les mémoires inédits d'adanson sur l'île de gorée et la guyane française

31
Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française Author(s): Froidevaux, Henri Source: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1900) Published by: The University of Manchester, The John Rylands University Library Stable URL: http://www.jstor.org/stable/60229978 . Accessed: 14/06/2014 13:34 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Digitization of this work funded by the JISC Digitisation Programme. The University of Manchester, The John Rylands University Library and are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Foreign and Commonwealth Office Collection. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Upload: henri

Post on 21-Jan-2017

219 views

Category:

Documents


5 download

TRANSCRIPT

Page 1: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

Les memoires inedits d'Adanson sur l'Ile de Goree et la Guyane FrancaiseAuthor(s): Froidevaux, HenriSource: Foreign and Commonwealth Office Collection, (1900)Published by: The University of Manchester, The John Rylands University LibraryStable URL: http://www.jstor.org/stable/60229978 .

Accessed: 14/06/2014 13:34

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Digitization of this work funded by the JISC Digitisation Programme.

The University of Manchester, The John Rylands University Library and are collaborating with JSTOR todigitize, preserve and extend access to Foreign and Commonwealth Office Collection.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

^sSiS%<*%#»*iji*^

LES

MEMOIRES INEDITS D'ADANSON

SUR L'tLE DE GOREE

ET LA GUYANE FRANCAISE

PAR

M. HENRI FROIDEVAUX

DOCTEUR ES LETTRES TAIRE DE L'OFFICE COLONIAL PRES LA KACULTE DES LETTRES DE P4RIS

(Eifrait du Bidletin de geographic htstoriquc et descriptive, N° 1, — '899)

PARIS

IMPRIMERIE NATIONALE

MDGGCC

GiA- &s.

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

M

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

LES

MEMOIRES INEDITS D'ADANSON

SUR L'lLE DE GOR&E

ET LA GUYANE FRANCAISE

PAR

M. HENRI FROIDEVAUX

DOCTEUR ES LETTRES SECRETAIRE DE L'OFFICE COLONIAL PRES LA FACULTE DES LETTRES DE PARIS

(Exlrait du Bulletin de geographic historique et descriptive, N° 1. — '899)

<-**.

PARIS

IMPRIMERIE NATIONALE

MDCCGC

'*U

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 5: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

M

tm,-*

aasas&aesaii

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 6: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

LES

MI^MOIRES INF.DITS D'ADANSON

SUR L'lLE DE GOREE

ET LA GUYANE FRANCAISE.

Sl-

Dans scs precieuses, ma is trop courles Notices stir In vie, les ira- vaux, les decouverles, la maladie el la mort de Michel Andanson (s/c)'1', Le Joyand raconte qu'au moment 011 le due de Choiseul s'occupait le plus activement, pour reparer les pertes coloniales de la guerre de Sept ans, de fonder une importance colonie a la Guyane, ce mi- nistre demanda a 1'iliustre botanisle ttun travail Ires developpe sur ies moyens de former le nouvel etablissemcnt des colonies de Cayenne et de la Guiane», et, cen meme temps un autre travail non moins de'veloppe» sur file de Goree'2', le seul point de 1'an- cienue, rolonie du Senegal que le desastreux traile de Paris cut laisse a la France. Pour rendre service a son pays et etre agreable au ministre, Adanson se mit aufsitot a 1'oeuvre et composa, au dire de Le Joyand, deux me'moires considerables, fun relafif a la colonie francaise de la Guyane et 1'autre a Goree.

Trois lettres d'Adanson lui-mime, adressees a Choiseul aux mois de juin el de juillet 1763, furent cornmuniquees en avril 1893 a la Section de geographie historique et descriptive du Congres des Societes savantes, et lui fournirent la prcuve de la \eracite des

<> Le Joyand : Notices sur la vie, les travauv, les de'eouvertes, la maladic el la mort de Michel Andanson. (Paris, 180O, in-8° fie 3g pages.) <2) ttCette menie annee, dit Le Joyand (loc. at., p. i5), lo mimslro Clioiseul lui demanda un travail tres de\eloppe sur les moyens de former le nomel elahlis- sement des colonies de Cayenne et de la Guiane. II fournit un volume in-folio de memoires instructifs sur ces objels;il y joi(«nit un autre travail demande en meme temps pour 1'ile de Gore. Tant de services resterent sans recompense^ ef lonrnerent au profit de gens qui surent se les approprier. 1

FnOIDEVAUt. ^!

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 7: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

- Ix - [77]

assertions de Le JoyandM. Adanson y parlait en effet de differents

memoires sur Goree, rediges par lui a la mtoe epoque; il y par¬ lait egalement de la proposition que lui avait faite le ministre

d'exccuter un voiage en Guyane et d'aller etudier sur place les

etablissements francais et les productions de la contree; il y resu-

mait enfin rapidement un tcProjet de voiajen qu'il soumeltait a

Choiseul et qu'il avait redige dans le but de rendre sa mission

ttaussi util qu'il est possible pour Gore, pour Kaiene et pour toules

nos antres colonies'2'". Malheureusement, aucun memoire n'accompagnait les lettres

d'Adanson qui en annoncaient 1'cnvoi; la serie de registres dans

lesquels se trouve reunie, aux Archives du Ministere des colonies, la correspondance generale de la Guyane n'en contenait aucune

trace, et M. Doumet-Adanson se ddclarait incapable de fournir le

moindre renseignement a ce sujet'3'. Ces precieux manuscrits du

savant voyageur dtaient-ils done perdus? La decouverte faite par M. Gabriel Marcel, ily a quelques mois, d'une parlie des memoires dont parlent les lettres publiees en i8o,3 est venue demontrer qu'il n'en etait rien et que des fragments considerables de cette ceuvre

inedite d'Adanson subsistaient encore au Departement des nianus-

crits de la Bibliotheque nationaleW. Cost une copie du travail ori¬

ginal de 1'illustre naturaliste, dont le texte autographe a ete, pour le.s mimes fragmenls seuls, retrouve depuis aux Archives du Minis-

tere des colonies'5).

I

Manuscril original el copie sont ainsi intitules : cr Pieces instruc- livcs concernantl'ile Gore, voisine du Cap Verd en Al'rike'6' avec un

I1' Cf. Un projet de voyage du bolanhte Adanson en Guyane, en i 63. [Bull, geogr. histor. et descr., i8g3, n° 2, p. 221-233.)

(2' Lettre du is juin 17G3 (op. at., p. 228). l3' Lettre particuliere. '4' Bibl. nat., manuscrits, londs franrais, n° 62/4/1, fol. 1/10-18/1 ol 188-196.

La se trouve aussi (fol. 186-187) la copie complete de la leltre du 7 juillet 1763, dont le Ministere des colonies n'a que la premiere partie. (Voir aussi Bull, geogr. hist, et descr., i8g3, n° 2, p. 229-231.)

(5' Arch. Ministere des colonies, C°, Senegal, carton i5 (1760-1769). Lesdeux memoires d'Adanson y sont contenus dans un cahier de 36 leuillols in-folio, le tevte du second memoire s'arrele au fol. 35 v°.

w Fol. non coledu manuscrit original: fol. 188 du mauuscrit de la Bibliotheque nationale.

,-**,

•j«ft-

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 8: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

178] - 5 -

projet el des vues utiles relativement au nonvel clabliscemant de Kaiene. Comunikees et presentees a Mgr le due de Choiseul, Mi~ nislre de la Guerre et de la Marine, par M. Adanson, de I'Acadc- mie des Sciences, de la Sociele' roiale de Londres, eenseur roial, en mai et juin 1763."

Ce travail considerable, — il ne compte pas moins de Irente- cinq feuillets dans le nianuscrit original, — - debute par un Avant- propos dans lequel Adanson explique le but et 1'utilile de son ou- vrage el comment il a ete amene a en entreprendre la redaction. ftCe qui a done lieu aux memoires suivans, dit-il'1', ce sont 9 re¬ flexions qui me paroissent de la plus grande importanse.

tr i° Sur 1'embarkemant prochain pour l'ile Gore, qui me paroit trop uombreux et trop dispendieux pour un rccher extrememant borne, facil a forlifier sufisaniant avec beaucoup moins de monde el de depanse, el dont les environs no peuvent guere nourir que 100 homes, soit blans, soit negrcs, qui sufiroient a sa defanse.

er2° Sur les avantajes qu'on pouroit tirer de cete ile pour la nou- vele Kolonie de Kaiene en i transplantant la culture de beaucoup dc plantes utiles, tant pour le comerse que pour la subsislance des hahitans, et en i faisant passer nombre d'animaux egalement ne- cesseres.

tf3° Sur 1'aplicalion nalurele quent a relablissemant de cete nouvele kolonie, les conessanses utiles, soil de fisike, soit de bo- tanike, soit d'histoire naturele ou relatives au comerse que mes voiajes m'ont procure' sur le Senegal, sur Gore et sur les climats chauds compris entre les tropikes; conessanses la plupart neuves ou iguore'es de pais tres-peu conus; conessanses pour ainsi dire inuliles dans toute autre circonstanse, et qui sont come mortes entre les mains d'un particulier come moi qui n'a aucune manu- tention relative aux kolonies, ni aucune autorile pour les faire valoir.

