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NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Spiru Haret Moldavie Sâncraieni Microbus, Scandales Actualité Vie internationale Politique Economie Social, Agriculture Société Evénements Faits divers Vie quotidienne Minorités, Emigration Religion, Enseignement Sports, Insolite Connaissance et découverte Bande dessinée Littérature Page photos Révolution an XX Mémoire Histoire, Francophonie Tourisme, Echanges Infos pratiques, Abonn. Coup de coeur Numéro 55 - septembre - octobre 2009 Lettre d’information bimestrielle Les de D epuis qu'elle a recouvré sa liberté, la Roumanie a souvent déçu les atten- tes de ses amis, qui lui ont trouvé toutes les excuses. Au fil des ans, cer- tains se sont lassés, d'autres ont persévéré, sachant faire la différence entre les pratiques d'une oligarchie avide de conserver son pouvoir et les atermoiements d'une population déboussolée au sortir d'un demi-siècle d'épreuves terribles. Toutefois, confortés par les prédictions mêmes des Roumains qui leur deman- daient une ou deux générations de grâce avant de voir émerger une société débarras- sée de ses maux les plus criants, ces mêmes amis ont placé leurs espoirs dans l'avène- ment d'une jeunesse débarrassée des comportements de ses aînés. Vingt ans plus tard, force est de constater qu'il n'en est rien comme vient de le révéler le scandale secouant l'université roumaine cet été. En soulevant un coin du voile sur les dérives de Spiru Haret, la plus importante université privée d'Europe avec ses 300 000 étudiants - plus d'un tiers des effectifs du pays - la ministre de l'Education nationale a montré que même l'enseignement n'échappait pas au dérègle- ment des esprits, mus par un capitalisme sauvage et caricatural qui trop souvent tient lieu de feuille de route à la Roumanie d'aujourd'hui. Cet établissement s'était transfor- mé en machine à engranger les droits d'inscriptions et à délivrer des diplômes sans valeur, au terme de cursus non reconnus, prodigués par des professeurs non qualifiés. Pour compléter ce sombre tableau, une enquête révélait un peu plus tard que deux facultés fantômes du sud du pays avaient délivré 15 000 faux diplômes à des étudiants moyennant finance, leur proposant même de les faire remplacer par de faux candidats le jour de l'examen. Ce trafic juteux, qui se déroule sans-doute sous d'autres formes dans les universités du pays, a rapporté 45 millions d'euros à leurs auteurs. Le discrédit qui s'abat sur l'enseignement roumain risque d'être mortel. Que va-t- il en être de la reconnaissance de ses diplômes à l'étranger et par ricochet de l'avenir de ses étudiants que l'on voit heureusement de plus en plus nombreux fréquenter les programmes européens comme Erasmus, promesses de lendemains meilleurs pour la Roumanie ? Déjà, dans le pays même, des entreprises roumaines qui recrutent par petites annonces précisent "diplômés de Spirut Haret s'abstenir"… La Roumanie si fière jusqu'ici de son enseignement, un de ses rares motifs de satisfaction, doute. A juste titre. Des jeunes ayant perdu les repères élémentaires de la morale, sachant qu'ils peuvent acheter leurs diplômes, ne rêvant que d'argent facile, peuvent-ils servir d'exemple, devenir cette élite qui fait si cruellement défaut au pays? Là aussi, la Roumanie fait fausse route et l'Europe serait bien avisée d'exiger qu'elle se ressaisisse avant qu'il ne soit trop tard. Henri Gillet Faux diplômes… Fausse route 2 et 3 4 5 6 et 7 8 et 9 10 et 11 12 à 15 16 et 17 18 et 19 20 et 21 22 à 24 25 à 27 28 et 29 30 à 33 34 à 36 37 à 40 39 41 42 et 43 44 et 45 46 à 49 50 et 51 52

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ROUMANIESOMMAIRE

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Spiru HaretMoldavieSâncraieniMicrobus, Scandales

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SociétéEvénementsFaits diversVie quotidienneMinorités, EmigrationReligion, Enseignement Sports, Insolite

Connaissance

et découverte

Bande dessinée Littérature Page photosRévolution an XXMémoireHistoire, FrancophonieTourisme, EchangesInfos pratiques, Abonn.Coup de coeur

Numéro 55 - septembre - octobre 2009

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

Depuis qu'elle a recouvré sa liberté, la Roumanie a souvent déçu les atten-tes de ses amis, qui lui ont trouvé toutes les excuses. Au fil des ans, cer-tains se sont lassés, d'autres ont persévéré, sachant faire la différence entre

les pratiques d'une oligarchie avide de conserver son pouvoir et les atermoiementsd'une population déboussolée au sortir d'un demi-siècle d'épreuves terribles.

Toutefois, confortés par les prédictions mêmes des Roumains qui leur deman-daient une ou deux générations de grâce avant de voir émerger une société débarras-sée de ses maux les plus criants, ces mêmes amis ont placé leurs espoirs dans l'avène-ment d'une jeunesse débarrassée des comportements de ses aînés.

Vingt ans plus tard, force est de constater qu'il n'en est rien comme vient de lerévéler le scandale secouant l'université roumaine cet été. En soulevant un coin duvoile sur les dérives de Spiru Haret, la plus importante université privée d'Europeavec ses 300 000 étudiants - plus d'un tiers des effectifs du pays - la ministre del'Education nationale a montré que même l'enseignement n'échappait pas au dérègle-ment des esprits, mus par un capitalisme sauvage et caricatural qui trop souvent tientlieu de feuille de route à la Roumanie d'aujourd'hui. Cet établissement s'était transfor-mé en machine à engranger les droits d'inscriptions et à délivrer des diplômes sansvaleur, au terme de cursus non reconnus, prodigués par des professeurs non qualifiés.

Pour compléter ce sombre tableau, une enquête révélait un peu plus tard que deuxfacultés fantômes du sud du pays avaient délivré 15 000 faux diplômes à des étudiantsmoyennant finance, leur proposant même de les faire remplacer par de faux candidatsle jour de l'examen. Ce trafic juteux, qui se déroule sans-doute sous d'autres formesdans les universités du pays, a rapporté 45 millions d'euros à leurs auteurs.

Le discrédit qui s'abat sur l'enseignement roumain risque d'être mortel. Que va-t-il en être de la reconnaissance de ses diplômes à l'étranger et par ricochet de l'avenirde ses étudiants que l'on voit heureusement de plus en plus nombreux fréquenter lesprogrammes européens comme Erasmus, promesses de lendemains meilleurs pour laRoumanie ? Déjà, dans le pays même, des entreprises roumaines qui recrutent parpetites annonces précisent "diplômés de Spirut Haret s'abstenir"…

La Roumanie si fière jusqu'ici de son enseignement, un de ses rares motifs desatisfaction, doute. A juste titre. Des jeunes ayant perdu les repères élémentaires de lamorale, sachant qu'ils peuvent acheter leurs diplômes, ne rêvant que d'argent facile,peuvent-ils servir d'exemple, devenir cette élite qui fait si cruellement défaut au pays?Là aussi, la Roumanie fait fausse route et l'Europe serait bien avisée d'exiger qu'ellese ressaisisse avant qu'il ne soit trop tard.

Henri Gillet

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L'université privée Spiru Haret de Bucarest devait être le Harvard deRoumanie. Mais le ministère roumain de l'Éducation, pourtant si com-plaisant au départ, a rendu public un rapport accablant sur son fonc-

tionnement. Plus des trois quarts des formations proposées n'étaient pas validées.Alors que deux étudiants roumains sur trois y sont scolarisés, de nombreuxemployeurs refusent aujourd'hui d'embaucher ses diplômés. Une affaire qui pour-rait sonner sonne le glas de l'université privée en Roumanie. Dans l'immédiat, laministre Ecaterina Andronescu a décidé de fermer les filiales de l'université à l'é-tranger ainsi que ses enseignements à distance. Par ailleurs Spiru Haret est missous surveillance pendant trois, avec menace de fermeture au cas où elle ne modi-fierait pas ses pratiques.

Avec un nombre d'étudiants et de diplômesrecord, l'université Spiru Haret de Bucarest pou-vait se vanter d'être la première université roumai-ne. Fondée en 2002, elle a des antennes dans toutle pays et des accords avec des universités étran-gères dont Paris VIII. Ses 311 000 étudiants fontde Spiru Haret la plus grande université privéed'Europe et la seconde au monde. Chaque année,elle délivre près de 56 000 diplômes, soit autantque l'ensemble des universités d'Etat deRoumanie. Mais voilà, nombre de ses formationsne sont pas homologuées. Une situation qui apoussé la ministre de l'Education, EcaterinaAndronescu, à bloquer début juillet la délivrance des diplômes pour la session 2009,menaçant ainsi des dizaines de milliers d'étudiants à travers le pays de ne pas obtenirleur précieux sésame, mais aussi à remettre en cause la légalité de près de 100 000 tit-res universitaires délivrés depuis 2003. "Cette année, il ont demandé 56 000 diplômes,cela m'a effrayé", a lancé la ministre, “car je ne connaissais pas le chiffre de l'an passé.Mais ils ne vont pas pouvoir continuer d'inscrire le sigle du ministère sur des diplômesqui ne respectent pas la loi".

En effet, ce nombre record d'étudiants a été obtenu par des entorses à la légalité: siles programmes et le déroulé des cours sont conformes à la loi, la grande majorité desfilières et des diplômes qui sanctionnent la scolarité ne sont pas reconnus par le minis-tère, Spiru Haret n'ayant pas jugé bon de demander des accréditations à l'Agence rou-maine d'assurance de la qualité de l'enseignement supérieur.

41 des 49 cursus proposés ne sont pas validés

En clair, Spiru Haret a ouvert des filières, dont de nombreuses à distance, sans lesfaire valider, recrutant ainsi un nombre croissant d'étudiants qui versent tous plusieurscentaines d'euros, voire plus pour leur scolarité. Ainsi 41 des 49 programmes proposésne disposent pas de cette validation, et 29 des 47 spécialités enseignées à distance sontdans le même cas. Plus même: nombre de professeurs n'ont pas les titres requis pourenseigner.

A l'annonce du blocage des diplômes et des menaces d'exclusion du système lan-cées par la ministre, Spiru Haret avait d'abord réagi vertement, menaçant le ministèred'attaques en justice et en appelant au Premier ministre Emil Boc. "Toutes les spéciali-tés des facultés sont accréditées et fonctionnent légalement" se défendait GeorgeNicolau, porte-parole de l'université privée.

Mais après une rencontre avec la ministre, les responsables de l'université privéeont fini par céder, devant l'évidence. Et un compromis s'est dégagé entre les deux par-ties. "J'ai fait de nombreuses propositions pour mettre en conformité la situation avecla loi", a déclaré Ecaterina Andronescu à l'issue de la table ronde.

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A Spiru Haret, quelqu'un qui dispo-se d'un peu de temps et d'un porte-feuille bien garni peut très bien ensortir diplômé d'une faculté, voire dedix diplômes en même temps.

C'est ce qu'a réussi un "étudiant"de 65 ans originaire de Bacau. Il peutse vanter d'avoir obtenu une licenceen Droit, une autre en Économie, enSociologie, en Communication, enRelations Internationales, enJournalisme, en Histoire, en AffairesInternationales et même en Gégra-phie. Soit neuf licences en tout dontsix obtenues en même temps. Le touten sept ans, moyennant un investis-sement de 200 000 lei, soit environ47 000 euros. Que faut-il en déduire?Rien de plus ou de moins que laRoumanie produit des génies…

Les irrégularités de l'université nese limitent pas à la simple possibilitéde multiplier les cursus simultanés.La liste est bien longue, la plus graverestant, tout de même, l'absenced'accréditation auprès de l'État. Ainsi,les centres d'enseignement à distan-ce fonctionnent illégalement. Face àces dysfonctionnement, il a fallu peude temps pour voir apparaître desannonces d'offres d'emploi indiquant"Embauche personne diplômée dusupérieur, Spiru Haret exclu".

En outre, un contrôle du ministèrede l'Éducation a révélé que le ratioprofesseur/étudiant était de 1 pour400 et qu'une centaine de profes-seurs et maîtres de conférence, dontle poète et homme politique AdrianPaunescu, ancien chantre desCeausescu, y enseignaient sans avoirobtenu la validation de la commissiondu ministère de l'Éducation.

L'étudiant de 65 ans a obtenu dix licencesen 7 ans pour 47 000 €

La plus grande université privée d’Europe

CHISINAU

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Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Première avancée: les étudiants victimes de ce scandale,pourront passer leur diplôme de licenta (3 ans d'études) dansdes universités d'Etat dans la même spécialité. Ensuite, lesfilières seront soumises à une évaluation, une agence euro-péenne aurait déjà effectué un "audit" selon l'université elle-même, qui n'a pas fourni plus de détails. Enfin, les examensd'entrée vont être organisés pour les seules filières reconnues."Plus de 50% sont illégales", a confirmé la ministre.

Par ailleurs la ministre a annoncé que tous les diplômesdélivrés par Spiru Haret, quel que soit le programme ou lemode d'enseignement suivi, demeuraient valables et reconnus,au moins jusqu'à ce que soit clarifiée la situation de l'institu-tion. "Je veux adresser un message à tous ceux qui ont étudiéde bonne foi à Spiru Haret. Nous n'avons pas encore les don-nées nécessaires pour séparer les diplômes légaux de ceux quine le sont pas. Par conséquent, tous les diplômes sont considé-rés valides jusqu'à ce que nous ayons les documents permet-tant de faire la distinction".

200 M€ par an de droits d'inscription

Si les dérapages de Spiru Haret et cette quête du profit -les seuls droits d'inscription lui rapportent au bas mot 200millions d'euros par an - au détriment de l'aspect universitairesemblent, pour l'heure, enrayés, cette nouvelle affaire ternit l'i-

mage d'une université roumaine souvent critiquée pour la cor-ruption qui la mine, les petits arrangements qui décrédibilisentla valeur réelle des formations dispensées (et reconnues à l'é-tranger) et la part croissan-te d'établissements privésqui décernent des diplômessur des critères flous.

Comme l'a écritDaniel Vighi, écrivain etprofesseur à l'université deTimisoara, dans une tribu-ne du journal Cotidianul,"cela suffit! On ne peutplus ignorer la loi, semoquer indéfiniment desespérances et de l'argent des étudiants et de leurs parents viades escroqueries gigantesques qui mettent en doute la valeurde n'importe quel diplôme universitaire décroché chez nous".Il y va de la crédibilité de l'enseignement roumain, certainesuniversités européennes ayant déjà manifesté l'intention de neplus accorder d'équivalences de diplômes aux étudiants. Cescandale touche également par ricochet les étudiants étrangersvenus chercher une formation validée en Roumanie.

Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com / Bucarest)

valeur, Spiru Haret discrédite l'enseignement roumain

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Fabrique à diplômes sans

L'aventure de la machine àdélivrer des diplômes qu'estSpiru Haret commence en

1991, lorsqu'Aurelian Bondrea, sonactuel recteur, un haut responsable duministère de l'éducation à l'époque dela dictature communiste, crée la fonda-tion "La Roumanie de demain", deve-nue, en 2000, une université privée.Chargé du contrôle des diplômes sousle communisme, Bondrea bascule dansle capitalisme sauvage après la chutede Nicolae Ceausescu.

Pour capter au mieux les nouveauxétudiants, l'Université Spiru-Haret ouvresans autorisation de nouveaux départe-ments d'enseignement à distance. Ainsi,l'an passé sur les 300 000 étudiantsinscrits, seuls 44 714 suivaient les cours.

Aujourd'hui, l'université compte 30facultés et aussi des antennes à l'étrangerpour l'enseignement à distance - à NewYork, Toronto, Paris, Rome, Madrid,Vienne et Tel-Aviv, lesquelles n'ont parailleurs pas reçu le feu vert du ministèreroumain.

60 % des étudiants choisissent le privé, réputé moins exigeant

Ces dernières années, Spiru-Haret abénéficié de l'envolée du nombre d'étu-diants à travers le pays. De 63 600 en1999, les jeunes diplômés roumains sontpassés à 220 000 en 2009 (dont 56 000pour la seule Spiru Haret). Au total, laRoumanie compte 950 000 étudiants, soit44 étudiants pour mille habitants, un destaux les plus élevés d'Europe.

Mis à part Spiru-Haret, 31 autres uni-

versités privées ont ouvert leurs portesen Roumanie. Aujourd'hui, 60 % desétudiants roumains choisissent l'ensei-gnement privé, dont les exigencessont minimes. "Nous ne pouvons pasdonner le chiffre exact des étudiantsinscrits dans ces institutions", avoueMihai Floroiu, porte-parole del'Agence de contrôle de la qualité del'enseignement. Ces universités invo-quent leur autonomie et refusent dedéclarer le nombre de leurs étudiants.La résistance opposée par

l'Université Spiru-Haret aux contrôles duministère public s'explique aussi par sonpouvoir d'influence. Une partie des parle-mentaires et des hauts fonctionnaires rou-mains sont en effet passés par ses bancs.Le 25 juillet dernier, un groupe d'intellec-tuels a adressé une lettre ouverte auxautorités pour mettre fin à la "gigan-tesque imposture universitaire créée parl'Université Spiru-Haret". "Rien ne peutjustifier des registres de 9 000 d'étudiantsgérés par un seul professeur" ont-ilsdénoncé.

44 étudiant s pour mille habit ants, un des t aux les plus élevés d'Europe

scolarisant deux étudiant s roumains sur trois, au coeur d'un immense scandaleUniversité

La croissance exponentielle du nombre d'étudiants enRoumanie depuis 1999. Dans l'ordre, loin derrière

vient la République tchèque. Par comparaison, res-tant stables: la Hongrie, le Royaume Uni, les USA.

Aurelian Bondrea, fondateur et indéracinable recteur de Spiru Haret.

La ministre Ecaterina Andronescu a déclenché le scandale.

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l Il aura suffi d'un déplacement de 5 % des suffrages, fin juillet, pour quela Moldavie change de visage et que les communistes soient relégués dansl'opposition. Les électeurs étaient en effet appelés à revoter, trois mois

après les législatives d'avril, dont le déroulement contesté avait entraîné la révol-te de la jeunesse de Chisinau. Toutefois, au moment où nous mettons sous presse,malgré le succès des partis démocratiques disposant de la majorité au Parlementet unis dans une alliance, la situation n'est pas encore totalement débloquée.

Vainqueur du scrutin en avril, les communistes n'avaient pu cependant désigneralors un successeur à Vladimir Voronine au poste de président de la République,celui-ci étant élu par le Parlement. Il leur manquait une voix pour obtenir la majoritéqualifiée requise de 61 voix. Les communistes avaient bien essayé de la trouver endébauchant des députés de l'opposition, allant jus-qu'à offrir deux millions d'euros, selon certainesrumeurs. Leurs tentatives ayant échoué, ils avaientdû se résoudre à convoquer à nouveau les électeurs.

Bien qu'arrivé à nouveau en tête le 29 juillet,les communistes n'ont obtenu que 44,7 % (- 5 %)des voix et 48 sièges (-12) et se voient donccontraints de passer la main après huit ans de pou-voir sans partage et les deux mandats de Vorinine,qui ne pouvait pas se représenter.

Les quatre partis d'opposition cumulant 53 sièges sur 101, recueillant 51,14 % dessuffrages disposent donc d'une majorité pour gouverner et ont formé dans ce sensl'Alliance pour l'Intégration Européenne. Ils ont obtenu respectivement 16,57 % et 18élus pour le Parti Libéral Démocrate dirigé par Vlad Filat, 40 ans, 14,68 % et 15élus pour le Parti Libéral de Mihai Ghimpu, 58 ans, 12,54 % pour le PartiDémocrate de Marian Lupu, 43 ans, et 7,35 % et 7 élus pour l'Alliance NotreMoldavie de Serafim Uruchean. Il leur manque toutefois 8 voix pour élire un prési-dent sorti de leurs rangs et cherchent donc une issue. On a prêté l'intention à MarianLupu, transfuge du Parti communiste qu'il a quitté voici seulement quelques mois,alors qu'il était président du Parlement, de débaucher certains de ses anciens amis.Occupant une position clé, il s'est vu promettre la Présidence de la République par sesnouveaux alliés, le libéral-démocrate Vlad Filat devenant chef de gouvernement.

La Moldavie donne 3 lei pour ses jeunes, l'UE, 30… à ses vaches

Mais c'était sans compter avec Voronine qui a vu rouge à la perspective de voir un"traître" récompensé. Sonné sur le coup par l'échec de son parti, "Papy" Voronine,après avoir laissé entendre qu'il se retirait du jeu, s'est ressaisi et, depuis, mauvaisjoueur, fait de la résistance. A son instigation, la presse communiste et la télévision sesont déchaînées contre les démocrates, traités de "fascistes", "ennemis de la Patrie","terroristes". Par deux fois cet été, cet ancien apparatchik formé à Moscou s'est renduen Russie y rencontrant son homologue Medvedev… sans y trouver toutefois l'appuiqu'il y escomptait, la nouvelle majorité ayant fait savoir que la Moldavie voulait gar-der de bonnes relations avec les Russes et ne comptait pas rentrer dans l'Otan.

Autre revers pour Voronine qui en est entré dans une colère noire, insultant gros-sièrement ses adversaires en public, voyant la situation lui échapper: l'élection du nou-veau président du Parlement, le libéral Mihai Ghimpu, le 28 août, prélude à une nor-malisation de la situation au profit des partis démocratiques. Alors "Good byeVoronine" comme le titrait Jurnalul de Chisinau? Si ce n'était pas le cas, lesMoldaves devraient encore revoter !

Pendant ce temps, la situation économique et sociale du pays empire. Rêvantd'Europe, un étudiant, amer, constatait: "La Moldavie consacre 3 lei par an à ses jeu-nes, alors que l'UE en donne 30 pour ses vaches" !

"Morceaux de chiffons… Voila ceque sont les diplômes Roumains"écrit un internaute français, HervéAllix, qui pratique la Roumanie etemploie de jeunes roumains diplô-més. "Cette université (Spiru Haret)n'est qu'un supermarché ou les diplô-mes s'achètent librement. Certainsdiplômés n'ont même pas la connais-sance minimum de la matière. Le pro-blème en Roumanie est que lorsquevous montrez cette évidence a un soitdisant diplômé, il n'a absolumentaucune honte. J'ai employé un juriste"diplômé" qui était incapable de mefournir le moindre renseignement sursa spécialité. J'en savais plus en droitroumain que lui, qui était diplômé. Iln'est pas rare de se voir proposer desdiplômes d'expert comptable pour lasomme de 350 €. Le drame est queces diplômes sont valables dans l'u-nion Européenne. C'est une honte etça ne grandit pas la Roumanie".

Mauvais joueur “Papy” fait de la résist ance

Morceaux de chiffons

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

A Sancraieni, signature de protocole contre dérapages et menaces de pogrom

De gravesincidentso p p o -

sant Hongrois etTsiganes ont eu lieuà Sancraieni audébut de l'été. Latension était papabledepuis longtempsdans cette localitéde 6000 habitants à85 % hongroise,située dans le judetde Harghita, à domi-

nante magyare, non loin de Miercurea Ciuc. A Sancraieni, la population locale se montrait excédée par

les agissements de quelques uns des 200 Tsiganes qui formentcette communauté, installée ici depuis les années 1930 et desdérapages étaient à craindre.

Déjà, fin mai, dans la commune voisine de Sanmartin, unHongrois avait été blessé par un groupe de Tsiganes quiavaient mis leurs chevaux à paître dans son champ. En repré-saille, des Hongrois avaient effectué une descente dans leurquartier, endommageant habitations et voitures, tuant deschiens. Trois jours plus tard, ils étaient revenus et avaient brûléune maison.

Le 8 juillet, un Hongrois avait été passé à tabac dans unbistrot de Sancraieni par des Tsiganes. Le lendemain soir,exaspérés de voir que les trois policiers roumains de la com-mune ne bougeaient pas, 400 Hongrois, armés de faux et defourches, partaient pour une expédition punitive, mettant le feuaux foins, cassant des fenêtres, brisant des portes. Effrayés lesTsiganes se réfugiaient dans la forêt, comme ils l'avaient faitprécédemment à San Martin. Une cinquantaine d'entre eux,principalement des femmes et des enfants, dont beaucoup enbas âge, y resteront cachés pendant un mois, les hommes lesrejoignant le soir, par précaution.

Comportement "civilisé"

au quotidien et cessation de tous les vols

Ce climat de guerre ethnique a conduit les autorités loca-les, dont le maire Erno Szekely, à provoquer une réunion avecdes associations représentant les Tsiganes, en compagnie duBulibasa (chef) de la communauté, Grancsa Istavan Janos,pour mettre au point un protocole de "bon sens", permettant àtous de vivre en paix.

Celui-ci, comportant onze points, a été signé le 13 juilletpar l'ensemble des parties qui se sont engagées à le respecter,et devait entrer en application soit immédiatement pour cer-tains d'entre-eux, soit dans le mois suivant. Il prévoit que les

Tsiganes devront respecter les dispositions suivantes:-l'enregistrement et la vaccination de tous les chiens-la clarification des limites des propriétés privées, des ter-

rains et des constructions-la construction de WC pour chaque lieu d'habitation-le nettoyage et la propreté des maisons, jardins et fossés,

la municipalité aidant au ramassage des ordures-l'obligation de clôturer et de mettre des portes aux pro-

priétés et maisons-l'interdiction de posséder un cheval pour les personnes

disposant de moins d'un demi hectare de terrain, l'obligationde signer des contrats d'affermage en mairie qui, s'ils ne sontpas enregistrés ne seront pas valables

-l'enregistrement et la présentation au vétérinaire de lacommune des chevaux. Cette opération sera gratuite ; en sonabsence, les chevaux seront confisqués

-la livraison de bois de chauffage en quantité suffisantepour l'hiver aux familles tsiganes, en contrepartie de l'arrêtdes vols des clôtures

-la scolarisation et l'éducation obligatoire des enfants-l'utilisation du strand (piscine et jeux) dans des condi-

tions d'hygiène et de salubrité-un comportement civilisé au quotidien-la cessation de tous les vols.

Les Hongrois devront apprendre à prononcercorrectement au moins vingt mots de roumain

Ce protocole a laissé sceptique ceux-là mêmes qui l'ontélaboré et signé, le maire déclarant qu'"il connaît trop lesTsiganes, pour croire qu'ils le respectent", se contentant devoir le calme revenu. Les représentants tsiganes ont estimé quecelui-ci voulait juste montrer à la population hongroise qu'ilagissait. "On a dû accepter les conditions imposées et rien n'aété dit sur ce que devaient faire les Hongrois et les autorités.Le vrai problème, c'est le travail dont on est exclu". Avec cetteinquiétude en prime: "Si un seul d'entre-nous ne respecte pasun point, ils nous tomberont tous dessus". Une crainte alimen-tée par la décision des Hongrois d'envoyer chaque lundi soirune délégation vérifier l'application du protocole et "monitori-ser" les Tsiganes en se rendant dans chaque maison. Ils ontcependant le sentiment d'avoir échappé au pire: il était prévude leur interdire l'accès au strand et même de les expulser dela commune pour les installer dans un village à créer.

Les Magyars, dont beaucoup ne parlent que le hongrois ouont un fort accent, ont fait cependant un geste en direction deleurs “encombrants” voisins, rajoutant un additif au protoco-le. Ils ont décidé qu'à l'avenir ils devront savoir prononcer aumoins correctement 20 mots de roumain pour se faire com-prendre d'eux. Parmi ceux-ci: barza (cigogne), varza (chou),viezure (blaireau), manz (poulain), branza (fromage).

Exaspérés, 400 Magyars armés de faux et de fourches ont fait une expédition punitive chez les T siganes, début juillet

Good bye Voronine ?Tiraspol

Elections

Né à Iasi en 1851, Spiru Haret,d'ascendance arménienne, a été unmathématicien de grand renom,inventeur d'une théorie sur la méca-nique céleste, collaborant avec HenriPoincaré après ses études à laSorbonne, étant le premier Roumain ày obtenir un doctorat. Trois fois minist-re de l'éducation, il a réformé l'ensei-gnement roumain du XIXème siècle.Membre de l'Académie de Roumanie,il a aussi créé l'observatoire astrono-mique de Bucarest. Un cratère porteson nom sur la lune, ainsi que denombreux établissements scolairesroumains et moldaves. Spiru Haretest décédé en 1912 à Bucarest.

Spiru Haret mathématicienet réformateur

Tensions ethniques

Les deux cents Tsiganes de Sancraieni,dans le judet à majorité hongroise de

Harghita, ont été protégés par la police.

Vlad Filat et Marian Lupu, futursPremier ministre et Président ?

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A la Une

La tragédie de Scânteia est le plus grave accident routier survenu ces deux derniè-res années dans lesquels sont impliqués des trains. Dans la quasi-totalité des cas,ces accidents ont été causés par l'inattention des automobilistes qui n'ont pas

marqué l'arrêt aux passages à niveau non gardés. Ils ont fait 31 victimes depuis juillet 2007.12 juillet 2009 : deux jeunes tués à un passage à niveau à Vestem, près de Sibiu24 avril 2009 : une personne tuée, cinq autres grièvement blessées à un passage à

niveau dans le judet de Iasi5 février 2009 : un couple tué à un passage à niveau dont la signalisation était déficien-

te dans le judet de Bihor (Oradea)13 juillet 2008 : trois enfants et un adulte tués, trois autres personnes blessées griève-

ment à un passage à niveau à Budieni, près de Târgu Jiu22 juillet 2007 : huit personnes tuées, douze blessés graves, 13 légèrement à un passa-

ge à niveau de Gura Ocnitei (judet de Dâmbovita, près de Bucarest). Les victimes reve-naient d'une noce à bord d'un autocar qui avait une quarantaine de passagers à bord.

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Plusieurs dizaines de personnessont mortes ces dernières annéesdans des accidents où sont impli-qués des microbus. Le plus grave aeu lieu le 29 novembre 2005 , unkilomètre avant l'entrée de Slobozia(judet de Ialomita). Le véhicule, avec26 passagers à bord, a heurté vio-lemment un arbre, le choc faisant 16morts et 11 blessés.

En 2006, 12 personnes on ététuées et 5 autres blessées dans unecollision près de Bârlad ( judet deVaslui) entre un microbus, qui n'apas marqué un stop, emmenant 16passagers pour une partie de pêche,et un autocar venant de Moldavie.

Un terrible accident faisant quatorze morts et deux blessés très graves,toujours entre la vie et la mort, a endeuillé la région de Iasi à la veilledu 15 août. En cause, un microbus, minibus de transports de passa-

gers, qui ne s'est pas arrêté à un passage à niveau non gardé. Il était environ 14 heures, ce vendredi 14 août, quand Petrica Apostol a engagé son

microbus sur un passage à niveau non gardé, situé sur une route en pleine ligne droite,près de la commune de Scânteia, à une vingtaine de kilomètres au sud de Iasi. A bordquinze passagers. Le jeune chauffeur, 26 ans, n'a pas marqué l'arrêt malgré le signallumineux et sonore. Il semble qu'il était en train de rendre la monnaie à un voyageurtout en conduisant, comme cela se pratique fréquemment en Roumanie et comme lelaisse supposer les billets éparpillés recueillis dans la carcasse du véhicule.

Malheureusement, le train assurant la liaison Iasi-Brasov a surgi à ce moment. Lechoc a été terrible. Douze des passagers sont morts sur le coup, un treizième à l'hôpitalainsi que Petrica Apostol, décédé trois jours plus tard; deux rescapés sont toujours entrela vie et la mort. Dans le train, personne n'a été blessé.

Les victimes sont toutes originaires de Scânteia ou des villages des environs. Parmielles, un père et ses deux enfants, mais aussi une jeune fille de 20 ans, Petrina, revenuede France où elle travaillait quelques jours plus tôt. Avec l'argent gagné, elle comptaits'acheter un lopin de terre près de chez ses parents et l'exploiter. Petrina s'était rendueà Iasi, malgré le mauvais pressentiment de sa mère qui avait insisté pour qu'elle reste àla maison, afin de s'acheter une belle robe qu'elle comptait mettre pour le mariage d'unede ses amies, quelques jours plus tard. La noce promettait d'être joyeuse et Petrina avaitconfié qu'elle espérait bien y rencontrer un garçon qui ferait également d'elle une pro-chaine mariée. Elle a été enterrée dans la robe qu'elle ramenait.

Patrons sans scrupules et chauffeurs inconscients

La tragédie de Scânteia illustre les risques auxquels sont exposés les passagers desmicrobus, moyen de transport pratique, bon marché, très développés à travers laRoumanie, mais aussi peu réglementé, source d'illégalités en série, sous le silence com-plice des autorités comme le soulignait la presse au lendemain du drame.

Pour un investissement modeste, les propriétaires de ses sociétés essayent de déga-ger un profit rapide et maximum. Leurs véhicules sont souvent vieux, bricolés, nerespectant pas les normes de sécurité, confiés à des chauffeurs amateurs, payés au noir.En outre, ils circulent bondés, parfois bien au-delà de leur capacité, leurs conducteursarrondissant leur salaire en prenant des passagers supplémentaires ou s'écartant des iti-néraires imposés, moyennant un pourboire, pour déposer à leur porte ceux qui ledemandent.

