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Après le Sahara et le désert de Gobi, Marc Vella, musi-cien nomade, était en Roumanie, en mai dernier. Avectoujours le même objectif: "dire 'jt'aime' au monde"

pour rapprocher les cultures. Conservatoire, prix de Rome…aurait pu entamer une carrière, jouer dans les plus prestigieusessalles de concert… il a préféré faire voyager son piano. Sur uneremorque dans un bus, une charrette… peu importe pourvu qu'ilpuisse partir à la rencontre des gens et leur "dire son amour".

"La musique permet aux cultures de se croiser, à l'amour de s'exprimer " confiait-t-il avantson départ pour la Roumanie, rééditant sa "caravane amoureuse" qui avait traversé le Marocavec succès, en 2004. Deux bus, quatre camping-cars ont embarqué 28 personnes, entre 7 et 75ans, partageant tous ce désir de rencontres et échanges. Oradea, le Maramures, Constantsa… cedrôle d'équipage s'est arrêté dans les villages et a repris la route après avoir clamé son amour àceux qu'il a croisés. Sur son site Internet (www.marcvella.com), Marc Vella nous raconte sa rencontre avec la Roumanie.

“Un accueil bouleversant, parfois émouvant jusqu'aux larmes”

"Et bien voilà, c'est fini. La Roumanie n'est plus qu'un souvenir. Incroyable ! Je me souviens encore de l'appréhension dudépart, l'attente, l'interminable attente jusqu'à l'impatience et c'est déjà loin derrière. Pfff ! Fugacité de nos vies. J'imagine que vousvoulez savoir comment c'était ? Eh bien, c'était géant, génial, puissant, grand, magique, féerique, hors norme, hors tout d'ailleurs...

C'était merveilleux. Imaginez un mois et demi de rires,de sourires, d'échanges forts, de partages et d'amitiésfugitives, de danses, de chants, de grands repas festifsdans des lieux sublimes avec un grand feu chaque soirrépondant au silence des étoiles... Imaginez l'inconnu,chaque jour renouvelé... Et puis nous avons bénéficiéd'une météo splendide. Deux jours de pluie en tout etpour tout, et le reste du temps, du soleil, parfois même unpeu trop chaud. Bien sûr, il y eut la fatigue, des petitsconflits, des rhumes, des ronfleurs, des quiproquos, maistout cela faisait partie de l'aventure.

La Roumanie est un pays extraordinaire, ses habi-tants sont plus qu'adorables et les paysages sont enchan-teurs, surtout le nord. Partout où nous sommes allés, nousavons été aimés, choyés, dorlotés. Un accueil boulever-sant, parfois émouvant jusqu'aux larmes.

“Nous avons rencontré un peuple bon enfant, aimant rire, s'amuserdanser et chanter, mais aussi travailleur, courageux, volontaire”

Avant de partir, la plupart des caravaniers avaient reçus de leurs amis, des mises en garde du style: "Méfie-toi des Roumains,ils sont tous voleurs, fais gaffe à la mafia, et puis y'a la grippe aviaire là-bas, et attention aux tziganes.... ".

Nous n'avons rien vu de tout cela, bien au contraire, nous avons rencontré un peuple bon enfant, aimant rire, s'amuser, danseret chanter. En plus de ces qualités, nous avons découvert que c'était un peuple travailleur, courageux, volontaire. Bien sûr, commepartout, il doit y avoir quelques escrocs et bandits, mais nous n'en avons pas vu, à moins que nous ne les ayons croisés un jour oùils étaient de repos.

En tout cas, nous avons tous reçu là une grande leçon de vie. Nous avions prévu 20 euros par semaine de budget nourriturepar personne. Nous n'avons pas dépassé les 30 euros par personne pour les six semaines qu'a duré notre voyage. Nous avons étéinvités partout. 28 personnes, et jusqu'à 33 même, invités par des familles peu argentées mais qui faisaient le maximum pour nouscontenter. Nous avons reçu là encore de grandes leçons sur l'hospitalité, l'art de l'accueil. En contrepartie, les caravaniers ont donnéle meilleur d'eux-mêmes, toujours disponibles, partageant leur art, leur cœur, en osant un "te iubesc" à chaque instant. Ce qui veutdire "je t'aime" en Roumain. De 5 à 75 ans, un morceau d'humanité vers l'humanité, tout aussi curieuse de nous que nous l'étionsd'eux. Cette caravane amoureuse, ce fut, ce fut, ce fut.... Inoubliable pour nous tous et tout ceux que nous avons rencontrés ".

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Iulia HasdeuNicolae GrigorescuFrancophonieAnghel SalignyDoina CorneaCommunicationSouvenirsTourismeHumeur, Humour AbonnementCoup de coeur

Numéro 38 - novembre - décembre 2006

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

La Roumanie s'apprête à sabrer le champagne. Sauf revirement de dernièreheure, elle aura rejoint l'Union Européenne au 1er janvier. Dix sept ansaprès la chute de Ceausescu, il s'agit d'un des plus grands évènements his-

toriques qu'ait connu ce pays, ancré enfin pour de bon au Vieux continent. Nombre deRoumains ne mesurent pas son importance, même s'ils y devinent l'occasion de sedébarrasser des grands maux qui les maintiennent dans une forme de sous-développe-ment balkanique, mâtinée de néo-communisme que les dirigeants qui se sont succédésdepuis la "Révolution" se sont montrés incapables de dépasser, les entretenant pourleur plus grand profit au détriment des intérêts de la population, gaspillant le temps.

Bien sûr, il existe aussi une part de rêve, celui d'accéder vite au confort dessociétés occidentales. Ce n'est pas aussi fou que cela, car la Roumanie dispose denombreux talents et son peuple d'indéniables qualités qui lui ont permis de survivredans l'adversité. Mais il faudra un peu de temps et les évolutions ne se feront pas aumême rythme pour chacun, engendrant des inégalités. Les premiers et grands bénéfi-ciaires seront les jeunes qui voient enfin s'ouvrir les portes leur permettant d'exprimerleur soif de vivre et de se réaliser.

L'année qui s'achève a été marquée par un autre événement, fin septembre: lesommet de la Francophonie, laquelle s'était donné rendez-vous à Bucarest, pour la pre-mière fois en Europe. La capitale roumaine s'est montrée à la hauteur de l'enjeu,accueillant sans anicroche un tiers des dirigeants de la planète, donnant l'occasion à laRoumanie de mettre en relief ses racines latines et le sentiment qu'elle conserve pour"sa grande sœur", qui a toujours su être à ses côtés dans les moments décisifs.

2006 a donc permis à la Roumanie de recentrer son action sur l'Europe, après lapremière année du mandat du Président Basescu, marquée par son tropisme pro-amé-ricain qui semblait l'éloigner du continent. Espérons qu'il ne s'agit pas d'un feu depaille.

Mais ces échéances roumaines interpellent aussi les Européens, au premier rangdesquels les Francophones. Les frontières qui s'effacent laissent place à de nouvellesbarrières ; celles d'un repli sur eux-mêmes et d'un rejet des autres, encouragés par despoliticiens démagogues. Les immigrés d'aujourd'hui ont remplacé "les Misérables"d'hier. “La France généreuse et éternelle” de Victor Hugo, chantée par la jeune poé-tesse Iulia Hasdeu, peut-elle encore se reconnaître ?

Henri Gillet

Les frontières s'effacentles barrières s'installent2

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La caravane amoureuse du musicien nomade

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Franc suisse 22 122 = 2,21 RONDollar 27 933 = 2,79 RONForint hongrois 133 = 0,013RON

(1 € = 263 forints)*Au 25 octobre 2006

Les NOUVeLLes

de ROUMANIeNuméro 38, nov-décembre 2006

Courant septembre, la Transnistrie, région séparatiste pro-russe de Moldavie(ex-URSS) a voté à 97,1 % en faveur de son indépendance, première étapeen vue de son rattachement à la Russie, un vote dénoncé comme une

"farce" par la Moldavie et rejeté par Bruxelles, mais que Moscou a qualifié de "démo-cratique". Le taux de participation s'est élevé à 78,6 % selon le président de la com-mission électorale locale lors d'une conférence de presse donnée à Tiraspol, "capita-le" de ce territoire. La victoire du"oui" ne faisait guère de doutedans cette enclave très majoritai-rement russophone, comprenant550 000 habitants.

En 1924, l'Union soviétiqueavait créé la République socialisteautonome de Moldavie sur lesrives orientales du Dniestr (Nistruen roumain). Staline avait ensuiteenvahi en 1940 la Bessarabie rou-maine (capitale, Chisinau), situéesur la rive occidentale, qui s'étaitrattachée à la Roumanie en 1918, après avoir fait partie du grand royaume deMoldavie de Stefan Cel Mare, quelques siècles auparavant, et avait unifié les deuxrégions au sein de la Moldavie au sein de l'URSS.

La Transnistrie a fait sécession en 1991, après l'éclatement de l'URSS et la pro-clamation de l'indépendance de la Moldavie, par peur d'une "roumanisation" entraînéepar celle-ci (3,5 millions d'habitants à l'époque), dont la population est au deux tiersroumaine. Un conflit armé, achevé en juillet 1992, s'est soldé par près de mille mortset l'intervention de l'armée russe. La Russie maintient depuis quelques 1400 soldatsdans la région, contre la volonté du gouvernement moldave qui ne reconnaît pas lasécession transnistrienne.

Dirigée par des réseaux mafieux

Le référendum récent, tout comme la "République" de Transnistrie, n'est pasreconnu par la communauté internationale et n'a donc aucune valeur juridique. LaRussie, qui n'a pas reconnu officiellement son indépendance, tout en la soutenantfinancièrement et politiquement, s'est abstenu de commenter la valeur juridique de cevote. Mais le chef de diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a souligné qu'il s'était déroulé"dans le respect de toutes les procédures " et l'a jugé "démocratique".

La Moldavie a condamné ce référendum, se gardant toutefois d'attaquer frontale-ment la Russie, accusée de soutenir les séparatismes dans les républiques ex-sovié-tiques jugées infidèles et trop tournées vers l'Occident. La Roumanie a elle aussiaffirmé ne pas le reconnaître et a réitéré son soutien à l'intégrité territoriale moldave.

Deux questions étaient posées aux électeurs, l'une sur la sécession et le rattache-ment à la Russie (97,1 % de "oui"), l'autre sur le retour dans le giron moldave(94,6 % de "non”). Ce référendum, le septième du genre depuis 1991, sert les intérêtsdu président Smirnov à l'approche de la présidentielle de décembre dans le territoireséparatiste, et ceux de la Russie qui conserve grâce à cette "république fantôme",située à moins de 700 km de sa frontière et de 100 km de la Roumanie, encastrée entrele reste de la Moldavie et l'Ukraine, un avant-poste aux portes de l'Union Européenne.Dirigée par des réseaux mafieux russes ou séparatistes, la Transnistrie est le théâtre detrafics en tous genres, notamment d'armes.

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901

Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94E-mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Karin Humbert, BernardCamboulives, Jean-Michel Corbet,Martine et Jean Bovon-Dumoulin,Nicolae Dragulanescu, LaurentCouderc, Léonard Pascanu, YvesLelong, Vali Ivan, Gazdaru..

Autres sources : agences de presseet presse roumaines, françaises etfrancophones, Lepetitjournal.comédition de Bucarest, télévisions rou-maines, sites internet, fonds dedocumentation ADICA.

Impression : Helio Graphic11, rue Louis Armand44 980 Sainte-LuceNuméro de Commission paritaire:1107 G 80172ISSN 1624-4699

Prochain numéro: janvier 2007

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Septième référendum depuis sa sécession avec la Moldavie

Après plusieurs tentatives vaines,les autorités néo-communistes mol-daves ont réussi à supprimer toutesréférences à la Roumanie et à laBessarabie dans les nouveaux pro-grammes d'histoire; celles-ci avaientété introduites après l'indépendancede la petite République, voici quinzeans, et l'éclatement de l'URSS. Ladiscipline intitulée "Histoire desRoumains", enseignée depuis cetteépoque, est remplacée depuis ledébut de l'année scolaire par un pro-gramme baptisé "Histoire Intégrée".

Le manuel a été conçu par un

groupe d'"historiens" proches du Particommuniste, en s'inspirant de l'ouvra-ge "Histoire de la Moldavie", écrit parle chantre du "moldovanisme", VasileStati, auteur d'un fameux dictionnaireroumano-moldave, tentant de montrerque les deux langues sont différentes.Il fait également référence à l'histoireuniverselle, façon soviétique: dans lechapitre sur la formation des peupleseuropéens, la Bessarabie n'est mêmepas évoquée.

Ce nouveau programme a provo-qué l'indignation de nombreux profes-seurs qui ne veulent pas enseignerune histoire falsifiée à leurs élèves.

Programme d'histoire"à la soviétique" pourles élèves moldaves

Pays fantôme, la Transnistrieveut être rattachée à la Russie

La Transnistrie a fait sécession de la Moldavie en1991, provoquant un conflit causant la mort de prèsde mille personnes, entraînant l’intervention russe.

Stefan cel Mare

CHISINAU

TIRASPOL

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Bucarest peutse réjouir: laC o m m i s -

sion européenne adonné son accord pourl'entrée de la Roumanie,ainsi que de la Bulgarie,dans l'Union au 1er jan-vier 2007. Toutefoiscette décision doit êtreavalisée par le sommeteuropéen des chefsd'Etat et de gouverne-ment qui se tiendra les

14 et 15 décembre prochains. Bien que l'optimisme soit demise, le suspense durera donc jusqu'au bout, cette instance, quia le dernier mot, ayant déjà pris des résolutions contraires auxrecommandations de Bruxelles… mais jusqu'ici toujours dansun sens plus favorable aux pays candidats. Ce fut ainsi le caspour la Grèce et le Portugal dont la Commission avait recom-mandé de retarder l'adhésion.

Bruxelles a assorti son feu vert de l'exigence de voir lesefforts entrepris dans plusieurs domaines, déjà pointés du doigtlors du rapport de mai dernier, se poursuivent. Bucarest etSofia seront donc sous haute surveillance après leur entréedans l'UE, même si les termes employés le disent avec plus dediplomatie.

La Roumanie doit notamment poursuivre la réforme deson système judiciaire, moderniser son secteur agricole et res-pecter les normes sanitaires animales. La lutte contre la cor-

ruption reste le souci principal, et Bruxelles insiste sur lebesoin d'instaurer une agence pour l'intégrité des responsablespolitiques. Par ailleurs, selon le rapport, des membres duConseil supérieur de la magistrature (CSM) sont encore sou-mis à des conflits d'intérêts dans leurs enquêtes. Concernantl'agriculture, la Commission demande une meilleure gestiondu territoire et des fonds alloués à ce secteur, ainsi que l'éradi-cation de la peste porcine. Enfin, comme dans le rapport demai 2006, le pays se doit de revoir sa collecte des impôts etdévelopper un système informatique plus performant.

Une surveillance étroite

Le Premier ministre roumain Calin Tariceanu a déclaréque "la Roumanie pouvait être fière de voir ses efforts enfinrécompensés et que la Commission allait suivre la Roumaniedans ses réformes comme elle le fait déjà avec d'autres paysmembres". Il a ajouté que la Roumanie devait "s'aligner sur lesnormes et le comportement européens".

De son côté, le président Traian Basescu a estimé que "leniveau de vie des Roumains n'allait pas changer en un seuljour"… "Les efforts doivent se poursuivre", a-t-il souligné. Eneffet, le dernier rapport indique que des clauses de sauvegardepourront s'activer après l'entrée dans l'Union. Une mauvaisegestion des fonds pour le développement rural entraînerait, parexemple, une réduction des aides européennes.

Le rapport réalisé par le député français Jacques Myardpour le Parlement européen, dont nous rendons compte dansles pages suivantes permet d'analyser les conditions dans les-quelles la Roumanie va rentrer dans l'Union Européenne.

Avec un solide sens de l'auto-dérision, et beaucoup d'humour, forçant aussisur la caricature, un journal de Bucarest a donné les conseils suivants à seslecteurs pour deviner s'ils étaient d'authentiques roumains * :

-Tout ce que tu manges a goût d'oignon et d'ail.-Tu cherches à recycler tous les emballages, que ce soit de fleurs ou de cadeaux

et bien sûr les feuilles d'aluminium; tes parents ne jettent rien, récupèrent tout et tu n'espas étonné de voir réapparaître des objetsque tu avais mis à la poubelle.

-Ta mère lave toutes les timbales enplastique, assiettes en carton, plie soigneuse-ment les sacs en papier pour les réutiliser,récupère après les achats les sacs pour enfaire des sacs poubelles.

-Dans les placards de la cuisine, ta mèrea fait un véritable musée de bocaux et autrerécipients en verre ou plastique vides.

-Arriver à une fête ou à une soirée avecune ou deux heures de retard, te paraît tout à fait normal, tout comme, quand tu t'envas, rester à faire la causette pendant une heure sur le pas de la porte avec tes hôtes.

-Tes rideaux sont en dentelle, les nappes de table en macramé, les tapis recouvrentchaque centimètre de la maison.

-Ta mère recouvre toujours d'une couverture usagée le canapé… pour ne pas salircelle qui est en-dessous.

-Ta mère te diras toujours que tu est trop maigre… jusqu'à temps que tu fasses 110kg. Quand tu cuisines, tu ne te sers jamais de balances. Tes parents te téléphonent,même si c'est au milieu de la nuit, pour te questionner sur ce que tu as mangé.

-A l'aéroport, on te reconnaît parce que tu restes planté à côté de deux énormesvalises, entouré d'innombrables paquets. Si tu pars en voyage, il faut au moins quecinq personnes t'accompagnent à la gare ou à l'aéroport.

-Tu ne téléphones jamais, autrement que localement, avant vingt heures. -Tes parents n'ont pas encore mesuré les progrès de la technologie et se croient

toujours obligés de hurler au téléphone. -Tes enfant portent une caciula (toque) et trois

pulls dès septembre… même s'il fait 25°, et si tuvois quelqu'un en culotte courte, tu penses qu'il esbon pour l'asile psychiatrique. Toi-même, tu nequittes pas ton pardessus de septembre à mai.

-Tu crois dur comme fer que la urda, lamamaliga (semoule de maïs), le parizer (morta-delle en forme de grosse saucisse), le telemea(fromage blanc) sont des grands classiques de lagastronomie internationale.

-Tu ne connais pas la moitié des invités de tonmariage.

-Si des étrangers viennent à la maison, tu te réjouis à l'idée de leur servir ta tsui-ca la plus forte, veillant à remplir sans arrêt leur verre.

-Quand au cours d'un repas tes invités te répondent "non" quand tu leur demandess'ils en veulent plus, tu prends un malin plaisir à entendre "oui" !

* Toute resemblance avec des personnes existantes ne seraient que pure coinci-dence. "Les Nouvelles de Roumanie" déclinent toute responsabilité au sujet desscènes de ménage que ce florilège aurait pu déclencher dans les couples franco-rou-main. Elles espèrent que leurs lecteurs roumains leur enverront un même état des lieuxconservant les nombreux travers qu'ils ont notés chez leurs amis francophones.

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Après le feu vert de Bruxelles, il ne manque plus que l'aval des chefs d'Etat et de gouvernementEurope

Le processus d'adhésion de laRoumanie à l'UE a commencéen 2000, l'UE publiant chaque

année un rapport sur son avancement. Lemanque patent de progrès avait conduitBruxelles à repousser de deux ans lescandidatures de Bucarest et Sofia, lors del'adhésion des dix nouveaux membres,survenue au 1er avril 2004.

2000: Pas d'économie de marchéfonctionnelle. Dans le rapport annuel, laRoumanie est considérée comme le seulpays candidat ne disposant pas d'une éco-nomie de marché fonctionnelle, capablede résister à la concurrence internationa-le. Elle est invitée d'urgence à entre-prendre la restructuration de ses grandesentreprises et de mieux surveiller la crois-

sance de l'économie souterraine.2001: La corruption. Non seulement

Bucarest ne remplit pas les critères éco-nomiques d'adhésion, mais l'accent estmis sur son niveau élevé de corruption.

2002: Menaces sur la liberté de lapresse. Mêmes reproches auxquelss'ajoutent l'inquiétude née des pressionsexercées par le pouvoir sur les médias.

2003: Corruption. Le rapport sou-ligne que ce phénomène affecte la sociétédans tous ses aspects et qu'il existe undécalage sérieux entre les décisions légis-latives et leur mise en application.

2004: Pressions du pouvoir. Malgréun lobbying intense à Bruxelles, le gou-vernement Nastase n'obtient pas la recon-naissance d'une économie de marché.

2005: Cartons jaunes et rouges.L'échéance dejanvier 2007 approchant,Bruxelles hausse le ton, montrant sonimpatience devant la lenteur des réformesen distribuant cartons jaunes et rouges àBucarest sur les chapitres concernant lacorruption, la sécurité alimentaire, lamauvaise utilisation des fonds de déve-loppement européens.

2006: Feu clignotant puis vert. Enmai dernier, Bruxelles radoucit son ton,n'infligeant plus que quatre cartonsjaunes à la Roumanie, de surcroît dansdes domaines techniques, l'invitant toute-fois à redoubler ses efforts. La décisionpolitique permettant son adhésion au per-mier janvier suivant semble alors avoirété prise.

Un long chemin de croix après avoir été recalée

Beaucoup de Roumains sontatterrés par le niveau intellectuel et lemanque de culture de personnalitésqui occupent le devant de la scène,les exemples les plus éloquents étantceux de Gigi Becali, ancien berger,patron du Steaua, fondateur d'un partipolitique, milliardaire et MarianVanghelie, maire d’un secteur deBucarest qui, selon les bonnes oumauvaises langues, ne passe paspour avoir inventé la poudre.

Les Roumains ont ainsi mis aupoint le Bécaloscope, appareil destinéà mesurer le degré de bêtise, selonles normes européennes ISO. L'unitéde base est le Bekal (Bk), l'unitésupérieur le Kilobecal (KBk) que le"maître-étalon", Gigi Becali, est leseul à avoir atteint pour l'instant.L'unité inférieure est le Vanghel(VG)… 1 Bekal équivalant à 10Vangheli.

“Ah ! voisin ! Que c’était bien d’entrerdans l’OTAN, on a eu trois jours

de congés. Avec l’’UE, on n’aura même plus besoin d’aller au travail !

Humour

Bula demande à son père :- Taticule, qu'est-ce que c'est les

fiançailles ?Son père se gratte la tête, à la

recherche d'une réponse :- Eh bien fiston, c'est comme ta

bicyclette. Tu as vu que je l'avaisachetée… mais tu n'auras le droit demonter dessus qu'à Noël.

Fiançailles

Bécaloscope

Entrée dans l'UE au 1er janvier prochain: Bucarest s'apprête à sabrer le champagne

Humeur Comment reconnaîtrequ'on est Roumain ?

-Combien de personnes travaillentdans ce bureau ?

-Avec le chef, cinq.-Donc quatre sans le chef ?-Ah ben non… quand le chef n'est

pas là, personne ne travaille.

Evidence

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

4

Actualité

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CHISINAU

CLUJ

“Moins dejournalistes battus”

TÂRGOVISTE

en étant membre de l’UE Jacques Myard: "La Europe

La Roumanie est sur le point d'achever son longprocessus d'adhésion à l'UE, qui devrait devenireffective le 1er janvier, à moins qu'un rebondisse-

ment de dernière heure ne la retarde d'un an, comme le pré-voit la clause de sauvegarde du traité d'adhésion. Dans sonrapport au Parlement européen, le député français JacquesMyard (UMP), tout en faisant l'historique de la candidature

roumaine se pose en ardent défenseur de celle-ci. Nous reprenons dans les pagessuivantes l'essentiel de son rapport, qui donne une vision parfois bien optimiste dela situation que les caricatures de Vali et Gazdaru corrigent.

“La demande roumaine a été déposée en 1995 et les négociations ont débuté en2000. Elles ont été clôturées en décembre 2004, puis le traité d'adhésion de la Bulgarieet de la Roumanie a été signé par les 25 chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Unionen avril 2005. Deux années plus tard, il est évident que la Roumanie a su répondre auxpréoccupations longtemps exprimées par les Etats membres et les institutions com-munautaires. Des progrès particulièrement sensibles ont été enregistrés en matière delibertés fondamentales et la seule persistance de problèmes d'ordre administratif nesaurait faire obstacle à une adhésion dès 2007, tout en sachant que cette date ne consti-tue qu'une étape et que la Roumanie devraaffronter un choc économique considérable.

En juin 1993, le Conseil européen deCopenhague a défini les critères politiques quedoivent satisfaire les pays candidats : ils doiventêtre parvenus à une stabilité des institutionsgarantissant la démocratie, la primauté du droit,les droits de l'homme, ainsi que le respect desminorités et leur protection. Depuis plusieursannées, les rapports de suivi de la Commissionde Bruxelles jugent que la Roumanie remplit cescritères politiques.

Des progrès incontestables

On doit souligner que des progrès incontes-tables sont unanimement reconnus en matière deliberté de la presse et de protection de l'enfance.Des évolutions très positives sont enregistrées, s'agissant de la réforme de la justice etde la lutte contre la corruption, de l'efficacité de la police des frontières et de l'inté-gration des Roms.

“Lors de l'examen du précédentrapport de la Commission européen-ne de Bruxelles sur la Roumanie,aumois de mars 2004, les critiques for-mulées à l'encontre de la Roumanies'étaient beaucoup appuyées surdeux thèmes: la situation des médiaset les adoptions.

Il est vrai que des violences phy-siques et des faits de harcèlementsur les journalistes étaient encoredénoncés par l’UE et des organisa-tions non gouvernementales.

S'agissant de la question trèssensible de l'adoption des enfantsroumains, la Baronne EmmaNicholson of Winterbourne, qui étaitalors en charge du suivi de l'adhé-sion de la Roumanie au sein duParlement européen, venait dedénoncer le non-respect du moratoi-re sur les adoptions internationales.

Aujourd'hui, dans ces deuxdomaines, fortement aiguillonnée parla pression internationale,laRoumanie a su mettre en œuvre lesmesures adéquates.

Le dernier rapport de suivi de laCommission européenne constate ,par ailleurs, que "la pression généra-le exercée sur les médias s'est relâ-chée et que les journaux sont demoins en moins politisés".

Le chef de la délégation de laCommission à Bucarest, JonathanScheele, a confirmé au rapporteurqu'il n'existait plus de violences phy-siques et que les journaux voyaientleur ligne éditoriale influencée beau-coup plus par les hommes d'affairesles finançant que par les autoritéspolitiques”.

S'il est un domaine pour lequel l'UE attendait l'engagement d'une véri-table réforme, c'est bien celui de la justice et de son corollaire, la luttecontre la corruption. Le rapport Myard, bien optimiste en la matière,

affirme que la Roumanie a répondu à cette attente, mettant en place les bases d'unejustice indépendante. Par ailleurs, elle aurait renforcé l'efficacité de sa police desfrontières et fait preuve de bonne volonté dans la lutte contre la criminalité.

“Une nouvelle législation adoptée à l'été 2005 garantit l'indépendance des magis-trats, dont on peut signaler que l'effectif, compris entre 6 000 et 7 000 juges, est dumême ordre que celui constaté en France, pour une population pourtant trois foismoins nombreuse que celle de notre pays. L'indépendance a été étendue aux magis-trats du Parquet, compte tenu du fait que ces derniers sont seuls en charge des pour-suites dans un système judiciaire ne comportant pas de juges d’instruction.

“Les magistrats

L'image des Français en Roumanie n'est plus cequ'elle était et l'histoire d'amour entre les deuxpeuples est bien ternie, si l'on en croit les commen-

taires des professionnels du tourisme qui recueillent lesréflexions concordantes de leurs guides et réceptionnistes surleur comportement quand ils sont en groupe, leur attribuant la2ème réputation la plus détestable, après celle des Israéliens.

"Ils ne sont jamais contents, trouvent toujours à redire, surla qualité de l'hébergement, des repas, des vins qu'on leur sert,des monuments qu'ils visitent. Il y aura forcément quelquechose qui clochera, même si à la fin, ils concèdent que c'étaitbien" confie Mariuca qui accompagne de nombreux groupes,ajoutant "C'est encore plus vrai pour les vieux".

“On a l’impression qu’ils cherchent la faille”

L'appréhension des guides roumains est telle qu'ils rechi-gnent à accompagner un groupe de Français; des jeunes filles,débutantes dans le métier, craquent et éclatent en sanglotsdevant l'accumulation de remarques mesquines, alors qu'ellesont tout donné pour satisfaire leurs clients. "Si dans un hôtel,on leur remet une carte électronique plutôt que la tradition-nelle clé pour ouvrir leur chambre, ils râleront. On a l'impres-sion qu'ils cherchent la faille. Quand le guide se tait dans lecar, c'est qu'il ne connaît rien; parfois, je ressens çà comme dela méchanceté" rapporte Anca.

"Même les Roumains donnent plus"

"Ils ne se rendent pas compte que la Roumanie, ce n'estpas la France" commente Jean-Michel Corbet, créateur del'agence Corbet Air-Travel, installée à Târgu-Mures. CeFrançais, impliqué dans le tourisme roumain depuis près dequinze ans, avoue avoir parfois un peu honte: "Nos compa-triotes sont radins à un point que c'en est choquant. Alors queguides et chauffeurs de car se décarcassent pour eux, lesaccueillent à bras ouverts, je leur remets à l'issue du voyagedes enveloppes contenant les pourboires à moitié vides. Ilsestiment que tout doit être compris. En rechignant, ils donne-ront 50 centimes d'euro par jour, alors que les autres touristesgratifient en moyenne d'un ou deux euros le guide et d'un eurole chauffeur. Cela nous fait une sale réputation, pire que celledes Ecossais. Même les Roumains, proportionnellement à cequ'ils gagnent, donnent plus ".

“Ils se croient supérieurs”

Un autre travers dérange Rodica, qui s'en montre meurtrie:"Les Français se croient supérieurs et pensent qu'ils saventtout. Ils arrivent avec leurs clichés, la Roumanie des chienserrants, des enfants abandonnés, des Tsiganes mendiants. Sion veut être bien avec eux, il faut leur tenir le discours qu'ilsattendent, cela les renforce dans l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes, et ils s'en contentent, alors que, par exemple, lesanglo-saxons, les Japonais se montrent curieux, veulent tou-jours en savoir plus, apprendre, découvrir".

“Pire que nous… il n'y a que les Israéliens”

Les autres touristes occidentaux ont une image bien diffé-rente. "Les Anglais sont considérés comme sympathiques,polis, généreux; avec les Italiens, c'est le foutoir, mais ils sontgentils. Les Espagnols ne sont pas très curieux, aiment faire lafête, apportent la vie et donnent volontiers. Les Allemands sontdisciplinés, ne posent pas de questions… ni de problèmes".

Les Australiens, les néo-zélandais, les Américains duNord et du Sud, les Mexicains, les Japonais se montrent ado-rables et simples. Bref, le mouton noir serait le Français… s'iln'y avait pas pire que lui encore, d'un avis généralisé à traversle monde, mais qui, pour être "politiquement correct" n'est pasévoqué: le touriste israélien.

Ce dernier ne dit rien pendant le voyage, mais, à son issue,les plaintes pleuvent: tout a été mauvais, le guide, le chauffeur,les visites, les hôtels, etc. L'attitude de victimisation est omni-présente, ils geignent ans arrêt, on les a volés… Et, il faut lessurveiller, au petit-déjeuner: tout ce qui est sur la table dispa-raît afin de ne pas avoir à dépenser pour les autres repas.

“En individuel, le Français c’est la crème”

L'attitude des Juifs venus d'autres pays, souvent en pèleri-nage pour la mémoire de leurs ancêtres, est aux antipodes. Ilssont respectueux, ouverts, curieux… Finalement un peu leportrait des Français voyageant individuellement: "Quelledifférence avec les groupes !" s'exclame Jean-Michel Corbet.

Enchaînant: "C'est la crème; ils viennent pour apprendre,ont préparé leur voyage, se montrent attentifs et attentionnés;quelque soient leurs moyens, c'est du haut de gamme de tou-ristes". Un lot de consolation ?...

Arrogants, radins, râleurs, "Monsieur je connais tout…

"Français, si vous saviez… ce que l’on pense de vous !"Humeur

Un Ardelean (habitant de Transylvanie), établi aux Etats-Unis, revient pour quelques jours dans son village natal. Il invi-te tous les habitants à une soirée, au centre culturel, pour parler de son expérience. A la fin, il remet à chacun une enve-loppe avec un billet de cent dollars. Même chose les deux années suivantes, au grand contentement de la population.

La quatrième année, après son intervention, il informe ses anciens concitoyens qu'il n'a glissé qu'un billet de 50 dollars, car il doitpayer les études universitaires de ses enfants, qui coûtent très chères aux USA. Vasile se penche alors vers Gheorghe et lui chu-chote à l'oreille: “Bah… il est gonflé. Il va s'en retourner pour que ses enfants rentrent à l'université avec notre pognon !”

Humour Gonflé

“Allez, journaliste, parle enfin, dis-nous qui t’a battu,sinon Monsieur

Nastase va nous mettre à la porte”.Gazdaru

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Ces progrès sont imputables à la volonté des autorités rou-maines d'adhérer au plus vite et dans les meilleures conditionsà l'Union européenne. Ils peuvent aussi être mis au crédit dutravail de la Commission européenne, qui a certainement faitpreuve d'un peu de zèle dans le suivi du processus d'adhésionde la Roumanie (ainsi que de la Bulgarie), mais qui, par làmême, a aussi aidé l'adminis-tration roumaine à identifier lessecteurs à problèmes et à sediscipliner.

Il est par ailleurs certainque la Roumanie pourra mieuxse réformer et progresser enétant membre de l'UnionEuropéenne qu'en étant main-tenue à l'extérieur. La pressiondes pairs et l'éventualité derecours en manquement sus-ceptibles de déboucher sur descondamnations devant la Courde justice des Communautéseuropéennes constitueront desérieuses incitations à évoluer et à combler les lacunes.

A titre d'exemple, le risque de voir la Commission, enqualité d'organe d'exécution du budget, refuser de débloquerdes crédits issus du budget communautaire si la Roumanien'offre pas les garanties nécessaires quant à sa capacité à lesdépenser correctement, conformément aux exigences de lapolitique agricole commune ou des fonds structurels, devraitconstituer un excellent argument pour améliorer les capacitésadministratives dans ces secteurs.

Le rôle essentiel de la France

Comme le faisait remarquer au rapporteur Vlad Iliescu,secrétaire d'Etat à l'intégration européenne au ministère de lasanté, on peut comparer la procédure d'adhésion avec le sportde haut niveau; l'entraînement ne suffit pas, pour donner lemeilleur de soi: il faut participer à la compétition.

Lorsque la Roumanie a fait acte de candidature à l'UnionEuropéenne, la France a été le plus ardent défenseur de cepays, avec lequel elle entretient depuis longtemps des liensétroits… même si Paris a semblé traîné la jambe dans la der-nière ligne droite, à la suite de l'échec du référendum sur laConstitution européenne, qui a beaucoup nui à son image à l'é-

tranger.. Le sommet de la fran-cophonie, qui s'est tenu àBucarest en septembre 2006,illustre l'importance des rap-ports culturels entre les deuxpays. Si la langue françaisearrive désormais en secondeposition dans l'enseignementroumain, elle n'en demeure pasmoins pratiquée par un quart dela population.

Il suffit pour s'en rendrecompte de puiser dans les écritsdu grand historien et écrivainroumain Nicolae Iorga: "Dansles grandes crises, où l'on

connaît mieux les sentiments des peuples comme des hommes,le cœur des Roumains battit toujours pour la France, laFrance dont il avait adopté toutes les institutions, toutes leslois." ou bien de s'en remettre au général Henri MathiasBerthelot, Chef de la mission militaire alliée en Roumanie,entre 1916 et 1918 qui, lors du passage d'un détachement rou-main pendant le défilé militaire du 11 novembre 1919 sur lesChamps Elysées, célébrant la victoire, s'exclama, à l'intentionde son voisin de tribune, le généralissime des armées alliées:"Foch, saluez ! C'est la famille !".

Faciliter l'entrée de la Roumanie dans l'Union Européenneest donc, logiquement et sentimentalement, une ardente obli-gation pour la France. L'adhésion au 1er janvier 2007 scellerases retrouvailles avec une nation qui par la culture et la géos-tratégie appartient incontestablement à l'Europe et plus encoreà " l'Europe des lumières " dont la France s'est fait le championau cours des siècles”.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Tourisme

ACraciunesti, nous sommes dans le village OVR le plus au nord de laRoumanie, au bord de la rivière Tisa qui fait frontière avec l'Ukraine. Ici,plus de portails sculptés, ni de grosses maisons au toits pentus, l'architec-

ture typique du Maramures a disparu, bien qu'on soit dans ce judet. Les maisons sontentourées de jardins fleuris, et semblent serrées les unes contre les autres, le long depetites rues en terre battue. Le temps semble suspendu et au bord de la rivière, uneimpression de no man's land donne un charme mystérieux à ces lieux. Pour trouvez lamaison de Vasile, c'est assez difficile car les habitants n'ont pas donné de noms auxrues, alors téléphonez lui avant d'arriver, il viendra vous chercher.

Craciunesti est une étape de repos bienvenue, si on vient de Bucovine avant desillonner le Maramures ou le contraire. La commune recèle des trésors merveilleux àdécouvrir avec Vasile Boiciuc. Ainsien est-il de la promenade au bord dela Tisa. En contrebas du village, cetterivière capricieuse modifie sanscesse son cours et fait perdrequelques hectares de territoire à laRoumanie au profit de l'Ukraine ! Sivous voulez, Vasile, d'origineUkrainienne, vous emmènera en voi-ture voir ses copains de l'autre côté.

A quelques centaines de mètres du village, la surprise est au tournant du chemin,niché dans les arbres, un touchant petit cimetière juif. Hier encore abandonné auxherbes folles, depuis 4 ou 5 ans, il est entretenu par un jeune Roumain. Maintenant ilfaut donner une obole pour le parcourir, les temps changent ! Ici, avant, comme àSighet, la communauté juive était importante, depuis elle s'est dispersée. Dans le vil-lage de Tisa au n° 312, dans une maison coquette, la plus étonnante des rencontres,vous attend, celle de Maria Pipas, membre de l'académie des arts traditionnels deRoumanie. Elle possède avec son mari un extraordinaire musée privé, résultat de 40années de recherches et de passion. Dans cette maison-musée, des objets rares d'artpopulaire de la région, mais surtout une collection inestimable de nombreusesdizaines d'œuvres de peintres et de graveurs roumains cotoient dentelles et servicesen porcelaine. C'est une visite fabuleuse et enthousiasmante d'autant plus que vousrencontrerez un couple charmant.

Fête romano-ukrainienne

Dans les environs, le visiteur trouvera largement son temps à employer, allant dedécouverte en découverte. Ainsi, à Rona de Jos, sur la colline, vous pourrez admirerune église en bois de chêne et un artisanat de costumes traditionnels. C'est le départde multiples balades sur les montagnes au dessus de la Tisa et aux confins de la sépa-ration des vallée de l'Iza et de la Rona. De nombreuses fêtes se déroulent dans larégion, dont celle de Sighetu Marmatiei, le 2ème week-end d'août, à l'occasion d'ungrand rassemblement romano-ukrainien, avec joutes sportives, danses, musiciens vir-tuoses du violon. Au total, un accueil chaleureux, dans un village sans histoire, où ona envie de retourner pour son charme indéfinissable, mais aussi pour aller voir, avecVasile, l'autre côté si proche, et certainement aussi, retourner voir M. et Mme Pipas !

Martine et Jean Bovon-Dumoulin

BUCAREST

ORADEA

SATU MARE

TIMISOARA

CLUJ

ARAD

LUGOJ

A. IULIA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

NADLAC

Roumanie pourra mieux se réformerAu pays où le temps semble suspendu

Afin que ces textes ne restent pas lettremorte, comme ça été le cas jusqu’ici, laministre de la justice, Monica Macovei,mène une politique très volontariste. Denouveaux juges et procureurs ont étérecrutés sur concours, tandis qu'une limi-te d'âge de soixante ans a été instituéepour écarter les magistrats les plusanciens, dont la formation et la probitélaissent parfois à désirer. Pour réduire les risques de corruption, unsystème informatique d'attribution aléa-

toire des affaires aux juges a aussi étéintroduit.

Ces efforts devraient se poursuivredans la durée puisque le budget 2006 dela justice croît de 12 % par rapport aubudget 2005 rectifié. En outre, laRoumanie a conclu un accord avec laBanque mondiale, afin de bénéficier d'unprêt de 110 millions d'euros, destinés à larénovation des bâtiments des tribunaux età leur équipement en matériels.

Le système n'est certainement pas

parfait - en France non plus, d'ailleurs - etil importe, en particulier, de réduire ladurée des audiences de jugement qui peu-vent s'étaler sur une année entière, voireplus, puisque le tribunal refait à cetteoccasion toute l'instruction du dossierexaminé.

Pour autant, il est évident que lesréformes commencent à produire leurseffets, comme l'illustrent les nouvellesorientations de la lutte contre la corrup-tion de haut niveau”.

à la probité douteuse écartés”

Craciunesti, étape bienvenue entre Maramures et Bucovine

Le Président Basescu, après la demande de Bruxelles d’accélérer la réforme de la justice: “Et maintenant je voudrais dire

aux juges et aux procureurs que le sort de la Roumanie se trouve entre leurs mains”. Vali

Deux sites importants de laRoumanie sont immédiatementaccessibles depuis Craciunesti.

A Sighetu Mamatiei, il faut prévoirla journée pour visiter le mémorialdédié aux victimes du communisme,le premier et le plus important réaliséen Europe de l'Est, à l'initiative d'in-tellectuels roumains emmenés parAna Blandiana… et sans l'aide dupouvoir de l'époque (les post-commu-nistes de Ion Iliescu et AdrianNastase), sauf pour payer le chauffa-ge ! Ici, comme à Auschwitz, lamémoire et le cœur saignent devanttant d'abominations. Mais aussi l'es-poir de renaître: il s'agit de la premiè-re réalisation de la société civile rou-maine et quelle réussite !

Le village de Sapânta (Satu-Mare)est un des sites touristiques les plusvisités de Roumanie. A l'entrée du vil-lage, tourner à droite, à 2 km à tra-vers la forêt, vous découvrirez unenouvelle église en bois dont le clo-cher est maintenant, paraît-il, le plushaut du Maramures ! Mais surtout,sur la rue à gauche du grand axe, lefameux "cimetière joyeux". Sur descroix au couleurs chatoyantes, durant40 ans, Stan Ion Patras a sculpté lavie et la mort de ses concitoyens.Souvent ironiques, ces images etleurs commentaires, sous forme depoème, retracent les qualités et lesdéfauts des défunts, du genre "J'aibien bu, trop aimé les filles…Regarde où çà m'a amené". La tradi-tion est aujourd'hui reprise parDimitru Pop qui travaille dans l'atelierde son maître, à côté de la maison-musée, à 100 m derrière le cimetière.Attention, les touristes affluent !

Le mémorial de Sighetet le cimetière joyeuxde Sapânta

qu'en étant maintenue à l'extérieur"

Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulinen commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des Villages roumains qui permetde partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs.Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse.

Joindre un chèque de 23,10 € (port compris) à son ordre.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

BUZAU

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PLOIESTI

CLUJ

IASI

“La Commission relève qu'unenouvelle législation sur les droits del'enfance et l'adoption est entrée envigueur en janvier 2005. Désormais,l'adoption internationale est stricte-ment réservée aux membres de lafamille de l'enfant, afin d'éviter lesdérives à caractère commercialconstatées par le passé. Cette posi-tion ferme de la Roumanie rend beau-coup plus difficile l'aboutissement desprocédures d'adoption préalablementengagées par une vingtaine defamilles françaises. Six d'entre ellesont d'ores et déjà vu leur dossierrejeté par l'office roumain pour lesadoptions en novembre 2005. Undossier a connu une issue favorable,mais la mère adoptive, de nationalitéfranco-roumaine, a réalisé l'adoptionen qualité de résidente en Roumanie.D'une façon générale d'ailleurs,l'adoption nationale est encouragée etplus de 1000 enfants ont pu êtreadoptés par des familles roumainesau cours des derniers mois.

Une autre évolution particulière-ment encourageante mérite d'êtresignalée. Dans ce pays où le nombred'enfants abandonnés à la naissanceavait une fâcheuse tendance à s'ap-procher de 4500 à 5000 par an, on aenregistré 1141 abandons seulementen 2005. Si selon la Commissioneuropéenne, "les conditions de vie sesont sensiblement améliorées et sontgénéralement convenables " dans lesinstitutions accueillant des enfants, lasituation dans les institutions pouradultes handicapés et les cliniquespsychiatriques demeure difficile”.

Lors d’un passage à Bucarest, Jacques Myard a été impressionné par lebruit fait autour de certaines affaires de corruption. Le rapporteur duParlement européen en a déduit que la lutte contre cette calamité était

bien engagée. Les Roumains, eux, pensent que le pouvoir fait beaucoup de vaguessur de petites affaires pour rassurer l’UE, les “gros poissons” passant toujoursentre les mailles du filet, la corruption étant généralisée au plus haut niveau.

“Pendant mon séjour à Bucarest, la vie politique roumaine a été dominée par ledébat à la Chambre des députés visant à autoriser une perquisition au domicile duPrésident de la Chambre - Adrian Nastase, ancien Premier ministre auquel la justicereproche notamment d'avoir fait construire un immeuble à un prix sous évalué etd'avoir, en échange,nommé le chef duchantier à un posteimportant au sein duministère des travauxpublics, où il pouvaitbéneficier de pots devin. Le vote a conduit àun rejet de la demandede perquisition, maisaprès un débat public ettransparent auquel lapresse roumaine adonné un large écho.De plus, dès que lesrésultats du vote ont été connus, la justice roumaine a annoncé que l'enquête se pour-suivrait. Quelques jours plus tard, Adrian Nastase était d'ailleurs contraint de démis-sionner de ses fonctions de Président de la Chambre et de Président exécutif du PSD.

Cette affaire est révélatrice du changement profond intervenu en Roumanie, quin'hésite plus à mettre en cause les plus hauts responsables politiques.

Le cas Nastase n'est pas un dossier isolé. L'ex-ministre de l'industrie, Dan IoanPopescu, a récemment été convoqué par le Parquet. Des enquêtes concernent égale-ment des membres de la coalition au pouvoir: sont ainsi visés George Copos, vice-Premier ministre chargé des PME et l'actuel Premier ministre, Calin Tariceanu.

Au dernier rang de l'UE

Dans son rapport d'octobre 2005, la Commission européenne se félicitait del'adoption récente de nouvelles lois concernant aussi bien la levée de l'immunité desanciens ministres que les déclarations de patrimoine des élus, mais elle insistait sur lapriorité à accorder à la mise en œuvre "rigoureuse" de la législation. Ce message amanifestement été entendu par les autorités roumaines. La société civile sait égale-ment utiliser les nouveaux instruments mis en place par la loi, comme l'illustre la cam-pagne de presse ayant suivi la mise en ligne obligatoire sur Internet des déclarationsde patrimoine des élus, dont l'un des aspects les plus retentissants a porté sur l'"héri-tage" d'un million d'euros légué à Adrian Nastase par sa vieille tante Tamara, qui deson vivant ne bénéficiait pourtant que d'une pension très modeste selon les investiga-tions des journalistes.

La principale institution en charge des poursuites dans les affaires de corruptionest le département national de répression de la corruption (DNA), qui dépend désor-mais du Parquet et qui, conformément au souhait exprimé par la Commissioneuropéenne, démontre "qu'il est pleinement capable de traiter de manière efficace desdossiers politiquement sensibles de corruption au plus haut niveau".

Hormis les affaires impliquant des hommes politiques, le DNA, qui ne s'occupeque des infractions les plus graves (les montants concernés doivent être supérieurs à10 000 euros), a ainsi renvoyé devant les tribunaux 64 personnes dans les mois ayant

“Environ 1100 enfants abandonnés en 2005contre 4 à 5000 auparavant”

PIATRANEAMT

CHISINAU

Europe ciel et terre pour pouvoir convoler… Georges Marchais et Giscard d'Estaing

Il fallut encore attendre quelques mois jusqu'à ce matin defévrier 1978 où je reçus un appel téléphonique du consul deRoumanie à Paris. Il avait un très fort accent et j'eus du mal àle comprendre. Il me proposa un rendez-vous à l'ambassade,rue de l'Exposition à Paris pour le surlendemain.

La bonne nouvelle devant une tasse de café

Le consul me reçut chaleureusement. C'est devant unetasse de café qu'il m'annonça la bonne nouvelle que nous atten-dions depuis un an et demi. Le Conseil d'Etat roumain avaitdonné son accord. Nous allions pouvoir nous marier. Il s'excu-sa des désagréments que l'on nous avait causés. Il me montra

les lettres d'in-tervention ennotre faveur qu'ilavait sorties d'unépais dossiernous concernant.

Paradoxe durégime... Je revisle consul lorsqueDoina alla sefaire enregistrer

au consulat, à son arrivée en France. Il est venu nous voir tou-jours aussi chaleureusement pour nous féliciter.

Avant Doina, j'avais donc été le premier informé. Dès lafin de notre entrevue, je me rendis dans un bureau de poste etje lui envoyais un télégramme pour la prévenir. Le soir même,je réussis à joindre des amis de Timisoara par téléphone pourleur annoncer la bonne nouvelle.

"Pourquoi choisir un Français…alors qu'il y a de si beaux et jeunes Roumains?"

Dès que Doina eût reçu le courrier officiel du conseild'Etat nous notifiant l'autorisation de mariage, je partis pourTimisoara. Il fallait battre le fer tant qu'il était chaud. En dixjours, les démarches étaient accomplies et, de ce fait, nousn'avons pas choisi la date: notre mariage eut lieu à Timisoara,le 1er avril 1978. Drôle de date: ce jour-là n'eut pas le goûtd'un poisson d'avril, bien au contraire…

Nous sommes allés ensuite à Bucarest à l'ambassade deFrance pour faire enregistrer notre mariage. Je constatais que,là aussi, un volumineux dossier avait été constitué sur monnom.

Au mois de juillet, je retournais chercher Doina. Elle avaiteffectué toutes les démarches nécessaires pour pouvoir quitterle pays. Nous avons franchi la frontière par la Yougoslavie auposte de Stamora Moravita.

Le flic, en contrôlant nos passeports, ne put s'empêcher dedonner à Doina une petite leçon de morale patriotique.Pourquoi se marier avec un Français alors qu'elle avait eu le

choix parmi tant debeaux et jeunesRoumains…

L'arrivée en You-goslavie fut pourDoina la découverted'un autre monde. Je larevois en train de s'extasier devant les vitrines et de son éton-nement devant celle notamment où des machines à écrireétaient exposées. La détention d'une machine à écrire enRoumanie, et plus largement dans tous les régimes commu-nistes, était strictement interdite.

Beaux-parents otages

Au terme de notre première année de mariage, en 1979,nous avons décidé d'inviter les parents de Doina à venirensemble nous rendre visite. Là aussi, nous savions que latâche ne serait pas facile. Il était très rarement accordé à uncouple en activité professionnelle de pouvoir voyagerensemble à l'étranger. A fortiori dans un pays occidental. L'undes deux époux devait rester au pays, en "otage".

Ce fut effectivement le cas pour eux. Seul mon beau-pèrereçut son visa de sortie.

L'année suivante, ce fut le tour de ma belle-mère. Ils sontvenus une seule fois ensemble, en 1987 lorsqu'ils furentretraités. Une autre fois en 1990 après la "révolution" mais là,les circonstances n'étaient plus les mêmes.

Quant au frère de Doina, il ne put jamais venir, malgréplusieurs invitations et une demande d'explication, à la suite deplusieurs refus, au consulat de Roumanie. Le régime roumains'asseyait royalement sur les fameux accords d'Helsinkiconclus en 1975 au cours de la conférence sur la sécurité et lacoopération en Europe et dont il était signataire. Ces accords,qui comportaient un volet surles libertés et les droits del'homme prévoyaient notam-ment que toutes les facilitésdevaient être fournies auxmembres d'une même famillepour pouvoir se rendre visite(voir encadré).

Et ce fut en septembre1979, lors de notre premiervoyage de retour, pour unevisite familiale, en Roumanieque l'on sentit s'amorcer les prémices des difficultés quiallaient amener la Roumanie sur le chemin de la misère.Lesautorités commencèrent à imposer un rationnement sur l'es-sence. Les touristes étrangers devaient s'approvisionner aumoyen de bons d'essence payables en devises (voir encadré).Nous étions à l'aube des années 1980, celles des années noires.

Yves Lelong (Article à suivre).

“Corruption:

Le président Basescu, embarqué avec sa ministre de lala Justice, Monica Macovei, et le représentant de l’UE: “CherMonsieur, j’en ai pris aucun, mais j’ai mis leurs nerfs à cran !”

Roumaine sous Ceausescu

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

En 1972, Yves Lelong, 21 ans, rencontre Doina, 20 ans, en même temps qu'ildécouvre la Roumanie. Les deux amoureux se marient en 1978, mais ce nefut pas sans difficultés… A l'époque c'était le sort réservé aux candidats au

mariage avec un citoyen ou une citoyenne roumaine. Aujourd'hui, ils sont parents dedeux grandes filles et retournent régulièrement dans ce pays. Après la période d'uneRoumanie relativement "heureuse" (1972-1976), Yves Lelong, concerné au premierchef, nous relate, à travers son exemple personnel, les péripéties rencontrées par lescouples mixtes pour avoir le droit de vivre ensemble… prémices à l'évolution qu'al-lait subir le pays, à partir de 1977, à la suite du voyage de Ceausescu en Chine et Coréedu Nord, et le conduire à la décennie de misère des années 80… Voici le troisièmevolet de ses souvenirs.

Grève de la faim pour certains amoureux

Il y avait beaucoup de domaines oùCeausescu ne facilitait pas la tâche de ses com-patriotes: pouvoir voyager, s'informer, s'expri-mer librement en étaient les plus criants… Maisil y en avait un autre qui nous concernait au plushaut point, ne relevait pas non plus de la sinécu-re et dont on parlait beaucoup moins. C'étaitcelui de pouvoir se marier avec un étranger.

Lorsque nous avons pris la décision de nousmarier, Doina et moi, nous ne partions pas enterrain inconnu. Nous savions que la tâche neserait pas facile. A cette époque, il y avait eu lecas rapporté par les médias d'un jeune Françaisen grève de la faim afin de pouvoir obtenir l'au-torisation de convoler avec sa fiancée roumaine.Et une jeune voisine de Doina avait été

confrontée à ces difficultés pour s'être mariée avec un Italien.

Autorisation du Conseil d'Etat et des parents… bien que majeure

Quelles étaient donc ces difficultés ? La principale d'entre elle était d'obtenir l'au-torisation du Conseil d'Etat roumain. Les autres se composaient de tous les petits à-côtés riches en tracasseries et désagréments de tout poil dont les autorités locales pou-vaient se montrer friandes. Et une incohérence: bien que majeure, Doina devait avoiraussi l'autorisation de ses parents.

Ce fut donc à elle de se charger des formalités administratives. Nous avons consti-tué un dossier qu'elle transféra au Conseil d'Etat. Puis, il fallut attendre…Longtemps…

Nous avons reçu une première décision au cours de l'été 77 soit un an après. Cefut un refus non motivé, bien entendu. Nous nous y attendions. Tout était fait pourdécourager les candidats au mariage.

Nous avons fait appel de la décision. A partir de ce moment-là, je décidais d'aler-ter tout ce que la France pouvait compter d'officiels et de personnalités susceptibles depouvoir nous aider. J'écrivis donc notamment à Valéry Giscard d'Estaing, président dela République, Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français,Lucien Gautier, sénateur et président du groupe d'amitié parlementaire France-Roumanie… Je relançais régulièrement l'ambassade de Roumanie pour connaître l'é-tat d'avancement de notre dossier. Invariablement, le réponse était: votre dossier est encours d'instruction.

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Actualité

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

MORAVITA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

SIBIU

suivi la publication du dernier rapport de suivi (entre le 30 sep-tembre 2005 et le 7 février 2006).Parmi ces inculpés, on recensenotamment trois juges du tribunal deBucarest.

La corruption existe malheureu-sement à tous les niveaux de lasociété roumaine. Selon l'ONGTransparency International,ce pays seclasserait en 85ème position à l'échel-le mondiale avec un indice de per-ception de la corruption de 3 en 2005,c'est-à-dire un ratio qui le situerait endernière position de l'Unioneuropéenne, derrière la Bulgarie(autre pays candidat, dont l'indice est évalué à 4), mais finale-

ment très proche de la Pologne (3,4). Même si ce type de clas-sement établi par une ONG doit êtremanié avec beaucoup de précau-tions, il témoigne d'une difficultéreconnue par tous en Roumanie etqui s'explique largement par lamodicité des salaires perçus, en par-ticulier par les employés du secteurpublic. Des efforts sont cependantengagés pour lutter contre ce fléau,notamment à l'encontre du personneldes douanes et de la police des fron-tières, qui fait l'objet de tests d'inté-grité et de contrôles inopinés (en2005, par exemple, 41 agents de la

police des frontières ont été renvoyés devant la justice)”.

Les accords d'HelsinkiLa conférence sur la sécurité et la

coopération en Europe débuta àHelsinki en 1973. Elle réunit 37 paysd'Europe, l'URSS, le Canada et lesEtats-Unis. Elle aboutira aux accordsd'Helsinki en 1975 qui reconnaissentles frontières issues de la secondeguerre mondiale, prévoyaient unecoopération économique et techniqueet affirmaient les libertés et des droitsde l'Homme. Ce dernier point servirade référence aux dissidents sovié-tiques. Les dirigeants communistespensaient avoir grugé les naïfs occi-dentaux en leur proposant un marchéde dupes. En fait, celui-ci se révèleratellement pervers pour ces régimesdictatoriaux qu'il contribuera, à terme,à leur chute. Tel était pris qui croyaitprendre...

x x x

“Le plein, s'il vous plaît”

Au début de sa mise en place, lerationnement de l'essence fut large-ment détourné par les touristes étran-gers. Les tickets d'essence, payablesen devises, qui leur étaient allouésne pouvaient être achetés que dansles offices de tourisme ou les grandshôtels. Le prix du litre était quasimentidentique à celui pratiqué à l'Ouestdonc beaucoup moins avantageuxque celui réservé aux Roumains,payables en lei.

Pour échapper à cette contrainte,il suffisait d'avoir recours à la bonnevieille pratique du bakchich. Un billetou un paquet de cigarettes occiden-tales glissés dans la main du pompis-te suffisait à obtenir un plein au tarifréduit. On pouvait donc se contenterd'acheter seulement quelques cou-pons à l'entrée dans le pays.

SIGHET

A. IULIA

les personnalités ne sont plus à l'abri”

Après son adhésion, laRoumanie aura à surveillerune frontière externe de

l'Union européenne qui - s'agissant dela frontière terrestre - concernel'Ukraine, la Moldavie, ainsi que laSerbie-et-Monténégro, note le rapport dela Commission.

“En 2003, en tant que rapporteurj’avais souligné les insuffisances de lapréparation roumaine dans ce domaine,en particulier le manque de personnelset de moyens matériels.

Deux ans plus tard, les informa-tions transmises par les autorités rou-maines, le représentant de laCommission à Bucarest, ainsi que pardes fonctionnaires français de la policeet de la gendarmerie participant à desactions de coopération bilatérales oumultilatérales, convergent pour constaterde nettes améliorations.

Les postes vacants au sein de la poli-ce des frontières sont désormais limités(87,6 % des effectifs sont pourvus à lafuture frontière extérieure de l'UnionEuropéenne) et les recrutements prévusen 2006 devaient permettre de pourvoir laplupart des postes vacants.

Selon les informations recueillies, lecontrôle à la frontière avec la Moldavieapparaît satisfaisant et la Roumanie a déjàvoté les dispositions imposant un régimede visa pour les ressortissants de ce paysà compter du 1er janvier 2007, ce quiconstitue un effort certain, compte tenudes liens étroits entre les populations

vivant des deux côtés de la frontière.En revanche, des difficultés ont été

signalées sur les points de passage avec leHongrie, où s'exercent la pression du fluxmigratoire vers l'Europe, et où la multi-plication des contrôles à réaliser réduitd'autant leur efficacité.

On peut certes indiquer que la

Hongrie n'est pas membre du systèmeSchengen, mais il semble que le contrôlede la frontière Schengen par l'Autrichesoulève aussi quelques interrogations.

La Roumanie dans l'Espace Schengen en 2010 ?

D'une façon générale, ces observa-tions renforcent le rapporteur de laCommission dans sa critique du systèmeSchengen, qui confond la liberté de circu-lation avec l'absence de contrôles interneset dont la centralisation complexifie latâche des services de police.

La Roumanie envisage pourtant derejoindre ce système Schengen à l'horizon

2009-2010. Cette perspective et, avantcela même, l'adhésion de ce pays àl'Union européenne, doivent conduire às'interroger sur l'impact éventuel de cesévénements sur la délinquance roumaineen France.

A cet égard, il faut rappeler que lesinterpellations de ressortissants roumains

sur notre territoire ont doublé après lasuppression des visas depuis le 1er jan-vier 2002.

