une manière directe de combattrel’undesargumentsd’Eunome.Grégoirelaisseunequestionsansréponsecartelleestlaquêtedel’êtrehumainvis-à-visdeDieu,montrant par-là l’impossible prétention de son adversaire àvouloir circonscrire parfaitement la nature de Dieu par lelangagedelaraisonhumaine.CettesimplequestiondeGrégoirene garde-t-elle pas toute sa pertinence dans le débat trèscontemporainentrefoietraison104?

«CommeDieuestgrandensapaternité!»:vers18–28d

Unenouvelle sectionparaît s’ouvrirduvers18auvers28.La conjonction de subordination eij demeurant le repèremajeur:audébutduvers18etaucinquièmepied(parfaitselonlesrèglesdel’hexamètredactylique)duvers28.

Lesvers18et19(jusqu’aucinquièmepied)introduisentlaproblématique de cette section : la dialectique entre temps etintemporalité. Celle-ci est d’emblée illustrée par la reprise dumotcrovno"[temps]audébutdecesdeuxmêmesvers.LafinaleenoiotantsurlepronompersonneldelapremièrepersonnequedusubstantifLovgo"permetdemarquer la tensionausujetdutempsentrel’êtrehumain«ramené»icicommeauvers14àlapersonne de Grégoire, et le Verbe de Dieu. Cette tension estappuyée au vers 19 par l’antithèse expressive : crovno" /a%crono". De plus, l’adjectif comparatif paroivtero" estparticulièrementmisenévidence105.Lanote102nousapermisun rapprochement avec le premier Discours christologique(Discours 29, 8). Il semble en fait, que tout au long de ce

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deuxautres références, c’est l’argument sotériologiquequi sertd’appui pour ces belles illustrations. Pour cela la techniquemaîtrisée de la languegrecque permet à notre rhéteur de jouersurles«petits»motsetparleursubtilbalancementdedévoilerlelienintrinsèqueentrelanaturehumaineetlanaturedivineduChrist.

L’accroche:vers60–61

L’accrocheaveclapartieprécédentesefaitparlareprisedumotqeovthto"etde laparticulega;rqu’il faut traduiredanscecontexteavecunecertaineforce.Lenon interjectifsembleêtreune bonne façon de rendre cette nuance et d’être fidèle à larhétorique de l’œuvre. Nous retrouvons aussi à cet endroit lamentiondessouffrances :paqevessin.LadivinitéduChristestsoulignéeparl’imagedumédecin:ijhth;r144,imagemaintesfoisemployéepar lesPères.La fragilité et labassessede lanaturehumaine sont exprimées avec un certain réalisme cru :dusovdmo" [fétide].La longueurdesvoyelles, l’allitérationdesdatifs pluriels, accentuent cette sensation de pesanteur et dedéchéanceconcernantl’êtrehumainlivréàsespassions.

Lemystèredel’incarnationenuneextrêmeconcision:vers62–64

Après cette accroche, en quatre mots, l’ouverture de lalitanieestposée.Lareprisedel’imparfaitduverbeêtre(vers5)surprend dans la mesure où il a comme attribut cette foisbroto;⊠quidésigne l’êtrehumaindanssadimensionmortelle.Cemêmevocableestencoreprésenttroisfoisjusqu’auvers80,cequinouspermetdepenserqu’ilexistebienuneunitéduvers62jusqu’àlafindupoème.L’asyndètedansh*nbrotov",ajlla;

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Qeov" permet de mieux frapper la force de cette édiction. Laconjonction de coordination adversative ajlla; retentitpleinementpourcrierlenomde«Dieu».Àpartirdecettetoiledefondsedéclinentàprésenttouslesélémentsdelatapisserie,composésselonunelitaniedetitresantinomiques.

Dans un premier temps, quatre courtes phrases disentl’essentiel.

En premier lieu l’insertion humaine duChrist est appuyéeparlamentiondavidique,toutenrappelantqu’ilestceluiquiafaçonné [plavsth"145] lepremierhomme :Adam.Enprenant lafiguredugrand roid’Israël,Grégoireplace leSauveurdans safiliation historique et géographique, mais semble aussi redireque la dimension royale de la terre est pour lui reflet de ladimension divine (vers 25146); c’est reprendre ce qui a été ditplushautsurlerôleduChristdansl’œuvredelacréation.

En deuxième lieu la dimension charnelle du Christ estexprimée à l’aide d’un chiasme où deux mots forts del’anthropologienazianzéennese retrouvent : chair et corps.Eninsérantletermesarkofovro",c’estprincipalementàlatraditionalexandrine que notre poète se réfère, avec fort probablementunepiquecontrelesApollinaristes.L’allitérationdesfinalesen«os » accentue l’importance de cette phrase, courte, dense etprécise. Contrairement au vers 55, c’est la chair que leChrists’estappropriée,bienqu’étantDieu,ilsoitexemptparnaturedetoute pesanteur corporelle. Aussi dans la traduction proposéeavons-nousdélibérémentchoisidemettre :«Ils’est incarné»,pourmarquerladifférenceaveclevers55etcertainementparceque cette expression respecte à cet endroit la logiquefondamentaledenotreorateur.

En troisième lieu, leparadoxede lanaissancevirginaleestaffirmé, avecune extrêmepudeur147 : simplement les vocables

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demèreetdevierge,opposésparlasimpleparticulede;.Enquatrièmeetdernier lieude ces courts apophtegmes, le

Christ est à la fois celui qui se rend visible et accepted’embrasser une limite [perivgrafo"], tout en demeurant le nonmesurable.Nousretrouvonslà,ladimensionapophatiquechèreànotrethéologien.

Inséré dans une race, mais Créateur de la race humaine ;incarné,mais aussi incorporel ; né d’unemère vierge et enfindevenu visible lui l’au-delà de tout. Ne sentons-nous pas engerme dans ces quelques vers extrêmement brefs, maispercutants, les éléments qui bientôt structureront la théologieChalcédonienne?

LesmystèresdelavieduChrist:vers65–79

Le poème suit maintenant de plus près la « fresque » duDiscours 29, 19–20. Ces mystères de la vie du Christ sont :l’adoration des Mages, le combat contre le Tentateur, lamultiplication des pains, les noces de Cana, ce qui semblecomposer un premier groupe (vers 65–69). Puis la théophaniebaptismale, suivie de la tempête apaisée, de la guérison duparalytique,donnantundeuxièmegroupe(vers70–74).EnfinlemystèredelaPassion,delacroixetdelarésurrectionformeuntroisième groupe (75–79). Entre ces trois groupes, un parfaitéquilibredecinqverspourchacund’eux.

LamentiondelacrècheetdelavisitedesMagesestrenduepardesmotsetdesexpressionssimilairesàcellesduDiscours29148. La versification est très classique, simplement ajsthvrplacé en rejet et en début de vers 66 permet de mettre enévidencelethèmedelalumière.Sansdoutelescontraintesdelapoésie ne permettaient pas de reprendre le verbe de laproskynèse, présent dans le discours, et de préférer ici une

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131.C’estcertainementunprincipeplatonicienetaristotélicien,mais Grégoire le réceptionne-t-il dans une absolue fidélité ?C’estmoinssûrCf.Discours7,21:«Jecroisàcesparolesdessages disant que toute âme si elle est belle et aimée deDieu,après avoir étédélivréeducorpsauquel elle était liée et s’êtreéloignée d’ici, en accédant aussitôt à la perception et à lacontemplationdubienqui l’attend[…]etpeude tempsaprès,elle reprend la chair, sa parente, avec qui elleméditait sur leschosesdelà-bas,dondelaterrequil’avaitdonnéeetàquielleavaitétéconfiée,d’unefaçonqueconnaîtleDieuquilesunitetqui lessépara,etelle luifaitpartager l’héritagedelagloiredelà-bas », in SC n° 405, p. 235. Ce passage pour le moinsdifficile à interpréter, montre certainement que la chairressuscitéeestdivinisée.132.GrégoirefaitsansdouteréférenceiciàJn14,2.133.Cf.H.ALFEYEV,op.cit.,p.279–285.134.Cf.supra,p.56.135.C’estaussiparcemêmeraisonnementqueGrégoireconclutson discours sur la divinité de l’Esprit Saint : « En effet, sil’Espritnedoitpasêtreadoré,commentmedivinise-t-ilpar lebaptême ? » Discours 31, 28 ; SC n° 250, p. 333. C’estcertainementiciuntrèsbeaupassagequilieéconomieTrinitaireet économie sacramentelle autour de la personne de l’EspritSaint. Cela mériterait d’être plus développé dans certainescatéchèsesetprédicationscontemporaines.136. Nous préférons utiliser néanmoins dans la traduction« créer » pour teuvcw. Cela correspond davantage à l’emploidans la théologie arienne, et nous harmonisons aussi avecl’emploiduvers44.Nousverronsà la findupoème (vers82)quepourlemêmeverbegrec,cettefoisilfaudratrouverunautrevocablefrançais.137.Deplus,levers52commencepardeuxspondées,illustrant

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lapesanteurdecette«fabrication».138. Encore le même procédé de versification qui met le mot«Dieu»envaleur.139. Ce vocable se retrouve assez fréquemment dans lescosmogoniesgnostiques.140.Cettedimensionessentielledelamiséricordemanqueassezsouvent ou n’est pas suffisamment développée dans certainesapproches, axées il est vrai sur d’autres épistémologies.Cf. F.TRISOGLIO,LasalvezzainGregoriodiNazianzo,Borla,Rome,2002.141. Saint ATHANASE D’ALEXANDRIE, Sur l’incarnation duVerbe, 34–35.SC n° 199, p. 385–391.Ce passage estmarquépar une « paraphrase » du quatrième poème du Serviteursouffrant (Is 52,13–53,12). Considérer aussi la finale del’œuvre:§54;Ibid.p.457–461:«Etilasupportélui-mêmeles outrages des hommes, pour que nous ayons part àl’incorruptibilité [ajfqarsiva]. » Ce mot d’incorruptibilité seretrouve sous sa forme adjectivale à la fin de ce poème deGrégoire,cf.vers83.142.Discours29,19–21.SourcesChrétiennesn°250,p.217–223.143.Discours38,15–18.SourcesChrétiennesn°358,p.139–149.144. Le mot est absent du dictionnaire de LAMPE, sous cetteforme archaïque. Il est effectivement plus courant de trouverijatrov",cf.p.662.IlesthabitueldetrouverchezlesPèresune« attractionmodale » de la figure du Christ sur celle du BonSamaritain. Cela semble sous-entendu ici, mais c’est expliciteenDiscours29,20:«IlsauveceluiquidescendaitdeJérusalemet qui était tombé aux mains des brigands », SourcesChrétiennesn°250,p.221.145.Enutilisantcevocable,Grégoirerenvoiedavantageaurécit

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deGn2,4–9.146. Pour la figure de David chez Grégoire et la dimensiond’humilité qu’elle recouvre, cf. PH. MOLAC, Douleur etTransfiguration,op.cit.,p.243–245.147. Plus encore que dans leDiscours 29 : « ejk gunaiko;"mevn,ajlla;kai;parqevnou».Discours29,19.Ibid,p.218.148.Ibid,p.218.149. ORIGÈNE,Commentaire sur Saint Jean Chrysostome, 1.SC n° 157, p. 382–383. Il s’agit bien dumême terme ajgwvnpourdésignerlecombat.150.Cf.Discours38,12,op.cit.,p.129.PourlestentationsetladémonologiedeGrégoire,cf.F.TRISOGLIO,op.cit.,p.181–190.151.Cf.Discours39,13,Ibid.p.179.152.Icil’expressionestlamêmequ’auDiscours29,20.153. A. GANOCZY, La Trinité créatrice, n° 233, Cerf, Paris,2003,p.52.154.Cf.SCn°250,p.333.155. Grégoire fait certainement référence à l’épisode de laguérisonendeuxtemps(Mt9,1–9;Mc2,1–12;Lc5,17–26):d’abord la rémission des péchés, ensuite le redressementphysique des genoux. Nous sommes bien toujours ici dans leregistreducombatspirituel.156.LeverbeutiliséparGrégoireesteijsakouvw.Noustenonsàgarderlesenspremierde«prêterl’oreille»,plutôtquedesuivrela traduction latine « d’exaucer », qui rend moins compte decettedimensiondecompassionduSeigneur.157. Cf. la cinquième préface du temps pascal dans lemisselromain:«Ilestàluiseull’autel,leprêtreetlavictime.»158. Il ne faudrait pas ici faire une lecture inappropriée d’unequelconque rançon ; lecture contre laquelleGrégoire lui-mêmes’élève, cf.Discours 45, 22.PGXXXVI, col. 653.Cf. sur ce

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musicale : Tout-Puissant [A] –Multiples dons (B) –Musique(C)–Donde lavie (B’)–Assis surun trône (A’).}Umnhma,terme tout aussi rare, est difficile à rendre. Nous sentonsl’arrière-fond liturgique qui sous-tend ce poème : les angeschantent la louange de Dieu et nous participons par lacélébrationdessaintsmystèresàcetteliturgiecéleste177.L’idéeselon laquelle le Saint-Esprit est le chorège des anges trouveprincipalement sa source chez saint Irénée178, lui-mêmereprenant des textes importants du Premier Testament et de lalittératurejudéo-chrétienne.