Dans le cas de Scânteia, le microbus circulait sous le nom d'une autre compagnieque celle du propriétaire et le siège de la firme se trouvait dans un appartement loué parun étudiant grec. Destiné initialement au transport de marchandise, il avait été modifiépour permettre celui des voyageurs. Il n'empruntait pas en outre l'itinéraire autorisé.

Son chauffeur, Petrica Apostol, marié depuis un an, était connu pour sa conduite àrisques, roulant à grande vitesse, téléphonant sans arrêt, ne s'arrêtant pas aux passagesà niveau, effrayant souvent ses passagers. Son père lui avait d'ailleurs fait des remon-trances, lui reprochant de regarder les filles plutôt que la route. L'an passé, il avait déjàeu un accident, sans dommages corporels, son véhicule se retournant alors qu'il s'étaitretrouvé nez à nez avec un camion sur un pont.

Toutefois, à sa décharge, il faut souligner qu'il travaillait depuis cinq jours, sanspouvoir se reposer, son patron le sollicitant sans arrêt pour de nouvelles courses,sachant qu'il ne refuserait pas malgré sa fatigue car il était très endetté. La veille dudrame, il en avait effectué quatorze.

PIATRANEAMT

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14 morts dans un accident

La liste sanglante desaccident s de microbus

de microbus à un passage à niveau près de Iasi

Passages à niveau mortels: 31 victimes en 2 ans

Tiraspoll

CHISINAU

Catastrophe

Plusieurs affaires de corrup-tion et scandales touchant legouvernement ont défrayé la

chronique cet été, sans pour autantsurprendre les Roumains, blasés, et quitrouveront là de nouvelles raison debouder les urnes. Les révélations por-tées à la connaissance du public par lesmédias servent de toile de fond à lacampagne des élections présidentiel-les,chaque camp ayant d'abondantesmunitions en la matière.

La première affaire a touché la jeuneministre de la Jeunesse et des SportsMonica Iacob Ridzi (PD-L, Basescu)qui a été contrainte de démissionner.Elle était au cœur d'un scandale etmenacée de poursuites pénales,accusée d'avoir dépensé près de 800000 € pour des manifestations à l'oc-casion du jour de la Jeunesse, qui enauraient coûté que le dixième, la dif-férence servant à payer la campagnedes élections européennes (d'Elena,la fille du Président Basescu ontaffirmé certains) ou terminant dansdes poches accueillantes. C'est uneautre femme qui l'a remplacée, lasénatrice démocrate-libérale SorinaLuminita Placinta, élue du judet deVrancea.

Le second scandale, concernant laministre du tourisme, Elena Udrea (PD-L), a pris les allures d'un feuilleton quoti-dien. Il porte également sur des sommesimportantes attribuées à des contrats de

promotion de l'image de la Roumanie etqui auraient servi à bien d'autres choses.Celle qu'on a surnommé "la blonde duPrésident", menacée aussi de poursuitespénales, a été présente à la une de tous lesjournaux chaque jour de l'été au coursd'une campagne visant à la faire craquermais aussi à atteindre Traian Basescu, envue des prochaines présidentielles.

Favoritisme familial

Celui-ci a dû faire face égalementaux révélations concernant son frèreMircea Basescu, actionnaire d'une firme

d'armement douteuse, et qui aurait essayéd'user de ses relations pour des contratsalors que la Roumanie s'apprête à dépen-ser quelques milliards d'euros pourmoderniser son armée.

Le Président sortant, déjà en butteaux accusations de favoritisme familial seserait bien passé de cette nouvelle affaire.Sa côte de popularité avait déjà été affec-tée après qu'il soit intervenu pour faireélire sa fille cadette, Elena, au Parlementeuropéen, et par l'épisode de l'achat d'unappartement de 700 000 € par sa filleaînée, Ioana, devenue notaire à Bucarest,ce qui déjà coûte une fortune se mesuranten millions d'euros. Le logement, situédans un quartier huppé de Bucarest,appartenait à un homme d'affaires prochede son père. Ioana a affirmé l'avoir payégrâce à ses premiers revenus notariaux.

Mais le rival et partenaire dans legouvernement du PD-L, le PSD(Geoana-Iliescu-Nastase) n'est pas enreste. Une commission parlementairea entendu un de ses membres les plusen vue, Nicolae Nemirschi, ministre-de l'Environnement concernant l'attri-bution sans appel d'offre d'un contratde publicité à hauteur de 500 000 €.

Le ministre risque d'être poursui-vi pénalement…Comme tous ses"collègues en corruption", il ne risquepas grand-chose: les juges anti-cor-ruption n'ont jamais réussi à en fairecondamner un seul, le plus célèbre,l'ancien Premier ministre PSD

Adrian Nastase ayant même été définiti-vement blanchi par la Justice, au début del'été. Les téléspectateurs roumains ontd'ailleurs pu le voir réapparaître sur leursécrans, leur donnant des leçons.

Révélations d'affaires de corruption sur toile de fond des prochaines élections présidentielles

La femme de Basescu téléphonant au Premier ministre:"Emil, t'as vu les derniers sondages… Traian cherche

où il a bien pu fourrer son diplôme de marin?!".Caricature de V ali (Jurnalul National)

Catastrophe

La catastrophe de Scânteia est la 3èmefaisant plus de 10 morts en 4 ans.

En octobre 2006 , 8 personnes ontété tuées, 2 blessées, sur la N 7, prèsd'Odvos (judet d'Arad), à la suite dela collision entre leur microbus quidoublait sans visibilité et un camionvenant en face.

En septembre 2007 , un microbusassurant la liaison régulière entreGalati et Bucarest a heurté de pleinfouet un taxi venant en face. Bilan:cinq morts, cinq blessés graves.

Devant la répétition de tels dra-mes, la police a verbalisé de nomb-reux chauffeurs de microbus et assu-re avoir infiltré des agents de la circu-lation en civil parmi les passagerspour vérifier si les règlementationsétaient bien respectées. Sans trop derésultats apparemment.

Scandales

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Actualité

Les mauvaises langues prétendent que la Gagaouzie estune réserve soviétique et que l'on y trouve encore des kolkho-zes. À Comrat, la "capitale", une statue géante de Lénine trônetoujours devant le palais du Parlement (25 députés), et la villeest réputée voter régulièrement pour les partis prorusses.

À Comrat, il serait sacrilège de critiquer la Russie. Le longde la rue Galatan (du nom d'un nationaliste gagaouze), face àl'église Saint-Ivan aux coupoles argentées, une série de stèlesévoque la mémoire des révolutionnaires locaux. Pour la plu-part compagnons de lutte du camarade Lénine. Ici, on ne parleque russe. S'adresser à un Gagaouze en moldave (c'est-à-direen roumain, la Moldavie étant une ancienne province roumai-ne) relève de l'agression. La Roumanie, l'Otan y sont des sujetsaussi tabous que le mariage homosexuel.Lors des dernières élections, venu deChisinau soutenir sa liste à la Maison de laculture, devant un auditoire attentif et dis-cipliné, Marian Lupu, candidat du Partidémocrate (opposition), marchait sur desœufs.

Un tropisme russe qui fait oublier les origines turques

"On vous compare à Gorbatchev ", luilançà une femme. "Il était bien élevécomme vous, mais il a détruit l'UnionSoviétique". Elle ne semblait guèreconvaincue lorsque Lupu lui répondit que"la démocratie, ce n'est pas forcément lechaos". Le tropisme russe des Gagaouzes est tel qu'ils enoublient leurs lointains ascendants, la tribu turque des Oguz,établie dans la région au XIIIe siècle sous la houlette de leursultan, Kay Kaus.

Christianisés par les Byzantins, ils sont devenus ortho-doxes, puis, beaucoup plus tard, ont été russifiés. Mais ValeriuTudor, vice-bakchan (vice-gouverneur) de la région, préfèrefaire démarrer leur histoire au XIXe siècle, à l'époque tsariste,c'est-à-dire russe, et souligner que la langue gagaouze n'a plusgrand-chose à voir avec le turc, car "si nos frères turcs nouscomprennent sans difficulté, la réciproque n'est pas vraie".Pourtant, depuis le début des années 2000, l'antique mèrepatrie a renoué avec ses rejetons égarés. Elle a financé l'uni-versité flambant neuve, distribue des bourses à ses étudiants,construit un aqueduc car cette région très pauvre souffre d'unepénurie d'eau chronique.

Des investisseurs turcs ont créé des entreprises de filature

et de tissage, et, à l'entrée de Comrat, un panneau souhaite labienvenue en russe et en turc. Le long de l'avenue Lénine, bor-dée de marronniers, la ville a pris quelques couleurs occiden-tales, deux, trois boutiques, dont celle d'Orange.

Un peu plus loin, le petit hôtel Astoria s'apprêtait àaccueillir, le 18 août dernier, le congrès mondial desGagaouzes. L'événement était largement commenté dans lesmédias locaux, une chaîne de télévision et quatre journauxpoids plume.

Séparatisme et gaz, armes de chantage privilégiées de Moscou

En août 1990, alors que l'empiresoviétique vacillait, les Gagaouzes, mani-pulés par les Russes, quittèrent alors legiron moldave et s'autoproclamèrent"République socialiste soviétique gagaou-ze". Quatre ans plus tard, à l'issue denégociations avec la Moldavie, une solu-tion à l'amiable fut trouvée. La Gagaouziedevint région autonome, avec un certainnombre de droits, dont celui de fairesécession si le "statut international" de laMoldavie (sous-entendu son appartenanceà la sphère d'influence russe) était modi-fié. "Nous pourrions servir de modèle à laTransnistrie", s'enorgueillit Valeriu Tudor.

À quelques encablures de Comrat, lamicro-République de Transnistrie est l'au-

tre entité séparatiste qui menace la souveraineté moldave.Bastion russe elle aussi, mais beaucoup plus agressif, avec undictateur mafieux pur et dur, Igor Smirnov, et un millier de sol-dats russes que Moscou présente au monde comme une forcede maintien de la paix depuis le bref mais sanglant conflit quiopposa la Moldavie et la Transnistrie au début des années 1990et fit plusieurs centaines de morts. Néanmoins, reconnaît levice-bakchan, "Gagaouzes et Transnistriens entretiennent debonnes relations personnelles".

Dans cette vaste zone grise qui balance entre l'Est etl'Ouest (la Moldavie, l'Ukraine, la Géorgie), le séparatisme,comme le gaz, reste l'arme privilégiée d'une Russie nostal-gique d'un passé impérial. À Chisinau, la capitale moldave, nuln'est dupe: si la Moldavie basculait dans le camp occidental,les vieux démons séparatistes des Gagaouzes pourraient bienêtre réactivés.

Arielle Thédrel (Le Figaro)

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Actualité

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UE: la Roumanie échappe à nouveau à la clause de sauvegarde

Les 17 derniers soldats roumainsparticipant à la mission "Coucher desoleil" en Irak sont rentrés chez euxjeudi 23 juillet, mettant fin à six ansde mission dans ce pays. Les sol-dats roumains sont arrivés à bordd'un Hercule C 130 à l'aéroport inter-national de Craiova, dans le sud de laRoumanie, où a été tenue une céré-monie militaire.

La Roumanie participait aux opéra-tions en Irak depuis le mois de juillet2003, dans le cadre de la force multi-nationale (MNF-I) et de la mission del'Otan entraînant les forces de sécuri-té irakiennes (NTM-I). A son apogée,le contingent roumain en Irak a atteint730 personnes, opérant dans troiszones différentes - sud-est, sud cen-tral et à Bagdad.

Les soldats roumains ont mené ungrand éventail de missions dont l'in-terrogatoire de prisonniers, la recon-naissance et la surveillance, ainsi quel'entraînement, le maintien de la paixet la protection de bases. Trois sol-dats roumains sont morts durant lamission et plus de 10 ont été blessés.

La présence des troupes roumai-nes en Irak est devenue une questioncontroversée en politique intérieuredepuis 2006, le Premier ministre del'époque, Calin Popescu Tariceanu, aappelé à maintes prises à leur retour,alors que le président Traian

Retour au p ays dudernier contingentroumain en Irak

Bucarest doit rectifier le tir

La Commission européenne a annoncé début juillet l'ouverture de procédu-res d'entorse aux traités de l'UE contre la Roumanie, dans huit cas, relatifsaux secteurs de l'énergie, de l'environnement et des taxes. Deux de ces pro-

cédures concernent la non mise en application par la Roumanie de directives sur lestarifs réglementaires de gaz et d 'électricité. Autres problèmes: la fameuse taxe surl'environnement, la TVA sur les dividendes, l'impôt sur les résidences et non-résiden-ces jugé discriminatoire, ou la loi sur les vieux véhicules. La Roumanie avait jusqu'àseptembre pour se mettre aux normes.

Par ailleurs, le rapport de la Commission européenne, rendu public mercredi 22juillet, préconise la poursuite de la surveillance de la justice roumaine, à la suite del'insuffisance des ses réformes, de ses manquements, de la passivité du pouvoir,devantle rôle que continuent à y jouer les politiciens, mais ne considère pas que l'activationde la clause de sauvegarde soit nécessaire devant les quelques progrès accomplis.

La Roumanie devrait donc échapper complètement aux mesures de sauvegarde,comprenant le gel des subventions européennes. Bruxelles s'est donné jusqu'à la fin2009 pour prendre une décision à ce sujet, un autre rapport devant être publié ennovembre. La surveillance du système judiciaire par le biais du mécanisme de coopé-ration et de vérification durera par contre jusqu'à l'été 2010. Cette situation l'empêche-ra, tout comme la Bulgarie - même si officiellement la Commission n'en fait pas uncritère d'entrée - d'accéder à l'espace européen de Schengen, qui assure la liberté decirculation des personnes. D'ici là, la Roumanie devra se conformer à 16 recomman-dations édictées par Bruxelles, et la Bulgarie à 21, notamment pour rendre plus effi-cace l'action de la justice contre la corruption de haut niveau et le crime organisé.

Il est une république lilliputienne autonome que le démon du sép aratisme démange...

Moldave malgré elle, la Gagaouzie fait les yeux doux à la Russie

Vingt ans après la révo-lution roumaine, et 33ans après Baudouin et

Fabiola, le Roi Albert II et la ReinePaola ont effectué une visite d'Etatde 3 jours en Roumanie, fin juillet.Visite classique: rencontres avecles autorités, partie culturelle(musée, église); réception pour lacommunauté belge sur place (envi-ron 300 Belges vivent en Roumanie), dîner d'Etat avec allocution royale et concert, etbuffet de spécialités belges offert par les souverains; forum économique et acadé-mique. Mais aussi bain de foule à Sibiu et présentation de projets de coopération entredes communes roumaines et belges à Cristian, une forme d'hommage à l'actiond'OVR, partie de Belgique voici 20 ans. Plus inhabituel: le Roi a déposé une gerbe auMonument Dany Huwé, journaliste belge travaillant pour VTM, tué par un sniperalors qu'il couvrait la révolution roumaine, en décembre 1989 (notre photo).

Depuis 3-4 ans, les missions économiques ou ministérielles et les contacts bilaté-raux se multiplient entre la Belgique et la Roumanie. Mais les relations commercialesrestent restreintes: la Roumanie n'est que le 34e client de la Belgique et son 52e four-nisseur. Des entreprises dans le domaine de l'infrastructure, de l'éco-technologie et l'a-groalimentaire ont participé au voyage pour tenter d'accroître leurs activités sur place.Le Roi et la Reine, eux, ont complété le programme officiel par un déjeuner, stricte-ment privé, avec le Roi Michel et la Reine Anne, anciens souverains de Roumanie. LeRoumanie étant une ex- république populaire, il n'était pas de bon ton que la rencon-tre ait le moindre caractère officiel. Il n'y a donc pas eu de photo…

Albert II et Paola de Belgique en Roumanie trente trois ans après le Roi Baudouin et Fabiola

Moldavie

Une enclave en Moldavie (en grisé), grande comme un tiers de département français.

Ne cherchez pas la Gagaouzie dans le Petit Robert, vous ne l'y trouverez pas. Pourtant, elle existe bel et bien, douxpays vallonné planté de vignes et d'abricotiers. Un État lilliputien de 1 800 km², grand comme un tiers de dépar-tement français, peuplé de 155 000 habitants, dans le sud de la Moldavie, à la découverte duquel Arielle Thédrel

est partie à la découverte pour le Figaro.

Actualité

Mugur Isarescu, 60ans, est devenul'homme qui a

passé le plus de temps au mondeà la tête d'une banque centrale.Le gouverneur de la Banquenationale roumaine (BNR) esten effet entré dans le classementdu World Records Academy

comme ayant la longévité la plus importante dans cette fonc-tion. Mugur Isarescu est resté 19 ans à la tête de la BNR, soitdepuis 1990. Il a quitté ce poste en 1999, quand il est devenuPremier ministre, avant de le reprendre en novembre 2000.

Pour les Roumains, cet homme à l'allure policée est “lePremier ministre de l'ombre, celui qui a le mieux coordonnéles politiques économiques du pays et qui a entamé les négo-ciations d'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne, en1999", rappelle Cotidianul. Le journalenchaîne, "Nombreuxsont ceux qui considèrent qu'Isarescu est celui qui a littérale-ment sauvé la Roumanie d'un effondrement similaire à celui dela Bulgarie, en stabilisant l'inflation et en introduisant une

nouvelle monnaie, mais plus nombreux encore sont ceux quivoient dans la figure de ce docteur en économie une personna-lité intègre, digne de devenir le futur président roumain !".

De là à faire de Mugur Isarescu, le favori de l'élection pré-sidentielle qui se déroulera dans trois mois… le quotidien n'hé-site pas à franchir le pas, bien que l'intéressé, échaudé par satentative malheureuse de 2000 (il avait terminé 4ème, loin der-rière Ion Iliescu, élu, recueillant 9 % des voix) n'ait pas faitacte de candidature.

A ce jour, Mugur Isarescu, reste le seul homme politiqueroumain membre de la Commission trilatérale (organisationprivée créée en 1973, destinée à promouvoir une coopérationpolitique et économique entre l'Europe occidentale,l'Amérique du Nord et l'Asie-Pacifique, qui regroupe 400 per-sonnalités parmi les plus influentes au monde).

L'hypothèse d'un candidat honnête pourrait certes séduireles Roumains, à la recherche désespérée d'un politicien au pro-fil si rare… mais il faudrait pour cela que Mugur Israrescu leurfasse aussi oublier qu'il est issu du sérail et qu'il a fait sa car-rière depuis vingt ans au sein de cette nouvelle nomenklaturaqu'ils honnissent.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Le sulfureux maire deConstanta, Radu Mazare,est apparu le 18 juillet

dans un costume d'officier nazi, por-tant une svastika, lors d'une présenta-tion de mode à Mamaia sur le thèmede l'armée. Son fils, vêtu du mêmecostume, l'accompagnait et a défilé àses côtés devant un large public. Uneprestation de mauvais goût, qui a évi-demment aussitôt suscité des réac-tions et provoqué une large indigna-tion. Le maire a envoyé par la suiteune lettre pour s'excuser. Le Centrepour la surveillance et la lutte contre

l'antisémitisme a saisi le procureur général de Roumanie, Laura Kovesi, invoquant lestatut de personne publique de Radu Mazare et estimant qu'il avait enfreint la loi107/2006 sur l'interdiction des symboles à caractère fasciste et xénophobe.

Radu Mazare, ingénieur électro-mécanicien de 41 ans, ayant obtenu son diplômeavec difficulté, élu maire de Constantsa en 2000, a changé plusieurs fois de parti.Actuellement membre du PSD (Iliescu-Nastase-Geoana), après en avoir été l'adversai-re, il symbolise à lui seul l'état affligeant de la vie politique roumaine.

Soupçonné de relations étroites avec les milieux interlopes de son judet, impliquédans des affaires de corruption, Mazare ("Petit pois" en français) a toujours réussi àéchapper à la justice, malgré son enrichissement tape à l'œil qu'il expose cyniquement,cigare au bec, et va de temps en temps se prélasser dans la villa qu'il a acquise sur lacôte brésilienne. Ce bellâtre arrogant, populiste, qui se croit tout permis, a fait irrup-tion sur la scène politique à 32 ans et a séduit ses concitoyens qui l'ont reconduit à lamairie à deux reprises, avec de fortes majorités, lui pardonnant tous ses écarts, voyantsans-doute en lui l'expression de la modernité et de l'avenir de la Roumanie.

Quelques semaines plus tard, le maire de Constantsa récidivait, mais dans un autreregistre: dansant en public torse nu, visiblement éméché, à la terrasse d'un café.

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Depuis le début de l'année, plusde 57 000 personnes se sont faitconnaître auprès de l'Agence natio-nale pour l'emploi de la RépubliqueMoldave. Les données de juin 2009révèlent une hausse du nombre dedemandeurs d'emploi de 17 000 per-sonnes par rapport à la même pério-de de l'année 2008.

Le chômage, qui a évidemmentexplosé avec la crise internationale,touche depuis quelques mois en prio-rité les femmes qui seraient désor-mais 29 500 inscrites auprès del'Agence. L'Agence évalue à 1200 lenombre d'offres d'emploi expriméesdepuis janvier 2009, contre 2500 surla même période de 2008. Quant aunombre de chômeurs ayant trouvé dutravail entre janvier et juin 2009, ils'établit à 6800, soit 2.000 de moinsqu'au premier semestre de 2008.Pour rappel, le FMI prévoit unecontraction du PIB de 9% en 2009 enMoldavie, pronostic contesté par lespouvoirs publics.

Politique Le maire de Const antsa défile costumé en officier nazi

Moldavie: le chômage prospère

CHISINAUl

"Papusica" à Strasbourg

La construction d'un deuxièmepont entre la Bulgarie et la Roumanieà travers le Danube, prend du retard,de l'ordre de 12 à 14 mois. Les rai-sons en sont multiples: une mauvaisecoordination, des expropriations…Les spécialistes estiment que le pontsera opérationnel en 2011, au lieud'avril 2010. L'assimilation des fondsoctroyés par la Banque Européenned'Investissement a également étéretardée en raison des complicationsgéologiques liées au projet et des dif-férences entre les législations bulgareet roumaine.

Retard pour le secondpont sur le Danube

Politique Mugur Isarescu, gouverneur de la BNR : du livre des records… à la présidence ?

Présidentielles le 22 novembre

Les élections présidentielles prévues à la fin de l'année sedérouleront le dimanche 22 novembre, le second tour étantprévu deux semaines plus tard. Les précédentes élections s'é-taient déroulées le 28 novembre 2004, avec un second tour le12 décembre conduisant à l'élection de Traian Basecu pour unmandat de cinq ans. Ce dernier avait désigné Calin PopescuTariceanu comme Premier ministre, lequel avait formé songouvernement avant le 31 décembre et était resté en fonctionpour la durée de la législature, soit quatre ans.

"Un pays corrompu… sans hommes corrompus"

La Roumanie possède une culture "généralisée" de la cor-ruption selon une étude baptisée "Crime et Culture" et réaliséesous l'égide de la Commission européenne en Bulgarie,Roumanie, Turquie, Croatie, Allemagne et Grande-Bretagne.La Roumanie se distingue par l'ampleur du phénomène, "lescitoyens considérant que la corruption est un mode normal derésolution des problèmes. Ce mode de pensée et d'action estprofondément enraciné dans les conceptions morales et lespratiques quotidiennes", indique l'étude. Cette corruption sedouble d'une perception de l'espace public comme un "ensem-ble mafieux": toutes les sphères de la société (les ONG, lespoliticiens, les hommes d'affaires, la magistrature, l'adminis-tration, la police…) sont considérées comme corrompues.Enfin ce même rapport met en parallèle cette omniprésence dela corruption et la quasi absence de condamnations, notam-

ment au niveau politique, en utilisant notamment la formule :"Un pays corrompu sans hommes corrompus". Cette étude aété réalisée par 35 chercheurs européens entre janvier 2006 etjuin 2009.

Vaste opération anti-corruption à Const anta

39 policiers de la police routière de Constanta et six civilsont été arrêtés fin juin par la direction générale anti-corruptionpour pots-de-vin, trafic d'influence et abus dans le cadre deleur travail. Ils sont accusés d'avoir demandé des pots-de-vin àdes conducteurs en échange de ne pas les sanctionner pour lesinfractions au code de la route qu'ils avaient commises. Desopérations similaires ont eu lieu également à Cluj et à Iasi.

"Fromages"…

Valeriu Matei, leader local du PDL (Basescu) du judetd'Olt (Slatina) a créé un scandale en demandant à son parti leremboursement des 10 000 lei (2500 €) qu'il lui avait versésafin d'obtenir sa nomination au poste de directeur pour l'agri-culture et le développement rural du judet. Il a démissionné decette fonction avec éclat, car son organisation ne le soutenaitplus à la suite de mauvais résultats électoraux et lui réclamaitencore 30 000 lei (7500 €) à verser à l'automne, puis 50 000autres (12 500 €) d'ici 2012. Valeriu Matei a également révé-lé que les formations politiques locales s'étaient réparties à l'a-vance les postes de direction de l'administration du judet, lasienne obtenant aussi celle de la poste.

A savoir

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Heil Mazare !

Radu Mazare a contraint son fils à défiler derrièrelui, également en uniforme de la Wermarth.

Après ses premiers pas auParlement de Strasbourg, mi-juillet, Elena Basescu, 27

ans, fille du président Basescu, élue lemois précédent députée européennecomme candidate indépendante avec 4,3% des suffrages, s'est plainte du dénigre-ment dont elle est l'objet. "J'étais à peinearrivée que circulait un e-mail dans leParlement: Papusica (Poupette ou Baby-doll en anglais) est là" a-t-elle confiéeindignée, ses nouveaux collègues l'ayantégalement baptisée "la Paris Hilton desCarpates".

"Pourtant" s'est-elle étonnée ingénu-ment "ce n'est pas grâce à mon père quej'ai été élue", enchaînant "j'ai l'impres-sion qu'on veut suggérer que je suis infé-

rieure d'un point de vue intellectuel auxautres députés parce que je suis unancien mannequin… mais j'ai fait aussides études d'économie et je m'occupe depolitique depuis longtemps".

La nouvelle élue a par ailleurs décidéde siéger à la commission des affairessociales et de l'emploi, tandis que les aut-res parlementaires roumains "en vue",Gigi Becali et Corneliu Vadim Tudor ontchoisi respectivement celles du commer-ce international et de la culture et de l'é-ducation. Le dernier, connu pour sa xéno-phobie et son sentiment anti-hongrois pri-maire, se retrouvera au sein de la mêmecommission que son compatriote LazloTokës… leader ultra des Magyars deRoumanie.

Actualité

Les fonctionnaires roumains ont reçu l'ordre de pren-dre 10 jours de congés sans solde entre septembreet novembre. C'est l'une des solutions trouvée par

les autorités roumaines, pourjuguler les dépenses de l'Etat. Desvacances forcées donc qui permet-tront une économie évaluée à 360millions d'euros et l'obtentiond'une aide financière d'urgence duFMI, près de deux milliard d'eurossur les treize milliards prévus…Mais sous certaines conditions: legouvernement roumain doit rédui-re la masse salariale du pays.

La Roumanie doit réduire sesdépenses publiques pour obtenirune aide financière. L'objectif estprécis: un milliard d'euros cetteannée, trois milliards supplémentaires en 2010. Le gouverne-ment de Bucarest a donc trouvé la solution des congés sanssoldes, une manière inusitée de réduire le déficit public quireprésente 0,3% du PIB roumain.

Toutes les façons sont envisagées: suppression d'emplois,élimination des primes et bonus, annulation du remboursementdes loyers. Des mesures qui ne plaisent pas, on s'en doute, à lapopulation. Mardi 11 août, plusieurs centaines de manifestantssont ainsi sortis dans la rue pour protester contre les mesures"répressives" du gouvernement.

Policiers en colère et pénurie de médicaments

Ce jour là, devant le ministère de l'intérieur, des centainesde policiers roumains manifestaient contre les restrictionsbudgétaires qui mettent leur métier en péril. "Le ministère nous

a tourné le dos, nous allons faire pareil", s'exclamait un offi-cier, ajoutant "J'en ai assez de dépenser 20 % de mon salairede 250 € par mois pour acheter ce qui nous manque au

bureau: papier, stylos, souris etclavier d'ordinateur. Souvent, jedois utiliser mon téléphonemobile personnel. Nous n'avonsdroit qu'à une quinzaine de lit-res d'essence par mois. On apeut-être oublié qu'une voiturede police, ça patrouille!".

La colère des policiers est àla hauteur de la crise qui touchele service public roumain. Autresecteur touché: la santé. Lesmédecins dénoncent une pénu-rie de médicaments et la plupartdes hôpitaux ne sont plus en

mesure d'assurer les soins courants. Les fonds octroyés pour lalutte contre le cancer, le sida, l'hépatite et le diabète sont épui-sés depuis fin juillet. "Le gouvernement joue avec le feu",affirme Cezar Irimia, président de l'association des maladeschroniques. "La situation est très grave. Nous avons 2 000malades chroniques dont la survie dépend des médicaments.Comment va-t-on expliquer aux cancéreux qu'ils sont sur uneliste d'attente sans aucune visibilité?". Les ordonnances quileur sont prescrites ne sont plus remboursées.

Dans ce contexte, les Roumains sont d'autant plus choquéspar les excès de certains hommes politiques, dans un pays oùla corruption institutionnalisée, gabegie et incompétence sontla règle. Le maire de Bucarest, Sorin Oprescu, qui envisaged'être candidat à la présidence, s'apprêtait à dépenser 700 000euros pour dorer une vingtaine d'horloges de la capitale, avantde revenir sur sa décision devant le tollé provoqué.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

La Roumanie, en récession sévère, a reçu le 10 août une bouffée d'oxy-gène du Fonds monétaire international (FMI) qui a annoncé être par-venu à un accord sur le versement d'une tranche de 1,9 milliard d'eu-

ros sur son prêt de 12,95 milliards, à condition que ce pays se serre la ceinture."Notre mission est parvenue à un accord sur ce qui a été réalisé et ce qui doit

encore l'être" en Roumanie, a déclaré à Bucarest, un responsable du FMI, JeffreyFranks, à l'issue de sa mission d'évaluation. Ce dernier a notamment annoncé que leFMI avait accepté que Bucarest porte le déficit budgétaire à 7,3% du Produit intérieurbrut (PIB) contre les 4,6% prévus initialement, alors que le gouvernement est confron-té à une chute dramatique des recettes publiques.

"Nous avons accepté qu'une partie des 2e et 3e tranches du prêt du FMI soit uti-lisée pour couvrir le déficit budgétaire", a-t-il déclaré, estimant qu'il s'agirait d'envi-ron 1,75 milliard d'euros. Le responsable du FMI a souligné que les autorités devaienten échange adopter des mesures strictes à moyen et long terme afin de réduire la massesalariale du secteur public, de 9% du PIB actuellement à 6% d'ici cinq ans.

Après avoir dans un premier tempsassuré que l'argent du FMI irait à laBanque centrale, pour consolider sesréserves en devises, le gouvernement aadmis que les fonds serviront à payersalaires et retraites. Les analystes esti-ment toutefois que l'argent du FMI nepermettra au gouvernement roumainqu'un très bref répit, avant d'être à nou-veau contraint d'emprunter pour payerses factures. Et ce au moment où laRoumanie s'apprête à entrer en campa-gne pour l'élection présidentielle prévuefin novembre.

Reprise modérée en 2010 ?

Alors que les médias avaient évoquéparmi les conditions du FMI la suppres-sion de 150 000 postes de fonctionnairesd'ici mi-2010, Jeffrey Franks a assuré qu'une telle exigence n'avait pas été formulée.Il a estimé que la Roumanie, en "récession sévère" avec un recul du PIB de 4,6% aupremier trimestre par rapport au trimestre précédent, a vu sa situation économique sedétériorer encore davantage au 2e trimestre, à près de 10 %. Pour 2009, le recul duPIB devrait atteindre 8 à 8,5%, a-t-il indiqué. La Roumanie pourrait toutefois enregis-trer une "croissance modérée" en 2010.

Bucarest, qui avait conclu en mars un accord avec le FMI, l'Union Européenne, laBanque mondiale et d'autres bailleurs de fonds sur une aide de 20 milliards d'euros, ajusqu'ici reçu une première tranche de 5 milliards d'euros du FMI et une autre de 1,5milliard de l'UE. En échange de ce plan de sauvetage, les autorités se sont engagées àréformer le système des retraites et des salaires de la fonction publique.

Une délégation de la Commission européenne associée à la mission du FMI a esti-mé que "l'application par la Roumanie de son programme économique a été satisfai-sante". L'UE conduira sa propre mission d'évaluation en octobre. Bruxelles a égale-ment estimé que les neuf principales banques d'Europe ayant des filiales en Roumanieont globalement tenu leur promesse de garder une présence solide dans ce pays.

Récession: bouffée d'air du FMI pour p ayer salaires et retraites

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Le chiffre est révélateur de la crisequi frappe, sans faire beaucoup debruit, la Roumanie. Près de 50% dessociétés roumaines de plus de 50 per-sonnes (52% pour être exact) ontrécemment mis au chômage tech-nique ou licencié une partie de leurssalariés. C'est ce que révèle uneétude réalisée par le cabinet MercuryResearch sur un échantillon de 200sociétés. Les entreprises plus modes-tes semblent moins touchées oumoins enclines à licencier: "seuls"24% des sociétés de 10 à 49 person-nes ont pris de telles mesures. Chezles petites entreprises de 3 à 9 per-sonnes, la proportion est de 23%. Lesgrandes sociétés confirment leur plusgrande vulnérabilité face à la crise,elles sont plus nombreuses à recourirà des mesures anti-crise: licencie-ments, chômage technique, réductiondes primes, gels des salaires, sup-pression des "team buildings", etc.

