les mythes fondateurs de la politique israelienne

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ROGER GARAUDY

LES MYTHES FONDATEURS DE LA POLITIQUE ISRALIENNE

AAARGH

Les Mythes fondateurs de la politique isralienne, de Roger Garaudy, t dit d'abord par la Vieille Taupe, puis, ensuite, dans une version corrige, par Samiszdat Roger Garaudy, en 1996, ISBN: 2-951000-5. On peut le trouver la Librairie du Savoir, 5 rue Malebranche, 75005 Paris, Tel 01 43 54 22 46, Fax 01 43 26 07 19 ou l'Association Roger Garaudy pour le dialogue des civilisations, 69 rue de Sucy, 94430 Chennevires sur Marne. Cet ouvrage a t condamn en premire instance, en janvier 1998, par la justice politique franaise. Mais il n'est pas interdit en France. Ce livre est affich sur Internet des fins d'tude, de recherche, sans but lucratif et pour un usage raisonnable. Pour nous, l'affichage lectronique d'un document revient exactement placer ce document sur les rayons d'une bibliothque ouverte au public. Nous y avons mis du travail et un peu d'argent. Le seul bnficiaire en est le lecteur de bonne foi, que nous supposons capable de juger par lui-mme. Au lecteur intress, nous suggrons d'acheter le livre. Nous n'avons pas de raison de supposer que l'auteur de ce texte puisse tre considr comme responsable d'aucun autre texte publi sur ce site. Le secrtariat international de l'Association des Anciens Amateurs de Rcits de Guerre et d'Holocauste. Notre adresse est : [email protected]. Notre adresse postale : PO Box 81475, Chicago, IL 60681-0475, Etats-Unis.

[page 1 49] Aprs avoir, pendant plus d'un demi-sicle, publi mes ouvrages chez les plus grands diteurs franais, je suis contraint d'diter aujourd'hui en samizdat, compte d'auteur, cette anthologie de l'hrsie sioniste, parce que j'ai, depuis 1982, viol un tabou: la critique de la politique isralienne, dfendue dsormais par la loi sclrate Gayssot-Fabius du 13 juillet 1990, qui restaure en France le dlit d'opinion du Second Empire, en supplant par une loi rpressive la carence des arguments. C'est pourquoi les libraires qui entendent continuer faire leur mtier doivent passer leurs commandes la Librairie du Savoir, Librairie Roumaine de Paris, qui a accept le dpt de ce samizdat comme elle le faisait au temps de Ceaucescu o rgnait dj - mais ailleurs qu'en France - la pense unique et le terrorisme intellectuel. R.G.

POURQUOI CE LIVRE ? Les intgrismes, gnrateurs de violences et de guerres, sont une maladie mortelle de notre temps. Ce livre fait partie d'une trilogie que j'ai consacre les combattre : Grandeur et dcadence de l'Islam, dans lequel je dnonce l'picentre de l'intgrisme musulman : l'Arabie Saoudite. J'y ai dsign le Roi Fahd, complice de l'invasion amricaine au Moyen-Orient, comme "prostitue politique", qui fait de l'islamisme une maladie de l'Islam. Deux ouvrages consacrs l'intgrisme catholique romain qui, tout en prtendant "dfendre la vie", disserte sur l'embryon, mais se tait lorsque 13 millions et demi d'enfants meurent chaque anne de malnutrition et de faim, victimes du "monothisme du march" impos par la domination amricaine. Ces ouvrages sintitulent : Avonsnous besoin de Dieu ? et Vers une guerre de religion ? (contre le monothisme du march). Le troisime volet du triptyque: Les Mythes fondateurs de la politique isralienne, dnonce l'hrsie du sionisme politique qui consiste substituer au Dieu d'Isral l'Etat d'Isral, porte-avions nuclaire et insubmersible des provisoires matres du monde: Les Etats-Unis, qui entendent s'approprier les ptroles du Moyen-Orient, nerf de la croissance l'occidentale. (Modle de "croissance" qui, par le truchement du F.M.I., cote au Tiers Monde l'quivalent en morts d'un Hiroshima tous les deux jours). Depuis Lord Balfour, dclarant, lorsqu'il livrait aux sionistes un pays qui ne lui appartenait pas : "Peu importe le systme mis en uvre pour que nous conservions le ptrole du Moyen-Orient. Il est essentiel que ce ptrole demeure accessible." (Kimhe John, Palestine et Isral, Ed. Albin Michel, 1973, p. 27), jusqu'au secrtaire d'Etat amricain, Cordell Hull : "Il faut bien comprendre que le ptrole d'Arabie Saoudite constitue l'un des plus puissants leviers du monde" (ibidem, p. 240), une mme politique assigne la mme mission aux dirigeants sionistes israliens, celle qu'a dfinie Joseph Luns, ancien secrtaire gnral de l'O.T.A.N. : "Isral a t le

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mercenaire le moins coteux de notre poque moderne." (Nadav Shraga, Haaretz du 13 mars 1992). Un mercenaire pourtant bien pay puisque, par exemple, de 1951 1959, deux millions d'Israliens ont reu, par tte, cent fois plus que deux milliards d'habitants du Tiers Monde; et surtout mercenaire bien protg: de 1972 1996, les Etats-Unis ont oppos trente fois leur veto, aux Nations Unies, toute condamnation d'Isral, alors que ses dirigeants appliquaient leur programme de dsintgration de tous les Etats du Moyen-Orient, programme expos par la revue Kivounim (Orientations) , fvrier 1982, p. 50 59, l'poque de l'invasion du Liban. Cette politique repose, grce l'appui inconditionnel des Etats-Unis, sur l'ide que la loi internationale est un "chiffon de papier" (Ben Gourion), et que par exemple, les rsolutions 242 et 338 des Nations Unies, qui exigent qu'Isral se retire de la Cisjordanie et du Golan, sont destines rester lettre morte, de mme que la condamnation unanime de l'annexion de Jrusalem, que mme les Etats-Unis votrent, mais en excluant toute sanction. Une politique aussi inavouable en son fond exige le camouflage que mon livre a pour objet de dvoiler. D'abord, une prtendue justification "thologique" des agressions par une lecture intgriste des textes rvls, transformant le mythe en histoire : le grandiose symbole de la soumission inconditionnelle d'Abraham la volont de Dieu, et sa bndiction de "toutes les familles de la terre", transform en son contraire tribal : la terre conquise devenant "terre promise", comme chez tous les peuples du Moyen-Orient, de la Msopotamie aux Hittites et l'Egypte. Il en est de mme pour l'Exode, cet ternel symbole de la libration des peuples contre l'oppression et la tyrannie, invoqu aussi bien par le Coran (XLIV, 31-32) que par les actuels "thologiens de la libration". Alors qu'il s'adresse tous les peuples fidles la volont d'un Dieu Universel, il devient un miracle unique, et le privilge qu'aurait accord un Dieu partiel et partial un peuple lu, comme dans toutes les religions tribales et tous les nationalismes, qui prtendent tre le peuple lu dont la mission serait d'accomplir la volont de Dieu: Gesta Dei pert Francos, pour les Franais, Gott mit uns, pour les Allemands, Faire Christ Roi, pour Franco, In God We Trust, blasphme inscrit sur chaque dollar, dieu tout puissant du monothisme de l'argent et du march. Et puis une mythologie plus moderne: celle de l'Etat d'Isral qui serait "la rponse de Dieu l'Holocauste", comme si Isral tait le seul refuge des victimes de la barbarie de Hitler, alors qu'Itzhak Shamir lui-mme (qui offrait son alliance Hitler jusqu' son arrestation par les Anglais, pour collaboration avec l'ennemi et terrorisme) crit: "Contrairement l'opinion commune, la plupart des immigrants israliens n'taient pas les restes survivants de l'Holocauste, mais des Juifs de pays arabes, indignes la rgion." (Itzhak Shamir, Looking Back,Looking Ahead, 1987, p. 574). Il fallait donc gonfler les chiffres des victimes. Par exemple, la plaque commmorative du monument d'Auschwitz disait, en dix-neuf langues, jusqu'en 1994 : quatre millions de victimes. Les nouvelles plaques proclament aujourdhui : "environ un million et demi". Il fallait faire croire, avec le mythe des six millions, que l'humanit avait assist l "au plus grand gnocide de l'histoire", en oubliant 60

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millions d'indiens d'Amrique, cent millions de Noirs (10 tus pour un captif), oubliant mme Hiroshima et Nagasaki, et les cinquante millions de morts de cette deuxime guerre mondiale, dont 17 millions de slaves, comme si l'hitlrisme n'avait t qu'un vaste pogrom et non pas un crime contre l'humanit entire. Serait-on antismite pour dire que les Juifs ont t trs durement frapps, mais qu'ils ne furent pas les seuls, sous prtexte que la tlvision ne parle que de ces victimes mais pas des autres ? En outre, pour complter le camouflage, il fallait, par un nom thologique : "Holocauste", donner un caractre sacrificiel ces massacres rels, et les insrer en quelque sorte dans le plan divin, comme par exemple la crucifixion de Jsus. Notre livre n'a d'autre objet que de dnoncer ce camouflage idologique d'une politique, pour empcher qu'on la confonde avec la grande tradition des prophtes d'Isral. Avec mon ami Bernard Lecache, fondateur de la L.I.C.A. (devenue la L.I.C.R.A.) dport dans le mme camp de concentration que moi, nous apprenions, en des cours du soir, nos compagnons, la grandeur, l'universalisme, et la puissance libratrice de ces prophtes juifs. A ce message prophtique, je n'ai jamais cess d'tre fidle, mme lorsqu'aprs 35 ans de militantisme au Parti communiste, et membre de son Bureau politique, j'en tais exclu, en 1970, pour avoir dit, ds 1968 : "L'Union sovitique n'est pas un pays socialiste". Comme je dis aujourdhui : La thologie de la domination de la Curie romaine n'est pas fidle au Christ, l'Islamisme trahit l'Islam, et le sionisme politique est aux antipodes du grand prophtisme juif. Dj, lorsqu'au temps de la guerre du Liban, en 1982, avec le Pre Lelong, le Pasteur Matthiot, et Jacques Fauvet, nous tions traduits en justice par la L.I.C.R.A. pour avoir montr, dans Le Monde du 17 juin 1982, avec la bienveillance de son directeur, que l'invasion du Liban tait dans la logique du sionisme politique, le tribunal de Paris par jugement du 24 mars 1983, confirm en appel, puis dfinitivement par la Cour de Cassation, "considrant qu'il s'agit de la critique licite de la politique d'un Etat et de l'idologie qui l'inspire, et non de provocation raciale... la dboute [la L.I.C.R.A.] de toutes ses demandes, et la condamne aux dpens." Le prsent livre est strictement fidle notre critique politique et idologique d'alors, mme si la loi sclrate du "communiste" Gayssot a voulu renforcer, depuis lors, la rpression contre la libert d'expression en faisant du jugement de Nuremberg le critre de la vrit historique et en instituant un "dlit d'opinion". Ce projet de loi fut combattu l'Assemble Nationale d'alors par l'actuel ministre de la Justice. Nous pensons apporter une contribution la lutte pour une paix vritable, fonde sur le respect de la vrit et de la loi internationale. Courageusement, en Isral mme, des Juifs fidles leurs prophtes, de "nouveaux historiens" de l'Universit hbraque de Jrusalem, et les partisans israliens d'une paix juste, aprs la rvlation de leur malfaisance, pour l'Etat d'Isral lui-mme, et pour la paix du monde, s'interrogent sur les "mythes" du sionisme politique qui ont conduit aux assassinats commis par Baruch Goldstein Hbron, et par Ygal Amir contre le Premier ministre Ytzhak Rabin.