«h° Sur l'abus qu'il i a de laisser publier par qui quece soitles conessanses de cc genre qui inelent en evidence le comerce actuel etles forces reeles de nos Kolonies.

,jj «5° Sur les suites facheuses qu'ont eu ces sortes cle conessanses parvenues aux elranjers eu excitant d'abord leur en\ie et jalousie;

<" Fol. t du maniiH-ril original; fol. 180 du m.iniiscnt de la Bibliolheque na- lionalc.

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 9: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— G — [79]

ensuite des demele's particuliers, enfin en alumant des gueres plus ou moins longues, loujours dispandieuses et ruineuses au comerce.

ttPersone n'ignore que, dans l'antiquite la plus reculde, les na¬

tions se sonf arme'es pour se disputer la possession et la propriele des parties de comerce dont le produil avantajeux faisoit l'objel de

leur jalousie. 'rLa possession du ccdre n'excita-t-elle pas Adrien a detruire Je¬

rusalem? ttLe jiguier anima d'abord Xerxes contre les Aleniens, ensuile

Rome conlre les Carlaginois a la persuasion de Caton. tc Le baume de hide ou de la Meke n'arma-t-il pas les Romains

conlre les Juifs? t; Combien de troubles le ctatorn'a-t-ilpassuscite dans le Levant? «Et de nos jours le muskadier n'a-t-il pas arnie les Hollandois

dans les Indes?

xL'akajou ne fait-il pas un sujet de guerc entre les diverses na¬

tions du Bre'sil? tfLe hois dekampeche n'a-t-il pas arme 1'Angletere contre 1'Espagne

en 1736 jusqu'en 17Z13. ctEnfm le vrai sujet de la derniere guere nous est-il inconu? «6° II est done de la plus grande importanse de ne pas doner

lieu a la jalousie d'une nation inquiele et ombrajeuse tele quel'An-

gletere, et non seulemant de laisser ignorer a tous les elranjers i'elat reel du comerce et des forces de nos kolonies, mais encor de

tenir dans le plus grand secret les projels et les vues que 1'on a sur

un nouvel etablissemant, au moins jusk'a ce que eet etablissemaul ait pris une consislance, que son comerce soit assure', enfm jusk'a ce qu'il soit en etat de se soutenir par lui-meme et de fournir a sa

subsistance de toute espece, sans avoir besoin des sccours de I'Eu-

rope en lems de guerc. C'est une faute qu'il me semble qu'on vient de I'aireau sujet de Kaiene, en alichant et publiant dans Paris les

principaux motifs et les vues qu'on a sur cet etablissemant et 1'apa- reil d'un peuple nombreux qu'on i destine (*'.

W M. Daubigny, dans son livre intilule Clwiseul el la France d'outre-mer, ne lournit aucune indication relative au fail que signale ici Adanson. Barbe-Marbois, dans son Journal d'un deporle non jugc, ne parle que tides invitations au 110m du roi. repandues [en Allemagno] dans les villes iinperiales et atFichees sans oppo¬ sition de la part des magistrats. Elles conteuaienl dc maguifiques promessesn. (Itecit de Morgensteni, t. II, p. 38). Cf. Daubigny, op. cit., p. ltd.

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 10: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

3U-

[80] - 7 -

trV. Gr me pardonera, je 1'espere, la libeite que je prens d'ou- \rir ainci mon avis. Je crois parler en secret en m'adressanl a un Ministre qui cherche le bien, je crois pouvoir joiiir de ce privilege come patriate, coaie filosofe zele, come ciloien; enfin en cele qua- lite, lorsqu'il est question dubien.de l'Elat,je crois ne devoir avoir rien de cache pour un ministre eriaire qui tient les renes des deux parlies les plus brillantes du Gouvcrnemant et qui est si dispose a faire fleurir le comerce le plus etendu et le plusavantajeux dansle nouvel etablisscniant de Kaiene, qui en est si susceptible par le pro- jet de {'administration la mieux entendue.

tr 70 Ces conessances parliculieres doivent etre secretes el confiees au seul minislre.

k8° Ces conessances qu'on supose fideles, verifiees et reconues pour bones, enfin donees par des gens conus come capables el suf- fisamant instruits, serviroient de pieces instructive.-; auxkelles on auroit recours :

«Soit pour examiner et confronfer les gestionis des gouverneurs, intendans et autres comandans de ces colonies et decouvrir les abus,

rr Soit pour trouver le rernedele plus naturel et leplus facil a ces abus,

cc Soil pour faire des lentatives d'un comerce nouveau que com- porteroit le pais.

tfEnlin on ajouteroit a ces pieces inslruclives les conessances nouveles donl on charjeroit des gens de confiance et assez habiles, envoies expres pour en instruire directement el seeretemant le Mi¬ nistre.

(•9° L'Etat veilleroit a ce qu'aucun auteur, voiajeur ou 11011, ck> lelle qualile qu'il fut, ne publiat aueune carte, aucun voiaje qui montrat evidamant 1'elat reel du comerce et des forces de nos ko¬ lonies, ni les projets ou les nouveles decouvertes qu'il seroit en etal de doner a ces egards.

t(On borneroit ces auteurs a publier sur des carles moins de- taille'es simplemant les positions les plus conuiis des divers lieux avec tout l'istorike des moeurs et des productions fisikes el natu- reles, seules conessances necesseres au public curieux ou savant.

tells comunikeroient en secret au Minislre les autres conessances plus directemant utiles a 1'Ftat, telles que colles qui regardent les supressions ou reform es a fere, ou les additions a in trod ui re dans

M. FROIDCVAUt. 3

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 11: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— 8 — [81]

ces kolonies, soit pour leur surete, soit pour le mainlien et i'a-

croissemant du comerce, et le Ministre ou la persone qui a sa con-

fianse en cete partie en disculeroit les principaux objets avcc un

home assez instruit de 1'histoire naturele de ces pais chauds.

tcCome ces auteurs, en sacrifiant au bicn de t'Rtat des decou-

verles dont la publicile est ilaleuse, on des conessances neuves et

interessantes qui auroient done plus de prix a leurs ouvrajes, se

priveroient d'une petite gloire qui souvant est leur seule recom-

panse, il seroit juste que le ministrc leur accordat un dedomaje- mant proportione a leur sacrifice et a I'ulilile de leurs decou-

verles. «Il estessentiel d'empecher par des pensions ou emploishonetes,

que ces gens ou aulres trop instruits ne passentcbez I'elranjerpour lui comuniker des conessances qui lui scroient utiles au delrimant

de notre commerce. tfEnfin lorske ces gens sufisamant instruits et qu'on saita\oir des

cartes particulieres tres detaillees, moins conues, ou des manuscrits

inte'ressans sur les colonies, vienent a mourir, il conviendroit pour

empecber ces papiers de voir le jour ou de passer chez I'Etranjer

que le Minislere les fit rachelter moienant une pension ou une

some une fois payee aux parens qui en resleroient possesseurs ou

legataires. ttC'est en conse'kanse de ces divcrses reflexions que lorske je pu-

bliai en 1757 la relation de mon voiaje au Senegall1', je crus en

citoien, devoir laire tous les details qui auroienl pii favoriser 1'enemi

s'il en eut eu conessance, et j'ai eu une atention particuliere et de

maniere a n'avoir rien a me reprocher. tC'est une suite du meme principe qui me de'termine aujourdui

par zele a confier au de'pot secret du Ministere, sur le Senegal ct

Gore (pais que j'ose dire tres peu conus, non seulemant de ceux

qui ont comande le plus long terns, mais meme de la Compagnie des Indes qui en a {'administration depuis plus de 5o ans) des

conessances la plfipart neuves, toutes apreciees a leur juste valeur, et exposees avec naivete' et dans la plus exacte verite : e'est encor

ce qui m'engnje a ajouter des vues qui peut-etre seront neuves ou

au moins importantes sur les avantajes qu'on peut tirer de ce pai's

(" Histoire nalurelle du Senegal (Coquillages), avec la relation abregee d'un

voyage fait en ce pays pendant les anne'es '7^9, 5o, St, Sa et S3. A Paris, chez

Claude-Jean-Baptiste Bauche, sincer.vn, in-i°.

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 12: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

[82] _ 9 __

et de toules les autres Colonies Franseses ou dtrangeres pour le nouvel etablissemant de Kaieno, sues dont j'ai laisse' echaper quelkes unes a diverses persones qu'elles inleressent sans doule,et par qui elles vous sont peut-etre parvenues. mais aiant actuele- mant 1'honeur de votre confiance, je crois devoir vous les comuni- Icer directemant, parcek'elles sont pre'sante'es d'une maniere plus pure, et mieux motive'es que par un canal elranjer.»

• ZiX

II

Ala suite de cet Amnt-propos vient une courle Introduction, ou Adanson e'numere les diffe'renles parties de son travail et indique 1'ordre dans lequel il convient de les lire. II imporle de reprotluire ici ce lexte, qui permel de se rendre compte des dififrf'rents sujets traite's par le naturaliste dans son ouvrage.

ffPour apposer, dil-iH1', ces Instructions dans l'ordre le plus me- (odike, je crois devoir les diviser en 5 memoires, ranjes et intitules come il suit.

tr icr memoire : Description ou elat acluel de Gore et de ses de'- pandances.