Une sur deux...

Le PIB devrait reculerde 8 à 8,5 % cette année

Dix jours de congés sans solde obligatoires pour les fonctionnaires

Le Premier ministre Emil Boc à TraianBasescu et Mircea Geoana: “Et si on essayait

avec le viagra ?!” Gazadaru (Gardianul)

Economie

Noë: "Après moi le déluge !" Basescu: "Après moi, le FMI !".Caricature de V ali (Jurnalul National )

La crise n'atteint pas vraimentDacia, au contraire: sur le pre-mier semestre, le nombre

d'immatriculations de voitures Dacia enEurope (Union européenne, Islande,Norvège et Suisse) a augmenté de 28,6%,atteignant 117 131 unités. L'an dernier, aupremier semestre, la marque n'enregis-trait alors "que" 91 000 véhicules imma-triculés. Au mois de juin, le succès s'estplus que confirmé, avec une augmenta-tion de 58,2% par rapport à juin 2008,avec 27 144 voitures immatriculées.

Cette tendance à la hausse est d'au-tant plus enviable que le marché automo-bile souffre lourdement de la crise écono-mique : le marché européen a chuté de

près de 11% sur les six premiers mois de2009. Le constructeur roumain, propriétéde Renault, a été le principal bénéficiairedes programmes de primes à la casse misen place en Europe pour relancer le sec-teur, alors que les automobilistes sem-blent se diriger de plus en plus vers desvéhicules à l'équipement sobre.

En dehors de Dacia, la tendanceeuropéenne à la baisse n'a pas épargné laRoumanie. Moins 50 % de voitures neu-ves immatriculées par rapport à juillet2008, représentant seulement un quart dutotal, moins 69 % pour les voitures d'oc-casion : le mois de juillet a été noir pourle marché automobile roumain, qui acontinué à plonger (- 3 % par rapport à

juin). Là aussi, Dacia et sa Logan se sontcependant largement maintenus en têteavec 40 % des ventes.

Seule satisfaction pour les conces-sionnaires, le marché du luxe ne connaîtpas la crise: 3 Ferrari ont été venduesainsi que 11 Porsche, 77 Mercedes, 10Jaguar, une Maserati, une Cadillac, 81BMW et 10 Dodge. Parallèlement, lestrès vieux véhicules ont continué à trou-ver preneurs: 41 ARO (4 x 4 de l'époqueCeausescu) ont été réimmatriculés ainsique 25 Oltcit (sœur ratée de la Visa deCitroën), 6 Trabant et une mythiqueWartburg (pétaradante et lointaine des-cendante de la mythique BMW… avecun moteur à deux temps).

Dacia s'en sort bien… mais le marché auto plonge Dans son rapport annuel sur la sta-bilité financière, la Banque NationaleRoumaine (BNR) indique que "lacontraction de l'économie est plus pro-blématique en Roumanie que dans lesautres pays, à cause du faible niveaudu PIB par habitant". D'après elle, laréduction de l'activité économiquerisque de conduire à des désinvestis-sements et à une hausse du chôma-ge, retardant le processus de conver-gence avec les autres pays de l'UnionEuro-péenne. "Attirer les fonds euro-péens et lancer d'importants investis-sements publics deviennent essentielpour la Roumanie", indique le rapport.Au premier trimestre, le pays a enre-gistré une baisse d'activité de 6,2%,contre 4,6% en moyenne dans l'UE.

La BNR craint les désinvestissement s

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Actualité

La Compagnie ferroviaire roumaine (CFR), quise trouve dans une situation économique catas-trophique, pourrait voir son réseau de chemins

de fer réduit de près de 3000 km dans les mois à venir. Legouvernement souhaite pourtant faire du développementdes infrastructures de transport une priorité.

Lundi 27 juillet, la CFR a organisé un appel d'offrepublique pour mettre en location, sur des périodes allant de unà trois ans, des espaces commerciaux dans une dizaine degares du pays. A Sinaia, la CFR propose 2,6m2 pour l'installa-tion d'un point d'information touristique. Dans la petite ville deFilipesti de Padure, près de Ploiesti (sud), c'est un espace pourla création d'un magasin de beignets qui est mis aux enchères.

Car la CFR essaie désespérément de renflouer ses caisses.Au mois de mars dernier, le ministre des Transports, RaduBerceanu (PD-L), annonçait un licenciement massif de 12 000cheminots. "Il existe beaucoup de problèmes matériels, maisaussi beaucoup trop de salariés", se justifiait-il.

Après plusieurs grèves et d'importantes manifestations,3700 employés ont été remerciés, alors que le salaire de 8000autres a été réduit. "On a choisi le moins pire. Et les 3700 sala-riés licenciés recevront une retraite", déclarait le leader syndi-cal Gheorghe Popa à la sortie des négociations. Mais la situa-tion ne semble pas s'améliorer pour autant. La direction de laCFR est en train de réfléchir à l'arrêt de l'exploitation de prèsde 3000 km de lignes de chemin de fer et de 52 gares considé-rés comme non rentables. Les élus locaux des communesconcernées avertissent cependant le ministère des Transports:"Cette mesure pourrait réduire à néant les investissements de

la CFR car les rails seront probablement volés pour êtrerevendus comme du vieux fer."

Trains de voyageurs à 50 km/heure et de marchandises à 17 km/heure

Le transport ferroviaire est-il vraiment une priorité pour legouvernement ? Le samedi précédent, à Bistrita (nord), lePremier ministre Emil Boc avait réaffirmé que l'une des prio-rités de son gouvernement était le développement des infras-tructures. La Roumanie projette de réparer les routes et deconstruire des autoroutes, mais pas un mot au sujet dutransport ferroviaire. Sur les 10 500 km de voie ferrée quecompte le pays, seulement 280 km sont actuellement en répa-ration. Depuis des années, la vitesse moyenne des trains est enconstante baisse. Aujourd'hui, elle arrive difficilement à attein-dre 50 km/h pour le transport de passagers et… 17 km/h pourle transport de marchandises.

"L'Etat ne donne plus d'argent pour la maintenance deslignes de chemin de fer depuis de nombreuses années. Unexemple concret est celui du tronçon Bucarest-Ploiesti, réha-bilité en 2003, où il existe déjà sept zones où la vitesse est res-treinte, car la maintenance n'a pas été faite", explique StefanRoseanu, le secrétaire général de l'Association des industrielsferroviaires de Roumanie (AIFR), cité par Ziarul Financiar. Lasemaine dernière, le ministère des Transports avait pourtantaffirmé fièrement vouloir développer le ferroutage pour bais-ser le trafic commercial sur les routes (lire par ailleurs)…

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

L'an dernier, le niveau des prix des biens et services à la consommation dansl'Union européenne a varié du simple au triple selon les pays, indique uneétude Eurostat parue le 16 juillet. Le Danemark (141% de la moyenne de

l'Union européenne) affichait les tarifs les plus élevés, à l'inverse de la Pologne (69%).La France quant à elle se situe à 111% de la moyenne européenne.

Le Danemark (141% de la moyenne de l'UE27), suivi de l'Irlande (127%) et de laFinlande (125%), occupent le haut du classement des niveaux de prix les plus élevés.

Des niveaux de prix supérieurs de 10 à 20% à la moyenne de l'Union Européenneétaient observés au Luxembourg (116%), en Suède (114%), ainsi qu'en Belgique et enFrance (111% chacun). L'Italie et l'Autriche (105% chacun), l'Allemagne (104%) etles Pays-Bas (103%) se situent juste au-dessus.

Le Royaume-Uni (99%), l'Espagne (96%) et la Grèce (94%) se situent juste en-dessous de la moyenne européenne quand Chypre (90%), le Portugal (87%) et laSlovénie (83%) affichent des niveaux inférieurs de 10 à 20% à la moyenne.

Malte (78%), l'Estonie (77%), en la Lettonie (75%), la République Tchèque (72%)ainsi que la Hongrie et la Slovaquie (70% chacun) pratiquent des niveaux de prix infé-rieurs de 20 à 30% à la moyenne. Enfin, la Bulgarie (51%), la Roumanie (62%), laLituanie (67%) et la Pologne (69%) présentent les niveaux de prix les plus bas del'Union Européenne.

La France se situe légèrement en-dessous de la moyenne européenne pour l'ha-billement (95%) et les véhicules personnels (99%). A contrario, elle arrive au-dessuspour les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées (104%) et l'électroniquegrand public (106%).

Au premier semestre 2009,Bucarest se plaçait en dernière posi-tion dans le classement des prix deslogements affichés par les principalescapitales en Europe centrale et orien-tale, dont voici ci-dessous le prixmoyen du m2 en euros (entre paren-thèses, les prix de 2008, et le pour-centage de baisse enregistré):

1er Prague 2222 (2486), 2èmeBratislava 2139 (2165, - 3,6 %), 3èmeVarsovie 1870 (2641 - 5 %), 4èmeBudapest 1400 (1725, - 20 %), 5èmeSofia 1400 (1600, - 10 %), 6èmeBucarest 1329 (1800, - 26 %).

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Immobilier: Bucarest la moins chère à l'Est

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Economie Prix roumains à 62 % de la moyenne européenne

Le groupe pétrolier et gazier autrichien OMV, numéro un en Europe centra-le et qui a pris le contrôle de Petrom voici trois ans, a indiqué vouloir inves-tir pour la première fois 1,5 milliard d'euros dans des centrales électriques

fonctionnant au gaz, en Allemagne, en Roumanie et en Turquie. Les projets, d'unecapacité annuelle cumulée de 15 000 GWh, sont destinés à approvisionner les marchéslocaux ainsi que les propres besoins du groupe.

OMV a déjà débuté à Brazi en Roumanie la construction d'une unité qui doit pro-duire à partir de 2011 quelque 5000 GWh par an, soit près de 10% de la consomma-tion du pays. Une partie de cette production sera utilisée dans la raffinerie voisinePetrobrazi.

OMV investit dans des centrales au gaz

Economie Fermeture de 3000 km de voies ferrées et 52 gares licenciement s massifs, réduction des salaires…

Effet d'annonce ou manque desérieux? Les deux sans-doute.En présentant du jour au len-

demain le 24 juillet, sans aucune étudepréalable conséquente, son nouveau pro-jet d'interdiction pour les camions degros tonnage de circuler sur les routes dupays et l'instauration obligatoire du ferro-utage en Roumanie, le ministère desTransports roumain a franchi un pas deplus dans l'incompétence malheureuse-ment trop souvent affichée par ceux quidirigent le pays. Affligeant…

"Tous les camions vont être chargéssur des trains sans utiliser l'infrastructu-re routière", a déclaré Eusebiu Pistru,secrétaire d'Etat au ministère desTransports, "sans crier gare" serait-ontenté de dire. Ni les transporteurs rou-tiers, ni les administrations responsables

des infrastructures n'avaient été préve-nues, aucune étude d'impact, de marché,de faisabilité menée. Dans l’UE, un telprojet, qui remet en cause toute une poli-tique des transports, révolutionne descomportements, nécessite des investisse-ment très lourds, demande des décenniesde réflexion....

Tout fier, le secrétaire d'Etat annon-çait que cette décision prenait effetimmédiatement, les derniers tests étantréalisés la semaine suivante, le systèmede ferroutage étant opérationnel dans lesdeux mois. Eusebiu Pistru précisait queles 160 wagons spéciaux dont disposentla CFR Marfa (SNCF marchandises) pou-vaient transporter 20 poids lourds cha-cun. "Ils sont parmi les plus pointusd'Europe et seuls quelques pays commela Suisse, l'Autriche ou la Hongrie dispo-

sent de tels wagons de grand tonnage", segargarisait Gratian Calin, son directeurgénéral, présent à ses côtés, indiquant queles trains devraient suivre l'itinéraireBucarest-Glogovat, près d'Arad, en pas-sant par Craiova et Târgu Jiu.

Le ministère des Transports n'en estpas à sa première "pantalonnade" : enfévrier dernier, il découvrait subitementqu'il existait, de longue date, une voie fer-rée menant de la gare du Nord deBucarest à l'aéroport internationald'Otopeni, pouvant réduire de moitié,voire plus, le temps du trajet.

Dans les jours suivants, toujours sansaucune étude, ni préparation, il lançaitune liaison… abandonnée deux mois plustard, faute d'un nombre de passagers suf-fisant, alors que l'idée était intéressante etméritait un meilleur sort.

Sans crier gare, le ministère des T ransport s annonce son intention d'interdire la circulation des poids lourds sur les routes roumaines

Le produit Intérieur brut (PIB)par habitant exprimé en stan-dards de pouvoir d'achat

(SPA) a varié entre 40 % et 253 % de lamoyenne (100 %) de l'Union européenne(UE) parmi les Etats membres, selon lespremières estimations préliminaires pourl'année 2008 publiées par l'Office statis-tique des Communautés européennesEurostat. En France, en Espagne, enItalie, en Grèce et à Chypre, le PIB parhabitant se situait à plus ou moins 10 %autour de la moyenne de l'UE.L'Autriche, la Suède, le Danemark, leRoyaume-Uni, la Finlande, l'Allemagne

et la Belgique se situaient entre 10 % et30 % au-dessus de la moyenne; et les plushauts niveaux de PIB par habitant dansl'UE étaient observés au Luxembourg, enIrlande et aux Pays-Bas (à plus de 153 %,40 % et 35 % au dessus de la moyenne).

La Slovénie, la République tchèque,Malte, le Portugal et la Slovaquie étaiententre 10 % et 30 % en dessous de lamoyenne de l'UE; l'Estonie, la Hongrie,la Lituanie, la Pologne et la Lettonie sesituaient entre 30 % et 50 % en dessousde la moyenne; tandis que la Roumanie etla Bulgarie étaient entre 50 % et 60 % endessous de la moyenne.

Fortes distorsions du PIB p ar habit ant

A la fin du 1er semestre 2009, l'o-pérateur de téléphonie mobileOrange România a affiché des recet-tes supérieures à 500 M€ (dont 267M€ relevant du 2ème trimestre). Auniveau du pays, le réseau de distribu-tion d'Orange compte 102 magasinspropres et environ 1.000 magasinspartenaires.

Orange: 100 magasinset 1000 partenaires

Le taux de pauvreté absolue, c'est-à-dire le nombre de Roumains quivivent avec moins de 3 dollars parjour, va passer de 5,7% en 2008 à7,4% en 2009 selon les prévisions dela Banque mondiale et de l'Unicef. Lenombre de citoyens roumains sous leseuil de pauvreté va ainsi augmenterde 1,2 million à 1,6. La frange depopulation la plus touchée par cettehausse de la pauvreté, conséquencede la crise mondiale, est celle desenfants, près de 350 000 vivent dés-ormais avec moins de 3 dollars parjour, contre 250 000 l'an passé.

Pauvreté en hausse

La CFR essaie désespérément de renflouer ses caissesl

Actualité

Entassés sur les bas-côtés de la route, les paysansattendent les clients sous un soleil de plomb. Ilss'échelonnent sur plus de 2 kilomètres à la sortie

du village de Dalubeni, à une cinquantaine de km deCraiova (judet Dolj), dans le sud du pays, près de la fron-tière bulgare. Ils veillent sur des centaines de tonnes de"pepene verde" ou "lubenite", pastèques et, en beaucoupmoins grande quantité, sur des melons d'eau jaunes, quidésespèrent de trouver preneurs.

Arrivés à l'aube, installés depuis de heures, quelques unsdes producteurs du coin ont trouvé un rare coin d'ombre, d'au-tres dorment, boivent une bière oupartagent une tsuica avec leurs voi-sins. Les regards scrutent l'horizonguettant le camion salvateur quiembarquera leur marchandise à unbon prix. Sur ce marché de grosimprovisé, une vieille paysanne ajustement trouvé un client et trans-fère son chargement de sa charretteà la fourgonnette de l'acheteur, touten pestant. Elle lui a cédé à 25 bani(6 centimes d'euro) le kilo. "C'estbeaucoup moins cher que l'annéedernière" se lamente-t-elle, ignoran-te de la crise qui est passée par là."Qu'est ce que je vais en faire si je ne lui vends pas? Les don-ner aux cochons ? J'en ai dix tonnes à écouler".

D'autres producteurs s'empoignent avec les clients, négo-ciant "jusqu'au sang", pour gagner deux bani de plus. L'un estvenu avec son antique Aro (4x4 de l'époque Ceausescu), tirantsa remorque, remplie à ras bord. "J'ai récupéré un hectare deterrain de l'ancienne coopérative et je ne fais que des pepe-ne… 70 tonnes par an. Çà nous prend tout le temps, avec mafemme et mes trois enfants. Si j'avais les mains libres, j'iraisles vendre moi-même" s'emporte-t-il, fulminant contre lesintermédiaires… "Des Tsiganes qui font leur beurre sur notredos et vont les revendre au prix fort en Moldavie, deux-troisfois ce qui les ont payés ici. Je les connais. Ils viennent une foispar semaine de Focsani, avec deux gros TIR".

Les "pepeni" doivent être écoulés rapidement, car ils s'a-

bîment vite. "Je retourne à la maison avec 40 % de ma récol-te. Je les échange contre du blé ou du maïs… à un prix cinq-six fois inférieur le kilo", confirme un de ses voisins. Mais siun automobiliste s'arrête pour en acheter un ou deux, les prixgrimpent brusquement. "Zece lei, lubenita", deux euros etdemi la pastèque au choix, car elles sont garanties ramasséesdu jour même, à la différence des magasins ou du marché.

Surproduction, importation des pays prochesintermédiaires tsiganes montrés du doigt…

Maire de la commune voisinede Calarasi, Vergica Sovaila tentede faire face à la crise de surpro-duction avec les moyens du bord,convenant que le marché local estsaturé par l'importation de tomates,melons et pastèques en provenancede la Grèce et de la Turquie. "J'aientrepris la rénovation du systèmed'irrigation, l'aménagement d'unmarché de gros avec magasins, toi-lettes, douches".

Pointant du doigt les intermé-diaires tsiganes qui profitent de lasituation, il fait également remar-

quer que les producteurs locaux ne savent plus exportercomme autrefois, quant ils vendaient en Russie et regrettequ'ils se consacrent presque exclusivement à la culture despastèques vertes et non à celle des "pepene galben", les melonsjaunes qui se négocient à un prix six fois supérieur, à 35 cen-times d'euro le kilo.

"On voit rarement des charrettes qui en sont pleines"constate-t-il "les paysans préfèrent cultiver les pastèquesparce qu'elles sont beaucoup plus résistantes, demandentmoins de soins. Les melons jaunes doivent être ramassés tousles jours et vendus aussitôt, sinon ils se fendent et ne sont plusprésentables". L'élu ne voit pas de solution locale à une crisequi risque de se reproduire l'an prochain, le salut ne pouvantvenir à ses yeux que d'une aide gouvernementale au soutiendes cours et à la reconversion des exploitations.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Social

La Roumanie est l'un des champions européens du travail dominical.Aucune législation spécifique ne réglemente les ouvertures de magasinset le dimanche, pour les commerçants, est un jour presque normal.

En Roumanie, le repos dominical n'est pas vraiment une sacro-sainte traditioncomme en France. De Bucarest à Constanta, le dimanche est une journée quasi ordi-naire pour le consommateur, qui peut très souvent faire ses courses au supermarché oualler faire du shopping au mall, où le dimanche est souvent un jour d'affluence, lesRoumains ayant plus le temps de se balader et de flâner dans les boutiques.

Pour beaucoup de propriétaires de magasins, il est tout simplement impensable dene pas ouvrir le dimanche, où ils réalisent un chiffre d'affaires non négligeable.D'autant que l'absence de législation joue en leur faveur. La Roumanie est en effet l'undes pays les plus libéraux d'Europe en ce qui concerne le travail dominical et n'a misen place aucune restriction. Ici, pas besoin de dérogation ou d'autorisation préfectora-le pour ouvrir ses portes. Les employés récupèrent les jours de congé dans la semaineou sont payés en heures supplémentaires.

S'il est difficile d'avoir des statistiques officielles sur le nombre de personnes tra-vaillant chaque dimanche, une chose estsûre, ils sont nombreux, très nombreux. A encroire une étude Neogen réalisée en 2007,deux Roumains sur cinq déclaraient tra-vailler le week-end. Un chiffre qui ne comp-rend pas seulement les employés des com-merces mais aussi ceux des sociétés de ser-vices ou les grandes multinationales. Selonle même sondage, seuls 20% des salariésroumains ne travaillent jamais le week-end !

Gagner de l'argent d'abord

Loin de faire débat, le travail dominicalen Roumanie semble être complètemententré dans les mœurs. Ioana, la quarantaine,est vendeuse dans un petit magasin d'alimentation du centre de Bucarest et travaille undimanche sur deux. "La seule chose qui me dérange, c'est que je suis en décalage avecmes enfants et mon mari, et que je ne peux pas profiter d'eux. Mais sinon, je ne voisaucun problème à travailler le dimanche, tant que je récupère un jour de congé dansla semaine." Une conception qui prend racines dans le passé communiste du pays, où,le dimanche, jour chômé, était tout de même souvent consacré au travail patriotique,mais qui s'explique surtout par l'évolution économique des vingt dernières années.

"Les Roumains valorisent plus le gain que le temps libre", lance le sociologueMircea Kivu en guise d'explication, "surtout depuis le début des années 1990 et lacrise d'alors, ils se sont habitués à avoir deux emplois pour s'en sortir et cherchentavant tout à gagner de l'argent. Sans oublier que les syndicats ne sont pas très forts enRoumanie et ne font pas pression pour une réglementation".

Idem pour la dimension religieuse ou familiale du dimanche, beaucoup moins"institutionnalisée" qu'en France. "Il y a un caractère peu obligatoire dans la religiondes Roumains, même si théoriquement le dimanche reste le jour de la messe. Alorsquand il faut travailler, on travaille. Quant au caractère familial, il a tendance à seperdre un peu dans les familles plus modernes, et le dimanche est de moins en moinsconsidéré comme un jour dédié aux réunions familiales".

Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com / Bucarest)

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Du "travail patriotique" au libéralisme le repos dominical n'a jamais été sacré

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Le dimanche au boulot pour deux Roumains sur cinq

Fruit s et légumes: les producteurs roumains à la même enseigne que leurs homologues français

Pastèques victimes de la spéculation dans le sud du pays

Le ministère de l'Agriculture a annoncé le lancement d'un plande rénovation du système national d'irrigation: d'ici mars2010, les spécialistes du ministère vont plancher pour en

déterminer les étapes et les modes de financement possibles. "Le systèmeactuel, avec des pompes russes qui datent des années 1960, est dépassé,"énergivore" et connaît de nombreuses déperditions d'eau", a déclaré leministre de l'Agriculture, Ilie Sarbu. En janvier dernier, le ministère avaitprévu l'irrigation de 700 000 hectares dans tout le pays. Actuellement,seuls 176 000 hectares sont irrigués.

Population : 21 542 000 habitantsSuperficie : 238 391 km 2PIB estimé pour 2008 : 139 milliardsd'euros (+5,8 %). En 2009 : - 4,1 %Croissance en % du PIB en 2008:8,5 % (moyenne UE : 0,9 %)Croissance estimée en 2009: 4,7 %*(UE : 0,2 %)PIB/habit ant : 6465 € (indice : 44,3sur la base UE de 100)Production industrielle : + 5,4 %Déficit public en % du PIB en 2007 :2,6 % (UE : 0,9 %)Dette publique en % du PIB en2007: 12,9 % (UE : 58,7 %)Taux d'inflation en 2008 : + 7,9 %(UE: 3,7 %)Chômage en % de la population acti-ve en 2008 : 5,8 % (UE : 7 %)Chômage en janvier 2009 : 5,3 %(UE: 7,6 %)Salaire moyen net : 320 € (+23,2 %)

-Le plus élevé (finances) : 966 €-Le plus faible (bois) : 181 €

Salaire minimum net : 150 €(employés), 285 € (cadres)Retraite mensuelle moyenne: 150 €Minimum vieillesse: 75 €Espérance de vie (hommes/fem-mes): 68-75 ans

Moldavie* :Population : 4 350 000 habitantsPopulation émigrée : 25 % Population sur place : 3 250 000Superficie : 33 700 km 2PIB : 7,2 milliards d'euros (+ 4 %)PIB/habit ant : 2110 €Inflation : 12,7 %Salaire minimum : 58 €Salaire moyen : 170 € à Chisinau,80 € dans le reste du paysChômage (chiffre officiel) : 8 %Espérance de vie (hommes/fem-mes): 62-70 ans*Chif fres donnés sous réserves

Les chiffres

Agriculture

Dole Europe, filiale du groupe Dole FoodCompany, Inc. le leader mondial de laproduction et de la distribution de fruits

et légumes frais, a annoncé le 12 juin l'ouvertured'une nouvelle division en Roumanie. La société aacquis son partenaire local Distrifrut pour s'implan-ter dans le pays et créer Dole Romania. Cette nouvel-le entité représente 25 % de part de marché du sec-teur en Roumanie.

Le leader mondial des fruit s et légumes en Roumanie

Le gouvernement veut rénover le système d'irrigation

Six centimes d'euros le kilo de pastèque… revendu six fois plus cher en Moldavie.

Les grandes surfaces sont ouvertes toutela journée du dimanche en Roumanie.

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Société

La CIA possédait encore récemment une prisonsecrète en plein Bucarest. Le centre de détentionétait situé dans un bâtiment rénové sur une rue

fréquentée de la capitale roumaine, et pouvait accueillirjusqu'à six prisonniers, vient de révéler un ancien respon-sable des renseignements américains au New York Times.Les autorités roumaines continuent de démentir.

Voici encore trois ans, l'une des prisons secrètes où la CIAdétenait et interrogeait les terroristes les plus dangereux setrouvait en plein Bucarest. C'est ce que soutient le quotidienThe New York Times qui s'appuie sur les révélations d'un

ancien responsable des rensei-gnements américains chargé desuperviser la construction deprisons secrètes hors des USA.

Le centre de détentionbucarestois était situé dans unbâtiment rénové sur une rue trèsfréquentée de la capitale et pou-vait accueillir jusqu'à six pri-sonniers, a dévoilé au quotidienKyle D. Foggo, 55 ans, ancienresponsable de la base de ravi-taillement de la CIA à Francfort.

Selon The New York Times, Kyle D. Foggo a été chargé ily a six ans de superviser la construction de trois prisons secrè-tes bâties à l'identique. L'une d'elles se trouvait à Bucarest, uneautre était située "dans une région reculée du Maroc" maisn'aurait jamais servie et la troisième était "en périphérie d'uneautre ville de l'ancien bloc de l'Est".

"C'était trop sensible pour que ce soit le siège de la CIAqui s'en occupe", a déclaré l'ancien responsable, ajoutant"J'étais fier d'aider mon pays".

Les trois établissements étaient aménagés pour accueillirjusqu'à six détenus mais il semble que jamais plus de quatrepersonnes à la fois y aient été emprisonnées, note le journal quidétaille ensuite le fonctionnement de ces prisons sur la base detémoignages anonymes d'anciens responsables de la CIA.

Comme dans les prisons américaines, il aurait existé dansces centres un système de punitions et de récompenses. Ceuxqui se comportaient bien recevaient des livres ou des DVD quileur étaient repris en cas de comportement inapproprié.

Les prisonniers sortaient de leur cellule pendant une heurepar jour, sous la surveillance d'officiers de la CIA qui portaientdes masques noirs pour cacher leur identité. The New York

Times évoque aussi le recours à la simulation de noyade qui"était réalisé à partir du matériel disponible sur place".

Le succès de la construction des trois prisons a permis àKyle D. Foggo d'être promu, en novembre 2004, directeuradjoint de la CIA chargé des services administratifs. Deux ansplus tard, il est accusé d'avoir accordé à un ami un contrat d'ap-provisionnement de la CIA à hauteur de 1,7 million de dollars.Il a plaidé coupable et a été condamné à trois ans de prisondans le Kentuchy où il purge toujours sa peine.

Bucarest nie toujours en bloc

Stigmatisée depuis 2005 pour son implication supposéedans le réseau de prisons secrètes de la CIA, la Roumanie afermement rejeté les allégations du quotidien américain. Dèsle jour de la publication de l'article, jeudi 13 août, le porte-parole du ministère roumain des Affaires étrangères AlinSerbanescu a qualifié ces accusations "d'infondées".

"Aucune allégation sur l'existence de centres de détentionde la CIA en Roumanie n'a été ou n'est appuyée par des preu-ves", a-t-il déclaré à l'agence NewsIn, rappelant qu'une com-mission d'enquête parlementaire créée en 2006 avait concluque ces accusations étaient infondées.La députée européenneNorica Nicolai, ancienne présidente de cette commission, aassuré pour sa part qu'il n'existait toujours aucune preuve qu'u-ne telle prison ait existé à Bucarest.

Selon elle, Kyle D. Foggo parle de l'intention de la CIA deconstruire cette prison sans confirmer son existence. "De l'étatde projet à la réalité il y a un pas qu'il faut encore démontrer",a-t-elle déclaré au quotidien România Libera. "Le seul endroitoù les choses peuvent être clarifiées, c'est aux États-Unis. Ilfaut que les autorités compétentes sur place enquêtent sur labase de ces déclarations pour que celles-ci mettent au jour l'é-ventuelle implication desUSA, de l'ancienne administrationBush mais aussi de la Roumanie".

C'est le quotidien américain The Washington Post qui, ennovembre 2005, avait révélé pour la première fois l'existencesupposée d'un réseau de prisons clandestines de la CIA enEurope orientale.

L'organisation de défense des droits de la personneHuman Rights Watch (HRW) avait alors montré du doigt laRoumanie, après l'examen des documents de vol d'un avionBoeing 737 qui était parti en 2003 de Kaboul et avait atterritsur l'aéroport roumain de Constantsa.

Mehdi Chebana (balkans.courriers.info)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Société

Porsche Roumanie a offert unesuper limousine Audi A8 auPatriarche Daniel , chef de l'égliseorthodoxe, pour ses déplacementsofficiels. Ce véhicule, le plus luxueuxde la gamme, équipe également leschefs d'Etat ou de gouvernementd'Allemagne, d'Autriche, d'Argentineet de Portugal. "Nous ne pouvionsoffrir qu'une voiture de grand presti-ge à un personnage aussi éminent"a indiqué le représentant de lamarque qui n'a pas précisé, si en luiremettant les clés, il avait ajouté -comme les shampoings l'Oréal -"Vous le valez bien".

Cette pratique de remettre desvéhicules haut de gamme à des per-sonnalités de renom - acteurs, jour-nalistes, chanteurs, sportifs - pourque la marque du fabricant soitassociée à leur image, n'est pas pro-pre à Porsche mais courante pourles firmes allemandes. Ainsi le RoiMichel court sous les couleurs deBMW, série 7, tout comme le tennis-man Ilie Nast ase ou le footballeurGheorghe Hagi , l'ex-présentatricede TV Andreea Marin se contentantd'une BMW X5. Mercedes-Benz aaussi ses "clients". Ceux de Renault,qui auraient reçu une Logan, ne sesont pas faits connaître.

Interrogé par le quotidien"Gândul" ("La Pensée"), MichaelSchmidt, Pdg d'Automobile Bavaria,le fabriquant de BMW, a justifié sapolitique en soulignant “qu'il remet-tait gracieusement ses véhicules àdes personnes publiques avec les-quelles sa marque avait une affinitécommune, dont l'excellence, le pro-fessionnalisme, le dépassement desoi… et l'intégrité”.

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Les fortes pluies qui se sont abattues sur la capitale, début juillet, ontencore causé d'importantes inondations. Dans certaines rues, l'eau estmontée jusqu'à 50 centimètres. Si les pompiers ont pu facilement faire

face à la situation, le fond du problème, lui, ne change pasLundi soir 6 juillet, vers 20h, après quelques minutes d'une pluie torrentielle, les

eaux sont brusquement montées dans les rues de Bucarest. Il ne s'agit pas des eaux dela paisible Dambovita, mais des eaux usées de la capitale, qui ont jailli des bouches d'é-gout censées les contenir. Les secteurs 1, 2 et 4 ont été particulièrement touchés par cesinondations. Sur certains boulevards, le niveau d'eau a atteint 50 centimètres, bloquantla circulation. Des automobilistes restaient coincés dans leurs véhicules, incapablesd'ouvrir leurs portières. Aucune victime n'a été à déplorer et l'Inspectorat pour les situa-tions d'urgence de Bucarest (ISUB) a pu faire face à la situation. "Environ 80 véhicu-les d'intervention ont été dépêchés et quelque 200 pompiers mobilisés", a déclaré leporte-parole de l'ISUB, le lieutenant Anca Onofrei, qui ajoute, non sans une certainefierté: "nous avons répondu à toutes les demandes sans avoir à utiliser tous les moyensque nous avons à disposition", oubliant d'ajouter que des milliers de pauvres gens qui

ont eu leurs maisons inondées, ont subides dégâts considérables et ont dû, parfoissans électricité, épongé toute la nuit...