Les points de vue exprimés par lesinterlocuteurs du rapporteur sur lesconséquences de l'adhésion sont néan-moins divers. Ceux qui pensent que ladélinquance risque d'augmenter fontnotamment valoir l'allégement descontrôles à la sortie de Roumanie et laplus grande difficulté pour opérer desreconductions à l'encontre de citoyens

de l'Union.Il semble donc nécessaire de déve-

lopper encore notre coopération policièreavec les autorités roumaines, qui d'ores etdéjà se montrent "hyper-coopératives".L'ambassade de Roumanie en France, parexemple, est de bonne volonté, ce quiexplique en partie le fait que lesRoumains constituent la nationalité ayantfait l'objet du plus grand nombre dereconductions depuis notre pays en 2005(3 511 reconductions de Roumains, soitune croissance de 38,5 % par rapport à2004).

Une grande partie de ces délinquantsarrêtés en France sont des Roms de natio-nalité roumaine”.

“Une efficacité accrue de la police des frontières”

Doina et Yves Lelong ont remué demandant même leur aide à

Souvenirs

Mariage à la

“Bon, mon cher Micky (ancien ministre appelé MickyBakchich), présumons par l’absurde que la corruption

soit éradiquée, comme disent les occidentaux. Je voudrais alors savoir qui conduira ce pays ?!” Vali

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

“Tsiganes: un problèmeEurope

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

PLOIESTI

ARAD DEVA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

SF. GHEORGHE

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

BISTRITASATU MARE

La situation des journaux s'améliore

Officiellement au nombre de 535 000 d'après le dernier recensement de2002, les Tsiganes de Roumanie pourraient en fait représenter 3 000000 de personnes, selon Mariea Ionescu, Présidente de l'Agence natio-

nale pour l'intégration des Tsiganes. Le rapporteur souligne que cette populationn'a jamais réellement pu s'intégrer.

“Soumise à un statut d'esclavage jusqu'en 1864, la communauté tsigane n'a pasconnu de véritables changements dans sa situation de fait après cette date et jusqu'à laseconde guerre mondiale où le gouvernement pro-nazi de Ion Antonescu a procédé àune déportation en masse des Tsiganes vers la Transnistrie, ce qui aurait entraîné lamort de 35 000 d'entre eux. Par la suite, le pouvoir communiste a mené une politiqued'assimilation forcée, tendant notammentà les sédentariser.

Aujourd'hui encore, les Tsiganes sedistinguent du reste de la population rou-maine, moins par l'usage d'une languespécifique ou par la religion (ils prati-quent habituellement la langue roumaineet sont majoritairement orthodoxes) quepar leur niveau de vie: 75 % des Tsiganesvivent en dessous du taux de pauvreté et52 % sont même en situation de grandepauvreté (pour la population roumaine ces taux sont respectivement de 24 % et de9 %). Ils se différencient aussi par leurs pratiques matrimoniales, 35 % des femmes semarieant avant 16 ans et, parfois, avant même d'atteindre leur 10 ans.

Dans le cadre des négociations d'adhésion, l'Union Européenne a beaucoup insistésur la protection et l'intégration de la minorité Rom. Une stratégie d'amélioration de lasituation des Tsiganes a donc été adoptée en 2001 et l'Agence nationale pour l'inté-gration des Tsiganes est chargée de la planification, de la coordination et du contrôledes mesures afférentes à cette stratégie, qui s'étend sur dix années.

Engagement insuffisant des autorités roumaines

Malgré son adoption relativement récente, cette stratégie commence à produiredes effets. La Commission note que "des avancées positives ont été réalisées dansl'amélioration de l'accès des Tsiganes aux secteurs de l'éducation et de la santé". Demême, l'avis consultatif adopté en 2005 au sein du Conseil de l'Europe observe queces mesures "commenceraient à produire graduellement des effets, dans les différentssecteurs - logement, emploi, santé, formation professionnelle". On doit ajouter que laminorité Rom bénéficie d'une représentation au sein du Parlement (cinq députés) etque, récemment, cinq policiers Tsiganes ont été recrutés par le ministère de l'intérieur,pour tenter d'établir une meilleure communication avec cette communauté.

Pourtant, la Présidente de l'Agence pour l'intégration des Tsiganes a déclaré aurapporteur ne pas être optimiste, regrettant que la stratégie soit essentiellementfinancée par des programmes communautaires, ce qui dénote un engagement insuffi-sant des autorités roumaines. Si une infime minorité de Tsiganes est parvenue à s'inté-grer et si une autre minorité vit de façon aisée grâce à des profits issus de la crimina-lité dans ce que l'on qualifie sur place même de "villages parcmètres" par référence àl'origine des fonds, il faut constater que la plupart d'entre eux continuent à être margi-nalisés et victimes d'exclusion sociale. Durement frappés par le chômage, vivant par-fois dans de véritable taudis, disposant d'un accès restreint aux services de santé, ilsfont souvent l'objet de discriminations et de racisme.

Le problème Rom n'est toutefois pas spécifique à la Roumanie. C'est en fait unproblème commun à l'ensemble des Etats de l'Union Européenne et la France sait parexpérience qu'il n'est pas facile à résoudre”.

“Membre de l'Union européenne,la Roumanie devrait recevoir environ31 milliards d'euros de fonds commu-nautaires pour la période 2007-2013,soit plus de 4 milliards d'euros par an.Par ailleurs, dès la première annéede son adhésion, elle devrait contri-buer au budget de l'Union pour unesomme approchant 1 milliard d'euros.

En principe, le bilan financier del'adhésion devrait donc être large-ment positif pour la Roumanie.Pourtant, les difficultés d'absorptiondes fonds de préadhésion fontcraindre un bilan bien moins avanta-geux et on évoque même le risque devoir la Roumanie être contributricenette au budget de l'Union en 2007.

Ce risque ne doit pas êtreexagéré, même s'il est exact que l'ad-ministration roumaine, accaparée parl'achèvement de la procédure d'adhé-sion, ne semble pas préparer suffi-samment de projets pour l'utilisationdes fonds structurels.

Des progrès sont néanmoins per-ceptibles. Les capacités administra-tives de l'Agence de paiements etd'interventions, responsable de lagestion des fonds communautairesalloués à l'agriculture, sont passéesde 16 employés à 1 047 personnesen un an et il est prévu d'atteindre uneffectif de 3 900 employés fin 2006.Dans ces conditions, la Roumanieserait aussi prête que ne l'étaient laPologne ou la Hongrie en 2004. PourJonathan Scheele, représantant del’UE à Bucarest, la capacité roumaineà utiliser les fonds structurels estbeaucoup plus positive aujourd'huiqu’endoctobre 2005, même s'il sub-siste encore des difficultés”.

“Un risque de devenircontributeur net au budget de l’UE”

Communication

Al'occasion de la Journée mondiale de la presse, le3 mai dernier, le Club de la presse roumaine aindiqué que les agressions envers les journalistes

en Roumanie ont continué en 2005. Par ailleurs, ce Club aaffirmé que les services publics de radio et de télévision res-taient sous la mainmise d'intérêts politiques, ce qui se vérifieaussi dans nombre de pays occidentaux.

Si pour Mircea Toma, le directeur de l'Agence de super-vision de la presse roumaine, interrogé par radioMIX, lesméthodes de manipulation sont aujourd'hui plus "sophisti-quées", de nombreux journalistes estiment que depuis

quelques années, mis à part des cas ponctuels, la situation dansle pays s'est bien améliorée.

"Il n'y a presque plus de "publicités gouvernementales",affirme Luca Niculescu, rédacteur en chef de Radio FranceInternationale Roumanie. Celles-ci permettaient de “récom-penser” les “bons journaux”. Aujourd'hui les publicités dansles médias sont organisées de façon transparente, et c'est unevictoire de la société civile. Le probléme actuel est la "tabloï-disation" de la presse roumaine, il y a beaucoup de titres et laqualité n'est pas toujours au rendez-vous".

(LPJ - Bucarest)

De retour au Québec, un jour-naliste publiait, voici unsiècle et quart dans L'opinion

publique de Montréal (n° daté du 25 jan-vier 1977), ses impressions de voyage enRoumanie, pays largement méconnu àl'époque et qui luttait pour arracher sonindépendance aux Turcs:

"A demi perdu au milieu des grandesnations slaves qui se disputent l'orient del'Europe, se trouve un petit peuple qui arelevé orgueilleusement le nom desconquérants de l'ancien monde. Cepeuple était resté presque inconnu jusqu'ànos jours, et il a fallu les graves événe-ments qui ont précédé la guerre deCrimée pour faire apprécier son impor-tance et apprendre à l'Europe que, par lalangue et l'origine, les Roumains sontaussi latins que les Espagnols et lesFrançais.

C'est un phénomène vraiment étran-ge et qui témoigne d'une singulière téna-cité chez le peuple roumain, qu'il ait pumaintenir ses traditions, sa langue, sanationalité au milieu des chocs violentsqui n'ont pas manqué de se produire sur

son territoire entre les ravageurs de touterace.

Depuis la retraite des arméesromaines, tant de bandes détachées dugros des envahisseurs goths, avares, hunset petchénègues, tant d'oppresseursslaves, bulgares et turcs ont successive-ment opprimé les paisibles cultivateursdu pays que leur disparition, comme racedistincte, aurait pu sembler inévitable.Mais en dépit des inondations et desremous de peuples qui ont, à diversesépoques, recouvert la population desDaces latinisés, ceux-ci, grâce sans douteà la culture plus haute qu'ils tenaient deleurs ancêtres et qu'ils gardaient à l'étatlatent, ont toujours fini par émerger dudéluge dans lequel on les croyait englou-tis. Les voici maintenant qui, dégagés detout élément étranger, se présentent aumilieu des autres peuples et réclamentleur place, comme nation indépendante !Ils justifient amplement leur vieux pro-verbe: Românul nu piere! ("Le Roumainne meurt pas ").

La Parisienne de l'Orient

En général, les Roumains de la plai-ne, et parmi eux principalement lesValaques, ont de beaux visages bruns, lesyeux pleins d'expression, une bouchefinement dessinée montrant dans le riredeux rangées de dents d'une éclatanteblancheur; ils se distinguent par la peti-tesse de leurs pieds et de leurs mains etpar la finesse de leurs attaches. Ils aimentà laisser croître leur chevelure, et l'onraconte que nombre de jeunes hommes se

font réfractaires au service de l'arméeuniquement pour sauver les bellesboucles flottant sur leurs épaules. Adroitsde leur corps, lestes, gracieux dans tousleurs mouvements, ils sont, en outre,infatigables à la marche et supportentsans se plaindre les plus dures fatigues.Ils portent leur costume avec une aisanceadmirable, et même le berger valaque,avec sa haute caciula ou bonnet de poil demouton, la large ceinture de cuir qui luisert de poche, la peau de mouton jetée surune épaule, et ses caleçons qui rappellentla braie des Daces sculptés sur la colonnede Trajan, impose par la noblesse de sonattitude.

Les femmes de la Roumanie sont lagrâce même. Soit qu'elles observentencore les anciennes modes nationales etportent la chemisette brodée, la veste flot-tante, le grand tablier multicolore où

dominent le rouge et le bleu, la résille d'oret de sequins sur les cheveux, soit qu'ellesaient adopté la toilette moderne, ellescharment toujours par leur élégance etleur goût. A ses avantages extérieurs, laRoumaine ajoute une intelligence rapide,une gaieté communicative, un esprit derépartie qui en font la Parisienne del'Orient".

En pleine guerre d'indépendance contre les Turcs un journaliste québécois découvrait la Roumanie

" Românul nu piere ! "... "Le Roumain ne meurt pas !"

à la dimension de l'Europe”

La conquète du fort de Grivita.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Le paysage médiatique du pays est partagé par quatre grands groupes depresse, "MediaPro", "Realitatea", "Grupul Intact" et le Suisse Ringier,sans qu'il soit possible de leur affecter un rang, tant leurs intérêts sont mul-

tiples. S'ils règnent sur lui, ces trusts n'en occupent cependant pas la totalité. Sont éga-lement présents en Roumanie, les groupes internationaux Springer, Lagardère,Edipress, Hearst, WAZ, Burda. Au niveau des télévisions, il ne faut pas oublier leschaînes TVR 1, TVR 2, TVR International et TVR Cultural. L'ensemble se répartit unmarché publicitaire annuel estimé à plus de 300 M€.

Détenu par Adrian Sârbu, "MediaPro", possède les télévisions "Pro TV"(330 000 téléspectateurs) et "Acasa" ("A la maison", 170 000 téléspectateurs), aveclesquelles il réalise un chiffre d'affaires publicitaire annuel de 80 M€, les radios "ProFM" (675 000 auditeurs), “Info Pro” (110 000), des journaux, "Gîndul", et maga-zines, plutôt dans le domaine économique, "Ziarul financiar", "Business Magazin","Maxim", "Playboy", "Apropo", "Promotor", "Descopera", "Target". Le groupeest également propriétaire de l'agence de presse "Mediafax", d'une imprimerie et desstudios de cinéma "MediaPro" de Buftea (banlieue nord de Bucarest).

Sa télévision, "Realitatea TV" constitue le joyau du groupe du même nom,acquis au fil des ans par Sorin Ovidiu Vîntu (90 M€ de chiffre d'affaires). Avec ses110 000 téléspectateurs, le poste est en pleine croissance et SOV s'efforce de débau-cher les plus grands noms du journalisme ou des présentateurs pour augmenter sonaudience. Son groupe comprend aussi deux radios, "Radio Guerilla" et "Total".L'acquisition du groupe "Academia Catavencu" lui a permis de mettre la main nonseulement sur l'hebdomadaire satirique du même nom et ses 420 000 lecteurs, maisaussi sur les magazines "24 Fun", "Bucataria pentru toti" ("La cuisine pour tous "),"Aventuri la pescuit" ("Aventures de pêche"), "Superbebe", "Tabu"… et l'éditionroumaine du "Monde diplomatique", considéré comme un mensuel gauchisant enFrance !

Dan Voiculescu, ancien "apparatchik" communiste, a constitué le groupe de pres-se sans-doute le plus important, baptisé "Grupul Intact". "Antena 1" constitue savitrine télévisuelle avec 270 000 téléspectateurs quo-tidiens, en prenant en compte seulement les milieuxurbains. Deux autres chaînes de télévision l'ontrejointe, "Antena 3" et "Euforia TV". Le magnatpossède aussi "Radio Romantic", mais il est égale-ment très présent dans la presse écrite avec"Jurnalul National", dont il a relancé la formule(800 000 lecteurs chaque jour) et le quotidien sportif"Gazeta Sporturilor" (615 000 lecteurs), lançant desmagazines comme "Tango" et "Top Gear".

Un Suisse dans la jungle

Le groupe suisse Ringier, spécialisé dans la pres-se écrite, présent dans onze pays et à la tête d'une centaine de titres, apporte un peu detransparence et de moralisation dans cette jungle… du moins l'espère-t-on. Plus grandtirage de la presse quotidienne roumaine avec le tabloïd "Libertatea" (un million delecteurs) qui a emprunté à la presse de caniveau anglaise ses scandales et paires defesses, il a également investi dans la presse dite de qualité, en rachetant le quotidien"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour", 620 000 lecteurs). Il possède aussi lequotidien sportif "ProSport" (480 000 lecteurs), "Capital", leader des publicationséconomiques, les guides de télévision "TV Mania" et "TV Satelit", et le seul journalgratuit roumain "Compact". Le groupe s'est également spécialisé dans la presse fémi-nine avec le mensuel "Unica", les magazines "Bolero", "Lumea femeilor" ("LeMonde des femmes"), "Bolero" et "Libertatea pentru Femei".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Le rapport de suivi de la Commission européenne asouligné les progrès intervenus en matière de res-pect des critères politiques en Roumanie, mais

aussi szes carences dans le domaine administratif. “On s'aperçoit que les principales difficultés subsistant

pour l’adhésion de la Roumanie sont essentiellement d'ordreadministratif, susceptibles de la pénaliser en pre-mier lieu et non pas ses futurs partenaires del'Union et qu'elles ne peuvent donc pas être invo-quées pour retarder l'adhésion de ce pays. il fautadmettre que les critiques les plus lourdes figurantdans les précédents rapports ont disparu et qu'il nesubsiste que des questions mineures que les auto-rités roumaines s'attachent à résoudre. On peut,d'ailleurs, se demander avec une certaine malicece que donnerait un rapport de la Commissionévaluant la situation d'Etats membres de l'Uniondepuis plusieurs décennies ...

Voici la liste des principaux problèmes que laRoumanie doit régler au plus vite, même si c'estaprès la date de son adhésion :

Lutte contre le piratage et la contrefaçon

En la matière, les structures administratives sont en placemais les capacités générales de mise en œuvre demeurentfaibles. La Commission souhaite donc un renforcement detoute urgence de la lutte contre le piratage et la contrefaçon.

Un plan d'action sur les droits de propriété intellectuelle etindustrielle est en vigueur depuis octobre 2005 et un servicespécifique du Parquet a été établi auprès de la Haute cour decassation et de justice en janvier 2006, regroupant dix procu-reurs. De même, un procureurspécialisé a été nommé danschacun des 41 parquets régio-naux.

Pollution industrielle:redresser vite le tir

La Commission note quela capacité d'octroi de permispour toutes les installationsindustrielles soumises à ladirective sur la prévention et laréduction intégrées de la pollu-tion (IPPC) représente un défimajeur, puisqu'en septembre2005, 13 permis intégrésavaient été délivrés sur les 716exigés à la date de l'adhésion.

A la suite de cette observa-tion, le gouvernement roumain a adopté, en novembre 2005,une nouvelle réglementation et a recruté du personnel.

Grippe aviaire: une réaction remarquable

Sur ce point, les critiques ne doivent pas être excessives.D'abord parce que la Roumanie a interdit la vaccination contrela peste porcine, conformément aux exigences européennes,depuis le 1er janvier 2006. Ensuite, car ce pays a eu le coura-

ge politique de fermer 161établissements de transfor-mation de viande animaledepuis septembre 2005 et94 unités de traitement dulait, soit respectivement 23% et 18 % du total des ins-tallations concernées.Enfin, la Roumanie qui, àce jour, est le pays européenle plus touché par l'épizoo-tie de grippe aviaire, a faitpreuve d'une efficacitéexemplaire dans la prise encharge de cette crise, souli-

gnée par tous ses partenaires.En dernier ressort, les difficultés signalées dans les quatre

secteurs précités relèvent toutes d'un même facteur, identifiédepuis de longues années : l'insuffisance des capacités admi-nistratives roumaines.

Plus de cent mille pages de réglementations à traduire…et à appliquer

L'adhésion à l'Union Européenne impose de disposerd'une administration efficace. Déjà parce qu'il faut traduire et

transposer dans le droit national les quelque 90 000pages que représentent l'acquis communautaire (aux-quelles s'ajoutent les 15 000 pages des arrêts "fonda-mentaux" de la Cour de justice des Communautéseuropéennes). Ensuite - et surtout - parce qu'il faut êtreen mesure de gérer au mieux les ressources communau-taires attribuées, dans un premier temps, au titre desaides de pré-adhésion, puis au titre des fonds structurels.

Pour l'heure, le bilan dressé par la Commissioneuropéenne n'est guère flatteur: "la fonction publique aencore un long chemin à parcourir avant de pouvoir êtrequalifiée d'apolitique et de professionnelle". Cetteappréciation globale mérite certainement d'être nuancée.Le chef de la délégation de la Commission à Bucarest aainsi fait part au rapporteur de son jugement positif surl'administration locale. Il existe également, au niveaucentral, des différences sensibles entre les ministères.L'adhésion peut d'ailleurs faire craindre le départ dequelques-uns des meilleurs agents publics vers les postesréservés au sein des institutions communautaires.

Le risque principal demeure néanmoins l'impossibilitéd'employer la totalité des fonds communautaires.

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Communication Quatre grands groupes de “Les problème administratifs contrarientl'adhésion, sans la remettre en cause”

Europe

(Suite de la page 43)

- Même sans savoir ce quecontient son dossier, et au nom dela présomption d'innocence, vote-riez-vous pour Mona Musca ?

- Il est bien entendu que je n'au-rais plus confiance. Mais de toutesfaçons je n'étais pas vraiment une deses sympathisantes, j'avais commeune intuition. Elle a beaucoup dequalités, mais le fait d'être aux côtésde M. Stoica**… Je voudrais bienvoir le dossier de Stoica.

- Vous pensez y trouverquelque chose ?

- Je ne sais pas, je soupçonne.Le PNL (Parti National Libéral) a faitbeaucoup de mal.

- Est-il trop tard pour démas-quer les anciens membres de laSecuritate et leurs collaborateurs?

- Il n'est jamais trop tard.Démasqués ils seront éliminés. Noussaurons qu'on ne doit plus les res-pecter et les gens se rendront comp-te qu'ils avaient cru des menteurs”.

* Ministre de la culture sous le prési-dent Constantinescu (1996-2000), égériedu combat pour les Droits de l'homme…et démasquée en août dernier, pour avoirété collaboratrice de la Securitate.

** Dirigeant du Parti National Libéral,qui vient de l’exclure de ses rangs.

(Rythme des réformes, en 2004) Bruxelles auPrésident Iliescu et à Adrian Nastase: “Maintenant,

il serait temps d’accélérer la cadence”. Vali

presse se partagent le pays

Le ministre de la Santé, le Président et le Premier ministre:

“Nous nous occupons de la réforme de la santé”... “Moi aussi”. Gazdaru

DoinaCornea

Page 10: OUMANIe · 2010. 11. 22. · 2 A c t u a l i t é Moldavie Les N OUVeLLes de R OUMANIe BUCAREST ORADEA BAIA MARE z z z TIMISOARA ARAD z SIBIU z z IASI BRASOV CONSTANTA CRAIOVA TARGU

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

43

Connaissance eet ddécouverte

manifestes de solidarité avec les ouvriers grévistes de cetteville. J'avais déposé les manifestes sur toutes les fenêtres del'Université, le soir vers 9 h 30, ainsi que sur le monumentsitué au centre ville et de l'autre côté de la rivière Somes, dansle quartier ouvrier.

- Votre fils vous accompagnait ?- Il a voulu m'accompagner. Lorsqu'il a su pour les mani-

festes, il m'a dit de ne rien faire, que personne n'allait soutenirles ouvriers en grève, et que c'était moi qui allais en pâtir. Nousnous sommes disputés. Il est parti et j'ai été heureuse qu'il nesoit pas mêlé à cette histoire. J'ai décidé d'y aller toute seule.Le soir, vers 9 heures, il est venu me voir, m'a prise par la mainet m'a dit "Allez ! On y va maintenant !" Il m'a obligé à mon-ter dans la voiture et tout à coup nous nous sommes sentis heu-reux ! Le bonheur de celui qui fait son devoir. Nous étionsdans un état d'exaltation, il nous semblait que la voiture volait.

Ne pas céder à la peur

- Ils vous ont arrêtée sur le champ ?- Le lendemain matin, le 19 novembre, un milicien et deux

secouristes nous ont emmenés, mon mari et moi. J'étais inquiè-te mais heureuse qu'ils n'aient pas arrêté mon fils. Je ne savaispas qu'ils l'avaient déjà emmené ainsi que ses beaux parents.Eux ont été relâchés, mais mon fils et moi n'avons été libérésque le 24 décembre. Ils nous ont gardé dans les locaux de laSecuritate. Ils avaient retrouvé 83 manifestes alors que j'enavais distribué 160, écrits sur des formulaires officiels, àl'encre de chine. Lors de l'enquête ils m'ont demandé de décla-rer que j'en avais distribué 83. J'ai répondu: "Monsieur lemajor, je ne peux pas mentir! D'ailleurs ce ne pouvait êtrequ'un nombre pair, rendez-vous compte". Et je n'ai pas cédé !

- Vous ont-ils frappée ? - Pas cette fois-là. Ils m'ont laissée 36 heures sans manger,

sans boire, sans dormir en m'interrogeant sans cesse. Je ne sen-tais pas la fatigue, la faim ou la soif. Je n'ai pas nié, mais j'aisoutenu jusqu'au bout que mon fils ne m'avait pas accompa-gnée. Ils ne m'ont pas battue durant ces cinq semaines. Maislorsque je suis sortie, un milicien m'a frappée. J'ai su, aprèsêtre rentrée chez moi, avec mon fils, que le milicien avait étérenvoyé.

Battue sauvagement pas les miliciens

- Saviez-vous que vous étiez en résidence surveillée ?- Nous nous en sommes vite rendu compte. Un jour j'ai

voulu aller acheter du pain. Le milicien m'a dit que je n'avaispas le droit de sortir de la maison. Je n'ai pas compris et j'ai faitun geste pour ouvrir le portillon. Il m'a pris par la main et m'afait tomber sur le sol en ciment de la cour. Je me suis relevéequatre fois de suite, essayant à chaque fois d'ouvrir le portillonpour sortir. Il m'a jetée à terre, m'a bourrée de coups de botte,à la vue des voisins. J'ai appelé une dame qui passait, unecliente de mon mari, mais elle a détourné la tête et passé sonchemin. Je ne sentais plus les coups. Lorsqu'on vous frappetrès fort, vous ne sentez plus rien.

Le capitaine Hertea - lequel était chargé de ma surveillan-ce - est arrivé, m'a jetée à nouveau par terre. Il m'a donné uncoup de poing dans la poitrine qui m'a coupé le souffle. J'avaisdes bleus sur les mains et sur les jambes, mon visage était ensang.

Quatre jours plus tard je me suis fait faire un certificatmédical que j'ai envoyé à Europa Libera. Dans le reportage, ilsont exagéré en disant que j'avais eu des points de suture, jen'avais aucune blessure ouverte, que des ecchymoses qui ontmis sept à huit mois pour disparaître.

Dénoncée par la famille et les amis

- Saviez-vous alors que des personnes de votre entoura-ge étaient des indicateurs de la Sécuritate ?

- Je m'en doutais, mais je ne savais pas qui c'était. Ce n'estque lorsque j'ai eu connaissance des 23 volumes du CNSAS(Conseil National d'Etudes des Dossiers de la Securitate) meconcernant, moi, mon fils et ma fille que j'ai su. On m'avaitdénoncée d'une façon ignoble.

- Voulez-vous savoir qui vous a dénoncée ?- Oui, pour ne pas accuser quelqu'un injustement. J'avais

soupçonné une de mes cousines, avec laquelle je n'étais pas entrès bons termes. Au CNSAS j'ai vu sa déclaration. On l'inter-rogeait à mon propos, et elle avait répondu: "Et alors, n'a-t-elle pas raison ?"

En rentrant chez moi je lui ai téléphoné pour la remercier.Par ailleurs, j'ai été dénoncée par des membres de ma famille,un cousin germain. Celui dont les déclarations m'ont fait leplus de mal a été un ami qui venait chez nous tous les deux outrois jours. Nous sommes toujours amis.

- Vous pouvez lui pardonner ?- Mais il n'avait pas dit de mal de mon mari, de ma fille

ou de mon fils. Il ne les a pas chargés. Il avait déclaré que j'é-tait fautive, que mes proches était devenus ce qu'ils étaientparce qu'ils souffraient. Il n'a pas dit du mal d'eux.

Sur moi il a révélé des détails intimes. Je ne lui ai jamaisavoué que je savais qu'il m'avait dénoncée. Il est vieux etmalade, tout Cluj le connaît. Comment pourrais-je le détruirealors qu'il a plus de 80 ans ?

"Il faut démasquer les informateurs pour se rendre compte qu'on a cru des menteurs"

- Considérez-vous que les informateurs ou ceux qui ontsigné des engagements, sont coupables?

- Je leur en veux à tous. Ils auraient pu ne pas signer. Lesplus coupables sont les officiers de la Securitate, qu'ils ait étédémasqués ou pas. Sans eux et leurs méthodes passives, quiattiraient les gens naïfs… L'entière Securitate était une policepolitique, cela ne sert à rien d'essayer de départager les bonsdes méchants. Je pense à Mona Musca*. Ce qui me gène cen'est pas ce qu'elle a déclaré, je n'ai pas qualité pour la juger.Je lui reproche d'avoir signé cet engagement. De plus, circons-tance aggravante, elle aurait du avouer et dire qu'elle regrettait.

(Lire page suivante)

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

10

Actualité

L'agriculture occupe 37 % de la population roumaine. On a même observéà la suite de la fin de la collectivisation et de la restitution des terres dansles années 1990 une augmentation de la population agricole liée à la fer-

meture de nombreuses usines, ce qui inquiète le rapporteur Jacques Myard. “Outre son importance en termes démographiques, l’agriculture roumaine se

caractérise par la coexistence, d'une part, de nombreuses exploitations (environ 4,5millions) disposant d'une surface moyenne de deux hectares et qui participent d'uneéconomie de subsistance ignorant parfois les échanges monétaires et, d'autre part, de23 000 exploitations couvrant à elles seules la moitié de la surface agricole utile, avecdes tailles variant de 400 à 10 000 hectares, voire 50 000 hectares pour l'une d'entreelles. Cette économie duale subira de plein fouet les conséquences de l'adhésionpuisque les droits de douane existant aujourd'hui - qui peuvent atteindre des taux de40 % - ou les contingentements seront sup-primés. Le choc ne touchera pas unique-ment les micro-exploitations. Les grandespropriétés, souvent gérées comme lesanciennes fermes d'Etat par des "directeursd'exploitation", souffrent, pour la plupart,d'une faible productivité. La Roumanie quiest le pays d'Europe centrale et orientaleayant expérimenté le plus grand nombre deréformes agraires depuis la fin de la domination ottomane, tente de faire face à cesdéfis en cherchant toujours à faire émerger une classe moyenne rurale.

Sept ans avant le libre accès au marché du travail de l'UE

Pour atteindre cet objectif, deux outils principaux sont utilisés. Il est d'abordprévu de verser une rente viagère de 100 euros par an et par hectare aux agriculteursde plus de 60 ans propriétaires d'une superficie inférieure à 10 hectares qui accepte-raient de vendre leurs exploitations à un autre paysan (la rente serait inférieure de moi-tié en cas de location). Il est ensuite proposé de dégager 200 millions d'euros destinésà être répartis sous forme de prêts à long terme par les banques, afin de surmonter lesdifficultés d'accès au crédit et de faciliter l'achat de matériels et d'animaux (ces fondsbénéficiant d'une garantie de l'Etat ne peuvent pas être utilisés en revanche pourl'achat de terres, sauf s'il s'agit de regrouper les terres d'une même famille).

L'agriculture roumaine devrait, en outre, profiter des aides liées à la politiqueagricole commune (PAC). On peut néanmoins s'interroger sur l'impact réel de cesaides compte tenu de la structure des exploitations du pays. Attribuées sur le seulcritère de la surface, elles vont pour l'essentiel être accordées aux propriétaires des trèsgrosses exploitations, avec une forte probabilité qu'elles ne soient pas réinvesties dansl'agriculture. Même si la population agricole est généralement âgée - la moitié a plusde cinquante ans et un quart plus de soixante-cinq ans - on peut supposer qu'une par-tie sera tentée d'abandonner la terre pour mieux vivre.

Cette situation peut provoquer une émigration. On constate déjà des mouvementsmigratoires vers l'Espagne et l'Italie en particulier, pour des séjours temporaires géné-ralement. Il faut rappeler qu'au cours des deux premières années suivant l'adhésion,les Etats membres appliqueront des mesures nationales, ou des accords bilatéraux,visant à réguler l'accès des travailleurs roumains à leur marché du travail. Ces dispo-sitions pourront être prorogées pour atteindre une période de sept ans au maximum.

Une autre alternative serait de pouvoir employer ces ruraux dans des entrepriseslocales. Or, l'attractivité économique de la Roumanie semble grevée par l'actuellerevalorisation du leu, la devise roumaine”.

BUCAREST

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“Dans cette phase de pré-adhé-sion, la Roumanie perçoit déjà d’im-portantes ressources provenant detrois instruments:

- le programme Phare (aides àcaractère institutionnel)

- le programme Sapard (dévelop-pement agricole et rural)

- le programme ISPA (infrastruc-tures dans les domaines de l'envi-ronnement et des transports).

Pour 2006, le montant total dubudget communautaire pour la Rou-manie est de 1,155 milliard d'euros.Or, il est tout à fait certain que toutcet argent ne pourra pas être utilisé.

En 2005, le taux de consomma-tion des crédits Phare a atteint 80 %,mais ce ratio n'était que de 20 %pour Sapard et seulement de 14 %pour ISPA.

S'agissant de Sapard, lescarences ne sont pas imputables auseul secteur administratif: une partiedes crédits ne peut être accordéeque si l'exploitant bénéficiaire contri-bue à l'opération pour au moins50 % du financement du projet, cequi se heurte aux difficultés d'accèsaux crédits bancaires (3 % seule-ment des crédits accordés par lesbanques privées sont destinés àl'agriculture)”.

Europe “Les paysans roumainssont les premiers exposés

et les plus vulnérables”

“Des crédits et aides inutilisés”

Page 11: OUMANIe · 2010. 11. 22. · 2 A c t u a l i t é Moldavie Les N OUVeLLes de R OUMANIe BUCAREST ORADEA BAIA MARE z z z TIMISOARA ARAD z SIBIU z z IASI BRASOV CONSTANTA CRAIOVA TARGU

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

42

Connaissance eet ddécouverte

- Quel a été votre première action concrète de protestation ? - En août 1982, j'ai pris mon courage à deux mains et envoyé une lettre à Europa

Libera. Je me rendais compte que notre problème était que nous n'avions plus lemoral, que nous ne remplissions plus notre fonction d'intellectuels. J'ai envoyé lalettre, m'adressant aux enseignants qui n'avaient pas renoncé à penser, les invitants àne pas conserver dans leurs tiroirs des livres qui en valaient la peine, de les donner àlire à leurs étudiants. Pour chaque lettre je payais 5.000 lei d'amende.

- Qu'est-ce qui c'est passé lorsque la lettre a été lue à la radio ? - Certaines fois le destin vous pousse dans la bonne direction. Comme j'étais peu-

reuse, je ne l'avais pas signée. Toutefois, pour l'authentifier, j'avais tiré un trait aprèsle texte et ajouté "Pour Europa Libera, Doina Cornea, assistante à la Faculté dePhilologie de Cluj". Ils ont cru qu'il s'agissait d'un pseudonyme et en ont donné lectu-re. Comme le texte n'était pas agressif, ne contenait pas de critiques contre le gouver-nement ou le régime, l'amende à payer a été de 5.000 lei, alors que je gagnais 2.000lei par mois. Si l'on payait dans un certain délai, elle était réduite de moitié, soit 2.500lei, l'amende minimum. Je m'étais habituée à la payer. La responsable de mon comp-te en banque me demandait "A nouveau ?", "A nouveau" répondais-je. "Et ça en vautla peine ?" "Ecoutez Europa Libera et vous en jugerez par vous même".

Le juge qui la condamne… lui envoie sa femme pour s'en excuser

- Vous n'aviez pas peur ?- Je vivais en état de stress. On me surveillait, ma fille ne pouvait plus rentrer au

pays. Après chaque lettre, mon fils était interrogé par le représentant de la Securitatede son entreprise, lequel lui demandait de me convaincre d'arrêter. Mon fils était mariéet avait deux enfants, et sa famille - sa femme - n'était pas d'accord avec ce que je fai-sais. Mon mari souffrait de ne plus voir notre fille … Il était contre moi à cette époquelà, mais par la suite il m'a soutenue.

- Combien de lettres avez-vous envoyées ?- 31 jusqu'en 1989. La peur disparaît lorsqu'on voit qu'il ne se passe rien. Je les

écrivais à la main et les envoyais à ma fille, en France. Elles couvraient différentsthèmes: lettres de protestation, lorsque j'ai été renvoyée de l'Université de Cluj, puissur la possibilité d'une renaissance spirituelle de notre peuple.

- Quand avez-vous été renvoyée de l'université ?- En 1983, en janvier. J'ai été convoquée par le doyen alors que nous étions enva-

cances. Personne n'avait voulu me dire de quoi il s'agissait. Tout le monde était au cou-rant. Quelle hypocrisie ... On m'a reproché d'avoir dit à mes étudiants de ne pas croi-re ce que leur disaient les professeurs, que nous ne pouvions pas leur servir de modè-le, d'être différents de nous, que l'économie de notre pays était basée sur le mensonge,tout comme l'enseignement.

- Personne n'a pris votre défense ?- Mon mari, qui était avocat, a porté l'affaire devant le tribunal pour abus de pou-

voir. Une collègue à la retraite s'est proposée à témoigner. Elle a très bien parlé durantle procès, en demandant : " La vérité n'aurait-elle pas sa place dans notre sociétésocialiste ? " Le procureur a conclu que je devais être renvoyée. La sentence avait étédécidée avant le procès. Par la suite, le juge a envoyé sa femme chez moi pour medemander des excuses en son nom. J'ai été retenue durant cinq semaines dans leslocaux de la Securitate.

Le bonheur de faire son devoir

- Quand avez-vous été arrêtée pour la première fois ?- J'étais retenue après chaque lettre, durant cinq à six heures. Mais je suis restée

enfermée plus longtemps après Brasov, en novembre 1987, lorsque j'ai distribué des

Le 6 août 1990, Doina Cornea acrée, à Cluj, le Forum DémocrateAntitotalitaire de Roumanie, premiermouvement d'opposition démocra-tique, donnant naissance, par lasuite, à la Convention Démocratiquede Roumanie (CDR) qui sera à labase de l'élection du premier prési-dent démocrate de la Roumanie,Emil Constntinescu, (2000-2004) Ellea été membre fondateur, entreautres, du Groupe pour le DialogueSocial, de l'Alliance Civique et de laFondation Culturelle "Memoria"…c'est à dire de la grande majorité desmouvements authentiquement démo-cratiques.

La plupart de ses conférences,tenues en Roumanie et à l'étranger,ont été rassemblées et publiéessous le titre “Une culture pourl'Europe de demain”, “Le nouvelaréopage”, “Mission”, “Quellesécurité en Europe à l'aube duXXIe siècle?”, “Europe: les che-mins de la Démocratie”, “PolitiqueInternationale”, “L'amitié entre lesPeuples”, etc.

Doina Cornea est l'auteur deLiberté ? (Éditions Criterion, Paris1990 et Ed. Humanitas, Bucarest1991), Lettres ouvertes et autrestextes (Ed. Dacia de Cluj en 1991),La face cachée des choses (Ed.Dacia de Cluj).

L'inlassable dissidente a été dis-tinguée de nombreuses fois: le prixThorolf Rafto (Norvège 1989), DoctorHonoris Causa de l'Université Librede Bruxelles (1989), officier de laLégion d'Honneur (France 2000),Grande Croix de l'Etoile Roumaine(2000).

Créatrice du Forum démocrate

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

11

Actualité

Depuis novembre 2004, la Banque nationale deRoumanie a abandonné sa politique de déprécia-tion administrée du change du leu, au profit

d'une politique de ciblage de l'inflation. On a alors puconstater une rapide appréciation de cette monnaie, dont letaux de change est passé de 4,10 lei pour 1 euro fin 2004 à3,5 lei pour 1 euro au 1er novembre 2006.

“Cette évolution de la monnaie, conjuguée aux haussesdes tarifs énergétiques, a provoqué une perte de compétitivitéexterne de l'économie roumaine” note le rapporteur. “Plusieursindicateurs l’illustrent :

- le ralentissement de la pro-duction industrielle (+ 2 % seule-ment en 2005) en particulier dans lesecteur du textile (- 16 % dans ceseul secteur) où la hausse desimportations chinoises et turquesdémontre la réduction des avan-tages comparatifs de la Roumanie;

- le creusement du déficit cou-rant qui s'élève à 9,4 % du PIB en2005;

- la constatation des premièresdélocalisations vers l'Ukraine decertaines entreprises du secteurinformatique.

La Roumanie conserve néanmoins quelques atouts. La

réforme fiscale adoptée en janvier 2005 et visant à instituerune "cote unique" de 16 % pour l'impôt sur le revenu et l'impôtsur les sociétés participe ainsi à son attractivité, puisque cetaux d'imposition est sensiblement inférieur à la moyenneconstatée dans l'Union Européenne pour la fiscalité des entre-prises (31,4 % dans l'Union Européenne à 15 et 27,4 % dansl'Union à 25). Si la revalorisation du leu n'est pas encore dis-suasive pour les investisseurs étrangers, il importe toutefoisque les autorités roumaines surveillent étroitement ce facteurde compétitivité et veillent, par ailleurs, à accélérer les

dépenses d'investissements d'infra-structures. Il est certain, parexemple, qu'une autoroute transver-sale reliant Constanta, sur la MerNoire, à Oradea ou Arad, à la fron-tière avec la Hongrie, favoriseraitgrandement le développement de cepays.

D'une façon générale, pour faireface aux conséquences de l'adhé-sion, la Roumanie devra - selon l'ex-pression de Vasile Puscas, vice-pré-sident de la commission parlemen-taire pour l'intégration européenneet ancien négociateur en chef -

"dépasser une frontière de mentalité politique, en transfor-mant les acquis techniques en attitude politique générale".

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

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PITESTI

BISTRITA

CLUJSF. GHEORGHE

Le Président Basescu et ses promesses : “Vous voyez quevous commencez à bien vivre. Il ne s’est pas passé un an

et déjà vous déménagez dans un quartier chic”. Vali

“Le renforcement du leu conduit aux premières délocalisations vers l'Ukraine”

Europe

Le 1er janvier 2007 ne serapas une fin, mais une simpleétape dans le processus

d'intégration de la Roumanie à l'UE,comme le souligne Jacques Myard.

“Depuis 2004, la Commissionreconnaît que la Roumanie satisfaitau critère d'économie de marchéviable. De bons résultats macro-éco-nomiques ont été enregistrés: lacroissance du PIB a atteint 8,3 % en2004, avant de retomber à 4 % en2005 en partie à cause des impor-tantes inondations subies par ce pays.Le taux officiel de chômage est d'en-viron 6 %; l'inflation a chuté à 8,5 %après avoir atteint des taux supérieursà 40 % jusqu'en 2000. On peut souli-gner que le constructeur Dacia,appartenant au groupe Renault, a réa-lisé sa première année bénéficiaire en2005 après cinq années de pertes, grâceau succès commercial du modèle"Logan" lancé en septembre 2004.

Pour autant, le PIB par habitant n'é-tait, en 2004 que de 31,3 % de la moyen-ne de l'Union européenne à vingt-cinq enparité de pouvoir d'achat. Le salaire men-suel moyen est annoncé à 290 euros, mais

le salaire minimum dans le textile est fixéà 90 euros. Un haut responsable de l'op-position confiait au rapporteur que 60 %

des revenus de son couple étaient consa-crés au paiement de sa facture de gaz.

Il faut préciser que l'économie sou-terraine est estimée à 50 % du PIB offi-ciel, que la demande est soutenue par les

capitaux envoyés par les nombreuxexpatriés en Espagne, en Italie ou enIsraël (3,7 milliards d'euros en 2005pour la partie transitant par le systè-me bancaire) et que 97 % de la popu-lation est propriétaire de son loge-ment. En 2007, la Roumanie devradonc montrer qu'elle est capable derésister aux pressions concurren-tielles au sein de l'UE.

Les difficultés seront grandespour les 1 100 entreprises qu'il a étéimpossible de privatiser jusqu'à pré-sent. Le choc sera surtout rude pourle secteur rural particulièrementvulnérable. Par ailleurs, la revalori-

sation de la monnaie nationale fait planerune menace sérieuse sur les perspectiveséconomiques de la Roumanie”.

“L'adhésion n'est pas tout… Il faut ensuite pouvoir suivre”

(Le tropisme pro-américain du Président Basescu)“Quand il se sera endormi, je t’attends au bord de la

Mer Noire; tu sais que ce lieu m’excite. Surtout ne te fais pas de soucis... Tu verras que comme

amante je serais encore plus appétissante”. Vali

Page 12: OUMANIe · 2010. 11. 22. · 2 A c t u a l i t é Moldavie Les N OUVeLLes de R OUMANIe BUCAREST ORADEA BAIA MARE z z z TIMISOARA ARAD z SIBIU z z IASI BRASOV CONSTANTA CRAIOVA TARGU

contenu de la lettre, mais lorsqu'il entendit citer le nom de l'au-teur à la fin de la lecture il devint vert: c'était le mien. Moi nonplus je n'en croyais pas mes oreilles. Je n'aurais jamais penséque la radio allait révéler mon nom. J'appris par la suite qu'ilsavaient pensé qu'il s'agissait d'un pseudonyme". "Que faisons-nous maintenant ?" me demanda mon époux. Et je répondisque nous devions continuer à faire ce que nous faisions dansles années 80". Doina Cornea envoya quelque 30 lettres àradio Europe Libre et au Conseil Européen.

Surveillée 24 heures sur 24

"Après cette première lettre - raconte-t-elle - je fus inter-rogée par la Securitate. Au début ils furent assez corrects, cequi me redonna courage, mais j'appris vite ce qu'il en était. Jene devais pas leur dire tout à fait la vérité, et ne pas leur men-tir tout à fait mais rester quelque part entre le mensonge et lavérité. Ce qu'ils voulaient avant tout c'était de connaître l'iden-tité de la personne qui acheminait mes lettres vers l'Occident.Il s'agissait de Gilles Bardy un professeur français qui ensei-gnait à l'Institut de Philologie de Cluj. Il prenait un grandrisque, car il ne disposait pas d'immunité diplomatique".

Durant ce temps, les lettres de Doina Cornea furent large-ment diffusées dans la presse occidentale, ce qui la protégeaquelque peu des foudres de Ceausescu et de la Securitate.

"Je n'aurais pas pu faire grand-chose sans l'aide desambassades étrangères. L'ambassade de France m'a beau-coup aidée. Chaque mardi je devais les appeler pour confir-mer que j'étais toujours en vie. C'était une sorte de garantiequi me permit de continuer mes activités".

Surveillée 24 heures sur 24, en résidence surveillée danssa maison, arrêtée, interrogée jour et nuit, et gardée dans leslocaux de la Securitate, Doina Cornea ne cessa pas ses acti-vités de résistance. En 1984 les autorités l'autorisèrent à aller

voir sa fille en France, mariée avec un Français et établie dansla région de limoges. A la grande surprise de la Securitate, ellerevint en Roumanie et continua à dénoncer les abus du régime."Je me disais que si j'arrivais à faire comprendre ce qui sepassait à seulement cinq personnes, cela en valait la peine".

"Les Roumains n'ont pas réussi à accepter leur faute collective"

Douze ans après la chute de Ceausescu, la propagande du"nouveau" régime essayait encore de ternir l'image de DoinaCornea. On pouvait lire dans les journaux "Doina Cornea veutvendre notre pays aux étrangers" ou bien "Doina Cornea aacheté l'Usine d'Automobile Dacia" ou encore "Doina Corneaessaye d'affamer les ouvriers". Même après la mort du dicta-teur, les anciens dissidents restent gênants, car non seulementle nouveau régime en quête de légitimité, mais égalementtoute une société refuse toujours de se regarder dans le miroirde son propre passé.

"Les Roumains n'ont pas réussi à accepter leur faute col-lective. C'est parce que tout a un prix et que peu de gens sontprêts à payer ce prix. J'ai surtout confiance dans les ouvrierset les paysans. Même aujourd'hui, les intellectuels roumainsrestent snobs. Ils n'adresseront même pas la parole à unouvrier qui n'a pas lu Kant " explique Doina Cornea.

Pour mobiliser l'opinion, le CNSAS (Conseil Nationald'Etudes des Dossiers de la Securitate) a mis sur pied unereconstruction de l'univers de la Securitate. On peut y voirentre autres un uniforme de secouriste. A sa vue les visiteursréagissent violemment. Certains crachent dessus, d'autres uri-nent sur le vêtement. "Mais nous avons-nous même crée notreidole, par notre peur - s'exclame Doina Cornea - se référant àCeausescu. Ce qui me fait le plus de mal c'est que tout lemonde, n'importe qui, aurait pu faire quelque chose ".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Emil Boc (leader du Parti démocrate du président Basescu), MirceaGeoana (président du PSD, Parti social-démocrate des anciens commu-nistes, créé par Ion Iliescu) et Corneliu Vadim Tudor (le Le Pen roumain,

chef du Parti de la Grande Roumanie) -ces deux derniers dans l’opposition - attendentau tournant Calin Popescu Tariceanu, Premier ministre, dirigeant du Parti NationalLibéral, au pouvoir avec le PD. Tous ces membres de l’ancienne nomenklatura - àlaquelle appartenait aussi Tariceanu - ainsi que le Président Basescu, espèrent sedébarrasser de lui, mais ne veulent surtout pas provoquer de vagues et donner l’im-pression d’instabilité politique à Bruxelles avant que l’UE ne donne son feu vert àl’adhésion de la Roumanie, lequel était espéré en mai dernier mais est toujours atten-du, du moins officiellement. Voici les traductions des “bulles” de la page 13:

1-Comment çà va Calin, tu as fait ton testament... c’est demain que l’UE annon-ce la date d’adhésion !

-Je ne réponds pas aux provocations !2-Vadim et moi nous sommes tant “émotionnés” que nous sommes bien décidés

à déposer une motion de censure dès l’annonce de l’adhésion.3-Calin, qu’est-ce qui s’est passé ? Je n’aime pas du tout ta mine !?4-Demain, l’UE annonce l’adhésion et après demain, on me fout à la porte !5-Tu ferais mieux de te coucher, j’ai le préssentiment que çà ira mieux demain !6-Bonne nuit et fais de beaux rêves !7-(Geoana) Calin, tu as entendu parler de la nuit des longs couteaux ?-(Vadim Tudor) moi je serai direct et sans savon !8-(Boc) Moi je serai plus subtil, car nous sommes alliés !-(Le président Basescu, la main sur l’épaule de son ami Gigi Becali, démagogue

et “grand vizir” du Steaua Bucarest qui se lance dans la politique, lui rappelle “lebon vieux temps” où Vlad Tepes - alias Dracula - faisait empaler les occupants turcs)Moi non, tu as bien entendu parler de Vlad Tepes ? Et bien maintentant tu entendrasaussi parler de Gigi Dracula !

9-(Tariceanu s’adressant à Bruxelles) Non, non ! Je vous implore ! N’annoncezpas la date de l’adhésion !

-Calin, qu’est ce qui se passe ? Tu as fait un cauchemard ? !-Et quel cauchemard !10-(Après la visite en Bulgarie, au mois de mai, du Président de la Commission

Européenne Manuel Barosso et de son commissaire chargé de l’élargissement del’UE, Olhi Rehn, qui ont constaté avec effarement l’état de son impréparation, alorsque jusqu’ici c’était la Roumanie qui était dans le collimateur de Bruxelles ) Tu as vuchéri, tu t’es fait du mauvais sang pour rien. Ce sont nos voisins bulgares auxquels tune pensais pas qui te sauvent !

-Je savais bien qu’on avait de bons voisins !-(La télévision) Et la date d’adhésion, on va l’annoncer en octobre...11-(Dans l’avion ramenant les deux dirigeants européens à Bruxelles) Vous pen-

sez, Monsieur Barosso qu’on a bien fait d’annoncer le report de la date d’adhésion enoctobre ?

-Bien entendu, cher Monsieur Rehn, vous ne voyez pas quel calme il y a mainte-nant à Bucarest ?!

(Un calme appelé à durer jusqu’à la mi-décembre, date du sommet européenqui décidera finalement de la date d’adhésion, que l’on estime être un secret dePolichinelle, les jeux semblant être définitivement faits pour l‘entrée de laRoumanie dans l’Union Européenne dans quelques semaines. Le jeu de massacreentre les politiciens roumains pourra alors reprendre tranquillement au premierjanvier).

Le projet de budget approuvé parle gouvernement prévoit un déficitbudgétaire de 2,8% du produit inté-rieur brut (PIB) pour 2007, en accordavec les critières de l'Unioneuropéenne qui demande aux paysmembre de ne pas dépasser 3% dedéficit.

La croissance économiquedevrait atteindre 6,4% et le PIB, pourla première fois, s'établir à plus de100 milliards d'euros. Quant au tauxd'inflation, tombé sous la barre des6% à 5,48%, il devrait se stabiliserautour de 4,5% en 2007. En présen-tant le budget, le Premier ministreCalin Tariceanu a précisé que l'agri-culture, les infrastructures, la santé,l'éducation et la protection socialedisposeront des budgets les plusélevés.

La Roumanie de ValiPolitique

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

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GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJ

PLOIESTI

CAMPULUNG

Un budget adapté aux normeseuropéennes

Songe d’une nuit de mai... ou l’entrée de la Roumanie dans l’UE

dissidente a compris ce qu'était la liberté et a décidé d'entrer en résistance

j'appelais l'ambassade de France que j'étais encore en vie "

Un journaliste roumain a, der-nièrement, interrogé longue-ment Doina sur son combat

de dissidente, qu'elle fut bien seule àmener à travers le pays. Il raconte:

"J'avais trouvé Doina Cornea dans lejardin de sa petite maison de Cluj, àl'ombre des cerisiers que citaient lespoètes durant les années de résistanceanticommuniste. Elle nous a fait entrerdans ce logement qu'elle habite depuis sixdécennies. Dehors c'était la canicule, àl'intérieur il faisait froid et humide. Elle a

allumé le feu, a couvert ses épaules d'unchâle - " Je suis terriblement frileuse ! A78 ans…" - et s'est assise dans un fauteuilentouré de piles de journaux.

En ces temps où l'on relativise le mal,j'ai tenu à rappeler ce qu'avaient signifiéla "Securitate" et le communisme. Aubout de quelques heures de conversationj'avais compris que le tout premier secretdu régime avait été la terreur ".

- A quand remonte votre résistancecontre le régime ?

- Le premier pas est de croire en cer-

taines valeurs, savoir ce qui est impor-tant, et ce qui l'est moins : ni la voiture, nila maison, ou l'argent, mais la vérité, lajustice, le bien.

Si vous n'arrivez pas à déterminercorrectement l'échelle des valeurs, vousne pourrez jamais vous lancer, car vousaurez peur. Peur pour la voiture, la mai-son, votre travail ou je ne sais quoi enco-re. Je me suis entraînée. On n'a plus peurà partir du moment où la vérité devient lapremière des valeurs.

(Lire page suivante)

"Tout Cluj connaît mon dénonciateur, mais comment pourrais-je le détruire alors qu'il a plus de 80 ans et est malade ?"Le préfet de Timisoara, Ovidiu

Draganescu, a procédé à la révoca-tion du maire de Iecea Mare, unecommune du judet. Il a justifié sadécision en invoquant le fait queDimitru Campoies, l'élu en question,ne s'était pas rendu à la mairiedepuis six mois, la loi prévoyant que,dans ce cas, un maire peut êtredémis de ses fonctions.

Dimitru Campoies était en congémédical, avec un handicap de grade2, avec une maladie définie par lesmédecins comme relevant de… "l’é-litisme chronique".

Un maire révoquépour "élitisme chronique"

Page 13: OUMANIe · 2010. 11. 22. · 2 A c t u a l i t é Moldavie Les N OUVeLLes de R OUMANIe BUCAREST ORADEA BAIA MARE z z z TIMISOARA ARAD z SIBIU z z IASI BRASOV CONSTANTA CRAIOVA TARGU

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

FOCSANI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJP. NEAMT

Depuis deux ans les Roumains sont auto-risés à consulter les 1,8 millions de dos-siers - lesquels mis bout à bout s'étire-

raient sur 12 kilomètres - que la Securitate a constituésur eux durant les 50 ans de régime communiste. Cesdossiers comprennent des transcriptions intégrales deconversations téléphoniques, des informations obte-nues par la pose de microphones dans les logements,les bureaux, les prisons, des rapports d'activité journa-

lière détaillés des agents de la Securitate, des déclarations signées par des voisins, desamis ou des ennemis, des copies de lettres privées et des transcriptions d'interroga-toires. Un dossier ne concernait pas seulement un individu, mais toute sa famille et sesrelations. La Securitate avait ainsi réussi à passer aux rayons X la vie privée de mil-lions de Roumains.

Lire son dossier établi par la Securitate est une rude épreuve. Certains s'évanouis-sent, d'autres éclatent en sanglots. "Pour moi - raconte Doina Cornea, la grande dis-sidente roumaine - l'expérience a été bien plus intense que je ne m'y attendais. Je lisaiset pleurais en même temps. Je n'en revenais pas de voir ce que des amis, des collègueset même des gens proches de ma famille avaient révélé de moi à la Securitate. J'y airetrouvé la transcription d'une conversation eue avec des personnes ayant partagé macellule. Nous ne savions pas que tout était enregistré".

Six cent mille mouchards

Après la chute de Ceausescu, Doina Cornea n'a jamais pensé à se venger. "J'étaisheureuse et en paix. Le passé n'a pas brisé mes amitiés. Je continue à voir mes amiset nous ne parlons jamais de tout ça. Mais je conseille à tous les Roumains d'aller lireleur dossier car nous ne pouvons pas continuer à nous cacher la vérité. La vérité bles-se, il est vrai. La vérité c'est que la Securitate n'aurait pas réussi dans son entreprisetotalitaire sans l'aide de tous les Roumains qui ont travaillé pour elle. La police secrè-te avec ses quelques 20.000 officiers n'aurait jamais pu surveiller des millions degens. Le secret de la Securitate était son habilité à recruter quelque 600.000 infor-mateurs parmi des hommes et des femmes comme vous et moi. Selon une étude réa-lisée par l'Association des Prisonniers Politiques, 39 % des informateurs étaient desdiplômés d'études supérieures et 37 % des personnes ayant terminé leurs étudessecondaires. Résultat encore plus troublant: seuls 1,5 % des informateurs étaient vic-times de chantage et 1,5 % autres étaient payés".

Démasquée par la Securitate à la suite d'une bourde de "Radio Free Europe"

Pour Doina Cornea les raisons qui l'avaient poussée à agir datent de 1965. "Je metrouvais dans un café de Strasbourg, avec un groupe d'amis français. J'étais une admi-ratrice du Général de Gaulle et dans notre groupe il y avait un socialiste qui le criti-quait durement. J'attendais que la police vienne l'arrêter d'un moment à l'autre, mais,bien entendu, rien n'arriva. A ce moment là je compris ce qu'était en réalité ma vie enRoumanie. J'ai eu honte, et peu à peu cette honte m'a poussée à agir. J'avais essayéde mener une vie normale dans un pays qui ne l'était pas. Rien de plus que cela".

Les problèmes commencèrent pour Doina Cornea en 1982. "Je me trouvais sur lelittoral de la Mer Noire avec mon époux. J'ai allumé la radio et entendu une voix lireune lettre intitulée "A ceux qui n'ont pas arrêté de penser". C'était la radio occiden-tale anti-communiste "Europe Libre" (Radio Free Europe); il fut effrayé par le

Doina Cornea est née à Brasov le30 mai 1929. Assistante à la Facultéde Langues (en français) de l'Univer-sité de Philologie Babes-Bolyai deCluj dans les années 80, elle a étél'une des opposantes les plusconnues au régime communiste.

En 1980, elle a publié le premier"samizdat" (volume réalisé à la mainet distribué à travers un réseaud'amis), L'essai du Labyrinthe, suivide quatre autres traductions-samizdat(traduites du français) pour lesquelselle a écrit les préfaces et rajouté desnotes. Entre 1982 et 1989 la radioEuropa Libera a diffusé 31 de sestextes, critiquant le régime ce qui lui avalu d'être renvoyée de la Faculté deCluj et arrêtée à plusieurs reprises,interrogée, battue, menacée.

Aidée par son fils Leotin Iuhas, ladissidente a distribué 160 manifestesde solidarité avec les ouvriers gré-vistes de Brasov en novembre 1987.Pour cela, la mère et son fils ont étéarrêtés et maintenus en détentiontous les deux durant 5 semaines.Relâchée elle s'est retrouvée en rési-dence surveillée à son domicile jus-qu'en décembre 1989.

Durant la répression de la révolu-tion de 1989, à 60 ans, elle a parti-cipé à la manifestation de Cluj, sousles balles de l'armée.

Après 1989, Diona Cornea a étécooptée par le Conseil National duFSN (Front de Salut National), antredu futur gouvernement, mais a donnésa démission en janvier 1990, jugeantle mouvement à la fois trop prochede Gorbatchev et ne voulant pas devéritable rupture avec le régimeprécédent, y conservant une écrasan-te majorité de ses hiérarques.

Inlassable combattante de la liberté

Témoignage C'est à Strasbourg, en 1965, que la

SALONTA

URZICENITG. JIU

Doina Cornea: "Chaque mardipour lui confirmer

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

CFR Calatori (compagnie publique de transport ferroviaire de passagers) vainvestir 180 M€ dans un programme de rénovation de son parc de voi-tures voyageurs, un appel d'offres pour l'acquisition de 120 rames élec-

triques devant être lancé avant la fin de l'année. La BERD (Banque Européenne deReconstruction et de Développement) participera à hauteur de 150 M€ au finance-ment de la 1ère phase du projet sous réserve toutefois que CFR Calatori mette en placeun système de management de l'environnement et un plan d'action environnementalqui seront examinés de manière régulière par la Banque. En effet, CFR Calatori possè-de 80 dépôts et ateliers de réparation fortement pollueurs. Ce projet vise également àréduire la consommation d'énergie par passager de 673 kj actuellement à 562 kj, et dediminuer ainsi de 10% les émissions de gaz à effet de serre résultant de la traction. La2ème finalité du projet est d'apporter une assistance à CFR Calatori dans le cadre deses opérations "longue distance": renforcement du marketing et amélioration de larentabilité de l'activité "grandes lignes" par une diminution des coûts opérationnels etune augmentation de sa capacité d'autofinancement.