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La vrit est en marche, et rien ne l'arrtera. Le terrorisme intellectuel d'un "lobby" dj dnonc par le Gnral de Gaulle pour "son influence excessive sur l'information" m'a conduit, en France, procder une pr-publication de ce texte dans un numro spcial hors commerce, rserv aux abonns, d'une revue. Ce fait, expression de la situation en France, semble avoir beaucoup plus retenu l'attention des commentateurs que le contenu de mon texte. Je le publie donc aujourd'hui moi-mme, sous ma seule responsabilit, sous forme de Samizdat, au sens strict de ce terme qui signifie en russe : "dit par soi-mme" Ce livre est dj traduit et en cours de publication aux tats-Unis, en Italie, au Liban, en Turquie, au Brsil. Il est en cours de traduction en allemand et en russe. Le texte franais est accessible sur le rseau tlmatique Internet. Contre les mythologies dvoyes, ce sera une nouvelle contribution l'histoire critique du monde contemporain.

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TABLE DES MATIERES

Introduction I-- Les mythes thologiques. 1. Le mythe de la "promesse" : terre promise ou terre conquise? -- Dans l'exgse chrtienne contemporaine. -- Dans l'exgse prophtique juive. 2. Le mythe du "peuple lu". 3. Le mythe de Josu : la purification ethnique. II -- Les mythes du XXe sicle. 1 -- Le mythe de l'antifascisme sioniste. 2 -- Le mythe de la justice de Nuremberg. 3 -- Le mythe des "six millions" (l'Holocauste). 4 -- Le mythe de "la terre sans peuple pour un peuple sans terre". III -- L'utilisation politique du mythe. 1 -- Le lobby isralo-sioniste aux tats-Unis. 2 -- Le lobby isralo-sioniste en France. 3 -- Le mythe du miracle isralien : le financement extrieur. Conclusion Annexe : Les Nouveaux historiens en Isral.

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Introduction

Ce livre est l'histoire d'une hrsie. Celle qui consiste, par une lecture littrale et slective d'une parole rvle, faire de la religion l'instrument d'une politique en la sacralisant. C'est une maladie mortelle de cette fin de sicle que j'ai dfinie dj dans Intgrismes. Je l'ai combattue chez les musulmans dans Grandeur et dcadence de l'Islam, au risque de dplaire ceux qui n'aimaient pas que je dise : " L'Islamisme est une maladie de l'Islam." Je l'ai combattue chez les chrtiens dans Vers une guerre de religion, au risque de dplaire ceux qui n'aimaient pas que je dise : "Le Christ de Paul n'est pas Jsus." Je la combats aujourd'hui chez les Juifs dans Les Mythes fondateurs de la politique isralienne, au risque de m'attirer les foudres des isralo-sionistes qui dj n'aimaient pas que le Rabbin Hirsh leur rappelle : "Le sionisme veut dfinir le peuple juif comme une entit nationale... C'est une hrsie." Source : Washington Post du 3 octobre 1978. Qu'est-ce que le sionisme, qui est dnonc dans mon livre (et non pas la foi juive) ? Il s'est souvent dfini lui-mme : 1 C'est une doctrine politique. "Depuis 1896, sionisme se rapporte au mouvement politique fond par Thodore Herzl." Source : Encyclopaedia of Zionism and Israel, Herzl Press, New York 1971, volume II, p. 1262. 2 C'est une doctrine nationaliste qui n'est pas ne du judasme mais du nationalisme europen du XIXe sicle. Le fondateur du sionisme politique, Herzl, ne se rclamait pas de la religion : "Je n'obis pas une impulsion religieuse." Source : Th. Herzl : Diaries (Mmoires). Ed. Victor Gollancz. 1958. "Je suis un agnostique" (p. 54)

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Ce qui l'intresse, n'est pas particulirement la terre sainte : il accepte aussi bien, pour ses objectifs nationalistes, l'Ouganda ou la Tripolitaine, Chypre ou l'Argentine, le Mozambique ou le Congo. Source : Herzl, Diaries. (passim) Mais devant l'opposition de ses amis de foi juive, il prend conscience de l'importance de la puissante lgende ("mighty legend"), comme il le dit (Diaries I, p. 6) qui "constitue un cri de ralliement d'une irrsistible puissance." Source : Herzl, L'Etat juif, p. 45. C'est un slogan mobilisateur que ce politique minemment raliste ne saurait ignorer. Aussi proclame-t-il, transposant la puissante lgende du retour en ralit historique : "La Palestine est notre inoubliable patrie historique... ce nom seul serait un cri de ralliement puissant pour notre peuple." Source : Herzl, L'Etat juif, p. 209. "La question juive n'est pour moi ni une question sociale, ni une question religieuse..., c'est une question nationale." 3 C'est une doctrine coloniale. L encore le lucide Thodore Herzl ne cache pas ses objectifs : comme premire tape, raliser une "Compagnie charte", sous protection de l'Angleterre ou de toute autre puissance, en attendant d'en faire l'Etat juif. C'est pourquoi il s'adresse celui qui s'est rvl le matre de ce genre dopration : le trafiquant colonial Cecil Rhodes, qui, de sa Compagnie charte, sut faire une Afrique du Sud, l'une de ses composantes s'appelant de son nom : la Rhodsie. Thodore Herzl lui crit, le 11 janvier 1902 : "Je vous en prie, envoyez-moi un texte disant que vous avez examin mon programme et que vous l'approuvez. Vous vous demanderez pourquoi je m'adresse vous, Monsieur Rhodes. C'est parce que mon programme est un programme colonial." Source : Herzl, Tagebuch, Vol. III, p. 105. Doctrine politique, nationaliste, coloniale, telles sont les trois caractristiques dfinissant le sionisme politique tel que le fit triompher au Congrs de Ble, en aot 1897, Thodore Herzl, son gnial et machiavlique fondateur, qui pouvait dire, avec juste raison au terme de ce Congrs: "J'ai fond l'Etat juif." Source : Diaries, p. 224. Un demi-sicle plus tard c'est en effet cette politique qu'appliqueront trs exactement ses disciples crant, selon ses mthodes et suivant sa ligne politique, l'Etat d'Isral (au lendemain de la Deuxime guerre mondiale.)

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Mais cette entreprise politique, nationaliste et colonialiste, n'tait nullement sur le prolongement de la foi et de la spiritualit juives. Au moment mme du Congrs de Ble qui n'avait pu se tenir Munich (comme le prvoyait Herzl) en raison de l'opposition de la communaut juive allemande, se tenait en Amrique la Confrence de Montral (1897) o, sur la proposition du Rabbin Isaac Meyer Wise, la personnalit juive la plus reprsentative de l'Amrique d'alors, fut vote une motion qui opposait radicalement deux lectures de la Bible, la lecture politique et tribale du sionisme et la lecture spirituelle et universaliste des Prophtes. "Nous dsapprouvons totalement toute initiative visant la cration d'un Etat juif. Des tentatives de ce genre mettent en vidence une conception errone de la mission d'Isral... que les Prophtes juifs furent les premiers proclamer... Nous affirmons que l'objectif du judasme n'est ni politique, ni national, mais spirituel... Il vise une poque messianique o tous les hommes reconnatront appartenir une seule grande communaut pour l'tablissement du Royaume de Dieu sur la terre." Source : Confrence centrale des Rabbins amricains. Yearbook VII, 1897, p. XII. Telle fut la premire raction des organisations juives depuis "L'Association des rabbins d'Allemagne", jusqu' "l'Alliance Isralite universelle de France", "l'Israelitische Allianz" d'Autriche, de mme que les Associations juives de Londres. Cette opposition au sionisme politique, inspire par l'attachement la spiritualit de la foi juive, n'a cess de s'exprimer, mme lorsqu' la suite de la Deuxime guerre mondiale, profitant une fois de plus, l'O N U, des rivalits entre nations, et surtout de l'appui inconditionnel des Etats-Unis, le sionisme isralien parvint s'imposer comme force dominante et, grce ses lobbies, inverser la tendance et faire triompher, mme dans l'opinion, la politique isralo-sioniste de puissance, contre l'admirable tradition prophtique. Il ne parvint pourtant pas touffer la critique des grands spirituels. Martin Buber, l'une des plus grandes voix juives de ce sicle, n'a cess, pendant toute sa vie, et jusqu' sa mort en Isral, de dnoncer la dgnrescence et mme l'inversion du sionisme religieux en sionisme politique. Martin Buber dclarait New York : "Le sentiment que j'prouvais, il y a soixante ans, lorsque je suis entr dans le mouvement sioniste, est essentiellement celui que j'prouve aujourd'hui... J'esprais que ce nationalisme ne suivrait pas le chemin des autres -- commenant par une grande esprance -- et se dgradant ensuite jusqu' devenir un gosme sacr, osant mme, comme Mussolini, se proclamer sacro egosmo, comme si l'gosme collectif pouvait tre plus sacr que l'gosme individuel. Lorsque nous sommes retourns en Palestine, la question dcisive fut : Voulez-vous venir ici comme un ami, un frre, un membre de la communaut des peuples du Proche-Orient, ou comme les reprsentants du colonialisme et de limprialisme ? La contradiction entre le but et les moyens pour l'atteindre a divis les sionistes : les uns voulaient recevoir des Grandes Puissances des privilges politiques particuliers,

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les autres, surtout les jeunes, voulaient seulement qu'on leur permette de travailler en Palestine avec leurs voisins, pour la Palestine et pour l'avenir... Tout ne fut pas toujours parfait dans nos rapports avec les Arabes, mais il y avait, en gnral, bon voisinage entre village juif et village arabe. Cette phase organique de l'tablissement en Palestine dura jusqu' l'poque d'Hitler. C'est Hitler qui a pouss des masses de juifs venir en Palestine, et non pas une lite qui venait accomplir leur vie et prparer l'avenir. Ainsi, un dveloppement organique slectif a succd une immigration de masse avec la ncessit de trouver une force politique pour sa scurit... La majorit des juifs a prfr apprendre d'Hitler que de nous... Hitler a montr que l'histoire ne suit pas le chemin de l'esprit, mais celui du pouvoir, et que lorsqu'un peuple est assez fort, il peut tuer avec impunit... Telle est la situation que nous avions combattre... Au "Ihud" nous proposons... que Juifs et Arabes ne se contentent pas de coexister mais de cooprer... Cela rendrait possible un dveloppement conomique du Proche-Orient, grce auquel le ProcheOrient pourrait apporter une grande, une essentielle contribution l'avenir de l'humanit." Source : Jewish Newsletter du 2 juin 1958. S'adressant au XIIe Congrs sioniste Karlsbad, le 5 septembre 1921, il disait : "Nous parlons de l'esprit d'Isral, et nous croyons n'tre pas semblables aux autres nations... Mais si l'esprit d'Isral n'est rien de plus que la synthse de notre identit nationale, rien de plus qu'une belle justification de notre gosme collectif... transform en idole, nous qui avons refus d'accepter tout prince autre que le Seigneur de l'univers, alors nous sommes comme les autres nations, et nous buvons avec elles la coupe qui les enivre. La nation n'est pas la valeur suprme... Les juifs sont plus qu'une nation : les membres d'une communaut de foi. "La religion juive a t dracine, et ceci est l'essence de la maladie dont le symptme fut la naissance du nationalisme juif au milieu du XIXe sicle. Cette forme nouvelle du dsir de la terre est l'arrire-fond qui marque ce que le judasme national moderne a emprunt au nationalisme moderne de l'Occident... "Qu'est-ce-que l'ide "d'lection" d'Isral a faire en tout cela ?"l'lection" ne dsigne pas un sentiment de supriorit, mais un sens de la destine. Ce sentiment ne nat pas d'une comparaison avec les autres, mais d'une vocation et d'une responsabilit d'accomplir une tche que les prophtes n'ont cess de rappeler : si vous vous vantez d'tre choisis au lieu de vivre dans l'obissance Dieu, c'est une forfaiture. Evoquant cette "crise nationaliste" du sionisme politique qui est perversion de la spiritualit du judasme, il concluait : "Nous esprions sauver le nationalisme juif de l'erreur de faire d'un peuple une idole. Nous avons chou." Source : Martin Buber, Israel and the world. Ed. Schocken, New-York, 1948, p. 263.

