les petites pierres le mag n°2 mars 2015

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www.lespetitespierres.org La plateforme participative pour l’accès à un habitat décent N°2 MARS 15 « L’HOMME QUI DÉPLACE UNE MONTAGNE COMMENCE PAR DÉPLACER LES PETITES PIERRES. » CONFUCIUS LE MAG L’hébergement d’urgence : un lit, un repas, un lien DOSSIER Partenaires des petites pierres : quand la citoyenneté des entreprises accompagne la générosité des internautes EXPERTISE Interview d’Eric Pliez, Président du Samusocial

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Le second numéro du magazine des petites pierres. Avec le regard positif et plein d’espoir du MAG des petites pierres, ce second numéro vous propose de prendre un peu de temps, pour parler d’urgence. Apprendre et comprendre l’hébergement d’urgence, découvrir la vie des hébergés et le travail plein d’humanité des accueillants. Réaliser qu’au-delà d’être au chaud et au sec, les grands exclus ont aussi besoin que quelqu’un les écoute et leur parle… Prenons aussi le temps de revenir sur quelques beaux projets réalisés grâce à l’aide des petites pierres, grâce à vous. Demandons à Martin Fourcade pourquoi il nous rejoint dans ce grand voyage des petites pierres. Bonne lecture de cette seconde édition.

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Page 1: Les petites pierres le mag n°2 mars 2015

www.lespetitespierres.orgLa plateforme participative pour l’accès à un habitat décent

N°2MARS 15

« L’HOMME QUI DÉPLACE UNE MONTAGNE COMMENCE PAR DÉPLACER LES PETITES PIERRES. » CONFUCIUS

LE MAG

L’hébergement d’urgence : un lit, un repas, un lien DOSSIER

Partenaires des petites pierres : quand la citoyenneté des entreprises

accompagne la générosité des internautes EXPERTISE

Interview d’Eric Pliez, Président du Samusocial

Page 2: Les petites pierres le mag n°2 mars 2015

ANNIVERSAIRE DES PETITES PIERRES : 1 AN DE SOLIDARITÉ

Le 6 novembre dernier, un vent d’optimisme a soufflé sur la première bougie des petites pierres. Un anniversaire auréolé de 25 projets financés, plus de 1000 dons et 259 000€ apportés aux associations. Ce résultat prometteur n’éclipse toutefois pas le phénomène du mal-logement, qui touche plus de 3 millions de personnes en France. « Nous ne prétendons pas changer le monde mais entendons apporter notre petite pierre », a déclaré Jean-Philippe Demaël, Directeur Général de Somfy, et Président du Fonds de dotation Les petites pierres. Pour le président de la Fondation Somfy, « le rôle d’une entreprise est de faire des affaires et des profits sans lesquels il n’y a pas d’emploi. Mais il faut aller au-delà et rendre au territoire une partie des richesses qu’il a contribué à créer ».Pour ses deux ans, l’objectif est déjà fixé : mobiliser toujours plus de particuliers et d’acteurs économiques. Et, cerise sur le gâteau pour les prochaines années, atteindre 1 million d’euros de dons ! Prêts à relever le défi ?

Avec vous et grâce à vous : 26 projets déjà réalisés

287 674€ dons apportés aux associations par Les petites pierres

5€ : le don minimum… une belle petite pierre apportée à l’édifice

OFFREZ DE LA SOLIDARITÉ ! Rien de plus simple qu’offrir une carte Les petites pierres. Vous définissez le montant (à partir de 5€) et faites votre don en ligne. Votre proche reçoit sa carte des petites pierres par e-mail accompagnée de votre message. Votre filleul peut ensuite faire un don pour le projet de son choix, dans un délai de 20 jours. Si ce délai est dépassé, le montant de la carte est alors reversé au Fonds de soutien Les petites pierres qui permet d’aider les projets en fin de campagne. Une jolie façon de partager votre engagement avec vos proches !

Les 1an des petites pierres

1an1anLes despetites pierres

« ON PEUT BÂTIR QUELQUE CHOSE DE BEAU AVEC LES PIERRES QUI ENTRAVENT LE CHEMIN ». GOETHE

BONNES NOUVELLES

On se le dit, c’est pas à pas que les

grands voyages se font…On le sait, celui des petites pierres sera long et ma-gnifique car la cause est grande et belle : donner à chacun un toit décent pour vivre et s’épanouir. Ce toit, si précieux pour conserver sa dignité d’Homme, s’absente par-fois malheureusement de la vie de certains, qui se retrouvent alors SDF, sans-abris, clochards…

On connaît ces noms, posés sur des silhouettes que l’on croise dans la rue. On connaît généralement moins les histoires person-nelles qui ont fait basculer ces hommes et ces femmes dans une situation d’extrême urgence.

Car oui, il est urgent de sortir de la rue lorsqu’on s’y retrouve emprisonné.

Avec le regard positif et plein d’espoir du MAG des petites pierres, ce second numéro vous propose de prendre un peu de temps, pour parler d’urgence. Apprendre et comprendre l’héber-gement d’urgence, découvrir la vie des hébergés et le travail plein d’humanité des accueillants. Réaliser qu’au-delà d’être au chaud et au sec, les grands exclus ont aussi besoin que quelqu’un les écoute et leur parle…

Prenons aussi le temps de revenir sur quelques beaux projets réa-lisés grâce à l’aide des petites pierres, grâce à vous. Demandons à Martin Fourcade pourquoi il nous rejoint dans ce grand voyage des petites pierres.

Bonne lecture de cette seconde édition. On tient avec conviction nos promesses : vous proposer d’apprendre beaucoup, et d’aider un peu !

VINCENT DEFRASNEDirecteur de la Fondation Somfy et

du Fonds de dotation des petites pierres

LES PETITES PIERRES I Le Mag N°2 I MARS 2015

ÉDITO

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SOMMAIRE

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EN COULISSE 04Conseil d’administration : ils ont posé la première pierre ! DOSSIER 06Partenaires des petites pierres : quand la citoyenneté des entreprises accompagne la générosité des internautes

PROJET 08Paris 13e : accueillir des personnes à mobilité réduite COMPRENDRE 10L’hébergement d’urgence : un lit, un repas, un lien

PARTAGE D’EXPÉRIENCE 12Mettre le cap sur l’entraide Bienvenue sur le bateau « Je Sers », lieu d’entraide sociale et paroisse batelière qui héberge l’association de la Pierre Blanche. EXPERTISE 14« Aller vers ceux qui ne demandent plus rien » Interview d’Eric Pliez, Président du Samusocial.

RENCONTRE 16Martin Fourcade, un parrain en or pour Les petites pierres !

TÉMOIGNAGES 18La parole à tous ceux, donateurs, associations, porteurs de projet, partenaires, qui accompagnent généreusement Les petites pierres.