… Et la gestion des déchets de Bacau

La Municipalité de Bacau va emprunter 5 M€ à la BERD pour cofinancer sonprogramme de gestion des déchets solides qui bénéficie d'un financement ISPA de15 M€. Ces fonds sont destinés à financer la fermeture et la réhabilitation desdécharges existantes et la construction d'un nouveau site respectant les normes envi-ronnementales européennes. La Banque financera les achats d'équipements pour lacollecte et le recyclage des déchets ainsi que pour la production de compost. Demême, la BERD conseillera les autorités municipales dans la perspective de confier lagestion des déchets solides à des intérêts privés.

Economie

La Roumanie se classe deuxième,après la Georgie, sur la liste despays où le rythme des réformes a étéle plus soutenu entre 2005 et 2006.C'est ce que montre une étude réa-lisée par la Banque mondiale sur 175pays. Il serait notamment plus facilede faire des affaires en Roumaniequ'en Slovénie, Pologne, Bulgarie ouRépublique tchèque.

Selon la Banque mondiale, l'admi-nistration roumaine aurait nettementsimplifié ses procédures pour obtenircertaines autorisations. Ceci dit, lepays reste très moyen (49ème place)quant à son environnement écono-mique et politique général pour lesinvestisseurs.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

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BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

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Murfatlar

BUZAU

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PLOIESTI

CLUJ

Bonne note

SIBIU

VASLUI

JIDVEI

La BERD finance

Pionnier mondial de la construction des ponts et ouvragesd'art en structures métalliques, Saligny multiplie les réalisa-tions dans son pays, donnant le jour au pre-mier pont combiné route-voie ferrée entreAdjud et Târgu Ocna. Partout enRoumanie, il remplace les vieux ponts enbois, sur le Siret, ou en construit de nou-veaux sur les lignes Filasi-Târgu Jiu(1886). L'ingénieur substitue les construc-tions en acier souple à celle du fer et saréputation devient aussi importante quecelle de son collègue français GustaveBonickausen (1832-1923), dit Eiffel, qui aréalisé le viaduc de Gabarit.

Le pont de Cernavoda admiré sur tous les continents

Le morceau de gloire de Saligny nesera pas une tour mais le pont ferroviaire deCernavoda sur le Danube (notre photo).Après un appel d'offres infructueux auprèsde constructeurs étrangers, en 1885, la réa-lisation lui est confiée. Les travaux commencent le 21 octobre1890, en présence du Roi Carol 1er. Ils dureront cinq ans, lepont étant inauguré par le souverain en 1895.

D'une longueur de 4035 mètres, dont 1662 au-dessus duDanube et 920 au dessus du bras Borcea, il s'agit, à l'époque,du plus grand complexe de ponts d'Europe et du troisième aumonde.

Anghel Saligny utilise des techniques innovantes, dontles poutres avec consoles, pour sa construction, soulevant

l'intérêt du monde entier. Le pont a cinqtravées, dont quatre de 140 mètres et unede 190 mètres. Pour permettre le passagedes bateaux, il a été élevé à une hauteur de30 mètres au dessus du Danube. Sa résis-tance a été vérifiée le jour de l'inaugurationavec un convoi de 15 locomotives circulantà une vitesse de 85 km/heure. Plus d'unsiècle après, le pont est toujours en service.

Président de l'AcadémieRoumaine et ministre des Travaux publics

Une autre carrière s'ouvre alors pourl'ingénieur. Il devient professeur à l'EcoleNationale des Ponts et Chaussées. Membrefondateur de la Société Polytechnique deBucarest, il en est nommé président. Faitmembre de l'Académie Roumaine, il prési-de à ses destinées entre 1907 et 1910.

Enfin, il devient ministre des Travaux publics. Anghel Saligny s'éteindra en 1925, à l'âge de 71 ans, deux

ans seulement après son illustre collègue, Gustave Eiffel, etson compatriote Gheorghe Panculescu, autre génie de l'utilisa-tion des structures métalliques, qui avait soufflé au Françaisquelques techniques pour construire sa tour (voir LesNouvelles de Roumanie, n° 31).

l’ingenieur a été le précurseur mondial structures métalliques et du béton armé

la restauration des voitures voyageurs du chemin de fer

Venu en Moldavie en 1853,comme sergent chef del'armée belge, César Libretch

devint rapidement major dans l'arméeroumaine dont il embrassa la cause. Sesconnaissances dans le domaine le firentnommer, un an plus tard, chef du servicetélégraphique du département deCovorlui, aujourd'hui judet de Galati,étant remarqué et apprécié par son préfet,

Alexandru Ion Cuza. Elu en janvier 1859, prince régnant

de la Moldavie et de la Valachie, celui-cipermet de par sa double élection et del'union des deux provinces la naissancede la Roumanie. Par un télégramme deve-nu célèbre, avec le concours du consulatbelge, César Libretch apprend au grandpatriote roumain la reconnaissance decette union par les grandes puissances del'époque. Le nouveau chef d'Etat lenomme alors inspecteur général des télé-graphes des Provinces unie, puis en 1864,directeur général des Postes etTélégraphes. Ses réformes permettent,entre autre, à la loi d'organisation de cesecteur de voir le jour, l'introduction desjournaux délivrés par la Poste, la publica-tion du bulletin télégrapho-postal.

Mais, peu après, son ami Cuza est

destitué, et le Belge est alors accusé dedivers malversations et fraudes.Initialement condamné, il est finalementacquitté. Libretch quitte finalement laRoumanie pour devenir chef d'état-majordu général Prim en Espagne, puis, en1870, il rejoint la France pour la défendredans la cadre du conflit avec la Prusse.Agé et malade, ce grand idéaliste meurtdans la misère à Londres, pensant tou-jours à son œuvre commencée maisinachevée de l'organisation des postesroumaines.

Celles-ci viennent de célébrer sonsouvenir mais aussi les liens unissantdans l'histoire Belgique et Roumanie enéditant une série de cinq enveloppes spé-ciales avec cachet "Premier jour".

Leonard Pascanu (présidentde la Fédération Philatélique Roumaine)

Le sergent-chef belge César Librecht a créé la poste roumaine

le Gustave Eiffel de la Roumanie

Une étude menée dans quinze grandes villes de plusde 150 000 habitants, basée sur l'observation duprix de 23 produits, biens ou services usuels, a

permis d'établir que Cluj était la ville la plus chère deRoumanie, devançant Bucarest (hors clas-sement), la capitale se situant de peudevant Constantsa. Consolation: ce sontdans ces villes que le niveau de vie est leplus élevé, l'économie la plus développée,ce qui est apparaît comme une règle géné-rale. A noter également: les villes les pluspeuplées sont les plus chères.

A Cluj (notre photo), les prix avaientbondi après le phénomène du jeu "Caritas"(chaîne pyramidale et escroquerie qui a faitla fortune de la ville, d'où elle est partie,dans les années 92-94, mais a ruiné descentaines de milliers de familles roumaines dans le reste dupays). Leurs niveaux sont resté élevés ensuite du fait de lavenue de nombreux investisseurs étrangers et d'une présenceforte d'étudiants.

La "richesse" de Constantsa s'explique par son statut degrand port sur la Mer Noire et son rôle de capitale touristique

nationale pendant les 3-4 mois d'été.Arad (3ème), Oradea (5ème), Timisoara (6ème), doivent

leur position à leur situation géographique, proche des paysoccidentaux - ce qui les rend attractives aux yeux des investis-

seurs - alors que la rente pétrolière permetà Ploiesti de se classer 4ème.

A l'autre bout du tableau, on trouveIasi (11ème), Pitesti (12ème), Craiova(13ème), Braila (14ème), Galati (15ème) .Pour l'essentiel, il s'agit de villes situées àl'est du pays et à l'extérieur de l'arc desCarpates, éloignées des grands axes decommunication (à l'exclusion de Pitesti),disposant de faibles infrastructures et deressources humaines qui ont souvent choi-si l'émigration. L'hirondelle n'a pas encorefait le printemps dans ces villes: Daewoo à

Craiova, Renault-Dacia à Pitesti, Mittal à Galati, n'ont pasentraîné la vague attendue d'autres investisseurs.

Le classement: 1. Cluj (ville la plus chère), 2. Constantsa,3. Arad, 4. Ploiesti, 5. Oradea, 6. Timisoara, 7. Târgu Mures,8. Brasov, 9. Bacau, 10. Sibiu, 11. Iasi, 12. Pitesti, 13. Craiova,14. Braila, 15. Galati. Bucarest figure hors classement.

Cluj, ville roumaine la plus chère devant Bucarest

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Initiatives

Connaissance eet ddécouverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Les compagnies aériennes installées en Roumaniesont confrontées à une concurrence de plus en plusrude; chacun s'efforce de proposer le meilleur rap-

port qualité-prix, l'arrivée de nouvelles compagnies aériennesétant imminente souligne "Le petit Journal de Bucarest".

Depuis le 15 octobre, voyager sur les lignes intérieures dela compagnie aérienne nationale Tarom coûte deux fois moinscher jusqu'à la fin de l'année. Une aubaine annoncée par leministre des Transports. "La compagnie devrait logiquementaccueillir davantage de passagers et nous voulons voir si celaest plus profitable que de proposer des billets chers", a-t-ilprécisé, ajoutant que Tarom prépare de nouvelles destinationsà partir de Bucarest: Lisbonne, New York, Pékin et Bangkok.

"La concurrence entre les compagnies est devenue acerbe.Internet et les compagnies low-cost qui cassent les prix ontbousculé le marché", affirme Gheorghe Fodoreanu, présidentde l'association des agences de tourisme de Roumanie.

Etablie il y a moins de deux ans, Blue Air est la principa-le compagnie low-cost du pays. Et avec ses aller-retour pourLyon, Barcelone ou Milan à moins de 100 euros, elle a séduit

nombre de Roumains, même si ses prix ont augmenté depuis. "Le fait que Tarom baisse ses prix sur les lignes inté-

rieures ne nous affecte pas, a affirmé Gheorghe Racaru, direc-teur général de Blue Air et lui-même ancien patron de Tarom.Notre objectif est aujourd'hui de consolider nos correspon-dances vers plusieurs capitales européennes et de proposer denouvelles destinations. Nous comptons aussi améliorer la qua-lité de notre offre dans les aéroports, c'est pourquoi nous assu-rons dorénavant toute la partie logistique à terre".

"Depuis quelques années, le marché roumain est en forteexpansion, de 15 à 20% par an, a déclaré au LPJ RodolpheLenoir, directeur de Air France Roumanie. L'arrivée des low-cost, comme Blue Air ou SkyEurope, n'explique qu'en partie labaisse des prix. C'est une tendance générale, la concurrenceest rude dans tous les segments. De plus, avec l'entrée de laRoumanie dans l'Union européenne à partir du 1er janvier2007, la libéralisation du ciel va s'accentuer".

Et de nouveaux venus, comme le Suisse Wysair, autrelow-cost, sont déjà attendus sur les pistes roumaines.

L.C. (www.lepetitjournal.com)

Blue Air a proposé des vols aller-retour sur Lyon à moins de cent euros

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CERNAVODACRAIOVA

TARGUMURES

ADJUD

BRAILA

SUCEAVA

PLOIESTI

CLUJTG. OCNA

L'arrivée de nouvelles compagnies aériennes en Roumanie est imminente

Quant il passe à Cernavoda, le visiteur s'arrête, frappé de stupeur devant unimpressionnant et majestueux mécano métallique qui enjambe le Danubeet son bras, le Borcea, quelques centaines de mètres seulement avant

qu'un autre ouvrage, au coût humain démesuré, ne prenne naissance: le canal duDanube à la mer Noire dont le creusement, dans les années 1950, a coûté la vie à desmilliers d'esclaves, victimes de l'utopie communiste.

Le pont de Cernavoda, appelé aujourd'hui pontAnghel Saligny (1854-1925), du nom de sonconcepteur, après avoir porté celui de Carol 1er, quil'avait inauguré le 26 novembre 1995, est le symbo-le de cette Roumanie entreprenante et bien souventgéniale dont les forces créatrices ont sombré dansl'obscurantisme d'un système d'asservissement.

Malgré les aléas de l'histoire, la ville deCernavoda, à la fois moderne et donnant le senti-ment, faux peut-être, d'être sans âme, surprend etinterroge. N'est-elle pas finalement le pôle technolo-gique de la Roumanie, avec sa très importante cen-trale nucléaire, la seule du pays, appelée à s'agran-dir, et que le maire souhaite pouvoir faire visiter afinde développer une forme de tourisme scientifiquedans une région qui n'a pas d'autres atouts ?

Réalisant les premiers silos du monde en béton armé préfabriqué

Mais revenons à l'origine… Celle d'un petit garçon, Anghel, né en 1854 àSerbanesti, commune qui s'appelle aujourd'hui Saligny, à une dizaine de kilomètres deCernavoda, dans le judet de Galati. Son père, Alfred Saligny, est Alsacien français.Après une scolarité à Focsani, il enverra son fils poursuive ses études en Allemagne:

à Postdam, puis à l'université de Berlinoù il pense devenir astronome, chan-geant de voie pour terminer ingénieurdiplômé de l'Ecole technique supérieu-re de Charlottenburg.

Très vite, le jeune Roumain se dis-tingue. Il participe à la construction dela voie ferrée Cottbus-Francfort surOder puis, en Roumanie, sous la direc-tion de Gheorghe Duca, à celle reliantPloiesti à Predeal (1877-1879), dans

les Carpates… dont on procède, aujourd'hui, 125 ans après, à la modernisation. Dans tous les ouvrages qu'entreprend l'ingénieur, apparaissent des éléments nou-

veaux, révolutionnaires pour l'époque quant aux moyens et à la technique de travail.Entre 1884 et 1889, Anghel Saligny a ainsi projeté et exécuté les premiers silos dumonde en béton armé préfabriqué, à Braila et Galati, inaugurant la technique mise aupoint en 1867 par le Français Joseph Monnier (1823-1926).

Dans le port de Constantsa, il crée un bassin spécial pour l'exportation du pétroleet deux silos pour celle des céréales d'une contenance, chacun, de plus de 25 000tonnes, introduisant la technique du pilotis. C'est l'époque où la Roumanie devient lepremier pays producteur de pétrole et est considéré, notamment par les Britanniques,comme le grenier à blé de l'Europe, alors que s'achève la construction du canal deSulina, permettant l'accès de la mer Noire à la Dobroudja, sous l'égide de laCommission Européenne du Danube.

D'origine alsacienne, de l'utilisation des

Anghel Saligny…

Pendant une semaine, à l'occa-sion du sommet francophone, lesBucarestois ont été invités à visiterquatre expositions proposées par laCité des Sciences et de l'Industriede Paris et l'Université de Bucarest :"L'esprit informatique, numérique-ment votre !", "Pilules de la perfor-mance: tous dopés ?", "Risques sis-miques : que peut la science ?" et"Du SIDA au SRAS : les nouveauxfléaux". Un colloque international aété également organisé autour duthème "La culture scientifique ettechnique et ses développementsdans les pays francophones".

Par ailleurs, le 28 septembre, aété lancé le portail universitaire fran-cophone. Celui-ci, en français,contient des informations sur lesuniversités de l'espace francophone,des liens vers les sites des biblio-thèques, centres de recherche etinstitutions francophones, unerubrique dédiée aux informationsuniversitaires (conférences, ateliers,annonces de bourses d'étude), desressources électroniques d'ensei-gnement, un forum de discussionadressé aux universitaires et étu-diants.

D'après ses concepteurs, sa réa-lisation et son lancement constituentun important pas dans le dévelop-pement de la coopération universi-taire francophone par l'échange per-manent des informations, maisaussi ils permettront ceux de lacommunication universitaire franco-phone, en s'appuyant sur les solu-tions offertes par la technologie del'information.

Lancement du Portail universitaire francophone

TG. JIUSULINA

PREDEAL

Dentiste de formation, GuyTyrel de Poix est à la tête dela société Serve qui produit

des vins de qualité en Roumanie.P a s s i o n n épar sonmétier, il amisé sur lep o t e n t i e lviticole dupays et aévoqué pour"Le Petit

Journal de Bucarest" les vendanges decette année et son aventure en Roumanie.

Lepetitjournal.com: Comment ontété les vendanges cette année ?

Guy Tyrel de Poix: Très bien. Il afait chaud en juillet et août, et en sep-tembre il fait frais la nuit et assez chauddans la journée. Cela donne un bel équi-libre aux raisins.

Mais ce sont souvent les quatre der-niers jours qui font basculer les ven-danges vers un grand millésime ou untrès grand millésime. De toute façon, lacave est bien équipée, nous avons un outilde travail très performant.

LPJ: Comment votre aventure enRoumanie a-t-elle commencé ?

Guy Tyrel de Poix: En 1986 j'ailaissé tomber mon cabinet dentaire et jeme suis occupé du vignoble que mon pèreavait acheté en Corse. Vu les faibles pos-sibilités de développement, j'ai pensé àinvestir à l'étranger. Je me suis alorsorienté vers l'Europe de l'Est, c'était ennovembre 1992. J'ai étudié l'encyclopédiemondiale des vins et je suis tombé sur laRoumanie, qui m'a semblé être lameilleure option. Après avoir visité lesdomaines de Jidvei et de Mufatlar, entreautres, je me suis rendu compte qu'il fal-lait faire quelque chose. La proximité cul-turelle et les terroirs m'ont convaincu.

LPJ: Les débuts ont-ils été diffi-ciles?

Guy Tyrel de Poix: Le seul problè-me était d'ordre juridique, en particuliersur la propriété des terrains. Nous avonscommencé tout petit, dans un garage, àBucarest. Notre idée était d'acheter desvins et de les exporter. Mais on s'est viterendu compte que les embouteillagesétaient inégaux, le mieux était de toutfaire nous-mêmes. Ça n'a pas été facile.

En 1998, pour louer 20 hectares, il nous afallu 123 contrats de location…Puis nousavons commencé à acheter des vignobles,parfois dans un état lamentable.

C'est la concurrence qui nous a sauvéfinalement car jusqu'en 2000 il n'y avaitque des entreprises d'Etat qui vendaientleur bouteille à 1,20 dollar maximum.Aujourd'hui nous misons d'abord sur laqualité, nous fournissons surtout les res-taurants et nous exportons un peu partoutdans le monde. Nous avons deux unitésde production, une dans la région deDobrogea et une autre dans le Dealumare. A terme nous comptons développerune troisième zone de production du côtéde Arad.

LPJ: Vous avez véritablement misésur ce pays…

Guy Tyrel de Poix: J'ai senti que laRoumanie était une grande terre viticole.Aujourd'hui, il reste beaucoup de chosesà faire, mais je continue à penser que lesvins de ce pays ont un très bel avenirdevant eux.

Propos recueillis par LaurentCouderc - (www.lepetitjournal.com)15 septembre 2006

Guy Tyrel de Poix, comte et dentiste devenu viticulteur dans le Jidvei et le Murfatlar : "Le millésime 2006 devrait être de grande qualité"

Economie

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Economie

Les Roumains boivent demoins en moins d'eau miné-rale, en consommant 40-42

litres par an en moyenne contre 150litres dans les pays occidentaux, préfé-rant l'eau du robinet ou du puits. Ceconstat peut-être considéré comme l'ex-pression des difficultés économiques deplus en plus grandes auxquelles la popu-lation est confrontée.

Pourtant une de leurs sources,Borsec (judet de Harghita), découverte

au IVème siècle, fournit l'une des eaux les plus réputées d'Europe centrale, ayantmême été baptisée "Reine des eaux minérales" par l'empereur François-Joseph. Saréputation remonte à 1594, quand elle était transportée dans des fûts en chêne sur descharrettes pour soigner le voïvode Sigismond Bathory.

Au XVIIème et XVIIIème siècle, Borsec était déjà une station thermale connue,mais son essor démarra réellement en 1806, lorsqu'un conseiller municipal viennois,Anton Zimmetshausen, décida de procéder à son embouteillage industriel afin de lamettre en vente dans tout l'empire austro-hongrois. A l'arrivée des communistes, lafabrique fut nationalisée (1948).Elle a été privatisée en 1998, appartenant désormaisau groupe roumain Romaqua et a renoué avec son ancien prestige qui lui avait faitobtenir de nombreux prix au cours des deux derniers siècles, décrochant en 2004 lamédaille d'or du concours mondial de dégustation de Berkley Springs (USA).

Deux cents soixante millions de litres par an

La plus vieille marque roumaine fête donc cette année ses 200 ans d'existence ;elle produit actuellement 260 millions de litres par an… contre 3 millions, lors de sacréation, occupant 24 % du marché roumain. Sa production devrait sensiblement aug-menter, Romaqua-Borsec ayant déjà investi 33 M€ pour la moderniser et se préparantà injecter encore 3 M€ d'ici la fin de l'année pour lancer une nouvelle ligne de pro-duction. Des investissements vont également concerner la source de Stanceni, dont lesite, difficilement accessible ne permettait qu'une diffusion locale de son eau. Sa pro-duction annuelle devrait passer de 12 à 60 millions de litres.

Le groupe pétrolier roumainRompetrol, acquéreur l'an passé duréseau de stations services françaisDyneff, va se développer en Francesous sa propre enseigne. Pour l'ins-tant, Rompetrol est surtout présentdans le sud de la France avec 226stations services. "Nous comptonsrépandre la marque Rompetrol surtout le pourtour méditerranéen, etrelier les régions où nous sommesdéjà présents, c'est-à-dire lesBalkans et la France", a déclaréjeudi dernier à la presse roumaineAndré Naniche, directeur des opéra-tions du groupe. En Roumanie,Rompetrol contrôle 20% du réseaudes stations services, juste derrièrele numéro un du marché, la sociétéPetrom, reprise il y a deux ans parl'autrichien OMV.

Rompetrol s'installe en France

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

CLUJARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CHISINAU

Borsec, eau minérale appréciée de l'empereur François-Joseph, occupe

aujourd'hui un quart du marché national

La plus vieille marque roumaine fête ses 200 ans

Un tiers de la planète à Bucarest, fin septembre, à l’occasion du sommet francophone des chefs d’Etat et de gouvernement

Un crédit toujours cherSelon le quotidien Ziarul Financiar,

la Banque nationale est confrontée à unecroissance trop rapide du crédit à laconsommation.

Conséquence: les taux d'intérêts nesont pas prêts de baisser. Et pourtant, l'in-flation semble sous contrôle, elle a atteintun nouveau minimum de 6% en août.Mais les analystes ne croient pas que celasoit suffisant pour que la Banque nationa-le relaxe sa politique monétaire.

L'immobilier exploseLe prix des appartements et des ter-

rains de Bucarest a continué d'augmenterdurant les six premiers mois de l'année,montre un rapport de la société d'experti-se en immobilier CB Richard Ellis. Lesterrains sont les plus recherchés; enquelques mois, leur valeur s'est appréciéede 25 à 50%. Quant aux appartements,leur prix a augmenté de 5 à 10%. Ceci dit,les plus luxueux sont restés au mêmeniveau par rapport à l'année dernière.

A savoir

L'Etat roumain a obtenu 2,2 mil-liards d'euros de la vente de 36,8%de ses actions dans la Banque com-merciale de Roumanie (BCR). C'estla banque autrichienne Erste Bank,en déboursant 3,75 milliards d'euros,qui en devient ainsi le principal pro-priétaire avec 61,88% des actions.Selon le Premier ministre CalinTariceanu, l'argent reçu sera versé àun "fonds national de développe-ment" pour des projets d'infrastruc-tures, et non pas dépensé pour laconsommation. Le ministre desFinances, Sebastian Vladescu, a deson côté ajouté qu'une partie de l'ar-gent obtenu par cette privatisationpourrait être utilisée pour le finance-ment de fonds de retraite.

La BCR devient autrichienne

Francophonie

On n'avait jamais vu un tel ballet de cortèges offi-ciels dans les rues de la capitale roumaine. Plus de60 chefs d'Etat et de gouvernement, venus des

cinq continents du monde, ont assisté au XIème sommet de laFrancophonie organisé par la Roumanie, du 27 au 29 sep-tembre. Les sceptiques qui s'attendaient à des couacs dans sonorganisation en ont été pour leurs frais.

Pas une seule fausse note n'est venue troubler la plus gran-de manifestation qu'ait jamais accueillie le pays hôte. On cir-culait même mieux dans les rues de Bucarest qu'à l'accou-tumée. Il est vrai que le gouvernement avait mis en vacancefonctionnaires et écoliers.

Ce sommet a donc été un succès international pour laRoumanie où un tiers de la planète s’était donnée rendez-vous.Quand à la Francophonie, elle a affirmé sa place, accompa-gnant l'événement par de nombreuses manifestations et spec-tacles, destinés à la population, mais aussi en montrant savolonté de faire avancer d'un même pas échanges culturels etrelations économiques.

“On n’a jamais vu autant de dictateurs depuis Ceausescu”

Coté anecdotes, ce sommet a été l’oc-casion pour la Roumanie de monter sabonne volonté à se mettre à la touteproche heure de Bruxelles. Ainsi descongressistes se sont-ils faits réprimanderdans des hôtels parce qu’ils fumaient.“C’est la réglementation de l’UE” s’ex-cusaient les serveurs.

Le maire de Bucarest, AdrianVideanu, avait prohibé la vente de touteboisson alcoolisée dans le centre de lacapitale (mais pas en périphérie) pendantles trois jours de la manifestation. Uneidée vite rapportée qui s’adressait à desFrancophones habitués à la bonne chère etdésireux de découvrir les vins roumains.

“Il aurait mieux fait de demander auxbelles filles de la capitale, autrement plusdangereuses, de se voiler” s’exclamait unparticipant, un autre rajoutant “Il veutpeut-être que le sommet francophonefasse la promotion du Coca-Cola!”. Cetteinterdiction, peu respectée, était ignorée quelques heures aprèsson entrée en vigueur.

Mais ce qui a surpris le plus les Bucarestois, c’est deconstater le nombre de chefs d’Etat africains qui avaient enva-hi la capitale. “On n’a jamais vu autant de dictateurs depuisCeausescu” notaient plusieurs journaux, relevant le “côténoir” de la Francophonie.

Deux mille Français vivent en Roumanie

2039 citoyens français étaient officiellement enregistrésen Roumanie, fin 2005, au lieu de 1577, en 2002. Au cours dela même période, les exportations françaises dans ce pays sontpassées de 1,2 milliards d'euros à 2,2 milliards, les importa-tions roumaines grimpant de 1,2 milliards à 1,65 milliards.

La Roumanie constitue le 31ème client de la France, enprogression constante (39ème en 2002). Avec une part de mar-ché de 6,7 % (7,1 % en 2004), la France est le 4ème fournis-seur de la Roumanie, derrière l'Italie (15,5 %), l'Allemagne(14%) et la Russie (8,3 % grâce à l'envolée du prix du gaz).

La France a absorbé en 2005 7,4 % des exportations rou-maines, contre 8,5 % l'année précédente. Elle a perdu un rangpour devenir son quatrième client.

Avec 1,8 milliards d'euros en 2005, la France se situait autroisième rang des investisseurs, mais n'y était représentée quepar 4000 sociétés, alors que l'Italie, qui n'a investi que800 M€, l'était par 19 000 et l'Allemagne par 14 000. Elle sedistingue par l'importance de ses investisseurs: Renault, lesciments Lafarge, la Société Générale, Carrefour, Cora,Vivendi, Alcatel, Bouygues, Orange, GDF, Saint Gobain,Michelin, Veolia. Décathlon, Leroy-Merlin, Auchan sont

attendus.Les entreprises françaises emploient

50 000 Roumains et se sont montrées jus-qu'ici surtout intéressées par des implan-tations à l'Ouest du pays (Timisoara),situé à une centaine de kilomètres desautoroutes européennes, et à Bucarest.Mais les salaires ayant augmenté dans ceszones, certaines partent en Moldavie.

"De l'activité pour vingt ans"

Pour le Pdg d'Alcatel Roumanie, lepremier groupe français à s'être implantédans ce pays après 1989, “l'un des pointsforts des entreprises françaises, c'estqu'elles sont les seules à effectuer destransferts de technologies complets. LaRoumanie attire de plus en plus et sonentrée dans l'UE va accélérer ce phé-nomène. Le marché roumain reste àconquérir dans bien des secteurs et

constitue une vraie perspective d'extension pour les entre-prises françaises. Il n'y a que peu de routes fiables, pas deréseaux de canalisations dans les villes, pas d'infrastructures,pas de réseau de distribution. Il y a de l'activité pour les vingtprochaines années". L'avenir de la Francophonie ne rimeraitdonc plus seulement avec culture, mais aussi avec économie.

(Avec www.regard.ro)

Culture et économie… les deux mamelles de la Francophonie

Le président Train Basescu rentrant chez lui,après le sommet: ”Mais qu’est-ce qui t’es

arrivé Traian ?”... “J’ai embrassé desFrancophones.”

Caricature de Gazdaru.

ONESTI

BORSEC

SLOBOZIA

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Mortels micro-bus et retours de discothèques

Considéré comme le plus grandpeintre roumain, Nicolae Grigorescu(1838-1907) est l'objet, cette année,de deux expositions à sa mesure."Nicolae Grigorescu, Itinéraire d'unpeintre roumain de l'Ecole deBarbizon à l'impressionnisme", a étéprésenté au Musée des beaux-Artsd'Agen du 22 avril jusqu'au 14 août,exposition ensuite visible au Muséedépartemental de l'Ecole de Barbizon,du 9 septembre au 11 décembre.

Une cinquantaine de toiles sontprésentées, parmi les plus connues;34 proviennent du Musée Nationald'Art de Roumanie, 16 du Musée desBeaux Arts d'Agen, qui détient la plusgrande collection de l'artiste, quelquesautres venant du Musée Mormottan-Monet de Paris et du Palais desBeaux Arts de Lille.

Le public français va pouvoir ainsidécouvrir le grand peintre roumain,ami de Corot, Millet, Daubigny,Courbet, formé à l'école réaliste despeintres de Barbizon, puis influencépar l'impressionnisme, donnant à sestoiles une expression très personnelle.

Mi-septembre, la Roumanie a été endeuillée parun des plus graves accidents routiers qu'elle aitconnu. Un micro-bus d'Onesti (judet de Bacau)

emmenant pour une partie de pêche dix sept passagers âgés de8 à 51 ans, a heurté de plein fouet un car transportant une tren-taine de travailleurs émigrés se rendant de Chisinau(République de Moldavie) en Italie, son conducteur, 25 ans,s'étant sans-doute endormi au volant et lui ayant brûlé la prio-rité. De la carcasse du micro-bus, on a retiré douze morts etcinq blessés, dont deux dans un état très grave.

Le véhicule avait été bricolé sans autorisation par son pro-priétaire pour agrandir sa capacité, les sièges étant remplacéspar des bancs. Quelques mois auparavant, un autre accident demicro-bus, survenu à Slobozia, avait causé la mort de quinzede ses occupants, en majorité des femmes partant au travail,treize autres étant blessés, après s'être retourné.

Ces catastrophes sont malheureusement courantes.Nombre de micro-bus trafiqués, surpeuplés, circulent à traversle pays à une vitesse effrayante, prenant des risques incon-sidérés, des cadences infernales de rotations étant imposéespar leurs propriétaires à des chauffeurs éreintés.

Début octobre, une autre catastrophe routière a affecté

l'autoroute Bucarest-Pitesti. Une Dacia en voulant doubler unsemi-remorque l'a accroché; en essayant de l'éviter, celui-cis'est retourné sur un micro-bus plein de travailleurs. De sa car-casse, on a retiré huit morts et douze blessés graves.

Un autre phénomène affecte la Roumanie: les accidentsmortels enregistrés au retour des discothèques par des véhi-cules où s'entassent des jeunes. Il ne se passe pas de semainesans qu'on en enregistre. Fin septembre, l'un a causé la mortdes six passagers d'une Dacia, à Craiova. Le dernier en date,un dimanche matin à cinq heures, a tué sept des huit occu-pants, également d'une Dacia, cinq se serrant sur la banquettearrière. Le conducteur, un étudiant de 22 ans, avait perdu lecontrôle de son véhicule qui a percuté un arbre.

Faits divers

Le "Reader's Digest" a réaliséune enquête à travers 35grandes villes ou capitales du

monde sur le degré de politesse de leurshabitants, d'où il ressort que lesBucarestois sont les citoyens les plusmal-élevés d'Europe, et avant-derniers aumonde. L'enquête comportait trois tests,réalisés à 2000 occasions : le comporte-ment des commerçants, l'aide apportéedans la rue aux personnes en difficulté,les gestes de courtoisie élémentaire, telsque ne pas laisser retomber la porte dumétro sur le nez du suivant (classique àParis).

Dans tous ces cas, les Bucarestois sesont montrés impolis, les commerçantsrépondant mal à leurs clients, les habi-tants ne venant pas au secours de per-sonnes tombées dans la rue (à Brasov,voici trois ans, un homme âgé, faisant laqueue pour ses médicaments, victimed'un infarctus s'était effondré sur un bancpublic, y décédant, les passants ne réagis-sant que trois heures plus tard).

Confrontés au résultat de l'enquête,des sociologues roumains ont rappelé quela politesse n'était pas une priorité dans

leur pays. Vendu à 200 000 exemplaires,ces dix dernières années - un tiragerecord, témoignant du besoin dans cedomaine - Le code des bonnes manièresn'a pas laissé de traces, et la seule écoleles enseignants a dû fermer ses portes,faute d'élèves.

Pour eux, la cause remonte à l'avène-ment du communisme, époque où deséléments ignares ont chassé les élites,introduisant des mœurs et comportementsde malotrus qui ont perduré tout au longdu régime, développant également unementalité égoïste du chacun pour soi, lescitoyens devant se débrouiller par eux-

mêmes pour survivre. La situation ne s'est pas arrangée,

bien au contraire, avec l'apparition d'unenouvelle nomenklatura, après "laRévolution", faite "d'hommes d'affaires"voyous et incultes et de leur progéniture,à l'arrogance provocante, conduisantleurs 4x4 cigare au bec et n'hésitant pas àécraser les piétons se trouvant sur leurchemin.

Regrets des relations d’autrefois

Les anciens se lamentent au souvenirdes relations humaines qui existaient enRoumanie, avant-guerre, où les habitantsdes villes avaient un comportement civi-lisé, notamment à Bucarest où co-exis-taient avec les Roumains, Autrichiens,Allemands, Français, Italiens, y apportantla culture occidentale.

Pour autant, il ne faudrait pas généra-liser: malgré toutes les vicissitudes, lesRoumains restent les Roumains… popu-lation généreuse, amicale et formidable-ment accueillante, que l'on rencontremême dans la capitale et que l'on a unimmense plaisir à retrouver.

Les Bucarestois sont-ils les citadins les moins bien élevés d'Europe ?

Vie quotidienne

Le nouveau code de la route, qui doit entrer envigueur à la fin de l'année, prévoit l'instauration dupermis à points, l'enlèvement par la fourrière des

véhicules mal stationnés et l'obligation de rouler avec ses feuxde croisement allumés dans la journée.

Entrée en vigueur du nouveau code de la route

Premières grandesexpositionsGrigorescu en France

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Quelques années auparavant, un hobereau àla solde des Turcs lui avait refusé ce privilège,sous prétexte qu'il n'avait pas d'éducation. Maisles temps avaient changé et l'avenir se montraitprometteur. En 1859, Grigorescu s'étaitenflammé pour l'Union de la Moldavie et de laValachie, prémisse de la réunion de toutes lesprovinces roumaines et de l'indépendance, pas-sant des nuits à réaliser des dessins à sa gloire.

A 23 ans, quarante ans avant un illustrecompatriote, pauvre comme lui, le sculpteurConstantin Brancusi, Nicolae Grigorescu prît lechemin de la France et de sa capitale.

A Barbizon, dans la forêt de Fontainebleau, le jeune artiste découvrit l'école du plein-air

Admis à l'Ecole des Beaux Arts, fréquentant le Louvre etle Luxembourg, travaillant dans l'atelier d'un peintre acadé-mique, Sébastien Cornu, le Roumain se lassa cependant vitedu conformisme qu'il y décelait. Il était attiré par d'autresartistes, souvent jeunes et inconnus du grand public, rencon-trés au village de Barbizon, dans la forêt de Fontainebleau,avec lesquels il sympathisait.

Le jeune homme aux yeux brillants renonça aux étudesclassiques et devint l'apprenti d'un cénacle qui révolutionna lapeinture, la sortant de la pénombre des ateliers pour la mettreen relation directe avec les secrets de la nature… En quelquesorte l'école du plein-air. Il y reçut les sugges-tions de Troyon, Diaz, Rousseau, Corot,Millet, Daubigny. De cette période, la plusenrichissante de sa carrière, mais aussi la plusstudieuse, naîtront des œuvres le plaçant sur unpied d'égalité avec ses maîtres.

Grigorescu participa aux grandes exposi-tions annuelles de Paris, y recevant unemédaille d'or. Napoléon III lui acheta deuxœuvres. En visitant un salon, l'Empereur, quiavait fait beaucoup pour aider à la naissance dela Roumanie, lui demanda l'origine de pay-sages figurant sur ses toiles. "Majesté, c'estmon pays" lui répondit fièrement l'artiste.

Peintre des paysans et de la Guerre d'Indépendance

De retour chez lui, en 1869, Nicolae Grigorescu qui avaitsollicité en vain un poste de professeur à l'Ecole des BeauxArts de Bucarest, consacra une grande partie de son œuvre àpeindre le milieu rural, y gagnant la réputation de "peintre despaysans". Il voyagea en Moldavie, puis en Turquie, Italie,Grèce. Mais en 1877, la Guerre d'Indépendance contre lesTurcs le ramena au pays. A la demande du gouvernement, l'ar-tiste partit, avec d'autres collègues, comme "peintre au front".

Aux premières loges de toutes les batailles, il dressa desesquisses, qu'il concrétisera plus tard, donnant plus de 60œuvres, dont la célèbre "Attaque de Smârdan" (tableau ci-dessus), qu'il achèvera seulement en 1885.

Dans ses tableaux de guerre, Grigorescu voyait la masse etnon les détails, les soldats et non les officiers. Dans l'assaut destroupes, il n'avait guère le temps de chercher une pose pourquelque "héros d'atelier". Le peintre admirait et glorifiait lesgens du peuple. Plus tard, ses yeux se rempliront de larmes,chaque fois qu'il se rappelerait leur bravoure.

Se mettre à l'abri du besoin pour ses vieux jours

Pendant les quinze années suivantes, le peintre partageason temps entre son pays et la France, où des séjours enBretagne, notamment à Vitré, lui donneront l'occasion d'affir-

mer de manière éclatante son style. Sa notoriétégrandissait en Roumanie. Pourtant Grigorescurestait modeste, ne cherchant pas les louangesdes critiques d'art. "Quand je serai mort, vousdirez ce que vous voulez" leur lançait-t-il. Sonautorité, établie désormais chez ses compa-triotes, permit cependant à l'art indépendant des'affirmer, au détriment de l'art officiel. Sontalent commençait à être reconnu en Europe.

L'artiste peignait beaucoup. Il lui arrivamême de vendre deux cents tableaux au coursd'une seule exposition. Grigorescu se rappelaitl'enfance pauvre du petit Nicolae et voulaitmettre de l'argent de côté pour ses vieux jours,s'achetant une maison à Câmpina, dans la

vallée de Prahova. Il se plaignait que l'Etat ne l'ai pas aidé enlui attribuant un atelier, même petit, ce qui l'obligeait à pro-duire des toiles pour cent lei, afin de vivre, et l'avait empêchéde se consacrer à des œuvres plus talentueuses. NicolaeGrigorescu se fera construire lui-même son atelier, attenant àsa maison, devenue aujourd'hui musée. Mais il n'en profiterapas. Il mourra quelques mois plus tard, le 24 juillet 1907, àl'âge de 69 ans. Le peintre projetait alors d'acquérir une gran-de roulotte et de partir à la découverte de son pays avec deuxamis écrivains, afin d'en ramener toiles et romans.

(“Les Nouvelles de Roumanie”, n° 11, mai-juin 2002)

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

18

SSociété

Né en 1816 dans une famillenoble de l'île de Malte, le comteAmédée Preziosi, dont la mère étaitFrançaise, partagea sa vie entreIstanbul, Paris et Bucarest. On doit àcet aquarelliste et portraitiste autalent exceptionnel, décédé en 1882,une série de scènes évoquant l'at-mosphère moyen-orientale de laRoumanie de cette époque. Preziosifut un observateur privilégié, accom-pagnant le futur roi Carol 1er dans ladécouverte du pays où il était appeléà régner. Saisissant la vie au quoti-dien des Roumains des campagnes

aussi bien que de la capitale, sesdessins sont des témoignages irrem-plaçables sur l'état du tout nouveauroyaume. Bucarest était alors loind'être le "Petit Paris" du début duXXème siècle et des élégantes vantépar Paul Morand. Les femmes pre-naient leur bain et lavaient leur lingedans la Dâmbovita qui servait aussid'égout. Les paysans et le mar-chands se retrouvaient dans les cara-vansérails de la ville, lors de sesfoires et marchés. Un ouvrage remar-quable Preziosi in Romania (Adrian-Silvan Ionescu, éditions Noi MadiaPrint, 2003) rend compte à la fois dela réalité de ce Bucarest pittoresqueet grouillant tout autant oublié quel'immense talent de cet artiste.

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

HUNEDOARA

CLUJARAD

RESITA

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEAPLOIESTI

SUCEAVASATU MARE

PITESTI

Vie quotidienne

Le désintérêt de la mairie de la capitale pour son patrimoineALBA I.

Nicolae Grigorescu a été le premier peintre de son pays de dimension européenne Le vieux centre de Bucarest a besoinde 500 M€ pour se refaire une beauté

Le Bucarest de Preziosi

SF. GHEORGHE

Paradis des antiquaires, où les amateurs dénichent parfois de belles surprises,des verriers passionnés par le style Gallé, des artistes qui défendent bec etongles leurs galeries situées dans les petites ruelles, la vieille ville de

Bucarest, et notammant son quartier pittoresque de Lipscani, attire autant les touristesétrangers que les Bucarestois à la recherche du parfum discret de leur passé. Pourtant,quelques dizaines d'immeubles de ce pâté de maisons risquent de s'effondrer fauted'investissements.

Coincé entre la gigantesque Maison du peuple voulue par le Conducator et lecentre-ville défiguré par les HLM socialistes, le vieux Bucarest espère renaître de sescendres. L'enjeu en vaut la peine car peu d'endroits de la capitale roumaine ont un telpotentiel de charme.

En attendant que la ville propose une solution, le programme des Nations uniespour le développement (PNUD) essaie d'en offrir une. "Début août, le PNUD va enta-mer à Bucarest l'opération "Adopter un bâtiment", explique le coordinateur roumaindu programme, Florin Banateanu. Les compagnies privées sont invitées à contribuerau financement des travaux de réhabilitation du vieux centre en échange de réductionsde loyer et autres avantages."

Un maire qui préfère les gratte-ciels américains

En 2001, le PNUD avait réhabilité les façades d'une dizaine de vieux immeublessitués à proximité de Curtea Veche - la vieille cour princière, qui a donné naissance àla capitale roumaine au XVe siècle. Cette fois, le PNUD espère recueillir environ 2millions d'euros, qui s'ajouteront à un crédit de 25 millions d'euros de la Banqueeuropéenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

On est loin des 500 millions d'euros que les spécialistes estiment nécessaires pourune réhabilitation totale du vieux centre. Mais c'est un début, qui pourrait inciter lamairie de Bucarest à réagir.

Accusé par les médias de passer plus de temps à l'étranger ou en vacances quedans la capitale, le maire, Adrian Videanu, a systématiquement tourné le dos au vieuxcentre, pourtant situé à quelques minutes de marche de son bureau.

Si la mairie de Bucarest fait preuve d'autisme en ce qui concerne le vieux quar-tier, elle s'intéresse depuis deux ans au grand business et aux gratte-ciel qui risquentde défigurer une deuxième fois la capitale roumaine. Malgré le désespoir de plusieursassociations, le maire de Bucarest, dauphin du président Traian Basescu, refuse le dia-logue avec les associations et les journalistes.

Fondé par Vlad l'Empaleur

Que faire? "Nous avons entrepris un travail de terrain auprès des petits com-merçants et proposé plusieurs solutions à la mairie, mais sans susciter la moindreréaction", affirme Alina Buzea, responsable d'AICI, une association de défense duvieux centre. Le mutisme de la mairie a exaspéré l'ambassade des Pays-Bas àBucarest, qui a offert aux élus bucarestois un crédit de 2,5 millions d'euros pour lestravaux de réhabilitation.

Seuls 700 000 euros ont été dépensés, et l'ambassade néerlandaise menace de reti-rer son crédit puisque la mairie bucarestoise ignore cette source de financement nonremboursable. Entre-temps, le vieux centre, fondé au XVe siècle par le voivode Vladl'Empaleur, qui inspira le personnage de Dracula, attend son sauveur. "Mais de quelDracula parle-t-on ?” s'exclame un antiquaire. “Les vrais Dracula se trouvent à lamairie et ils mériteraient d'être empalés !"

de la terre roumaineM. CIUC

PREDEAL

R. VALCEA

BACAU

BISTRITA

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Nicolae Grigorescu (1838-1907) estaujourd'hui considéré comme le plusgrand peintre roumain, car il a donné une

direction à la peinture de son pays, l'a émancipée del'académisme étroit et conventionnel. Un de ses com-patriotes dira: "Grigorescu est apparu alors que sescompatriotes dormaient. Il admirait et rassemblaitautour de lui les beautés. Sa peinture était commeune exclamation d'étonnement devant la lumière et lanature. Il nous a appris à les regarder et transposerdirectement les sensations perçues par l'œil".

Grigorescu s'enivrait du plein-air. La lumière, lacouleur et la tendresse de la nature l'absorbaient. Il

était enthousiaste, lyrique et optimiste mais n'idéalisait, ni ne poétisait. Il filtrait toutsimplement, choisissait les motifs qui correspondaient le mieux à sa sensibilité. "Il ya peut-être des imbéciles qui croient que l'on peut retoucher l'œuvre de la nature, maisceux-là ne sont pas des artistes. Moi je choisis, je ne corrige pas" s'exclamait-il.

Avec lui commença la peinture roumaine moderne à laquelle il apporta le soufflerévolutionnaire de l'école de Barbizon et le goût pour la nature, au-delà des murs del'Académie des Beaux-Arts et de l'atelier. Premier peintre roumain de dimensioneuropéenne, Grigorescu facilitera le chemin de son art dans son pays, offrant à ses suc-cesseurs l'occasion de l'approfondir. Son ami, l'écrivain Alexandru Vlahuta (1858-1919), dira de lui que son œuvre était "une rapsodie de la terre roumaine".

A douze ans, l'enfant peignait des petites icônes qu'il vendait dans les foires pour aider sa mère

Nicolae Grigorescu est né le 15 mai 1838 dans le village de Vacaresti de Rastoaca,aujourd'hui Pitaru, dans le département de Dambovita. Sixième et avant-dernier enfantd'une famille pauvre, il n'avait que cinq ans quand son père mourût. " C'est de son tra-vail de couturière que notre pauvre mère nous a élevés. Et je ne l'ai jamais entenduese plaindre" confia-t-il plus tard. "Elle s'est efforcée, la pauvrette, à apprendre seuleà lire et à écrire pour pouvoir nous enseigner le peu qu'elle savait ".

La famille s'était réfugiée chez une tante, dans un quartier miséreux de Bucarest.Dès l'âge de dix ans, l'enfant commençait son apprentissage chez un artisan d'icônesd'origine tchèque. Deux ans plus tard, il quittait son maître et se mit à son compte, pei-gnant de petites icônes qu'il vendait dans les foires. "Dieu quel bonheur après ma pre-mière réussite ! J'avais gagné quelques sous, et quand je les donnais à ma mère, elleme regarda et me demanda, inquiète, d'où venait l'argent, car j'avais travaillé encachette. Lorsque je le lui appris, elle m'embrassa, voulût dire quelque chose, puis seretourna vers la fenêtre pour cacher ses larmes. Ce fût, peut-être, le plus beau jour dema vie" se rappelait avec émotion l'artiste.

Les visages des paysans remplacent ceux des saints

Pendant près de dix ans, de 1852 à 1861, le jeune peintre prit le chemin desmonastères, accompagné parfois de son frère aîné, Ghita, peignant fresques et icônes,parcourant le département de Prahova, puis la Moldavie. A Agapia (Neamt), il affir-ma son tempérament en remplaçant les traditionnels visages des saints par ceux despaysans des villages voisins, peignant le paysage de la région, et se représentant lui-même sous les traits de Saint Daniel… ce qui ne sera découvert par les spécialistesqu'un siècle plus tard. Passant sur les lieux, en 1861, le ministre de l'Instructionpublique, Mihaïl Kogalniceanu, remarqua le talent exceptionnel du jeune peintre et luiobtint une bourse de huit ans pour aller perfectionner son art à Paris, jusqu'en 1869.

Peinture

"Peintre des paysans", NicolaeGrigorescu réalisa des centaines detableaux, dont 63 sont consacrés àdes bœufs. Parmi eux, les célèbres"Car cu boi", où l'on voit des char-rettes tirées par des bœufs menéspar des fermiers et leurs aides. Pourconduire l'artiste au cimetière, sesamis et les habitants de Câmpina, oùil passa la fin de sa vie, choisirontsymboliquement cet équipage.

Loin de son pays, le peintre avaitété profondément marqué par unautre univers rural et ancestral, laBretagne. En 1876, la curiosité et lehasard l'avaient conduit vers unepetite ville pittoresque et médiévale,Vitré. Le peintre y discerna le rythmelanguissant de la vie provinciale del'époque, où tout était attente,contemplation.

Une atmosphère qu'il rendit admi-rablement dans "Intérieur à Vitré", oùl'on voit une vieille femme, perduedans ses pensées, égrenant lesheures dans une maison où elle apassé toute sa vie, tricotant dans lalumière éclatante que laisse entrersa porte.

Il est peu probable queGrigorescu ait peint un autre tableauavec autant de chaleur et de poésie.L'artiste était si satisfait de son travailqu'il en donna trois versions.

Cette étape fût peut-être lemoment suprême de la carrière dupeintre qui poursuivit son voyagevers l'océan où il fût fasciné par sonimmensité toujours changeante et sarencontre avec le rivage. De cettedécouverte résulta une série demarines impressionnantes, sanspareil dans la peinture roumaine.

A la rencontre de la Bretagne

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

BUCAREST

ORADEA

SATU-MARE

TIMISOARA

ARAD

CAMPINA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BOTOSANI

PITESTI

CLUJ

Epris de nature et de lumière

AGAPIAALBA IULIA

Une rapsodie Le “Petit Paris” disparu

Le Palais Sturdza, siège du Ministère des Affaires étrangères, Piata Victoriei, détruit en 1945.

L’hôtel Lafayette, Piata Victoriei

Le Palais des Arts (Musée militaire), Parc Carol

L’église Saint Spiridon L’hôtel Imperial, Piata Palatului

Le Palais Somanescu

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Tout l'ouvrage Sic cogito sert à expliquer cet événement,le premier de toute une série de communications spirites quidevait s'établir entre l'Esprit de Julie Hasdeu, de "Lilica",comme la nommait son père, et l'intelligence extrêmement ten-due et suggestionnable de Hasdeu lui-même.

"Le génie des personnes aimées disparues s'ajoute au nôtre"

Les communications médiumniques eurent depuis lorsune influence même sur les travaux littéraires de Hasdeu. Dansun article sur ce dernier, publié dans le Mercure de France, en1907, M. Craiovan reproduit le fac-similé de quelques lignesd'écriture automatique obtenue par Hasdeu dans une séance despiritisme qui eut lieu chez lui, le 13 novembre 1890, et àlaquelle prirent part le docteur Steiner, les professeursFlorescu et Sperautia, le chevalier de Sazzara, consul généralaustro-hongrois, enfin V. Cosmovici, qui servit de médium.

Tout à coup Hasdeu reçut une communication russe,censée venir de son père, et dont voici le contenu: En qualitéde dernier descendant de la famille, tu dois continuer le trésorde la langue moldave: Etimologicum magnum Romaniæ.Ce document automatique eut toujours pour Hasdeu la valeurd'une véritable révélation: il lui prouvait la réalité des inspira-tions que subissait sa vie mentale. Il a rapporté longuement, etnon sans un certain esprit critique, les motifs qui le portaient àcroire au caractère spiritique de cette révélation.

D'ailleurs, il avait déjà été frappé, par cette idée de LouisFiguier, que les artistes, écrivains, penseurs, après avoir subi la

perte d'un être aimé, sentent s'accroître leurs facultés. Il luisemblait que les aptitudes intellectuelles de la personne mortevenaient s'ajouter aux leurs et enrichir leur génie. En tout cas,cette communication médiumnique valut à la Roumanie unouvrage philologique, qui, tout en étant resté inachevé, est cer-tainement l'un des trésors les plus précieux de sa langue.

Persuadé que sa fille lui dictait sa conduite d'"En-Haut"

Les séances de spiritisme attirèrent beaucoup de visiteursau château de Câmpina. Parmi eux le plus grand peintre rou-main, Nicolae Grigorescu, qui finit ses jours dans les environsimmédiats. Mais, persuadé que sa fille lui dictait d'"En Haut"sa conduite, B.P. Hasdeu en avait fait une idée fixe et s'épuisaitdans ses tentatives de rentrer en contact avec elle et son rôle demédium, ce qui amena certains à douter de sa santé mentale.

Un jour que les railleries niaises atteignaient son spiritis-me, "seule religion expérimentale" possible selon lui, Hasdeuse crut obligé de démontrer sa bonne foi. "En histoire, écrivit-il, en philologie, dans toutes les sphères de la connaissance,j'ai toujours été sceptique, repoussant l'autoritarisme d'enhaut et la popularité d'en bas, et me frayant partout seul, parmes propres recherches, en allant à la source de tout, une voienouvelle, bonne ou mauvaise, telle que je l'entendais, maisd'un cœur pur, sans crainte de personne, sans utilité person-nelle, sans flatterie, sans réclame". Le grand homme survécutà sa prodigieuse fille dix-neuf ans, la rejoignant dans l'"Au-delà" en 1907. Il avait 69 ans.

lui fait élever un château et communique avec son espritLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Avant la deuxième Guerre Mondiale, Bucarest méritait pleinement son sur-nom de "Petit Paris". Ses majestueux boulevards bordés de vieux tilleuls,dans l'ombre desquels s'ouvraient les fenêtres de luxueux hôtels particu-

liers, ses avenues à l'allure haussmannienne, ses pâtisseries où ces dames en chapeauxà la dernière mode de Paris prenaient le thé, ses parcs "à la française" où les "demoi-selles" promenaient les enfants de bonne famille auxquels elles enseignaient lefrançais… tout cela berçait dans une atmosphère de "douce France" pour une certai-ne classe sociale privilégiée.

La Roumanie devenue "République Populaire" s'empressa d'effacer ces marquesd'une civilisation "décadente". Ceausescu fit raser des quartiers entiers, remplaçantles vénérables maisons de maître par une véritable forêt d'immeubles identiques - lesblocs aux multiples entrées -. Il fallait désormais aux Bucarestois plusieurs lignes pourécrire leur adresse: rue untelle, bâtiment A, B, ou C…, escalier n° tant, tel étage et telappartement du secteur n° tant.

Les Bucarestois ont perdu de vue leur centre

Dans les rues si pittoresquesdu centre historique de la capita-le les beaux magasins fermèrentleurs portes; de toutes façons iln'y avait plus rien à vendre. Lesfaçades des élégantes demeuresabandonnées noircirent, se fen-dillèrent lors des tremblementsde terre, et oscillèrent au passa-ge d'une circulation toujoursplus dense. Le revêtement desrues était rongé par d'innom-brables trous.

Une dizaine d'années après la fin du régime communiste, les édiles ont décidé derénover le centre historique de Bucarest pour lui rendre sa splendeur d'antan. On rava-le des façades, interdit la circulation automobile, asphalte des rues. Mais tout cela sansse presser, le maire ne considérant pas cette opération comme prioritaire et préférantvoir pousser les gratte-ciels à l'américaine. Même si des commerçants s'y réinstallent,des clubs, des bars rouvrent, le quartier reste mort. Les habitants de Bucarest ontperdu l'habitude de s'y rendre, les touristes y passent brièvement mais rien ne les yretient. Le soir, les rues sont désertes.

Retrouver un parfum de France

Et voici que cette année, une initiative française a essayé de faire émerger lecentre historique de Bucarest de sa léthargie. A l'occasion du 14 Juillet 2006,Georgiana Miron, coordinatrice de projets auprès de l'institut Français, a décidé demarquer cette date dans le quartier Lipscani et tout particulièrement dans trois éta-blissements s'y trouvant: le Club A, le Monaco Lounge et l'Amsterdam Café, en lestransformant en cafés culturels..

Une équipe de peintres a masqué les façades les moins engageantes et les palis-sades en les habillant de couleurs gaies. Le message était clair: "La beauté revientdans le quartier Lipscani". Des terrasses de café ont été installées le long des trottoirs.Des DVD Offset 2005 qui avaient été présentés au Festival Simultané de Timisoaraont pu être visionnés au Monaco Lounge. L'Amsterdam Caféa a présenté un spectaclemusical et poétique. Les spectateurs ont découvert au Club A "Le Monologue duVagin" dont le succès a été grand en France.

La capitale est dotée d'établisse-ments qui témoignent de son faste dudébut du XXème siècle et qu’on peuttoujours découvrir. Après rénovation,l'hôtel-restaurant Capsa (photo) arouvert ses portes. C'était l'endroit leplus luxueux du "Petit Paris".Ecrivains, artistes s'y mêlaient auxhommes politiques. On y commentaitl'actualité, faisant et défaisant lescabinets ministériels, sous le regardde femmes coquettes qui venaient ydéguster de délicieuses pâtisseries.En ce lieu distingué, on conversait leplus souvent en Français. Si, aujour-d'hui, Capsa a retrouvé son rang, onne s'y presse plus comme autrefois.

Des établissementsprestigieux

BUCAREST

ORADEASATU MARE

TIMISOARA

ARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

RESITA TARGOVISTE

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEAHUNEDOARA

"Intime Roumanie", une exposition photographique de Bruno Cogez

En face, il ne faut pas manquer des'installer soit à la terrasse du Cerclemilitaire - on n'y voit aucun képi -bon observatoire, en retrait, sur laCalea Victoriei, soit à l'intérieur quipermet encore d'imaginer ce qu'étaitla vie des aristocrates et dandys dudébut du XXème siècle, lorsque leroi observait la salle de la discrèteloge qui lui était réservée. Enfin, il nefaut pas hésiter à pousser jusqu'auquartier toute proche de Lipscanipour y déguster une bière dans labrasserie "Caru cu bere" ("Chariot àbière") pour compléter ce voyagedans le Bucarest d'il y a un siècle.

Vie quotidienneLa nostalgie

Bucarest revit…

Pendant cinq ans, Bruno Cogez(notre photo) a saisi cesmoments intimes de la

Roumanie d'aujourd'hui : visages, détails,intérieurs. Le photographe nous proposedans sa nouvelle exposition, "INTIMEROUMANIE", qui se tient à la Maisond'Europe et d'Orient un regard très per-sonnel où chaque image raconte une his-toire singulière, une rencontre, uneatmosphère. Il donne à voir uneRoumanie tout en nuances, pétillante,volubile et sarcastique. Véritable invita-tion au voyage, Bruno Cogez nousentraîne dans son univers intime. Cetteexposition est présentée dans le cadre duMois de la Photo-OFF.

Photographe autodidacte, BrunoCogez s'installe à Bucarest entre 1999 et2004. A partir de 2001, il réalise le docu-mentaire photographique "Les juifs deRoumanie", fruit d'un travail de deuxannées, durant lesquelles il s'immerge

dans le quotidien des membres de la com-munauté juive de Roumanie. Fasciné parla transition en Europe de l'Est, sesvoyages le conduisent à travers toute

l'Europe centrale. Ses nombreux repor-tages sont publiés dans la presse occi-dentale.

Coup de cœur de la bourse du Talentphotographie.com/Kodak, il a été nominépour le prix AIDDA de la photographiesociale et documentaire en 2003 et 2006.Directeur du Collectif EST qu'il a fondé

en 2004, Bruno Cogez fait aujourd'hui lapromotion des photographes et de la pho-tographie de l'Europe de l'Est.

Le Collectif EST est le premier col-lectif européen basé à Paris, regroupantdes photographes et des rédacteursd'Europe de l'Est. Constitués en réseau,ils offrent en permanence une couverturede l'actualité à l'Est, de Prague à Minsk etde Riga à Bucarest.

Infos: [email protected]

"INTIME ROUMANIE" à la Maisond'Europe et d'Orient

3, passage Hennel 75012 Paris - Accès:105, avenue Daumesnil

Métro Gare de Lyon ou Bus 57, 29Entrée libre, du lundi au vendredi de

10h à 13h et de 14h à 19hJusqu'au 22 novembre 2006 ; vernissa-

ge le vendredi 3 novembre à partir de 18h30

ExpositionQuartier le mieux préservé, Lipscani

abrite de nombreux restaurants et cafés.

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Malgré cela, les Bucarestois interrogés pour savoir s'ilsfréquentent le centre historique de leur capitale, répondentqu'il existe d'autres endroits de Bucarest, plus attractifs. Ilsreprochent à ce quartier son manque de projets à long terme etd'investissements pour le réhabiliter. Voici quelques unes deleurs réactions: "Les maisons sont en ruine et tu dois faireattention à ne pas recevoir une tuile sur la tête. Pour moi cen'est qu'un endroit de passage". "Si on y organise des spec-tacles, j'y viendrai. J'aime ce quartier, il y ade beaux bâtiments dont on peut admirerl'architecture, mais ils ne sont pas mis envaleur".