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Le Professeur Judas Magnes, Prsident de l'Universit hbraque de Jrusalem depuis 1926, considrait que le "Programme de Biltmore" de 1942, exigeant la cration d'un Etat Juif en Palestine "conduirait la guerre contre les Arabes.". Source : Norman Bentwich. For Zions sake. Biographie de Judas Magnes. Philadelphie. Jewish Publication society of America. 1954. p. 352. Prononant, la rentre de 1946, le discours d'ouverture de cette Universit hbraque de Jrusalem qu'il prsidait depuis 20 ans il disait : "La nouvelle voix juive parle par la bouche des fusils... Telle est la nouvelle Thora de la terre d'Isral. Le monde a t enchan la folie de la force physique. Le ciel nous garde d'enchaner maintenant le judasme et le peuple d'Isral cette folie. C'est un judasme paen qui a conquis une grande partie de la puissante diaspora. Nous avions pens, au temps du sionisme romantique, que Sion devait tre rachet par la droiture. Tous les juifs d'Amrique portent la responsabilit de cette faute, de cette mutation... mme ceux qui ne sont pas d'accord avec les agissements de la direction paenne, mais qui restent assis, les bras croiss. L'anesthsie du sens moral conduit son atrophie." Source : Ibidem, p. 131. En Amrique, en effet, depuis la Dclaration de Biltmore, les dirigeants sionistes avaient dsormais le plus puissant protecteur : les Etats-Unis. L'Organisation sioniste mondiale avait balay l'opposition des juifs fidles aux traditions spirituelles des prophtes d'Isral, et exig la cration, non plus d'un "foyer national juif en Palestine", selon les termes (sinon l'esprit) de la Dclaration Balfour de la prcdente guerre, mais la cration d'un Etat juif de Palestine. Dj, en 1938, Albert Einstein avait condamn cette orientation : "Il serait, mon avis, plus raisonnable d'arriver un accord avec les Arabes sur la base d'une vie commune pacifique que de crer un Etat juif... La conscience que j'ai de la nature essentielle du judasme se heurte l'ide d'un Etat juif dot de frontires, d'une arme, et d'un projet de pouvoir temporel, aussi modeste soit-il. Je crains les dommages internes que le judasme subira en raison du dveloppement, dans nos rangs, d'un nationalisme troit... Nous ne sommes plus les juifs de la priode des Macchabes. Redevenir une nation, dans le sens politique du mot, quivaudrait se dtourner de la spiritualisation de notre communaut que nous devons au gnie de nos prophtes." Source : Rabbin Mosh Menuhin : The Decadence of Judaism in our time. 1969, p. 324. Les rappels n'ont pas manqu lors de chaque violation, par Isral, de la loi internationale. Pour ne citer que deux exemples, o il fut dit haute voix ce que des millions de juifs pensent -- mais sans pouvoir le dire publiquement sous l'inquisition intellectuelle des

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lobbies isralo-sionistes : en 1960, lors du procs d'Eichmann Jrusalem l'American Council for judaism dclarait : "Le Conseil amricain du Judasme a adress hier lundi une lettre M. Christian Herter pour dnier au gouvernement isralien le droit de parler au nom de tous les Juifs. Le Conseil dclare que le Judasme est une affaire de religion et non de nationalit." Source : Le Monde, du 21 juin 1960. Le 8 juin 1982, le Professeur Benjamin Cohen, de l'Universit de Tel-Aviv, lors de l'invasion sanglante des Israliens au Liban, crit P. Vidal-Naquet : "Je vous cris en coutant le transistor qui vient d'annoncer que "nous" sommes en train d'atteindre notre objectif" au Liban : assurer "la paix" aux habitants de Galile. Ces mensonges dignes de Goebbels me rendent fou. Il est clair que cette guerre sauvage, plus barbare que toutes les prcdentes, n'a rien voir, ni avec l'attentat de Londres, ni avec la scurit de la Galile... Des juifs, fils d'Abraham... Des juifs victimes eux-mmes de tant de cruauts, peuvent-ils devenir tellement cruels ?... Le plus grand succs du sionisme n'est donc que ceci : la "djudasation"... des juifs. Faites, chers amis, tout ce qui est en votre pouvoir pour que les Begin et les Sharon n'atteignent pas leur double objectif : la liquidation finale (expression la mode ici ces jours-ci) des Palestiniens en tant que peuple et des Israliens en tant qu'tres humains". Source : Lettre publie dans Le Monde du 19 juin 1982. p. 9. "Le professeur Leibowitz, traite la politique isralienne au Liban de judo-nazie." Source : Yediot Aharonoth, 2 juillet 1982, p. 6. Tel est l'enjeu de la lutte entre la foi juive prophtique et le nationalisme sioniste, fond, comme tout nationalisme, sur le refus de l'autre et la sacralisation de soi. Tout nationalisme a besoin de sacraliser ses prtentions : aprs la dislocation de la chrtient, les Etats-nations ont eu chacun la prtention d'avoir recueilli l'hritage du sacr et d'avoir reu l'investiture de Dieu : La France, est la "Fille ane de l'Eglise", par laquelle s'accomplit l'action de Dieu (Gesta Dei per Francos). L'Allemagne est "au-dessus de tout" parce que Dieu est avec elle (Gott mit uns). Eva Peron proclame que "la Mission de l'Argentine est d'apporter Dieu au monde", et, en 1972, le Premier ministre de l'Afrique du Sud, Vorster, clbre par le racisme sauvage de "l'apartheid", vaticine son tour: "N'oublions pas que nous sommes le peuple de Dieu, investi d'une mission"... Le nationalisme sioniste partage cette ivresse de tous les nationalismes. Mme les plus lucides se laissent tenter par cette "ivresse".

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Mme un homme comme le Professeur Andr Neher, dans son beau livre : L'essence du prophtisme (Ed. Calmann-Lvy. 1972. p. 311.) aprs avoir si bien voqu le sens universel de lAlliance : alliance de Dieu avec l'homme, en arrive crire qu'Isral est "le signe, par excellence, de l'histoire divine dans le monde. Isral est l'axe du monde, il en est le nerf, le centre, le coeur." (p. 311) De tels propos voquent fcheusement le "mythe aryen" dont l'idologie fonda le pangermanisme et l'hitlrisme. Dans cette voie l'on est aux antipodes de l'enseignement des Prophtes et de l'admirable Je et Tu de Martin Buber. L'exclusivisme interdit le dialogue : l'on ne peut "dialoguer" ni avec Hitler, ni avec Begin, puisque leur supriorit raciale ou leur alliance exclusive avec le divin ne leur laisse plus rien attendre de l'autre. Parce que nous avons conscience qu' notre poque il n'existe d'autre alternative que le dialogue ou la guerre, et que le dialogue exige, comme nous ne cessons de le rpter, que chacun ait, au dpart, conscience de ce qui manque sa propre foi, et qu'il a besoin de l'autre pour combler en soi ce vide qui est la condition de tout dpassement et de tout dsir de plnitude (qui est l'me de toute foi vivante.) Notre anthologie du crime sioniste se situe dans le prolongement des efforts de ceux des Juifs qui ont tent de dfendre un judasme prophtique contre un sionisme tribal. Ce qui nourrit l'antismitisme, ce n'est pas la critique de la politique d'agression, d'imposture et de sang du sionisme isralien, c'est le soutien inconditionnel de cette politique qui ne retient, des grandes traditions du judasme, que ce qui justifierait, par une interprtation littraliste, cette politique, et l'lverait au-dessus de toute loi internationale en la sacralisant par les mythes d'hier et d'aujourd'hui.

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I Les mythes thologiques

1. Le mythe de la "promesse" : terre promise ou terre conquise ?"A ta postrit je donne ce pays, du fleuve d'Egypte jusqu' au grand fleuve, le fleuve d'Euphrate." Gense XV, 18

La lecture intgriste du sionisme politique : "Si l'on possde le livre de la Bible, si l'on se considre comme le peuple de la Bible, on devrait possder toutes les terres bibliques." Gnral Mosh Dayan. Jerusalem Post, 10 aot 1967. Le 25 fvrier 1994, le Docteur Baruch Goldstein massacre les Arabes en prires dans le tombeau des patriarches. Le 4 novembre 1995, Ygal Amir assassine Ytzhak Rabin, "sur l'ordre de Dieu", et de son groupe de "guerriers d'Isral", d'excuter quiconque cderait aux Arabes la "terre promise" de "Jude et de Samarie" (l'actuelle Cisjordanie). a) Dans l'exgse chrtienne Albert de Pury, professeur d'Ancien Testament la facult de Thologie protestante de Genve, rsume ainsi sa thse de doctorat "Promesse divine et lgende cultuelle dans le cycle de Jacob" (2 vol., d. Gabalda, Paris, 1975), dans laquelle il intgre, discute et prolonge les recherches des plus grands historiens et exgtes contemporains notamment: Albrecht Alt et Martin Noth (voir: Histoire d'Isral, de M. Noth, traduction franaise, chez Payot 1954; Thologie de l'Ancien Testament, 1971 Ed. Labor et Fides, Genve, par Von Rad; le Pre R. de Vaux : Histoire ancienne d'Isral (2 volumes), Paris 1971. "Le thme biblique du don du pays a son origine dans la "promesse patriarcale", c'est-dire dans cette promesse divine adresse, selon la tradition de la Gense, au patriarche Abraham. Les rcits de la Gense nous rapportent plusieurs reprises et sous des formes diverses que Dieu a promis aux patriarches et leurs descendants la possession du pays dans lequel ils taient en train de s'tablir. Prononce Sichem (Gn 12/7), Bthel (Gn 13/14-16; 28/13-15; 35/11-12) et Mamr (prs d'Hbron, Gn 15/18-21; 17/4-8), donc aux sanctuaires principaux de Samarie et de Jude, cette promesse semble s'appliquer avant tout aux rgions de l'actuelle Cisjordanie.

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Les narrateurs bibliques nous prsentent l'histoire des origines d'Isral comme une suite d'poques bien dlimites. Tous les souvenirs, histoires, lgendes, contes ou pomes qui leur sont parvenus, charris par la tradition orale, ils les insrent dans un cadre gnalogique et chronologique prcis. Comme en conviennent presque tous les exgtes modernes, ce schma historique est largement fictif. Les travaux d'Albrecht Alt et de Martin Noth ont montr en particulier que la division en poques successives (Patriarches -- servitude en Egypte -- conqute de Canaan) est artificielle." 1 Rsumant, en accord avec la thse d'Albert de Pury, les travaux de l'exgse contemporaine, Madame Franoise Smyth, doyenne de la Facult de thologie protestante de Paris, crit : "La recherche historique rcente a rduit l'tat de fiction les reprsentations classiques d'exode hors d'Egypte, de conqute de Canaan, d'unit nationale isralite avant l'exil, de frontires prcises; l'historiographie biblique ne renseigne pas sur ce qu'elle raconte mais sur ceux qui l'laborent." Source : Franoise Smyth. "Les protestants, la Bible et Isral depuis 1948". Dans la Lettre de novembre 1984, No 313, p. 23. Madame Franoise Smyth-Florentin a fait une mise au point rigoureuse sur le mythe de la promesse dans le livre Les Mythes illgitimes. Essai sur la "terre promise". Ed. Labor et Fides. Genve 1994. Albert de Pury poursuit : "La plupart des exgtes ont tenu et tiennent la promesse patriarcale dans son expression classique (cf. par exemple Gn 13/14-17 ou Gn 15/1821) pour une lgitimation post eventum de la conqute isralite de la Palestine ou, plus concrtement encore, de l'extension de la souverainet isralite sous le rgne de David. En d'autres termes, la promesse aurait t introduite dans les rcits patriarcaux afin de faire de cette "pope ancestrale" un prlude et une annonce de l'ge d'or davidique et salomonien. Nous pouvons maintenant circonscrire sommairement les origines de la promesse patriarcale : 1. La promesse de la terre, entendue comme une promesse de sdentarisation, a t adresse en premier des groupes de nomades qui taient soumis au rgime des transhumances et qui aspiraient se fixer quelque part dans les rgions habitables. Sous cette forme-l, la promesse a pu faire partie du patrimoine religieux et narratif de plusieurs groupes tribaux diffrents. 2

1 Cf. A. Alt, "Der Gott der Vter" (1929), in A. Alt, Kleine Schriften zur Geschichte des Volkes Israel, I, Munich, 1953 (= 1963), p. 1-78 (tr. angl. in Essays on old Testament History and Religion, Oxford, Blackwell, 1966, p. 1-77 "Die Landnahme der Israeliten in Palstina" (1925), in Kleine Schriften , I, p.89-125 (tr. angl. idem, p. 133-169) 2 " La lecture des textes sacrs du Moyen-Orient nous montre que tous les peuples y ont reu des promesses semblables de leur dieu leur promettant la terre, de la Msopotamie l'Egypte, en passant par les Hittites.