"Il faut tout refaire"

Le problème est que l'origine de cesinondations reste toujours le même. C'estla société Apa Nova Bucarest (groupeVeolia) qui est en charge, depuis 2000, duréseau des eaux usées de la capitale et, parconséquent, des infrastructures afférentes.

Contactée par Lepetitjournal.com, la compagnie explique que 3 millions d'euros ont étéinvestis dans "des équipements mobiles, nouveaux et performants pour assurer le net-toyage préventif des bouches d'égout". Mais le vrai problème viendrait de certainessociétés qui "goudronnent ou réparent les rues sans respecter la pente nécessaire à l'é-vacuation de l'eau par les bouches d'égout". Ce manque de sérieux est également poin-té du doigt par le consultant Ion Haski: "certains exécutants ne prennent pas en comp-te les bouches d'égout, même si elles apparaissent sur le projet".

Mircea Radu, chef de projet pour la société Euro House Construct, estime pour sapart que les bassins d'accumulation des eaux usées sont tout simplement trop étroits."Cela ne sert à rien de rajouter des bouches d'égout si le système d'évacuation deseaux est inefficace. Il faudrait beaucoup d'argent et surtout une volonté politique", ana-lyse-t-il. Et d'ajouter, pessimiste: "Bucarest est une ville qui suffoque. Elle est condam-née à terme, il faut tout refaire." Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com)

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Noyée sous le délugeEvénements

Bucarest, ville qui suffoque

"Vous le valez bien"…

Une prison secrète de la CIA en pleine capitale

Nouvelle affaire de corruptionà la douane. Cette fois, cesont huit employés de la

Compagnie nationale des autoroutes etdes routes nationales de Roumanie, enposte à la douane de Giurgiu (frontièreavec la Bulgarie) qui ont été arrêtés pouravoir reçu des pots-de-vin. Lors d'uncontrôle réalisé dans leurs bureaux, 8000euros ont été découverts; des sommes qui

proviennent de pots-de-vin versés par leschauffeurs routiers pour payer une taxemoins élevée afin de traverser le pontreliant Giurgiu à Ruse, en Bulgarie. Unepartie de l'argent était, semble-t-il, destinéà leur supérieur hiérarchique. Placés endétention pour 24 heures, les huitemployés ont été présentés devant le tri-bunal de Giurgiu, qui devait décider deleur placement en détention provisoire.

Pots de vin a Giurgiu

Des milliers de gens ont eu leurs maisonsinondées, subissant des dégâts considérables.

Evénements

Un cheval a agonisé pendantdeux jours dans les rues deBocsa (judet Caras Severin),

fin juillet, sans que personne ne réagisse.Malade, vieux, maigre, visiblement mal-traité, il avait été abandonné par ses pro-priétaires et vagabondait depuis deuxsemaines parmi les blocs de la ville, à la

recherche de sa pitance, avant qu'il ne s'é-croule, à bout de forces. Trop faible pourse relever, il s'est éteint dans l'indifféren-ce, voire les moqueries, seuls quelquesenfants lui apportant de quoi manger etboire. Indignés, des passants et le prési-dent de la SPA locale ont alerté la mairie,laquelle a fait savoir qu'elle ne pouvait

intervenir que s'il était mort. Les servicesvétérinaires et autres ont indiqué qu'ilsétaient indisponibles. Le chef de la policea identifié les propriétaires de l'animal,ceux-ci ont promis de venir le récupérermais ne se sont pas dérangés. Finalement,le petit cheval est mort un vendredi matinaprès une nuit de souffrances.

La mort du petit cheval...

Les révélations de Kyle D.Foggo au New York Times.

Société

Sergiu Florea, d'Hateg‚ judet de Hunedoara, et CarmenBejan, d'Ineu, judet d'Arad, étaient deux lycéens puis étudiantssérieux, obtenant de bonnes notes, avant leur rencontre sur lesbancs de la faculté de médecine de Timisoara, en mars dernier.Depuis, leurs études allaient à vau-l'eau. Le jeune couple qu'ilformait avait pratiquement abandonné les études, ne suivantplus les cours et chacun avait échoué dans de nombreusesmatières aux examens de juin. Déboussolés devant leur nou-velle liberté, livrés à eux-mêmes dans une société n'ayant plusde références, reposant sur l'appât du gain immédiat et la viefacile, les deux jeunes gens sont partis à la dérive. Aujourd'hui,devant l'horreur de leur crime, risquant la prison à vie, ils s'enrenvoient mutuellement la responsabilité

Selon la version de Carmen Bejan, Sergiu Florea l'auraitpoussée à se prostituer pour pouvoir s'offrir une voiture. Cedernier affirme que c'est elle qui avait besoin d'argent pour sefaire faire des implants au silicone et donner des dessous detable pour payer ses examens. Tous les deux ont alors passédes petites annonces sur Internet et dans un journal de rencon-tres. C'est ainsi que la belle jeune fille a fait la connaissance lesamedi 1er août au soir, de Trifu Schrottu, 65 ans, un Tsiganede Timisoara, membre éminent de cette communauté où ilassure les fonctions officieuses de juge de paix.

Elle lui a proposé pour 500 € de l'emmener dans sa cham-bre de la cité universitaire. Mais là les choses se sont mal pas-sées. Le Tsigane aurait refusé de s'acquitter en tout ou partie desa dette, après avoir "consommé". Jouant le rôle de proxénète,Sergiu Florea, qui surveillait la scène, est alors intervenu.

La victime dépecée

Le différent s'est transformé en vio-lente dispute. Etouffé, bailloné, TrifuSchrottu s'est effondré, lardé d'une cin-quantaine de coups de couteau, CarmenBejan reconnaissant lui en avoir assénéplusieurs. Paniquant devant leur geste,les deux jeunes criminels ont essayéalors de se débarasser du corps de leurvictime pendant la nuit. Ils l'ont dépecépour le faire entrer dans des sacs puis,empruntant sa voiture, l'ont transporté àla périphérie de Timisoara, y mettant le feu à l'aide d'un bidond'essence pout tenter de faire croire à un accident ou un règle-ment de comptes. Mais leur subterfuge a vite été percé à jourpar la police qui les a arrêtés dès le lendemain. Entre-temps,Sergiu Florea avait tenté de se suicider en s'ouvrant les veines.

Depuis leur arrestation, lesdeux jeunes amants n'arrêtent pasde changer de version sur le dérou-lement du crime, se chargant mutuellement, leurs familles s'enmêlant, revenant sur leurs aveux, déclarant un jour qu'ils nes'aiment plus, puis le lendemain qu'ils veulent se marier,Carmen Bejan laissant croire un moment qu'elle était enceinte,Sergiu Florea promettant de reconnaître l'enfant si elle avouaitavoir aussi donner des coups de couteau. Puis la jeune fille aaffirmé que sa participation au crime se limitait au transport ducorps mais a refusé une confrontation avec son complice ainsique de se soumettre au détecteur de mensonges.

L'affaire s'est transformée en feuilleton pour les médias,l'opinion publique restant sidérée devant "l'innocence" et l'in-conscience des deux jeunes gens qui n'ont pas hésité à deman-der leur mise en liberté provisoire, refusée.

La communauté tsigane en effervescence

Le crime a pris également une dimension ethnique, lesproches de la victime réclamant haut et fort la condamnation àperpétuité des deux assassins, menaçant de faire justice eux-mêmes devant l'éventuelle clémence d'un tribunal à l'égard demeurtriers d'un Tsigane. "Ce sera la guerre avec leurs parents"

ont-ils promis, se déclarant déjà près àfaire appel devant le tribunal de LaHaye, indiquant qu'ils avaient de l'ar-gent. Ces mises en demeure ont irrité àTimisoara où certains habitants n'appré-cient pas de voir les Tsiganes riches met-tre la main sur le centre de leur ville poury construire leurs palais voyants.

Une exapération qui s'est accruequelques jours plus tard à l'occasion del'enterrement selon le rite penticostal deTrifu Schrottu, dont on a d'ailleursdécouvert que le père et la grand-mèreavaient également péri assassinés. Venus

de toute la Roumanie, mais aussi d Allemagne, Italie, Espagne,USA, 300 personnes accompagnaient le cercueil d'une valeurde 12 000 €, flanqué de couronnes mortuaires de deux mètresde haut, suivi par un cortège de voitures de luxe dont des 4x4immatriculés à l'étranger.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

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Deux touristes français qui cam-paient dans les monts Bucegi, dansles Carpates roumaines, ont étéblessés par une femelle ours dans lanuit du 12 au 13 août.

Ils faisaient partie d'un groupeplus grand, se sont trop rapprochésdu plantigrade et ont voulu le prend-re en photo.

C'est à ce moment que l'animal,dérangé par le flash, les a attaqués.Les deux touristes, un homme de 34ans et une femme de 33 ans de larégion de Lille, ont été transportés àl'hôpital de Ploiesti. L'homme souf-frait d'un hématome latéro-cervical etde blessures au bras et au thorax,tandis que la femme portait des tra-ces de morsures. Il s'agissait de laseptième attaque de touristes endeux mois par des ours, dans larégion, cinq personnes ayant étéblessées.

En juillet, deux bergers avaientdéjà été victimes de la mauvaisehumeur d'un ours pendant leur som-meil, mi-juin dans les MontsFagaras, l'un d'eux étant grièvementblessé à la jambe. Quelques joursauparavant, ce sont deux jeunescampeurs, installés dans une zoneinterdite, qui avaient été attaqués etégalement blessés.

Devant la surpopulation de cesplantigrades - la Roumanie compteplus de 6000 ours - et la multiplica-tion des attaques, dont certaines ontété mortelles l'an passé, les autoritéslocales ont procédé à la capture devingt cinq d'entre-eux pour les trans-férer dans les forêts du nord du judetd'Arges (Pitesti), pas très éloignées.

Faits divers Des jeunes Tsiganes

Trois personnes ont été placées en garde à vue le lundi 20 juillet dans lecadre d'une enquête sur un trafic d'ovules visant une clinique créée en1999 à Bucarest par des médecins israéliens.

Les trois personnes en garde à vue sont deux médecins israéliens et une employéeroumaine de la clinique Sabyc, spécialisée dans les fécondations in vitro (FIV) et lachirurgie esthétique. Selon le directeur de l'Agence roumaine pour les transplanta-tions, Victor Zota, cette clinique, pourtant rayée depuis 2006 des établissements auto-risés à pratiquer des fécondations en avait effectué depuis pas moins de 1200. Enoutre, la clinique versait aux donatrices, de jeunes Roumaines en difficulté, la pluparttsiganes, qui n'étaient pas informées des risques auxquels elles s'exposaient, des som-mes allant de 800 à 1000 lei (environ 190 à 238 €), alors que la loi roumaine interditformellement de rémunérer les dons d'organes ou de cellules. La plupart des bénéfi-ciaires provenaient d'Israël, d'Italie et de Grande-Bretagne et payaient entre 12 000 et15 000 € pour une intervention.

Lors d'une perquisition dans les locaux de la clinique, "les enquêteurs ont dénom-bré 30 personnes prêtes à subir une FIV", a précisé le Parquet. Ils ont égalementdécouvert que les employés falsifiaient les dossiers des donatrices, modifiant leurscaractéristiques physiques telles que la couleur des yeux ou des cheveux, ou encoreleur QI, afin qu'elles correspondent aux exigences des bénéficiaires.

Le sénateur Iiulian Urban a parlé de "complicités au sein du ministère de la Santéet de la police" et évoqué une possible évasion fiscale de la clinique sur des "bénéfi-ces de 20 millions d'euros". La Roumanie avait déjà été le théâtre d'un scandale simi-laire en 2005, lorsque les autorités avaient découvert à Bucarest une autre clinique,Global Art, se livrant à un trafic d'ovules. L'enquête avait été close sans aboutir à descondamnations.Selon l'hebdomadaire Academia Catavencu, les médecins de GlobalArt sont partis depuis s'installer à Chypre, tout en continuant de recruter des donatri-ces roumaines. Le président de l'Ordre des médecins, Vasile Astarastoaie s'est gardétoutefois de qualifier la Roumanie de "destination du tourisme procréatif", même sipour les ressortissants de l'Union européenne, une FIV pratiquée dans ce pays "revientsept ou huit fois moins cher" qu'ailleurs. "A part Global Art et Sabyc, les 11 ou 12 cli-niques qui procèdent à des fécondations in vitro respectent les normes, très strictes,imposées par l'Agence pour les transplantations", a-t-il assuré.

Deux touristes français blessés par un ours

victimes d'un trafic d’ovules à répétition

Le crime des jeunes amants diaboliques de Timisoara

Carmen Bejan

Alertés par des villageois quin'en pouvaient plus de l'o-deur pestilentielle régnant

dans le voisinage, les services vétérinai-res ont fait une descente dans un refugepour animaux dans une commune prochede Giurgiu, à 40 km de la capitale. Ils yont découvert des dizaines de chiens bles-sés, squelettiques, affamés, plein de puceset de tiques, se dévorant entre eux ou bien

se jetant sur les cadavres ce ceux quiétaient morts. Les occupants des lieux,vice-présidents d'une association de pro-tection des animaux, enterraient leurs car-casses n'importe où ou les brûlaient alorsque certains chiens respiraient encore.Des monceaux d'os remplissaient la cour.Ce refuge était illégal, n'avait pas étédéclaré et était installé sauvagement surun terrain public.

Horreur dans un refuge d'animaux

Selon une étude réalisée par des associations de protection des animaux,Bucarest compterait environ 30 000 chiens errants, une centaine naissantchaque jour. La mairie de la capitale évite de communiquer sur le sujet,

mais l'administration chargée de gérer ce problème aurait réussi à stériliser ou à faireadopter 9000 de ces animaux.

30 000 chiens errant s dans Bucarest

Faits divers

Sergiu Florea

Un crime à la fois sordide et effrayant a fasciné les Roumainstout au long du mois d'août, ses rebondissements le transfor-mant en "telénovela" de l'été. Deux amants de 20 ans, étu-

diants en médecine à Timisoara, ont assassiné un Tsigane de 65 ans en lelardant de cinquante coups de couteau et ont tenté en vain de fairedisparaître son corps, avant d'être arrêtés.

La communauté tsigane a fait des funéraillesgrandioses à la victime issue de ses rangs.

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Voilà pour le discours officiel. Mais, en réalité, il n'étaitpas toujours possible de trouver ces bouteilles qui restaient,par la force des choses, réservées aux grandes occasions…pour remercier quelqu'un ou bien se faire l'ami d'un fonction-naire…Car, comme partout dans le monde, l'alcool avait unefonction sociale importante. Les amitiés et alliances se for-maient autour de la table où l'on buvait, tout en mangeant deszakouski.

Mais, de facto, la consommation quotidienne et les rela-tions sociales se basaient avant tout sur l'alcool artisanal, dontune des meilleures illustrations est la tsuica roumaine. La pra-tique en était certes officiellement interdite, mais les histoiresde salles de bain brûlées lors de la fermentation des boissonssont suffisamment nombreuses pour témoigner de l'ampleur decette pratique. Si on n'avait plus d'alcool, on pouvait toujoursse rendre chez les voisins, à la campagne comme en ville.

Filtré ou non filtré et pouvant atteindre 70 à 80 degrés

L'alcool artisanal, le samogon, se décline en dizaines devariantes et appellations locales(comme la tchatcha en Géorgie, latsuica en Roumanie ou la rakia,raki-ja ou rakja dans divers pays desBalkans), filtré ou pas et qui peutatteindre 70 à 80 degrés. Apres lachute du communisme, la produc-tion et la consommation d'alcoolmaison ont radicalement chuté.Aujourd'hui, on peut encore trouverdu "bon" samogon dans les zonesrurales mais il faut le chercher. Cettediminution du rôle du samogon nereflète pas, loin s'en faut, une chutede la consommation. On ne boit pas moins mais différemment.

Dés lors, la production d'alcool a subi des changementstant qualitatifs que quantitatifs. Ainsi, en quelques années, labière est devenue une boisson très populaire, au point de n'êt-re pas forcément considérée comme une boisson alcoolisée:par exemple, puisque dans les trains russes ou ukrainiens il estinterdit de boire de l'alcool… on y consomme de la bière, quel'on peut acheter directement auprès du responsable de wagon.

Désormais, la vodka est produite en grande quantité par unnombre infini de fabriques, qui se sont spécialisées dans lesproductions "nationales", comme la vodka au poivron enUkraine ou la vodka "Staline" en Géorgie.

Le vin est disponible en grandes quantités dans les super-marchés. On y trouve des "classiques" comme le Kaberné(Cabernet), le Merlo (Merlot) rouge ou le Savinion(Sauvignon) blanc mais aussi divers vins, comme Izabella (quitient son nom d'un type de raisin) ou Saperavi et une variétélocale de vin de Madère, le Madera, produit en Crimée avec lemême procédé et un goût inspiré de son grand frère portugais.

L'Union soviétique était un important producteur deChampanskoie, ce vin mousseux dénommé Igristoie enUkraine et qui n'a jamais obtenu l'appellation officielleChampagne du fait de ses caractéristiques. La tradition a étémaintenue et les supermarchés regorgent aujourd'hui de bou-teilles du classique Sovetskoie Champanskoie mais aussi deses concurrents de qualité un peu supérieure FrantsouzskiBoulvar, Cricova et Krymskoie.

Pour plus de sophistication, on peut également trouver dukoniak de fabrication arménienne ou certaines variantes loca-les, des nastoiki aux herbes et des nalivki aux fruits à 30-40degrés.

Enfin, depuis quelques années, il est possible de trouverde l'alcool occidental. Une bouteille de vin français, argentinou sud-africain coûte au minium 10 euros, contre 2 à 3 eurospour une bouteille locale.

Deuxième journée

Durant la période communiste, à la journée de travail suc-cédait fréquemment une deuxième journée, dédiée à des acti-

vités annexes, de la couture à lacueillette des champignons en pas-sant par la production d'alcool. Alorsque la demande ne cessait de croître,la fantaisie n'était pas très bridée etl'on produisait des alcools variés, àpartir de plantes diverses: le blé et lalevure sont à la base du samogon, dela tchatcha. En y ajoutant des her-bes, on obtient la nastoika réputéepour ses propriétés curatives. En fai-sant fermenter des baies ou desfruits des bois, on produit une naliv-ka douce et réconfortante, des pru-

nes en Transylvanie ou des abricots en Olténie et dans le deltadu Danube, de la tsuica…

Grâce à leur climat, la Moldavie, la Géorgie, l'Ukrainemais aussi la Roumanie, la Bulgarie et la Russie - dans larégion de la mer Noire - bénéficiaient de la présence de vigno-bles réputés, ce qui permettait à certains de se consacrer éga-lement à la production de vin artisanal.

Les changements induits par la transition à partir de 1989n'ont pas été sans conséquence sur l'organisation de cette pro-duction: les terres ont été partiellement privatisées, de mêmeque les moyens de production, de nombreuses entreprises sesont créées et des investissements nationaux et étrangers ontété rendus possibles... Ceux qui y ont vu une perspective finan-cière, s'ils en avaient les moyens, se sont lancés dans la pro-duction d'alcool en créant des entreprises industrielles. Partantdu principe que l'alcool artisanal est plus naturel et donc plussain que "les trucs chimiques qu'on nous vend dans les maga-sins", une partie de la population poursuit néanmoins son acti-vité de production individuelle ou familiale. (suite page 24)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Les changements observés dans la consommation de boissons alcooli-sées en Europe orientale depuis les débuts de la transition sont révéla-teurs d'une modification profonde des comportements et des relations

socio-économiques en Europe orientale, ainsi que le relève le chercheur AbelPolese dans Regard sur l'Est.

Respecter les règles de l'hospitalité

Ukraine, région d'Odessa, village de Saint-Dimitri, midi. C'est le jour du saintpatron du village et les habitants ont préparé un repas pantagruélique. Deux tables, de15 mètres chacune, ont été instal-lées sur la pelouse à côté de l'é-glise. Sur des feux improvisés, oncuisine du borchtch et de la vian-de, tandis que les entrées trônentdéjà sur la table. Le repas com-mence, au cours duquel lesconvives se voient offrir du vinconditionné dans des bouteillesde plastique d'un litre et demi,précédemment dédiées à de l'eauminérale ou à des boissonsgazeuses.

Le convive occidental est dérouté par la force de ce vin auquel il n'est pas habi-tué. Il s'agit d'une production maison. Pour éviter les maladies, on y a augmenté l'aci-dité du mout ou adjoint du sucre. Voire ajouté de l'alcool.

La fête de Saint Dimitri marque une sorte d'apogée de la consommation de vian-de et de vin dans le village. De telles quantités de nourriture et de boisson ont été pré-parées que les convives en profiteront encore quelques jours durant. Apres le repas, lesfemmes du village chantent pour les invités à qui l'on remettra, à l'heure du départ, uneou deux bouteilles de vin. Les règles d'hospitalité poussent les villageois à insister toutparticulièrement auprès de leurs hôtes venus de la ville: "Là-bas, tout est chimique",affirment-ils avec assurance. "Prenez notre vin! Il est fait avec amour et tout y estnaturel. C'est bon pour la santé!"

Ces mots traduisent une réalité frappante: le changement des modes de consom-mation de boissons alcoolisées, et notamment de vin, apparaît comme l'une des mani-festations de la vaste révolution sociale et économique qui touche la totalité des paysd'Europe orientale.

Bouteilles du magasin pour les fêtes… production artisanale pour la maison

Pendant la période communiste, l'ordre des choses était clair. L'alcool produit à lamaison était destiné à la consommation courante et l'alcool acheté en magasin, lors-qu'on réussissait à s'en procurer, était réservé aux "occasions spéciales".

Ainsi, celui qui effectuait un déplacement professionnel était censé en rapporterune bouteille d'alcool local: on ne pouvait rentrer d'une mission à Odessa sans unebouteille de Champanskoie (vin mousseux) de la fabrique Frantsouzski boulvar, dunom de la rue où elle était située. De Chisinau, le must était de revenir avec une bou-teille de Cricova, ce vin mousseux moldave. En Crimée, le choix s'élargissait, entre lesnombreuses variétés de vins secs, demi-secs, demi-doux ou doux. Il aurait été honteuxde rentrer d'une visite en Géorgie sans une bouteille de Saperavi, vin ainsi nommé enréférence à une variété régionale de raisin. De même, un voyage en Arménie incluaitl'achat d'une bouteille de koniak local au moins.

Une opération d'envergure visant àdémembrer un important réseau detrafic d'outillage industriel a eu lieumi-juillet dans plusieurs départementsdu nord de la Roumanie, a indiqué leporte-parole de la brigade spécialed'intervention "Vlad Tepes", FlorinHulea.

Plus de 650 gendarmes et poli-ciers ont participé à l'opération, sou-tenus par quatre hélicoptères. Il s'agitde l'un des réseaux de trafiquants lesplus importants mis à jour jusqu'àprésent en Roumanie. Ce groupe demalfaiteurs était surveillé depuis lemois de mars par les enquêteurs, quitravaillaient avec le soutien des auto-rités judiciaires françaises, belges etitaliennes. Dans la plupart des cas,les trafiquants volaient des bulldozerset des tractopelles en France et enItalie et les revendaient beaucoupmoins cher en Roumanie.

Jusqu'à maintenant, une vingtained'engins de chantier neufs ont étéretrouvés, pour une valeur d'environ1,5 million d'euros. Une trentaine depersonnes ont été interpellées, princi-palement dans la région deMaramures et d'importantes sommesd'argent et des armes découvertes.

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Vie quotidienneDe la vodka de supermarché à la t suica:

Vol de tracteurs etd'engins de chantiers:coup de filet dans le Maramures

petit voyage dans la transition éthylique de l'Europe orient ale

On ne boit pas moins, mais différemment depuis la chute du communisme

Les douaniers du port deConstantsa ont mis la main sur uncontainer venant de Chine, avec 6000boîtes de faux ongles de contrefaçon,d'une valeur totale de 12 000 €, por-tant la marque Max Factor, et destinésau marché roumain.

Trafic de faux ongles

A la campagne, chacun fabrique toujours son alcool.

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Société

Mercredi 24 juin, quelque 10 000 lycéens issus de minori-tés ont passé les épreuves orales de langue maternelle du bac-calauréat. Au centre d'examen de Resita, dans le judet deCaras-Severin, l'épreuve orale de langue croate est bouclée enune matinée. Il faut dire qu'ils ne sont que 17 candidats, tousissus d'un des sept villages où se concentre la minorité croatede Roumanie, près de Resita. Tous ont fait leurs classes aulycée bilingue roumano-croate de Carasova, le plus gros de cesvillages.

Dans la salle d'examen, chaque élève tire au sort un textede la littérature croate, accompagné de trois questions.L'épreuve est du même niveau de difficulté que celle de rou-main, que ces élèves ont aussi passée la veille. A Carasova,deux heures sont consacrées chaque semaine à l'étude de la lit-térature croate. "Cela nous apporte du vocabulaire et ça nousconfronte à du croate littéraire. Car nous parlons un mélangede serbe et de croate, une sorte de dialecte", témoigne Maria.Avec 18 minorités sur les 20 que reconnaît l'Etat, le judet deCaras-Severin est le plus divers du pays. Mais ces minorités,tchèques, ukrainiennes et autres, sont de petite taille et toutesn'ont pas réussi à organiser un enseignement dans leur langue: c'est le cas pour seulement six d'entre elles à l'école générale.Et seules les minorités croates et allemandes ont la possibilitéde passer les épreuves de langue maternelle au bac.

Huit mille Hongrois candidats

En 1995, la Roumanie a ratifié la convention-cadre duConseil de l'Europe pour la protection des minorités nationa-les. Celles-ci se sont depuis emparé des nouveaux droits quileur étaient accordés, notamment dans l'éducation. "Mais il

leur est parfois diffici-le de mettre en placeun système complet:les communautés sontpetites, manquent despécialistes et de cad-res didactiques, par-fois d'intérêt... La loiroumaine offre la possibilité mais l'application dépend de ladynamique de chaque minorité", explique Adam Gabor, direc-teur du centre de ressources pour la diversité ethno-culturelle.

Seule la minorité magyare, qui compte cette année plus de8000 candidats au bac, dispose d'un système complet, de lamaternelle à l'université. Vient ensuite la minorité allemande,avec 833 candidats. Six autres minorités sont représentées aubac, avec un nombre de prétendants qui oscille entre 15 et 42:italienne, ukrainienne, slovaque, croate, serbe et turque.

Les Roms ont aussi leur système d'enseignement."D'après les ONG, cela doit permettre d'améliorer la scolari-sation de ces enfants", indique Oana Badea, secrétaire d'Etat àl'enseignement pour les minorités.

"Si la Roumanie est au-dessus des recommandationsinternationales en matière de droits des minorités, il existetoujours des problèmes: l'enseignement en langue romanireste difficile d'accès, à cause de problèmes sociaux plus quede la loi", souligne Levente Salat, maître de conférences ensciences politiques à l'université Babes-Bolyai de Cluj, ajou-tant "De plus, trop peu d'attention est accordée à l'éducationinterculturelle: les minorités doivent être préparées à être effi-caces dans un contexte interculturel".

Elodie Auffray (www.lepetitjournal.com - Bucarest)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

(Suite de la page 23)

"Time is money"

Toutefois, les changements économiques et sociauxinduisent une modification radicale. Le temps "libre"peut certes toujours être consacré à produire de l'alcoolmais aussi à "travailler plus pour gagner plus". Dèslors, autant dépenser son argent dans les magasins oùrègne l'abondance. Actuellement, une bouteille de vinmoldave ou ukrainien coûte 2 à 3 € dans un supermar-ché; de même pour une bouteille de vodka. Une bou-teille de vin géorgien coûte, elle, 3 ou 4 €. En revanche,le vin artisanal ou le samogon est beaucoup plus écono-mique. Mais, pour ceux dont les salaires atteignent désormais 1000 dollars (600 €) parmois, dans les grandes villes d'Ukraine ou de Russie, la production artisanale n'est plusrentable à fin de commercialisation officieuse. L'alcool suit, dès lors, la loi du marché.

Ceux pour lesquels le prix de 3 € pour une bouteille d'alcool est raisonnable pré-fèrent travailler plus et se fournir au supermarché. Le phénomène est particulièrementvisible dans les villes grandes et moyennes, tout particulièrement auprès des citadinsqui n'entretiennent plus de liens avec la campagne.

La capacité financière des clients et la disponibilité d'un large éventail de produitsfont que le goût des consommateurs, et avec lui la demande, se sophistiquent. Il s'agitdésormais d'être exigeant et de choisir son alcool préféré: certains restent fidèles à lavodka tandis que d'autres penchent pour des boissons plus "nobles", telles le vin ou lecognac, voire le whisky.

La bière prend le dessus

Une boisson, toutefois, fait consensus: la bière, dont on peut acheter une petitebouteille de 50 cl au moindre kiosque du coin et que l'on boit avec les voisins à côtéde la maison ou en se promenant avec des amis. Certaines villes, comme Moscou ouVarsovie, ont d'ailleurs interdit récemment la consommation de bière dans la rue.

A 20 ou 50 centimes d'euro la canette, la bière a également séduit les habitants despetites villes et des campagnes, où désormais elle rivalise avec l'alcool traditionnel,d'autant plus que, fabriquée sous licence étrangère, sa qualité a énormément progres-sé, comme en Roumanie. Sans le supplanter toutefois en milieu rural, les salaires enmilieu rural étant encore parfois inférieurs à 50 dollars par mois (30 euros). La trans-ition "éthylique", comme la transition économique, n'a pas encore atteint la totalité despopulations. Abel Polese* (Regard sur l'Est)

* Chercheur à l'institut Hannah Arendt de Dresde (Allemagne)

Environ 90% des Roumains termi-nent leur journée devant la télévision,télécommande en main, après unejournée de travail ou d'école. C'est ceque révèle une étude sur la façondont ils occupent leur temps libre,réalisée par GfK Romania au mois dejuin 2009.

Une étude d'où ressort un manqued'intérêt pour les activités culturelles.Car si la télévision est, sans contes-te, la principale occupation desRoumains, elle est suivie par le"shopping" pour 75% des personnesinterrogées. Sur la troisième marchedu podium, la musique, que lesRoumains écoutent le plus souvent àla maison.

Mais en général, la culture n'a pasvraiment la cote. En effet, six person-nes sur dix déclarent ne jamais assis-ter à un spectacle ou un concert, nepas aller au restaurant ni au cinéma,pas plus que dans les musées ou lesgaleries. Idem pour la lecture,puisque, selon cette étude, 39% desRoumains de plus de 15 ans n'ouv-rent jamais un livre.

Le sport n'est pas non plus uneactivité qui séduit : 60% desRoumains ont déclaré ne pratiqueraucune activité sportive. Par ailleurs,30% des personnes interrogées esti-ment avoir trop de temps libre, lamême proportion considère, aucontraire, ne pas en avoir assez.Enfin, entre plus de détente et plusd'argent, 66% des Roumains choisis-sent l'argent… ce qui explique sans-doute leurs préférences en matièrede loisirs, motivées par leurs modes-tes moyens.

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La télé et les coursesen tête des loisirs des Roumains

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Dix mille lycéens ont p assé des épreuves du baccalauréat dans leur langue maternelle

Lidl s'apprête à faire son entrée sur le marché roumain. L'enseigne discountallemande a déjà acquis des terrains à Medias, Iasi, Slobozia et continue saprospection, envisageant d'ouvrir ses premiers magasins à la fin de l'année,

mais plus vraisemblablement en 2010.

Minorités

La Roumanie en pointe dans la scolarisation des minorités

Les minorités représentent près de 10% de la population roumaine. Le paysfait figure de bon élève en matière de droits des minorités, qui peuvent pas-ser deux des cinq épreuves du baccalauréat dans leur langue maternelle.

Reportage à Resita d'Elodie Auffray en juin dernier, pour lepetitjournal.com.

Le fils du roi autoproclamé des Roms, Dorin Cioaba,souhaite une nouvelle dénomination pour les Roms,afin d'éviter les confusions à l'étranger entre Roms,

la Roumanie et Rome, "pour ne plus affecter l'image de laRoumanie à cause des infractions de quelques Roms", a-t-ildéclaré. Dorin Cioaba a proposé son idée lors d'une conférencequi a eu lieu début juillet à Strasbourg. "Indirom" fait référenceau fait que le peuple rom est originaire d'Inde. D'autres repré-sentants de la communauté rom de Roumanie se sont déclarésopposés à ce changement. Le politicien Madalin Voicu, prési-dent d'honneur de tous les Roms, demande l'ouverture d'undébat avec tous les représentants de la communauté. A“Indirom”, Madalin Voicu préférerait "tsigane", "à conditionqu'il ne soit pas utilisé dans un sens péjoratif", a-t-il précisé.

"Indirom" … nouvelle appellation des Roms?

Maire de Craiova, président du Parti Démocratelocal après avoir été vice président de sonconcurrent, le PSD, Antonie Solomon, 54 ans,

a défini ses priorités pour la fin de l'année: un million d'eurospour les illuminations de Noël. "Je veux faire de Craiova uneville encore plus belle que Rome ou Barcelone" a-t-il déclaréà la télévision. Le maire a aussi décidé de doter sa cité dedeux autres fontaines musicales - une grande mode enRoumanie avec les télégondoles, sortes de téléphériquesurbains - encore plus impressionnantes que celle qu'il a faitédifier dans le centre, dont il a pourtant été obligé de fairebaisser le volume sonore, à la suite des plaintes des riverains.Par contre, l'édile n'a pas dit un mot sur le contexte de crisequi frappe aussi sa ville: au premier semestre 2009, Craiovacomptait le double de sans abris par rapport à 2008.