Mozart à la rescousse

Un autre événement, appelé à fairerevivre la capitale roumaine l'été dernier aété le Mozart Fest qui s'est déroulé dans lecentre de Bucarest. Du 7 au 16 juillet on apu écouter sur la place George Enescu "LaPetite Musique de Nuit", "Don Giovani","Les Noces de Figaro" et d'autres œuvresde Mozart. Il s'agit d'un événement impor-tant, tant par le soin qu'on a pris pour amé-nager la place, transformée en jardin fleurirappelant l'atmosphère viennoise, que par laqualité des interprétations.

La Roumanie, candidate à l'entrée dans l'UnionEuropéenne, prend peu à peu exemple sur les autres membresde celle-ci en matière juridique comme dans tous les autresdomaines, important les bons comme les mauvais exemples. Ason tour, elle deviendra un temple de la consommation.

Des soldes tentantes

Et pour amener les citoyens àconsommer, quoi de mieux que lessoldes ? Une grande partie des magasinsde Bucarest ont affiché des baisses deprix allant jusqu'à 70 %. C'est en géné-ral la collection de vêtements et desaccessoires d'été qui est soldée mais ontrouve également quelques affaires pou-vant convenir à l'automne.

Comme il n'existe pas encore une véritable législation, lesaffichages publicitaires ne sont pas toujours à prendre à lalettre, les 50 à 70 % de réduction promis ne concernant en faitque quelques articles phare. De même, les "50 % sur le deuxiè-me article acheté " doivent le plus souvent se comprendre: "àcondition qu'il soit moins cher que le premie".

Voici toutefois une petite idée pour les prochaines soldesdes bonnes affaires possibles: un petit pull rayé - à la pointe dela mode - coûtera entre 15 lei (4,17€) et 225 lei (62,50 €)selon que vous l'achèterez sur le boulevard Regina ou à Piata

Romania. Un tee-shirt rayé et garni de rubans sur les côtés vaut39 lei (10,60 €), un autre, boutonné sur l'épaule, 29 lei(8,05 €). Vous trouverez un pantalon finement rayé à 40 lei(11,10 €), un pantacourt à 79 lei (21,95 €) et une robe au des-sus du genou, blanche et marine ornée de dentelle à la taille à99 lei (27,50 €) au lieu de 149 (41,40 €).

Pas de bus dans le centre de la capitale

Malgré les efforts réalisés par la muni-cipalité pour animer le centre de Bucarest,les minibus ou maxi taxis n'y circulerontpas. Seules les zones du sud-est et du nord-ouest de la capitale bénéficieront de ce ser-vice, les sociétés de transport ne trouvantpas attractives les offre proposés par lamairie pour le centre ville. Il faut savoirque circuler dans le centre-ville deBucarest tient de l'acrobatie. La densité dela circulation est inimaginable et le code dela route totalement ignoré…

Un nouveau règlement réduit à 17itinéraires la circulation des minibus - ilsétaient 26 - et aucun ne traversera le centreville. Un trajet en minibus coûte environ 1leu (0,28 €). Un abonnement mensuel vaut

entre 40 et 70 lei (11 à 20 €) selon le trajet.Ce qui est intéressant à souligner c'est que plusieurs lignes

de minibus permettent aux Bucarestois de se rendre dans lesdifférents hypermarchés de la capitale. Ceci signifie que cetteformule de distribution gagne en popularité. On en a d'ailleursla preuve avec les ouvertures successives de nouvelles grandes

surfaces Carrefour, Cora ainsi que d'en-seignes allemandes.

A bientôt à Bucarest ?

Il faut un certain courage pours'aventurer dans les rues du centre deBucarest en plein été. Il y fait très chaud,l'asphalte fond sous vos pas, le bruitomniprésent et le stress qu'on ressent lors-qu'on essaie de traverser vous donnentenvie de vous précipiter à la gare pour

prendre le premier train vers les verdoyantes et somptueusesCarpates. Les autorités de la capitale s'efforcent de rendre leurville plus attractive, deux écoles s'affrontent, l'une, pour l'ins-tant la plus suivie et qui a l'aval de la mairie, parsème le centreville de gratte-ciels aux lignes futuristes, l'autre, plus timide,essaye de redonner à Bucarest son aspect d'antan, son charmedélicieux de ville de l'Est de l'Europe, de celles qu'on allaitvisiter en prenant l'Orient Express. Cette double métamor-phose vaut la peine d'être vécue. Alors, à bientôt à Bucarest ?

Karin Humbert

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CLUJ

IASI

SF. GHEORGHE

Connaissance eet ddécouverte

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Bogdan Petriceicu Hasdeu a été brisé par la mort de sa fille. Désemparé, ilva faire publier son oeuvre et communiquer avec son esprit, en découvrantainsi la voie vers le spiritisme et en devenant l'un des principaux person-

nages de son histoire. En 1891, il fait construire au cimetière Bellu de Bucarest un destombeaux les plus mystérieux. B.P. Hasdeu affirmait que tout y avait été conçu selonles voeux de Iulia qui aurait tout dicté à son père pendant les séances de spiritisme. Letombeau, en marbre, où gît la jeune fille, reproduit au milieu son buste. Près du tom-beau, il y a trois chaises sur lesquelles sont gravés des signes cabalistiques, entourantune petite table qui avait appartenu à Iulia, apportée de Paris. Sous la pierre tombaleon peut observer l'image de Jésus Christ, multipliée en deux miroirs parallèles. A lasurface, on trouve un trônecirculaire entouré de deuxsphinx, et à l'intérieur, uncrâne qui a la bouche grandeouverte et au-dessus duquelon peut lire: ''Laisse l'hiron-delle faire son propre nid!''

On raconte que jusquedans les années 60, on pou-vait voir, à travers unefenêtre, le visage d'unejeune fille qui était morteprématurément, vêtue d'unerobe blanche de mariée etmunie de deux guirlandes decouleurs.

Messages et photos prises de "l'Au-delà"

Entre 1894 et 1896, B.P.Hasdeu fit dresser à Câmpina un château à la mémoire desa fille, à moins de 100 km de Bucarest, à Câmpina, sur la Vallée de Prahova, égale-ment surnommé ''temple spirituel''. L'écrivain essayait, à côté de ses amis, d'y entreren contact avec l'esprit de Iulia mais encore avec l'esprit de son grand père et de sonpère, Alexandru Hasdeu.

Pendant les séances de spiritisme, pour être sûrs de ce qui se passe, les participantsavaient l'habitude de faire des photos qui sont toujours conservées dans le Musée duchâteau. Les photos ont surpris de façon assez claire des formes lumineuses dont onprésuppose être les signes du monde de l'au-delà. Hasdeu notait la durée et la date dechaque séance ainsi que chaque message reçu.

La perte de sa fille avait provoqué une orientation nouvelle dans l'esprit d'Hasdeu,qui a même expliqué son initiation au spiritisme dans le prologue de Sic cogito, le seulde ses ouvrages écrit en ce sens.

"Il s'était écoulé six mois depuis la mort de Iulia, c'était en mars (1889); l'hiverétait parti; le printemps se faisait encore attendre. Un soir humide et maussade, j'étaisassis seul à ma table de travail. Devant moi, comme de coutume, il y avait une ramede papier et plusieurs crayons.

Comment ? Je ne sais; mais, sans le savoir, ma main prit un crayon et en appuyala pointe sur le papier qui luisait. Je commençai à sentir à ma tempe gauche des coupsbrefs et profonds, exactement comme si on y avait introduit un appareil télégraphique.Tout à coup ma main se mit en mouvement sans arrêt. Cinq minutes tout au plus.Quand mon bras s'arrêta et que le crayon s'échappa de mes doigts, je me crus réveillédu sommeil, bien que je fusse certain de ne m'être pas endormi. Je jetai un regard surle papier et j'y lus sans aucune difficulté :

" Je suis heureuse; je t'aime, nous nous reverrons; cela doit te suffire. JULIE HASDEU

C'était écrit et signé de la propre écriture de ma fille. "

CAMPINA

Devenu musée mémorial de B.P.Hasdeu, le château que le grandhomme a fait construire en mémoirede sa fille pour entrer en contact avecelle par spiritisme se visite.

Aujourd'hui, les chambres où sedéroulaient ces séances conserventtoujours cette atmosphère mystérieu-se. S'y trouvent également destableaux, des portraits de Iulia, sonpiano, des documents et des croquisplacés en ordre sur le bureau deHasdeu.

Sur le fond bleu du hall du châ-teau, comme il avait été peint il y acent ans, sont dessinés des sala-mandres, des serpents et des hiboux.Dans le hall central du château, deuxescaliers en métal mènent vers uneplate-forme au milieu de laquelle sevoit en grandeur nature la statue deJésus Christ, les bras ouverts. Cettedernière avait été au début entouréedes statues des douze apôtres qui sesont abîmées avec le temps. L'œuvreappartient au sculpteur italien RafaeloCasciani. Sur la terrasse du châteauon peut admirer la Vallée de laPrahova. L'entrée du château estflanquée de deux portes et de deuxtrônes construits en pierre. Au-dessusde la porte principale est gravé lesigne magique ''Delta'', comme unoeil protecteur, veillant en quiétude eten paix. Un noyer se dresse dans lacour du château que Hasdeu avaitplanté lui-même.

Chaque année, des milliers devisiteurs viennent dans cet étrangetemple du spiritisme, visblementimpressionnés par la tragique histoirede deux génies, le père et la fille quiont essayé d'entrer en contact au-delà de l'espace et du temps qui lesséparaient.

du "Petit Paris" et de l'Orient Express

Un étrange temple duspiritisme à Câmpina

L’auberge Hanul lui Manuc

Inconsolable, son pèreLittérature

mais plus à l'américaine

Le château de Câmpina.

Le restaurant Caru cu bere.

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Tout au long de l'année, mais particulièrement en hiver, les automobilistesempruntant la Nationale 1 (Bucarest-Brasov) constatent que les bas côtésde la route, depuis Ciolpani jusqu'aux abords de la capitale, sont envahis

par des vendeurs à la sauvette leur tendant des bouquets de fleurs ou des pochettes dechampignons, cueillis et ramassés dans les forêts avoisinantes.

Ce commerce fait vivre quelques centaines de familles qui n'ont guère d'autresmoyens de subsistance. La période des perce-neige, en hiver, est la plus profitable.Dès les premières neiges tombées, en novembre, les enfants ou les adultes partent àleur cueillette, alors que les femmes préparent les bouquets. Cornel, est un de cesgamins qui proposent à longueur de journée ses fleurs. Il arrive à vendre 12 bouquetspar jour, au prix variant entre 1,5 et 3 €, dégageant un revenu de 15 €, qu'il ramènechaque soir à sa mère et à son beau-père. Le garçon, 14 ans, qui officie depuis l'âge de7 ans, est tout fier d'annoncer sa meilleure vente: 30 € en une seule journée. Mais,revers de la médaille, il a quitté l'école, ne faisant que cinq classes, ses absences étanttrop répétées.

Vasilica, 43 ans, qui élève seule ses 6 enfants, pratique ce métier depuis 24 ans.Elle l'a appris de sa belle-mère. Elle s'enfonce dans la neige et la forêt de cinq à sixkilomètres pour trouver les perce-neige, qu'elle cueille alors qu'ils ne sont pas éclos.Elle les lave soigneusement, les met au chaud pendant deux semaines, veillant sur euxjusqu'à ce qu'ils s'ouvrent, puis les propose à la vente. Sa journée lui rapporte en géné-ral 6 €, car elle ne vend ses bouquets que 0,8 €. Elle sait qu'elle a moins de chancesd'arrêter les automobilistes que les enfants. Lorsque l'hiver s'estompe, la courageusefemme retourne dans la forêt cueillir les fleurs de printemps et ainsi de suite jusqu'auxchampignons de l'automne. Cette forêt qui est mère nourricière des petites gens.

85 % des maisons du judet de Botosanisont en pisé

La plupart des habitants du judetde Botosani vivent dans des maisonsfaites d'un mélange de paille, de terrebattue, de pierres, recouvertes d'untoit de chaume, et qui on plus de centans. On en dénombre 106 000 dansun département qui compte 121 000habitations, soit 85 %. La ville mêmede Botosani en compte 52 %. Ceslogements de fortune sont exposéesaux inondations, tempêtes, glisse-ments de terrains et tremblements deterres, et les assureurs refusent deles prendre en charge. Leurs habi-tants n'ont pas les moyens de lesrefaire. On retrouve nombre de cespetites maisons en pisé dans laMoldavie, région la plus pauvre dupays, dont le judet de Botosani.

Vie quotidienne

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

DEVA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEA

BOTOSANI

SUCEAVA

BACAU

PITESTIPLOIESTI

CLUJ

A la sortie de Bucarest, laforêt, mère nourricière des petites gens

La première chose que je fis en rentrant, ce fut de chercherle journal de la veille. Sur la première page je vis, en grosseslettres: "La santé de Victor Hugo" et je lus avec anxiété.Quelques jours auparavant il avait donné un dîner en honneurde M. de Lesseps et de ses enfants. Il fût très gai pendant cedîner. Vers minuit, les invités partis, il dissimula un mal qui luiétait venu subitement. On remarqua sa pâleur: il se coucha, ilne se releva plus. Les docteurs Alix, Camille Séa et Vulpianvinrent le lendemain, ils constatèrent une congestion pulmo-naire. Victor Hugo avait des étouffements. Il se débattaitcontre la mort, voulait se lever, mais retombait sur son lit, mal-gré sa force extraordinaire. Avant-hier, il disait à ses amis avecbeaucoup de calme: "Je me porte bien, très bien. C'est la mort;elle est la bienvenue".

Hier et aujourd'hui, il tomba dans des assoupissementsprofonds. Hier soir déjà, il ne prononçait plus que des mono-syllabes; aujourd'hui il ne parla pas du tout. Il était depuisquelques heures comme endormi, lorsqu'à une heure et demiecette tête incomparable se souleva violemment, puis retombasur la poitrine. C'était fini...

"On doit bien une larme à ceux qui vous ont tant fait pleurer pour les autres"

Ah ! quelle gloire ! Moi, je n'ai jamais pu voir rien au-des-sus de cet homme. Sa vie me frappait presque autant que sesœuvres. Et ses œuvres me transportent, m'enlèvent. Pourquoiétait-il si grand homme ? Parce qu'il était aussi homme de bien.

L'autre jour - c'était avant-hier - je me mis à pleurer commeune folle en apprenant l'extrême gravité de sa maladie, etmaman qui est bien triste aussi, m'a dit qu'il fallait me conso-ler, qu'il mourait vieux et plein de gloire. C'est égal, répondis-je, on doit bien une larme à celui qui vous a tant de fois faitpleurer pour les autres! Et maman fut obligée de me laissersangloter à mon aise.

Comme j'aurais voulu le voir une seule fois! J'aurais gardétoute ma vie son image sacrée dans mon cœur. Mais, puisquece suprême bonheur m'a été refusé, je veux au moins que sonsouvenir ne me quitte jamais. J'aurais désiré follement luienvoyer une couronne ...

II est mort, Victor Hugo ! Je ne sors pas de là. Je ne peuxpas comprendre cette mort; non, vrai, je ne le peux pas.

Bonsoir, père, je ne suis pas capable d'écrire autre choseen ce moment ..."

Et dans le post-scriptum de la même lettre:Nous revenons, maman et moi, de la maison de Victor

Hugo. Elle est dans l'ancienne avenue d'Eylau, aujourd'huiavenue Victor Hugo, derrière l'Arc de Triomphe. Je t'ai déjà ditque tout le monde pouvait s'inscrire devant l'hôtel sur unregistre ouvert. Je me suis approchée, j'ai pris la plume, et j'aiécrit: "Mme et Mlle Hasdeu, de la colonie roumaine, au plusgrand des poètes, au plus grand des citoyens ". Je ne peux past'exprimer la sensation que j'ai éprouvée en me sentant toutprès de ce mur derrière lequel je le savais étendu, lui, VictorHugo; mon cœur me brisait la poitrine, ma main tremblait, j'é-tais devenue rouge, rouge, rouge…"

par la mort de Victor Hugo

Bogdan Petriceicu Hasdeu(1838-1907), sénateur deRoumanie, historien et philo-

logue, avait cinquante-trois ans lorsqu'ilperdit Iulia, sa fille unique. En cet hiver1888, il est l'une des plus importantespersonnalités de la culture européenne,historien, linguiste et remarquable écri-vain, membre des académies internatio-nales et des sociétés culturelles, directeurdes Archives de l'État, éditeur, auteur dela monumentale oeuvre EtymologicumMagnum Romaniae. Il séjourne longue-ment en France où il a installé sa famille,

notamment pour que sa fille, premièreélève roumaine de la Sorbonne, puisse ysuivre les meilleures études.

B. P. Hasdeu est né le 26 février 1838à Cristinesti. Son père Alexandre a étémuté en Pologne peu de temps après lanaissance du futur écrivain, qui a ainsi puétudier, jusqu'en 1850, dans des collègespolonais. Après l'installation de sa famil-le en Bessarabie, Hasdeu devient élève duLycée Régional de Chisinau, avant de sefaire inscrire à l'Université de Kharkovpour des études surtout juridiques.

En 1864, Hasdeu est chargé d'éditerl'Archive historique, dont l'impression acommencé à l'Imprimerie de l'État, maisa été suspendue plus tard. En 1867, lapublication a été reprise suite à une inter-vention du Parlement, impressionné parl'homme qui connaissait "une dizaine delangues antiques et modernes".

Dans le théâtre, B. P. Hasdeu s'est

affirmé par Domnita Ruxandra - drameen 5 actes - et la comédie Trois magesvenus d'Orient. C'est toutefois sonoeuvre Razvan et Vidra qui marquera,restant pour beaucoup le meilleur dramede la littérature roumaine.

L'œuvre scientifique de Hasdeu peutêtre considérée sous son aspect documen-taire ou littéraire. Son énorme effort derecueillir des documents, notammentslaves, dans son Archives historiques dela Roumanie, la conjugaison, ensuite, del'histoire archivistique avec la philologieet l'archéologie, l'introduction d'une phi-losophie de l'histoire dans la synthèse desfaits sont autant d'éléments qui en font ungrand homme de culture. Quant à la phi-lologie, il en est le créateur, au senssavant du terme. Personne, avant ou aprèslui, n'a mieux connu les langues slaves etn'a disposé de plus larges connaissancespour l'examen des faits.

Bogdan Petriceicu Hasdeu, immense homme de culture et créateur de la philologie

un coup de poignard dans le cœur"

Ecaterina Balan a connu Joseph Gay au début desannées 1970, alors qu'elle travaillait comme labo-rantine pour une fabrique de fibres textiles de

Savinesti. Le Français avait été envoyé par sa firme pour ins-taller une nouvelle unité. Le couple s'est marié en 1975,Ecaterina devenant Mme Gay et suivant son mari dans larégion de Roanne, obtenant quasi-immédiatement la nationa-lité française. La jeune Roumaine était née en 1950 dans lacommune de Hangu où elle a fait ses études primaires etsecondaires avant de suivre les cours de l'Ecole des Métiers deGalati, se spécialisant dans l'industrie alimentaire.

Dès son arrivée en France, Ecaterina s'est mise à travailler,trouvant une place dans une fabrique de textiles où elle reste-ra pendant treize années. Très vite, elle s'est adaptée à la viesociale roannaise, commençant à s'impliquer comme déléguéedes parents d'élèves, lorsque ses deux enfants auront atteintl'âge scolaire.

En 1988, elle décida avec son mari de monter sa propreentreprise de confection, se disant "on gagnera peut-êtremoins, mais on sera nos propres patrons". L'affaire débutaavec deux ouvrières, elle tourne aujourd'hui avec une quinzai-ne, la qualité de sa production étant particulièrement appréciéeau niveau européen puisque Ecaterina est chargée de la forma-

tion de spécialistes de plusieurs nationalités, dont de nom-breux jeunes Roumains, s'occupant de leur voyage et séjour,veillant à ce qu'ils trouvent un climat familial, les recevantdans sa maison les jours de congé. D'ailleurs, dès après la"Révolution" de 1989, Ecaterina s'est évertuée à mieux faireconnaître la Roumanie et le judet de Neamt en France et àRoanne, retournant dans son pays tous les ans.

Son activité inlassable l'a conduite à entrer à la Chambredes Métiers de Roanne, puis à prendre des responsabilités deplus haut niveau, devenant la première Roumaine à être éluevice-présidente nationale des Chambres des Métiers, ayant encharge la formation des apprentis du Textile. Ses mérites n'ontpas échappé aux autorités qui l'ont faite chevalier dans l'OrdreNational du Mérite en 2001, comme le note avec fierté la pres-se roumaine, rappelant que c'est le Général De Gaulle qui l'acréé, en 1963.

En trente ans, Ecaterina a fait l'éclatante démonstrationd'une intégration parfaitement réussie; ses deux enfants ont desprofessions enviables, la fille, dans le marketing internationalà Strasbourg, le garçon comme inspecteur des Arts. Mais, sielle reconnaît avoir trouvé bonheur, épanouissement et situa-tion, dans une France qui l'a adoptée, l'ancienne écolière deHangu n'oublie pas qu'elle vient "de cette si chère Roumanie".

Ces Roumains qui font aussi la FranceDepuis son entreprise de confection de Roanne,

Ecaterina veille sur la formation des apprentisdes Chambres de Métiers françaises

VASLUISAVINESTI

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Littérature

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

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SIBIU

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CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTIORAVITA

CLUJ

SINAIA

La jeune Roumaine boulversée

Iulia Hasdeu avait adoré trois hommes: Napoléon ler, Ferdinand de Lessepset Victor Hugo, qu'elle appelait les trois grands poètes du siècle. Dans unelettre datée du 22 mai 1885, adressée de Paris à son père, alors en Roumanie,

elle fait le récit touchant et passionné de la mort de l'auteur de Notre-Dame et desOrientales, montrant tout le talent et la sensibilité qui l'habitent; la jeune fille n'a alorsque quinze ans:

"Victor Hugo est mort aujourd'hui,à une heure et demie de l'après-midi, àl'âge de quatre-vingt-trois ans, troismois moins quatre jours. Et voilà laterrible nouvelle ! Voilà ce qui conster-ne, accable tout Paris, toute la France,ce qui émeut l'Europe et le monde;Victor Hugo est mort! Pour moi, je suisabattue, je suis navrée; en lisant sur lapremière page du journal, encadrée dedeuil, en grosses lettres noires et lugubres ces mots: "Victor Hugo est mort... unegrande lumière s'est éteinte...", j'ai senti comme un coup de poignard dans le cœur.Encore en t'écrivant, cher père, la plume tremble dans ma main, je me sens oppresséeet j'essaye en vain de pleurer. Oh ! l'on ne pleure pas dans ces douleurs-là !

"C'était un être à part, un dieu sur terreet il me semblait qu'il devait être immortel"

Mardi dernier, vers deux heures de l'après-midi, j'étais tranquillement assisedevant mon atlas et j'étudiais ma géographie. Je lis chaque soir les principales nou-velles du "Temps" à maman; mais, la veille, ayant eu trop de travail à faire, je n'avaispas pu ouvrir le journal.

Donc, mardi 19 mai, je fus interrompue de mon étude par la voix de maman quim'envoyait jusqu'au bas de l'escalier payer sa marchande de légumes qui venait pourson argent, et qui est trop vieille pour pouvoir monter sans se fatiguer énormément.Il faut te dire que cette vieille demoiselle adore la littérature, qu'elle se mêle de poli-tique et lit régulièrement son journal, qu'elle a dans sa boutique du marché Saint-Germain le buste de la République et le portrait de Victor Hugo entouré d'immortelles.

Cette pauvre femme vient à moi en pleurant. Je lui demande ce qu'elle a. - Ah ! mademoiselle, me répondit-elle, la voix étouffée par les sanglots, on a de

mauvaises nouvelles de la santé de M. Victor Hugo! - De mauvaises nouvelles ? dis-je, toute surprise. - Oh ! oui, mademoiselle; c'était dans 1e journal d'hier, il a une congestion pul-

monaire". Je croyais rêver; Hugo malade ! Hugo en danger ! Je regardais cela comme une

chose impossible. Je m'étais habituée a ne pas le regarder comme les autres hommes.Pour moi, Hugo, c'était un être à part, un dieu sur la terre, et il me semblait qu'il devaitêtre immortel. Je me rassurai en pensant que la bonne marchande exagérait les choses.

- Cela ne peut pas être bien grave, lui dis-je; M. Hugo est d'une constitution trèsrobuste.

- C'est égal, réprit-elle, il est vieux, et une congestion pulmonaire n'est pas unebagatelle. Ah ! cela me fait de la peine, allez !

"Je me porte bien, très bien. C'est la mort, elle est la bienvenue"

La marchande partit en sanglotant. Et de voir cette femme toute cassée, toute enhaillons, marchant dans la pluie avec ses souliers troués, et pleurant Victor Hugomalade, cela me donna envie de pleurer moi aussi.

"J'ai senti comme

Viens, mon âme, allons bien loin,Allons dans l'invisible espace,Par où nul souffle humain ne

passe,Où n'atteint pas l'humain besoin;Allons-nous-en, mon âme, loinEt du monde perdons la trace!Allons-nous-en dans l'infini,De l'idéal sonder les cimes,Errer dans les hauteurs sublimes;Dans le ciel bleu, abri béni,Tâchons de scruter l'infiniEt de ne plus voir les abîmes...

xx x

0 vous, qui de l'Amour me vantezla science,

Laissez-moi ma candeur et moninsou ciance!

Laissez-moi profiter du fugitifmoment,

Où par l'âge on est femme, et parle cœur enfant!

Laissez-moi libre et gaie errer parles prairies,

Sans que mon front chargé desombres rêveries

Soit rougissant, ainsi que celuid'un vouleur;

Laissez-moi dans les bois cueillirde lys en fleur,

Chaste et pur, virginal et blanccomme mon âme,

Laissez-moi fuir encore les défautsde la femme,

Etre belle sans art, sans même lesavoir,

De mes charmes naissants ignorerle pouvoir

Et vivre dans la joie ineffable etpuissante

D'avoir mon cœur léger et monâme innocente…

Iulia Hasdeu (écrit en français)

“Viens, mon âme...”

L'humiliation des demandeurs de visas pour la Grande Bretagne, transformés en numérosVie quotidienne

Asix heures du matin, ils sont déjà plus d’une cen-taine à faire la queue devant l'ambassade deGrande-Bretagne, à Bucarest. A 9 heures, lorsque

les services ouvrent, ils sont plus de 200 dans l'attente d'unhypothétique visa. La moitié seulement réussiront à rentrerpour passer l'indispensable et décisif entretien avec un agentconsulaire.

Ces hommes et ces femmes patientent depuis parfois unesemaine, dans des conditions humiliantes que ce pays est pra-tiquement le dernier à leur imposer en Europe - avec leDanemark, où le sentiment xénophobe est fort - malgré sesconstantes déclarations d'intérêt pour la Roumanie et ses pro-messes non tenues depuis des années de supprimer l'obligationde visa, comme dans l'Espace Schengen, pour pénétrer sur sonterritoire.

Un gardien d'une société privée, véritable "armoire àglace", engagé par l'ambassade, surveille les gestes et mouve-ments des postulants, hurlant lenuméro de celui qui peut entrer."585, c'est à ton tour… qu'est-ce quetu fiches !!!", régnant par l'intimida-tion, surtout auprès des provinciauxqui se sentent perdus.

Des pratiques qui rappellent,n'oublions pas, celles, heureusementrévolues, de l'ambassade de Franceau début des années 90. Les fonc-tionnaires, tout sourire pour leurscompatriotes, se mettait soudaine-ment à aboyer quand ils voyaient lenez d'un Roumain dépassant laporte, provoquant la honte et la gènedes Français de passage.

Il s'agissait souvent d'un vieux professeur ayant enseignéà ses élèves l'amour de la France pendant des décennies sansavoir le droit d'y mettre les pieds et saisissant l'occasion de lachute du communisme, espérant enfin la visiter, consacrant àce voyage rêvé les économies d'une vie…

Dormir une semaine, entassés dans une Dacia

Ana, jeune fille de Deva, a le numéro 444. Elle a besoind'un seul visa de transit, pour rejoindre son mari indien, fixéaux USA, qui compte la retrouver à l'aéroport Heathrow deLondres, et prendre un vol dans la foulée pour l'emmener dansson pays natal. L'ambassade britannique lui a dit qu'elle n'avaitpas besoin de ce document, mais le consulat de New York aaffirmer le contraire à son mari. Retéléphonant à l'ambassadeà Bucarest, celle-ci a changé d'avis, se pliant aux renseigne-ments donnés à New York. Dans l'incertitude, Ana fait donc laqueue. On est vendredi, elle est là depuis mardi. Elle a pris unticket au kiosque du coin qui les délivre, en faisant précieuse-ment une copie.

Certains, loin sur la liste d'attente, font leurs calculs: ilschoisiront de revenir trois jours plus tard. D'autres, par pru-dence, préfèrent rester sur place. Des candidats, lassés d'at-tendre, ne se présentant pas, les numéros peuvent défiler viteet, si leur tour est passé, il faut reprendre un autre ticket etrecommencer.

Elena, de Vaslui - 12 heures de train - attend depuis troisjours. Elle s'indigne surtout du cas d'un jeune garçon, venud'Arad qui dort dans le parc voisin depuis cinq jours. S'ils n'ontpas de famille sur place, ou les moyens de se payer un hôtel,ce qui est souvent le cas, d'autres dorment dans leur Dacia, enoffrant l'hospitalité à des compagnons d'infortune, y passantparfois une semaine entière.

Des fonctionnaires britanniques arrogants et incompétents

Le 598 s'étonne que l'ambassa-de ne procède pas par Internet,comme celle des USA, où lademande est enregistrée et où onpaye le visa en ligne, un rendez-vous précis pour l'entretien étantalors fixé. Il hausse les épaules:"C'est une ficelle pour nous décou-rager". L'attaché de presse de l'am-bassade indique: "C'est à l'étude"…Comme la suppression des visas ?

Le 384 et le 598, venus deBacau et Timisoara, ne décolèrentpas. Les deux hommes ont pris unnuméro, mais devant la file d'atten-te sont retournés trois jours chez

eux, avant de reprendre leur place dans la queue. Au total, pourchacun, près de 36 heures dans le train et des frais importants.

Des jours de queue pour rien

Le 532, Adrian, vit depuis quatre ans en Angleterre et estdans l'attente d'une carte de résident. Il constate: "En Grande-bretagne, les fonctionnaires sont aimables et courtois. Ici,ceux de l'ambassade sont infects, arrogants, indifférents etincompétents".

Malheureusement, c'est parfois le cas dans d'autres ambas-sades ainsi qu'en France dans certains services d'immigrationdes préfectures, où on a semblé longtemps prendre un malinplaisir à choisir des cerbères se transformant en Pitbull pourexaminer les demandes des étrangers.

Quant à Ana, elle est retournée dans sa ville de Deva avantd'aller rejoindre son mari à l’aéroport d’Heathrow. Après unesemaine d'attente devant l'ambassade britannique, l'agentconsulaire lui a indiqué que, finalement… elle n'avait pasbesoin de visa !

La disparition de Victor hugo (ici, ses funéraillesnationales) a prondément marqué la jeune fille.

"585, c'est à ton tour… qu'est-ce que tu fiches !!!"

Les immigrés sont souvent traités comme des chiens parles policiers des frontières, dont certains n’hésitent pas àles racketter. L’accueil n’est pas meilleur dans certaines

ambassades où l’humilation est de mise. Victor Hugo, enson temps, avait parlé de la condition des “Misérables” en

France. Qu’en est-il en Europe au XXIème siècle ?

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Une querelle de clochers

L'enterrement de Vasilica Neacsu, paysanne octogénaire, a déclenché unevéritable guerre entre les fidèles orthodoxes de la commune de Paulesti(jud de Prahova, Ploiesti), attisée par deux prêtres qui revendiquent chacun

leur territoire. Le conflit dure depuis deux ans. A cette époque, le prêtre Florian a étédésigné pour s'occuper de la petite église d'un des villages de Paulesti, Cocosesti,proche du cimetière, mais distant de 5 kilomètres. Cette nomination a provoqué lafureur du prêtre de la commune, Marcel Tatu lequel n'acceptait pas de partager sonautorité sur la paroisse et faisait des pieds et des mains pour que ce soit son fils,Madalin, officiant déjà dans les autres villages de Paulesti, qui en soit le responsable.Marcel Tatu a fait vider la petite église de ces icônes et autres ornements, Floriandevant s'occuper de la décorer et aménager à nouveau, ce qu'il a fait avec beaucoup detalent d'après un conseiller municipal.

Du coup, les fidèles ont été amenés àse partager en deux camps. Les habitantsde Cocosesti étaient heureux d'échapper àla tutelle du prêtre de la commune qui,d'après leurs dires, les rançonnait, sedéplaçant avec son fils pour les cérémo-nies, insistant pour que deux vacationssoient payées. Une pratique qui est restéeà travers la gorge de Gheorghe Sandu: leprêtre Marcel Tatu n'a pas voulu procéderà l'enterrement de sa mère avant qu'il n'ait versé 1,8 millions de lei (près de 50 €).

Le cas de Vasilica Neacsu a aggravé le conflit. L'octogénaire avait réservé saplace dans le cimetière de Cocosesti, tout près de sa maison… mais elle était restéefidèle au prêtre de la commune. A son décès, le prêtre Florian a refusé de dire unemesse, la renvoyant vers le prêtre Tatu. Son neveu a bien essayé de trouver une solu-tion, faisant de nombreux aller-retours entre les deux hommes, leur demandant deravaler leur orgueil, rien n'y fit… au point que la défunte failli être enterrée sans lessacrements.

Les participants aux obsèques ont attendu des heures à la porte de l'église deCocosesti, espérant une issue à la crise. En vain ! le cortège funéraire a donc pris lechemin de l'église de Paulesti, où le prêtre Tatu a célébré une messe, avant de revenirau cimetière de Cocosesti, où le prêtre Florian a donné sa bénédiction, traversant deuxfois la commune, effectuant 10 km aller-retour à pied !

Les espaces verts de Bucarestn'ont cessé de se réduire au fil desannées. Le 6 juillet dernier, le gou-vernement a modifié une loi sur l'en-vironnement qui, jusqu'à présent,interdisait toute construction sur desespaces verts en zone urbaine.Désormais, il sera possible au pro-priétaire d'une parcelle d'un parc encentre ville de faire construire, touten tenant compte de certainesrègles en vigueur.

L'objectif de cette modification estde respecter les droits de la pro-priété privée. Il n'en reste pas moinsque ce changement risque de mettreen péril plusieurs hectares de parc.Plus de 1000 demandes de permisde construire sur des espaces vertsont déjà été reçues par la mairie.Environ 43 hectares de parc àBucarest pourraientdisparaître.

Selon la mairie du secteur 1 de lacapitale, 7,2 hectares du parcHerastrau sont aux mains de pro-priétaires privés, qui peuvent doncaujourd'hui en faire un peu ce qu'ilsveulent. C'est la même chose pourle parc Verdi du quartier deFloreasca ou le parc Ior dans le sec-teur 3. Et il y a de quoi s'inquiéter.En 1990, Bucarest comptait 3470hectares d'espace vert, il n'en restaitque 1800 au début de l'année der-nière. Avec 14 m2 d'espace vert parhabitant, la capitale roumaine estdéjà loin derrière Varsovie (32 m2par habitant) ou Londres (64 m2 parhabitant).

L.C. (www.lepetitjournal.com)

Religion

BUCAREST

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

VASLUICLUJ

divise toute une commune

Les espaces verts de la capitale disparaissent

La première étudiante licenciée en lettres de la Sorbonne

Devenue adolescente, sasoif de connaissance semblantsans limite, ses parents décidè-rent de l'envoyer à Paris, samère l'y accompagnant. Iuliapassa brillamment ses deuxbaccalauréats en français aucollège Sévigné, à l'âge deseize ans, et s'inscrit à laSorbonne où elle fut la premiè-re Roumaine à y être accueillieet la première femme à êtrelicenciée en lettres, tout en sui-vant les cours de l'Institut desHautes Etudes.

Très vite on remarqua cetteétudiante douée d'une brillante culture, initiée en philosophie,histoire, linguistique, ethnographie, avec de brillantes aspira-tions encyclopédiques. Ses professeurs se montrèrent stupé-faits devant ses talents littéraires et d'artistes. Non seulement lajeune fille promettait de devenir une grande poétesse et écri-vaine, mais elle montrait un don incroyable pour la peinture etle dessin. Iulia étudiait aussi le chant car elle avait une voixremarquable de mezzo-soprano et composait des morceaux demusique pour accompagner ses poèmes. Son éloquence futaussi remarquée, si bien qu'elle fut conviée à donner deuxconférences à la Sorbonne, sur la logique de l'hypothèse et ledeuxième livre d'Hérodote, alors qu'elle n'avait que 17 ans.

Un des éminents adultes qui l'avaient côtoyée la décrivaitainsi: "Julie Hasdeu avait, avec tous ses dons naturels etacquis, une figure ouverte et agréable, une distinction naturel-le, un noble caractère, un grand esprit, une vive intelligence,une force de pénétration étonnante, une âme douée, une séré-nité constante, une nature délicate et poétique, et elle marchaitdans la vie comme un beau rêve".

"La vie moderne était trop étroite pour mon âme ardente"

Gaieté franche, beauté sans apprêt, esprit sansrecherche… le comportement naturel de Iulia séduisait, maisses proches se montraient particulièrement impressionnés parla profondeur de sa pensée qui leur semblait habitée par unvague pressentiment et n'avait rien à voir avec son âge: "La vien'est qu'une rivière que nous traversons à la nage; celui quiatteint le plus vite l'autre rivage est le plus heureux", écrivait-elle dès l'âge de seize ans.

La jeune fille s'enfermait dans des tête-à-tête avec elle-même, dialoguant sur l'âme et l'immortalité, se sentant à l'é-troit dans sa condition humaine, griffonnant dans les marges

des livres ses réflexions dont elle faisait rarement part et queses parents découvriront après sa mort.

Dépouillant alors ses manuscrits, collationnant sesbrouillons, feuilletant page par page tous ses écrits, pendantdes nuits, des jours, des mois, ils devineront, avec un certaineffroi, l'univers dans lequel leur enfant approchait de sa fin, àla fois résignée et pleine d'espoir: "Ma patrie n'est pas de cemonde; mon Père Eternel m'a choisie pour le sacrificehumain; sur la terre je suis revenue du ciel, et j'y remontevoilée par le mystère. J'ai passé, j'ai vu, j'ai écouté. La vie tellequ'elle est me dégoûte; j'ai souri en passant, mais tout ce quiautour de moi m'a frappée, m'a froissée. Que mes parents ter-restres soient bénis pour tous les soins qu'ils m'ont prodigués,mais qu'ils cessent de pleurer pour moi; la vie moderne étaittrop étroite pour mon âme ardente; j'y étouffais, je cherchaisles grands espaces lumineux; je les ai retrouvés et je vais yplaner et y rayonner moi-même, au milieu du sourire immor-tel des âmes".

Minée et emportée par la phtisie à dix-huit ans

Iulia Hasdeu ne montrait aucun empressement à voir sonœuvre publiée, contrairement à son père, fier de la voir conti-nuer une lignée de quatre géné-rations ininterrompues de gensde lettres: l'arrière grand-pèrede Iulia écrivait en polonais, legrand-père en russe, le père enroumain et elle-même enfrançais. Pourtant la jeune fille,moldave par son père, transyl-vaine par sa mère et valaquepar son lieu de naissance, seflattait d'être l'expression mêmede la Roumanie et de refléter laDacie de Trajan toute entière.

Elle se montra très fâchéequand son père, impatient etayant mis la mains sur despoèmes qu'elle avait écris àquinze ans, les remit à un journal. Elle le sermonna et lui ditqu'elle ne voulait rien publier sous son nom et qu'un jour elleadopterait le pseudonyme de Camille Armand, sans en préci-ser la raison. Mais la maladie ne lui laissa pas ce loisir. Alorsqu'elle préparait sa thèse de doctorat, travaillant d'arrache pied,douze à quatorze heures par jour, dans sa petite chambre deParis, la phtisie la minait. Un mal pris à la légère par les méde-cins qui n'avaient su le détecter à temps. Ensuite, il était troptard. Ses parents l'emmenèrent bien à la montagne, puis laramenèrent en Roumanie, espérant que l'air du pays natal luiredonnerait des forces. Rien n'y fit. Iulia s'éteint à Bucarestdans les bras de ses parents, qu'elle s'efforçait de consoler, le28 septembre 1888. Elle n'avait pas atteint ses dix-neuf ans.

la jeune poétesse roumaine, également écrivain,

Un nouveau conflit intercon-fessionnel a éclaté dans lejudet de Bihor (Oradea), à la

suite de la rétrocession de l'église com-munale aux uniates (gréco-catholiques),dans le village de Chet, proche deMarghita, entraînant la conversion dupope orthodoxe, Gheorghe Dat, soucieuxde ne pas perdre sa source de revenus.Pendant plusieurs dimanches, à l'heure dela messe, les gendarmes ont été obligésd'intervenir pour séparer les fidèles desdeux communautés, le conflit risquant demal se terminer. L'ancien pope s'est faittraiter de " rénégat " et de "Judas vendant

son manteau" par la communauté ortho-doxe.

Cette situation a provoqué la colèredu préfet du judet, Ilie Bolojan, réagis-sant devant la passivité des deux évêquesdu diocèse qui n'ont rien fait pour apaiserle différent. Finalement, c'est le préfetlui-même qui a trouvé un terrain d'enten-te: l'église sera utilisée par les deuxconfessions, les messes gréco-catho-liques auront lieu le dimanche matin, de 9à 12 h, et les offices orthodoxes de 12 à15 h. Un nouveau prêtre orthodoxe,Marius Pop, a été nommé, demandant àses fidèles de retrouver leur calme.

Bihor: les gendarmes appelés à séparer uniates et orthodoxes, lors des messes du dimanche

langue française pour exprimer son génies'est éteinte à la fleur de l'âge

La tour du château deCâmpina, où le père de Iuliatentait de rentrer en contact

avec l’esprit de sa fille.

Le buste de la jeune poétessedans le chateau que son père

a fait construire en sa mémoire.

Environnement

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

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Littérature

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

CAMPINA

Eugen Nicolaescu, ministre de la Santé, a conviétous les Roumains à se rendre chez leurs médecinsde famille avant la fin de l'année pour procéder à

des analyses afin de détecter d'éventuelles maladies et pourque ses services puissent enfin dresser un état sanitaire dupays. Les patients ayant une affection grave seront pris totale-ment en charge dans le cadre du programme national de santégratuite; ceux qui ne se seraient pas fait dépister devront payerleurs dépenses.

La part du budget santé réservée aux médecins de famillesdevrait passer de 5 % à 9 % à la fin de l'année pour atteindre14-15 % en 2008. Les professionnels du secteur se sontdéclarés favorables à cette initiative, mais ont demandé à cequ'elle soit préparée avec méthode.

Le ministre espère, dans le temps, faire tomber lesdépenses d'hospitalisation qui représentent plus de la moitié dubudget des caisses d'assurance santé pour arriver au niveauoccidental, où la prévention des maladies joue un grand rôle.

Prévenir pour ne pas avoir à guérir

“Respirer l’espritfrançais commel’oxygène”

"Iulia aimait bien la Roumanie"rappelait son père, après sa mort, en1889. "Elle l'aimait du seul amourdont elle pouvait aimer: amour grandet pur, amour qui transpire et mêmedéborde dans presque tout ce qu'ellea écrit; mais elle était - et je ne saispourquoi - tellement Française par latournure de son esprit et le tempéra-ment de son cœur que, longtempsavant son départ pour Paris, avantmême d'avoir pu prévoir que c'est làqu'elle fera ses études, dès l'âge dehuit ans, en plein Bucarest, ellerêvait, elle pensait, elle écrivait enfrançais.

Pour moi, ça a toujours été uneénigme. Elle avait eu à la maisondes institutrice allemandes etanglaises; elle parlait très couram-ment l'anglais et l'allemand; etcependant, la leçon obligatoire oubien la causerie d'exercice une foisterminée, aussitôt qu'elle saisissait laplume pour s'épancher à son gré,habituellement en cachette, elle sen-tait une espèce d'obsession irrésis-tible du français; et elle le maniaitavec une facilité étonnante, tandisque chez nous, en famille, on necausait presque jamais qu'en rou-main ".

Et Bogdan P. Hasdeu de conclure:"Mais, puisque la France c'est lacivilisation contemporaine dans l'ac-ception la plus vaste du mot, sescitoyens sont partout: il n'y a pointd'étranger pour elle. Ses ennemismême, quoi qu'ils fassent et quoiqu'ils disent, respirent l'esprit françaisinvolontairement, pour pouvoir vivre,comme on respire l'oxygène ".

La littérature française se souvient avec émotion de Maurice Radiguet, jeuneromancier pétri de talent et de promesse, emporté par la maladie à l'âge de20 ans, en 1923, dont l'œuvre d'une lucidité psychologique implacable (Le

diable au corps, Le bal du comte d'Orgel) marque encore les esprits. Mais lesFrançais, le Petit Larousse et le Robert en tête, ont totalement oublié Iulia Hasdeu(1869-1888), jeune poétesse roumaine écrivant dans leur langue, disparue alors qu'el-

le avait dix huit ans, minée par la phtisie.

"Comme écrivain, elle a vécu un siècle au moins"

Iuila était promise à un avenir immense par sescontemporains les plus illustres, Français,Roumains, qui bien qu'ayant l'âge de ses parents ougrands parents l'admiraient, tout autant impres-sionnés par la force de pénétration de son esprit,aussi bien préparé à la vie qu'à la mort, que pantoisdevant la qualité exceptionnelle des bribes del'œuvre déjà réalisée dont ils avaient eu connaissan-ce, alors qu'elle sortait à peine de l'adolescence.Trois ans après la mort du vénérable octogénairequ'était Victor Hugo qu'elle admirait tant, ressentiecomme une tragédie en France et en Europe, le des-tin dramatique de cette frêle et virginale jeune fille

bouleversa l'opinion qui en avait pourtant à peine entendu parler. Les journauxfrançais et roumains suivirent pas à pas la progression de sa maladie. Ses compatriotesla pleurèrent et de nombreuses villes de Roumanie lui dédièrent un lieu ainsi que l'at-testent les plaques de rues portant son nom, que l'on découvre toujours.

La jeune Roumaine laissa derrière elle deux volumes de poésie, deux de récits,impressions, pensées, études, deux de nouvelles, un de théâtre et légendes, nombre delettres et exposés pleins de verve et d'intérêt, tous écrits en français, dès l'âge de huitans, le principal de son œuvre étant réalisé entre quinze ans et sa disparition. " Commeécrivain, elle a vécu un demi-siècle au moins !" s'exclama un de ses proches.

Grandissant au sein d'une famille de culture francophone

Iulia Hasdeu était née le 14 novembre 1869 à Bucarest, dans une famille apparte-nant à l'élite intellectuelle francophone et francophile roumaine. Son père, Bogdan P.Hasdeu, était un immense homme de culture, respecté dans toute l'Europe, etconsidéré aujourd'hui comme le créateur de la philologie. L'enfant, fille unique, gran-dit entourée par la tendresse et l'attention de ses parents. Montrant des dispositionsétonnantes, elle savait déjà lire à l'âge de deux ans et demi et commençait à réciter despetites saynètes en français et en roumain. A huit ans, elle parlait également l'anglaiset l'allemand, achevait les quatre classes de l'enseignement primaire dans une école degarçons; à onze ans, elle en finissait avec le premier cycle secondaire, terminant pre-mière du prestigieux lycée pour garçons Sava de Bucarest.

Dans le même temps, la fillette obtenait le prix du Conservatoire de musique.Dotée d'une mémoire fabuleuse et d'une intelligence exceptionnelle, elle connaissaitle latin, le grec, l'hébreu, le sanscrit, dessinait, jouait du piano. Elle s'était mise à écri-re des poèmes dès l'âge de huit ans, plutôt en roumain. Mais, deux ans plus tard, Iuliacommença à privilégier le français. Sous sa plume, trottant agilement sur le papier,elle laissait libre cours à son inspiration, poésies, légendes, comédies, quatre romanspour enfants dans le style de la Bibliothèque rose naissant de sa fertile imagination.

Promise à un prodigieux avenir,

Iulia Hasdeu avait choisi la

Santé

La décision anglaise de 1985,autorisant, à la demande desmères, la déclassification des

donneurs anonymes de sperme pourconnaître l'identité du père de leur enfant,a créé une véritable crise des dons dansce pays, faisant chuter drastiquement lenombre des hommes volontaires et épui-sant les réserves. Quatre autres payseuropéens et la Nouvelle Zélande s'apprê-tent à suivre cet exemple, ce qui pourraitêtre aussi le cas des USA qui attendent ladécision de leur justice.

La Roumanie pourrait donc profiterde cette crise, les dons de sperme ou lestransplantations d'embryons in-vitro étantconsidérés comme des transplantationsqui ne peuvent faire l'objet d'aucunrecours. La banque de sperme a cepen-

dant l'obligation de garder les fiches dedonneurs pendant trente ans, préservantleur anonymat, à charge pour eux de l'in-former en cas de découverte de maladiesgénétiques.

Le premier établissement de ce genrea été ouvert à l'hôpital Panait Sirbu deBucarest, lequel a ouvert aussi un centrede reproduction humaine assistée don-nant de bons résultats. Il compte une cen-taine de donneurs qui ne peuvent procé-der qu'à quelques dons.

Quelques étrangers, notamment desRoumains de la diaspora et des Italiens,en veine d'avoir des enfants, ont décidéde profiter de l'aubaine, le prix de l'insé-mination artificielle coûtant 50 € dans leshôpitaux publics et 100 € dans le privé,celui-ci pouvant cependant atteindre

2000 à 3000 € si l'intervention est com-pliquée et se traduit par des échecs répé-titifs. Toutefois, les spécialistes estimentque, pour l'instant, cette opportunité estlimitée, les services médicaux les plusrentables offerts aux étrangers étant lesopérations esthétiques, celles luttantcontre des affections invasives limitées,les traitements dentaires et l'achat delunettes.

Les Roumains, eux, ont la possibilitéde faire prélever des cellules contenuesdans le cordon ombilical, en vue d'uneéventuelle transplantation de moelle, encas de leucémie de leurs enfants. Cesprélèvements, effectués par une firme deCluj, pour un prix de 900 €, sontconservés dans une banque du sang, enSlovaquie, laquelle demande 20 € par an.

La situation des ambulances et de la profession est catastrophique" a reconnu le ministre de la Santé, Eugen Nicolaescu,indiquant que, faute de moyens, elle ne se redresserait pas avant 2008. Le parc a baissé de la moitié depuis 1990 et l'ef-fectif des ambulanciers de 40 %, à la suite de restrictions budgétaires. Ainsi la capitale ne dispose-t-elle plus que de 150

ambulances alors que sa population a fortement augmenté. Encore six, seulement, sont-elles équipées pour les soins intensifs et de réanimation, (type C), 40 (type B) disposantde quelques appareils médicaux, le reste, 104, n'étant que des "taxis sanitaires", sansaucun équipement, chargés uniquement du transport… 24 seulement étant neuves, cer-taines datant de 1978. Le ministre a reconnu que la situation était encore plus grave dansles judets, où le nombre d'ambulances de type B et C est extrêmement réduit.

Passer une radio peut s'avérertrès grave de conséquences,entraînant l'apparition de can-

cers, dans des dizaines d'hôpitaux de tousles judets. Les autorités sanitaires ontrecensé plus de 1200 appareils de radio-logie, vieux de plusieurs dizainesd'années, dont la dose d'irradiation n'estplus contrôlée, faut de dispositifs de mise

au point. Près de 200 autres, appareils deradioscopie, fonctionnant sans écran decontrôle, destinés aux investigationsconcernant les maladies de gastro-entéro-logie et de pneumologie, ont été retirés dela circulation depuis le début de l'année,apparaissant hors d'usage, ainsi qu'unecentaine d'appareils de radiologie dont lerayonnement ne respecte pas les normes

européennes. L'Etat a fait savoir qu'il ne disposait

de crédits que pour le remplacement d'untiers de tous ces équipements, ce quirisque d'amener les patients à effectuerdes centaines de kilomètres pour effec-tuer une simple radio de contrôle et deprovoquer des listes d'attente trèslongues.

Les Roumains pourraient profiter de la crise des dons de sperme en Europe

Seulement six ambulances véritablement équipées pour Bucarest

Des dizaines d'hôpitaux dotésde matériels radiologiques vétustes et dangereux

artiste et penseur,

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Un anniversaire dans l'anonymat

Les supporters "rouge et blanc"ne reconnaissent plus leur club.D'ailleurs, Becali a envoyé sesgorilles passer à tabac un de leursreprésentants, Jean Pavel, pour leforcer à démissionner. Puis, mécon-tent du comportement de ses fans, ila donné l'ordre à ses mêmes gardesdu corps de s'installer dans les tri-bunes pour donner le signal desencouragements et des chants, etsurveiller leur manque d'entrain.

A la suite de la défaite à Bistrita,les joueurs du Steaua se sontretrouvés seuls pour fêter les 20 ansdu plus haut fait d'armes du footballroumain : la coupe d'Europe desclubs champions, que leurs aînés ontremporté face au (1-0).

L'entraîneur de l'époque, EmericIenei, très respecté, a regretté amè-rement qu'aucun message de félici-tation ne soit envoyé. Seuls s'étaientdéplacés pour célébrer l'événement,Valentin Ceausescu, le fils du"Conducator", dirigeant du club à l'é-poque, et son ancien joueur GigiHagi, considéré comme le plus grandfootballeur roumain de tous lestemps.

Il est vrai que Gigi Becali a trans-formé le plus prestigieux club dupays en club de voyous… à sonimage.

Ancien berger, devenu on ne sait trop comment homme d'affaires et mil-liardaire ainsi que président du club de football du Steaua Bucarest, GigiBecali se voit un destin national. Le Bernard Tapie roumain, certainement

moins malin, mais beaucoup plus mafieux, a créé un parti politique à sa dévotion, lePNG, "Parti de la Nouvelle Génération", "inspiré par Dieu" qui lui dicte sa voie, etrevendique le poste de Premier ministre.

Actuellement crédité de 6 % des intentions de vote, il pourrait bien voir sa cotemonter, à la suite des scandales à répétition qui éclaboussent la clase politique rou-maine et s'allier à un autre démagogue extrémiste, Corneliu Vadim Tudor, menaçantalors dangereusement l'avenir démocratique du pays.

Pour l'instant Gigi Bacali travaille à peaufiner son image de "grande gueule augrand cœur", multipliant les déclarations tonitruantes, se faisant photographier auxcôtés du président Basescu, lors d'un match du Steaua, les deux hommes s'esclaffantet se tapant sur les cuisses. Montrant sa compassion pour les victimes des inondations,il a décidé de prendre en charge la reconstruction de 90 maisons de familles sinistréesdu village de Vadu Rosca, transférées sur les pâturages du lieu-dit Vulturu, y faisantégalement bâtir une église. En toute simplicité ce nouveau village s'appellera…Vulturu Becali.

"Désormais, je serai Vlad Tepes"

Mais le patrondu Steaua a accu-mulé les déboires,lors de la dernièresaison: éliminationen coupe d'Europe,défaites hypothé-quant les chancesde décrocher unnouveau titre dechampion national,à la suite de celuiacquis l'an passé;son ego a été tou-ché lorsqu'il a vuses joueurs s'incli-ner devant le GloriaBistrita, à deux semaines de la fin du championnat, alors qu'il avait donné desconsignes très strictes pour l'emporter.

Mis sous pression, deux joueurs se sont auto-mutilés à la fin de la rencontre.Victor Iacob s'est cogné le front jusqu'à en faire une hémorragie et le capitaine MihaiRadoi a brisé avec son poing une vitre en plexiglas, s'entaillant profondément l'avantbras. Dans la foulée, le président du club, Mémé Stoica a sauté sur le chef de la gen-darmerie locale, le prenant à partie, puis a copieusement insulté le président du Gloria.

"Je me fiche de ce que les gens font avec leur sang; c'est le sacrifice de Radoipour réveiller le pays et en finir avec les voleurs" a commenté Gigi Becali, accusantl'arbitre d'avoir volé le match… à la demande du Parti Conservateur, un de ses rivaux.

Dans son délire verbal, l'ancien berger s'est exclamé "Je ne suis plus Michel LeBrave, ni le guerrier des lumières, désormais je serai Vlad Tepes". "Becali a trans-formé un match de foot en film d'horreur, avec psychopathes, blessés et sang sur lesmurs" a commenté le journal "Ziua" ("Le Jour"). Mais c'est devenu une habitude.

Un village porte le nom Un club dirigé par des voyous

L'an dernier, Mihai Stoica, président en titre et homme depaille de Becali, était descendu de sa loge, entouré de gardesdu corps, pour frapper un spectateur, installé dans les tribunes.Le dirigeant n'appréciait pas que le public siffle ses joueurs.

Privatisé, le club est la propriété de Gigi Becali qui s'en estemparé en 2001, au cours d'une assemblée générale muscléesurveillée par des "gorilles" venus des bas-fonds de la capita-le; depuis, son nouveau patron en a changé l'esprit et dévoyéles relations humaines, la situation se dégradant continuelle-ment. Des présidents d'autres clubs, leurs entraîneurs, des jour-nalistes, des joueurs, des politiciens ont été, un jour ou unautre, menacés de recevoir une raclée.

Des personnalités aussi connues qu'Anghel Iordanescu

(ancien entraîneur national), Gigi Hagi, le milliardaire etactuel ministre George Copos, ont subi ses foudres délirantes.L'actuel entraîneur du Stade Rennais, Ladislau Bölöni, connupour être un homme mesuré, est interdit de stade à Ghenceacar on lui reproche d'être d'origine hongroise. Car Becali etson équipe dirigeante ont non seulement enraciné la violence àGhencea, mais y ont aussi encouragé ou introduit l'intolérance,la xénophobie, le "primitivisme", l'agressivité.

Désormais les équipes visiteuses sont accueillies à chaquerencontre par des slogans racistes diffusés par la sono mêmedu stade. Ainsi le présentateur a-t-il taxé de "Tsigane" RazvanLucescu, l'entraîneur du club rival de la capitale, avec leDinamo, le Rapid… ce qui a quand même valu au Steaua dejouer un match à huis clos. Pour autant, la direction du club nes'est pas excusée.

Adix euros la pilule de Viagra,rares sont les Roumains quipeuvent s'offrir ce luxe. Les

pharmacies ont trouvé une parade en pré-sentant toute une panoplie de produitsaphrodisiaques bon marchés, délivréssans ordonnance. Ainsi le thé baptisé"Naprasnic", qui se trouve égalementsous forme de gélules (0,3 € l'unité) estréputé "faire des merveilles dans les rela-tions conjugales", à condition d'être pris

3 fois par jour. Le "coup de l'ours" (0,6 €)mélangé à une autre plante d'origine amé-ricano-latine, la maca, aurait un effetmagique. Les capsules à base de céleri("Telina", 0,5 €) sont aussi réputées.

Ces "remontants" se retrouvent sousforme d'onguent ou d'huiles qu'il fautappliquer sur la partie concernée pourque çà marche "ca pe roate"… commesur des roulettes. Mais pour un rende-ment maximum, tous ces traitements doi-

vent être appliqués pendant plusieursmois.

Pour ceux qui sont pressés et adeptesd'ébats rapides, des produits chinois sontdisponibles, toujours à des prix acces-sibles (0,3 à 0,5 €), comme "Damania","Natural potent" ou "Maraton". Pré-sentés comme sans contre-indications, ilsauraient un effet jusqu'à l'âge de 80 ans.Après, il faut s'en remettre à la méditationtranscendantale…

Le Viagra du pauvre

Voici un an, un habitant du village de Neguri, en République moldave, serendait en Allemagne, tout heureux d'y avoir trouvé un emploi de chauf-feur routier. Mais, lorsqu'il s'est présenté devant son employeur… catas-

trophe, il s'est rendu compte qu'il avait perdu son permis de conduire. Fouillant dansses papiers, il a découvert par hasard sa carte d'ancien membre du Komsomol, l'orga-nisation des jeunes communistes d'URSS, laquelle ressemblait à s'y méprendre audocument qu'on lui demandait. Le stratagème ayant marché, le Moldave l'a utilisépour circuler en Allemagne, mais aussi pour traverser sans encombre, à trois reprisesl'Europe, afin ramener chez lui des voitures d'occasion qu'il comptait vendre.

Dieu n'apaise pas toujours les esprits

de Gigi Becali, ancien berger, devenumilliardaire et patron du Steaua

Insolite

Gheorghe Honca, maire deBixad, a entrepris de taxerles commerçants ambulants

qui s'installent autour du monastère de sacommune à l'occasion de la fête de laVierge. Sans consulter son conseil, il aimposé d'autorité un tarif de 50 € parétal. Un commerçant n'ayant pas cettesomme a refusé de payer, ce qui a mis lemaire dans un état de colère épouvan-table, renversant sa table et lui flanquantson poing en plein nez. Les policiers pré-sents se sont contentés d'observer lascène, sous le prétexte qu'ils n'étaientchargés de surveiller que l'intérieur dumonastère. L'année précédente, à lamême occasion, Gheorghe Honca s'enétait pris à son vice-maire, le défiant dansun duel pugilistique. Son adjoint lui avait"volé dans les plumes", lui laissant unsouvenir douloureux. Sans-doute est-cela raison pour laquelle, cette fois-ci, il achoisi un commerçant malingre pourpasser ses nerfs.