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2. La promesse nomade avait pour objet, non pas la conqute politique et militaire d'une rgion ou de tout un pays, mais la sdentarisation dans un territoire limit. 3. A l'origine, la promesse patriarcale dont nous parle la Gense n'a pas t accorde par Yahv (le dieu qui est entr en Palestine avec le "groupe de l'Exode"), mais par le dieu cananen El dans une de ses hypostases locales. Seul le dieu local, possesseur du territoire, pouvait offrir des nomades la sdentarisation sur ses terres. 4. Plus tard, lorsque les clans nomades sdentariss se sont regroups avec d'autres tribus pour former le "peuple d'Isral", les anciennes promesses ont pris une nouvelle dimension. La sdentarisation tait un objectif atteint, et la promesse prenait dsormais une porte politique, militaire et "nationale". Ainsi rinterprte, la promesse fut comprise comme la prfiguration de la conqute dfinitive de la Palestine, comme l'annonce et la lgitimation de l'empire davidique." Le contenu de la promesse patriarcale "Alors que la promesse "nomade", visant la sdentarisation d'un clan moutonnier, remonte sans doute une origine ante eventum, il n'en va pas de mme de la promesse largie aux dimensions "nationales". Etant donn que les tribus "isralites" ne se sont unies qu'aprs leur installation en Palestine, la rinterprtation de la promesse nomade en une promesse de souverainet politique doit avoir t opre post eventum. Ainsi, la promesse de Gn 15/18-21, qui envisage la souverainet du peuple lu sur toutes les rgions situes "entre le Torrent d'Egypte (= le wadi `Arish) et le Grand Fleuve, le fleuve Euphrate" et sur tous les peuples qui y habitent, est manifestement un vaticinium ex eventu s'inspirant des conqutes davidiques. Les recherches exgtiques ont permis d'tablir que l'largissement de la promesse "nomade" en une promesse "nationale" a d se faire avant la premire mise par crit des rcits patriarcaux. Le Yahviste, qui peut tre considr comme le premier grand narrateur (ou plutt : diteur de rcits) de l'Ancien Testament, a vcu l'poque de Salomon. Il a t par consquent le contemporain et le tmoin de ces quelques dcennies o la promesse patriarcale, rinterprte la lumire de David, semblait s'tre ralise au del de toutes les esprances.En Egypte, sur la stle de Karnak, dresse par Toutmosis III (entre 1480 et 1475 av. J.C.) pour clbrer les victoires qu'il avait accumules sur la route de Gaza, Megiddo, Qadesh, et jusqu' Karkemish (sur l'Euphrate), le dieu dclare : " je t'assigne, par dcret, la terre de long en large. Je suis venu et je te donne d'craser la terre d'Occident. " A l'autre bout du "croissant fertile", en Msopotamie, dans la 6e tablette du "Pome babylonien de la cration", le dieu, Mardouk, "fixe chacun son lot" (verset 46), et pour sceller l'Alliance ordonne de construire Babylone et son temple ". (a) Entre les deux, les Hittites chantent Arinna, la desse solaire : "Tu veilles sur la scurit des cieux et de la terre Tu tablis les frontires du pays. " (b) Si les Hbreux n'avaient pas reu une telle promesse, alors ils constitueraient vraiment une exception ! (c) (a) - Les religions du Proche-Orient, par Ren Labet, Fayard, 1970, p. 60. (b) - Ibidem p. 557. (c) Voir, sur la promesse, la thse du Pre Landouzies, l'lnstitut catholique de Paris., sur Le don de la terre de Palestine (1974), pp. 10-15.

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Le passage de Gn 12/3b est un des textes-clef pour la comprhension de l'uvre du Yahviste. D'aprs ce texte, la bndiction d'Isral doit avoir pour corollaire la bndiction de tous "les clans de la terre (`admh)". Les clans de la terre, ce sont d'abord toutes les peuplades qui partagent avec Isral la Palestine et la Transjordanie. Ainsi nous ne sommes pas en mesure d'affirmer qu' tel ou tel moment dans l'histoire Dieu se soit prsent devant un personnage historique nomm Abraham et qu'il lui ait confr les titres lgaux de la possession du pays de Canaan. Du point de vue juridique, nous n'avons entre nos mains aucun acte de donation sign "Dieu", et nous avons mme de bonnes raisons de penser que la scne de Gn-12/1-8; 13/14-18, par exemple, n'est pas le reflet d'un vnement historique. Est-il possible, ds lors, d'actualiser la promesse patriarcale ? Si actualiser la promesse signifie s'en servir comme d'un titre de proprit ou la mettre au service d'une revendication politique, alors certainement pas. Nulle politique n'est en droit de revendiquer pour elle-mme la caution de la promesse. L'on ne saurait se rallier en aucune manire ceux d'entre les chrtiens qui considrent les promesses de l'Ancien Testament comme une lgitimation des revendications territoriales actuelles de l'Etat d'Isral." Source : Tous ces textes sont extraits de la confrence donne le 10 fvrier 1975 Crt-Brard (Suisse) lors d'un colloque sur les interprtations thologiques du conflit isralo-arabe, publi dans la revue Etudes thologiques et religieuses, No 3, 1976 (Montpellier). b) Dans l'exgse prophtique juive (Confrence du Rabbin Elmer Berger, ancien Prsident de la Ligue pour le judasme aux Etats-Unis.) "Il est inadmissible pour quiconque de prtendre que l'implantation actuelle de l'Etat d'Isral est l'accomplissement d'une prophtie biblique et, par consquent, que toutes les actions accomplies par les Israliens pour instaurer leur Etat et pour le maintenir sont d'avance ratifies par Dieu. La politique actuelle d'Isral a dtruit, ou, au moins, obscurci la signification spirituelle d'Isral. Je me propose d'examiner deux lments fondamentaux de la tradition prophtique. a -- D'abord, lorsque les Prophtes ont voqu la restauration de Sion, ce n'tait pas la terre qui avait par elle-mme un caractre sacr. Le critre absolu et indiscutable de la conception prophtique de la Rdemption, c'tait la restauration de l'Alliance avec Dieu, alors que cette Alliance avait t rompue par le Roi et par son peuple. Miche le dit en toute clart, "Ecoutez-donc, chefs de la maison de Jacob, et dirigeants de la maison d'Isral, vous qui hassez le bien et aimez le mal, ... qui

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btissez Sion dans le sang et Jrusalem dans le crimeSion sera laboure comme un champ, Jrusalem deviendra un monceau de ruines, et la montagne du Temple un haut lieu d'idoltrie." Source : Miche III, 1 -- 12. Sion n'est sainte que si la Loi de Dieu rgne sur elle. Et cela ne signifie pas que toute Loi dicte Jrusalem est une Loi sainte. b -- Ce n'est pas seulement la terre qui dpend de l'observance et de la fidlit lAlliance : le peuple rinstall Sion est tenu aux mmes exigences de justice, de droiture, et de fidlit l'Alliance de Dieu. Sion ne pouvait attendre une restauration d'un peuple s'appuyant sur des traits, des alliances, des rapports militaires de force, ou d'une hirarchie militaire cherchant tablir sa supriorit sur les voisins dIsral. ...La tradition prophtique montre clairement que la saintet de la terre ne dpend pas de son sol, ni celle de son peuple, de sa seule prsence sur ce territoire. Seule est sacre, et digne de Sion, l'Alliance divine qui s'exprime dans le comportement de son peuple. Or l'actuel Etat d'Isral n'a aucun droit se rclamer de l'accomplissement du projet divin pour une re messianique... C'est l pure dmagogie du sol et du sang. Ni le peuple ni la terre ne sont sacrs et ne mritent aucun privilge spirituel du monde. Le totalitarisme sioniste qui cherche se soumettre tout le peuple juif, ft-ce par la violence et la force, en fait un peuple parmi les autres et comme les autres." Source : Rabbin Elmer Berger : Prophecy, Zionism and the state of Isral, Ed. American Jewish Alternatives to Zionism. Confrence prononce l'Universit de Leiden (Pays-Bas) le 20 mars 1968. *** Ygal Amir, l'assassin d'Ytzhak Rabin, n'est ni un voyou ni un fou mais un pur produit de l'ducation sioniste. Fils de rabbin, excellent tudiant de l'Universit clricale de Bar Ilan prs de Tel-Aviv, nourri des enseignements des coles talmudiques, soldat d'lite dans le Golan, ayant dans sa bibliothque la biographie de Baruch Goldstein (celui qui assassina, il y a quelques mois, Hbron, 27 Arabes en prire dans le tombeau des patriarches). Il avait pu voir, la tlvision officielle isralienne, le grand reportage sur le groupe "Eyal" (Les guerriers d'Isral) jurant, sur la tombe du fondateur du sionisme politique, Thodore Herzl, d'"excuter quiconque cderait aux Arabes la "terre promise" de Jude et de Samarie" (l'actuelle Cisjordanie).

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L'assassinat du Prsident Rabin, (comme celui que perptra Goldstein) s'inscrit dans la stricte logique de la mythologie des intgristes sionistes : l'ordre de tuer, dit Ygal Amir "vient de Dieu", comme au temps de Josu. Source : Le Monde (A.F.P.) du 8 novembre 1995. Ce n'tait pas un marginal dans la socit isralienne: le jour du meurtre d'Ytzhak Rabin, les colons de Kiryat Arba et d'Hbron dansaient de joie en rcitant des psaumes de David autour du mausole rig la gloire de Baruch Goldstein. Source : El Pas (Espagne) du 7 novembre 1995, p. 4. Ytzhak Rabin tait une cible symbolique, non pas, comme Bill Clinton l'a prtendu ses obsques, parce qu'il aurait "combattu toute sa vie pour la paix". (Commandant les troupes d'occupation au dbut de l'Intifada, c'est lui qui donnait l'ordre de "casser les os des bras" aux enfants de la terre palestinienne qui n'avaient d'autre arme que les vieilles pierres de leur pays se levant avec eux pour dfendre la terre de leurs anctres.) Mais Ytzhak Rabin, avec ralisme, avait compris (comme les Amricains au VitNam ou les Franais en Algrie) qu'aucune solution militaire dfinitive n'est possible lorsqu' une arme se heurte, non une autre arme, mais tout un Peuple. Il s'tait donc engag, avec Yasser Arafat, dans la voie d'un compromis : une autonomie administrative tait octroye une partie des territoires dont l'occupation avait t condamne par les Nations Unies, tout en maintenant la protection militaire isralienne des "colonies" voles aux autochtones et devenues, comme Hbron, des sminaires de la haine. C'tait trop dj pour les intgristes bnficiaires de ce colonialisme : ils crrent, contre Rabin qu'ils prsentaient comme un "tratre", le climat conduisant l'infamie de son assassinat. Ytzhak Rabin a t victime, aprs des milliers de Palestiniens, du mythe de la "terre promise", prtexte millnaire des colonialismes sanglants. Cet assassinat fanatique montre, une fois de plus, qu'une paix vritable entre un Etat d'Isral en scurit dans les frontires fixes par le partage de 1947, et un Etat palestinien totalement indpendant, exige l'limination radicale du colonialisme actuel, c'est--dire de toutes les colonies qui constituent, l'intrieur du futur Etat palestinien, d'incessantes sources de provocation et autant de dtonateurs pour des guerres futures. *** 2. Le mythe du "peuple lu""Ainsi parle le Seigneur : mon fils premier n c'est Isral." Exode IV, 22.

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La lecture intgriste du sionisme politique : "Les habitants du monde peuvent tre rpartis entre Isral et les autres nations prises en bloc. Isral est le peuple lu : dogme capital." Source : Rabbin Cohen, dans son livre, Le Talmud. Ed. Payot, Paris, 1986, p. 104. Ce mythe c'est la croyance, sans aucun fondement historique, selon laquelle le monothisme serait n avec l'Ancien Testament. Il ressort au contraire, de la Bible elle-mme, que ses deux principaux rdacteurs : le Yahviste et l'Elohiste, n'taient ni l'un ni l'autre des monothistes : ils proclamaient seulement la supriorit du Dieu hbreu sur les autres dieux, et sa "jalousie" leur gard (Exode XX, 2-5). Le Dieu de Moab : Kamosh, est reconnu (Juges XI, 24 et II Rois, 27) comme "les autres dieux" (I. Samuel XXVII, 19). La T.O.B souligne en note : "Trs longtemps, en Isral on a cru l'existence et la puissance des dieux trangers." (p. 680 note d) 1 Ce n'est qu'aprs l'exil, et notamment chez les Prophtes, que le monothisme s'affirmera, c'est--dire que l'on passera des formules comme celles de lExode : "Tu n'auras pas d'autres dieux que moi." (XX, 3) celle qui ne se contente pas d'exiger l'obissance Yahv et non aux autres dieux (comme il est mme rpt dans le Deutronome : "Vous n'irez pas la suite d'autres dieux." (VI, 14)), mais qui proclame : "Je suis Dieu, il n'y en a pas d'autre." (Esae XLV, 22). Cette affirmation indiscutable du monothisme date de la deuxime moiti du VIe sicle (entre 550- et 539). Le monothisme est en effet le fruit d'un long mrissement des grandes cultures du Moyen-Orient, celle de la Msopotamie et celle de l'Egypte. Ds le XIIIe sicle, le Pharaon Akhenaton avait fait effacer de tous les temples le pluriel du mot "Dieu". Son "Hymne au soleil" est paraphras presque textuellement dans le Psaume 104. La religion babylonienne s'achemine vers le monothisme; voquant le Dieu Mardouk, l'historien Albright marque les tapes de cette transformation : "Quand on a reconnu que de nombreuses divinits diffrentes ne sont que les manifestations d'un seul Dieu... il n'y a qu'un pas faire pour parvenir un certain monothisme." Source : Albright, Les religions dans le Moyen-Orient, p. 159. Le "Pome babylonien de la Cration" (qui date du XIe sicle avant notre re) porte tmoignage de ces "derniers pas": "Si les humains sont diviss quant aux dieux, nous, par tous les noms dont nous l'aurons nomm, qu'il soit, Lui, notre Dieu." Cette religion a atteint ce degr d'intriorit o apparat l'image du Juste souffrant : "Je veux louer le Seigneur de la sagesse... Mon Dieu m'a abandonn... Je paradais comme un Seigneur, et je rase les murs...1

TOB : Traduction cumnique de la Bible.

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Tous les jours je gmis comme une colombe et les larmes brlent mes joues. Et pourtant la prire tait pour moi sagesse, et le sacrifice ma loi. Je croyais tre au service de Dieu, mais les desseins divins, au fond des abmes, qui peut les comprendre ? Qui donc, sinon Mardouk, est le matre de la rsurrection ? Vous dont il modela l'argile originelle, Chantez la gloire de Mardouk." Source : op. cit. p. 329 341. Cette image de Job lui est antrieure de plusieurs sicles. Une image semblable du juste souffrant, celle de Danel (pas celui de la Bible hbreue) puni par Dieu et ramen par lui sur la terre, se trouve dans les textes ougaritiques de Ras Shamra, dans ce qu'on a pu appeler "La Bible cananenne" antrieure celle des Hbreux puisqu' Ezchiel cite Danel ct de Job (Ez. XIV, 14 et 20). Ce sont l des paraboles dont la signification spirituelle ne dpend nullement de la vrification historique. C'est, par exemple, le cas de cette merveilleuse parabole de la rsistance l'oppression et de la libration qu'est le rcit de l'Exode. Il importe peu que "le passage de la mer de roseaux ne puisse tre considr comme un vnement historique", crit Mircea Eliade 1 et ne concerne pas l'ensemble des Hbreux, mais quelques groupes de fugitifs. Il est par contre signifiant que la sortie d'Egypte, dans cette version grandiose, ait t "mise" en relation avec la clbration de Pques... revalorise et intgre l'histoire sainte du Yahvisme. 2 A partir de 621 avant J.-C. la clbration de l'Exode prend en effet la place d'un rite agraire cananen de la Pques au printemps : la fte de la rsurrection d'Adonis. L'Exode devient ainsi l'acte fondateur de la renaissance d'un peuple arrach l'esclavage par son dieu. L'exprience divine de cet arrachement de l'homme ses servitudes anciennes se retrouve dans les peuples les plus divers : la longue errance, au XIIIe sicle, de la tribu aztque "mexica" qui aprs plus d'un sicle d'preuves arrive dans la valle sous la conduite de son dieu. Il lui ouvre la voie l o nulle route n'tait jusque l trace. Il en est de mme des voyages initiatiques vers la libert du Kadara africain. La fixation au sol de tribus nomades ou errantes est lie chez tous les peuples -- en particulier au Moyen-Orient -- la donation de la terre promise par un dieu. Des mythes jalonnent le chemin de l'humanisation et de la divinisation de l'homme. Celui du Dluge, par lequel Dieu punit les fautes des hommes et recommence sa cration, se retrouve dans toutes les civilisations depuis le Gilgamesh msopotamien jusqu'au Popol Vuh des Mayas (1re partie, chap. 3).

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Mircea Eliade. "Histoire des croyances et des ides religieuses" (T. I., p. 190). Ibidem. p. 191.

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Les hymnes de louange Dieu naissent dans toutes les religions comme les psaumes en l'honneur de Pachamama, la desse mre ou du Dieu des Incas, "Wiraqocha, racine de l'tre, Dieu toujours proche... qui cre en disant : que l'homme soit ! que la femme soit ! Wiraqocha, Seigneur lumineux, Dieu qui fait tre et qui fait mourir... Toi qui renouvelles la cration Garde ta crature de longs jours pour qu'elle puisse se parfaire... marchant sur la route droite." Si un prjug ethnocentrique n'y faisait obstacle, pourquoi, sur ces textes sacrs, qui sont, pour chaque peuple, leur "Ancien Testament", ne dploierait-on pas une rflexion thologique sur les moments de la dcouverte du sens de la vie? Alors seulement, le message de la vie et des paroles de Jsus atteindraient la vritable universalit : il serait enracin dans toutes les expriences vcues du divin et non pas triqu et mme touff par une tradition unilatrale. La vie propre de Jsus, sa vision radicalement nouvelle du Royaume de Dieu, non plus porte par la puissance des grands, mais par l'esprance des pauvres, ne serait plus gomme au profit d'un schma historique allant seulement des promesses de victoire faites un peuple jusqu' leur accomplissement. Nous n'avons voqu ici, dans leur antriorit, que les religions du Proche-Orient, au sein desquelles a germ le monothisme et parmi lesquelles se sont forms les Hbreux. Dans d'autres cultures, non-occidentales, la marche au monothisme est plus ancienne encore. Par exemple en Inde dans les Vedas. "Les sages donnent l'Etre Unique plus d'un nom" (Hymne du Rig-Veda III, 7). Vrihaspati "c'est notre Pre, qui contient tous les dieux." (III, 18) "Celui qui est notre Pre, a engendr et contient tous les tres. Dieu unique, il fait les autres dieux. Tout ce qui existe le reconnat pour matre... Vous connaissez Celui qui a fait toutes choses; c'est le mme qui est au dedans de vous." (CXI, 11). "Ses noms sont multiples mais Il est Un."

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Ces textes sacrs, s'chelonnent entre le XVIe et le VIe sicle avant Jsus-Christ, et le pre Monchanin (S.J.) dans son effort d'intuition pour se situer l'intrieur des Vedas, les appelait : "Le pome liturgique absolu." Source : Jules Monchanin : Mystique de l'Inde, mystre chrtien. p. 231-229.[page 49 106]

3. Le mythe de Josu : la purification ethnique"Josu, et tout Isral avec lui, passa de Lakish Hbron. Yahv livra Lakish aux mains d'Isral. Ils s'en emparrent et la passrent au tranchant de l'pe au point de ne lui laisser aucun survivant... Josu, et tout Isral avec lui, monta de Egln Hbron". Livre de Josu X, 34.

La lecture intgriste du sionisme politique : Le 9 avril 1948, Menahem Begin, avec ses troupes de l'Irgoun, massacre les 254 habitants du village de Deir Yassin, hommes, femmes et enfants. Nous n'tudierons ce passage de la fossilisation du mythe en histoire et des prtentions de ce "bricolage historique" la justification d'une politique que dans un cas particulier: celui de l'instrumentalisation des rcits bibliques, parce qu'ils n'ont cess de jouer un rle dterminant dans le devenir de l'Occident en couvrant ses entreprises les plus sanglantes, depuis la perscution des Juifs par les Romains, puis par les chrtiens, jusqu'aux Croisades, aux Inquisitions, aux Saintes-alliances, aux dominations coloniales exerces par les "peuples lus", jusqu'aux exactions de l'Etat d'Isral, non pas seulement par sa politique d'expansion au Moyen-Orient, mais par les pressions de ses lobbies, dont le plus puissant, dans la "puissance la plus puissante": les Etats-Unis, joue un rle de premier plan dans la politique amricaine de domination mondiale et d'agression militaire. Telle est la raison de notre choix : l'exploitation d'un pass mythique oriente l'avenir vers ce qui pourrait tre un suicide plantaire. *** La Bible contient, au-del du rcit des massacres ordonns par un "Dieu des armes", le grand prophtisme d'Amos, d'Ezchiel, d'Isae, et de Job, jusqu' Annonciation d'une "nouvelle alliance" avec Daniel. Cette nouvelle alliance (ce Nouveau Testament) marquera, la fois, la plus grande mutation dans l'histoire des hommes et des dieux, avec la leve de Jsus, en laquelle, comme le disent les Pres de l'Eglise d'Orient: "Dieu s'est fait homme pour que l'homme puisse devenir Dieu". Puis ce fut le retour, avec Saint Paul, la vision traditionnelle du Dieu souverain et tout puissant, dirigeant de l'extrieur et d'en haut la vie des hommes et des communauts, non plus par la "loi" juive, mais par une "grce" chrtienne qui aurait la mme extriorit dtruisant la responsabilit de l'homme. "C'est par la grce que vous tes sauvs. Vous n'y tes pour rien. C'est le don de Dieu." (Ephsiens, II, 8) 23

Nous ne traiterons pas de la Bible en gnral, mais seulement de la partie dont prtendent s'inspirer aujourd'hui le rgime thocratique isralien et le mouvement sioniste : la Thora (que les chrtiens appellent le Pentateuque, c'est--dire les cinq livres initiaux : la Gense, l'Exode, le Lvitique, les Nombres et le Deutronome) et ses annexes dites "historiques", les livres de Josu, des Juges, des Rois et de Samuel. De la Thora juive ne fait pas partie la grandiose critique prophtique rappelant constamment que "l'alliance de Dieu avec les hommes", est conditionnelle et universelle, lie l'observance de la loi divine et s'ouvre tous les peuples et tous les hommes. *** La Thora (le Pentateuque) et les livres "historiques" (comme depuis plus d'un sicle les exgtes l'ont prouv), sont une compilation crite de traditions orales qui ont t faites par des chroniqueurs du IXe sicle, et par des scribes de Salomon ayant pour proccupation centrale de lgitimer, en les amplifiant, les conqutes de David et de son empire, dont il n'existe d'ailleurs aucune possibilit de recoupement historique, ni par des traces archologiques, ni par des documents autres que les rcits bibliques. Le premier vnement confirm par des histoires extrieures, concerne Salomon, dont on trouve des traces dans les archives assyriennes. Jusque l, il n'y a aucune source extrieure aux rcits de la Bible pour en contrler l'historicit. Par exemple, les vestiges archologiques d'Ur, en Iraq, ne nous donnent pas plus d'informations sur Abraham, que les excavations sur les ruines de Troie ne nous informent sur Hector ou Priam. Au livre des "Nombres" (XXXI, 7-18) l'on nous raconte les exploits des "fils d'Isral" qui, vainqueurs des Madianites, "comme le seigneur l'avait ordonn Mose, turent tous les hommes", "firent prisonnires les femmes", "incendirent toutes les villes". Lorsqu'ils retournrent vers Mose, "Mose se fcha. Quoi, leur dit-il, vous avez laiss la vie toutes les femmes...! Eh bien, maintenant, tuez tous les garons et tuez toutes les femmes qui ont connu un homme dans l'treinte conjugale... Mais toutes les vierges... gardez-les pour vous." (14-18). Le successeur de Mose, Josu, poursuivit, lors de la conqute de Canaan, de manire systmatique, cette politique de "purification ethnique" commande par le Dieu des armes. "En ce jour-l, Josu s'empara de Maqqeda et la passa, ainsi que son roi, au tranchant de lpe : il les voua l'interdit, eux et toutes les personnes qui s'y trouvaient; il ne laissa pas un survivant et il traita le roi de Maqqeda comme il avait trait le roi de Jricho. Josu, et tout Isral avec lui, passa de Maqqeda Livna et il engagea le combat avec Livna. Le Seigneur la livra aussi, avec son roi, aux mains d'Isral, qui la passa au tranchant de l'pe avec toutes les personnes qui s'y trouvaient; il ne lui laissa pas de survivant et il a trait son roi comme il avait trait le roi de Jricho.

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Josu, et tout Isral avec lui, passa de Livna Lakish; il l'assigea et lui fit la guerre. Le Seigneur livra Lakish aux mains d'Isral qui s'en empara le second jour, la passa au tranchant de l'pe avec toutes les personnes qui s'y trouvaient, tout comme il avait trait Livna. Alors Horam, roi de Guezer, monta secourir Lakish. Mais Josu le frappa ainsi que son peuple au point de ne lui laisser aucun survivant. Josu, et tout Isral avec lui, passa de Lakish Egln; ils l'assigrent et lui firent la guerre. Ils s'en emparrent ce jour-l et la passrent au tranchant de l'pe. Toutes les personnes qui s'y trouvaient, il les voua l'interdit en ce jour-l, tout comme il avait trait Lakish. Josu, et tout Isral avec lui, monta de Egln Hbron." Source : Livre de Josu, X, 34 X, 36. Et la litanie continue numrant les "exterminations sacres" perptres en Cisjordanie. Nous devons, devant ces rcits, poser deux questions fondamentales : 1 Celle de leur vrit historique; 2 Celle des consquences d'une imitation littrale de cette exaltation d'une politique d'extermination. a) Sur le premier point Nous nous heurtons ici l'archologie. Les fouilles paraissent avoir dmontr que les Isralites arrivant la fin du XIIIe sicle av. J.-C. n'ont pas pu prendre Jricho parce que Jricho tait alors inhabite. La ville du Moyen Bronze a t dtruite vers 1550 et a t ensuite abandonne. Au XIVe sicle elle a t pauvrement roccupe : on a trouv de la poterie de cette poque dans des tombes du Moyen Bronze qui ont t rutilises, et une maison o se trouvait une cruchette du milieu du XIVe sicle. Rien ne peut tre attribu au XIIIe sicle. Il n'y a pas de traces de fortifications du Rcent Bronze. La conclusion de Miss K.M. Kenyon est qu'il est impossible d'associer une destruction de Jricho avec une entre des Isralites la fin du XIIIe sicle av. J.-C. Source : Cf. K.M. Kenyon, Digging up Jericho, London, 1957, p. 256-265; Jericho, dans Archaeology and Old Testament Study, d. D. Winton, Oxford, 1967, spc. p. 272-274; H.J. Franken, Tell es-Sultan and Old Testament Jericho, dans OTS, 14 (1965), p. 189-200. M. Weippert, Die Landnahme der israelitischen Stmme, p. 5455. Il en est de mme pour la prise de Ay : "De tous les rcits de la conqute, celui-ci est le plus dtaill; il ne comporte aucun lment miraculeux et apparat comme le plus vraisemblable. Il est malheureusement dmenti par l'archologie.

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Le site a t fouill par deux expditions diffrentes. Les rsultats sont concordants : Et-Tell tait l'Ancien Bronze une grande ville dont nous ignorons le nom et qui a t dtruite au cours de l'Ancien Bronze III, vers 2400 av. J.-C. Elle est reste dserte jusqu'aprs 1200, o un pauvre village non fortifi s'est install sur une partie des ruines. Celui-ci n'a subsist que jusqu'au dbut du Xe sicle av. J.-C. au plus tard; aprs quoi le site a t dfinitivement abandonn. Au moment de l'arrive des Isralites, il n'y avait pas de ville `Ay, il n'y avait pas de roi de `Ay, il y avait une ruine vieille de 1200 ans." Source Pre de Vaux (O.P.), Histoire ancienne d'Isral. Ed. Lecoffre et Gabalda. Paris 1971 T I, p. 565. Voir: en 1933-35 par Judith Marquet-Krause, Les fouilles de `Ay (Et-Tell), Paris, 1949, Puis par J.A. Callawy partir de 1964, Cf. J.A. Callaway, Basor 178 (apr. 1965), p. 13-40; RB, 72 (1965), p. 409-415; K. Schoonover, RB 75 (1968), p. 243247; 76 (1969), p. 423-426; J.A. Callaway, Basor, 196 (dec. 1969), p. 2-16. b) Sur le deuxime point Pourquoi, ds lors, un Juif pieux et intgriste (c'est--dire s'en tenant la lecture littrale de la Bible) ne suivrait-il pas l'exemple de personnages aussi prestigieux que Mose ou Josu ? N'est-il pas dit dans les Nombres, lorsque commence la conqute de la Palestine (Canaan) : "Le Seigneur lui livra les Cananens. Isral les livra l'interdit, eux et leurs villes" (Nombres XXI, 3), puis concernant les Amorites et leur roi : "Ils le battirent, lui et ses fils et tout son peuple, au point qu'il n'en resta aucun survivant; et ils s'emparrent de son pays." (Nombres XXI, 35). Le Deutronome rpte, n'exigeant pas seulement la spoliation de la terre et l'expulsion des autochtones, mais le massacre : "Lorsque le Seigneur, ton Dieu t'aura fait entrer dans le pays... et qu'il aura chass devant toi les nations nombreuses... tu les voueras totalement l'interdit." (Deut. VII, 1-2) "et tu les supprimeras" (Deut. VII, 24). De Sharon au Rabbin Mer Kahane, c'est la prfiguration de la manire dont les sionistes se comportent l'gard des Palestiniens. La voie de Josu n'tait-elle pas celle de Menahem Begin, lorsque, le 9 avril 1948, les 254 habitants du village de Deir Yassin, hommes, femmes, et enfants taient massacrs par ses troupes de "l'Irgoun", pour faire fuir par la terreur les Arabes dsarms ? Source : Menahem Begin, La rvolte : Histoire de l'Irgoun, p. 200. Editions Albatros, 1978. Il appelait les Juifs "non seulement repousser les Arabes mais s'emparer de toute la Palestine."

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La voie de Josu n'tait-elle pas celle que dsignait Mosh Dayan : "Si l'on possde la Bible et si l'on se considre comme le peuple de la Bible, on devrait aussi possder les terres de la Bible ? Source : Jerusalem Post, 10 aot 1977. La voie de Josu n'tait-elle pas celle que dfinissait Yoram Ben Porath dans le grand journal isralien Yediot Aharonoth, le 14 juillet 1972 : "Il n'y a pas de sionisme, de colonisation d'Etat juif, sans l'viction des Arabes et l'expropriation de leurs terres ? Quant aux moyens de cette dpossession des terres ils taient fixs par Rabin lorsqu'il tait Gnral en chef dans les territoires occups : casser les os des jeteurs de pierres de l'Intifada. Quelle est la raction des coles talmudiques dIsral ? Pousser au pouvoir l'un des responsables des plus direct de Sabra et Chatila : le Gnral Rafael Eytan qui demande le "renforcement des colonies juives existantes". Anim par les mmes certitudes, le Docteur Baruch Goldstein, colon d'origine amricaine, de Kiryat Arba (Cisjordanie) fit vingt-sept morts et plus de cinquante victimes en mitraillant des Palestiniens en prire dans le Tombeau des patriarches. Membre d'un groupe intgriste fond sous le parrainage d'Ariel Sharon (sous la protection de qui furent perptrs les massacres de Sabra et de Chatila, et qui fut rcompens de son crime par une promotion: Ministre du Logement, charg de dvelopper les "colonies" dans les territoires occups), Baruch Goldstein est aujourd'hui l'objet d'un vritable culte de la part des intgristes qui viennent fleurir et baiser sa tombe, car il fut rigoureusement fidle la tradition de Josu exterminant tous les peuples de Canaan pour s'emparer de leurs terres. *** Cette "purification ethnique" devenue systmatique dans l'Etat d'Isral d'aujourd'hui, dcoule du principe de la puret ethnique empchant le mlange du sang juif avec le "sang impur" de tous les autres. Dans les lignes qui suivent l'ordre de Dieu d'exterminer les populations qu'il leur livre, le Seigneur recommande Mose que son peuple n'pouse pas les filles de ces peuples (Exode, XXXIV, 16). Dans le Deutronome, le peuple "lu" (Deut. VII, 6) ne doit pas se mlanger aux autres : "Tu ne donneras pas ta fille leur fils et tu ne prendras pas leur fille pour ton fils" (Deut. VII, 3). Cet apartheid est la seule manire d'empcher la souillure de la race choisie par Dieu, la foi qui le lie lui. Cette sparation de l'Autre est reste la loi : dans son livre sur "le Talmud" (Paris, Payot, 1986, p. 104), le Rabbin Cohen crit : "les habitants du monde peuvent tre rpartis entre Isral et les autres nations prises en bloc. Isral est le peuple lu : dogme capital."