(12" memoire : Avantajes qu'on pent tirer de cete ile. irc partie. — Expose' simple de ces avanlajes. 2C parlie. — Moiens de lirer ces avantajes.

tr 3e me'moire : Choses qu'il i faut faire necesseremant. irB partie. — Projet; ou expose simple de ces choses. 2C partie. — Pourquoi? ou raisons qui doivent oblijer a faire

ces choses. 3e partie. — Coment? ou moiens d'executer ces choses pro-

posees. tt4e memoire : Glioses qu'il est indiferant d'i fere ou de n'i pas fere.

ire partie. — Euonse simple de ces choses. 2e partie. — Pourquoi? ou motifs qui en rendent 1'exiicutioii

indiferante.

C Fol. a v° du manuscrit original; fol. igi du manuscrit de la Bibliotheque nationale (r").

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 13: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— 10 — [83]

tr 5" memoire : Choses qu'il ne faut pas fere a Gore.

ire partie. — Expose' simple de ces choses.

2e partie. — Raisons qui doivent engajer a ne pas fere ces

choses.

<rLe icr de ces 5 memoires n'est qu'un recit simple de faits dc-

pendans du local, et qui par la n'ont pas besoin de preuves. «Chacun des k derniers memoires a, come 1'on voit, son pour¬

quoi? c'est a dire est divise en deux parties, dont la iro explike le

pourquoi, ou les motifs et raisons des choses qu'il faut fere, et de

celes qui sont indife'rantes ou qu'il ne faut pas fere.

«Le 3e memoire, qui regarde le projetdes choses qu'il faut fere,

exige une partie de plus; c'est cele qui fournit ou enseigne les

moiens d'executer les choses qu'il faul fere. tc Je crois devoir faire sur ces 5 memoires les 4 observations sui-

vantes : « i° lis doivent etre dans 1'ordre ou je les pre'senle, pour voir la

suite des faits, la succession des abus, et pour senlir quels sont les

moiens les plus naturels et les plus facils d'i remedier.

«2° On remarkera dans le 3° memoire, qui done mon projet sur 1'ile Gore, quelkes repetitions de fails enonces dans le ier el le

2°; mais ces repetitions etoient necesseres pour son intelligence, aiant paru avant ceux-ci qui devoient lui servir come d'inlroduction.

tr3° J'espere que V. Gr me pardonera si je repele souvant ces

mots : il faut le plus grand secret sur cet article, etc., aux endroits

ou jel'ai cru de la plus grande importanse. «6° Enfin je demande indulgence pour une ortografe nouvele de

la bonte de la quele je suis si convaincu que je nepuis m'empecber de la suivre par une abitude contracted depuis longtems. J'eutreen

maliere. v

IIT

Comme 1'indique Adanson dans son Introduction, le premier memoire est relatif a Gore". Son titre exact est le suivant : ttDes¬

cription ou etat actuel de 1'ile Gore, de ses dependances; el Etat

ancien des possessions de la Compagnie deslndessur la cote apele"e Concession du Senegal^'".

"> Fol. 3 r° du manuscrit original d'Adanson; fol. igi du manuscrit de la Bi-

Lliotheque nalionale (\°).

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 14: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

[8/i] — 11 —

L'auteur debule par ttdire en deux mots ce que nous possesions [au Senegal] avant la guerc, et quel eloit I'objet et 1'efat du co- merce de chake endroit de cete coter,; puis il fait une description upprofondie de 1'ile de Goree et de ses dependances, en ayant soin de fournir des indications pre'cises sur la configuration de celte pos¬ session francaise, en donnant des details nombreux sur ses habi¬ tants, sur leur maniere lie vivre, et sur les abus commis par les employes de la CompagnieW, enfin en racontant rapidement les dernieres revolutions du royaume de Cayor, duquel de'pend I'ilede Goree, ttparce qu'il nous importe fort de savoir si le nouveau roi, notre plus proche voisin, est noire aiui.n

Voici ce que raconte Adanson a ce propos'2) : tr Lorske les An- gloisprirent Gore le 28 de'eembre 1758, le Bour-ba-Ouolof(3' venoil de delroner 1c Darnel (4), jeune home de 24 ans, de la taille de 6 pies h pouces. Ce jeune monarke avoit conkis son Roiaume contre son oncle, son tuteur, qui 1'avoit voulu usurper et se de'faire de lui. II avoit passe toule sa jeunesse dans 1'adveroife el les combats; lantot fugilif chez le Brak(5) et chez les Arabes, tan tot victorieux, et toujours expose. Ilparoissoit enfin paisible possesseur desesetats, son oncle aiant ete tue dans un combat singulier par un de ses principaux sujets qu'il avoil voulu tuer lui-ineme. Le sujet ne porta pas loin la punition de sa lemerite de s'etre defendu contre un roi, et fut massacre par les partisans du defunt. Le Bour-ba-Ouolof, profitant des troubles du pais de Darnel qui etoit mine par de longues guerres, i fit unc invasion et en chassa de nouveau le jeune roi. Celui-ci, a son tour, oubliant sa foiblesse, porta la guerre au scin des etats du Bour-ba-Ouolof, sut i faire encore de grands ravajes, et i faire reconoitre un roi qui ne le fut que quelkes

id

W ttll est bon de noter que For et surtout fambre gris, que la Gompagnie des Indcs a toujours ignore et dont ele n'a jamais recu une livre, etoient comerces en fraude et a son inscu par les oficiers meme qu'ele emploioil a son comerce, avec defenses expresses do n'i pas doner la moindre ateinte.n (Fol. 3 v" du ms. auto- graphe; fol. ig3 r° du ms. de la Bibl. nal.) Cf. aussi, un peu plus loin, ce que dit Adanson sur les abus auxquels dormaient lieu los relations des employes de la Compagnie avec les Signares.

(a> Fol. 7 du manuscrit original; fol. 196 du manuscrit de la Bibliotheque na- t ioiialo.

P' C'est, on le sail, le nom du souverain du Djolof. (4) Nom du roi du Cayor. (-'' Tel esl le litre du roi du Oualo,

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 15: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— 12 — [85]

jours, pendant que le Bour'-ba^Ouolof travailloit a s'afermir en

KaiorO. ttLes choses etoient en cet etat le 28 decembre 1758, lorske les

Anglois nous ramenerent en France. Le Bour-ba-Ouolof paroissoit

paisible possesseur de deux roiaumes et les gouverner avec beau¬

coup de sajesse. II etoil mar-bou, c'est a dire qu'il reunissoit la qua- litd de premier pretre de son roiaume a celle de roi.

ttDepuis notra retour en France, nous avons apris par ies ga- zetes angloises que le Bour-ba-Ouolof a ete tue et que le jeune Daniel est remonte' de nouveau sur le trone de Kaior.«

IV.

Le second memoire, simplement intitule : tt Avantajes qu'on peut tirer de 1'islc Gore^2))!, est beaucoup plus conside'rabie que le pre'ep- dent. II est, comme Adanson a eu soin de l'indiquer dans son In¬

troduction, divise' en deux parties dont la premiere expose simple¬ ment quels avantages il est possible de tirer de la possession de

Goree. Grace a l'occupation de celte ile, la France a un pied sur la

cole occidentale d'Afrique, et 1'assurance ttde rentrer un jour dans

ous ses droits, des que ce pais paroitra avantajeux a la Frances; — elle peut continuer le commerce tt trcs avantajeuxn de la gomme

et des noirs»; — elle possede enfin une pepiniere d'oii elle

transportera a Cayenne la gomme arabiquc, ttune nouvele espece d'indigo tres dife'rant de celui d'Aineriken et bon nombre d'autres

produits vege'laux. «On lireroit encor, ajoute Adanson, des environs de Gore nombre d'animaux utiles dans une kolouiechaude tele que cele de Kaiene; animaux dont les uns pouroient servir pour la nour-

rilure et subsistanse d'un grand peuple, et les aulres seroient des¬

tines aux charois et transport, memo des pieces d'artillcrie.v> Pour donner a ses assertions plus d'autorite, Adanson, qui sait

combien Cboueul s'occupe alois de la Guyane, met sous les ycux du minislre un long et curieux trCatalogue des plantes utiles qu'on

'" ttJe liens cete note de M. Anclriot, ci-devant ingenieur de Gore, dont il a chasse 1'escadre angloise de la premiere alake.n (]\ole d'Adanson.)

I'l Fol. 8 r° du manuscrit original; fol. i/io du inanuscrit de la Bibliolheque nalionale. — Ce second memoire fut envoye a Clioiseul le 10 juin 1768) avec une iollre qrp nous a\cns publico rn 1 Kt)3 (Bull. (,eogr. hist, el desrr.)p. 297- »a8).