Un Moldave malin

Gigi Becali, berger devenu richissime homme d’affaires, corrompu notoire, “fort en gueule” et démagogue, patron du Steaua et qui vient de créer un parti politique se réclamant de la religion, iciaprès la défaite de son club face à son rival de la capitale, le Rapid:

“Oh, Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ?” Vali

Pas besoin d’autresraisons pour

s’engager dans l’Armée du

Peuple. Bureau derecrutement à lastation de métro

du même nom:Armata Poporului

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Un anniversaire dans l'anonymat

Les supporters "rouge et blanc"ne reconnaissent plus leur club.D'ailleurs, Becali a envoyé sesgorilles passer à tabac un de leursreprésentants, Jean Pavel, pour leforcer à démissionner. Puis, mécon-tent du comportement de ses fans, ila donné l'ordre à ses mêmes gardesdu corps de s'installer dans les tri-bunes pour donner le signal desencouragements et des chants, etsurveiller leur manque d'entrain.

A la suite de la défaite à Bistrita,les joueurs du Steaua se sontretrouvés seuls pour fêter les 20 ansdu plus haut fait d'armes du footballroumain : la coupe d'Europe desclubs champions, que leurs aînés ontremporté face au (1-0).

L'entraîneur de l'époque, EmericIenei, très respecté, a regretté amè-rement qu'aucun message de félici-tation ne soit envoyé. Seuls s'étaientdéplacés pour célébrer l'événement,Valentin Ceausescu, le fils du"Conducator", dirigeant du club à l'é-poque, et son ancien joueur GigiHagi, considéré comme le plus grandfootballeur roumain de tous lestemps.

Il est vrai que Gigi Becali a trans-formé le plus prestigieux club dupays en club de voyous… à sonimage.

Ancien berger, devenu on ne sait trop comment homme d'affaires et mil-liardaire ainsi que président du club de football du Steaua Bucarest, GigiBecali se voit un destin national. Le Bernard Tapie roumain, certainement

moins malin, mais beaucoup plus mafieux, a créé un parti politique à sa dévotion, lePNG, "Parti de la Nouvelle Génération", "inspiré par Dieu" qui lui dicte sa voie, etrevendique le poste de Premier ministre.

Actuellement crédité de 6 % des intentions de vote, il pourrait bien voir sa cotemonter, à la suite des scandales à répétition qui éclaboussent la clase politique rou-maine et s'allier à un autre démagogue extrémiste, Corneliu Vadim Tudor, menaçantalors dangereusement l'avenir démocratique du pays.

Pour l'instant Gigi Bacali travaille à peaufiner son image de "grande gueule augrand cœur", multipliant les déclarations tonitruantes, se faisant photographier auxcôtés du président Basescu, lors d'un match du Steaua, les deux hommes s'esclaffantet se tapant sur les cuisses. Montrant sa compassion pour les victimes des inondations,il a décidé de prendre en charge la reconstruction de 90 maisons de familles sinistréesdu village de Vadu Rosca, transférées sur les pâturages du lieu-dit Vulturu, y faisantégalement bâtir une église. En toute simplicité ce nouveau village s'appellera…Vulturu Becali.

"Désormais, je serai Vlad Tepes"

Mais le patrondu Steaua a accu-mulé les déboires,lors de la dernièresaison: éliminationen coupe d'Europe,défaites hypothé-quant les chancesde décrocher unnouveau titre dechampion national,à la suite de celuiacquis l'an passé;son ego a été tou-ché lorsqu'il a vuses joueurs s'incli-ner devant le GloriaBistrita, à deux semaines de la fin du championnat, alors qu'il avait donné desconsignes très strictes pour l'emporter.

Mis sous pression, deux joueurs se sont auto-mutilés à la fin de la rencontre.Victor Iacob s'est cogné le front jusqu'à en faire une hémorragie et le capitaine MihaiRadoi a brisé avec son poing une vitre en plexiglas, s'entaillant profondément l'avantbras. Dans la foulée, le président du club, Mémé Stoica a sauté sur le chef de la gen-darmerie locale, le prenant à partie, puis a copieusement insulté le président du Gloria.

"Je me fiche de ce que les gens font avec leur sang; c'est le sacrifice de Radoipour réveiller le pays et en finir avec les voleurs" a commenté Gigi Becali, accusantl'arbitre d'avoir volé le match… à la demande du Parti Conservateur, un de ses rivaux.

Dans son délire verbal, l'ancien berger s'est exclamé "Je ne suis plus Michel LeBrave, ni le guerrier des lumières, désormais je serai Vlad Tepes". "Becali a trans-formé un match de foot en film d'horreur, avec psychopathes, blessés et sang sur lesmurs" a commenté le journal "Ziua" ("Le Jour"). Mais c'est devenu une habitude.

Un village porte le nom Un club dirigé par des voyous

L'an dernier, Mihai Stoica, président en titre et homme depaille de Becali, était descendu de sa loge, entouré de gardesdu corps, pour frapper un spectateur, installé dans les tribunes.Le dirigeant n'appréciait pas que le public siffle ses joueurs.

Privatisé, le club est la propriété de Gigi Becali qui s'en estemparé en 2001, au cours d'une assemblée générale muscléesurveillée par des "gorilles" venus des bas-fonds de la capita-le; depuis, son nouveau patron en a changé l'esprit et dévoyéles relations humaines, la situation se dégradant continuelle-ment. Des présidents d'autres clubs, leurs entraîneurs, des jour-nalistes, des joueurs, des politiciens ont été, un jour ou unautre, menacés de recevoir une raclée.

Des personnalités aussi connues qu'Anghel Iordanescu

(ancien entraîneur national), Gigi Hagi, le milliardaire etactuel ministre George Copos, ont subi ses foudres délirantes.L'actuel entraîneur du Stade Rennais, Ladislau Bölöni, connupour être un homme mesuré, est interdit de stade à Ghenceacar on lui reproche d'être d'origine hongroise. Car Becali etson équipe dirigeante ont non seulement enraciné la violence àGhencea, mais y ont aussi encouragé ou introduit l'intolérance,la xénophobie, le "primitivisme", l'agressivité.

Désormais les équipes visiteuses sont accueillies à chaquerencontre par des slogans racistes diffusés par la sono mêmedu stade. Ainsi le présentateur a-t-il taxé de "Tsigane" RazvanLucescu, l'entraîneur du club rival de la capitale, avec leDinamo, le Rapid… ce qui a quand même valu au Steaua dejouer un match à huis clos. Pour autant, la direction du club nes'est pas excusée.

Adix euros la pilule de Viagra,rares sont les Roumains quipeuvent s'offrir ce luxe. Les

pharmacies ont trouvé une parade en pré-sentant toute une panoplie de produitsaphrodisiaques bon marchés, délivréssans ordonnance. Ainsi le thé baptisé"Naprasnic", qui se trouve égalementsous forme de gélules (0,3 € l'unité) estréputé "faire des merveilles dans les rela-tions conjugales", à condition d'être pris

3 fois par jour. Le "coup de l'ours" (0,6 €)mélangé à une autre plante d'origine amé-ricano-latine, la maca, aurait un effetmagique. Les capsules à base de céleri("Telina", 0,5 €) sont aussi réputées.

Ces "remontants" se retrouvent sousforme d'onguent ou d'huiles qu'il fautappliquer sur la partie concernée pourque çà marche "ca pe roate"… commesur des roulettes. Mais pour un rende-ment maximum, tous ces traitements doi-

vent être appliqués pendant plusieursmois.

Pour ceux qui sont pressés et adeptesd'ébats rapides, des produits chinois sontdisponibles, toujours à des prix acces-sibles (0,3 à 0,5 €), comme "Damania","Natural potent" ou "Maraton". Pré-sentés comme sans contre-indications, ilsauraient un effet jusqu'à l'âge de 80 ans.Après, il faut s'en remettre à la méditationtranscendantale…

Le Viagra du pauvre

Voici un an, un habitant du village de Neguri, en République moldave, serendait en Allemagne, tout heureux d'y avoir trouvé un emploi de chauf-feur routier. Mais, lorsqu'il s'est présenté devant son employeur… catas-

trophe, il s'est rendu compte qu'il avait perdu son permis de conduire. Fouillant dansses papiers, il a découvert par hasard sa carte d'ancien membre du Komsomol, l'orga-nisation des jeunes communistes d'URSS, laquelle ressemblait à s'y méprendre audocument qu'on lui demandait. Le stratagème ayant marché, le Moldave l'a utilisépour circuler en Allemagne, mais aussi pour traverser sans encombre, à trois reprisesl'Europe, afin ramener chez lui des voitures d'occasion qu'il comptait vendre.

Dieu n'apaise pas toujours les esprits

de Gigi Becali, ancien berger, devenumilliardaire et patron du Steaua

Insolite

Gheorghe Honca, maire deBixad, a entrepris de taxerles commerçants ambulants

qui s'installent autour du monastère de sacommune à l'occasion de la fête de laVierge. Sans consulter son conseil, il aimposé d'autorité un tarif de 50 € parétal. Un commerçant n'ayant pas cettesomme a refusé de payer, ce qui a mis lemaire dans un état de colère épouvan-table, renversant sa table et lui flanquantson poing en plein nez. Les policiers pré-sents se sont contentés d'observer lascène, sous le prétexte qu'ils n'étaientchargés de surveiller que l'intérieur dumonastère. L'année précédente, à lamême occasion, Gheorghe Honca s'enétait pris à son vice-maire, le défiant dansun duel pugilistique. Son adjoint lui avait"volé dans les plumes", lui laissant unsouvenir douloureux. Sans-doute est-cela raison pour laquelle, cette fois-ci, il achoisi un commerçant malingre pourpasser ses nerfs.

Un Moldave malin

Gigi Becali, berger devenu richissime homme d’affaires, corrompu notoire, “fort en gueule” et démagogue, patron du Steaua et qui vient de créer un parti politique se réclamant de la religion, iciaprès la défaite de son club face à son rival de la capitale, le Rapid:

“Oh, Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ?” Vali

Pas besoin d’autresraisons pour

s’engager dans l’Armée du

Peuple. Bureau derecrutement à lastation de métro

du même nom:Armata Poporului

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PITESTI

DEVA

CAMPINA

Eugen Nicolaescu, ministre de la Santé, a conviétous les Roumains à se rendre chez leurs médecinsde famille avant la fin de l'année pour procéder à

des analyses afin de détecter d'éventuelles maladies et pourque ses services puissent enfin dresser un état sanitaire dupays. Les patients ayant une affection grave seront pris totale-ment en charge dans le cadre du programme national de santégratuite; ceux qui ne se seraient pas fait dépister devront payerleurs dépenses.

La part du budget santé réservée aux médecins de famillesdevrait passer de 5 % à 9 % à la fin de l'année pour atteindre14-15 % en 2008. Les professionnels du secteur se sontdéclarés favorables à cette initiative, mais ont demandé à cequ'elle soit préparée avec méthode.

Le ministre espère, dans le temps, faire tomber lesdépenses d'hospitalisation qui représentent plus de la moitié dubudget des caisses d'assurance santé pour arriver au niveauoccidental, où la prévention des maladies joue un grand rôle.

Prévenir pour ne pas avoir à guérir

“Respirer l’espritfrançais commel’oxygène”

"Iulia aimait bien la Roumanie"rappelait son père, après sa mort, en1889. "Elle l'aimait du seul amourdont elle pouvait aimer: amour grandet pur, amour qui transpire et mêmedéborde dans presque tout ce qu'ellea écrit; mais elle était - et je ne saispourquoi - tellement Française par latournure de son esprit et le tempéra-ment de son cœur que, longtempsavant son départ pour Paris, avantmême d'avoir pu prévoir que c'est làqu'elle fera ses études, dès l'âge dehuit ans, en plein Bucarest, ellerêvait, elle pensait, elle écrivait enfrançais.

Pour moi, ça a toujours été uneénigme. Elle avait eu à la maisondes institutrice allemandes etanglaises; elle parlait très couram-ment l'anglais et l'allemand; etcependant, la leçon obligatoire oubien la causerie d'exercice une foisterminée, aussitôt qu'elle saisissait laplume pour s'épancher à son gré,habituellement en cachette, elle sen-tait une espèce d'obsession irrésis-tible du français; et elle le maniaitavec une facilité étonnante, tandisque chez nous, en famille, on necausait presque jamais qu'en rou-main ".

Et Bogdan P. Hasdeu de conclure:"Mais, puisque la France c'est lacivilisation contemporaine dans l'ac-ception la plus vaste du mot, sescitoyens sont partout: il n'y a pointd'étranger pour elle. Ses ennemismême, quoi qu'ils fassent et quoiqu'ils disent, respirent l'esprit françaisinvolontairement, pour pouvoir vivre,comme on respire l'oxygène ".

La littérature française se souvient avec émotion de Maurice Radiguet, jeuneromancier pétri de talent et de promesse, emporté par la maladie à l'âge de20 ans, en 1923, dont l'œuvre d'une lucidité psychologique implacable (Le

diable au corps, Le bal du comte d'Orgel) marque encore les esprits. Mais lesFrançais, le Petit Larousse et le Robert en tête, ont totalement oublié Iulia Hasdeu(1869-1888), jeune poétesse roumaine écrivant dans leur langue, disparue alors qu'el-

le avait dix huit ans, minée par la phtisie.

"Comme écrivain, elle a vécu un siècle au moins"

Iuila était promise à un avenir immense par sescontemporains les plus illustres, Français,Roumains, qui bien qu'ayant l'âge de ses parents ougrands parents l'admiraient, tout autant impres-sionnés par la force de pénétration de son esprit,aussi bien préparé à la vie qu'à la mort, que pantoisdevant la qualité exceptionnelle des bribes del'œuvre déjà réalisée dont ils avaient eu connaissan-ce, alors qu'elle sortait à peine de l'adolescence.Trois ans après la mort du vénérable octogénairequ'était Victor Hugo qu'elle admirait tant, ressentiecomme une tragédie en France et en Europe, le des-tin dramatique de cette frêle et virginale jeune fille

bouleversa l'opinion qui en avait pourtant à peine entendu parler. Les journauxfrançais et roumains suivirent pas à pas la progression de sa maladie. Ses compatriotesla pleurèrent et de nombreuses villes de Roumanie lui dédièrent un lieu ainsi que l'at-testent les plaques de rues portant son nom, que l'on découvre toujours.

La jeune Roumaine laissa derrière elle deux volumes de poésie, deux de récits,impressions, pensées, études, deux de nouvelles, un de théâtre et légendes, nombre delettres et exposés pleins de verve et d'intérêt, tous écrits en français, dès l'âge de huitans, le principal de son œuvre étant réalisé entre quinze ans et sa disparition. " Commeécrivain, elle a vécu un demi-siècle au moins !" s'exclama un de ses proches.

Grandissant au sein d'une famille de culture francophone

Iulia Hasdeu était née le 14 novembre 1869 à Bucarest, dans une famille apparte-nant à l'élite intellectuelle francophone et francophile roumaine. Son père, Bogdan P.Hasdeu, était un immense homme de culture, respecté dans toute l'Europe, etconsidéré aujourd'hui comme le créateur de la philologie. L'enfant, fille unique, gran-dit entourée par la tendresse et l'attention de ses parents. Montrant des dispositionsétonnantes, elle savait déjà lire à l'âge de deux ans et demi et commençait à réciter despetites saynètes en français et en roumain. A huit ans, elle parlait également l'anglaiset l'allemand, achevait les quatre classes de l'enseignement primaire dans une école degarçons; à onze ans, elle en finissait avec le premier cycle secondaire, terminant pre-mière du prestigieux lycée pour garçons Sava de Bucarest.

Dans le même temps, la fillette obtenait le prix du Conservatoire de musique.Dotée d'une mémoire fabuleuse et d'une intelligence exceptionnelle, elle connaissaitle latin, le grec, l'hébreu, le sanscrit, dessinait, jouait du piano. Elle s'était mise à écri-re des poèmes dès l'âge de huit ans, plutôt en roumain. Mais, deux ans plus tard, Iuliacommença à privilégier le français. Sous sa plume, trottant agilement sur le papier,elle laissait libre cours à son inspiration, poésies, légendes, comédies, quatre romanspour enfants dans le style de la Bibliothèque rose naissant de sa fertile imagination.

Promise à un prodigieux avenir,

Iulia Hasdeu avait choisi la

Santé

La décision anglaise de 1985,autorisant, à la demande desmères, la déclassification des

donneurs anonymes de sperme pourconnaître l'identité du père de leur enfant,a créé une véritable crise des dons dansce pays, faisant chuter drastiquement lenombre des hommes volontaires et épui-sant les réserves. Quatre autres payseuropéens et la Nouvelle Zélande s'apprê-tent à suivre cet exemple, ce qui pourraitêtre aussi le cas des USA qui attendent ladécision de leur justice.

La Roumanie pourrait donc profiterde cette crise, les dons de sperme ou lestransplantations d'embryons in-vitro étantconsidérés comme des transplantationsqui ne peuvent faire l'objet d'aucunrecours. La banque de sperme a cepen-

dant l'obligation de garder les fiches dedonneurs pendant trente ans, préservantleur anonymat, à charge pour eux de l'in-former en cas de découverte de maladiesgénétiques.

Le premier établissement de ce genrea été ouvert à l'hôpital Panait Sirbu deBucarest, lequel a ouvert aussi un centrede reproduction humaine assistée don-nant de bons résultats. Il compte une cen-taine de donneurs qui ne peuvent procé-der qu'à quelques dons.

Quelques étrangers, notamment desRoumains de la diaspora et des Italiens,en veine d'avoir des enfants, ont décidéde profiter de l'aubaine, le prix de l'insé-mination artificielle coûtant 50 € dans leshôpitaux publics et 100 € dans le privé,celui-ci pouvant cependant atteindre

2000 à 3000 € si l'intervention est com-pliquée et se traduit par des échecs répé-titifs. Toutefois, les spécialistes estimentque, pour l'instant, cette opportunité estlimitée, les services médicaux les plusrentables offerts aux étrangers étant lesopérations esthétiques, celles luttantcontre des affections invasives limitées,les traitements dentaires et l'achat delunettes.

Les Roumains, eux, ont la possibilitéde faire prélever des cellules contenuesdans le cordon ombilical, en vue d'uneéventuelle transplantation de moelle, encas de leucémie de leurs enfants. Cesprélèvements, effectués par une firme deCluj, pour un prix de 900 €, sontconservés dans une banque du sang, enSlovaquie, laquelle demande 20 € par an.

La situation des ambulances et de la profession est catastrophique" a reconnu le ministre de la Santé, Eugen Nicolaescu,indiquant que, faute de moyens, elle ne se redresserait pas avant 2008. Le parc a baissé de la moitié depuis 1990 et l'ef-fectif des ambulanciers de 40 %, à la suite de restrictions budgétaires. Ainsi la capitale ne dispose-t-elle plus que de 150

ambulances alors que sa population a fortement augmenté. Encore six, seulement, sont-elles équipées pour les soins intensifs et de réanimation, (type C), 40 (type B) disposantde quelques appareils médicaux, le reste, 104, n'étant que des "taxis sanitaires", sansaucun équipement, chargés uniquement du transport… 24 seulement étant neuves, cer-taines datant de 1978. Le ministre a reconnu que la situation était encore plus grave dansles judets, où le nombre d'ambulances de type B et C est extrêmement réduit.

Passer une radio peut s'avérertrès grave de conséquences,entraînant l'apparition de can-

cers, dans des dizaines d'hôpitaux de tousles judets. Les autorités sanitaires ontrecensé plus de 1200 appareils de radio-logie, vieux de plusieurs dizainesd'années, dont la dose d'irradiation n'estplus contrôlée, faut de dispositifs de mise

au point. Près de 200 autres, appareils deradioscopie, fonctionnant sans écran decontrôle, destinés aux investigationsconcernant les maladies de gastro-entéro-logie et de pneumologie, ont été retirés dela circulation depuis le début de l'année,apparaissant hors d'usage, ainsi qu'unecentaine d'appareils de radiologie dont lerayonnement ne respecte pas les normes

européennes. L'Etat a fait savoir qu'il ne disposait

de crédits que pour le remplacement d'untiers de tous ces équipements, ce quirisque d'amener les patients à effectuerdes centaines de kilomètres pour effec-tuer une simple radio de contrôle et deprovoquer des listes d'attente trèslongues.

Les Roumains pourraient profiter de la crise des dons de sperme en Europe

Seulement six ambulances véritablement équipées pour Bucarest

Des dizaines d'hôpitaux dotésde matériels radiologiques vétustes et dangereux

artiste et penseur,

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Une querelle de clochers

L'enterrement de Vasilica Neacsu, paysanne octogénaire, a déclenché unevéritable guerre entre les fidèles orthodoxes de la commune de Paulesti(jud de Prahova, Ploiesti), attisée par deux prêtres qui revendiquent chacun

leur territoire. Le conflit dure depuis deux ans. A cette époque, le prêtre Florian a étédésigné pour s'occuper de la petite église d'un des villages de Paulesti, Cocosesti,proche du cimetière, mais distant de 5 kilomètres. Cette nomination a provoqué lafureur du prêtre de la commune, Marcel Tatu lequel n'acceptait pas de partager sonautorité sur la paroisse et faisait des pieds et des mains pour que ce soit son fils,Madalin, officiant déjà dans les autres villages de Paulesti, qui en soit le responsable.Marcel Tatu a fait vider la petite église de ces icônes et autres ornements, Floriandevant s'occuper de la décorer et aménager à nouveau, ce qu'il a fait avec beaucoup detalent d'après un conseiller municipal.

Du coup, les fidèles ont été amenés àse partager en deux camps. Les habitantsde Cocosesti étaient heureux d'échapper àla tutelle du prêtre de la commune qui,d'après leurs dires, les rançonnait, sedéplaçant avec son fils pour les cérémo-nies, insistant pour que deux vacationssoient payées. Une pratique qui est restéeà travers la gorge de Gheorghe Sandu: leprêtre Marcel Tatu n'a pas voulu procéderà l'enterrement de sa mère avant qu'il n'ait versé 1,8 millions de lei (près de 50 €).

Le cas de Vasilica Neacsu a aggravé le conflit. L'octogénaire avait réservé saplace dans le cimetière de Cocosesti, tout près de sa maison… mais elle était restéefidèle au prêtre de la commune. A son décès, le prêtre Florian a refusé de dire unemesse, la renvoyant vers le prêtre Tatu. Son neveu a bien essayé de trouver une solu-tion, faisant de nombreux aller-retours entre les deux hommes, leur demandant deravaler leur orgueil, rien n'y fit… au point que la défunte failli être enterrée sans lessacrements.

Les participants aux obsèques ont attendu des heures à la porte de l'église deCocosesti, espérant une issue à la crise. En vain ! le cortège funéraire a donc pris lechemin de l'église de Paulesti, où le prêtre Tatu a célébré une messe, avant de revenirau cimetière de Cocosesti, où le prêtre Florian a donné sa bénédiction, traversant deuxfois la commune, effectuant 10 km aller-retour à pied !

Les espaces verts de Bucarestn'ont cessé de se réduire au fil desannées. Le 6 juillet dernier, le gou-vernement a modifié une loi sur l'en-vironnement qui, jusqu'à présent,interdisait toute construction sur desespaces verts en zone urbaine.Désormais, il sera possible au pro-priétaire d'une parcelle d'un parc encentre ville de faire construire, touten tenant compte de certainesrègles en vigueur.

L'objectif de cette modification estde respecter les droits de la pro-priété privée. Il n'en reste pas moinsque ce changement risque de mettreen péril plusieurs hectares de parc.Plus de 1000 demandes de permisde construire sur des espaces vertsont déjà été reçues par la mairie.Environ 43 hectares de parc àBucarest pourraientdisparaître.

Selon la mairie du secteur 1 de lacapitale, 7,2 hectares du parcHerastrau sont aux mains de pro-priétaires privés, qui peuvent doncaujourd'hui en faire un peu ce qu'ilsveulent. C'est la même chose pourle parc Verdi du quartier deFloreasca ou le parc Ior dans le sec-teur 3. Et il y a de quoi s'inquiéter.En 1990, Bucarest comptait 3470hectares d'espace vert, il n'en restaitque 1800 au début de l'année der-nière. Avec 14 m2 d'espace vert parhabitant, la capitale roumaine estdéjà loin derrière Varsovie (32 m2par habitant) ou Londres (64 m2 parhabitant).

L.C. (www.lepetitjournal.com)

Religion

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divise toute une commune

Les espaces verts de la capitale disparaissent

La première étudiante licenciée en lettres de la Sorbonne

Devenue adolescente, sasoif de connaissance semblantsans limite, ses parents décidè-rent de l'envoyer à Paris, samère l'y accompagnant. Iuliapassa brillamment ses deuxbaccalauréats en français aucollège Sévigné, à l'âge deseize ans, et s'inscrit à laSorbonne où elle fut la premiè-re Roumaine à y être accueillieet la première femme à êtrelicenciée en lettres, tout en sui-vant les cours de l'Institut desHautes Etudes.

Très vite on remarqua cetteétudiante douée d'une brillante culture, initiée en philosophie,histoire, linguistique, ethnographie, avec de brillantes aspira-tions encyclopédiques. Ses professeurs se montrèrent stupé-faits devant ses talents littéraires et d'artistes. Non seulement lajeune fille promettait de devenir une grande poétesse et écri-vaine, mais elle montrait un don incroyable pour la peinture etle dessin. Iulia étudiait aussi le chant car elle avait une voixremarquable de mezzo-soprano et composait des morceaux demusique pour accompagner ses poèmes. Son éloquence futaussi remarquée, si bien qu'elle fut conviée à donner deuxconférences à la Sorbonne, sur la logique de l'hypothèse et ledeuxième livre d'Hérodote, alors qu'elle n'avait que 17 ans.

Un des éminents adultes qui l'avaient côtoyée la décrivaitainsi: "Julie Hasdeu avait, avec tous ses dons naturels etacquis, une figure ouverte et agréable, une distinction naturel-le, un noble caractère, un grand esprit, une vive intelligence,une force de pénétration étonnante, une âme douée, une séré-nité constante, une nature délicate et poétique, et elle marchaitdans la vie comme un beau rêve".

"La vie moderne était trop étroite pour mon âme ardente"

Gaieté franche, beauté sans apprêt, esprit sansrecherche… le comportement naturel de Iulia séduisait, maisses proches se montraient particulièrement impressionnés parla profondeur de sa pensée qui leur semblait habitée par unvague pressentiment et n'avait rien à voir avec son âge: "La vien'est qu'une rivière que nous traversons à la nage; celui quiatteint le plus vite l'autre rivage est le plus heureux", écrivait-elle dès l'âge de seize ans.

La jeune fille s'enfermait dans des tête-à-tête avec elle-même, dialoguant sur l'âme et l'immortalité, se sentant à l'é-troit dans sa condition humaine, griffonnant dans les marges

des livres ses réflexions dont elle faisait rarement part et queses parents découvriront après sa mort.

Dépouillant alors ses manuscrits, collationnant sesbrouillons, feuilletant page par page tous ses écrits, pendantdes nuits, des jours, des mois, ils devineront, avec un certaineffroi, l'univers dans lequel leur enfant approchait de sa fin, àla fois résignée et pleine d'espoir: "Ma patrie n'est pas de cemonde; mon Père Eternel m'a choisie pour le sacrificehumain; sur la terre je suis revenue du ciel, et j'y remontevoilée par le mystère. J'ai passé, j'ai vu, j'ai écouté. La vie tellequ'elle est me dégoûte; j'ai souri en passant, mais tout ce quiautour de moi m'a frappée, m'a froissée. Que mes parents ter-restres soient bénis pour tous les soins qu'ils m'ont prodigués,mais qu'ils cessent de pleurer pour moi; la vie moderne étaittrop étroite pour mon âme ardente; j'y étouffais, je cherchaisles grands espaces lumineux; je les ai retrouvés et je vais yplaner et y rayonner moi-même, au milieu du sourire immor-tel des âmes".

Minée et emportée par la phtisie à dix-huit ans

Iulia Hasdeu ne montrait aucun empressement à voir sonœuvre publiée, contrairement à son père, fier de la voir conti-nuer une lignée de quatre géné-rations ininterrompues de gensde lettres: l'arrière grand-pèrede Iulia écrivait en polonais, legrand-père en russe, le père enroumain et elle-même enfrançais. Pourtant la jeune fille,moldave par son père, transyl-vaine par sa mère et valaquepar son lieu de naissance, seflattait d'être l'expression mêmede la Roumanie et de refléter laDacie de Trajan toute entière.

Elle se montra très fâchéequand son père, impatient etayant mis la mains sur despoèmes qu'elle avait écris àquinze ans, les remit à un journal. Elle le sermonna et lui ditqu'elle ne voulait rien publier sous son nom et qu'un jour elleadopterait le pseudonyme de Camille Armand, sans en préci-ser la raison. Mais la maladie ne lui laissa pas ce loisir. Alorsqu'elle préparait sa thèse de doctorat, travaillant d'arrache pied,douze à quatorze heures par jour, dans sa petite chambre deParis, la phtisie la minait. Un mal pris à la légère par les méde-cins qui n'avaient su le détecter à temps. Ensuite, il était troptard. Ses parents l'emmenèrent bien à la montagne, puis laramenèrent en Roumanie, espérant que l'air du pays natal luiredonnerait des forces. Rien n'y fit. Iulia s'éteint à Bucarestdans les bras de ses parents, qu'elle s'efforçait de consoler, le28 septembre 1888. Elle n'avait pas atteint ses dix-neuf ans.

la jeune poétesse roumaine, également écrivain,

Un nouveau conflit intercon-fessionnel a éclaté dans lejudet de Bihor (Oradea), à la

suite de la rétrocession de l'église com-munale aux uniates (gréco-catholiques),dans le village de Chet, proche deMarghita, entraînant la conversion dupope orthodoxe, Gheorghe Dat, soucieuxde ne pas perdre sa source de revenus.Pendant plusieurs dimanches, à l'heure dela messe, les gendarmes ont été obligésd'intervenir pour séparer les fidèles desdeux communautés, le conflit risquant demal se terminer. L'ancien pope s'est faittraiter de " rénégat " et de "Judas vendant

son manteau" par la communauté ortho-doxe.

Cette situation a provoqué la colèredu préfet du judet, Ilie Bolojan, réagis-sant devant la passivité des deux évêquesdu diocèse qui n'ont rien fait pour apaiserle différent. Finalement, c'est le préfetlui-même qui a trouvé un terrain d'enten-te: l'église sera utilisée par les deuxconfessions, les messes gréco-catho-liques auront lieu le dimanche matin, de 9à 12 h, et les offices orthodoxes de 12 à15 h. Un nouveau prêtre orthodoxe,Marius Pop, a été nommé, demandant àses fidèles de retrouver leur calme.

Bihor: les gendarmes appelés à séparer uniates et orthodoxes, lors des messes du dimanche

langue française pour exprimer son génies'est éteinte à la fleur de l'âge

La tour du château deCâmpina, où le père de Iuliatentait de rentrer en contact

avec l’esprit de sa fille.

Le buste de la jeune poétessedans le chateau que son père

a fait construire en sa mémoire.

Environnement

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BACAU

PITESTIORAVITA

CLUJ

SINAIA

La jeune Roumaine boulversée

Iulia Hasdeu avait adoré trois hommes: Napoléon ler, Ferdinand de Lessepset Victor Hugo, qu'elle appelait les trois grands poètes du siècle. Dans unelettre datée du 22 mai 1885, adressée de Paris à son père, alors en Roumanie,

elle fait le récit touchant et passionné de la mort de l'auteur de Notre-Dame et desOrientales, montrant tout le talent et la sensibilité qui l'habitent; la jeune fille n'a alorsque quinze ans:

"Victor Hugo est mort aujourd'hui,à une heure et demie de l'après-midi, àl'âge de quatre-vingt-trois ans, troismois moins quatre jours. Et voilà laterrible nouvelle ! Voilà ce qui conster-ne, accable tout Paris, toute la France,ce qui émeut l'Europe et le monde;Victor Hugo est mort! Pour moi, je suisabattue, je suis navrée; en lisant sur lapremière page du journal, encadrée dedeuil, en grosses lettres noires et lugubres ces mots: "Victor Hugo est mort... unegrande lumière s'est éteinte...", j'ai senti comme un coup de poignard dans le cœur.Encore en t'écrivant, cher père, la plume tremble dans ma main, je me sens oppresséeet j'essaye en vain de pleurer. Oh ! l'on ne pleure pas dans ces douleurs-là !

"C'était un être à part, un dieu sur terreet il me semblait qu'il devait être immortel"

Mardi dernier, vers deux heures de l'après-midi, j'étais tranquillement assisedevant mon atlas et j'étudiais ma géographie. Je lis chaque soir les principales nou-velles du "Temps" à maman; mais, la veille, ayant eu trop de travail à faire, je n'avaispas pu ouvrir le journal.

Donc, mardi 19 mai, je fus interrompue de mon étude par la voix de maman quim'envoyait jusqu'au bas de l'escalier payer sa marchande de légumes qui venait pourson argent, et qui est trop vieille pour pouvoir monter sans se fatiguer énormément.Il faut te dire que cette vieille demoiselle adore la littérature, qu'elle se mêle de poli-tique et lit régulièrement son journal, qu'elle a dans sa boutique du marché Saint-Germain le buste de la République et le portrait de Victor Hugo entouré d'immortelles.

Cette pauvre femme vient à moi en pleurant. Je lui demande ce qu'elle a. - Ah ! mademoiselle, me répondit-elle, la voix étouffée par les sanglots, on a de

mauvaises nouvelles de la santé de M. Victor Hugo! - De mauvaises nouvelles ? dis-je, toute surprise. - Oh ! oui, mademoiselle; c'était dans 1e journal d'hier, il a une congestion pul-

monaire". Je croyais rêver; Hugo malade ! Hugo en danger ! Je regardais cela comme une

chose impossible. Je m'étais habituée a ne pas le regarder comme les autres hommes.Pour moi, Hugo, c'était un être à part, un dieu sur la terre, et il me semblait qu'il devaitêtre immortel. Je me rassurai en pensant que la bonne marchande exagérait les choses.

- Cela ne peut pas être bien grave, lui dis-je; M. Hugo est d'une constitution trèsrobuste.

- C'est égal, réprit-elle, il est vieux, et une congestion pulmonaire n'est pas unebagatelle. Ah ! cela me fait de la peine, allez !

"Je me porte bien, très bien. C'est la mort, elle est la bienvenue"

La marchande partit en sanglotant. Et de voir cette femme toute cassée, toute enhaillons, marchant dans la pluie avec ses souliers troués, et pleurant Victor Hugomalade, cela me donna envie de pleurer moi aussi.

"J'ai senti comme

Viens, mon âme, allons bien loin,Allons dans l'invisible espace,Par où nul souffle humain ne

passe,Où n'atteint pas l'humain besoin;Allons-nous-en, mon âme, loinEt du monde perdons la trace!Allons-nous-en dans l'infini,De l'idéal sonder les cimes,Errer dans les hauteurs sublimes;Dans le ciel bleu, abri béni,Tâchons de scruter l'infiniEt de ne plus voir les abîmes...

xx x

0 vous, qui de l'Amour me vantezla science,

Laissez-moi ma candeur et moninsou ciance!

Laissez-moi profiter du fugitifmoment,

Où par l'âge on est femme, et parle cœur enfant!

Laissez-moi libre et gaie errer parles prairies,

Sans que mon front chargé desombres rêveries

Soit rougissant, ainsi que celuid'un vouleur;

Laissez-moi dans les bois cueillirde lys en fleur,

Chaste et pur, virginal et blanccomme mon âme,

Laissez-moi fuir encore les défautsde la femme,

Etre belle sans art, sans même lesavoir,

De mes charmes naissants ignorerle pouvoir

Et vivre dans la joie ineffable etpuissante

D'avoir mon cœur léger et monâme innocente…

Iulia Hasdeu (écrit en français)

“Viens, mon âme...”

L'humiliation des demandeurs de visas pour la Grande Bretagne, transformés en numérosVie quotidienne

Asix heures du matin, ils sont déjà plus d’une cen-taine à faire la queue devant l'ambassade deGrande-Bretagne, à Bucarest. A 9 heures, lorsque

les services ouvrent, ils sont plus de 200 dans l'attente d'unhypothétique visa. La moitié seulement réussiront à rentrerpour passer l'indispensable et décisif entretien avec un agentconsulaire.

Ces hommes et ces femmes patientent depuis parfois unesemaine, dans des conditions humiliantes que ce pays est pra-tiquement le dernier à leur imposer en Europe - avec leDanemark, où le sentiment xénophobe est fort - malgré sesconstantes déclarations d'intérêt pour la Roumanie et ses pro-messes non tenues depuis des années de supprimer l'obligationde visa, comme dans l'Espace Schengen, pour pénétrer sur sonterritoire.

Un gardien d'une société privée, véritable "armoire àglace", engagé par l'ambassade, surveille les gestes et mouve-ments des postulants, hurlant lenuméro de celui qui peut entrer."585, c'est à ton tour… qu'est-ce quetu fiches !!!", régnant par l'intimida-tion, surtout auprès des provinciauxqui se sentent perdus.

Des pratiques qui rappellent,n'oublions pas, celles, heureusementrévolues, de l'ambassade de Franceau début des années 90. Les fonc-tionnaires, tout sourire pour leurscompatriotes, se mettait soudaine-ment à aboyer quand ils voyaient lenez d'un Roumain dépassant laporte, provoquant la honte et la gènedes Français de passage.

Il s'agissait souvent d'un vieux professeur ayant enseignéà ses élèves l'amour de la France pendant des décennies sansavoir le droit d'y mettre les pieds et saisissant l'occasion de lachute du communisme, espérant enfin la visiter, consacrant àce voyage rêvé les économies d'une vie…

Dormir une semaine, entassés dans une Dacia

Ana, jeune fille de Deva, a le numéro 444. Elle a besoind'un seul visa de transit, pour rejoindre son mari indien, fixéaux USA, qui compte la retrouver à l'aéroport Heathrow deLondres, et prendre un vol dans la foulée pour l'emmener dansson pays natal. L'ambassade britannique lui a dit qu'elle n'avaitpas besoin de ce document, mais le consulat de New York aaffirmer le contraire à son mari. Retéléphonant à l'ambassadeà Bucarest, celle-ci a changé d'avis, se pliant aux renseigne-ments donnés à New York. Dans l'incertitude, Ana fait donc laqueue. On est vendredi, elle est là depuis mardi. Elle a pris unticket au kiosque du coin qui les délivre, en faisant précieuse-ment une copie.

Certains, loin sur la liste d'attente, font leurs calculs: ilschoisiront de revenir trois jours plus tard. D'autres, par pru-dence, préfèrent rester sur place. Des candidats, lassés d'at-tendre, ne se présentant pas, les numéros peuvent défiler viteet, si leur tour est passé, il faut reprendre un autre ticket etrecommencer.

Elena, de Vaslui - 12 heures de train - attend depuis troisjours. Elle s'indigne surtout du cas d'un jeune garçon, venud'Arad qui dort dans le parc voisin depuis cinq jours. S'ils n'ontpas de famille sur place, ou les moyens de se payer un hôtel,ce qui est souvent le cas, d'autres dorment dans leur Dacia, enoffrant l'hospitalité à des compagnons d'infortune, y passantparfois une semaine entière.

Des fonctionnaires britanniques arrogants et incompétents

Le 598 s'étonne que l'ambassa-de ne procède pas par Internet,comme celle des USA, où lademande est enregistrée et où onpaye le visa en ligne, un rendez-vous précis pour l'entretien étantalors fixé. Il hausse les épaules:"C'est une ficelle pour nous décou-rager". L'attaché de presse de l'am-bassade indique: "C'est à l'étude"…Comme la suppression des visas ?

Le 384 et le 598, venus deBacau et Timisoara, ne décolèrentpas. Les deux hommes ont pris unnuméro, mais devant la file d'atten-te sont retournés trois jours chez

eux, avant de reprendre leur place dans la queue. Au total, pourchacun, près de 36 heures dans le train et des frais importants.

Des jours de queue pour rien

Le 532, Adrian, vit depuis quatre ans en Angleterre et estdans l'attente d'une carte de résident. Il constate: "En Grande-bretagne, les fonctionnaires sont aimables et courtois. Ici,ceux de l'ambassade sont infects, arrogants, indifférents etincompétents".

Malheureusement, c'est parfois le cas dans d'autres ambas-sades ainsi qu'en France dans certains services d'immigrationdes préfectures, où on a semblé longtemps prendre un malinplaisir à choisir des cerbères se transformant en Pitbull pourexaminer les demandes des étrangers.

Quant à Ana, elle est retournée dans sa ville de Deva avantd'aller rejoindre son mari à l’aéroport d’Heathrow. Après unesemaine d'attente devant l'ambassade britannique, l'agentconsulaire lui a indiqué que, finalement… elle n'avait pasbesoin de visa !

La disparition de Victor hugo (ici, ses funéraillesnationales) a prondément marqué la jeune fille.

"585, c'est à ton tour… qu'est-ce que tu fiches !!!"

Les immigrés sont souvent traités comme des chiens parles policiers des frontières, dont certains n’hésitent pas àles racketter. L’accueil n’est pas meilleur dans certaines

ambassades où l’humilation est de mise. Victor Hugo, enson temps, avait parlé de la condition des “Misérables” en

France. Qu’en est-il en Europe au XXIème siècle ?

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Tout au long de l'année, mais particulièrement en hiver, les automobilistesempruntant la Nationale 1 (Bucarest-Brasov) constatent que les bas côtésde la route, depuis Ciolpani jusqu'aux abords de la capitale, sont envahis

par des vendeurs à la sauvette leur tendant des bouquets de fleurs ou des pochettes dechampignons, cueillis et ramassés dans les forêts avoisinantes.

Ce commerce fait vivre quelques centaines de familles qui n'ont guère d'autresmoyens de subsistance. La période des perce-neige, en hiver, est la plus profitable.Dès les premières neiges tombées, en novembre, les enfants ou les adultes partent àleur cueillette, alors que les femmes préparent les bouquets. Cornel, est un de cesgamins qui proposent à longueur de journée ses fleurs. Il arrive à vendre 12 bouquetspar jour, au prix variant entre 1,5 et 3 €, dégageant un revenu de 15 €, qu'il ramènechaque soir à sa mère et à son beau-père. Le garçon, 14 ans, qui officie depuis l'âge de7 ans, est tout fier d'annoncer sa meilleure vente: 30 € en une seule journée. Mais,revers de la médaille, il a quitté l'école, ne faisant que cinq classes, ses absences étanttrop répétées.

Vasilica, 43 ans, qui élève seule ses 6 enfants, pratique ce métier depuis 24 ans.Elle l'a appris de sa belle-mère. Elle s'enfonce dans la neige et la forêt de cinq à sixkilomètres pour trouver les perce-neige, qu'elle cueille alors qu'ils ne sont pas éclos.Elle les lave soigneusement, les met au chaud pendant deux semaines, veillant sur euxjusqu'à ce qu'ils s'ouvrent, puis les propose à la vente. Sa journée lui rapporte en géné-ral 6 €, car elle ne vend ses bouquets que 0,8 €. Elle sait qu'elle a moins de chancesd'arrêter les automobilistes que les enfants. Lorsque l'hiver s'estompe, la courageusefemme retourne dans la forêt cueillir les fleurs de printemps et ainsi de suite jusqu'auxchampignons de l'automne. Cette forêt qui est mère nourricière des petites gens.

85 % des maisons du judet de Botosanisont en pisé

La plupart des habitants du judetde Botosani vivent dans des maisonsfaites d'un mélange de paille, de terrebattue, de pierres, recouvertes d'untoit de chaume, et qui on plus de centans. On en dénombre 106 000 dansun département qui compte 121 000habitations, soit 85 %. La ville mêmede Botosani en compte 52 %. Ceslogements de fortune sont exposéesaux inondations, tempêtes, glisse-ments de terrains et tremblements deterres, et les assureurs refusent deles prendre en charge. Leurs habi-tants n'ont pas les moyens de lesrefaire. On retrouve nombre de cespetites maisons en pisé dans laMoldavie, région la plus pauvre dupays, dont le judet de Botosani.

Vie quotidienne

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PITESTIPLOIESTI

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A la sortie de Bucarest, laforêt, mère nourricière des petites gens

La première chose que je fis en rentrant, ce fut de chercherle journal de la veille. Sur la première page je vis, en grosseslettres: "La santé de Victor Hugo" et je lus avec anxiété.Quelques jours auparavant il avait donné un dîner en honneurde M. de Lesseps et de ses enfants. Il fût très gai pendant cedîner. Vers minuit, les invités partis, il dissimula un mal qui luiétait venu subitement. On remarqua sa pâleur: il se coucha, ilne se releva plus. Les docteurs Alix, Camille Séa et Vulpianvinrent le lendemain, ils constatèrent une congestion pulmo-naire. Victor Hugo avait des étouffements. Il se débattaitcontre la mort, voulait se lever, mais retombait sur son lit, mal-gré sa force extraordinaire. Avant-hier, il disait à ses amis avecbeaucoup de calme: "Je me porte bien, très bien. C'est la mort;elle est la bienvenue".

Hier et aujourd'hui, il tomba dans des assoupissementsprofonds. Hier soir déjà, il ne prononçait plus que des mono-syllabes; aujourd'hui il ne parla pas du tout. Il était depuisquelques heures comme endormi, lorsqu'à une heure et demiecette tête incomparable se souleva violemment, puis retombasur la poitrine. C'était fini...

"On doit bien une larme à ceux qui vous ont tant fait pleurer pour les autres"

Ah ! quelle gloire ! Moi, je n'ai jamais pu voir rien au-des-sus de cet homme. Sa vie me frappait presque autant que sesœuvres. Et ses œuvres me transportent, m'enlèvent. Pourquoiétait-il si grand homme ? Parce qu'il était aussi homme de bien.

L'autre jour - c'était avant-hier - je me mis à pleurer commeune folle en apprenant l'extrême gravité de sa maladie, etmaman qui est bien triste aussi, m'a dit qu'il fallait me conso-ler, qu'il mourait vieux et plein de gloire. C'est égal, répondis-je, on doit bien une larme à celui qui vous a tant de fois faitpleurer pour les autres! Et maman fut obligée de me laissersangloter à mon aise.

Comme j'aurais voulu le voir une seule fois! J'aurais gardétoute ma vie son image sacrée dans mon cœur. Mais, puisquece suprême bonheur m'a été refusé, je veux au moins que sonsouvenir ne me quitte jamais. J'aurais désiré follement luienvoyer une couronne ...

II est mort, Victor Hugo ! Je ne sors pas de là. Je ne peuxpas comprendre cette mort; non, vrai, je ne le peux pas.

Bonsoir, père, je ne suis pas capable d'écrire autre choseen ce moment ..."

Et dans le post-scriptum de la même lettre:Nous revenons, maman et moi, de la maison de Victor

Hugo. Elle est dans l'ancienne avenue d'Eylau, aujourd'huiavenue Victor Hugo, derrière l'Arc de Triomphe. Je t'ai déjà ditque tout le monde pouvait s'inscrire devant l'hôtel sur unregistre ouvert. Je me suis approchée, j'ai pris la plume, et j'aiécrit: "Mme et Mlle Hasdeu, de la colonie roumaine, au plusgrand des poètes, au plus grand des citoyens ". Je ne peux past'exprimer la sensation que j'ai éprouvée en me sentant toutprès de ce mur derrière lequel je le savais étendu, lui, VictorHugo; mon cœur me brisait la poitrine, ma main tremblait, j'é-tais devenue rouge, rouge, rouge…"

par la mort de Victor Hugo

Bogdan Petriceicu Hasdeu(1838-1907), sénateur deRoumanie, historien et philo-

logue, avait cinquante-trois ans lorsqu'ilperdit Iulia, sa fille unique. En cet hiver1888, il est l'une des plus importantespersonnalités de la culture européenne,historien, linguiste et remarquable écri-vain, membre des académies internatio-nales et des sociétés culturelles, directeurdes Archives de l'État, éditeur, auteur dela monumentale oeuvre EtymologicumMagnum Romaniae. Il séjourne longue-ment en France où il a installé sa famille,

notamment pour que sa fille, premièreélève roumaine de la Sorbonne, puisse ysuivre les meilleures études.

B. P. Hasdeu est né le 26 février 1838à Cristinesti. Son père Alexandre a étémuté en Pologne peu de temps après lanaissance du futur écrivain, qui a ainsi puétudier, jusqu'en 1850, dans des collègespolonais. Après l'installation de sa famil-le en Bessarabie, Hasdeu devient élève duLycée Régional de Chisinau, avant de sefaire inscrire à l'Université de Kharkovpour des études surtout juridiques.

En 1864, Hasdeu est chargé d'éditerl'Archive historique, dont l'impression acommencé à l'Imprimerie de l'État, maisa été suspendue plus tard. En 1867, lapublication a été reprise suite à une inter-vention du Parlement, impressionné parl'homme qui connaissait "une dizaine delangues antiques et modernes".

Dans le théâtre, B. P. Hasdeu s'est

affirmé par Domnita Ruxandra - drameen 5 actes - et la comédie Trois magesvenus d'Orient. C'est toutefois sonoeuvre Razvan et Vidra qui marquera,restant pour beaucoup le meilleur dramede la littérature roumaine.

L'œuvre scientifique de Hasdeu peutêtre considérée sous son aspect documen-taire ou littéraire. Son énorme effort derecueillir des documents, notammentslaves, dans son Archives historiques dela Roumanie, la conjugaison, ensuite, del'histoire archivistique avec la philologieet l'archéologie, l'introduction d'une phi-losophie de l'histoire dans la synthèse desfaits sont autant d'éléments qui en font ungrand homme de culture. Quant à la phi-lologie, il en est le créateur, au senssavant du terme. Personne, avant ou aprèslui, n'a mieux connu les langues slaves etn'a disposé de plus larges connaissancespour l'examen des faits.

Bogdan Petriceicu Hasdeu, immense homme de culture et créateur de la philologie

un coup de poignard dans le cœur"

Ecaterina Balan a connu Joseph Gay au début desannées 1970, alors qu'elle travaillait comme labo-rantine pour une fabrique de fibres textiles de

Savinesti. Le Français avait été envoyé par sa firme pour ins-taller une nouvelle unité. Le couple s'est marié en 1975,Ecaterina devenant Mme Gay et suivant son mari dans larégion de Roanne, obtenant quasi-immédiatement la nationa-lité française. La jeune Roumaine était née en 1950 dans lacommune de Hangu où elle a fait ses études primaires etsecondaires avant de suivre les cours de l'Ecole des Métiers deGalati, se spécialisant dans l'industrie alimentaire.

Dès son arrivée en France, Ecaterina s'est mise à travailler,trouvant une place dans une fabrique de textiles où elle reste-ra pendant treize années. Très vite, elle s'est adaptée à la viesociale roannaise, commençant à s'impliquer comme déléguéedes parents d'élèves, lorsque ses deux enfants auront atteintl'âge scolaire.

En 1988, elle décida avec son mari de monter sa propreentreprise de confection, se disant "on gagnera peut-êtremoins, mais on sera nos propres patrons". L'affaire débutaavec deux ouvrières, elle tourne aujourd'hui avec une quinzai-ne, la qualité de sa production étant particulièrement appréciéeau niveau européen puisque Ecaterina est chargée de la forma-

tion de spécialistes de plusieurs nationalités, dont de nom-breux jeunes Roumains, s'occupant de leur voyage et séjour,veillant à ce qu'ils trouvent un climat familial, les recevantdans sa maison les jours de congé. D'ailleurs, dès après la"Révolution" de 1989, Ecaterina s'est évertuée à mieux faireconnaître la Roumanie et le judet de Neamt en France et àRoanne, retournant dans son pays tous les ans.

Son activité inlassable l'a conduite à entrer à la Chambredes Métiers de Roanne, puis à prendre des responsabilités deplus haut niveau, devenant la première Roumaine à être éluevice-présidente nationale des Chambres des Métiers, ayant encharge la formation des apprentis du Textile. Ses mérites n'ontpas échappé aux autorités qui l'ont faite chevalier dans l'OrdreNational du Mérite en 2001, comme le note avec fierté la pres-se roumaine, rappelant que c'est le Général De Gaulle qui l'acréé, en 1963.

En trente ans, Ecaterina a fait l'éclatante démonstrationd'une intégration parfaitement réussie; ses deux enfants ont desprofessions enviables, la fille, dans le marketing internationalà Strasbourg, le garçon comme inspecteur des Arts. Mais, sielle reconnaît avoir trouvé bonheur, épanouissement et situa-tion, dans une France qui l'a adoptée, l'ancienne écolière deHangu n'oublie pas qu'elle vient "de cette si chère Roumanie".

Ces Roumains qui font aussi la FranceDepuis son entreprise de confection de Roanne,

Ecaterina veille sur la formation des apprentisdes Chambres de Métiers françaises

VASLUISAVINESTI

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Malgré cela, les Bucarestois interrogés pour savoir s'ilsfréquentent le centre historique de leur capitale, répondentqu'il existe d'autres endroits de Bucarest, plus attractifs. Ilsreprochent à ce quartier son manque de projets à long terme etd'investissements pour le réhabiliter. Voici quelques unes deleurs réactions: "Les maisons sont en ruine et tu dois faireattention à ne pas recevoir une tuile sur la tête. Pour moi cen'est qu'un endroit de passage". "Si on y organise des spec-tacles, j'y viendrai. J'aime ce quartier, il y ade beaux bâtiments dont on peut admirerl'architecture, mais ils ne sont pas mis envaleur".

Mozart à la rescousse

Un autre événement, appelé à fairerevivre la capitale roumaine l'été dernier aété le Mozart Fest qui s'est déroulé dans lecentre de Bucarest. Du 7 au 16 juillet on apu écouter sur la place George Enescu "LaPetite Musique de Nuit", "Don Giovani","Les Noces de Figaro" et d'autres œuvresde Mozart. Il s'agit d'un événement impor-tant, tant par le soin qu'on a pris pour amé-nager la place, transformée en jardin fleurirappelant l'atmosphère viennoise, que par laqualité des interprétations.

La Roumanie, candidate à l'entrée dans l'UnionEuropéenne, prend peu à peu exemple sur les autres membresde celle-ci en matière juridique comme dans tous les autresdomaines, important les bons comme les mauvais exemples. Ason tour, elle deviendra un temple de la consommation.

Des soldes tentantes

Et pour amener les citoyens àconsommer, quoi de mieux que lessoldes ? Une grande partie des magasinsde Bucarest ont affiché des baisses deprix allant jusqu'à 70 %. C'est en géné-ral la collection de vêtements et desaccessoires d'été qui est soldée mais ontrouve également quelques affaires pou-vant convenir à l'automne.

Comme il n'existe pas encore une véritable législation, lesaffichages publicitaires ne sont pas toujours à prendre à lalettre, les 50 à 70 % de réduction promis ne concernant en faitque quelques articles phare. De même, les "50 % sur le deuxiè-me article acheté " doivent le plus souvent se comprendre: "àcondition qu'il soit moins cher que le premie".

Voici toutefois une petite idée pour les prochaines soldesdes bonnes affaires possibles: un petit pull rayé - à la pointe dela mode - coûtera entre 15 lei (4,17€) et 225 lei (62,50 €)selon que vous l'achèterez sur le boulevard Regina ou à Piata

Romania. Un tee-shirt rayé et garni de rubans sur les côtés vaut39 lei (10,60 €), un autre, boutonné sur l'épaule, 29 lei(8,05 €). Vous trouverez un pantalon finement rayé à 40 lei(11,10 €), un pantacourt à 79 lei (21,95 €) et une robe au des-sus du genou, blanche et marine ornée de dentelle à la taille à99 lei (27,50 €) au lieu de 149 (41,40 €).

Pas de bus dans le centre de la capitale

Malgré les efforts réalisés par la muni-cipalité pour animer le centre de Bucarest,les minibus ou maxi taxis n'y circulerontpas. Seules les zones du sud-est et du nord-ouest de la capitale bénéficieront de ce ser-vice, les sociétés de transport ne trouvantpas attractives les offre proposés par lamairie pour le centre ville. Il faut savoirque circuler dans le centre-ville deBucarest tient de l'acrobatie. La densité dela circulation est inimaginable et le code dela route totalement ignoré…

Un nouveau règlement réduit à 17itinéraires la circulation des minibus - ilsétaient 26 - et aucun ne traversera le centreville. Un trajet en minibus coûte environ 1leu (0,28 €). Un abonnement mensuel vaut

entre 40 et 70 lei (11 à 20 €) selon le trajet.Ce qui est intéressant à souligner c'est que plusieurs lignes

de minibus permettent aux Bucarestois de se rendre dans lesdifférents hypermarchés de la capitale. Ceci signifie que cetteformule de distribution gagne en popularité. On en a d'ailleursla preuve avec les ouvertures successives de nouvelles grandes

surfaces Carrefour, Cora ainsi que d'en-seignes allemandes.

A bientôt à Bucarest ?

Il faut un certain courage pours'aventurer dans les rues du centre deBucarest en plein été. Il y fait très chaud,l'asphalte fond sous vos pas, le bruitomniprésent et le stress qu'on ressent lors-qu'on essaie de traverser vous donnentenvie de vous précipiter à la gare pour

prendre le premier train vers les verdoyantes et somptueusesCarpates. Les autorités de la capitale s'efforcent de rendre leurville plus attractive, deux écoles s'affrontent, l'une, pour l'ins-tant la plus suivie et qui a l'aval de la mairie, parsème le centreville de gratte-ciels aux lignes futuristes, l'autre, plus timide,essaye de redonner à Bucarest son aspect d'antan, son charmedélicieux de ville de l'Est de l'Europe, de celles qu'on allaitvisiter en prenant l'Orient Express. Cette double métamor-phose vaut la peine d'être vécue. Alors, à bientôt à Bucarest ?

Karin Humbert

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Bogdan Petriceicu Hasdeu a été brisé par la mort de sa fille. Désemparé, ilva faire publier son oeuvre et communiquer avec son esprit, en découvrantainsi la voie vers le spiritisme et en devenant l'un des principaux person-

nages de son histoire. En 1891, il fait construire au cimetière Bellu de Bucarest un destombeaux les plus mystérieux. B.P. Hasdeu affirmait que tout y avait été conçu selonles voeux de Iulia qui aurait tout dicté à son père pendant les séances de spiritisme. Letombeau, en marbre, où gît la jeune fille, reproduit au milieu son buste. Près du tom-beau, il y a trois chaises sur lesquelles sont gravés des signes cabalistiques, entourantune petite table qui avait appartenu à Iulia, apportée de Paris. Sous la pierre tombaleon peut observer l'image de Jésus Christ, multipliée en deux miroirs parallèles. A lasurface, on trouve un trônecirculaire entouré de deuxsphinx, et à l'intérieur, uncrâne qui a la bouche grandeouverte et au-dessus duquelon peut lire: ''Laisse l'hiron-delle faire son propre nid!''

On raconte que jusquedans les années 60, on pou-vait voir, à travers unefenêtre, le visage d'unejeune fille qui était morteprématurément, vêtue d'unerobe blanche de mariée etmunie de deux guirlandes decouleurs.

Messages et photos prises de "l'Au-delà"

Entre 1894 et 1896, B.P.Hasdeu fit dresser à Câmpina un château à la mémoire desa fille, à moins de 100 km de Bucarest, à Câmpina, sur la Vallée de Prahova, égale-ment surnommé ''temple spirituel''. L'écrivain essayait, à côté de ses amis, d'y entreren contact avec l'esprit de Iulia mais encore avec l'esprit de son grand père et de sonpère, Alexandru Hasdeu.

Pendant les séances de spiritisme, pour être sûrs de ce qui se passe, les participantsavaient l'habitude de faire des photos qui sont toujours conservées dans le Musée duchâteau. Les photos ont surpris de façon assez claire des formes lumineuses dont onprésuppose être les signes du monde de l'au-delà. Hasdeu notait la durée et la date dechaque séance ainsi que chaque message reçu.

La perte de sa fille avait provoqué une orientation nouvelle dans l'esprit d'Hasdeu,qui a même expliqué son initiation au spiritisme dans le prologue de Sic cogito, le seulde ses ouvrages écrit en ce sens.

"Il s'était écoulé six mois depuis la mort de Iulia, c'était en mars (1889); l'hiverétait parti; le printemps se faisait encore attendre. Un soir humide et maussade, j'étaisassis seul à ma table de travail. Devant moi, comme de coutume, il y avait une ramede papier et plusieurs crayons.

Comment ? Je ne sais; mais, sans le savoir, ma main prit un crayon et en appuyala pointe sur le papier qui luisait. Je commençai à sentir à ma tempe gauche des coupsbrefs et profonds, exactement comme si on y avait introduit un appareil télégraphique.Tout à coup ma main se mit en mouvement sans arrêt. Cinq minutes tout au plus.Quand mon bras s'arrêta et que le crayon s'échappa de mes doigts, je me crus réveillédu sommeil, bien que je fusse certain de ne m'être pas endormi. Je jetai un regard surle papier et j'y lus sans aucune difficulté :

" Je suis heureuse; je t'aime, nous nous reverrons; cela doit te suffire. JULIE HASDEU

C'était écrit et signé de la propre écriture de ma fille. "

CAMPINA

Devenu musée mémorial de B.P.Hasdeu, le château que le grandhomme a fait construire en mémoirede sa fille pour entrer en contact avecelle par spiritisme se visite.

Aujourd'hui, les chambres où sedéroulaient ces séances conserventtoujours cette atmosphère mystérieu-se. S'y trouvent également destableaux, des portraits de Iulia, sonpiano, des documents et des croquisplacés en ordre sur le bureau deHasdeu.