Les petites pierres – LE MAG est édité et financé entièrement par la Fondation Somfy : 50 avenue du Nouveau Monde. 74300 Cluses. Directeur de la publication et rédacteur en chef : Vincent Defrasne. Rédaction : Fondation Somfy, Explorations et D’Home Productions. Maquette/ Réalisation : Explorations, Chamonix (www.explorations.fr). Imprimé sur papier 100 % recyclé Cyclus Print. Crédit photos : Fondation Somfy, Laurent Cousin (www.laurentcousinphotographe.fr), Samusocial, Solid’Action, Martin Fourcade, Photo X. Retrouvez Les petites pierres et toute l’actualité des projets soutenus sur notre site internet : www.lespetitespierres.orgPour nous contacter : [email protected]

POUR VOIR LE FILM SUR LE 1ER ANNIVERSAIRE DES PETITES PIERRES

Et retrouvez p.16 notre parrain en or, Martin Fourcade !

Sur le Bateau « Je Sers », aux côtés de l’association la Pierre Blanche : voir p.12

Il est urgent de sortir de la rue lorsqu’on s’y retrouve emprisonné

Page 3: Les petites pierres le mag n°2 mars 2015

Les membres du Conseil d’administration des petites pierres apportent leur caution au projet mené par le Fonds de dotation. Mieux : la richesse et la diversité de leurs parcours en fait de

formidables générateurs d’idées !

En un an à peine, un incroyable réseau d’anonymes, d’associations et d’entreprises s’est tissé sur la plateforme des petites pierres afin de lutter contre les situations de mal-logement. 26 projets ont été menés à terme et 287 674€ récoltés grâce à la générosité des donateurs et au système d’abondement sur lequel se fonde la philosophie des petites pierres.

Une démarche pérenne Ces premiers résultats positifs sont le fruit d’une action impulsée par Jean-Philippe Demaël, président du Fonds de dotation, qui a souhaité souder le Conseil d’administration autour de personnalités fortes, expertes dans leur domaine et motivées par la lutte contre le mal-logement. Qu’ils soient salariés de Somfy ou extérieurs à la société (voir portraits ci-contre), ses membres témoignent d’une diversité de parcours propice à créer un échange riche pour faire grandir Les petites pierres. Leur sincère implication est le meilleur gage de la démarche solide et pérenne engagée par le Fonds de dotation. Mais au-delà de son rôle d’organe de contrôle, le Conseil d’administration est d’abord une formidable force de propositions qui s’est révélée à l’occasion de sa dernière réunion, le 23 janvier 2015.

Aller de l’avantCertes, la satisfaction inspirée par ce bilan de l’année écoulée se lisait sur les visages, mais l’assemblée a de concert annoncé qu’elle comptait poursuivre et renforcer les actions, et a aussitôt joint les actes aux paroles. De la synergie des différents acteurs présents autour de la table a fusé une série de propositions allant dans le sens du développement voulu par Les petites pierres : soutenir toujours plus d’initiatives.

3 priorités en 2015Pour 2015, les objectifs fixés se révèlent d’autant plus ambitieux que la dynamique animant Les petites pierres est puissante. Dans ce contexte, trois axes prioritaires ont été dégagés :

• Renforcer l’accompagnement des associations en s’appuyant sur un principe fondamental : transmettre les valeurs humaines des projets et gage de leur réussite ;

• Densifier le lien avec les donateurs, les fédérer autour des valeurs de partage qui sont l’âme des petites pierres ;

• Accueillir de nouveaux partenaires pour augmenter les moyens financiers alloués aux projets associatifs et accroître la notoriété des petites pierres par le biais d’actions de communication. Alliant optimisme et réalisme, Les petites pierres traduisent leur l’ambition en chiffres : 100, c’est le nombre de projets que la plateforme participative compte porter avec enthousiasme d’ici fin 2015 !

« Après avoir quitté la Haute-Savoie, j’ai dirigé l’OPAC du Rhône, bailleur social. J’avais à gérer un parc immobilier de logements pour ménages modestes qui ne pouvaient pas se loger dans le privé. Ma petite pierre est peut-être mon expérience de Préfet, « facilitateur du mieux-vivre ensemble », doublée de mon expérience de responsable d’une entreprise de logements sociaux. J’ai pu ainsi mesurer combien il était difficile de fournir un « toit pour tous », décent et adapté notamment aux populations les plus démunies ou en situation de grande précarité, de plus en plus nombreuses, et combien le lien social était plus que jamais nécessaire dans notre société en mutation. »

« Que le concept original et prometteur de cette plateforme de financement participatif se développe et que nous ayons de nombreux projets à financer. Les petites pierres apporteront ainsi une contribution utile contre cette « montagne du mal-logement» que connaît notre pays. »•

« J’ai passé trente ans à Emmaüs, dont six ans à la présidence, qui m’ont amené à rencontrer beaucoup d’ONG menant un grand nombre de projets. J’ai quelques idées sur ce qu’on peut attendre d’un projet et repérer ce qui le rend digne d’intérêt et méritant un soutien. Pour moi, un projet solide doit d’abord être porté par des personnes suffisamment déterminées pour le mener à bien, contre vents et marées. Donner un coup de main par une aide financière permet alors à ce projet de se mettre en place puis de se pérenniser. Le critère essentiel est son utilité sociale, sa contribution à l’intérêt général : lutter contre l’exclusion, apporter un secours, bâtir un édifice durable, créer de l’emploi ou du lien social… »

« Que ces petites pierres contribuent à édifier une dynamique sociale nouvelle d’entraide, par l’engagement de certains dans des projets utiles, et la participation d’autres par un apport financier. Que Les petites pierres soient un exemple de solidarité sociale efficace. Qu’elles aient un effet multiplicateur au point d’initier une vraie dynamique de terrain. »•

« En tant qu’expert du numérique, je me suis intéressé au crowdfunding. J’essaie donc de partager mes connaissances sur ce mode de financement. Un de mes modestes apports à la réflexion est, qu’au-delà de la recherche de donateurs, c’est la recherche de bons projets qui importe. Une plateforme de crowdfunding est l’amplificateur de l’énergie que l’on y met. Les projets qui ne marchent pas sont ceux où peu d’énergie a été mise. Quand on multiplie quelque chose par zéro, on obtient zéro. Inversement, avec une belle énergie, on obtient des résultats impressionnants. »

« Qu’elles atteignent l’autocatalyse. Le moment où il n’y aura plus de marketing à faire, où la plateforme sera devenue une référence. Cet objectif est tout à fait accessible car Les petites pierres sont formées d’une très bonne équipe qui a très bien compris la mécanique du crowdfunding et qui a du peps. »•

Conseil d’administrationIls ont posé la première pierre ! Association de bienfaiteurs

LES PETITES PIERRES I Le Mag N°2 I MARS 2015

« SI VOUS AVEZ CONSTRUIT DES CHÂTEAUX DANS LES NUAGES, VOTRE TRAVAIL N’EST PAS VAIN ; C’EST LÀ QU’ILS DOIVENT ÊTRE. À PRÉSENT, DONNEZ-LEURS DES FONDATIONS. » HENRY DAVID THOREAU

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EN COULISSE EN COULISSE

Philippe DerumignyAncien Préfet, chargé de mission auprès du secrétaire général du ministère de l’Intérieur (Paris)

Christophe DeltombeAvocat, ancien président d’Emmaüs France (Paris)

Serge SoudoplatoffEntrepreneur, chercheur, enseignant, expert en numérique (Paris)

Le Conseil d’administration compte des personnalités venant d’horizons divers, toutes réunies par le désir d’apporter leur petite pierre à la lutte contre le mal-logement.