*h)

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 16: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

-,jLli

[86] — 13 —

peut lirer du Senegal pour Kaiene n, puis un tr Catalogue des ani- maux utile qu'on peut fere passer du Senegal a KaieneOn. On trouve dans cetle partie du inemoire dc precieuses indications sur I'utilisation des especes vogetalos et animales enumerees dans les deux catalogues, sur 1'emploi et la domestication de 1'elephant d'AfriqueP), sur le role du boeuf du Se'negal pour les cbarroisf3), enfin sur le commerce du tabac a travers I'Afrique enliere. Ce der¬ nier passage est trop inte'ressant pour ne pas elre cite ici<4).

KTamaka, tabak en arbre de 8 a 10 pie de haut, dont la tije se coupe plusieurs fois et vit deux a trois ans, toujours couverte de feuilles. 11 a la reputation du premier tabak de 1'Afrike ct sans doute de 1'Univers, surtout pour turner. C'est ce fameux tabak quo les negres du Senegal et les Mandinges portent jusqu'au liaut du

Niger au-dessus du saut dc la cataracte Gouina, ou ils trouvent les barkes des Armeniens et aulres marchands levantins a robe longue qui le lenr achetent a grand prix avec des eselaves, de 1'or, des plumes d'autruche, des fruits de Goui ou Baobab, etc., pour les porter dans la Nubie et la baute Egiple, d'ou ces marchandises vont en Turkic, surtout le tabak qui est destine pourle Grand Seigneur. Ce trait d'hisloire d'un coinerce inleressant du Senegal n'est conu

jusk'ici de persone que je sache, et je 1'ai sufisament verifie par nombre de recberches.n

Eludiantensuile les « moiens de tirer avantaje de Gore-n, Adanson declare qu'ttil n'i a pas de cote par ou la conservation de 1'ile Gore

puisse et doive etre plus interessanle pour la nouvele kolonie de Kaiene que par la recolte des Ao a 5o especcs de plantes que j'ai

W Adanson avait deji communique au chevalier de Turgot des catalogues du meme genre, mais moins complels ct moins delailles. II le declare lui-meme dans sa leltre a Choiseul du i5 juiu 17C3 (he. cit., p. 227).

,2> ttCet animal, qui est tres comun sur les bords du Niger et du fleuve Gambi, est aussi grand que ceux des Indes, s'il ne les surpasse; j'en ai vii de 12 pies de hauteur sur la croupe. II porte 2 a 3 miliers et pouroit sorvir an Iransport de la grosso artillerie. 11 a encor plus de force pour pousser en avant de la tete come les bouls quo Ton aide. » (Fol. 11 v° du ms. autographe; fol. i/i4 du ms. de la Bibl.nat.).

(3' ttLo bcuf serl non seulomant pour la nouriture, mais encor a porter. An Senegal, on apelle Leul's portenra les plus beaux beufs des Arabes, parce qu'ils leur font porter come aux chameau\ leurs tentes et loute lour maison.n (Fol. 12 r° du ms. autog.; Bibl.nat., id., ibid.).

<s> Fol. 9 du manuscrit original; fol. 1Z12 du manuscrit de la Bibliotheque na- tionale.

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 17: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— 14 — [87]

cite dans lc catalog[u]c precedant, surlout du gomier arabike Uerek n° if1'.!) En fournissant des prcuves mulliples de la justesse de eelte opinion, le savant naturalistc donne des renseignemenls d'un vif interet sur ses recherches scientifiques au Senegal!2), sur la geo¬ graphic botanique du pays, sur le developpement des cultures, sur ses tentatives plus ou moins heureuses pour cultiver en France cer- (aines plantes du Senegal, sur ses vues palriotiques et desinteres- sees. II dit avoir parle dcpuis 1754, net tres souvanU, de 1'accli- matation de la gomme et de i'indigo du Sene'g.il t?a M. de Jussieu, mon confrere do 1'Academie, et a M. le Ch01' Turgotn. Des indica¬ tions precises sur les «moiens de conserver les grenes dans la tra-

versce(3'», sur la maniere d'assurer le succes des ensemencements exe'cutes a la Guyane, etc., terminent ce cliapitre, plein de fails et de remarques du plus haut interet scientifique, el 011 les futurs

biographes d'Adanson trouveront a prendre plus dune note utile.

Voila ce qui constitue a proprement parler la premiere partie de ce second memoire; la seconde partie'4'. plus interessante encore, est celle dont parlenl les trois leltres communiquees en i8g3 au

'') Fol. 12 v° du manuscrit autograplie. I2' Voir ce qu'Adxinson dit des forels do gommiers : tt'foules les lentalives que

j'ai fait pour aprochor de ces forels ont toujours echone au milieu des danjers les plus evidens, les Arabes etant des brigans auxquels on ne pout absolument se fier;. cc n'est que par une grande conessanse des plantes du pais joinles a des recberclies expresses sur ret objet, alant chakc jour erboriser et chasser dans les bois, que je suis parvenu a decouvrir enfin plusieurs gomiers do la bone espece aulour de i'isle Saint-Louis du Senegal dans le Niger reslee aux Anglois. En suivanl toute la cole pour ces recherches les plus penibles dans des sables brulans, j'ai trouvc encor quelkes-uns do ces arbres a une lieue de 1'ile Gore, et ce sont les derniers que j'aie pii decouvrir, ces arbres (inissant pour ainsi dire leur domainc au Cap Verd pour fere place aux plus grands et aux plus beaux bois de l'univers qui couvrent le fertile pais-de Gatubi, en comensant a la forel do Krampsann dans le voisinaje de Gore, el tirant loujours au sud.u (Foi. 12 v°-i3 r" du ms. original; fol. 1/16 r° du ms. de la Bibl. nat.)

(3> Fol. 1/1 r" du manuserit original; fol. 1/17-1/18 du manuscrit de la Biblio- li.eque nationale.

'''' E!1p commence au fol. 16 r° du manuscrit original, au fol. i5o r° du ina- nuscrit de la Bibliotheque nalionale. — Cede parlie du second memoire a e!e a<ire«seo a Choiscul en djux fois, d'abord du 3o juin au 7 juillet 1763, puis Ic j(i jiiillel. (Bull, gi'ogi hv,l. ct descr. i 8g3 n" a p. vo et a3i.)

^-

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 18: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

-->

»JX

188] — 15 —

Congres des Societe's savantes. Son titre seul indiquc nettement ce dont il est queslion : tt Suite de la 2e partie du 2e memoire sur les

avantajes a tirer de Gore, contenant le projet d'un voiaje a l'isle Gore, a Kaiene et aux autres kolonies franchises dc 1'Amerike, en passant par les iles Kanaries, celles du Cap-Verd, la baie de Tous les Saints et les Asores.n

Apres quelques lignes d'inlroduction sur l'utilite des voyages en

general, sur 1'mte'ret que presentent plus parliculiorement les

voyages executes par des botanistes, et sur la necessite d'entre- prendre ttde nouveles recherches portees aussi loin qu'il est pos¬ sible el faites avec le plus grand soin, non seulemant dans une de nos kolonies, mais encor dans toutes celes que nous possedons et dans celes des etranjers nos amis ou allies, ou il seroit-possible de penetrer, soit par adresse, soit avec permission me"najee entre les ministres de ces diverses cours, et obtenue avec les sauvegardes ne- cesseres, sous pretexte de recherches de simple curiositen, Adanson en arrive a ['expose" du voyage meme qui retient maintenant son attention. ttLe voiaje, dit-il a Choiseult1', que V. G. m'a fait pro¬ poser par M. Accaront2' a pour objet de passer d'abord a Gore, ct de la a Kaiene ou dans la Giane, lieu du nouvel etablissemant. Un choix aussi flateur qu'honorable pour moi justifie I'litilite des travaux que j'ai entrepris il i a 22 ans avec une sorle de passion pour 1'histoire naturele, el des decouvertes bolanikes que m'a pro¬ cure le voiaje que j'entrepris il i a i5 ans pour le Se'ne'galn. Mal-

gre les raisons pour lesquelles il a jusqu'alors renonce «a toute idee et proposition de voiajew, et pour lesquelles il avoit pris tela plus ferme resolution de n'entreprendre jamais aucun[e] espece de

voiaje par men?, le naturaliste se declare trpret a repondre aux

sajes intentions du Gouvernemantn. II y est determine', dit-il, par l'ulilile toute particuliere du voyage projete, qui a pour objet tei'introduclion a Kaiene de 3 branches de comerce assez conside¬ rables el uouveles pour la Franse, savoir la culture du gomier du

Senegal, cole de Yindigo du Senegal, enfin cele de la vigne des Ka- nariesn, ainsi que letude, sous tous leurs multiples aspects, des colonies francaises des deux rives de 1'Ocean Atlanliquc.

W Fol. 16 v°. <2' Cf. ce qu'Adanson ecrit a la fin du chapitre precedent de son second mo-

moire : tt 11 seroit indispansable, pour rcmplir ces di\er.s- objels, ([ue jVntre- prisse le voiajc qu'ele m'a fail pioposer par M. Accaron.'i (Fol. 10 r".)