Sur le fond bleu du hall du châ-teau, comme il avait été peint il y acent ans, sont dessinés des sala-mandres, des serpents et des hiboux.Dans le hall central du château, deuxescaliers en métal mènent vers uneplate-forme au milieu de laquelle sevoit en grandeur nature la statue deJésus Christ, les bras ouverts. Cettedernière avait été au début entouréedes statues des douze apôtres qui sesont abîmées avec le temps. L'œuvreappartient au sculpteur italien RafaeloCasciani. Sur la terrasse du châteauon peut admirer la Vallée de laPrahova. L'entrée du château estflanquée de deux portes et de deuxtrônes construits en pierre. Au-dessusde la porte principale est gravé lesigne magique ''Delta'', comme unoeil protecteur, veillant en quiétude eten paix. Un noyer se dresse dans lacour du château que Hasdeu avaitplanté lui-même.

Chaque année, des milliers devisiteurs viennent dans cet étrangetemple du spiritisme, visblementimpressionnés par la tragique histoirede deux génies, le père et la fille quiont essayé d'entrer en contact au-delà de l'espace et du temps qui lesséparaient.

du "Petit Paris" et de l'Orient Express

Un étrange temple duspiritisme à Câmpina

L’auberge Hanul lui Manuc

Inconsolable, son pèreLittérature

mais plus à l'américaine

Le château de Câmpina.

Le restaurant Caru cu bere.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Tout l'ouvrage Sic cogito sert à expliquer cet événement,le premier de toute une série de communications spirites quidevait s'établir entre l'Esprit de Julie Hasdeu, de "Lilica",comme la nommait son père, et l'intelligence extrêmement ten-due et suggestionnable de Hasdeu lui-même.

"Le génie des personnes aimées disparues s'ajoute au nôtre"

Les communications médiumniques eurent depuis lorsune influence même sur les travaux littéraires de Hasdeu. Dansun article sur ce dernier, publié dans le Mercure de France, en1907, M. Craiovan reproduit le fac-similé de quelques lignesd'écriture automatique obtenue par Hasdeu dans une séance despiritisme qui eut lieu chez lui, le 13 novembre 1890, et àlaquelle prirent part le docteur Steiner, les professeursFlorescu et Sperautia, le chevalier de Sazzara, consul généralaustro-hongrois, enfin V. Cosmovici, qui servit de médium.

Tout à coup Hasdeu reçut une communication russe,censée venir de son père, et dont voici le contenu: En qualitéde dernier descendant de la famille, tu dois continuer le trésorde la langue moldave: Etimologicum magnum Romaniæ.Ce document automatique eut toujours pour Hasdeu la valeurd'une véritable révélation: il lui prouvait la réalité des inspira-tions que subissait sa vie mentale. Il a rapporté longuement, etnon sans un certain esprit critique, les motifs qui le portaient àcroire au caractère spiritique de cette révélation.

D'ailleurs, il avait déjà été frappé, par cette idée de LouisFiguier, que les artistes, écrivains, penseurs, après avoir subi la

perte d'un être aimé, sentent s'accroître leurs facultés. Il luisemblait que les aptitudes intellectuelles de la personne mortevenaient s'ajouter aux leurs et enrichir leur génie. En tout cas,cette communication médiumnique valut à la Roumanie unouvrage philologique, qui, tout en étant resté inachevé, est cer-tainement l'un des trésors les plus précieux de sa langue.

Persuadé que sa fille lui dictait sa conduite d'"En-Haut"

Les séances de spiritisme attirèrent beaucoup de visiteursau château de Câmpina. Parmi eux le plus grand peintre rou-main, Nicolae Grigorescu, qui finit ses jours dans les environsimmédiats. Mais, persuadé que sa fille lui dictait d'"En Haut"sa conduite, B.P. Hasdeu en avait fait une idée fixe et s'épuisaitdans ses tentatives de rentrer en contact avec elle et son rôle demédium, ce qui amena certains à douter de sa santé mentale.

Un jour que les railleries niaises atteignaient son spiritis-me, "seule religion expérimentale" possible selon lui, Hasdeuse crut obligé de démontrer sa bonne foi. "En histoire, écrivit-il, en philologie, dans toutes les sphères de la connaissance,j'ai toujours été sceptique, repoussant l'autoritarisme d'enhaut et la popularité d'en bas, et me frayant partout seul, parmes propres recherches, en allant à la source de tout, une voienouvelle, bonne ou mauvaise, telle que je l'entendais, maisd'un cœur pur, sans crainte de personne, sans utilité person-nelle, sans flatterie, sans réclame". Le grand homme survécutà sa prodigieuse fille dix-neuf ans, la rejoignant dans l'"Au-delà" en 1907. Il avait 69 ans.

lui fait élever un château et communique avec son espritLes NOUVeLLes de ROUMANIe

20

SSociété

Avant la deuxième Guerre Mondiale, Bucarest méritait pleinement son sur-nom de "Petit Paris". Ses majestueux boulevards bordés de vieux tilleuls,dans l'ombre desquels s'ouvraient les fenêtres de luxueux hôtels particu-

liers, ses avenues à l'allure haussmannienne, ses pâtisseries où ces dames en chapeauxà la dernière mode de Paris prenaient le thé, ses parcs "à la française" où les "demoi-selles" promenaient les enfants de bonne famille auxquels elles enseignaient lefrançais… tout cela berçait dans une atmosphère de "douce France" pour une certai-ne classe sociale privilégiée.

La Roumanie devenue "République Populaire" s'empressa d'effacer ces marquesd'une civilisation "décadente". Ceausescu fit raser des quartiers entiers, remplaçantles vénérables maisons de maître par une véritable forêt d'immeubles identiques - lesblocs aux multiples entrées -. Il fallait désormais aux Bucarestois plusieurs lignes pourécrire leur adresse: rue untelle, bâtiment A, B, ou C…, escalier n° tant, tel étage et telappartement du secteur n° tant.

Les Bucarestois ont perdu de vue leur centre

Dans les rues si pittoresquesdu centre historique de la capita-le les beaux magasins fermèrentleurs portes; de toutes façons iln'y avait plus rien à vendre. Lesfaçades des élégantes demeuresabandonnées noircirent, se fen-dillèrent lors des tremblementsde terre, et oscillèrent au passa-ge d'une circulation toujoursplus dense. Le revêtement desrues était rongé par d'innom-brables trous.

Une dizaine d'années après la fin du régime communiste, les édiles ont décidé derénover le centre historique de Bucarest pour lui rendre sa splendeur d'antan. On rava-le des façades, interdit la circulation automobile, asphalte des rues. Mais tout cela sansse presser, le maire ne considérant pas cette opération comme prioritaire et préférantvoir pousser les gratte-ciels à l'américaine. Même si des commerçants s'y réinstallent,des clubs, des bars rouvrent, le quartier reste mort. Les habitants de Bucarest ontperdu l'habitude de s'y rendre, les touristes y passent brièvement mais rien ne les yretient. Le soir, les rues sont désertes.

Retrouver un parfum de France

Et voici que cette année, une initiative française a essayé de faire émerger lecentre historique de Bucarest de sa léthargie. A l'occasion du 14 Juillet 2006,Georgiana Miron, coordinatrice de projets auprès de l'institut Français, a décidé demarquer cette date dans le quartier Lipscani et tout particulièrement dans trois éta-blissements s'y trouvant: le Club A, le Monaco Lounge et l'Amsterdam Café, en lestransformant en cafés culturels..

Une équipe de peintres a masqué les façades les moins engageantes et les palis-sades en les habillant de couleurs gaies. Le message était clair: "La beauté revientdans le quartier Lipscani". Des terrasses de café ont été installées le long des trottoirs.Des DVD Offset 2005 qui avaient été présentés au Festival Simultané de Timisoaraont pu être visionnés au Monaco Lounge. L'Amsterdam Caféa a présenté un spectaclemusical et poétique. Les spectateurs ont découvert au Club A "Le Monologue duVagin" dont le succès a été grand en France.

La capitale est dotée d'établisse-ments qui témoignent de son faste dudébut du XXème siècle et qu’on peuttoujours découvrir. Après rénovation,l'hôtel-restaurant Capsa (photo) arouvert ses portes. C'était l'endroit leplus luxueux du "Petit Paris".Ecrivains, artistes s'y mêlaient auxhommes politiques. On y commentaitl'actualité, faisant et défaisant lescabinets ministériels, sous le regardde femmes coquettes qui venaient ydéguster de délicieuses pâtisseries.En ce lieu distingué, on conversait leplus souvent en Français. Si, aujour-d'hui, Capsa a retrouvé son rang, onne s'y presse plus comme autrefois.

Des établissementsprestigieux

BUCAREST

ORADEASATU MARE

TIMISOARA

ARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

RESITA TARGOVISTE

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEAHUNEDOARA

"Intime Roumanie", une exposition photographique de Bruno Cogez

En face, il ne faut pas manquer des'installer soit à la terrasse du Cerclemilitaire - on n'y voit aucun képi -bon observatoire, en retrait, sur laCalea Victoriei, soit à l'intérieur quipermet encore d'imaginer ce qu'étaitla vie des aristocrates et dandys dudébut du XXème siècle, lorsque leroi observait la salle de la discrèteloge qui lui était réservée. Enfin, il nefaut pas hésiter à pousser jusqu'auquartier toute proche de Lipscanipour y déguster une bière dans labrasserie "Caru cu bere" ("Chariot àbière") pour compléter ce voyagedans le Bucarest d'il y a un siècle.

Vie quotidienneLa nostalgie

Bucarest revit…

Pendant cinq ans, Bruno Cogez(notre photo) a saisi cesmoments intimes de la

Roumanie d'aujourd'hui : visages, détails,intérieurs. Le photographe nous proposedans sa nouvelle exposition, "INTIMEROUMANIE", qui se tient à la Maisond'Europe et d'Orient un regard très per-sonnel où chaque image raconte une his-toire singulière, une rencontre, uneatmosphère. Il donne à voir uneRoumanie tout en nuances, pétillante,volubile et sarcastique. Véritable invita-tion au voyage, Bruno Cogez nousentraîne dans son univers intime. Cetteexposition est présentée dans le cadre duMois de la Photo-OFF.

Photographe autodidacte, BrunoCogez s'installe à Bucarest entre 1999 et2004. A partir de 2001, il réalise le docu-mentaire photographique "Les juifs deRoumanie", fruit d'un travail de deuxannées, durant lesquelles il s'immerge

dans le quotidien des membres de la com-munauté juive de Roumanie. Fasciné parla transition en Europe de l'Est, sesvoyages le conduisent à travers toute

l'Europe centrale. Ses nombreux repor-tages sont publiés dans la presse occi-dentale.

Coup de cœur de la bourse du Talentphotographie.com/Kodak, il a été nominépour le prix AIDDA de la photographiesociale et documentaire en 2003 et 2006.Directeur du Collectif EST qu'il a fondé

en 2004, Bruno Cogez fait aujourd'hui lapromotion des photographes et de la pho-tographie de l'Europe de l'Est.

Le Collectif EST est le premier col-lectif européen basé à Paris, regroupantdes photographes et des rédacteursd'Europe de l'Est. Constitués en réseau,ils offrent en permanence une couverturede l'actualité à l'Est, de Prague à Minsk etde Riga à Bucarest.

Infos: [email protected]

"INTIME ROUMANIE" à la Maisond'Europe et d'Orient

3, passage Hennel 75012 Paris - Accès:105, avenue Daumesnil

Métro Gare de Lyon ou Bus 57, 29Entrée libre, du lundi au vendredi de

10h à 13h et de 14h à 19hJusqu'au 22 novembre 2006 ; vernissa-

ge le vendredi 3 novembre à partir de 18h30

ExpositionQuartier le mieux préservé, Lipscani

abrite de nombreux restaurants et cafés.

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Nicolae Grigorescu (1838-1907) estaujourd'hui considéré comme le plusgrand peintre roumain, car il a donné une

direction à la peinture de son pays, l'a émancipée del'académisme étroit et conventionnel. Un de ses com-patriotes dira: "Grigorescu est apparu alors que sescompatriotes dormaient. Il admirait et rassemblaitautour de lui les beautés. Sa peinture était commeune exclamation d'étonnement devant la lumière et lanature. Il nous a appris à les regarder et transposerdirectement les sensations perçues par l'œil".

Grigorescu s'enivrait du plein-air. La lumière, lacouleur et la tendresse de la nature l'absorbaient. Il

était enthousiaste, lyrique et optimiste mais n'idéalisait, ni ne poétisait. Il filtrait toutsimplement, choisissait les motifs qui correspondaient le mieux à sa sensibilité. "Il ya peut-être des imbéciles qui croient que l'on peut retoucher l'œuvre de la nature, maisceux-là ne sont pas des artistes. Moi je choisis, je ne corrige pas" s'exclamait-il.

Avec lui commença la peinture roumaine moderne à laquelle il apporta le soufflerévolutionnaire de l'école de Barbizon et le goût pour la nature, au-delà des murs del'Académie des Beaux-Arts et de l'atelier. Premier peintre roumain de dimensioneuropéenne, Grigorescu facilitera le chemin de son art dans son pays, offrant à ses suc-cesseurs l'occasion de l'approfondir. Son ami, l'écrivain Alexandru Vlahuta (1858-1919), dira de lui que son œuvre était "une rapsodie de la terre roumaine".

A douze ans, l'enfant peignait des petites icônes qu'il vendait dans les foires pour aider sa mère

Nicolae Grigorescu est né le 15 mai 1838 dans le village de Vacaresti de Rastoaca,aujourd'hui Pitaru, dans le département de Dambovita. Sixième et avant-dernier enfantd'une famille pauvre, il n'avait que cinq ans quand son père mourût. " C'est de son tra-vail de couturière que notre pauvre mère nous a élevés. Et je ne l'ai jamais entenduese plaindre" confia-t-il plus tard. "Elle s'est efforcée, la pauvrette, à apprendre seuleà lire et à écrire pour pouvoir nous enseigner le peu qu'elle savait ".

La famille s'était réfugiée chez une tante, dans un quartier miséreux de Bucarest.Dès l'âge de dix ans, l'enfant commençait son apprentissage chez un artisan d'icônesd'origine tchèque. Deux ans plus tard, il quittait son maître et se mit à son compte, pei-gnant de petites icônes qu'il vendait dans les foires. "Dieu quel bonheur après ma pre-mière réussite ! J'avais gagné quelques sous, et quand je les donnais à ma mère, elleme regarda et me demanda, inquiète, d'où venait l'argent, car j'avais travaillé encachette. Lorsque je le lui appris, elle m'embrassa, voulût dire quelque chose, puis seretourna vers la fenêtre pour cacher ses larmes. Ce fût, peut-être, le plus beau jour dema vie" se rappelait avec émotion l'artiste.

Les visages des paysans remplacent ceux des saints

Pendant près de dix ans, de 1852 à 1861, le jeune peintre prit le chemin desmonastères, accompagné parfois de son frère aîné, Ghita, peignant fresques et icônes,parcourant le département de Prahova, puis la Moldavie. A Agapia (Neamt), il affir-ma son tempérament en remplaçant les traditionnels visages des saints par ceux despaysans des villages voisins, peignant le paysage de la région, et se représentant lui-même sous les traits de Saint Daniel… ce qui ne sera découvert par les spécialistesqu'un siècle plus tard. Passant sur les lieux, en 1861, le ministre de l'Instructionpublique, Mihaïl Kogalniceanu, remarqua le talent exceptionnel du jeune peintre et luiobtint une bourse de huit ans pour aller perfectionner son art à Paris, jusqu'en 1869.

Peinture

"Peintre des paysans", NicolaeGrigorescu réalisa des centaines detableaux, dont 63 sont consacrés àdes bœufs. Parmi eux, les célèbres"Car cu boi", où l'on voit des char-rettes tirées par des bœufs menéspar des fermiers et leurs aides. Pourconduire l'artiste au cimetière, sesamis et les habitants de Câmpina, oùil passa la fin de sa vie, choisirontsymboliquement cet équipage.

Loin de son pays, le peintre avaitété profondément marqué par unautre univers rural et ancestral, laBretagne. En 1876, la curiosité et lehasard l'avaient conduit vers unepetite ville pittoresque et médiévale,Vitré. Le peintre y discerna le rythmelanguissant de la vie provinciale del'époque, où tout était attente,contemplation.

Une atmosphère qu'il rendit admi-rablement dans "Intérieur à Vitré", oùl'on voit une vieille femme, perduedans ses pensées, égrenant lesheures dans une maison où elle apassé toute sa vie, tricotant dans lalumière éclatante que laisse entrersa porte.

Il est peu probable queGrigorescu ait peint un autre tableauavec autant de chaleur et de poésie.L'artiste était si satisfait de son travailqu'il en donna trois versions.

Cette étape fût peut-être lemoment suprême de la carrière dupeintre qui poursuivit son voyagevers l'océan où il fût fasciné par sonimmensité toujours changeante et sarencontre avec le rivage. De cettedécouverte résulta une série demarines impressionnantes, sanspareil dans la peinture roumaine.

A la rencontre de la Bretagne

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

19

SSociété

BUCAREST

ORADEA

SATU-MARE

TIMISOARA

ARAD

CAMPINA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BOTOSANI

PITESTI

CLUJ

Epris de nature et de lumière

AGAPIAALBA IULIA

Une rapsodie Le “Petit Paris” disparu

Le Palais Sturdza, siège du Ministère des Affaires étrangères, Piata Victoriei, détruit en 1945.

L’hôtel Lafayette, Piata Victoriei

Le Palais des Arts (Musée militaire), Parc Carol

L’église Saint Spiridon L’hôtel Imperial, Piata Palatului

Le Palais Somanescu

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

35

Quelques années auparavant, un hobereau àla solde des Turcs lui avait refusé ce privilège,sous prétexte qu'il n'avait pas d'éducation. Maisles temps avaient changé et l'avenir se montraitprometteur. En 1859, Grigorescu s'étaitenflammé pour l'Union de la Moldavie et de laValachie, prémisse de la réunion de toutes lesprovinces roumaines et de l'indépendance, pas-sant des nuits à réaliser des dessins à sa gloire.

A 23 ans, quarante ans avant un illustrecompatriote, pauvre comme lui, le sculpteurConstantin Brancusi, Nicolae Grigorescu prît lechemin de la France et de sa capitale.

A Barbizon, dans la forêt de Fontainebleau, le jeune artiste découvrit l'école du plein-air

Admis à l'Ecole des Beaux Arts, fréquentant le Louvre etle Luxembourg, travaillant dans l'atelier d'un peintre acadé-mique, Sébastien Cornu, le Roumain se lassa cependant vitedu conformisme qu'il y décelait. Il était attiré par d'autresartistes, souvent jeunes et inconnus du grand public, rencon-trés au village de Barbizon, dans la forêt de Fontainebleau,avec lesquels il sympathisait.

Le jeune homme aux yeux brillants renonça aux étudesclassiques et devint l'apprenti d'un cénacle qui révolutionna lapeinture, la sortant de la pénombre des ateliers pour la mettreen relation directe avec les secrets de la nature… En quelquesorte l'école du plein-air. Il y reçut les sugges-tions de Troyon, Diaz, Rousseau, Corot,Millet, Daubigny. De cette période, la plusenrichissante de sa carrière, mais aussi la plusstudieuse, naîtront des œuvres le plaçant sur unpied d'égalité avec ses maîtres.

Grigorescu participa aux grandes exposi-tions annuelles de Paris, y recevant unemédaille d'or. Napoléon III lui acheta deuxœuvres. En visitant un salon, l'Empereur, quiavait fait beaucoup pour aider à la naissance dela Roumanie, lui demanda l'origine de pay-sages figurant sur ses toiles. "Majesté, c'estmon pays" lui répondit fièrement l'artiste.

Peintre des paysans et de la Guerre d'Indépendance

De retour chez lui, en 1869, Nicolae Grigorescu qui avaitsollicité en vain un poste de professeur à l'Ecole des BeauxArts de Bucarest, consacra une grande partie de son œuvre àpeindre le milieu rural, y gagnant la réputation de "peintre despaysans". Il voyagea en Moldavie, puis en Turquie, Italie,Grèce. Mais en 1877, la Guerre d'Indépendance contre lesTurcs le ramena au pays. A la demande du gouvernement, l'ar-tiste partit, avec d'autres collègues, comme "peintre au front".

Aux premières loges de toutes les batailles, il dressa desesquisses, qu'il concrétisera plus tard, donnant plus de 60œuvres, dont la célèbre "Attaque de Smârdan" (tableau ci-dessus), qu'il achèvera seulement en 1885.

Dans ses tableaux de guerre, Grigorescu voyait la masse etnon les détails, les soldats et non les officiers. Dans l'assaut destroupes, il n'avait guère le temps de chercher une pose pourquelque "héros d'atelier". Le peintre admirait et glorifiait lesgens du peuple. Plus tard, ses yeux se rempliront de larmes,chaque fois qu'il se rappelerait leur bravoure.

Se mettre à l'abri du besoin pour ses vieux jours

Pendant les quinze années suivantes, le peintre partageason temps entre son pays et la France, où des séjours enBretagne, notamment à Vitré, lui donneront l'occasion d'affir-

mer de manière éclatante son style. Sa notoriétégrandissait en Roumanie. Pourtant Grigorescurestait modeste, ne cherchant pas les louangesdes critiques d'art. "Quand je serai mort, vousdirez ce que vous voulez" leur lançait-t-il. Sonautorité, établie désormais chez ses compa-triotes, permit cependant à l'art indépendant des'affirmer, au détriment de l'art officiel. Sontalent commençait à être reconnu en Europe.

L'artiste peignait beaucoup. Il lui arrivamême de vendre deux cents tableaux au coursd'une seule exposition. Grigorescu se rappelaitl'enfance pauvre du petit Nicolae et voulaitmettre de l'argent de côté pour ses vieux jours,s'achetant une maison à Câmpina, dans la

vallée de Prahova. Il se plaignait que l'Etat ne l'ai pas aidé enlui attribuant un atelier, même petit, ce qui l'obligeait à pro-duire des toiles pour cent lei, afin de vivre, et l'avait empêchéde se consacrer à des œuvres plus talentueuses. NicolaeGrigorescu se fera construire lui-même son atelier, attenant àsa maison, devenue aujourd'hui musée. Mais il n'en profiterapas. Il mourra quelques mois plus tard, le 24 juillet 1907, àl'âge de 69 ans. Le peintre projetait alors d'acquérir une gran-de roulotte et de partir à la découverte de son pays avec deuxamis écrivains, afin d'en ramener toiles et romans.

(“Les Nouvelles de Roumanie”, n° 11, mai-juin 2002)

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

18

SSociété

Né en 1816 dans une famillenoble de l'île de Malte, le comteAmédée Preziosi, dont la mère étaitFrançaise, partagea sa vie entreIstanbul, Paris et Bucarest. On doit àcet aquarelliste et portraitiste autalent exceptionnel, décédé en 1882,une série de scènes évoquant l'at-mosphère moyen-orientale de laRoumanie de cette époque. Preziosifut un observateur privilégié, accom-pagnant le futur roi Carol 1er dans ladécouverte du pays où il était appeléà régner. Saisissant la vie au quoti-dien des Roumains des campagnes

aussi bien que de la capitale, sesdessins sont des témoignages irrem-plaçables sur l'état du tout nouveauroyaume. Bucarest était alors loind'être le "Petit Paris" du début duXXème siècle et des élégantes vantépar Paul Morand. Les femmes pre-naient leur bain et lavaient leur lingedans la Dâmbovita qui servait aussid'égout. Les paysans et le mar-chands se retrouvaient dans les cara-vansérails de la ville, lors de sesfoires et marchés. Un ouvrage remar-quable Preziosi in Romania (Adrian-Silvan Ionescu, éditions Noi MadiaPrint, 2003) rend compte à la fois dela réalité de ce Bucarest pittoresqueet grouillant tout autant oublié quel'immense talent de cet artiste.

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

HUNEDOARA

CLUJARAD

RESITA

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEAPLOIESTI

SUCEAVASATU MARE

PITESTI

Vie quotidienne

Le désintérêt de la mairie de la capitale pour son patrimoineALBA I.

Nicolae Grigorescu a été le premier peintre de son pays de dimension européenne Le vieux centre de Bucarest a besoinde 500 M€ pour se refaire une beauté

Le Bucarest de Preziosi

SF. GHEORGHE

Paradis des antiquaires, où les amateurs dénichent parfois de belles surprises,des verriers passionnés par le style Gallé, des artistes qui défendent bec etongles leurs galeries situées dans les petites ruelles, la vieille ville de

Bucarest, et notammant son quartier pittoresque de Lipscani, attire autant les touristesétrangers que les Bucarestois à la recherche du parfum discret de leur passé. Pourtant,quelques dizaines d'immeubles de ce pâté de maisons risquent de s'effondrer fauted'investissements.

Coincé entre la gigantesque Maison du peuple voulue par le Conducator et lecentre-ville défiguré par les HLM socialistes, le vieux Bucarest espère renaître de sescendres. L'enjeu en vaut la peine car peu d'endroits de la capitale roumaine ont un telpotentiel de charme.

En attendant que la ville propose une solution, le programme des Nations uniespour le développement (PNUD) essaie d'en offrir une. "Début août, le PNUD va enta-mer à Bucarest l'opération "Adopter un bâtiment", explique le coordinateur roumaindu programme, Florin Banateanu. Les compagnies privées sont invitées à contribuerau financement des travaux de réhabilitation du vieux centre en échange de réductionsde loyer et autres avantages."

Un maire qui préfère les gratte-ciels américains

En 2001, le PNUD avait réhabilité les façades d'une dizaine de vieux immeublessitués à proximité de Curtea Veche - la vieille cour princière, qui a donné naissance àla capitale roumaine au XVe siècle. Cette fois, le PNUD espère recueillir environ 2millions d'euros, qui s'ajouteront à un crédit de 25 millions d'euros de la Banqueeuropéenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

On est loin des 500 millions d'euros que les spécialistes estiment nécessaires pourune réhabilitation totale du vieux centre. Mais c'est un début, qui pourrait inciter lamairie de Bucarest à réagir.

Accusé par les médias de passer plus de temps à l'étranger ou en vacances quedans la capitale, le maire, Adrian Videanu, a systématiquement tourné le dos au vieuxcentre, pourtant situé à quelques minutes de marche de son bureau.

Si la mairie de Bucarest fait preuve d'autisme en ce qui concerne le vieux quar-tier, elle s'intéresse depuis deux ans au grand business et aux gratte-ciel qui risquentde défigurer une deuxième fois la capitale roumaine. Malgré le désespoir de plusieursassociations, le maire de Bucarest, dauphin du président Traian Basescu, refuse le dia-logue avec les associations et les journalistes.

Fondé par Vlad l'Empaleur

Que faire? "Nous avons entrepris un travail de terrain auprès des petits com-merçants et proposé plusieurs solutions à la mairie, mais sans susciter la moindreréaction", affirme Alina Buzea, responsable d'AICI, une association de défense duvieux centre. Le mutisme de la mairie a exaspéré l'ambassade des Pays-Bas àBucarest, qui a offert aux élus bucarestois un crédit de 2,5 millions d'euros pour lestravaux de réhabilitation.

Seuls 700 000 euros ont été dépensés, et l'ambassade néerlandaise menace de reti-rer son crédit puisque la mairie bucarestoise ignore cette source de financement nonremboursable. Entre-temps, le vieux centre, fondé au XVe siècle par le voivode Vladl'Empaleur, qui inspira le personnage de Dracula, attend son sauveur. "Mais de quelDracula parle-t-on ?” s'exclame un antiquaire. “Les vrais Dracula se trouvent à lamairie et ils mériteraient d'être empalés !"

de la terre roumaineM. CIUC

PREDEAL

R. VALCEA

BACAU

BISTRITA

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Mortels micro-bus et retours de discothèques

Considéré comme le plus grandpeintre roumain, Nicolae Grigorescu(1838-1907) est l'objet, cette année,de deux expositions à sa mesure."Nicolae Grigorescu, Itinéraire d'unpeintre roumain de l'Ecole deBarbizon à l'impressionnisme", a étéprésenté au Musée des beaux-Artsd'Agen du 22 avril jusqu'au 14 août,exposition ensuite visible au Muséedépartemental de l'Ecole de Barbizon,du 9 septembre au 11 décembre.

Une cinquantaine de toiles sontprésentées, parmi les plus connues;34 proviennent du Musée Nationald'Art de Roumanie, 16 du Musée desBeaux Arts d'Agen, qui détient la plusgrande collection de l'artiste, quelquesautres venant du Musée Mormottan-Monet de Paris et du Palais desBeaux Arts de Lille.

Le public français va pouvoir ainsidécouvrir le grand peintre roumain,ami de Corot, Millet, Daubigny,Courbet, formé à l'école réaliste despeintres de Barbizon, puis influencépar l'impressionnisme, donnant à sestoiles une expression très personnelle.

Mi-septembre, la Roumanie a été endeuillée parun des plus graves accidents routiers qu'elle aitconnu. Un micro-bus d'Onesti (judet de Bacau)

emmenant pour une partie de pêche dix sept passagers âgés de8 à 51 ans, a heurté de plein fouet un car transportant une tren-taine de travailleurs émigrés se rendant de Chisinau(République de Moldavie) en Italie, son conducteur, 25 ans,s'étant sans-doute endormi au volant et lui ayant brûlé la prio-rité. De la carcasse du micro-bus, on a retiré douze morts etcinq blessés, dont deux dans un état très grave.

Le véhicule avait été bricolé sans autorisation par son pro-priétaire pour agrandir sa capacité, les sièges étant remplacéspar des bancs. Quelques mois auparavant, un autre accident demicro-bus, survenu à Slobozia, avait causé la mort de quinzede ses occupants, en majorité des femmes partant au travail,treize autres étant blessés, après s'être retourné.

Ces catastrophes sont malheureusement courantes.Nombre de micro-bus trafiqués, surpeuplés, circulent à traversle pays à une vitesse effrayante, prenant des risques incon-sidérés, des cadences infernales de rotations étant imposéespar leurs propriétaires à des chauffeurs éreintés.

Début octobre, une autre catastrophe routière a affecté

l'autoroute Bucarest-Pitesti. Une Dacia en voulant doubler unsemi-remorque l'a accroché; en essayant de l'éviter, celui-cis'est retourné sur un micro-bus plein de travailleurs. De sa car-casse, on a retiré huit morts et douze blessés graves.

Un autre phénomène affecte la Roumanie: les accidentsmortels enregistrés au retour des discothèques par des véhi-cules où s'entassent des jeunes. Il ne se passe pas de semainesans qu'on en enregistre. Fin septembre, l'un a causé la mortdes six passagers d'une Dacia, à Craiova. Le dernier en date,un dimanche matin à cinq heures, a tué sept des huit occu-pants, également d'une Dacia, cinq se serrant sur la banquettearrière. Le conducteur, un étudiant de 22 ans, avait perdu lecontrôle de son véhicule qui a percuté un arbre.

Faits divers

Le "Reader's Digest" a réaliséune enquête à travers 35grandes villes ou capitales du

monde sur le degré de politesse de leurshabitants, d'où il ressort que lesBucarestois sont les citoyens les plusmal-élevés d'Europe, et avant-derniers aumonde. L'enquête comportait trois tests,réalisés à 2000 occasions : le comporte-ment des commerçants, l'aide apportéedans la rue aux personnes en difficulté,les gestes de courtoisie élémentaire, telsque ne pas laisser retomber la porte dumétro sur le nez du suivant (classique àParis).

Dans tous ces cas, les Bucarestois sesont montrés impolis, les commerçantsrépondant mal à leurs clients, les habi-tants ne venant pas au secours de per-sonnes tombées dans la rue (à Brasov,voici trois ans, un homme âgé, faisant laqueue pour ses médicaments, victimed'un infarctus s'était effondré sur un bancpublic, y décédant, les passants ne réagis-sant que trois heures plus tard).

Confrontés au résultat de l'enquête,des sociologues roumains ont rappelé quela politesse n'était pas une priorité dans

leur pays. Vendu à 200 000 exemplaires,ces dix dernières années - un tiragerecord, témoignant du besoin dans cedomaine - Le code des bonnes manièresn'a pas laissé de traces, et la seule écoleles enseignants a dû fermer ses portes,faute d'élèves.

Pour eux, la cause remonte à l'avène-ment du communisme, époque où deséléments ignares ont chassé les élites,introduisant des mœurs et comportementsde malotrus qui ont perduré tout au longdu régime, développant également unementalité égoïste du chacun pour soi, lescitoyens devant se débrouiller par eux-

mêmes pour survivre. La situation ne s'est pas arrangée,

bien au contraire, avec l'apparition d'unenouvelle nomenklatura, après "laRévolution", faite "d'hommes d'affaires"voyous et incultes et de leur progéniture,à l'arrogance provocante, conduisantleurs 4x4 cigare au bec et n'hésitant pas àécraser les piétons se trouvant sur leurchemin.

Regrets des relations d’autrefois

Les anciens se lamentent au souvenirdes relations humaines qui existaient enRoumanie, avant-guerre, où les habitantsdes villes avaient un comportement civi-lisé, notamment à Bucarest où co-exis-taient avec les Roumains, Autrichiens,Allemands, Français, Italiens, y apportantla culture occidentale.

Pour autant, il ne faudrait pas généra-liser: malgré toutes les vicissitudes, lesRoumains restent les Roumains… popu-lation généreuse, amicale et formidable-ment accueillante, que l'on rencontremême dans la capitale et que l'on a unimmense plaisir à retrouver.

Les Bucarestois sont-ils les citadins les moins bien élevés d'Europe ?

Vie quotidienne

Le nouveau code de la route, qui doit entrer envigueur à la fin de l'année, prévoit l'instauration dupermis à points, l'enlèvement par la fourrière des

véhicules mal stationnés et l'obligation de rouler avec ses feuxde croisement allumés dans la journée.

Entrée en vigueur du nouveau code de la route

Premières grandesexpositionsGrigorescu en France

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

16

Actualité

Economie

Les Roumains boivent demoins en moins d'eau miné-rale, en consommant 40-42

litres par an en moyenne contre 150litres dans les pays occidentaux, préfé-rant l'eau du robinet ou du puits. Ceconstat peut-être considéré comme l'ex-pression des difficultés économiques deplus en plus grandes auxquelles la popu-lation est confrontée.

Pourtant une de leurs sources,Borsec (judet de Harghita), découverte

au IVème siècle, fournit l'une des eaux les plus réputées d'Europe centrale, ayantmême été baptisée "Reine des eaux minérales" par l'empereur François-Joseph. Saréputation remonte à 1594, quand elle était transportée dans des fûts en chêne sur descharrettes pour soigner le voïvode Sigismond Bathory.

Au XVIIème et XVIIIème siècle, Borsec était déjà une station thermale connue,mais son essor démarra réellement en 1806, lorsqu'un conseiller municipal viennois,Anton Zimmetshausen, décida de procéder à son embouteillage industriel afin de lamettre en vente dans tout l'empire austro-hongrois. A l'arrivée des communistes, lafabrique fut nationalisée (1948).Elle a été privatisée en 1998, appartenant désormaisau groupe roumain Romaqua et a renoué avec son ancien prestige qui lui avait faitobtenir de nombreux prix au cours des deux derniers siècles, décrochant en 2004 lamédaille d'or du concours mondial de dégustation de Berkley Springs (USA).

Deux cents soixante millions de litres par an

La plus vieille marque roumaine fête donc cette année ses 200 ans d'existence ;elle produit actuellement 260 millions de litres par an… contre 3 millions, lors de sacréation, occupant 24 % du marché roumain. Sa production devrait sensiblement aug-menter, Romaqua-Borsec ayant déjà investi 33 M€ pour la moderniser et se préparantà injecter encore 3 M€ d'ici la fin de l'année pour lancer une nouvelle ligne de pro-duction. Des investissements vont également concerner la source de Stanceni, dont lesite, difficilement accessible ne permettait qu'une diffusion locale de son eau. Sa pro-duction annuelle devrait passer de 12 à 60 millions de litres.

Le groupe pétrolier roumainRompetrol, acquéreur l'an passé duréseau de stations services françaisDyneff, va se développer en Francesous sa propre enseigne. Pour l'ins-tant, Rompetrol est surtout présentdans le sud de la France avec 226stations services. "Nous comptonsrépandre la marque Rompetrol surtout le pourtour méditerranéen, etrelier les régions où nous sommesdéjà présents, c'est-à-dire lesBalkans et la France", a déclaréjeudi dernier à la presse roumaineAndré Naniche, directeur des opéra-tions du groupe. En Roumanie,Rompetrol contrôle 20% du réseaudes stations services, juste derrièrele numéro un du marché, la sociétéPetrom, reprise il y a deux ans parl'autrichien OMV.

Rompetrol s'installe en France

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

CLUJARAD

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CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CHISINAU

Borsec, eau minérale appréciée de l'empereur François-Joseph, occupe

aujourd'hui un quart du marché national

La plus vieille marque roumaine fête ses 200 ans

Un tiers de la planète à Bucarest, fin septembre, à l’occasion du sommet francophone des chefs d’Etat et de gouvernement

Un crédit toujours cherSelon le quotidien Ziarul Financiar,

la Banque nationale est confrontée à unecroissance trop rapide du crédit à laconsommation.

Conséquence: les taux d'intérêts nesont pas prêts de baisser. Et pourtant, l'in-flation semble sous contrôle, elle a atteintun nouveau minimum de 6% en août.Mais les analystes ne croient pas que celasoit suffisant pour que la Banque nationa-le relaxe sa politique monétaire.

L'immobilier exploseLe prix des appartements et des ter-

rains de Bucarest a continué d'augmenterdurant les six premiers mois de l'année,montre un rapport de la société d'experti-se en immobilier CB Richard Ellis. Lesterrains sont les plus recherchés; enquelques mois, leur valeur s'est appréciéede 25 à 50%. Quant aux appartements,leur prix a augmenté de 5 à 10%. Ceci dit,les plus luxueux sont restés au mêmeniveau par rapport à l'année dernière.

A savoir

L'Etat roumain a obtenu 2,2 mil-liards d'euros de la vente de 36,8%de ses actions dans la Banque com-merciale de Roumanie (BCR). C'estla banque autrichienne Erste Bank,en déboursant 3,75 milliards d'euros,qui en devient ainsi le principal pro-priétaire avec 61,88% des actions.Selon le Premier ministre CalinTariceanu, l'argent reçu sera versé àun "fonds national de développe-ment" pour des projets d'infrastruc-tures, et non pas dépensé pour laconsommation. Le ministre desFinances, Sebastian Vladescu, a deson côté ajouté qu'une partie de l'ar-gent obtenu par cette privatisationpourrait être utilisée pour le finance-ment de fonds de retraite.

La BCR devient autrichienne

Francophonie

On n'avait jamais vu un tel ballet de cortèges offi-ciels dans les rues de la capitale roumaine. Plus de60 chefs d'Etat et de gouvernement, venus des

cinq continents du monde, ont assisté au XIème sommet de laFrancophonie organisé par la Roumanie, du 27 au 29 sep-tembre. Les sceptiques qui s'attendaient à des couacs dans sonorganisation en ont été pour leurs frais.

Pas une seule fausse note n'est venue troubler la plus gran-de manifestation qu'ait jamais accueillie le pays hôte. On cir-culait même mieux dans les rues de Bucarest qu'à l'accou-tumée. Il est vrai que le gouvernement avait mis en vacancefonctionnaires et écoliers.

Ce sommet a donc été un succès international pour laRoumanie où un tiers de la planète s’était donnée rendez-vous.Quand à la Francophonie, elle a affirmé sa place, accompa-gnant l'événement par de nombreuses manifestations et spec-tacles, destinés à la population, mais aussi en montrant savolonté de faire avancer d'un même pas échanges culturels etrelations économiques.

“On n’a jamais vu autant de dictateurs depuis Ceausescu”

Coté anecdotes, ce sommet a été l’oc-casion pour la Roumanie de monter sabonne volonté à se mettre à la touteproche heure de Bruxelles. Ainsi descongressistes se sont-ils faits réprimanderdans des hôtels parce qu’ils fumaient.“C’est la réglementation de l’UE” s’ex-cusaient les serveurs.

Le maire de Bucarest, AdrianVideanu, avait prohibé la vente de touteboisson alcoolisée dans le centre de lacapitale (mais pas en périphérie) pendantles trois jours de la manifestation. Uneidée vite rapportée qui s’adressait à desFrancophones habitués à la bonne chère etdésireux de découvrir les vins roumains.

“Il aurait mieux fait de demander auxbelles filles de la capitale, autrement plusdangereuses, de se voiler” s’exclamait unparticipant, un autre rajoutant “Il veutpeut-être que le sommet francophonefasse la promotion du Coca-Cola!”. Cetteinterdiction, peu respectée, était ignorée quelques heures aprèsson entrée en vigueur.

Mais ce qui a surpris le plus les Bucarestois, c’est deconstater le nombre de chefs d’Etat africains qui avaient enva-hi la capitale. “On n’a jamais vu autant de dictateurs depuisCeausescu” notaient plusieurs journaux, relevant le “côténoir” de la Francophonie.

Deux mille Français vivent en Roumanie

2039 citoyens français étaient officiellement enregistrésen Roumanie, fin 2005, au lieu de 1577, en 2002. Au cours dela même période, les exportations françaises dans ce pays sontpassées de 1,2 milliards d'euros à 2,2 milliards, les importa-tions roumaines grimpant de 1,2 milliards à 1,65 milliards.

La Roumanie constitue le 31ème client de la France, enprogression constante (39ème en 2002). Avec une part de mar-ché de 6,7 % (7,1 % en 2004), la France est le 4ème fournis-seur de la Roumanie, derrière l'Italie (15,5 %), l'Allemagne(14%) et la Russie (8,3 % grâce à l'envolée du prix du gaz).

La France a absorbé en 2005 7,4 % des exportations rou-maines, contre 8,5 % l'année précédente. Elle a perdu un rangpour devenir son quatrième client.

Avec 1,8 milliards d'euros en 2005, la France se situait autroisième rang des investisseurs, mais n'y était représentée quepar 4000 sociétés, alors que l'Italie, qui n'a investi que800 M€, l'était par 19 000 et l'Allemagne par 14 000. Elle sedistingue par l'importance de ses investisseurs: Renault, lesciments Lafarge, la Société Générale, Carrefour, Cora,Vivendi, Alcatel, Bouygues, Orange, GDF, Saint Gobain,Michelin, Veolia. Décathlon, Leroy-Merlin, Auchan sont

attendus.Les entreprises françaises emploient

50 000 Roumains et se sont montrées jus-qu'ici surtout intéressées par des implan-tations à l'Ouest du pays (Timisoara),situé à une centaine de kilomètres desautoroutes européennes, et à Bucarest.Mais les salaires ayant augmenté dans ceszones, certaines partent en Moldavie.

"De l'activité pour vingt ans"

Pour le Pdg d'Alcatel Roumanie, lepremier groupe français à s'être implantédans ce pays après 1989, “l'un des pointsforts des entreprises françaises, c'estqu'elles sont les seules à effectuer destransferts de technologies complets. LaRoumanie attire de plus en plus et sonentrée dans l'UE va accélérer ce phé-nomène. Le marché roumain reste àconquérir dans bien des secteurs et

constitue une vraie perspective d'extension pour les entre-prises françaises. Il n'y a que peu de routes fiables, pas deréseaux de canalisations dans les villes, pas d'infrastructures,pas de réseau de distribution. Il y a de l'activité pour les vingtprochaines années". L'avenir de la Francophonie ne rimeraitdonc plus seulement avec culture, mais aussi avec économie.

(Avec www.regard.ro)

Culture et économie… les deux mamelles de la Francophonie

Le président Train Basescu rentrant chez lui,après le sommet: ”Mais qu’est-ce qui t’es

arrivé Traian ?”... “J’ai embrassé desFrancophones.”

Caricature de Gazdaru.

ONESTI

BORSEC

SLOBOZIA

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Initiatives

Connaissance eet ddécouverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Les compagnies aériennes installées en Roumaniesont confrontées à une concurrence de plus en plusrude; chacun s'efforce de proposer le meilleur rap-

port qualité-prix, l'arrivée de nouvelles compagnies aériennesétant imminente souligne "Le petit Journal de Bucarest".

Depuis le 15 octobre, voyager sur les lignes intérieures dela compagnie aérienne nationale Tarom coûte deux fois moinscher jusqu'à la fin de l'année. Une aubaine annoncée par leministre des Transports. "La compagnie devrait logiquementaccueillir davantage de passagers et nous voulons voir si celaest plus profitable que de proposer des billets chers", a-t-ilprécisé, ajoutant que Tarom prépare de nouvelles destinationsà partir de Bucarest: Lisbonne, New York, Pékin et Bangkok.

"La concurrence entre les compagnies est devenue acerbe.Internet et les compagnies low-cost qui cassent les prix ontbousculé le marché", affirme Gheorghe Fodoreanu, présidentde l'association des agences de tourisme de Roumanie.

Etablie il y a moins de deux ans, Blue Air est la principa-le compagnie low-cost du pays. Et avec ses aller-retour pourLyon, Barcelone ou Milan à moins de 100 euros, elle a séduit

nombre de Roumains, même si ses prix ont augmenté depuis. "Le fait que Tarom baisse ses prix sur les lignes inté-

rieures ne nous affecte pas, a affirmé Gheorghe Racaru, direc-teur général de Blue Air et lui-même ancien patron de Tarom.Notre objectif est aujourd'hui de consolider nos correspon-dances vers plusieurs capitales européennes et de proposer denouvelles destinations. Nous comptons aussi améliorer la qua-lité de notre offre dans les aéroports, c'est pourquoi nous assu-rons dorénavant toute la partie logistique à terre".

"Depuis quelques années, le marché roumain est en forteexpansion, de 15 à 20% par an, a déclaré au LPJ RodolpheLenoir, directeur de Air France Roumanie. L'arrivée des low-cost, comme Blue Air ou SkyEurope, n'explique qu'en partie labaisse des prix. C'est une tendance générale, la concurrenceest rude dans tous les segments. De plus, avec l'entrée de laRoumanie dans l'Union européenne à partir du 1er janvier2007, la libéralisation du ciel va s'accentuer".

Et de nouveaux venus, comme le Suisse Wysair, autrelow-cost, sont déjà attendus sur les pistes roumaines.

L.C. (www.lepetitjournal.com)

Blue Air a proposé des vols aller-retour sur Lyon à moins de cent euros

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

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CERNAVODACRAIOVA

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PLOIESTI

CLUJTG. OCNA

L'arrivée de nouvelles compagnies aériennes en Roumanie est imminente

Quant il passe à Cernavoda, le visiteur s'arrête, frappé de stupeur devant unimpressionnant et majestueux mécano métallique qui enjambe le Danubeet son bras, le Borcea, quelques centaines de mètres seulement avant

qu'un autre ouvrage, au coût humain démesuré, ne prenne naissance: le canal duDanube à la mer Noire dont le creusement, dans les années 1950, a coûté la vie à desmilliers d'esclaves, victimes de l'utopie communiste.

Le pont de Cernavoda, appelé aujourd'hui pontAnghel Saligny (1854-1925), du nom de sonconcepteur, après avoir porté celui de Carol 1er, quil'avait inauguré le 26 novembre 1995, est le symbo-le de cette Roumanie entreprenante et bien souventgéniale dont les forces créatrices ont sombré dansl'obscurantisme d'un système d'asservissement.

Malgré les aléas de l'histoire, la ville deCernavoda, à la fois moderne et donnant le senti-ment, faux peut-être, d'être sans âme, surprend etinterroge. N'est-elle pas finalement le pôle technolo-gique de la Roumanie, avec sa très importante cen-trale nucléaire, la seule du pays, appelée à s'agran-dir, et que le maire souhaite pouvoir faire visiter afinde développer une forme de tourisme scientifiquedans une région qui n'a pas d'autres atouts ?

Réalisant les premiers silos du monde en béton armé préfabriqué

Mais revenons à l'origine… Celle d'un petit garçon, Anghel, né en 1854 àSerbanesti, commune qui s'appelle aujourd'hui Saligny, à une dizaine de kilomètres deCernavoda, dans le judet de Galati. Son père, Alfred Saligny, est Alsacien français.Après une scolarité à Focsani, il enverra son fils poursuive ses études en Allemagne:

à Postdam, puis à l'université de Berlinoù il pense devenir astronome, chan-geant de voie pour terminer ingénieurdiplômé de l'Ecole technique supérieu-re de Charlottenburg.

Très vite, le jeune Roumain se dis-tingue. Il participe à la construction dela voie ferrée Cottbus-Francfort surOder puis, en Roumanie, sous la direc-tion de Gheorghe Duca, à celle reliantPloiesti à Predeal (1877-1879), dans

les Carpates… dont on procède, aujourd'hui, 125 ans après, à la modernisation. Dans tous les ouvrages qu'entreprend l'ingénieur, apparaissent des éléments nou-

veaux, révolutionnaires pour l'époque quant aux moyens et à la technique de travail.Entre 1884 et 1889, Anghel Saligny a ainsi projeté et exécuté les premiers silos dumonde en béton armé préfabriqué, à Braila et Galati, inaugurant la technique mise aupoint en 1867 par le Français Joseph Monnier (1823-1926).

Dans le port de Constantsa, il crée un bassin spécial pour l'exportation du pétroleet deux silos pour celle des céréales d'une contenance, chacun, de plus de 25 000tonnes, introduisant la technique du pilotis. C'est l'époque où la Roumanie devient lepremier pays producteur de pétrole et est considéré, notamment par les Britanniques,comme le grenier à blé de l'Europe, alors que s'achève la construction du canal deSulina, permettant l'accès de la mer Noire à la Dobroudja, sous l'égide de laCommission Européenne du Danube.

D'origine alsacienne, de l'utilisation des

Anghel Saligny…

Pendant une semaine, à l'occa-sion du sommet francophone, lesBucarestois ont été invités à visiterquatre expositions proposées par laCité des Sciences et de l'Industriede Paris et l'Université de Bucarest :"L'esprit informatique, numérique-ment votre !", "Pilules de la perfor-mance: tous dopés ?", "Risques sis-miques : que peut la science ?" et"Du SIDA au SRAS : les nouveauxfléaux". Un colloque international aété également organisé autour duthème "La culture scientifique ettechnique et ses développementsdans les pays francophones".

Par ailleurs, le 28 septembre, aété lancé le portail universitaire fran-cophone. Celui-ci, en français,contient des informations sur lesuniversités de l'espace francophone,des liens vers les sites des biblio-thèques, centres de recherche etinstitutions francophones, unerubrique dédiée aux informationsuniversitaires (conférences, ateliers,annonces de bourses d'étude), desressources électroniques d'ensei-gnement, un forum de discussionadressé aux universitaires et étu-diants.

D'après ses concepteurs, sa réa-lisation et son lancement constituentun important pas dans le dévelop-pement de la coopération universi-taire francophone par l'échange per-manent des informations, maisaussi ils permettront ceux de lacommunication universitaire franco-phone, en s'appuyant sur les solu-tions offertes par la technologie del'information.

Lancement du Portail universitaire francophone

TG. JIUSULINA

PREDEAL

Dentiste de formation, GuyTyrel de Poix est à la tête dela société Serve qui produit

des vins de qualité en Roumanie.P a s s i o n n épar sonmétier, il amisé sur lep o t e n t i e lviticole dupays et aévoqué pour"Le Petit

Journal de Bucarest" les vendanges decette année et son aventure en Roumanie.

Lepetitjournal.com: Comment ontété les vendanges cette année ?

Guy Tyrel de Poix: Très bien. Il afait chaud en juillet et août, et en sep-tembre il fait frais la nuit et assez chauddans la journée. Cela donne un bel équi-libre aux raisins.

Mais ce sont souvent les quatre der-niers jours qui font basculer les ven-danges vers un grand millésime ou untrès grand millésime. De toute façon, lacave est bien équipée, nous avons un outilde travail très performant.

LPJ: Comment votre aventure enRoumanie a-t-elle commencé ?

Guy Tyrel de Poix: En 1986 j'ailaissé tomber mon cabinet dentaire et jeme suis occupé du vignoble que mon pèreavait acheté en Corse. Vu les faibles pos-sibilités de développement, j'ai pensé àinvestir à l'étranger. Je me suis alorsorienté vers l'Europe de l'Est, c'était ennovembre 1992. J'ai étudié l'encyclopédiemondiale des vins et je suis tombé sur laRoumanie, qui m'a semblé être lameilleure option. Après avoir visité lesdomaines de Jidvei et de Mufatlar, entreautres, je me suis rendu compte qu'il fal-lait faire quelque chose. La proximité cul-turelle et les terroirs m'ont convaincu.

LPJ: Les débuts ont-ils été diffi-ciles?

Guy Tyrel de Poix: Le seul problè-me était d'ordre juridique, en particuliersur la propriété des terrains. Nous avonscommencé tout petit, dans un garage, àBucarest. Notre idée était d'acheter desvins et de les exporter. Mais on s'est viterendu compte que les embouteillagesétaient inégaux, le mieux était de toutfaire nous-mêmes. Ça n'a pas été facile.

En 1998, pour louer 20 hectares, il nous afallu 123 contrats de location…Puis nousavons commencé à acheter des vignobles,parfois dans un état lamentable.

C'est la concurrence qui nous a sauvéfinalement car jusqu'en 2000 il n'y avaitque des entreprises d'Etat qui vendaientleur bouteille à 1,20 dollar maximum.Aujourd'hui nous misons d'abord sur laqualité, nous fournissons surtout les res-taurants et nous exportons un peu partoutdans le monde. Nous avons deux unitésde production, une dans la région deDobrogea et une autre dans le Dealumare. A terme nous comptons développerune troisième zone de production du côtéde Arad.

LPJ: Vous avez véritablement misésur ce pays…

Guy Tyrel de Poix: J'ai senti que laRoumanie était une grande terre viticole.Aujourd'hui, il reste beaucoup de chosesà faire, mais je continue à penser que lesvins de ce pays ont un très bel avenirdevant eux.

Propos recueillis par LaurentCouderc - (www.lepetitjournal.com)15 septembre 2006

Guy Tyrel de Poix, comte et dentiste devenu viticulteur dans le Jidvei et le Murfatlar : "Le millésime 2006 devrait être de grande qualité"

Economie

Page 39: OUMANIe · 2010. 11. 22. · 2 A c t u a l i t é Moldavie Les N OUVeLLes de R OUMANIe BUCAREST ORADEA BAIA MARE z z z TIMISOARA ARAD z SIBIU z z IASI BRASOV CONSTANTA CRAIOVA TARGU

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

14

Actualité

CFR Calatori (compagnie publique de transport ferroviaire de passagers) vainvestir 180 M€ dans un programme de rénovation de son parc de voi-tures voyageurs, un appel d'offres pour l'acquisition de 120 rames élec-

triques devant être lancé avant la fin de l'année. La BERD (Banque Européenne deReconstruction et de Développement) participera à hauteur de 150 M€ au finance-ment de la 1ère phase du projet sous réserve toutefois que CFR Calatori mette en placeun système de management de l'environnement et un plan d'action environnementalqui seront examinés de manière régulière par la Banque. En effet, CFR Calatori possè-de 80 dépôts et ateliers de réparation fortement pollueurs. Ce projet vise également àréduire la consommation d'énergie par passager de 673 kj actuellement à 562 kj, et dediminuer ainsi de 10% les émissions de gaz à effet de serre résultant de la traction. La2ème finalité du projet est d'apporter une assistance à CFR Calatori dans le cadre deses opérations "longue distance": renforcement du marketing et amélioration de larentabilité de l'activité "grandes lignes" par une diminution des coûts opérationnels etune augmentation de sa capacité d'autofinancement.

… Et la gestion des déchets de Bacau

La Municipalité de Bacau va emprunter 5 M€ à la BERD pour cofinancer sonprogramme de gestion des déchets solides qui bénéficie d'un financement ISPA de15 M€. Ces fonds sont destinés à financer la fermeture et la réhabilitation desdécharges existantes et la construction d'un nouveau site respectant les normes envi-ronnementales européennes. La Banque financera les achats d'équipements pour lacollecte et le recyclage des déchets ainsi que pour la production de compost. Demême, la BERD conseillera les autorités municipales dans la perspective de confier lagestion des déchets solides à des intérêts privés.

Economie

La Roumanie se classe deuxième,après la Georgie, sur la liste despays où le rythme des réformes a étéle plus soutenu entre 2005 et 2006.C'est ce que montre une étude réa-lisée par la Banque mondiale sur 175pays. Il serait notamment plus facilede faire des affaires en Roumaniequ'en Slovénie, Pologne, Bulgarie ouRépublique tchèque.

Selon la Banque mondiale, l'admi-nistration roumaine aurait nettementsimplifié ses procédures pour obtenircertaines autorisations. Ceci dit, lepays reste très moyen (49ème place)quant à son environnement écono-mique et politique général pour lesinvestisseurs.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

Murfatlar

BUZAU

SUCEAVA

BÂRLAD

PLOIESTI

CLUJ

Bonne note

SIBIU

VASLUI

JIDVEI

La BERD finance

Pionnier mondial de la construction des ponts et ouvragesd'art en structures métalliques, Saligny multiplie les réalisa-tions dans son pays, donnant le jour au pre-mier pont combiné route-voie ferrée entreAdjud et Târgu Ocna. Partout enRoumanie, il remplace les vieux ponts enbois, sur le Siret, ou en construit de nou-veaux sur les lignes Filasi-Târgu Jiu(1886). L'ingénieur substitue les construc-tions en acier souple à celle du fer et saréputation devient aussi importante quecelle de son collègue français GustaveBonickausen (1832-1923), dit Eiffel, qui aréalisé le viaduc de Gabarit.

Le pont de Cernavoda admiré sur tous les continents

Le morceau de gloire de Saligny nesera pas une tour mais le pont ferroviaire deCernavoda sur le Danube (notre photo).Après un appel d'offres infructueux auprèsde constructeurs étrangers, en 1885, la réa-lisation lui est confiée. Les travaux commencent le 21 octobre1890, en présence du Roi Carol 1er. Ils dureront cinq ans, lepont étant inauguré par le souverain en 1895.

D'une longueur de 4035 mètres, dont 1662 au-dessus duDanube et 920 au dessus du bras Borcea, il s'agit, à l'époque,du plus grand complexe de ponts d'Europe et du troisième aumonde.

Anghel Saligny utilise des techniques innovantes, dontles poutres avec consoles, pour sa construction, soulevant

l'intérêt du monde entier. Le pont a cinqtravées, dont quatre de 140 mètres et unede 190 mètres. Pour permettre le passagedes bateaux, il a été élevé à une hauteur de30 mètres au dessus du Danube. Sa résis-tance a été vérifiée le jour de l'inaugurationavec un convoi de 15 locomotives circulantà une vitesse de 85 km/heure. Plus d'unsiècle après, le pont est toujours en service.

Président de l'AcadémieRoumaine et ministre des Travaux publics

Une autre carrière s'ouvre alors pourl'ingénieur. Il devient professeur à l'EcoleNationale des Ponts et Chaussées. Membrefondateur de la Société Polytechnique deBucarest, il en est nommé président. Faitmembre de l'Académie Roumaine, il prési-de à ses destinées entre 1907 et 1910.

Enfin, il devient ministre des Travaux publics. Anghel Saligny s'éteindra en 1925, à l'âge de 71 ans, deux

ans seulement après son illustre collègue, Gustave Eiffel, etson compatriote Gheorghe Panculescu, autre génie de l'utilisa-tion des structures métalliques, qui avait soufflé au Françaisquelques techniques pour construire sa tour (voir LesNouvelles de Roumanie, n° 31).

l’ingenieur a été le précurseur mondial structures métalliques et du béton armé

la restauration des voitures voyageurs du chemin de fer

Venu en Moldavie en 1853,comme sergent chef del'armée belge, César Libretch

devint rapidement major dans l'arméeroumaine dont il embrassa la cause. Sesconnaissances dans le domaine le firentnommer, un an plus tard, chef du servicetélégraphique du département deCovorlui, aujourd'hui judet de Galati,étant remarqué et apprécié par son préfet,

Alexandru Ion Cuza. Elu en janvier 1859, prince régnant

de la Moldavie et de la Valachie, celui-cipermet de par sa double élection et del'union des deux provinces la naissancede la Roumanie. Par un télégramme deve-nu célèbre, avec le concours du consulatbelge, César Libretch apprend au grandpatriote roumain la reconnaissance decette union par les grandes puissances del'époque. Le nouveau chef d'Etat lenomme alors inspecteur général des télé-graphes des Provinces unie, puis en 1864,directeur général des Postes etTélégraphes. Ses réformes permettent,entre autre, à la loi d'organisation de cesecteur de voir le jour, l'introduction desjournaux délivrés par la Poste, la publica-tion du bulletin télégrapho-postal.

Mais, peu après, son ami Cuza est

destitué, et le Belge est alors accusé dedivers malversations et fraudes.Initialement condamné, il est finalementacquitté. Libretch quitte finalement laRoumanie pour devenir chef d'état-majordu général Prim en Espagne, puis, en1870, il rejoint la France pour la défendredans la cadre du conflit avec la Prusse.Agé et malade, ce grand idéaliste meurtdans la misère à Londres, pensant tou-jours à son œuvre commencée maisinachevée de l'organisation des postesroumaines.

Celles-ci viennent de célébrer sonsouvenir mais aussi les liens unissantdans l'histoire Belgique et Roumanie enéditant une série de cinq enveloppes spé-ciales avec cachet "Premier jour".