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Au retour de l'exil, Esdras et Nhmie veillent au rtablissement de cet apartheid : Esdras pleure parce que "la race sainte (sic) s'est mle avec les peuples des pays" (Esd. 9, 2)... Pinhas empale un couple mixte... Esdras ordonne la slection raciale et l'exclusion: "tous ceux qui avaient pris des femmes trangres, ils les renvoyrent, femmes et enfants" (Esd. 10, 44). Nhmie dit des Juifs : "je les purifiais de tout lment tranger" (Nh. 13, 30). Cette mixophobie et ce refus de l'Autre excdent la dimension raciale. Si l'on refuse le sang de l'autre par le mariage mixte, on refuse aussi sa religion, sa culture ou sa manire d'tre. Ainsi Yahv fulmine aprs ceux qui s'cartent de sa vrit, la seule qui soit, bien sr : Sophonie lutte contre les modes vestimentaires trangres; Nhmie contre les langues trangres : "Je vis des Juifs qui avaient pous des femmes achdonites, amonites, moabites; la moiti de leurs fils parlait l'achdonien ou la langue de tel ou tel peuple, mais ne savait pas parler le judien. Je leur fis des reproches et je les maudis; je frappais quelques uns d'entre eux, je leur arrachais les cheveux..." (Nh. 13, 23-25). Les contrevenants sont tous durement jugs. Rebecca, femme d'Isaac et mre de Jacob, affirme : "Je suis dgote de la vie cause des filles de Het (les femmes Hittites). Si Jacob prend une femme comme celle-l, d'entre les filles de Het, que m'importe la vie ?" (Gn 27, 46). Les parents de Samson qui, excds par le mariage de leur fils avec une Philistine, scrient : "n' y a-t-il pas de femmes parmi les filles de tes frres et dans tout ton peuple, pour que tu ailles prendre femme chez les Philistins, ces incirconcis ?" (Jug. 14, 3). Ham Cohen, qui fut Juge la Cour Suprme d'Isral, constate : "L'amre ironie du sort a voulu que les mmes thses biologiques et racistes propages par les nazis et qui ont inspir les infamantes lois de Nuremberg, servent de base la dfinition de la judacit au sein de l'Etat d'Isral" (voir Joseph Badi, Fundamental Laws of the State of Israel, New York, 1960, p. 156). En effet au procs des criminels de guerre de Nuremberg, au cours de l'interrogatoire du "thoricien" de la race, Julius Streicher, la question est pose : "En 1935 au Congrs du Parti Nuremberg les "lois raciales" ont t promulgues. Lors de la prparation de ce projet de loi, avez-vous t appel en consultation et avez-vous particip d'une faon quelconque l'laboration de ces lois ? Accus Streicher : -- Oui, je crois y avoir particip en ce sens que, depuis des annes, j'crivais qu'il fallait empcher l'avenir tout mlange de sang allemand et de sang juif. J'ai crit des articles dans ce sens, et j'ai toujours rpt que nous devions prendre la race juive, ou le peuple juif, pour modle. J'ai toujours rpt dans mes articles que les Juifs devaient tre considrs comme un modle par les autres races, car ils se sont donn une loi raciale, la loi de Mose, qui dit : "Si vous allez dans un pays tranger, vous ne devez pas prendre de femmes trangres." Et ceci, Messieurs, est d'une importance considrable pour juger les lois de Nuremberg. Ce sont ces lois juives qui ont t prises pour modle. Quand, des

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sicles plus tard, le lgislateur juif Esdras constata que, malgr cela, beaucoup de Juifs avaient pous des femmes non juives, ces unions furent rompues. Ce fut l'origine de la juiverie qui, grce ses lois raciales, a subsist pendant des sicles, tandis que toutes les autres races, et toutes les autres civilisations, ont t ananties." Source : Procs des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international (Nuremberg : 14 novembre 1945-1er octobre 1946. Texte officiel en langue franaise. Dbats du 26 avril 1946, Tome XII. D. 321) C'est en effet ainsi que les juristes, conseillers du Ministre de l'Intrieur nazi, avaient labor les "Lois de Nuremberg, du droit de la population du Reich et de la protection du sang allemand et de l'honneur allemand". Ces juristes conseillers, Bernard Losener et Friedrich Knost, commentent ainsi le texte, dans le recueil : "Les lois de Nuremberg : "Selon la volont du Fhrer, les lois de Nuremberg n'impliquent pas vraiment des mesures propres accentuer la haine raciale et la perptuer; au contraire, de telles mesures signifient le dbut d'une accalmie dans les relations entre le peuple juif et le peuple allemand. Si les Juifs avaient dj leur propre Etat, dans lequel ils se sentiraient chez eux, la question juive pourrait tre considre comme rsolue, tant pour les Juifs que pour les Allemands. C'est pour cette raison que les sionistes les plus convaincus n'ont pas lev la moindre opposition contre l'esprit des lois de Nuremberg." Ce racisme, modle de tous les autres racismes, est une idologie qui sert justifier la domination de diffrents peuples. Le littralisme conduit la perptration des mmes massacres que ceux effectus par Josu : "Les colons puritains d'Amrique, dans leur chasse l'Indien pour s'emparer de leurs terres, invoquaient Josu et les "exterminations sacres" des Amalcites et des Philistins." Source : Thomas Nelson, "The Puritans of Massachussets", Judaism, Vol XVI, no 2, 1967. Intermdiaire entre la shoah cananenne et la mixophobie s'insre actuellement l'idologie du transfert de populations, que soutient la majorit des rabbins de Jude-Samarie. Cette politique se fonde sur une lecture intgriste des textes sacrs. La lettre du Lvitique enjoint aux juifs de ne pas pratiquer le mlange d'espces (Lev. 19, 19) et leur commande de distinguer le "pur" de l'impur (Lev. 20, 25) comme lui-mme a distingu Isral des autres peuples (Lev. 20, 24), pour oprer une discrimination raciale. "j'tablirai une diffrence entre mon peuple et ton peuple" (Ex. 8, 19). Ainsi, en 1993, le grand Rabbin Sitruk peut-il dire sans crainte d'tre rappel l'ordre par quelque instance que ce soit : "Je voudrais que des jeunes gens juifs n'pousent jamais que des jeunes filles juives."

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Ainsi Isral qui sera saint (Lev. 20, 26) ne doit pas se souiller (Esd. 9, 11) au contact des autres nations que Dieu a pris en dgot (Lev. 20, 23). L'interdiction est maintes et maintes fois rpte. "Tu ne t'allieras point par mariage avec elles (les nations cananennes); tu ne donneras pas ta fille leur fils, tu ne prendras pas leur fille pour ton fils..." (Deut. 7, 3-4). "Si vous vous attachez ce qui reste de ces nations qui sont demeures avec vous, si vous vous alliez par mariage avec elles, si vous pntrez chez elles et qu'elles pntrent chez vous, sachez-le bien : Yahv, votre Dieu, ne continuera pas dpossder ces nations de devant vous. Elles deviendront pour vous un filet et un pige, un fouet sur vos flancs et des aiguilles dans vos yeux, jusqu' ce que vous disparaissiez de dessus ce bon sol que vous a donn Yahv, votre Dieu" (Jos. 23, 12 -- 23, 13). Le 10 novembre 1975, en sance plnire, l'O.N.U. a considr que le sionisme tait une forme de racisme et de discrimination raciale. Depuis l'clatement de l'U.R.S.S., les Etats-Unis ont fait main basse sur l'O.N.U. et ont obtenu le 16 dcembre 1991, l'abrogation de la juste rsolution de 1975.Or, dans les faits, rien n'a chang depuis 1975, ou plutt si : la rpression, le gnocide lent du peuple palestinien, la colonisation, ont pris une ampleur sans prcdent.

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II Les mythes du vingtime sicle

1. Le mythe de l'antifascisme sioniste

En 1941, Itzhak Shamir commit "un crime impardonnable du point de vue moral : prner une alliance avec Hitler, avec l'Allemagne nazie contre la Grande-Bretagne." Bar Zohar, Ben Gourion, Le Prophte arm. Paris, 1966, p. 99.

Lorsque commena la guerre contre Hitler, la quasi-totalit des organisations juives s'engagea aux cts des allis et mme quelques-uns des plus minents dirigeants, comme Weizmann, prirent position en faveur des allis, mais, le groupe sioniste allemand, qui pourtant, l'poque, tait trs minoritaire, prit une attitude inverse et, de 1933 1941 s'engagea dans une politique de compromis et mme de collaboration avec Hitler. Les autorits nazies, en mme temps qu'elles perscutaient les juifs, par exemple, en un premier temps, en les chassant des fonctions publiques, dialoguaient avec les dirigeants sionistes allemands et leur accordaient un traitement de faveur en les distinguant des juifs "intgrationnistes" auxquels ils faisaient la chasse. L'accusation de collusion avec les autorits hitlriennes ne s'adresse pas l'immense majorit des juifs dont certains n'avaient pas mme attendu la guerre pour lutter -- les armes la main -- en Espagne, de 1936 1939, dans les Brigades internationales 1, contre le fascisme. D'autres, jusque dans le ghetto de Varsovie, crrent un "Comit juif de lutte" et surent mourir en combattant. Mais cette accusation s'applique la minorit fortement organise des dirigeants sionistes dont la proccupation unique tait de crer un Etat juif puissant. Leur proccupation unique de crer un Etat juif puissant et mme leur vision raciste du monde, les rendaient beaucoup plus anti-anglais qu'anti-nazi. Aprs la guerre ils devinrent, comme Menahem Begin ou Itzhak Shamir, des dirigeants de premier plan dans l'Etat d'Isral. ***1 Plus de 30 % des Amricains de la Brigade Abraham Lincoln taient des juifs, que dnonait la presse sioniste, parce qu'ils se battaient en Espagne, au lieu de venir en Palestine. Dans la Brigade Dombrovski, sur 5000 Polonais, 2250 taient juifs. Ces juifs hroques qui luttrent sur tous les fronts du monde avec les forces antifascistes, les dirigeants sionistes, dans un article de leur reprsentant Londres, intitul : "Les Juifs doivent-ils participer aux mouvements antifascistes ?" rpondait : "Non !" et fixaient l'objectif unique : "La construction de la terre d'Isral." (Source : Oranienburg Life, avril 1938, p. 11)

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En date du 5 septembre 1939 -- deux jours aprs la dclaration de guerre de l'Angleterre et de la France l'Allemagne -- M. Cham Weizmann, Prsident de l'Agence Juive, crivit M. Chamberlain, Premier ministre de Sa Majest le Roi d'Angleterre, une lettre par laquelle il l'informait que "nous Juifs, sommes au ct de la Grande Bretagne et combattrons pour la Dmocratie" en prcisant que "les mandataires des Juifs taient prts passer immdiatement un accord pour permettre l'utilisation de toutes leurs forces en hommes, de leurs techniques, de leur aide matrielle et de toutes leurs capacits". Reproduite dans le Jewish Chronicle du 8 septembre 1939, cette lettre constituait une authentique dclaration de guerre du monde juif l'Allemagne. Elle posait le problme de l'internement de tous les Juifs allemands dans des camps de concentration en tant que "ressortissants d'un peuple en tat de guerre avec l'Allemagne" comme le firent les amricains pour leurs propres nationaux d'origine japonaise, qu'ils internrent lorsqu'ils entrrent en guerre contre le Japon. *** Les dirigeants sionistes ont fait preuve, l'poque du fascisme hitlrien et mussolinien, d'un comportement quivoque allant du sabotage de la lutte antifasciste la tentative de collaboration. L'objectif essentiel des sionistes n'tait pas de sauver des vies juives mais de crer un Etat juif en Palestine. Le premier dirigeant de l'Etat d'Isral, Ben Gourion, proclame sans ambages, le 7 dcembre 1938, devant les dirigeants sionistes du "Labour : "Si je savais qu'il est possible de sauver tous les enfants d'Allemagne en les amenant en Angleterre, et seulement la moiti d'entre eux en les transportant en Eretz Isral, je choisirai la deuxime solution. Car nous devons tenir compte non seulement de la vie de ces enfants, mais aussi de l'histoire du peuple d'Isral." Source : Yvon Gelbner, "Zionist policy and the fate of European Jewry", dans Yad Vashem studies, Jerusalem, vol. XII, p. 199. "Le sauvetage des juifs en Europe ne figurait pas en tte de liste des priorits de la classe dirigeante. C'est la fondation de l'Etat qui tait primordiale leur yeux." Source : Tom Segev. Le septime million. Ed. Liana Levi, Paris, 1993, p. 539. "[...] Devons-nous aider tous ceux qui en ont besoin sans tenir compte des caractristiques de chacun? Ne devons-nous pas donner cette action un caractre national sioniste et tenter de sauver en priorit ceux qui peuvent tre utiles la Terre d'Isral et au judasme ? Je sais qu'il peut sembler cruel de poser la question de cette faon, mais nous devons malheureusement tablir clairement que si nous sommes capables de sauver 10 000 personnes parmi les 50 000 personnes qui peuvent contribuer la construction du pays et la renaissance nationale ou bien un million de juifs qui deviendront pour nous un fardeau ou au mieux un poids mort, nous devons nous restreindre et sauver les 10 000 qui peuvent tre sauves -- malgr les accusations et les appels du million de laisss-pour-compte." Source : Memorandum du Comit de sauvetage de l'agence juive. 1943. Cit par Tom Segev. (op. cit)

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Ce fanatisme inspire, par exemple, l'attitude de la dlgation sioniste la confrence d'Evian, en juillet 1938, o 31 nations s'taient runies pour discuter de l'absorption des rfugis d'Allemagne nazie : la dlgation sioniste exigea, comme seule solution possible, d'admettre deux cent mille juifs en Palestine. L'Etat juif tait plus important pour eux que la vie des juifs. L'ennemi principal, pour les dirigeants sionistes c'est l'assimilation. Ils rejoignent en ceci la proccupation fondamentale de tout racisme, y compris hitlrien : la puret du sang. C'est pourquoi, en fonction mme de l'antismitisme systmatique qui les animait jusqu' poursuivre le dessein monstrueux de chasser tous les juifs d'Allemagne puis d'Europe lorsqu'ils en furent les matres, les nazis considraient les sionistes comme des interlocuteurs valables puisqu'ils servaient ce dessein. De cette collusion existent les preuves. La Fdration sioniste d'Allemagne adresse au parti nazi le 21 juin 1933, un mmorandum dclarant notamment : "Dans la fondation du nouvel Etat, qui a proclam le principe de la race, nous souhaitons adapter notre communaut ces nouvelles structures... notre reconnaissance de la nationalit juive nous permet d'tablir des relations claires et sincres avec le peuple allemand et ses ralits nationales et raciales. Prcisment parce que nous ne voulons pas sous-estimer ces principes fondamentaux, parce que nous aussi nous sommes contre les mariages mixtes, et pour le maintien de la puret du groupe juif... Les Juifs conscients de leur identit, au nom desquels nous parlons, peuvent trouver place dans la structure de l'Etat allemand, car ils sont librs du ressentiment que les Juifs assimils doivent prouver; ... nous croyons en la possibilit de relations loyales entre les Juifs conscients de leur communaut et l'Etat allemand. Pour atteindre ses objectifs pratiques, le sionisme espre tre capable de collaborer mme avec un gouvernement fondamentalement hostile aux Juifs... La ralisation du sionisme n'est gne que par le ressentiment des Juifs l'extrieur, contre l'orientation allemande actuelle. La propagande pour le boycott -- actuellement dirige contre l'Allemagne -- est, par essence, non sioniste..." Source : Lucy Dawidowicz, A Holocaust Reader, p. 155. Le Mmorandum ajoutait "qu'au cas o les Allemands accepteraient cette coopration les sionistes s'efforceraient de dtourner les Juifs, l'tranger, d'appeler au boycott anti-allemand." Source : Lucy Dawidowicz, The War against Jews (1933-1945) Ed. Penguin books, 1977, p.231- 232. Les dirigeants hitlriens accueillent favorablement l'orientation des chefs sionistes qui, par leur souci exclusif de constituer leur Etat en Palestine, rejoignent leur dsir de se dbarrasser des juifs. Le principal thoricien nazi, Alfred Rosenberg, crit : "le sionisme doit tre vigoureusement soutenu afin qu'un contingent annuel de Juifs allemands soient transports en Palestine."

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Source : A. Rosenberg : Die Spur des Juden im Wandel der Zeiten, Munich 1937, p. 153. Reinhardt Heydrich, qui fut plus tard le "Protecteur" en Tchcoslovaquie, crivait en 1935, alors qu'il tait chef des Services de Scurit S.S. dans Das Schwarze Korps, organe officiel de la S.S. un article sur "l'Ennemi visible", o il oprait des distinctions entre les Juifs : "Nous devons sparer les Juifs en deux catgories : les sionistes et les partisans de l'assimilation. Les sionistes professent une conception strictement raciale, et, par l'migration en Palestine, ils aident btir leur propre Etat juif ... nos bons voeux et notre bonne volont officielle sont avec eux." Source : Hohne. Order of the Death's Head, p. 333. "Le Betar allemand reut un nouveau nom : Herzlia. Les activits du mouvement en Allemagne devaient obtenir bien sr l'approbation de la Gestapo; en ralit, Herzlia agissait sous la protection de cette dernire. Un jour, un groupe de SS attaqua un camp d't du Betar. Le chef du mouvement se plaignit alors auprs de la Gestapo et, quelques jours plus tard, la police secrte annona que les SS en question avaient t punis. La Gestapo demanda au Betar quelle compensation lui semblait la plus adquate. Le mouvement demanda que la rcente interdiction qui leur avait t faite de porter des chemises brunes soit leve; la requte fut satisfaite." Source : Ben-Yeruham, Le Livre de Betar, T. II, p. 350. Une circulaire de la Wilhelmstrasse indique : "les objectifs que s'est donns cette catgorie (de Juifs qui s'opposent l'assimilation et qui sont favorables un regroupement de leurs coreligionnaires au sein d'un foyer national), au premier rang de laquelle se trouvent les sionistes, sont ceux qui s'cartent le moins des buts que poursuit en ralit la politique allemande l'gard des Juifs". Source : Lettre circulaire de Blow-Schwante toutes les missions diplomatiques du Reich, No 83, 28 fvrier 1934. "Il n'y a aucune raison, crivait Bulow-Schwante au Ministre de l'Intrieur, d'entraver, par des mesures administratives, l'activit sioniste en Allemagne, car le sionisme n'est pas en contradiction avec le programme du national-socialisme dont l'objectif est de faire partir progressivement les Juifs d'Allemagne." Source : Lettre No ZU 83-21. 28/8 du 13 avril 1935. Cette directive confirmant des mesures antrieures tait applique la lettre. En vertu de ce statut privilgi du sionisme dans l'Allemagne nazie, la Gestapo de Bavire, le 28 janvier 1935, adressait la police cette circulaire "les membres de l'organisation sioniste, en raison de leur activit oriente vers l'migration en Palestine, ne doivent pas tre traits avec la mme rigueur qui est ncessaire pour les membres des organisations juives allemandes (assimilationnistes)". Source : Kurt Grossmann, "Sionistes et non-sionistes sous la loi nazie dans les annes 30", Yearbook, Vol. VI, p. 310.

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"L'organisation sioniste des juifs allemands avait une existence lgale jusqu'en 1938, cinq ans aprs l'avnement d'Hitler... La Jdische Rundschau (journal des sionistes allemands) parut jusqu'en 1938." Source : Leibowitz, Isral et Judasme. Ed. Descle de Brouwer, 1993. p. 116 En change de leur reconnaissance officielle comme seuls reprsentants de la communaut juive, les dirigeants sionistes offraient de briser le boycott que tentaient de raliser tous les antifascistes du monde. Ds 1933 commena la collaboration conomique : deux compagnies furent cres : la "Haavara Company", Tel-Aviv, et la "Paltreu", Berlin. Le mcanisme de l'opration tait le suivant: un juif dsirant migrer dposait la Wasserman Bank de Berlin, o la Warburg Bank de Hambourg, une somme d'un minimum de 1 000 livres sterling. Avec cette somme, les exportateurs juifs pouvaient acheter des marchandises allemandes destination de la Palestine, et payaient la valeur correspondant en livres Palestiniennes, au compte de la Haavara, la Banque Anglo-palestinienne, Tel-Aviv. Quand l'migrant arrivait en Palestine, il recevait l'quivalent de la somme qu'il avait dpose en Allemagne. Plusieurs futurs premiers ministres d'Isral participrent l'entreprise de la "Haavara", notamment Ben Gourion, Mosh Sharret (qui s'appelait alors Mosh Shertok), Madame Golda Meir qui l'appuya depuis New York, et Levi Eshkol, qui en tait le reprsentant Berlin. Source : "Ben Gourion et Shertok," dans Black : L'accord de la "haavara". p. 294. Cit par Tom Segev, op. cit. p. 30 et 595. L'opration tait avantageuse pour les deux parties : les nazis russissaient ainsi briser le blocus (les sionistes parvinrent vendre des marchandises allemandes mme en Angleterre); et les sionistes ralisaient une immigration "slective", telle qu'ils la dsiraient : seuls pouvaient immigrer des millionnaires (dont les capitaux permettaient le dveloppement de la colonisation sioniste en Palestine). Conformment aux buts du sionisme il tait plus important de sauver de l'Allemagne nazie des capitaux juifs, permettant le dveloppement de leur entreprise, que des vies de juifs misreux, ou inaptes au travail ou la guerre, qui eussent t une charge. Cette politique de collaboration dura jusqu'en 1941 (c'est--dire pendant 8 ans aprs l'arrive d'Hitler au pouvoir). Eichmann faisait la liaison avec Ksztner. Le procs Eichmann dcouvrit, pour une part au moins, les mcanismes de ces connivences, de ces "changes" entre juifs sionistes "utiles" la cration de l'Etat juif (personnalits riches, techniciens, jeunes gens aptes renforcer une arme, etc...) et une masse de juifs moins avantags abandonne aux mains d'Hitler. Le Prsident de ce Comit, Ytzhak Gruenbaum dclarait le 18 janvier 1943 : "Le sionisme passe avant tout...

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"Ils vont dire que je suis antismite, rpondit Gruenbaum, que je ne veux pas sauver l'Exil, que je n'ai pas "a warm yiddish heart" [...] Laissons-les dire ce qu'ils veulent. Je n'exigerai pas de l'Agence juive qu'elle alloue la somme de 300 000 ni de 100 000 livres sterling pour aider le judasme europen. Et je pense que quiconque exige de telles choses accomplit un acte antisioniste". Source : Gruenbaum : Jours de destruction, p. 68. C'tait aussi le point de vue de Ben Gourion : "La tche du sioniste n'est pas de sauver le "reste" d'Isral qui se trouve en Europe, mais de sauver la terre d'Isral pour le peuple juif." Cit par Tom Segev. op. cit. p. 158. "Les dirigeants de l'Agence juive s'entendaient sur le fait que la minorit qui pourrait tre sauve devait tre choisie en fonction des besoins du projet sioniste en Palestine." Source : Ibidem p. 125. Hannah Arendt, l'un des plus minents dfenseurs de la cause juive par ses tudes et ses livres, assistait aux dbats. Elle leur a consacr un livre : Eichmann Jrusalem. Elle y a montr (p. 134-141) la passivit, et mme la complicit des "conseils juifs" (Judenrat), dont les deux tiers taient dirigs par des sionistes. D'aprs le livre d'Isaiah Trunk : Judenrat (Ed. MacMillan New York 1972) : "Selon les calculs de Freudiger, cinquante pour cent des juifs auraient pu se sauver s'ils n'avaient pas suivi les instructions des Conseils juifs." (p. 141). Il est significatif que lors de la clbration du 50me anniversaire du soulvement du ghetto de Varsovie, le chef d'Etat isralien demanda Lech Walesa de ne pas donner la parole Marek Edelman, chef adjoint de l'insurrection et l'un des survivants. Marek Edelman avait en effet donn au journal isralien "Haaretz", en 1993, Edward Alter, une interview dans laquelle il rappelait quels avaient t les vritables instigateurs et hros du Comit juif de lutte du ghetto de Varsovie : des socialistes du Bund, antisionistes, des communistes, des trotskistes, les Mihal Rosenfeld et les Mala Zimetbaum, avec Edelman, et une minorit de sionistes de gauche du Poalei Zion et du Hashomer Hatzar. Ceux-l luttrent contre le nazisme les armes la main comme le firent les juifs volontaires des Brigades internationales d'Espagne, et en France, durant l'occupation, les membres juifs de la M.O.I. (Main d'uvre immigre). Nahum Goldman, Prsident de "l'Organisation sioniste mondiale" puis du "Congrs juif mondial" raconte, dans son Autobiographie, sa rencontre dramatique avec le Ministre des Affaires trangres tchques, Edouard Itz