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 19: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

- 16 _ [89]

Cela ditO, Adanson devcloppe, — conformement aux indica¬ tions contenues dans ses lettres deja publiees, — son projet de

voyage sous qualre robriques differentes, qui constituent aulant do

parties dislinctes. it La i'°, ecrit-il(2), exposera par articles l'ordre des voiajes que je propose, le tems de leur execution ou des de¬

parts, et pourquoi? «La 2° detaillera pareillemant par articles corespondans les moiens

d'execution; «La 3e concernera les instruclions necesseres et les ordres que la

Cour pouroit doner a cliake comandant, soitgouverneur, inteudant ou autres chefs des kolonies ou je passeray;

ttLa 4° partie reglera 1'etat de depanse qu'ocassionera ce voiaje. »

Premiere parlie^. — La premiere partic, inlilulee : «Ordre des

voiajes, tems des departs, et pourquoi?" est Ires interessante. Adanson debute par y montrer de quelle importance il est pour un voyageur de ne pas partir tthors des saisons convenables^, de kcombiner et calculcr les tems de depart pour ainsi dire geome- Irikemant sur les vents el saisons des lieux d'ou 1'on part avec ics vents ct saisons des licux oil Ton van. Puis il indique avec une

grande precision le plan de ses eludes jusqu'au mois de mai 1770, enume'rant les plantes qu il compte successivement recueillir aux iles Canaries, a Gore'e et trau Nigem ou Senegal, a la Gambie, aux iles Bissagos et sur la cote do Sierra-Leone, puis sur le littoral situc immediatement au sud du Cap Vert el aux iles du Cap Vert,

signalant les eludes qu'il pourra faire ot les experiences a re'aliser a la Guyane, ainsi que ies recherches a enlreprcndre a la Marti¬

nique, a la Guadeloupe, a Saint-Domingue (et memo a la Loui-

siane), enfin aux Acoies.

Deuxihneparlie. — Ce programme une fois elabli, Adanson s'oc-

cupc de sa realisation; aus^i a-t-il intitule sa deuxieme partie : nComent? ou moiens d'exe'cution et dereussite de ce voiajei?.

'' Fol. 16 v°-i7 r" du manuscrit original; fol. 15o-i51 du manuscrit de la Bibliolhequo nalionale.

(2) Fol. 17 V0 du manuscrit original; fol. i5a r° du manuscrit de la Bibliotheque nalionale.

W Elle commence au fol. 17 v° du manuscrit conserve aux Archives du Minis- lere des Colonies; cf. Bihliotheque nationale, manuscrils francais, 62/1/1, fol. 102 v°.

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 20: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

-<^

[90] — 17 —

«Quatre choses, debute-t-il par dire en commencant ce nouveau

chapitret1', doivent concourir a la reussite de ce voiaje et du projet qui i done lieu, savoir: i° le choix et la quantite sufisaut de la re- colte des graines; 2° le choix des saisons les plus convenables pour ariver a chake kolonie, pour i re'colter les grimes, i seiner et plan¬ ter; 3° la disposition ct preparation du terrein a semer et a planter, le quel doit etrc prut a Kaiene pour le tems 011 j'ariverai a eel eta¬ blissemant; 4° 1'acord, la bone intelligence et le concours clesgou- verneur etintendanlavecmoi pour lavoriserles semis ot plantations relativemant a la quautite, a la qualite, a la situation et exposition du terrein convenable a chake cspece de grene, et au monde ne- cessere pour doner aux terres la derniere faron de les metre en etat do recevoir les grenes destinies a ces plantations.

t?De ces quatre points si quclk'un manke,les plantations ne peu- vent reussir. 55

Mais il esl important que ces plantations reussissent, ct qu'on puissc k procurer a Kaiene ou a toute autre kolonie fransese que la

Courjujera a propos plusieurs objets de comersc qui sont dans les kolonies clranjeresn; aussi convient-il de dissimuler 1c vrai but du

voyage d'Adanson sous des molifs plausibles et purement apparenls, non settlement aux etrangers, mais meme aux agents de la Compa- gnie des Indes a Gorec. Ainsi Adanson pourra trouvcr dans les pos¬ sessions anglaises de la Senegambie un accueil seniblable a celui

qu'il a deja recu jadis a la Gambie. On rencontre dans celle partie du travail d'Adanson une foule

de renseignenients pre'eieux. Les uns ont trait aux voyages ante'rieurs d'Adanson au Senegal ct a ses auxiliaires indigenes!2), d'autres aux

<JX

'l> Fol. 20 r° du manuscrit autographe d'Adanson; fol. 1 56 r" du manusrrit de la Bibliotheque nationalo.

>2! tr A Gore je tacherai d\noir le maitre do langue et les deux cuhales (Adanson euumerant le personnel indigene dont il aura besoin au Sene'gal, dil lui-memc qu'il lui faudra tt 3 cubales ou pechours pour najer ma piroge el porter le bagajen. Ainsi so trouve defini lo inol cubale) qui m'etoienl a itrcfois alaches aulant par amilie que par inleret, gens conessant parfetemanl lenr pais, au fait de mes re¬ cherches, et les souls qui n'eussenl pas rcculo a mes erborisations et aux courses faliganles que j'enlrcprenois pour loiser a la chaine les lieux les plus imporlants au voisinaje de nos habitations (ct qui m'ont procure une vaste carte Ires detaillee et precieuse d'un pais que je puis assurer etrc inconu aux Francois et meme a la Compagnie des Indes), enlin gens vraiment laborieux, qualile extremcmanl rare el tres dificile a rpnconlrer che7 les negres.-1 (Fol. 92 v" du ins. original;

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 21: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— 18 — [91]

deplacements annuels des Maures'1', a la production annuelle de la gomme, dans le pays'2), aux agissements des oflicierset des agents de la Compagnie des Indes. L'auteur y fournit des indications tres interessantes sur 1'assassinat du malheureux Pelays, accompli par des noirs en 1782 a 1'instigation d'agents de la Compagnie des

Indes'3), ainsi que sur ses propres recherches sur 1'indigo et sur differents autres points. II y rend aussi hommage aux recherches

botaniques de Fusee Aublet a la Guyane(4),ettermine par delongues reflexions sur la nouvelleentreprise decolonisation dans lememe pays de Guyane et par la discussion de quelques faits relates par M. dePre'- fontaine dans sa Maison rustique de Cayenne, ainsi que par Enume¬ ration de plantes provenant des Indes dont un rtautre voiaje'5)»

fol. 160 r° du ms. de la Bibl. nat.). — ttTels sont encore les vieux [gommiers] de 1 pie de diametre de cete forest noire et dcserte qui horde la rive boreale du Niger dans une longueur de plus do 10 lieues depuis Ndoun-Mangas, au-dessus de I'eskale du desert, jusqu'a Fanai (ce doit etre le Lammai de la Belation abre'gee [p. 79]), et a laquelle je mis le feu en novembre 17/19.)) (ttVoyez la re¬ lation de mon voiaje au Senegal, b°, imprimee eu 1787, p° 7g') f Note d'Adanson]. (Fol. a5 v° du ms. autograpbe; fol. 160 r° du ms. de la Bibl. nat.)

(1> ttLes Arabes. abandonent le pais du Senegal pendanl l'ete, c'csl-a-dire pendant la saison des pluies ct i'londations, qui dure depuis la mi-juin jusk'en octobre et novembre, pour se retirer dans le voisinage du pais de Marok, et ne reviennent vers le Niger que pendant Fhiver, depuis le mois de novembre jusk'en may, soul tems oil Ton puisse traiter avec eux.» (Fol. 21 v° du ms. original; fol. i58 r" du ms. de la Bibl. nat.)

'2> tt Les trois forets de gomiers du Senegal produisenl tous les ans pres de 2,0 0 0 to- naux-du pois de 2,000 1. quo les Arabes nous vendent sans compter ce qu'ils portent dans le milieu du continant, surtout vers Marok; c'est done environ 4,000,000 l.» (Fol. 2D v" du ms. original; fol. 160 r° du ms. de la Bibl. nat.)

(3) Voir plus bas la Piece justificative. <') ttLc pais [de la Guyane] est tres fertil, j'en conviens; il i a Ires-long-lems

que j'en suis convaincu, et le nombre, la beaule, la grandeur et la force des plantes de l'crbier du S' Aublet que V. G. m'a fait comunikor par M. [de] Bom- barde pour lui en rendre comple, me confirment de plus en plus dans 1'idee qu'il i a peu de pais au monde qui soient aussi susceptibles des objels de culture de toute espece qu'on voudroit i entreprandre.n (Fol. 28 r° du ms. original; fol. 168 r° du ms. de la Bibl. nal.)

(5' II me semble retrouver dans cet tt autre voyage» 1'inspiration de Fusee Au- Iil 't et comme un echo du projet qu'il avait iui-meme soumis au due de Choiseul (Voir noire Etude sur les recherches scientifiques de Fusee Aublet a la Guyane fran- caise, Bull, ge'ogr. hist et descr., 1897, n° 3, p. 43/|-Zi36). On peut en jugerpar la lecture du le\te memo d'Adanson; apres avoir indique les benefices de son voyage actuel, dont la resullal sera la rulture a la Guyane des ttobjets les plus rarw d1 commerce que je suis on dial de lui procurer, tels que la gonime, I'indigo

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 22: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

[92 J — 19 —

pourrait dans 1'avenir permettre I'inlroduction dans noire colonie de I'Amerique meridionale. «Mais, dit Adanson en terminant, bor- nons un entousiasme peut-etre bien fonde, el renfermons pour le

presant le desir que nous avons de bien faire dans les moiens que nous venons de proposer pour rassembler a Kaiene les richesses dis¬

perses ca et la dans les diverses kolonies de 1'Afrike et de 1'Ame- riken.