Leonard Pascanu (présidentde la Fédération Philatélique Roumaine)

Le sergent-chef belge César Librecht a créé la poste roumaine

le Gustave Eiffel de la Roumanie

Une étude menée dans quinze grandes villes de plusde 150 000 habitants, basée sur l'observation duprix de 23 produits, biens ou services usuels, a

permis d'établir que Cluj était la ville la plus chère deRoumanie, devançant Bucarest (hors clas-sement), la capitale se situant de peudevant Constantsa. Consolation: ce sontdans ces villes que le niveau de vie est leplus élevé, l'économie la plus développée,ce qui est apparaît comme une règle géné-rale. A noter également: les villes les pluspeuplées sont les plus chères.

A Cluj (notre photo), les prix avaientbondi après le phénomène du jeu "Caritas"(chaîne pyramidale et escroquerie qui a faitla fortune de la ville, d'où elle est partie,dans les années 92-94, mais a ruiné descentaines de milliers de familles roumaines dans le reste dupays). Leurs niveaux sont resté élevés ensuite du fait de lavenue de nombreux investisseurs étrangers et d'une présenceforte d'étudiants.

La "richesse" de Constantsa s'explique par son statut degrand port sur la Mer Noire et son rôle de capitale touristique

nationale pendant les 3-4 mois d'été.Arad (3ème), Oradea (5ème), Timisoara (6ème), doivent

leur position à leur situation géographique, proche des paysoccidentaux - ce qui les rend attractives aux yeux des investis-

seurs - alors que la rente pétrolière permetà Ploiesti de se classer 4ème.

A l'autre bout du tableau, on trouveIasi (11ème), Pitesti (12ème), Craiova(13ème), Braila (14ème), Galati (15ème) .Pour l'essentiel, il s'agit de villes situées àl'est du pays et à l'extérieur de l'arc desCarpates, éloignées des grands axes decommunication (à l'exclusion de Pitesti),disposant de faibles infrastructures et deressources humaines qui ont souvent choi-si l'émigration. L'hirondelle n'a pas encorefait le printemps dans ces villes: Daewoo à

Craiova, Renault-Dacia à Pitesti, Mittal à Galati, n'ont pasentraîné la vague attendue d'autres investisseurs.

Le classement: 1. Cluj (ville la plus chère), 2. Constantsa,3. Arad, 4. Ploiesti, 5. Oradea, 6. Timisoara, 7. Târgu Mures,8. Brasov, 9. Bacau, 10. Sibiu, 11. Iasi, 12. Pitesti, 13. Craiova,14. Braila, 15. Galati. Bucarest figure hors classement.

Cluj, ville roumaine la plus chère devant Bucarest

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

FOCSANI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJP. NEAMT

Depuis deux ans les Roumains sont auto-risés à consulter les 1,8 millions de dos-siers - lesquels mis bout à bout s'étire-

raient sur 12 kilomètres - que la Securitate a constituésur eux durant les 50 ans de régime communiste. Cesdossiers comprennent des transcriptions intégrales deconversations téléphoniques, des informations obte-nues par la pose de microphones dans les logements,les bureaux, les prisons, des rapports d'activité journa-

lière détaillés des agents de la Securitate, des déclarations signées par des voisins, desamis ou des ennemis, des copies de lettres privées et des transcriptions d'interroga-toires. Un dossier ne concernait pas seulement un individu, mais toute sa famille et sesrelations. La Securitate avait ainsi réussi à passer aux rayons X la vie privée de mil-lions de Roumains.

Lire son dossier établi par la Securitate est une rude épreuve. Certains s'évanouis-sent, d'autres éclatent en sanglots. "Pour moi - raconte Doina Cornea, la grande dis-sidente roumaine - l'expérience a été bien plus intense que je ne m'y attendais. Je lisaiset pleurais en même temps. Je n'en revenais pas de voir ce que des amis, des collègueset même des gens proches de ma famille avaient révélé de moi à la Securitate. J'y airetrouvé la transcription d'une conversation eue avec des personnes ayant partagé macellule. Nous ne savions pas que tout était enregistré".

Six cent mille mouchards

Après la chute de Ceausescu, Doina Cornea n'a jamais pensé à se venger. "J'étaisheureuse et en paix. Le passé n'a pas brisé mes amitiés. Je continue à voir mes amiset nous ne parlons jamais de tout ça. Mais je conseille à tous les Roumains d'aller lireleur dossier car nous ne pouvons pas continuer à nous cacher la vérité. La vérité bles-se, il est vrai. La vérité c'est que la Securitate n'aurait pas réussi dans son entreprisetotalitaire sans l'aide de tous les Roumains qui ont travaillé pour elle. La police secrè-te avec ses quelques 20.000 officiers n'aurait jamais pu surveiller des millions degens. Le secret de la Securitate était son habilité à recruter quelque 600.000 infor-mateurs parmi des hommes et des femmes comme vous et moi. Selon une étude réa-lisée par l'Association des Prisonniers Politiques, 39 % des informateurs étaient desdiplômés d'études supérieures et 37 % des personnes ayant terminé leurs étudessecondaires. Résultat encore plus troublant: seuls 1,5 % des informateurs étaient vic-times de chantage et 1,5 % autres étaient payés".

Démasquée par la Securitate à la suite d'une bourde de "Radio Free Europe"

Pour Doina Cornea les raisons qui l'avaient poussée à agir datent de 1965. "Je metrouvais dans un café de Strasbourg, avec un groupe d'amis français. J'étais une admi-ratrice du Général de Gaulle et dans notre groupe il y avait un socialiste qui le criti-quait durement. J'attendais que la police vienne l'arrêter d'un moment à l'autre, mais,bien entendu, rien n'arriva. A ce moment là je compris ce qu'était en réalité ma vie enRoumanie. J'ai eu honte, et peu à peu cette honte m'a poussée à agir. J'avais essayéde mener une vie normale dans un pays qui ne l'était pas. Rien de plus que cela".

Les problèmes commencèrent pour Doina Cornea en 1982. "Je me trouvais sur lelittoral de la Mer Noire avec mon époux. J'ai allumé la radio et entendu une voix lireune lettre intitulée "A ceux qui n'ont pas arrêté de penser". C'était la radio occiden-tale anti-communiste "Europe Libre" (Radio Free Europe); il fut effrayé par le

Doina Cornea est née à Brasov le30 mai 1929. Assistante à la Facultéde Langues (en français) de l'Univer-sité de Philologie Babes-Bolyai deCluj dans les années 80, elle a étél'une des opposantes les plusconnues au régime communiste.

En 1980, elle a publié le premier"samizdat" (volume réalisé à la mainet distribué à travers un réseaud'amis), L'essai du Labyrinthe, suivide quatre autres traductions-samizdat(traduites du français) pour lesquelselle a écrit les préfaces et rajouté desnotes. Entre 1982 et 1989 la radioEuropa Libera a diffusé 31 de sestextes, critiquant le régime ce qui lui avalu d'être renvoyée de la Faculté deCluj et arrêtée à plusieurs reprises,interrogée, battue, menacée.

Aidée par son fils Leotin Iuhas, ladissidente a distribué 160 manifestesde solidarité avec les ouvriers gré-vistes de Brasov en novembre 1987.Pour cela, la mère et son fils ont étéarrêtés et maintenus en détentiontous les deux durant 5 semaines.Relâchée elle s'est retrouvée en rési-dence surveillée à son domicile jus-qu'en décembre 1989.

Durant la répression de la révolu-tion de 1989, à 60 ans, elle a parti-cipé à la manifestation de Cluj, sousles balles de l'armée.

Après 1989, Diona Cornea a étécooptée par le Conseil National duFSN (Front de Salut National), antredu futur gouvernement, mais a donnésa démission en janvier 1990, jugeantle mouvement à la fois trop prochede Gorbatchev et ne voulant pas devéritable rupture avec le régimeprécédent, y conservant une écrasan-te majorité de ses hiérarques.

Inlassable combattante de la liberté

Témoignage C'est à Strasbourg, en 1965, que la

SALONTA

URZICENITG. JIU

Doina Cornea: "Chaque mardipour lui confirmer

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contenu de la lettre, mais lorsqu'il entendit citer le nom de l'au-teur à la fin de la lecture il devint vert: c'était le mien. Moi nonplus je n'en croyais pas mes oreilles. Je n'aurais jamais penséque la radio allait révéler mon nom. J'appris par la suite qu'ilsavaient pensé qu'il s'agissait d'un pseudonyme". "Que faisons-nous maintenant ?" me demanda mon époux. Et je répondisque nous devions continuer à faire ce que nous faisions dansles années 80". Doina Cornea envoya quelque 30 lettres àradio Europe Libre et au Conseil Européen.

Surveillée 24 heures sur 24

"Après cette première lettre - raconte-t-elle - je fus inter-rogée par la Securitate. Au début ils furent assez corrects, cequi me redonna courage, mais j'appris vite ce qu'il en était. Jene devais pas leur dire tout à fait la vérité, et ne pas leur men-tir tout à fait mais rester quelque part entre le mensonge et lavérité. Ce qu'ils voulaient avant tout c'était de connaître l'iden-tité de la personne qui acheminait mes lettres vers l'Occident.Il s'agissait de Gilles Bardy un professeur français qui ensei-gnait à l'Institut de Philologie de Cluj. Il prenait un grandrisque, car il ne disposait pas d'immunité diplomatique".

Durant ce temps, les lettres de Doina Cornea furent large-ment diffusées dans la presse occidentale, ce qui la protégeaquelque peu des foudres de Ceausescu et de la Securitate.

"Je n'aurais pas pu faire grand-chose sans l'aide desambassades étrangères. L'ambassade de France m'a beau-coup aidée. Chaque mardi je devais les appeler pour confir-mer que j'étais toujours en vie. C'était une sorte de garantiequi me permit de continuer mes activités".

Surveillée 24 heures sur 24, en résidence surveillée danssa maison, arrêtée, interrogée jour et nuit, et gardée dans leslocaux de la Securitate, Doina Cornea ne cessa pas ses acti-vités de résistance. En 1984 les autorités l'autorisèrent à aller

voir sa fille en France, mariée avec un Français et établie dansla région de limoges. A la grande surprise de la Securitate, ellerevint en Roumanie et continua à dénoncer les abus du régime."Je me disais que si j'arrivais à faire comprendre ce qui sepassait à seulement cinq personnes, cela en valait la peine".

"Les Roumains n'ont pas réussi à accepter leur faute collective"

Douze ans après la chute de Ceausescu, la propagande du"nouveau" régime essayait encore de ternir l'image de DoinaCornea. On pouvait lire dans les journaux "Doina Cornea veutvendre notre pays aux étrangers" ou bien "Doina Cornea aacheté l'Usine d'Automobile Dacia" ou encore "Doina Corneaessaye d'affamer les ouvriers". Même après la mort du dicta-teur, les anciens dissidents restent gênants, car non seulementle nouveau régime en quête de légitimité, mais égalementtoute une société refuse toujours de se regarder dans le miroirde son propre passé.

"Les Roumains n'ont pas réussi à accepter leur faute col-lective. C'est parce que tout a un prix et que peu de gens sontprêts à payer ce prix. J'ai surtout confiance dans les ouvrierset les paysans. Même aujourd'hui, les intellectuels roumainsrestent snobs. Ils n'adresseront même pas la parole à unouvrier qui n'a pas lu Kant " explique Doina Cornea.

Pour mobiliser l'opinion, le CNSAS (Conseil Nationald'Etudes des Dossiers de la Securitate) a mis sur pied unereconstruction de l'univers de la Securitate. On peut y voirentre autres un uniforme de secouriste. A sa vue les visiteursréagissent violemment. Certains crachent dessus, d'autres uri-nent sur le vêtement. "Mais nous avons-nous même crée notreidole, par notre peur - s'exclame Doina Cornea - se référant àCeausescu. Ce qui me fait le plus de mal c'est que tout lemonde, n'importe qui, aurait pu faire quelque chose ".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Emil Boc (leader du Parti démocrate du président Basescu), MirceaGeoana (président du PSD, Parti social-démocrate des anciens commu-nistes, créé par Ion Iliescu) et Corneliu Vadim Tudor (le Le Pen roumain,

chef du Parti de la Grande Roumanie) -ces deux derniers dans l’opposition - attendentau tournant Calin Popescu Tariceanu, Premier ministre, dirigeant du Parti NationalLibéral, au pouvoir avec le PD. Tous ces membres de l’ancienne nomenklatura - àlaquelle appartenait aussi Tariceanu - ainsi que le Président Basescu, espèrent sedébarrasser de lui, mais ne veulent surtout pas provoquer de vagues et donner l’im-pression d’instabilité politique à Bruxelles avant que l’UE ne donne son feu vert àl’adhésion de la Roumanie, lequel était espéré en mai dernier mais est toujours atten-du, du moins officiellement. Voici les traductions des “bulles” de la page 13:

1-Comment çà va Calin, tu as fait ton testament... c’est demain que l’UE annon-ce la date d’adhésion !

-Je ne réponds pas aux provocations !2-Vadim et moi nous sommes tant “émotionnés” que nous sommes bien décidés

à déposer une motion de censure dès l’annonce de l’adhésion.3-Calin, qu’est-ce qui s’est passé ? Je n’aime pas du tout ta mine !?4-Demain, l’UE annonce l’adhésion et après demain, on me fout à la porte !5-Tu ferais mieux de te coucher, j’ai le préssentiment que çà ira mieux demain !6-Bonne nuit et fais de beaux rêves !7-(Geoana) Calin, tu as entendu parler de la nuit des longs couteaux ?-(Vadim Tudor) moi je serai direct et sans savon !8-(Boc) Moi je serai plus subtil, car nous sommes alliés !-(Le président Basescu, la main sur l’épaule de son ami Gigi Becali, démagogue

et “grand vizir” du Steaua Bucarest qui se lance dans la politique, lui rappelle “lebon vieux temps” où Vlad Tepes - alias Dracula - faisait empaler les occupants turcs)Moi non, tu as bien entendu parler de Vlad Tepes ? Et bien maintentant tu entendrasaussi parler de Gigi Dracula !

9-(Tariceanu s’adressant à Bruxelles) Non, non ! Je vous implore ! N’annoncezpas la date de l’adhésion !

-Calin, qu’est ce qui se passe ? Tu as fait un cauchemard ? !-Et quel cauchemard !10-(Après la visite en Bulgarie, au mois de mai, du Président de la Commission

Européenne Manuel Barosso et de son commissaire chargé de l’élargissement del’UE, Olhi Rehn, qui ont constaté avec effarement l’état de son impréparation, alorsque jusqu’ici c’était la Roumanie qui était dans le collimateur de Bruxelles ) Tu as vuchéri, tu t’es fait du mauvais sang pour rien. Ce sont nos voisins bulgares auxquels tune pensais pas qui te sauvent !

-Je savais bien qu’on avait de bons voisins !-(La télévision) Et la date d’adhésion, on va l’annoncer en octobre...11-(Dans l’avion ramenant les deux dirigeants européens à Bruxelles) Vous pen-

sez, Monsieur Barosso qu’on a bien fait d’annoncer le report de la date d’adhésion enoctobre ?

-Bien entendu, cher Monsieur Rehn, vous ne voyez pas quel calme il y a mainte-nant à Bucarest ?!

(Un calme appelé à durer jusqu’à la mi-décembre, date du sommet européenqui décidera finalement de la date d’adhésion, que l’on estime être un secret dePolichinelle, les jeux semblant être définitivement faits pour l‘entrée de laRoumanie dans l’Union Européenne dans quelques semaines. Le jeu de massacreentre les politiciens roumains pourra alors reprendre tranquillement au premierjanvier).

Le projet de budget approuvé parle gouvernement prévoit un déficitbudgétaire de 2,8% du produit inté-rieur brut (PIB) pour 2007, en accordavec les critières de l'Unioneuropéenne qui demande aux paysmembre de ne pas dépasser 3% dedéficit.

La croissance économiquedevrait atteindre 6,4% et le PIB, pourla première fois, s'établir à plus de100 milliards d'euros. Quant au tauxd'inflation, tombé sous la barre des6% à 5,48%, il devrait se stabiliserautour de 4,5% en 2007. En présen-tant le budget, le Premier ministreCalin Tariceanu a précisé que l'agri-culture, les infrastructures, la santé,l'éducation et la protection socialedisposeront des budgets les plusélevés.

La Roumanie de ValiPolitique

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJ

PLOIESTI

CAMPULUNG

Un budget adapté aux normeseuropéennes

Songe d’une nuit de mai... ou l’entrée de la Roumanie dans l’UE

dissidente a compris ce qu'était la liberté et a décidé d'entrer en résistance

j'appelais l'ambassade de France que j'étais encore en vie "

Un journaliste roumain a, der-nièrement, interrogé longue-ment Doina sur son combat

de dissidente, qu'elle fut bien seule àmener à travers le pays. Il raconte:

"J'avais trouvé Doina Cornea dans lejardin de sa petite maison de Cluj, àl'ombre des cerisiers que citaient lespoètes durant les années de résistanceanticommuniste. Elle nous a fait entrerdans ce logement qu'elle habite depuis sixdécennies. Dehors c'était la canicule, àl'intérieur il faisait froid et humide. Elle a

allumé le feu, a couvert ses épaules d'unchâle - " Je suis terriblement frileuse ! A78 ans…" - et s'est assise dans un fauteuilentouré de piles de journaux.

En ces temps où l'on relativise le mal,j'ai tenu à rappeler ce qu'avaient signifiéla "Securitate" et le communisme. Aubout de quelques heures de conversationj'avais compris que le tout premier secretdu régime avait été la terreur ".

- A quand remonte votre résistancecontre le régime ?

- Le premier pas est de croire en cer-

taines valeurs, savoir ce qui est impor-tant, et ce qui l'est moins : ni la voiture, nila maison, ou l'argent, mais la vérité, lajustice, le bien.

Si vous n'arrivez pas à déterminercorrectement l'échelle des valeurs, vousne pourrez jamais vous lancer, car vousaurez peur. Peur pour la voiture, la mai-son, votre travail ou je ne sais quoi enco-re. Je me suis entraînée. On n'a plus peurà partir du moment où la vérité devient lapremière des valeurs.

(Lire page suivante)

"Tout Cluj connaît mon dénonciateur, mais comment pourrais-je le détruire alors qu'il a plus de 80 ans et est malade ?"Le préfet de Timisoara, Ovidiu

Draganescu, a procédé à la révoca-tion du maire de Iecea Mare, unecommune du judet. Il a justifié sadécision en invoquant le fait queDimitru Campoies, l'élu en question,ne s'était pas rendu à la mairiedepuis six mois, la loi prévoyant que,dans ce cas, un maire peut êtredémis de ses fonctions.

Dimitru Campoies était en congémédical, avec un handicap de grade2, avec une maladie définie par lesmédecins comme relevant de… "l’é-litisme chronique".

Un maire révoquépour "élitisme chronique"

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

- Quel a été votre première action concrète de protestation ? - En août 1982, j'ai pris mon courage à deux mains et envoyé une lettre à Europa

Libera. Je me rendais compte que notre problème était que nous n'avions plus lemoral, que nous ne remplissions plus notre fonction d'intellectuels. J'ai envoyé lalettre, m'adressant aux enseignants qui n'avaient pas renoncé à penser, les invitants àne pas conserver dans leurs tiroirs des livres qui en valaient la peine, de les donner àlire à leurs étudiants. Pour chaque lettre je payais 5.000 lei d'amende.

- Qu'est-ce qui c'est passé lorsque la lettre a été lue à la radio ? - Certaines fois le destin vous pousse dans la bonne direction. Comme j'étais peu-

reuse, je ne l'avais pas signée. Toutefois, pour l'authentifier, j'avais tiré un trait aprèsle texte et ajouté "Pour Europa Libera, Doina Cornea, assistante à la Faculté dePhilologie de Cluj". Ils ont cru qu'il s'agissait d'un pseudonyme et en ont donné lectu-re. Comme le texte n'était pas agressif, ne contenait pas de critiques contre le gouver-nement ou le régime, l'amende à payer a été de 5.000 lei, alors que je gagnais 2.000lei par mois. Si l'on payait dans un certain délai, elle était réduite de moitié, soit 2.500lei, l'amende minimum. Je m'étais habituée à la payer. La responsable de mon comp-te en banque me demandait "A nouveau ?", "A nouveau" répondais-je. "Et ça en vautla peine ?" "Ecoutez Europa Libera et vous en jugerez par vous même".

Le juge qui la condamne… lui envoie sa femme pour s'en excuser

- Vous n'aviez pas peur ?- Je vivais en état de stress. On me surveillait, ma fille ne pouvait plus rentrer au

pays. Après chaque lettre, mon fils était interrogé par le représentant de la Securitatede son entreprise, lequel lui demandait de me convaincre d'arrêter. Mon fils était mariéet avait deux enfants, et sa famille - sa femme - n'était pas d'accord avec ce que je fai-sais. Mon mari souffrait de ne plus voir notre fille … Il était contre moi à cette époquelà, mais par la suite il m'a soutenue.

- Combien de lettres avez-vous envoyées ?- 31 jusqu'en 1989. La peur disparaît lorsqu'on voit qu'il ne se passe rien. Je les

écrivais à la main et les envoyais à ma fille, en France. Elles couvraient différentsthèmes: lettres de protestation, lorsque j'ai été renvoyée de l'Université de Cluj, puissur la possibilité d'une renaissance spirituelle de notre peuple.

- Quand avez-vous été renvoyée de l'université ?- En 1983, en janvier. J'ai été convoquée par le doyen alors que nous étions enva-

cances. Personne n'avait voulu me dire de quoi il s'agissait. Tout le monde était au cou-rant. Quelle hypocrisie ... On m'a reproché d'avoir dit à mes étudiants de ne pas croi-re ce que leur disaient les professeurs, que nous ne pouvions pas leur servir de modè-le, d'être différents de nous, que l'économie de notre pays était basée sur le mensonge,tout comme l'enseignement.

- Personne n'a pris votre défense ?- Mon mari, qui était avocat, a porté l'affaire devant le tribunal pour abus de pou-

voir. Une collègue à la retraite s'est proposée à témoigner. Elle a très bien parlé durantle procès, en demandant : " La vérité n'aurait-elle pas sa place dans notre sociétésocialiste ? " Le procureur a conclu que je devais être renvoyée. La sentence avait étédécidée avant le procès. Par la suite, le juge a envoyé sa femme chez moi pour medemander des excuses en son nom. J'ai été retenue durant cinq semaines dans leslocaux de la Securitate.

Le bonheur de faire son devoir

- Quand avez-vous été arrêtée pour la première fois ?- J'étais retenue après chaque lettre, durant cinq à six heures. Mais je suis restée

enfermée plus longtemps après Brasov, en novembre 1987, lorsque j'ai distribué des

Le 6 août 1990, Doina Cornea acrée, à Cluj, le Forum DémocrateAntitotalitaire de Roumanie, premiermouvement d'opposition démocra-tique, donnant naissance, par lasuite, à la Convention Démocratiquede Roumanie (CDR) qui sera à labase de l'élection du premier prési-dent démocrate de la Roumanie,Emil Constntinescu, (2000-2004) Ellea été membre fondateur, entreautres, du Groupe pour le DialogueSocial, de l'Alliance Civique et de laFondation Culturelle "Memoria"…c'est à dire de la grande majorité desmouvements authentiquement démo-cratiques.

La plupart de ses conférences,tenues en Roumanie et à l'étranger,ont été rassemblées et publiéessous le titre “Une culture pourl'Europe de demain”, “Le nouvelaréopage”, “Mission”, “Quellesécurité en Europe à l'aube duXXIe siècle?”, “Europe: les che-mins de la Démocratie”, “PolitiqueInternationale”, “L'amitié entre lesPeuples”, etc.

Doina Cornea est l'auteur deLiberté ? (Éditions Criterion, Paris1990 et Ed. Humanitas, Bucarest1991), Lettres ouvertes et autrestextes (Ed. Dacia de Cluj en 1991),La face cachée des choses (Ed.Dacia de Cluj).

L'inlassable dissidente a été dis-tinguée de nombreuses fois: le prixThorolf Rafto (Norvège 1989), DoctorHonoris Causa de l'Université Librede Bruxelles (1989), officier de laLégion d'Honneur (France 2000),Grande Croix de l'Etoile Roumaine(2000).

Créatrice du Forum démocrate

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Depuis novembre 2004, la Banque nationale deRoumanie a abandonné sa politique de déprécia-tion administrée du change du leu, au profit

d'une politique de ciblage de l'inflation. On a alors puconstater une rapide appréciation de cette monnaie, dont letaux de change est passé de 4,10 lei pour 1 euro fin 2004 à3,5 lei pour 1 euro au 1er novembre 2006.

“Cette évolution de la monnaie, conjuguée aux haussesdes tarifs énergétiques, a provoqué une perte de compétitivitéexterne de l'économie roumaine” note le rapporteur. “Plusieursindicateurs l’illustrent :

- le ralentissement de la pro-duction industrielle (+ 2 % seule-ment en 2005) en particulier dans lesecteur du textile (- 16 % dans ceseul secteur) où la hausse desimportations chinoises et turquesdémontre la réduction des avan-tages comparatifs de la Roumanie;

- le creusement du déficit cou-rant qui s'élève à 9,4 % du PIB en2005;

- la constatation des premièresdélocalisations vers l'Ukraine decertaines entreprises du secteurinformatique.

La Roumanie conserve néanmoins quelques atouts. La

réforme fiscale adoptée en janvier 2005 et visant à instituerune "cote unique" de 16 % pour l'impôt sur le revenu et l'impôtsur les sociétés participe ainsi à son attractivité, puisque cetaux d'imposition est sensiblement inférieur à la moyenneconstatée dans l'Union Européenne pour la fiscalité des entre-prises (31,4 % dans l'Union Européenne à 15 et 27,4 % dansl'Union à 25). Si la revalorisation du leu n'est pas encore dis-suasive pour les investisseurs étrangers, il importe toutefoisque les autorités roumaines surveillent étroitement ce facteurde compétitivité et veillent, par ailleurs, à accélérer les

dépenses d'investissements d'infra-structures. Il est certain, parexemple, qu'une autoroute transver-sale reliant Constanta, sur la MerNoire, à Oradea ou Arad, à la fron-tière avec la Hongrie, favoriseraitgrandement le développement de cepays.

D'une façon générale, pour faireface aux conséquences de l'adhé-sion, la Roumanie devra - selon l'ex-pression de Vasile Puscas, vice-pré-sident de la commission parlemen-taire pour l'intégration européenneet ancien négociateur en chef -

"dépasser une frontière de mentalité politique, en transfor-mant les acquis techniques en attitude politique générale".

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Le Président Basescu et ses promesses : “Vous voyez quevous commencez à bien vivre. Il ne s’est pas passé un an

et déjà vous déménagez dans un quartier chic”. Vali

“Le renforcement du leu conduit aux premières délocalisations vers l'Ukraine”

Europe

Le 1er janvier 2007 ne serapas une fin, mais une simpleétape dans le processus

d'intégration de la Roumanie à l'UE,comme le souligne Jacques Myard.

“Depuis 2004, la Commissionreconnaît que la Roumanie satisfaitau critère d'économie de marchéviable. De bons résultats macro-éco-nomiques ont été enregistrés: lacroissance du PIB a atteint 8,3 % en2004, avant de retomber à 4 % en2005 en partie à cause des impor-tantes inondations subies par ce pays.Le taux officiel de chômage est d'en-viron 6 %; l'inflation a chuté à 8,5 %après avoir atteint des taux supérieursà 40 % jusqu'en 2000. On peut souli-gner que le constructeur Dacia,appartenant au groupe Renault, a réa-lisé sa première année bénéficiaire en2005 après cinq années de pertes, grâceau succès commercial du modèle"Logan" lancé en septembre 2004.

Pour autant, le PIB par habitant n'é-tait, en 2004 que de 31,3 % de la moyen-ne de l'Union européenne à vingt-cinq enparité de pouvoir d'achat. Le salaire men-suel moyen est annoncé à 290 euros, mais

le salaire minimum dans le textile est fixéà 90 euros. Un haut responsable de l'op-position confiait au rapporteur que 60 %

des revenus de son couple étaient consa-crés au paiement de sa facture de gaz.

Il faut préciser que l'économie sou-terraine est estimée à 50 % du PIB offi-ciel, que la demande est soutenue par les

capitaux envoyés par les nombreuxexpatriés en Espagne, en Italie ou enIsraël (3,7 milliards d'euros en 2005pour la partie transitant par le systè-me bancaire) et que 97 % de la popu-lation est propriétaire de son loge-ment. En 2007, la Roumanie devradonc montrer qu'elle est capable derésister aux pressions concurren-tielles au sein de l'UE.

Les difficultés seront grandespour les 1 100 entreprises qu'il a étéimpossible de privatiser jusqu'à pré-sent. Le choc sera surtout rude pourle secteur rural particulièrementvulnérable. Par ailleurs, la revalori-

sation de la monnaie nationale fait planerune menace sérieuse sur les perspectiveséconomiques de la Roumanie”.

“L'adhésion n'est pas tout… Il faut ensuite pouvoir suivre”

(Le tropisme pro-américain du Président Basescu)“Quand il se sera endormi, je t’attends au bord de la

Mer Noire; tu sais que ce lieu m’excite. Surtout ne te fais pas de soucis... Tu verras que comme

amante je serais encore plus appétissante”. Vali

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

43

Connaissance eet ddécouverte

manifestes de solidarité avec les ouvriers grévistes de cetteville. J'avais déposé les manifestes sur toutes les fenêtres del'Université, le soir vers 9 h 30, ainsi que sur le monumentsitué au centre ville et de l'autre côté de la rivière Somes, dansle quartier ouvrier.

- Votre fils vous accompagnait ?- Il a voulu m'accompagner. Lorsqu'il a su pour les mani-

festes, il m'a dit de ne rien faire, que personne n'allait soutenirles ouvriers en grève, et que c'était moi qui allais en pâtir. Nousnous sommes disputés. Il est parti et j'ai été heureuse qu'il nesoit pas mêlé à cette histoire. J'ai décidé d'y aller toute seule.Le soir, vers 9 heures, il est venu me voir, m'a prise par la mainet m'a dit "Allez ! On y va maintenant !" Il m'a obligé à mon-ter dans la voiture et tout à coup nous nous sommes sentis heu-reux ! Le bonheur de celui qui fait son devoir. Nous étionsdans un état d'exaltation, il nous semblait que la voiture volait.

Ne pas céder à la peur

- Ils vous ont arrêtée sur le champ ?- Le lendemain matin, le 19 novembre, un milicien et deux

secouristes nous ont emmenés, mon mari et moi. J'étais inquiè-te mais heureuse qu'ils n'aient pas arrêté mon fils. Je ne savaispas qu'ils l'avaient déjà emmené ainsi que ses beaux parents.Eux ont été relâchés, mais mon fils et moi n'avons été libérésque le 24 décembre. Ils nous ont gardé dans les locaux de laSecuritate. Ils avaient retrouvé 83 manifestes alors que j'enavais distribué 160, écrits sur des formulaires officiels, àl'encre de chine. Lors de l'enquête ils m'ont demandé de décla-rer que j'en avais distribué 83. J'ai répondu: "Monsieur lemajor, je ne peux pas mentir! D'ailleurs ce ne pouvait êtrequ'un nombre pair, rendez-vous compte". Et je n'ai pas cédé !

- Vous ont-ils frappée ? - Pas cette fois-là. Ils m'ont laissée 36 heures sans manger,

sans boire, sans dormir en m'interrogeant sans cesse. Je ne sen-tais pas la fatigue, la faim ou la soif. Je n'ai pas nié, mais j'aisoutenu jusqu'au bout que mon fils ne m'avait pas accompa-gnée. Ils ne m'ont pas battue durant ces cinq semaines. Maislorsque je suis sortie, un milicien m'a frappée. J'ai su, aprèsêtre rentrée chez moi, avec mon fils, que le milicien avait étérenvoyé.

Battue sauvagement pas les miliciens

- Saviez-vous que vous étiez en résidence surveillée ?- Nous nous en sommes vite rendu compte. Un jour j'ai

voulu aller acheter du pain. Le milicien m'a dit que je n'avaispas le droit de sortir de la maison. Je n'ai pas compris et j'ai faitun geste pour ouvrir le portillon. Il m'a pris par la main et m'afait tomber sur le sol en ciment de la cour. Je me suis relevéequatre fois de suite, essayant à chaque fois d'ouvrir le portillonpour sortir. Il m'a jetée à terre, m'a bourrée de coups de botte,à la vue des voisins. J'ai appelé une dame qui passait, unecliente de mon mari, mais elle a détourné la tête et passé sonchemin. Je ne sentais plus les coups. Lorsqu'on vous frappetrès fort, vous ne sentez plus rien.

Le capitaine Hertea - lequel était chargé de ma surveillan-ce - est arrivé, m'a jetée à nouveau par terre. Il m'a donné uncoup de poing dans la poitrine qui m'a coupé le souffle. J'avaisdes bleus sur les mains et sur les jambes, mon visage était ensang.

Quatre jours plus tard je me suis fait faire un certificatmédical que j'ai envoyé à Europa Libera. Dans le reportage, ilsont exagéré en disant que j'avais eu des points de suture, jen'avais aucune blessure ouverte, que des ecchymoses qui ontmis sept à huit mois pour disparaître.

Dénoncée par la famille et les amis

- Saviez-vous alors que des personnes de votre entoura-ge étaient des indicateurs de la Sécuritate ?

- Je m'en doutais, mais je ne savais pas qui c'était. Ce n'estque lorsque j'ai eu connaissance des 23 volumes du CNSAS(Conseil National d'Etudes des Dossiers de la Securitate) meconcernant, moi, mon fils et ma fille que j'ai su. On m'avaitdénoncée d'une façon ignoble.

- Voulez-vous savoir qui vous a dénoncée ?- Oui, pour ne pas accuser quelqu'un injustement. J'avais

soupçonné une de mes cousines, avec laquelle je n'étais pas entrès bons termes. Au CNSAS j'ai vu sa déclaration. On l'inter-rogeait à mon propos, et elle avait répondu: "Et alors, n'a-t-elle pas raison ?"

En rentrant chez moi je lui ai téléphoné pour la remercier.Par ailleurs, j'ai été dénoncée par des membres de ma famille,un cousin germain. Celui dont les déclarations m'ont fait leplus de mal a été un ami qui venait chez nous tous les deux outrois jours. Nous sommes toujours amis.

- Vous pouvez lui pardonner ?- Mais il n'avait pas dit de mal de mon mari, de ma fille

ou de mon fils. Il ne les a pas chargés. Il avait déclaré que j'é-tait fautive, que mes proches était devenus ce qu'ils étaientparce qu'ils souffraient. Il n'a pas dit du mal d'eux.

Sur moi il a révélé des détails intimes. Je ne lui ai jamaisavoué que je savais qu'il m'avait dénoncée. Il est vieux etmalade, tout Cluj le connaît. Comment pourrais-je le détruirealors qu'il a plus de 80 ans ?

"Il faut démasquer les informateurs pour se rendre compte qu'on a cru des menteurs"

- Considérez-vous que les informateurs ou ceux qui ontsigné des engagements, sont coupables?

- Je leur en veux à tous. Ils auraient pu ne pas signer. Lesplus coupables sont les officiers de la Securitate, qu'ils ait étédémasqués ou pas. Sans eux et leurs méthodes passives, quiattiraient les gens naïfs… L'entière Securitate était une policepolitique, cela ne sert à rien d'essayer de départager les bonsdes méchants. Je pense à Mona Musca*. Ce qui me gène cen'est pas ce qu'elle a déclaré, je n'ai pas qualité pour la juger.Je lui reproche d'avoir signé cet engagement. De plus, circons-tance aggravante, elle aurait du avouer et dire qu'elle regrettait.

(Lire page suivante)

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

10

Actualité

L'agriculture occupe 37 % de la population roumaine. On a même observéà la suite de la fin de la collectivisation et de la restitution des terres dansles années 1990 une augmentation de la population agricole liée à la fer-

meture de nombreuses usines, ce qui inquiète le rapporteur Jacques Myard. “Outre son importance en termes démographiques, l’agriculture roumaine se

caractérise par la coexistence, d'une part, de nombreuses exploitations (environ 4,5millions) disposant d'une surface moyenne de deux hectares et qui participent d'uneéconomie de subsistance ignorant parfois les échanges monétaires et, d'autre part, de23 000 exploitations couvrant à elles seules la moitié de la surface agricole utile, avecdes tailles variant de 400 à 10 000 hectares, voire 50 000 hectares pour l'une d'entreelles. Cette économie duale subira de plein fouet les conséquences de l'adhésionpuisque les droits de douane existant aujourd'hui - qui peuvent atteindre des taux de40 % - ou les contingentements seront sup-primés. Le choc ne touchera pas unique-ment les micro-exploitations. Les grandespropriétés, souvent gérées comme lesanciennes fermes d'Etat par des "directeursd'exploitation", souffrent, pour la plupart,d'une faible productivité. La Roumanie quiest le pays d'Europe centrale et orientaleayant expérimenté le plus grand nombre deréformes agraires depuis la fin de la domination ottomane, tente de faire face à cesdéfis en cherchant toujours à faire émerger une classe moyenne rurale.

Sept ans avant le libre accès au marché du travail de l'UE

Pour atteindre cet objectif, deux outils principaux sont utilisés. Il est d'abordprévu de verser une rente viagère de 100 euros par an et par hectare aux agriculteursde plus de 60 ans propriétaires d'une superficie inférieure à 10 hectares qui accepte-raient de vendre leurs exploitations à un autre paysan (la rente serait inférieure de moi-tié en cas de location). Il est ensuite proposé de dégager 200 millions d'euros destinésà être répartis sous forme de prêts à long terme par les banques, afin de surmonter lesdifficultés d'accès au crédit et de faciliter l'achat de matériels et d'animaux (ces fondsbénéficiant d'une garantie de l'Etat ne peuvent pas être utilisés en revanche pourl'achat de terres, sauf s'il s'agit de regrouper les terres d'une même famille).

L'agriculture roumaine devrait, en outre, profiter des aides liées à la politiqueagricole commune (PAC). On peut néanmoins s'interroger sur l'impact réel de cesaides compte tenu de la structure des exploitations du pays. Attribuées sur le seulcritère de la surface, elles vont pour l'essentiel être accordées aux propriétaires des trèsgrosses exploitations, avec une forte probabilité qu'elles ne soient pas réinvesties dansl'agriculture. Même si la population agricole est généralement âgée - la moitié a plusde cinquante ans et un quart plus de soixante-cinq ans - on peut supposer qu'une par-tie sera tentée d'abandonner la terre pour mieux vivre.

Cette situation peut provoquer une émigration. On constate déjà des mouvementsmigratoires vers l'Espagne et l'Italie en particulier, pour des séjours temporaires géné-ralement. Il faut rappeler qu'au cours des deux premières années suivant l'adhésion,les Etats membres appliqueront des mesures nationales, ou des accords bilatéraux,visant à réguler l'accès des travailleurs roumains à leur marché du travail. Ces dispo-sitions pourront être prorogées pour atteindre une période de sept ans au maximum.

Une autre alternative serait de pouvoir employer ces ruraux dans des entrepriseslocales. Or, l'attractivité économique de la Roumanie semble grevée par l'actuellerevalorisation du leu, la devise roumaine”.

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“Dans cette phase de pré-adhé-sion, la Roumanie perçoit déjà d’im-portantes ressources provenant detrois instruments:

- le programme Phare (aides àcaractère institutionnel)

- le programme Sapard (dévelop-pement agricole et rural)

- le programme ISPA (infrastruc-tures dans les domaines de l'envi-ronnement et des transports).

Pour 2006, le montant total dubudget communautaire pour la Rou-manie est de 1,155 milliard d'euros.Or, il est tout à fait certain que toutcet argent ne pourra pas être utilisé.

En 2005, le taux de consomma-tion des crédits Phare a atteint 80 %,mais ce ratio n'était que de 20 %pour Sapard et seulement de 14 %pour ISPA.

S'agissant de Sapard, lescarences ne sont pas imputables auseul secteur administratif: une partiedes crédits ne peut être accordéeque si l'exploitant bénéficiaire contri-bue à l'opération pour au moins50 % du financement du projet, cequi se heurte aux difficultés d'accèsaux crédits bancaires (3 % seule-ment des crédits accordés par lesbanques privées sont destinés àl'agriculture)”.

Europe “Les paysans roumainssont les premiers exposés

et les plus vulnérables”

“Des crédits et aides inutilisés”

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Le paysage médiatique du pays est partagé par quatre grands groupes depresse, "MediaPro", "Realitatea", "Grupul Intact" et le Suisse Ringier,sans qu'il soit possible de leur affecter un rang, tant leurs intérêts sont mul-

tiples. S'ils règnent sur lui, ces trusts n'en occupent cependant pas la totalité. Sont éga-lement présents en Roumanie, les groupes internationaux Springer, Lagardère,Edipress, Hearst, WAZ, Burda. Au niveau des télévisions, il ne faut pas oublier leschaînes TVR 1, TVR 2, TVR International et TVR Cultural. L'ensemble se répartit unmarché publicitaire annuel estimé à plus de 300 M€.

Détenu par Adrian Sârbu, "MediaPro", possède les télévisions "Pro TV"(330 000 téléspectateurs) et "Acasa" ("A la maison", 170 000 téléspectateurs), aveclesquelles il réalise un chiffre d'affaires publicitaire annuel de 80 M€, les radios "ProFM" (675 000 auditeurs), “Info Pro” (110 000), des journaux, "Gîndul", et maga-zines, plutôt dans le domaine économique, "Ziarul financiar", "Business Magazin","Maxim", "Playboy", "Apropo", "Promotor", "Descopera", "Target". Le groupeest également propriétaire de l'agence de presse "Mediafax", d'une imprimerie et desstudios de cinéma "MediaPro" de Buftea (banlieue nord de Bucarest).

Sa télévision, "Realitatea TV" constitue le joyau du groupe du même nom,acquis au fil des ans par Sorin Ovidiu Vîntu (90 M€ de chiffre d'affaires). Avec ses110 000 téléspectateurs, le poste est en pleine croissance et SOV s'efforce de débau-cher les plus grands noms du journalisme ou des présentateurs pour augmenter sonaudience. Son groupe comprend aussi deux radios, "Radio Guerilla" et "Total".L'acquisition du groupe "Academia Catavencu" lui a permis de mettre la main nonseulement sur l'hebdomadaire satirique du même nom et ses 420 000 lecteurs, maisaussi sur les magazines "24 Fun", "Bucataria pentru toti" ("La cuisine pour tous "),"Aventuri la pescuit" ("Aventures de pêche"), "Superbebe", "Tabu"… et l'éditionroumaine du "Monde diplomatique", considéré comme un mensuel gauchisant enFrance !

Dan Voiculescu, ancien "apparatchik" communiste, a constitué le groupe de pres-se sans-doute le plus important, baptisé "Grupul Intact". "Antena 1" constitue savitrine télévisuelle avec 270 000 téléspectateurs quo-tidiens, en prenant en compte seulement les milieuxurbains. Deux autres chaînes de télévision l'ontrejointe, "Antena 3" et "Euforia TV". Le magnatpossède aussi "Radio Romantic", mais il est égale-ment très présent dans la presse écrite avec"Jurnalul National", dont il a relancé la formule(800 000 lecteurs chaque jour) et le quotidien sportif"Gazeta Sporturilor" (615 000 lecteurs), lançant desmagazines comme "Tango" et "Top Gear".

Un Suisse dans la jungle

Le groupe suisse Ringier, spécialisé dans la pres-se écrite, présent dans onze pays et à la tête d'une centaine de titres, apporte un peu detransparence et de moralisation dans cette jungle… du moins l'espère-t-on. Plus grandtirage de la presse quotidienne roumaine avec le tabloïd "Libertatea" (un million delecteurs) qui a emprunté à la presse de caniveau anglaise ses scandales et paires defesses, il a également investi dans la presse dite de qualité, en rachetant le quotidien"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour", 620 000 lecteurs). Il possède aussi lequotidien sportif "ProSport" (480 000 lecteurs), "Capital", leader des publicationséconomiques, les guides de télévision "TV Mania" et "TV Satelit", et le seul journalgratuit roumain "Compact". Le groupe s'est également spécialisé dans la presse fémi-nine avec le mensuel "Unica", les magazines "Bolero", "Lumea femeilor" ("LeMonde des femmes"), "Bolero" et "Libertatea pentru Femei".

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Le rapport de suivi de la Commission européenne asouligné les progrès intervenus en matière de res-pect des critères politiques en Roumanie, mais

aussi szes carences dans le domaine administratif. “On s'aperçoit que les principales difficultés subsistant

pour l’adhésion de la Roumanie sont essentiellement d'ordreadministratif, susceptibles de la pénaliser en pre-mier lieu et non pas ses futurs partenaires del'Union et qu'elles ne peuvent donc pas être invo-quées pour retarder l'adhésion de ce pays. il fautadmettre que les critiques les plus lourdes figurantdans les précédents rapports ont disparu et qu'il nesubsiste que des questions mineures que les auto-rités roumaines s'attachent à résoudre. On peut,d'ailleurs, se demander avec une certaine malicece que donnerait un rapport de la Commissionévaluant la situation d'Etats membres de l'Uniondepuis plusieurs décennies ...

Voici la liste des principaux problèmes que laRoumanie doit régler au plus vite, même si c'estaprès la date de son adhésion :

Lutte contre le piratage et la contrefaçon

En la matière, les structures administratives sont en placemais les capacités générales de mise en œuvre demeurentfaibles. La Commission souhaite donc un renforcement detoute urgence de la lutte contre le piratage et la contrefaçon.

Un plan d'action sur les droits de propriété intellectuelle etindustrielle est en vigueur depuis octobre 2005 et un servicespécifique du Parquet a été établi auprès de la Haute cour decassation et de justice en janvier 2006, regroupant dix procu-reurs. De même, un procureurspécialisé a été nommé danschacun des 41 parquets régio-naux.

Pollution industrielle:redresser vite le tir

La Commission note quela capacité d'octroi de permispour toutes les installationsindustrielles soumises à ladirective sur la prévention et laréduction intégrées de la pollu-tion (IPPC) représente un défimajeur, puisqu'en septembre2005, 13 permis intégrésavaient été délivrés sur les 716exigés à la date de l'adhésion.

A la suite de cette observa-tion, le gouvernement roumain a adopté, en novembre 2005,une nouvelle réglementation et a recruté du personnel.

Grippe aviaire: une réaction remarquable

Sur ce point, les critiques ne doivent pas être excessives.D'abord parce que la Roumanie a interdit la vaccination contrela peste porcine, conformément aux exigences européennes,depuis le 1er janvier 2006. Ensuite, car ce pays a eu le coura-

ge politique de fermer 161établissements de transfor-mation de viande animaledepuis septembre 2005 et94 unités de traitement dulait, soit respectivement 23% et 18 % du total des ins-tallations concernées.Enfin, la Roumanie qui, àce jour, est le pays européenle plus touché par l'épizoo-tie de grippe aviaire, a faitpreuve d'une efficacitéexemplaire dans la prise encharge de cette crise, souli-

gnée par tous ses partenaires.En dernier ressort, les difficultés signalées dans les quatre

secteurs précités relèvent toutes d'un même facteur, identifiédepuis de longues années : l'insuffisance des capacités admi-nistratives roumaines.

Plus de cent mille pages de réglementations à traduire…et à appliquer

L'adhésion à l'Union Européenne impose de disposerd'une administration efficace. Déjà parce qu'il faut traduire et

transposer dans le droit national les quelque 90 000pages que représentent l'acquis communautaire (aux-quelles s'ajoutent les 15 000 pages des arrêts "fonda-mentaux" de la Cour de justice des Communautéseuropéennes). Ensuite - et surtout - parce qu'il faut êtreen mesure de gérer au mieux les ressources communau-taires attribuées, dans un premier temps, au titre desaides de pré-adhésion, puis au titre des fonds structurels.

Pour l'heure, le bilan dressé par la Commissioneuropéenne n'est guère flatteur: "la fonction publique aencore un long chemin à parcourir avant de pouvoir êtrequalifiée d'apolitique et de professionnelle". Cetteappréciation globale mérite certainement d'être nuancée.Le chef de la délégation de la Commission à Bucarest aainsi fait part au rapporteur de son jugement positif surl'administration locale. Il existe également, au niveaucentral, des différences sensibles entre les ministères.L'adhésion peut d'ailleurs faire craindre le départ dequelques-uns des meilleurs agents publics vers les postesréservés au sein des institutions communautaires.

Le risque principal demeure néanmoins l'impossibilitéd'employer la totalité des fonds communautaires.

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Communication Quatre grands groupes de “Les problème administratifs contrarientl'adhésion, sans la remettre en cause”

Europe

(Suite de la page 43)

- Même sans savoir ce quecontient son dossier, et au nom dela présomption d'innocence, vote-riez-vous pour Mona Musca ?

- Il est bien entendu que je n'au-rais plus confiance. Mais de toutesfaçons je n'étais pas vraiment une deses sympathisantes, j'avais commeune intuition. Elle a beaucoup dequalités, mais le fait d'être aux côtésde M. Stoica**… Je voudrais bienvoir le dossier de Stoica.

- Vous pensez y trouverquelque chose ?

- Je ne sais pas, je soupçonne.Le PNL (Parti National Libéral) a faitbeaucoup de mal.

- Est-il trop tard pour démas-quer les anciens membres de laSecuritate et leurs collaborateurs?

- Il n'est jamais trop tard.Démasqués ils seront éliminés. Noussaurons qu'on ne doit plus les res-pecter et les gens se rendront comp-te qu'ils avaient cru des menteurs”.

* Ministre de la culture sous le prési-dent Constantinescu (1996-2000), égériedu combat pour les Droits de l'homme…et démasquée en août dernier, pour avoirété collaboratrice de la Securitate.

** Dirigeant du Parti National Libéral,qui vient de l’exclure de ses rangs.

(Rythme des réformes, en 2004) Bruxelles auPrésident Iliescu et à Adrian Nastase: “Maintenant,

il serait temps d’accélérer la cadence”. Vali

presse se partagent le pays

Le ministre de la Santé, le Président et le Premier ministre:

“Nous nous occupons de la réforme de la santé”... “Moi aussi”. Gazdaru

DoinaCornea

Page 45: OUMANIe · 2010. 11. 22. · 2 A c t u a l i t é Moldavie Les N OUVeLLes de R OUMANIe BUCAREST ORADEA BAIA MARE z z z TIMISOARA ARAD z SIBIU z z IASI BRASOV CONSTANTA CRAIOVA TARGU

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

“Tsiganes: un problèmeEurope

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La situation des journaux s'améliore

Officiellement au nombre de 535 000 d'après le dernier recensement de2002, les Tsiganes de Roumanie pourraient en fait représenter 3 000000 de personnes, selon Mariea Ionescu, Présidente de l'Agence natio-

nale pour l'intégration des Tsiganes. Le rapporteur souligne que cette populationn'a jamais réellement pu s'intégrer.

“Soumise à un statut d'esclavage jusqu'en 1864, la communauté tsigane n'a pasconnu de véritables changements dans sa situation de fait après cette date et jusqu'à laseconde guerre mondiale où le gouvernement pro-nazi de Ion Antonescu a procédé àune déportation en masse des Tsiganes vers la Transnistrie, ce qui aurait entraîné lamort de 35 000 d'entre eux. Par la suite, le pouvoir communiste a mené une politiqued'assimilation forcée, tendant notammentà les sédentariser.

Aujourd'hui encore, les Tsiganes sedistinguent du reste de la population rou-maine, moins par l'usage d'une languespécifique ou par la religion (ils prati-quent habituellement la langue roumaineet sont majoritairement orthodoxes) quepar leur niveau de vie: 75 % des Tsiganesvivent en dessous du taux de pauvreté et52 % sont même en situation de grandepauvreté (pour la population roumaine ces taux sont respectivement de 24 % et de9 %). Ils se différencient aussi par leurs pratiques matrimoniales, 35 % des femmes semarieant avant 16 ans et, parfois, avant même d'atteindre leur 10 ans.

Dans le cadre des négociations d'adhésion, l'Union Européenne a beaucoup insistésur la protection et l'intégration de la minorité Rom. Une stratégie d'amélioration de lasituation des Tsiganes a donc été adoptée en 2001 et l'Agence nationale pour l'inté-gration des Tsiganes est chargée de la planification, de la coordination et du contrôledes mesures afférentes à cette stratégie, qui s'étend sur dix années.

Engagement insuffisant des autorités roumaines

Malgré son adoption relativement récente, cette stratégie commence à produiredes effets. La Commission note que "des avancées positives ont été réalisées dansl'amélioration de l'accès des Tsiganes aux secteurs de l'éducation et de la santé". Demême, l'avis consultatif adopté en 2005 au sein du Conseil de l'Europe observe queces mesures "commenceraient à produire graduellement des effets, dans les différentssecteurs - logement, emploi, santé, formation professionnelle". On doit ajouter que laminorité Rom bénéficie d'une représentation au sein du Parlement (cinq députés) etque, récemment, cinq policiers Tsiganes ont été recrutés par le ministère de l'intérieur,pour tenter d'établir une meilleure communication avec cette communauté.

Pourtant, la Présidente de l'Agence pour l'intégration des Tsiganes a déclaré aurapporteur ne pas être optimiste, regrettant que la stratégie soit essentiellementfinancée par des programmes communautaires, ce qui dénote un engagement insuffi-sant des autorités roumaines. Si une infime minorité de Tsiganes est parvenue à s'inté-grer et si une autre minorité vit de façon aisée grâce à des profits issus de la crimina-lité dans ce que l'on qualifie sur place même de "villages parcmètres" par référence àl'origine des fonds, il faut constater que la plupart d'entre eux continuent à être margi-nalisés et victimes d'exclusion sociale. Durement frappés par le chômage, vivant par-fois dans de véritable taudis, disposant d'un accès restreint aux services de santé, ilsfont souvent l'objet de discriminations et de racisme.

Le problème Rom n'est toutefois pas spécifique à la Roumanie. C'est en fait unproblème commun à l'ensemble des Etats de l'Union Européenne et la France sait parexpérience qu'il n'est pas facile à résoudre”.

“Membre de l'Union européenne,la Roumanie devrait recevoir environ31 milliards d'euros de fonds commu-nautaires pour la période 2007-2013,soit plus de 4 milliards d'euros par an.Par ailleurs, dès la première annéede son adhésion, elle devrait contri-buer au budget de l'Union pour unesomme approchant 1 milliard d'euros.

En principe, le bilan financier del'adhésion devrait donc être large-ment positif pour la Roumanie.Pourtant, les difficultés d'absorptiondes fonds de préadhésion fontcraindre un bilan bien moins avanta-geux et on évoque même le risque devoir la Roumanie être contributricenette au budget de l'Union en 2007.

Ce risque ne doit pas êtreexagéré, même s'il est exact que l'ad-ministration roumaine, accaparée parl'achèvement de la procédure d'adhé-sion, ne semble pas préparer suffi-samment de projets pour l'utilisationdes fonds structurels.

Des progrès sont néanmoins per-ceptibles. Les capacités administra-tives de l'Agence de paiements etd'interventions, responsable de lagestion des fonds communautairesalloués à l'agriculture, sont passéesde 16 employés à 1 047 personnesen un an et il est prévu d'atteindre uneffectif de 3 900 employés fin 2006.Dans ces conditions, la Roumanieserait aussi prête que ne l'étaient laPologne ou la Hongrie en 2004. PourJonathan Scheele, représantant del’UE à Bucarest, la capacité roumaineà utiliser les fonds structurels estbeaucoup plus positive aujourd'huiqu’endoctobre 2005, même s'il sub-siste encore des difficultés”.

“Un risque de devenircontributeur net au budget de l’UE”

Communication

Al'occasion de la Journée mondiale de la presse, le3 mai dernier, le Club de la presse roumaine aindiqué que les agressions envers les journalistes

en Roumanie ont continué en 2005. Par ailleurs, ce Club aaffirmé que les services publics de radio et de télévision res-taient sous la mainmise d'intérêts politiques, ce qui se vérifieaussi dans nombre de pays occidentaux.

Si pour Mircea Toma, le directeur de l'Agence de super-vision de la presse roumaine, interrogé par radioMIX, lesméthodes de manipulation sont aujourd'hui plus "sophisti-quées", de nombreux journalistes estiment que depuis

quelques années, mis à part des cas ponctuels, la situation dansle pays s'est bien améliorée.

"Il n'y a presque plus de "publicités gouvernementales",affirme Luca Niculescu, rédacteur en chef de Radio FranceInternationale Roumanie. Celles-ci permettaient de “récom-penser” les “bons journaux”. Aujourd'hui les publicités dansles médias sont organisées de façon transparente, et c'est unevictoire de la société civile. Le probléme actuel est la "tabloï-disation" de la presse roumaine, il y a beaucoup de titres et laqualité n'est pas toujours au rendez-vous".

(LPJ - Bucarest)

De retour au Québec, un jour-naliste publiait, voici unsiècle et quart dans L'opinion

publique de Montréal (n° daté du 25 jan-vier 1977), ses impressions de voyage enRoumanie, pays largement méconnu àl'époque et qui luttait pour arracher sonindépendance aux Turcs:

"A demi perdu au milieu des grandesnations slaves qui se disputent l'orient del'Europe, se trouve un petit peuple qui arelevé orgueilleusement le nom desconquérants de l'ancien monde. Cepeuple était resté presque inconnu jusqu'ànos jours, et il a fallu les graves événe-ments qui ont précédé la guerre deCrimée pour faire apprécier son impor-tance et apprendre à l'Europe que, par lalangue et l'origine, les Roumains sontaussi latins que les Espagnols et lesFrançais.

C'est un phénomène vraiment étran-ge et qui témoigne d'une singulière téna-cité chez le peuple roumain, qu'il ait pumaintenir ses traditions, sa langue, sanationalité au milieu des chocs violentsqui n'ont pas manqué de se produire sur

son territoire entre les ravageurs de touterace.

Depuis la retraite des arméesromaines, tant de bandes détachées dugros des envahisseurs goths, avares, hunset petchénègues, tant d'oppresseursslaves, bulgares et turcs ont successive-ment opprimé les paisibles cultivateursdu pays que leur disparition, comme racedistincte, aurait pu sembler inévitable.Mais en dépit des inondations et desremous de peuples qui ont, à diversesépoques, recouvert la population desDaces latinisés, ceux-ci, grâce sans douteà la culture plus haute qu'ils tenaient deleurs ancêtres et qu'ils gardaient à l'étatlatent, ont toujours fini par émerger dudéluge dans lequel on les croyait englou-tis. Les voici maintenant qui, dégagés detout élément étranger, se présentent aumilieu des autres peuples et réclamentleur place, comme nation indépendante !Ils justifient amplement leur vieux pro-verbe: Românul nu piere! ("Le Roumainne meurt pas ").

La Parisienne de l'Orient

En général, les Roumains de la plai-ne, et parmi eux principalement lesValaques, ont de beaux visages bruns, lesyeux pleins d'expression, une bouchefinement dessinée montrant dans le riredeux rangées de dents d'une éclatanteblancheur; ils se distinguent par la peti-tesse de leurs pieds et de leurs mains etpar la finesse de leurs attaches. Ils aimentà laisser croître leur chevelure, et l'onraconte que nombre de jeunes hommes se

font réfractaires au service de l'arméeuniquement pour sauver les bellesboucles flottant sur leurs épaules. Adroitsde leur corps, lestes, gracieux dans tousleurs mouvements, ils sont, en outre,infatigables à la marche et supportentsans se plaindre les plus dures fatigues.Ils portent leur costume avec une aisanceadmirable, et même le berger valaque,avec sa haute caciula ou bonnet de poil demouton, la large ceinture de cuir qui luisert de poche, la peau de mouton jetée surune épaule, et ses caleçons qui rappellentla braie des Daces sculptés sur la colonnede Trajan, impose par la noblesse de sonattitude.

Les femmes de la Roumanie sont lagrâce même. Soit qu'elles observentencore les anciennes modes nationales etportent la chemisette brodée, la veste flot-tante, le grand tablier multicolore où

dominent le rouge et le bleu, la résille d'oret de sequins sur les cheveux, soit qu'ellesaient adopté la toilette moderne, ellescharment toujours par leur élégance etleur goût. A ses avantages extérieurs, laRoumaine ajoute une intelligence rapide,une gaieté communicative, un esprit derépartie qui en font la Parisienne del'Orient".

En pleine guerre d'indépendance contre les Turcs un journaliste québécois découvrait la Roumanie

" Românul nu piere ! "... "Le Roumain ne meurt pas !"

à la dimension de l'Europe”

La conquète du fort de Grivita.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

En 1972, Yves Lelong, 21 ans, rencontre Doina, 20 ans, en même temps qu'ildécouvre la Roumanie. Les deux amoureux se marient en 1978, mais ce nefut pas sans difficultés… A l'époque c'était le sort réservé aux candidats au

mariage avec un citoyen ou une citoyenne roumaine. Aujourd'hui, ils sont parents dedeux grandes filles et retournent régulièrement dans ce pays. Après la période d'uneRoumanie relativement "heureuse" (1972-1976), Yves Lelong, concerné au premierchef, nous relate, à travers son exemple personnel, les péripéties rencontrées par lescouples mixtes pour avoir le droit de vivre ensemble… prémices à l'évolution qu'al-lait subir le pays, à partir de 1977, à la suite du voyage de Ceausescu en Chine et Coréedu Nord, et le conduire à la décennie de misère des années 80… Voici le troisièmevolet de ses souvenirs.

Grève de la faim pour certains amoureux

Il y avait beaucoup de domaines oùCeausescu ne facilitait pas la tâche de ses com-patriotes: pouvoir voyager, s'informer, s'expri-mer librement en étaient les plus criants… Maisil y en avait un autre qui nous concernait au plushaut point, ne relevait pas non plus de la sinécu-re et dont on parlait beaucoup moins. C'étaitcelui de pouvoir se marier avec un étranger.

Lorsque nous avons pris la décision de nousmarier, Doina et moi, nous ne partions pas enterrain inconnu. Nous savions que la tâche neserait pas facile. A cette époque, il y avait eu lecas rapporté par les médias d'un jeune Françaisen grève de la faim afin de pouvoir obtenir l'au-torisation de convoler avec sa fiancée roumaine.Et une jeune voisine de Doina avait été

confrontée à ces difficultés pour s'être mariée avec un Italien.

Autorisation du Conseil d'Etat et des parents… bien que majeure

Quelles étaient donc ces difficultés ? La principale d'entre elle était d'obtenir l'au-torisation du Conseil d'Etat roumain. Les autres se composaient de tous les petits à-côtés riches en tracasseries et désagréments de tout poil dont les autorités locales pou-vaient se montrer friandes. Et une incohérence: bien que majeure, Doina devait avoiraussi l'autorisation de ses parents.

Ce fut donc à elle de se charger des formalités administratives. Nous avons consti-tué un dossier qu'elle transféra au Conseil d'Etat. Puis, il fallut attendre…Longtemps…

Nous avons reçu une première décision au cours de l'été 77 soit un an après. Cefut un refus non motivé, bien entendu. Nous nous y attendions. Tout était fait pourdécourager les candidats au mariage.

Nous avons fait appel de la décision. A partir de ce moment-là, je décidais d'aler-ter tout ce que la France pouvait compter d'officiels et de personnalités susceptibles depouvoir nous aider. J'écrivis donc notamment à Valéry Giscard d'Estaing, président dela République, Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français,Lucien Gautier, sénateur et président du groupe d'amitié parlementaire France-Roumanie… Je relançais régulièrement l'ambassade de Roumanie pour connaître l'é-tat d'avancement de notre dossier. Invariablement, le réponse était: votre dossier est encours d'instruction.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

MORAVITA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

SIBIU

suivi la publication du dernier rapport de suivi (entre le 30 sep-tembre 2005 et le 7 février 2006).Parmi ces inculpés, on recensenotamment trois juges du tribunal deBucarest.

La corruption existe malheureu-sement à tous les niveaux de lasociété roumaine. Selon l'ONGTransparency International,ce pays seclasserait en 85ème position à l'échel-le mondiale avec un indice de per-ception de la corruption de 3 en 2005,c'est-à-dire un ratio qui le situerait endernière position de l'Unioneuropéenne, derrière la Bulgarie(autre pays candidat, dont l'indice est évalué à 4), mais finale-

ment très proche de la Pologne (3,4). Même si ce type de clas-sement établi par une ONG doit êtremanié avec beaucoup de précau-tions, il témoigne d'une difficultéreconnue par tous en Roumanie etqui s'explique largement par lamodicité des salaires perçus, en par-ticulier par les employés du secteurpublic. Des efforts sont cependantengagés pour lutter contre ce fléau,notamment à l'encontre du personneldes douanes et de la police des fron-tières, qui fait l'objet de tests d'inté-grité et de contrôles inopinés (en2005, par exemple, 41 agents de la

police des frontières ont été renvoyés devant la justice)”.

Les accords d'HelsinkiLa conférence sur la sécurité et la

coopération en Europe débuta àHelsinki en 1973. Elle réunit 37 paysd'Europe, l'URSS, le Canada et lesEtats-Unis. Elle aboutira aux accordsd'Helsinki en 1975 qui reconnaissentles frontières issues de la secondeguerre mondiale, prévoyaient unecoopération économique et techniqueet affirmaient les libertés et des droitsde l'Homme. Ce dernier point servirade référence aux dissidents sovié-tiques. Les dirigeants communistespensaient avoir grugé les naïfs occi-dentaux en leur proposant un marchéde dupes. En fait, celui-ci se révèleratellement pervers pour ces régimesdictatoriaux qu'il contribuera, à terme,à leur chute. Tel était pris qui croyaitprendre...

x x x

“Le plein, s'il vous plaît”

Au début de sa mise en place, lerationnement de l'essence fut large-ment détourné par les touristes étran-gers. Les tickets d'essence, payablesen devises, qui leur étaient allouésne pouvaient être achetés que dansles offices de tourisme ou les grandshôtels. Le prix du litre était quasimentidentique à celui pratiqué à l'Ouestdonc beaucoup moins avantageuxque celui réservé aux Roumains,payables en lei.

Pour échapper à cette contrainte,il suffisait d'avoir recours à la bonnevieille pratique du bakchich. Un billetou un paquet de cigarettes occiden-tales glissés dans la main du pompis-te suffisait à obtenir un plein au tarifréduit. On pouvait donc se contenterd'acheter seulement quelques cou-pons à l'entrée dans le pays.

SIGHET

A. IULIA

les personnalités ne sont plus à l'abri”

Après son adhésion, laRoumanie aura à surveillerune frontière externe de

l'Union européenne qui - s'agissant dela frontière terrestre - concernel'Ukraine, la Moldavie, ainsi que laSerbie-et-Monténégro, note le rapport dela Commission.

“En 2003, en tant que rapporteurj’avais souligné les insuffisances de lapréparation roumaine dans ce domaine,en particulier le manque de personnelset de moyens matériels.

Deux ans plus tard, les informa-tions transmises par les autorités rou-maines, le représentant de laCommission à Bucarest, ainsi que pardes fonctionnaires français de la policeet de la gendarmerie participant à desactions de coopération bilatérales oumultilatérales, convergent pour constaterde nettes améliorations.

Les postes vacants au sein de la poli-ce des frontières sont désormais limités(87,6 % des effectifs sont pourvus à lafuture frontière extérieure de l'UnionEuropéenne) et les recrutements prévusen 2006 devaient permettre de pourvoir laplupart des postes vacants.

Selon les informations recueillies, lecontrôle à la frontière avec la Moldavieapparaît satisfaisant et la Roumanie a déjàvoté les dispositions imposant un régimede visa pour les ressortissants de ce paysà compter du 1er janvier 2007, ce quiconstitue un effort certain, compte tenudes liens étroits entre les populations

vivant des deux côtés de la frontière.En revanche, des difficultés ont été

signalées sur les points de passage avec leHongrie, où s'exercent la pression du fluxmigratoire vers l'Europe, et où la multi-plication des contrôles à réaliser réduitd'autant leur efficacité.

On peut certes indiquer que la

Hongrie n'est pas membre du systèmeSchengen, mais il semble que le contrôlede la frontière Schengen par l'Autrichesoulève aussi quelques interrogations.

La Roumanie dans l'Espace Schengen en 2010 ?

D'une façon générale, ces observa-tions renforcent le rapporteur de laCommission dans sa critique du systèmeSchengen, qui confond la liberté de circu-lation avec l'absence de contrôles interneset dont la centralisation complexifie latâche des services de police.

La Roumanie envisage pourtant derejoindre ce système Schengen à l'horizon

2009-2010. Cette perspective et, avantcela même, l'adhésion de ce pays àl'Union européenne, doivent conduire às'interroger sur l'impact éventuel de cesévénements sur la délinquance roumaineen France.

A cet égard, il faut rappeler que lesinterpellations de ressortissants roumains

sur notre territoire ont doublé après lasuppression des visas depuis le 1er jan-vier 2002.

Les points de vue exprimés par lesinterlocuteurs du rapporteur sur lesconséquences de l'adhésion sont néan-moins divers. Ceux qui pensent que ladélinquance risque d'augmenter fontnotamment valoir l'allégement descontrôles à la sortie de Roumanie et laplus grande difficulté pour opérer desreconductions à l'encontre de citoyens

de l'Union.Il semble donc nécessaire de déve-

lopper encore notre coopération policièreavec les autorités roumaines, qui d'ores etdéjà se montrent "hyper-coopératives".L'ambassade de Roumanie en France, parexemple, est de bonne volonté, ce quiexplique en partie le fait que lesRoumains constituent la nationalité ayantfait l'objet du plus grand nombre dereconductions depuis notre pays en 2005(3 511 reconductions de Roumains, soitune croissance de 38,5 % par rapport à2004).

Une grande partie de ces délinquantsarrêtés en France sont des Roms de natio-nalité roumaine”.

“Une efficacité accrue de la police des frontières”

Doina et Yves Lelong ont remué demandant même leur aide à

Souvenirs

Mariage à la

“Bon, mon cher Micky (ancien ministre appelé MickyBakchich), présumons par l’absurde que la corruption

soit éradiquée, comme disent les occidentaux. Je voudrais alors savoir qui conduira ce pays ?!” Vali

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

BUZAU

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PLOIESTI

CLUJ

IASI

“La Commission relève qu'unenouvelle législation sur les droits del'enfance et l'adoption est entrée envigueur en janvier 2005. Désormais,l'adoption internationale est stricte-ment réservée aux membres de lafamille de l'enfant, afin d'éviter lesdérives à caractère commercialconstatées par le passé. Cette posi-tion ferme de la Roumanie rend beau-coup plus difficile l'aboutissement desprocédures d'adoption préalablementengagées par une vingtaine defamilles françaises. Six d'entre ellesont d'ores et déjà vu leur dossierrejeté par l'office roumain pour lesadoptions en novembre 2005. Undossier a connu une issue favorable,mais la mère adoptive, de nationalitéfranco-roumaine, a réalisé l'adoptionen qualité de résidente en Roumanie.D'une façon générale d'ailleurs,l'adoption nationale est encouragée etplus de 1000 enfants ont pu êtreadoptés par des familles roumainesau cours des derniers mois.

Une autre évolution particulière-ment encourageante mérite d'êtresignalée. Dans ce pays où le nombred'enfants abandonnés à la naissanceavait une fâcheuse tendance à s'ap-procher de 4500 à 5000 par an, on aenregistré 1141 abandons seulementen 2005. Si selon la Commissioneuropéenne, "les conditions de vie sesont sensiblement améliorées et sontgénéralement convenables " dans lesinstitutions accueillant des enfants, lasituation dans les institutions pouradultes handicapés et les cliniquespsychiatriques demeure difficile”.

Lors d’un passage à Bucarest, Jacques Myard a été impressionné par lebruit fait autour de certaines affaires de corruption. Le rapporteur duParlement européen en a déduit que la lutte contre cette calamité était

bien engagée. Les Roumains, eux, pensent que le pouvoir fait beaucoup de vaguessur de petites affaires pour rassurer l’UE, les “gros poissons” passant toujoursentre les mailles du filet, la corruption étant généralisée au plus haut niveau.

“Pendant mon séjour à Bucarest, la vie politique roumaine a été dominée par ledébat à la Chambre des députés visant à autoriser une perquisition au domicile duPrésident de la Chambre - Adrian Nastase, ancien Premier ministre auquel la justicereproche notamment d'avoir fait construire un immeuble à un prix sous évalué etd'avoir, en échange,nommé le chef duchantier à un posteimportant au sein duministère des travauxpublics, où il pouvaitbéneficier de pots devin. Le vote a conduit àun rejet de la demandede perquisition, maisaprès un débat public ettransparent auquel lapresse roumaine adonné un large écho.De plus, dès que lesrésultats du vote ont été connus, la justice roumaine a annoncé que l'enquête se pour-suivrait. Quelques jours plus tard, Adrian Nastase était d'ailleurs contraint de démis-sionner de ses fonctions de Président de la Chambre et de Président exécutif du PSD.

Cette affaire est révélatrice du changement profond intervenu en Roumanie, quin'hésite plus à mettre en cause les plus hauts responsables politiques.

Le cas Nastase n'est pas un dossier isolé. L'ex-ministre de l'industrie, Dan IoanPopescu, a récemment été convoqué par le Parquet. Des enquêtes concernent égale-ment des membres de la coalition au pouvoir: sont ainsi visés George Copos, vice-Premier ministre chargé des PME et l'actuel Premier ministre, Calin Tariceanu.

Au dernier rang de l'UE

Dans son rapport d'octobre 2005, la Commission européenne se félicitait del'adoption récente de nouvelles lois concernant aussi bien la levée de l'immunité desanciens ministres que les déclarations de patrimoine des élus, mais elle insistait sur lapriorité à accorder à la mise en œuvre "rigoureuse" de la législation. Ce message amanifestement été entendu par les autorités roumaines. La société civile sait égale-ment utiliser les nouveaux instruments mis en place par la loi, comme l'illustre la cam-pagne de presse ayant suivi la mise en ligne obligatoire sur Internet des déclarationsde patrimoine des élus, dont l'un des aspects les plus retentissants a porté sur l'"héri-tage" d'un million d'euros légué à Adrian Nastase par sa vieille tante Tamara, qui deson vivant ne bénéficiait pourtant que d'une pension très modeste selon les investiga-tions des journalistes.

La principale institution en charge des poursuites dans les affaires de corruptionest le département national de répression de la corruption (DNA), qui dépend désor-mais du Parquet et qui, conformément au souhait exprimé par la Commissioneuropéenne, démontre "qu'il est pleinement capable de traiter de manière efficace desdossiers politiquement sensibles de corruption au plus haut niveau".

Hormis les affaires impliquant des hommes politiques, le DNA, qui ne s'occupeque des infractions les plus graves (les montants concernés doivent être supérieurs à10 000 euros), a ainsi renvoyé devant les tribunaux 64 personnes dans les mois ayant

“Environ 1100 enfants abandonnés en 2005contre 4 à 5000 auparavant”

PIATRANEAMT

CHISINAU

Europe ciel et terre pour pouvoir convoler… Georges Marchais et Giscard d'Estaing

Il fallut encore attendre quelques mois jusqu'à ce matin defévrier 1978 où je reçus un appel téléphonique du consul deRoumanie à Paris. Il avait un très fort accent et j'eus du mal àle comprendre. Il me proposa un rendez-vous à l'ambassade,rue de l'Exposition à Paris pour le surlendemain.

La bonne nouvelle devant une tasse de café

Le consul me reçut chaleureusement. C'est devant unetasse de café qu'il m'annonça la bonne nouvelle que nous atten-dions depuis un an et demi. Le Conseil d'Etat roumain avaitdonné son accord. Nous allions pouvoir nous marier. Il s'excu-sa des désagréments que l'on nous avait causés. Il me montra

les lettres d'in-tervention ennotre faveur qu'ilavait sorties d'unépais dossiernous concernant.

Paradoxe durégime... Je revisle consul lorsqueDoina alla sefaire enregistrer

au consulat, à son arrivée en France. Il est venu nous voir tou-jours aussi chaleureusement pour nous féliciter.

Avant Doina, j'avais donc été le premier informé. Dès lafin de notre entrevue, je me rendis dans un bureau de poste etje lui envoyais un télégramme pour la prévenir. Le soir même,je réussis à joindre des amis de Timisoara par téléphone pourleur annoncer la bonne nouvelle.

"Pourquoi choisir un Français…alors qu'il y a de si beaux et jeunes Roumains?"

Dès que Doina eût reçu le courrier officiel du conseild'Etat nous notifiant l'autorisation de mariage, je partis pourTimisoara. Il fallait battre le fer tant qu'il était chaud. En dixjours, les démarches étaient accomplies et, de ce fait, nousn'avons pas choisi la date: notre mariage eut lieu à Timisoara,le 1er avril 1978. Drôle de date: ce jour-là n'eut pas le goûtd'un poisson d'avril, bien au contraire…

Nous sommes allés ensuite à Bucarest à l'ambassade deFrance pour faire enregistrer notre mariage. Je constatais que,là aussi, un volumineux dossier avait été constitué sur monnom.

Au mois de juillet, je retournais chercher Doina. Elle avaiteffectué toutes les démarches nécessaires pour pouvoir quitterle pays. Nous avons franchi la frontière par la Yougoslavie auposte de Stamora Moravita.

Le flic, en contrôlant nos passeports, ne put s'empêcher dedonner à Doina une petite leçon de morale patriotique.Pourquoi se marier avec un Français alors qu'elle avait eu le

choix parmi tant debeaux et jeunesRoumains…

L'arrivée en You-goslavie fut pourDoina la découverted'un autre monde. Je larevois en train de s'extasier devant les vitrines et de son éton-nement devant celle notamment où des machines à écrireétaient exposées. La détention d'une machine à écrire enRoumanie, et plus largement dans tous les régimes commu-nistes, était strictement interdite.

Beaux-parents otages

Au terme de notre première année de mariage, en 1979,nous avons décidé d'inviter les parents de Doina à venirensemble nous rendre visite. Là aussi, nous savions que latâche ne serait pas facile. Il était très rarement accordé à uncouple en activité professionnelle de pouvoir voyagerensemble à l'étranger. A fortiori dans un pays occidental. L'undes deux époux devait rester au pays, en "otage".

Ce fut effectivement le cas pour eux. Seul mon beau-pèrereçut son visa de sortie.

L'année suivante, ce fut le tour de ma belle-mère. Ils sontvenus une seule fois ensemble, en 1987 lorsqu'ils furentretraités. Une autre fois en 1990 après la "révolution" mais là,les circonstances n'étaient plus les mêmes.

Quant au frère de Doina, il ne put jamais venir, malgréplusieurs invitations et une demande d'explication, à la suite deplusieurs refus, au consulat de Roumanie. Le régime roumains'asseyait royalement sur les fameux accords d'Helsinkiconclus en 1975 au cours de la conférence sur la sécurité et lacoopération en Europe et dont il était signataire. Ces accords,qui comportaient un volet surles libertés et les droits del'homme prévoyaient notam-ment que toutes les facilitésdevaient être fournies auxmembres d'une même famillepour pouvoir se rendre visite(voir encadré).

Et ce fut en septembre1979, lors de notre premiervoyage de retour, pour unevisite familiale, en Roumanieque l'on sentit s'amorcer les prémices des difficultés quiallaient amener la Roumanie sur le chemin de la misère.Lesautorités commencèrent à imposer un rationnement sur l'es-sence. Les touristes étrangers devaient s'approvisionner aumoyen de bons d'essence payables en devises (voir encadré).Nous étions à l'aube des années 1980, celles des années noires.

Yves Lelong (Article à suivre).

“Corruption:

Le président Basescu, embarqué avec sa ministre de lala Justice, Monica Macovei, et le représentant de l’UE: “CherMonsieur, j’en ai pris aucun, mais j’ai mis leurs nerfs à cran !”

Roumaine sous Ceausescu

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Ces progrès sont imputables à la volonté des autorités rou-maines d'adhérer au plus vite et dans les meilleures conditionsà l'Union européenne. Ils peuvent aussi être mis au crédit dutravail de la Commission européenne, qui a certainement faitpreuve d'un peu de zèle dans le suivi du processus d'adhésionde la Roumanie (ainsi que de la Bulgarie), mais qui, par làmême, a aussi aidé l'adminis-tration roumaine à identifier lessecteurs à problèmes et à sediscipliner.

Il est par ailleurs certainque la Roumanie pourra mieuxse réformer et progresser enétant membre de l'UnionEuropéenne qu'en étant main-tenue à l'extérieur. La pressiondes pairs et l'éventualité derecours en manquement sus-ceptibles de déboucher sur descondamnations devant la Courde justice des Communautéseuropéennes constitueront desérieuses incitations à évoluer et à combler les lacunes.

A titre d'exemple, le risque de voir la Commission, enqualité d'organe d'exécution du budget, refuser de débloquerdes crédits issus du budget communautaire si la Roumanien'offre pas les garanties nécessaires quant à sa capacité à lesdépenser correctement, conformément aux exigences de lapolitique agricole commune ou des fonds structurels, devraitconstituer un excellent argument pour améliorer les capacitésadministratives dans ces secteurs.

Le rôle essentiel de la France

Comme le faisait remarquer au rapporteur Vlad Iliescu,secrétaire d'Etat à l'intégration européenne au ministère de lasanté, on peut comparer la procédure d'adhésion avec le sportde haut niveau; l'entraînement ne suffit pas, pour donner lemeilleur de soi: il faut participer à la compétition.

Lorsque la Roumanie a fait acte de candidature à l'UnionEuropéenne, la France a été le plus ardent défenseur de cepays, avec lequel elle entretient depuis longtemps des liensétroits… même si Paris a semblé traîné la jambe dans la der-nière ligne droite, à la suite de l'échec du référendum sur laConstitution européenne, qui a beaucoup nui à son image à l'é-

tranger.. Le sommet de la fran-cophonie, qui s'est tenu àBucarest en septembre 2006,illustre l'importance des rap-ports culturels entre les deuxpays. Si la langue françaisearrive désormais en secondeposition dans l'enseignementroumain, elle n'en demeure pasmoins pratiquée par un quart dela population.

Il suffit pour s'en rendrecompte de puiser dans les écritsdu grand historien et écrivainroumain Nicolae Iorga: "Dansles grandes crises, où l'on

connaît mieux les sentiments des peuples comme des hommes,le cœur des Roumains battit toujours pour la France, laFrance dont il avait adopté toutes les institutions, toutes leslois." ou bien de s'en remettre au général Henri MathiasBerthelot, Chef de la mission militaire alliée en Roumanie,entre 1916 et 1918 qui, lors du passage d'un détachement rou-main pendant le défilé militaire du 11 novembre 1919 sur lesChamps Elysées, célébrant la victoire, s'exclama, à l'intentionde son voisin de tribune, le généralissime des armées alliées:"Foch, saluez ! C'est la famille !".

Faciliter l'entrée de la Roumanie dans l'Union Européenneest donc, logiquement et sentimentalement, une ardente obli-gation pour la France. L'adhésion au 1er janvier 2007 scellerases retrouvailles avec une nation qui par la culture et la géos-tratégie appartient incontestablement à l'Europe et plus encoreà " l'Europe des lumières " dont la France s'est fait le championau cours des siècles”.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Tourisme

ACraciunesti, nous sommes dans le village OVR le plus au nord de laRoumanie, au bord de la rivière Tisa qui fait frontière avec l'Ukraine. Ici,plus de portails sculptés, ni de grosses maisons au toits pentus, l'architec-

ture typique du Maramures a disparu, bien qu'on soit dans ce judet. Les maisons sontentourées de jardins fleuris, et semblent serrées les unes contre les autres, le long depetites rues en terre battue. Le temps semble suspendu et au bord de la rivière, uneimpression de no man's land donne un charme mystérieux à ces lieux. Pour trouvez lamaison de Vasile, c'est assez difficile car les habitants n'ont pas donné de noms auxrues, alors téléphonez lui avant d'arriver, il viendra vous chercher.

Craciunesti est une étape de repos bienvenue, si on vient de Bucovine avant desillonner le Maramures ou le contraire. La commune recèle des trésors merveilleux àdécouvrir avec Vasile Boiciuc. Ainsien est-il de la promenade au bord dela Tisa. En contrebas du village, cetterivière capricieuse modifie sanscesse son cours et fait perdrequelques hectares de territoire à laRoumanie au profit de l'Ukraine ! Sivous voulez, Vasile, d'origineUkrainienne, vous emmènera en voi-ture voir ses copains de l'autre côté.

A quelques centaines de mètres du village, la surprise est au tournant du chemin,niché dans les arbres, un touchant petit cimetière juif. Hier encore abandonné auxherbes folles, depuis 4 ou 5 ans, il est entretenu par un jeune Roumain. Maintenant ilfaut donner une obole pour le parcourir, les temps changent ! Ici, avant, comme àSighet, la communauté juive était importante, depuis elle s'est dispersée. Dans le vil-lage de Tisa au n° 312, dans une maison coquette, la plus étonnante des rencontres,vous attend, celle de Maria Pipas, membre de l'académie des arts traditionnels deRoumanie. Elle possède avec son mari un extraordinaire musée privé, résultat de 40années de recherches et de passion. Dans cette maison-musée, des objets rares d'artpopulaire de la région, mais surtout une collection inestimable de nombreusesdizaines d'œuvres de peintres et de graveurs roumains cotoient dentelles et servicesen porcelaine. C'est une visite fabuleuse et enthousiasmante d'autant plus que vousrencontrerez un couple charmant.

Fête romano-ukrainienne

Dans les environs, le visiteur trouvera largement son temps à employer, allant dedécouverte en découverte. Ainsi, à Rona de Jos, sur la colline, vous pourrez admirerune église en bois de chêne et un artisanat de costumes traditionnels. C'est le départde multiples balades sur les montagnes au dessus de la Tisa et aux confins de la sépa-ration des vallée de l'Iza et de la Rona. De nombreuses fêtes se déroulent dans larégion, dont celle de Sighetu Marmatiei, le 2ème week-end d'août, à l'occasion d'ungrand rassemblement romano-ukrainien, avec joutes sportives, danses, musiciens vir-tuoses du violon. Au total, un accueil chaleureux, dans un village sans histoire, où ona envie de retourner pour son charme indéfinissable, mais aussi pour aller voir, avecVasile, l'autre côté si proche, et certainement aussi, retourner voir M. et Mme Pipas !

Martine et Jean Bovon-Dumoulin

BUCAREST

ORADEA

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NADLAC

Roumanie pourra mieux se réformerAu pays où le temps semble suspendu

Afin que ces textes ne restent pas lettremorte, comme ça été le cas jusqu’ici, laministre de la justice, Monica Macovei,mène une politique très volontariste. Denouveaux juges et procureurs ont étérecrutés sur concours, tandis qu'une limi-te d'âge de soixante ans a été instituéepour écarter les magistrats les plusanciens, dont la formation et la probitélaissent parfois à désirer. Pour réduire les risques de corruption, unsystème informatique d'attribution aléa-

toire des affaires aux juges a aussi étéintroduit.

Ces efforts devraient se poursuivredans la durée puisque le budget 2006 dela justice croît de 12 % par rapport aubudget 2005 rectifié. En outre, laRoumanie a conclu un accord avec laBanque mondiale, afin de bénéficier d'unprêt de 110 millions d'euros, destinés à larénovation des bâtiments des tribunaux età leur équipement en matériels.

Le système n'est certainement pas

parfait - en France non plus, d'ailleurs - etil importe, en particulier, de réduire ladurée des audiences de jugement qui peu-vent s'étaler sur une année entière, voireplus, puisque le tribunal refait à cetteoccasion toute l'instruction du dossierexaminé.

Pour autant, il est évident que lesréformes commencent à produire leurseffets, comme l'illustrent les nouvellesorientations de la lutte contre la corrup-tion de haut niveau”.

à la probité douteuse écartés”

Craciunesti, étape bienvenue entre Maramures et Bucovine

Le Président Basescu, après la demande de Bruxelles d’accélérer la réforme de la justice: “Et maintenant je voudrais dire

aux juges et aux procureurs que le sort de la Roumanie se trouve entre leurs mains”. Vali

Deux sites importants de laRoumanie sont immédiatementaccessibles depuis Craciunesti.

A Sighetu Mamatiei, il faut prévoirla journée pour visiter le mémorialdédié aux victimes du communisme,le premier et le plus important réaliséen Europe de l'Est, à l'initiative d'in-tellectuels roumains emmenés parAna Blandiana… et sans l'aide dupouvoir de l'époque (les post-commu-nistes de Ion Iliescu et AdrianNastase), sauf pour payer le chauffa-ge ! Ici, comme à Auschwitz, lamémoire et le cœur saignent devanttant d'abominations. Mais aussi l'es-poir de renaître: il s'agit de la premiè-re réalisation de la société civile rou-maine et quelle réussite !

Le village de Sapânta (Satu-Mare)est un des sites touristiques les plusvisités de Roumanie. A l'entrée du vil-lage, tourner à droite, à 2 km à tra-vers la forêt, vous découvrirez unenouvelle église en bois dont le clo-cher est maintenant, paraît-il, le plushaut du Maramures ! Mais surtout,sur la rue à gauche du grand axe, lefameux "cimetière joyeux". Sur descroix au couleurs chatoyantes, durant40 ans, Stan Ion Patras a sculpté lavie et la mort de ses concitoyens.Souvent ironiques, ces images etleurs commentaires, sous forme depoème, retracent les qualités et lesdéfauts des défunts, du genre "J'aibien bu, trop aimé les filles…Regarde où çà m'a amené". La tradi-tion est aujourd'hui reprise parDimitru Pop qui travaille dans l'atelierde son maître, à côté de la maison-musée, à 100 m derrière le cimetière.Attention, les touristes affluent !

Le mémorial de Sighetet le cimetière joyeuxde Sapânta

qu'en étant maintenue à l'extérieur"

Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulinen commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des Villages roumains qui permetde partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs.Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse.

Joindre un chèque de 23,10 € (port compris) à son ordre.

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“Moins dejournalistes battus”

TÂRGOVISTE

en étant membre de l’UE Jacques Myard: "La Europe

La Roumanie est sur le point d'achever son longprocessus d'adhésion à l'UE, qui devrait devenireffective le 1er janvier, à moins qu'un rebondisse-

ment de dernière heure ne la retarde d'un an, comme le pré-voit la clause de sauvegarde du traité d'adhésion. Dans sonrapport au Parlement européen, le député français JacquesMyard (UMP), tout en faisant l'historique de la candidature

roumaine se pose en ardent défenseur de celle-ci. Nous reprenons dans les pagessuivantes l'essentiel de son rapport, qui donne une vision parfois bien optimiste dela situation que les caricatures de Vali et Gazdaru corrigent.

“La demande roumaine a été déposée en 1995 et les négociations ont débuté en2000. Elles ont été clôturées en décembre 2004, puis le traité d'adhésion de la Bulgarieet de la Roumanie a été signé par les 25 chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Unionen avril 2005. Deux années plus tard, il est évident que la Roumanie a su répondre auxpréoccupations longtemps exprimées par les Etats membres et les institutions com-munautaires. Des progrès particulièrement sensibles ont été enregistrés en matière delibertés fondamentales et la seule persistance de problèmes d'ordre administratif nesaurait faire obstacle à une adhésion dès 2007, tout en sachant que cette date ne consti-tue qu'une étape et que la Roumanie devraaffronter un choc économique considérable.

En juin 1993, le Conseil européen deCopenhague a défini les critères politiques quedoivent satisfaire les pays candidats : ils doiventêtre parvenus à une stabilité des institutionsgarantissant la démocratie, la primauté du droit,les droits de l'homme, ainsi que le respect desminorités et leur protection. Depuis plusieursannées, les rapports de suivi de la Commissionde Bruxelles jugent que la Roumanie remplit cescritères politiques.

Des progrès incontestables

On doit souligner que des progrès incontes-tables sont unanimement reconnus en matière deliberté de la presse et de protection de l'enfance.Des évolutions très positives sont enregistrées, s'agissant de la réforme de la justice etde la lutte contre la corruption, de l'efficacité de la police des frontières et de l'inté-gration des Roms.

“Lors de l'examen du précédentrapport de la Commission européen-ne de Bruxelles sur la Roumanie,aumois de mars 2004, les critiques for-mulées à l'encontre de la Roumanies'étaient beaucoup appuyées surdeux thèmes: la situation des médiaset les adoptions.

Il est vrai que des violences phy-siques et des faits de harcèlementsur les journalistes étaient encoredénoncés par l’UE et des organisa-tions non gouvernementales.

S'agissant de la question trèssensible de l'adoption des enfantsroumains, la Baronne EmmaNicholson of Winterbourne, qui étaitalors en charge du suivi de l'adhé-sion de la Roumanie au sein duParlement européen, venait dedénoncer le non-respect du moratoi-re sur les adoptions internationales.

Aujourd'hui, dans ces deuxdomaines, fortement aiguillonnée parla pression internationale,laRoumanie a su mettre en œuvre lesmesures adéquates.

Le dernier rapport de suivi de laCommission européenne constate ,par ailleurs, que "la pression généra-le exercée sur les médias s'est relâ-chée et que les journaux sont demoins en moins politisés".

Le chef de la délégation de laCommission à Bucarest, JonathanScheele, a confirmé au rapporteurqu'il n'existait plus de violences phy-siques et que les journaux voyaientleur ligne éditoriale influencée beau-coup plus par les hommes d'affairesles finançant que par les autoritéspolitiques”.

S'il est un domaine pour lequel l'UE attendait l'engagement d'une véri-table réforme, c'est bien celui de la justice et de son corollaire, la luttecontre la corruption. Le rapport Myard, bien optimiste en la matière,

affirme que la Roumanie a répondu à cette attente, mettant en place les bases d'unejustice indépendante. Par ailleurs, elle aurait renforcé l'efficacité de sa police desfrontières et fait preuve de bonne volonté dans la lutte contre la criminalité.

“Une nouvelle législation adoptée à l'été 2005 garantit l'indépendance des magis-trats, dont on peut signaler que l'effectif, compris entre 6 000 et 7 000 juges, est dumême ordre que celui constaté en France, pour une population pourtant trois foismoins nombreuse que celle de notre pays. L'indépendance a été étendue aux magis-trats du Parquet, compte tenu du fait que ces derniers sont seuls en charge des pour-suites dans un système judiciaire ne comportant pas de juges d’instruction.

“Les magistrats

L'image des Français en Roumanie n'est plus cequ'elle était et l'histoire d'amour entre les deuxpeuples est bien ternie, si l'on en croit les commen-

taires des professionnels du tourisme qui recueillent lesréflexions concordantes de leurs guides et réceptionnistes surleur comportement quand ils sont en groupe, leur attribuant la2ème réputation la plus détestable, après celle des Israéliens.

"Ils ne sont jamais contents, trouvent toujours à redire, surla qualité de l'hébergement, des repas, des vins qu'on leur sert,des monuments qu'ils visitent. Il y aura forcément quelquechose qui clochera, même si à la fin, ils concèdent que c'étaitbien" confie Mariuca qui accompagne de nombreux groupes,ajoutant "C'est encore plus vrai pour les vieux".

“On a l’impression qu’ils cherchent la faille”

L'appréhension des guides roumains est telle qu'ils rechi-gnent à accompagner un groupe de Français; des jeunes filles,débutantes dans le métier, craquent et éclatent en sanglotsdevant l'accumulation de remarques mesquines, alors qu'ellesont tout donné pour satisfaire leurs clients. "Si dans un hôtel,on leur remet une carte électronique plutôt que la tradition-nelle clé pour ouvrir leur chambre, ils râleront. On a l'impres-sion qu'ils cherchent la faille. Quand le guide se tait dans lecar, c'est qu'il ne connaît rien; parfois, je ressens çà comme dela méchanceté" rapporte Anca.

"Même les Roumains donnent plus"

"Ils ne se rendent pas compte que la Roumanie, ce n'estpas la France" commente Jean-Michel Corbet, créateur del'agence Corbet Air-Travel, installée à Târgu-Mures. CeFrançais, impliqué dans le tourisme roumain depuis près dequinze ans, avoue avoir parfois un peu honte: "Nos compa-triotes sont radins à un point que c'en est choquant. Alors queguides et chauffeurs de car se décarcassent pour eux, lesaccueillent à bras ouverts, je leur remets à l'issue du voyagedes enveloppes contenant les pourboires à moitié vides. Ilsestiment que tout doit être compris. En rechignant, ils donne-ront 50 centimes d'euro par jour, alors que les autres touristesgratifient en moyenne d'un ou deux euros le guide et d'un eurole chauffeur. Cela nous fait une sale réputation, pire que celledes Ecossais. Même les Roumains, proportionnellement à cequ'ils gagnent, donnent plus ".

“Ils se croient supérieurs”

Un autre travers dérange Rodica, qui s'en montre meurtrie:"Les Français se croient supérieurs et pensent qu'ils saventtout. Ils arrivent avec leurs clichés, la Roumanie des chienserrants, des enfants abandonnés, des Tsiganes mendiants. Sion veut être bien avec eux, il faut leur tenir le discours qu'ilsattendent, cela les renforce dans l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes, et ils s'en contentent, alors que, par exemple, lesanglo-saxons, les Japonais se montrent curieux, veulent tou-jours en savoir plus, apprendre, découvrir".

“Pire que nous… il n'y a que les Israéliens”

Les autres touristes occidentaux ont une image bien diffé-rente. "Les Anglais sont considérés comme sympathiques,polis, généreux; avec les Italiens, c'est le foutoir, mais ils sontgentils. Les Espagnols ne sont pas très curieux, aiment faire lafête, apportent la vie et donnent volontiers. Les Allemands sontdisciplinés, ne posent pas de questions… ni de problèmes".

Les Australiens, les néo-zélandais, les Américains duNord et du Sud, les Mexicains, les Japonais se montrent ado-rables et simples. Bref, le mouton noir serait le Français… s'iln'y avait pas pire que lui encore, d'un avis généralisé à traversle monde, mais qui, pour être "politiquement correct" n'est pasévoqué: le touriste israélien.

Ce dernier ne dit rien pendant le voyage, mais, à son issue,les plaintes pleuvent: tout a été mauvais, le guide, le chauffeur,les visites, les hôtels, etc. L'attitude de victimisation est omni-présente, ils geignent ans arrêt, on les a volés… Et, il faut lessurveiller, au petit-déjeuner: tout ce qui est sur la table dispa-raît afin de ne pas avoir à dépenser pour les autres repas.

“En individuel, le Français c’est la crème”

L'attitude des Juifs venus d'autres pays, souvent en pèleri-nage pour la mémoire de leurs ancêtres, est aux antipodes. Ilssont respectueux, ouverts, curieux… Finalement un peu leportrait des Français voyageant individuellement: "Quelledifférence avec les groupes !" s'exclame Jean-Michel Corbet.

Enchaînant: "C'est la crème; ils viennent pour apprendre,ont préparé leur voyage, se montrent attentifs et attentionnés;quelque soient leurs moyens, c'est du haut de gamme de tou-ristes". Un lot de consolation ?...

Arrogants, radins, râleurs, "Monsieur je connais tout…

"Français, si vous saviez… ce que l’on pense de vous !"Humeur

Un Ardelean (habitant de Transylvanie), établi aux Etats-Unis, revient pour quelques jours dans son village natal. Il invi-te tous les habitants à une soirée, au centre culturel, pour parler de son expérience. A la fin, il remet à chacun une enve-loppe avec un billet de cent dollars. Même chose les deux années suivantes, au grand contentement de la population.

La quatrième année, après son intervention, il informe ses anciens concitoyens qu'il n'a glissé qu'un billet de 50 dollars, car il doitpayer les études universitaires de ses enfants, qui coûtent très chères aux USA. Vasile se penche alors vers Gheorghe et lui chu-chote à l'oreille: “Bah… il est gonflé. Il va s'en retourner pour que ses enfants rentrent à l'université avec notre pognon !”

Humour Gonflé

“Allez, journaliste, parle enfin, dis-nous qui t’a battu,sinon Monsieur

Nastase va nous mettre à la porte”.Gazdaru

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Actualité

Bucarest peutse réjouir: laC o m m i s -

sion européenne adonné son accord pourl'entrée de la Roumanie,ainsi que de la Bulgarie,dans l'Union au 1er jan-vier 2007. Toutefoiscette décision doit êtreavalisée par le sommeteuropéen des chefsd'Etat et de gouverne-ment qui se tiendra les

14 et 15 décembre prochains. Bien que l'optimisme soit demise, le suspense durera donc jusqu'au bout, cette instance, quia le dernier mot, ayant déjà pris des résolutions contraires auxrecommandations de Bruxelles… mais jusqu'ici toujours dansun sens plus favorable aux pays candidats. Ce fut ainsi le caspour la Grèce et le Portugal dont la Commission avait recom-mandé de retarder l'adhésion.

Bruxelles a assorti son feu vert de l'exigence de voir lesefforts entrepris dans plusieurs domaines, déjà pointés du doigtlors du rapport de mai dernier, se poursuivent. Bucarest etSofia seront donc sous haute surveillance après leur entréedans l'UE, même si les termes employés le disent avec plus dediplomatie.

La Roumanie doit notamment poursuivre la réforme deson système judiciaire, moderniser son secteur agricole et res-pecter les normes sanitaires animales. La lutte contre la cor-

ruption reste le souci principal, et Bruxelles insiste sur lebesoin d'instaurer une agence pour l'intégrité des responsablespolitiques. Par ailleurs, selon le rapport, des membres duConseil supérieur de la magistrature (CSM) sont encore sou-mis à des conflits d'intérêts dans leurs enquêtes. Concernantl'agriculture, la Commission demande une meilleure gestiondu territoire et des fonds alloués à ce secteur, ainsi que l'éradi-cation de la peste porcine. Enfin, comme dans le rapport demai 2006, le pays se doit de revoir sa collecte des impôts etdévelopper un système informatique plus performant.

Une surveillance étroite

Le Premier ministre roumain Calin Tariceanu a déclaréque "la Roumanie pouvait être fière de voir ses efforts enfinrécompensés et que la Commission allait suivre la Roumaniedans ses réformes comme elle le fait déjà avec d'autres paysmembres". Il a ajouté que la Roumanie devait "s'aligner sur lesnormes et le comportement européens".

De son côté, le président Traian Basescu a estimé que "leniveau de vie des Roumains n'allait pas changer en un seuljour"… "Les efforts doivent se poursuivre", a-t-il souligné. Eneffet, le dernier rapport indique que des clauses de sauvegardepourront s'activer après l'entrée dans l'Union. Une mauvaisegestion des fonds pour le développement rural entraînerait, parexemple, une réduction des aides européennes.

Le rapport réalisé par le député français Jacques Myardpour le Parlement européen, dont nous rendons compte dansles pages suivantes permet d'analyser les conditions dans les-quelles la Roumanie va rentrer dans l'Union Européenne.

Avec un solide sens de l'auto-dérision, et beaucoup d'humour, forçant aussisur la caricature, un journal de Bucarest a donné les conseils suivants à seslecteurs pour deviner s'ils étaient d'authentiques roumains * :

-Tout ce que tu manges a goût d'oignon et d'ail.-Tu cherches à recycler tous les emballages, que ce soit de fleurs ou de cadeaux

et bien sûr les feuilles d'aluminium; tes parents ne jettent rien, récupèrent tout et tu n'espas étonné de voir réapparaître des objetsque tu avais mis à la poubelle.

-Ta mère lave toutes les timbales enplastique, assiettes en carton, plie soigneuse-ment les sacs en papier pour les réutiliser,récupère après les achats les sacs pour enfaire des sacs poubelles.

-Dans les placards de la cuisine, ta mèrea fait un véritable musée de bocaux et autrerécipients en verre ou plastique vides.

-Arriver à une fête ou à une soirée avecune ou deux heures de retard, te paraît tout à fait normal, tout comme, quand tu t'envas, rester à faire la causette pendant une heure sur le pas de la porte avec tes hôtes.

-Tes rideaux sont en dentelle, les nappes de table en macramé, les tapis recouvrentchaque centimètre de la maison.

-Ta mère recouvre toujours d'une couverture usagée le canapé… pour ne pas salircelle qui est en-dessous.

-Ta mère te diras toujours que tu est trop maigre… jusqu'à temps que tu fasses 110kg. Quand tu cuisines, tu ne te sers jamais de balances. Tes parents te téléphonent,même si c'est au milieu de la nuit, pour te questionner sur ce que tu as mangé.

-A l'aéroport, on te reconnaît parce que tu restes planté à côté de deux énormesvalises, entouré d'innombrables paquets. Si tu pars en voyage, il faut au moins quecinq personnes t'accompagnent à la gare ou à l'aéroport.

-Tu ne téléphones jamais, autrement que localement, avant vingt heures. -Tes parents n'ont pas encore mesuré les progrès de la technologie et se croient

toujours obligés de hurler au téléphone. -Tes enfant portent une caciula (toque) et trois

pulls dès septembre… même s'il fait 25°, et si tuvois quelqu'un en culotte courte, tu penses qu'il esbon pour l'asile psychiatrique. Toi-même, tu nequittes pas ton pardessus de septembre à mai.

-Tu crois dur comme fer que la urda, lamamaliga (semoule de maïs), le parizer (morta-delle en forme de grosse saucisse), le telemea(fromage blanc) sont des grands classiques de lagastronomie internationale.

-Tu ne connais pas la moitié des invités de tonmariage.

-Si des étrangers viennent à la maison, tu te réjouis à l'idée de leur servir ta tsui-ca la plus forte, veillant à remplir sans arrêt leur verre.

-Quand au cours d'un repas tes invités te répondent "non" quand tu leur demandess'ils en veulent plus, tu prends un malin plaisir à entendre "oui" !

* Toute resemblance avec des personnes existantes ne seraient que pure coinci-dence. "Les Nouvelles de Roumanie" déclinent toute responsabilité au sujet desscènes de ménage que ce florilège aurait pu déclencher dans les couples franco-rou-main. Elles espèrent que leurs lecteurs roumains leur enverront un même état des lieuxconservant les nombreux travers qu'ils ont notés chez leurs amis francophones.

50

Après le feu vert de Bruxelles, il ne manque plus que l'aval des chefs d'Etat et de gouvernementEurope

Le processus d'adhésion de laRoumanie à l'UE a commencéen 2000, l'UE publiant chaque

année un rapport sur son avancement. Lemanque patent de progrès avait conduitBruxelles à repousser de deux ans lescandidatures de Bucarest et Sofia, lors del'adhésion des dix nouveaux membres,survenue au 1er avril 2004.

2000: Pas d'économie de marchéfonctionnelle. Dans le rapport annuel, laRoumanie est considérée comme le seulpays candidat ne disposant pas d'une éco-nomie de marché fonctionnelle, capablede résister à la concurrence internationa-le. Elle est invitée d'urgence à entre-prendre la restructuration de ses grandesentreprises et de mieux surveiller la crois-

sance de l'économie souterraine.2001: La corruption. Non seulement

Bucarest ne remplit pas les critères éco-nomiques d'adhésion, mais l'accent estmis sur son niveau élevé de corruption.

2002: Menaces sur la liberté de lapresse. Mêmes reproches auxquelss'ajoutent l'inquiétude née des pressionsexercées par le pouvoir sur les médias.

2003: Corruption. Le rapport sou-ligne que ce phénomène affecte la sociétédans tous ses aspects et qu'il existe undécalage sérieux entre les décisions légis-latives et leur mise en application.

2004: Pressions du pouvoir. Malgréun lobbying intense à Bruxelles, le gou-vernement Nastase n'obtient pas la recon-naissance d'une économie de marché.

2005: Cartons jaunes et rouges.L'échéance dejanvier 2007 approchant,Bruxelles hausse le ton, montrant sonimpatience devant la lenteur des réformesen distribuant cartons jaunes et rouges àBucarest sur les chapitres concernant lacorruption, la sécurité alimentaire, lamauvaise utilisation des fonds de déve-loppement européens.

2006: Feu clignotant puis vert. Enmai dernier, Bruxelles radoucit son ton,n'infligeant plus que quatre cartonsjaunes à la Roumanie, de surcroît dansdes domaines techniques, l'invitant toute-fois à redoubler ses efforts. La décisionpolitique permettant son adhésion au per-mier janvier suivant semble alors avoirété prise.

Un long chemin de croix après avoir été recalée

Beaucoup de Roumains sontatterrés par le niveau intellectuel et lemanque de culture de personnalitésqui occupent le devant de la scène,les exemples les plus éloquents étantceux de Gigi Becali, ancien berger,patron du Steaua, fondateur d'un partipolitique, milliardaire et MarianVanghelie, maire d’un secteur deBucarest qui, selon les bonnes oumauvaises langues, ne passe paspour avoir inventé la poudre.

Les Roumains ont ainsi mis aupoint le Bécaloscope, appareil destinéà mesurer le degré de bêtise, selonles normes européennes ISO. L'unitéde base est le Bekal (Bk), l'unitésupérieur le Kilobecal (KBk) que le"maître-étalon", Gigi Becali, est leseul à avoir atteint pour l'instant.L'unité inférieure est le Vanghel(VG)… 1 Bekal équivalant à 10Vangheli.

“Ah ! voisin ! Que c’était bien d’entrerdans l’OTAN, on a eu trois jours

de congés. Avec l’’UE, on n’aura même plus besoin d’aller au travail !

Humour

Bula demande à son père :- Taticule, qu'est-ce que c'est les

fiançailles ?Son père se gratte la tête, à la

recherche d'une réponse :- Eh bien fiston, c'est comme ta

bicyclette. Tu as vu que je l'avaisachetée… mais tu n'auras le droit demonter dessus qu'à Noël.

Fiançailles

Bécaloscope

Entrée dans l'UE au 1er janvier prochain: Bucarest s'apprête à sabrer le champagne

Humeur Comment reconnaîtrequ'on est Roumain ?

-Combien de personnes travaillentdans ce bureau ?

-Avec le chef, cinq.-Donc quatre sans le chef ?-Ah ben non… quand le chef n'est

pas là, personne ne travaille.

Evidence

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Les NOUVeLLes

de ROUMANIeNuméro 38, nov-décembre 2006

Courant septembre, la Transnistrie, région séparatiste pro-russe de Moldavie(ex-URSS) a voté à 97,1 % en faveur de son indépendance, première étapeen vue de son rattachement à la Russie, un vote dénoncé comme une

"farce" par la Moldavie et rejeté par Bruxelles, mais que Moscou a qualifié de "démo-cratique". Le taux de participation s'est élevé à 78,6 % selon le président de la com-mission électorale locale lors d'une conférence de presse donnée à Tiraspol, "capita-le" de ce territoire. La victoire du"oui" ne faisait guère de doutedans cette enclave très majoritai-rement russophone, comprenant550 000 habitants.

En 1924, l'Union soviétiqueavait créé la République socialisteautonome de Moldavie sur lesrives orientales du Dniestr (Nistruen roumain). Staline avait ensuiteenvahi en 1940 la Bessarabie rou-maine (capitale, Chisinau), situéesur la rive occidentale, qui s'étaitrattachée à la Roumanie en 1918, après avoir fait partie du grand royaume deMoldavie de Stefan Cel Mare, quelques siècles auparavant, et avait unifié les deuxrégions au sein de la Moldavie au sein de l'URSS.

La Transnistrie a fait sécession en 1991, après l'éclatement de l'URSS et la pro-clamation de l'indépendance de la Moldavie, par peur d'une "roumanisation" entraînéepar celle-ci (3,5 millions d'habitants à l'époque), dont la population est au deux tiersroumaine. Un conflit armé, achevé en juillet 1992, s'est soldé par près de mille mortset l'intervention de l'armée russe. La Russie maintient depuis quelques 1400 soldatsdans la région, contre la volonté du gouvernement moldave qui ne reconnaît pas lasécession transnistrienne.

Dirigée par des réseaux mafieux

Le référendum récent, tout comme la "République" de Transnistrie, n'est pasreconnu par la communauté internationale et n'a donc aucune valeur juridique. LaRussie, qui n'a pas reconnu officiellement son indépendance, tout en la soutenantfinancièrement et politiquement, s'est abstenu de commenter la valeur juridique de cevote. Mais le chef de diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a souligné qu'il s'était déroulé"dans le respect de toutes les procédures " et l'a jugé "démocratique".

La Moldavie a condamné ce référendum, se gardant toutefois d'attaquer frontale-ment la Russie, accusée de soutenir les séparatismes dans les républiques ex-sovié-tiques jugées infidèles et trop tournées vers l'Occident. La Roumanie a elle aussiaffirmé ne pas le reconnaître et a réitéré son soutien à l'intégrité territoriale moldave.

Deux questions étaient posées aux électeurs, l'une sur la sécession et le rattache-ment à la Russie (97,1 % de "oui"), l'autre sur le retour dans le giron moldave(94,6 % de "non”). Ce référendum, le septième du genre depuis 1991, sert les intérêtsdu président Smirnov à l'approche de la présidentielle de décembre dans le territoireséparatiste, et ceux de la Russie qui conserve grâce à cette "république fantôme",située à moins de 700 km de sa frontière et de 100 km de la Roumanie, encastrée entrele reste de la Moldavie et l'Ukraine, un avant-poste aux portes de l'Union Européenne.Dirigée par des réseaux mafieux russes ou séparatistes, la Transnistrie est le théâtre detrafics en tous genres, notamment d'armes.

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901

Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94E-mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Karin Humbert, BernardCamboulives, Jean-Michel Corbet,Martine et Jean Bovon-Dumoulin,Nicolae Dragulanescu, LaurentCouderc, Léonard Pascanu, YvesLelong, Vali Ivan, Gazdaru..

Autres sources : agences de presseet presse roumaines, françaises etfrancophones, Lepetitjournal.comédition de Bucarest, télévisions rou-maines, sites internet, fonds dedocumentation ADICA.

Impression : Helio Graphic11, rue Louis Armand44 980 Sainte-LuceNuméro de Commission paritaire:1107 G 80172ISSN 1624-4699

Prochain numéro: janvier 2007

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Septième référendum depuis sa sécession avec la Moldavie

Après plusieurs tentatives vaines,les autorités néo-communistes mol-daves ont réussi à supprimer toutesréférences à la Roumanie et à laBessarabie dans les nouveaux pro-grammes d'histoire; celles-ci avaientété introduites après l'indépendancede la petite République, voici quinzeans, et l'éclatement de l'URSS. Ladiscipline intitulée "Histoire desRoumains", enseignée depuis cetteépoque, est remplacée depuis ledébut de l'année scolaire par un pro-gramme baptisé "Histoire Intégrée".

Le manuel a été conçu par un

groupe d'"historiens" proches du Particommuniste, en s'inspirant de l'ouvra-ge "Histoire de la Moldavie", écrit parle chantre du "moldovanisme", VasileStati, auteur d'un fameux dictionnaireroumano-moldave, tentant de montrerque les deux langues sont différentes.Il fait également référence à l'histoireuniverselle, façon soviétique: dans lechapitre sur la formation des peupleseuropéens, la Bessarabie n'est mêmepas évoquée.

Ce nouveau programme a provo-qué l'indignation de nombreux profes-seurs qui ne veulent pas enseignerune histoire falsifiée à leurs élèves.

Programme d'histoire"à la soviétique" pourles élèves moldaves

Pays fantôme, la Transnistrieveut être rattachée à la Russie

La Transnistrie a fait sécession de la Moldavie en1991, provoquant un conflit causant la mort de prèsde mille personnes, entraînant l’intervention russe.

Stefan cel Mare

CHISINAU

TIRASPOL

Page 52: OUMANIe · 2010. 11. 22. · 2 A c t u a l i t é Moldavie Les N OUVeLLes de R OUMANIe BUCAREST ORADEA BAIA MARE z z z TIMISOARA ARAD z SIBIU z z IASI BRASOV CONSTANTA CRAIOVA TARGU

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Après le Sahara et le désert de Gobi, Marc Vella, musi-cien nomade, était en Roumanie, en mai dernier. Avectoujours le même objectif: "dire 'jt'aime' au monde"

pour rapprocher les cultures. Conservatoire, prix de Rome…aurait pu entamer une carrière, jouer dans les plus prestigieusessalles de concert… il a préféré faire voyager son piano. Sur uneremorque dans un bus, une charrette… peu importe pourvu qu'ilpuisse partir à la rencontre des gens et leur "dire son amour".

"La musique permet aux cultures de se croiser, à l'amour de s'exprimer " confiait-t-il avantson départ pour la Roumanie, rééditant sa "caravane amoureuse" qui avait traversé le Marocavec succès, en 2004. Deux bus, quatre camping-cars ont embarqué 28 personnes, entre 7 et 75ans, partageant tous ce désir de rencontres et échanges. Oradea, le Maramures, Constantsa… cedrôle d'équipage s'est arrêté dans les villages et a repris la route après avoir clamé son amour àceux qu'il a croisés. Sur son site Internet (www.marcvella.com), Marc Vella nous raconte sa rencontre avec la Roumanie.

“Un accueil bouleversant, parfois émouvant jusqu'aux larmes”

"Et bien voilà, c'est fini. La Roumanie n'est plus qu'un souvenir. Incroyable ! Je me souviens encore de l'appréhension dudépart, l'attente, l'interminable attente jusqu'à l'impatience et c'est déjà loin derrière. Pfff ! Fugacité de nos vies. J'imagine que vousvoulez savoir comment c'était ? Eh bien, c'était géant, génial, puissant, grand, magique, féerique, hors norme, hors tout d'ailleurs...

C'était merveilleux. Imaginez un mois et demi de rires,de sourires, d'échanges forts, de partages et d'amitiésfugitives, de danses, de chants, de grands repas festifsdans des lieux sublimes avec un grand feu chaque soirrépondant au silence des étoiles... Imaginez l'inconnu,chaque jour renouvelé... Et puis nous avons bénéficiéd'une météo splendide. Deux jours de pluie en tout etpour tout, et le reste du temps, du soleil, parfois même unpeu trop chaud. Bien sûr, il y eut la fatigue, des petitsconflits, des rhumes, des ronfleurs, des quiproquos, maistout cela faisait partie de l'aventure.

La Roumanie est un pays extraordinaire, ses habi-tants sont plus qu'adorables et les paysages sont enchan-teurs, surtout le nord. Partout où nous sommes allés, nousavons été aimés, choyés, dorlotés. Un accueil boulever-sant, parfois émouvant jusqu'aux larmes.

“Nous avons rencontré un peuple bon enfant, aimant rire, s'amuserdanser et chanter, mais aussi travailleur, courageux, volontaire”

Avant de partir, la plupart des caravaniers avaient reçus de leurs amis, des mises en garde du style: "Méfie-toi des Roumains,ils sont tous voleurs, fais gaffe à la mafia, et puis y'a la grippe aviaire là-bas, et attention aux tziganes.... ".

Nous n'avons rien vu de tout cela, bien au contraire, nous avons rencontré un peuple bon enfant, aimant rire, s'amuser, danseret chanter. En plus de ces qualités, nous avons découvert que c'était un peuple travailleur, courageux, volontaire. Bien sûr, commepartout, il doit y avoir quelques escrocs et bandits, mais nous n'en avons pas vu, à moins que nous ne les ayons croisés un jour oùils étaient de repos.

En tout cas, nous avons tous reçu là une grande leçon de vie. Nous avions prévu 20 euros par semaine de budget nourriturepar personne. Nous n'avons pas dépassé les 30 euros par personne pour les six semaines qu'a duré notre voyage. Nous avons étéinvités partout. 28 personnes, et jusqu'à 33 même, invités par des familles peu argentées mais qui faisaient le maximum pour nouscontenter. Nous avons reçu là encore de grandes leçons sur l'hospitalité, l'art de l'accueil. En contrepartie, les caravaniers ont donnéle meilleur d'eux-mêmes, toujours disponibles, partageant leur art, leur cœur, en osant un "te iubesc" à chaque instant. Ce qui veutdire "je t'aime" en Roumain. De 5 à 75 ans, un morceau d'humanité vers l'humanité, tout aussi curieuse de nous que nous l'étionsd'eux. Cette caravane amoureuse, ce fut, ce fut, ce fut.... Inoubliable pour nous tous et tout ceux que nous avons rencontrés ".

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Numéro 38 - novembre - décembre 2006

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

La Roumanie s'apprête à sabrer le champagne. Sauf revirement de dernièreheure, elle aura rejoint l'Union Européenne au 1er janvier. Dix sept ansaprès la chute de Ceausescu, il s'agit d'un des plus grands évènements his-

toriques qu'ait connu ce pays, ancré enfin pour de bon au Vieux continent. Nombre deRoumains ne mesurent pas son importance, même s'ils y devinent l'occasion de sedébarrasser des grands maux qui les maintiennent dans une forme de sous-développe-ment balkanique, mâtinée de néo-communisme que les dirigeants qui se sont succédésdepuis la "Révolution" se sont montrés incapables de dépasser, les entretenant pourleur plus grand profit au détriment des intérêts de la population, gaspillant le temps.

Bien sûr, il existe aussi une part de rêve, celui d'accéder vite au confort dessociétés occidentales. Ce n'est pas aussi fou que cela, car la Roumanie dispose denombreux talents et son peuple d'indéniables qualités qui lui ont permis de survivredans l'adversité. Mais il faudra un peu de temps et les évolutions ne se feront pas aumême rythme pour chacun, engendrant des inégalités. Les premiers et grands bénéfi-ciaires seront les jeunes qui voient enfin s'ouvrir les portes leur permettant d'exprimerleur soif de vivre et de se réaliser.

L'année qui s'achève a été marquée par un autre événement, fin septembre: lesommet de la Francophonie, laquelle s'était donné rendez-vous à Bucarest, pour la pre-mière fois en Europe. La capitale roumaine s'est montrée à la hauteur de l'enjeu,accueillant sans anicroche un tiers des dirigeants de la planète, donnant l'occasion à laRoumanie de mettre en relief ses racines latines et le sentiment qu'elle conserve pour"sa grande sœur", qui a toujours su être à ses côtés dans les moments décisifs.

2006 a donc permis à la Roumanie de recentrer son action sur l'Europe, après lapremière année du mandat du Président Basescu, marquée par son tropisme pro-amé-ricain qui semblait l'éloigner du continent. Espérons qu'il ne s'agit pas d'un feu depaille.

Mais ces échéances roumaines interpellent aussi les Européens, au premier rangdesquels les Francophones. Les frontières qui s'effacent laissent place à de nouvellesbarrières ; celles d'un repli sur eux-mêmes et d'un rejet des autres, encouragés par despoliticiens démagogues. Les immigrés d'aujourd'hui ont remplacé "les Misérables"d'hier. “La France généreuse et éternelle” de Victor Hugo, chantée par la jeune poé-tesse Iulia Hasdeu, peut-elle encore se reconnaître ?

Henri Gillet

Les frontières s'effacentles barrières s'installent2

3 à 1112 et 1314 à 16

17 à 23242526 27

28 à 3334 à 35

37 38 et 3940 à 44

44 et 4546 et 47

4849 et 50

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La caravane amoureuse du musicien nomade