Priorités à Craiova

Le judet du Caras Severin, dans le suddu pays, compte 18 minorités sur les 20

reconnues officiellement dans le pays.Ici, les 17 candidats croates qui ont

passé les épreuves du bac à Resitsa.

Nom de code : Whisky

Au cours des quatre premiersmois de l'année, le ministèrede l'Intérieur a acheté pour

140 000 euros plusieurs dizaines demilliers de bouteilles de whisky, cognac,gin, tsuica, vins et bières qu'il a fait livrerdans les hôtels des stations touristiques

où il envoie ses policiers prendre du bontemps : l'hôtel Excelsior à Brasov, l'hôtelTurist à Predeal et, pendant l'été, l'hôtelMeridian de Mamaia.

L'administration se fournit depuisplusieurs années toujours auprès desmêmes sociétés.

Lidl arrive

Paysanne duMaramures

vendant des couvertures

... et de la tsuica.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

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Cher PalaisLe Palais du Parlement, deuxième

bâtiment officiel le plus grand dumonde après le Pentagone, est aussiun vrai gouffre énergétique: chaqueannée, la facture d'électricité semonte à 3 millions d'euros. Il consom-me autant d'énergie qu'une ville de100 000 habitants, ce qui en fait leplus polluant des bâtiments adminis-tratifs d'Europe. Pour remédier à cetétat un programme, "le Parlementvert", a été lancé afin de réaliser deséconomies d'énergie et faire du géantun bâtiment plus écologique.

Depuis quelques temps déjà, une campagne anti-Roumains secouel'Italie. En cause, quelques faits divers les impliquant. Face à cettetempête médiatique, l'écrivain Umberto Eco ("Le nom de la rose",

"Le pendule de Foucault") s'est fendu d'un éditorial au vitriol dans L'Espresso,supplément à La Repubblica, ironisant sur la moralité de ses compatriotes. Alors,les Roumains sont-ils vraiment les pires criminels de toute l'Italie ?

En mars dernier, le célèbre écrivain italien a publié un éditorial dans lequel ilmoque subtilement ses compatriotes, "aveuglés" par le traitement biaisé de la polé-

mique "roumaine" par les médias transalpins.En Italie, le sujet est devenu un véritableenjeu de société, et même un thème récurrentdans les émissions de divertissement, les talkshows ou les programmes politiques.

Umberto Eco est intervenu en faveur decette communauté à travers un éditorialpublié dans l'hebdomadaire L'Espresso, sup-plément de La Repubblica. Intitulé ironique-ment "Ces salauds de Roumains", le papier sepropose de présenter la liste des plus grandscriminels de la Péninsule dont les noms onttous une consonance roumaine. Très vite, onse rend compte que ce sont des noms de cri-minels italiens qui ont été volontairement"roumanisés". Ainsi, Franzoni [une femmecondamnée pour avoir tué son fils de 3 ans]est nommée Franzonescu, tandis que l'ancien

chef de Cosa Nostra, Bernardo Provenzano devient Provenzanul.

Berlusconi: "La France expulse plus de Roumains que nous"

L'ironie d'Eco n'épargne pas Silvio Berlusconi, dont le patronyme est parodié enBerluschescu. L'écrivain reproche au magnat italien d'avoir rendu publiques des sta-tistiques par nationalité concernant les viols afin de justifier la légalisation despatrouilles civiles.

Umberto Eco remarque pourtant que la plupart des viols sont commis par desItaliens, la plupart entre membres d'une même famille. "Et alors, pour qui organise-t-on les patrouilles?", se demande-t-il.

Le gouvernement Berlusconi a souvent été critiqué pour sa gestion de l'immigra-tion et son traitement des étrangers. Dans une récente interview accordée au quotidienespagnol El Mundo, le Premier ministre italien tente de se disculper des accusationsde racisme dont il fait l'objet. "En ce qui concerne les Roumains, des citoyens euro-péens, la France en a expulsé l'année passée plusieurs milliers, et l'Italie seulement40", s'est défendu Silvio Berlusconi.

Le palais Viminale, le siège du ministère de l'Intérieur, a bien tenté de diffuser descommuniqués révélant que 60,9% des viols étaient le fait de citoyens italiens, et quela plupart avaient lieu à l'intérieur de la famille, ce que les sociologues savaient déjà.Serait-ce pour éviter ce genre de situations dramatiques que Silvio Berlusconi,Gianfranco Fini et d'autres responsables politiques ont divorcé? se demande l'écrivain.S'il est de bon ton en Italie d'accuser les Roumains dès qu'un viol fait les gros titres,seuls 7,8% des agressions sexuelles leurs sont imputables selon la police.

Et Umberto Eco d'énumérer en les roumanisant et en se moquant les faits diversqui ont le plus marqué les esprits dans la Péninsule ces dernières années: Petru

"Berluschescu qui achète les d'Aldo Moro et le chef de la

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L'électricien tchèque CEZ vient delever 260 M€ afin de construire uneferme éolienne de 600 MW en Rou-manie, près de la mer Noire. Les fer-mes éoliennes de Fantanele et deCogealac auront de quoi produire600 MW dans la province deDobrogea, à 17 km du rivage.L'investissement représente 1,1milliard d'euros. 139 premières machi-nes hautes de 100 m et d'un diamètrede 99 m produiront 2,5 MW chacune.En décembre, tout devrait être instal-lé. Une 2ème tranche de 101 machi-nes, 252,5 MW, suivra d'ici à fin 2010.

Une fois terminée, cette centraleassurera 3 % de la production d'éner-gie de la Roumanie. Soit, en joutantl'énergie hydraulique, de quoi atteind-re 10 % des besoins en électricité.

Les pays de l'Est de l'Europe sontprometteurs pour l'énergie éolienne,parce que peu peuplés. L'Allemagneregoupe 1 023 fermes éoliennes, laPologne 46, la République Tchèque28, la Hongrie 24, la Slovaquie 3. Etjusqu'à maintenant, la Roumaniecomptait 4 parcs et 8 éoliennes.

La plus grande fermeéolienne au monde !

Umberto Eco ridiculise

juges, l'agresseur de Jean-Paul II, l'assassin Cosa nostra ? T ous des Roumains bien sûr !"

La crise économique, le chômage, ladifficulté de se faire une place enOccident? "Allez quelques jours enSomalie et vous verrez que tout çac'est de la bagatelle, expliqueKarim. En Europe on a au moins lachance de survivre et ça nous suf-fit." Si le mirage de l'Occidentopère toujours, les candidats à l'im-migration ne sont pas à l'abri dessurprises. "Dans ma langue, monnom signifie "Celui qui contrôle lesanges", dit le jeune homme. Jereconnais que j'ai un peu perdu lecontrôle, et c'est pourquoi je meretrouve en Roumanie."

En fait, il avait perdu la maîtri-se de son périple dès le départ, enconfiant son sort à un réseau de pas-seurs qui lui avaient promis, contreune grosse somme d'argent, de l'em-mener en Allemagne. La nuit dutransport d'Ukraine en Roumanie lui avaitcertes semblé courte, mais l'envie de fou-ler le sol de la terre promise avait été laplus forte. Il avait été déçu par le premiercontact avec les villages de la Roumanieprofonde qui ne correspondaient pas à l'i-mage que la télévision lui avait renvoyée

de l'Allemagne. Mais, respectueux de laconsigne donnée par les passeurs, il avaitsalué chaque paysan qu'il croisait en

espérant que l'un d'eux accepterait de leconduire au centre de réfugiés.

"Je n'avais jamais vu

de Noirs, sauf à la télé"

"Ils nous abordent tous en allemand,

s'amuse Vasile Alb, maire de SomcutaMare. Quand on voit un Africain ou unAsiatique débarquer chez nous, on sait

qu'il va nous dire "Guten Tag"("bonjour"). Ils disent tous la mêmechose, ils croient arriver enAllemagne!". Choc des civilisations.Des paysans de la Roumanie pro-fonde qui n'ont jamais vu de Noirsde leur vie se retrouvent face à cesnouveaux immigrants qui lessaluent en allemand. Sur la terrassedu centre, où la serveuse est unejeune Ethiopienne, les villageoisparlent franchement. "Je n'avaisjamais vu de Noirs sauf à la télé,reconnaît le vieux Nicolae. Au débutje me méfiais d'eux. Mais on s'habi-tue, et puis, après tout, ces Africainssont bien, ils bossent et ne font pasde problèmes."

Officiellement, ils sont 65 000 àavoir immigré en Roumanie, un chiffreen constante augmentation. Cette nouvel-le vague d'immigrants - Africains,Indiens, Afghans, Irakiens - est gérée surplace grâce au centre d'accueil de la com-mune de Somcuta Mare.

(lire la suite page 28)

Trompés p ar les p asseurs, des clandestins africains terminent leur voyage vers l'Allemagne dans le Maramures

Cavalleru, lui qui a commis un vol violent avec sa bande àMilan, était Roumain. Les membres de la bande de ViaOsoppo étaient aussi Roumains. Les auteurs de l'attentat de lagare de Bologne en 1980 qui a tué 85 personnes étaient enco-re des Roumains. Les banquiers qui ont amené à la faillite tant de personnesétaient eux aussi Roumains, comme ceux qui ont enlevé et tuéAldo Moro ! Sans parler de l'agresseur de Jean-Paul II qui, luiaussi, était d'origine roumaine ni de ce Berluschescu, suspectéd'avoir acheté des juges…

Tous ces "Roumains" ont détruit l'image d'un peuple hon-

nête et croyant, tout à fait pacifique, qui respecte les différen-ces ethniques, religieuses et politiques. Il est bon qu'on se soitfinalement rendu compte quels étaient les véritables coupa-bles, sinon on aurait continué à chercher parmi le complotjudéo-bolcheviques, sans rien trouver. "Heureusement, dèsaujourd'hui grâce à une bonne organisation des patrouilles dela Ligue du Nord, on pourra, enfin, rétablir la loi et l'ordredans notre infortuné pays, qu'est l'Italie !", conclut UmbertoEco.

Par Cornel Toma et Alexandra Stuparu (Adevarul)

Traduit par Mihaela Neamtu

l'hystérie anti-roumaine des Italiens

La Roumanie… nouvelle terre d'immigration

L'écrivain Umberto Eco prend fait et cause pour les émigrés roumains.

Dans le café de Somcuta Mare, la serveuse est une jeune Ethiopienne.

Kasim, 29 ans, a parcouru des milliers de kilomètres en confiant sa vie aux mains de passeurs qui l'ont transpor-té de la Somalie en Ukraine, puis en Roumanie, lui faisant croire qu'il était arrivé en Allemagne, destinationpour laquelle il avait payé plusieurs milliers d'euros, empruntant la somme auprès de toute sa famille. Ainsi

que les 50 immigrants logés, en cette fin juin, dans le centre pour réfugiés de Somcuta Mare, commune située près de BaiaMare (Marmures), il rêvait de l'Europe de l'Ouest comme d'un paradis justifiant que l'on prenne tous les risques.

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Société

C'est peut-être parce que nous sommes une minorité insignifiante et que notre vote ne compte pas. Depuis des années, aucu-ne autorité n'a voulu nous écouter. Pourquoi ? Nous sommes aussi citoyens de ce pays, nous avons aussi le droit de nous faireentendre". Après la messe du 12 juillet, les quelque 8000 catholiques présents ont marché jusqu'au siège du gouvernement. Au longde cette procession dirigée par des prêtres au rythme du Notre Père et de cantiques, les manifestants venus de plusieurs villes ontbrandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Arrêtez le génocide culturel!"; "Arrêtez le massacre!"

Bucarest, jadis surnommée "le petit Paris des Balkans", avait déjà été défigurée par la mégalomanie du dictateur communisteNicolae Ceausescu dans les années 1980. Elle l'est aujourd'hui une deuxième fois par le capitalisme sauvage.

L'appui du pape aux manifestants

Le Vatican n'est pas resté indifférent au problème des catholiques roumains."Je suis venu vous voir au nom du Saint-Père, a lancé à la foule de fidèles lenonce apostolique, Francisco Javier Lozano. Je suis ici pour exprimer sa soli-darité. Ma présence témoigne du soutien de toute l'Eglise catholique. Nous som-mes un milliard dans le monde, vous n'êtes pas seuls dans vos démarches". Cestensions embarrassent fortement le gouvernement de coalition de Bucarest ainsique le président Basescu, lequel n'a pas prononcé un mot sur cette affaire.Mercredi 22 juillet, la Commission européenne a rendu public son rapport surla justice roumaine dont la réforme est loin de satisfaire Bruxelles. La corrup-tion institutionnalisée gangrène le pays depuis la chute du régime communiste.L'adhésion à l'UE, en 2007, qui aurait dû contribuer à son assainissement, n'a pas encore porté ses fruits. Le scandale lié à la cathé-drale catholique de Bucarest est le révélateur d'un échec que les autorités roumaines ne semblent pas prêtes à assumer.

Mirel Bran (Le Monde)

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L'Etat roumain leur assure l'héber-gement, les repas, quelques vête-ments, mais l'argent de poche se limi-te à 80 centimes d'euro par jour, leprix d'une bouteille de jus de fruit.Pour joindre les deux bouts, ils fontdes petits travaux pour les paysansdu coin. "Je suis content de leur tra-vail", déclare Dorin Buhaiu, un éleveurde vaches. "Ils arrivent à temps, caron a du mal à trouver de la main-d'oeuvre en ce moment. En fait, ilstravaillent mieux que les Roumains".

Parler aux vaches en anglais

Depuis l'adhésion de la Roumanieà l'UE en 2007 le pays est confronté àune pénurie de main-d'oeuvre, 3millions de Roumains étant partis tra-vailler sur les marchés de l'Ouest.Mais le statut d'Etat membre de l'UErend la Roumanie plus attractive pourles immigrants. "Au début, les pay-sans me regardaient un peu de tra-vers", avoue Kasim. "Mais je les com-prends, ils n'ont jamais vu de Noirs.Maintenant ils sont contents quand ilsme voient arriver pour travailler.Finalement je suis bien ici et je pour-rais m'y installer pour de bon".

Tous les matins, le jeune Somaliense rend à la ferme, déguste son café,joue un peu avec le fils du fermier quilui apprend le roumain, puis part sur-veiller les vaches dans les champs…auxquelles il s'adressait au début enanglais. Le soir, lorsqu'il les trait, ilraconte avec le peu de roumain qu'ilconnaît des histoires de son pays.Tout récemment, il a noué une relationavec une jeune paysanne roumainequi n'a pas fui lorsqu'il lui a proposéd'être sa femme. Kasim semble avoirrepris le contrôle de ses anges.

Mirel Bran (Le Monde)

L'archevêque de Bucarest est en colère. Pour le million de catholiquesqui représentent 5 % des Roumains, majoritairement orthodoxes, lacathédrale Saint-Joseph de Bucarest est un centre spirituel. Et c'est à

moins de dix mètres de ce lieu de culte qu'est en train de s'achever la construc-tion d'un colosse de métal destiné au business.

La tour géante Cathedral Plazza, plantée au centre de la capitale roumaine, est unestructure métallique d'une hauteur de 75 m qui devrait disposer de dix-neuf étages etde quatre autres en sous-sol. Plus de 23 000 m2 à la rentabilité assurée, dans une villeoù le mètre carré, pour un bureau de qualité, se loue 20 euros par mois.

Le 12 juillet, toutes les églises catholiques de Roumanie ont fermé leurs portes etinvité leurs fidèles à se retrouver dans la cathédrale Saint-Joseph. La messe n'était pasordinaire. Cette mobilisation, sans précédent depuis la chute de la dictature commu-niste il y a vingt ans, avait pour objectif de protester contre les "requins" de l'immo-bilier qui menacent la cathédrale. Les milliers de fidèles qui n'avaient pas trouvé deplace à l'intérieur ont pu assister, grâce au grand écran placé devant l'entrée, au ser-mon de l'archevêque de Roumanie, Ioan Robu.

"La Roumanie est un pays très riche… surtout en pauvres"

Réputé pour son calme et saretenue, le chef de l'Eglise catho-lique roumaine n'a pas mâchéses mots pour évoquer les sujetsqui fâchent pour ce nouveaumembre de l'Union européenne(UE). "La Roumanie est un paystrès riche, surtout très riche enpauvres, a-t-il lancé à la foule. Ilfaut avoir le génie du mal pouradministrer le pays d'une tellemanière. Depuis des années,nous assistons à des querellespolitiques qui montrent que nosdirigeants ne pensent pas aubien public mais à leurs intérêts personnels et à ceux de leur parti".

Le projet immobilier avait démarré en 1998 avec un bâtiment de 17 m de hauteurapprouvé par la mairie de Bucarest. Au fil des ans, les 17 m sont passés à 75, en igno-rant les normes basiques de sécurité dans un pays à haut risque sismique.L'investisseur de Cathedral Plazza est la compagnie américaine Millennium BuildingDevelopment, financée par le fonds d'investissement Miller Global, mis en place auxEtats-Unis en 1996. Malgré l'opposition de l'Eglise catholique qui redoutait la destruc-tion de la cathédrale, les travaux ont été accélérés depuis l'élection à la tête de la mai-rie, en 2005, d'Adrian Videanu, le dauphin du président, Traian Basescu et qui a été enfonction jusqu'à l'an passé. La construction de la tour géante a été confiée à la sociétéBog'Art, géant du bâtiment roumain, créé par Raul Doicescu, ami intime de l'ancienmaire. L'arrogance et les projets de ce dernier ont fini par exaspérer les Bucarestois. Ilne s'est pas représenté en 2008, mais a néanmoins été nommé ministre de l'économiequelques mois plus tard.

Après Ceausescu, le capitalisme sauvage

Après une série de procès rocambolesques, l'archevêque de Bucarest a perdu lapartie, le 25 juin, lorsque le tribunal a décidé de donner à Millenium BuildingDevelopment le droit irrévocable de continuer les travaux. "Cette décision ressembleà une commande politique et mafieuse où l'on sent l'argent, a affirmé l'archevêqueIoan Robu lors de son homélie. Les autorités nous traitent avec indifférence et mépris.

Les catholiques de Bucarest

(suite de la p age 27)

partent en guerre contre les "requins" de l'immobilier

La colère compréhensible des paroissiens de la cathédrale Saint Joseph de Bucarest.

La marche de protestation des catholiques de Bucarest, emmenée par Mgr Robu.

La religion devrait être unematière obligatoire dans l'en-seignement secondaire en

Roumanie. C'est avec cet appel que lepatriarche Daniel s'est adressé dans unelettre ouverte envoyée le 19 août au pré-sident Basescu.

"Dans le projet de loi sur l'enseigne-ment secondaire, proposé par la commis-sion présidentielle d'analyse et d'élabo-

ration de la politique éducative, la reli-gion n'est point affirmée et n'a pas de sta-tut officiel" a déclaré le patriarche, remar-quant que le libre accès à l'éducation reli-gieuse est prévu par la Constitution de laRoumanie.

Commentant la déclaration dupatriarche de Roumanie, Radu Carp, avo-cat et spécialiste de droit constitutionnel,a noté qu'en vertu de la législation en

vigueur, la religion ne peut être présentedans l'enseignement secondaire quecomme matière facultative.

"Cela signifie que le ministère de l'é-ducation de la Roumanie est tenue d'as-surer la présence dans les programmesscolaires de matières du domaine reli-gieux, mais le choix de suivre ou non cesmatières appartient à l'élève et à sesparents" a soutenu l'avocat.

Après Spiru Haret, un autre scandale de faux diplômes a touché l'universi-té roumaine cet été, portant sur 45 millions d'euros et impliquant de nom-breux cadres du ministère de l'Education ainsi que des recteurs d'univer-

sités d'état. Les responsables des facultés privées Alexandru Ghica et Europa Ecord'Alexandria (judet Teleorman), non accréditées et en procédure de liquidation depuis2006, auraient soudoyé des collègues, administrateurs ou professeurs d'établissementsd'Etat agréés et des fonctionnaires du ministère pour faire délivrer des faux diplômesà leurs étudiants.

D'après les premiers éléments de l'enquête, la pratique ne se bornait pas aux deuxseules universités où le pot aux roses a été découvert et porterait sur 15 000 diplômesà travers le pays. Les étudiants devaient verser de 3 à 4000 € pour recevoir leur pré-cieux document et 500 € supplémentaires s'ils ne se présentaient pas personnellementà l'examen, s'y faisant remplacer. La presse roumain estime que ces révélations nesemblent porter que sur la partie visible d'un iceberg aux ramifications politiques etmafieuses.

Le patriarche roumain demande l'introduction de l'enseignement religieux obligatoire dans le secondaire

15 000 autres faux diplômes pour 45 millions d'euros

La crise touche aussi l'univer-sité. A Bucarest, le recteur aen effet annoncé que, faute

de budget suffisant, un professeur surcinq allait être remercié à la rentrée.Pour l'heure, le budget des salairesdépasse déjà de 20 millions de lei(5M€) le budget total de l'institution…"Pour ajuster les dépenses, près de 20%des cadres didactiques vont être ren-voyés", a déclaré le recteur Ion Panzaru,"il s'agit des professeurs de plus de 65ans dont l'engagement ne sera pasrenouvelé, à de rares exceptions, et deprofesseurs collaborateurs".

Un professeur sur cinqremercié à Bucarest

Enseignement

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Camelia Potec à nouveau

Aux derniers champion-nats du monde, en 2007à Melbourne, Laure

Manaudou et Philippe Lucas for-maient le ticket gagnant de l'équipede France. La nageuse d'Ambérieus'était adjugée cinq des six médaillesfrançaises, avant de rompre la colla-boration avec son entraîneur à sonretour d'Australie. Pour PhilippeLucas, l'après-Manaudou porte unnom: Camelia Potec. Unique podiumde la Roumanie aux récentsMondiaux de Rome (médaille de

bronze sur 1 500 m, elle a terminé 5ème du 800 mètres après avoir été en tête dans lepremier quart de la course), cette athlète de 27 ans vit une seconde carrière sous l'ai-le du technicien français. "J'avais déjà un oeil sur elle lorsque j'entraînais LaureManaudou. C'était une grande spécialiste du 200 et 400 m", claironne Philippe Lucas.

Formée dans sa ville natale de Braila puis à Bucarest, Camelia Potec vit son heurede gloire aux Jeux d'Athènes, en 2004. Auréolée d'un titre olympique sur 200 m, elledélaisse les bassins d'entraînement pour les plateaux de télévision ou des séancesphoto, puis se ravise en 2007: "A un an des Jeux de Pékin, je me suis dit: ou je parsm'entraîner avec l'un des entraîneurs les plus durs au monde pour retrouver le hautniveau, ou j'arrête de nager."

Laure partie jouer les stars, Camelia s'est remise au boulot

Camelia Potec opta pour la deuxième solution et rejoignit en mai 2007 le clubdéserté quelques jours plus tôt par Laure Manaudou. "J'avais décidé de venir au Canetpour Manaudou et pour Lucas, mais le plus important, c'est tout de même la relationentre le nageur et son entraîneur, c'est lui qui observe ta progression", précise lachampionne. "Camelia Potec a emprunté le chemin inverse à celui de LaureManaudou", pointe Roxana Maracineanu, l'ex-dossiste d'origine roumaine qui a rap-porté son premier titre de championne du monde à la France, aujourd'hui consultantepour France Télévisions. "Au moment où Laure est partie jouer les stars en Italie,Camelia s'est remise au boulot".

Elle consent à concourir sur 400, 800 et 1 500 m. Elle se plie au programme iti-nérant de Philippe Lucas, sans club depuis février 2009. Le dernier entraînement avantRome a lieu dans la piscine d'un camping de Port-Grimaud. "Le seul problème, c'étaitla chaleur du mobil-home", ironise-t-elle. Camelia Potec, qui pensait se retirer aprèsPékin, a goûté cette nouvelle médaille qui récompense deux nouvelles années d'effort.Mais aura-t-elle pour autant l'énergie pour tenter de rapporter un autre trophée olym-pique à la Roumanie ? Londres 2012, c'est encore loin et la nageuse de Braila auraalors 30 ans, un âge canonique en natation. Ses consoeurs d'Athènes seront à la retrai-te depuis longtemps.

Le gouvernement roumain aaccordé 2600 bourses à des jeunesMoldaves désireux de poursuivreleurs études, supérieures ou secon-daires, en Roumanie, au titre de l'an-née 2009-2010. Ces aides se mon-tent à environ 65 € par mois aux-quels il faut ajouter des facilités detransport et d'hébergement. 2800étudiants et 610 lycéens se prépa-rant à passer leur bac avaient poséleur candidature.

Plus de 2500 boursespour les étudiant smoldaves

Adrina Spiac, membre de l'é-quipe roumaine de pêche, estdevenu champion du monde

de la pêche au brochet au cours desépreuves qui se sont déroulées du 5 au 7août en Laponie finlandaise. Le Roumain

l'a remporté au nombre de points maisaussi grâce à la plus grosse prise duconcours, un brochet de 96 cm. C'est le2nd titre mondial de pêche remporté parun Roumain après la victoire de SabinBuzatu en 2007, toujours en Laponie.

Champion du monde de pêche au brochet

Plusieurs sous-officiers de la poli-ce des frontières roumaine maisaussi de la police judiciaire de Vasluiont été mis en examen pour avoirproduit de faux diplômes de bacca-lauréat moldave leur permettant d'ac-céder à leurs fonctions, une équiva-lence existant entre les deux pays.Certains documents émanaient mêmed'un lycée de Chisinau n'existant pas.Les médias rapportant l'affaire espé-raient, sans trop y croire, que l'enquê-te établisse également le montant dessommes versées aux autorités "com-pétentes" afin qu'elles ferment lesyeux sur ce trafic.

… Et faux bacs pour policiers

Aucune piscine n'est équipée pour le plongeon en Roumanie

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Sports

Constantin Popovici est revenu des dernierschampionnat du monde de natation, qui se sontdéroulés à Rome, avec une huitième place, en

faisant un des tous premiers plongeurs du monde et le troi-sième en Europe. Sa coéquipière Ramona Ciobanu a termi-né 10ème mondiale et figure à la quatrième place euro-péenne. Des performances, jamais atteintes en Roumanie,exceptionnelles au regard des conditions d'entraînementdes deux jeunes champions.

"Je sais que je ne gagnerai rien avec ma huitième place"a haussé les épaules Constantin Popovici. A21 ans, frais émoulu du lycée et récent bache-lier, ce sociétaire du Steaua Bucarest ne se faitguère d'illusion sur l'impact et les retombéesde ses prouesses au tremplin de dix mètres dela piscine olympique romaine, qui en ont faitun des tous premiers plongeurs au monde. Lejeune garçon, issu d'une famille très modeste,est obligé de travailler pour payer son équipe-ment et la pratique de son sport.

Echafaudages de peintres servant de plongeoirs

… Et dans quelles conditions ! Aucunepiscine du pays ne lui permet de s'entraîner normalement, toutcomme sa co-équipière Ramona Ciobanu, 25 ans, qui a termi-né 10ème à Rome. Le plongeoir de la piscine du stade du 23août de Bucarest est fermé depuis dix ans…pour rénovation. Iln'a pas rouverttout comme celuien plein air dustrand Tineretul,i n d i s p o n i b l edepuis 2-3 anspour les mêmesraisons. Il existebien un bassind'entraînement àSibiu, hors servicependant 4 ans,ouvert quelquesmois avant derefermer fauted'argent pour son fonctionnement.

Dernière solution: Bacau… 500 km aller-retour!Constantin a renoncé à cause de l'état déplorable des lieux. Ilétait passé à travers une planche du plongeoir ! Alors le jeunesportif s'entraîne depuis un tremplin improvisé… plongeantsur des tas d'éponges qu'il a récupérées et disposent sur desmatelas mousse. Ramona en fait de même, un échafaudage depeintre lui servant de promontoire.

"On est des semaines sans aller dans un vrai bassin"confient les deux champions, ajoutant "C'est très difficile etdangereux de plonger dans des éponges. On ne peut fairequ'un saut périlleux, alors qu'en compétition il faut en exécu-ter trois et demi".

Constantin Popovici fait partie de l'équipe nationaledepuis ses 13 ans. "La fédération n'est pas riche" s'excuse-t-il,"elle fait ce qu'elle peut. Elle paie mes entrées à la piscine,mes déplacements, mon équipement. Elle m'a donné deux-troisslips…". Mais le garçon préfère les acheter sur ses deniers

maintenant. Il a eu trop honte d'ensentir un se déchirer, lors d'unconcours, alors qu'il ne l'avait portéqu'un couple de fois.

A Rome, heureux comme des phoques retrouvant l'eau

Alors, comment avec Ramona, cechampion réussit des performances leplaçant au top niveau mondial face àla concurrence et à la débauche defacilités dont bénéficient les plon-geurs américains, brésiliens, etc.?"J'ai la chance d'avoir un bon entraî-

neur qui m'a appris la théorie, m'a inculqué une bonne tech-nique. Quand je plonge c'est aussi avec ma tête et c'est commeçà que je me maintiens à un bon niveau".

Arrivés à Rome, Constantin et Ramona ont accaparé lesbassins avant le début de la compétition… aussi heu-reux que des phoques retrouvant l'eau. "Ce serait siimportant de s'entraîner tous les jours dans de vraiesconditions" regrettent-ils, ajoutant, désabusés, "nosrésultats seraient tout autres".

Constantin n'a-t-il pas eu envie de quitter laRoumanie pour bénéficier de conditions conformes àson statut de champion ? "Deux mois avant Rome, j'aireçu un e-mail d'un entraîneur américain me propo-sant de m'embaucher dans son club et d'en être leporte-drapeau. Il payait tout et j'entrais à l'universi-té". Alors? "L'Amérique c'est trop loin, en plus tu n'espas sûr d'y réussir. Et puis, je ne sais pas s'ils ontd'aussi bons entraîneurs"…

Pour autant, le sociétaire du Steaua sera bienobligé de se poser la question. A Bucarest, avant les champion-nats du monde, il avait démarché des sponsors, leur précisantqu'il avait déjà la huitième place dans la hiérarchie mondiale.Un seul s'est donné la peine de répondre. Négativement. CarConstantin a de grandes ambitions. L'œil rivé sur Londres en2012, il pense déjà aux JO de 2016 et 2020. Il aura alors que32 ans et le plongeon est une cure de jouvence… qui permet àses champions de rester compétitifs bien au-delà.

Huitième mondial, Constantin Popovici plonge avec sa tête et s'entraîne sur des matelas mousse!

“Avec Camelia, c'est plus cool qu'avec LaureManaudou” semble se dire Philippe Lucas.

Plongeoir bricolé et matelas mousse servent à l’entraînement de Ramona Ciobanu et Constantin Popovici

Constantin Popovici a fait impression à Rome.

dans le bain avec Philippe Lucas

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Le foot sur une TV porno pour deux millions d'euros?

Budgets des clubs en chute, salaires de joueurs revus à la baisse, transfertslimités: la saison 2009-10 du championnat de Roumanie a débuté le 30juillet sur fond de crise financière, avec une poignée de prétendants à la

succession du surprenant Unirea Urziceni. Budgets: loin des millions du RealMadrid, la majorité des clubs roumains ont revu leurs budgets à la baisse de 25 à plusde 50% par rapport à 2008. Selon les statistiques du quotidien Prosport, le RapidBucarest, qui croule sous les dettes, a réduit le sien de 15 à 6 millions d'euros, le CFRCluj de 20 à 12 millions et le Steaua Bucarest de 14 à 9 millions. Urziceni, le champ-ion-surprise en titre, et Vaslui sont les rares exceptions à avoir augmenté leur inves-tissement, le second venant en tête de la Ligue avec 12,5 millions.

Salaires: face aux dettes et un marché des parraineurs en chute, bon nombre declubs ont demandé aux joueurs de revoir leurs prétentions à la baisse. Comme auDinamo où Gabriel Tamas, dont le prêt d'Auxerre a été prolongé d'un an, aurait accep-té une réduction de près de 50%, partant, il est vrai, de très haut.

Outre les "grosses cylindrées" de la capitale, parmi les prétendants "provinciaux"au titre figurent le CFR Cluj, lauréat 2008, et Urziceni, champion en titre, mais aussiTimisoara et Vaslui, dont le financier Adrian Porumboiu rêve d'apporter un nouveautrophée à la famille après le Prix remporté à Cannes par son fils cinéaste CorneliuPorumboiu ("12 h 08 à l'Est de Bucarest"). Le président de la Ligue, DimitruDragomir, lui ne cache pas ses inquiétudes pour la saison, estimant que parmi les 18engagés, certaines "équipes vont terriblement souffrir" au point "de ne pas terminer lechampionnat". Il est si désespéré face à la crise financière que pour 2 millions d'eurosde parrainage, le fantasque Dragomir s'est déclaré prêt "à livrer la Ligue à une chaî-ne TV porno". Mirel Bran (Le Monde)

Le Tribunal d'arbitrage sportif deLausanne a confirmé le montant del'amende - 17,2 millions d'euros - quela vedette du football roumain, AdrianMutu doit verser à Chelsea où il opé-rait. L'international avait été contrôlépositif à la cocaïne, condamné à sixmois de suspension et licencié par leclub anglais. Celui-ci avait porté l'af-faire devant la FIFA pour non-respectde contrat et demandé son rembour-sement. La Fédération Internationaleavait donné raison à Chelsea. Mutu,30 ans, qui joue désormais en Italie,à la Fiorentina , avait fait appel.

Son avocat a décidé de se tournervers les tribunaux civils…. tandis quele président du Dinamo Bucarest ,son ancien club, a proposé de lancerune quête pour venir en aide aujoueur qui, s'il n'a pas battu le recorddu nombre de buts marqués, a pul-vérisé celui de la plus forte amendejamais infligée dans le monde à unsportif. Quant aux supporters italiensde Mutu, ils ont ni plus ni moinsengagé les tifosi à jouer masse auloto et venir ainsi en aide au joueurs'ils gagnaient le gros lot !

Record… d'amende pour Mutu

La Roumanie recule d'une placedans le clasement de la FIFA(Fédération Internationale deFootbhall), se retrouvant en 27èmeposition avec 814 points. Le classe-ment des autres équipes disputant sapoule de qualification pour le Mondiald'Afrique du Sud de 2010 est le sui-vant: France 9ème, Serbie 14 ème,Lithuanie 59 ème, Autriche 68ème,Iles Feroë 163ème.

La Roumanie 27èmeau classement FIF A

Camembert qui pue interdit dans les bus de Sibiu

Furieux du toupet de ses passagers qui lui avaientdemandé de baisser l'air conditionné, un chauf-feur de bus de Timisoara a bloqué les portes de

son véhicule, fonçant à toute vitesse droit jusqu'au garage dela compagnie, sans respecter les arrêts, se livrant à un ghym-khana à travers la circulation... et, une fois arrivé, s'enfuyanten les laissant enfermés. La vingtaine de voyageurs, encoresous le choc, n'ont dû leur délivrance qu'à l'intervention dela police alertée grâce à un téléphone portable.

Chauffeur irascible

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Le patron du club roumain duCFR Cluj, Arpad Paszkany, aété déféré en justice pour

"chantage", a annoncé le jeudi 30 juilletle Parquet, qui l'accuse d'avoir financédes campagnes de presse pour discréditerdes hommes d'affaires concurrents."L'inculpé a utilisé les publications dugroupe de presse Gazeta pour créer uneimage négative à des compagnies ou deshommes d'affaires concurrents, afin deles empêcher de participer à des appels

d'offres ou de conclure des contrats", aindiqué le Parquet.

Arpad Paszkany aurait en outre faitpression, toujours à travers des articles depresse, pour que son club reçoive de lapart des autorités locales davantage defonds que l'autre équipe de la ville,Universitatea Cluj. Auteur du doubléChampionnat-Coupe en 2008, le CFRCluj a terminé 4e de la saison 2008-2009mais a remporté la Coupe et laSupercoupe de Roumanie.

Le patron du CFR Cluj déféré en justice

Le club de football FC Arges a été relégué en 2e division par la Ligue pro-fessionnelle de football (LPF), en raison des accusations de corruption quipèsent contre son patron Cornel Penescu, La LPF a également infligé une

amende de 70 000 euros chacun à Penescu, au président et à l'administrateur du club,Daniel Minca et Gheorghita Pieca. Les trois hommes ont par ailleurs été exclus dumonde du football. Le FC Arges, qui avait terminé 10ème du Championnat nationalla saison 2008-2009, a été remplacé par Gaz Metan Medias.

Arrêté à la mi-avril, Penescu est accusé d'avoir versé plusieurs dizaines demilliers d'euros en 2008 à des arbitres et à un observateur fédéral afin que son clubbénéficie d'arbitrages favorables. Neuf autres personnes du monde footballistique rou-main, dont l'ancien international et ex-directeur de la Fédération de football (FRF)Florin Prunea, et cinq arbitres, ont été inculpées dans ce dossier.

Le FC Arges rétrogradé pour corruption

Insolite

Le conseil municipal de Sibiu a adopté une régle-mentation draconienne afin de rétablir la propretédans les bus de la ville. Mesure la plus spectaculai-

re: les passagers ne pourront plus crachouiller les "seminte",ces graines de citrouilles et tournesols que les Roumains ado-rent mâchouiller et dont les cosses jonchent les sols. Pris sur lefait, il leur en coûtera désormais entre 100 et 300 lei (25 et75 €), tout comme s'ils sont surpris à fumer, cracher, mangerdes glaces, jeter des papiers, bloquer les portes, parler avec lechauffeur, lequel risque la même amende s'il fait entrer un pas-sager dans sa cabine.Le tarif passe à 200-400 lei pour le

transport d'animaux vivants, de chiens non tenus en laisse etsans certificats de vaccination, d'objets encombrants ou quipeuvent entraîner une gène pour les autres passagers, de vitresou miroirs. Chanter, hurler, jurer coûtera entre 300 et 500 lei…mais c'est mieux que de boire à la bouteille (400-600 lei).Causer des dégradations aux bus, en marche ou à l'arrêt,reviendra entre 500 et 700 lei (125 à 175 €).

Le transport de marchandises sentant fort entraînera unepunition de 100 à 300 lei. Les Rennais, jumelés avec Sibiu,sont prévenus. Pas de camemberts qui puent pour les amis…ou alors, il faudra se résigner à prendre le taxi !

Argent, vêtements, produits alimentaires,billets d'excursions… Les politiciens bulga-res ont utilisé les mêmes arguments auprès

de leurs électeurs que leurs collègues roumains afin deles convaincre de voter pour eux, lors du dernier scrutinlégislatif. Mais ils se sont distingués dans un quartier deTsiganes musulmans de la ville de Kazanlak, au sud dupays… offrant une circoncision gratuite de leurs enfantsaux parents en âge de voter. La police bulgare a arrêtél'agent électoral de l'un d'entre eux, portant sur lui uneliste de 28 personnes ayant accepté ce service contre unepromesse de vote en faveur de son candidat.

Circoncisions électorales

Ladislau Vankay a été arrêté préventivementpour une période de dix jours pour atteinte àl'ordre public et outrage aux bonnes moeurs.

Cet habitant de Brasov avait bloqué à 22 reprises la cir-culation sur le périphérique de Brasov, près de Sacele,afin de protester contre l'indemnité dérisoire que lesautorités lui avaient accordées en vue de construire unpont sur le terrain dont la justice venait de reconnaîtrequ'il en était le propriétaire. Le Brasovean garait sa voi-ture au milieu de la chaussée, délimitait ce qui lui appar-tenait à la peinture rouge, y construisait un mur debriques puis installait un barbecue conviant les automo-bilistes, ses amis et la presse à partager des grillades.

Protest ataire

Décédé début août, Jean-Carol Godet aurait eu 104 ans le22 septembre; il était le doyen des Neuchâtelois depuissept mois. Né dans cette ville suisse en 1905, la même

année que Jean-Paul Sartre et Christian Dior, il devait son second pré-nom... au roi de Roumanie Carol Ier. Son père Marcel, futur directeurde la Bibliothèque nationale suisse (BNS), travailla durant quelquesannées à Bucarest en qualité d'administrateur des bibliothèques roya-les. Le souverain avait fait du petit garçon son filleul.

Galanterie ou marque d'attention à l'égard de ses électri-ces? Anton Arpad, le maire UDMR (magyar) deSfântu Gheorghe, a décidé de recouvrir les vieilles

rues de la ville de petits pavés serrés où elles ne risquent plus decasser leurs talons hauts ou bien de se faire une entorse, répondantainsi aux demandes de plusieurs de ses concitoyennes. "Je veuxque les femmes puissent se promener en toute sécurité et confort"a-t-il plaidé pour faire passer la "pilule" aux contribuables. Il leuren coûtera en effet 400 000 €.

Chers t alons haut s

Le doyen et le Roi

Un amour de cheval

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VASLUI

SF. GHEORGHE

Connaissance et découverte

être mise entre toutes les mains, recevant ainsi un fort encou-ragement à sa diffusion parmi les enfants.

Objet de contrebande

La partie est cependant loin d'être gagnée. Tintin n'est pasconnu en Roumanie, mais c'est surtout la bande dessinée dansson ensemble qui y est inconnue. André-Pierre Szakvary a prisson bâton de pèlerin et sillonné tout le pays à la rencontre deslibraires. Ceux-ci ne cachaient pas leur étonnement en appre-nant qu'en Belgique et en France, ce genre représentait 25 %du chiffre d'affaires de leurs collègues, certaines librairies s'yétant même consacré exclusivement.

Finalement, les albums sont disponibles dans 80 endroitsà travers la Roumanie. Le tirage est limité, de 1000 à 2000exemplaires. Mais l'éditeur compte sur l'effet cumulatif pourqu'il se développe: "Quant on a lu une aventure, on a envie deconnaître les autres, puis peu à peu de constituer sa collec-tion… dans laquelle on se replonge avec bonheur lorsqu'unemauvaise grippe vous cloue au lit".

Pour l'instant, les lecteurs sont des Français qui se serventde Tintin comme méthode d'apprentissage du roumain, y trou-vant des clins d'œil qui aident à la compréhension. Bien sûr, ily a aussi les collectionneurs et, plus étonnant, les parents rou-mains fixés à l'étranger qui y voient un moyen pour inciterleurs enfants à ne pas perdre le contact avec leur langue mater-nelle. D'ailleurs, André-Pierre Szakvary reçoit des commandesqui ne manquent pas de le surprendre. Parfois, on lui achètecinquante albums d'un seul coup, qu'il soupçonne être reven-dus à deux ou trois fois leur prix chez les "capsunari" (ramas-seurs de fraises) d'Espagne ou d'Italie, pays où deux millionsde Roumains sont installés. Ce n'est plus Tintin contre lescontrebandiers… mais Tintin objet de contrebande!

Toutefois, le lectorat naturel recherché est celui desenfants roumains de Roumanie. Dans les librairies, peu habi-tuées à des ouvrages de cette qualité - équivalente à celle quel'on trouve en Occident - ceux-ci tournent avec envie les pagesd'un véritable album, en couleur, à la couverture cartonnée etaux feuilles glacées, qui sent le neuf. Mais cela a un coût queles parents rechignent souvent à acquitter: 40 RON, soit unedizaine d'euros, quasiment le double des BD roumaines.

Comment traduire"Bachi-bouzouk" en roumain ?

Il s'agit là d'un sujet de préoccupation pour André-PierreSzakvary. Jusqu'ici Casterman fournissait les albums qu'ilavait en stock - une centaine de milliers pour chacun, réservésaux éditions étrangères - avec les bulles pour les dialogueslaissées en blanc. Il suffisait alors de les faire remplir par un"metteur en bulles" autochtone… ce qui n'est pas toujours sim-ple, car il faut y faire rentrer un texte parfois plus long. Cettetechnique a l'avantage de contenir les coûts qui déraperaient si,

faute de disponibilité - ce qu'il craint - il fallait faire imprimerspécialement une édition roumaine.

André-Pierre Szakvary, qui sait bien qu'il ne gagnerajamais d'argent avec cette nouvelle passion, ne tient pas cepen-dant à en perdre. "C'est sa danseuse" s'exclame sa femme quis'occupe de la gestion de l'affaire, "il a bien le droit d'en avoirune… alors qu'on lui foute la paix là-dessus".

Ses soucis sont, il est vrai, ailleurs. Comment traduire"Bachi-bouzouk" en roumain? Là, ce n'est encore pas tropdifficile… On l'écrit "Basibuzuk". Mais cela devient beaucoupplus compliqué quand on passe à "Saperlipopette" ("Mii dedraci") ou bien à "Emplâtre" ("Jegosilor") et à "Sacrispan"

("Blestematu-le"), "Sapristi" ("Fi-rar sa fie" ou "La naiba")."Triple crétin" devient "Triplu Dobitoc", et "Tonnerre de

Brest", "Trasnete de tifon".

Dictionnaire de jurons

Avec l'aide de Dodo Nita, le réinventeur francophile de labande dessinée en Roumanie et l'un des patentés "tintinolo-gues" de la planète, André-Pierre Szakvary a concocté un dic-tionnaire franco-roumain des jurons du capitaine Haddock quine fait pas moins de six pages, afin de pérenniser ses expres-sions au fil des albums. L'éditeur n'hésite pas à faire le dépla-cement à Craiova (500 km aller-retour) pour s'entretenir aveclui des termes les plus intraduisibles. Les discussions peuventdurer des heures. "Moule à gaufres" a posé bien des problè-mes. Les dictionnaires de vieux français indiquent que cetteinvective concernait les individus qui avaient "la tête mangéepar la petite vérole". Difficile à faire passer en roumain sanschoquer! Les deux compères ont finalement opté pour "Calupde cozonac" (Moule à brioche), terme n'existant pas en rou-main, mais compréhensible et plus acceptable. Une seuleexpression n'a pas prêté à discussion: "Vampir"… Cela allaitde soi au pays de Dracula. (lire la suite page 36)

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André-Pierre Szakvaryet de publier tous les

Tonnerre de Bucarest ! Enfin Tintin en roumain !"… Ambassadeur deFrance en Roumanie, Hervé Bolot ne pouvait guère mieux saluer laparution du premier album en langue roumaine du jeune héro, lors de

sa présentation à l'Institut Culturel Français de Bucarest, début 2006. Il était grandement temps : depuis des décennies, les aventures du seul "véritable

rival français capable de se mesurer à la célébrité du Général De Gaulle" - d'après lespropos mêmes de l'Homme du 18 juin - avaient été traduites dans plus de soixante lan-gues, dont le chinois, des dialectes… et même en latin ! Les 24 albums d'Hergé ont étédiffusés à travers le monde, à cent cinquante millions d'exemplaires. Seule laRoumanie, pays le plus francophone d'Europe avec la Moldavie, faisait exception.

Cette tardive conversion est due à un septuagénaire parisien, fixé depuis une dizai-ne d'années à Bucarest avec sa femme, Française d'origine roumaine. André-PierreSzakvary (voir aussi en dernière page), avait été un lecteur d'Hergé quand il étaitenfant mais avait rangé depuis longtemps sa collection d'albums au rayon des souve-nirs. Un soir, fin 2004, des amis, de la maison d'édition belge Casterman, lui avaientlancé comme une boutade: "Et si tu traduisais Tintin en roumain ?".

La Syldavie imaginaire d'Hergé

André-Pierre Szakvary n'est pas homme à se défiler. Tout comme Tintin, sa vie l'aconduit aux quatre coins de la planète et a été fertile en évènements. Il releva donc ledéfi et décida de prendre l'affaire en mains, devenant à son tour éditeur. Ainsi, en unan, ont vu successivement le jour Tigarile faraonului (Les Cigares du pharaon),Lotusul albastru (Le lotus bleu), Urechea rupta (L'oreille cassée", Insula neagra(L'île noire), puis, l'année suivante, Sceptrul lui Ottokar, (Le Sceptre d`Ottokar), untournant pour l'édition roumainepuisque l'action s'y situe dans unpays imaginaire, la Syldavie,emprunté pour une grande part à laTransylvanie et à la Moldavie, toutcomme L'affaire Tournesol.

Viennent ensuite Crabul cuclesti de aur (Le Crabe aux Pincesd`Or), Secretul Licornului (LeSecret de la Licorne), Comoara luiRackham cel Rosu (Le Trésor deRackham le Rouge). Sont annoncésen cette rentrée 2009, Cele 7Globuri de cristal (Les 7 boules decristal) et Templul Soarelui (LeTemple su Soleil) qui seront présen-tés en novembre à la foire du livre Gaudeamus de Bucarest. Soit dix albums jusqu'ici.

Au total, André-Pierre Szakvary compte éditer l'ensemble des 24 albums de la col-lection d'ici 3-4 ans, au rythme annuel de 3 à 4. Tout naturellement, il suit l'ordre chro-nologique pour ne pas dérouter le lecteur. Hergé a créé ses personnages au fur et àmesure. Ainsi, le Capitaine Haddock n'est-il apparu pour la première fois que dans Lecrabe aux pinces d'or.

Une exception cependant à la règle: les trois premiers albums de la série (Tintinchez les Soviets, Tintin au Congo, Tintin en Amérique), très recherchés par lescollectionneurs mais source de polémiques car jugés à l'époque de leur parutionanti-soviétiques, racistes et primitifs, fermeront la marche afin de ne pas choquer d'em-blée le public. Un souci d'autant plus justifié que la collection a été placée sous lepatronage du ministère de la culture et des cultes roumain, ce qui veut dire qu'elle peut

Une ordonnance d'urgence, adop-tée par le gouvernement fin juin,risque d'avoir des répercussionsimportantes sur la production cinéma-tographique roumaine. Ce textedispense en effet la Loterie roumaine,les casinos et les organisateurs dejeux de hasard de payer la contribu-tion de 4% de leurs profits annuelsqu'ils versaient jusqu'alors au Fondscinématographique. Un manque àgagner important puisqu'en 2007, laseule Loterie roumaine avait redistri-bué 11 millions de lei (26 millionsd'euros environ). Et en 2008, sacontribution - qu'elle tarde à payer -pourrait permettre de financer six àhuit films, selon le réalisateur TudorGiurgiu. Le ministère de la Cultureaffirme "chercher des sources definancement alternatives". Cette déci-sion s'inscrit dans la tendance crois-sante à la réduction des fonds accor-dés par l'Etat au Fonds cinématogra-phique, et ce alors même que le ciné-ma roumain remporte prix, succès etreconnaissance à l'étranger.

s'est mis en tête de faire traduire albums d'Hergé… avant ses 77 ans

Tintin qui se met à parler roumain !Tonnerre de Bucarest… Enfin

Menaces sur le financement du cinéma roumain

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La nostalgie des années 68… çàse paie ! Léonard Cohen faisait undétour le 4 septembre par Bucarestau cours de sa tournée européenne,l'enceinte de Stefan cel Mare qui l'ac-cueillait affichant pratiquement déjàcomplet, une semaine avant leconcert. Pourtant le prix des placesn'était pas donné, allant jusqu'à199 €. Il est vrai qu'à Madrid, ilsatteignaient 299 € ! Amour, eau fraî-che… et dollars !

Leonard Cohen à 199 € Madonna était en concert à Bucarest en Roumaniefin août, et le show ne s'est pas totalementdéroulé comme elle l'aurait souhaité. 60 000

fans avaient pourtant répondu présents mais un discours de lareine de la pop les a mis en rogne.

Après avoir reçu un triomphe pour sa performance avecdes artistes tsiganes qui font partie de sa tournée, la malheu-reuse a tenté de plaider la cause des Roms, victimes de discri-minations en Europe de l'Est. Ses paroles sur la tolérance et latristesse qu'elle ressentait à voir cette communauté rejetée detoute part ont été accueillies par une vague de huées.Madonna n'a pas réagi et a repris son show... mais les com-mentaires sont allés bon train dans les médias roumains. Desspectateurs ont quitté le spectacle, affirmant “avoir payé leurplace pour entendre de la musique et non des discours”.

André Szakvary se délecte depuis son enfance à la lecture des albums de Tintin, tout en incitant

par ses initiatives les Roumains à découvrir le célèbre petit reporter rouquin.

Madonna huée à Bucarest

Connaissance et découverte

publiera une dizaine d'autres ayant ce pays pour toile de fond;l'un adapté du roman Codine de Panaït Istrati paraîtra dans larevue pour jeunes, d'une très grande qualité, "Je bouquine". Lachute du régime Ceausescu entraîne la parution de nombreusesBD dans les années qui suivent, évoquant ses mensonges et saviolence. Parmi eux, Hiver roumain (revue P.L.G.), Le dicta-teur et Le retour de Bucarest ("L'Echo des Savanes"), BabyPrinz (série "Marsupilami").

Mais c'est surtout La fille aux ibis, dont le dessinateur estChristian Lax et le scénariste Frank Giroud, venu spécialementen Roumanie pour se documenter, qui marquera les esprits.Premier album franco-belge entièrement consacré à laRoumanie, il évoque les terribles années charnières 89-90.D'un réalisme romantique poignant, il obtiendra de nombreuxprix et sera le mieux vendu de la collection "Aire libre" deséditions Dupuis.

Dans la dernière décennie du XXème siècle, les personna-ges roumains colleront avec une certaine actualité ou ses fan-tasmes, avec bien sûr une prime à la famille Ceausescu, toute-fois cantonnée à des rôles secondaires. On voit apparaître desTsiganes, dans une série qui s'appelle Gipsy, un agent doubleet traître, un immigrant illégal à Paris, d'autres à Bruxelles, desagents de la Securitate (Domnul et Hamal), un membre de lamafia russe (Lupescu), un ancien conseiller de Ceausescudevenu dirigeant du groupe néo-nazi "Antonescu-France"(Roman Popescu), un ancien membre de la Garde de Fer(Todor Constantinescu), etc.

Le peintre Grigorescu et Doina Cornea mis en scène

Heureusement, l'image de la Roumanie est préservée pardes personnages positifs ou ayant réussi. Ainsi les peintresGrigorescu et Miron Sorescu sont mis en scène, mais aussi unsavant, des résistants anti-nazis, des agents secrets du MI 5,des architectes, un directeur de banque américaine d'origine

roumaine, des orphelins qui sedébrouillent tous seuls, ungrand armateur, le directeurdu journal "Figaro". Plussurprenant, des contempo-rains en chair et en os, prati-quement encore tous vivants,entrent dans certaines BD: ladissidente Doina Cornea, letennisman play-boy IlieNastase, le philosophe Emil Cioran, avec le quel le scénaristeLionel Tran s'est longuement entretenu ("Une année sans prin-temps").

En 2001 et 2004, une série d'aventures, Tatiana K. prendpour cadre les Carpates et Bucarest. Ses personnages restentsympathiques, même quand ils sont négatifs. Enfin, en 2006,Vlad l'Empaleur, premier album de la série Sur les traces deDracula est lancé en Belgique dessiné par le célèbreHermann… le scénario étant écrit par son fils, Yves Huppen,marié à une Roumaine, connaissant bien le pays, ce quiexplique son réalisme et sa vraisemblance.

"Fluide Glacial" et "Pif"

Il ne faut cependant pas oublier que, si la Roumanie est lesujet de bandes dessinées… elle en est parfois aussi l'auteur.De nombreux artistes et éditeurs français et belges sont d'ori-gine roumaine. C'est le cas de Marcel Gotlib ("Gai Luron",créateur de la revue "Fluide glacial"), dont les parents vien-nent de Transylvanie. Carabal ("Les gosses" dans la revue"Femmes actuelles") est le pseudonyme de Pascal BalanCaracostea. Mircea Arapu, dessinateur à "Pif", a quitté laRoumanie dans les années 80. Enfin, le grand-père du profes-seur belge de BD Jean-Yves Stanicel était roumain, toutcomme celui de T.G. Secuianu, prêtre catholique et éditeurwallon. Dodo Nita

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Tintin en Syldavie

En 1938, Hergé donnait le coup d'envoi des emprunts de la bande dessi-née franco-belge à la Roumanie. Dans la revue "Le petit Vingtième", ledessinateur belge publiait un nouvel épisode des aventures de son per-

sonnage Tintin, qui se déroulait dans un pays imaginaire d'Europe orientale, laSyldavie, dont la principale source d'inspiration semble être la Roumanie. Laguerre passait mais le mouvement était lancé: la Roumanie rentrait dans l'universet les phantasmes de la BD.

Dès 1945, Calvo se référait à ce pays dans La bête est morte où des personnagesanimaliers expliquaient aux enfants la guerre qui venait de se terminer. Toutefois, dans

les deux décennies suivantes, les références à laRoumanie s'estompaient, ce qui correspondait à lapériode de "grande glaciation" du stalinisme quesubissait ce pays. On note guère que la présence dedeux personnages roumains: Bikiki, nageur molda-ve, dans Bibi Fricotin aux Jeux Olympiques(1949) et Lazare Podesco, secrétaire de l'inventeurfrançais Fronval, dans Jack Sport et Le vol duplan (1950-1951).

L'intérêt pour la Roumanie renaît dans lesannées 70-80 avec l'apparition de l'inévitableDracula, rebaptisé, suivant les circonstances,Krapula, Vracula, Minacula, Drakhoul, Dracul,Vlad Coagul, ses comparses s'appelant AngelinaNosferat, Irina Drakulesco, leurs aventures sedéroulant en Grande Sylvanie ou en Transylvaquie.Mais des personnages réels apparaissent: le tennis-

man Ion Tiriac (Paricaciba mon amour, 1980), l'écrivain Tristan Tzara (Jelly Shawn,1985) et, un peu plus tard, Nadia Comaneci (L'aventure olympique, 1990).

La marine française contre l'armée roumaine

En 1976, Robert et Bertrand, deux personnages célèbres en Belgique, imaginés parWilly Vandersteen, accourent en Moldavie… "petit royaume des Balkans", pour aiderJacky, prince héritier dont les parents viennent d'être assassinés, le général Karhakols'étant emparé de leur trône. Plus en phase avec la réalité et l'actualité qui annonce lesanglant conflit yougoslave des années 90, le grand dessinateur français Jean-ClaudeForest met en scène, en 1981, une petite principauté de l'Adriatique, la Saravonie-Argovine, qui est envahie par des troupes roumaines et albanaises lesquelles se heur-tent à force navale franco-italienne ("La jonque fantôme vue de l'orchestre").

Toutefois, les premières images d'une Roumanie authentique apparaissent en 1982dans l'album Rapsodie Hongroise, dans lequel l'agent secret désabusé Max Fridman,pris dans le vertige du climat d'Avant-guerre, débarque à Constantsa, se logeant à l'hô-tel Mirescu et dînant à la pension Perla Marii.

L'année suivante, Partie de Chasse de Enki Bilal va bouleverser les amateurs deBD en leur montrant les coulisses du régime communiste et de son univers concentra-tionnaire. Lors d'une partie de chasse en Pologne, à laquelle participe Ion Nicolaescu,membre du comité central du PCR et l'un des dirigeants de la Securitate, un gêneur quin'est pas d'accord disparaît à la suite d'un accident de chasse. Une mésaventure assezfréquente à l'époque, comme cela sera le cas à Craiova, en 1988.

"La fille aux ibis" album culte

Familier de la Roumanie d'avant et après la "Révolution" où il se rend souvent, lescénariste de cet album Pierre Christin, professeur de journalisme à Bordeaux, en

La traduction est le moment clé del'entreprise. Pas question de déformerle sens. Tintin a son univers qui s'é-croulerait à la moindre trahison. Tousles héros ont conservé leurs noms. Laseule fantaisie - et encore s'agissait-ilde rendre plus compréhensibles auxRoumains ces deux personnages - aété de transformer les Dupond etDupont en Popescu si Popesco. "Asspune chiar mai mult !"… "Je diraismême plus" !

Ce n'était pas simple de trouverdes Roumains imprégnés de toutesces subtilités, capables de rendreaccessibles à leurs compatriotes lemonde de Hergé, ayant également lesens de l'humour et de l'époque.D'autant plus que les dictionnairesfranco-roumains se révèlaient d'uneindigence rare. Parcourant les "antica-riat" de Bucarest, l'éditeur a finalementmis la main sur une édition de 1920d'une richesse exceptionnelle et ademandé aux bouquinistes de la capi-tale de lui mettre de côté les trésorsdu même genre qu'ils trouveraient.

André-Pierre Szakvary a fini pardénicher deux professionnelles rou-maines de la traduction, assistantes àla Sorbonne, dont il revoit et finalise latraduction avec Dodo Nita, avant deconfier la finition de ses albums au"metteur en bulles", un autreRoumain… émigré à Bruxelles.

Débordant d'énergie, l'homme d'af-faires devenu éditeur sur le tard pour-suivra-t-il jusqu'au bout son défi defaire découvrir tout Tintin à laRoumanie ? Discret sur son âge,André-Pierre Szakvary n'en doutaitpas dès le début: "Je cours toujoursdans la catégorie des 7 à 77 ans" pré-cisait-t-il.

Dupond et Dupont transformés en Popescu si Popesco

avait donné le coup d'envoi dès 1938

belge n'hésite pas à emprunter à la Roumanie La bande dessinée franco

Le Roi blanc : une enfance roumaine sous Ceausescu

Du jeune écrivain de languehongroise György Drago-mán, on ne sait rien de plus

que ce que dit la quatrième de couverturedu Roi blanc, deuxième roman qu'il aitécrit, mais le premier traduit en français:György Dragomán est né en 1973 enRoumanie, au sein de l'importante mino-rité hongroise de Transylvanie, et vit àBudapest depuis 1988. Peu d'éléments,donc, mais suffisant pour imaginer qu'ilentre, dans Le Roi blanc, une part del'enfance du romancier qui explique lecaractère qui se veut juste de ce récitd'apprentissage, ancré dans une réalité

sociale spécifique: la vie, au jour le jour,dans un pays totalitaire.

Le récit à la première personne nedéroule pas une intrigue, il est construiten une succession de scènes concrètes,qui installent autour du héro du roman, unenfant tendre et déluré dont le père a étédéporté comme travailleur au canal duDanube, un décor, une atmosphère et depuissants seconds rôles. Cette toile defond, c'est une société dans laquelle labrutalité, la veulerie, l'injustice font la loi- une société disloquée, où l'idéologietotalitaire a installé la contrainte et la ter-reur comme principes de fonctionnement,

sans épargner le monde de l'enfance quicopie aveuglément la violence de celuides adultes. Tout cela, le gamin le regar-de et l'enregistre, le subit souvent, lerepousse parfois. Sans candeur ni mièvre-rie. Il n'est pas une victime, et Le Roiblanc est tout sauf un mélo. Ce romaninitiatique, sombre mais plein d'ironielégère, déconcerte cependant par sonparti pris narratif qui rend sa lectureardue si on n'est pas familier du genre.Dommage car le sujet est passionnant.

György Dragomán, Le Roi blanc, traduitdu hongrois par Joëlle Dufeuilly, Gallimard,290 pp., 23,50 €.

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Tintin en Syldavie, clin d’oeilà la Transylvanie et la Moldavie.

(suite de la page35)

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Disparition du traducteur Alain Paruit

Rares sont les amateurs de littérature contemporaine roumaine qui nese sont pas plongés un jour ou un autre dans un roman, un essai, unpoème traduit par Alain Paruit. Celui qui n'avait pu se rendre à

Bucarest l'an passé pour recevoir le prix décerné par l'Union desEcrivains roumains pour l'ensemble de son œuvre au service de laconnaissance de la littérature roumaine dans le monde, suite à la lon-gue maladie qui l'affectait, est décédé à la mi-juin.

"Alain Paruit a fait beaucoup plus pour la littérature roumaine que tousles gouvernements réunis de l'après-Révolution" s'exclamait déjà en 2002,l'écrivain Ioan Grosan. Peu avant sa disparition, Alain Paruit avait réponduaux questions de Marc Semo, de "Libération", évoquant ses liens avecCioran dont il avait traduit plusieurs ouvrages, devenant également son ami.

Marc Semo: Le Cioran roumain est-il très différent du Cioran français ?

Alain Paruit: Oui, son écriture roumaine est un bouillonnement et parfois unebouillie. Dans ses œuvres de jeunesse, Cioran écrivait n'importe comment, jetant sur lepapier les mots et les idées comme elles venaient. Si c'était compréhensible tant mieux,mais autrement tant pis. Lui et plus encore son ami Mircea Eliade écrivaient souventen un mauvais roumain, ce que leur reprochait Eugène Ionesco. En revanche, dès qu'ilsutilisaient le français, qui était en Roumanie la langue de la culture et de l'élite, ilsétaient attentifs à s'exprimer avec la plus grande clarté, ce qui transformait totalementleur façon d'écrire. Le Cioran roumain est l'opposé du Cioran français que nousconnaissons. J'avais commencé à traduire le Bréviaire des vaincus et je lui lisais desphrases qui, de son propre aveu, étaient totalement incompréhensibles dans l'original.Il me disait alors de les enlever. Ainsi la traduction française de ce livre est devenuel'original à partir duquel se font les traductions dans les autres langues.

M.S.: Avez-vous fait la même chose en traduisant la Transfiguration de la

Roumanie, qui vient de paraître ?

A.P.: Non, car compte tenu de l'enjeu et du fait que ce livre représente aussi undocument, je me devais de respecter fidèlement la lettre autant que l'esprit de l'origi-nal. Des phrases isolées de leur contexte avaient servi à mener des attaques très durescontre Cioran. Certes, dans ce livre à bien des égards affligeant, il y a des passagesinsoutenables contre les Juifs, les Hongrois, les Tziganes, mais on voit en le lisant dansson intégralité que Cioran est tout aussi véhément contre les Roumains eux-mêmes etl'humanité en général. Il faut replacer le livre dans le contexte d'une époque de haineset de folie, où tant d'autres intellectuels, et pas seulement en Roumanie, ont succombéà des délires idéologiques d'extrême droite comme d'extrême gauche. Cet ouvrage estaussi très important pour comprendre ce qu'il est devenu ensuite, son rejet de touteidéologie, son scepticisme, sa volonté de ne plus être complice de quoi que ce soit.

M.S.: De la France, écrit en France en 1941 est différent dans le ton et le style.

A.P.: En effet, on y retrouve déjà, bien qu'écrit en roumain, le Cioran d'après. Sesphrases sont imprégnées de la marque du français, et l'on retrouve la même chose chezEliade dès qu'il s'est installé en France. Le français est devenu sa langue. Même à sonfrère resté en Roumanie, Cioran écrivait en français. Même dans ses derniers jours àl'hôpital Broca, il continuait à parler français.

M.S.: Cioran travaillait en étroite collaboration avec vous mais il s'était toujours

refusé à traduire lui-même ses textes. Pourquoi ?

A.P.: Il en était totalement incapable. Les mots roumains lui parlaient tellementqu'il ne trouvait pas d'équivalents en français. Mais il est loin d'être le seul dans ce cas.Un véritable écrivain ne peut jamais traduire un de ses propres livres, même s'il domi-ne parfaitement une autre langue. Il écrit un autre livre. Marc Semo (Libération)

Traducteur de MirceaEliade, Emil Cioran,Eugen Ionesco, AlainParuit avait fait la connais-sance de ces grands écri-vains à Paris, après qu'ileut choisi l'exil dans le milieu desannées 60. Il ne pouvait plus suppor-ter le nationalisme-communisme deCeausescu qui lui paraissait encoreplus nocif qu'utopique.

Son père était un médecin juif deBrasov qui s'était engagé dans lesbrigades internationales d'Espagne,pendant la guerre civile qui déchirace pays, rejoignant ensuite les parti-sans français pour entrer dans larésistance au nazisme et à l'occupa-tion allemande, avant de retourneravec sa femme française et catho-lique s'établir en Roumanie.

Alain Paruit était né en France,mais grandira à Bucarest. Après sesétudes à l'université, sa connaissancede la France, sa culture générale,mais aussi le timbre de sa voix l'avaitfait remarqué à Radio RoumanieInternationale qui l'engagea pour sasection française. Plus tard, quant ilaura rejoint l'occident, il deviendrapendant 17 ans présentateur à RadioFree Europe, animant les émissionsen français aux côtés de MonicaLovinescu et Virgil Ieruncu, dont il tra-duira d'ailleurs certaines des œuvres.On lui doit également les traductionsdes romans de Norman Manea,Dumitru Tsepeneag, MirceaCartarescu, Mihai Sebastian, PaulGoma, des poèmes de NichitaStanescu…Plus qu'un traducteur, depar l'immensité de son œuvre, AlainParuit était devenu un monument dela littérature franco-roumaine.

Traduisant les plus grands

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"Un vrai écrivain ne peut

jamais traduire un de ses livres…

ou alors il en écrit un autre"

Septembrie

Connaissance et découverte

Les "terroristes" étaient partout en cette findécembre 1989. Dans la capitale, dans le pays, etsurtout dans les esprits des Roumains, condi-

tionnés par les émissions ininterrompues de la seule chaînede télévision, dont on pensait qu'elle était libérée sanssavoir qu'elle était déjà passée aux mains du nouveau pou-voir, détournant et mettant en scène la "Révolution" quidevait le légitimer. Tudor, ingénieur bucarestois habitantdans le quartier de Drumul Taberei, avait alors 55 ans. Ilse souvient de cette manipulation qu'il a baptisé la"Terroriade", se référant à la "Minériade" qui se déroulasix mois plus tard et dont il fut victime, étant tabassé parles mineurs appelés par Iliescu, alors qu'il se promenaitdans le centre de Bucarest.

"Dans la soirée du 22 décembre, la télévision nous avaitappelés à sortir dans la rue pour défendre le ministère de laDéfense qui se trouvait tout près de chez moi, station de tram-way Favorit. Les riverains s'était agglutinés pour faire barrageavec leurs poitrines aux "terroristes" qui le menaçaient. Il yavait énormément de monde.Soudain une Dacia verte a surgi,refusant de s'arrêter. Des coups defeu ont claqué, on ne sait pas d'où…La voiture s'est immobilisée et a ététout de suite entourée par la foule,menaçante. Deux jeunes - 25-30 ans- s'en sont extraits. L'un était blesséau pied. Il a vite disparu, conduitvers un hôpital par on ne sait qui.L'autre, terrorisé, était en passe d'êt-re lynché. Il a précipitamment sortide sa poche une attestation se vou-lant officielle, qui lui donnait l'ordrede venir dans le quartier. Elle était tapée en gros, avec des"caractères Ceausescu", dénommés ainsi parce que celui-ci,avec l'âge, ne pouvait plus lire les caractères petits et exigeaitque les documents qu'on lui soumettait soient ainsi présentés.

Un maître de la mise en scène à l'oeuvre

L'attestation était signée de la main de Sergiu Nicolae, lecinéaste fétiche du régime, qui avait réalisé de grandesfresques historiques comme "Michel le Brave". Un orfèvrepour mettre en scène la "Révolution". Quelques temps plustard, il a d'ailleurs été désigné par le nouveau pouvoir pour pré-sider la commission chargée de faire la lumière sur les évène-ments de l'époque… et qui n'a toujours pas éclairée ses nom-breuses parts d'ombre.

En tous les cas, cette signature prestigieuse avait impres-sionné la foule qui desserra son étreinte autour du rescapé. Paspour longtemps, car on découvrit un revolver sur lui et le mal-heureux s'apprêtait à passer un sale quart d'heure quand surgit

d'on ne sait où un homme en civil, la cinquantaine, portant uneépaisse moustache et affirmant être colonel, chargé de la sécu-rité du secteur, indiquant sur un ton sans réplique qu'il allaits'occuper de l'individu. Il l'empoigna et l'entraîna vers uneSkoda arrivée opportunément, qui démarra aussi sec. Ebranléspar son aplomb, les gens n'avaient pas protesté, s'écartant surson passage. Mais ils se rendirent vite compte qu'ils avaient étégrugés et, se reprenant, se mirent à siffler. Le "colonel" et sonprotégé étaient loin…

La foule retourna sa colère contre la Dacia verte, abandon-née, la secoua pour finalement la renverser. Le coffre s'ouvritet on y découvrit un lot de cibles d'entraînement pour le tir,avec des silhouettes comportant des cercles autour de la tête,du cœur…

La femme d'un général de la Securitate devient une "héroïne révolutionnaire"

Comme les gens du quartier, Tudor ne comprit pas grand-chose à cet épisode… sauf qu'il yavait de la manipulation dans l'air.D'ailleurs, il avait trouvé étrange queles premiers tirs de la "Révolution"commencent juste quand la fouleréunie devant l'immeuble du ComitéCentral du parti Communiste, dans lecentre, se mit à scander "Jos commu-nismul" ("A bas le communisme").

Sa sœur, présente sur les lieux,lui avait raconté qu'elle avait vu destireurs embusqués sur les toits. Quiles avait mis là ?... Ne s'agissait-ilpas de déclencher une panique, en

créant la hantise des "terroristes" afin de pousser lesRoumains dans les bras de leurs "libérateurs", devenus aussileurs défenseurs face aux sbires du régime renversé ?

La télévision abonda dans ce sens, appelant les habitantsde la capitale à venir faire un cordon de sécurité autour pour laprotéger. C'est ainsi que la mère de Mircea Geoana, actuel lea-der du PSD et candidat à la Présidence de la République, épou-se d'un général de la Securitate, devint une héroïne révolution-naire, dûment authentifiée par la suite grâce à un certificat quilui permet d'échapper aux impôts et de bénéficier de quelquesautres avantages, pour avoir fait entrer Ion Iliescu et PetreRoman dans les studios d'où ils lancèrent leurs appels à la vigi-lance de leurs compatriotes, prenant par la même les comman-des du pays. La courageuse dame avait été en effet blessée àcette occasion… laissant tomber sur ses pieds un cocktailMolotov qu'on lui avait confié mais n'avait heureusement pasexplosé. Sans-doute mauvais esprit, Tudor se demande cequ'elle fichait là, la télévision étant un sanctuaire du régimeauquel il était difficile d'avoir accès. (suite page 42)

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Début des célébrations du centenaire de Ionesco

Le théâtre ne m'a jamais intéressé vraiment", a répété Eugène Ionescotout au long de sa vie. Pirouette ? Cet auteur-là, celui des Chaises, duRoi se meurt, signe aussi un exploit tout à fait unique, répertorié dans

le Livre des records : depuis cinquante-deux ans, “La Cantatrice chauve” et “LaLeçon” sont jouées sans discontinuer au Théâtre de la Huchette, à Paris. Ellesfont partie de l'itinéraire obligé de tout touriste discipliné, au même titre que latour Eiffel ou le Musée du Louvre, particulièrement en cette année qui marque lecentième anniversaire de la naissance du dramaturge.

La dérision de la chose est bien dans la manière de ce clown tragique, qui faitaujourd'hui l'objet d'une biographie d'André Le Gall, déjà signataire de sommesindispensables sur Corneille, Pascal et Racine. Le "prince de l'absurde", disparu enmars 1994, aurait eu 100 ans cette année : Ionesco est né le 26 novembre 1909. Et non

en 1912, comme l'affirment encore nombre de notices, du Who'sWho aux dictionnaires de théâtre. Au début des années 1950, ils'est rajeuni de trois ans, pour entrer dans la catégorie des "jeu-nes auteurs" aux côtés de son éternel rival, Samuel Beckett.

"La Roumanie, c'est le pays du père

honni, la France, celui de la mère adorée"

La biographie de Le Gall est la première fusée d'une série decélébrations qui auront lieu cet automne. Voilà donc "Eugène"tel que son portraitiste le saisit, jonglant avec ses masques. Dansson théâtre, dans ses nombreux écrits autobiographiques, en

"observateur objectif de sa subjectivité", Ionesco a toujours voulu plonger dans un"moi" pétri de rêves, d'images inconscientes.

L'originalité de l'ouvrage tient à la manière dont le portraitiste de cet "existantspécial" tisse la vie et l'oeuvre, sans jamais tomber dans l'anecdote. L'enfance:Roumanie-France, aller-retours. La Roumanie, c'est le pays du père honni, la France,celui de la mère adorée. Ionesco, qui arrive à Paris à 2 ans, est d'abord un petit garçonimprégné de culture française, rurale, catholique. Il a la révélation de ce qu'est la lit-térature avec Un coeur simple, de Flaubert.

A 13 ans, il devient un jeune homme roumain. Formidables pages sur la Bucarestdes années 1920-1930, dans laquelle s'inscrit un Ionesco en guerre contre le père, avo-cat opportuniste qui s'arrangera avec tous les régimes. Et donc en guerre contre tousles pères, voire les pairs: jeune critique à la plume acide, il décoche ses flèches à toutel'intelligentsia de son petit pays, qui se vit comme le petit Paris. Plus tard, il vitupére-ra les critiques avec la même alacrité.

Cette biographie en empathie avec son sujet, mais sans complaisance, a le méritede faire un point précis sur des épisodes restés assez obscurs, y compris dans l'éditiondu théâtre de Ionesco dans la "Bibliothèque de la Pléiade".

Non, Ionesco n'a jamais fait partie de la fameuse Garde de fer, ce mouvement fas-ciste auquel ont adhéré ses amis Mircea Eliade et Emil Cioran, et pour lequel il aéprouvé un rejet viscéral. Oui, il a bien occupé, de 1942 à 1944, les emplois d'attachéculturel, de secrétaire et de secrétaire principal à la légation roumaine auprès du gou-vernement de Vichy.

Et oui, il a tout fait pour entretenir le plus grand flou autour de cet épisode: "Jeme suis évadé (de Roumanie) dans l'uniforme du gardien", se justifiera-t-il plus tard.Ionesco a eu la terreur de se retrouver enfermé en Roumanie, à une époque oùBucarest a rejoint l'Axe Rome-Berlin. D'autant plus, information importante exhuméepar André Le Gall, qu'il s'est découvert de lointaines origines juives.

Fabienne Darge (Le Monde)

André Le Gall, Ionesco, Flammarion, "Grandes biographies", 624 p., 25 €.

Dans les années 1950, le théâtresurvient on ne sait trop commentchez Ionesco. Le dramaturge estdéchiré entre l'angoisse et lebonheur de créer, entre lagrâce et la chute devant ladécouverte progressive d'unart théâtral dont le but est "lacommunication d'un incom-municable". L'absurde ? Non:"Il est absurde de dire que lemonde est absurde." L'"insoli-te" de la vie, plutôt. Les sou-bassements de l'oeuvre: lerapport au mythe, la recher-che d'archétypes. Les obsessions: lamort, la beauté. Arrive la célébrité,bientôt planétaire. Elle n'empêche pasla lutte contre le néant de se faire deplus en plus âpre, malgré l'amour desa femme, Rodica, et de sa fille,Marie-France. Le biographe évoqueavec discrétion l'alcoolisme, les infidé-lités. Reste la question de la postéri-té. Ionesco est-il ou n'est-il pas deve-nu un classique, telle est la question.Le "transcendant satrape" demeureun des auteurs hexagonaux les plusjoués à l'étranger. Mais en France,depuis les années 1980, il connaîtune éclipse réelle, que ne doit pasmasquer le "record" de la Huchette.Son théâtre a résisté au temps, mieuxque celui de Montherlant, de Sartreou même de Camus. Mais moins quecelui de Beckett ou de Genet.

"Mon théâtre est très simple,visuel, primitif, enfantin", confiait-il.C'est sans doute ce qui le sauvera,quand il sera redécouvert par desmetteurs en scène qui lui donnerontune nouvelle vie, loin du climatannées 1950-1960 dans lequel ilreste souvent embaumé.

Un des auteurs lesplus joués au monde

"Eugène"… jonglant avec ses masques

Hystérie, p anique, les Roumains ont été savamment mis en condition pendant la "Révolution"…

Les rumeurs et la "Terroriade"

de décembre 1989: à qui a profité le crime?l

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Révolution an XX

Toujours autant de mystères planent sur les évènements de décembre 1989.

Connaissance et découverte

Ces mesures n'eurent pas l'effet escompté. Les restrictionsapportées à la commercialisation de l'alcool dans les lieuxhabituels eurent pour conséquence de développer le marchénoir. Une décennie plus tard éclatait "l'affaire Bacchus", laplus importante qu'ait connue la Roumanie dans le genre.

Le scandale de “L'affaire Bacchus”

Gheorghe Stefanescu, gérant d'un dépôt de vins deBucarest, près du pont Bessarab, lesfaisait venir directement d'unecoopérative de Cotesti dont la pro-duction avait été sous estimée dufait de calamités naturelles inven-tées de toutes pièces. Ainsi noncomptabilisées, les bouteillesétaient mises en vente par l'ingé-nieux trafiquant, dont le nom decode était "Bacchus", qui remettaitles meilleures à sa clientèle d'habi-tués, parmi lesquels d'éminentsmembres du Parti communiste.

On estime qu'ainsi 400 000 lit-res ont été détournés entre 1971 et 1978, année où le trafic aété mis à jour à la suite d'un malheureux concours de circons-tances. Un officier de la Securitate avait passé commande debouteilles en vue de son prochain mariage, mais un contre-temps ayant retardé de quelques semaines la cérémonie, le vin,contenant beaucoup d'additifs chimiques, avait tourné vinaig-re, à son grand mécontentement et celui de ses invités.L'affaire fit grand bruit dans les rangs de la nomenklatura.

C'est ainsi que Stefanescu fut démasqué et arrêté en août

1978. On trouva à son domicile 19 kilogrammes d'or etquelques millions de lei. Jugé, "Bacchus" fut condamné à morten avril 1980 et fusillé le 4 décembre 1981.

Le tabac aussi

L'alcool ne fut pas le seul vice emprunté aux impérialistesoccidentaux, le régime y ajouta malencontreusement le tabac,toujours suivant le mauvais modèle emprunté à la France. Fin

1956, sur décision du ministre desArmées, Leontin Salajan, les"bidasses" roumains reçurent leurration quotidienne de cigarettes.

Comme en France, beaucoupde recrues devinrent des fumeursinvétérés pendant leur service mili-taire. Des petits malins nonfumeurs profitèrent de l'aubainepour céder à bon prix leurs paquetsà leurs camarades en manque, untrafic se développant ainsi.

Pour y mettre bon ordre etarrêter les ravages du tabac, le

ministre envoya une circulaire en mai 1959 ordonnant la sup-pression de la distribution quotidienne, remplacée par uneallocation mensuelle de 10,80 lei, "non imposable", qui per-mettait aux appelés d'acheter six cigarettes par jour, quantitéque les sommités médicales du pays avait estimée suffisantepour des jeunes gens.

Finalement, ni Marx, ni le capitalisme n'ont réussi à éradi-quer ces fléaux. Peut-être parce qu'ils ont oublié de parler àl'intelligence et au bon sens des Hommes…

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Transformé en Eliot Ness,

Après l'euphorie du début de leur régime, les dirigeants communistesroumains furent bien obligés de se rendre à l'évidence: le prolétariatn'avait pas perdu ses mauvaises habitudes en se débarrassant de ses

chaînes. "L'homme nouveau" continuait de s'adonner aux poisons de l'anciennesociété: il fumait et il buvait. Et sans-doute encore plus qu'avant ! Peut-être s'agis-sait-il même du seul domaine où les prévisions du plan étaient non seulement rem-plies mais dépassées!

Certes, le phénomène n'était pas propre à la seule Roumanie et touchait aussi lesautres satellites de l'URSS. Seulement voilà… ces pays avaient pris des dispositionspour lutter contre, même si ce n'était souvent que sur le papier. Des dispensaires anti-alcooliques avaient vu le jour en Pologne et Bulgarie. Des cellules de dégrisementavaient été ouvertes en URSS et en Tchécoslovaquie où la police conduisait les ivro-

gnes ramassés sur les trottoirs. Le problème était devenu si grave au

milieu des années cinquante que le Comitécentral du Parti Communiste Roumain char-gea son secrétaire de la section administra-tive de mener l'enquête et de proposer desmesures directement au conseil des minist-res. C'est ainsi que Nicolae Ceausescu, encharge du poste, fut transformé en EliotNess investi des pouvoirs lui permettant detraquer les trafiquants car, de toute évidence,la consommation de la population était biensupérieure à la production des fabriques d'al-cool de l'Etat qui disposait du monopole, desrentrées fiscales lui échappant par là.

"Les pays décadents et alcooliques comme la France"

La première démarche du futur Conducator fut de diligenter des enquêtes dans lesrégions de Timisoara, Baia Mare, Hunedoara et Suceava pour en avoir le coeur net. Lerapport fut accablant, Ceausescu griffonnant même dans sa marge: "la consommationmoyenne d'alcool est proche des pays décadents fortement alcooliques comme laFrance"! Dans l'Hunedoara, la consommation avait quasiment doublé entre 1954 et1956, les travailleurs dépensant 20 % de leur salaire en boisson. Encore ne s'agissait-ilque des chiffres officiels… Dans le Maramures, la production clandestine d'alcool étaitestimée à près de 50 % supérieure à celle commercialisée dans les officines d'Etat. ASuceava et dans les communes avoisinantes, le nombre de bistrots, caves, débits deboissons, avait bondi de 162 à 311, en deux ans.

Le rapport signalait qu'en cinq ans, de 1951 à 1956, la consommation de spiritueuxpar tête avait grimpé des deux tiers. Sévir se révélait toutefois à double tranchant, carle commerce de l'alcool était devenu un des principaux contributeurs du budget et lesrentrées qu'il apportait étaient indispensables au financement des projets du régime.

Toutefois, pour combattre ce fléau, Ceausescu préconisa la création d'un comitéanti-alcoolique réunissant des représentants du ministère de la Santé, du Comité cen-tral, de l'Union des travailleurs, de la Croix Rouge et d'une organisation féminine. Leministre de l'Industrie fut chargé de lancer à grande échelle la production de rafraîchis-sements sans alcool, bon marché, et de les diffuser largement à travers le pays. Onconfia au ministre de l'Intérieur la tâche de mener la répression, les milices régionaleset des villes ayant pour mission de "mettre au frais" dans des cellules de dégrisementles ivrognes, considérés comme délinquants en état d'ébriété. Toutefois, toujours dansla marge du rapport, Ceausescu s'interrogea sur le bien-fondé de cette recommandation,les milices ayant déjà fort à faire pour surveiller la population.

L'ingénieur se rappelle aussi qu'onvit sur le petit écran le speaker égre-né les nouvelles les plus alarmistesavec un soldat faisant les cent pasderrière son dos, armé d'une kalach-nikov. Il annonçait qu'une colonne deblindés était partie de Târgoviste endirection de la capitale. Amie ouennemie ? Personne n'a su car ellen'est jamais arrivée…

A la campagne, ce n'était pasmieux. L'hystérie de la "Terroriade"s'était répandue à travers tout lepays, alarmant les populations. Lesterroristes se cachaient dans lesmontagnes, prêts à fondre sur lesvillages. Les sirènes des postes depolice se mettaient régulièrement àhululer et les cloches des églises àsonner le tocsin, annonçant une aler-te, chacun se terrant alors chez lui".

Se remémorant ces moments,Tudor hoche la tête. A qui a profité "lecrime" ? Car, s'il s'est bien agi d'unemise en scène pour permettre auxhéritiers du système de conserver lepouvoir, elle a coûté cher. Environ1300 morts, sans compter les bles-sés, dont la moitié à Bucarest, lagrande majorité des victimes l'ayantété après la chute de Ceausescu.

Aujourd'hui retraité, l'ingénieur pré-fère traiter avec dérision ce qu'ilconsidère comme une mascarade. Ilobserve toujours avec attention lesmembres de la nouvelle nomenklatu-ra, à la télévision. Des fois qu'il repé-rerait un boiteux parmi eux. Ce petitgars qui avait disparu promptementaprès avoir reçu une balle dans lepied, à la station Favorit de DrumulTaberei…

Le tocsin et les sirènes de police effraient la camp agne

Ceausescu fut chargé de lutter contre l'alcoolisme

Quelque soit le régime… le succès de lalutte contre l'alcoolisme n'est pas garanti.

Même la révolution ne garantit pas toujours de faire table rase du passé...

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(suite de la page 41)

"L'homme nouveau" fume et boit !Catastrophe…

Le pacte, une blessure non gué-rie de l'Histoire", titrait le 23août dernier en une le quoti-

dien moldave Timpul soulignant que lepacte Molotov-Ribbentrop, signé soixan-te-dix ans auparavant (le 23 août 1939)entre l'Allemagne et l'Union soviétique,"n'a pas été seulement un acte de non-agression, mais surtout un documentodieux par lequel les deux pays se sontpartagé les sphères d'influence en Europede l'Est: le centre et l'Ouest polonais auxAllemands; l'Est polonais, la Lettonie, laFinlande, l'Estonie et la Bessarabie,située dans le Nord roumain, auxRusses". Pour la Roumanie, écrit l'histo-rien Igor Casu, les conséquences ont étéimmédiates, car "le 28 juin 1940, laBessarabie (partie de l'actuel territoirede la République moldave, mais alorsroumaine) a été occupée par les Russes".Pour un autre historien, Ion Varta, "la

signature du pacte en 1939 a débouchésur la crucifixion de tous les pays del'Europe de l'Est".

Timpul affirme aussi qu'étant donnéque l'acte de création de la Républiquesocialiste soviétique moldave, le 2 août1940, a été signé par les autorités del'URSS, "nous pouvons affirmer sansl'ombre d'un doute que Hitler et Stalineont été les parents fondateurs du pays. LaRépublique Moldave est le fruit dumariage entre Hitler et Staline".Aujourd'hui, continue Igor Casa dans lemême journal, si la Moldavie et sa nou-velle majorité parlementaire "veulentenvoyer un message clair vers l'Europe,elles doivent, comme les pays baltesauparavant, condamner le régime sovié-tique et le pacte Molotov-Ribbentrop".

Moldavie : le fruit du mariage entre Hitler et S taline

Bal tragique à Moscou, voici 70 ans.

Connaissance et découverte

Des armoiries héréditaires

Un lecteur, également historien, demande les éclaircisse-ments suivants à son confrère :

"Puisque notre confrère est si bien documenté, voudrait-ilavoir l'obligeance de compléter ses indications sur la BoyarieRoumaine" en répondant aux questions ci-après;

- Les Boyards portaient ils des armoiries ?- Si oui, ces armoiries étaient-elles concédées par un acte

officiel et enregistrées ou bien étaient-elle simplement adop-tées par les Boyards au gré de leur fantaisie ?

- Existe-t-il un recueil officiel des armoiries roumaines ?- Les prêtres et les prélats roumains se servaient-ils d'ar-

moiries dans les actes de leurs fonctions ? Signé De Lorval

La réponse de Tabac :Voici les renseignements complémentaires que veut bien

me demander monsieur de Lorval :- Oui les Boyards portaient des armoiries - Ces armes n'étaient pas concédées par des actes officiels

ni enregistrés. Elles étaient choisies par les Boyards eux-mêmes ; fort souvent les meubles de ces écus faisaient allusionà des faits historiques concernant la famille de celui qui lesportait. Les descendants des Boyards ont conservé les armoi-ries que leurs ancêtres avaient choisies et que le temps et l'u-sage ont consacrées.

- Je ne connais pas de recueil officiel des armoiries rou-maines. Cependant monsieur Lecca, dans son ouvrage trèsdocumenté où i1 établit la généalogie des familles descendan-tes des anciens Boyards, donne aussi la description des armoi-ries de quelques-unes d'entre elles.

Si cet ouvrage écrit en roumain sous le titre de FamiliileBoeresti Romane (Bucuresti 1899) peut intéresser monsieur deLorval, je le mettrai très volontiers à sa disposition.

- Les prélats n'avaient pas d'armoiries particulières, maisà chaque archevêché ou évêché est attaché un sceau armoriéfigurant dans les actes officiels. Toutes les églises d'un mêmediocèse ont le même sceau que celui du diocèse dont elles relè-vent. En général, ces armes ont comme meuble principal l'ima-ge du saint, sous la protection duquel est placée la cathédralede l'évêché ou de l'archevêché. Tabac

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Trouvées par un de nos lecteurs, des archives historiques parues dansune revue française de 1907, donnent un éclairage sur la classe desboyards, gros propriétaires, devenus souvent nobles, qui ont dominé la

vie et la population roumaines au cours des siècles, pesant de tout leur poids surla société de la Roumanie jusqu'à la prise du pouvoir par les communistes.

A partir de ces archives, un certain Tabac, sans-doute un pseudonyme, a dressé uneétude qui répondait également à un de ses lecteurs dans le style savoureux utilisé à laBelle époque :

L'histoire de la "Boyarie" -Boieria - peut se diviser en quatre grandes périodes:1 - La période d'aristocratie guerrière 2 - La période du régime Phanariote;3 - La période du "Règlement Organique".

4 - La période consécutive au “Traité de Paris".

La Boyarie date de la formation des principautés de Moldavie et de Valachie(XIIème siècle). Elle est conférée par le Prince régnant qui, lui même, sort de son sein: Mircea l'Ancien, Michel le Brave, Etienne le Grand…

Le titre de Boyard est attaché à une fonction: ban, spatar, aga. Les Boyards à cetteépoque sont presque tous des chefs militaires, car le pays est en guerres continues avecles Turcs, les Polonais et les Hongrois.

Celui qui avait exercé les fonctions conférant la Boieria conservait le titre deBoyard, même après avoir cessé ses fonctions. Titre et fonctions n'étaient pas officiel-lement héréditaires; néanmoins, comme ces dignités étaient presque toujours décernéesaux mêmes familles, les descendants des Boyards formaient une noblesse de fait, unesorte d'aristocratie militaire.

Les Princes Phanariotes apportent de nou-veaux titres, réminiscence de la cour de Byzanced'où ils viennent ou par laquelle ils ont été intro-nisés pour la représenter: Grand Logothète,Serdar, Grand Postelnik, Grand Paharnik... Ceuxqui étaient investis de ces fonctions portaientaussi, de droit, le titre de Boyard.

Cet état de la Boyarie dura jusqu'en 1829, autraité d'Andrinople. La Russie, s'étant érigée enpuissance protectrice des principautés, leuraccorde les réformes comprises dans le"Règlement Organique". Elle remanie la Boyarieen cherchant a imiter le plus possible le systèmerusse des "Tchins". La Russie multiplie les fonc-tions et par conséquent les titres de Boyard.

Toutefois le "Règlement Organique" conserve l'ancienne division historique engrands et petits Boyards. Les candidats à la Principauté ne peuvent être choisis queparmi les grands Boyards, mais grands et petits Boyards prennent part à l'élection.

La Boyarie jouissait de privilèges étendus; ses membres n'étaient pas tenus aupaiement de l'impôt personnel; ils ne pouvaient être jugés que par leurs pairs; ils nepouvaient être condamnés à subir des peines corporelles et n'étaient pas soumis aurecrutement. Ces mêmes privilèges étaient concédés à leurs fils, mais à leurs fils seuls.

Après la guerre de Crimée, le Congrès de Paris accorde aux Principautés arrachéesà la Russie, un cadre de constitution nommé "Convention du 7 Août" qui fut le pointde départ de l'union des Principautés. Cette convention établissait l'égalité des droits etdes devoirs, elle supprimait donc, de fait, la Boyarie.

La Boyarie n'a pas été remplacée par la suite. Tabac

L'Association roumaine des agen-ces de tourisme (ANAT) plancheactuellement sur un projet particulier:pallier au manque de toilettes sur bonnombre de sites touristiques du pays."Nous avons décidé de lancer ce pro-jet sur la recommandation des tour-opérateurs qui transportent enRoumanie des touristes étrangerslesquels se plaignent régulièrementdu manque de toilettes", a déclaré àl'AFP le porte-parole de l'ANAT,Traian Badulescu, qui a aussi saisi laministre du tourisme, Elena Udrea,du problème.

Selon lui, les principales destina-tions qui souffrent du manque delatrines sont notamment la région deBucovine, connue pour ses monastè-res médiévaux, le Delta du Danube...ainsi que la capitale.

L'association veut ainsi identifierles endroits les plus touchés par cettecarence et demander ensuite auxautorités et aux propriétaires de res-taurants et bars de mettre en placedes toilettes ou d'améliorer celles exi-tantes. Selon l'ANAT, le déficit de toi-lettes, estimé à plusieurs milliers surtous le pays, pourrait être comblé enmoins de cinq mois.

En son temps, l'ancien présidentIon Iliescu, en visite dans le pays,après avoir soulagé un besoin pres-sant au cours d'un repas officiel, étaitrevenu furieux à sa table, fulminant"Comment voulez-vous qu'on rentredans l'UE quant on a des ch… aussidég… !" (Texto, mais cela dit en rou-main bien sûr). Apparement,Bruxelles n’a pas encore fait sentirses bienfaits dans ce domaine. Peut-être l’UE devrait-elle désigner un“commissaire aux ch...” !

Les sites touristiques manquent de... toilettes

Le titre de Boyard était attaché à une fonction, donnant des privilèges étendus.

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HistoireGrand Logothète, Grand Postelnik, Grand

Paharnik, Serdar , Ban, Spatar, Aga...

Titres et privilèges des Boyards en Roumanie

A Cluj, si la langue française semaintient dans les couches d'âge élevé ouparmi l'élite, c'est loin d'être le cas chezles jeunes où la tradition familiale motiveprincipalement son apprentissage. Il luifaut donc apparaître comme n'étant pasl'expression d'un pays uniquement de cul-ture, une sorte de ghetto un peu ringard,impression que l'on pourrait avoir facile-ment ici. Montrer qu'elle est ouverte à ladiversité, actuelle, sympa…

Le Centre culturel de Cluj (CCF) tra-vaille donc dans cette direction, s'effor-çant de toucher les étudiants dont beau-coup ne parlent pas un traître mot de fran-çais. Certes, de temps en temps, il organi-se des spectacles ou un beau concert àl'intention de ses habitués, mais l'essen-tiel de son action est ailleurs, selon unconcept lancé dés son ouverture, en 1991-1992 et dynamisé depuis.

Ses locaux abritent uniquement l'ad-ministration, la médiathèque et les sallesde cours. Tout ce qui est évènements, ani-mations, spectacles est organisé dans laville, en symbiose avec les initiativeslocales.

Priorité est donné à l'audiovisuel,Cluj accueillant chaque mois de mai leTIFF, le plus grand festival de cinémades pays de l'Est, qui a pris un essor for-midable avec l'avènement du cinéma rou-main et la Palme d'or obtenue à Cannes,en 2007. Environ 900 films y ont été pré-sentés. La France y avait déléguéClaudia Cardinale pour la représenteren 2009, l'année précédente c'étaitCatherine Deneuve.

Dans cette optique, le CCF proposedeux fois par mois des séances de ciné-club dans un bistrot de la ville. Il animedes ateliers de scénarios avec des profes-sionnels français, roumains et hongrois.Car à Cluj, la dimension hongroise esttrop importante pour ne pas être prise enconsidération. Il coordonne aussi leFestival des très courts métrages, réunis-sant Roumanie, Hongrie et Moldavie.

Printemps des cafés dans une quinzaine de bistrots

Le CCF est également à l'origine duPrintemps des cafés, dont c'était la troi-

sième édition cette année. Elle en est tou-jours le moteur, tout en s'ouvrant et ens'alliant à d'autres cultures, comme l'ita-lienne. Pendant un mois, à cheval surmars et avril, jeunes, étudiants, artistessont conviés dans une quinzaine de cafés.Chaque jour deux ou trois évènementssont proposés: exposition, défilé demode, débat philosophique, projectiond'un film, mini-concerts, classique, derock, de jazz… Un festival de musiquebaroque est aussi organisé au cours del'année.

Le Centre culturel a ainsi gagné unegrande visibilité auprès du public nonfrancophone, auquel il s'adresse majori-tairement. Porteur de nouveauté, d'initia-tives, il se veut un animateur de la vielocale. Même s'il fait venir des artistes,comédiens ou des écrivains français,comme Roger Planchon, DominiqueFernandez, il ne limite pas son action àla culture. Ainsi, lors de la dernière prési-dence française de l'UE, il a mis sur pieddes rencontres du patrimoine alimentaire,sujet d'un intérêt majeur dans un paysencore fortement rural.

A Cluj, le Centre Culturel Français p art à la conquête des jeunes… ne p arlant p as français

La France compte trois centres culturels en Roumanie : Cluj, Iasi, Timisoara. L'implantation du premier n'appa-raît pas comme une évidence, au coeur de la Transylvanie, austro-hongroise jusqu'en 1918. Pourtant 500 élèves,de tous âges, le fréquentent, suivant les cours d'une vingtaine de professeurs, tous roumains. Le plus souvent, ils

se destinent à des professions où on emploie le français ou à des personnes se préparant à émigrer, comme les médecins.

Francophonie

Connaissance et découverte

Quant il a débarqué à Bucarest, Jonas Merciera eu la peur de sa vie. Livia ne l'attendait pasà l'aéroport. C'est pourtant pour elle qu'il était

revenu. C'est pour elle qu'il avait engagé toutes ses écono-mies… trois billets de 500 €, qu'il serrait contre lui etdevaient lui permettre de tenir quelques mois.

A 22 ans, le jeune Grenoblois avait décidé de tourner lapage française après des études mêlant économie, philo etjournalisme pour s'installer dans cette capitale roumaine où ilétait venu un peu à reculons un an plus tôt, en septembre 2005.Boursier Erasmus, il avait demandé Berlin,mais se retrouvait ici, faute de place enAllemagne. Ses six premiers mois enRoumanie lui avaient fait découvrir qu'on yparlait une langue latine et surtout de rencon-trer Livia, future journaliste comme lui,devenue sa copine… et elle-même Erasmus àMontpellier. Un bref intermède de cinq-sixmois en France, début 2006, et les deux jeu-nes gens avaient décidé de se retrouver à larentrée à Bucarest, impatients de commencerleur nouvelle vie.

Embauché sur le champ

Attendant désespérément et vainementLivia, Jonas se résolut à la rejoindre chez elle. Mais il tenaittrop à ses précieux billets pour en risquer un dans un taxi. Enfouillant dans ses poches, il trouva miraculeusement une piècede deux euros qui lui permit de prendre le bus jusque dans lecentre. Mais là, nouvelle panique et trou de mémoire…L'émotion lui avait fait oublier son adresse exacte et il nereconnaissait pas les lieux. Tirant ses bagages derrière lui, ilerra comme une âme en peine dans les rues du quartier… pourvenir butter sur une Livia essoufflée, courrant à sa recherche ettout autant désespérée. Elle s'était tout simplement trompéed'aéroport, se rendant à Baneasa au lieu d'Otopeni.

Depuis ces retrouvailles rocambolesques, le jeune couplemène une existence plus calme. Dans un premier temps, Jonas,

qui s'était mis facilement au roumain, envoya son CV dans dif-férentes rédactions, prenant langue avec Le petit journal etRegard. Bien qu'il n'eut jamais fait de télé, il proposa à Money

Channel, la chaîne financière roumaine - équivalente de BFM

- de créer un journal d'informations générales et économiquesquotidien à destination des Français installés en Roumanie.L'idée plût et fût agrée sur le champ. L'émission dura un an etcessa du jour au lendemain, la station ayant changé d'objectifs.

Vivre d'amour et d'eau fraîche n'a qu'un temps

Le jeune Grenoblois se retrouva brusque-ment sans rien, découvrant vite que vivre d'a-mour et d'eau fraîche n'est guère réjouissantque dans les contes. Cherchant des cor-respondances de journaux, des piges, ilengrangea beaucoup de promesses pour peude résultats. Pendant un an, il vécut avec300 € par mois, voire moins et même parfoisrien. Jonas pensa avoir touché le fond endécembre 2008. Il avait péniblement accu-mulé 200 €, se posant beaucoup de ques-tions. Mais ses recherches finirent par payer.Le quotidien belge Le Soir en fit son cor-respondant sur place, puis La Croix et enfinla nouvelle chaîne d'infos continues France

24. Ajoutés à quelques piges pour L'Humanité Hebdo ou d'au-tres publications, ses revenus mensuels tournent maintenantautour de 800 €, ce qui est convenable à Bucarest. D'autantplus que Livia a décroché un poste à Pro TV, ce qui permet aucouple de vivre avec 1400 €.

Du coup les deux jeunes gens ont emménagé dans un petitappartement du quartier de Titan, pour un loyer de 300 €. Ilsauraient presque l'impression de "s'être rangés" quant ilsrepensent à leurs débuts. Jonas rejoignait clandestinementLivia dans sa chambre d'une cité universitaire en enjambant lafenêtre afin d'échapper à la vigilance d'une vieille conciergejouant les cerbères et interdisant l'accès des lieux aux garçons.

(lire la suite page48)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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L'Institut National du Delta du Danube de Tulcea est le promoteur d'unprojet international sur la "réduction de l'impact social lié à l'arrêt de

la pêche commerciale des esturgeons, du genre Huso (Belouga), par le

développement d'un tourisme centré sur les esturgeons du Danube".

Le projet développé à Tulcea s'élève à un montant de 1,23 millions euros, finan-cé à 85% par la Norvège et 15% par le Ministère roumain de l'Environnement. C'estl'un des premiers projets approuvés parmi72 propositions déposées l'année passéedans le cadre du Programme deCoopération de la Norvège avec laBulgarie et la Roumanie. Le projet se pro-pose de réaliser les recherches, en sociolo-gie, biologie pour développer le potentielde repeuplement de cette espèce, et dansle domaine du tourisme, qui sont nécessai-res pour le développement, dans le sec-teur inférieur du Danube (en Roumanie),d'un tourisme aussi bien culturel que d'aventure avec la participation des communau-tés de pêcheurs d'esturgeons et des sociétés qui élèvent des esturgeons en Roumanie.Le Danube inférieur est le seul fleuve d'Europe où il y a encore des esturgeons

Les touristes pourront adopter un esturgeon protégé

La partie des recherches concernant le développement du potentiel touristiquenécessitera l'utilisation, pour la première fois dans le Danube en Roumanie, d'unecaméra hydo-acoustique DIDSON, qui permettra la visualisation des esturgeons eneau trouble sur une distance de 300 m. Celle-ci, combinée avec un marquage d'émet-teurs ultrasoniques permettra un contact visuel avec les esturgeons des zones de can-tonnement avant et après la reproduction et celles d'hibernation des esturgeons dans lefleuve. De cette manière, les touristes pourront même "adopter" un esturgeon marquéet recevoir des données de celui-ci.

Un abri pilote (expérimental) sera construit au bord du Danube à Isaccea, où lespêcheurs d'esturgeons rencontreront les groupes des touristes parcourant la route deFetesti à Sfântu Gheorghe qui s'appellera la "Route du Caviar". Toujours à Isaccea, unbassin/aquarium spécial sera mis en place où les touristes pourront voir et toucher lesesturgeons. Tout au long de la "Route du Caviar" des pêcheurs d'esturgeon travaille-ront comme guides - interprètes à six endroits prévus pour des rencontres avec les tou-ristes, impliquant ainsi leur communauté dans ce projet.

Seule capitale européenne à nepas posséder d'office de Tourisme,Bucarest dispose depuis la mi-aoûtd'un point d'information à la Gare duNord. Des cartes, informations, dépli-ants, guides, brochures, horaires deTarom, listes des grandes surfaces,des hôtels, recommandations sur lesmoyens de transport et l'hébergement,avec plan personnalisé tiré sur uneimprimante, y sont fournis gratuite-ment de 9 heures du matin à 11 heu-res du soir par deux étudiants parlantanglais et français. Il s'agit là d'uneinitiative privée, aidée par les ministè-res du Tourisme et de la culture quifournissent la documentation et appor-tent un soutien moral, selon un systè-me de franchise venu de France, basésur les rentrées publicitaires.

SC R&E Media Exclusive Business,la firme qui en est à l'origine, envisaged'ouvrir 40 autres points à travers lepays, d'ici la fin de l'été prochain. Onpourra les trouver dans les grandesvilles, les lieux touristiques et les aéro-ports du pays, avec des cartes desenvirons, et, à Bucarest, outre lesaéroports d'Otopeni et Baneasa, aumusée du Paysan roumain ainsi quesur calea Victoriei dans le centre ville,en face du musée national d'Histoire.

Parallèlement, le ministère de laCulture projette de publier un guide dupatrimoine culturel et des monumentsdans chaque judet, ainsi que designaliser par des panneaux ces der-niers sur les routes.

Enfin un point d'information touristique à Bucarest

Les touristes rencontreront-ils des esturgeons de cette taille ?

Première expérience à l'étranger pourJonas, jeune journaliste dauphinois.

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Promotion du tourisme culturel et d'aventure dans le delt a du Danube

A la poursuite des esturgeons sur la "Route du caviar"

Tourisme

On dénombrerait actuellement772 hôtels en vente à traversla Bulgarie, à des prix variant

de quelques centaines de milliers d'eurosà 17,9 millions d'euros pour le plus cher,un établissement situé à Sozopol, sur lamer Noire (il est proposé à 1000 € le m²,estimation jugée raisonnable par lesexperts locaux). Cette augmentation nota-ble du nombre d'établissements hôteliers

à vendre est liée bien évidemment à lararéfaction des touristes, crise oblige. Laplupart des hôtels travaillent à perte etleurs propriétaires ne parviennent plus àles entretenir, ni à rembourser leurs cré-dits. Nombre de ces hôtels sont soushypothèque et les vendeurs sont assezpessimistes: le client se fait rare et le mar-ché immobilier est plongé dans un atten-tisme de mauvais augure.

EchangesL'une est Bretonne, l'autre est Dauphinois…

mais tous les deux ont choisi de vivre à Bucarest

L'aventure roumaine tente de jeunes Français

Hôtels à vendre en Bulgarie

Prendre le chemin de la Roumanie n'est pas un choix habituel pour les jeu-nes Français désireux de vivre une expérience à l'étranger et qui, le plussouvent, n'ont aucune idée de ce pays. Rares sont cependant ceux qui en

reviennent déçus. Pour certains même, cette découverte va bouleverser leur jeune vie.Marion, 29 ans, est Bretonne. Jonas, 25 ans, Grenoblois. Tous deux, journalistes, sont

arrivés à la même époque à Bucarest, fin 2005, sans avoir opté au départ pour cette ville etsans se connaître. Une destination par raccroc presque car ils rêvaient d'autres horizonsmais étaient animés par une passion commune : découvrir le monde. Leurs chemins se sontcroisés dans les rédactions francophones de la capitale roumaine, chacun menant parailleurs sa propre vie. Aujourd'hui, quatre ans après leur arrivée, ni l'un, ni l'autre, ne son-gent à la quitter. Portrait de deux itinéraires.

Les deux jeunes Français se retrouventde temps en temps à la terrasse

d'un bistrot de la capitale roumaine.

Jonas a trouvé le bonheur dans la capitale roumaine

La seule capitale européenne

sans office de tourisme

Connaissance et découverte

je peux entreprendre. En France, c'est difficile, sauf si tugagnes au loto, çà stagne. Ici, je trouve que mes copains rou-mains ont beaucoup plus de rêves, d'envies".

Rencontre avec l'idole de son enfance

Cette nouvelle vie n'a pas été sans sacrifices. A la fin deson contrat de deux ans, Marion a dû se débrouiller par elle-même, comptant sur ses économies, donnant des cours de fran-çais dans des familles bourgeoises roumaines, faisant des tra-ductions, à côte de ses piges. Depuis le début de l'année, çà vamieux. Elle arrive à dégager un revenu mensuel de l'ordre demille euros. "Çà a changé mon rapport à l'argent. Avant, j'é-tais un peu panier percé. Aujourd'hui, quand je retourne enFrance et que je vois ce qu'on peut dépenser en bêtises, çàm'énerve. Maintenant, je dois faire attention. Les pigistes, par

exemple, n'ont pas de congés payés et quant tu reviens devacances, tu n'as pas de salaire". Cela ne l'a pas empêchéed'aller à Odessa cet été.

De sa Bretagne, son père est là pour la ramener à certainesréalités: "il pense plus à ma retraite que moi et je mets 50 € decôté tous les mois sur un compte épargne logement". De lamême façon, la jeune Française cotise à hauteur de 100 €

mensuellement auprès de la Caisse des Français à l'étranger,qui joue le rôle de Sécurité sociale pour les expatriés.

Venue à Bucarest pour un intermède de quelques mois,Marion y est maintenant depuis quatre ans et ne sait pas quantelle rentrera: "Je me sens bien ici, même si il y a des choses quim'irritent comme la nullité des politiciens, le mépris de l'envi-ronnement". Son "exil" roumain lui a permis aussi de réaliserson rêve de petite fille: rencontrer et interviewer l'idole de sonenfance, Nadia Comaneci !

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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l De la Roumanie, je ne connaissais rien… sauf Nadia Comaneci"…Marion Guyonvarch, gymnaste quant elle était enfant, n'avait pour-tant pas choisi ce pays pour cette unique raison. A 24 ans, après des

études qui lui avaient mis un pied dans le journalisme, à Ouest-France, laVannetaise avait envie de voir le monde. Pas longtemps… un an peut-être, puisretrouver sa Bretagne natale. Ainsi avait-elle répondu à une petite annonce deRegard, la revue francophone de Roumanie qui cherchait un collaborateur.

Marion débarquait à Bucarest en décembre 2005, découvrant dans la grisaille del'hiver les rangées sinistres des blocs tristes alors que les lumières blafardes du jour s'es-tompaient laissant place à la nuit dès trois heures de l'après-midi. Vraiment rien pourdonner le moral… D'autant plus que la Bretonne recevait trois jours après son arrivéeune proposition de poste à la Réunion! Palmiers et couchers de soleils idylliques ne res-

teront qu'un rêve. Il lui fallait respecter lecontrat de deux ans de volontaire internationalequ'elle avait signé.

Ne parlant pas la langue, ne connaissantpersonne, le jeune femme connut de "grosmoments" de cafard. "A Quimper ou à Rennes,j'avais beaucoup de copains-copines, je sortaissouvent. Ici, je ne pouvais pas aller au specta-cle, au cinéma, je devais me débrouiller touteseule". Heureusement, parents et amis profitè-rent de l'aubaine pour venir la voir. En mêmetemps, Marion se mit au roumain, prenant descours. Au bout de six mois, çà allait déjà beau-coup mieux et son salaire de 1500 €, tout à faitconfortable pour la Roumanie, lui donna mêmele sentiment "de vivre comme une reine".

"Découvrir un pays et sa culture

en partant de zéro… C'est super excitant !"

Le déclic vint avec les reportages que Regard l'envoya réaliser à travers tout lepays. "En France, je ne voyageais pas trop en dehors de la Bretagne. Là, tout à coup,partant de zéro, je découvrais un pays et sa culture. C'était super excitant. J'ai com-mencé alors à vraiment aimer la Roumanie".

L'envie de France s'est peu à peu estompée. D'un retour trimestriel au bercail fami-lial, elle s'est réduite à deux ou trois aller-retours annuels: une dizaine de jours à Noël,deux semaines en été, histoire de ne pas oublier cette merveille de la nature qu'est legolfe du Morbihan, et pour l'anniversaire de ses parents. "Finalement, avec les low-cost,en passant par Beauvais, çà ne me coûte pas plus cher que si je travaillais à Metz ouPerpignan… et je vois ma famille aussi souvent". De son pays, Marion a bien quelquesregrets: ses proches, ses amis, la mer, les petits bistrots qui ont une âme, où elle aimaits'installer avec un bon bouquin devant un petit crème. "Et puis, les huîtres, les froma-ges, les gâteaux"… Ceci dit avec une telle conviction qu'on en culpabilise de ne pas enavoir ramenés.

La nostalgie s'arrête là: "Ici, ma vie est chouette !" s'exclame la Bretonne qui a trou-vé un petit appartement dans le centre, piata Rosetti, qu'elle partage en co-location avecun Français pour 250 € chacun. "J'ai plein d'amis roumains, je sors beaucoup. Paris,c'est formidable, mais c'est sans surprise, c'est mort. En Roumanie, c'est l'inverse: tutrouves toujours des gens, des choses, des situations inattendues". Et puis surtout,Marion fait ce qu'elle veut depuis la fin de son contrat de volontaire internationale. Elleest devenue journaliste indépendante, pigeant pour quelques revues ou médias français,l'Express, Ouest France, Le Parisien Libéré, Radio France International et bien sûrles incontournables Regard et lepetitjournal qui jouent le rôle de "foyer d'accueil" pourtout ce qui est journaliste et Français à Bucarest. "Je passe des magazines à la radio,

Jonas se plait beaucoup àBucarest. Il aime s'y promener,découvrir les coins cachés. La spon-tanéité qu'il y trouve lui fait oublier lasaleté, le bruit, le service désagréabledans les restaurants ou le manque depolitesse ambiant. D'ailleurs il n'ypense plus.

Et puis la Roumanie permet desescapades. A l'intérieur du pays, maisaussi par sa proximité avec Istanbul,la Serbie, la Bulgarie, la Grèce. Sonmétier et l’actualité l'ont conduitrécemment à Chisinau, en Moldavie.Le Grenoblois retourne deux fois paran dans sa famille. Il s'y surprend àavoir des comportements "roumains",se baladant avec beaucoup d'argentliquide sur lui, utilisant peu sa cartede crédit, et marchant au milieu de larue. Une habitude contractée àBucarest où les trottoirs sont encom-brés par les voitures. Jonas et Liviane songent pas à s'établir en France.Au contraire même. La crise ayantdégonflé une bulle immobilièredémentielle, le jeune couple envisaged'acquérir une garçonnière ou un petitdeux pièces à Bucarest, dont les prix,entre 40 000 et 50 000 €, sont rede-venus raisonnables. Un cuibusor cal-dut … un petit nid douillet, dit-on enroumain.

Comportement s roumains quant il revient en France

Au cours d’un reportage dans la valléede Prahova pour la Bretronne .

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Echanges Marion:

(suite de la page 47)

Le roi Albert et la reine Paola, aucours de leur visite en Roumanie(voir page 9) , ont tenu à saluer l'ac-tion d'OVR en se rendant à Cristian(Sibiu), parrainé par Louvain, l'un des350 villages roumains adoptés parune ville ou un village belge.

Crise

Emil Boc, le Premier ministre se rendchez son coiffeur à Cluj. Ce dernier lequestionne :

-Monsieur le premier ministre, com-ment çà va avec la crise?

-Bien, bien…Cinq minutes plus tard, le coiffeur

récidive:-Monsieur le premier ministre, com-

ment çà va avec la crise?-Bien, bien…Et rebelote un peu plus tard :-Monsieur le premier ministre, com-

ment çà va avec la crise?-Mais qu'est-ce qui te prend… çà fait

trois fois que tu m'embêtes avec la mêmechose ?!

-C'est que, Monsieur le Premierministre, chaque fois que je vous posecette question, çà vous fait dresser lescheveux sur la tête… et c'est plus facilepour moi pour les couper…

Envieuse

Fraîchement élue députée européen-ne, Elena Basescu revient chez sesparents après la première session duParlement.

-Alors comment çà s'est passé fifille?lui demande son père

-Très bien, la seule chose qui megène c'est que je suis la seule à me rend-re aux séances en Mercedes. Les autresdéputés viennent en tramway, même le

président !-Ah bon ! Mais çà c'est embêtant, je

vais voir ce que je peux faire…De retour à Strasbourg, la jeune

députée reçoit un mot de son papa :-Tu trouveras ci-joint un chèque de

un million d'euros pour t'acheter un tram-way.

Détresse

Alors qu'un incendie vient de détrui-re sa maison, un reporter trouve GigiBecali en sanglots :

-Qu'est-ce qui vous arrive Monsieurl'eurodéputé ?

-C'est pas ma maison, j'ai encore unedizaine de palais... mais ma bibliothèque.

-Vous allez vous en remettre !-Mais non, tout a flambé. Quel mal-

heur ! Qu'est ce que je vais faire mainte-nant à Strasbourg ? Je n'ai plus rien àcolorier !!!

Policiers oltènes

Un automobiliste oltène désireux devendre sa voiture colle une affichette surla vitre arrière avec son numéro de porta-ble. Alors qu'il conduit dans le centre deCraiova, il reçoit un appel:

-Allo, oui ! Qui est-ce ?-Ici la police, on est derrière vous,

rangez-vous immédiatement à droite...Vous êtes en infraction, vous n'avez pas ledroit de téléphoner en conduisant !

On a les moyens ou p as

Ion freine trop tard et rentre dans uncamion. Sa Dacia est emboutie par laMercedes qui le suivait, laquelle se faittamponner par un 4 x 4 dernier cri. Sonconducteur se lamente en regardant lesdégâts :

-Aï…Aï, çà va me coûter un maxi…Au moins quinze jours de mes rentrées!

-Et moi, rajoute le conducteur de laMercedes - enfoncée aussi bien à l'avantqu'à l'arrière - j'en ai bien pour un mois !

-Plaignez-vous! se désole Ion.Regardez ma Dacia… Elle est bonnepour la casse et j'ai mis dix ans à la payer!

Les deux autres chauffeurs serécrient d'un même cœur:

-Faut être fou pour acheter une voitu-re aussi chère !

Démonétisé

Au cours d'une visite officielle dansle pays, Basescu est abordé par une jeunefille qui lui demande cinq autographes :

-Pourquoi cinq ? s'étonne le président-Parce que comme çà je peux les

échanger contre un de Madonna !

Belle-mère

Le juge à Bula: -Pourquoi, tu n'es pasintervenu quand ton voisin s'est mis à bat-tre ta belle-mère ?

-J'y ai bien pensé, puis j'ai vu qu'iln'avait pas besoin d'un coup de main.

Humour Blagues à la roumaine

Reconnaissance royale pour OVR

"Ici, ma vie est chouette"

Infos pratiquesLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Voyages

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"Casa de schimb":

attention aux arnaques

Casa de schimb…Bureau de change. Il est difficile d'échapper à ces offi-cines au cours d'un voyage en Roumanie. Elles pullulent, dans les cen-tres villes, près des postes frontières, les lieux touristiques, et proposent

de changer vos euros pour rien. C'est-à-dire avec une commission de 0 %... dansla pratique, en fait, inférieure à 0,5 % par rapport au cours de la Banque nationa-le Roumaine. Rentable, si toutefois on prend quelques précautions.

Le premier réflexe du voyageur alléché par un taux de change avantageux est déjàde vérifier sur le panneau extérieur de la "casa de schimb", si la commission prélevéeest bien de 0 % ("Fara comision") et de le faire préciser avant de commencer la trans-action. Certaines officines affichent des taux intéressants, en mentionnant en petit qu'el-

les prélèvent 6-7 %, voire plus, sur les sommeséchangées… ou bien qu'ils ne sont praticablesqu'à partir d'un montant de plusieurs milliers d'eu-ros. Il est d'ailleurs recommandé de calculer à l'a-vance la somme que l'on doit recevoir et de lacomparer à celle proposée, en insistant bien surleur concordance.

La prudence s'impose d'emblée si la caissièrerépond indirectement à vos questions en indi-quant que les taux sont affichés, les montrantnégligemment du doigt. Il y a alors de l'embrouilledans l'air, en jouant justement sur la confusion

entretenue par l'affichage. Une des techniques les plus employées est d'indiquer au tou-riste qu'il a confondu le taux des chèques de voyage, beaucoup plus avantageux, maispresque plus utilisé, avec celui des devises. Il est fortement recommandé de ne sedébarrasser de ses euros qu'en dernier ressort, après avoir bien fait préciser et répéterles conditions de l'échange. Dans la mesure du possible, pour ceux qui ne maîtrisent pasla langue, il est recommandé de se faire assister par un ami roumain. Et, si on ne se sentpas en confiance, le mieux est de mettre fin à la transaction et de changer de boutique.

Si on a eu l'imprudence de signer un document sans le vérifier et d'y joindre sesbillets à travers la tirette en plexiglas qui sépare de la caissière, vous avez de bonneschances de vous être fait avoir. Vous aurez beau protester, réclamer le retour de votreargent… rien n'y fera, vous avez signé et il n'existe pas de possibilité de rétractation.Vous voulez parler au responsable ? "Comment lui parler ? Il est en Bulgarie !"… Cequi n'est d'ailleurs pas forcément faux, car l'un des spécialistes les plus connus de cesfilouteries, ayant pignon sur rue, au 24 du boulevard de la Révolution à Arad, mais aussià Timisoara et Cluj, est Bulgare. Si vous faites un scandale, deux impressionnants gar-diens viennent vous calmer. Alors… Appeler la police ? Elle ne bougera pas car l'acti-vité est légale, autorisée par la Banque Nationale, ce que d'aucuns appellent de la com-plicité institutionnelle.

Les mauvaises surprises peuvent être de taille, si on se réfère aux journaux locaux.Perdre une centaine d'euros sur les 500 qu'on voulait changer. Une Roumaine âgée a étéescroquée de 1500 € sur 7350, un de ses compatriotes de 800 € sur 3000…

426 inspections en un mois… 378 infractions relevées

Ces pratiques peuvent se retrouver à travers tout le pays. Les plaintes déposéesauprès de l'Office pour la Protection du Consommateur se comptent par milliers. Sur426 inspections effectuées en avril dernier, celui-ci a relevé 378 infractions à l'afficha-ge. Pourtant les autorités n'interviennent pas, comme si cette tromperie était légaliséedans les faits. L'OPC semble avoir baissé les bras, les médias ont cessé d'y faire écho,quant aux victimes, au bout de quelques jours, elles abandonnent. Le gouvernement acependant réagi en juillet dernier. Désormais, les "casa de schimb" sont tenues d'inclu-re les commissions dans les cours qui doivent être affichés en gros caractères !

Le premier souci de l'étranger quiarrive en Roumanie, c'est de chan-ger. Bien sûr pas à l'aéroport où lestaux pratiqués assomment les voya-geurs qui débarquent de l'avion sansconnaître les cours, sauf toutefoisune officine à Otopeni, l'aéroportinternational de Bucarest, un peuavant de passer le contrôle, où ilssont raisonnables et permettent dechanger une centaine d'euros sansse faire trop avoir… histoire de payerson taxi et sa première nuit d'hôtel enattendant le lendemain et les bureauxde change du centre-ville.

On se demande d'ailleurs pourquoicette arnaque institutionnalisée esttolérée dans tous les pays dumonde… hormis ceux qui, comme enMoldavie, conservent encore des pra-tiques héritées de l'époque commu-niste où les taux sont uniformisés àtravers tout le pays. Il est vrai qu'ilsse rattrapent dans d'autres domai-nes, les hôtels avec tarifs prohibitifspour étrangers par exemple et ceuxpour autochtones, technique qui n'acomplètement disparu de Roumaniequ'à la fin des années 90.

Alors changer aux distributeurs ?L'affaire n'est pas rentable. Il suffit deconsulter ses relevés de cartes decrédit au retour pour constater queles banques auront prélevé 6 à 7 %de commission… soit près de 200 €si on en a converti 3000. Ce n'estpas rien ! Si on veut éviter de passerpar les "casa de schimb" (bureau dechange), il ne reste alors qu'une solu-tion: les banques. Il suffit de calculerle taux de la commission - en général1 % - par rapport au cours officiel dela BNR. Là, l'opération est sansrisque et pratiquement sans perte.

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CHANGE*(en lei et nouveaux lei, RON**)

Euro 42 240= 4,24 RON

(1 RON = 0,23 €)

Franc suisse 27 739 = 2,7 RON

Dollar 29 620 = 3 RON

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*Au 30 août 2009 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIENuméro 55, sept. - oct. 2009

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94E-mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Laurent Couderc, Marion Guyonvarch,Arielle Thédrel, Jonas Mercier, Medhi Chebana, Abel Polese,

Elodie Auffray, Cornel Toma, Alexandra Stuparu, Mihaela Neamtu,Mirel Bran, Simon Roger, Gazdaru,Dodo Nita, Marc Semo, Vali,Fabienne Darge, Noël Tamini

Autres sources: agences de presseet presse roumaines, françaises,lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, LeCourrier des Balkans, sites internet,fonds de documentation ADICA.

Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg44 981 Sainte-Luce sur Loire CedexNuméro de Commission paritaire:

1112 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro: novembre

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Eviter aéroport s et distributeurs

Des panneaux incomplets ou gardes du corps peu

rassurants: attention danger !

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Dans la dernière quinzaine de décembre, d'immenses lettres s'af-ficheront une nouvelle fois sur le frontispice de l'Athénée deBucarest, l'antre de la culture roumaine où, depuis plus d'un

siècle, se donnent de merveilleux concerts et se produisent les plus bellesvoix du monde: "Craciun pentru toti"… "Noël pour tous". Trois mots pourrappeler aux habitants de la capitale que la solidarité est une exigence encore plus grande en cette période.

A l'origine de cette initiative qui remonte à plusieurs années, un septuagénaire français qui a bourlin-gué à travers le monde entier pendant des décennies pour poser finalement ses valises à Bucarest, en1995… ce qui ne l'empêche pas de les refaire à tout bout de champ, tant les années et les aventures accu-mulées n'ont pas altéré son énergie.

"Personne ne tendait la main à l'autre… c'était chacun pour soi"

Originaire de Fontainebleau, André-Pierre Szakvary a mené une vie sortant de l'ordinaire, n'hésitant pas à en changer complè-tement. A 45 ans, chirurgien orthopédique, supportant de plus en plus difficilement le stress procuré par les opérations qu'il effec-tuait sur les grands blessés de la route, le Français plaquait son métier pour entrer comme simple étudiant dans une "school busi-ness" américaine, afin de s'initier au marketing, au management et au commerce international.

Sa formation initiale lui ouvrait alors les portes des grands laboratoires pharmaceutiques qu'il représentait à l'étranger. Uneactivité qui n'était pas limitée à ce domaine, le transformant en "expatrié permanent" et le conduisant à vivre dans 22 pays diffé-

rents. S'occupant de la construction d'un hôtel pour invalides auxîles Canaries, il y rencontrera sa femme, d'origine roumaine, éga-lement sur place pour ses affaires.

Les années suivant la "Révolution" conduiront le couple àregarder vers Bucarest. Comme d'autres secteurs, l'industrie phar-maceutique roumaine entame alors sa privatisation, offrant despossibilités d'investissement aux firmes française. André-PierreSzakvary et sa femme y viennent étudier les opportunités, s'inté-ressant aussi à l'hôtellerie.

Les affaires ne sont cependant pas les seules préoccupationsdu Parisien. En Roumanie, il a vite mesuré combien un demi-siè-cle de communisme, succédant à un régime de nature fasciste a puabîmer ses habitants. "Personne ne tendait la main à l'autre.C'était chacun pour soi" se souvient-il, ajoutant "Enfants et vieuxétaient laissés dans leur misère et leur désespoir".

Un naturel chez les Roumains qu'il fallait réveiller

Pour André-Pierre Szakvary, l'urgent paraissait être de réveiller ce sentiment de solidarité autrefois si fort parmi les Roumains,de les sensibiliser aux problèmes de leurs compatriotes. La situation était loin d'être désespérée : dès qu'une catastrophe s'abat surle pays, ses habitants retrouvent leur grand cœur, emportés par des flots de générosité bouleversants quant on connaît leurs diffi-cultés quotidiennes. Les inondations à répétition des dernières années l'ont démontré, les plus modestes se montrant souvent lesplus prodigues. Il suffisait de les rappeler à leurs qualités naturelles.

Ainsi, à l'initiative du Français, chaque année, du 15 au 31 décembre, un grand sapin est installé à l'intérieur de l'Ateneum, enplein cœur de la capitale. Les Bucarestois sont conviés à venir y déposer jouets, jeux, friandises, vêtements. Une soirée de gala estorganisée, animée bénévolement par de grands artistes roumains, certains rentrés au pays pour l'occasion, à leurs frais. Les béné-fices et les dons sont ensuite répartis entre les institutions s'occupant des démunis. L'opération est recommencée, six mois plus tard,à la veille des vacances, notamment pour permettre aux enfants de Bucarest de partir au grand air.

Des sponsors se joignent à ces élans de solidarité (Air-France, Tarom) ou encore un des géants de la grande distribution, Cora,qui a rempli deux camions de produits de première nécessité, lors des inondations de 2006. Il n'y a pas un orphelinat de la capita-le ou de ses environs qui n'ait bénéficié de ces initiatives.

André-Pierre Szakvary puise son énergie et sa croyance en l'Homme dans un héro de son enfance: Tintin, dont il fait traduireet édite les aventures en roumain (voir pages 34 et 35). Toutefois, il n'a jamais eu l'intention de céder aux préjugés de Hergé et d'ar-rêter ses multiples activités en atteignant ses 77 ans.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

Le "Noël pour tous"

d'André-Pierre Szakvary

Après une existence passée à bourlinguer, les journées d’AndréPierre Szakvary sont bien remplies avec Tintin et son Noël pour tous.