Troitieme parlie. — II est inutile d'insister longuement sur ce

chapitre, intitule : «Instructions et ordres que la Cour pouroit doner aux comandans, soit gouverneurs, intendans et autres chefs des kolonies ou je passerai'1))). Adanson, revenant sur une crainte

qu'il a deja preccdemment exprime'e, y manifesle une reelle ap¬ prehension de la jalousie des agents de la Compagnie des Indes; aussi essaye-t-il d'avoir la plus grande autorite et la plus grande independance possibles'2). C'est ce qui ressort de la lecture des tt Ordres et instructions aux gouverneurs, elc., des kolonies. -a

et le labac du Senegal, la vigne des Canaries, etc., objets auxquels un autre vovage secret ou cache de meme sous le voile des recherches d'hisloire naturelle et

- ^fc^ de simple curiosite dans les Indes, nommement aux isles de Franco, a Madagascar et Scelan, aux isles Moluques et aux Philippines pourroit ajouter la canelle fine, la muscade et le giroffle, dont le commerce a reste jusqu'icy aux Hollandois exclusivement a toutes les autres nations. Le the pourroit peut-etre encore prendre place dans ces nouvelles acquisitions en poussant le voyage jusqu'a Macao en Ghine.n (Fol. 29 v° du ms. original; fol. 171 v° du ms. de la Bibl. nat.)

(1' Fol. 3o r" du manuscrit aulograpbe; fol. 172 r" du manuscril de la Biblio- lieque nationale.

(2' Voila pourquoi il demande que soit regie, dans les instructions aux gouver¬ neurs, etc., de chaque colonie, ttle rang de preseance ou la place que nous devons ocuper, moi ct mon second, dans les diverses ocasions 011 il seroit question de s'assembler par ceremonie, comeau Conseil,au'i eglises, a la table de l'etat-major dans les divers endroit ou ces choses ont lieu. Nos academiciens, mes confreres (ajoute-t-il), qui ont voiaje au Nord et au Perou par ordre du Roi, avoienl rang parmi les comandans et chefs de kolonies, seance dans le Conseil, nombre de pre¬ rogatives cl autres markes dc distinction qui, en imposant une certaine considera¬ tion, un certain respect meme, elablissent la subordination, le bon ordre, la tran- kilite, la surete, enfin qui, je puis 1'assurer, epargnent la moilie des frais en

*~Ll procurant nombre de facililes necesseres a la reussife d'un projet aussi elendu et aussiutil que celui que je presente. Je sai ce que m'a coute mon voiaje au Senegal pour n'avoir pas ete muni de semblables litres el prerogatives, distinctions aux- queles ma grande jeunesse a oposee seule un obstacle, n'aiant que vingt ans lorsque je partis de Paris avec le simple litre de corespondanl de I'Academic.)) (Fol. 3i r° du ms. aulographo; fol. 17/1 du ms. de la Bibl. nat.)

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 23: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— 20 — [93]

Ces instructions ne sont pas les seules dont Adanson propose les traits generaux dans cette troisieine partie; il propose aussi des ttOrdres et instructions au capitaine de mon vaisseau^, des tt Ordres

et instructions a ma compagnie1), enGn les ttOrdres et instructions

qui me rcgardentn.

Quairieme partie^. — A en juger par le titre de cette partie (ttDepense annuele de ce voiaje))), elle est peu interessanle. La

encore cependant, l'historien peut recueillir nombre de bonnes el utiles indications: sur la facon dont Adanson s'est comporle' au

Senegal entre 1748 et 1754'2', sur les premiers effets de la do¬ mination anglaise dans le pays'3), sur les offres et propositions qui,

(1> Fol. 82 r° du manuscril original; fol. 177 du manuscrit de la Bibliolheque nalionale.

(2> ttll I'aut savoir coment j'i ai fait mes rechorches [a la cote du Senegal] en

1743 jusk'en 175/1. ttj'allois preske tons les jours do 1'anee, soit de 1'ile Senegal, soit de Pile Gore

au continant apele la Grand-Terre; j'i demeurois quelkefois des mois enliers, vivant avec la plus grande conliance au milieu desnegres et eloigne de tous nos comptoirs. Les recherches d'hisloire naturelle, surlout celos qui sont les plus im-

porlantes de mon projet, no peuvent se faire autremanl, et qu'en s'exposant avec

pnidcnce. Ainsi il faut suposer que moi et ma compagnie seront preske lous les jours en voiaje sur la cole ou a la Grand-Terre, d'autant mieux que, quand mes ocupalions me reliendront a bord ou a Pile Gore, j'i envoirai loujours rnon second ou le jeunc bolaniste avec les dessinaleurs, mes negres chasseurs ou grimpeurs d'arbres, et les cubales ou matelols necesseres a la chaloupe et pirog[u]es. J'avois une pirog[u]e, un canot ou une chaloupe, trois negres a mon service, dont deux cubales a 6 1. par mois et un interprete a 24 1., non compris leur nouriture. Je paiois pour le diner de chacun de ces negres 6 pates de fer, chacune de 10 s.; leur salaire etoit de 4 a 6 pates avec une bouleille d'eau de vie et 2 a 4 de vin entre tous, de sorte que chacun do ces negres couloit a la Compagnie des Indes ou a moi au moins 6 1. par jour, non compris ma nourilure, qui coutoil aussi 6 a 8 pales et le presant de la bone venue ou de reception de 6 pates que je paiois au maitre de chacun des villages ou je dinois ou passois seulemant; enfin chacun de ces petils voiajes couloit au moins 3o 1. pour une demi-journec, car je retournois le plus souvant souper et coucher au fort. Ces negres a mon service etoient mieux paies que les aulres qui n'avoienl. que 6 1. par mois et la nouriture, pour restcr autour du fort ocupes a des travaux bien moins fatigans que mes erborisations et petils voiajes.)) (Fol. 32 du ms. original; fol. 177 du ms. de la Bibl. nat.)

(a' ttAujourdui. les Anglois qui ne les nourissent pas [les negres] et qui ne se les alachefnl] pas par des gajes annuels, les ont mis au taux de Gambie, ou ils les paient a la toise, a Pbeure et a la journee, ce qui en total est moins dispendieux a l'Etat et plus avantajeux pour avanrer des travaux presses et pour le service d'un fort.» (Fol. 3a v° du ms. original; fol. 177 v" du ms. de la Bibl. nat.)— ttLa vie

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 24: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

[94] —Si¬

de 1'etranger, furent faites a differentes reprises au savant natura-

liste'1), il convient de noter des passages particulierement inleres- sanls. Ailleurs, Adanson parle des ne'gocialions engagees pour la reunion de son cabinet d'hisloire nalurelle au tr Cabinet du Roin,

>^$l^ et en demande la conclusion; il demande aussi la place de Buffon au Jardin des Plantes, dans le cas ou Bulfon viendrait a mourirau cours de son \oyage'2), ef prie le Roi de de'cider que ce voyage, or- donne" par lui, ttne me fera perdre ni ma place ni mon rang d'aca- demicien par une absence donl la longueur nous exclut naturele- manl'3))).

Scs de'sirs ainsi formules, Adanson conclut de la maniere sui- vante''') :

cc Si les divers objetsque je me propose de remplir dans ce grand voiaje ne reussissent pas lous, il en reussira au moins quelkes-uns, et j'ai tout lieu d'esperer qu'e'tant ainsi motive par sa disposition, paries moiens de facilite que je propose pour son execution et sa

reussile, et ne devant couler au Roi que 100 ou 117,000 1. au

plus par an, [il] sera non seulemant pour Je comerce des kolonies d'une utilite incomparable a cetto modiko depanse, mais encor

^."'^ avantajeux a 1'Etal, digne du Minislre eclaire qui l'a concu etjuge necessere, digne de la Majeste duRoi qui 1'ordone, honorable pour celui qui I'aura entrepris et termine, enfin ecrit a jamais dans les

et tous les aulres objets de comerce scronl de memo plus clicrs dorenavanl a Gore et sur la cote; c'est cc que je liens d'un Anglois du Senegal venu il n'y a pas deux mois a Paris, qui m'a apris que les Anglois avoient mis 1c comerce de tout le pais snr 1c pied de celui de Gambie; que le negre, qui auparavant ne coutoil que 5ol. a Gore et au Senegal, el 120 1. a Galam, est paie aujourdui 4- ou meme 5oo 1. a Galani, el ainsi du reste; que les merchandises comunes, comme les veroteries, n'i ont preske plus de cours, et que lout, meme les plus petiles bagatelles, se paient en marchandises fines, teles que le gros korail, la loile noire, mais surlout en piastres espanoles cle 5 I., qu'ils i out introdiiil.n (Fol. 3-? v° du ms. original; fol. 177-178 du ms. de la Bibl. nat.)