Les membres du Conseil d’administration Annie Bouvier, Christophe Deltombe, Jean-Philippe Demaël, Anne-France Dufour, Jean-Michel Jaud, Marine Morain, Philippe Derumigny, Serge Soudoplatoff.•

Quelle est votre petite pierre à vous ?

Un vœu à formuler pour Les petites pierres ?

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Partenaires des petites pierresQuand la citoyenneté des entreprises accompagne

la générosité des internautes

Face aux enjeux colossaux du mal-logement, les solutions collectives sont plus que jamais d‘actualité pour apporter des résultats tangibles et répondre à l’urgence de la situation. C’est

pourquoi Les petites pierres proposent au monde de l’entreprise de les accompagner dans leur action. Pourquoi et comment devient-on partenaire des petites pierres ?

Rassembler toutes les bonnes volontés pour lutter contre le mal-logement En début d’année, Les petites pierres se sont fixé un objectif ambitieux : porter le nombre de projets soutenus par la plateforme… à 100 en 2015 ! Pour y parvenir, il est essentiel de réunir toutes les forces et les énergies prêtes à se mobiliser pour lutter contre le fléau du mal-logement : les associations, qui agissent au quotidien sur le terrain, pour aider les exclus et les personnes en quête d’un toit ; les donateurs, prêts à apporter une contribution financière pour soutenir l’action ; et les acteurs du monde économique, soucieux de s’engager pour vivre une aventure citoyenne en aidant à la réalisation de projets concrets. C’est tout le sens de la maxime de Confucius sur laquelle se fonde la philosophie des petites pierres : « L’homme qui déplace une montagne commence par déplacer Les petites pierres ». Ensemble, en rassemblant nos forces, nous pouvons faire de grandes choses pour rêver et construire un monde où chacun disposera d’un habitat décent afin de vivre et s’épanouir…

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Comment les partenaires s’engagent à nos côtésNombre d’entreprises ont intégré la dimension sociale dans leurs activités et souhaitent s’impliquer activement. Plateforme de crowdfunding dédiée à la lutte contre le mal-logement, Les petites pierres proposent aux acteurs économiques la possibilité de s’engager dans ce domaine, pour soutenir des projets clairement identifiés. Cette collaboration peut se décliner sous différentes formes. La première possibilité pour un partenaire : soutenir la générosité des donateurs. C’est le principe de l’abondement : le partenaire peut soutenir un projet en particulier, et s’engage à doubler les dons effectués par les internautes. Le Crédit Agricole des Savoie, quant à lui, rétrocède au Fonds de dotation l’ensemble des commissions de transactions perçues dans le cadre des dons effectués par les internautes sur la plateforme www.lespetitespierres.org. Cette rétrocession des commissions permet au Fonds de dotation d’optimiser son soutien aux associations en reversant l’intégralité des dons des internautes aux porteurs de projets.

Le soutien du partenaire peut aussi se traduire par un soutien en communication, afin de relayer l’appel aux dons et de faire avancer la collecte pour les projets. En témoigne la collaboration avec le portail d’annonces immobilières Logic-Immo.com, qui a souhaité promouvoir l’initiative des petites pierres en mettant à notre disposition l’ensemble de ses supports médias (voir encadré).

« LE BONHEUR EST LA SEULE CHOSE QUI SE DOUBLE SI ON LE PARTAGE ». ALBERT SCHWEITZER

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DOSSIERDOSSIER

Etre partenaire des petites pierres : C’est rejoindre une grande mobilisation qui poursuit le rêve que chacun dispose d’un toit, d’un habitat décent pour vivre et s’épanouir… C’est aussi la promesse de vivre une aventure citoyenne unique, et le gage de contribuer à résoudre concrètement des cas de logements indécents.

Les petites pierres plus visibles grâce à Logic-Immo.com

Depuis 20 ans, Logic-Immo.com, portail d’annonces immobilières, accompagne les personnes en quête d’un logement à la vente comme à la location dans leur recherche en les mettant en relation avec les professionnels du secteur.

Sensible à la réalité du mal-logement en France, Logic-Immo.com a souhaité s’engager auprès d’acteurs qui aident quotidiennement les personnes qui sont exclues du système, ou victimes de mal-logement. Depuis début 2015, Logic-Immo.com est partenaire des petites pierres. « Nous avons tout de suite adhéré à la cause soutenue par Les petites pierres, qui se trouve en parfaite adéquation avec notre activité dans l’immobilier, explique Cyril Janin, Directeur général de Logic-Immo.com. Cette initiative citoyenne se focalise sur des cas concrets, des situations critiques qui demandent une réponse rapide. Il nous a semblé important de mettre nos outils à leur disposition pour promouvoir leur action et permettre ainsi au maximum de personnes d’accéder à un logement décent. »

Soutenir le crowdfunding« Notre puissance média représente un véritable levier susceptible d’accroître la notoriété des petites pierres et du système de crowdfunding qui demeure encore peu connu, poursuit Cyril Janin. Ce mode de financement récent, basé sur la valeur du partage, permet d’ouvrir le champ des possibles afin que tout le monde puisse participer. »

Une visibilité uniqueConcrètement, des pages visant à présenter l’action et les réalisations des petites pierres seront publiées régulièrement et gracieusement dans les 33 éditions du magazine de Logic-Immo.com. De même, le site internet Logic-immo.com et son application mobile prendront le relais, contribuant ainsi à donner un coup de projecteur aux projets portés par Les petites pierres et à la générosité de ses contributeurs.

Pour contacter Les petites pierres : [email protected]

Cyril Janin, Directeur général de Logic-Immo.com

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Paris 13e : accueillir des personnes à mobilité réduite

Le Fonds de dotation des petites pierres s’engage pour financer des travaux de modernisation d’un centre d’hébergement

d’urgence situé dans le 13e arrondissement de Paris. Pour atteindre son objectif, l’association La Mie de Pain a besoin de rassembler 19 020 €. Rendez-vous en mars sur www.lespetitespierres.org pour apporter votre petite pierre à ce beau projet !

Hébergement et insertion Le Refuge - centre d’hébergement d’urgence géré par l’association La Mie de Pain - a investi ses nouveaux locaux rénovés du 13e

arrondissement de Paris en janvier 2014. SDF, mal-logés, demandeurs d’asile, réfugiés ou sans-papier… Plus de 400 personnes en situation de précarité y sont hébergées quotidiennement et accompagnées vers l’insertion. Répartie sur 880 m², la structure propose des activités dans le domaine de l’accompagnement social et de l’insertion socio-professionnelle.

Personnes à mobilité réduite Si la conception du centre permet d’accueillir en chambres adaptées 29 personnes à mobilité réduite (PMR), l’aménagement n’a pas été prévu pour recevoir le public lourdement handicapé. Une situation qui renforce chez ces personnes le sentiment d’exclusion : à un établissement difficilement accessible s’ajoute en effet l’isolement social subi à l’extérieur. Dans ce contexte, l’association a décidé de procéder à une adaptation de ses locaux visant à optimiser le confort et l’accueil de ce public, à favoriser leurs déplacements et améliorer leur sécurité.

Les travaux à accomplirConcrètement, les aménagements prévus consistent en : • La réalisation d’un système de douche adapté

(nécessité d’équiper les sanitaires afin que

les personnes à mobilité réduite puissent prendre une douche de manière autonome).

• Une adaptation des portes des chambres (pose d’une barre pour aider les personnes à fermer les portes).

• Un changement des portes principales d’entrée (installation d’un bras permettant une ouverture automatique des portes).

• La mise en place d’un bouton d’appel relié au PC de sécurité, près du lit ou des sanitaires, pour signaler un malaise ou autre problème.•

« LES PROJETS SONT LES PROMESSES QUE L’IMAGINATION FAIT AU CŒUR. » JEAN-LOUIS VAUDOYER

9LES PETITES PIERRES I Le Mag N°2 I MARS 2015

Près de 400 personnes vivent au Refuge. 29 bénéficient d’une chambre adaptée pour personnes à mobilité réduite.

Le Refuge, centre d’hébergement d’urgence géré par l’association La Mie de Pain, est ouvert 24 h sur 24 et toute l’année.

De gauche à droite : Patrick et Charles sont hébergés au Refuge, en attendant de pouvoir se réinsérer.

Naïma, qui travaille chez Natixis, est bénévole une fois par semaine pour distribuer les repas.

PROJETEMMANUEL COURCIER,RESPONSABLE DU PÔLE MÉCÉNAT

– LA MIE DE PAIN« Je suis entré à la Mie de Pain en 2000

pour diriger le centre d’hébergement d’urgence Le Refuge, un abri de nuit de 420 personnes et un chantier d’insertion nettoyage avec 45 salariés en insertion. Fort de cette expérience, j’ai été promu

en 2014 au poste de responsable du pôle mécénat pour développer

les partenariats avec des entreprises, fondations, fonds de dotation… »

Fiche techniquePorteur du projet :association La Mie de Pain.

Lieu : Centre d’hébergement d’urgence Le Refuge, Paris 13e.

Public concerné : les personnes à mobilité réduite, soit 29 usagers du centre.

Projet : améliorer le confort, l’accueil, les déplacements et la sécurité des PMR.

Les travaux : réalisation d’un système de douche adapté, modification des portes des chambres, changement des portes principales d’entrée, mise en place d’un bouton d’appel relié au PC de sécurité.

Date : début des aménagements prévus en mai 2015.

L’association qui porte le projet : La Mie de PainLa vocation de La Mie de Pain, association créée en 1920, est de répondre aux besoins des personnes mises en danger par la marginalisation ou l’exclusion autour d’une série d’actions centrée sur l’accueil, l’accompagnement et l’aide à l’insertion.L’équipe est composée d’environ 175 salariés : directeurs d’établissements, travailleurs sociaux, animateurs-éducateurs, psychologues, agents d’accueil, équipe médicale, fonctions supports… L’activité de La Mie de Pain s’appuie également sur la collaboration et le travail de plus de 300 bénévoles au sein de ses six établissements sociaux.

À FINANCER 19 020 p

Page 6: Les petites pierres le mag n°2 mars 2015

Respect des personnesEn plus de proposer en urgence une aide inconditionnelle, l’un des principes forts des associations est le respect du choix des personnes lorsque, par exemple, celles-ci ne souhaitent pas se rendre dans un centre d’hébergement. C’est là où le travail des maraudes prend tout son sens. La nuit, de nombreuses associations déploient leurs équipes, formées de professionnels ou de bénévoles, afin d’apporter une aide matérielle et un soutien moral.

Les maraudes pour nouer le contact Au Samusocial, les Équipes Mobiles d’Aide (EMA ou maraudes sociales) circulent à trois : un chauffeur un travailleur social et un infirmier. « Tous les soirs, nous avons un briefing sur les signalements qui nous sont remontés dans la journée et les priorités qui seront données, note Eric Pliez. Le meilleur vecteur d’approche est que les gens savent que notre véhicule dispose de boissons chaudes, de quoi manger, des couvertures, des chaussettes… Bref, des produits de base qui permettent de survivre au froid.... Certains vont vouloir rester où ils sont, mais le contact est un prétexte pour engager la discussion. Ce travail de nuit est repris en journée pour, peu à peu, amener les gens vers une demande de mise à l’abri et un désir de sortie de rue ».•

Sans-abris ou sans domicile fixe, ils sont des dizaines de milliers à chercher un toit pour se protéger des intempéries ou des dangers de la rue. De nombreuses associations portent secours au quotidien

à ces personnes en situation de grande précarité.

Aucun toit sur la tête Samusocial, Croix Rouge française, La Mie de pain… de nombreuses structures associatives sont nées de la volonté d’accueillir dignement les personnes en grande difficulté en leur offrant un lit, un repas, la possibilité de se laver, de rencontrer un médecin ou un travailleur social. Mais qui sont les sans-abri ? « La définition est très aléatoire, estime Eric Pliez, Président du Samusocial (voir son interview p.14). Pour moi, le sans-abri est celui qui n’a aucun toit sur la tête, y compris celui qui est hébergé provisoirement. Quant aux familles qui sont logées en hôtel, certes, elles ne sont pas sans abri, mais elles sont sans logement ».