Lesvers7–9posentlaspécificitédelatroisièmehypostasetrinitaire. L’allitération en « on » au vers 7 met plusparticulièrement en relief le mot Qei'on rappelant une foisencoreladivinitédel’Espritquiestànouveauexpriméeauvers9, avec la reprise du terme ⊠eovqhto". Au vers 8, Grégoirereprendlethèmedel’identitéd’essenceentrelePèreetleFils.Lacaractéristiquefondamentalesurlaquellenotrepoèteachèvecettepremièresectionestcelledelamêmegloiredontresplenditl’Esprit au même titre que le Père et le Fils : rappel ici dusymbole promulgué au concile de Constantinople. Finalementl’unitédelaTrinité,loind’êtrecontraireàlapluralité,constitueune synergie ontologique de l’être dynamique des personneschacune l’une par rapport à l’autre, et l’une avec l’autre. Ladifférencedestroismissionsnerelèvepasdel’idéequelestroisagents se complètent mutuellement faute de perfection dansl’activité de chacune des hypostases prises séparément. Aucontraire l’union des trois trouve son fondement dans leurvolontélibred’êtreencommunion,dansleuramourréciproque.

Lapédagogiedel’Arcane:vers10–43

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Commence ici une section qui justifie pleinement le nomdonné : poèmes de l’Arcane. Notre orateur tente d’expliqueravecquellemesureetquellesagessel’Espritprocèdepourfaireentrer ceux qui sont emplis de son feu dans l’intimité de lamajestédivine.

Lesconditionsdelavisionmystique:vers10–14

Dansunpremiertempsnotrepasteurrépondàuneobjectionfondamentaledeseunomiensquiaffirmaientquenullepartdansl’AncienTestamentn’étaitexplicitementévoquée ladivinitédel’Esprit. La première condition posée dans ces vers estd’invoquerleSaint-Espritlui-même.Celui-ciouvretouteclartéauxcœurspurs.L’expression:«LestablesdelaLoidivinementinspirées»rappellelecaractèreinspirédesÉcrituresjuives(cf.2Tm3,16).Laconstructionduvers11permetdemartelerquel’Esprit estbienDieu : l’Esprit céleste (génitif)+deuxverbes(lepremieràl’infinitif,lesecondauprésentdel’indicatif)+ladivinité[qeovthta]miseenfindevers.Levers12jouesurunenouvelleallitérationen«as»,etenposantcommepremiermotl’adjectifde lapluralité et enderniermotceluide la synergie,Grégoire veut indiquer que tout converge implicitement pouraffirmerdansl’AncienTestamentladivinitéencorevoiléemaistrès présente de l’Esprit.La compositionde ces quatre vers secentreenfaitsurleverbeo[yetaiàinterpréterdanslesensdelavisionintérieure.Visionqualifiéedepénétranteauverssuivant,avec l’adjectif ojxuv"179, renvoyant par paronomase au verbeo[yetai.L’expressiondes tablesde laLoinousalertaitdéjàsurlatypologieduSinaïetdelaTransfiguration,cœurmystiquedelaviecathartique.Ils’agiticidelavisiondefoi,nepouvantêtrereçue que dans l’Esprit Saint. Pour Grégoire, Il est nonseulement l’agent de la communion entre les personnes de La

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Trinité mais aussi le vecteur de divinisation pour l’êtrehumain180.

Appelaudévoilementmystagogique:vers15–23

Le désir de la connaissance de Dieu doit conduire à lasagesseetàl’humilité181.Danslesvers15–16,leverbepoqevwrevient à deux reprises : dans le premier cas encadré par la«parolefacile»etdanslesecondpar«unraisonnementavisé».Ladivinitéestqualifiéed’uneépithèteassezrarelorsqu’ils’agitdespersonnes:ejrannh'".

Sont reprises en quelques vers (16b-23), toutes lesargumentationsd’unplus longdéveloppementauDiscours 31,6182.Lafinaleduvers17surlemotfaneivsh"rimeaveclafinaledu vers 23 calevyh/". Dans toute cette section, Grégoire estattentif à reprendre la dimension de pédagogie : la lumièredivinedansleresplendissementdelaTriniténepeutapparaîtrequetrèsprogressivement.Troisclefsdediscernementprécèdentuneinterrogationsuivied’uneréponse.Undiscernementd’ordrethéologique dans le dévoilement progressif de la révélationTrinitaire, un discernement de conduite spirituelle consistant àne pas surcharger les épaules fragiles, un discernementsacramentel permettant l'écoute bienveillante etl'accompagnement des catéchumènes. La sollicitude pour lescharges trop lourdes à porter a[cqo" semble emprunter à Jn16,12:«J’aiencorebiendeschosesàvousdire,maisvousnepouvezlesportermaintenant183.»Quantautermeajrcomevno"désigne-t-il selon la tradition des débuts du christianisme lescatéchumènes?NousserionstentésdelepenserdanslamesureoùnousverronsplusloinlelienintrinsèquequeGrégoireposeentrel’EspritSaintetlebaptême.Entrelestroisdiscernements

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«oi»oulavoyelle«i»,detouslesmotsservantàsignifierlabeautédelasainteÉcriture,avecaussiunrejetaudébutduvers56duvocableajndravsin.Unemanièrepournotredidascalederappeler subrepticement la forcede l’inspirationde l’Esprit aucœur desÉcritures ? Lemot qeivoforo" n’est utilisé que deuxfois dans toute la littérature patristique, et uniquement parGrégoire,icietaupoèmesuivantsurlacosmologie(cf.Carm.I,1, 4, 94208). L’importance de l’Écriture est particulièrementsoulignée : paroles divines, paroles inspirées par Dieu auxhommesparlesouffledel’Esprit.

Danslaquestiondelasecondaritédesdeuxhypostasesparrapport à celle du Père, il est vraisemblable que sur ce point,Grégoire tienne à clarifier un vocabulaire, qui pouvait chezcertainsdesesprédécesseursporterleflancàuneinterprétationsubordinatianiste.Ferait-iliciréférenceàlapropositiondesaintJustin selon lequel « Jésus-Christ […] en qui nous voyons levrai Fils de Dieu et que nous mettons au second rang et, entroisièmeplace,l’Espritprophétique209»?Justinemploiebienl’adjectifdeuteros pour désigner le Fils. À la suite de Justin,d’autres Pères ont repris cette image jetant plus de confusionque de précision dans la vérité de la révélation Trinitaire. Cesont ces déviances queGrégoire tient à rectifier en demandantune saine interprétation de l’Écriture à partir du prisme de lasagesse.

L’attributdelasagesseparaîtnonseulementhypostasiédansla tradition biblique sapientielle que Grégoire utilise assezfréquemment dans ses œuvres, mais il est accompagné d’unadjectiftrèsrare:baqukovlpo",vocabletrèsanciendelalanguegrecque,puisquedansl’Illiade210ildésignelamanièredontlesfemmes troyennes portaient des robes qui, retombant sur laceinture,formaientainsidesplisprofonds.Puiscetadjectifest

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venu à désigner des femmes aux seins abondants. Enfin uneanalogie fut posée avec la nature pour parler de sillons ou devallons profonds211. Pour la traduction nous avons opté pour« insondable ».Certainement faut-il aussi rapprocher les deuxemploisdelovgo"(vers55etvers57),d’autantplusquelemotse trouve dans chaque vers dans une parfaite isorythmie : lapremière syllabe brève finit le troisième pied, et la secondesyllabe longueouvre le quatrième212. Il paraît logique que cesparoles de la sagesse viennent faire écho aux paroles divines,nous sentons combien le texte de Pr 8,22–38 est présent enfiligrane chez notre prédicateur213. Quelle est donc cettesagesse?L’insistancesurcettefigureéminemmentfémininenepermet pas deposer un rapport d’identité avec leFils, rapportpourtant traditionnel chez la plupart desPères. Suggérons queGrégoirepréfèreresterprochedel’Écritureelle-même,reprenantlaleçond’unattributdivin,oudecequenouspourrionspenserenfiligranecomme«énergie»divine.Neserait-cepaslàencoreameneravecunegrandefinesseladimensionapophatiquedeladécouverte mystagogique de Dieu ? L’adjectif baqukovlopo"d’essence très féminine ne vient-il pas aussi rappeler combienGrégoire aime montrer que l’Écriture est la matrice de la viespirituelle pour le croyant ? Oserions-nous dire, au risque deforcer le trait, que la pédagogie divine se révéleraitessentiellementféminine?

Cetappelàlasagesse214permetalorsdeconfesserl’unicitédivine et l’ineptie des propos conduisant à une quelconquedivision.Lesvers58–59sontconstruitsenparallèle:

A=uneseulesourceintemporelleA’=uneseulepuissanceB=neséparepasladivinitéB’=passelonlapluralité.

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L’insistancedel’unitéqualifiantrJiza(dontnouspréféronsla traduction « source » à celle de « racine »), pourraits’entendre du Père, qui de fait est la source intemporelle215.Danscecas,l’identitésagesse/Filsretrouveraitsapertinence.IlsemblepourtantplusplausiblequeGrégoireattribue ici le faitd’êtrehorsdutempsàlaTrinitédanssonensemble.Enfinaledece premier temps, et pour appuyer sa démonstration, Grégoireutiliselemotpoluvsepto",luiaussirare216.Latraductionenestd’ailleursassezdifficile.Leretourdeladeuxièmepersonnedusingulier au présent du subjonctif e[ch/" fait revenir « surscène » le contradicteur de Grégoire, annonçant un nouveaurebondissementdel’argumentation.

L’insuffisancedesanalogies:vers60–70

Cette partie est encadrée par deux professions de foi (vers60etvers69);levers70alamêmeraisonrhétoriquequelevers59 : emploi de la deuxième personne du singulier pour fairerebondirlepoèmeversuneautreétape.

En premier lieu est exposée avec une simplicité radicalel’union Trinitaire, selon un parallèle combiné d’un chiasmeparfaitdanslastructureduversmême:

ejkmonavdo"Triav"ejstikai;ejkTriavdo"mona;"auj'qi"Peut-onfaireplusconcispourexprimerlecœurdumystère

delaFoi?Peut-êtrelatraductionauraitpréféréchoisirleverbe« venir » pour esti. Cependant nous aurions affaibli la forced’une telle assertion, et la profondeur de ce que Grégoire217tientàsignifier.

Suivent quatre analogies, dont deux se retrouvent dans leDiscours31218:celledufleuveetcelledurayondesoleilsurlemur. Mais à la différence du Discours, notre poète introduit

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indistinct»;alorsqu’ici leverbeuJpostrevfwàlabaseentendl’idéede«setenirenretrait».191.Cettepuissancederésurrectionestparfaitementrendueparl’utilisation du verbe ajllovmai, ici l’aoriste indicatif sous uneformeapocopée,rendantainsiplusfracassantelamentiondelarésurrection.192.CLÉMENTD’ALEXANDRIE,Stromates7,6,PGIX,449B.193.D.A.SYKES,op.cit.,p.125.194. GRÉGOIRE DE NAZIANZE, Discours 40, 36, SourcesChrétiennesn°358,p.281.283.195. T. SPIDLIK,Grégoire de Nazianze, Orientalia CristianaAnalecta n° 189, Rome, 1971, p. 138–139 ; F. GAUTIER, Laretraite et le sacerdoce chez Grégoire de Nazianze, Brepols,Turnhout,2002,p.175–188.196.Cf.suprap.26.197.S.BERGMANN,Geist, derNatur befreit, die trinitarischeKosmologie Gregors von Nazianz im Horizont einerökologischen Theologie der Befreiung, Grünewald, Mainz,1995,p.163–164.198. GRÉGOIRE DE NAZIANZE, Discours 31, 11 ; SourcesChrétiennes n° 250, p. 294.296 ; cf. aussiDiscours 39, 12 ;SourcesChrétiennesn°358,p.176.199.DanslaLXX,quecesoitGn2,8–25ouGn4,25,àchaquefoisqu’ilestquestionde«femme»,l’auteuraemployéguvnh.200.Cf.LAMPE,op.cit.,tome2,col.961a.201. Ce verbe est souvent utilisé par Grégoire, en particulierdans lequatrièmepoèmedogmatiqueconsacré justementàuneréflexionsurl’univers.IsotopiecontextuelledanslamesureoùenCarm. I,1,4,16,notrepoèteparlede l’œuvreduCréateur.Certainement est-ce une annonce voilée de sa méditationsuivante.202.«Ilfaitdanserlesmondes,lesastres,lessaisons.»Hymne

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extraited’unchoraldelaPassionselonsaintJeandeJ.S.BACH,parolesdeJ.TOURNIER.203. Grégoire a déjà marqué son auditoire par la litanie desnoms du baptême enDiscours40, 4 ; SourcesChrétiennes n°358, p. 202. Dans ce passage il dit : « Bain de la nouvellenaissance»[loutro;npaliggenesiva"].204.GRÉGOIREDENAZIANZE,LeDitdesavie,vers162–165,éditionsAdSolem,Genève,1995,p.54.205. Dans son commentaire Sykes propose une possibleréminiscence de 2P 1,19 où est écrite l’expression : fwsfovro"ajnateivlh/ ejvn tai'" kardivai" uJmw'n. Cf. SYKES, op. cit., p.129. Mais il semble ne pas considérer comme absolumentprobant cet emprunt. Nous en sommes plus persuadés ! Cettecitationde2P1,19sesitueenclôturedurappeldutémoignagede la Transfiguration du Seigneur : 2 P 1,16–18. Ce seraitétonnant qu’il n’y ait là qu’une simple coïncidence devocabulaire,quandonconnaîtl’importancemajeurequejouecerécitdelaTransfigurationdanslathéologieduNazianzène!206.LapersonnedePaul,enparticulierdanssondéploiementmissionnaire est très tôtprésentedans lesœuvresdeGrégoire,cf.Discours2,52–56;SourcesChrétiennesn°247,Cerf,Paris,1978, p. 161–167. Le portrait dressé dans ces quelques pagess’achève ainsi : « … il avait procuré l’accomplissement del’Évangile,mêmesipar ravissement ilavaitatteint le troisièmeciel,mêmes’ilavaitvu leparadis,mêmes’ilavaitentendudesparolesquinenousontpasétérévélées;cela,c’estPauletc’esttouthommequiestparl’Espritàsaressemblance.»207. GRÉGOIRE DE NAZIANZE, Discours 29, 14 ; SourcesChrétiennesn°250,p.206–207.Grégoireutiliseicilesuperlatifajnisovthto", pour souligner l’erreur de son adversaire dans lerapportdel’unitédesubstanceentrelePèreetleFils.Ilsembledonc que nous soyons dans une isotopie théologique entre ce

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passageetceluidenotrepoème.208. La rareté du mot entraîne de devoir prendre une optionpour la traduction.Littéralement il s’agirait de paroles portéespar Dieu aux hommes, dans le contexte nous proposons :«ParolesinspiréesparDieu.»209.JUSTINDEROME,Grandeapologie,13,3;PGVI,348A.LeFilsestausecondrang(cwvra)etl’Espritàlatroisièmeplace(tavxei).210.Cf.HOMÈRE,Iliade,18,122;BellesLettres,Paris,1938,tomeIII,p.171.211. BAILLY, op. cit., p. 341. Le mot ne figure pas dans ledictionnairedeLAMPE.212. Un certain nombre de manuscrits dont le Coislin, ontretenu la leçon de la similitude du cas en mettant au vers 57logovi".213.Ilfautcomprendrecetteréminiscencedanssonensemble:à la fois la contemplation de la sagesse dans sa vocation derelationavecleCréateur:Pr8,22–31,etlanécessitépourl’êtrehumaindefaireappelàellepourentrerdanslacompréhensiondesmerveillesdeDieu:Pr8,32–36.Noussommesavecceversdans un univers très semblable à celui du rédacteur de cechapitredesProverbes.214. T. SPIDLIK, op. cit., p. 133. L’auteur rappelle là que laquêtedelasagesse–êtrephilosophe–étaitledegrésuprêmedela vie spirituelle chezGrégoire et plus généralement les PèresGrecs.215.L’intemporalitéestsoulignéeparl’effetdeparonomasesurl’adjectifetleverbecommençanttousdeuxparanar.216.Cf.LAMPE,op.cit.,tome2,p.1118.L’autreemploidonnéparLampeest celuid’EUDOCIAAUGUSTA dans sonpoème surCyprien1,296.Cf.PGLXXXV,844B.217. Ne retrouvons-nous pas ici le concept de synontologie,

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biblique,ilprésentelemystèredelacréation.Nousavonsdanscesquelquesversunrésuméassezdenseetcomplexe,avecuneviséeàlafoisanthropologiqueetchristologique.Àl’inversedecequesaintAugustinprésentequelquesdécenniesplustard,leproblème du mal et du péché ne sont pas dramatisés, sinonresituésdans ledesseindivin,celuid’unevolonté infiniede lamiséricordedivine,appelantl’êtrehumainàpartagersagloire:lesderniersversensontexpressémenttémoins(vers96–100).

Les adversaires auxquels il est fait explicitement mentiondèsledeuxièmevers:«Luttantdetoutesnosforcescontredefallacieusesopinions»,quiseraient-ils?Enpremierlieu,ilestcertainqueles théoriesmanichéennessontdirectementvisées :c’esttouteladiatribedesvers24–54,cequireprésenteuntiersdu poème. Mais il y a certainement aussi un positionnementfrontal faceaux thèsesdeSaloustios241, philosophe de l’écolenéo-platonicienne. Ce dernier était-il ce proche de l’empereurJulien qui le nomma préfet de l’Orient ? Diverses hypothèsesontétéémisesquantàcerapprochement242.Puisquecepoèmedans sa dernière partie traite directement du rapport entre les«deuxunivers»,ilparaîtcertainqueGrégoireveutdonnerunealternativeclaireetchrétienneàlaprésentationplatoniciennedeSaloustios. D’autant plus que si ce personnage est devenu lePréfet de l’Orient et qu’il a participé à la politique derétablissementducultepaïensousJulien,iln’estpasdifficiledecomprendre sur ce point la réaction de Grégoire, toujoursmarquéparcedouloureuxépisode243.

Dans son élaboration, le poème semble se développer enquatresections:unepremièreallantdupremierversauvers23et soulignant que Dieu crée absolument sans matièrepréexistante;puisunedeuxièmenousconduisantduvers24auvers 54, présentant une diatribe argumentée et parfoismusclée

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contrelesthèsesmanichéennes;ensuiteduvers55auvers74,Grégoirereprendlefildedépartenaffirmantquel’universn’estpaséternel,maisbiencrééparDieu;enfinduvers75auvers92estdonnéeunecontemplationdumystèredelacréation,tantdesêtresangéliquesquedesêtreshumains.Nousretrouvonsbienlàle souci de Grégoire de ne pas dissocier ces deux ordres decréatures.Mêmesi lespremierssontplusprochesdeDieuqueles seconds, il existe toujours cet écart insurpassable entre leCréateur et les créatures. Nous sommes ici renvoyés auxpremiersversdupremierpoème244.

Unexorde«musclé»:vers1–3a

Lechantdelacréation:vers1–2

L’interpellation première rejoint les observations déjàdonnéespourlespoèmesprécédents.Aprèsajeivsomenpourledeuxièmepoème,puisajveidepourletroisième,GrégoireutiliseiciuJmneivwmen.Lanuancen’estpassansimportance.Leverbeajdws’utilisait engrec classiquepourdes chants adressés auxMuses. Il s’agit là d’un chant inspiré, alors que uJmnevwrecouvreuneacceptionplusgénérale.Cettedistinction,Grégoirela reprend en l'intensifiant, l’inspiration étant corrélative àl’objetmêmedupoème : les personnes divines.Concernant lacréation,hymnosemblesuffisant.Cependantl’insistancesurceverbe est repérable dans la scansion, où le pied est unspondée245,cequinecorrespondpasauxrèglesdanslamesureoù il s’agit ici du cinquième pied du vers. La qualité aveclaquellel’auteurinsistesurcettedimensionnécessaireduchantde la création rejoint l’esthétique246, et l’impératif de lapremière personne du pluriel, nous entraîne à continuer de

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penserqu’ilfautentrerdanscesœuvrespoétiquesensupposantl’arrière-fondliturgique.

Quant au substantif ktivsi", utilisé dans la Septante pourdire la création, il ne faut pas perdre de vue qu’à l’origine ilsignifiaitlafondationoul’établissementdequelquechose–etplusparticulièrementd’uneville247.D’embléeestaffirméquelacréationestcelleduDieuTrès-Haut.

Le deuxième vers – tout comme au début du troisièmepoème–poseencontrastelapréventioncontretouslesdiscoursfallacieux:«Luttantdetoutesnosforcescontredefallacieusesopinions. » Nous retrouvons le caractère apologétique etcombatifdenotredidascale248.

Dieuestunique:vers3a

Deuxmotsfortsetfrappésencedébutdevers,pourredirelafoi chrétienne en un Dieu unique. C’est avec cette manièrefrontale et sans ambiguïté que Grégoire tient à placer sondiscours, non pas en contrepoint des discours qu’il estimefallacieux,maisenhérautd’unevéritéuniquerévéléeetexposéedanslestroispoèmesprécédents.Ilest importantdedressercelien avec ce qui a été dit dans le poème antécédent : III, 70–75.80–85249. C’est bien dans l’intention de notre auteur demontrer qu’il y a un déploiement de l’œuvre trinitaire dans lacréation. Certainement faut-il comprendre la pensée de lierTrinitéimmanenteetTrinitééconomique,selondesexpressionspluscontemporaines.NousretrouvonslesoucipédagogiquedeGrégoireetdesCappadociens,toujourssensiblesàmontrerplusl’immense différence que la ressemblance entre le Créateur etses créatures. Cela a-t-il d’ailleurs été toujours tenucorrectement par certaines lignes de réflexion de théologiens

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Dieu. Cette coupure a pour conséquence la mort, et en celaGrégoiresuitletextedeGn3.Maisilusedecevocableétrangedeflovga[flamme].Leregistredelalumièreestencoreappelé.Ilne s’agit plus de l’étincelle dunoûs en laquelle l’être humainparticipeà l’essencedivine,maisaucontrairesemble-t-il ici laflammedelasarxexcitéeparl’espritdumal.Noussommesaucœur de l’anthropologie fondamentale du Nazianzène, trèsinfluencéencedomaineparsonmaîtresaintPaul.

En51–54,vient laconclusiondecettesection,oùunefoisencorecontrelesmanichéens,notreorateurrappellequelemalestpostérieur[ojyigovnoioi]àl’ordredelacréationetqu’ilestl’œuvre du Lucifer. Une nouvelle image vient souligner cetaphorisme:«C’estlarouillequirongeleferleplusrésistant!»Ilestdifficilederendrelemotlwvbh.Sonappositionavecleferpermet certainement de parler de rouille, ce qui est éloquentdans ce cas. Le mal qui ronge la conscience et qui détruitintérieurement l’être humain qui ne veut pas se convertir, setournerverssonCréateur.Automutilationproclaméeauvers53aveclareprisedecemêmelôbèassociéeàkakièn.C’estàpartirdelàqueA.Gesché280apuexploitersathéologiedeladeutéro-culpabilité dans le consentement de l’être humain auxstratagèmesdel’ennemi(vers54).

Dans cette présentation du drame de la chute, il convientsans doute de retenir l’opposition fondamentale entre laparticipation et le consentement281. La participation de l’êtrehumainetdesangesà l’essencedivineTrinitaireestde l’ordredudon,d’uneentière libertédonnéeparDieuàsescréatures ;alors que le consentement est du côté de la rouille : de laservilitéde l’êtrehumaindans sapropensionà suivre l’orgueildeceluiquis’estpréféréetarompul’altéritéd’épanouissementpoursesatisfairedel’égoïsmenarcissique.Nesentons-nouspas

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affleurerl’expériencemonastiqueducombatspirituel?

Unehymneàl’univers:vers55–74

Nous avons employé à dessein le féminin pour le mothymne, en référence à l’arrière-fond liturgique qui sous-tendtouscespoèmes.Ils’agitd’affirmermaintenantladifférenceetlanouveautéapportéesparleChristensarévélationquantàladimensioncosmologique.Commel’affirmentlesspécialistesence domaine, la théologie de la création est radicalement autredans les élaborations souvent complexes des systèmescosmogoniques de l’Antiquité. Est visée principalement l’idéede l’éternité du monde282. Il semble que Salustios soit ici lacibledenotreorateur283.Ilestcertainquenouspouvonstoucherdu doigt la plus grande confiance que Grégoire donne auxÉcritures–cequipermetderelativiserletropgrandcréditquecertainsauteursseplaisentàrépéteràl’envi,deladépendancedes Cappadociens à l’égard des courants platoniciens. Pourreveniràcettehymne,lecentreenestconstituéparunenouvelleprofession de foi auDieu un et trine (vers 63–66).Avant celaGrégoireposelaquestiondurapportdel’universàDieu,selonunarttoujoursconsommédelarhétorique(vers55–62).Puisduvers67auvers74estabordéeladélicatethéologiedel’intellectdivin.

Lemondeserait-iléternel?:vers55–62

Le vocatif kovsme au début du vers 55marque une césureprofondedutexte,ouvrantainsi l’hymne.L’effetrhétoriqueestévident contrairement à cequeditSykes284, d’autant plus ques’y rajoute la deuxième personne du singulier « su », formant

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ainsi le premier pied. Puis vient une longue interrogationmarquée par deux conjonctions bien ordonnées : uneconditionnelle«ei»,etunecausale«pôs».Laconditionnelleremetimmédiatementencausel’interpellationquiauraitpufairepenser que Grégoire rejoignait les tenants de l’éternité dumonde,enl’interpellanttelleunepersonne.L’ironiedel’attaqueestmarquéeparlareprisedel’imparfaitduverbeêtre–commeaux vers 24–25.C’est avec l’adverbe th'mo" que notre pasteurmetendoutelapertinenced’uneéternitédumondeàl’imagedecelleduDieutrine.Latraductionestunefoisencoreredoutable.Comment rendre au mieux cette concision ? Littéralement ilfaudrait dire : « Si tu étais lorsque [était] la Trinité. » Nousavons choisi de proposer l’idée de co-éternité qui semblecorrespondreàcequeGrégoire tentederefuser.Pourgarder laqualitéhymnique,estajoutéelaquasi[eggus]proximitéaveclagloiredivine.Néanmoinstoutestenfinesseetnuance,l’adverbeejgguv"permetdeposerunecertainedistanceentrel’universetlagloiredivinedanslefaitdesoninnascibilité(nousretrouvonsl’adjectifanarchos).Subtilementdéjàest introduitaucœurdulecteur le doute sur cette possible éternité de l’univers, enparticulierfaceàDieu.

Après cette conditionnelle, vient la causale (vers 56–59)Cependant il faut bien maîtriser ici la complexité duraisonnement de notre philosophe. L’enchaînement desconjonctionsnousyaide:«pôs»auvers56,«ôste»auvers57,et«exote»auvers59.Lepremiersegmentdelacausaledit:«Pourquoi se fait-il alorsque ceux illuminéspar leChrist ouinstruitsdeschosesdivinest’aientassignéuneplacesiéloignée[ajpovproqi] de lui ». Ce segment vient explicitement lever levoile distillé auparavant dans la conditionnelle. Cette optionn’estd’ailleurspasl’apanagedeschrétiens,icidésignéssousle

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J.DANIÉLOU.238. La traduction et le commentaire de ce poème sont parusdans la revueCadernos patristicos,VolumeV, numéro 9,mai2010,p.36–66.239.Danssonœuvredeprédication,retravailléeensaretraite,leDiscours 28 aborde aussi très largement cette question de lacréation de l’univers. Cf. GRÉGOIRE DE NAIANZE, «Discours28, deuxième discours théologique », in Discours 27-31,Sources Chrétiennes n° 250, Cerf, Paris, 1978. Nousrecommandonsl’étudetrèssérieused’A.RICHARD,Cosmologieet théologie chez Grégoire de Nazianze, Institut d’ÉtudesAugustiniennes, collection des Études augustinienne, sérieAntiquitén°169,Paris,2004.240.Cf.introduction,supra,p.11.241. Cf. J. FLAMANT, CH. PIETRI, L’échec du systèmeconstantinien : Julien dit l’Apostat (361–363), inHistoire duChristianisme, (sous la direction de J.M.MAYEUR, CH. et L.PIETRI,A.VAUCHEZ,M.VENARD), tome II :Naissance d’unechrétienté (250–430), p. 339. 344–345. Pour connaître lacosmologie de Saloustios, cf. SALLUSTIUS, Des dieux et dumonde, traduction par A.J Festugière, Paris, La Colombe,ÉditionsduVieuxColombier,1944,51p.242.Cf.A.D.NOCK,Sallustius:concerningtheGodsandtheUniverse, Cambridge, 1926. Cet auteur soulignait l’identitéentre le philosophe et l’homme politique, hypothèse appuyéequelquesannéesplustardparG.ROCHEFORT,Saloustios:DesDieuxetduMonde,Paris,1960.HypothèseégalementsoulignéedemanièremoinsdirecteparJ.F.CALLAHAN,GreekPhilosophyandtheCappadocianCosmology,inDumbartonOaksPapers,12,1958,p.35 :«Basil refers thisposition tohereticsofhisowndayrather thantoPlato,whosewordshavemanyechoesinBasil’saccountofcreation».CequiestvalablepourBasile

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peutl’êtrepourGrégoire.Aussigardons-noustrèsprobablequeSaloustios serait ici l’adversaire principalement visé de cepoème. Voir sur ce point la lutte entre Julien et Grégoire C.MORESCHINI,Gregorio di Nazianzo, Vita e Pensiero, Milan,1997,p.185–207.243. GRÉGOIRE DE NAZIANZE, Discours 4-5, SourcesChrétiennesn°309,Cerf,Paris,1983.244.Cf.supra,p.20.245. Sauf si la diphtongue est à supprimer par uneprononciationdechacunedesvoyelles.246. Une très longue postérité artistique, tant orientalequ’occidentale,découledirectementdecechantde lacréation.Qu’ilnoussoitpermisentreautresœuvresdeciterparexemplel’oratoriodeJ.HAYDN,DieSchöpfung,œuvrequipourraitêtreécoutéeenparallèledecepoème.CependantnoussavonsquelemusicienautrichienareprislespremierschapitresdelaGenèse,queGrégoirenereprendpas.247.BAILLY,DictionnaireGrec-Français,p.1144.L’étymologieaffleure dans la manière dont Basile déploie cemystère de lacréation : cf. J.-F. CALLAHAN, art. cit., p. 50 : « Then BasilmakinguseofafigurethatwasStoïcbytraditioncomparestheuniversetoanorderedcity,butheisnosatisfiedtoemploythisfigure, in the traditional manner, to prove the existence of adivine power ». Le retour à l’étymologie du verbe ktivzw :« bâtir, fonder, instituer », ne permettrait-elle pas d’ajouter unélément important à la question de la création ex nihilo. Ceverbe n’a-t-il pas l’avantage de penser en termes dediscernement?248.Cf.Discours28,2–3,op.cit.,p.103.105.249.Cf.supra,p.123s.250.«LaTrinitééconomiqueestlaTrinitéimmanenteetviceetversa » : l’axiome rahnérien. Jean-Claude LARCHET, dans son

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récentouvragesurles«énergiesdivines»reprendtrèsjustementla question à partir principalement de la théologie desCappadociens–surtoutGrégoiredeNysse–pourdémontrerladifficulté de compréhension de la plupart des théologiesd’Occidentquantàcettequestionetilsoulignedecefait,lanonpertinence de l’approche rahnérienne dans ce domaine.Cf.Lathéologie des énergies divines, Cogitatio Fidei, n° 272, Cerf,Paris,2010,479p.251.Cemotesttrèsraredanslevocabulairegrecclassique,unseulrenvoidansBAILLY,p.1839,etàl’anthologiePalatine.Enrevanche il est plus employé dans le grec patristique, cf.G.W.LAMPE,A patristic greek Lexicon, édition de 2010, p. 1300–1301.Laréférenceàcepoèmeyestindiquée.252. Cf. G. FLOROVSKY, The Idea of Creation in ChristianPhilosophy, in ECQ 8/3 (1949), sup. p. 53 : « The idea ofcreation is one of themain distinctivemarks of theChristianmind».253.Cf.Discours28,6–8,op.cit.,p.111–117.254.Levocableajswmovnn’estpasfacileàrendredansuntelcontexte. Il nous a paru plus juste de dire « désincarnée », enlienaveclatraductiondeSykes,enanglais:disembodied.Cecidit,aveclalimiteinhérenteettoujoursdifficileenfrançais,quesoma ne devrait pas être rendu par « chair », mais dans cecontexte-ci«décorporéifié»putsemblerétrange.255. Cf. Les poèmes précédents sur la question del’indivisibilitédeDieu.256.Lestraditionsmanuscritesdivergentici:CAILLAUproposeejstavken,avecunsensactifoùilfaudraitalorstraduire«quelcommandementaétablil’univers,partoutséparéendeux?»LeCOISLINécritquantàluiejstavnai,parfaitinfinitifintransitif,cequidevraitalorsdonnercommetraduction«quelmondeseraitainsiétabli,étantdetoutespartséternellementduel?»SYKES,

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Àcetinstantmême,toutelatechnicitédesastrologuess'esteffondrée,

65Quandàl'aidedessignescélestes,eux-mêmesontadoréleroi.Quantauxétoilesellessuiventleurcourse,cellequeleChristRoileuraassignée:Ignées,toujoursenmouvement,bienàleurplace,nefaisantpasfausseroute,Avançantoureculantselonleurpossibilité.Queleurnaturesoitignéeouqu'ellessoientappelées«cinquièmecorps»,ellesontsimplementàsuivreleurcourse.

70Nousdevonsnousaussisuivrenotreproprechemin.Noussommestendusversunenaturecélesteetintelligente,quoiquetoujourssurterre.

ContrairementàcequeSykes306proposedanssonanalyse,le titre donné à ce poème : «Au sujet de la Providence », neconvient guère à son contenu. Après avoir porté son combatcontre les ariens de tendance eunomienne, puis contre lesManichéens, il s’agit ici de montrer combien les calculsastrologiques prétendant expliquer la destinée humaine, sont àl’opposédecequeleChristvientdonneràl’êtrehumain:uneprofondeliberté.

Il faut ici revenir au premier poème lui-même, dont lesdernièreslignesdel’exordenousprojettentsurlegouvernementdivin307.Certainspourraientsuggérerqu’entrecetteexpressionde gouvernement divin et celle de providence, il n’y a pas dedifférence.Mais la théologie fineetnuancéedeGrégoirenousinvite–unefoisencore–àscruterplusprofondémentcomment

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ilamèneiciunenouveautéchrétienne308parrapportauxdébatsde son époque quant à la question : « Qu’est-ce que laProvidence?»Philosophiquementlaquestionétaittendueentreécoleplotinienneetécolesstoïciennes.

Plus encore, l’ensemble du poème pointe radicalement laremise en cause de quelque destinée ou destin. L’anagkè,assimiléeauFatumlatin,avecmutatismutandis,lesvariantesetnuances qui s’imposent, peut-elle finalement être assimilée ouliée à la révélation chrétienne et à l’actemêmedu salut donnédans le Christ ? C’est tout l’enjeu de ce poème dont ledéveloppementeststructuréenplusieursphases.

Une première, du vers 1 au vers 32, où Grégoire se faitl’interprètede ses adversaires ; une formulebien frappéevientposer lecontraste :«Àmoimaintenantdevousdireceque jesais.»(vers33a)Àpartirdelà–deuxièmephase–notrepoètedéveloppesathéologiedugouvernementdivin(vers33b-52).Latroisième phase ramène le lecteur vers la contemplation dumystèreduChristmanifestéauxMagesparuneétoileétrangeauchamp stellaire. Une étoile « autre » qui est au service durayonnement de la royauté du Christ, et non au service descalculsastrologiquesprétendantmenerleshommesetlemonde(vers53–71)309.

L’étrangetédespouvoirsastrologiques:vers1–33

Deuxquestionspréliminaires:vers1–3

Cette fois le poème commence par une interrogation assezbrutale. La conjonctionOde permet de marquer la continuitéavec le poème précédent sur la création. Après avoir montré

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comment lacréationétaitsurtoutuneœuvred’ordonnancementet d’Alliance de la part deDieu, il s’agit à présent de dire lanaturedecetterelation,particulièremententreDieuet lesêtreshumains. La longueur de la question (vers 1–3a) est assoupliepar une recherche stylistique permettant de mettre en valeurl’objet principal : Nou'" mevga". Intelligence qui préside auxdestinéesducosmos.NotonslasubtilitéaveclaquelleGrégoiren’utilisepasdanscecontextelemotdeLogos,sansdoutepoursedistinguerdes stoïcienset le réserver à celuidont il parlerapar la suite : le Christ. La variante eujruqevmeqlon présentedansuneseule familledemanuscrits, seraitunhapax310.Maisl’argument de Sykes311, renvoyant à l’emploi fréquent dans laSeptantedeta;qemevliapourqualifierlafondationdelaterre,se justifie autant. Certes nous connaissons l’aisance aveclaquelle Grégoire n’hésite pas à forger des néologismes, maisnousconnaissonsaussi sonenracinementbiblique.Aussinousresteronsprudentsquantàlavariante,danslamesureoùellenemodifieguèrelesens.Pourlaversification,celanechangerien.L’auteuraurait-ilvouluuneffetallitératifaveceujruqevmeqlon?Avec le balancement déjà observé précédemment entre lesadverbesentosethyperthen,lesvers2b-3asontconstruitsavecprécision:reprisesansrépétitiondelatotalité(apanta/pantos)etdesdeuxparticipesprésents:phêroneteôn.Laparonomasesemble ici préférée à quelque figure rhétorique : chiasme ouparallèle.Cettepremièrequestion semblebienunearticulationreprenantl’essentieldelathématiqueprécédente:commentuneIntelligence présidant à la fondation du cosmos peut rester« étrangère » à celui-ci ? D’où immédiatement une secondequestion.

La formeelliptiqueduvers 3 rend la traduction complexe.L’adjectif acwvrhto" dans ce contexte sera mieux rendu par :

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dialogue avec les deux pronoms d’ailleurs accolés : « su » et«moi » (vers 45a). L’impératif agoreué vient accentuer l’effetrhétorique, avec une nuance de piquant, ce pourquoi nousn’avonspascraintdetraduireceverbepar:«Causetoujours».Les substantifs à l’accusatif des vers 45–46 portent sur leséléments propres aux combinaisons astrologiques : lemomentdelanaissance,lespartitionsspectrales,lessignesduZodiaqueetlescalculsdesrévolutionsastrales.Levocabulairetechniquen’est pas toujours aisé à rendre en français. Le premierwJpoqevta"estunhapax341,voulantdésignerl’ascendantastraldu jourde lanaissance.Le second leptaleva"moivra",pourraitrenvoyer aux subtiles partitions du Zodiaque, explicitementnommé en troisième lieu zwofovrou" kuvklou". Quant à ladernière expression mevtra poreivh", elle vise directement lecœur de « l’art astrologique » : les calculs des déplacementsstellairesetconsécutivementlesinfluencesqu’ilestpossiblededéterminersurlecoursdesvieshumaines342.Laversificationnesemble pas mettre en évidence tel ou tel de ces artefactsastrologiques;ils’agitd’unesimpleénumération.

Une deuxième interpellation (vers 47–48) vient encontrepointde lapremière.Grégoire se redonne leprivilègedeparler de ce qu’il connaît selon la révélation des desseins duCréateur. Suit une nouvelle énumération, où il convient desouligner deux effets stylistiques. Le premier sur le motelpôrèn343 en début de vers 48 et marqué par trois syllabeslongues : une manière de rappeler l’importance capitale de lavertuthéologaled’espérance.D’oùlesecondeffetsurlederniermot du même vers 48 : ajntiovwsan, futur à la troisièmepersonneduplurielindicatifduverbeantioomai,assezrare,quioccupe les deux derniers pieds dont le cinquième « pur »,rendantl’ouvertureeschatologiquetoujoursprésente.

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Dans un troisième temps de cette sous-section, notrethéologienreprendletonironiquepourprouverlecerclevicieuxdans lequel s’enferrent les passionnés d’astrologie. Nouvellerupture introduite cette fois par la conjonction conditionnelle«eji».Lelienaveclessavoirsastrologiquesprécédemmentcitésestposéparlareprisedekuklos(vers49a),employédenouveauauverssuivant.Celapermetdeconstaterquelerejetendébutdevers 50 du verbe au passif rhoizoumai, avec trois syllabeslongues – et de ce fait en opposition avec elpôren – vientconforter l’impression d’enfermement à laquelle Grégoire faitparvenir ou son contradicteur ou son lecteur, quant auxpratiques des astrologues. La construction stylistique sertrigoureusementlesyllogisme:

eijga;rkuvklo"ajvpantafevreikeivnouperiwgh/;rJoizou'maito;qevleinde;kai;aujtovgekuvklo"ejpoivsei.

«Car si un cercle sidéral porte tout, alors je suis entraînédanscettespiraleetcecercleimposealorssaproprevolonté.»C’estbienledéterminismeleplusabsolu.Laconséquencesuitimmédiatement (vers 51–52) : dans ce système, aucundynamisme n’est à espérer. Le mot rJoph; dont la traductionpréférableseradanscecontextecellede«inclination»,estmisenvaleurparsafinalelonguesuiviedanslamétriquedeprosetformant un spondée sur le quatrième pied du vers 51. Cetteinclinationestcomplétéeparleparticipeprésentagousa,etpardeuxgénitifs:boulès344etnooio.Grégoiremontreainsiqueledéterminisme astrologique obture toute possibilité de se servirde la volonté et de l’intellect, attributs souverains de l’êtrehumain créé à l’image de Dieu. L’idée d’asservissement oud’esclavageestparfaitementexpriméeauvers52b :«Serait-ceuneorbitestellairequimecirconscrirait?»

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Laseuleétoiledignedeconfiance:leChristensanativité:vers53–71

Arrivéàcestade,Grégoireopèreunrenversementaudacieuxetcontrecarresesadversairessurleurpropreterrain,reprenantàpartir de l’Évangile de Matthieu le « prodige » de l’étoileapparueauxMages,etramenantsonlecteuràlanécessitédelacontemplation dumystère de l’incarnation et de la vérité qu’ildéploie. Ce renversement était d’autant plus nécessaire étantdonné le paradoxe posé par le signe de l’étoile. Comment unévêque chrétien, responsable de la communauté orthodoxe deConstantinople qui plus est, pouvait à la fois stigmatiser lesastrologues et garder sauve la péricope contenue dans ledeuxième chapitre du premier Évangile (Mt 2, 1–12) ? Cettetroisièmepartiepeutelle-mêmesepartagerendeuxsections:lapremièremarquéepar la reprise audébut (vers54a) et à la fin(vers 61b) de l’adverbe ajntolivhqe, la seconde amenant lelecteur à reprendre le fil de la contemplation du Christ en cemystèredel’Épiphanie.

Quelleétoile?Vers53–62

Nous venons de le dire, l’adverbe ajntolivhqe permet devisualisercettepremièresection.Cetadverbeestd’ailleurs trèsrarement employé en grec classique, le deuxième alpha dupréfixeétantéludépourlesbesoinsdelaversification345.Peut-être faut-il continuer à penser le rôle mystagogique de cespoèmes, et l’insistance sur l’Orient renvoie sans doute à laliturgie baptismale du temps pascal où les néophytesremontaientdubaptistère avec tout leur être transfiguré tournévers l’Orient, signe du soleil levant et de la résurrection du

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certainementvoiepédagogiquepournotreauteur.331. Sans doute est-il concevable de penser aussi l’Écrituresaintecommesourcedanscedébat:«Dresse-toidoncavectesenchantements,aveclamultitudedetessortilèges,pourlesquelstu t’es fatiguédepuis ta jeunesse ;peut-êtrepourras-tuen tirerprofit ? Peut-être feras-tu trembler ? Tu t’es lassé à force deconseils.Qu’ils sedressentdoncetqu’ils tesauvent,ceuxquidivisentleciel,ceuxquiobserventlesétoiles,qui,pourchaquemois,tefontsavoircequidoitarriver.»Is47,12–13.332.Cf.PoèmeI,7:«Jevaisdoncfaireretentirmaparoleavecforce»,suprap.25.333.Cf.SYKES,op. cit., p. 187. L’auteur anglais pense à unereprise«retournée»parGrégoireduverbekubernaoutilisétantparlesastrologuesqueparcertainsstoïciens.Surcepointpeut-être faut-il reprendre le dictionnaire de LAMPE, p. 784, quiprécise un sens vraiment technique du mot chez les Pères,commeceluidegouvernerunbateau–d’oùenfrançaisletermede gouvernail. Il nous semblerait plus logique, en rappel dudébutdupremierpoème,queGrégoirepuissefaireallusioniciàlanavigationdelaviecherchantDieu.Celui-ciétantleprincipaldirecteurdenos«âmes»,cf.PoèmeI,1–4,supra,p.22–23.334.Cf.PoèmeIV,68,supra,p.164.335. La versification est particulièrement travaillée en cepassage. Le parfait ejdwken achève le vers 36 quand lesubstantifaJrmonivhsetrouveaudébutduvers37,àl’accusatifsingulier,permettantainsiuneallitérationsurleson«en».336.Cf.PoèmeI,3–5,suprap.22.337. Nous sommes au cœur de ce qui est traditionnellementappelél’expériencemystique.Ils’agitpourGrégoire,etsonamiGrégoiredeNyssel’adéveloppéàsasuitedanslaViedeMoïse,de montrer que le cœur de l’être humain ne trouve son pleinaccomplissement que dans l’accueil du don gratuit de Dieu.

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Vivre le royaume est une condition absolue de témoignage dusceaudel’Espritimprimédanslechrétienàsonbaptême.Ilneserait pas question d’une attente eschatologique de type« récompense » dans l’au-delà après la mort ; pour lesCappadociens–commelesAntiochiens–l’aujourd’huideDieuseconcrétiseréellementdanslesactesdelaviequotidienne,etil s’agit donc de concevoir la question de ce rapport àl’eschatologienoncommeunavenir,maisbienplutôtcommeunadvenir.Comment le royaumedeDieu se réalise en chacundenous ? Dieu se communique à ceux qui restent ouverts à saParole. Les Cappadociens ouvrent là le chemin de la viemystique,quidecefaitnesauraitêtreunappendicedequelqueréflexion théologique, mais au contraire – à condition detravailleravecsagesseet intelligence :discernementspirituel–unlieuéminentdevérificationthéopraxique.338. Gehmovro" est encore un hapax de toute la littératurepatristique:cf.G.W.LAMPE,op.cit.,p.308.IdemBAILLY,op.cit.,p.392.Nil’un,nil’autreneproposentdetraductionidoine.339. Pour autant, la traduction de SYKES, op. cit., p. 25,préférantharvestestlogique.340.C’estpourcelaquedanslatraduction,nousavonspréférélemot«libre»,plusdirectquedesexpressionspluslourdes,etdanscecontextepluspertinentque«personnel».341.Cf.BAILLY,op.cit.,p.2186,idempourLAMPE,op.cit.,p.1557.Cedernierdonnecomme traductionpossible :«Sign intheascendantatthehourofbirth.»342. Aussi la traduction latine de Caillau n’est-elle pas aussiinexactequecela.Cf.SYKES,op.cit.,p.189.343. Soulignons encore la finesse de la langue duNazianzènequichoisituneformepropreàlapoésie.Cf.BAILLY,op.cit.,p.650.LAMPEnelementionnepas.344.Pourdistinguerletypedevolontédéterminéeparlesastres

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decellevenantdelalibertépropreàl’êtrehumain,nousavonspréférérendreboulèpar«dessein»etlemettreauplurielpourlesraisonsdelalanguefrançaise.345. Cf. BAILLY, op. cit., p. 190. Il est non référencé chezLAMPE.Mt2,1dit:ajpw;ajnatolw'n.346.Cf.PoèmeII,80–83,supra,p.87–88.347. La difficulté vient de l’emploi répété de eijmi sous deuxformesépiquesouioniennes:ejvhn,ejvasin.Lapremièreestunimparfait 3e personne du singulier ; cette forme peut avoir lavaleur d’un présent, lorsqu’il s’agit de reprendre ce qui vientd’être énoncé dans un discours voulant affirmer l’importanced’un fait ou d’une réalité. Cela semble être ici le cas. Ce quiinviteraitàtraduirelevers58apar:«Iln’estdoncpasdetelleétoileparmitoutescelles…»Lasecondeformeestunindicatifprésent 3e personne du pluriel liant phrastèrés et astrologoi.Pour l’intelligibilité en français, nous sommes tenusd’introduireunecomplétiveetnousproposons:«Parmitoutescellesquelesastrologuesontscrutées.»348.Cf.PoèmeII,10,supra,p.46.349.Cf.ORIGÈNE,ContreCelse,I,58–60;SourcesChrétiennesn°132,Cerf,Paris,p.235–241.350. Cf. R. BROWN,Christ in the Gosples of the LiturgicalYear, Liturgical Press, Collegeville,Minnesota, 2008, p. 108–111.351. Cf. GRÉGOIRE DE NAZIANZE,Discours 4, 109 ; SourcesChrétiennesn°309,Cerf,Paris,1983,p.263–265:«Qu’ilmesoitpermisdepasserlerestesoussilencepourcouriraufaitquiconstitue l’essentiel de ta démence, ou plutôt de l’égarementdontDieut’afrappé.Cetteinitiationmêmequetureçoisetquetucommuniques,ainsiquecequetuappellesqrhskeuvein,d’oùcelatevient-il?N’est-cepasdeThrace?Lenommêmedoitte

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sections.

L’imagedel’arc-en-ciel:vers1–7

Cetteimageeststructuréeparunecomparative:OiJvh-toivh.Le référent imagécourtensadescriptionsur lescinqpremiersvers, composés selonun souci esthétiquede grandequalité, etdont la traduction ne donne qu’un pâle reflet. La stylistiquepoétiquedevantévidemmentrendrelabeautédel’arc-en-ciel.

La proposition principale est insérée au milieu de cettepériode(vers3).Legroupenominalsujetaktishèélioio [rayonde soleil], le verbe elissei [déploie], le groupe nominalcomplément d’objet poluchroon irin [un arc-en-ciel plein decouleurs]:commentrendreaumieuxl’équilibredecettephrasedanslatraduction?Nousavonsétéobligésdereporterlerayondesoleilaudébutdupoème:«Telunrayondesoleil…»,puisun peu plus loin de rendre aumieux le chatoiement coloré del’arc-en-ciel.IlnousasembléqueGrégoirevoulaitsoulignerledéploiement à partir de la lumière première de toutes lescouleurs diffractées par ce phénomène météorologique, d’où :«Déploielespectredescouleursd’unarc-en-ciel».Concernantla signification théologique, nous y reviendrons plus loin. Cerayondesoleilestdécritamplementparlaparticipialecontenuedanslesdeuxpremiersvers.Leparticipefémininajntomevnh364est au début du deuxième vers, tout comme le substantifaktisdontildépendestaudébutduverssuivant.L’effetd’ouvertureproduit par ce rayon se repère dans le style : des mots longsentourent le participe eujdivownto"365 sur les deux dernierspieds du premier vers, nefevessin366 et ajpokrouvstoi"367

periwgai'"368danslasuitedudeuxièmevers.Cesdeuxderniersmotssontquelquepeuredondants,maispermettentd’accentuer

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cette idée de la force des nuages, qui vont et viennent ets’accumulent,résistantainsiàcetteouverturecrééeparlerayonsolaire.L’effetdurayondesoleilestdonnédanslesvers4–5.Laforme poétique du verbe selagew', au présent passif, permet àGrégoiredemontrerlapuissancedecerayonsolairepermettantau ciel369 d’être dégagé. Concernant la traduction, pour êtrefidèle au déploiement de l’image et à la logique de laconstruction comparative, nous avons choisi d’utiliser leparticipeprésent passif « s’étant éclairci ».Une allitération en«si»marquelevers5,avecunesuccessiondedatifsetlaformeoriginale e%ktoqi pour parfaire l’allitération. Cette série dedatifs pluriels renvoie à celle du vers 2 : « Le ciel dégagé avaincu l’épaisseurde labarrièredenuages».C’est sansdouteainsi qu’il faut comprendre kuvkloisin pukinoi'sin. Un grandnombredesensestattribuéàkuklos,mêmesil’idéeducercleenest son fondement, nous pouvons parler par extension decouronne,etenfrançaisl’expression«couronnedenuages»esthabituelle. L’adjectif pukinos vient rappeler sa densité et encontrepoint laforcemêmede la lumièresolairevenantdissiperces écrans. Nous observons que dans l’utilisation etl’agencementdesmots,Grégoireouvrelaproblématiquedetoutlepoème: lecontrasteentre lesforcesde lumièreet lesforcesdel’ombre.

L’application de l’image arrive aux vers 6–7 où nousretrouvonsunvocabulaireobservémaintesfoisdanslespoèmesprécédents quant à la lumière : favo", fw'", aujghv. Le vers 6commence par la copule comparative toivh, spondée. Sur lesquatre premiers pieds de ce même vers, Grégoire donnel’application:«Telleestlanaturedeslumières.»Puisvientungénitifabsolucommençantparajkrotavtoiosurlesdeuxdernierspieds du vers 6,mettant en évidence la lumière la plus haute,

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avec le rejetendébutdevers7de fwto;".Leparticipeprésentapostilbontos doit dans ce contexte être rendu en son premiersens:celuiderefléter.Celarespectelahiérarchie370voulueparnotre auteur : diffusion de la lumière excellente aux autreslumièresparticipantesdesonéclat. Il fautnoter laparonomasesurlesfinalesen«as»pourlafinduvers7,permettantainsidebien distinguer ce qui relève de la lumière suprême de ce quirelèvedecellesquiluisontparticipantes.Ilsembleraitque,dansce contexte précis, Grégoire quitte le schéma platonicien del’écoulement ajporrovh, et insiste davantage sur celui de laparticipation.

L’image pédagogique et esthétique de l’arc-en-ciel est trèssignificativedès ledébutdecepoème.Certainementrenvoie-t-elle au livre de la Genèse (Gn 9,12–17). L’arc dans la nuéecomme signe de l’Alliance entre Dieu Créateur et recréateur,danslecasprécisavecNoé371,nes’accorde-t-ilpasaveclalignefondamentale de ce poème : comment ceux qui sont appelés àparticiper à la beauté éternelle de la gloireTrinitaire pour unepart y restent fidèles ? Mais pour une autre part certainescréaturespeuvent lui tourner ledos,définitivementdans lecasdes anges, et d’unemanièreplusdifficile àdéterminerdans lecasdesêtreshumains.Cecombateschatologiqueest inscritenfrontispice (vers 1–7), et la finale du poème l’exprime trèsclairement:«J’aidécouvertici-basuninstrumentdemesure,etc’est Dieu. Plus quelqu’un s’approche du Seigneur, plus lalumière est grande, plus il devient lumière et plus il devientglorieux»(vers97b-99).Nousretrouvonslaquestionpourl’êtrehumaindelamontéeintérieureverslagloiredeDieu,avecdansces presque cent vers, la description de l’obstacle majeur decettemontée:lemésusagedelalibertéabsolumentdonnéeparDieuetpervertieparLucifer.

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d’être éternellement immuable. Grégoire a repris le fil de lavéritéthéologiqueetsesparolessefontbrusquementincisivesetpercutantes.Cettesolideassertiondel’immutabilitééternelledeDieu est secondée par le vers 48a, dans lequel notre évêquerappelle avec force l’unité divine. Une façon expéditive derépondreauxtentativesphilosophiquesderésoudrel’oppositionentre l’un et le multiple ? Une allusion rapide aux attaqueseunomiennes ? En 48b-49a, l’auteur pose une question danslaquelle il insère metaklivnoito : présent optatif moyen. Lalongueur du mot attire l’attention du lecteur tendu parl’interrogativeetl’optatif.Laréponseestconcise,contrastant–etc’estvoulu–aveclesméandresdescraintesprécédentes. to;de; plevon o%nto" a%luxi". L’expression est profondémentontologique : un quelconque changement en Dieu serait toutsimplementune«sortiedel’être».

Lesvers50–52reprennentenfaitlapremièreimaged’ordreclimatique.IlfautbienobserverladistinctionqueGrégoirefaitentrelessecondeslumièresquiviventdansl’aijqh;retlesêtreshumains qui occupent un troisième rang dans l’aJhvr.Concernantlesanges,leurconditiondeserviteursestrappelée:therapontes. En utilisant ce mot, Grégoire ressaisit ce qu’il aexposé plus longuement des vers 12 à 26, sur les fonctionsangéliques de service de la gloire de Dieu – évoquée dans lesens de la beauté [kalos] – et de protection bienveillante desêtres humains. La supériorité de Dieu est soulignée par deuxmotsisométriquesetparonomastiques:auvers50akrotatoio,etau vers 51 prôtotupoio. Cela permet à notre didascale deconjoindre lumière et beauté en Dieu, thème qui lui est trèscher ! La distinction du grec classique aither/aèr permet deposer chaque créature en son domaine : les anges dans lessphèresouraniques,lesêtreshumainsdansleclimaxterrestre.

Ayantdéclinélanaturedestroislumières,vientàprésentla

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conclusion de cette première partie, quant à la mutabilité decelles-ci (vers 53–55). Le vers 53 reprend pratiquementmot àmotlevers47.Lesvers53–54sontconstruitsavecfinesse: lespondéeinitialincluantpanmartèlelapenséedeGrégoirequantàl’immutabilitédivine.Puisundoublechiasmedistributifrelielesélémentsprincipaux:lanaturedeDieu,celledesanges,etlatroisième, chacune qualifiée par le jeu de consonance entreatropos, dustropos et eutropos. Si l’opposition sur ce pointentreDieuetl’êtrehumainestclaire–Dieuestimmuable,l’êtrehumainplusloindeDieupeutêtrefacilementtournéverslemal–enrevancheGrégoirereditcombienuneorientationverslemalau cœur de la nature angélique est difficile. La démonstrationontologiqueposée,laporteestmaintenantouvertepourdécrirelachuteduLuciferetdesesanges.

Unpetittraitédedémonologie:vers56–82

Après avoir exposé non sans quelques détours sa penséequant à la versatilité possible des anges, Grégoire en vient àprésentàdonneruneexplicationthéologiquequantàlarévolteluciférienneetceenquoielleconcernelesêtreshumains.Fidèleen ce domaine à la ligne des auteurs orientaux, notre docteurmontrequelemalprécèdel’êtrehumainetquecederniern’estpas entièrement responsable de sa chute.Nous ne trouvons nil’idéeetencoremoinsl’expressionde«péchéoriginel»soussaplume, mais en reprenant les travaux d’A. Gesché404 en cedomaine, il est certain que l’aspect de deutéro-culpabilité estprésent.Ilest importantd’aborderceslignesensedépartissantd’une habitude trop occidentale héritée en grande partie de lathéologie augustinienne, et d’écouter ce que le théologiencappadocien nous livre de ce qu’il convient d’appeler la

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« chute ». Cette deuxième partie est repérable par la ruptureentrelevers55etlevers56,avecl’adverbetouneken.Puiselles’achèveavecunapophtegmeauvers82:«Telleestleurarmée,tel est leur chef » en parlant de la cohorte des démons.Nouspouvons diviser cette partie en deux sections par la reprise de«ôs»auvers66etenfindeceverslemêmemotqu’àlafinduvers56 :aertheis.La première section retrace lamanière dontLucifer se pare orgueilleusement de son rang et chute, ladeuxièmesectionestunvéritablecataloguededémonologiequin’auraitpasdépluàHuysmans.

Lachutedu«Lucifer»:vers56–67

La crase poétique tou'neken ouvre cette partie descriptivetoutenlaliantàlapartieréflexiveprécédente:àcausedecela.Puis l’expression o prôtistos Eôsphoros occupe une certaineplace dans le vers 56 (trois pieds, dont le premier est unspondée). Est-il absolument convenable de rendre Eôsphorospar«Lucifer»?Etymologiquementils’agitdeceluiquiportelalumière405. Origène dans le Traité des Principes identifieclairementleEôsphorosd’IsaïeavecceluiqueleChristdésigneensaintLuc:«JeregardaisleSatantomberducielcommeunéclair ! » (Lc 10,18).CertainementGrégoire reprend pour unepartcetteexégèsedesonprédécesseur.Aurisquedecompliquerla traductionnousgardons«porteur de lumière », en ajoutantplusieurs remarques : premièrement il faut garder à l’esprit lethème de la lumière, très prégnant chez Grégoire.Deuxièmement, la désignation de l’étoile du matin reste sansdouteprésenteensonesprit,permettantdepenseraulienentrecosmologie et théologie, étudié dans le poème précédent avecl’étoiledesMages.Enfin,nousreconnaissonsavoiroptépourletitredecettesection:«LachuteduLucifer».Mettreencetitre

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derniers vers ne renvoient-ils pas finalement au poèmeinaugural426 ? L’organicité de l’ensemble se poursuit : aprèsavoirspéculésurlavocationetl’essencedesanges,Grégoiresepréoccupeàprésentdelagrandeuretdeladestinéede«l’âme»humaine:toutl’objetdesonseptièmepoème.

361.Pourledétaildelatitulaturedonnéparlesmanuscrits,cf.SYKES,op.cit.,p.26.362. Cf. GRÉGOIRE DE NAZIANZE, Discours 40, 5, SourcesChrétiennesn°358,Paris,Cerf,1990,p.205–209.VoiraussiT.SPIDLIK,Grégoire de Nazianze, introduction à l’étude de sadoctrine spirituelle, Rome, Orientalia Cristiana Analecta n°189, 1971, p. 15–23 ;H.ALFEYEV,Le chantre de la lumière,introduction à la spiritualité de saint Grégoire de Nazianze,Paris, Cerf, 2006, p. 288–300 ; C.MORESCHINI,Gregorio diNazianzo, Milano, Vita e Pensiero, 1997, p. 69–72 ; J. R.POUCHET,LestroisordresdelumièreintelligiblechezGrégoirede Nazianze, in Bulletin de Littérature Ecclésiastique, 100,janvier-mars1999,p.19–30.363. C. MORESCHINI, Introduzione a Gregorio Nazianzo,Brescia,Morcelliana,2006,p.67:«PertantonelcarmeI,1,7,Gregorio affronta sopratutto il problema della caduta degliangelietdellalorotrasformazioneindemoni:essaimplicailliberoarbitrioe,sopratutto,lapossibilitadivolgersialmale:gliangeli,pertantononsonoimmobilierivoltiabene,comeelanaturadivina».364.Une formeassez rareengrecclassique,que l’on retrouvechezHOMÈRE,Iliade,11,237.365. Adjectif qui signifie le calme, la quiétude, quand il estappliqué au temps atmosphérique. Dans le cas présent, ilfaudraitpréférerl’acceptionde«tiède».Nouslejustifionspar

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l’utilisation de huetios qui renvoie à l’humidité, à la pluie.L’idéede«moiteur»neserait-ellepaslapluscorrectedanscecontexte?366.Enpréférantprendrenevfo"etnonnefevlh,Grégoireprendsoind’insistersurlacompacité,l’aspectd’ombreetdeténèbresmême.Aussitraduisons-nous«amoncellementdenuages».367.Ce termesembleunhapaxde la littératurepatristique,cf.LAMPE,op.cit., p. 198.Néanmoins une utilisation est repéréedans le grec classique chez Nicandre de Colophon (vers 146avantJ.C.),Th270.Cedernieremploiecevocablepourillustrerl’idée d’un bateau ramené en arrière sous le souffle d’un ventcontraire.Réminiscencedunaufraged’Egine?Oualorscemotpourrait annoncer la seconde imagede ce poème : la traverséepérilleused’uncoursd’eau(vers30–35).368.Deuxemploisseulementdanslalittératuregrecque,ettouslesdeuxchezGrégoire.L’autreemploidanslepoèmeprécédent5,49.369. Si le mot grec est aijqh;r, dans ce contexte il convientmieuxde traduirepar ciel, au sens communutilisé en françaisoùilestpluscourantdedire:leciels’estdégagéouleciels’estéclairci.370. Avec une double intention dans l’emploi du mothiérarchie : étymologiquement celui d’être participant à lasaintetéduTrès-Haut,etconsécutivementceluidedegré.Nousretrouvons lamêmedynamique chezGRÉGOIREDENYSSE,ViedeMoïse,SCn°1bis,Cerf,Paris,2000,p.89:«Labeautédeces pierres était faite d’une part de leur éclat naturel et desrayons glauques qui émanaient d’elles. » Il s’agit de ladescriptionduvêtementduGrandPrêtre,dontlabrillanceestlereflet de cette portéemédiatrice qu’il revêt entre la Parole duSeigneuretlepeuple.371.Cf.Discours6,10;SourcesChrétiennesn°405,p.147.

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372.J.ROUSSE,Lesangeset leurministèreselonGrégoiredeNazianze, inMélanges de sciences religieuses, 22, 1965, p.133–152.H.ALFEYEV,LeChantre de la lumière, Cerf, Paris,2006,p.242–245.373.Cf.Discours32,15;SourcesChrétiennesn°318,p.117.374.Entraduisant«Sourcedelumière»,nouspourrionspenseraux habituelles crases bibliques de Grégoire. La source nerenvoie-t-ellepasàlapéricopedelaSamaritaine?NoussavonscombienlebaptêmeestappeléilluminationparGrégoire,aussipouvons-nous penser qu’il y aurait substitution de l’eau à lalumière. Le mot pègè est présent dans le Poème IV, 81, voirsuprap.168,dansuncontextetrèsproche.375.Unmotraredanslegrecclassique,cf.BAILLY,op.cit.,p.643.AvecunrenvoiàIliade9,409.RienchezLAMPE.376. Cela est vraisemblable, en comparaison duDiscours 32,15–16 où après avoir dit que Dieu est la lumière suprême,Grégoire continueendisant : «Maisvois-tu,Dieu foulenotreobscurité,“etilaplacélesténèbrescommesaretraite”entreluietnous;commejadisMoïseplaçaaussilevoileentrelui-mêmeetl’endurcissementd’Israël[…]etencoreMoïsevit-iltoutjusteDieuparderrière,grâceaurocher–quoiquefût-cequ’ilvitetquelquefûtcerocher.»SourcesChrétiennesn°318,op.cit.,p.117–119. Cf. aussiDiscours 28, 31 ; Sources Chrétiennes n°250,p.171.377.Danslespublicationsactuellessurlesanges,noussommesconfrontés à une sorte de paradoxe. Si une grande quantitéd’ouvrages de tendance plus ou moins ésotérique, paraîtdominercettethématique,beaucoupplusraressontceuxpubliésauseindesétudes théologiquescatholiques.Nousrenvoyonsàdeux livres adressés à des publics différents. Le premier trèsscientifique, émanant du père S. T. BONINO,Les anges et lesdémons, quatorze leçonsde théologie, Parole etSilence, coll°

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Ceux-cienrevanche,attribuentàl'âmed'éternellementmigrerdansunemultitudedecorpsIdentiquesàleursviesantécédentes,bonnesoumauvaises,

35Quecesoitenrécompensedeleurvertuouenexpiationdeleurégarement.Commes'ilsdonnaientunvêtementàunhommedefaçonbrouillonne,L'habillant,ledéshabillant,ensedonnantvainementdelapeine;AttachésàlaroueducriminelIxion,Ilss'imaginentenbêtesauvage,plante,mortel,oiseau,serpent,chienoumêmepoisson.

40Beaucoupdecescyclesreviennentdeuxfois,quandcelaestnécessaire.Jusqu'àquelpoint?Jen'aijamaisvuuneparoledesagessedelapartd'unebêtesauvage,Niunbuissonparler.Àjamaislecorbeaucroasse,Àjamaislepoissonsilencieusementnagedansl'ondemarine.S'ilyaunepunitionfinaledel'âme,commeilsl'affirment,

45Cetterotationestinutile.Deplussansuncorps!Quelgrandétonnement?Maisavecuncorps,combiendefeuximagineras-tu?Ilyaencoreunplusgrandsujetd'étonnement!Puisquetum'asliéàplusieurscorps,celienm'adonnédemeilleuresconnaissances,Pourquoifaut-ilquelaseulechosequiéchappeàmonesprit,

50Soitmon«enveloppe»d'avant,oud'après.Combiendefoissuis-jemort?MonCréateurn'apasprocédéaveclesâmescommes'ils'agissaitderemplirdessacs.

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Ceseraitunegrandeabsurditéquejepuisseéprouverl'oublid'unevieantécédente.Parvenuàcetinstant,puissiez-vousentendreundiscoursmeilleursurlesoufflevitalOùjemêleraiunhumblecontentementàmonpoème.

55Quandrienn'existaitencore,ilyeutunmomentoùl'excellentVerbedel’intelligence,Exprimantl'intelligenceduPèreTrès-Haut,aformélecosmos.Ilparlaetsavolontéfutparfaitementaccomplie.Lorsquelecosmosfutentièrementachevé:terre,cieletocéans,Ilcherchaunconfidentdelasagesse,mèredetouteschoses,

60UnêtredouédelacraintedeDieu,roidesréalitésterrestres.Ildit:«Voici:quedesserviteurspursetéternelspeuplentleciel,Chantantdeshymnesmirifiques,qu'ilscélèbrentlerayonnementdemagloire.Maislaterreexultedejoieàtraversdesêtressansraison.Aussim'a-t-ilpludecréerdecesdeuxréalitésunêtre

65Partageantlaconditionmortelleetlaconditionimmortelle,Emplid'unespritsisentrelesdeuxmondes,prenantplaisirenmesdesseins,Douédelaconnaissancedesmystèrescélestes,Puissantpourgouvernerlaterre,unautreangevenud'en-bas,Chantantleslouangesdemesdécretsetdemonintelligence.»

70Àpeineavait-ilditcela,queprenantunepartdelaterrenouvellementmodelée,Ilsculptadesesmainsimmortellesmaformeplastique,

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Etilydonnaenpartagesaproprevie.Puisillivraunesprit,effusiondesanaturedivineimmatérielle.Delapoussièreetdusoufflevivantfutassembléelavulnérableimagedel’immortel.

75Lanaturedel'intellectestd'êtrelemaîtredecesdeuxéléments.Autantjechériscettepartdeviemevenantdelaterre,Autantjedésireenmoncœurlapartdivinequim'estréservée!Telleestl'unitésiseaucœurdupremierêtrehumain.Lecorpsesttirédelachair,etl'âmes'yjointd’unefaçonmystérieuse,

80Entrantdel'extérieurdanscemodelagevenudelapoussière.Celuiquiunit,connaîtcommentilad'abordlivrélesoufflepuisliél'imageàlaterre.Maisn'yaurait-ilpasquelqueparole,combattantmesproposantérieurs,Quisupposeraitsanscraintequecetteunionseraitlefruitdeplusieursacteurs?N'affirme-t-ellepasquecommenotrecorpsad'abordétéfaçonnédelapoussière,

85Puiss'estreproduitparlavoiedelanaturehumaine,Produisantdefilenaiguilleunesuccessiondemortelsdepuislemodelageoriginel,Ainsi«l'âme»,insuffléeparDieu,s'estdèslorsunieparlasuite,Auxfigureshumainestelunnouveau-né,Ayantététransmiseparlasemencedepuislecommencementenplusieurs[êtres]

90Préservantainsiuneseulesubstancedemeurantdansles

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oujde;ga;raujxunhvti"ejmoi;kai;pa'simeristh;yuvchplazomevnhtedijhJevro".Psychè commande en premier lieu deux adjectifs (xunè et

méristè)entourantl’altéritéentre«moi»et«touslesautres»etensecond lieu leparticipemoyensuividucomplémentde lieu(hèeros).L’adjectifmeristè évoque l’idéedeséparationetdansce contexte d’individuation. Nous retrouvons un emprunt àAristote462. Il semblerait que certaines affirmations du Timéesoient remises en cause par Grégoire, mais aussi certainesintuitions stoïciennes, selon lesquelles les « âmes » humainesseraientuneémanationignéedelaseule«âme»divine,celle-cipouvant correspondre à cette âme errante dans l’éther. Lesthéories pythagoriciennes sont également pointées du doigt463.Àl’aidedutraitéd’Aristote,notrepenseurparaîtrésumertoutescesthéoriesde«l’âme»dumondematricedeladisséminationdesâmesdanslemonde.Enfiligrane,c’estaussiOrigènequiestdirectementvisé464.

Suivent les vers 24b-31 où dans un raisonnement parl’absurde, deux doctrines sont reprises afin de les tourner enridicule : l’ironie de Grégoire est particulièrement mordantedans ce passage.La première doctrine présente la nécessité del’airpourlarespirationdetoutunchacun(vers24b-27),etparvoie de conséquence une inconséquence si la psychè estsimplementidentifiéeàl’éther.L’airétantrespirépartouspourvivre, tout individu serait présent en tout individu465 !L’inclusionestsoulignéeparlagrammaire:lelienentre«an»au vers 24b et « ekeinto » au vers 26b. Cette nécessité de larespiration est bien celle de l’unité du genre humain signifiéepar la reprise de pasi au début et à la fin du vers 25, avecl’allitérationsur«pneu466».Metapneivonte"esthapaxdetoutela littératurepatristiqueetdoitêtre rendudans lecasprésent :

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« ceux qui inspirent et expirent467 ». Diversité et richesse duvocabulaire avec cuth; dont la signification est proche deplazoménè.

Lasecondethéorieestcelledel’engendrementdel’âmeausein de la matrice maternelle et le paradoxe qui pourrait endécouler (vers 28–31). L’art du rhéteur se manifeste par unequestion quelque peu alambiquée. Deux conjonctions desubordination conditionnelles « ei » ne sont pas au mêmeniveau.Lapremièreconjonctionestàrelieràlapsychèduvers24, tandis que la seconde concerne les splavgxnoisi dont lalongueur métrique ne peut qu’attirer l’attention : il s’agit desentrailles maternelles. Le poète s’implique avec la reprise dupronompersonnel«me».Ensuitelarépétitionpardeuxfoisdupronom interrogatif « ti » conduit le raisonnement en deuxétapes : question de la place que tient « l’âme », et de sonexistencedans le seinmaternel468.Cen’estpasdirectement lapsychè comme venant de Dieu qui est désignée là, maisl’inconséquencedepenserquelacréationdel’êtrehumainseraitle fruit de l’éther. Pour Grégoire, il ne fait pas de doute quel’unitédugenrehumainestposéedèslaconceptiondansleseinmaternel.Deuxtextesbibliquesmajeurssontàl’arrière-plandesa réflexion : Jr 1,5 : « Avant de te façonner dans le ventrematernel, je te connaissais ; avant ta sortie du sein, je t’avaisconsacré»;etbiensûrLc1,35:«L’EspritSaintviendrasurtoi,etlapuissanceduTrès-Hautteprendrasoussonombre;etc’estpourquoil’êtresaintquinaîtraseraappeléFilsdeDieu.»Cettequestion sur la présence de « l’âme » au sein des entraillesmaternelles trouve dans ce contexte non seulement uneexplication métaphysique469, mais elle est également sous-tendue par la ligne théologique fondamentale deGrégoire – etnousleretrouveronsplusloindanslepoème(vers70–75)–où

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l’incarnation du Fils est le lieu même de la véritéanthropologiquedel’êtrehumain.

Aprèscettequestiontrèsdense,notredidascalerevientàsonironiemordante (vers 30–31).Après s’être impliqué, cette foisnotre auteur interpelle son auditeur « su ». L’abondance de laprogénitureestévoquéeparlalongueurmétriquedugénitifsurles deuxième et troisième pieds du vers 30, avec la premièresyllabelongueduquatrième470.Unefoisencorepsychè(audatifpluriel)estmiseenlumièreaudébutduvers31surunspondée.Accompagnédedaptomevnh/sin471,cegroupenominalestaussilongqueleprécédentetvientbiensepositionnerencontraste.Lalogiqueestimplacable:silapsychèhumaineestdiffractiond’une«âmeéthérée»,évidemmentplusilyad’êtreshumainsetplus cette « âme éthérée » se fragilise dans ces multiplesdivisions.Cemêmeverbeutiliséprécédemmentpourdésignerladissolution des créatures déchues dans le feu, nous autorise àtraduire par « se déchirer ». Cette image peut rappeler deuxpassages des Évangiles. Premièrement celui de la controverseentre Jésus et les saducéens avec la question de la femme auxseptmaris472:lerapportentreeschatologieetprocréationn’estsans doute pas à éluder dans ce contexte. Tout comme lasentence du Christ à propos de la division dans les royaumesquandilestaccuséd’agiraunomdeBeelzeboul473.

Où placer le vers 32 ?Comme précédemment pour le vers18a,ilestàlafoispauseetliaisondansl’argumentation.Nousretrouvonsmuvqo"cette foisaumilieuduvers.Poursoulignerl’ineptie de ces théories, la négation« ou » précède l’adjectifpinutos. L’exaspération de Grégoire est patente dansl’expression ejtwvsia paivgnia dont il faut apprécier laparonomase.Latraductionn’estpasimmédiatementfacile,danslamesureoù il faut tenircomptedebiblôn quivient souligner

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Dans ces vers, notre poète aborde une question largementdébattueparlesPèresdel’Églisequantàcetteunionmêmede«l’âme»etducorps.Plusieurspositions499s’affrontaientparmilesquelles celle qui pensait que les âmes préexistaient ettombaient dans un corps qui leur était échu, une positiondéfendueenparticulierparOrigène.D’autrespenchaientpourlefait que Dieu créait une âme propre à chaque corps humain :théorieducréationisme.D’autresencorepenchaientpourlefaitquelesâmespassaientparlebiaisdelaconceptiondesparentsaux enfants : théorie du traducianisme. Dans cette voie, uneapproche plus spiritualiste allait jusqu’à penser que « l’âme »était engendrée par les parents dans une voie semblable à laconceptionphysique,maisdemanièreplusimmatérielle.Surcepoint,nousallonsconstaterqueGrégoire tient fermementpourla position créationiste et rejette la théorie des âmespréexistantestenueparson«maître»Origène.

Défenseducréationisme:vers78b-81

L’expressionautarepeitaouvreunenouvellesectioncommenous l’avonsmentionnéplus haut.Les vers 78b-81 édictent lathéoriecréationistedel’âmevenants’immiscerdanslecorps,del’extérieur même de celui-ci. Nous avons encore uneconstruction en chiasme, mettant en valeur la prééminence del’âmepuisqueplacéeaucentre:

sw'mame;ne%ksarkw'nyuch;djejpimivsgetjaji?stw"e%ktoqeneijspivptousaplavseicovo".L’union des deux éléments est donnée par le verbe

ejpimivsgw, avec une forme apocopée pour la nécessité de laversification«avoirdesrelations,selieravec…»Noussommes

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renvoyésiciautoutdébutdupoème(vers1):mixin.Maisnousavons préféré dans ce contexte garder l’idée de liaison ou derelation, pour éviter le « mélange » trop proche de certainesconceptionsstoïciennes.Ledatifplaseiaffirmeànouveaucetteplasticité de la créature humaine déjà édictée plus haut. Il nefaudraitpasnonpluspassersoussilenceladistinctionévidentedanscepassageentre lesoma et la sarx.Enfin il nous a parumieuxderendreaji?stw"par«mystérieusement»plutôtquepar« invisiblement ». L’expression oijden oJ mivxa" sur lecinquièmepied et le sixièmeavec finale spondaïquemontre laforcede l’argumentationdeGrégoire :seul leCréateurconnaîtlaprofondeurdumystèredel’êtrehumain.Àl’inversedesvers70–75, la séquence semble inversée : le don du souffle enpremierlieu,puislafixationdel’êtrehumainsurlaterre,aveclareprise de la dimension iconique (eikona, vers 81, quatrièmepied500).

Rejetdutraducianisme:vers82–96

DeuxtempsconduisentladémonstrationdeGrégoiresurcepoint, lepremierplus théorique (vers82–91a),puisune figurecomparative(vers91b-96).

L’unité de la section 82–91a, pourrait être suggérée par lareprise de pleovnessi, adjectif qui soutient la contre-argumentation traducianiste. D’autre part le balancement entreôssomaaudébutduvers84etkaipsychèaudébutduvers87,ajoute un élément de cohésion à cette unité. Le vocabulaireironiqueetpolémistequi s’était tudepuisunmoment, reprendauxvers82et83avecajrhvgwn[combattant]etqarsalevw"[sanscrainte ou résolument501]. Ce balancement permet à notrerhéteurd’opérerendeuxtemps:duvers84auvers86quantau

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corps,duvers87auvers90quantàlapsychè.Sansdoutefaut-ilrepérer l’allitération entre rJuvsi" [écoulement502] et rJivzh"[racine503] dans la question de l’engendrement et de lapropagationdelamortphysique.Lesubstantifbroton estcettefois choisi à dessein dans la dimension mortelle de l’êtrehumain, la dimension plastique étant toujours très présente(plastès).Lasimilitudeduphénomèneconcernantlapsychè esttraduite par la reprise du mot andromeos (vers 85/88), et duparticipe présent aoriste echousa (vers 86/90). L’idée depropagation de l’âme par la voie de la nature humaine estégalement bien liée par la connexion entre rizès et spermatos,sanscompterlesubstantifplusrareajrtigevneqlo"504 [nouveau-né],parfaitementposésurlescinquièmeetsixièmepiedsduvers88. Nous avons mentionné plus haut l’isostasie de pleonessi(vers 83/vers 89). Le vers 91a, pose une questionanthropologiquefondamentale liéeà lamétaphysique :danscesens d’une âme éternelle diffuse en chacune des créatureshumainesparlemodedelapropagationsexuelle,celasuppose-t-ilexplicitementunemonadeintellectuellepréexistante505?

Ilestclairque,surcettequestion,Grégoiretourneledosàunegrandepartiedesesdevanciers:TertullienetOrigène.Leurreprocherait-il même d’avoir trop voulu accorder héritagephilosophique de certaines écoles hellénistiques et révélationbiblique?Ladernièrequestionnerenvoie-t-ellepasenfiligraneauxvers22–32,cequiexpliqueaussilaraisonpourlaquelleils’est longuement appesanti sur ces théories philosophiques ?L’hypothèse traducianiste lui apparaît finalement tropaccommodatriceavecdesvoiesphilosophiquesdéjà réprouvéespar l’école aristotélicienne quant à l’union de lapsychè et ducorps.Peut-êtrel’emploid’eidosauvers90nerecouvre-t-ilpasabsolument la même acception que dans le Peri psychès

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434. Aoriste second troisième personne du singulier deajnatlh'nai, signifiant « supporter ». Dans le contexte il estpossibledetraduire:«Prendresursoi».435.PoèmeVI,99,supra,p.255.436.Cf.TH.SPIDLIK,op.cit.,p.24–25.437.Cf.PoèmeI,39,supra,p.43.438. Cf. TH. SPIDLIK,Grégoire de Nazianze, introduction àl’étudedesadoctrinespirituelle,op.cit.,p.21.L’auteurdonneune traduction en français de ces vers 1–3a. Il garde le mot« âme»,mais accentue lanoteplatonicienne endisant qu’ellesubit lemélange entre le céleste et le terrestre. Si nous avonsprivilégié«aprissurlui»,c’estpourgarderenpointdemirelalogiquechristologiquequinepeutêtreignorée.Poursapart,C.MORESCHINI souligne la différence entre Plotin et Grégoirequantausiègedelaviedivineenl’êtrehumain:«PerPlotinoèl’intelletto che vede le realtà intelletuali e si identifica conesse ; per Gregorio è l’anima che si identifica con Dio. »GregoriodiNazianzo,op.cit.,p.32.439.ARISTOTE,Peri;Yuchv",«Del’âme», texteétabliparA.JANNONE, traduction et notes d’ E. BARBOTIN, Les BellesLettres,AssociationGuillaumeBudé,Paris,1995,123p.440.SYKES,op.cit.,p.216–217.441.Cf.ORIGÈNE,ContreCelse,6,63;SourcesChrétiennesn°147,Cerf,Paris,1969,p.339.442.Laformepoétique⊠⊠⊠⊠⊠⊠⊠⊠estégalementprésenteenHOMÈRE,Iliade,21,451.443.Autremotquel’onretrouvechezHOMÈRE,Iliade,9,242.444. Cf. ARISTOTE, op. cit., 404a, p. 6 : « Ainsi Démocritedéclarequel’âmeestunesortedefeuetdechaleur.»445.Idem,405a,p.9:«Diogèneavecquelquesautresidentifiel’âmeàl’air,parcequedanssapensée,l’airestlachoselaplussubtilede touteset joue le rôledeprincipe.»Grégoire revient

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quelquesversplusloinsurcettethéorie(vers23–31).446.Cf.PoèmeVI,93,supra,p.254.447. Cf. Poème VI, 50–52, supra, p. 251, avec la distinctiondonnéeentre«éther»et«air».448. Outre le fait que nous avons ici un hapax de toute lalittératurepatristique,cf.BAILLY,op.cit.,p.238 ;LAMPE,op.cit.,p.205,enfiligranel’attaqueviseraitpeut-êtredavantagelesliturgiesorphiques,citéesparARISTOTEdanslePeriPsychèn:« Ils disent que lapsychè arrive tout entière en étant exhalée,ayantétéportéeparlevent»,410b28ff.Orlemotexhaléiciestajnapneovntwn, très proche de cet hapax. Finalement, il seraitfort possible que Grégoire se soit inspiré de cette étuded’Aristote pour présenter les différentes conceptions qu’ilconteste.449.Motpratiquementhapax,absentdudictionnairedeBailly,et utilisé seulement deux fois parGrégoire.L’autre occurrenceestenCarm.II,2,5,72.Cf.LAMPE,op.cit.,p.1106.450. ARISTOTE, op. cit., 405a, p. 10 : « Pour Héraclite, leprincipe,c’estl’âme,puisqu’elleestl’exhalaisonchaudedontilconstitue les autres êtres. C’est une réalité incorporelle et enperpétuelécoulement:depluslemûestconnuparlemû.»451.VoiraussiLv17,14etDt12,23.452.ARISTOTE,op.cit.,405b,p.10 :«Hipponréfuteeneffetceuxquiprétendentque l’âmeestdusang,enalléguantque lasemence n’est pas du sang, mais qu’elle constitue l’âmeprimaire. Pour d’autres, au contraire, tel Critias, l’âme est dusang : ils estiment que la faculté de sentir est, plus que touteautre,propreàl’âmeetqu’elleluiappartientdeparlanaturedusang.»453.ARISTOTE,op.cit.,407b-408a,p.17–18 :«Maisd’autrepart si l’âme est autre chose que le mélange, pourquoi donc,lorsquedisparaîtl’essencedelachair,celledesautrespartiesde

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l’animaldisparaîtaussi?Desurcroîts’ilest fauxquechacunedes parties ait une âme – l’âme n’étant pas la proportion dumélange–qu’est-cequipéritquandl’âmequittelecorps?»454.Grégoireutiliseicilemoteujkraeve".455.Pourrendreaumieuxtoutelapremièrepartieduvers17,ilest préférable de substantiver cet adjectif, en le rendant par«beaumélange».456.Nousemployonsàdesseincetadjectif,danslamesureoùilnes’agitpasdirectementdesthéoriesmêmesdePlaton,maisdeleurreprisedansd’autresécolesphilosophiques.457. SYKES traduit kear dans ce cas précis par « soul », aurisquedecréerunecertainedifficulté,toutenreconnaissantquel’anglaissoul est certainementplusprèsdans saplurisémiedugrecpsychèquenotrefrançaisâme.PourrespecterladifférenceposéeparGrégoireentrekearetpsychè,noussommesinvitésàtraduirepar«cœur».458.ARISTOTE,op.cit.,p29:«Maispuisqu’ils’agitenoutred’uncorpsdetellequalité–àsavoirdouédevie–lecorpsnesauraitêtreidentiqueàl’âme:eneffet,lecorpsnecomptepasaunombredesattributsd’unsujet,mais il estplutôt lui-mêmesujetetmatière.»459.Ph3,19.Cependant l’hypothèseaurait sapertinencedanslamesureoùlecontexteestceluideladestinéeducorps.Entreceuxqui,croyantauChrist,verrontleurcorpsdevenirglorieuxetceuxqui,nepensantqu’auxchosesdelaterre,resterontdanslahonte.460.Grégoire irait-ilplus loinqu’ARISTOTE,op.cit., 405b, p.10 : « Car tous les éléments, sauf la terre, ont trouvé leurpartisan:personnen’asoutenuquel’âmeétaitdelaterre,saufcelui,s’ilenfut,quil’aurafaitdériverdetouslesélémentsouidentifiée à eux tous. » Entre temps d’autres écolesphilosophiquesavaientdéveloppéd’autresthéories.Serait-celes

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24–31L’êtrehumain,unmicrocosme:vers32–38bLadramatiquedelachute:vers39–54

Unehymneàl’univers:vers55–74

Lemondeserait-iléternel?:vers55–62Lemystèredelacontemplationintratrinitaire:vers62–66QuellienentreDieuetl’intellectdel’univers?:vers67–73

Mystèredelacréationetdramedelachute:vers75–92

L’œuvrelumineuseduNouscréateurdivin:vers75–82Chutedelacréatureet«ministère»duVerbe:vers84–92

Conclusion,deuxuniversunisparlaTrinité:vers93–100

«ÉtoilemessagèreoùleChristaresplendi»L’étrangetédespouvoirsastrologiques:vers1–33

Deuxquestionspréliminaires:vers1–3L’impossibilitédel’autonomiedelacréation:vers4–15Unediatribecontrelesastrologues:vers15b-33L’impossibilitédela«fatalité»:vers15b-25a.Dieudépendantdesastres,hypothèseimpossible:vers26b-33

Legouvernementdivin:vers34b-44

LaprofessiondefoideGrégoiredanslegouvernementdivin:vers34b-44Lesconséquencesnéfastesdelacroyanceastrologique:vers45–52

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Laseuleétoiledignedeconfiance:leChristensanativité:vers53–71

Quelleétoile?Vers53–62Jugementfinal:vers63–71La«conversion»desMages:vers63–64Exhortationfinale:vers65–71

«Ceuxquipeinentdanslavertuacquièrentlalumièreéternelle»La«théorie»destroislumières:vers1–55

L’imagedel’arc-en-ciel:vers1–7Lumièredivineetlumièresangéliques:vers8–26Réticencesetdifficultés:vers27–46Une«captatiobenevolentiae»obsessionnelle:vers27–29L’imaged’unetraverséeimpossible:vers30–35Leslinéamentsdudramedesangesdéchus:vers37–46

Lecœurdelathéologiedestroislumières:vers47–55

Unpetittraitédedémonologie:vers56–82

Lachutedu«Lucifer»:vers56–67LesêtresetmanifestationsdémoniaquesLecombatspirituel:vers83–99

«Telleestl’unitésiseaucœurdupremierêtrehumain»Théologiefondamentaledu«souffledevie»:vers1–18a

Unepremièredéfinition:vers1–3aConceptionsphilosophiqueserronées:vers3b-18a

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Réfutationdeconceptions«platonicistes»:vers18b-52

Refusd’une«âme»dumonde:vers18b-32Leréquisitoirecontrelatransmigrationdesâmes:vers33–52

L’anthropologiebibliquedeGrégoire:vers53–129

Lelemmepréliminaire:vers53–54Ledéploiementmystériquedel’œuvredecréationdivineaucœurdel’êtrehumain:vers55–78aLacréationdel’univers:55–60Laparoleperformative:vers61–69L’explicitationthéologique:vers70–77

LapositioncréationistedeGrégoire:vers78b-96Défenseducréationisme:vers78b-81Rejetdutraducianisme:vers82–96

Laconditionprélapsaire:vers97–111Ledramedelachute:vers112–129

Bibliographie

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