"' Fol. 35 r° du manuscrit autographc; lol. 183 du ms. de la Bibliotheque nationale. Cf. Le Joyand : Notices sur la vie. les travaux. de Michel Adanson, p. i3-i4.

(2> On sait qu'a la mort de Buffon, Adanson ne lui succeda point; ttla place de *-i-» M. de Buffon au cabinet d'hisloire naturelledu Boi... fut accordee a M. d'Angi-

villiersn. (Le Joyand, op. cit., p. 17.) I3) Fol. 35 v° du manuscrit aulographe; fol. i83-i84 du manuscrit de la Bi¬

bliotheque nalionale. '4' 11 intitule lui-memc ce paragraphe : tt Conclusion de ce projeU. (Fol. 35 v°

du ms. autographe; fol. 18/1 du nis. de la Bibl. nat.)

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 25: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— 22 — [-95)

fastes des sciences, qui en retireront laiitde conessanses qui seront utiles tot ou tard. La comparaison de cete de'penso avec cele que le Roi eu diferans tems a ordone pour des voiajes a peu pres sem-

blablcs, quoi que peut etre moins utiles, sera sans doute a 1'avan-

taje de celui-ci; lout autre a coute peut-etre 8 a 10 fois autanl, sans compter meme la mise dehors du grand vaisseau qui i etoil

desline, et evaluee seule a i million.

«Enfin, s'il paroil dans le coins de ces memoires et de ce projel que je cherche a me faire valoir, il paroitra encor plus que, malgre la modicite de ma fortune, je suis bon Francois et aussi bon ci- loien.w

VI

II est inutile d'insisler sur le grand interet que pre'sente ce me¬

moire, ou plutot cette serie de memoires. De 1'introduction qu'on a

pu lire plus haul, il ressort que les textes dont nous venons de donner une breve analyse avaient une suite; c'est ce qui rcssorl encore de cette mention, inscrite a la derniere page du manuscrit

aulographe d'Adanson : ttFin de mon projet de voiaje et du acl de mes Memoires. — 3e Mdmoirel1).)) Malheureusement. cette suite

manque. Le naturaliste ne l'aurait-il pas remise a Choiseul? Une lettre inedile du 9 aout 1763, adresse'e par le ministre a Adanson, et lui annoncant que le projet de voyage devait etre abandonne'2),

(1) Fol. 35 v°du manuscrit original; la meme mention se rotrouve dans le ma¬ nuscrit de la Bibliotheque nationale (fol. i84 v°).

f2' Voici le texte de cette lettre (Arch. Ministere des colonies, B 117, fol. 34i r°).

t<AM. Adanson. rtA Compiegne, le 9 aoust 1763. ttLe Roy a qui j'ai, M., rendu compte du projet de voyage que vous series dans

le dessein d'entreprendre relalivemenl a la nouvelle colonie de Cayenne a trouve dans votre zele de justes raolits d'en etre tres satisfaite; mais il n'est pas possible de faire usage pour cette annee de voire bonne volenti), les depenses que l'execu- tion de voire projet doit enlrainer, ainsi quo vous lespresanlez, etant d'un objet trop considerable. Cependant commejo connais Puliiild et l'importance de vos vues, je m'occuperai des moyens de vous mettre a memo de donne1- des preuves effectives de voire zele, et je no laisserai pas echaper la premiere occasion qui pourra se pre¬ senter de vons employer. Je ne puis trop aplaudir aux idiies que vous avez donne pour l'avantage de la nouvelle colonie.

ttJe suis, M., plue sincerement et plus parfaitement A vous que personne du monde.i)

life,'

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 26: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

[96] — 23 —

aurait-elie decourage le savant botaniste, et 1'aurait-elle detourne de presenter a Choiseul la suite de ses Memoires sur Gore"e?La chose serait vraisemblable, si Adanson lui-meme ne declarait avoir remis au ministre le troisieme de ses memoires avant les deux pre¬ miers'1'.

Ainsi se trouve encore confirme le lemoignage veridique de Le

Joyand, d'apres lequ'el on sait qu'Adanson avait re'dige le comple¬ ment de son travail, c'est-a-dire les trois derniers memoiresannon- ces dans 1'introduction. Ces memoires existent-ils encore? Apres la decouverte de ceux auxquels est consacree cette etude, il serait te- meraire d'affirmer le conlraire; mais il convient toutefois de faire

remarquer que la Bibliotheque nationale ne semble rien posseder a cet egard en dehors de ce qu'a decouvert M. Gabriel Marcel. II faudra done un heureux hasard pour faire retrouver dans un dossier

quelconque la fin d'uu travail dont 1'histoire coloniale et I'hisloire des sciences peuvent tirer parti, el qui occupera cerlainemenl dans l'ensemble dc 1'oeuvre d'Adanson, une fois publie, non pas la pre¬ miere, mais du moins une des premieres places.

'') Cf. la seconde des observations qui terminenl 1'Introduction: ttOn remarkera dans le 3°"'memoire, qui done mon projet sur Pile Gore, quelkes repetitions de faits enonces dans le ior et le 2d; mais ces repetitions etoient necesseres pour son intelligence, aiant paru avant ceux-ci qui devoient huj servir come d'inlroduction.Ti

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 27: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

— 24 — [97]

PIECE JUSTIFICATIVE.

[Le] sr Pelays(l), essaieur de mines,.... fut envoie en 1780 au Sdne- Jk*.. gal par la Compagnie des Indes, pour exploiter secretement les riches mines d'or de Galam. Cet home, malgres son autoritd qui balancoit cele du direc- teur general du Se'ne'gal, malgre' les ordresles plus precis de la Compagnie, ordres apuie's sur ceux du minislre(2) pour le secret d'une enlreprise ega- lemant bardie et avantajcuse a 1'Etat, fut d'abord bare par le directeur du Se'ne'gal(3), qui le forca de monlera Galam sans aucun des outils necesseres, sans aucune des machines qu'il avoit anorle de France a grans frais pour ses essais et exploitations de mines.

M. Pelays, apres avoir visitte 11 mines qu'il decida en connoisseur come plus riches que loutes les mines d'or conues, m&ne celles du Pc- rou(4), et dont il aporta des e'chantillons exlrfoiemant riches qui m'ont ctd comunikes depuis'5', revint en France(6>, se plaignit ameremant, en te'moi-

(|) Fol. 20 v"-2/i r° du manuscrit aulographe d'Adanson (Arch. Minislerc des colonies, C6, Senegal, carton 15,1760-1769); fol. 162 r"-i63 1° dums.de la Bibl. nat. (fond francais, n° 62/1/1).

(2> Cf. le memoire de Pierre David public par Margry : ttM. de Moras [pere dti r. Ministre de la marine], commissaire du Roi pros de la Compagnie [des Indes], en- gagea le s' Pelays, par ordre de M. Orry, a faire ce voyage [du Bambouk])) (Pien-e David ella Compagnie des hides, R. marit et colon., oclobro 1866, p. 446).

(3) C'etait alors le sieur Le Vauz, qui demeura gouverneur et administrateur general du Senegal au nom de la Compagnie, solon M. Baivat; VAnnuaire du Sene¬ gal pour 1897 cile M. de Saint Robert comme ayanl gouverne de 1734a 1733 el etant rentre en France le 26 avril 173.8 (p. 93). II est certain que cette partic de la chronologic des gouvenieurs du Senegal est a determiner lout entiere; nous tenlerons de le fairo un peu plus lard.

<'' Deja Compagnon avait declare que dix hommes pouvaient, dans le Bambouk, tt faire plus d'ouvrage que dons les mines les plus riches du Perou et du Bresiln (Labat: Nouvelle relation de I'Afrique occidentale, t. Ill, p. 4o. Cf. Dcmanet : Nou¬ velle histoire de I'Afriquefrangoisc, t. I, p. 167). C'est, semt)le-t-il, sur la 1'oi do Compagnon ct de Pelays que Bouvel de Lozier ecrira en 1786 : ttL'on assure que les mines dc Galam ct des royaumes voisins sont aussi riches que celles du Perou et du Chili') (Bull, ge'ogr. hist, et descr., 1897, n° 2, p. 296).

'5' Cf. ce que dit Margry a ce sujel (op. cil.; R. marit. et col., octobre 1866, note 2 de la p. 446): ttPelays, envoye premierement par la Compagnie des Indes (tov dansle pays de Bambouk, avait apporle de la terre de la mine de Natacon. Con- lente de Pepreuvc qu'elie en avait fail faire, la Compagnie avait renvoye Pelajs pour exploiter ces mines?.