Plus de 140 000 personnes sans domicile Selon l’Insee, 141 500 personnes se trouvaient sans domicile en France métropolitaine début 2012. Face à l’ampleur du phénomène, les associations agissent principalement autour de deux objectifs : maintenir le lien social, et orienter les personnes vers des solutions d’hébergement. Ces solutions se traduisent généralement par des centres d’hébergement collectif qu’il faut quitter le matin, ou dans lesquels il est parfois autorisé de rester la journée. « Chaque jour, face aux 1 500 appels reçus au 115 de Paris, nous proposons des places à 55 % des demandeurs. 80 % de ces places sont en dortoir », détaille Eric Pliez. Il n’empêche, les structures se sont nettement améliorées ces dix dernières années en offrant par exemple des chambres de 1 à 3 lits maximum. Ainsi, selon l’Insee, 39 % des hébergés disposent d’une chambre individuelle, et 6 % sont hébergés dans de grands dortoirs de plus de dix personnes.

Les familles en hôtels« Au fil des années, une action forte est née avec la prise en charge des familles, poursuit Eric Pliez. En dix ans, nous sommes passés de 2 000 nuits quotidiennes à presque 30 000 aujourd’hui. Cette option devrait être provisoire et non une solution de vie ».Les chiffres établissent en effet que 12 % des personnes sans domicile sont hébergées en hôtel. Plus de la moitié d’entre elles partagent une chambre avec des membres de leur famille (au moins trois membres, dans la plupart des cas).

L’hébergement d’urgence : un lit, un repas, un lien

« ETRE HOMME, C’EST PRÉCISÉMENT ÊTRE RESPONSABLE. C’EST SENTIR, EN POSANT SA PIERRE, QUE L’ON CONTRIBUE À BÂTIR LE MONDE. » ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY

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COMPRENDRE COMPRENDRE

« La base du travail, c’est notre rapport avec l’autre »Annick est travailleuse sociale au centre d’hébergement Oscar Roty, Paris 15e (Samusocial).

Quel est votre rôle au quotidien ? Principalement l’accueil, l’écoute et l’orientation. On n’entre pas dans le domaine social si on n’a pas d’affinité pour « l’autre ». Ce n’est pas un métier pour gagner de l’argent. Il y a un attachement pour cette population en détresse.

Pourquoi l’écoute est-elle si essentielle ? Quand on reçoit les personnes pour la première fois, il faut essayer de tisser des liens. Les personnes orientées sur ce type de structure ont un passif d’errance, d’hébergement, de rencontres avec des travailleurs sociaux. Ils ont eu des déceptions, sont parfois méfiants. Pour recréer des liens avec eux, il faut établir un rapport de confiance qui pourra, par la suite, faire éventuellement avancer la situation. Cela ne peut s’établir que dans la durée. Parfois, nous sommes les seuls à les écouter. Les équipes sont donc très attentives à leurs besoins, à leur questionnement. La base du travail, c’est notre rapport avec l’autre.

Souhaitent-ils tous de sortir de la rue ? Peut-on vraiment parler de souhait ? Beaucoup ont perdu cette envie. Ce n’est pas un choix de rester dans un hébergement. Et quand la situation perdure dans le temps, les gens perdent leur motivation.

Quelles sont vos principales difficultés ? La difficulté majeure est la sortie de rue car il n’y a pas de places. Les situations sont totalement bloquées, ce qui, aux problèmes administratifs, ajoute un manque de perspective pour eux. L’ouverture de structures serait vraiment à prévoir. Le travail social est une mission extraordinaire mais il faut nous donner les moyens de réussir.

Une victoire, c’est une insertion ? Il y en a très peu mais ce peu est déjà beaucoup. Si on ne sort qu’une personne, on est déjà content. Cela fait longtemps que je travaille dans ce milieu, j’avance avec ce que cela m’apporte au bout : j’y arrive, tant mieux, je n’y arrive pas, c’est indépendant de ma volonté. Au début, j’avais cet idéalisme, de vouloir sauver le monde. Mais avec les années, on se rend compte que ça n’est pas possible. Cela peut créer une frustration lorsque, parfois, on veut des choses que les gens ne veulent pas. S’il n’y a pas d’adhésion, on ne pourra pas avancer. Mais on garde l’espoir.

Au fond, vous êtes une petite pierre ?Complètement ! C’est à petits pas que, finalement, on va construire quelque chose de solide. J’y crois et, malgré les difficultés rencontrées, j’y croirai toujours.

+50 % L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE PERSONNES SANS DOMICILE FIXE DEPUIS 2001

115 : NUMÉRO NATIONAL DE L’URGENCE SOCIALE Le 115 est un numéro vert national qui permet, dans chaque département, d’accéder à une permanence d’accueil téléphonique chargée de répondre aux situations d’urgence sociale. Le 115 est un numéro gratuit, il fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il se caractérise par un accueil immédiat et anonyme si la personne le souhaite.

Pour en savoir +« Le 20ème Rapport annuel sur l’état du mal-logement en France », Fondation Abbé Pierre« Enquête Sans domicile 2012 », Insee

Page 7: Les petites pierres le mag n°2 mars 2015

PARTAGE D’EXPÉRIENCEPARTAGE D’EXPÉRIENCE

Mettre le cap sur l’entraide : telle est la devise de La Pierre Blanche, une association qui a pour objectif l’hébergement et la réinsertion. En février, Les petites pierres lui ont rendu visite sur le Bateau « Je Sers » qui l’héberge à Conflans Sainte-Honorine (78). Embarquement pour un lieu entièrement tourné vers l’accueil et la solidarité.

Mettre le capsur l’entraide

« POUR UN HOMME BÂTIR SA MAISON, C’EST NAÎTRE UNE DEUXIÈME FOIS. » ROCH CARRIER

UN VILLAGE MOBILE ET UN PIED À TERRELe Bateau « Je sers » est un lieu d’entraide sociale et une paroisse batelière. Il accueille différentes associations et sert de lieu d’actions pour les démunis : repas, foyer, banque alimentaire, soutien scolaire… Depuis la péniche « Je sers », l’association La Pierre Blanche a fait naître 6 autres péniches avec 40 logements utiles pour accueillir des personnes en grande détresse. Elle offre aussi 50 logements à « terre » répartis en Ile de France qui sont un tremplin vers un logement de droit commun, un envol social.

TOUS SUR LE PONT ! Récolter, cuisiner, bricoler… Tout le monde s’y met ! Bénévoles et accueillis récoltent les invendus des grandes surfaces, cuisinent ensemble selon les traditions et cultures de chacun pour organiser de grandes tablées. Une centaine de repas sont servis par jour sur le bateau pour les hébergés et les gens de la rue. Le bateau sert aussi de banque alimentaire, vestimentaire et de dépôt-vente de meubles… « Je sers » rime avec accueil et solidarité. Retrouvez La Pierre Blanche sur internet :www.bateaujesers.org/la-pierre-blanche

Réhabilitation de la maison d’accueil du Clos à la Lune (78)

Avec l’aide des petites pierres, l’association La Pierre Blanche a remis en état en 2014 les deux Maisons du clos à la Lune à Andrésy (78) : la réhabilitation des maisons en un foyer d’hébergement a permis d’accueillir dans un premier temps 24 Tibétains réfugiés politiques ayant un permis de séjour. Courageux et toujours prêts à rendre service, souriants malgré les difficultés qu’ils ont dû surmonter lors de leur exode, ils ont une farouche volonté de s’en sortir. Apprentissage du français, obtention de papiers, recherche de logement, ils suscitent l’admiration et le respect de la part des bénévoles de l’association La Pierre Blanche.

Une réinsertion au rythme de chacunUne conseillère en éducation sociale est présente quotidiennement pour les résidents. Elle les aide dans leurs démarches administratives, recherche de logement, de travail.

DES LOGEMENTS PASSERELLES VERS L’AUTONOMIEL’association accueille une centaine de personnes en permanence le temps d’un repas, de quelques nuits ou de quelques mois : femmes seules avec enfants, étrangers, personnes en difficulté, sans domicile fixe, en rupture sociale, ou en souffrance psychique pour qu’ils puissent retrouver une autonomie, une dignité, le goût de la vie et l’espoir d’un futur. 13

19 829 p collectés par Les petites pierres

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Joignable au 115, le Samusocial se compose de professionnels du domaine médico-social offrant plus qu’un hébergement d’urgence. Soins, accompagnement, insertion comptent parmi les missions de

la structure présidée par Eric Pliez.

Quelques mots sur la philosophie, l’âme du Samusocial…Le Samusocial est d’abord incarné par son fondateur Xavier Emmanuelli qui est parti du principe que l’on ne pouvait pas laisser les gens à la rue sans soin. Qu’il fallait donc se donner les moyens d’aller vers ceux qui ne demandaient plus rien et de les ramener vers le soin puis, progressivement, vers une insertion, parmi nous. Nous sommes dans cet état d’esprit : aller vers ceux qui ne demandent plus rien et accueillir inconditionnellement tous ceux qui sont à la rue.

Quelles sont, en France, les possibilités d’hébergement d’urgence ? L’Ile de France compte environ 65 000 places d’hébergement, renforcées par quelques milliers l’hiver, en englobant les gymnases, par exemple. La moitié, soit 32 000 places environ, est proposée pour les familles dans des hôtels. Le reste se fait dans des centres d’hébergement qui, depuis dix ans, se sont largement humanisés. On a encore sur Paris deux grands centres en dortoir mais le reste comprend de plus en plus de chambres à trois lits maximum, avec un accompagnement plus ou moins lourd, selon les cas. En province, la proportion des places d’hébergement dans des maisons ou appartements est plus importante que dans les hôtels, utilisés uniquement en extrême urgence.

Comment fonctionnent vos antennes départementales ? En province, le Samusocial a été décliné par département de manière totalement indépendante tout en conservant l’appui et le financement des pouvoirs publics. Si son plus gros opérateur est la Croix Rouge, le Samusocial de Paris est de loin celui qui gère le plus de structures.

La vocation du Samusocial est la « sortie de rue », comment procédez-vous ?Le Samusocial est un outil venu compléter le déficit que le secteur associatif avait laissé, malgré un formidable investissement déployé depuis presque un siècle. La première idée est que les gens doivent pouvoir joindre un numéro pour demander un hébergement. Le 115, numéro gratuit, est né à Paris et s’est ensuite généralisé sur toute la France. Deuxième chose importante : la notion d’« aller vers ceux qui ne demandent plus rien » est l’esprit des maraudes sociales. Puis il y a l’accueil. Nous complétons une offre préexistante avec trois types de réponses : d’abord les centres d’hébergement. Ensuite, les espaces solidarité-insertion qui sont des accueils de jour dotés de professionnels prenant en charge, au-delà de l’humanitaire, l’aspect insertion et accompagnement. Enfin, et c’est le point fort du Samusocial, des lits infirmiers où sont prodigués des soins qui ne nécessitent pas l’hospitalisation. Nous avons renforcé cette offre par des pensions de famille qui sont des logements durables où des gens isolés et exclus vont pouvoir rester le temps qu’ils veulent comme locataires, en bénéficiant du soutien collectif d’une équipe.

Suite à un appel au 115, comment vos équipes évaluent-elles la solution la mieux adaptée ? Elles ont très peu de temps pour le faire. Selon que la demande émane d’une famille ou d’un individu, la personne est orientée vers une équipe spécifique. D’abord, nous regardons si elle a déjà fait des séjours. Si elle n’est pas connue, nous aurons un questionnaire plus poussé pour tenter une orientation qui tiendra compte à la fois – et malheureusement – des disponibilités et de quelques particularités. Par exemple, très peu de centres accueillent les gens avec des chiens ou en fauteuils.

La crise a-t-elle généré une augmentation des demandes d’hébergement ?Enormément pour les familles. En 2009, une personne en famille pour sept isolés et en 2014, deux personnes en famille pour un isolé ! La situation est constante mais stable du côté des isolés. Quant aux femmes seules, qui étaient très peu nombreuses : en cinq ans, on est passé de 5 à 9 %, ce qui reste bien sûr un chiffre non négligeable. La grande tendance est l’apparition de familles provenant d’anciennes républiques soviétiques et de l’Est. Ce qui change tout car ces gens arrivent surtout en famille ou en couple, avec moins de communautés repères, donc moins de solidarité. Selon les périodes, en fonction des crises ou des guerres, on constate l’arrivée de certaines personnes, comme des Syriens en ce moment.

Après la mise à l’abri, un suivi des hébergés est-il assuré ?Malheureusement pas toujours, et l’hiver pas suffisamment. C’est pour cette raison que l’on se bagarre, afin qu’il y ait justement une notion de continuité dans l’action. Il faut que les gens qui rentrent dans le circuit de l’hébergement aient un référent. Hélas, un certain nombre de personnes échappent au système parce que l’accompagnement n’est pas systématique.

Observez-vous des réussites dans l’insertion ? Bien sûr. En hiver, au moins 30 % des hébergés ont un emploi à la fin. Ce qui n’est pas rien. Pendant longtemps, ils perdaient leur emploi quand ils perdaient leur toit. De plus en plus, les efforts sont portés pour que les gens qui sont entrés dans le système, ne repartent pas sans solution à l’issue de la trêve hivernale.

Comment percevez-vous l’aide mise en place par Les petites pierres ?Le Samusocial, qui est sous forme de Groupement d’Intérêt Public, a toujours eu pour principe de ne pas vivre uniquement sur des fonds publics. Ne serait-ce que pour inscrire le fait que les partenariats sont très importants. Même si les pouvoirs publics doivent continuer à financer ce type d’action, des partenariats se mettent en place en associant d’autres acteurs de la société civile. Tout ce qui permet d’apporter de nouveaux modes de financement est une bonne chose. •

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Aller vers ceux qui ne demandent plus rien

« LA PIERRE LA PLUS SOLIDE D’UN ÉDIFICE EST LA PLUS BASSE DE LA FONDATION. » KHALIL GIBRAN

Eric Pliez, Président du Samusocial

Le Samusocial de Paris a été fondé en 1993 par le docteur Xavier Emmanuelli. La mission des premières « équipes mobiles d’aide » (les EMA, surnommées « maraudes sociales ») consistait à aller à la rencontre des personnes qui, dans la rue, paraissaient en détresse physique et sociale.

Accessible de jour comme de nuit, le personnel du 115 oriente les sans-abri vers des structures d’urgence (centres d’hébergement, lits haltes soins santé, lits d’accueil médicalisés, espace solidarité insertion) et vers des dispositifs de pré-insertion (maison des femmes, pension de famille). Présente dans 8 départements, la Croix-Rouge française est le premier opérateur du Samusocial en France, soit plus de la moitié des Samu sociaux sur le territoire national. www.samusocial.paris

LES PETITES PIERRES I Le Mag N°2 I MARS 2015

EXPERTISEEXPERTISE

Tout ce qui permet d’apporter de nouveaux modes de financement est une bonne chose

Début 2015, Les petites pierres ont collecté 20 000€ (dont 10 111€ abondés par le Fonds de dotation des petites pierres) pour aider le Samusocial de Paris à proposer 55 places d’hébergement d’urgence supplémentaires aux personnes sans-abri, dans le nouveau centre d’hébergement de Popincourt. Merci à tous les généreux donateurs qui se sont mobilisés pour ce projet !

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Le mal-logement touche de nombreuses personnes, comment vous sentez-vous face à cette situation ? Ce problème me rend mal à l’aise parce qu’il se passe à nos portes et qu’on l’identifie très bien. Nous avons tous, dans notre vie, visité des endroits où nous nous sommes sentis mal, dans lesquels nous n’aurions pas aimé vivre. Imaginer que des gens n’ont pas d’autre choix que d’habiter dans ces endroits-là crée un certain malaise. Je pense aussi qu’il est important pour chacun de sentir qu’on a les moyens de subvenir à ses besoins et de proposer un logement décent à sa famille, à ses enfants.

Que pensez-vous du financement participatif pour une telle cause ?Je trouve que c’est une très bonne idée. Ce système fonctionne bien depuis quelques années parce que nous voyons précisément où va notre don, et la manière dont il est utilisé. C’est cet aspect concret qui me plaît dans le financement participatif des petites pierres.

Êtes-vous surpris par l’élan de générosité des contributeurs ? Non, car comme je l’indiquais précédemment, ces projets sont proches de nous, ils nous parlent, on peut les suivre. Les gens ne peuvent pas donner partout et aident plus facilement une personne qu’ils connaissent, qui se trouve dans leur ville, qu’ils peuvent croiser tous les matins en sachant que cette aide pourra vraiment la sortir d’une situation difficile.

Vous qui avez une vie de sportif-nomade presque 8 mois dans l’année, avez-vous besoin de vous retrouver chez vous ? Est-ce précieux pour vous d’être « à la maison » ? Je suis bien placé pour en parler. Originaire des Pyrénées, j’ai quitté très tôt le domicile familial pour pouvoir réussir en biathlon. J’ai vadrouillé d’appartements d’étudiants en internats, je rentrais chez mes parents l’été pour économiser les loyers… Ne pas avoir de chez soi, vivre avec un sac que j’emmenais partout créait une sensation désagréable. J’ai vraiment trouvé une stabilité personnelle et sportive le jour où j’ai acheté ma maison. On a beau voyager dans des hôtels confortables, on n’est jamais aussi bien que chez soi. •

Un parcours impressionnant Martin Fourcade est né le 14 septembre 1988 à Céret (Pyrénées-Orientales). Sa brillante carrière internationale, débutée en 2006, en fait le leader du biathlon mondial.

Les titres de Martin :

• Double Champion Olympique Sotchi 2014 (poursuite, individuel)

• Médaille d’argent aux JO de Sotchi 2014 (Mass Start)

• Médaille d’argent aux JO de Vancouver 2010 (Mass Start)

• Vainqueur du classement général de la Coupe du monde de biathlon en 2012, 2013 et 2014

• 10 petits globes de cristal• 5 fois Champion du Monde• 12 médailles aux Championnats du Monde

et... Parrain des petites pierres,bravo Martin !!!!

En acceptant de parrainer Les petites pierres, le champion olympique de biathlon, Martin Fourcade, entend « relayer la cause de la lutte contre le mal-logement auprès du plus grand nombre ».

« L’homme qui déplace une montagne commence par déplacer Les petites pierres ». Que vous inspire cette maxime de Confucius dans votre quotidien de sportif ? Cette image est très parlante pour moi car, dans le cadre d’une compétition, les sportifs sont souvent amenés à trouver difficile la tâche qu’ils doivent accomplir. Or, en segmentant, en parcourant un mètre puis un autre mètre, l’objectif semble plus accessible. Si l’on applique la maxime de Confucius et la philosophie des petites pierres à la question du mal-logement, que l’on construit projet par projet au lieu de regarder le problème dans son ensemble, alors le chemin se parcourra plus vite.

Pourquoi avez-vous accepté de parrainer Les petites pierres ?D’abord car je connais très bien Somfy qui me soutient depuis des années, que je suis proche de ses équipes et que ce lien a compté pour moi. D’autre part, si le problème du mal-logement ne me touche pas personnellement, il reste proche. Il ne frappe pas à des milliers de kilomètres mais se déroule

à côté de chez nous, peut concerner nos voisins ou des personnes que nous croisons dans la rue. Ce problème nous place dans le concret, le réel, contrairement à d’autres causes qui sont tout aussi nobles à défendre mais restent plus éloignées de notre quotidien.

Quelles valeurs trouvez-vous dans l’action des petites pierres ? La valeur phare des petites pierres est la solidarité parce qu’elle démontre que, sans l’aide des autres, rien n’est possible. A l’inverse, si chacun apporte sa petite pierre, les projets sont assurés d’avancer.

Quelle peut être votre petite pierre pour soutenir la démarche ? J’ai décidé de soutenir Les petites pierres parce que je pense pouvoir apporter quelque chose en essayant de relayer l’information auprès du plus grand nombre. Je peux contribuer à diffuser le message notamment - et sans aucune prétention - grâce à la notoriété et à la popularité dont je peux bénéficier.

Martin Fourcade,un parrain en or !

« TOUTE VIE VÉRITABLE EST RENCONTRE ». MARTIN BUBER

17LES PETITES PIERRES I Le Mag N°2 I MARS 2015

RENCONTRE RENCONTRE

La valeur phare des petites pierres est la solidarité parce qu’elle démontre que, sans l’aide des autres, rien n’est possible

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« QUE CHACUN S’EFFORCE DANS LE MILIEU OÙ IL SE TROUVE DE TÉMOIGNER À D’AUTRES UNE VÉRITABLE HUMANITÉ. C’EST DE CELA QUE DÉPEND L’AVENIR DU MONDE. » ALBERT SCHWEITZER « CHAQUE HOMME DOIT INVENTER SON CHEMIN ». JEAN-PAUL SARTRE

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TÉMOIGNAGES TÉMOIGNAGES

Un bel élan de solidarité avec Solid’Action Lieu de vie pour les grands exclus, « Les Rieux » à Saint-Hilaire du Touvet (38) nécessitait une restructuration afin d’offrir à chaque résident de l’association Solid’Action sa propre salle de bain. Alain Poncet-Montange, ambassadeur du projet sur la plateforme Les petites pierres, témoigne sur ce projet qui a mobilisé beaucoup d’énergie et de générosité.

Ancienne maison bourgeoise, « Les Rieux » se veut un lieu de renaissance pour des personnes qui cherchent à s’intégrer dans un contexte durable, sécurisant et familial. Pour ses 8 résidents - qui doivent partager les sanitaires - l’hygiène se révèle pourtant un facteur essentiel pour la santé, l’estime de soi et l’insertion sociale. L’association Solid’Action programme alors la rénovation du site afin que chaque résident puisse bénéficier de sa propre salle de bain. Le devis s’établit à 18 000€.

UN ÉLAN DE SOLIDARITÉ INESPÉRÉ Lorsque Les petites pierres offrent leur aide, l’association reste sur sa réserve. « D’habitude, quand nous faisons des appels aux dons, cela ne fonctionne jamais. Notre association n’est pas connue, nous n’avons aucun moyen de diffusion… explique Alain Poncet-Montange, ambassadeur du projet. Alors au début, nous n’avons pas pris toute la mesure de la proposition des petites pierres… »

SOUTIEN ET ENTHOUSIASME Très vite, le réseau des petites pierres s’anime et les dons commencent à arriver. Cet élan de solidarité crée une émulation au sein de l’association qui se met à lancer des appels, et envoie de très nombreux mails. La dernière ligne droite semble inaccessible : il reste 3 000€ à rassembler. « Je me suis dit, ce n’est pas possible, on ne va jamais y arriver », se souvient Alain Poncet-Montange. C’est sans compter sur la générosité dont sont capables les contributeurs des petites pierres et le budget a été bouclé in extremis. « Les petites pierres nous ont accompagnés tout le long, note l’ambassadeur du projet. Sans leur enthousiasme et leur soutien, nous n’aurions jamais réussi. »

18 000€ COLLECTÉS GRÂCE À DE NOMBREUX DONATEURS, DONT

9 255€ DONNÉS PAR LE FONDS DE DOTATION LES PETITES PIERRES

Projet « L’hygiène au service de la dignité en Isère » - Isère « La dignité est un premier pas mais quel pas pour reprendre le sens de la vie ! Bonne chance en espérant que ce projet ne se fera pas… doucher ! » Hervé

Projet « Des maisons saines pour SOS Villages d’Enfants » Nord« Merci d’accompagner ces enfants et de leur donner une chance de devenir des adultes intégrés et responsables. » Damien

Projet « 12 logements qui réchauffent le cœur » Seine-Saint-Denis « Un beau projet à l’initiative des habitants : créer 12 logements pour d’autres et pour son quartier, c’est le top ! » Laurence

Projet « Aidons le Samusocial à sortir de la rue des personnes en détresse » Paris« Bon courage pour ce projet et bon aboutissement ! Sincèrement, quand je vois quelqu’un dormir à 0 degré dans une rue à Paris, j’ai honte pour moi-même et pour la société à laquelle j’appartiens. Mais cela ne suffit pas, je dois agir, même un peu. Je vous remercie d’AGIR et d’aider les exclus de notre société. Et je le répète : bon courage ! » Georges

Projet « Maison relais : autonome, mais pas seul » Bordeaux « Félicitations et bon courage pour ne pas laisser ces personnes sur le bord de la route et les aider à accomplir leur vie. » Anonyme

Projet « Nouvel envol avec l’association Lazare » Nantes « Nous sommes tous des petites pierres et nous allons déplacer les montagnes ! » Jean-Philippe

Projet « Luttons ensemble contre la précarité énergétique » Roannais« Il faut toujours croire qu’on peut faire avancer le monde avec des petits gestes... » Anonyme

Projet « Itiner’Air : sur la voie de la solidarité » Oise« Pour qu’Itiner’Air ne soit pas que de l’air, faites comme moi : donnez quelques minutes de votre temps, donnez quelques euros de votre bourse, et surtout donnez en pensant qu’un jour, c’est peut être à vous que l’on donnera ! » Florence Carpentier•

Chez les Restos du Cœur à Cluses (Haute-Savoie, 74)

Donateurs, associations porteuses de projets, partenaires… Ils ont apporté leur petite pierre à l’édifice. Et ne cachent pas leur joie !

Au-delà de l’aide alimentaire, les Restos du Cœur ont étendu leurs actions à l’aide à la personne et à l’insertion socio-économique. Car pour sortir durablement de l’exclusion, un repas ne suffit pas : il faut aussi résoudre toutes les difficultés, comme retrouver un emploi ou avoir un toit, pour prétendre à une insertion durable.

Le centre de Cluses a mis en place une aide médicale grâce à un laboratoire qui œuvre à la réalisation de prothèses dentaires, ainsi qu’un praticien bénévole.

Un enseignement basé sur la cuisine est aussi prévu afin d’apprendre à équilibrer les repas, notamment pour les enfants.

L’ASSOCIATION Solid’Action a pour vocation d’apporter de nouvelles solutions d’hébergement et de travail adaptées et durables, en milieu rural, à tous ceux qui rencontrent, dans un parcours de vie chaotique, les plus grandes difficultés à acquérir une autonomie de vie. L’objectif est de permettre à ces personnes de se stabiliser, d’acquérir un maximum d’autonomie, et de retrouver une place durable dans la société.

www.solidaction.frEn 2014, les Restos du Cœur de Cluses ont loué un local en face de leur centre, et fait appel aux petites pierres pour équiper ce nouveau local à hauteur de 3 077€.

Les travaux ont pu démarrer pour rénover les 8 salles de bain, grâce aux 53 donateurs !

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Grâce à nos généreux donateurs, à nos partenaires et au soutien de la Fondation Somfy, Les petites pierres ont déjà recueilli plus de mille dons, qui ont permis de financer près de 30 projets pour lutter

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