(6> Voici comment le regrelte Maurice Barrat, dans son rapporl sur Les Mines d'or du bassin du Se'ne'gal (R. coloniah. 5 aout 1896, p. 484), raconte le premier

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 28: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

[98] ' — 25 —

gnant a la Compagnie combien la nouvele de cete entreprise avoit afecte' le direcleur general qui sentoit bien qu'ele aloit faire tomber son comerce clandestin de for au prejudice de cclui de la Compagnie, qui n'en retire pas i5o marcs sur plus de ooo qui s'i trailenl anueliemant(1). Ses plaintes fureutecoutees. II fut envoie une am" fois au Senegal en 1732(2), muni de nouveaux ordres, avec une aulorild encor plus grande, le titre de direcleur de Galam, tme pension considerable a lui ct a sa femme, et un droit de 10 pour o/o de benefice sur tout le produit de son exploitation; mais la Compagnic ne scevit ni a tems, ni assez rigoureusemanl contre les preva- ricateurs, et ne sonja pas meme a de'poser et rapeler en France le direc- leur du Senegal, principal et preske seul obstacle a cete entreprise. Celui-ci seul dans le secret, sentant qu'il avoit a faire, dans la persone du sr Pe'ays, a un bomc ferme, fin come 1'ambre, prudent come le serpent, el se me"- lianl de lui au point qu'il decaehetoit toutes ses letres a la Compagnie, en ne iaissant passer en France que celes ou ses malversations n'etoient pas touche'es, crut qu'il ue pouvoit parer le coup qui le menacoit qu'en se de"- faisant de lui. Pour cela il abusa du secret sacre' du ministere et de la Com- pagnie, et le fit servir a la perte assure'e qu'il me'ditoit du sr Pelays.

voyage de Pelays. M. Le Vauz ttavait grande idee des mines d'or du Bambouk et le desir d'obtenir les moyens d'en faire la conquele. 11 inspira quelque mefiance, et les administrateurs, avant d'adopler ses projels, se determinerent a envoyer dans Ic pays un bomme de confiance dont la mission elait de visiter les mines, de les examiner avec attention et d'en faire des essais.

ttUn artiste nomme Pelays, instruit en mineralogie et en melallurgie, fut charge dc celte mission. II fut inquiete par M. le Vauz, ne parvint dans le Bambonk qu'a force d'audace, et ne put y demeurer que deux mois. II a rendu compte de son voyage dans un memoire date de 1780. II a etudie parliculierement la mine de Natako ct celle de Semayla, qui est egalement sur le Senou-kole, a quinze lieues au-dessous de la premiere et a cinq lieues du grand village dc Farabana. Quatre- vingls livres de terre brute tiree d'uu puils do Nalako auraient produit i44 grains d'or. On en deduit que la teneur est de 196 grammes a la tonne (585 fr.). Dans la mine de Semayla, on trouveroit en profondour un calcaire rouge auril'ere dont. la teneur seroit qualre fois plus grande, et la lerre superficielle donnerail jusqu'a 21 grains et demi par livre (environ 7,000 fr. par lonne). Ces derniers chifires sont tres probablement relatifs a des echantillons exceptionnels.n

W A cette epoque, selon David (Margry : op. cit.; R. mark, el colon., octobre 1866, p. 44o-44i), la Compagnie ttsouhaitoil de connoitre Pelat de son com¬ merce du Senegal, dont elle ne recevoil que dos feuillos volanles pour loutes dentures, ce qui lui laissoil ignorer les trois quarts des ail'aires; cette irregularite abusive avoit pris racine de Pexlreme difficulte de pouuiir mieux faire)).

(2) M. Barral ne parle pas de ce second vojage, qn'il ignore. II n'en est pas moins beaucoup mieux renseigne que le capilaino Ancelle, dans les Explorations au Senegal duqnel (Paris, 1887, in-1 a) le nom de Pelays n'esl inline pas pro- nonce.

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 29: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

2(5 — [99]

II eomunika son dessein an direcleur de (ialam que le sr Pelays devoil

remplacer et dont il ne ful pas recnnu. II fit repandre dans tout le pais que le s' Pelays venoit pour s'emparer el exploiter Jes mines et enlever par la le comerce de 1'or aux negrcs. II n'eu faint pas davantaje pour le rendre odieux. On imagina un folgar vipoma, ce sont les bals du pais(1), dont le direcleur de Galam, cad. la Compagnie, fit les frais. Un amidus1' Pelays, ''jLW qui avoit eii vent du complol, i'avertil de se metier de cete fete. Pelays, juske la ami des negres, donl il avoit sii gagner toute la confiance, ne put se persuader qu'il i eut rien a craindre pour lni. II se rendil au folgar, ou ilfnt envelope', enleve par des negres apost<$s a cet efet, transfere pies et mains lies dans une cave eloigne'e du fort. Les negres, qui ne pretoient la main a ce forfait que parcequ'ils croyoient Pelays coupable d'un crime dont les Francois avoient droit de faire justice come contraire a leur co¬ merce, vinrenl leur dire : "-Que voulez-vous que nous fassions de cet home? — Goment! repondirenl les Francois; il vit encor!)) — C'est ce

Pelays dont la mort est racontee dans toutes les relations de l'Afrike(2), come un trait singulier des suplices infames usites dans le pais de Galam pour punir les scele'rats? Les particularitds ordinaires de ce suplice sont qu'apres avoir coupe les parties au criminel, on les lui met dans la bouclie come four lui servir de baillon; mais ce qui i fut ajoute" de plus odieux, c'esl que la tele dc

Pelays, qui avoit etc mise d prix,fut aportee au bout d'une pique (zagaie), au fort S' Joseph oil elle fut paiee par les employes 11 pieces de toile noire, c. a d. la valeur de 6 caplifs dans ce terns Ai(3).

Tout ceci s'est passe vers la fin de l'anee i 782. La Compagnie, abuse'e et trompee sur cet assassinat(4), aeue la foiblesse

W Adanson a deja employe le mot folgar avec le meme sens dans sa Relation abre'ge'e, publiee en 1767 (ttun folgar, e'est-a-dire un bain) et il en a donne la description (loc. cit., p. 61-63; cf. p. 160-161).

<2> Malgre ce quo dit ici Adanson, nous n'avons trouve le recit de la morl de Pelays ni dans YHistoire ge'nerale des voyages de l'abbe Prevost (t. Ill) ni dans les autres ouvrages de Pepoque que nous avons pu consulter.

<3' Cf. la citation rapportee par Margry dans son travail sur Pierre David el la Compagnie des Indes (loc. cit., note 2 de la p. 446) : ttLa hienseance no permet pas de decrire le genre de mort que ces grands firent sonlfrir au sieur Peiays el a ses officiers [Pierre Luc et Pollegrin]; ils attachment sa tele au bout d'une perche qu'ils exposerent sur le lieu le plus eleve pour etre un monument de leur victoire sur les Francais').

(4) Tout le monde trompa la Compagnie; David ne va-t-il pas jusqu'a dire dans son memoire cite, apres avoir parle d"1 Passassinat de Pelays, qu'il ttse (lattait de isLV' ne pas faire les fautes du s1 Pelays, dont la mauvaise conduile avait fait prevoir la mort a i'avance)), et qu'il ttemploya deux annees enlieres a effacer les mauvaises impressions que les ecarls du sr Pelays avaienl laissees dans le pays)) (loc. cit., p. 446)? Margry, influence par les memoires qu'il a his, accuse a son tour le mal- heureux \oyageur de s'^lre fait trailer en roi par les cbel's negres et de s'etrelaisse

;**

A

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 30: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

[100] — 27

de ne vouloir pas e'elaircir un crime de cete espece, dont les suites soot d'une conselcance plus grande qu'on ne pouroit le penser, d'abord pour Ja surete' de toutes les entreprises, crime dont les details m'ont e'te' comimi- kds par des negres qui etoient pre'sans a cete rejouissance et qui refuserent de tremper leurs mains inocentes dans un pared attentat. J'ay eu le secret de trouver dans ce pais tous ies papiers du sr Pelays relatifs a son projet sur les mines, a ses justes plaintes a la Compagnie sur 1'administralion perverse de ce tems la, el tout ce que je viens de dire des motifs de son assassinat est a la lettre, et dans la bouche de tous les habitans de ce pais. II pouroit etre que la Compagnie eut ignore* toutes les plaintes du s' Pe¬ lays, car je lis une note en marje du compte qu'il rend de sa mission a la Compagnie, ou il dit mot pour mot: «je crains que le regitre (sic) contemnt la minute des lelres que je vous ecrivois n'ait ete brule par ordre de M**. » attirer par eux a Dramanet parce qu'il etail rtflatle des promesses que luifaisaient 1 les negres de le laisser s'elablir, aulant qu'ebloui par les pre'senls qu'ils lui adres- aerentpar ieurs nmbassadeui's» (Id., ibid., note 2 de la p. 446). Au debut du \i\c siecle, J.-B.-L. Durnnd, dans son Voyage au Senegal (t. II, p. 278), repelo a pen pres les memes allegations : ttEnvoye de nouveau a Galam, en qualile de commandant du fort de Tombaloukane, dit-il, il abusa des pouvoirs qui lui furenl confies; il souleva les negres contre son administration, et dans une rixe qu'il avait provoquee, ils le massacrerent avec lout le poster. Ainsi Adanson seul plaide la cause de Pinfortune voyageur et dit la veriie sur sa mort.

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 31: Les mémoires inédits d'Adanson sur l'Île de Gorée et la Guyane Française

w

»

This content downloaded from 195.34.79.208 on Sat, 14 Jun 2014 13:34:10 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions